[12 décembre 1597] - Confidences et négociations d'une rose des sables [Terminé]

L’air était sec, le sol blanchi par la neige. Elle ne trouvait désormais plus cela si féérique. C’était surtout glacial, humide et terriblement agaçant. Ses chaussons finissaient rapidement trempés. Elle n’avait pas d’autre choix que de mettre des bottillons de cuir bien moins confortable et élégant. Et puis la nuit, la neige tassée par les pas successifs gelait rendant la progression glissante et dangereuse. Il ne manquerait plus qu’elle se brise un os !
Emmitouflée dans son épais manteau à la fourrure grise, elle entrelaçait nerveusement ses doigts dans son manchon. Enfin, elle allait revoir le Premier Conseiller, lui qui avait toujours été si bon pour elle. Un homme admirable qui lui faisait oublier l’écrasante majorité de la noblesse monbrinienne -y compris son mari-. Dans l’une de ses poches, soigneusement pliée, la missive de sa sœur au sujet du pacte. Était-ce une bonne idée de la lui montrer ? Sa rencontre avec la Reine Alma, l’avait bien refroidi à ce sujet et elle commençait à se dire que Sylvère avait sans doute raison : chercher vengeance ou justice -peu importe le nom- ne lui apporterait rien. Sa famille l’avait oubliée, de même que son pays qui ne l’avait jamais connue. Elle n’avait toujours était qu’une parmi tant d’autres. Justement… Et si tout changeait maintenant ? D’un autre côté, personne ne saurait que ce serait grâce à elle… Ses pensées s’égarèrent ainsi sur tout le trajet qui devait l’emmener jusqu’à l’imposante forteresse de Frenn. Elle oscillait entre l’envie de parler et celle de se taire. Entre celle d’un acte héroïque et la réalité bien plus terne.
Toutefois, si elle ne faisait pas demi-tour c’était qu’elle avait une faveur à demander : l’arrêt des recherches à l’encontre de Sylvère. À côté, le complot djerdanne paraissait presque simple et limpide. Plaider son innocence ne serait pas chose aisée. Elle avait préparé ses arguments. Ses propositions -osées-. Les chances de réussites étaient infimes. Mais elles n’étaient pas nulles. Cela suffisait pour essayer.

Elle entendit le cocher déclamer l’identité de sa passagère puis l’attelage reprit sa route en direction de la porte principale où elle fut conduite auprès du Baron de Frenn. Face à lui, elle effectua une révérence.

- Votre Excellence, je vous remercie d’avoir accepté de me recevoir ce jour. Je sais combien votre temps est précieux et je mesure pleinement la faveur que vous me faites.

Un épais tronc se consume dans l'une des grandes cheminées du château. Il faut bien entretenir la flamme céans, surtout si l'on souhaite officier correctement. Frenn est glacial en hiver. La petite couche de neige tombée en ce jour recouvre d'un aspect presque irréel la bâtisse austère, lui donnant un air fantomatique en se mariant à la rudesse de ses formes. Et dos au gigantesque âtre de pierre où clapotent les braises, Dyonis comme de coutume travaille. Ce sont de nouveaux amendements à certaines lois portant sur les hôpitaux généraux qui l'occupent en ce jour. Des entreprises se mettent beaucoup trop d'argent dans les poches en faisant sous-traiter dans ces institutions de charité, en donnant la petite main-d'œuvre à faire aux malades et invalides de ces mouroirs. Les pécunes devraient servir à améliorer leurs conditions à eux, au moins !
De temps en temps, il lève les yeux de ses fichiers et glisse sa main métalliques dans la anse d'une haute tasse de thé fumant - vaisselle aménagée exactement aux dimensions de sa prothèse, et équipée en outre d'un levier pour faire bascule de son crochet devant sa bouche, une fois le récipient parvenu à ses lèvres. Miel, citron et menthe font une agréable recette lors de la blanche saison.

Un garde l'informe alors de l'arrivée de la comtesse Kalisha de Monthoux. Princesse, préfère penser le seigneur de Frenn. Il a bien conscience du titre le plus élevé de cette jeune femme, de celui qu'elle doit enterrer pour n'être que la femme de Prosper... ou ne faire ressurgir que quand il s'agit de rappeler qu'elle est gage de la bonne foi commerciale de Djerdan. Ce qui a manqué. Malheureuse dame. Dénigrée par les siens - autant que le traité engagé par le voisin d'Orient avec Monbrina.
Mais en se levant, Dyonis laisse de côté ses considérations à la fois politiques et empathiques pour la princesse. Il se demande pour l'heure ce qui lui vaut sa visite. Le pas ferme et sûr du Premier Conseiller résonne à travers le couloir, jusqu'au petit salon où l'on aura pris soin d'installer Kalisha, près d'un feu réconfortant. La silhouette noire du baron finit par apparaître devant elle. Il s'incline, porte dans son dos le bras gauche équipé de son crochet, et lui présente sa main métallique au bout de l'autre bras pour offrir un baisemain à son invitée. Dyonis sourit sincèrement aux paroles de Kalisha. Il apprécie sa conversation et garde un bon souvenir de toutes leurs entrevues - exceptions faite du malaise lors du Triomphe. Ses yeux quelque peu fiévreux trahissent ses longues heures de travail, cependant son regard est chaleureux - autant du moins qu'il le sait être - à l'égard de la princesse.

"Je vous en prie, Madame. J'ai toujours plaisir à converser avec vous." Ce qui es franc, là encore, non pas un vain compliment. "Et si je puis vous être utile, alors prenons le temps pour que je connaisse en quelle façon." Il lui désigne un des fauteuils. Un nouveau sourire orné d'une pointe de complicité lui vient et il ajoute, plus léger : "Vos pâtisseries étaient succulentes." Celles-là que Kalisha lui avait fait suivre en remerciement de son aide le jour du Triomphe. Dyonis s'assied en face d'elle. Il sonne une cloche au coin d'une table basse. A la servante qui se présente, il demande : "Qu'on nous prépare à boire." Puis, à Kalisha : "Thé ? Chocolat ?"

Kalisha fut conduite dans un petit salon.  Certes ce n’était pas le confort moderne de Monthoux mais le feu qui y crépitait eut tôt fait de la réchauffer. Elle dégrafa sa houppelande de fourrure grise et la déposa sur un fauteuil voisin, laissant apparaitre une robe sage robe d’un vert profond. Le velours de soie était par endroit brocardé d’or. Derrière ses sombres cheveux soigneusement épinglés était attaché une fine voilette assortie. Elle croisa les mains sur ses genoux et joua nerveusement avec son alliance.

Le baron ne fut pas long à se présenter et elle se leva aussitôt afin de saluer son hôte d’une élégante révérence. Elle lui offrit sa main sans hésitation qui se déposa dans la sienne, éternellement froide. Tout l’inverse du discret souffle qu’elle sentit lorsqu’il y déposa un baisemain. Il avait la mine fatiguée et elle songea soudainement qu’elle l’avait sans doute interrompu en plein travail. Pourquoi ? Cela paraissait soudainement très anecdotique comparativement aux affaires qui devaient l’occuper à longueur de temps. Le Premier Conseiller était un homme si agréable. Il trouvait toujours les bons mots et elle se sentit flattée de ce compliment sincère, elle qui doutait réellement d’être faite pour tenir les salons. À sa remarque sur ses pâtisseries, ses joues se mirent à rosir et elle détourna le regard gêné.

- C’était le minimum que je pouvais faire. Si vous les appréciez tant ce que cela, je ne manquerai pas de vous en faire porter prochainement. répondit-elle en osant croiser à nouveau son regard.

- Je prendrais volontiers un thé.

Elle inclina doucement la tête en réponse. Dès lors qu’ils furent seuls, elle resta un instant figée. Le courage lui manquait soudainement face à cet homme si important. C’était tout de même le deuxième homme le plus puissant de ce pays, et elle venait l’importuner pour… Sans doute trop peu. Mais elle ne pouvait plus faire demi-tour. Elle prit une profonde inspiration et se jeta à l’eau.

- Je ne voudrais pas vous déranger trop longtemps, votre Excellence, aussi vais-je rentrer dans le vif du sujet.
Sa main glissa dans l’une de ses poches et en extirpa une lettre pliée qu’elle lui tendit fébrilement. De quoi avait-elle le plus honte ? Du contenu ? Ou des tâches de larmes qu’il ne manquerait pas d’apercevoir et qui avaient fait baver les lettres à certains endroits. Son cœur battait à rompre, ses mains tremblaient et elle avait envie de disparaitre sous terre. Pourquoi n’avait-elle pas écouté Sylvère ? Pourquoi ?!

Lettre:

Dyonis reste debout à attendre que Kalisha s'installe avant de lui-même s'asseoir sur son siège. Il note l'élégance dont fait preuve une fois de plus la princesse, rayonnante dans cette robe vert émeraude ourlée d'or que, en ayant ôté sa fourrure grise juste avant son arrivée, elle lui laisse admirer. En lui donnant le rituel baisemain, le Premier Conseiller avise non sans une pointe de tristesse au fond du cœur l'alliance au doigt de Kalisha - ce symbole même de ce qu'elle a accepté pour son pays. Lui, en comparaison, a eu la chance d'aimer feu son épouse de tout son être et de s'en trouver aimé en retour.
Il sent vite son invitée nerveuse, quoi que cela ne desserve en rien ses manières. Signe inquiétant, toutefois, quant à la gravité du motif pour lequel elle doit être aujourd'hui devant lui. Le baron s'attendrit des joues rosées de la comtesse à la mention des gâteaux orientaux et, dans un sourire, repartit aussitôt, presque d'humeur à plaisanter : "Je crois que je ne dirai pas non à ce que vous encouragiez ma gourmandise actuelle." Il n'a jamais autant grignoté que depuis qu'il travaille de longues heures à ses nouvelles fonctions. "Quant à moi, pour faire bonne mesure, je ne manquerai pas d'agir au mieux pour ce qui vous amène en ce jour."

Kalisha demande un thé. Aussitôt la servante venue entendre la commande s'en retourne après une petite révérence. Lorsqu'ils sont seuls, la princesse ne perd pas un instant et rentre dans tout le sérieux de cette rencontre. Elle tend à Dyonis un courrier... courrier qui l'inquiète déjà à voir l'état dans lequel il met Kalisha alors qu'elle le déplie ! Le visage du Premier Conseiller est grave. Ne pouvant saisir correctement le pli en raison de ses prothèses, il fait signe à un des vigiles à la porte, lui commande d'approcher, et lui pointe le papier du bout de son crochet. Habitué à l'infirmité du seigneur et aux improvisations qu'elle réclame au quotidien, le commis - sans regarder lui-même le contenu du courrier évidemment - le tient à la verticale devant Dyonis. Ce dernier parcourt les lignes dans leur intégralité, ne laisse rien transparaître à ses traits du flot de pensées qui l'envahit. Une fois qu'il a terminé, il adresse un signe austère mais assez éloquent à l'homme-pupitre : il peut reposer la lettre et s'éloigner. Kalisha et le baron doivent être à nouveau seuls.
Ceci fait, le châtelain inspire. Fronce les sourcils. Par où commencer ? Il ordonne ses idées bouleversées par un pareil rebondissement et se décide à engager, avec l'ordre qui le caractérise : "Si cette caravane de pierreries est bien partie, en un sens la nouvelle atteste de la bonne foi de votre pays et ce sera à l'Empire de lui devoir une sérieuse réparation, une fois le convoi retrouvé et les responsables châtiés." (Un temps) "Si c'est là une première partie de ce qui vous trouble tant, alors je ne vais pas manquer de faire diligenter une enquête pour savoir où ont bien pu passer ces pierres, qui a été assez vile pour salir et la réputation de Djerdan et celle de Monbrina !" Sa voix s'est faite déjà plus dure et courroucée que de coutume sur les derniers mots. Dyonis se trouve en effet terriblement partagé. L'homme sensible en lui préfère croire ce courrier - se rassurant ainsi sur la dignité de Djerdan et pouvant dans la foulée rassurer Kalisha, quitte à ce que l'Empire présente des réparations - mais le Premier Conseiller de ce même Empire espère une erreur d'un autre type, afin que la honte d'une malhonnêteté de la part de Monbrina ne fasse dans l'Histoire une tâche ineffaçable.
Il se calme. Son regard s'emplit même de compassion et il poursuit avec la plus grande douceur : "Cependant je devine bien, Madame, que c'est la suite de ce pli qui vous blesse le plus, et fort légitimement." Les insinuations sont même abjectes. Mais là encore, Dyonis doit rester neutre. Ne pas incriminer la famille de la djerdanne. "Quoi qu'il soit arrivé, que ces maudites pierres ne soient pas parties de Djerdan, qu'elles soient à Monbrina et que quelqu'un de chez nous soit le menteur, ou qu'elles aient disparu dans la nature... vous, vous n'avez strictement rien à voir avec cela." Il aura appuyé ces mots de tout son coeur, ses grands yeux bleus fixés à ceux de son invitée. "Je cherche encore ce qui peut leur faire dire que vous êtes une pécheresse. Cette accusation est très grave et mériterait des preuves !" Il serre les dents, ravale une nouvelle fois sa colère qui avait commencé à monter dans son intonation. L'homme placide reprend le dessus et il achève : "Vous avez épousé le comte de Monthoux, vous n'avez nul autre mari devant l'Eternel ni devant les cours de nos pays respectifs, je suis convaincu que vous faites tout pour honorer votre situation et votre peuple. Vous n'êtes coupable. De rien. Est-ce cette absence d'enfant qui leur fait tenir de pareilles idées ? Voyons, je n'entrerai guère dans ces considérations privées, mais chacun sait que la chose peut tarder à venir et que la nature agit souvent bien indépendamment de nos volontés. Qu'elle ne s'encombre guère de politique."

La servante revient avec le thé, qu'elle dépose cérémonieusement devant la comtesse et le Premier Conseiller. Elle se retire. Dyonis n'accorde qu'un très bref regard aux tasses : celle de Kalisha est tout à fait ordinaire, la sienne tient davantage d'un long verre aménagé d'une anse bien particulière pour être maniée par ses prothèses. Toutefois le thé fumant est le cadet de ses soucis dans cet instant grave. Il croise crochet et main métallique devant son visage, puis : "Vous avez mon point de vue. Et ma promesse que je presserai le Ministre des Affaires Etrangères à ce que nous épluchions ensembles toutes les correspondances entre les deux pays, tous les comptes, tous les rapports de passage de marchandises aux frontières, pour savoir ce qu'il est advenu de cette caravane et qui a menti. Pour le reste... Qu'attendez-vous d'autre de moi ?"

Kalisha se mit à rosir de plus belle à l’invitation du baron à lui offrir de nouvelles pâtisseries.

- Je n’y manquerai pas, Votre Excellence. répondit-elle en détournant pudiquement le regard.

Elle ne perdit pas de temps à lui donner la fameuse lettre. Celle qui avait fait couler plus de larmes que d’encre. La princesse se sentit terriblement sotte de ne pas avoir pensé à lui déplier la lettre avant de la lui tendre. Quelle idiote ! Elle aurait au moins pu faire cela. Elle observa silencieusement la scène, serrant fébrilement un bout de sa robe sur ses cuisses entre ses doigts. Les secondes s’écoulaient. Elle en oublia de respirer. L’homme repartit comme il était arrivé.
Le Premier Conseiller fronça les sourcils. Elle inspira, mais pas une once d’air n’entra dans ses poumons. Allait-il lui dire qu’elle se faisait des idées ? Lui demander pourquoi elle s’occupait de ce pays ou de ces affaires qui n’étaient pas les siennes ? Elle expira d’un coup à ses paroles qui se voulurent rassurantes. Elle inclina poliment la tête.

- Je vous remercie, Votre Excellence. Je n’en espérai pas tant. avoua-t-elle timidement en percevant la colère dans sa voix.

Mais le seigneur de Frenn ne s’arrêta pas là et commenta la suite de la lettre. Le rouge monta aux joues de Kalisha et son regard vogua brièvement vers la fenêtre avant de revenir vers les grands yeux bleus de son hôte. Elle serra imperceptiblement les mâchoires. Faisait-elle tout pour honorer son pays et l’accord ? Plus maintenant. Elle l’avait fait, fut un temps, mais ce n’était plus le cas. A son questionnement sur l’enfantement elle acquiesça discrètement de la tête sans oser soutenir son regard. Elle avait honte de lui mentir, de se présenter plus pure qu’elle ne l’était. Elle baissa les yeux vers la petite table et pensa à haute voix sans s’en rendre compte :

- J’aurais préféré que l’on m’offre à vous. Tout aurait été bien différent alors et rien de tout cela ne serait arrivé.

Lui ne l’aurait jamais ignoré. Il l’aurait respecté. Il se serait intéressé à elle. Il aurait apprécié discuter avec elle, peut-être. Elle n’aurait pas été une belle pièce qu’on expose à son bras comme un trophée de chasse. Peut-être qu’elle n’aurait pas pu l’aimer, mais elle aurait pu être son amie. Elle lui aurait fait confiance. Elle aurait été fière d’être à ses côtés et non pas, car il était l’un des hommes les plus importants du royaume, simplement parce qu’elle le respectait plus que n’importe qui d’autre dans ce nid de vipère qu’était la Cour. Le silence s’étira, elle divaguait dans ses pensées et se rendit subitement compte qu’elle avait verbalisé ses pensées. Ses yeux bruns s’agrandirent et elle porta une main à sa bouche, honteuse.

- Pardonnez-moi! C’est… Je n’aurais jamais dû dire une chose pareille. Oh, mon Dieu, je suis désolée. Je suis tellement confuse...

Sa tête se mit à bouger de gauche à droite. Elle voulait disparaitre sous terre. Comment pouvait-on être aussi maladroite ?! Fort heureusement, la servante arriva avec le thé. Elle attrapa la tasse dans le but de noyer sa gêne. Il fallait désormais évoquer le deuxième sujet. Kalisha prit une profonde inspiration pour rassembler le peu de contenance qu’il lui restait et se lança :

- Je viens solliciter votre clémence au sujet de Sylvère d’Aiguemorte. annonça-t-elle de but en blanc.

Mais comme, cela ne suffirait pas, elle poursuivit son explication

- Je… Vous avez peut-être entendu parler de ma disparition en novembre dernier. Et bien… Elle baissa les yeux vers son thé la vérité c’est que mon cheval a fait une embardée en apercevant un sanglier sortir d’un fourré. Je suis tombée et… Elle releva les yeux mon mari n’est pas au courant de cette partie, mais j’ai perdu connaissance. C’est celui que vous recherchez qui m’a sauvé la vie. Lui et son ami. Elle posa un regard implorant sur yeux bleus, bleus comme ceux d’Ysengrin Ce n’est pas celui que l’on décrit. Ce n’est ni un violeur, ni un dangereux criminel. Il ne m’a jamais porté atteinte d’une quelconque façon bien au contraire. Il préfère les confitures aux bijoux. C’est simplement… Un excentrique qui préfère la compagnie des arbres et des animaux à celles des humains… Je vous en conjure, votre Excellence, abandonnez les poursuites à son encontre. J’ai une dette de vie à son égard. Je ne pourrais jamais souffrir de le voir capturer et condamner injustement.

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'Audace' :

Un instant, la conversation aura été légère. Des promesses de pâtisseries et des sourires de complicité où Dyonis espère même quelque chose comme de l'amitié. Mais les sujets graves occupent l'espace de ce goûter. Décidément, la période est sombre. Y aurait-il un jour, un seul, où le Premier Conseiller pourrait s'endormir - ou rester à son bureau - pour laisser place à l'homme qui aimerait entretenir aussi des moments légers avec les rares personnes qu'il apprécie en cette cour...
L'affaire est de la plus haute importance. Ce petit papier, baigné de larmes, que lui a montré Kalisha... si ce qu'il contient est vrai, si les richesses ont été envoyées, alors il aurait le pouvoir d'empêcher la guerre imminente entre l'Empire et le voisin ! Il signifierait même qu'un traître à sa patrie se cache quelque part à Monbrina - ayant peut-être en outre des complices à Djerdan tant il se trouve toujours des ordures prêtes à vendre leur pays pour de l'argent. Aussi le baron s'espère-t-il à la hauteur dans les promesses dites à son invitée.

"Je vous en prie. Ce n'est là que ce que me dicte mon devoir..." dit-il, laissant sa parole dans le plus grand suspend en entendant la confidence qui suit. Vient-il... de bien entendre ? Kalisha, cette si jeune femme, si belle, n'aurait donc pas répugné à être marié à lui, baron veuf, austère, infirme ? Il en garde les lèvres entrouvertes et sent à son tour le rouge lui cuire les joues - chose si rare. Quoique, se tempère-t-il aussitôt : à côté du comte de Monthoux, il n'est pas difficile de préférer même un personnage comme lui, le Premier Conseiller, avec toutes ses maladresses, imperfections et rudesses... Et cependant, le compliment le touche comme rarement des mots ont su le faire. Tentant au mieux de voiler sa gêne, Dyonis se raccroche à la suite de sa phrase. Non sans bégayer les premiers mots, avant de retrouver sa placidité : "...bien qu... bien qu'il... me faille aussi confesser que l'amitié que j'ai également pour vous me fasse prendre un intérêt tout particulier à ce qui vous concerne en ce pays." Il se veut l'ami autant que le politicien.
Sur ces paroles, le baron demeure silencieux, ses grands yeux bleus ne quittant pas le visage timide de Kalisha. Le regret pulse dans ses prunelles et les voile d'une petite buée : s'il avait pu empêcher cela... S'il avait su à l'avance avec qui la jeune princesse Djerdanne allait être mariée par Der Ragascorn, connaissant le porc en question, Dyonis aurait tout fait pour suggérer quelqu'un d'autre au roi. Kalisha aurait mérité un homme qui l'aurait rendue heureuse. Le seigneur se mord l'intérieur de la joue : il sait bien pourquoi le calculateur souverain a choisi cet imbécile de Monthoux. Précisément, pour son imbécilité. Un noble qui ne fait nulle histoire et n'est pas plus menaçant qu'un pigeon. Un obéissant. Il déglutit. Quel gâchis.

"Madame" se raccroche-t-il à la conversation après que le rouge lui quitte enfin les pommettes. "puis-je vous demander ce que vous entendez par rien de tout cela ne serait arrivé ?" Y avait-il certaines choses qu'il ignorait concernant les relations entre Djerdan et Monbrina ? Ou quelque événement grave était-il survenu pour Kalisha au sein de Monbrina - outre son mariage en lui-même désastreux ?
"Ne soyez pas confuse." entreprend-il aussitôt de la rassurer, voyant la jeune femme si honteuse. Il se sera avancé sur son siège, aura approché sa main métallique jusqu'à celle de la princesse dans un geste d'amitié. "Ceci restera entre nous. Et si je puis me permettre : gardez aussi pour vous ce que, je pense, vous savez déjà mais que je tiens à vous exprimer." Puis, dans un demi sourire et avec une lueur de malice elle aussi infiniment rare au fond des yeux de cet homme si strict : "Le marcassin ne vous mérite guère. Cent fois guère. Il pourra assez, dans ce monde et dans l'autre, être reconnaissant à la politique - qui seule a le don de créer de ces unions dont même les pus mauvaises pièces auraient à rougir." Quelques mots. Une plaisanterie sans doute maladroite, mais où Dyonis espère faire entendre combien il compatit au gâchis qu'aura été la vie de cette femme sur l'autel des affaires. Parfois vaut-il mieux rire que pleurer. Retrouvant cependant tout son sérieux, il affirme : "Vous n'en êtes une femme que d'autant plus méritante. Je pense devoir autant déplorer qu'admirer votre... sacrifice aux affaires des Etats. J'ose croire en la justice de cet univers, et que vous trouverez dans l'au-delà récompense de ce que vous vivez là. Et même, si possible, déjà ici bas dans d'autres belles choses que le mariage." Sa belle-fille qui a l'air de toute bonté. Des amies, peut-être ? Quelques agréables relations dans Brektenn ? Les bienfaite de la grande vitalité culturelle de la capitale ou que sait-il d'autre encore... Dyonis profite de ce tête à tête avec Kalisha pour lui verbaliser cette tristesse et cette révolte qu'il a souvent eue en songeant à elle. Lui affirmer son soutien. "J'espère que Monbrina n'est pas pour vous synonyme que de solitude et d'abnégation."

Il s'étonne d'entendre son invitée passer du coq à l'âne, délaissant ses confidences au sujet de Djerdan pour aborder... Sylvère d'Aiguemorte ? Que vient faire ce brigand au milieu de pareille conversation ? Le front du seigneur se plisse, sa tête dessine un léger recul. Il écoute. "Oui. Oui en effet je me souviens maintenant de cette méchante nouvelle. Et avoir été soulagé d'apprendre vite que vous n'aviez rien ! Par le Ciel, les forêts sont si peu sûres sans escorte." La suite le surprend plus encore. Nouveau silence. Long silence. Ce voleur et... son camarade estropié ? Ces deux-mêmes venus lui jouer leur farce sous des déguisements et de faux noms, et qu'à présent il recherche ? "Vous me dites... que cet individu ne vous a ni volée ni porté atteinte ? Qu'il vous a même secourue ?" répète-t-il sous le coup de l'étonnement, mais comprenant aussitôt ce que Kalisha n'aura nul besoin de confirmer. Elle apparaît des plus sincères. Et pourquoi mentirait-elle sur des choses aussi graves ?
Dyonis inspire et fronce les sourcils, songeur. "Si ce Sylvère s'est bien comporté comme vous dites à votre égard, c'est tout à son honneur et cela sera immédiatement porté à son crédit dans les rapports qui le concernent dans les bureaux de la prévôté. La justice est la justice : pour ma part je peux cesser de m'intéresser à son cas, mais je ne peux nullement vous promettre que toutes les procédures à son sujet soient interrompues. J'entends pleinement qu'il n'est ni le violeur ni l'assassin que certains décrivent. Et cela, je pourrai le faire valoir avec vigueur s'il venait à être appréhendé. Il demeure néanmoins des délits à son actif. Tout effacer serait suspect et même, j'espère que vous le comprenez : impossible administrativement." Il baisse une seconde les yeux. L'ami en lui est désolé, tandis que le réaliste homme de loi parle. "Disons qu'avec ce que vous m'affirmez là, sa balance devient infiniment plus légère et je le ferai savoir. Et au nom de notre amitié, je n'en ferai plus mon affaire personnelle."
Des mots qui claquent aussi dur contre lui-même et qu'il médite : de bonnes actions n'effacent pas les fautes, la justice ne marche pas ainsi. Mais elles peuvent alléger la balance. Qu'en est-il de sa propre balance, se demande Dyonis...

Elle avait eu ces paroles qui s’étaient échappées malgré elle de ses lèvres. Un fâcheux défaut qui revenait de temps à autre la prendre par surprise, toujours dans les moments les plus délicats, comme maintenant. Le Premier Conseiller était en train de rougir. Elle préféra regarder ses genoux et se frotter distraitement la nuque. Quelle idiote ! Qu’allait-il penser maintenant ? Il y avait cet affreux silence. Et oh mon dieu ! Il bégayait ! Elle l’avait mis tellement mal à l’aise, et en plus elle savait combien il était attaché à sa défunte épouse. Elle ne comprit rien à ses propos, excepté qu’il la considérait comme une amie ce qui la toucha profondément. Elle posa sa main sur son poignet.

- Merci infiniment, votre Excellence, c’est un honneur de partager cette amitié avec quelqu’un comme vous. Et… Je… Veuillez m’excuser pour ces paroles déplacées.

Il la fixait désormais de ses grands yeux bleus dans un long silence. Elle n’osait pas lâcher son regard de paraitre impoli. Avait-il vraiment des regrets ? Elle pencha délicatement la tête sur le côté sans détacher sa main de son avant-bras.

- Vous n’avez rien à vous reprocher, c’est le sort des jeunes femmes d’être mariées pour satisfaire de plus grands intérêts. Nous ne sommes élevées que dans ce but. compléta-t-elle résignée.

Un nouveau silence s’installa jusqu’à ce que le seigneur de Frenn ne le rompe avec une question fort embarrassante qui la fit rougir instantanément. Ce n’était sans doute que justice après cette déclaration…

- Je voulais parler de… Mon état. Et surtout…elle détourna le regard Vous ne m’auriez pas délaissé -enfin je pense- et vous vous seriez intéressée à moi… Et nous aurions pu parler… Pardonnez-moi, je m’enfonce. C’est… Je vous demande pardon.

Elle n’aurait pas non plus eu besoin de se rendre en forêt, car elle aurait eu la foi de patienter, protéger par son époux. Elle n’aurait pas rencontré Sylvère et « rien de tout cela ne serait arrivé ». Dyonis lui confia son admiration et ses paroles lui allèrent droit au cœur.

- Monbrina a beaucoup de chance d’avoir un homme comme vous aux affaires d’Etat. Je ne vous cache pas que j’ai longtemps trouvé que résider ici était une forme de punition pour je ne sais quel méfait de ma part, mais je commence à changer d’avis et à apprécier ma vie ici. Mon pays me rend encore parfois nostalgique, mais je crois que je n’ai plus grand-chose à en attendre. Vous savez au fond… Le pire c’est que je ne suis plus Djerdanne et que je ne serai jamais Monbrinienne

Kalisha lui confia ensuite ce qu’elle savait sur Sylvère dans le but de faire cesser les recherches à son égard. Elle acquiesça à ses questions et se sentit infiniment soulagée d’apprendre que la balance devenait bien plus légère que le baron appuierait son plaidoyer si nécessaire. Elle soupira franchement.

- Merci Votre Excellence… Si vous aviez pu le rencontrer dans d’autres circonstances que celles que vous connaissez, vous auriez pu constater par vous-même qu’il n’a rien du dangereux criminel que l’on dépeint. D’ailleurs… Peut-être… Peut-être qu’il pourrait vous aider à gérer la forêt d’Aiguemorte ? Il la connait fort bien et s’il s’est décrété Roi d’Aiguemorte ce n’est que par amour des bois et non par orgueil personnel. Je suis qu’il pourrait vous aider à traquer les réels brigands qui eux violent et tuent sans vergogne. Enfin, ce n’est qu’une suggestion..

Quitte à lui parler de Sylvère, autant lui proposer un poste de « garde des forêts ». Qui ne tentait rien n’avait rien après tout.

Dyonis retrouve ses moyens. Fort peu à ses aises face aux excuses autant qu'en présence de compliments comme ceux que lui adresse Kalisha, il hoche la tête avec un sourire sincère et la reconnaissance dans le regard. Les mots ne lui viendront pas, toutefois son visage en exprimera assez.
L'homme laisse la main fine de la princesse sur son bras et l'écoute mettre des mots résilients sur ce qu'il sait bien de la condition des femmes du monde. Un sacrifice que l'on ne reconnaît pas assez. Et dont, dans les moments de doute que Dyonis a parfois, il lui est arrivé d'interroger les abus. Mais la chose politique va ainsi. Chacun doit être prêt à sacrifier beaucoup pour sa fonction. Lui, sa vie de famille, ses loisirs, ses nuits torturées à savoir s'il a ou non pris les bonnes décisions, sa tranquillité à se dire en permanence qu'il pourrait toujours faire davantage et mieux. Elle : son bonheur en amour, sa proximité avec les siens - entourage qui au passage a même l'air de la renier. Sa culture... Oui, il la comprend.

"Certainement pas." confirme-t-il, alors que Kalisha se dit sûre que, lui, ne l'aurait ni délaissée ni ignorée. "J'aurai jugé la moindre des choses de porter attention à vous en tant que personne, et en tant que porteuse d'une culture à laquelle nous devons intérêt." Que Prosper n'ait même pas été capable de cela le dépasse. Cependant par décence, il n'en rajoute pas, puis secoue sa main devant lui en un geste de "ce n'est rien" quand la princesse présente une fois encore des excuses.

Il sourit en entendant son invitée lui adresser ce compliment sur ce que, selon elle, il apporte à Monbrina. Des paroles comme celles-ci lui mettent du baume au cœur au milieu de ses nombreuses phases de doutes quant à ses capacités à changer les choses. Dyonis ne prend en aucun cas ombrage de la confidence de Kalisha sur ses premières impressions du pays, au contraire cette franchise redouble son intérêt et il ne sait que l'apprécier. "Je suis navré que Monbrina ait pu donner un tel sentiment punitif. Il est clair que les choses auraient pu mieux se faire." A commencer par son mariage, garde-t-il pour lui, tout en sachant l'utilité de l'avoir unie à un idiot. "Cependant vous avez raison et je salue votre sagesse : ceci relève du passé, et je suis heureux que les choses aient évolué."
Il soupire en revanche à l'entendre souligner ce statut si particulier de double-déracinée : oubliée par son propre peuple d'un côté... et non intégrée par Monbrina de l'autre. Sur cela, il ne pourra rien faire et, en homme direct qu'il est, le baron préfère ne rien dire plutôt que de servir un stupide mensonge à l'eau-de-rose tel que "oh, si, vous finirez par trouver votre place". Lui comme elle savent que ce ne sera jamais vraiment le cas. L'homme ne peut donc que compatir, d'une mine grave et d'un regard d'amitié. Néanmoins, il ajoute quant aux relations entre Kalisha et les Djerdan : "Je ne sais si quoi que ce soit peut encore être réparé à l'heure qu'il est, mais j'entends bien comme je vous le disais éclairer ce point concernant les envoi de joyaux. Qu'au moins ils ne vous tiennent pas pour responsable. C'est décidé, je prendrai mes responsabilités à deux mains, demain." lâche-t-il soudain sans même réaliser sa plaisanterie sur le coup. Il ne sourira, presque gêné de lui-même, qu'avec une seconde de temps de retard et après un coup d'œil vers ses prothèses.

Là-dessus, la proposition que lui fait la princesse concernant Sylvère a de quoi étonner le Premier Conseiller. "Roi d'Aiguemorte. Rien que cela." grommelle-t-il dans un premier temps, surpris par ce qu'il ne sait qualifier d'orgueil... ou de sympathique plaisanterie. Avant, du moins, de se dire que si ce vagabond a su attirer la bienveillance de la dame de Monthoux, c'est qu'il ne doit pas être un individu bouffi de prétention. Non, ce titre royal doit être à mettre sur le compte de la boutade. Il décide : "C'est une idée. Vous pourrez dire à ce Sylvère, de la part du Premier Conseiller, qu'il est autorisé à regagner ses bois et que dorénavant ne pèsent plus sur lui l'urgence de nouvelles charges. Je consens à fermer les yeux sur son... tour lors de sa visite à Frenn, d'autant qu'il a contribué à l'élimination du monstre de Rottenberg. Que je suis même prêt juger favorablement son cas, s'il s'engage à participer au bon ordre de cette forêt. Que j'apprenne en revanche le moindre problème qui l'impliquerait et son dossier reviendrait au sommet des piles de la justice."

Elle ne doutait pas un seul instant qu’il n’aurait été de meilleure compagnie que Prosper et incommensurablement plus respectable et respectueux que ce dernier – ce qui n’était pas bien difficile -. Kalisha était heureuse de voir que son compliment sincère - car elle ne savait de toute façon pas réellement mentir – était apprécié du Premier Conseiller. Elle songea soudainement qu’il devait sans doute se sentir bien seul lui aussi. Pourquoi ne s’était-il pas remarié depuis toutes ces années ? Simplement par amour de sa femme comme on le disait dans les salons ou car il était trop occupé par son travail pour ne serait-ce qu’y songer ? La question demeura suspendue dans son esprit. Elle avait beau être spontanée, il lui arrivait parfois -heureusement- de réaliser avant de parler, l’embarras qu’allait susciter son intervention. Sans parler du fait que le seigneur de Frenn avait sans doute eu son quota de remarque maladroite pour le restant de la semaine voire du mois. Il allait finir par penser qu’elle le faisait exprès ce qui ne pouvait pas être plus éloigné de la réalité.

Elle inclina la tête à son compliment sur sa capacité à prendre les choses avec philosophie : il n’y avait qu’ainsi que l’on pouvait espérer profiter de la vie, d’autant plus qu’elle avait désormais une bonne raison de se réjouir de sa vie à Monbrina. Tant pis si elle n’était jamais totalement monbrinienne et plus vraiment djerdanne. Elle serait toujours elle, indépendamment du pays qui l’accepterait ou la rejetterait. Il lui confirma sa volonté de prendre les choses en main. Au sens littéral. Leurs regards se croisèrent face à l’ironie de la situation. La princesse se mordait les lèvres, mais face à l’autodérision de son hôte elle s’autorisa à lâcher à ce petit rire pétillant qui monta jusqu’à ses yeux.

- Je ne demande pas tant de miracles, Votre Excellence ! répondit-elle à son tour pour compléter agilement son mot d’esprit.

Une fois leur sérieux retrouvé, elle aborda le sujet concernant Sylvère. Elle enterra autant que possible la joie qui s’invitait à cette annonce. Ysengrin allait être si heureux quand elle allait l’informer de cette nouvelle ! Elle s’inclina pour le remercier.

- Je ne doute pas qu’il prendra cette mission fort à cœur.

Sur ce, elle se leva et effectua cette fois-ci une vraie révérence.

- Je ne pourrais jamais vous remercier jamais assez pour tout ce que vous avez fait et faites pour moi, mais… puisque vous semblez tant les apprécier je vous ferai porter des pâtisseries de temps à autre. ajouta-t-elle malicieusement je ne peux décemment pas vous retenir plus longtemps alors que vous avez sans doute tout un tas de choses bien plus importantes à faire que de prendre le thé avec moi. Sachez en tout cas que ce fut un réel plaisir de pouvoir discourir en votre compagnie et pas uniquement pour les faveurs que vous m’avez accordées. Je vous souhaite une excellente journée, Votre Excellence.