[18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
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[18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Journée chargée. Alors que les collègues avaient largué l'esclave aux béquilles dans une geôle de la prévôté, cet autre détachement de soldats s'était dirigé vers le domaine de Monthoux. Le cardinal Cassin et sa novice précédaient le convoi, dans une voiture de bois finement sculpté et aux emblèmes de l'Eglise. A sa suite venaient les militaires à cheval, et un autre aux commandes d'un fourgon grillé - au cas où par chance la recherche du sorcier s'arrête ici si c'était au château du comte qu'il ambitionnait de se planquer. Tout de même... accueillir cet énergumène paraissait indigne de la pieuse famille de Monthoux ! Non, ses membres devaient avoir été trompés si le démon infirme sévissait chez eux. Telle fut l'hypothèse du Cardinal, suivant la piste de cette esclave Iswylane que Prosper avait achetée, ce jour où l'estropié l'avait maudit.
Cependant, si l'inculpé ne se planquait pas céans, cette visite serait toujours au moins l'occasion d'inspecter le domaine à la recherche de poisons, abortifs, philtres maléfiques... et d'interroger les Monthoux. Après une heure de route pour sortir de la ville puis rejoindre le domaine, on se présenta aux vigiles. En exhibant l'avis d'enquête ainsi que le document de déposition, la troupe fut immédiatement introduite. Les gens d'armes avaient aussi pris avec eux un exemplaire de cette affiche si bien dessinée par le petit esclave venu à Frenn - papier où apparaissaient nettement la silhouette et le visage fort ressemblants du sorcier. Elle serait sortie en temps voulus devant le comte ou la personne chargée de les recevoir.
On convoqua en urgence l'intendante du château, chargée d'accueillir les visiteurs et de prévenir Monsieur le comte si nécessité se faisait de le déranger.
Sitôt informée, la Marthe rejoignit la cour de son pas pressé et décidé, ses talons aiguillonnant le sol le long de sa route. Tirée à quatre épingles, petit sourire pincé aux lèvres, elle dissimulait pour le coup une certaine anxiété : quelle affaire pouvait bien amener un cardinal en personne, une religieuse dans sa suite, et les sergents de la prévôté au domaine ? Pourvu que ce ne soit rien susceptible d'entacher la réputation du domaine qui l'employait !
En arrivant, elle découvrit les chevaux, la cage, le détachement de militaires. Eh bien ! L'affaire semblait sérieuse. Mais surtout, elle s'inclina avec le plus grand respect devant le Cardinal. Toute disposée à faire ce dont il aurait nécessité, elle déclara en se redressant :
-- Votre Éminence. C'est un honneur de vous recevoir, même si j'imagine que de graves affaires vous amènent céans et qu'il eut été préférable de vous rencontrer en de meilleures circonstances. Pour quel motif me faut-il prévenir le seigneur de Monthoux ? (Car en effet, il était évident qu'une pareille troupe ne pouvait que se déplacer pour une raison majeure. Au passage, respectueuse du protocole, Marthe ne manqua pas de saluer tour à tour Sœur Cécilia et les soldats.) Ma Sœur. Messieurs les gens d'armes.
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Matthieu avait passé presque tout le trajet à ruminer. Cette affaire avec Alexandre avait quelque peu entaché son enthousiasme. Cependant, cela n'avait en aucun cas gâté son énergie et il avait au moins la satisfaction d'avoir une bonne troupe à ses côtés.
Il avait déjà tout prévu. S'il ne parvenait pas à le débusquer, il enverrait des gardes surveiller l'esclave, avec sans nul doute la coopération de Juan. Ainsi, dès qu'il irait voir cette femme, il pourrait l'attraper. Il serait fait, pris dans leur toile tel l'insecte nuisible qu'il était.
Il observa Cecilia à ses côtés. Il songea un instant à lui demander si elle allait bien, elle qui n'avait pas décroché un mot de tout le trajet, elle d'ordinaire si curieuse et enjouée. Cependant il secoua aussitôt la tête. qu'est-ce qui lui prenait aujourd'hui ? Cette arrestation lui avait vraiment retourné le cerveau... Il soupira puis se reconcentra. D'ailleurs, ils arrivaient. Enfin, ce n'était pas trop tôt !
Il descendit et tendit tout de même une main à Cecilia pour l'aider à faire de même. Une fois cela fait, il tourna son attention vers le petit bout de femme qui accourait vers eux. il se présenta, drapé dans toute sa pourpre majestueuse de cardinal et inclina la tête à ses salutations.
- Bien le bonjour, ma fille.
Il se redressa davantage en prenant une grande inspiration.
- madame, c'est uen affaire grave qui nous amène ici. Peut-être avez-vous entendu parler d'un sorcier qui rôde dans les rues de Braktenn. Je suis chargé par le Saint siège de l'empêcher de nuire et j'ai pour cela besoin de votre coopération et de celle de vos gens. Pour commencer, voudriez-vous bien me dire si vous avez été témoin du moindre mouvement suspect. Même quelque chose d'infime, un détail qui vous aurait semblé incongru, surtout en rapport avec l'esclave Phaïdée.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Quand ils arrivèrent, elle parvint à sourire au cardinal et à le remercier pour son aide en rosissant et en soufflant un "Merci.". Un cardinal qui l'aidait... C'était si étrange, aussi ! Elle remarqua alors un corbeau sombre venir vers eux. Elle inclina la tête au salut qu'elle lui adressa, suivit d'un "Madame." soufflé. Elle laissa ensuite le cardinal parler, naturellement, tout en espérant qu'ils obtiennent ce qu'ils venaient chercher...
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Le seul mot de sorcier fit rater un battement au cœur de Marthe. Elle se traça aussitôt un signe de croix de la main droite. Le prénom de Phaïdée, prononcé juste derrière, vint quant à lui la mettre en colère... et étrangement la satisfaire à la fois : bon débarras que de celle-ci. Pourquoi donc ce Cardinal citait-il cette esclave ? Elle entreprit de le renseigner au mieux :
-- Votre Éminence, nous serons tous disposés dans ce domaine à coopérer aux saintes affaires de l'Eglise. Je vais aller de ce pas prévenir Monsieur le comte, mais avant cela, pour ce qui est de cette Phaïdée, je peux vous dire qu'avant d'atterrir ici elle était une catin. Une fille de la pire espèce, venue d'une de nos colonies. Nous avons heureusement réussi à en faire quelque chose d'à peu près utile et présentable avant qu'elle ne soit remise à l'ambassadeur d'Espagne, mais la bougresse nous a donné du fil à retordre. (Un temps) Ah ! Et j'ai pu remarquer, pendant les trois dernières semaines qu'elle a passées ici, qu'elle et un de nos jardiniers arrivés fin novembre s'entendaient... plutôt bien. Un estropié ! La belle paire ! Phaïdée est-elle impliquée dans quelque chose ?
Là-dessus, Marthe invita avec déférence ses hôtes à entrer, à prendre place dans le vestibule au coin d'un feu. Puis elle présentera ses excuses pour les abandonner quelques instants, le temps d'aller chercher Monsieur de Monthoux.
A cette précision quant à l'infirmité du jardinier, plusieurs des soldats se regardèrent immédiatement. Ils ne prendraient évidemment aucune initiative sans l'ordre expresse du Cardinal, mais l'un d'eux songea derechef au sorcier dont ils avaient le portrait avec eux. Le jardinier en question officiait-il encore au domaine ? Qui l'avait fait entrer s'il s'agissait bien du démon éclopé ?
Les gardes suivirent l'intendante sans un mot jusqu'à l'intérieur du domaine, sans trop s'éloigner cependant de la porte d'entrée donnant sur la cour, là où deux collègues étaient restés en position pour surveiller les chevaux et le véhicule.
Il semblait que le seigneur dût arrêter en urgence sa séance de mise en place, dans la salle des trophées, des derniers animaux empaillés tirés à la chasse. La nouvelle le mit d'abord de fort mauvaise humeur : il n'attendait personne aujourd'hui. Puis l'inquiétude prit le dessus quand sa contremaître passa la porte pour lui annoncer la visite d'un Cardinal en personne, d'une novice dans sa suite... et des gens d'armes à la recherche d'un sorcier ! Prosper n'en croyait pas ses oreilles. Comment de telles affaires pouvaient-elle s'amener céans, dans un domaine respectable, au-dessus de tout soupçon ? Quelle était donc cette mauvaise plaisanterie ? Marthe se tenant avec respect dans son sillage, il rejoignit le groupe qui attendaient dans l'entrée près du feu. Le comte abaissa le haut du buste et salua :
-- Votre Éminence. Ma Sœur. Messieurs. Je suis... le premier abasourdi d'apprendre qu'une enquête concernant un sorcier vous amène en ces murs. Toutefois, bien évidemment, je coopérerai autant que j'en aurai la possibilité pour vous prêter main forte dans vos œuvres de débusquement du démon.
Marthe alors, avec la permission du Cardinal, lui résuma tout ce qu'elle savait déjà : un sorcier pris en traque, la mention de l'esclave Phaïdée, ce que l'intendante venait d'exposer quant à son mauvais caractère et à ses sympathies avec le jardinier Louis. Prosper acquiesça en serrant les temps. Il ne comprenait pour l'instant pas grand chose à ces histoires mais, déjà, n'aimait pas du tout entendre cité un de ses employés. L'éclopé. Comme pour changer.
On put alors entendre les petits pas énergiques de souliers fins sur le parquer. A la grande surprise de son père et de Marthe, Florentyna fit son apparition dans la pièce. Elle s'inclina profondément devant le Cardinal Cassin et sa novice, puis adressa un petit signe de tête aux soldats. Derrière son masque paisible et son sourire de toute douceur, la malheureuse ne respirait déjà qu'à peine... Elle lisait tranquillement dans le salon voisin quand elle entendit passer la contremaître avec son paternel et les mots "Sorcier", "Phaïdée", "Louis"... La demoiselle avait pâli - ce que, heureusement, son maquillage ne laissait pas voir. Hyriel ! Immédiatement, elle s'était levée pour suivre le comte.
-- Ma fille, Florentyna, la présenta Prosper.
-- Votre Éminence. Ma Sœur, déclara-t-elle en s'efforçant de conserver la voix la plus tranquille qui soit. Je me tiens moi aussi à votre disposition pour aider à vos offices... Ainsi donc vous cherchez... un sorcier ? De... de quoi précisément est-il accusé ?
Bien cachées par les épais jupons, ses jambes flageolaient déjà. Pour l'amour de Dieu... Que savaient les visiteurs ? Et quelles étaient les charges concrètes contre Hyriel ? Ah, si seulement ce ne pouvait être rien de plus que les vilaines rumeurs habituelles ! Florentyna en serait rassurée, pour avoir maintenant appris à connaître un peu mieux le guérisseur et sa science. Et Kalisha... Oh Ciel ! Kalisha ! Elle non plus ne devait pas être citée au milieu de tout cela... La demoiselle se mordit l'intérieur de la jour. Elle pria de toute son âme et chercha apaisement en regardant le visage si doux de cette jeune nonne. Elle aussi était tendue, toutefois son regard plein de bonté serait, décida la fille de Monthoux, son point d'ancrage au milieu de ces tourments.
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Matthieu laissa Cecilia prendre soin d'elle-même et se centra entièrement sur Marthe. Il écouta attentivement ce qu'elle avait à lui dire, cherchant si derrière le moindre détail pouvait se cacher un sorcier. Il hocha la tête avant de hausser un sourcil.
- Oui, c'est justement une des... filles du Lupanar que nous sommes allés fouiller qui nous a mis sur sa trace. Et je ne doute pas que vous ayez tout fait pour qu'elle se comporte de manière convenable.
La suite le mit tout de suite en alerte. Son cœur fit presque un bond dans sa poitrine et il se rapprocha aussitôt de la petite femme. Malheureusement, elle partait rejoindre son maître, il dû donc prendre son mal en patience mais un petit sourire qui n'avait rien de saint se dessina sur ses lèvres, sous une main qui lui donnait un air réflexif. Ils allaient peut-être même être encore plus proches du but qu'il n'avait pu le penser. Il vit d'ailleurs que certains soldats semblaient faire le rapprochement autant que lui. D'un signe discret, il les invita à se tenir tous prêts. Ainsi, il se cachait sous le nez de Monthoux... Matthieu pinça les lèvres. En ce cas, il devant être encore plus diabolique qu'il ne le pensait !
Il se redressa quand entra le comte, n'ayant pas pris la peine de s'asseoir. Il inclina de même la tête avec respect bien que même ainsi il domine le petit homme d'une tête. Certes, les hommes de leur famille était réputé pour leur grande taille mais tout de même ! Il tâcha cependant de reprendre son sérieux en son fort intérieur. Il se racla un peu la gorge.
- Oui, j'imagine sans peine le choc que cela a dû être pour vous. mais vous savez comment son ces êtres... Pernicieux et manipulateurs. Soyez sûrs que de mon côté, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour débusquer une présence satanique dans vos murs afin de vous en débarrasser.
Il affichait un air tranquille et déterminé. Il le tenait, il était près à le parier. ce n'était désormais qu'une question de temps. Il hocha la tête quand Marthe résumé toute l'histoire. Alors qu'il s'apprêtait à justement demander plus d'informations sur ce fameux jardinier, de petits pas précipités le coupèrent dans son élan. Se déciderait-on à le laisser enfin commencer sa phrase ? Il prit cependant son mal en patience tout en ne laissant rien paraître, surtout que c'était la propre fille du comte qui paraissait. Il inclina de nouveau la tête.
- Mademoiselle...
Qu'ils en viennent aux faits, il n'allait quand même pas poireauter là toute la journée alors que le diable boiteux rôdait sans doute dans leur jardin ! Il crispa un peu la mâchoire aux questions de Florentyna mais répondit avec un semblant de bienveillance.
- En effet, un sorcier qui rôde depuis un moment en ville et qui aurait même jeté un regard maudissant à votre père. Un empoisonneur et avorteur, suppôt terrible de Satan. Il s'est mystérieusement volatilisé il y a quelques temps et on compte sur moi pour le retrouver. Je pensais avoir une piste en arrivant selon les dires d'un témoin et je crois qu'elle vient de se confirmer...
Il se tourna vers le comte, tâchant de contrôler son empressement et de conserver un air sérieux.
- ... aussi, monsieur le comte, si vous le permettez, j'aimerai que vous me parliez un peu de ce jardinier.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Elle tourna la tête en voyant entrer le comte de Monthoux et s’inclina aussitôt en une révérence respectueuse, tout en masquant son étonnement. Autant de tissu pour s’habiller au quotidien devait coûter cher ! Était-ce un moyen d’afficher sa richesse que de se laisser être si imposant ? Elle contint un frisson en entendant les paroles du cardinal à propos du sorcier. Elle espérait qu’il ne leur jetterait pas de mauvais sort… Elle s’étonna des pas pressés et devint encore plus perplexe quand la jolie jeune femme, qui devait avoir son âge, apparut. La fille du comte ? Elle lui ressemblait si peu… Elle inclina la tête et souffla un « Mademoiselle… » en esquissant un sourire à son intention. Elle semblait aussi nerveuse qu’elle et, paradoxalement, cela la rassurait. Elle capta son regard et s’efforça, bien qu’intérieurement terrorisé par les dires du cardinal, se détendre, au moins en apparence, pour la rassurer, elle. C’était son rôle. Et elles en avaient besoin.
Elle ne put masquer sa surprise en entendant que le cardinal semblait penser que c’était le jardinier, le sorcier. Elle se rappela alors qu’en effet, les signalements le disaient estropié. Mais alors, sa condition était-elle la contrepartie offerte au Diable pour ses pouvoirs ? ou alors se faisait-il passer pour un être pitoyable afin de mieux attirer ses victimes qui le prenaient en pitié ? Ou les deux… elle contint un nouveau frisson. Et dire qu’elle avait failli tomber dans son piège ! Mais cela n’arriverait pas ! Elle voyait clair dans son jeu, désormais, et elle ne se laisserait pas prendre dans les filets de cette créature du diable. Elle espérait que la jeune demoiselle aussi… Elle l’aiderait à résister, pour qu’elles demeurent toutes les deux dans la foi du Seigneur.
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Agents du guet royal
Un ourlet pincé aux coins des lèvres du comte, sous les arrondis de sa moustache, accueillit les paroles de commisération de l'ecclésiastique. Oh oui, il pouvait le dire ! Si le démon se cachait en ce domaine, il ne s'était aperçu de rien et ne l'avait pas encouragé le moins du monde. Il adressa un sourire reconnaissant à l'Éminence avant d'entreprendre de répondre à sa question - qu'on ne lui avait que trop retardée à en croire la tension de son visage armé de patience :
-- Ce jardinier se nomme Louis. Grand, homme solide, affublé d'attelles et de béquilles. Il travaille la plupart du temps assis, ceci dit, aux plans de la future serre exotique de ma... femme...
Il arrondit soudain les yeux, établissant le lien. Coup de massue à ce dernier mot. Kalisha. Si l'employé qu'elle lui avait tant vanté était un suppôt de l'Enfer, l'idiote allait recevoir comme jamais. Ca ne lui faisait pas d'enfant, ça venait d'un peuple qui finalement se révélait félon et contre qui Monbrina allait guerroyer, et par-dessus le marché ça lui amenait des éclopés démoniaques. Le rouge de colère monta aux joues pataudes du comte. Son épouse pour l'heure assistait à une pièce de théâtre, mais son retour promettait de lui rester encore plus en mémoire que ladite tragédie. Prosper inspira et acheva :
-- Pour le reste, à en croire les rapports de ma contremaître (il adressa sur ce un regard à Marthe, qui acquiesça fièrement à la mention de son excellent travail) il fournit un travail satisfaisant, quoiqu'il ait pu parfois se montrer peu précautionneux.
Il préféra par prudence ne pas en dire davantage ni dans le bon sens ni dans le mauvais. Ne pas risquer de passer pour un complice s'il défendait son employé et qu'il venait à s'avérer coupable. Ne pas trop le charger dans le cas contraire : ce serait reconnaître que le domaine de Monthoux n'est pas assez vigilant dans le choix de son personnel et cherche après coup à se déresponsabiliser. Prosper joignit les mains dans un geste de piété : que nulle opprobre ne souille sa maison !
Le tomber foisonnant de sa robe en lourds plis de velours avait au moins l'avantage de cacher les mains fines qu'à présent, Florentyna se triturait dans le dos. Elle acquiesça sans vraiment d'intérêt aux premières interventions du Cardinal pour compatir au désarroi de son père. Ses ongles s'enfoncèrent soudain dans son poignet et sous son maquillage elle perdit ses dernières couleurs, quand résonnèrent les chefs d'accusation. Empoisonneur. Avorteur. La demoiselle dut bander ses muscles pour ne pas céder à un frémissement trop visible. Son cœur battit à tout rompre. Ses yeux grand ouverts restèrent pétrifiés. Avait-elle bien entendu ? Hyriel... Un donneur de mort ? Un criminel... Non... non ! Ce n'était pas possible ! Ce n'était pas le jeune homme avec lequel elle avait eu une si riche conversation ! De qui elle avait reçu des fleurs et qui s'était tant de fois montré si appréciable en sa présence et celle de Kalisha. Florentyna voulut pleurer. Ses yeux rougirent. Il ne fallait pas. Elle déglutit et retint sa respiration jusqu'à ce que les larmes ne perlent plus. Qu'elles lui obéissent. Qu'était-elle donc ? Naïve ? Manipulée par ce démon ? ...Ou dans le droit chemin, lucide à son sujet ? Elle... ne savait pas. Ne savait plus. C'était insupportable. Pas un mot ne quitta sa bouche après les indications du Cardinal. Oh sans doute mettrait-il son état sur le compte de l'effroi de toute bonne chrétienne à s'entendre révéler qu'un sorcier sévissait en ces murs.
Curieusement, ce furent les plates paroles de son père qui lui redonnèrent l'énergie d'intervenir. Prosper louvoyait avec l'espoir d'éviter la honte à leur lignée. En l'entendant parler de Louis, la demoiselle se raccrocha à un dernier espoir comme des doigts écorchés à une falaise. Elle tenta avec ce qui vibrait encore en elle d'optimisme - ou de déni :
-- Je... je... n'ai pas les mots... Louis... si c'est bien de lui dont il s'agit... Louis est... très calme, brave travailleur, docile, pieux... Pas plus tard que dimanche, il était avec nous à la messe. Il s'est même confessé la veille et a reçu le corps de Notre Seigneur. Comment... Com... comment ?
Elle avait beau lutter, les sanglots étaient là, faisant bouillie de mots dans sa gorge. Ses yeux effarés revinrent sur la nonne. Priez... priez avec moi, semblait-elle implorer. Ce que soit faux, qu'il se trompe... Que Dieu ait pitié d'elle. Et de lui. Et de Kalisha ! La suite cependant ne fut pas pour la rassurer : à l'intervention du Cardinal et à la description fournie par le comte de Monthoux, aux yeux des soldats nul doute n'était encore possible. Avec la permission de Son Éminence, l'un d'eux s'avança, tira de son manteau une affiche qu'il déroula sous les regards de chacun : l'avis de recherche. L'excellent portrait de Louis - ou devaient-ils plutôt dire Hyriel. A peine observé, Florentyna en détourna le regard et se retint au coin d'une commode pour ne pas choir. Marthe s'empêcha de jubiler et garda l'air austère - faussement abasourdi - qui s'imposait. Prosper s'en décrocha la mâchoire. Cette silhouette correspondait à celle de Louis. Et ce regard... ce maléfique regard... à celui de l'éclopé qui l'avait maudit. La colère lui galopa l'échine, lui comprima les poings. Il ordonna :
-- Gardes. Allez sans plus attendre arrêter Louis. (Un temps, regardant vers son intendante qui n'attendait que cela) Marthe va vous conduire à la serre. (Puis, sonnant énergiquement une cloche au buffet) Laquais ! Faites préparer deux seaux d'eau dans la cour. Attendez-nous-y.
Les domestiques arrivés entre temps ne comprirent pas la situation ni l'objectif de cette ordre mais acquiescèrent docilement avant de se diriger vers le puits. Que voulait faire Monsieur avec cette eau glaciale ? Prosper préparait une petite démonstration pour chacun ici s'il fallait encore une preuve - mais surtout pour le bon plaisir de Kalisha qui maintenant ne devrait plus tarder. Florentyna pour sa part, tout comme Marthe, saisirent parfaitement où le seigneur voulait en venir.
-- Père, j... j... je vous en prie. L'hiver est...
-- Paix !
Prosper se délectait déjà de sentir ce démon frémir à ce qui l'attendait, grelotter sur le pavé avant qu'il ne se fasse prochainement réchauffer. Il allait ravaler sa malédiction, ses mensonges, les chardons que Marthe prétendait qu'il avait mis dans son lit, et accessoirement payer les roueries de sa femme sur laquelle il n'était pas convenable de lever la main.
Marthe emmena les soldats à travers la cour puis les jardins pour déboucher sur la serre. Elle poussa la porte sans ménagement, fondit vers Hyriel que cette fois-ci elle ne se salira pas à toucher. Penché sur son travail, le pauvre jeune homme serait surpris par son pas claquant, son coup de pied dans sa chaise pour le retourner, sa main faisant voler ses documents en arrière. Le fracas armé des militaire aura étouffé la tranquillité du paisible endroit, où les premiers boutons de fleurs commençaient à poindre de partout hors de terre. Sans vraiment faire attention aux trois autres employés au fond de la serre, deux militaires pointèrent leur lances autour de l'estropié pour le dissuader du moindre mouvement. Un autre portait, à la ceinture, une chaîne qui se passerait au cou si l'interpellé faisait des siennes. Le dernier proclama :
-- Hyriel. Vous êtes en état d'arrestation pour faits de sorcellerie, empoisonnements, avortements, exercice illégal de la médecine et usage de fausse identité. Suivez-nous. Sans résister, cela aggraverait votre cas.
Pour accompagner ses mots, un haussement de menton lui ordonna de se lever sans délai.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Hyriel établissait tranquillement un système de roulement des plantations et un calendrier des semailles quand il entendit des pas pressés venir du dehors. Allons bon, la chouette allait-elle encore lui fêler une côte ? Quoique… elle n’était pas seule, si c’était elle. Et il connaissait ces sons. Des cliquetis d’armes. Ils étaient gravés à jamais dans sa mémoire. Il demeura figé un instant, assaillit par les souvenirs traumatiques, et eut juste le temps de tourner la tête quand la porte s’ouvrit avec fracas. En moins de temps qu’il lui en aurait fallu pour jurer, la vieille pie était déjà sur lui, sur ses documents. Il grimaça quand sa chaise pivota sous lui, réveillant sa douleur, et releva les yeux vers les gardes et les lances autour de lui. Il nota également la chaîne. Il déglutit, espérant de tout cœur que ce ne soit pas ce à quoi il pensait…
« Hyriel. »
Et flûte…
Et la suite n’était pas mieux… Il était certes « coupable » de certains de ces actes mais pas de tous et, surtout… pas en mal… Sur la fin, il se mordit la lèvre et baissa les yeux un instant. Il n’était pas seul. Les autres dépendaient en partie de lui. Profitant qu’ils soient loin, il prit alors ses béquilles, grimaça et se remit dessus, inébranlable.
« Je vous suis, Messieurs. »
Aucun regard pour la pie. Il ne lui accorderait pas cette victoire.
Il se passait quelque chose.
Occupés à leurs travaux au fond de la serre, les trois comparses n’avaient pas entendu tout de suite les cliquetis d’armes, jusqu’à ce qu’Eugène se fige. Il se releva et retourna la tête avant de se figer.
« Les amis… »
Les deux frères se redressèrent aussi et tous trois demeurèrent figés en voyant les lances autour de leur ami. C’était si… irréel… C’était impossible… Pas Hyriel… Et pourtant, ils s’y attendaient, tous, depuis leur passage clandestin sur le sol monbrinien.
Quand Hyriel se leva, Guillaume fit un mouvement pour sortir de derrière les plantes mais Florentin le retint à temps. Ils ne devaient pas se faire attraper, eux aussi, ils le savaient, même si c’était difficile à accepter. Guillaume serra les poings tandis qu’Eugène sortait aussi au grand jour, soutenir les deux autres. Leur ami se retourna vers eux – sans doute avait-il entendu le bruit – et ils virent dans son regard que son cœur avait manqué un battement. Et qu’il était désolé. Il se retourna simplement mais Guillaume s’arracha au bras de son frère.
« Non ! Laissez-le ! »
Hyriel se retourna avec effroi et secoua les yeux, comme pour faire comprendre à Guillaume de s’arrêter. Eugène comprit et emprisonna l’épaule du benjamin dans sa poigne.
« Tu les as entendus : il est un sorcier.
— Non, tu…
— Si. Regarde dans ses yeux et tu sauras que c'est vrai. »
Son ton sans équivoque fit serrer les poings à Guillaume. Il leva un regard vers leur ami et croisa le sien, impératif. Il comprit et baissa les yeux.
« Oui, tu as sans doute raison. »
Paradoxalement, bien qu' il sût que Guillaume agissait à contre-cœur, cette réponse soulagea faiblement le regard d'Hyriel, pour qui le connaissait bien. Il se contenta d’un regard pour Eugène, que celui-ci interpréta comme un remerciement et un encouragement, avant de se retourner, pour parler au garde qui lui avait adressé la parole.
« En ce qui me concerne, nous pouvons y aller. »
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Matthieu observait de temps en temps Cecilia et voyait toutes les émotions passer sur son visage. Il espérait surtout qu'elle réussissait à apprendre quelque chose. Devait-il lui signaler des choses en particulier durant cet entretien ? Après tout, observer ne servirait peut-être pas... Il se pencha un peu vers elle avant que le comte ne lui réponde, pour au moins l'aviser de ce qui lui tournait dans l'esprit.
- Je pense que ce jardinier est notre homme, s'il a des relations avec cette Phaïdée et qu'il est estropié. Il faut toujours prendre garde aux détails. C'est cela qui permet à une enquête d'avancer.
Le comte souriait poliment et semblait disposé à lui dire ce qu'il voulait savoir. Bien. Cela irait plus vite. Il scruta attentivement chaque mot. C'était exactement cela. puis le comte s'arrêta soudain sur sa femme. Matthieu fronça les sourcils. Serait-elle impliquée dans toute cette affaire ? Il le laissa terminer mais garda l'information dans un coin de son esprit, jugeant plus prudent de l'évoquer plus tard. il préféra pour le moment caresser le propriétaire du domaine dans le sens du poil.
- Bien, je ne doute pas que votre intendante fasse en effet de l'excellent travail.
Bien qu'elle ressemble étrangement à un oiseau de nuit mais ce n'était guère ses affaires et nul n'était parfait comme leur Seigneur. Lorsqu'elle ouvrit de nouveau la bouche, il se tourna vers Florentyna qui paraissait quelque peu bredouillante. Il se redressa un peu et prit cela pour de la stupeur. Après tout, ce n'était qu'une jeune fille innocente et savoir qu'on venait de se faire abuser par un monstrueux sorcier devait être bien choquant. Il se racla la gorge.
- Je comprends, mademoiselle. Cependant, ces créatures savent dissimuler.
Il afficha un air indigné à ce qu'elle lui apprit.
- Et il a communié ? Quelle infamie ! Ces démons n'ont aucune limite pour se fondre parmi le bon peuple !
Lui, partager le corps saint de leur Seigneur. Il joignit les mains avec un air affligé. C'était parfaitement ignoble... Il s'approcha de Florentyna, imaginant qu'elle partageait ses préoccupations. Il lui glissa un regard navré.
- Je sais à quel point cela doit être déroutant mais je suis là pour vous libérer de tout cela, ne vous inquiétez pas.
Il laissa alors les gardes présenter l'avis. Lorsque le comte changea de couleur, il sut que la partie était gagnée. Il retint un sourire mais jubilait intérieurement. Enfin. Il se tourna vers Cecilia avec un regard rassurant.
- Nous le tenons cette fois, il ne pourra plus faire de mal à personne désormais.
Il hocha la tête aux directives du comte avant de légèrement plisser les lèvres quant aux seaux d'eau. Il le laissa tempérer sa fille, bien trop généreuse d'âme sans doute. Ce démon ne méritait rien de cela. Il s'arrêta sur ce léger détail qui l'avait fait tiquer dans le discours.
- Il s'est donc déguisé ?
Il regretta de ne pouvoir assister à l'arrestation en personne mais se dit que c'était sans doute préférable que les gardes y aillent en premier. Sans doute pourraient-ils mieux maîtriser ce démon. De plus, il avait un rôle de mentor à assurer autant que possible, aussi peu doué se trouve-t-il. Il se rapprocha donc en douceur de Cecilia. Il hésita à lui passer une main dans le dos tant il tremblait.
- Bien et maintenant, soyez forte. Je sais que cela peut être impressionnant de se trouver face à ses créatures mais n'oubliez pas que vous possédez quelque chose qu'ils n'auront jamais. Votre foi. Accrochez-vous à elle et il ne pourra rien vous arriver.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Elle reporta son attention sur la fille du comte. Elle semblait bien mal en point, la pauvre… En même temps, les crimes de cet homme étaient terrifiants. Sans doute imaginait-elle ce qu’elle aurait pu subir… Elle se détourna d’elle pour écouter le comte avant de se mordre la lèvre en écoutant le désespoir de la jeune fille. Pauvre enfant… Enfin, enfant… Elles devaient avoir le même âge, à peu près… Elle écarquilla les yeux sur la fin. Il avait… communié ? N’y avait-il donc pas de limites à son sacrilège ? Elle croisa le regard de la jeune fille, implorant, et s’efforça de lui sourire. Elle aussi, au fond, voulait croire qu’ils se trompaient et que cet homme n’était pas un sorcier. Malheureusement, tout semblait contre lui… Elle s’effraya en la voyant se sentir mal à la vue du portrait. Était-elle victime d’un maléfice ? Elle ne savait pas si elle pouvait aller la voir, la rassurer par sa proximité…
Et voilà que son attention était de nouveau attirée par le comte. Deux sceaux d’eau ? Comptait-il lui faire passer une ordalie pour prouver cette histoire ? Elle en avait entendu parler mais n’en avait jamais vue en vrai… Ou, comme le suggérait le cardinal, un déguisement… C’était logique aussi… Elle se mordit la lèvre quand le père corrigea la fille, sèchement. Elle n’avait malheureusement pas besoin de ça…
Elle releva la tête, surprise, à la proximité du cardinal et se redressa à ses mots, si revigorant. Investie d’une force nouvelle, elle hocha la tête en souriant.
« Je me souviendrai de vos mots, Éminence, et je ne laisserai pas la peur me gagner. »
Comme première action, elle s’approcha de Florentyna avec un sourire réconfortant.
« N’ayez crainte, Mademoiselle, je suis sûre que tout va bien se passer. Si jamais ce jardinier est coupable, vous échapperez à son emprise et s’il est innocent, Dieu nous le dira. »
Elle étira son sourire, plus doucement.
« Si vous avez besoin d’un appui, je serai là. »
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Agents du guet royal
Dans le vestibule, Prosper laissa le Cardinal dialoguer avec la nonne, puis hocha la tête avec un sourire à son compliment. Heureusement, il ne sembla pas relever l'encombrant détail que constituait sa femme. Il s'adressa plutôt à Florentyna avec laquelle il se montra bien compréhensif. Son Éminence avait raison : elle pourrait compter sur les Saints Offices pour traverser ce passage si pénible à n'importe quelle jeune fille de bonne famille craignant pour l'honneur du nom de sa lignée.
-- Malheureusement oui, soupira Prosper quant il fut question de la participation de ce démon à l'Eucharistie.
Quelle bénédiction pour la demoiselle que le Cardinal ne relève pas la mention faite à sa belle-mère. Rien que pour cela, elle remercia déjà le Ciel. Kalisha devait rester en dehors de tout cela, elle avait assez souffert. Quant au reste... Sans force, hagarde, elle hocha la tête aux paroles de Matthieu Cassin. Oui... s'il avait raison, en effet Hyriel s'était dissimulé à merveille et pas uniquement sous une teinture ! Cette perspective lui fit serrer les dents. Elle tiqua néanmoins à la mention de sa communion. S'il ne l'avait pas fait, on le lui aurait reproché ! Et maintenant, on l'accusait de sacrilège ! Combien de grands criminels communiaient sans le moindre problème ? Et ne fallait-il pas être orgueilleux pour juger à la place du Seigneur de qui était digne ou non de Le recevoir ? Son Pain était pour chacun, le reste se jouait entre la conscience de chacun et le Très Haut. Que se passerait-il si prêtre et police devaient trier qui pouvait ou non participer à l'office...
Le douce voix de Sœur Cécile la ramena au moment présent. Florentyna parvint à lui sourire en retour et à puiser espoir dans ses mots. Si Hyriel était coupable, elle trouverait appui pour se défaire de l'attachement qu'elle lui vouait. Dans le cas contraire - oh ! celui dans lequel elle voulait croire de toutes ses forces ! - justice lui serait faite.
-- Oui, ma Sœur... J'ai foi en la lumière qui sera faite sur la vérité de sa nature. Et... je vous remercie pour votre sollicitude, je saurai m'en souvenir au besoin...
La fille de Monthoux se dit que cette jeune nonne, à peine plus âgée qu'elle, serait une bien agréable confidente. Et un possible soutien psychologique pour elle ou même pour Kalisha si nécessité s'en faisait sentir avec la suite des événements.
Au moment d'emmener leur prisonnier, les gardes et Marthe perçurent du remous à l'arrière de la serre. L'intendante savait que les trois lascars s'étaient fait embaucher en même temps qu'Hyriel, qu'ils l'assistaient, mais ne disposait pas de plus de points à charge susceptible d'attirer la foudre des soldats à leur encontre. Il faudra se contenter de l'éclopé. Et après tout, eux n'étaient peut-être coupables de rien... Les militaires avisèrent d'un regard mauvais un jeunot qui approchait et s'apprêtait à interférer dans l'interpellation. Il fut toutefois retenu par un autre employé. L'homme austère sut le remettre à sa place et le convaincre du bon droit de la capture du sorcier. Bien. Un des soldats hocha la tête. Son collègue eut une seconde d'hésitation en adressant une lorgnade suspicieuse aux trois individus mais fut vite découragé par le meneur de la troupe : il n'y avait aucune charge contre eux. Le détachement s'en désintéressa pour revenir à leur prise.
Contre toute attente, le sorcier n'opposa pas la moindre résistance et se comporta même avec une certaine dignité. Comme s'il s'attendait déjà depuis un certain temps à ce qui lui tombait dessus en ce jour. Ruse ou signe en sa faveur ? Il ne leur revenait pas de le dire, seulement d'apprécier qu'ainsi, la mission allait être simple. Si toutes les arrestations pouvaient se passer de la sorte ! Le peloton encadra donc Hyriel et on sortit de la serre. Marthe quant à elle s'agaça intérieurement de voir l'estropié si calme, la tête haute. Il pouvait bien se draper dans sa dignité ! La contremaître espéra que cela ne duperait personne. Elle guida les militaires en chemin inverse.
Les jardins enneigés du domaine défilèrent autour d'eux. Le pavé glacial de la cour se déroula sous leurs pas, au rythme grinçant des armes et de la chaîne. Quelques regards s'arrêtèrent sur les chevaux en attente sous la surveillance de deux commis, et sur le fourgon grillagé. Enfin, en s'apprêtant à rentrer dans le château, il leur fut fait signe de rester sur le perron - où Prosper les rejoignit, puis Florentyna bien contrainte à le suivre, et enfin le Cardinal et sa novice sur invitation du comte, non sans leur avoir laissé le temps de se rhabiller pour affronter le souffle hivernal. Ce ne serait pas long.
-- Votre Éminence. Monsieur le comte. Voici l'accusé, déclara gravement le chef de la brigade.
Prosper acquiesça. Au milieu de son visage que le froid rendait rougeaud, son regard noir pulsa immédiatement contre l'estropié. Il... semblait tranquille. Sans débordement. Sans honte non plus. Que manigançait-il pour que son arrestation se soit si bien déroulée ? Comme le Cardinal lui posa la question du déguisement, il se tourna vers l'ecclésiastique et déclara :
-- Ainsi que vous allez le voir. Un déguisement. Et un faux nom : Louis Floret.
Il vint en face du prisonnier, dont la tête droite et inexpressive lui laissa constater ce regard. Celui qui l'avait provoqué, jadis en public, et sur lequel il s'arrêta. Coup d'œil à l'affiche encore entre ses mains, nouveau coup d'œil à l'éclopé.
-- Toi, siffla-t-il entre ses dents, d'un couinement où se déchiffrait l'horreur d'avoir été si berné. Là-dessus, le sorcier se permit de lui faire un petit sourire innocent et d'incliner la tête comme si de rien n'était. Il n'en fallut pas davantage pour que le comte lui envoie claquer le pommeau de sa canne dans la joue. Et tu oses encore faire le malin ! Tu aurais déjà dû la prendre l'autre fois au marché, celle-là. Il ne se souvenait plus trop comment, mais Greeglocks l'en avait retenu d'une façon ou d'une autre. Au coup reçu par Hyriel, deux soldats se seront postés de manière à le retenir précautionneusement s'il venait à perdre l'équilibre, tandis qu'un troisième adressa un petit signe déférent - quoique non sans autorité - à Prosper afin de lui signaler de ne pas perdre ses nerfs pendant la procédure. Le noble inspira et bavassa : Voilà ce qu'on me recommande d'embaucher.
Pour le coup, Florentyna ne sut demeurer stoïque et arrondit la bouche. Autant au soufflet qu'aux paroles de son paternel. D'un coup d'œil, elle voulut remercier les trois gardes qui étaient intervenus avec justesse.
-- Pardonnez-moi mon père, mais on ne pouvait pas savoir. Et je vous dis bien souvent que vous gagneriez à vous montrer plus attentif à ceux qui nous servent, ne s'entendit-elle même pas déclarer d'un vif élan. Version infiniment polie et enrobée du "Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous de n'avoir rien vu !" et du "Laissez Kalisha en paix !" qui hurlaient dans son esprit.
Abasourdi, Prosper la regarda, mais ne sut quoi répondre tant il dut bien admettre n'avoir strictement rien repéré lors de cet entretien avec Louis. Il fallait dire que ce n'était donc pas par humilité qu'il baissait à ce point la tête ! La demoiselle quant à elle, malgré cette saillie, n'en aura pas pour autant un regard attendri pour Hyriel. Elle s'en empêcha en tout cas et évita de le croiser. Ses poings maintenant se serraient de colère. Contre lui ? Contre elle ? Un mélange sans doute. Pourquoi fallait-il qu'il lui plaise ? La jeune femme serait intranquille et coupable tant qu'elle ne saurait la vérité sur son compte. La suite allait être dure. Elle se força à une mine sévère.
-- A propos d'embauche, reprit le comte en pointant le sorcier du bout de sa canne, ne serait-il pas plus raisonnable d'arrêter aussi ses trois acolytes ?
-- Nous n'avons strictement rien à leur reprocher à l'heure actuelle, Monsieur le Comte. Ni aucun aveu en foi de quoi.
Aveux qui viendraient en temps et en heure et déclencheront l'interpellation, songea Prosper. Il surprit alors les coups d'yeux étonnés de deux soldats faisant des aller-retour entre leur prisonnier et l'affiche. Un blond. Un brun. Quoique le reste de la silhouette correspondant parfaitement. Monthoux sauta sur l'occasion, raccrocha aussi les yeux du Cardial et commanda en pointant le sorcier d'un haussement de menton :
-- Mettez-le à genoux. Tête en avant je vous prie.
Alors qu'il achevait ces mots, la fine silhouette de Kalisha se dessina à l'autre bout de la cour. Elle venait de rentrer du théâtre et de quitter son carrosse, dont les roues grinçaient au loin tandis que des laquais le reconduisaient à l'abri. Parfait. Les soldats passèrent les bras aux aisselles d'Hyriel, le mirent au sol. On le pencha. On croisa les lances au-dessus de sa nuque pour que la position soit tenue quand l'eau arriverait. L'un des militaires serra les dents, compatissant, en voyant arriver sur un signe du comte les deux seaux pleins que des laquais renversèrent tour à tour sur le crâne du malheureux.
Florentyna, cette fois, se tourna complètement et pressa une main à sa bouche. L'arrivée de Kalisha au pire moment... La sinistre cascade d'eau glaciale sur Hyriel... Elle en pleura. Personne ne devait voir ses yeux rougis. Ni l'entendre.
Marthe et Prosper suivirent avec satisfaction l'écoulement jaunâtre qui abandonnait la chevelure du sorcier - lourde de toute cette eau, pendant devant son visage - pour se répandre devant lui sur le pavé. Une teinture. C'était bien cela. Ils eurent cependant la surprise de voir sa tignasse demeurer plus décolorée que brune. La main du comte dessina un battement dans l'air : qu'importait ce qu'il avait bien pu faire encore à sa crinière - la seule flaque blondasse en disait assez quant aux soins mis à sa dissimulation. Silence. Chacun sembla maintenant attendre les premiers commentaires du Cardinal, mis pour la première fois en présence de celui qu'il cherchait depuis des semaines.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Il voyait bien que les gardes s’interrogeaient sur son attitude, de même que la vieille pie – surtout la vieille pie ! – et il s’en réjouissait. Pourquoi paniquer ? Pourquoi résister quand, de toute manière, ils le prendraient ? Autant s’amuser un peu de leurs airs outrés ou étonnés… Il béquilla, entouré des gardes, et ne put contenir un frisson en sortant. Il faisait si bon dans leur serre… Heureusement, il vit du coin de l’œil à un tournant que les trois autres, qui les suivaient de loin, avaient passé de quoi supporter le froid. Tant mieux.
Il serra les dents par avance en voyant les marches à monter, ce qui ne serait pas aisé avec sa blessure, et se réjouit donc, contre toute attente, quand on leur demanda de rester dehors. Un mal pour un bien, au moins sa fêlure ne se réveillerait pas trop. Il resta calme, bien que voir un cardinal ne lui plaisait guère. Quoique… c’était plutôt flatteur… Et une sœur, en plus ! Eh bien ! Enfin, elle, c’était à se demander ce qu’elle faisait là, vu qu’il pourrait être dangereux, ce genre de chose. Et puis l’assurance sur son visage, c’était indubitablement un masque. Il lui sourit et inclina la tête pour la saluer, ce qui la fit se tendre, mais il ne s’y attarda pas. Il détourna son regard en remarquant Florentyna à ses côtés, si affligée. Il n’affrontait pas le regard de ses amis, à distance respectable, il n’affronterait pas le sien, pour les mêmes raisons. Et puis il avait autre chose à faire, comme s’intéresser au fait qu’il était bel et bien fait : déguisement et faux nom. Ç’aura été amusant…
Il suivit du regard le porc de Monthoux qui descendait le rejoindre. Quel honneur ! Il le salua même d’un gracieux sourire, nullement impressionné par son sifflement, surtout qu’il n’était pas bien grand, le bougre. Il ne se priva pas pour baisser le menton, afin de le regarder dans les yeux après son salut.
« Moi. Auriez-vous besoin d’une infusion de de thym pour chasser le vilain mal de l’hiver ? Oh, non, je sais : vous désirez du laurier pour assaisonner vos sauces ! Il ne fallait pas me fournir une telle escorte, vous savez, mais c’est gentil à vous. »
Il l’avait reconnu, il le savait, alors pourquoi nier ? Il tourna brusquement la tête au coup. Oh, il n’était pas fort, pas du tout, mais c’était plus amusant de satisfaire cet idiot et de lui donner un petit instant de triomphe. Et puis il s’y attendait, cette fois. Les gardes n’auraient pas à le retenir. Il releva lentement la tête et haussa les épaules.
« Mieux vaut tard que jamais… »
À sa remarque finale, il allait répondre quand intervint la fille du cochon. il ne put que soupirer en hochant la tête.
« Eh oui, les employés d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient… Mais bon, l’heure n’est peut-être pas à la philosophie mais, comme le soulève votre fille, le problème ne vient-il pas aussi de ceux qui les engagent ? »
Il regarda tour à tour Monthoux et la furie boudeuse, innocemment, comme s’il cherchait leur approbation, avant de hausser de nouveau les épaules en souriant.
« Non mais imaginez un peu : si votre honorée contremaître, ou même vous, Excellence, receviez un gars qui n’a pas la conscience tranquille, pour l’embaucher, vous verriez tout de suite qu’il y a un souci ! Mais c’est parce que vous êtes de la vieille école, ça. La plupart des gens de nos jours ne verraient rien… Et puis bon, encore faudrait-il qu’il y ait quelque chose à voir… »
Lui, par exemple, avait la conscience parfaitement tranquille. Parfaitement amusée, aussi. Il était fait, autant en jouer… Sans compter que, plus il en jouait, plus il serait crédible qu’il ait ensorcelé toutes ces pauvres âmes qui l’appréciaient. Guillaume, Eugène, Florentin… Kalisha, Mademoiselle Florentyna… Phaïdée… Tous de pauvres victimes innocentes, qui n’avaient rien à voir avec lui, qui ne risqueraient rien à cause de son savoir sur les plantes qui soignent, pour contrer les scalpels qui tuent. Il se tendit en lui-même quand le comte parla de ses amis et plissa les yeux avec un sourire empli de malice pour le dissimuler, encore plus sincère quand le garde remit le petit homme à sa place.
« La folie vous prend, Monseigneur, vous voyez tout le monde coupable autour de vous… Faites attention à vous, ce n’est pas bon pour l’équilibre des humeurs… »
Il ponctua le tout d’un sourire malicieux. Il observa les gardes circonspects et son portrait dessiné avec un regard mêlant le dédain, la rage et l’amusement, impossible de savoir. Intérieurement, toutefois, il se jurait qu’il aurait une discussion avec le dessinateur, s’il le croisait, et une animée.
« Mettez-le à genoux. Tête en avant je vous prie. »
Coup d’œil bref. Muscles tendus.
Les cheveux.
Il serra les dents au contact des soldats et débloqua ses genoux. Il se laissa agenouiller, pas question de leur faciliter la tâche. Et puis il y avait bien trop à faire pour demeurer de marbre, le regard dur, alors que sa côte le brûlait. Et ses jambes, au contact du froid glacial de la neige épaisse. Il eut à peine le temps d’inspirer un grand coup et de fermer les yeux quand arrivèrent les laquais.
Une claque sur la nuque, celle de l’eau.
Une morsure dans le corps, celle du froid.
Il banda ses muscles pour contenir le frisson et demeura immobile, mâchoire serrées, tête pendante, en voyant se répandre une eau jaunâtre. Celle de cette bouillie d’avoine que sa tendre amie lui avait appliquée, avec tant de soin, dans les cheveux. Il ferma les yeux pour que l’eau ne les rencontre pas et pour s’autoriser une pensée pour elle. Heureusement qu’elle ne le voyait pas aussi vulnérable…
Après s’être assuré qu’il ne frissonnerait plus en s’efforçant d’oublier le froid, il rouvrit les yeux et vit, du coin de l’œil, ses trois amis, impassibles mais les poings serrés. Bien. L’attitude qui veut tout et rien dire ou, plutôt, qui pourrait être interprétée comme la rage d’avoir été trahi par un menteur, qui se cache sous une teinture.
Bien.
Il tourna donc la tête vers le cardinal et le comte, un mince sourire aux lèvres. Son insolence était la seule chose qui le protégeait en lui donnant l’assurance qui aurait dû lui manquer, qui protégerait ses amis, ses frères.
« Alors, Éminence, avez-vous prévu un linge ou dois-je secouer la tête, au risque de tâcher votre belle robe de pourpre ? »
Sourire plus franc, plus faux.
« Au fait, bonjour ! C’est un beau temps pour une rencontre, ne trouvez-vous pas ? Je m’appelle Hyriel. Et vous ? »
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Kalisha avait passé un bon moment au théâtre, une comédie tout à fait savoureuse l’avait fait rire aux larmes à plusieurs reprises. Les acteurs avaient été excellents notamment dans leur gestuelle. Quel dommage qu’Ysengrin ne soit plus là pour y assister ! Il aurait sans doute adoré autant qu’elle cette représentation. Cela faisait trois jours qu’il était parti. Trois jours qu’elle s’occupait autant qu’elle le pouvait pour combler le vide laissé par son absence. Trois jours qu’elle s’évertuait à ne rien laisser paraitre si ce n’était une très légère mélancolie. Trois jours qu’elle devait de nouveau supporter l’atmosphère pesante de Monthoux qu’elle fuyait le plus souvent possible
Une fois la pièce terminée, elle avait fait un détour par une des libraires de la ville afin de s’offrir un nouveau roman d’aventures. Juste de quoi fuir un peu plus son quotidien lorsque son corps n’avait d’autre choix qui de demeurer enfermé.
Malgré toute sa volonté, la voiture acheva de passer les grilles de Monthoux et effectua l’arc de cercle qui devait la garer à l’entrée de la cour. Kalisha soupira profondément et resserra ses petits doigts autour de la reliure de cuir : le reste de sa journée était tout tracé. Elle s’enfermerait avec Florentyna pour lui raconter sa sortie puis avec son roman jusqu’à ce que le souper soit servi.
La porte de la voiture s’ouvrit, pour la laisser descendre. Elle hésita. Mais en vérité, il n’y avait guère de choix à faire. Pourquoi la garait-on toujours si loin de l’entrée ? C’était juste faire durer un peu plus le supplice songea-t-elle en sautant la dernière marche, main dans celle d’un laquais de service. Elle releva la tête et aperçut un attroupement à l'opposé. Que se passait-il ? Elle fronça les sourcils et distingua la silhouette rondouillarde de Prosper, ce croque-mort de Marthe et … Elle s’immobilisa en remarquant la grande figure pourpre à la mine sévère. Un frisson remonta le long de son échine avant qu’elle ne fasse le lien avec les soldats du guet. Hyriel. Ils étaient là pour Hyriel. Le Cardinal ne se serait pas déplacé sinon…
Non, non, non, non… Elle pressa le pas autant qu’elle se contenait pour ne pas paraitre trop alertée. Elle repéra également Florentyna qui n’avait pas l’air dans son assiette -même de là où elle se trouvait- et une jeune nonne à qui elle ne prêta aucune attention. Où était-il ? Les pas la rapprochaient. Le vieux fennec édenté avait un sourire jusqu’aux oreilles, elle en aurait juré. Ce fut lorsque le garde arrière se déplaça qu’elle réalisa que son ami se trouve entre eux et qu’on le mettait à terre, lances entrecroisées derrière.
Non, non, non, non… Son cœur s’arrêta. Ses entrailles se nouèrent comme autant de vipères prêtes à relâcher leur venin dans ses veines. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’un seau fut brandi au-dessus de la tête de son médecin royal. Il n’allait pas l’arroser en plein hiver ! Ils allaient le tuer ! Une lame d’eau s’abattit sur sa nuque. Son livre tomba sur le sol alors qu’elle poussait un cri horrifié et se précipitait vers eux en soulevant son jupon qui l’encombrait dans toute cette neige.
- Arrêtez ! Arrêtez cela sur le champ ! hurla-t-elle
Il fallait trouver quelque chose, à dire, à faire. Son cœur s’emballait. Il tambourinait gravement dans sa poitrine. Ses yeux se mirent à brûler.
- Vous ne pouvez pas ! Vous n’avez aucune preuve ! Ce ne sont que des calomnies sans fondement !
Elle retenait ses larmes de toutes ses forces. Elle n’osait pas poser ses yeux sur Hyriel, si elle le faisait, elle savait que le barrage cèderait. Tous ses membres tremblaient. Elle ne savait même pas dire si c’était le froid ou uniquement l’angoisse qui la saisissait.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Matthieu vit rouge lorsque le comte confirma le sacrilège. Quelle parfaite infamie ! Il secoua la tête puis se concentra sur sa jeune apprentie. Il hocha la tête avec fermeté. Elle devait tenir et être forte, afin de voir si elle avait les épaules pour ce métier. Il la laissa aller conseiller la jeune fille du comte qui semblait en avoir besoin. Tant mieux, cela l'aiderait sans doute à y voir plus clair. Pour sa part, il accéléra un peu à la suite du comte, quelque peu impatient d'enfin se confronter à ce suppôt de Satan. Il respira un bon coup en croisant son regard d'un bleu diabolique et surtout très perturbant puisqu'il s'étendait jusqu'aux yeux. Quelle horreur...
Il fit un pas quand le comte se tourna vers lui. Il remarqua avant que le sorcier se permettait d'observer Cecilia, sans doute pour lui faire peur. Matthieu se mit devant sa protégé et il perça l'accusé d'un regard noir. Il ne le laisserait pas la perturber ainsi ! Il répondit alors d'une voix grave.
- Je vois, en effet... Il n'y a donc aucune limite quand il s'agit de se dissimuler aux yeux de Dieu.
Le comte fit soudain preuve de violence et il remercia les gardes et sa fille de le tempérer un peu. Ils auraient tout le temps de l'abîmer plus tard, en l'interrogeant. Cependant, il se permis de toussoter.
- En effet, mademoiselle, il ne pouvait pas savoir, aucun d'en vous, puisque ces démons manipulent et trompent comme il respire. Cependant, la faute principale n'en incombe certainement pas à votre père. Je comprends que vous soyez choquée mais n'allez pas déchirez votre foyer pour cela. Pour votre part, ce n'est la faute de personne.
Sauf peut-être celle de cette fameuse épouse dejdanne. Il allait s'intéresser au sujet, pour sûr, surtout si elle venait dans peu de temps assister à l'arrestation. C'est là que l'accusé osa encore ouvrir la bouche, pour dire des insolences. Il le darda d'un regard terrible.
- Suffit ! La paix, sorcier ! Tu parleras quand on t'y inviteras, non avant ! Et comment oses-tu rejeter la faute sur un homme qui 'a donné du travail en toute innocence, parce que tu lui a caché ta nature démoniaque ?
Il restait encore calme, surtout quand on se mit à parler d'autres personnes. Ainsi, il avait possiblement des complices ? Intéressant. Il nota cela également. Peut-être innocents, peut-être coupables. Comme disait le capitaine, ils n'avaient rien contre eux pour le moment. Ça viendrait peut-être. Il redressa le menton avant d'assassiner de nouveau le coupable des yeux quand il fit de nouveau une remarque. Il lui asséna une gifle, certainement plus importante que celle de Monthoux. Il n'avait donc aucune limite. Il s'approcha un peu plus, tout en veillant à ne pas trop l'approcher.
- La folie est tienne et soit sûr que je la ferait bientôt taire. Quant à l'entourage, je pense qu'il me vaut mieux surveiller le tien.
Il esquissa un léger sourire pour bien lui faire comprendre que c'était lui qui avait les cartes en mains. Et il ne s'épargnerait rien pour le trainer au bûcher et enfin prouver à tous qu'il était le digne envoyé du Saint Père. Quand bien même faire pression sur lui avec de possibles innocents. Mais Dieu saurait reconnaître ses efforts.
Il se recula quand on s'occupa de le laver. Cela n'enlèverait en rien toutes ses souillures mais ce serait déjà un masque en moins. Enfin, il le voyait tel qu'il était. La couleur qu'il restait était un peu surprenante mais c'était sans doute un effet de la teinture. Au moins, il se préparait déjà à ce qui l'attendrait dans ses geôles. Il ne lui ferait aucun cadeau. Aucun. Cette morsure de froid n'était qu'un bref avant-goût. Il soupira à sa nouvelle provocation. Il avait l'habitude. Mais ceux qui mordaient le faisaient bien souvent pour se défendre et masquer leur faiblesse. Il se mit à lui tourner un peu autour, comme pour l'observer, maintenant qu'il était trempé, presque à nu.
- Je serais d'avis de te laisser geler, histoire de te donner une première leçon. Après tout, tu seras bien assez tôt réchauffé... Quant au temps, c'est en effet une journée magnifique pour débarrasser un honnête domaine de ta présence maléfique. Quant aux noms, n'ai pas besoin du tien et tu n'as pas besoin du mien.
Il s'apprêtait à relever la tête vers les gardes pour quitter cet endroit sans cérémonie quand il entendit une voiture. Il se retourna et vit une élégante dame en descendre, la peau délicatement dorée par le soleil. Sans doute la fameuse épouse. Il releva le menton, à l'affût de sa réaction. Elle allait sans doute expliquer beaucoup de choses. Ses cris le firent froncer les sourcils. Comment osait-elle ? Ou alors elle devait être encore plus envoûté qu'il ne le pensait. Ses yeux, s'agrandirent. Mais oui ! Il avait usé de cette femme, encore trop jeune dans l’Église et mal protégée de ses maléfices, pour entrer ! Il lui avait servi des propos empoisonnés et avait endormi sa conscience et sa méfiance. Il se permit d'aller à grands pas vers elle pour la redresser et la secouer un peu.
- Allons, madame, un peu de calme ! Nous allons vous libérer de son emprise. Je sais que ce n'est pas encore évident pour vous mais pensez aux enseignements de nos Saintes Ecritures et vous verrez la vérité.
Il se tourna vers le comte, pointant d'abord Kalisha puis Hyriel.
- Voyez ! Encore une preuve de sa fourberie ! Ce maudit sorcier a envoûté votre femme ! Il a prise sur elle, jamais une femme de son rang ne ferait preuve d'autant d'hystérie s'il ne la tenait pas par un sort ! C'est ainsi que ce rat s'est fait un trou dans votre domaine !
Il tapota l'épaule de Kalisha.
- Allons, mon enfant, courage, le cauchemar sera bientôt fini.
Il la lâcha alors pour revenir vers le comte.
- Je me fais un devoir, devant vous monsieur, de juger cet homme et de le condamner. Soyez sûr que quand il sera réduit en cendres, vous pourrez retrouver votre femme, libéré de ses mauvais sorts.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Dehors, elle vit arriver le sorcier, sur des béquilles. Elle ne put détourner son regard de lui. Il n’avait pas l’air méchant, juste… neutre, comme si rien d’inhabituel ne se passait. Mais il lui sourit. Et inclina la tête. Elle se tendit, effrayée par son sourire et son regard clair et pénétrant, comme s’il voyait en elle. Comptait-il faire d’elle sa nouvelle victime ? Heureusement, le cardinal intervint. Elle retrouva une ombre de sourire, sincèrement touchée, et se ragaillardit. Elle n’avait rien à craindre. Elle regarda alors la discussion, outrée par l’insolence dont osait faire peur le sorcier, tout en surveillant du coin de l’œil la demoiselle, inquiète. À son intervention, elle eut mal pour elle, elle sentait que la jeune femme ne disait pas tout et qu’elle gardait quelque chose en son cœur. Peut-être pourraient-elles en parler, plus tard ? Elle ne voulait pas partir en la laissant souffrir.
Elle étouffa un hoquet de surprise en reconnaissant, parmi les trois compagnons, le jeune Guillaume, l'ami de Bélyl. Alors c'était là qu'il travaillait ? Il travaillait avec le sorcier ? C'était... c'était... inconcevable... Il avait l'air si gentil... Ignorait-il tout de cette affaire ?
Elle regarda de nouveau la scène qui se déroulait devant eux, le ton qui montait, la tape et la gifle. Elle pinça les lèvres en voyant les gardes brutaliser le sorcier. Était-ce vraiment nécessaire, toute cette violence ? Elle grimaça quand l’eau toucha sa nuque et tourna la tête pour voir comment tenait la demoiselle, surtout en entendant un sanglot. Elle se mordit la lèvre, hésita et posa une main douce sur son épaule tout en se hissant sur la pointe des pieds pour lui parler à l’oreille.
« Mademoiselle, voulez-vous que nous rentrions ? »
Heureusement, elles étaient loin des autres, ils ne les entendraient pas. Du coin de l’œil, elle regarda tout de même ce qu’il se passait. Qu’essayaient-ils de prouver, avec cette eau ? Il ne semblait pourtant pas beaucoup changé, toujours aussi insolent, surtout avec le cardinal… Elle ouvrit grand les yeux quand, après la réponse de celui-ci, il osa hausser les épaules et secouer la tête, aspergeant Son Éminence. Cet individu n’avait vraiment aucune limite !
Elle vit alors arriver une dame, au loin, et se figea en la voyant si effrayée. Sans doute l’épouse du comte dont ils parlaient plus tôt… Cela se confirmait dans les dires du cardinal. Elle aussi, victime du sorcier, pauvre dame… Cet homme était vraiment horrible…
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
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Le sorcier eut l'outrecuidance de cracher encore son venin, même après le coup de canne que Prosper lui donna... et même après la gifle bien méritée que le Cardinal vint lui aussi asséner. En l'entendant prendre appui sur l'avis de Florentyna pour mettre en cause sa gestion du domaine, sous son insupportable cynisme, le père fronça les sourcils et consulta l'air défait de sa fille. Quelque chose se passait. Le démon avait dû... l'envoûter ou se servir d'elle comme de sa maudite épouse. La glace des yeux du comte dévia heureusement pour revenir sur le prisonnier, quand il entendit la saine intervention de Matthieu. Il acquiesça vigoureusement à tout ce que l'ecclésiastique jugeait bon de rappeler. Qu'il avait été berné. Que la famille de Monthoux était victime, dans cette affaire. Que, par ailleurs, les proches du sorcier méritaient surveillance.
La même idée pulsa dans l'esprit de l'intendante. Elle s'avança un peu au devant du Cardinal, pointa les trois acolytes d'Hyriel restés en retrait, neutres, et affirma :
-- Je vous assure, Votre Éminence, que j'aurai un œil tout particulier sur les proches de cette créature. Nous venons de voir à quel point les apparences sont trompeuses. Qui sait ce que cachent ces bonnes allures.
Marthe savait qu'ils n'auraient d'autre choix que de se tenir à carreau. Envisager de démissionner serait la meilleure façon de se désigner coupables. En les ayant sous la main et la férule, elle ne tarderait guère à se rendre compte de choses suspectes qui lui auraient échappées. Prosper de son côté ne décolérant pas, grommela cette fois-ci à contre de Florentyna :
-- Vous disiez, ma fille ? Docile, travailleur, réservé ? J'ignorais que vous aviez à cœur le comportement et les résultats des besognes de ce jardinier. Je vous prie de ne plus intervenir dans ce qui ne vous concerne pas.
Entre ses larmes, la demoiselle vit à peine la silhouette de son père - amas de taches au milieu d'autres taches de couleur mouvantes auxquelles s'était réduit le décor. Terrorisée, elle se sentit minable... à ne pas avoir la force de répondre, à ne savoir que hocher la tête. Elle se mordait les lèvres au sang. Chaque nouvelle irrévérence d'Hyriel lui perçait le cœur. Pourquoi ? Pourquoi faites-vous cela ? Pourquoi vous perdez-vous alors que moi-même, qui étais sceptique à votre sujet... vous m'avez expliqué tant de choses et avec tant de douceur... Oh ses piques étaient toutes aussi bien senties et méritées les unes que les autres, cependant elles scellaient sa condamnation. Voulait-il... tout prendre sur lui ? Protéger les siens ? Ou n'était-ce enfin que la révélation d'un esprit possédé qui jusqu'alors n'aurait été que fausseté ?
Hâve, pataude dans le moindre de ses gestes, elle acquiesça à l'intervention du Cardinal visant à les déculpabiliser, elle et sa famille. C'était déjà cela. Mais c'était insupportable. Elle aurait voulu défendre Hyriel ! Cependant, tout jouant contre lui, ne s'avérait-il pas plus raisonnable de de sauver les meubles ? Elle se trouvait à ce point de ses réflexions quand la présence - douce lumière... - de Cécilia la rassura encore. Cette nonne saurait l'écouter et la guider. Ses yeux rougis, rencontrant ceux de la religieuse, reçurent la force de choisir l'option de la sagesse. De se taire. Et pourtant, lâche qu'elle se trouvait ! Elle frissonna aux menaces de Matthieu, tout à fait consciente de ce dont les enquêteurs étaient capables pour faire taire les accusés après les avoir fait parler dans la douleur. Non, non, non...
On agenouilla Hyriel. On lui renversa ces deux seaux sur la tête. Sœur Cécile vit que ce moment était celui de trop pour la sensibilité de Florentyna et lui proposa d'aller à l'intérieur. Elle regarda la nonne, s'apprêta à acquiescer... quand un hurlement perça. Kalisha. Un frisson parcourut l'échine de la demoiselle : ce ne pouvait être pire ! Florentyna adressa un regard d'excuse à la religieuse avant de l'abandonner pour courir rejoindre la princesse. Le premier réflexe qui lui vint fut son bras autour des épaules de Kalisha, et son autre main venant chercher la sienne. Elles devaient être fortes. Elle voulut faire davantage mais son regard hésitait. Faire quoi ? Abonder dans le sens de son amie et avoir le courage de dire qu'Hyriel ne subissait que calomnies ? La tempérer ? Elle espéra qu'au moins, l'embrassade apaiserait un peu la princesse.
-- Je suis navré, Madame la Comtesse, répondit la voix calme et professionnelle d'un soldat, mais nous disposons bien d'éléments à charge concrets à l'encontre de cet homme. Des avortements pratiqués au Lupanar et ailleurs, des commerces de fioles douteuses, de philtres, de potions, le déguisement et le faux nom avec lesquels il vous a abusés et...
-- Femme ! grogna à son tour la voix du comte, yeux exorbité contre cette pécheresse qui osait jeter la honte sur cette maison. Vous feriez mieux de vous tenir tranquille et de vous faire oublier. Je n'aurai jamais dû vous écouter. Est-ce votre sang djerdan - apparemment porté à la traîtrise - ou les envoûtements de ce suppôt du diable qui vous font parler ainsi en plus d'avoir fait entrer cette plaie dans notre domaine ? Je vous loge à la même enseigne que Mademoiselle ma fille : continuez sur cette lancée et il nous faudra prendre les dispositions pour vous arracher à la sorcellerie qui semble avoir été exercée sur vous. (Soupire) Pauvres esprit de femmes. (Il était connu que celles-ci, faibles créatures, répondaient le plus volontiers aux charmes des sorciers.)
Les mains fines de Florentyna se serrèrent plus encore autour de Kalisha, tant par soutien que pour, elle, empêcher ses genoux de se dérober. Elle se sentit une nouvelle fois piégée. Se défendre, ce serait s'enterrer - elles, la famille, et Hyriel lui-même. Ne rien dire, c'était se reconnaître ensorcelées. Et sauver au moins leurs peaux à elles, celles des trois comparses du sorcier, le noble nom de la lignée et leur réputation.
Pendant ce temps, le prisonnier redoublait d'irrévérence. La réponse de Matthieu la glaça presque autant que toute cette eau sur le crâne du malheureux : le laisser geler ?! Florentyna ne réfléchit plus. Elle partit comme une balle, en courant, les larmes dévalent ses yeux, vers l'intérieur du domaine. Au passage, sa main avait attrapé celle de Sœur Cécilia et elle l'entraîna dans sa cavalcade à travers le rez-de-chaussée. Furibonde, haletante, elle cherchait une seule chose avec frénésie. Dans cette pièce ? Dans cette autre ? La pauvre religieuse toujours bringuebalée par sa poigne si serrée de terreur. Enfin ! Elle s'arrêta devant ce qu'il lui fallait. Florentyna courba l'échine, passa une main à son front suant d'avoir ainsi alterné froid du dehors et course bouillante. Elle attrapa une grande couverture fourrée aux plumes d'oie, avant de rejoindre les autres de son pas rapide. Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle prit conscience de ce qu'elle venait de faire à cette endurante nonne qui n'avait rien demandé. Entre deux halètements, elle implora :
-- Pardon... Ma Sœur, je ne sais pas ce qui m'a pris... Il... le fallait... Et pardon pour tout à l'heure, je... j... je ne vous ai même pas répondu... Kalisha et moi allons sûrement avoir besoin d'une oreille prochainement...
Ses excuses formulées, elles osa avancer aux devants du Cardinal, faire encore quelques pas jusqu'à Hyriel qui - à en croire l'état souillé de la robe de Matthieu - ne s'était pas privé de mettre à exécution sa menace capillaire. Elle se baissa jusqu'à avoir le visage au même niveau que le sien. D'un grand geste, elle déploya la couverture, qui tournoya et vint embrasser de sa douce chaleur le corps frigorifié du malheureux. La demoiselle en remonta un pan sur les cheveux du jeune homme. Elle retenait ses sanglots. Dans son geste, ses mains rencontrèrent sa chevelure. Ses doigts furent effleurés une seconde par l'épais fouillis de mèches entremêlées, encore luisantes de tant d'humidité. Luisantes et gonflées comme un nid de serpents. Forentyna se recula aussitôt. Elle déglutit. Un instant, ses yeux se jetèrent dans le bleu de ceux d'Hyriel et parurent l'implorer : n'aggravez pas votre cas... Enfin elle se redressa. Elle aperçut évidemment la mine outrée de son père, celle de Marthe, avant de s'arrêter sur le Cardinal qui n'allait pas manquer de la juger. Cueillant tour à tour ses prunelles et celles de la novice, elle prit sur elle de s'expliquer d'une voix digne pleine de piété :
-- Coupable ou non, ceci était la moindre des charités... Ne dit-on pas... que l'on est présumé innocent jusqu'à la déclaration juridique du contraire ? Et que l'innocent se traite avec la plus grande miséricorde ?
Et voilà que le Cardinal était sur Kalisha, à la déclarer hystérique et envoûtée, à promettre sa guérison prochaine à Prosper. Effarée, Florentyna fit "non" de la tête. Non à quoi ? Elle ne savait pas, mais elle faisait "non". Le comte fit claquer sa langue dans son palais en un bruit d'autorité et répondit - davantage à l'attention de Kalisha qu'à celle de l'ecclésiastique :
-- J'y compte bien, Votre Éminence. (Puis, jetant son plus mauvais regard vers l'estropié) Et j'apporterai tout ce qu'il faut de témoignage à charge pour le renvoyer aux flammes incessamment sous peu. (D'une voix encore plus forte) Ne serait-il pas bon de faire fouiller cette maudite serre, le dortoir des domestiques... (foudroyant Kalisha) ...et les appartements de Madame ?
-- Nous allions justement y venir, Monsieur le Comte, répondit le capitaine de la garde. La deuxième partie de la procédure était celle-ci, dans la mesure où un certain nombre de potions ont été découvertes dans les autres lieux où a sévi l'accusé. (à ses hommes) Au travail.
Sous la direction de Marthe, ils partirent pour un sinistre tour d'inspection. La serre. Le dortoir. Les appartements de Kalisha. Cette dernière aura été retenue par son mari et deux soldats demeurés sur place si d'aventures elle cherchait à faire opposition. Florentyna joignit ses mains tremblantes, en prière.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
« C’est vous qui dites que j’ai caché une nature démoniaque, pas moi. »
Il tourna la tête à la gifle et se retint. Il s’y attendait, cette fois aussi. Il demeura neutre et ne releva les yeux que quand il parla de l’entourage, brusquement, pour fixer ceux de l’ecclésiastique. Il voyait bien son sourire mais il était hors de question qu’il laisse cela arriver. Et la pie qui s’y mettait… À son tour de sourire, à demi, et de se redresser pour parler fort, comme s’il désirait que tout le monde l’entende.
« Que dois-je comprendre là, Éminence ? Vous feriez condamner des innocents ? Allons, j’en attendais mieux d’un représentant de notre sainte Église ! Que dirons tous vos ouailles quand ils apprendront que vous ne savez pas faire la différence entre les gens honnêtes et les autres ? »
Ignorance voulue de la corneille, naturellement et, avec un peu de chance, cela permettrait de mettre le doute dans les esprits faibles qui les entouraient, en premier le comte. La nonne aussi, peut-être. La pie, sait-on jamais…
« Nous sommes innocents, Éminence, il dit vrai. »
Eugène entrait dans son jeu. Parfait.
« Nous vous le jurons, sur les Saintes Écritures. »
Il reconnut la voix blanche de Guillaume, même s’il se doutait qu’il soit sincèrement effrayé. Et son serment était vrai, même s’il n’était pas du tout croyant, c’était le plus amusant. Toutefois, Hyriel se garda bien de sourire, il haussa simplement un sourcil vers le cardinal, l’air de lui demander « Et maintenant ? ».
Il releva la tête vers Florentyna quand son père lui répondit et se mordit la lèvre en la voyant si mal. Pauvre enfant, elle qui était si pleine de vie, si attachante… Elle ne méritait pas de souffrir ainsi. Mais bon, plus elle était affligée – et elle était bien plus qu’il ne l’aurait pensé – et plus elle pourrait passer pour envoûtée et donc innocente. C’était sans doute mieux pour elle…
À peine sa teinture partie, l’herboriste se tendit en entendant un cri, d’une voix qu’il connaissait. Non, non… Au pire moment… Il se figea toutefois à la suite et baissa légèrement la tête. Aucune preuve de quoi ? Des calomnies sur quoi ? Elle n’était pas censée le savoir. Et puis, de toute manière…
« Ces gens n’ont pas besoin de preuves, Dame Kalisha, juste de suspicion. »
Personne n’aura entendu son murmure, il en était certain, mais il fallait bien qu’il le dise. Cela aura accompagné la chute des dernières gouttes jaunâtres de ses cheveux qu’il regardait, lente, lourde, à la fin inexorable. Sa fin à lui était-elle aussi déterminée, à présent ? Passerait-il l’année ? Cela restait à voir… Il demeura sombre en entendant le garde parler de ses méfaits. Effectivement, aider les malheureuses filles de la capitale ne jouait pas en sa faveur… Il serra les dents à l’intervention du porc. Quel idiot, mais quel idiot, et pauvre Kalisha, et pauvre Mademoiselle Florentyna…
Mais il salua l’Éminence, proche de lui. À sa réponse, une fois passé l’étonnement de voir filer la demoiselle et la nonne, ses yeux se plissèrent en une expression amusée, pour donner le change. Il l’aimait bien, ce cardinal, il était moins idiot que Monthoux. Il souffla de rire sur la fin, en partie par amusement et en partie pour cacher un frisson. Il haussa alors les épaules et secoua la tête – au diable la pourpre bien lavée – pour que parte la majeure partie de l’eau glaciale. Le mouvement le réchauffa légèrement, aussi, et c’était toujours ça de pris.
Il retourna la tête, surpris, en voyant revenir la demoiselle et la sœur avec elle. Il ne cacha pas son étonnement quand elle s’agenouilla devant lui et passa la couverture sur ses épaules. Sa chaleur l’entoura instantanément, réconfortante, et il ne put que la fixer, décontenancé par sa générosité et par ses larmes, surtout. Pourquoi le voir arrêté ainsi la mettait-il dans un état si extrême ? S’était-elle réellement attachée à lui comme ami, de même que sa belle-mère ? Il frissonna un instant, étonné de sentir ses doigts si fins dans ses cheveux, et se mordit la lèvre en la voyant se reculer. Il valait mieux que personne ne les ait vus. Il soutint son regard mais ne sut pas quoi y lire à part de l’imploration, mais qu’implorait-elle ? Elle semblait souffrir de le voir ainsi, elle devait vouloir le voir libre et, au contraire le voir essayer de tout attirer sur lui devait lui faire mal, c’était sans doute cela. Pour ses trois amis aussi, sans doute. De toute manière, il l’avait assez fait. Il resserra donc la couverture sur lui en écoutant sa raison et sourit sincèrement en inclinant la tête.
« Je vous remercie, Mademoiselle, du fond du cœur. »
Il haussa cependant un sourcil en entendant le cardinal s’adresser à Kalisha et écarquilla les yeux à son accusation. Il soupira en secouant la tête.
« Allons, Cardinal, vous savez comme moi que l’on peut dire la même chose des paroles de l’Église, qui envoûtent les fidèles. Il y a une suspicion de point partout dans cette affaire, ou alors c’est que vous êtes trop envoûté vous-même pour vous en rendre compte. Dans ce dernier cas, vous avez tout mon soutien, même si je doute que cela vous plaise. »
Il ne souriait plus, il était simplement sincère, réellement sincère. Il avait vraiment pitié de ces gens emprisonnés dans une foi sans savoir qu’ils pouvaient en sortir.Il écouta la suite en espérant de tout cœur qu’ils ne trouvent pas la fiole qu’il avait donnée à Kalisha. Il ne fallait pas. Pour elle. Il serrait toutefois les dents en entendant revenir dans sa tête, inlassablement, le « quand il sera réduit en cendres » du cardinal.
Tout n’était pas encore joué, non, et il se défendrait.
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Le murmure d’Hyriel lui serra le cœur. Il ne pouvait pas baisser les bras… Mais la voix du soldat fut sans appel. Des éléments à charge ? Non, non, non, non, non… C’était impossible… Pas lui, pas maintenant… Elle leva ses grands yeux bruns effarés vers Florentyna dont le bras venait de se passer autour de ses épaules, mais n’y rencontra qu’une profonde indécision. Elle fit quelques pas en arrière, comme si reculer pouvait retarder l’inévitable. Elle avait une vague sensation de la main de son amie, diffuse, éthérée, comme tout ce qui se déroulait autour d’elle.
- Femme ! grogna le porc.
Un tremblement la traversa et elle rabattit ses prunelles perdues sur les petits yeux porcins de son marin. À chaque nouvelle parole, son sang pulsait un peu plus dans ses veines. Elle serrait les mâchoires, les poings -et la main de sa belle-fille-. Comment osait-il ! Comment osait-il lui parlait de la sorte ?! Sa conclusion la sidéra. D’un coup sec, elle se dégagea de ses entraves et effectua vivement quelques enjambées. Elle ficha son regard furibond dans celui de ce répugnant mari.
- Me prenez-vous pour votre chien pour m’appeler ainsi ?! Oh non, pardon, vos chiens ont l’immense respect d’avoir un nom eux. elle détacha son collier de fine joaillerie et lui jeta à la tête Allez donc l’offrir à vos limiers que vous aimez tant ! Croyez bien que je regrette de ne pas m’être fait oublier face à l’ambassadeur lorsque vous étiez en bien mauvaise posture du fait de votre outrageux présent. Elle étouffa un petit rire avant de reprendre puisque vous pensez vraiment que j’ai été ensorcelée, alors demandez-vous à qui la faute si mon cœur et mon esprit étaient assez délaissés pour m’y laisser posséder. Pauvres esprits d’homme incapable de penser à autre chose qu’à leur petite et misérable personne !
Florentyna s’échappa soudainement. L'avait-elle blessée? Qu’allait-elle faire ? Elle en eut rapidement la réponse, sous forme d’une réconfortante couverture qui enveloppa les épaules de son médecin. Ce fut à ce moment que le Cardinal osa lui tapoter l’épaule. Elle recula vivement pour le dévisager.
- Vous avez tort, il ne fait que commencer rétorqua-t-elle sèchement.
A la suite d’Hyriel, Kalisha reprit
- Comment osez-vous avoir l’impertinence d’invoquer un jugement quand vous l’avez déjà condamné avant même tout procès. Je prie pour que le jour de votre présentation devant Notre Seigneur, celui-ci vous fasse la liste de tous ces innocents que vous aurez injustement condamnés en Son Nom.
Il n’y avait rien de plus détestable que ces hommes qui se cachaient derrière la religion pour exercer leur pouvoir, dépourvus du moindre discernement, ils n’étaient guère plus que des moutons bêlants plus fort que les autres. Que disaient les psaumes déjà? Ah oui, Le Seigneur est mon berger. Le Cardinal était le bélier du troupeau avec ses grandes cornes. Grandes comme celles d’un bouc songea-t-elle avec un profond sarcasme.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Matthieu jeta encore un regard noir à Hyriel quand il répondit encore. On aurait dit un adolescent insolent ! Serait-il toujours aussi bavard sur la route ? Il osait espérer que non... Sinon ce serait long. Il haussa un sourcil à sa remarque suivante.
- Certes non. En revanche, mettre au jour un coupable avec l'aide d'innocents est tout à fait possible.
Il hocha la tête avec déférence pour Marthe mais une autre idée commençait à lui venir en tête. Surtout au vu du regard d'Hyriel. oui, il y avait bien des manières de profiter des innocents. De toute façon, qu'était-ce que cela ? Un concept qui n'avait pas vraiment sa place dans ce monde. Nul n'était pleinement innocent. Il haussa un sourcil face à la provocation.
- Le troupeau du Seigneur sait bien faire la différence entre un innocent et un coupable. Et moi aussi.
Les autres se mirent alors à ouvrir la bouche. Grave erreur. Surtout de la part du plus jeune. L'idée fit de plus en plus sa place dans l'esprit du cardinal. Il se mit alors à marcher tranquillement vers le jeune garçon, ignorant totalement le regard d'Hyriel. Il dardait un regard impénétrable et lourd, tel un vautour qui contemplait sa proie.
- Attention, mon garçon. Sais-tu que c'est très grave de jurer ainsi sur les Saintes Écritures alors qu'on est soupçonné de complicité avec un sorcier ?
Il lui leva le menton pour l'observer. Jeune, sans doute de l'âge de Bélyl. Innocent ? Peut-être. Ou peut-être pas. Il se tourna alors vers le comte, non sans avoir jeté un regard équivoque à Hyriel.
- Monsieur le comte, je m'en voudrais de laisser encore de la mauvaise graine sévir dans votre propriété. Mais j'aurais peut-être un moyen de trancher.
Il se redressa.
- Si jamais ils sont complices, je pense qu'il y a un moyen de le savoir : soumettre l'un d'entre eux au jugement de l'eau.
Il prit le bras de Guillaume, sans aucune douceur.
- Peut-être celui-là. Nous verrons si son serment a ainsi une quelconque valeur ou s'il est tout aussi démoniaque que son compagnon. A moins qu'on ne nous ai pas encore tout dit ?
Ce fut à son tour de regarder Hyriel en haussant un sourcil qui disait clairement "Et maintenant" ? Il laissa le reste se faire et attendit la réponse, de tous côtés, avant de lâcher le garçon, bien qu'il fut loin de l'oublier. Il laissa le comte régler ses affaires avec sa fille pendant qu'il gardait le menton haut alors qu'il demeurait non loin du sorcier.
Ses yeux percèrent également la comtesse qui protestait. Il laissa les gardes et le comte lui expliquer la situation mais elle se mit à hurler, contre son mari et à jeter ses bijoux. Il fronça les sourcils, d'autant qu'il pensait avoir vu le prisonnier murmurer. Alors qu'il se rapprocha de lui, craignant que ce soit des paroles démoniaques qui exciter l'hystérie de la pauvre femme. Il se prit alors de l'eau sur sa robe pourpre. Il soupira mais ce fut tout. Il jouait avec lui il n'était pas encore assez idiot pour ne pas le voir. Alors qu'il s'amuse seul avec ses provocations, il n'y répondrait pas. Après tout, ce n'était que des vêtements. Cela se lavait où se remplaçait.
Cependant, visiblement tout le monde dans cette maison ne semblait pas vouloir suivre le bon sens. Il secoua la tête, les yeux sévères en voyant Florentyna revenir avec une couverture en trainant Cecilia derrière elle. Il haussa un sourcil à l'intention de son apprentie avant de revenir à la jeune demoiselle.
- C'est en effet charitable de votre part, mademoiselle. Mais pour tout le mal qu'ils font et pour vouloir nous entraîner dans les griffes du Démon, ces gens ne le méritent pas. Encore moins parce qu'ils ne peuvent plus guère être sauvés.
Une fois les points mis sur les i, il revint au problème de Kalisha. Il remercia le comte de son aide mais se figea aux accusations d'Hyriel. Quelque chose en lui remua, son sang se mit à bouillonner. Il serra les poings alors que des souvenirs désagréables lui revenaient en tête.
Une deuxième gifle s'abattit, sans qu'il puisse se contrôler.
- Suffit ! Tais-toi !
A qui le disait-il ? Il n'était plus sûr de savoir. Il secoua la tête pour immédiatement se remettre les idées en place. Il assassina une nouvelle fois son accusé du regard.
-Tente encore une fois tes maléfices sur moi et il t'en cuira, je te le garantis !
Kalisha reprit derrière et ne fit qu'exciter sa colère. Toute pitié avait disparu, remplacée par une rage qui lui soulevait bien vite la poitrine.
- Le Seigneur sait que je sers son digne représentant sur terre ! C'est vous qui êtes aveuglée et...
... qui me jugez sans me connaître. Il secoua une nouvelle fois la tête sans se donner la peine de finir. Voilà que ça recommençait. Peu importe, il avait toutes les cartes en main. Il avait une mission. Il ne faisait qu'exercer la justice. Voilà pour quoi il donna sa bénédiction aux soldats pour aller fouiller et s'en aller au plus vite d'ici avec ses prisonniers.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Pendant ce temps, la demoiselle était de plus en plus mal, elle pleurait même, mais il semblait bien que la jeune sœur fût la seule à le voir. C’était sans doute mieux. Elle garda sa main sur l’épaule de la jeune fille pour la rassurer, vu que cela semblait faire effet. Elle tourna la tête avec elle au hurlement de la femme qui arrivait. Elle eut juste le temps de hocher la tête pour excuser la demoiselle que celle-ci partait déjà. Elle souleva alors sa robe et suivit, en prenant toutefois garde à rester à distance, pour ne pas brusquer la jeune femme. Elle semblait au bord de la folie… Elle écouta les preuves énumérées par le soldat avant de sursauter à la tonitruante apostrophe du mari. Ce n’était pas très respectable… Elle porta la main à sa bouche en entendant la suite, sans pouvoir se contenir. Était-il à ce point possible d’être aussi abject à l’encontre de quelqu’un pour des choses qui n’étaient pas sa faute ? Elle pinça les lèvres sur la fin, après avoir serré les dents sur les menaces d’exorcisme. Cet homme était un… un… un benêt ! Il n’y connaissait rien aux femmes ! S’il savait à quel point certaines sont plus courageuses que les hommes ou plus spirituelles, il n’aurait pas dit une telle ineptie ! Plus tard, peut-être, elle lui en dirait quatre à ce sujet, cavolo ! Au moins, son épouse lui remettait les points sur les i !
Elle s’effraya autant que Florentyna en entendant que le cardinal prévoyait de laisser geler le sorcier. Quelle horreur ! Il demeurait un homme ! Elle s’apprêtait à suggérer, d’une petite voix timide, qu’il risquerait d’en mourir quand elle se fit attraper le bras par la demoiselle de Monthoux. Sans réfléchir, elle souleva sa robe et courut avec elle. Où l’emmenait-elle ? Que voulait-elle faire ? Aider le sorcier ? Ou alors c’en était trop pour elle… Dans tous les cas, elle la suivit et serra sa main en retour. Quand la jeune fille s’arrêta, la sœur en profita pour reprendre son souffle. Heureusement que vivre sur une colline lui avait donné un bon entraînement en la matière… Elle tint toutefois écarté le col de sa cape pour se rafraîchir. Elle avait fini par s’habituer au froid, mine de rien. Elle vit alors la jeune fille sortir une couverture et sourit. Elle la suivit avec calme sur le retour, tout en restant à sa hauteur, et étira son sourire pour la rassurer.
« Je comprends le but charitable de votre transport, ne vous inquiétez pas. Et… pour tout à l’heure, ce… ce n’est rien. Ce n’est pas un problème. Et je serai là. J’insisterai pour l’être. »
Elle demeura en retrait pendant que la jeune femme allait réchauffer le sorcier par la couverture et regarda calmement le cardinal pour lui rendre son regard. Il ne fallait pas oublier la charité. Florentyna s’expliqua en ce sens et Cecilia sourit pour l’encourager et l’approuver. Elle s’attrista toutefois à la réponse du cardinal. Il n’avait donc pas foi en l’espérance ? Elle se figea à la réaction du sorcier face à ce que disait le cardinal. Quelle insolence ! Et il avait tort, l’Église aidait et élevait les âmes. Pas lui, a priori. Ce n’était pas comparable. Elle écarquilla les yeux, effrayée, en voyant la réaction du cardinal. Il semblait profondément touché par ces mots… Elle ne l’avait jamais vu aussi hors de lui… Elle ne put que le regarder, figée, avant de frissonner quand on parla de brûler le sorcier. Elle n’aimait pas ces pratiques. Même s’il était un sorcier, il demeurait un être humain, il y avait forcément un moyen de le ramener dans les troupeaux du Seigneur. Et sinon, s’il devait être purifié par les flammes, pourquoi ne pas le tuer rapidement, même si l’idée la répugnait également, et brûler son corps ? Ce serait plus efficace et plus en accord avec les préceptes du Seigneur, elle en était sûre. Dans tous les cas, elle était d’accord avec la comtesse sur le procès et, après la réponse du cardinal qui semblait perdre le contrôle, elle se permit de faire un pas en avant tout en prenant une grande inspiration.
« Si je puis me permettre, Monsieur le Comte, Éminence, Madame l’intendante, Messieurs les gardes, je pense que Mme la Comtesse a raison sur ce dernier point. Depuis le début de cette arrestation, il semble que ce soient les passions et les ressentiments qui vous guident tous, plutôt que la raison pure et l’aspiration à la Paix de Notre Seigneur, pour préserver laquelle nous sommes ici au départ en venant chercher un sorcier qui la trouble. Toutefois, il y a certes des preuves et cet homme semble s’accuser lui-même mais il demeure un homme et, plus particulièrement, un agneau égaré loin du troupeau. Avant de le mettre à mort pour le punir, ne devrions-nous pas l’entendre, connaître ses raisons ? Peut-être a-t-il perdu de vue le bâton de berger, peut-être a-t-il été repoussé par d’autres agneaux ou d’autres moutons du troupeau, voire tenté par le loup lui-même, ou peut-être est-il allé trouver celui-ci de son propre chef… Dans tous les cas, à mon avis, il nous faut le comprendre plutôt que d’interpréter ses actes selon notre vision… Ensuite, seulement, nous pourrons le juger selon les lois terrestres, tout en nous rappelant que Notre Seigneur aura le dernier mot sur nous tous. »
Elle sourit ensuite, parfaitement calme, en les regardant tous avant de faire un pas en arrière pour regagner sa place aux côtés de Florentyna, quand partirent les gardes. Elle joignit également ses mains pour l’aider de sa présence et de ses prières, afin que les innocents ne soufrent pas et que la lumière soit faite.
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
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Même la nonne paraissait terrifiée des propos de Matthieu - la torture de l'eau ! - et outrée des imprécations du comte de Monthoux. Un détail qui sut rassurer Florentyna. Son père acquiesça aux abjectes menaces du Cardinal :
-- Mais bien sûr, Votre Éminence. Je suis tout disposé à vous laisser embarquer aussi ce garçon, si cela peut faire avancer l'affaire et débarrasser mon domaine de toute trace de sorcellerie.
Et puis ce n'était pas comme si le rouquin se montrait lui aussi des plus dociles, à le voir retirer sèchement son menton de la main du cardinal et à l'entendre avoir l'outrecuidance de prêter un tel serment quand tout risquait de l'accuser. De la graine de démon ! Sûrement un complice de l'autre éclopé. Les soldats, en revanche, se crispèrent à l'idée avancée par l'ecclésiastique. Ils hésitèrent un moment, puis le chef de la brigade osa s'avancer et expliquer d'un ton toujours aussi égal :
-- Votre Éminence, je me vois contraint de vous signaler que ce que vous réclamez est impossible. Nous n'avons à l'heure actuelle strictement rien pour motiver l'arrestation de ce garçon. Il pourra être déclaré en état de prise de corps seulement si la fouille donne des éléments contre lui également, ou bien si des plaintes ou des éléments à charge le concernant nous arrivaient, ou encore si nous obtenons des aveux l'impliquant formellement.
Florentyna se signa, un regard reconnaissant au Ciel. Prosper dut bien ronger son frein. Il se consola en pensant : Des aveux ? Cela promettait fort d'arriver, quand on connaissait les procédures à l'encontre des sorciers. Il était toujours question à un moment donné de leur faire cracher des noms de clients, de victimes et de complices. L'estropié ne perdait rien pour attendre. Tout comme le rouquin. Pour l'heure, le capitaine fit comprendre à Matthieu de laisser le petit en paix. Malgré tout, les soldats auront un regard dur vers Guillaume, qui eut le front d'invoquer en toute inconscience les Saintes Écritures. Vers le sorcier aussi, qui décidément ne manquait pas d'air et renchérissait davantage à chaque fois dans ses provocations. Pourvu qu'il n'y ait pas à le museler sur le chemin du retour vers la prévôté.
Les paroles abjectes de Prosper, sa façon d'appeler Kalisha, ses injures d'une misogynie sans pareille firent bouillir Florentyna. Pourquoi fallait-il qu'il soit son père ? Avec le temps, n'avait-il pas compris ? Compris que sa défunte première épouse passait tout son temps dans les salons et les bibliothèques pour épanouir son esprit là où elle le pouvait... Qu'il avait tout fait - ou plutôt jamais rien fait pour s'intéresser à elle ! Que c'était en grande partie de sa faute si Florentyna n'avait qu'à peine connu sa mère ! Et maintenant... bientôt une année qu'au mieux il ignorait Kalisha, au pire la méprisait ! Avec une jubilation certaine, la demoiselle vit la princesse s'émanciper de cette prison et cracher à Prosper ses quatre vérités !
Savait-il seulement ce que les femmes avaient de patience, d'intelligence, de sens du sacrifice et de résilience au quotidien ? Tout ce que Kalisha avait enduré ! Si d'abord, la vive colère de sa belle-mère fit s'arrondir les yeux de la jeune fille... ce fut ensuite un sourire sec - celui de la satisfaction - qui se peignit à ses lèvres pour soutenir chacune de ses paroles. Oh oui ! Les femmes n'étaient pas des chiens. Kalisha n'avait pas à porter les erreurs de son peuple - si même erreur il y eut ! Sans parler de l'immonde choix de cadeau de Prosper pour l'ambassadeur. Kalisha avait eu de la bonté d'âme, ce jour-là, de venir au secours de son époux, ainsi que cela avait été raconté à Florentyna. Même si la princesse bondissait, toute à sa colère, la demoiselle fit de son mieux pour rester à côté, l'appuyer d'un regard pour le coup raffermi.
Le comte pour sa part... ne comprit pas ce qui lui arriva. Il sursauta en recevant le bijou en plein front. Ses yeux furent aussi ronds que ceux d'un merlan frit alors qu'elle laissait couler sa rage comme une lave. L'ambassadeur... Il ne saisissait toujours pas ce qui avait généré son malaise, sachant qu'il représentait un Empire pas en reste dans l'esclavage. Mais soit, il dut bien reconnaître que sur ce coup Kalisha lui avait sauvé la mise. Elle pouvait bien !
-- Je vous sais gré de cela, accorda-t-il d'abord, mielleux et d'un sourire faux. Mais qu'est-ce que cela pèse à côté de votre infertilité et de la guerre qui s'en vient quand même avec votre peuple ! Vous n'aurez apporté que du désordre et introduit un suppôt de Satan en ma demeure ! (Son teint devint cramoisi en entendant la suite) Je maintiens ! Vous êtes ensorcelée ! Et... (consterné par l'attitude de Florentyna, de plus en plus douteuse) Et vous aussi, ma fille ! Vous, toujours si distinguée, raffinée, modèle de devoirs et de tempérance... je ne vous reconnais pas, c'est... (Il fixa Hyriel, comme prêt à exploser) cette créature est une abomination ! Je suis sûr que tout a commencé dans cette forêt ! Avec ce soi-disant pèlerinage ! Et... maintenant qu'il est là, voilà femme et fille hystériques ! (observant Matthieu, et avec ce qui lui reste de courtoisie dans le ton) Votre Eminence, je suis persuadé que vous saurez faire le nécessaire avec ce démon, et ses victimes.
Prosper se mit à réfléchir à ce qu'il réserverait à Kalisha et Florentyna, pendant que tout s'enchaînait vite autour : la demoiselle revenue avec une couverture, les nouvelles irrévérences de Kalisha... L'espace de quelques secondes, la fille de Monthoux oublia tous les autres, même la princesse... pour ne se laisser porter que par les grands yeux d'Hyriel. Il la remerciait. Il sembla même avoir compris ce qui se jouait et choisir, pour elle, de s'apaiser un peu. Très discrètement avant de se relever, Florentyna lui serra une main, autant pour lui donner du courage que pour le remercier de ne pas se condamner davantage par ses impertinences. Personne n'avait besoin de cela...
Cécilia conforta Florentyna dans son acte de générosité. Elle acquiesça : oui, sûrement qu'après cette scène, son père allait les faire enfermer et demander le secours de la religion. Si cela pouvait être en la personne de cette Sœur, ce serait bien. Elle se raccrocha à elle pour essayer de ne pas céder aux culpabilisations de Matthieu. Bien qu'elle jugea plus sage de ne pas répondre, elle campa sur sa position : coupable ou innocent, pour l'instant il ne méritait pas tant de cruauté...
Florentyna jubila d'entendre la nonne remettre un peu de tempérance et d'humanité dans tout cela. Oui, Hyriel aurait droit à la défense, c'était la moindre des choses. Un garde le confirma :
-- Bien entendu, ma Sœur. Telle est la procédure. Le prisonnier aura tout lieu d'exposer ses arguments et ses défenses pendant le procès. Il aura également droit comme tout un chacun de se choisir un avocat.
Florentyna se réjouit d'entendre aussi la novice prendre le parti de Kalisha, même à demi mots. Foi et raison n'étaient pas incompatibles, elle en avait toujours été convaincue et la nonne en donnait la démonstration. Avec un peu de chance donc, tout ne serait pas perdu. Forte de cet espoir, elle reprit la main de Kalisha comme pour essayer de le lui transmettre. Elle détourna les yeux à la nouvelle gifle reçue par Hyriel. Cependant... Matthieu sembl soudain... presque vulnérable aux paroles du prisonnier autant qu'à celles de la comtesse. Ses phrases en suspend... Comme si quelque chose s'était remué en lui. Comme s'il ne savait pas répondre.
-- Aveuglés, je confirme, rebondit enfin Prosper. Et à ce propos, Votre Eminence, Ma Sœur, pus-je vous adresser une requête ? Que ma femme et ma fille demeurent closes autant que je l'estime nécessaire et qu'elle ne reçoivent de visites que les vôtres en vue de leur guérison ? (dans la foulée, il aura appelé à pleine voix) Gardes ! (Quatre commis du château arrivèrent et, sur un ordre du comte, entourèrent Florentyna et Kalisha) Veillez à ce que, aussitôt la fouille terminée et nos invités partis avec leur prisonnier, ces dames soient tenues sous verrou dans une pièce du domaine. Nulle sortie, nulle visite jusqu'à nouvel ordre ! Et en attendant, tenez-les tranquille avec nous jusqu'à la fin de la procédure.
-- Père ! Père, vous perdez l'esprit ! Non ! Pas ça ! Vous êtes fou ! sanglota Florentyna, tétanisée, incapable de se débattre alors que les gardes les entouraient, elle et Kalisha. De désespoir, il n'y eut pour le moment rien à faire d'autre que se soutenir entre femmes. Elle noua une nouvelle fois ses bras fins aux épaules de Kalisha, reposa sa tête près de la sienne. Leurs yeux se croiseront. Ceux de la demoiselle étaient encore gros de larmes. Ses mains tremblaient tout en essayant d'apaiser la princesse et, tendues comme un arc, ses os en ressortaient.
-- En attendant que je me décide sur votre cas, reprend froidement le comte sans répondre aux supplications de sa fille, vous allez recevoir les bons secours du Cardinal et de sa novice pour extirper votre mal.
Cécilia... Le seul maigre point positif aux yeux de Florentyna. Une femme. Douce, forte, apparemment raisonnable. Infiniment plus que l'ecclésiastique en tous cas. Peut-être y aurait-il moyen de se faire comprendre d'elle ? Tout le reste terrifia la jeune fille. Son père... qu'allait-il faire ? Elle ne put se rassurer que par une certitude : Prosper tenait trop à sa réputation. Il n'allait pas répudier Kalisha sauf ordre expresse du roi, ni rien faire de public susceptible d'entacher l'honneur des Monthoux. Avec un peu de chance, donc : ni procès, ni couvent... Sans doute espérait-il dans un premier temps l'efficacité de cet enfermement et des exorcismes qui les attendaient.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Guillaume, lui, soutint le regard du Cardinal avec l’insolence du loup acculé. Il dégagea son menton aussitôt que le l’ecclésiastique le toucha. Le prenait-il pour un esclave ? Il le laissa parler tout seul, puisque cela lui plaisait, mais se fit surprendre par le geste de l’homme et par son propos. Le jugement de l’eau. Non, non, non ! Il se débattit pour essayer de s’extraire de la poigne du fou.
« Vous n’avez aucune preuve, vous vous trompez ! »
Eugène, lui, employa toutes ses forces pour retenir Florentin qui se contenta de lancer un appel désespéré.
« Ce n’est qu’un enfant innocent, vous ne pouvez pas ! »
Même s’il savait qu’il le pouvait, mais pas son petit frère, pas lui, ni personne…
La respiration d’Hyriel s’accéléra. Il voulait des aveux. Il voulait des aveux contre la vie de Guillaume. Il s’apprêtait à lancer à la figure du cardinal tout ce qu’il pensait de la médecine officielle, le vrai démon s’il y en avait un, quand le chef des gardes intervint. Et là, il jubila intérieurement. Remis à sa place, le pauvre cardinal. L’herboriste se contenta donc de soutenir son regard sans mettre aucune émotion dans le sien. Justice serait faite et tous les quatre vivraient.
Guillaume, lui, se recula pour rejoindre les trois autres. Il s’apprêtait à cracher de rage mais Florentin le vit venir et l’enlaça contre lui, comme par soulagement, tout en se penchant à son oreille pour exprimer à mi-voix toute sa gratitude au Seigneur d’avoir sauvé son petit frère.
« Mets-là en veilleuse, tu veux ? On n’a pas besoin de ça. »
On. Eux, comme Hyriel. Guillaume comprit et hocha la tête. Son frère le lâcha alors mais garda un bras autour de ses épaules, la main solidement refermée autour de celle-ci, pour observer la suite.
Hyriel se satisfit du soupir du cardinal à son séchage. C’était toujours un soupir. Toutefois, il se contenta de hausser un sourcil indifférent. Il avait prévenu. Il ouvrit de grands yeux en entendant les réparties de Kalisha. Eh bien ! Il se doutait bien que tout son ressentiment exploserait à un moment où à un autre mais il n’aurait jamais cru en être témoin ! Il en aurait presque eu de la peine pour son cher patron s’il n’avait pas plutôt envie de l’empoisonner. Sa réponse le lui confirma. Un sot fini… Il soupira simplement.
Il sentit la main de la demoiselle de Monthoux autour de la sienne et esquissa un très léger sourire en la serrant en retour, tout aussi légèrement, pour la remercier de nouveau, même si ce geste l’étonnait. Il n’aurait jamais cru en être digne…
Il tourna toutefois la tête, brusquement, à la deuxième gifle. Il nota donc qu’il avait tiré une corde sensible. La tête toujours inclinée, il releva les yeux vers le cardinal et soupira à sa menace en haussant un sourcil. Il avait visé juste et le cardinal le savait, au fond de lui. Il n’y avait plus qu’à attendre que l’idée fasse son chemin dans son esprit… Il n’y avait rien à ajouter. D’une part, il ne voulait pas faire de peine aux deux jeunes femmes et, d’autre part, il avait atteint le but recherché par ses sarcasmes : il serait arrêté mais aurait un procès et ses amis ne craignaient rien. Il écouta donc sans broncher la défense que fit Kalisha en sa faveur, pour ne pas s’attirer plus d’ennuis que nécessaire, mais la remercia sur la fin d’un signe de tête et d’un sourire sincères. Celle de la nonne l’étonna et il ne le cacha pas. Il la remercia également d’un signe de tête qu’elle lui rendit, neutre. Il acheva de se rassurer en entendant le garde confirmer. Et il pouvait se choisir un avocat. Eh bien… Il aurait tout le temps d’y réfléchir en prison, cela promettait d’être intéressant…
Il pinça les lèvres en entendant le châtiment réservé aux deux femmes et soupira de nouveau. Ne serait-ce pas plutôt ces deux hommes, le comte et le cardinal, qu’il faudrait enfermer ? Il tourna la tête vers elles et essaya de leur transmettre tous ses encouragements par le regard, à elles qui semblaient si mal, surtout la demoiselle, alors qu’elle était un exemple de bonté et de générosité.
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Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Kalisha pestait toujours. Et cet idiot qui ne comprenait rien à rien. Fallait-il être à ce point benêt pour avoir ce regard exorbité ? Ses poings étaient si serrés qu’elle réalisa subitement la morsure de ses ongles dans la chair. Et ce répugnant sourire mielleux qui ne cachait rien d’autre de viles paroles. Comment osait-il ? Comment osait-il ?!
- Cessez donc de m’accuser pour des faits dont je ne suis pas responsable ! Mon infertilité ? elle étouffa un rire amer Vous voulez sans doute parler de votre impuissance ? Elle haussa un sourcil Eh bien quoi? Cela n’a rien d’étonnant mon cher mari que vous humeurs soient à l’image de votre régime : fort déséquilibré.
Lorsqu’il évoqua le pèlerinage, son visage se ferma brièvement. Elle espérait que ce sac de gras n’est pas la présence d’esprit de relier Hyriel à sa muette dame de compagnie, fraichement retournée à son pèlerinage. Il ne manquerait plus que cela. Elle se rasséréna en songeant que Sylvère était en sécurité dans sa forêt, loin du chaos qui générait ici.
Elle ne vit rien de ce qui se passait à ses côtés, tout occupée qu’elle était à fixer le Comte et le Cardinal de son sombre regard. Elle aurait juré avoir senti quelque chose, là, mais une gifle vola et un cri s’échappa de ses lèvres. Elle rétorqua. Il s’emporta et… la fin de sa phrase se perdit dans le néant. Elle plissa les yeux. Derrière elle, une douce voix à l’accent italien s’éleva pour prendre son parti. Surprise, elle se retourna pour écouter le plaidoyer. Elle inclina doucement la tête pour la remercier avant qu’un garde à son tour ne confirme ses propos. Kalisha afficha un sourire narquois. Ils n’avaient pas encore gagné. Pas encore. Le goret grogna de nouveau. Enfermées ?! Guérison ?! Ses prunelles lancèrent des éclairs. Il pouvait bien la cloitrer si cela lui chantait, elle n’accepterait jamais son emprisonnement. Mais déjà les gardes les encerclèrent, attrapant chacun l’un de ses bras. Elle se débattit violemment.
- Lâchez-moi ! Je vous ordonne de me lâcher!
Mais les gardes resserrèrent leur étreinte. Elle couina de douleur.
- Gardez donc ces attentions que vous n’avez jamais offertes. Je n’en veux plus désormais.
Ce qu’il allait faire de lui ? Qu’importe, cela lui était bien égal désormais. Elle aurait dû écouter Sylvère et fuir dans les bois avec lui, loin de cet avale-dru à l’estomac plus rempli que sa cervelle de cochon !
Ses dents grincèrent en observant, impuissante, la petite troupe engager les fouilles. La fiole était cachée aux yeux indiscrets, au milieu de sa multitude de parfums aux flacons tous semblable. Avec un peu de chance, ils n’auraient pas le courage de renifler chaque orifice à la recherche d’un contenu suspect. C’est d’un regard empreint d’un glacial défi qu’elle les suivit du regard jusqu’à ce qu’ils aient disparu de son champ de vision.
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
Réussite: Ils ne trouvent rien. OUF!
Echec: Ils sont zélés et repèrent le poison
Re: [18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]
'Acte à point fort' :
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