[18 décembre 1597] L'eau purifie et montre le vrai [Terminé]

L'enfant insolent se détacha de sa prise. Il ignora leurs cris de détresse et se tourna vers Hyriel, espérant une réponse. Le comte le soutenait d'ailleurs ce qui agrandit le sourire tranquille de l'ecclésiastique. Cependant, le chef de brigade fit un pas vers lui. Les yeux de Matthieu s'étrécirent mais il ne rétorqua pas. Il inclina la tête.

- Bien sûr, si vous ne jugez pas cela nécessaire... Après tout, nous verrons bien assez vite s'ils font des leurs.

Il s'éloigna, sans un regard pour Hyriel. Tant pis, il le ferait avouer, tôt ou tard.

Il haussa un sourcil aux véhémences toujours plus grandissantes de la princesse. Le ménage ne semblait pas heureux, au-delà de l'envoûtement... Il plissa légèrement les yeux à la mention de l'infertilité et de la guerre. Oui, il paraissait que les rapports avec Drejdan n'étaient pas des plus cordiaux. Cependant, était-ce vraiment la faute de cette femme ? C'était tout de même lui mettre un grand poids sur les épaules. Il toussota cependant pour se reprendre quand le comte l'interpella et il acquiesça.

- Bien entendu. Quant à votre femme et votre fille, je vous recommande de bien veiller sur elles, qu'elles ne fassent rien d'inconsidérée.

Le geste de la couette continua à le faire lever les yeux au ciel. Mais voilà qu'il y eut quelque chose de nouveau. Cecilia prit la parole en tentant de reprendre les arguments de la jeune noble. Il soupira alors que son regard se durcissait. Trop naïve... Il secoua la tête et se rapprocha en posant une main sur son épaule, bien moins douce que les précédentes.

- C'est encore honorable à votre âge d'être persuadée de cela mais vous êtes ici pour apprendre et vous vous rendrez compte bien assez tôt qu'il n'en est rien. Certaines personnes sont mauvaises par nature. Elle peuvent attirer notre pitié mais ce ne sera jamais qu'une ruse. Vous êtes encore trop novice dans ce domaine pour savoir à quel point il est dangereux de ne leur accorder ne serait-ce qu'un regard compatissant. Il aura le droit de se défendre, certes mais il y a déjà suffisamment de preuves accablantes contre lui pour que je sois sûr de moi. Il n'y a pas grand-chose à comprendre malheureusement, si ce n'est que sa nature l'a entrainé par le fond

Son regard se durcit encore davantage.

- Quant à mes sentiments, ils n'ont rien à voir là-dedans. Je suis les ordres du Pape et je ne suis que le réceptacle de ses divins enseignements. Je vous serais gré de ne plus en douter à l'avenir.

Il se détacha d'elle sans un regard de plus. Il n'avait plus envie d'entendre toutes ces paroles sottes et naïves. Il savait que ce n'était pas la vérité, que ce n'était qu'une illusion et il lui semblait de son devoir de lui montrer la noirceur du monde le plus tôt possible pour qu'elle comprenne. C'était elle qui était encore dans l'erreur, pas lui. Elle se trompait. Forcément...

Il se redressa et souffla un bon coup avant d'entamer la suite des opérations. Il remercia d'ailleurs le comte de l'aider à compléter sa phrase. Enfin quelqu'un doué d'un peu de bon sens ! Il l'écouta alors attentivement puis hocha la tête.

- Oh... Eh bien, j'imagine qu'il est sans doute mieux pour elles d'être protégées en effet, dans votre maison.

De là à les enfermer cependant... Mais il n'était pas le mettre ici.

- Je vous laisse considérer ce qui sera le mieux. Et dès que vous aurez besoin de nous, nous nous tiendrons à votre disposition. Je serais peut-être moins disponible avec le procès qui approche mais je présume que Mlle Candore aura du temps pour venir.

Il lui glissa un regard interrogateur vers sa novice et dès qu'il eut sa réponse revint au reste. Il laissa le mari et la femme régler leur scène de ménage puis guetta surtout le retour des soldats, pressé que tout cela se termine et qu'il puisse rentrer.

Au fond d’elle-même, Cecilia se rassura que le garde s’oppose au jugement de l’eau pour le jeune garçon. Il ne méritait sans doute pas cela. Elle se ragaillardit également en voyant du coin de l’œil que la jeune fille approuvait également sa belle-mère. Le comte ne savait pas à quelles femmes il s’adressait ! Les mots du comte la sidérèrent alors. On aurait dit qu’il refusait simplement d’avouer sa faute, par orgueil. C’était stupide, il se ridiculisait plus qu’autre chose… Et son épouse qui en rajoutait… Si cet homme avait un peu de jugeotte, il se tairait mais elle en doutait. Malgré tout, il conservait le pouvoir…

La jeune sœur sourit en retour à la comtesse puis au garde qui lui confirma que justice serait faite en bonne et due forme, ce qui la réjouit intérieurement. Elle remercia le garde d’un signe de tête avant que n’arrive le cardinal. Son cœur manqua un battement quand il sentit sa poigne sur son épaule. Elle blanchit en l’écoutant et avala difficilement sa salive. Mauvaises par nature ? Comment cela se pouvait-il ? Dieu était le seul créateur, le Malin ne faisait que corrompre, parfois très tôt, certes, mais il ne créait pas… Pourtant, le cardinal en savait bien plus qu’elle, elle le savait, mais ses sœurs aussi lui avaient appris des choses… Elle acheva de perdre toutes ses couleurs en croisant le regard dur du cardinal et ne put que hocher la tête, lentement. Elle serra les dents pour que sa mâchoire ne tremble pas et baissa les yeux.

« Pardonnez-moi, Éminence, je ne vous décevrai plus. »

Elle l’espérait…
Pourtant, il semblait bien ne pas savoir ce qu’il faisait, quand il avait giflé le sorcier… Elle osa relever des yeux tristes quand il s’éloigna, rongée par la culpabilité d’avoir pu le blesser en voulant bien faire. Elle retint son souffle à la sentence du comte sur sa femme et sa fille et s’effraya en voyant la réaction de celles-ci. Elle se mordit la lèvre en entendant le cardinal et hocha la tête en essayant de se ressaisir.

« Bien sûr, Éminence, Excellence, je serai là pour elles. »

Elle fit justement un pas vers elles, malgré les gardes, pour les soutenir dans cette épreuve et leur assurer son soutien plein et entier, même si son cœur restait gros pour avoir commis un impair et déçu son professeur, quand bien même elle n’était là que depuis une dizaine de jour. Mais comment pouvait-on être aussi dur et catégorique avec son prochain ?

Guillaume se débattit. Il soutint la mine sévère du Cardinal avec une irrévérence qui confirma à Prosper son caractère suspect. De toute façon, dès le lendemain, le comte fera remercier les trois acolytes. D'un échange de coup d'yeux entre Marthe et le seigneur de Monthoux, l'intendante eut même l'air de déjà comprendre les desseins de son patron. Le sorcier, de son côté, rabattait enfin de sa superbe pour le plaisir du seigneur et de sa contremaître. Les menaces de Son Éminence semblaient avoir fait leur effet. A moins... que ceci ne résulte de l'intervention du soldat, laissant comprendre au démon que ses complices étaient pour l'instant hors de danger ? Hm... Raison supplémentaire pour leur faire quitter rapidement le domaine, avec leurs gages pour un mois de travail. Kalisha allait avoir autre chose à penser que sa serre !
Un poids quitta enfin la gorge de Florentyna devant le silence que se décidait à adopter Hyriel. Dieu merci... Son cœur aura accéléré au bref et doux contact de sa main. En se relevant, la demoiselle remarqua au passage l'étrange échange muet qui se jouait entre l'accusé et le Cardinal. Comme si... ce dernier avait véritablement été déstabilisé par les mots d'Hyriel.

Les répliques cinglantes de Kalisha laissèrent sa belle-fille pantoise. La princesse, qui avait été si patiente avec son triste époux tous ces mois durant, prenait enfin sa revanche ! Sa fureur et ses sarcasmes la rendaient quasi méconnaissable ! Mais que cela était bon ! La saveur de ses remarques claquait de toute sa force. Florentyna se mordit les lèvres et rougit malgré tout aux allusions ouvertement sexuelles, puis soupira discrètement quand il fut question des humeurs et du poids de son père. Une pointe qui aurait sans doute de quoi amuser aussi le médecin, toutefois la demoiselle se garda d'avoir ne fut-ce que le début d'un coup d'œil complice vers lui. D'autant que l'amusement fut de courte durée : les gardes du château resserrèrent leurs poignes autour de Kalisha qui se rebellait. Florentyna, elle, fit moins de remous, déjà vidée de son énergie par l'immense tristesse et les larmes versées. Tout sembla se retirer sous elle : être traitée ainsi... par son père ! Son propre père ! Elle eut le sentiment de perdre définitivement son deuxième parent... Au choc de ce constat, tout s'effondra. Poupée de chiffon, elle n'opposa nulle résistance et n'eut que la force de supplier les gardes pour Kalisha :

-- Moins fort... Doucement, je vous prie...

Prosper comprit qu'il valait mieux de ne pas répondre. Les dernières saillies de sa femme l'ébouriffèrent au point qu'il reste sans voix, à secouer furieusement la tête, pris d'une sentiment nauséeux qu'il ravala bruyamment. Il se détourna de femme et fille pour préférer regarder le Cardinal. L'attitude de ce dernier l'étonna. Il... toussotait ? Comme troublé par sa décision à l'encontre des deux hystériques. Le comte se mordit un coin de lèvre. En aurait-il... trop fait ? Son attitude aurait-elle été impie ? Déstabilisé par ce qu'il venait de deviner chez l'ecclésiastique, il tenta de se rattraper en assurant :

-- Oui, Votre Éminence. Elles seront bien traitées dans leur réclusion, et je n'envisage pour le moment nulle sanction. Tous mes espoirs résident dans les cures et les enseignements que votre novice saura leur administrer. (Puis, réagissant à la contrariété de Matthieu devant l'impossibilité d'emporter le rouquin, espérant abonder derechef dans son sens) Pour moi, il ne fait aucun doute que vos offices et la justice auront prochainement le temps et les moyens d'obtenir tous les aveux nécessaires. (Il laissa couler une dernière lorgnade appuyée sur Hyriel, qu'il devinait en train de jubiler trop vite, derrière son faux air sans émotion.)

Les gardes revirent annoncer que la fouille n'avait rien donné de suspect. Chose qui pour une fois soulagea tant Prosper que Florentyna. Il n'aurait pas aimé devoir céder sa femme aux enquêtes de la prévôté. Tout devait rester discret la concernant.
La brigade se rassembla de nouveau autour d'Hyriel, au signal de leur chef. Mission accomplie. Il fallait à présent rejoindre les prisons de Braktenn avec l'accusé enfin piégé. Les soldats prirent Hyriel par les dessous de bras, le redressèrent et lui restituèrent ses béquilles. Il semblait calme. Très bien. Le voyage se passerait sans encombre et il n'y aurait nul besoin de l'enchaîner. L'un des militaires reprendra cependant la couverture, qu'il alla rendre à Florentyna.
Ils menèrent l'infirme jusqu'au fourgon, dont les sinistres barreaux noirs ressortaient sur le ciel livide de l'hiver. Coup de clés. Grincement de porte. Deux agents aidèrent l'invalide à grimper à l'intérieur de la cage. L'un des soldats, bienveillant, alla avec lui au fond du véhicule pour l'aider à s'asseoir, avant de ressortir et de recadenasser le battant. Aussitôt que le Cardinal et la novice seront remontés dans leur voiture, le cortège se mettra en route. Chacun des gens d'armes ne manqua pas toutefois, avant de lever le camp, d'adresser ses derniers saluts respectueux à Monsieur le Comte... et même à cette malheureuse Madame la Comtesse et la fille - dont le sort ne les regardait pas mais dont ils avaient à respecter le titre. Un claquement de cravache. Hennissement des chevaux de trait. Le fourgon démarra dans une violente secousse. Ses roues au lourd grincement, chuintantes de boue et de neige, iront péniblement les chemins hivernaux.

Au domaine de Monthoux, les soldats du comte cachaient leurs mines désolées, terriblement mal à l'aise qu'ils étaient à devoir traiter ainsi la femme et la fille du domaine. Le cœur lourd, ils exécutèrent leurs ordres, menant manu militari Kalisha et Florentyna vers une chambre où elles seront enfermées. Suffocante, la demoiselle jeta en arrière un dernier regard à Hyriel... qui s'éloigne dans sa cage. Puis à ses trois camarades qui - elle en était sûre - seraient renvoyés dès le lendemain... Et à Cécilia enfin, avant qu'elle ne monte en voiture. Au moins elle la reverrai bientôt. Pauvre nonne d'ailleurs... elle qui venait de présenter ses plus plates excuses à son formateur pour avoir osé avancer une opinion mesurée ! Non... Non ! Pas elle... Il fallait que cette novice garde son discernement vis-à-vis des propos extrêmes du Cardinal. Avalées l'une et l'autre par les portes du château, Florentyna prit la main de Kalisha.

Hyriel se retint de trop montrer sa surprise aux invectives de Kalisha à son charmant mari. Toutefois, intérieurement, il profitait du spectacle. Joli, joli, joli, le « pauvre esprit de femme », particulièrement la pique finale. Le cochon allait regretter d’avoir parlé. Effectivement, il le regretta. Bien fait pour lui…

Quand il entendit la réponse du cardinal à la jeune nonne, il haussa les sourcils, étonné. Eh bien, quelle image flatteuse il avait de lui ! Il ressentit un élan de pitié pour la jeune fille, qui semblait désolée, alors qu’elle avait raison, et soupira. Elle apprendrait bien vite que le tout n’était pas d’avoir raison mais d’avoir le pouvoir, autant commencer là…

Il se mordit la lèvre et baissa les yeux quand les gardes entourèrent la comtesse et sa belle-fille et, surtout, en entendant cris et supplications. Pauvres enfants… Elles ne le méritaient pas. Au moins auraient-elles une amie, plus ou moins, en espérant qu’elle ne leur serve pas des discours enjoués sur le chant des anges et la bonté du Seigneur, elles n’en avaient pas besoin. À la réplique du comte concernant ses aveux, il ne manqua pas son regard vide de toute intelligence, derrière son assurance apparente, et lui renvoya un regard indifférent, comme s’il se retenait de soupirer, ce qui était effectivement le cas. Il se rassura en grande partie à leur sujet quand revinrent les gardes, bredouille. Au moins n’avaient-ils pas trouvé la fiole.

En voyant revenir les gardes, il sut qu’il allait partir. Il se laissa faire et les remercia d’un signe de tête quand ils lui rendirent ses béquilles. Il s’appuya dessus en évitant de grimacer sous la douleur de sa côte qui revenait, tout comme de frissonner car on lui ôtait la douce couverture qui aurait, au moins, le mérite de l’empêcher d’attraper la mort. Il se laissa mener en regardant devant lui, légèrement bas, et fit ce qu’il put pour se hisser avec les gardes. Il esquissa un sourire et remercia d’un nouveau signe de tête souriant le soldat qui l’aida à s’asseoir. Après tout, ces gars ne faisaient que leur travail, inutile de leur en vouloir… Il s’adossa entre deux barreaux et se fendit d’un long soupir. La tête appuyée contre le métal froid, il osa baisser les yeux pour accorder un dernier regard à la scène en général, sans fixer quelqu’un en particulier. Au fond de lui, il espérait les revoir, tous, en vie si possible…

Quand le véhicule s’ébranla, sous couvert de baisser la tête pour qu’elle ne se cogne pas, il fixa ses trois amis en les encourageant du regard. Ils en auraient besoin.





Les trois comparses, bien que faisant profil bas, n’avaient pas manqué l’échange de regard entre le porc et la pie. Ils en échangèrent un aussi. Quoi que ce fut, ce ne serait pas bon pour eux…

Ils observèrent le reste de la scène sans broncher, même si leur cœur était lourd. Leur ami humilié et maltraité, leurs deux alliées de même… C’était comme un cauchemar duquel on ne peut pas se réveiller. Mais c’était vrai. Diablement vrai, même.

Ils regardèrent leur ami, leur frère, se faire mener au fourgon, comme un prisonnier, un malpropre, alors qu’il avait sauvé tant de gens avec ses remèdes. Ils fixèrent leur ami et lui transmirent encouragement dans le regard, en espérant qu’il le croise. Effectivement, leurs yeux se rencontrèrent et ils s’encouragèrent mutuellement, comme ils feraient à un frère qui partait au combat, ce qui était le cas.

Alors que les hommes du comte ramenaient les deux femmes à l’intérieur, tous trois furent congédiés et ils ne se le firent pas dire deux fois. Ils tournèrent les talons vers leur chère serre, abattus intérieurement. Guillaume, toutefois, serrait les poings. Un jour, ce serait son tour, il le savait, d’être emmené et baladé comme un ours en cage, de comparaître en tant que sorcier et, peut-être, de finir sur le bûcher. Une chose était sûre : si Hyriel mourrait, lui, Guillaume, aurait mérité sa réputation d’empoisonneur quand les gardes viendraient l’arrêter.

Cette fois-ci, son mari n’eut pas l’audace de rétorquer quoi que ce soit et tant mieux. Enfin… Si ce n’était la sentence d’enfermement qui ne se fit guère attendre. Sentence qu’il semblait être le seul à approuver au demeurant, ce qui n’empêcha pas les gardes de faire leur travail sans discuter.

Kalisha protesta, encore et encore, mais tout effort fut vain. Elle espérait surtout que la fouille ne donnerait rien. Elle se sentait déjà coupable d’avoir caché Hyriel, ici à Monthoux… Après tout, peut-être aurait-il été plus en sécurité dans sa forêt lui aussi ? On ne le saurait jamais… En tout cas, elle ne voulait pas leur fournir de preuves supplémentaires de ses activités médicales. Au retour des gardes, elle s’efforça d’enfouir son soulagement sous une mine provocatrice qui affichait clairement « vous voyez bien que vous faites erreur nom de Dieu ! ».

Ils embarquèrent Hyriel. Kalisha se débattit pour s’extirper de leur poigne. Elle courut vers son ami. Elle voulait au moins lui dire au revoir. Et si… Et si c’était la dernière fois qu’elle le revoyait. Ses larmes s’échappèrent en même temps que les mains l’agrippèrent pour l’éloigner manu militari vers le château.

- On va trouver une solution ! On va trouver une solution, je vous le promets ! répondit-elle entre deux sanglots tandis qu’on la trainait à terre.



La grille se referma sur lui et ses larmes redoublèrent. Ils allaient le trimballer ainsi dans les rues de la Cité comme un animal de foire. Et ils osaient se prétendre au-dessus des hommes.

Matthieu fut au moins satisfait que ses mots semblent trouver une raisonnence pour son apprentie. Bien, une bonne chose de faite. Le comte pour sa part sembla tenter de se rattraper un peu. Il hocha la tête. Après tout, qu'est-ce qu'il en avait à faire ? Il n'avait pas à s'en mêler, c'était ses affaires. Il hocha la tête.

- Bien entendu et je ne doute pas qu'elles retrouveront bien vite leurs esprits. Il suffira de temps, avec l'aide de la Parole du Seigneur.  

Il inclina la tête vers Cecilia quand elle lui assura qu'elle acquitterait de sa tâche. Bien, cela aussi, ce serait fait. Il esquissa un sourire aux encouragements du comte. lui non plus n'en doutait pas, il l'espérait même fortement. Il serra cependant les dents en apprenant que les gardes n'avaient rien trouvé de plus. Il aurait pourtant parié qu'il y aurait quelque chose de compromettant ! Bon, peu importe... Il y aurait toujours les fioles et les aveux des prostituées. Et il pourrait largement faire valoir l'envoûtement de ses dames avec l'appui du comte, d'autant qu'il y avait pléthore de témoins qui ne seraient sans doute pas près d'oublier cette altercation.

Il se ragaillardit cependant en voyant les gardes emmener Hyriel. Bien, le plus gros du travail était fait. Désormais, il n'avait plus qu'à, au mieux, obtenir des aveux. Il mènerait ensuite ce procès de front et se battrait comme un lion pour enfin prouver ses théories. Il allait d'ailleurs pouvoir écrire dès ce soit au pape et à la reine Alma pour leur apprendre son succès ! Il adressa une courte prière à Dieu et se signa alors qu'on menait le sorcier dans le fourgon. le sort était maintenant entre ses mains et cette facilité lui montrait, selon lui, que Dieu appuyait sa mission. Il irait au bout.

Avant de monter, il vit Kalisha se jeter auprès du prisonnier. Il haussa un sourcil.

- La solution sera de vous délivrer de ses maléfices, madame.

Il espérait malgré tout que le comte ne soit pas trop sévère. Après tout, ce n'était pas leur faute. Il grimpa alors, sans un mot, songeur. Il se mit à la fenêtre, songeant déjà à la suite. Malgré tout ses efforts, des mots et des images embrouillées continuaient pourtant à tourner dans son esprit.

 

Il secoua la tête. Encore un maléfice pour lui embrouiller l'esprit ! Mais ça ne marcherait pas, il resterait inflexible. Inflexible...