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le 28 décembre 1597 | Petit oiseau ne volera plus [terminé]

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Message par Alduis de Fromart Ven 5 Fév - 12:32

Meurs ! meurs ! meurs ! continuait de dire la voix d’Éléonore dans sa tête.

Il ne parvenait pas à se détacher de ses mots. Pas plus que de ses larmes ou de ses coups. Elle ne voulait plus jamais le voir. Il la comprenait, mais cette perspective faisait tout de même remonter un goût amer dans sa gorge. Le goût amer de la déception, celui qu’il connaissait par cœur. Non pas contre elle - du moins, pas vraiment - mais contre lui-même.

Mais si elle ne voulait plus jamais le voir, alors elle ne le verrait plus jamais. C’était, au fond, comme une promesse. Il s’arrangerait pour ne plus jamais être dans son champ de vision. Il lui devait au moins cela, puisqu’il avait tué sa raison de vivre.

Ariste… Alduis n’était plus aussi sûr de lui, désormais. S’il avait guéri ? Il ne savait plus quoi penser. Il marchait dans les jardins blancs. La neige craquait sous ses pas. Il avait mis une veste et avait mangé - surtout pour éviter les reproches d’Alexandre plus que par réelle envie - et progressait désormais dehors. La cadence naturelle de ses pas et les crissements de la neige sous ses semelles rythmaient le silence.

Soudain, une petite forme ronde attira son attention. Il s’attira, surpris et se tourna en direction de cette tâche inhabituelle dans la neige. Et pour cause : c’était un moineau.

Le cadavre d’un petit oiseau aux plumes brunes, constellées de perles gelées, repliées contre lui, le bec un peu entrouvert, les yeux figés et vides. Sans réfléchir, il s’approcha de ce petit corps inerte et froid. Il s’agenouilla juste à côté et le regarda sans bouger, sans respirer.

Comment était-il mort ? Le froid, la faim, avait-il eu raison de lui cette nuit ? Était-il mort seul, ici, glacé ? Sa famille le cherchait-elle encore ? Ou bien… Il ne sut pourquoi, mais il s’identifiait à cet oiseau immobile et mort. Doucement, il le prit dans ses mains. Il logeait dans ses mains en coupe, comme si cela avait toujours dû se passer ainsi.

Du bout de l’index, il caressa ses plumes fraîches et humides, ses ailes qui ne se déplieraient plus jamais. Mais ce petit cadavre-là, c’était la preuve que la vie était injuste. Pourquoi avait-elle pris la vie de cet animal - qui ne faisait de mal à personne ?

Il ne se rendit même pas compte qu’il venait d’échapper une larme. Une larme qui ouvrit le chemin aux autres. Il resta là, agenouillé dans la neige, le cadavre du moineau posé sur ses genoux, à effleurer ses plumes gelées de ses doigts.

— Pourquoi tu es mort ? murmura-t-il au petit oiseau. Pourquoi est-ce que tu ne vis plus…

Meurs ! meurs ! meurs !
Même ça tu ne sais pas faire !

Il secoua la tête, sans cesser de caresser le petit cadavre froid.

— Tu peux prendre un peu de ma vie, si tu veux, je t’en donne. Je t’en donne plein. Je te donne tout, même.

Mais c’était trop tard. Il était mort. Et même avec toute la volonté du monde, personne ne pourrait lui rendre la vie.
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Message par Alexandre Ven 5 Fév - 13:26

Ce matin-là, après avoir passé un peu de temps après son réveil avec son amant, pour surveiller que ce dernier mange un minimum et surtout pense à enfiler une veste, Alexandre avait quitté leur chambre pour s'attabler dans la salle à manger devant les assiettes de pâtisseries. Le miel coulait dans sa gorge et l'inondait de bienfaits. Son palais se régalait aussi de crèmes et de chocolat. Quelles merveilles que ces douceurs pour bien commencer la journée. Il descendit, conformément à ses habitudes, depuis son arrivée à Fromart, dans les cuisines et tint à féliciter l'équipe qui avait contribuer à préparer le petit-déjeuner. Les employés de cette partie l'accueillait désormais avec ravissement, enchantés de ces compliments et de cette exaltation pour leur travail. Alexandre demanda ensuite à connaître le menu du repas du midi et saliva à l'avance en entendant que ce serait un bon rôti de porc agrémenté d'une sauce. Cela promettait.

En remontant des cuisines, Alexandre se dirigea vers la bibliothèque lorsque par une fenêtre, en passant par un couloir, son regard surprit la silhouette d'Alduis dans les jardins. Il semblait ployé en deux, dans la neige. Un sentiment d'inquiétude se diffusa en son âme. Que se passait-il ? Deux jours plus tôt, son amant n'était pas rentré pour la nuit mais Alexandre avait cru à un simple empêchement. Au début. Pourtant, depuis hier, il sentait bien quelque chose n'allait pas. Un malaise. Mais il cachait une fois de pls ses sentiments. Curieux, le jeune homme ouvrit la fenêtre et tressaillit en l'entendant renifler.

Alduis pleurait.

Sans la moindre hésitation, Alexandre fit demi-tour et s'élança, aussi vite que ses jambes faibles le lui permirent vers l'entrée pour rejoindre son amant. Ses pas s'enfonçaient dans la neige. Comme cela se révélait pénible de progresser dans cette maudite couche blanche ! Tous les enfants adoraient la neige, lui l'avait toujours eu en horreur. En plus, certains de ces gamins s'amusaient parfois à incorporer des cailloux dans leurs stupides boules pour le viser. Vivement le printemps !

Lorsque le jeune homme fut enfin dans le dos de son amant, il l'enlaça spontanément, les bras autour de sa nuque. Alexandre s'apprêta à dire un mot, puis son regard découvrit le moineau inanimé entre les mains d'Alduis
.

"Oh non..."

Des larmes mouillaient déjà ses yeux qui contemplaient ce petit être qui avait perdu si tragiquement la vie.

"Ses parents... Ils doivent avoir si mal."

Tout en prononçant ces paroles, il embrassa la nuque de son amant et se pelotonna contre lui.
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Message par Alduis de Fromart Lun 8 Fév - 22:01

Pourquoi ce malheureux moineau était-il mort ? … et pourquoi lui était-il toujours en vie ? Il ne comprenait pas. Et il ne pouvait accepter ce qu’on lui disait toujours : de ne pas lutter contre ces états de fait. Comment ne pas en avoir envie, alors que cette existence qu’on lui avait imposé - et dont on privait d’autres êtres - était la plus injuste chose qu’il connaissait ? Une sélection naturelle ? La loi du plus fort ? Qu’importe. C’était idiot. Chacun aurait dû pouvoir décider de sa vie lui-même, sans pression extérieure. Peut-être, cependant, que c’était la fragilité de la vie, justement, qui lui donnait cette importance ? Il ne pouvait pas nier. Mais cela ne l’empêchait pas de se demander pourquoi les choses se passaient ainsi.

Était-ce la tristesse de savoir que ce petit oiseau ne volerait plus, malgré toute la bonne volonté qu’il pourrait y mettre, qui le faisait pleurer ? Ou alors la perspective de se dire que personne ne lui apporterait de vraies réponses à ses questions ? Les deux peut-être. En tout cas, de véritables rivières de larmes sillonnaient ses joues. Et cela pour un misérable moineau mort de froid. Quel militaire implaccable il faisait !

Soudain, il sentit une présence dans son dos. Il sut que c’était Alexandre avant que ce dernier ne le prenne dans ses bras. Il y eut une petite exclamation désespérée quand le jeune homme remarqua l’oiseau décédé. Alduis ne se retourna pas. Il continua de caresser le plumage de l’oiseau du bout de ses doigts rougis.

— Ses parents… Ils doivent avoir si mal.

Alduis ne répondit pas. Il secoua la tête. Ses larmes inondaient ses yeux. Elles semblaient intarrisables.

— Pourquoi je ne peux pas lui donner un peu de ma vie ? J’ai pas besoin de tout…

Il y en aurait bien assez pour remplir ce petit corps et lui insuffler une nouvelle vie. Et puis, peut-être ainsi deviendrait-il un peu un oiseau et pourrait-il prendre de la hauteur pour regarder le monde absurde des hommes du ciel ? Ce devait être amusant… Plus amusant que d’y être. Il secoua la tête et se laissa aller contre Alexandre, sans se soucier que ce n’était peut-être pas la meilleure idée du siècle si le jeune homme se trouvait en équilibre.

— Tu penses que c’est comment, d’être un oiseau ? Ça doit être bien… tu ne crois pas ?
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Message par Alexandre Lun 8 Fév - 22:30

Alexandre serrait les bras autour de la nuque de son amant sans tenir compte du vent glacial qui soufflait et s'infiltrait sous sa tunique. La vision de ce moineau, sans vie, dans les mains du noble lui arrachait le coeur à lui aussi. Pourquoi certains êtres devaient-ils mourir sans avoir rien vécu ? On appelait ceci la vie. On éludait ces questions, par souci de ne pas trop y réfléchir, mais cela n'enlevait rien fait que cela s'avérait toujours aussi douloureux et injuste.

Il se redressa en entendant son amant souhaiter pouvoir donner un peu de sa vie contre celle de cet oiseau. Son coeur se serra. cela lui rappelait ses paroles suicidaires. il tremblait, mais pas de froid, de frayeur.


"On ne peut pas ramener les morts, Alduis. Malheureusement."

Mais on ne pouvait agir sur les vivants. Les vivants... Une idée naquit en lui. Ses mains descendirent pour caresser les épaules d'Alduis.

"Mais on peut empêcher les vivants de mourir. Il y a de jeunes oiseaux qui meurent. De petits animaux. Mais il y a aussi en villes des enfants et des mendiants dans ces mêmes situations."

Il pencha la tête et embrassa la nuque de son amant.

"Toi, qui ne sait jamais quoi faire en ville, loin du front, Alduis, pourquoi tu n'irais pas nourrir ces gens qui risquent de mourir chaque jour de faim ou de froid ? Pour éviter qu'eux aussi ne deviennent de petits oiseaux sans vie."

Alexandre avait eu cette idée par une intuition, sans y réfléchir longtemps, mais songeait que cela pourrait constituer un but. Il aurait peut-être ainsi une raison de vivre. Un désir de se sentir utile. Le jeune homme le laissa réfléchir et resta blotti contre son dos. Il tressaillit de la question qui suivit. Qu'est-ce que cela faisait d'être un oiseau ? Malgré lui éclata de rire.

"Tu sais, j'ai déjà réfléchi à la question quand j'avais sept ans. C'était le jour où j'ai rencontré Ysengrin, un peu avant qu'on enfume mon père. Nous avions escaladé tous deux le chêne sur le parvis, tu le vois ? Et depuis la cime, nous observions le monde et Ysengrin a déclaré qu'il adorerait voler comme un oiseau. Découvrir le monde depuis là-haut, se sentir libre... Mais.. attends !"

Alexandre se retira et s'avança vers l'arbre le plus proche.

"Tu sais quoi, Alduis ? on a qu'à grimper là-haut et voir ce que ça fait d'être oiseau ! Tu viens ?"

Sans attendre sa réponse, Alexandre posa ses béquilles contre le tronc puis attrapa la branche la plus près de ses bras pour se hisser dessus. Contrairement à la dernière fois, quand il avait sept ans, il possédait plus de force et d'expérience. Le jeune homme rit en se tournant vers son amant.

"Alors, tu viens, Alduis ? Allez, je parie que j'atteins la cime avant toi !"
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Message par Alduis de Fromart Mer 17 Fév - 14:20

Les morts étaient morts. C’était une réalité inébranlable qui ne pourrait jamais se modifier. Et puis, n’était-ce pas ce qu’il trouvait réellement attirant dans l’idée de mourir ? L’idée qu’on le laisse, enfin, tranquille ? Rendre une seconde vie viendrait troubler ce calme qui s’installait. Mais ce petit oiseau… Ce petit oiseau-là, il aurait aimé pouvoir le voir s’envoler. Haut, très haut dans le ciel.

Les mains d’Alexandre caressèrent ses épaules. Il se retourna vers le jeune homme à sa proposition, sourcils froncés. Une chose lui échappait. C’était le propre du vivant que de s’accrocher à la vie… Certes. Mais pourquoi s’acharner autant ? C’était bien plus rapide de se donner la mort. Moins douloureux. Et surtout, moins humiliant.

Mais il sentait bien que ses perceptions sur le sujet étaient différentes de celles d’Alexandre. Sûrement alterées par la guerre, à bien y penser. La clémence du front n’était pas la même que la clémence des rues. Voilà un exemple. Peut-être que ces pauvres mendiants dans la rue souhaitaient que leur calvaire termine ? Que la Mort leur aurait rendu service en venant les chercher ? À la place, elle fauchait les moineaux.

Mais Alexandre avait raison. Loin du front, il s’ennuyait. Terriblement. Et Bérénice lui avait rappelé l’évidence quatre jours plus tôt : un jour, les conquêtes finiraient, faute de territoires. Que ferait-il de sa vie alors ? Cette perspective l’effrayait.

— Et même si je les nourrissais... murmura Alduis alors. À quoi cela servirait-ils au juste ? Dès le lendemain, ils auraient de nouveau faim. Ce ne serait que retarder l’échéance.

Les hommes n’étaient pas des oiseaux. Et voir des cadavres humains le déstabilisaient bien moins qu’un petit corps couvert de plume givrées entre ses doigts. Un givre qui fondait de plus en plus au contact de ses doigts, d’ailleurs. Qu’est-ce que cela faisait, de voir le monde d’en haut ?

Sa question fit rire Alexandre. Pourquoi ? Elle était idiote ? Ridicule ? Sa réponse fut néanmoins sérieuse. Et Alduis l’écouta avec une grande attention.

— Mais… attends !

Alexandre recula. Alduis le regarda aller vers l’arbre le plus proche et le regarder y appuyer ses béquilles en proposant de… monter ? Alduis le regarda comme on regarde un fou.

Monter à l’arbre. C’était ce que faisait les enfants pour s’amuser. Ils allaient le plus haut possible. Mais Alduis ne l’avait jamais fait. Peut-être pourrait-il toucher le ciel une fois en haut ?

Alexandre était rigolard. Et il semblait sûr de lui. Alors Alduis le suivit.
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Message par Alexandre Mer 17 Fév - 15:23

Tout en parlant, Alexandre continuait à prodiguer de douces caresses dans la nuque et sur les épaules de son amant. La seule vision de ce malheureux moineau, mort de froid, suffisait à réveiller les nombreuses cicatrices mal refermées de son âme. Pourrait-il un jour réussi à les refermer totalement ? Probablement pas. Il n'était pas assez naïf pour croire en une fable semblable. Même Adéis, du haut de ses quatre ans et demi, sans le formuler clairement, montrait avoir compris que son père ne reviendrait jamais complètement à la normal. Il ne le disait jamais parfois le jeune homme surprenait une tristesse dans ses yeux que le petit garçon réussissait plus ou moins à dissimuler. Fidèle aux consignes de son maître, Alexandre n'évoquait jamais le sujet et s'agenouillait pour le prendre dans ses bras et lui faire un gros câlin puis l'invitait à un jeu, histoire de dissiper cette crise. Sans doute cela n'éteignait pas entièrement la peine mais moins l'enfant pouvait songer à autre chose et prendre un plaisir sincère à une activité.

Que pouvait-il alors pour Alduis ? Rien. Sauf l'entourer de son amour et lui proposer des activités susceptibles de l'égayer et de le distraire de ses pensées tortueuses. Il avait eu cette idée de lui proposer cette idée de charité pour les plus misérables mais Alduis trouvait une réponse plus sombre. D'une certaine manière, il avait raison. Nourrir un mendiant une journée le ferait survivre un temps. Mais la faim reviendrait le saisir un peu plus tard. Un proverbe sur le sujet lui revint. Si on attrapait un poisson pour un homme, il mangerait un jour, mais si on lui apprenait à pêcher, il mangerait toute sa vie. Cette philosophie pourrait-elle s'appliquer dans leur exemple ? Dans un sens, Alexandre songea à la politique d'asservissement des mendiants, que l'on nommait cruellement parasites, du gouvernement. Grâce à cela, ces malheureux recevaient un repas par jour contre leur labeur. Certes, la liberté de décider leur manquait mais cela se révélait préférable à mourir de faim. Il continuait à méditer à toutes ces informations lorsque le souvenir de son amie Florentyna, qui finançait des artistes prometteurs, lui traversa l'esprit. Peut-être était-ce là l'inspiration qui lui manquait ?


"Dans ce cas, Alduis, pourquoi ne pas créer une structure, je ne sais dans quelle forme, qui proposerait un emploi exclusivement aux miséreux ? De sorte, ils gagneraient de leurs efforts leur pain à la fin de la journée et pourraient décider de revenir ou non le lendemain. Qu'en dis-tu ?"

La conversation changea pour aborder le vol libre des oiseaux, pouvant aller n'importe où, sans crainte d'être arrêtée. Quoique... Ils devaient avoir bien quelques prédateurs. Ou des chasseurs. Il se rappela lors de sa visite à Monthoux de la collection glaçante dans le hall d'entrée. De toutes ces têtes d'animaux... Il n'avait rien contre la chasse mais l'exhibition morbide de ses trophées lui laissaient un goût amer. Néanmoins, son esprit oublia vite ces considérations, amusé par la question innocente qui le ramenait en enfance.

Sur un coup de tête, Alexandre s'élança pour se suspendre grâce à ses bras à une des branches les plus basses et se hissa dans l'arbre. Il commença à grimper dans le chêne et sourit d'apercevoir son amant le suivre et le rejoindre. Cela allait être si amusant ! Les prises lui venaient naturellement et il constatait posséder bien plus de force que lorsque Ysengrin et lui avaient escaladé l'arbre emprisonné dans le parvis de l'église Saint-Eustache. Malgré sa faiblesse, qui semblait le rendre inutile aux yeux de ces valides condescendants, il disposait de plus de forces que dans son enfance. Il se décida cependant à ralentir pour ne pas prendre trop de distance avec son amant.


"C'est amusant de grimper, non, Alduis ?"

Leur ascension se termina à al cime, là où Alexandre se s'assit sur l'une des longues branches et attendit que son amant vienne faire de même. La vue de cette hauteur se révélait absolument sublime. Le pâle soleil matinal irradiait cette neige immaculée qui recouvrait le sol. Les fumées des cheminées de Braktenn s'élevaient dans le ciel et certaines se croisaient. Son regard se tourna vers la forêt d'Aiguemorte, aux arbres nus, là où vivait son meilleur ami.

"C'est beau, non, Alduis ?"

Son index pointa la forêt et il ajouta avec fierté :

"Là-bas vit mon meilleur ami ! Celui qui m'a appris à grimper aux arbres. Et à marcher sur les mains aussi ! Mais là, je ne suis pas aussi doué. Hier, j'ai essayé pour distraire Adéis mais il a bin plus ri en me voyant m'écrouler sur le plancher !"
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Message par Alduis de Fromart Jeu 4 Mar - 11:13

Une structure de charité pour les miséreux ? Alduis regarda Alexandre comme on aurait regardé un fou. Parce que c'était absurde. Pas de projeter une telle chose, pourquoi pas après tout ?, mais imaginer que lui, Alduis de Fromart, en serait capable. Il n'était pas un saint, même s'il avait certainement l'air d'un ange déchu avec ses cheveux plus blonds que les blés.

Il n'avait pas trouvé le courage de répondre. Il avait préféré se taire, une fois de plus, plutôt que de se risquer à dire une bêtise. Cela arrivait tellement souvent. Blesser Alexandre était la dernière chose qu'il aurait voulu faire.

Ils étaient montés aux arbres. Alexandre l'avait attendu dans son ascension. Cela semblait être une activité que le jeune homme avait déjà expérimenté quand Alduis n'y avait jamais pensé. Ni dans les premières années de sa vie, où il restait sagement assis dans un coin à empiler des cubes de bois, ni dans les années qui suivirent où il préféra jouer aux poupées plutôt qu'aux casse-cous. Son intérêt pour les robes et les cheveux longs, qu'il prenait des heures à coiffer, avait fortement décroît entre temps.

Amusant de grimper ? Il n'aurait su dire. Une chose était sûre : cela demandait une concentration nécessaire et repoussait hors des limites de son esprit les voix parasites. Sûrement aurait-il dû répondre… Il s'en abstint une fois de plus, par manque de confiance en lui. Les mots, les beaux mots, les mots adéquats, il ne les connaissait pas. Il ne savait pas les utiliser.

Ils finirent par atteindre les plus hautes branches. Alduis s'assit aux côtés d'Alexandre. La vue avait quelque chose d'envoûtant. Il avait rarement vu de plus beaux paysages, en y réfléchissant bien. Ou bien n'avait-il jamais pris le temps de les observer.

— Oui, approuva-t-il doucement, dans un souffle.

Le jeune homme désignait déjà la forêt. Alduis sourit en l'écoutant évoquer son meilleur ami. C'était amusant. Encore quelques temps plus tôt, cette expression aurait été vide de sens, pour lui. Désormais, les choses étaient différentes et il savait de quoi il en retournait. Il avait un meilleur ami lui aussi. Un Zakrotien.

Alduis laissa ses yeux se perdre dans les cimes des arbres lointains. Il repensa à Éléonore et à leur entrevue. À ses propos qu'il ne parvenait pas à se sortir de la tête. Il soupira. Et sans le regarder, il murmura, les yeux perdus vers des horizons inaccessibles à quiconque ne faisait pas partie de lui :

— Tu sais, le mois dernier, quand on a parlé de mes amants ? Eh bien… je ne t'ai pas tout dit. Il en reste encore deux. Mais j'ai peur de te raconter.
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Message par Alexandre Ven 5 Mar - 11:55

Alexandre appréciait de retrouver le contact de l'écorce et de grimper lentement dans l'arbre jusqu'à sa cime. Le bois contre la paume de ses mains était rugueux mais agréable. Il se rappela de cette ascension dans le chêne du parvis de Saint-Eustache, à tenter de battre Ysengrin. Comme s'il aurait eu réellement des chances d'y parvenir. Un soupir lui échappa. IL se comportait bien en presque-bébé à cette époque, croyant tout savoir mais ne savant rien.

Au sommet de l'arbre, le regard du jeune homme s'émerveilla des beautés de la nature et se perdait dans cette contemplation immaculée. La neige recouvrait les forêts et les plaines. Les arbres de la forêt étaient nus, tremblant légèrement à cause du vent. Les oiseaux volaient dans le ciel, libres.

Au milieu de sa contemplation, Alexandre perçut la voix douloureuse de son amant et se rapprochant, posant la main sur sa cuisse. Il se rappelait effectivement de cette conversation, surtout pour avoir vomi à un certain passage. Alduis avait mentionné avoir connu quatorze homes et en avait évoqué douze. Il en manquait deux. Le jeune homme ressentait de la culpabilité dans sa voix et il se décida de l'décourager.

"Alduis... Tu peux tout me dire. Quoique tu as vécu. Quoique tu as fait. Souviens-toi, le mois dernier, j'ai dénoncé mon meilleur ami. J'aurais pu lui causer des ennuis terribles. Alors... Alors, peu importe de quoi il s'agit, je le comprendrai et je le pardonnerai."
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Message par Alduis de Fromart Ven 5 Mar - 12:22

Alexandre se montrait compréhensif. Il se rapprochait et posait une main sur sa cuisse, pour l’encourager. Il pouvait tout lui dire, c’était ce qu’il lui assurait à l’instant même. Oui, mais il ne savait pas ce qu’il avait à lui dire, justement, comment pouvait-il être sûr de tout pouvoir entendre ?

Dénoncé son meilleur ami… Oui… Mais ce n’était pas si grave que cela… Et puis il ne lui était rien arrivé... et… Alduis secoua la tête. Il se prit la tête dans les mains. Il vit le vide en dessous de lui. S’il tombait, maintenant, il pourrait mourir. Cette perspective le rassura, quand elle aurait dû au contraire l’affoler. Mais il n’y pouvait rien, s’il trouvait la mort apaisante.

Alduis avait déjà du mal à trouver les mots dans des circonstances normales, mais cette fois, les choses se révélaient être mission impossible. Non, il ne voyait pas comment annoncer cela. Il ne voyait aucune manière de le dire. Il avait beau tourner, et retourner, et retourner encore, les propos dans son esprit, rien ne venait. Il était plus sec qu’un linge essoré.

Tu sais, j’ai aimé deux hommes dans ma vie, et je les ai tués tous les deux. Et si je finissais pas te tuer aussi ? Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas le dire ainsi !

Au fond de lui, il ne pouvait pas non plus s’empêcher de repenser à Éléonore. Elle lui avait dit qu’elle ne l’abandonnerait jamais. Elle le lui avait dit sans le savoir. Il s’était senti obligé de s’en ouvrir. Il ne pouvait pas lui laisser faire une telle chose sans qu’elle ne sache ce qu’il avait fait. Il avait cru, brièvement, qu’elle le prendrait bien. Mais c’était ridicule. Comment aurait-elle pu le faire ? Elle avait eu une réaction humaine.

Comme Alexandre, elle l’avait encouragé à parler et à se confier, elle avait répétait ces quelques mots : je t’écoute. Et maintenant, elle ne voulait plus jamais le voir. Il la comprenait. Parce qu’il avait tué la personne qu’elle aimait le plus.

Mais il ne pouvait se détacher de cette idée. On ne pouvait jamais être sûr de la réaction des gens avant de leur avoir parler et… Alors il avait bel et bien peur d’avouer cela à Alexandre. Il secoua encore la tête.

— Je… Je ne sais pas par où commencer… Je ne sais pas ce que je dois dire… Je ne trouve pas…

Comment faisaient-ils pour parler si facilement, tous autant qu’ils étaient ? Bérénice, Eldred, Alexandre et Éléonore. Les mots s’enchaînaient naturellement sur leurs langues, sans heurt. On aurait pu lui dire de commencer par le début, mais… encore fallait-il savoir ce qu’était le début de cette histoire ? Il avait la sensation que la cicatrice sur sa joue le brûlait.

— Tu as de la chance, Alexandre, tu sais toujours quoi dire, toi. Et aussi comment le dire. Alors que pas moi… Moi je ne sais jamais.
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Message par Alexandre Ven 5 Mar - 13:21

Un silence s'installait entre entre et Alexandre le respecta, sa main toujours posée sur la cuisse de son amant. Avouer des confidences douloureuses prenait du temps. Pour tout le monde. Il respecta son besoin de silence et de concentration, demeurant fidèlement à ses côtés, à attendre. Finalement, Alduis commença à parler mais déclara ne pas avoir par quoi penser. Le jeune homme réfléchit et reprit :

"Dans ce cas, quel est le nom de celui que tu souhaites me parler ? C'était un soldat lui aussi ?"

Il se souvint que son amant avait mentionné que tous avaient péri. Dans les souffrances atroces. Sa main caressa lentement la cuisse d'Alduis.

"Comment.... est-il mort ?"

Grâce à ces questions, cela aiguillonnait Alduis et lui permettrait de se concentrer. Son amant lui adressa alors une confidence, un compliment, mais Alexandre grimaça.

"Je suis habile avec les mots mais parfois mes mots blessent. Cela est arrivé plus d'une fois. Le langage n'(est pas chose facile, Alduis, et personne, même le plus avisé des orateurs, n'est jamais plus en danger qu'à partir du moment où il ouvre la bouche."
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Message par Alduis de Fromart Sam 6 Mar - 17:24

Il avait beau chercher les mots, Alduis ne les trouvait pas. Il avait peur de la réaction d’Alexandre. Il se tordit les mains. Mais Alexandre vint à sa rescousse en orientant la discussion.

Leurs noms. Il avait raison, c’était une bonne manière de commencer. Alduis hocha la tête, baissa les yeux sur ses mains et se racla la gorge :

— Mathurin Auvray et Ariste de Tianidre. Ariste était soldat, mais pas Mathurin. Lui, il était juste… le fils d’un artisan.

Il se tut de nouveau. Et ensuite ? Il avait dit leurs noms. Par où fallait-il continuer ensuite ? Il ne savait pas vraiment. Ce n’était pas facile de parler ! Si Alduis parvenait à anticiper les mouvements d’une lame à l’avance, ceux d’une langue lui demeuraient inconnus et foutrement mystérieux. La question suivante était plus difficile, et il n’osa pas y répondre immédiatement.

Il suffisait d’en parler pour qu’il le revoit.
Ariste qui semblait soudainement petit dans ce lit, fragile. Ariste qui lui demandait de rester jusqu’à la fin.
Et Mathurin. La flaque de sang entourant son corps disloqué.

Parfois, il se disait qu’Ariste aurait peut-être survécu à la maladie, mais il trouvait cela plus simple à se dire. Parce qu’il n’aurait pu rester sans rien faire à le regarder agoniser. Il l’avait achevé, il lui avait offert une mort digne.

Ce n’avait pas été le cas de Mathurin. Il l’avait poussé dans le vide. Ce n’était pas une question d’achever quelqu’un pour éviter qu’il souffre, ni même de tuer un homme à la guerre. Ce n’était pas du tout la même chose.

— Moi aussi, je vexe les gens, quand je parle, répondit Alduis. Et je les vexe aussi quand je ne parle pas. Alors je ne sais plus quoi faire.

Il releva la tête et regarda la lisière de la forêt. Avant d’avaler sa salive et de commencer. Mais pas par la question de leurs morts. Pas encore.

— Tu sais, ma cicatrice… C’est moi qui l'ai faite.

Il avait conscience que c’était une information lâchée sans préambule mais Alexandre avait sûrement l’habitude maintenant. Il lui laissa à peine le temps de réagir avant de reprendre, tout aussi brutalement :

— Et il y a deux ans, j’ai eu le typhus.
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Message par Alexandre Sam 6 Mar - 18:09

Alexandre se rapprochait du corps de son amant pour poser la tête contre son épaule, plaçant en même temps u=le bras autour de ses épaules. Son autre restait sur sa cuisse et continuait avec lenteur ses caresses. Il l'entendait répondre difficilement à ses questions et révéler ces deux derniers noms. Un soldat et finalement un fils de tanneur. Sa curiosité naturelle s'éveilla. Comment lui un noble avait-il pu rencontrer un simple artisan ? Surtout un tanneur. Ce n'était pas un commerce où ils iraient spontanément. Ils préféreraient envoyer un serviteur ou un esclave.

"Comment l'as-tu rencontré ce Mathurin? Un fils de tanneur... C'est loin de tes fréquentations. Ou tu l'as lui aussi protégé d'un homme alors que Mathurin protégeait une de tes esclaves ?"

Une légère allusion à leur toute première rencontre. Cela éveillerait peut-être de bons souvenirs à Alduis et lui permettrait de se détendre un peu. Dans le silence qui s'installait entre eux, les questions revenaient assaillir son esprit en ébullition. Il se rappela à un instant de la peur terrible de son amant lors de leur première nuit ensemble. De sa supplique à ne jamais revenir à Fromart. Il n'eut pas à réfléchir longtemps. Cette affaire impliquait certainement Coldris et celui-ci avait cru pouvoir se débarrasser habilement de la tentation de son fils par un moyen extrême, pensant peut-être que cela le débarrasserait de ce qu'il croyait être une passade.

"Alduis..."

Il prit une longue hésitation et se décida à poser la question sans détour.

"C'est ton père qui l'a tué ? Ou fait tuer. C'est bien cela ?"

Alduis se mit ensuite à se confier sur sa peur de ne jamais savoir comment parler. Ou quand. Il se rapprocha et l'embrassa sur la joue.

"Quand tu doutes, viens me demander. Je t'expliquerai."

Alexandre se figea ensuite en entendant l'origine de cette cicatrice qui défigurait son visage. Il pensait que celle-ci était la suite d'une blessure de guerre. Pourtant, la réponse ne l'étonnait pas. Il comprenait pourquoi. C'était un moyen ridicule pour contrôler cette homosexualité imposée et que la société affirmait honteuse. Il soupira. Sans que ce soit de la lassitude. Uniquement par fatalisme.

"Dans l'espoir de contrôler tes ardeurs ou tes désirs, non ? Moi, une fois, quand j'ai su... Un soir, j'ai frappé mon sexe. J'ai pensé sur le moment, après une érection provoquée en voyant un homme, que si je le frappais, comme quand on frappe un enfant pour le corriger après une bêtise, que ça le rééduquerait."

En revanche, l'information l'étourdit. Alexandre tressaillit et observa Alduis, l'esprit encore ayant du mal à comprendre.

"Tu... le typhus..."

Les mots et les pensées venaient de s'égarer.
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Message par Alduis de Fromart Sam 6 Mar - 19:07

L’idée que Mathurin ne soit pas un soldat sembla surprendre Alexandre. Et pourtant, c’était ni plus, ni moins, le cas. Mathurin n’était que le fils d’un petit tanneur, réputé certes, mais sans grande envergure. Une famille qui avait connu une triste fin… et tout cela parce qu’Alduis avait eu le malheur de tomber amoureux.

Mais comme les questions orientaient plus facilement sa réflexion, Alduis put plus facilement parler. Quand bien même, il devait lui raconter.

— J’ai simplement été dans leur boutique, répondit-il spontanément.

C’était peut-être alambiqué, qu’un noble se déplace en personne dans la boutique d’un petit artisan. Cela surprenait Alexandre, et il n’en avait pas été différent de Mathurin, quand il était entré dans la boutique.

— Je n’aime pas que les gens fassent les choses à ma place, précisa-t-il alors.

Il était venu pour une chose bien particulière. Il s’était attendu à tomber sur un vieux bonhomme… il avait rencontré le fils. Et il n’avait pu s’empêcher de revenir, d’autres fois, en inventant des prétextes pour retourner dans cette boutique… et espérer de nouveau être accueilli par Mathurin.

— C’était étrange… J’avais à la fois très envie de le revoir et en même temps, je… savais que je ne devais pas.

Il avait toujours eu la sensation que c’était une erreur. Que cela n’apporterait rien de bon. Et il avait eu raison, la suite l’avait amplement prouvé. Il arrêta de respirer quand Alexandre reprit. Son père… Sa gorge se noua. Le corps déchiqueté s’imposa encore à son esprit et il secoua la tête.

— C’est pas lui.

Sa voix était déjà faible, mais elle baissa encore d’un ton quand il ajouta :

— C’est moi qui l’ai poussé dans le vide… J’avais peur… Mon père avait déjà ruiné toute sa famille, et...

Tu tiens donc tant que cela à lui ?
Alors dis-moi donc… A combien de vies estimes-tu celle de ton cher petit Mathurin ?

Alduis retint un frisson et il secoua encore la tête. S’il n’avait pas été au sommet d’un arbre, il se serait roulé en boule. Il n’aurait jamais dû retourner le voir. Il n’aurait jamais dû tenir tête à son père. Mathurin serait encore là à l’heure actuelle.

Parfois, il repensait à la scène. Et il changeait le cours des choses, en imaginant un bref instant qu’il ne l’avait jamais poussé dans le vide. Il aurait dû le serrer très fort contre lui. L’embrasser encore et se noyer dans l’euphorie. Lui dire qu’il l’aimait, lui aussi. Il aurait dû partir avec lui, loin, très loin, fuir son père et ses menaces. Il n’aurait hérité de rien, et alors ? Il aurait dû déserter, même. Tout plutôt que de le pousser dans le vide.

Les larmes lui brûlaient les yeux, mais il serrait les mâchoires si fort qu’il arrivait à les contenir. À grande peine. Il secoua la tête. C’était ridicule, de pleurer pour un cadavre. Il ne pouvait plus rien changer. Et même s’il regrettait, c’était trop tard. Il était mort. Mort. MORT. Le crâne éclaté sur des saloperies de maudites roches acérées de merde !

Il pressa ses paumes contre ses paupières pour chasser les larmes qui continuaient de se presser. Alexandre soupira.

— Je… je me disais que si j’arrivais à me défigurer suffisamment, il allait fuir. Je voulais qu’il parte. Que plus personne ne me trouve beau.

Mais les choses n’avaient pas exactement fonctionné comme il le voulait, et il avait été idiot de croire le contraire.

Quant au typhus… c’était une blessure qui restait béante à l’intérieur de son ventre.
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Message par Alexandre Dim 7 Mar - 16:47

Alexandre écouta le récit que lui conta Alduis en évitant de trop marquer sa surprise sur la singularité de cette rencontre. Il se rappelait effectivement que son amant se montrait d'un caractère indépendant, peu enclin à déléguer. Son imagination galopait et il ne pouvait s'empêcher de le visualiser dans une rue, passant la porte du magasin de tanneur et s'arrêtant devant un jeune homme d'une extrême beauté. Ils échangeaient sûrement quelques mots, des banalités... Avaient-ils osé se toucher une fois la main ou le bras ? Alexandre secoua la tête. Non, il ne devait pas y penser. Cela ne le concernait pas. Et à ce moment des faits, lui devait encore bien jeune, bien loin de s'intéresser à l'amour et à la sexualité. Il attendait encore, naïvement, de plaire à une femme et que celle-ci lui plaise aussi. Son esprit se raccrocha à la conversation et il sourit tristement de l'entendre ce déchirement à désirer se revoir et savoir que cela s'avérait répréhensible.

"Sn appelle ça l'amour..."

Les paroles de son maitre résonnaient dans son esprit. Il avait promis ce poste de secrétaire et avait ajouté qu'un jour, dans de nombreuses années, lui le garçon issu d'une classe sociale, devenu esclave, pourrait éventuellement siéger au Conseil et y défendre ses idées. Ses idées.. Une l'intéressait particulier : dépénaliser l'homosexualité. Il n'avait que peu confiance en Coldris sur ce sujet et le voyait pas se battre pour soutenir une chose qui le répugnait. Il attendrait. En silence. patiemment. Mais un jour, lui mettrait à terme à toutes ces exactions qui se permettaient pour le crime d'aimer une personne de même sexe. Alexandre envisageait de faire la promotion de ces relations par le truchement de l'art et de la culture. Les mentalités devaient changer en même temps que les lois. Ce serait dur. Il en en avait conscience. Mais un jour, il le ferait.

Alduis avait du mal à s'exprimer, l'esprit parasité par ces souvenirs pénibles. Alexandre remonta la main pour effleurer avec tendresse son torse. Il s'étonna que sa déduction ne soit pas correcte, puis supposa alors à une maladie ou un accident. La révélation qui vint le fit sursauter. Alduis... Alduis avait tué son amant. Un vertige le saisit, brusquement effrayé, puis il se se rappela de ses inventions épouvantables proférées sur Tristan. Dans l'unique but de se faire bien voir. Il soupira.


"je comprends, Alduis;"

Lui n'avait pas été aussi extrême mais il n'était pas un guerrier. Par ailleurs, laisser courir de sales rumeurs sur une personne que l'on avait aimé, il lui semblait que c'était plus cruel que de le tuer. Il soupira.

"'Cette société nous pousse à commette le pire. Pour se conformer. Moi, j'ai sali l'honneur et la réputation de mon ancien amant. Tristan. J'étais terrorisé que notre aître apprenne notre relation. alors, quand il attrapé la variole , j'ai raconté que c'était un châtiment divin pour la vie de débauche que Tristan aurait mené et je me vantais, moi, d'avoir été vertueux et tenté de le raisonner. "

Alexandre se sentait terriblement honteux pour avoir eu une pareille idée. Il tourna la tête et vit Alduis qui semblait se retenir de pleurer. Il lui prit fermement le bras et dit :

"Alduis. Pleure. Maintenant."

Qui avait-il décrété que les larmes seraient honteuses ? D'ailleurs, dans l'Iliade, les puissants héros grecs pleuraient souvent. Sans retenue. Les Anciens n'y voyaient aucune connotation de faiblesse. Uniquement l'expression de regrets sincères.

"Si Achille, la terreur des Troyens pleurait, sans que personne n'a jamais trouvé à redire, Alduis, tout le monde peut pleurer. Alors... Pleure. Pleure. laisse le chagrin s'évacuer enfin."

Sa main continua en même temps à caresser son torse. Tendrement. Avec toute son affection. Le geste se figea quand son amant lui révéla avoir souffert du typhus deux ans plus tôt. Il connaissait cette maladie effroyable qui décimait les armées et parfois mêmes les populations civiles. Il pensait naïvement que cela ne touchait que les personnes fragiles, pas des guerriers comme Alduis. mais il ne devait pas le dire.

"Alduis... Tu es vivant maintenant. Tu as tripmphé de cet adversaire, comme tous ceux que tu as déjà affronté."

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Message par Alduis de Fromart Dim 7 Mar - 22:39

Il était tombé amoureux de Mathurin. Quand exactement ? Il ne savait plus trop. Peut-être dès le premier jour au fond. Quoi qu'il en soit, ce fils de tanneur lui avait fait bien plus d'effet qu'il n'aurait dû en réalité. Alduis se souvenait bien, avoir pensé à cette rencontre inattendue des heures dans son lit. Et à se remémorer son sourire. Quel idiot. Un sourire, et il s'était consumé de l'intérieur comme une jeune fille en fleur.

Combien de fois avait-il décidé de ne plus jamais aller le revoir ? Et combien de fois avait-il cédé à la tentation ? Beaucoup trop de fois pour les compter. Même pour lui et sa mémoire exceptionnelle.

Si tu pouvais changer le monde Alduis, si tu pouvais faire ce que tu voulais, qu'est-ce que tu ferais ?

Alduis releva les yeux vers le ciel quelques secondes. Il faisait beau ce jour-là et ils étaient là, à regarder les nuages. Il n'avait pas su quoi répondre, alors. Aujourd'hui, il savait. Aujourd'hui, il revivrait cette maudite journée et il ne le pousserait pas dans le vide. Il le garderait contre lui.

Seulement, les morts étaient morts. Il était bien placé pour le savoir. Mathurin n'était plus qu'un tas de poussière depuis bien longtemps. Et ce petit moineau qu'il avait trouvé au bas de l'arbre serait bien vite dans le même état. Si Mathurin avait été un oiseau, il aurait pu s'envoler, lui aussi...

La réponse de Alexandre le surprit et lui fit soudainement relevé les yeux. Il avait bien dit... qu'il comprenait ? Vraiment ? Il lui jeta un regard et avala sa salive. Ses yeux continuaient de brûler, comme s'ils avaient pris feu dans leurs orbites. Alexandre soupira. Certes, il avait proféré de mauvaises choses contre Tristan mais lui au moins ne l'avait pas poussé dans le vide. Parfois, il se disait que c'était ce qu'il aurait dû faire. Le vexer. Le vexer tellement qu'il n'aurait plus voulu de lui.

— Mon père a ruiné toute sa famille à cause de ça. Tout ça pour que je mette fin à la relation, raconta-t-il, plus librement maintenant qu'Alexandre avait compris. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas, en sachant qu'il était juste là et... j'ai essayé, plein de fois. Je l'ai poussé dans le vide... Je ne sais pas pourquoi, je me suis penché pour regarder.

Il aurait dû tourner les talons sans un regard pour le corps, pourtant. Car maintenant...

— Je n'arrive pas à oublier... Tu sais ce que ça fait de...

Il ne termina pas sa phrase. Sa voix se brisa. C'était encore pire que les champs de bataille. Et même si le feu continuait de progresser, de ses yeux il allait vers son cerveau, il n'arrivait pas à laisser les larmes venir vraiment. Achille avait pleuré ? Peut-être.

— Oui mais moi, je ne suis pas Achille. Je ne suis même pas un héros.

Il n'était qu'Alduis. Et si Achille pouvait se permettre de pleurer, parce qu'il n'avait plus rien à prouver à personne, ce n'était pas son cas à lui. Il avait promis plusieurs années en avant, que personne ne verrait plus jamais à quel point il avait mal. Pourquoi sa volonté s'effritait-elle ainsi, comme neige au soleil ? Il avait la sensation que s'il commençait à pleurer maintenant, jamais plus il ne s'arrêterait. Il se transformerait de nouveau en statut de sel. Il secoua la tête.

Mais c'était faux. Alduis était loin d'avoir vaincu tous les adversaires qui lui avait fait face. Il savait faire face à une épée sans trembler, même la mort ne lui faisait pas peur... et pourtant, il lui suffisait de se retrouver seul dans le noir avec les ombres de la nuit pour que ce soit le cas.

Il serra les dents mais se laissa aller contre Alexandre. Il dit alors, simplement :

— Éléonore a dit qu'elle ne voulait plus me voir. Elle a dit que j'étais un monstre. Et elle a raison.

En témoignait la dépouille de Mathurin Auvray, le premier homme qu'Alduis avait un jour aimé. Et qu'il avait tué parce qu'il avait été incapable de faire face au plus grand des adversaires : la peur.
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Message par Alexandre Lun 8 Mar - 17:22

Alexandre se serrait contre son amant, en silence, et remontait les mains vers son torse pour imprimer de légères caresses dans l'espoir de l'apaiser. Il l'entendit finalement raconter ce qui s'était passé avec ce Mathurin. Coldris avait ruiné sa famille dans l'espoir de faire comprendre à son fils qu'il devait s'éloigner de celui dont son coeur s'était épris. Cela ressemblait parfaitement aux manières froides du ministre de procéder. Il songea à ses propres projets. Lui aussi prévoyait des idées similaire. Contre le libraire Bellanger quia avait ruiné son enfance et détruit l'existence de sa mère. Contre son oncle également, le frère de sa mère. Il se appelait vaguement de sa mère quand lui 'était qu'un enfant. Il savait en revanche qu'au décès de l'un ses oncles, cet Henri avait réussi à éloigner sa sœur cadette, avec ses trois filles, sans rien leur attribuer, les obligeant à survivre de leurs faibles moyens. Le jeune homme méditait encore sur une action contre lui. Envers le libraire Bellanger, le ruiner ne causerait de préjudices à personne d'autre que ce misérable. En revanche, Henri Agaësse avait une épouse et de jeunes enfants, des cousins qu'Alexandre n'avait jamais vu. Leur présence le gênait. Il réfléchirait encore au sujet de cet oncle et au moyen de le faire payer du traitement odieux que celui-ci avait réservé à ses deux sœurs. mais il ne souhaitait pas agir aussi durement que Coldris. La vengeance, peut-être, mais avec humanité.

Il rejeta ces pensées pour se concentrer uniquement sur Alduis et ses paroles. Il ne voyait pas quoi lui répondre. Que dire à de pareilles confidences ? Alors, comme les mots étaient inefficaces, Alexandre se serra contre lui et l'enveloppa de ses bras.


Lorsque Alduis corrigea sa déclarationet prétendit n'être ni Achille, ni un géros, Alexandre se redressa et riposta avec insolence :

"Ben non ! Achille, il a péri stupidement à cause d'une flèche à la cheville ! Et il n'a fait qu'une seule campagne ! Alors que toi, Alduis, tu reviens de toutes tes batailles victorieux ! T'es plus fort que lui et que n'importe quel héros grec !"

Il posa un baiser sonore sur sa joue.

"Et encore mieux, t'es mon héros à moi !"

Mais ses paroles ne l'aidaient pas réellement à se sentir mieux. Il continuait à déprimer. Alexandre s'en attristait puis se mit à sursauter au nom cité.

"Eléonore. ? Comme la femme de l'église ? Mais elle est gentille ! Elle s'inquiète pour toi ! Elle n'a pas pu te dire une chose pareille !"

Alexandre
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Message par Alduis de Fromart Mer 10 Mar - 21:50

Alduis ne pouvait pas oublier ce qu'il avait fait. D'une part parce que cela était bien trop enfoui en lui, de l'autre parce qu'il n'oubliait rien. Il se souvenait avec précision de cette image sanglante. Et il savait qu'il en était le responsable. Il serra les poings. Les ongles de sa main droite entrèrent dans sa paume.

Alexandre vint le serrer dans ses bras et cela l'apaisa quelque peu. Ses yeux se posèrent néanmoins sur le sol en contrebas. Ce ne serait que justice, s'il tombait à son tour. S'il connaissait le même sort. Non, il n'était pas Achille, ni aucun autre héros grec. Il ne le serait jamais.

Mais Alexandre protesta. Surpris, Alduis le regarda. Il ne sut quoi répondre. Les commissures de ses lèvres tremblotèrent, comme si elles hésitaient à sourire. Ses derniers mots eurent raison d'elles : elles se soulevèrent en un sourire sincère. Il n'avait pas besoin d'être un héros aux yeux de tous, s'il l'était pour Alexandre. Ça lui suffisait.

Son sourire ne fut que trop fugace. Bientôt il s'éteignit. Éléonore. Elle ne voulait plus le voir, et elle avait raison. Alduis la comprenait. Il secoua la tête comme Alexandre s'en étonnait.

Elle s'inquiétait pour lui... Oui, mais ça, c'était avant de comprendre. Avant de savoir à quel point il était responsable de son malheur. Comment aurait-il pu le lui cacher plus longtemps ?

— Elle n'a pas pu te dire une chose pareille !

Alduis serra ses mains l'une contre l'autre.

— C'est justifié, répondit-il.

Ô combien justifié.

— Tu sais... Ariste... Ariste de Tianidre. C'était ... C'était son cousin ...

Il secoua la tête, se tordit encore plus les mains.

— Ariste est tombé malade, en avril. Il a eu le typhus lui aussi. Et... et je n'ai pas réussi à le regarder agoniser sans rien faire, je ne pouvais pas, c'était trop dur. Il ne méritait pas de mourir dans sa pisse.

Il lui avait offert une mort digne. Une mort de soldat. Il comprenait qu'Éléonore lui en veuille. Elle avait toutes les raisons du monde.

— Je ne la connaissais même pas... et c'est comme si je l'avais tuée elle aussi... En même temps. J'ai tué une inconnue, j'ai tué quelqu'un sans même la connaître...

Mais lui, il avait désespérément besoin que quelqu'un lui dise qu'il avait bien fait. Il jeta un regard implorant à Alexandre :

— Tu comprends ? murmura-t-il. Tu l'aurais fait, toi ? Je veux dire... l'achever ? Pour qu'il ne souffre pas, qu'il ne souffre plus...
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Message par Alexandre Jeu 11 Mar - 10:04

Alexandre étreignit longuement son amant entre ses bras et espéra que ses mots avaient enfin réussi à le toucher. Oui, il était son héros. Celui qui faisait tambouriner si fort son coeur. Celui qui lui faisait appréhender une nouvelle guerre et cette possibilité que le grand soldat qu'il fut ne revienne pas. Cette pensée-là le terrifiait. Mais Alduis n'était pas Achille. Il préférait le visualiser en Ulysse, écartant rapidement de son esprit une idée dérangeante qui essayait de s'insinuer. Un Ulysse qui reviendrait de Troie, qui aurait vu beaucoup de ses camarades tomber, qui aurait effectué un long voyage, mais il en ressortirait indemne pour le trouver lui, en Pénélope fidèle, au bout de ce long chemin tortueux.

Mais d'autres tourments revenaient hanter son malheureux Alduis et Alexandre l'écouta, sans comprendre, essayer de lui expliquer pourquoi cette Eléonore, qui lui avait paru si gentille, si intelligente, pourrait le détester. Au contraire, elle s'inquiétait au sujet du jeune homme et que celui-ci se fasse surprendre en public avec un homme dans une position interdite. Tos deux avaient discuté et il l'appréciait.

Perplexe, Alexandre l'entendit développer que cet Ariste de Tianidre, le cousin de Eléonore, avait attrapé lui aussi le typhus. Sauf que ce malheureux avait conu une agonie atroce, sans source d'espoir. Autrefois, Alexandre aurait été révulsé qu'une personne s'insurge du droit de retirer une vie à une autre. Seul Dieu disposait de ce pouvoir sacré. aujourd'hui, son esprit se remémorait des convers avec Eldred ou Alduis. Les guerriers possédaient une mentalité différente des civils. Semblables à celles des chevaliers des histoires de son enfance. S'éteindre dans un lit, à leurs yeux, n'avait rien d'honorable. Eux aspiraient au trépas dans la boue et le sang. Il soupira.


"Je crois comprendre. Mais Eléonore n'a jamais su ce qui se passait sur un champ de bataille, de l'honneur d'un guerrier... Si tu veux qu'elle comprenne, il faut le lui en parler. Et lui faire comprendre qu'Ariste préférait de loin mourir par les armes que par la maladie."

Il baissa la tête, songeant à son emportement immature contre Eldred et sa rancune injustifiée envers les zarkotiens.

"Quand j'ai appris que mon ami Ulysse a été tué avec sa famille par un esclave zarkotien, j'ai eu une haine terrible pour le peuple de Zarkos. Sans exception. J'ai eu des paroles très dures envers Eldred. Pourtant, maintenant, lui et moi, nous nous entendons bien. quand les gens deviennent intelligents, qu'ils cherchent à se comprendre et qu'on leur explique les choses, ils peuvent pardonner."

Alexandre posa les mains sur la branche, balançant ses jambes dans le vide.

"Un jour, je pardonnerais à Cassandre. Et à mon père. Il faut seulement du temps avant d'être capable de pardonner."

Il se mordit la lèvre la lèvre à la question d'Alduis, puis éclata malgré lui de rire.

"Alduis...Tu me vois sérieux sérieusement prendre une arme et trancher la gorge d'une personne ? Je vomis quand tu me racontes une histoire avec un peu trop de détails morbides. Non, moi, dans une telle situation, je me contenterais de prier. de prier et de supplier Dieu d'abréger les souffrances de cette malheureuse personne."

Une pensée lui traversa alors la tête. Que se passerait-il si c'était lui qui tombait malade ? Alduis penserait-il à l'(achever ? Non, il ne souhaitait pas. Seul Dieu décidera de comment et de quand son existence se terminerait. Alexandre releva la tête et se tourna vers son amant.

"Alduis, si je tombe malade, que je suis un jour blessé, que mon infirmité m'empêche de me déplacer, même si je semble souffrir, je ne souhaite pas mourir avant de sentir la vie s'échapper seule de mon corps. Alors, accepterais-tu de me jurer de ne jamais m'achever quoique il arrivera ?"
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Message par Alduis de Fromart Jeu 11 Mar - 11:21

La maladie était sournoise. Elle réduisait le plus fort des hommes à une loque humaine qui se pissait dessus comme un vieux chien galeux. Elle décharnait les visages, elle prenait son temps, elle rongeait par en-dedans. Il n’aurait pas pu regarder Ariste connaître ce sort. Jamais. Parce qu’il ne méritait pas de finir ainsi. Comment aurait-il pu le regarder sans rien faire ?

Savoir pardonner… Ce n’était pas facile, Alduis le savait. D’autant plus quand vous vous souveniez de tous les détails qui empêchaient la rancœur de s’apaiser. Alduis ne répondit pas.

Si quelqu’un avait été à sa place, aurait-il sincèrement préféré le regarder se vider de son énergie ? Visiblement oui.

— Je ne lui ai pas tranché la gorge, répondit-il. Je l’ai étouffé pendant qu’il dormait. Il n’a rien senti.

… ou alors avait-il senti ? Comment savoir ? Parfois, Alduis doutait. Qu’aurait fait Alexandre à sa place ? C’était une question idiote, au fond, puisqu’il connaissait déjà la réponse, d’une certaine manière. Bien sûr qu’Alexandre prierait. C’était sûrement ce que se contenterait de faire les trois quarts de la population. Mais prier ne servait à rien.

— C’est parce que tu n’as jamais vu quelqu’un souffrir vraiment. Tu n’as jamais vu quelqu’un te supplier de l’achever.

Il n’avait pas vu tous ces pauvres hommes qui ne se relèveraient plus jamais sur les champs de bataille… Il n’avait pas tenu la main de Camille alors que ce dernier tentait désespérément de respirer, dans d’immenses sifflements aigus. Il n’avait pas vu la bouillie en laquelle avait été transformé son corps à partir du bassin. Car s’il l’avait vu agoniser, s’il avait senti le désespoir croissant du jeune homme, qu’il avait entendu ses suffoquements qui résonnaient encore dans la tête d’Alduis, Alexandre aurait su que prier ne servait à rien. Et qu’il n’y avait plus rien à faire, sinon lui planter une arme dans la poitrine.

Qu’il n’y avait plus qu’à mettre ses émotions de côté, prendre son couteau, et l’enfoncer. Une lame pouvait être aussi destructrice que salvatrice. Car Dieu n’abrégeait pas les souffrances des soldats, il les laissait agoniser dans la boue et le sang. C’étaient leurs couteaux, à ceux qui étaient vivants, qui le faisaient.

Les paroles d’Alexandre le sortirent de ses pensées… pour le plonger dans des images plus sombres encore.

Alexandre. Malade. Il frissonna. Il imagina ses doigts faibles, son visage creusé, ses cheveux devenus ternes et gras et… sa peau trop blanche, trop fine. La peau qui devenait froide au fur et à mesure que la vie le quittait. Ses yeux cernés. Il secoua la tête. Il voulait oublier, oublier cette image, ne plus jamais la revoir… mais maintenant qu’elle s’était formée, Alduis savait qu’elle reviendrait.

Lui demander de ne pas l’achever. Alduis prit une inspiration.

— D’accord, je te le promets, répondit-il gravement, mais il reprit juste après : Mais ne me demande pas de rester regarder cela. Je ne pourrais pas.

Il préférerait partir pour ne jamais avoir à se souvenir de cela. Les images du corps blanc et décharné de sa mère étaient encore trop présentes dans sa mémoire pour qu’il soit capable d’assister de nouveau à une telle chose. Et il ajouta de nouveau :

— Et si un jour je tombe de nouveau malade… Ne te contente pas de prier, s’il te plaît. Demande à quelqu’un de m’achever, si tu ne veux pas le faire, mais ne me laisse pas revivre cela.
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Message par Alexandre Lun 22 Mar - 17:49

Alexandre écoutait les confidences que lui accordaient son amant sur ces révélations sur un pan difficile de son existence et ressentait un malaise qui croissait de plus en plus de l'entendre décrire cette agonie éprouvante. Il aurait aimé lui répondre qu'il se trompait quand Alduis affirmait qu'il se trompait en affirmant qu'il n'aurait jamais vu personne souffrir. Lorsqu'il s'était ouvert au père Thierry de ses intentions de devenir prêtre, ce dernier ne l'avait pas ménagé et l'avait imposé souvent de l'accompagner au chevet de malades et de mourants. Des personnes dignes et admirables qui acceptaient leur triste sort avec résignation dans l'attente de la Vie Eternelle. Lui aussi avait personnellement souffert. Comment décrire ces heures de tortures, enfant, à apprendre comment renforcer ses muscles ou mieux marcher ? La foi était la réponse à la souffrance. Elle permettait de tenir et de croire en de meilleures opportunités. Il ne pouvait cependant le dire, lié par leur serment prononcé de ne plus évoquer la religion.

Alors, Alexandre murmura en baissant la tête :


"Tu as raison. Je ne sais pas."

C'était habituel comme raisonnement. Personne ne pouvait comprendre le point de vie d'un infirme. Sauf un autre infirme. Voilà pourquoi il n'existait jamais de bâtiment adapté pour eux et que les escaliers existaient. Car les personnes dites normales n'y prêtaient aucune attention. Ce n'était que quelques marches. Elles ne demandaient aucun effort. Comment leur expliquer à tous ces gens ce que cela faisait de les gravir ? Ils ne pouvaient comprendre. Ils refusaient de comprendre.

Finalement, soucieux de ne pas subir ce sort qui allait contre ses croyances, Alexandre lui demanda de prêter serment de ne pas le tuer s'il tombait un jour malade. Il eut presque un sourire de l'entendre souhaiter se retirer.


"Je comprends. Tu seras libre de faire ce que tu veux.

Il déglutit à la requête qui vint, mal à l'aise avec une idée aussi dérangeante.

"Je... J'essaierais de le faire, oui. "

Soudain, le vent hivernal le fit frissonner et lui rappela n'avoir que sa veste sur le dos.

"Nous devrions rentrer. Je commence à me geler."
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