[Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
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[Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
Rien.
L'évêché n'a rien fait. Ce fumier de prêtre pourrait continuer encore longtemps sans que personne de sa hiérarchie n'intervienne ? Demain sans faute, il se rendra en personne à Saint-Eustache pour mettre l'odieux personnage hors d'état de nuire. Mais pas avant d'avoir fait un crochet par l'évêché pour en traîner les administrateurs par la peau du cou s'il fallait. Car nul ne fait. Rien. Et lui, Dyonis, n'a rien vu des années durant au contact de sa fille, rien. Insupportable constat. Sans les précieux avertissement d'Eldred d'abord, d'Éléonore ensuite, aurait-il jamais découvert le calvaire de Lavinia ?
Rien.
Rien pressenti non plus des outrages conjugaux endurés par sa fille. Rien vu de la vraie nature de l'homme à qui il l'a mariée. Rien fait avant ce jour où il venait de découvrir avec effroi les marques évidentes de la maltraitance dans le comportement et l'allure de Lavinia. Quant à son égarement en pleine tempête... plus il y repense, et plus le baron comprend que c'était une tentative d'en finir. Que serait-il arrivé sans Eldred, sans Alduis ou même sans cette Sylvia ? L'homme n'arrive à penser à rien d'autre qu'à cet insoutenable perspective : aujourd'hui, il aurait pu la perdre... Perdre un de ses enfants, la chair de sa chair. L'idée le tétanise.
Rien.
Rien fait à temps pour Édouard à l'Hôpital Général. Le vétéran est mort. Et c'est de sa faute. A la fin de leur première visite, Coldris et lui étaient partis plein d'assurance. Certains que tout irait bien pour leur guide, que le directeur et ses sbires ne pousseraient pas leur incommensurable bêtise jusqu'à tuer le défiguré après les menaces que les nobles avaient pourtant ouvertement formulées. Ils n'avait. Rien. Vu venir. Oh, l'espace de deux secondes seulement, Dyonis avait eu un doute... Un tout petit doute qui lui avait soufflé d'emmener Édouard dès ce 6 janvier. Il n'avait pas écouté cette voix. Et tout cela pour replonger en enfer lors de leurs second passage à l'institut. Coldris et lui avaient retrouvé leur guide jeté comme une loque, membres emmêlés comme un pantin désarticulé, au fond de la petite prison souterraine. Le corps peinturluré de toutes sortes de coups, mourant. Le Premier Conseiller a beau savoir que le malheureux recevra des funérailles d'honneur et que son meurtrier pourrira bientôt à se faire déchirer par les corbeaux jusqu'à ce que mort s'ensuive, rien de cela ne le console un instant. Rien.
Rien.
L'Empire continue d'aller à vau-l'eau. Gérald Der Ragascorn s'adonne à ses fantaisies de détraqué et certains s'apprêtent à lui donner le champ libre pour cela, loin du regard de l'Eglise aussi perfectible soit-elle. La guerre contre Djerdan se précise alors même que le peuple voisin est innocent, à en croire Kalisha. Dyonis suffoque de travail. Il a beau faire le maximum et au-delà, jamais. Rien. N'y fera ni ne sera assez. Oui, il va redresser l'Hôpital Général comme il l'avait fait en septembre avec le Lupanar. Oui, il a fait fermer la sous-traitance frauduleuse des docks. Oui, il a ordonné de meilleurs conditions d'acheminement des esclaves et leur suivi par un médecin à leur arrivée sur les marchés de l'Empire. Pourtant aujourd'hui, tout cela lui semble dérisoire. Une goutte face à un océan de vices. Rien, trois fois rien. Et les noms de Tristan et Alexandre pour lui rappeler que lui-même avait participé au vice, finalement...
Dyonis a le souffle court. Il ne sait pas quelle heure de la nuit il peut être alors qu'il quitte son bureau d'un pas traînant. Son armure de droiture ne tient plus et heureusement que personne ne le voit ainsi, dans le secret de ces heures où tout être normalement constitué dort. Ses pieds tremblent sur le sol. Ses yeux brûlent. Il sent tant de fatigue et de larmes retenues labourer l'intérieur de son crâne que sa peau semble s'en être ôtée. Cernes et rides à la serpe. Bras ballants, il progresse comme à côté de son corps. Tant qu'il avait encore la tête dans ses dossiers, il ne se sentait pas partir. Il faut croire que le travail anesthésie...
Sa vue est trouble. Les carreaux du sol dodelinent sous ses bottes. Soudain, un rai de clarté l'interpelle dans l'embrasure d'une porte. Qui est cet autre spectre ? Morne, il avance et jette un œil à l'intérieur du petit office où il découvre Messire Wagner, prostré sur un fouillis de documents. Mais Dyonis n'arrive pas à ouvrir la bouche pour lui adresser la parole. Que lui dire ?
Rien... Rien... Rien... La danse harcelante de ses impuissances revient. Et là-dessus, un livre tombe au sol depuis le coin de la table de William. Le baron ne sursaute même pas : déjà, autre chose l'obsède. Il vient de sentir un peu de bave au coin de sa lèvre et l'essuie du dos de sa prothèse. Prothèse qu'il descend ensuite, dans un réflexe machinal, éponger au côté de sa veste. Sa veste. Cette veste... La main métallique de Dyonis commence à y frotter des aller-retours comme s'il y avait de vilaines traces à en retirer. Elle est impeccablement nettoyée, il le sait. Il n'y a plus rien. Plus rien, vraiment. Cependant il frotte, frotte encore dessus de plus en plus vite comme s'il s'y trouvaient toujours ces tâches de sang. L'homme ne se rend alors même pas compte du geste épuisé et dément qu'il est en train d'avoir et sa prothèse continue de s'acharner. Pour faire partir ce sang. Ce sang invisible et qu'on a bien nettoyé. C'était cette veste qu'il avait enroulée en coussin improvisé sous la tête d'Édouard il y a deux jours. Dyonis est là, défait dans son mouvement fourbu. Qui le verrait alors le prendrait pour un fou. Ses prunelles à peine habitées roulent sans but, oubliant William et la raison qui venait de l'amener dans son bureau.
Il frotte. Frotte.
Thierry d'Anjou. Antoine de Kergemont. Berlingtham.
Et tout le reste, tout le reste...
Cela ne part pas.
L'évêché n'a rien fait. Ce fumier de prêtre pourrait continuer encore longtemps sans que personne de sa hiérarchie n'intervienne ? Demain sans faute, il se rendra en personne à Saint-Eustache pour mettre l'odieux personnage hors d'état de nuire. Mais pas avant d'avoir fait un crochet par l'évêché pour en traîner les administrateurs par la peau du cou s'il fallait. Car nul ne fait. Rien. Et lui, Dyonis, n'a rien vu des années durant au contact de sa fille, rien. Insupportable constat. Sans les précieux avertissement d'Eldred d'abord, d'Éléonore ensuite, aurait-il jamais découvert le calvaire de Lavinia ?
Rien.
Rien pressenti non plus des outrages conjugaux endurés par sa fille. Rien vu de la vraie nature de l'homme à qui il l'a mariée. Rien fait avant ce jour où il venait de découvrir avec effroi les marques évidentes de la maltraitance dans le comportement et l'allure de Lavinia. Quant à son égarement en pleine tempête... plus il y repense, et plus le baron comprend que c'était une tentative d'en finir. Que serait-il arrivé sans Eldred, sans Alduis ou même sans cette Sylvia ? L'homme n'arrive à penser à rien d'autre qu'à cet insoutenable perspective : aujourd'hui, il aurait pu la perdre... Perdre un de ses enfants, la chair de sa chair. L'idée le tétanise.
Rien.
Rien fait à temps pour Édouard à l'Hôpital Général. Le vétéran est mort. Et c'est de sa faute. A la fin de leur première visite, Coldris et lui étaient partis plein d'assurance. Certains que tout irait bien pour leur guide, que le directeur et ses sbires ne pousseraient pas leur incommensurable bêtise jusqu'à tuer le défiguré après les menaces que les nobles avaient pourtant ouvertement formulées. Ils n'avait. Rien. Vu venir. Oh, l'espace de deux secondes seulement, Dyonis avait eu un doute... Un tout petit doute qui lui avait soufflé d'emmener Édouard dès ce 6 janvier. Il n'avait pas écouté cette voix. Et tout cela pour replonger en enfer lors de leurs second passage à l'institut. Coldris et lui avaient retrouvé leur guide jeté comme une loque, membres emmêlés comme un pantin désarticulé, au fond de la petite prison souterraine. Le corps peinturluré de toutes sortes de coups, mourant. Le Premier Conseiller a beau savoir que le malheureux recevra des funérailles d'honneur et que son meurtrier pourrira bientôt à se faire déchirer par les corbeaux jusqu'à ce que mort s'ensuive, rien de cela ne le console un instant. Rien.
Rien.
L'Empire continue d'aller à vau-l'eau. Gérald Der Ragascorn s'adonne à ses fantaisies de détraqué et certains s'apprêtent à lui donner le champ libre pour cela, loin du regard de l'Eglise aussi perfectible soit-elle. La guerre contre Djerdan se précise alors même que le peuple voisin est innocent, à en croire Kalisha. Dyonis suffoque de travail. Il a beau faire le maximum et au-delà, jamais. Rien. N'y fera ni ne sera assez. Oui, il va redresser l'Hôpital Général comme il l'avait fait en septembre avec le Lupanar. Oui, il a fait fermer la sous-traitance frauduleuse des docks. Oui, il a ordonné de meilleurs conditions d'acheminement des esclaves et leur suivi par un médecin à leur arrivée sur les marchés de l'Empire. Pourtant aujourd'hui, tout cela lui semble dérisoire. Une goutte face à un océan de vices. Rien, trois fois rien. Et les noms de Tristan et Alexandre pour lui rappeler que lui-même avait participé au vice, finalement...
Dyonis a le souffle court. Il ne sait pas quelle heure de la nuit il peut être alors qu'il quitte son bureau d'un pas traînant. Son armure de droiture ne tient plus et heureusement que personne ne le voit ainsi, dans le secret de ces heures où tout être normalement constitué dort. Ses pieds tremblent sur le sol. Ses yeux brûlent. Il sent tant de fatigue et de larmes retenues labourer l'intérieur de son crâne que sa peau semble s'en être ôtée. Cernes et rides à la serpe. Bras ballants, il progresse comme à côté de son corps. Tant qu'il avait encore la tête dans ses dossiers, il ne se sentait pas partir. Il faut croire que le travail anesthésie...
Sa vue est trouble. Les carreaux du sol dodelinent sous ses bottes. Soudain, un rai de clarté l'interpelle dans l'embrasure d'une porte. Qui est cet autre spectre ? Morne, il avance et jette un œil à l'intérieur du petit office où il découvre Messire Wagner, prostré sur un fouillis de documents. Mais Dyonis n'arrive pas à ouvrir la bouche pour lui adresser la parole. Que lui dire ?
Rien... Rien... Rien... La danse harcelante de ses impuissances revient. Et là-dessus, un livre tombe au sol depuis le coin de la table de William. Le baron ne sursaute même pas : déjà, autre chose l'obsède. Il vient de sentir un peu de bave au coin de sa lèvre et l'essuie du dos de sa prothèse. Prothèse qu'il descend ensuite, dans un réflexe machinal, éponger au côté de sa veste. Sa veste. Cette veste... La main métallique de Dyonis commence à y frotter des aller-retours comme s'il y avait de vilaines traces à en retirer. Elle est impeccablement nettoyée, il le sait. Il n'y a plus rien. Plus rien, vraiment. Cependant il frotte, frotte encore dessus de plus en plus vite comme s'il s'y trouvaient toujours ces tâches de sang. L'homme ne se rend alors même pas compte du geste épuisé et dément qu'il est en train d'avoir et sa prothèse continue de s'acharner. Pour faire partir ce sang. Ce sang invisible et qu'on a bien nettoyé. C'était cette veste qu'il avait enroulée en coussin improvisé sous la tête d'Édouard il y a deux jours. Dyonis est là, défait dans son mouvement fourbu. Qui le verrait alors le prendrait pour un fou. Ses prunelles à peine habitées roulent sans but, oubliant William et la raison qui venait de l'amener dans son bureau.
Il frotte. Frotte.
Thierry d'Anjou. Antoine de Kergemont. Berlingtham.
Et tout le reste, tout le reste...
Cela ne part pas.
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
En se couchant, William avait eu espoir de passer une bonne nuit. Ces dernières semaines, les insomnies le laissaient à peu près tranquilles mais ce soir-là un violent cauchemar l'avait brusquement réveillé. Les mêmes images revenaient : ces corps déchiquetés qui pourrissaient au soleil, suspendus au mur d'enceinte de al propriété où lui avait passé autrefois une enfance si agréable et joyeuse. Dans un souci de ne pas déranger ceux qui se reposaient dans le dortoir, le domestique s'était rapidement levé pour se diriger, par habitude, dans le bureau, reprendre ce long et fastidieux ouvrage qui consistait à retranscrire tous ces témoignages d'esclaves passés entre ses mains.
Et qui étaient décédés.
Ils n'avaient pu en réchapper aucun.
Chaque fois, ces malheureux se révélaient trop faibles pour emprunter le passage de la cheminée et le monstre finissait par les découvrir dans leur cachette. Il les achevait, de sa canne cruelle et impitoyable.
Dans le bureau, William reprit dans un rayonnage le livre dans lequel il entreposait ses feuillets, puis lâcha l'ouvrage en surprenant la silhouette de son maître. Il semblait ne pas le voir, le regard dans le vague. Que lui arrivait-il ?
"Maître ?"
Il ne semblait ne pas l'entendre. Il se mettait à frotter son crochet avec sa main métallique, dans un geste obsessionnel. Un frisson parcourut son échine. Peu importait ce qui lui arrivait, son rôle était de lui venir en aide. Oubliant pour une fois les convenances et leur rangs, le domestique saisit d'autorité le poignet du baron et l'obligea à le regarder.
"Maître !"
Un mélange de douleur et de fermeté se lisait dans ses yeux. Il lui parla avec calme et gentillesse.
"Je ne sais ce qui s'agite en vous, maître, mais aucun de vos problèmes ne se régleront en frottant votre crochet ? Et si vous vous asseyez plutôt pour me raconter ce qui vous trouble tant ? Vous pouvez avoir confiance, vous le savez. Je vous le jure, sur l'âme du véritable Ulysse, sur celle de sa sœur Morgane, que je ne répéterai rien de ce que vous me confierez. A quiconque. Mais vous éprouvez le besoin de parler. Cela se sent."
Et qui étaient décédés.
Ils n'avaient pu en réchapper aucun.
Chaque fois, ces malheureux se révélaient trop faibles pour emprunter le passage de la cheminée et le monstre finissait par les découvrir dans leur cachette. Il les achevait, de sa canne cruelle et impitoyable.
Dans le bureau, William reprit dans un rayonnage le livre dans lequel il entreposait ses feuillets, puis lâcha l'ouvrage en surprenant la silhouette de son maître. Il semblait ne pas le voir, le regard dans le vague. Que lui arrivait-il ?
"Maître ?"
Il ne semblait ne pas l'entendre. Il se mettait à frotter son crochet avec sa main métallique, dans un geste obsessionnel. Un frisson parcourut son échine. Peu importait ce qui lui arrivait, son rôle était de lui venir en aide. Oubliant pour une fois les convenances et leur rangs, le domestique saisit d'autorité le poignet du baron et l'obligea à le regarder.
"Maître !"
Un mélange de douleur et de fermeté se lisait dans ses yeux. Il lui parla avec calme et gentillesse.
"Je ne sais ce qui s'agite en vous, maître, mais aucun de vos problèmes ne se régleront en frottant votre crochet ? Et si vous vous asseyez plutôt pour me raconter ce qui vous trouble tant ? Vous pouvez avoir confiance, vous le savez. Je vous le jure, sur l'âme du véritable Ulysse, sur celle de sa sœur Morgane, que je ne répéterai rien de ce que vous me confierez. A quiconque. Mais vous éprouvez le besoin de parler. Cela se sent."
William Wagner- Domestique
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Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
La voix chaleureuse de William l'appelle. Alors seulement, Dyonis renoue avec la réalité dans un sursaut presque de terreur, en s'apercevant à quel point il venait de s'oublier. Et de son geste. Geste compulsif dansant au bord de la folie, à frotter comme un dément sa prothèse sur le revers de sa veste - comme si cela effacerait le sang imaginaire. Celui qu'il n'a pas pu empêcher de couler. Le rouge monte aux joues du seigneur, il cille, secoue la tête. Des cernes lui creusent le pourtour des yeux.
Il sent son poignet être levé et le découvre entre les mains protectrices de William. Les mots du domestique sont d'abord vagues, puis se frayant un chemin plus clair jusqu'à son esprit éreinté. Et honteux. Pourquoi a-t-il fallu qu'il se plante à l'entrée du bureau du sieur Wagner ? Dans son état ! Il ne fallait pas. Il ne fallait pas être vu dans un état pareil, pas le maître du fief, pas le premier Conseiller... Dyonis déglutit. Il s'en veut et manque de retirer d'un coup sec son bras hors des mains de son vis-à-vis mais se retient à temps.
Lui faire confiance... Se confier... Parler... Le baron ne doute pas une seconde de la confiance absolue qu'il peut avoir en William et hoche la tête. Il est néanmoins un homme si dur à confesser. Il inspire. Il doit reconstruire son allure fiable. Que dire ?
"Ne dites pas maître, je vous prie. Messire." Voilà. Commencer par là. C'est déjà cela. Le regard du seigneur se dirige vers le bureau noyé de documents : "Que faites-vous encore attablé ici à une heure pareille ? Tout de même pas votre travail d'intendance, j'espère ?" Il se rend bien compte en terminant ces mots qu'il a pris la tangente vis-à-vis des questions de William. De quoi se donner un peu plus de temps pour y fournir des réponses acceptables... Seigneur Dieu, par où commencer ?
Il sent son poignet être levé et le découvre entre les mains protectrices de William. Les mots du domestique sont d'abord vagues, puis se frayant un chemin plus clair jusqu'à son esprit éreinté. Et honteux. Pourquoi a-t-il fallu qu'il se plante à l'entrée du bureau du sieur Wagner ? Dans son état ! Il ne fallait pas. Il ne fallait pas être vu dans un état pareil, pas le maître du fief, pas le premier Conseiller... Dyonis déglutit. Il s'en veut et manque de retirer d'un coup sec son bras hors des mains de son vis-à-vis mais se retient à temps.
Lui faire confiance... Se confier... Parler... Le baron ne doute pas une seconde de la confiance absolue qu'il peut avoir en William et hoche la tête. Il est néanmoins un homme si dur à confesser. Il inspire. Il doit reconstruire son allure fiable. Que dire ?
"Ne dites pas maître, je vous prie. Messire." Voilà. Commencer par là. C'est déjà cela. Le regard du seigneur se dirige vers le bureau noyé de documents : "Que faites-vous encore attablé ici à une heure pareille ? Tout de même pas votre travail d'intendance, j'espère ?" Il se rend bien compte en terminant ces mots qu'il a pris la tangente vis-à-vis des questions de William. De quoi se donner un peu plus de temps pour y fournir des réponses acceptables... Seigneur Dieu, par où commencer ?
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
William contemplait avec une réelle appréhension le seigneur qui essayait de nettoyer son crochet dans des gestes obsessionnels. Il avait peur pour sa santé mentale. Il le fixa, nerveux, et le vit revenir à ses sens, enfin normal. Le baron se montrait cependant honteux de as faiblesse. Le domestique lui répondit d'un sourire conciliant afin de lui témoigner de son soutien et que rien de cet égarement ne saurait être connu de quiconque.
"Tout va bien, maître."
Sa voix était douce et lui renouvelait sa confiance. Il espérait que cela l'aide à se détendre. le domestique grimaça au rappel de son interpellation sur le titre donné au baron. Depuis son arrivée au domaine de Frenn, celui lui arrivait de prononcer ce mot de maître à son intention. Bien trop souvent même. Les habitudes d'une existence tourmentée à contenir des folies furieuses. Il inclina la tête pour s'excuser.
"Pardon, ma.. euh messire. Risquer sa vie perpétuellement quand l'on prononce ce mot messire face à un individu qui aime dominer son personnel. Dans tous les sens du terme. Veuillez me pardonner pour ce nouvel égarement."
William observa le seigneur diriger son regard vers le bureau et s'étonner des documents.
"Non, messire, ce n'est que du travail personnel. Je souffre d'insomnies et lors des nuits où elles arrivent, pour ne pas perturber mes camarades dans le dortoir, je m'en viens ici. Il est préférable de s'occuper intelligent l'esprit que de ruminer sur ses cauchemars."
Le domestique rougit légèrement en songeant au contenu de cet ouvrage et de ces témoignages d'esclaves. Et si le seigneur l'interrogeait ? pourrait-il le lui dire ? Et si ce projet le contrariait ? Au milieu de ces questionnements, William eut conscience que le noble s'en servait pour fuir la conversation et se décida à revenir à la chargé.
"ma.. Euh, messire, seriez-vous encore inquiet au sujet de madame votre fille ? Grâce à Dieu, à Eldred et aux gardes, elle nous est revenue en parfaite santé. Vous penseriez-vous responsable de l'incident ? Allond, allons, messire, cela arrive à quiconque de se perdre."
"Tout va bien, maître."
Sa voix était douce et lui renouvelait sa confiance. Il espérait que cela l'aide à se détendre. le domestique grimaça au rappel de son interpellation sur le titre donné au baron. Depuis son arrivée au domaine de Frenn, celui lui arrivait de prononcer ce mot de maître à son intention. Bien trop souvent même. Les habitudes d'une existence tourmentée à contenir des folies furieuses. Il inclina la tête pour s'excuser.
"Pardon, ma.. euh messire. Risquer sa vie perpétuellement quand l'on prononce ce mot messire face à un individu qui aime dominer son personnel. Dans tous les sens du terme. Veuillez me pardonner pour ce nouvel égarement."
William observa le seigneur diriger son regard vers le bureau et s'étonner des documents.
"Non, messire, ce n'est que du travail personnel. Je souffre d'insomnies et lors des nuits où elles arrivent, pour ne pas perturber mes camarades dans le dortoir, je m'en viens ici. Il est préférable de s'occuper intelligent l'esprit que de ruminer sur ses cauchemars."
Le domestique rougit légèrement en songeant au contenu de cet ouvrage et de ces témoignages d'esclaves. Et si le seigneur l'interrogeait ? pourrait-il le lui dire ? Et si ce projet le contrariait ? Au milieu de ces questionnements, William eut conscience que le noble s'en servait pour fuir la conversation et se décida à revenir à la chargé.
"ma.. Euh, messire, seriez-vous encore inquiet au sujet de madame votre fille ? Grâce à Dieu, à Eldred et aux gardes, elle nous est revenue en parfaite santé. Vous penseriez-vous responsable de l'incident ? Allond, allons, messire, cela arrive à quiconque de se perdre."
William Wagner- Domestique
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Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
Enfin, Dyonis reprend contrôle de lui-même au son apaisant des paroles de William. Dans l'attitude de l'homme, le seigneur lit la promesse que son moment d'égarement resterait entre eux. Ses membres et les muscles de son visage se détendent alors un peu. Le dégoût traverse toutefois ses prunelles quand il découvre la raison de ce fâcheux tic de langage conservé par Monsieur Wagner : le faux Ulysse exigeait apparemment d'être nommé "maître" y compris par les hommes libres. Il secoue sèchement la tête, conjurant l'abject personnage, avant d'affirmer : "Je vois. Il n'y a rien à pardonner, une fois encore." Comme lorsqu'en journée, William avait déjà présenté ses excuses pour s'être montré si soucieux d'Eldred. Qu'y aurait-il de fautif là-dedans. "En tout cas, cela vous prendra le temps qu'il faudra mais sachez que je n'exigerai rien de tous les excès indignes de..." Il n'achève pas et balaye le nom même de l'usurpateur d'un geste éloquent. Son vis-à-vis comprendrait certainement.
En entrant dans le bureau, Dyonis écoute William lui parler de ses insomnies, non sans que cela ne lui rappelle au passage l'état de la pauvre Aud. A croire que tous les gens passés entre les mains du monstre en sont ressortis durablement détruits. Se penchant un peu vers les documents mais sans avoir la curiosité déplacée de les lire sans y être invité, il demande : "Puis-je savoir de quel genre de travail il s'agit ou cela est-il trop personnel ?" Ce qu'il respecterait.
Il se redresse d'un coup, comme de nouveau balayé par la chair de poule, aux intuitions très juste de William : oui, il s'agit de Lavinia, entre autres... Et oui, il s'est inquiété de ses égarements en pleine nature mais il y a pire, tellement pire encore. "Oui, je sais. Dieu merci, elle est revenue indemne." (Il déglutit.) "Physiquement, en tout cas." L'horreur revient faire palpiter un petit vaisseau à sa tempe. Que dire ? Doit-il... tout confier ? Oh, William est un homme de confiance et le contact qu'il a eu avec Lavinia depuis son retour est excellent. Après une brève hésitation, le baron se décide à engager, le regard grave rencontrant celui du domestique : "Je crois... de plus en plus... que ce n'était pas qu'un simple moment d'égarement dans la nature. Que de trop sombres pensées ont guidé ma fille. Elle..." Il se laisse tomber sur une chaise de l'office, prend sa tête entre ses prothèses et crachote au bord des larmes prête à revenir : "Tout à l'heure, j'ai découvert que... William, voilà des années que son mari la bat. Un homme que je lui ai choisi. Une homme que je pensais bien sous tout rapport. Il a détruit ma fille. Toute sa confiance en elle. Son corps et..." Il secoue la tête. "Je n'ai rien vu. Je n'ai rien vu. Et comme si son malheur n'était déjà pas assez grand, un prêtre de la capitale qui n'en a que le nom a tenté d'abuser d'elle. J'ignore ce qui se serait produit si une vaillante jeune femme ne s'était pas intervenue, puis n'était pas venue en personne à Frenn me rapporter les suites de l'affaire. Eldred aussi m'a informé. J'airais aimé... empêcher cela."
Sa mâchoire demeure serrée et ses yeux piquent soudain au sol dans un geste de dépit. Son impuissance et la douleur de sa fille lui nouent les tripes. Le Premier Conseiller de l'Empire semblera bien vulnérable en cet instant.
En entrant dans le bureau, Dyonis écoute William lui parler de ses insomnies, non sans que cela ne lui rappelle au passage l'état de la pauvre Aud. A croire que tous les gens passés entre les mains du monstre en sont ressortis durablement détruits. Se penchant un peu vers les documents mais sans avoir la curiosité déplacée de les lire sans y être invité, il demande : "Puis-je savoir de quel genre de travail il s'agit ou cela est-il trop personnel ?" Ce qu'il respecterait.
Il se redresse d'un coup, comme de nouveau balayé par la chair de poule, aux intuitions très juste de William : oui, il s'agit de Lavinia, entre autres... Et oui, il s'est inquiété de ses égarements en pleine nature mais il y a pire, tellement pire encore. "Oui, je sais. Dieu merci, elle est revenue indemne." (Il déglutit.) "Physiquement, en tout cas." L'horreur revient faire palpiter un petit vaisseau à sa tempe. Que dire ? Doit-il... tout confier ? Oh, William est un homme de confiance et le contact qu'il a eu avec Lavinia depuis son retour est excellent. Après une brève hésitation, le baron se décide à engager, le regard grave rencontrant celui du domestique : "Je crois... de plus en plus... que ce n'était pas qu'un simple moment d'égarement dans la nature. Que de trop sombres pensées ont guidé ma fille. Elle..." Il se laisse tomber sur une chaise de l'office, prend sa tête entre ses prothèses et crachote au bord des larmes prête à revenir : "Tout à l'heure, j'ai découvert que... William, voilà des années que son mari la bat. Un homme que je lui ai choisi. Une homme que je pensais bien sous tout rapport. Il a détruit ma fille. Toute sa confiance en elle. Son corps et..." Il secoue la tête. "Je n'ai rien vu. Je n'ai rien vu. Et comme si son malheur n'était déjà pas assez grand, un prêtre de la capitale qui n'en a que le nom a tenté d'abuser d'elle. J'ignore ce qui se serait produit si une vaillante jeune femme ne s'était pas intervenue, puis n'était pas venue en personne à Frenn me rapporter les suites de l'affaire. Eldred aussi m'a informé. J'airais aimé... empêcher cela."
Sa mâchoire demeure serrée et ses yeux piquent soudain au sol dans un geste de dépit. Son impuissance et la douleur de sa fille lui nouent les tripes. Le Premier Conseiller de l'Empire semblera bien vulnérable en cet instant.
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
William contemplait avec appréhension le seigneur et redoutait de le voir se perdre dans les méandres de son esprit. Il avait déjà vu cela, à Rottenberg, avec certains esclaves rendus fous après avoir assistés au supplice de l'un d'entre eux. Ils se pensaient coupables de sa mort, car le maître avait prétendu les punir à leur place. Il se sentit soulagé en constatant que le Premier Conseiller revenait à la raison et s'exprimait à nouveau de manière lucide. Que Dieu en soit remercié ! Il eut un pâle sourire de l'entendre comprendre que les raisons du bafouèrent de sa langue remontaient aux folies de son ancien employeur. Son regard se fit cependant un peu plus dur, sans perdre sa politesse, pour reprendre son interlocuteur quand celui-ci buta sur le nom de l'usurpateur.
"Martin. l'esclave Martin. Enoncez-le franchement, messire. La peur ou le dégoût d'un nom ne fera qu'accroitre le sentiment que nous occasionne la chose ou l'être qui le crée. Je comprends le désir de l'effacer mais en agissant ainsi c'est nier aussi ses victimes et laisser une possibilité pour que l'histoire se répète. Il faut au contraire que celle-ci circule, même si celle-ci n'a rien de glorieuse, pour que celle-ci ne se reproduise pas."
Alors qu'ils approchèrent du bureau, son visage s'adoucit et il eut un sourire à entendre le questionnement sur son ouvrage.
"Il n'y a rien de secret, messire. Au contraire, je désirais, vous en parler quand vous auriez eu un moment de libre. Afin de ne plus laisser la possibilité à des monstres comme Martin d'exister, j'ai décidé de rédiger le témoignage que chaque esclave passé au domaine Rottenberg m'a laissé. de sa naissance à son trépas. Certains passages sont difficiles. Surtout ceux de l'invasion de leur pays, de leur déportation ou des sévices subis à toute fin. Cela ne rend pas hommage à notre pays, je le conçois, mais je songe que c'est un devoir à rendre à l'humanité."
Le domestique pria pour que ses projets n'importunent pas son employeur. Cela serait difficile effectivement à concilier entre ses responsabilités officielles et l'image à tenir. pourtant, Monbrina gagnerait à reconnaître les horreurs que ses guerres avaient causé. Dans son honneur. La conversation revint aux troubles du seigneur et William ressentit une forte empathie à son égard de le sentir si vulnérable. Il l'entendit se confier sur le sort de sa fille et écarquilla les yeux sur les horreurs que la malheureuse aurait ainsi subies de la main de son époux.
"Un homme qui ose battre une femme. Son épouse. Quel monstre !"
Il observa le malheureux père s'écrouler sur une chaise, abattu par cette sinistre nouvelle, et sans y réfléchir, il posa avec douceur la main sur son épaule. par compassion sincère.
"Vous n'êtes coupable de rien, messire. Les pires monstres sont capables de se jouer des apparences et de bien paraître en société. Songez à l'esclave Martin. Tout le monde le crut duc alors qu'il ne savait ni lire ni écrire. Il a terminé les études de Ulysse en feignant un problème de vision, apprenant ses cours à l'oreille... Les monstres sont malheureusement dotés d'une terrible intelligence sociale, capable de se dissimuler au mieux dans le paysage. Mais si vous comptez continuer vous blâmer, messire, chargez-moi aussi dans ce cas, chargez-moi aussi. Car vous, messire, vous avez donné votre fille en toute confiance, sans que rien de suspect ne puisse laisse deviner son véritable visage. Moi, je savais pour les exactions qui se passaient au domaine de Rottenberg. D'abord, car je songeais à mon ami. je pensais que celui-ci pourrait finir par revenir. et j'ai eu peur. Un petit domestique accusant un duc puissant... Je suis bien plus coupable que vous, messire. Par ma lâcheté et ma loyauté, de nombreuses vies ont péries. Par ma faute."
Tout en parlant, sa main ne lâcha pas l'épaule du baron, sans égard pour une fois pour la hiérarchie, simplement soucieux de lui apporter du soutien et du réconfort. William grimaça d'entendre la suite des confidences. Une agression par un curé en ville ? Mais tout tombait sur le dos de cette pauvre femme ! Il soupira.
"Et qu'espériez-vous faire, messire ? A moins de la faire escorter à chaque sortie par deux gardes, vous ne pouvez pas la protéger de choses qui ne seraient pas arrivées. Ou vous couriez là le risque de paraître étouffant. Votre haine et votre colère ne doivent pas être dirigées contre vous, mais plutôt contre cet être néfaste qui s'est permis autorisé à la toucher ! Réclamez donc sa tête ! Pour un exemple juste ! Que les gens sachent que le clergé n'est pas intouchable et que les femmes ont des droits ! Je suis persuadé à son procès que de nombreuses femmes viendront témoigner d'avoir souffert de ce même calvaire. Ou pire encore. Il faut que la parole se libère, de balancer le porc, et que ce cas fasse jurisprudence !"
Malgré les paroles dures de son discours, le domestique continuait à toucher avec douceur l'épaule du baron.
"Martin. l'esclave Martin. Enoncez-le franchement, messire. La peur ou le dégoût d'un nom ne fera qu'accroitre le sentiment que nous occasionne la chose ou l'être qui le crée. Je comprends le désir de l'effacer mais en agissant ainsi c'est nier aussi ses victimes et laisser une possibilité pour que l'histoire se répète. Il faut au contraire que celle-ci circule, même si celle-ci n'a rien de glorieuse, pour que celle-ci ne se reproduise pas."
Alors qu'ils approchèrent du bureau, son visage s'adoucit et il eut un sourire à entendre le questionnement sur son ouvrage.
"Il n'y a rien de secret, messire. Au contraire, je désirais, vous en parler quand vous auriez eu un moment de libre. Afin de ne plus laisser la possibilité à des monstres comme Martin d'exister, j'ai décidé de rédiger le témoignage que chaque esclave passé au domaine Rottenberg m'a laissé. de sa naissance à son trépas. Certains passages sont difficiles. Surtout ceux de l'invasion de leur pays, de leur déportation ou des sévices subis à toute fin. Cela ne rend pas hommage à notre pays, je le conçois, mais je songe que c'est un devoir à rendre à l'humanité."
Le domestique pria pour que ses projets n'importunent pas son employeur. Cela serait difficile effectivement à concilier entre ses responsabilités officielles et l'image à tenir. pourtant, Monbrina gagnerait à reconnaître les horreurs que ses guerres avaient causé. Dans son honneur. La conversation revint aux troubles du seigneur et William ressentit une forte empathie à son égard de le sentir si vulnérable. Il l'entendit se confier sur le sort de sa fille et écarquilla les yeux sur les horreurs que la malheureuse aurait ainsi subies de la main de son époux.
"Un homme qui ose battre une femme. Son épouse. Quel monstre !"
Il observa le malheureux père s'écrouler sur une chaise, abattu par cette sinistre nouvelle, et sans y réfléchir, il posa avec douceur la main sur son épaule. par compassion sincère.
"Vous n'êtes coupable de rien, messire. Les pires monstres sont capables de se jouer des apparences et de bien paraître en société. Songez à l'esclave Martin. Tout le monde le crut duc alors qu'il ne savait ni lire ni écrire. Il a terminé les études de Ulysse en feignant un problème de vision, apprenant ses cours à l'oreille... Les monstres sont malheureusement dotés d'une terrible intelligence sociale, capable de se dissimuler au mieux dans le paysage. Mais si vous comptez continuer vous blâmer, messire, chargez-moi aussi dans ce cas, chargez-moi aussi. Car vous, messire, vous avez donné votre fille en toute confiance, sans que rien de suspect ne puisse laisse deviner son véritable visage. Moi, je savais pour les exactions qui se passaient au domaine de Rottenberg. D'abord, car je songeais à mon ami. je pensais que celui-ci pourrait finir par revenir. et j'ai eu peur. Un petit domestique accusant un duc puissant... Je suis bien plus coupable que vous, messire. Par ma lâcheté et ma loyauté, de nombreuses vies ont péries. Par ma faute."
Tout en parlant, sa main ne lâcha pas l'épaule du baron, sans égard pour une fois pour la hiérarchie, simplement soucieux de lui apporter du soutien et du réconfort. William grimaça d'entendre la suite des confidences. Une agression par un curé en ville ? Mais tout tombait sur le dos de cette pauvre femme ! Il soupira.
"Et qu'espériez-vous faire, messire ? A moins de la faire escorter à chaque sortie par deux gardes, vous ne pouvez pas la protéger de choses qui ne seraient pas arrivées. Ou vous couriez là le risque de paraître étouffant. Votre haine et votre colère ne doivent pas être dirigées contre vous, mais plutôt contre cet être néfaste qui s'est permis autorisé à la toucher ! Réclamez donc sa tête ! Pour un exemple juste ! Que les gens sachent que le clergé n'est pas intouchable et que les femmes ont des droits ! Je suis persuadé à son procès que de nombreuses femmes viendront témoigner d'avoir souffert de ce même calvaire. Ou pire encore. Il faut que la parole se libère, de balancer le porc, et que ce cas fasse jurisprudence !"
Malgré les paroles dures de son discours, le domestique continuait à toucher avec douceur l'épaule du baron.
William Wagner- Domestique
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Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
"Vous avez raison" souffle Dyonis d'une voix blanche alors que William désigne clairement Martin. "Il faut nommer les maux pour commencer à les guérir." Le baron ne prend pas ombrage de la dureté du regard de son vis-à-vis, au contraire il y voit de la force - et la lutte que l'ancien serviteur de Rottenberg menait avec lui-même pour se défaire de cette emprise. Lourd combat dans lequel le sieur Wagner a toute l'estime du seigneur. Un combat que mène aussi Aud chaque jour de sa vie depuis son entrée en service à Frenn. Dyonis a naturellement, d'ailleurs, donné des instructions à toute sa maisonnée concernant la jeune esclave tout comme l'ex-domestique d'Ulysse : leur accorder tout le soutien et l'écoute nécessaires.
Il acquiesce à la suite : effectivement la chose doit être connue pour que les crimes ne se reproduisent que le moins possible. C'est là tout le travail de l'Histoire. Quoi que... il est aussi des occasion où les faits mêmes les plus terribles prennent un statut de légende et par là-même inspirent du désir aux esprits en quête d'interdits. Une juste mesure doit être trouvée afin de ne pas octroyer aux pires individus une aura de mythe : c'est parfois ce qu'ils auraient aimé et la seule mauvaise publicité est celle qui est invisible. Aussi essaie-t-il de condenser tout en avançant pour prendre place sur une chaise : "J'espère que Martin de Zakros marquera assez les esprits pour que nous autres nobles soyons peut-être plus vigilants à l'avenir à qui est dans nos rangs. Et à ce que les uns et les autres font de leur noblesse. Mais pas non plus que cet individu devienne un mythe, cela lui ferait trop plaisir. En revanche, faire entendre ses victimes est de bon aloi."
Et justement, William présente son projet. En toute confiance, ce qui vient rassurer Dyonis : son vis-à-vis lui accorde assez d'estime et de droiture pour ne pas hésiter à lui faire part de travaux aussi personnels. Le baron prend cela comme un compliment. Cette marque de reconnaissance le touche. Aussi esquisse-t-il enfin, pour la première fois depuis le début de cette sombre entrevue, un début de sourire. Ainsi, le sieur Wagner consigne les témoignages des défunts esclaves de Rottenberg. "C'est une idée noble. Tout maîtres que nous sommes, nous nous devons de traiter bien nos subalternes. Je suis absolument opposé aux abus dont se rendait coupable Martin, et dont je suis sûr bien d'autres Grands de l'Empire se rendent tout aussi coupables. Si leurs témoignages pouvaient donc servir à rapper les puissants à leurs devoirs, j'y vois un projet d'importance." Il tique davantage à ce qui concerne l'image de Monbrina mais ne peut pas nier que des abus sont commis dans le cadre de ces fameuses déportations. "J'envisage l'Empire comme porteur d'une immense responsabilité éthique, comme un suzerain a la responsabilité du bien être de son vassal. Pour moi, le projet est d'unifier le continent, non de persécuter les colonisés. La mémoire que vous rendez donc aux victimes de Martin me paraît bienvenue. Je vous remercie d'ailleurs pour votre confiance et je serai disposé à lire lorsque vos transcriptions seront achevées." Quant à lire des horreurs, Dyonis s'y prépare. Il ne faut pas fermer les yeux, mais au contraire prendre en considération ces réalités les plus crues afin de les combattre.
Mais déjà, ce sont des confidences plus personnelles - au sujet du sort de sa fille - que le baron finit par réussir à faire à William. Alors qu'il est effondré sur sa chaise, tête contre le bureau, il sent la main de William venir se poser à son épaule. Ce geste impulse au Premier Conseiller assez de bravoure pour se reprendre et se redresser. Ses yeux retrouvent contact avec ceux du sieur Wagner. Il hoche lentement la tête à la fin de la réaction très juste de William : oui, en somme ils se ressemblent. Tous deux n'ont pas été en mesure de faire le nécessaire en face de deux hommes dangereux qui ont su tromper leur monde. Et jamais il ne viendrait à l'idée de Dyonis de considérer l'ancien domestique de Rottenberg faible pour cette raison.
"Vous comme moi n'avons rien vu ni rien pu." Il déglutit. "Et je vous rejoins quant à ces individus qui savent efficacement tromper leur monde. Antoine de Kergemont..." (ce nom le hérisse mais il se force à le prononcer comme pour le regarder en face) "avait tout d'un homme chevaleresque, avenant, cultivé, bien sous tous rapports. Je... lui ai fait confiance... tout comme l'intégralité de la Cour s'est laissé berner et adoucir par le pauvre Ulysse dévasté par la perte de sa famille, comme il le disait." Il soupire, puis apprécie le pragmatisme de William quand vient le sujet du père Thierry. "Oui, nous sommes d'accord : une arrestation en bonne et due forme, un jugement, c'est bien ce que j'entends faire. Demain sans faute, je me rends à l'évêché pour les secouer et nous interpellerons le prêtre." Bien d'autres à sa place auraient déjà pris de quoi aller étriper eux-mêmes l'abuseur, mais Dyonis respecte trop sa fonction et l'idée qu'il se fait de la loi pour tomber aussi bas. En tant que plus haut représentant de la fonction conseillère et judiciaire de l'Empire, il peut moins que quiconque se permettre un écart. "Quant à Lavinia... oui, je sais bien que je ne peux pas être en permanence à ses côtés et qu'elle ne peut pas avoir une flopée de gardes au moindre mouvement autour d'elle, cependant je vais réfléchir à ce qu'il pourrait malgré tout être raisonnable de mettre en place."
Un mot régulièrement prononcé par William lui reste toutefois en tête : monstre. Et avec lui, une épineuse question qui fascine et effraie tout à la fois l'homme de loi qu'est le baron. Songeur, il visse ses yeux enfiévrés au visage du sieur Wagner et lâche à demie-voix : "Monstre... cela me fait penser à ces créatures de légendes exclues d'office de l'humanité par ce simple terme... Pensez-vous que nous soyons monstre de nature ? Ou qu'il y a des moyens de prévenir et enrayer à temps de telles... sorties de l'humanité ?" Un frisson le parcourt alors que lui reviennent les images de l'Hôpital Général, les odeurs de sang séché, les derniers sons plaintifs d'Édouard agonisant auprès de Coldris et lui. "Avant hier, vous savez, je suis allé à l'Hôpital Général avec le seigneur de Fromart. Là bas aussi nous avons trouvé des monstres. Ces deux qui ont commis..." Ses paroles redeviennent incohérentes à la remontée du choc : "cette atrocité gratuite, purement gratuite. Et fait couler tout ce sang. Et rompu son corps pour rien ! Pourquoi ? C'est absurde ! Pourquoi ont-ils fait cela alors que le vicomte les avait même prévenus à demi-mots que nous reviendrions ?! Pourquoi n'ais-je pas senti venir la chose alors que notre première visite à l'Hôpital Général nous avait déjà donné une belle idée des personnages qui le dirigeaient ?!" De nouveau le corps de Dyonis se tend. Il serre la mâchoire. Quel insupportable gâchis ! Comment Coldris et lui avaient-ils pu manquer à ce point de sens de l'anticipation sur ce coup ? Et comment y avait-il pu avoir en face des êtres capables de... ça ?
Il acquiesce à la suite : effectivement la chose doit être connue pour que les crimes ne se reproduisent que le moins possible. C'est là tout le travail de l'Histoire. Quoi que... il est aussi des occasion où les faits mêmes les plus terribles prennent un statut de légende et par là-même inspirent du désir aux esprits en quête d'interdits. Une juste mesure doit être trouvée afin de ne pas octroyer aux pires individus une aura de mythe : c'est parfois ce qu'ils auraient aimé et la seule mauvaise publicité est celle qui est invisible. Aussi essaie-t-il de condenser tout en avançant pour prendre place sur une chaise : "J'espère que Martin de Zakros marquera assez les esprits pour que nous autres nobles soyons peut-être plus vigilants à l'avenir à qui est dans nos rangs. Et à ce que les uns et les autres font de leur noblesse. Mais pas non plus que cet individu devienne un mythe, cela lui ferait trop plaisir. En revanche, faire entendre ses victimes est de bon aloi."
Et justement, William présente son projet. En toute confiance, ce qui vient rassurer Dyonis : son vis-à-vis lui accorde assez d'estime et de droiture pour ne pas hésiter à lui faire part de travaux aussi personnels. Le baron prend cela comme un compliment. Cette marque de reconnaissance le touche. Aussi esquisse-t-il enfin, pour la première fois depuis le début de cette sombre entrevue, un début de sourire. Ainsi, le sieur Wagner consigne les témoignages des défunts esclaves de Rottenberg. "C'est une idée noble. Tout maîtres que nous sommes, nous nous devons de traiter bien nos subalternes. Je suis absolument opposé aux abus dont se rendait coupable Martin, et dont je suis sûr bien d'autres Grands de l'Empire se rendent tout aussi coupables. Si leurs témoignages pouvaient donc servir à rapper les puissants à leurs devoirs, j'y vois un projet d'importance." Il tique davantage à ce qui concerne l'image de Monbrina mais ne peut pas nier que des abus sont commis dans le cadre de ces fameuses déportations. "J'envisage l'Empire comme porteur d'une immense responsabilité éthique, comme un suzerain a la responsabilité du bien être de son vassal. Pour moi, le projet est d'unifier le continent, non de persécuter les colonisés. La mémoire que vous rendez donc aux victimes de Martin me paraît bienvenue. Je vous remercie d'ailleurs pour votre confiance et je serai disposé à lire lorsque vos transcriptions seront achevées." Quant à lire des horreurs, Dyonis s'y prépare. Il ne faut pas fermer les yeux, mais au contraire prendre en considération ces réalités les plus crues afin de les combattre.
Mais déjà, ce sont des confidences plus personnelles - au sujet du sort de sa fille - que le baron finit par réussir à faire à William. Alors qu'il est effondré sur sa chaise, tête contre le bureau, il sent la main de William venir se poser à son épaule. Ce geste impulse au Premier Conseiller assez de bravoure pour se reprendre et se redresser. Ses yeux retrouvent contact avec ceux du sieur Wagner. Il hoche lentement la tête à la fin de la réaction très juste de William : oui, en somme ils se ressemblent. Tous deux n'ont pas été en mesure de faire le nécessaire en face de deux hommes dangereux qui ont su tromper leur monde. Et jamais il ne viendrait à l'idée de Dyonis de considérer l'ancien domestique de Rottenberg faible pour cette raison.
"Vous comme moi n'avons rien vu ni rien pu." Il déglutit. "Et je vous rejoins quant à ces individus qui savent efficacement tromper leur monde. Antoine de Kergemont..." (ce nom le hérisse mais il se force à le prononcer comme pour le regarder en face) "avait tout d'un homme chevaleresque, avenant, cultivé, bien sous tous rapports. Je... lui ai fait confiance... tout comme l'intégralité de la Cour s'est laissé berner et adoucir par le pauvre Ulysse dévasté par la perte de sa famille, comme il le disait." Il soupire, puis apprécie le pragmatisme de William quand vient le sujet du père Thierry. "Oui, nous sommes d'accord : une arrestation en bonne et due forme, un jugement, c'est bien ce que j'entends faire. Demain sans faute, je me rends à l'évêché pour les secouer et nous interpellerons le prêtre." Bien d'autres à sa place auraient déjà pris de quoi aller étriper eux-mêmes l'abuseur, mais Dyonis respecte trop sa fonction et l'idée qu'il se fait de la loi pour tomber aussi bas. En tant que plus haut représentant de la fonction conseillère et judiciaire de l'Empire, il peut moins que quiconque se permettre un écart. "Quant à Lavinia... oui, je sais bien que je ne peux pas être en permanence à ses côtés et qu'elle ne peut pas avoir une flopée de gardes au moindre mouvement autour d'elle, cependant je vais réfléchir à ce qu'il pourrait malgré tout être raisonnable de mettre en place."
Un mot régulièrement prononcé par William lui reste toutefois en tête : monstre. Et avec lui, une épineuse question qui fascine et effraie tout à la fois l'homme de loi qu'est le baron. Songeur, il visse ses yeux enfiévrés au visage du sieur Wagner et lâche à demie-voix : "Monstre... cela me fait penser à ces créatures de légendes exclues d'office de l'humanité par ce simple terme... Pensez-vous que nous soyons monstre de nature ? Ou qu'il y a des moyens de prévenir et enrayer à temps de telles... sorties de l'humanité ?" Un frisson le parcourt alors que lui reviennent les images de l'Hôpital Général, les odeurs de sang séché, les derniers sons plaintifs d'Édouard agonisant auprès de Coldris et lui. "Avant hier, vous savez, je suis allé à l'Hôpital Général avec le seigneur de Fromart. Là bas aussi nous avons trouvé des monstres. Ces deux qui ont commis..." Ses paroles redeviennent incohérentes à la remontée du choc : "cette atrocité gratuite, purement gratuite. Et fait couler tout ce sang. Et rompu son corps pour rien ! Pourquoi ? C'est absurde ! Pourquoi ont-ils fait cela alors que le vicomte les avait même prévenus à demi-mots que nous reviendrions ?! Pourquoi n'ais-je pas senti venir la chose alors que notre première visite à l'Hôpital Général nous avait déjà donné une belle idée des personnages qui le dirigeaient ?!" De nouveau le corps de Dyonis se tend. Il serre la mâchoire. Quel insupportable gâchis ! Comment Coldris et lui avaient-ils pu manquer à ce point de sens de l'anticipation sur ce coup ? Et comment y avait-il pu avoir en face des êtres capables de... ça ?
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
Le baron approuvait avec sagesse ses paroles sur le fait de toujours nommer les choses terrifiantes. autrement, elles en devenaient mystérieuses et enfantaient des légendes. Pourtant, nulle ne devait naître du monstre. Ce n'était rien d'autre qu'un fou sanguinaire. Il écouta son employeur exprimer les mêmes espoirs : que ces folies puissent marquer les esprits et rappelaient aux nobles, aussi puissants soient-ils, devaient apprendre à garder une éthique. Cela l'encouragea à évoquer son projet et les encouragements reçus le réconfortèrent. Quelle idée d'avoir redouté un possible courroux ou une éventuelle déception !
"Je pense aussi écrire à partir des dossiers que tenaient feu le duc de Rottenberg sur les esclaves de son domaine et de mes souvenirs. Les mémoires de servilité respectable. Feu le duc n'achetait pour sa part que ce que m'on nomme invendus. de vielles personnes, des infirmes, ceux qui restaient sur les estrades en fin de journée... Je ne sais pourquoi Martin, qui avait douze ans alors, a été pris. Peut-être a t-il semblé trop jeune pour être jugé comme une bonne affaire."
Une bonne affaire... Les mots lui glaçaient l'âme. Comment vendre des êtres humains pouvaient-ils acceptables ? Mais ce ne serait pas correct de remettre l'esclavage en question avec un homme qui siégeait au gouvernement. Il garda un visage calme, comme si ces paroles ne l'affectaient pas.
"Pourtant, feu le duc se souciait de l'étiquette et de la hiérarchie. Même s'i tout homme avait droit au respect, les classes sociales devaient être respectées. Il se montrait intraitable sur ce sujet avec Ulysse qui lui outrepassait les limites. "
William se rapprocha du bureau et rassembla plusieurs feuillets.
"Il y a cinq histoires déjà consignées. Si vous le souhaitez, vous pouvez les emporter et lire quand vous aurez un moment."
La discussion aborda finalement des confidences terribles et William ressentît toute la détresse que le baron avait accumulé. Quel homme épouvantable que ce de Kergemont ! Pourtant, lui n'en pouvait rie, non. Comment savoir ce qui se jouait dans l'esprit d'un homme. pour le prêtre, qui ne méritait pas cette fonction, l'affaire serait vite réglé. Le cachot ! Et peut-être même la corde ! Combien de victimes celui-là avait-il pu faire d'ailleurs ? Dyonis s'inquiéta du sort de sa fille
"Dans un premier temps, nous devons garder votre fille loin de son époux. Quelle malédiction qu'il ait survécu à sa maladie ! A moins.. Nous pourrions essayer une procédure d'annulation du mariage ? Lavinia n'a heureusement jamais eu d'enfants. Cela, ajouté à votre influence, plus le silence de l'église dans l'affaire du mauvais curé, nous pourrions réussir à la délivrer de l'attachement conjugal. Après cela, il se révèle inévitable que votre fille doit mûrir et acquérir plus de force. Pouvoir s'imposer. Malheureusement, cela est plus aisé à dire qu'à faire. Une personnalité ne change pas facilement."
Leur discussion dériva finalement sur une thématique plus philosophique qui susceptible de les laisser discourir jusqu' à l'aube tant la question s'avérait complexe. il entendit le sinistre rappel du défunt Edouard, pour lequel le Premier Conseiller avait développé un tel attachement, et comprit que cette morte injuste et barbare le hantait.
"L'être humain n'est ni bon ni mauvais de nature. Si nous donnons à un enfant deux ou trois ans des cubes, il pourrait le lancer vers un animal, un mur, sa mère... Simplement pour s'amuser. Sans notion du Bien ou u Mal. Ce sont les adultes qui doivent lui apprendre à bien agir. Comme vos parents ont fait pour vous, messire, et que vous accomplissez à votre tour. Malheureusement, tous les adultes n'agissent pas ainsi. Ou certains enfants naissent sans famille. Pour revenir au cas de l'esclave Martin, les dossiers sur sur son cas mentionnait que c'était un enfant abandonné trouvé dans les champs par un moine. Il a été élevé quelques années dans un monastère où une date de naissance lui fut attribué au hasard et un prénom, celui du Saint du jour, sans signification réelle, avant d'être confié à sept ans à un tavernier qui n'a eu de cesse de le maltraiter. De cette histoire ressort que les monstres ne naissent pas monstres mais ils se fabriquent s'ils ont eu le majeur d'en croiser un. C'est sans doute un mécanisme de survie. Dans le cas de Birlightham, nous pourrions fouiller son passé. Sans doute s'est-il lui-même mal comporté bien avant. Ou alors l'excitation de la meute. L'être humain, dans un groupe, tend à oublier ses valeurs pour se laisser porter par l'élan collectif. Mais il existe des contre-exemples : songez à Eldred. Il a été déporté de son propre pays, atout perdu, mais pourtant c'est un homme droit et intègre. Au final, tout ceci demeure une question de choix. Nous choisissons d'être un montre ou d'être honorable."
"Je pense aussi écrire à partir des dossiers que tenaient feu le duc de Rottenberg sur les esclaves de son domaine et de mes souvenirs. Les mémoires de servilité respectable. Feu le duc n'achetait pour sa part que ce que m'on nomme invendus. de vielles personnes, des infirmes, ceux qui restaient sur les estrades en fin de journée... Je ne sais pourquoi Martin, qui avait douze ans alors, a été pris. Peut-être a t-il semblé trop jeune pour être jugé comme une bonne affaire."
Une bonne affaire... Les mots lui glaçaient l'âme. Comment vendre des êtres humains pouvaient-ils acceptables ? Mais ce ne serait pas correct de remettre l'esclavage en question avec un homme qui siégeait au gouvernement. Il garda un visage calme, comme si ces paroles ne l'affectaient pas.
"Pourtant, feu le duc se souciait de l'étiquette et de la hiérarchie. Même s'i tout homme avait droit au respect, les classes sociales devaient être respectées. Il se montrait intraitable sur ce sujet avec Ulysse qui lui outrepassait les limites. "
William se rapprocha du bureau et rassembla plusieurs feuillets.
"Il y a cinq histoires déjà consignées. Si vous le souhaitez, vous pouvez les emporter et lire quand vous aurez un moment."
La discussion aborda finalement des confidences terribles et William ressentît toute la détresse que le baron avait accumulé. Quel homme épouvantable que ce de Kergemont ! Pourtant, lui n'en pouvait rie, non. Comment savoir ce qui se jouait dans l'esprit d'un homme. pour le prêtre, qui ne méritait pas cette fonction, l'affaire serait vite réglé. Le cachot ! Et peut-être même la corde ! Combien de victimes celui-là avait-il pu faire d'ailleurs ? Dyonis s'inquiéta du sort de sa fille
"Dans un premier temps, nous devons garder votre fille loin de son époux. Quelle malédiction qu'il ait survécu à sa maladie ! A moins.. Nous pourrions essayer une procédure d'annulation du mariage ? Lavinia n'a heureusement jamais eu d'enfants. Cela, ajouté à votre influence, plus le silence de l'église dans l'affaire du mauvais curé, nous pourrions réussir à la délivrer de l'attachement conjugal. Après cela, il se révèle inévitable que votre fille doit mûrir et acquérir plus de force. Pouvoir s'imposer. Malheureusement, cela est plus aisé à dire qu'à faire. Une personnalité ne change pas facilement."
Leur discussion dériva finalement sur une thématique plus philosophique qui susceptible de les laisser discourir jusqu' à l'aube tant la question s'avérait complexe. il entendit le sinistre rappel du défunt Edouard, pour lequel le Premier Conseiller avait développé un tel attachement, et comprit que cette morte injuste et barbare le hantait.
"L'être humain n'est ni bon ni mauvais de nature. Si nous donnons à un enfant deux ou trois ans des cubes, il pourrait le lancer vers un animal, un mur, sa mère... Simplement pour s'amuser. Sans notion du Bien ou u Mal. Ce sont les adultes qui doivent lui apprendre à bien agir. Comme vos parents ont fait pour vous, messire, et que vous accomplissez à votre tour. Malheureusement, tous les adultes n'agissent pas ainsi. Ou certains enfants naissent sans famille. Pour revenir au cas de l'esclave Martin, les dossiers sur sur son cas mentionnait que c'était un enfant abandonné trouvé dans les champs par un moine. Il a été élevé quelques années dans un monastère où une date de naissance lui fut attribué au hasard et un prénom, celui du Saint du jour, sans signification réelle, avant d'être confié à sept ans à un tavernier qui n'a eu de cesse de le maltraiter. De cette histoire ressort que les monstres ne naissent pas monstres mais ils se fabriquent s'ils ont eu le majeur d'en croiser un. C'est sans doute un mécanisme de survie. Dans le cas de Birlightham, nous pourrions fouiller son passé. Sans doute s'est-il lui-même mal comporté bien avant. Ou alors l'excitation de la meute. L'être humain, dans un groupe, tend à oublier ses valeurs pour se laisser porter par l'élan collectif. Mais il existe des contre-exemples : songez à Eldred. Il a été déporté de son propre pays, atout perdu, mais pourtant c'est un homme droit et intègre. Au final, tout ceci demeure une question de choix. Nous choisissons d'être un montre ou d'être honorable."
William Wagner- Domestique
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Localisation : Château de Frenn
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
"Le véritable duc de Rottenberg semblait être un modèle de bonté et d'honneur." souffle Dyonis avec une réelle admiration, au récit de William. Acheter les esclaves invendus, ceux-là qui généralement sont expédiés - faute d'avoir trouvé preneur - dans les mines ou aux galères où les plus robustes d'entre eux tiennent tout au plus quelques mois. Leur offrir une seconde chance et une vie qu'il devine paisible sous l'autorité du premier maître des lieux. "Cela rend d'autant plus abject qu'il n'ait jamais eu de sépulture digne de ce nom et que sa mémoire ait été ainsi souillée par son usurpateur. J'espère bien qu'avec le procès et l'exécution de Martin, la véritable personnalité du non moins véritable Ulysse refasse surface dans la mémoire collective du pays. Que chacun réapprenne combien le vrai tenant du nom était un grand seigneur. Un modèle de droiture et de chrétienté. Votre projet ne peut qu'y contribuer." (Un temps) "J'imagine également la peine qui a dû être vôtre, à croire pendant toutes ces années que c'était le véritable Ulysse qui... avait simplement changé... Et complètement basculé. N'est-ce pas quelque chose qui a peiné à s'immiscer dans votre esprit ? N'avez-vous jamais pensé qu'une telle différence de tempérament était aberrante et que quelqu'un avait pu prendre sa place ?" (Il soupire) "Cela dit, moi-même... Me serais-je posé la question ? Je ne suis pas sûr."
Il apprécie le portrait brossé de feu le duc. Un seigneur généreux mais qui n'en est pas moins respectueux des hiérarchies. L'autorité doit exister pour le bien de chacun - et avec elle un ordre social, cependant celui-ci ne doit jamais être prétexte au mépris des vassaux ainsi que des taches plus manuelles et physiques. Dyonis a toujours été conscient de sa responsabilité. Et du fait que sans toutes les petites mains qui servent les Grands - militaires et gens d'armes qui les protègent, gens de ménage qui entretiennent leurs fiefs, paysans qui remplissent leurs assiettes - ils ne seraient rien. Le baron acquiesce à la proposition de William.
"Dans ce cas, si vous le permettez, oui, je vais emporter ces cinq premiers récits." Le seigneur sait déjà que ce serait une lecture pénible. Il se le devait, cependant. Chaque Grand se le devrait. Un piqûre de rappel, exactement comme l'avant-veille à l'Hôpital Général : voir en face le visage martyrisé d'un soldat parmi tant d'autres, recevoir en plein cœur le récit de ses misères, cela met un visage et un corps sur les colonnes de noms et de chiffres que les décideurs manipulent à longueur de temps. Dyonis n'oubliera pas les leçons du soldat Édouard. Il ne se détournera donc pas non plus des témoignages des esclaves, que le sieur Wagner consigne.
"Faire annuler le mariage." répète-t-il après les conseils de William. "C'est en effet une de mes pistes. D'ici trois jours pour commencer, une infirmière va venir constater les blessures de Lavinia. Physiques, au moins, car je n'ose même pas imaginer les séquelles psychologiques. Quoi que... J'en ai déjà eu un abominable aperçu. Pourvu que ce document attestant des violences, couplé au fait qu'elle n'ait pas d'enfant, jouent en la faveur d'une annulation." (Il cille pour chasser les larmes qui lui reviennent.) "Et vous avez raison, le plus important ensuite sera d'aider ma fille à se reconstruire. Elle a besoin de la justice, mais surtout de soutien. Je... J'ai... pris conscience qu'il y aura beaucoup de travail pour qu'elle retrouve confiance en elle. Et je ne peux plus n'être qu'un bourreau de travail, je fais la promesse de me dégager plus de temps pour elle, quoi qu'il en coûte."
Il adresse un regard plein d'estime et de confiance à William. Dyonis sait qu'il peut également compter sur lui pour être une source de réconfort et de sagesse au sein de ce domaine. Il sait qu'il peut compter sur lui. Il sait que Lavinia trouvera en cet homme une épaule solide et une oreille bienveillante. Lui-même se rend compte qu'il est en train de s'épancher alors que le domestique des Rottenberg en a tant vu, tant enduré lui aussi... Il murmure donc plein d'émoi : "Merci d'être là. Merci pour votre vaillance et pour tout ce que vous faites. Je vous admire. Sincèrement."
Son analyse du monstrueux est d'ailleurs pleine de sagesse et le seigneur de Frenn y acquiesce à plusieurs reprises. "Je crois moi aussi que la société peut être le meilleure des choses comme la plus destructrice. Qu'à l'état de nature nous sommes une boule d'émotions à vif et que tout le travail du corps social - la famille à petit échelle, la politique à plus grande - est de canaliser tout cela." Berlingtham... Dyonis frissonne de nouveau à ce nom. Non, il n'a même pas envie de fouiller le passer de ce rat putride. Tout en sachant bien que William a raison : que des clés s'y trouvent certainement. L'appât du pouvoir. L'argent facile sur le dos de malheureux enfermés - une tentation bien trop forte et à laquelle il a cédé. Trop tard à présent : son juste châtiment l'attend - et puisse-t-il servir d'exemple. Décourager de semblables envies de fraudes et d'abus de faiblesse chez des collègues.
"Eldred..." souffle-t-il ensuite. "Oui... Lui aussi aurait toutes les raison de..." (Il grimace, secoue la tête.) "Pour lui aussi, mon admiration est sans borne. Sa droiture, sa franchise, son honneur et son dévouement en font à mes yeux une personne infiniment plus noble que beaucoup de mes pairs." Et tôt ou tard, Dyonis l'en récompensera. Aussitôt qu'il aura réglé sa dette à Tristan et Alexandre : ce sera la prochaine étape.
Il apprécie le portrait brossé de feu le duc. Un seigneur généreux mais qui n'en est pas moins respectueux des hiérarchies. L'autorité doit exister pour le bien de chacun - et avec elle un ordre social, cependant celui-ci ne doit jamais être prétexte au mépris des vassaux ainsi que des taches plus manuelles et physiques. Dyonis a toujours été conscient de sa responsabilité. Et du fait que sans toutes les petites mains qui servent les Grands - militaires et gens d'armes qui les protègent, gens de ménage qui entretiennent leurs fiefs, paysans qui remplissent leurs assiettes - ils ne seraient rien. Le baron acquiesce à la proposition de William.
"Dans ce cas, si vous le permettez, oui, je vais emporter ces cinq premiers récits." Le seigneur sait déjà que ce serait une lecture pénible. Il se le devait, cependant. Chaque Grand se le devrait. Un piqûre de rappel, exactement comme l'avant-veille à l'Hôpital Général : voir en face le visage martyrisé d'un soldat parmi tant d'autres, recevoir en plein cœur le récit de ses misères, cela met un visage et un corps sur les colonnes de noms et de chiffres que les décideurs manipulent à longueur de temps. Dyonis n'oubliera pas les leçons du soldat Édouard. Il ne se détournera donc pas non plus des témoignages des esclaves, que le sieur Wagner consigne.
"Faire annuler le mariage." répète-t-il après les conseils de William. "C'est en effet une de mes pistes. D'ici trois jours pour commencer, une infirmière va venir constater les blessures de Lavinia. Physiques, au moins, car je n'ose même pas imaginer les séquelles psychologiques. Quoi que... J'en ai déjà eu un abominable aperçu. Pourvu que ce document attestant des violences, couplé au fait qu'elle n'ait pas d'enfant, jouent en la faveur d'une annulation." (Il cille pour chasser les larmes qui lui reviennent.) "Et vous avez raison, le plus important ensuite sera d'aider ma fille à se reconstruire. Elle a besoin de la justice, mais surtout de soutien. Je... J'ai... pris conscience qu'il y aura beaucoup de travail pour qu'elle retrouve confiance en elle. Et je ne peux plus n'être qu'un bourreau de travail, je fais la promesse de me dégager plus de temps pour elle, quoi qu'il en coûte."
Il adresse un regard plein d'estime et de confiance à William. Dyonis sait qu'il peut également compter sur lui pour être une source de réconfort et de sagesse au sein de ce domaine. Il sait qu'il peut compter sur lui. Il sait que Lavinia trouvera en cet homme une épaule solide et une oreille bienveillante. Lui-même se rend compte qu'il est en train de s'épancher alors que le domestique des Rottenberg en a tant vu, tant enduré lui aussi... Il murmure donc plein d'émoi : "Merci d'être là. Merci pour votre vaillance et pour tout ce que vous faites. Je vous admire. Sincèrement."
Son analyse du monstrueux est d'ailleurs pleine de sagesse et le seigneur de Frenn y acquiesce à plusieurs reprises. "Je crois moi aussi que la société peut être le meilleure des choses comme la plus destructrice. Qu'à l'état de nature nous sommes une boule d'émotions à vif et que tout le travail du corps social - la famille à petit échelle, la politique à plus grande - est de canaliser tout cela." Berlingtham... Dyonis frissonne de nouveau à ce nom. Non, il n'a même pas envie de fouiller le passer de ce rat putride. Tout en sachant bien que William a raison : que des clés s'y trouvent certainement. L'appât du pouvoir. L'argent facile sur le dos de malheureux enfermés - une tentation bien trop forte et à laquelle il a cédé. Trop tard à présent : son juste châtiment l'attend - et puisse-t-il servir d'exemple. Décourager de semblables envies de fraudes et d'abus de faiblesse chez des collègues.
"Eldred..." souffle-t-il ensuite. "Oui... Lui aussi aurait toutes les raison de..." (Il grimace, secoue la tête.) "Pour lui aussi, mon admiration est sans borne. Sa droiture, sa franchise, son honneur et son dévouement en font à mes yeux une personne infiniment plus noble que beaucoup de mes pairs." Et tôt ou tard, Dyonis l'en récompensera. Aussitôt qu'il aura réglé sa dette à Tristan et Alexandre : ce sera la prochaine étape.
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
William inclina la tête avec un profond respect lorsque le seigneur loua l'honneur du dernier des ducs de Rottenberg. Il n'oublierait jamais la bonté et l'intelligence de cet homme qui avait façonné sa jeunesse et son existence même.
"Avec tout le respect que je vous dois, messire, je pense qu'il n'a pu exister de meilleure personne au monde, mais je crains également ne manquer d'objectivité. Je l'ai connu depuis toujours. Il accueillit avec générosité ma mère veuve, sans ressources, avec un bébé fragile de huit mois. Il me donna de si bons soins, me laissa grandir avec ses enfants et me donna une éducation. Je ne serais jamais qui je suis sans lui et sa disparition est en mon sens la pire chose que Monbrina ait eu à connaître."
il entendit Dyonis comprendre sa peine et l'en remercia d'un hochement digne qui trahissait son émotion. Il aimerait tant réhabiliter la mémoire de cette famille illustre qui méritait les honneurs et non l'opprobre. Son visage blêmit ensuite aux questions suivantes. Avait-il remarqué des changements sur Ulysse ? Naturellement. Dès le débuts. Il avait cependant mis cela sur l'évolution dû à al maturation de l'esprit et au traumatisme de l'incendie.
"Ulysse... Ulysse était un ami. Mon meilleur ami. Après cet incendie tragique, je ne l'ai pas revu, il est parti directement dans ce collège où il était inscrit et n'est revenu finalement que cinq ans plus tard. Il était distant et n'a eu aucun geste envers moi. J'ai cependant mis cela sur le compte de l'étiquette. Il était à présent duc et le seul et unique survivant de son sang. La pression d'héritier était déjà forte autrefois et j'ai déjà eu l'occasion de le voir confus. J'ai supposé que la pression était devenue plus forte et j'ai préféré me tenir à l'écarter. Rester à ma place de domestique. Puis..."
Sa voix trembla de revivre la suite des événements.
"Quand il commença ses horreurs, je ne comprenais pas. Cela ne lui ressemblait pas. J'espérais que cette folie passe. Ou quelque chose se produise. Je ne sais exactement. La seule chose de tangible là-dedans fut de porter assistance comme je le pouvais aux esclaves. En échouant à chaque fois."
Il aurait dû courir à la prévôté. Ou ill aurait dû défier le monstre en duel. Il avait appris l'escrime et savait être doué. Il aurait pu sérieusement le blesser. Il aurait pu trouver un plan pour le neutraliser. Mais il avait préféré la solution de facilité.
"Je ne suis qu'un lâche."
Il n'existait pas une autre conclusion à ce gâchis et à toutes ces vies humaines inestimables prises.
"Que va t-l arriver au domaine d'ailleurs ? Il va... être redonné ? Ou vendu ?"
William confia finalement les feuillets écrits sur les témoignages de ces cinq esclaves et lui souhaita du regard bon courage pour cette lecture difficile. Il avait essayé d'édulcorer au mieux les passages les plus sensibles et de les réduire à quelques phrases mais l'horreur demeurait présente et angoisse.
"N'hésitez pas à vous montrer sévère si cela ne vous semble pas correct."
Me domestique écouta le Premier Conseiller raisonner sur l'avenir de sa fille et compatissait pour tout ce qui les attendait encore. Les prochains mois seraient certainement difficiles et la malheureuse aurait besoin de temps et de soutien pour se remettre de traumatismes aussi effroyables.
"Vous faites de votre mieux, messire, c'est déjà très bien ainsi. Il ne faut pas être aussi dur avec votre propre estime. autrement, vous finirez par réclamer à Eldred de vous infliger quinze coup de tisonnier comme le demanda cet esclave venu vous rendre visite."
Cette plaisanterie complice le ferait assurément sourire et apaiserait l'atmosphère. Après cet épisode fâcheux, Eldred lui avait touché quelques mots sur cet entretien houleux quand William avait tenu à savoir pourquoi Aud, qui semblait enfin redevenue joyeuse, s'était brusquement assombrie. Quel étrange garçon que cet esclave à béquilles !
Il eut un sourire bienveillant au compliment que lui adressa Dyonis.
"Je ne fais que mon travail, celui pour lequel je suis payé, messire. Ni plus, ni moins."
Ils en vibrent finalement sur la nature humaine qui pouvait aussi bonne que mauvaise à al fois sources de bienfaits et de malheur. Tout tenait à la question de l'éducation et de l'équilibre des individus. Ils se retrouvaient sur ce même constat.
"Effectivement. Si nous savions créer une société qui soit plus ou moins égalitaire, où chacun soit rétribué pour son mérite et mieux structurer les choses sociales pour les individus néfastes soient rapidement appréhendés et évitent de gangrener la sécurité."
La suite des échanges surprit et amusa William qui le cacha bien poliment. Ces éloges au sujet d'Eldred ferait certainement rougir ce dernier au point de le confondre avec les flammes d'une cheminée où celui-ci serait en train e réanimer le feu.
"Avec tout le respect que je vous dois, messire, je pense qu'il n'a pu exister de meilleure personne au monde, mais je crains également ne manquer d'objectivité. Je l'ai connu depuis toujours. Il accueillit avec générosité ma mère veuve, sans ressources, avec un bébé fragile de huit mois. Il me donna de si bons soins, me laissa grandir avec ses enfants et me donna une éducation. Je ne serais jamais qui je suis sans lui et sa disparition est en mon sens la pire chose que Monbrina ait eu à connaître."
il entendit Dyonis comprendre sa peine et l'en remercia d'un hochement digne qui trahissait son émotion. Il aimerait tant réhabiliter la mémoire de cette famille illustre qui méritait les honneurs et non l'opprobre. Son visage blêmit ensuite aux questions suivantes. Avait-il remarqué des changements sur Ulysse ? Naturellement. Dès le débuts. Il avait cependant mis cela sur l'évolution dû à al maturation de l'esprit et au traumatisme de l'incendie.
"Ulysse... Ulysse était un ami. Mon meilleur ami. Après cet incendie tragique, je ne l'ai pas revu, il est parti directement dans ce collège où il était inscrit et n'est revenu finalement que cinq ans plus tard. Il était distant et n'a eu aucun geste envers moi. J'ai cependant mis cela sur le compte de l'étiquette. Il était à présent duc et le seul et unique survivant de son sang. La pression d'héritier était déjà forte autrefois et j'ai déjà eu l'occasion de le voir confus. J'ai supposé que la pression était devenue plus forte et j'ai préféré me tenir à l'écarter. Rester à ma place de domestique. Puis..."
Sa voix trembla de revivre la suite des événements.
"Quand il commença ses horreurs, je ne comprenais pas. Cela ne lui ressemblait pas. J'espérais que cette folie passe. Ou quelque chose se produise. Je ne sais exactement. La seule chose de tangible là-dedans fut de porter assistance comme je le pouvais aux esclaves. En échouant à chaque fois."
Il aurait dû courir à la prévôté. Ou ill aurait dû défier le monstre en duel. Il avait appris l'escrime et savait être doué. Il aurait pu sérieusement le blesser. Il aurait pu trouver un plan pour le neutraliser. Mais il avait préféré la solution de facilité.
"Je ne suis qu'un lâche."
Il n'existait pas une autre conclusion à ce gâchis et à toutes ces vies humaines inestimables prises.
"Que va t-l arriver au domaine d'ailleurs ? Il va... être redonné ? Ou vendu ?"
William confia finalement les feuillets écrits sur les témoignages de ces cinq esclaves et lui souhaita du regard bon courage pour cette lecture difficile. Il avait essayé d'édulcorer au mieux les passages les plus sensibles et de les réduire à quelques phrases mais l'horreur demeurait présente et angoisse.
"N'hésitez pas à vous montrer sévère si cela ne vous semble pas correct."
Me domestique écouta le Premier Conseiller raisonner sur l'avenir de sa fille et compatissait pour tout ce qui les attendait encore. Les prochains mois seraient certainement difficiles et la malheureuse aurait besoin de temps et de soutien pour se remettre de traumatismes aussi effroyables.
"Vous faites de votre mieux, messire, c'est déjà très bien ainsi. Il ne faut pas être aussi dur avec votre propre estime. autrement, vous finirez par réclamer à Eldred de vous infliger quinze coup de tisonnier comme le demanda cet esclave venu vous rendre visite."
Cette plaisanterie complice le ferait assurément sourire et apaiserait l'atmosphère. Après cet épisode fâcheux, Eldred lui avait touché quelques mots sur cet entretien houleux quand William avait tenu à savoir pourquoi Aud, qui semblait enfin redevenue joyeuse, s'était brusquement assombrie. Quel étrange garçon que cet esclave à béquilles !
Il eut un sourire bienveillant au compliment que lui adressa Dyonis.
"Je ne fais que mon travail, celui pour lequel je suis payé, messire. Ni plus, ni moins."
Ils en vibrent finalement sur la nature humaine qui pouvait aussi bonne que mauvaise à al fois sources de bienfaits et de malheur. Tout tenait à la question de l'éducation et de l'équilibre des individus. Ils se retrouvaient sur ce même constat.
"Effectivement. Si nous savions créer une société qui soit plus ou moins égalitaire, où chacun soit rétribué pour son mérite et mieux structurer les choses sociales pour les individus néfastes soient rapidement appréhendés et évitent de gangrener la sécurité."
La suite des échanges surprit et amusa William qui le cacha bien poliment. Ces éloges au sujet d'Eldred ferait certainement rougir ce dernier au point de le confondre avec les flammes d'une cheminée où celui-ci serait en train e réanimer le feu.
William Wagner- Domestique
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Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
William ajoute de nouvelles touches au portrait du vrai Ulysse - des détails qui parviennent à faire sourire le baron. Il imagine le domestique enfant, avec sa mère, si bien traitée dans ce domaine qui semblait un havre de paix à l'en croire. Même si, comme il le souligne, il n'est peut-être en effet pas entièrement objectif et doit ignorer des choses. Toutes les familles ont leurs noirceurs, leurs cadavres au placard. Une autre chose l'interpelle et il demande aussitôt :
"Le jeune Ulysse et le reste de sa famille n'ont-ils jamais essuyé de déconvenues dans les hauts cercles de la société ? Des rumeurs, des diffamations ? Je suppose qu'en accordant une telle considération à des infirmes, à des prisonniers dont personne ne voudrait, ils devaient risquer de prêter le flanc à Dieu sait quels propos, quand j'entends certaines théories et vois la manière dont malheureusement la plupart des suzerains se comportent."
Dyonis regrette alors de voir le sieur Wagner pâlir à ses demandes quant au revirement du faux Ulysse. Sa curiosité a peut-être été un peu mal placée et il aurait mieux valu épargner ce genre de demandes. Mais puisque c'est fait... Le coin de sa lèvre se plisse. Il croise prothèse et crochet devant sa bouche, songeur.
"Je vois. Oh, il est naturel que vous ayez pu croire que le collège l'ait changé, par le rappel aux graves fonctions qui seraient siennes, ou encore le martèlement de sa place dans la hiérarchie. Sans compter qu'il était à cet âge où l'on change aisément. Et surtout... le choc de la mort de ses proches. Non, ce n'est pas incohérent que cela ait le pouvoir de chambouler une personnalité de fonds en combles. Et je peux comprendre que quand on a été aussi proche d'un tel ami, l'imaginer mort doit être impossible à l'esprit. Que plus encore, vous ayez pu vous accrocher à l'espoir qu'un jour le véritable Ulysse redevienne comme vous l'aviez connu."
Il pousse un soupir sincère en entendant William se qualifier si durement de lâche. Ah, ils sont beaux, tous les deux en cet instant à se reprocher chacun leurs propres erreurs ! Et à réconforter l'autre alors qu'il s'auto-critique sur les mêmes choses. Le seigneur en secoue la tête de dépit et cille. Ils doivent se reprendre. L'un et l'autre. Sa main métallique vient doucement à l'épaule de William. Il capte ses yeux de toute la force de ses iris azur loin de leur habituelle dureté.
"Voulez-vous que je vous dise ? Nous sommes logés à la même enseigne. Actuellement, pas un pour rattraper l'autre ! Et il est grand temps que nous travaillions à avancer et nous soutenions dans ce sens. Comptez sur moi pour vous y aider." (Le tout serait pour Dyonis de s'y aider lui-même.) "Je peux vous retourner exactement ce que vous me dites, cher William : vous avez fait de votre mieux. Dans les circonstances épouvantables qui ont été votre environnement des années durant. En des moments inhumains, il est héroïque d'être simplement humain. Même d'essayer. Même d'avoir eu l'intention de secourir ces malheureux. D'ailleurs quoi que vous en dites, je suis persuadé que vous en aurez soutenu certains au delà de ce que vous croyez. Le seul fait d'avoir eu une présence réconfortante dans le domaine, une oreille attentive, des mains qui soignent."
Il se redresse et se cale contre son dossier quand il est question de son propre cas. "Quant à moi j'ai commis des erreurs. J'y ai réfléchi. J'ai pris certaines décisions vis-à-vis de personnes à qui j'ai fait grand mal et à présent, il est plus que temps de me mettre en action et d'avancer." (Il souffle de rire et arque un sourcil en entendant parler de nouveau de cette histoire de tisonnier.) "On vous a donc raconté cela ?" (Léger sourire gêné) "Non, j'espère ne jamais tomber dans de tels délires de mortification, et si la folie m'en prend faites-le moi savoir - je vous en serai reconnaissant. Je n'ai d'ailleurs pas fait ce plaisir au garçon concerné et en suis resté à une sanction bien plus appropriée. Je pense avec le recul que ce malheureux était surtout totalement déphasé."
Le baron en reste là. Il estime l'épisode clos, Alexandre puni, et pense sincèrement qu'il a retenu la leçon et ne traitera plus jamais des étrangers de sauvages sur seul motif de leur origine. Dyonis secoue la main devant lui, gêné au sujet du texte de William : "Je ne suis pas sûr d'être bien placé et légitime pour me montrer sévère en matière d'écriture. Par ailleurs je ne me permettrai pas : ce sont des témoignages de défunts. Et votre ressenti très lourd à assumer, qui fait déjà le grand effort de les porter à l'attention d'un public. M'est avis qu'ils seront bien comme cela. Authentiques." (Un temps) "Pour vous répondre quant au domaine de Rottenberg : il me paraît compliqué et malsain de vendre un lieu marqué par de tels drames. Il est passé sous tutelle de la couronne. J'ignore encore ce que Sa Majesté envisagera d'en faire mais je veillerai à ce que ce soit respectueux des valeurs qui étaient celles de feu-ses propriétaires."
La conversation aura pris un tour plus politique. Le seigneur approuve d'un hochement du chef les paroles de William et ajoute : "Nous sommes par nature inégaux. Un tel a des dispositions pour gouverner, un tel pour une activité manuelle, un tel pour soigner... Il faut des classifications, mais je ne peux qu'approuver qu'une hiérarchie ne dispense pas du respect et de la protection dus à chacun. Et encore moins nier l'importance du mérite dans les répartitions sociales. Quant aux esclaves, si c'est aussi à eux que vous pensez à demi-mots, je les estime dans cette situation car châtiés à un moment de leur vie, ou parce que devenus prises de guerre - et donc soumises aux lois martiales s'appliquant aux vaincus. Pour autant, j'ai à cœur d'affranchir les méritants - je le fais régulièrement - et de ne condamner d'office aucun esclave à demeurer à vie dans sa situation sans possibilité d'évolution."
"Le jeune Ulysse et le reste de sa famille n'ont-ils jamais essuyé de déconvenues dans les hauts cercles de la société ? Des rumeurs, des diffamations ? Je suppose qu'en accordant une telle considération à des infirmes, à des prisonniers dont personne ne voudrait, ils devaient risquer de prêter le flanc à Dieu sait quels propos, quand j'entends certaines théories et vois la manière dont malheureusement la plupart des suzerains se comportent."
Dyonis regrette alors de voir le sieur Wagner pâlir à ses demandes quant au revirement du faux Ulysse. Sa curiosité a peut-être été un peu mal placée et il aurait mieux valu épargner ce genre de demandes. Mais puisque c'est fait... Le coin de sa lèvre se plisse. Il croise prothèse et crochet devant sa bouche, songeur.
"Je vois. Oh, il est naturel que vous ayez pu croire que le collège l'ait changé, par le rappel aux graves fonctions qui seraient siennes, ou encore le martèlement de sa place dans la hiérarchie. Sans compter qu'il était à cet âge où l'on change aisément. Et surtout... le choc de la mort de ses proches. Non, ce n'est pas incohérent que cela ait le pouvoir de chambouler une personnalité de fonds en combles. Et je peux comprendre que quand on a été aussi proche d'un tel ami, l'imaginer mort doit être impossible à l'esprit. Que plus encore, vous ayez pu vous accrocher à l'espoir qu'un jour le véritable Ulysse redevienne comme vous l'aviez connu."
Il pousse un soupir sincère en entendant William se qualifier si durement de lâche. Ah, ils sont beaux, tous les deux en cet instant à se reprocher chacun leurs propres erreurs ! Et à réconforter l'autre alors qu'il s'auto-critique sur les mêmes choses. Le seigneur en secoue la tête de dépit et cille. Ils doivent se reprendre. L'un et l'autre. Sa main métallique vient doucement à l'épaule de William. Il capte ses yeux de toute la force de ses iris azur loin de leur habituelle dureté.
"Voulez-vous que je vous dise ? Nous sommes logés à la même enseigne. Actuellement, pas un pour rattraper l'autre ! Et il est grand temps que nous travaillions à avancer et nous soutenions dans ce sens. Comptez sur moi pour vous y aider." (Le tout serait pour Dyonis de s'y aider lui-même.) "Je peux vous retourner exactement ce que vous me dites, cher William : vous avez fait de votre mieux. Dans les circonstances épouvantables qui ont été votre environnement des années durant. En des moments inhumains, il est héroïque d'être simplement humain. Même d'essayer. Même d'avoir eu l'intention de secourir ces malheureux. D'ailleurs quoi que vous en dites, je suis persuadé que vous en aurez soutenu certains au delà de ce que vous croyez. Le seul fait d'avoir eu une présence réconfortante dans le domaine, une oreille attentive, des mains qui soignent."
Il se redresse et se cale contre son dossier quand il est question de son propre cas. "Quant à moi j'ai commis des erreurs. J'y ai réfléchi. J'ai pris certaines décisions vis-à-vis de personnes à qui j'ai fait grand mal et à présent, il est plus que temps de me mettre en action et d'avancer." (Il souffle de rire et arque un sourcil en entendant parler de nouveau de cette histoire de tisonnier.) "On vous a donc raconté cela ?" (Léger sourire gêné) "Non, j'espère ne jamais tomber dans de tels délires de mortification, et si la folie m'en prend faites-le moi savoir - je vous en serai reconnaissant. Je n'ai d'ailleurs pas fait ce plaisir au garçon concerné et en suis resté à une sanction bien plus appropriée. Je pense avec le recul que ce malheureux était surtout totalement déphasé."
Le baron en reste là. Il estime l'épisode clos, Alexandre puni, et pense sincèrement qu'il a retenu la leçon et ne traitera plus jamais des étrangers de sauvages sur seul motif de leur origine. Dyonis secoue la main devant lui, gêné au sujet du texte de William : "Je ne suis pas sûr d'être bien placé et légitime pour me montrer sévère en matière d'écriture. Par ailleurs je ne me permettrai pas : ce sont des témoignages de défunts. Et votre ressenti très lourd à assumer, qui fait déjà le grand effort de les porter à l'attention d'un public. M'est avis qu'ils seront bien comme cela. Authentiques." (Un temps) "Pour vous répondre quant au domaine de Rottenberg : il me paraît compliqué et malsain de vendre un lieu marqué par de tels drames. Il est passé sous tutelle de la couronne. J'ignore encore ce que Sa Majesté envisagera d'en faire mais je veillerai à ce que ce soit respectueux des valeurs qui étaient celles de feu-ses propriétaires."
La conversation aura pris un tour plus politique. Le seigneur approuve d'un hochement du chef les paroles de William et ajoute : "Nous sommes par nature inégaux. Un tel a des dispositions pour gouverner, un tel pour une activité manuelle, un tel pour soigner... Il faut des classifications, mais je ne peux qu'approuver qu'une hiérarchie ne dispense pas du respect et de la protection dus à chacun. Et encore moins nier l'importance du mérite dans les répartitions sociales. Quant aux esclaves, si c'est aussi à eux que vous pensez à demi-mots, je les estime dans cette situation car châtiés à un moment de leur vie, ou parce que devenus prises de guerre - et donc soumises aux lois martiales s'appliquant aux vaincus. Pour autant, j'ai à cœur d'affranchir les méritants - je le fais régulièrement - et de ne condamner d'office aucun esclave à demeurer à vie dans sa situation sans possibilité d'évolution."
Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
William se plaisait en dépit de cette heure tardive à faire revivre le magnifique domaine et toutes ces personnes gentilles qui l'avaient composé pour les décrire avec justesse au baron. Dans ses yeux repassaient les silhouettes avenantes de sa jeunesse ou les jeux partagés avec ses amis. Il entendit cette réserve sur la manière dont famille pouvait être traité, une idée sans doute nul doute venu de ses propres expériences, et s'empressa de le détromper.
"Non, la famille de Rotteberg possédait une grande importance et personne ne se serait abaissé à la ridiculiser. Chaque semaine, ils se rendaient à l'église et ils n'avaient de cesse de multiplier les gestes de charité. Feule duc tenait cela de son père. Leur éthique perdurait au travers du temps et des générations. Feu la duchesse organisait régulièrement des après-midi de charité avec ses filles durant lesquelles elle évoquait le sort de tel organisme voué à apporter un emploi à de pauvres gens et les incitait à donner. Elle mêlait habilement religion et convenances pour parvenir à ses fins. "
Ces souvenirs du passé le ramenaient naturellement au présent et à la triste conclusion de cette famille parfaite. Ulysse, devenu duc à son tour, aurait pu accomplir tant de belles choses mais le monstre avait jailli, accueilli au propre sein de ce nid confortable, et le avait tous emporté dans le néant. Il écouta le seigneur assurer que ne pas avoir vu le changement était normal et que son ami avait atteint un âge où les caractères changeaient facilement, surtout après des événements aussi effroyables. William hocha la tête sobrement. Il avait raison. Comment soupçonner l'horreur ? Qui aurait pu imaginer un esclave, sans instruction, aussi jeune, Martin ayant à peine dix-huit ans au moment de l'incendie, puisse réaliser un crime de cette envergure ? Qui même envisagerait que l'on souhaiterait supprimer une famille aussi généreuse qui n'avait absolument aucun ennemi ?
Le baron finit par accrocher son regard et celui-ci était chargé d'une douceur que le domestique avait rarement vu. Il parlait bien et avec une gentillesse apaisante. William hocha de la tête.
"Vous avez raison, messire. Mais en ce cas, si j'ai accompli mes devoirs, que je n'ai à me reprocher, vous non plus. Vous avez toujours souhaité vous-même au mieux. Alors cessez de vous tourmenter pour le sort de votre fille ou des crimes qui se sont produits à l'hôpital général. Un coupable ne peut être accusé pour son ignorance."
Le domestique eut ensuite un sourire suite à sa plaisanterie sur les décisions stupides de l'esclave venu visiter Frenn.
"Eldred m'a raconté l'entretien. Je m'intriguais de revoir Aud retomber dans un abattement dont elle était pourtant sortie. De ce que j'ai compris, oui, il semblait encore le coup de la mort d'Ulysse, non ? Et il aura fait un fameux amalgame entre Martin et les zarkotiens. Espérons que cette leçon que vous lui avez donné aura pu le faire réfléchir."
Leur discussion changea finalement pour aborder la question du fameux manuscrit que le baron emportait, conscient des horreurs que ceux-ci portaient et soucieux de respecter la paroles des défunts. Il entendit ensuite avec intérêt le sort du domaine de Rottenberg.
"J'ai déjà beaucoup remanié ces paroles, vous savez. Tous ces esclaves étaient illettrés, beaucoup s'exprimaient mal.. Il a fallu leur donné une parole... compréhensible. Je comprends pour l'avenir du domaine. C'est une excellente chose de ne pas le vendre. Il conviendrait, oui, de le transformer en un projet que la famille aurait été fière de porter. Sans doute, un bâtiment pour une quelconque œuvre de charité ?"
Leur conversation aboutit finalement à des réflexions d'ordre plus éthiques et William approuva ses dires d'un hochement de tête.
"Je pense moi-même que chacun doit agir selon ses capacités et ses compétences. Autrement, cela éveille les frustrations. Comme ce fut le cas de Martin. Oui, les esclaves, il se révèle important de ne pas le mépriser, comme le font bien souvent trop de nobles, et les récompenser pour leur loyauté et leurs bonnes actions. Votre manière de faire est la bonne et il serait bon que celle-ci se généralise dans le royaume. Autrement, nous finirons par revoir des cas comme Martin. Dans l'ancienne Rome, les citoyens craignaient eux les révoltes. Elles sont naturelles, je crois. Quoi de pire que de perdre sa liberté, surtout quand on est mal traité ? Quand l'espoir se meurt, l'individu se change en loup."
"Non, la famille de Rotteberg possédait une grande importance et personne ne se serait abaissé à la ridiculiser. Chaque semaine, ils se rendaient à l'église et ils n'avaient de cesse de multiplier les gestes de charité. Feule duc tenait cela de son père. Leur éthique perdurait au travers du temps et des générations. Feu la duchesse organisait régulièrement des après-midi de charité avec ses filles durant lesquelles elle évoquait le sort de tel organisme voué à apporter un emploi à de pauvres gens et les incitait à donner. Elle mêlait habilement religion et convenances pour parvenir à ses fins. "
Ces souvenirs du passé le ramenaient naturellement au présent et à la triste conclusion de cette famille parfaite. Ulysse, devenu duc à son tour, aurait pu accomplir tant de belles choses mais le monstre avait jailli, accueilli au propre sein de ce nid confortable, et le avait tous emporté dans le néant. Il écouta le seigneur assurer que ne pas avoir vu le changement était normal et que son ami avait atteint un âge où les caractères changeaient facilement, surtout après des événements aussi effroyables. William hocha la tête sobrement. Il avait raison. Comment soupçonner l'horreur ? Qui aurait pu imaginer un esclave, sans instruction, aussi jeune, Martin ayant à peine dix-huit ans au moment de l'incendie, puisse réaliser un crime de cette envergure ? Qui même envisagerait que l'on souhaiterait supprimer une famille aussi généreuse qui n'avait absolument aucun ennemi ?
Le baron finit par accrocher son regard et celui-ci était chargé d'une douceur que le domestique avait rarement vu. Il parlait bien et avec une gentillesse apaisante. William hocha de la tête.
"Vous avez raison, messire. Mais en ce cas, si j'ai accompli mes devoirs, que je n'ai à me reprocher, vous non plus. Vous avez toujours souhaité vous-même au mieux. Alors cessez de vous tourmenter pour le sort de votre fille ou des crimes qui se sont produits à l'hôpital général. Un coupable ne peut être accusé pour son ignorance."
Le domestique eut ensuite un sourire suite à sa plaisanterie sur les décisions stupides de l'esclave venu visiter Frenn.
"Eldred m'a raconté l'entretien. Je m'intriguais de revoir Aud retomber dans un abattement dont elle était pourtant sortie. De ce que j'ai compris, oui, il semblait encore le coup de la mort d'Ulysse, non ? Et il aura fait un fameux amalgame entre Martin et les zarkotiens. Espérons que cette leçon que vous lui avez donné aura pu le faire réfléchir."
Leur discussion changea finalement pour aborder la question du fameux manuscrit que le baron emportait, conscient des horreurs que ceux-ci portaient et soucieux de respecter la paroles des défunts. Il entendit ensuite avec intérêt le sort du domaine de Rottenberg.
"J'ai déjà beaucoup remanié ces paroles, vous savez. Tous ces esclaves étaient illettrés, beaucoup s'exprimaient mal.. Il a fallu leur donné une parole... compréhensible. Je comprends pour l'avenir du domaine. C'est une excellente chose de ne pas le vendre. Il conviendrait, oui, de le transformer en un projet que la famille aurait été fière de porter. Sans doute, un bâtiment pour une quelconque œuvre de charité ?"
Leur conversation aboutit finalement à des réflexions d'ordre plus éthiques et William approuva ses dires d'un hochement de tête.
"Je pense moi-même que chacun doit agir selon ses capacités et ses compétences. Autrement, cela éveille les frustrations. Comme ce fut le cas de Martin. Oui, les esclaves, il se révèle important de ne pas le mépriser, comme le font bien souvent trop de nobles, et les récompenser pour leur loyauté et leurs bonnes actions. Votre manière de faire est la bonne et il serait bon que celle-ci se généralise dans le royaume. Autrement, nous finirons par revoir des cas comme Martin. Dans l'ancienne Rome, les citoyens craignaient eux les révoltes. Elles sont naturelles, je crois. Quoi de pire que de perdre sa liberté, surtout quand on est mal traité ? Quand l'espoir se meurt, l'individu se change en loup."
William Wagner- Domestique
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Re: [Nuit du 10-11 décembre 1597] Porte ouverte sur nos fantômes [Terminé]
Le corps du baron a fini par se détendre. Le voilà moins crispé, visage déchargé de ses tensions, prothèses posées sur ses jambes tandis qu'il écoute William. Ses mémoires des Rottenberg étonnent Dyonis. Des aristocrates capables de se faire respecter par leurs pratiques charitables, cela est rare. Il ne faut pas se voiler la face : le fait qu'ils étaient ducs, et immensément riches, y a dû jouer surtout. Mais tout de même, si peu de noblesse est épargnée par des complots - ou au moins des médisances ! Ou bien William ne sait pas tout, ou bien les Rottenberg se sont imposés miraculeusement.
"C'est admirable. Feu-ma femme et moi avions aussi à cœur ces œuvres. Devant l'ampleur de la tâche, nous voyions que peu de suzerains - pourtant fortunés - s'engagent où ils pourraient. Sans compter que parmi ceux qui le font, une autre espèce de gens est préjudiciable : ceux qui ne donnent qu'un minimum pour se faire admirer, mais ne font rien pour changer les choses en profondeur, car pauvreté est bonne à maintenir pour se faire valoir. Plus d'une fois ais-je serré les dents quand une patronnesse vante leurs pauvres. Pour certains, c'est une entreprise juteuse."
Il ferme un instant les yeux, comme en inspection de sa conscience. C'est précisément pour ce genre de raisons qu'il a toujours privilégié la discrétion et médité des préceptes tels que celui qu'il laisse échapper à mi-voix : "Ne dit-on pas que le Bien ne fait bruit ? Le voir comme un devoir et non comme une fleur que l'on fait devrait y aider." Le tapage et le service de soi déguisé en celui d'autrui, il laisse cela à d'autres. Dyonis n'y est jamais arrivé. Or peut-être ce silence rigide a-t-il aussi toujours été dans sa nature sans même qu'il ne s'y force outre mesure.
Quand William parle de "mêler habilement religion et convenance", le seigneur affiche un demi-sourire en coin : oui, il y a de la stratégie nécessaire en tout, même en ces choses-là. Et il peut tolérer que la religion soit ponctuellement utilisée avec habileté - telle un outil - si la finalité en est louable. Son sourire s'agrandit, plus franc, alors que le sieur Wagner tire la bonne leçon de tout cela : le fléau de l'ignorance. "Je vous suis. Si d'une part il est des crimes énormes et réfléchis, ils sont facilités par ce que j'appellerai le mal banal. Celui du quotidien, commis par ignorance. Ou réflexe. Raison pour laquelle j'ai à cœur - excessivement - la volonté que les gens sachent. Comprennent. S'instruisent. Moi le premier, même si cela me fait amener trente-cinq dossiers au roi." Il aura prononcé cette dernière phrase dans un hoquet d'auto-dérision. Oui, il a toujours été obsessionnel de la précise connaissance des choses.
Au sujet d'Alexandre, il hoche la tête et confirme : "C'est sans doute cela." Le souvenir de Martin ayant injustement déteint sur Aud et Eldred. Il n'en demeure pas moins effarant qu'un infirme, lui-même cible d'amalgames de cette nature, ait pu produire celui-ci. Quant à avoir retenu la leçon : "Je l'espère."
Voilà qu'avec le relâchement de ses muscles et de son esprit, le sommeil commence à gagner Dyonis. Il pique une première fois du nez mais se retient avant que sa tête ne commence à être vu à tomber. Rester droit et attentif. D'autant qu'il est question de l'important sujet du domaine des Rottenberg. "Ce pourrait être une bonne idée, oui, que de le consacrer à ce qui a toujours tenu à cœur de la famille ducale : l'assistance aux démunis. J'en parlerai au roi. D'autant que comme je l'ai promis à Édouard et ré-affirmé au vicomte de Fromart, la question sociale va devenir une de mes priorités." Il soupire : "Ce ne sera pas mince affaire."
Il toussote de gêne en entendant William assurer que sa manière de faire devrait se généraliser. Dyonis ne sait pas : il est loin d'être idéal et souvent en proie à l'impuissance. Le sujet des révoltes en revanche l'intéresse et le cas de Rome est édifiant. "C'est bien une des choses que j'ai tenté de souligner à un conseil des Ministres. Des esclaves écrasés, poussés à bout, laissés sans un filet d'espoir, ce sont ceux-là qui se révoltent." Quel mauvais souvenir... Il lui avait semblé ramer en vain, face au roi et au seigneur de Fromart, lorsqu'il avait avancé les soins à apporter aux esclaves. Ordonné l'intervention de médecins. Débloqué une taxe pour l'amélioration des conditions serviles. Quelle tête feraient Sa Majesté et le Ministre si demain, il arrivait cette fois en proposant de faciliter les affranchissements sur mérite ? Et quand il prendra à bras le corps le dossier des pauvres. Ou celui de l'Église, à rappeler à ses vœux de charité et sobriété !
Mais le sommeil commence à se faire pressant. Le baron ne peut poursuivre plus avant sans risquer cette fois-ci vraiment le ridicule d'un nez qui pique au sol, ou d'un bâillement, ou d'un nouveau geste confus. Il doit rester maître de son image. "J'aurais apprécié, cher William, poursuivre encore longuement ces réflexions. Mais la sagesse m'appelle à aller dormir et je crois que vous devriez en faire de même." sourit-il. Il prend une inspiration, lui drainant ses forces le long des bras, se se lève le moins lourdement possible de son siège. "Je vous souhaite la bonne nuit. Encore merci pour cette conversation, que j'espère, nous poursuivrons." Le baron incline la tête. Il ne traîne pas à quitter le sieur Wagner et son office, le laissant à son ouvrage qu'il lira prochainement.
Enfin dans le couloir, il se permet de ciller et bailler. En silence. Avant que ne résonnent ses pas toujours aussi fermes, sûrs et réguliers sur le dallage jusqu'aux escaliers. Puis à sa chambre.
"C'est admirable. Feu-ma femme et moi avions aussi à cœur ces œuvres. Devant l'ampleur de la tâche, nous voyions que peu de suzerains - pourtant fortunés - s'engagent où ils pourraient. Sans compter que parmi ceux qui le font, une autre espèce de gens est préjudiciable : ceux qui ne donnent qu'un minimum pour se faire admirer, mais ne font rien pour changer les choses en profondeur, car pauvreté est bonne à maintenir pour se faire valoir. Plus d'une fois ais-je serré les dents quand une patronnesse vante leurs pauvres. Pour certains, c'est une entreprise juteuse."
Il ferme un instant les yeux, comme en inspection de sa conscience. C'est précisément pour ce genre de raisons qu'il a toujours privilégié la discrétion et médité des préceptes tels que celui qu'il laisse échapper à mi-voix : "Ne dit-on pas que le Bien ne fait bruit ? Le voir comme un devoir et non comme une fleur que l'on fait devrait y aider." Le tapage et le service de soi déguisé en celui d'autrui, il laisse cela à d'autres. Dyonis n'y est jamais arrivé. Or peut-être ce silence rigide a-t-il aussi toujours été dans sa nature sans même qu'il ne s'y force outre mesure.
Quand William parle de "mêler habilement religion et convenance", le seigneur affiche un demi-sourire en coin : oui, il y a de la stratégie nécessaire en tout, même en ces choses-là. Et il peut tolérer que la religion soit ponctuellement utilisée avec habileté - telle un outil - si la finalité en est louable. Son sourire s'agrandit, plus franc, alors que le sieur Wagner tire la bonne leçon de tout cela : le fléau de l'ignorance. "Je vous suis. Si d'une part il est des crimes énormes et réfléchis, ils sont facilités par ce que j'appellerai le mal banal. Celui du quotidien, commis par ignorance. Ou réflexe. Raison pour laquelle j'ai à cœur - excessivement - la volonté que les gens sachent. Comprennent. S'instruisent. Moi le premier, même si cela me fait amener trente-cinq dossiers au roi." Il aura prononcé cette dernière phrase dans un hoquet d'auto-dérision. Oui, il a toujours été obsessionnel de la précise connaissance des choses.
Au sujet d'Alexandre, il hoche la tête et confirme : "C'est sans doute cela." Le souvenir de Martin ayant injustement déteint sur Aud et Eldred. Il n'en demeure pas moins effarant qu'un infirme, lui-même cible d'amalgames de cette nature, ait pu produire celui-ci. Quant à avoir retenu la leçon : "Je l'espère."
Voilà qu'avec le relâchement de ses muscles et de son esprit, le sommeil commence à gagner Dyonis. Il pique une première fois du nez mais se retient avant que sa tête ne commence à être vu à tomber. Rester droit et attentif. D'autant qu'il est question de l'important sujet du domaine des Rottenberg. "Ce pourrait être une bonne idée, oui, que de le consacrer à ce qui a toujours tenu à cœur de la famille ducale : l'assistance aux démunis. J'en parlerai au roi. D'autant que comme je l'ai promis à Édouard et ré-affirmé au vicomte de Fromart, la question sociale va devenir une de mes priorités." Il soupire : "Ce ne sera pas mince affaire."
Il toussote de gêne en entendant William assurer que sa manière de faire devrait se généraliser. Dyonis ne sait pas : il est loin d'être idéal et souvent en proie à l'impuissance. Le sujet des révoltes en revanche l'intéresse et le cas de Rome est édifiant. "C'est bien une des choses que j'ai tenté de souligner à un conseil des Ministres. Des esclaves écrasés, poussés à bout, laissés sans un filet d'espoir, ce sont ceux-là qui se révoltent." Quel mauvais souvenir... Il lui avait semblé ramer en vain, face au roi et au seigneur de Fromart, lorsqu'il avait avancé les soins à apporter aux esclaves. Ordonné l'intervention de médecins. Débloqué une taxe pour l'amélioration des conditions serviles. Quelle tête feraient Sa Majesté et le Ministre si demain, il arrivait cette fois en proposant de faciliter les affranchissements sur mérite ? Et quand il prendra à bras le corps le dossier des pauvres. Ou celui de l'Église, à rappeler à ses vœux de charité et sobriété !
Mais le sommeil commence à se faire pressant. Le baron ne peut poursuivre plus avant sans risquer cette fois-ci vraiment le ridicule d'un nez qui pique au sol, ou d'un bâillement, ou d'un nouveau geste confus. Il doit rester maître de son image. "J'aurais apprécié, cher William, poursuivre encore longuement ces réflexions. Mais la sagesse m'appelle à aller dormir et je crois que vous devriez en faire de même." sourit-il. Il prend une inspiration, lui drainant ses forces le long des bras, se se lève le moins lourdement possible de son siège. "Je vous souhaite la bonne nuit. Encore merci pour cette conversation, que j'espère, nous poursuivrons." Le baron incline la tête. Il ne traîne pas à quitter le sieur Wagner et son office, le laissant à son ouvrage qu'il lira prochainement.
Enfin dans le couloir, il se permet de ciller et bailler. En silence. Avant que ne résonnent ses pas toujours aussi fermes, sûrs et réguliers sur le dallage jusqu'aux escaliers. Puis à sa chambre.
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