[12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
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[12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Elle voulait voir Alduis. L'ennui étant qu'elle n'avait rien de particulier à lui dire. Et qu'elle avait peur de lui parler de son père... Parce que toutes ses pensées la ramenaient vers lui, et qu'elle ne pourrait probablement pas s'en empêcher. De lui dire que... Que quoi ? Qu'elle sombrait de nouveau depuis qu'elle l'avait perdu ? Qu'elle retombait dans les abysses dans lesquelles la mort d'Ariste l'avait laissée ? Qu'elle n'était pas certaine de tenir, cette fois ? Qu'elle pouvait presqie prétendre s'être reconstruite et que maintenant, il ne lui restait plus qu'à s'en convaincre pour... Non, elle ne pouvait pas l'accabler de ça en plus du reste. C'était un coup à compliquer encore davantage sa relation avec son père, et c'était hors de question. C'était un coup à le faire culpabiliser de nouveau pour Ariste, et ce n'était pas plus envisageable.
Mais... Mais elle avait quand même envie de le voir. De lui demander comment il allait. Notamment avec ce qu'il s'était passé… Et puis, lui demander comment s'était passé son retour, après qu'elle l'ait quitté. Si cela s'était apaisé avec son... Non ! Non ! Non ! Non ! Éléonore s'adossa à la voiture, désespérée. Elle n'en sortirait jamais. Elle se détestait. Elle était tellement stupide.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice lisait dans le salon jouxtant la bibliothèque, celui-là même qui donnait sur la Cour d’honneur. Elle était bien, ici, au chaud, un livre entre les doigts avec pour seul bruit le crépitement du foyer. Cela devait faire deux bonnes heures qu’elle n’avait pas bougé de sa bergère et ses orteils commençaient à s’engourdir sévèrement. Elle referma l’ouvrage avec douceur et le déposa sur la table voisine : Alexandre avait définitivement bien choisi ce roman historique. Ses bras s’étirèrent vers le ciel emportant avec eux chacune des vertèbres comprimées dans son corset. Machinalement, elle s’approcha de la fenêtre pour observer les alentours sans vraiment savoir ce qu’elle s’attendait à découvrir. Son regard se posa aussitôt sur la voiture garée à proximité de l'escalier. Une jeune femme brune ouvrit la porte, et descendit les marchettes avant de subitement remonter visiblement troublée ou hésitante. Avait-elle oublié quelque chose? Spectatrice discrète de ce ballet qui se répéta, elle s’intéressa notamment à cette dernière. C’était la première fois qu’elle la voyait à Fromart, de cela, elle en était sûre. Sans doute une amie de Lavinia. Comment pouvait-on en arriver à de telles extrémités ? Elle n'en revenait toujours pas de ce qui était arrivée à son amie d'enfance. Distraitement, elle suivit du regard l’ultime descente avant que celle-ci ne s’adosse avec ce qui semblait être un ultime soupir.
Poussée par sa curiosité et la détresse de la mystérieuse inconnue, Bérénice poussa la porte vitrée donnant sous les arcades, dévala l’escalier de son pas souple.
- Bonjour mademoiselle, lança-t-elle avec son habituelle jovialité vous semblez soucieuse, puis-je espérer faire quelque chose pour vous ?
Elle pencha la tête sérieusement concernée et l’invita d’un geste à la suivre à l’intérieur
- Ne restez pas ici, vous allez attraper froid à moins que vous ne préfériez marcher ?
Car elle sentait bien qu’elle n’était pas dans son état normal. Peut-être serait-elle plus à l’aise en marchant. Bérénice réalisa subitement qu’elle ne s’était pas présentée et qu’elle ignorait même si elle venait d’arriver ou était en train de partir.
- Où sont passées mes bonnes manières ! Bérénice de Fromart-Aussevielle, ravie de faire votre connaissance dit-elle en effectuant une discrète révérence.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Elle leva un regard un peu hagard vers la silhouette - pas celle de Jean, donc – qui s'approchait. D'instinct, elle sut à qui elle avait affaire dès que sa vue s'éclaircit. Peut-être parce qu'on lui en avait encore parlé moins d'une heure auparavant... Quoique... Rien ne le lui prouvait…
Soucieuse ? Non... Pas tout à fait. Complètement déphasée, peut-être. Faire quelque chose pour elle ? Peut-être qu'elle, elle pourrait lui demander…
Elle ne parvint pas à répondre. Par où commencer ? Et puis... Pouvait-elle vraiment se permettre d'abuser du temps de cette femme ? Elle avait sans doute bien plus intéressant à faire que la renseigner.
Attraper froid ? Peut-être que si elle attrapait froid... Mais elle ne pouvait pas laisser paraître de tels doutes, pas ici. Elle ne voulait pas dégringoler plus bas encore dans l'estime du propriétaire des lieux s'il venait à l'apprendre. Elle ne voulait pas qu'il sache combien elle était stupide. Et... Elle ne voulait pas encourager Alduis ou Lavinia avec ses bêtises.
Elle se redressa et acquiesça. Elle n'eut pas le temps de répondre qu'on lui proposait déjà une alternative. Marcher ? Rentrer ? Elle s'apprêta à suivre son hôte, qu'importe où elle préférait aller. Son hôte qui était effectivement la merveilleuse Bérénice dont elle n'avait entendu que du bien – et elle le pensa sans une once de sarcasme ou d'incrédulité.
— Éléonore de Tianidre, répondit-elle dans l'attitude appropriée. Tout le plaisir est pour moi. Il ne pourrait en être autrement après tout le bien qu'on m'a dit de vous.
D'ailleurs… Elle ne doutait pas un instant qu'elle était la seule des deux à faire une rencontre intéressante. C'était bien ce qui l'empêchait de vraiment sourire. Elle se sentait… encombrante. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait franchement l'impression de déranger ici, d'ailleurs… De toute façon, elle ne savait faire que ça.
Se disant qu'un nom n'aiderait sans doute pas son interlocutrice à l'identifier, elle entreprit de préciser :
— Je suis... Qu'était-elle exactement ? À part horriblement désolée de gâcher son après-midi. A part affreusement stupide, ennuyeuse, incapable… tour cela, la jeune femme le remarquerait bien toute seule. Je venais voir Madame de Kergemont. Je suis une amie d'Alduis.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
La jeune femme face à elle semblait complètement perdue. Mais qu’est-ce qui avait bien pu la mettre dans un tel état ? Bérénice afficha un sourire compatissant devant son absence de réponse. Elle en avait même oublié de se présenter. Une fois son erreur corrigée, leur invité se présenta et ce fut un rayon de soleil qui illumina son visage :
- Alors vous êtes la presque future belle-sœur de mon frère ! lança-t-elle spontanément.
Marcher ou rentrer ? Comment elle ne semblait pas pouvoir choisir, elle attrapa son bras d’office après les présentations et l’entraina à l’intérieur. Au pire, si elle décidait vouloir marcher, il serait toujours temps de changer de direction au dernier moment ! Rien n’était figé !
- Vous êtes presque de la famille dans ce cas
Elle étouffa un petit rire qui n’avait rien de mesquin, bien au contraire. Elle espérait pouvoir la mettre à l’aise, elle qui semblait plus près de prendre ses jambes à son cou que disposée à la suivre. Elle acquiesça à la mention de Lavinia.
- C’est une amie d’enfance. Je vais la faire prévenir de votre arrivée… Et… faites comme chez vous surtout ! Ne vous sentez pas gêné en quoi que ce soit.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Alduis lui avait parlé d'elle ? Il n'y avait qu'Alduis pour avoir dit une chose pareille – d'ailleurs, il était le seul susceptible de la mentionner elle ne voyait pas pourquoi Coldris aurait parlé d'elle à qui que ce soit, elle n'avait aucun intérêt. Mais... Il avait dit quelque chose de gentil sur elle ? Ç'avait bien dû être le cas pour que Bérénice de montre si enjouée – sans qu'elle n'y perçoive de duplicité. Et après, Alduis osait encore mettre sa parole en doute quand elle affirmait qu'il était formidable ? Pourtant, il fallait vraiment l'être pour parvenir à apprécier une personne comme elle.
Elle se laissa entraîner de bon gré à l'intérieur. En revanche, elle se figea lorsqu'il fut question d'appeler Lavinia. Quelle idiote elle faisait ! Même pas capable de s'exprimer correctement.
— Non... l'arrêta-t-elle. Non, je me suis mal exprimée. Je viens de la quitter.
Entendre qu'elle devait faire comme chez elle lui rappela combien elle était une intruse dans cette demeure. Elle lui rappela aussi pourquoi elle ne l'avait pas encore quittée.
— J'hésitais à en profiter pour parler à Alduis, en réalité. Je ne l'ai pas vu depuis qu'il ne loge plus chez moi... Mais ne l'appelez pas non plus. Pas tout suite, en tout cas. Vous allez trouver ma question étrange mais... Puis-je vous demander comment se porte votre père ?
Ce qui était somme toute la question-type qui devait se poser en tant qu'amie d'Alduis… Enfin... Au point où elle en était…
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Elles étaient en train de monter les marches lorsqu’Éléonore l’arrêta subitement pour lui faire part de sa méprise : elle venait de quitter Lavinia. Ses lèvres formèrent un « O » aussi surpris que désolé. Bérénice aurait sans doute dû lui demander si elle n’était pas en train de la déranger dans son agenda, mais à bien y réfléchir ce n’était pas le cas. Elle se remémora son petit ballet tout en poursuivant la discussion. Alors comme ça elle hésitait à partir. Comme si elle avait… oublié quelque chose ? La réponse ne tarda pas à venir lorsqu’elle poussa la porte qui les ramena dans le salon fraichement quitté.
Elle allait lui proposer d’aller chercher son frère sans attendre, mais elle anticipa ses paroles et les mots moururent sur ses lèvres avant d’avoir pu s’en extraire. Et oui elle trouvait cette question des plus étranges, elle devait bien l’admettre. C’était donc cela ? Elle voulait des nouvelles de leur père, mais avait peur de le croiser. C’était pour cela qu’elle avait tant hésité entre partir ou rassembler son courage. Oh oui, elle espérait sans doute demander à Alduis en réalité…
Bérénice afficha un sourire plein de douceur en l’invitant à s’asseoir sur l’un des fauteuils, bien au chaud au coin du feu.
- Vous n’avez rien à craindre, mon père est parti chasser. Vous ne le trouverez pas ici, si c’est cela qui vous a tant fait hésiter.
Elle regarda brièvement par la fenêtre tout en inspirant. Coldris n’avait fait qu’une brève et sombre apparition deux jours plutôt afin de récupérer des dossiers. Il n’avait même pas répondu à son bonjour. C’était comme si elle était subitement devenue un fantôme. Ou plus exactement l’inverse si l’on en jugeait l’absence de réaction de son père. Ça et son manquement au traditionnel repas dominical pour la deuxième fois consécutive. Chose qui n’était jamais arrivée de mémoire d’enfants. C’était en général à ce type de question que l’on répondait tout en chassant les mouches un vague « oh fort bien, je vous remercie » ou encore « il est quelque peu indisposé, mais il s’en remettra ». Elle planta son regard turquoise dans le sien, ne sachant vraiment quoi répondre. Elle voyait bien que ce n’était pas pure politesse, ce n’était jamais la première question que l’on posait ou alors elle aurait été tournée différemment comme « et comment se portent votre père et votre frère ? ». Non c’était différent alors Bérénice sauta à pieds joints dans le plat. Tant pis pour les éclaboussures, les tours et les détours, c’était bon pour les petits salons braktennois, ici, on ne s’en embarrassait pas.
- Vous côtoyez également mon père ? s’enquit-elle avant de répondre à sa réelle question
- Je vais être honnête : je l’ai connu de meilleure constitution que lorsqu’il est venu emporter ses dossiers, il y a deux jours.
Pour le reste, elle verrait jusqu’à quel point elle développerait pour ne pas nuire à son père. Si elle était l’amie d’Alduis, elle avait d’office sa confiance, mais pour l’heure elle n’arrivait pas encore à cerner sa relation avec celui qui était pour elle un modèle.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Heureusement, Coldris n'était pas là. Ou... Ou malheureusement, peut-être ? Non : heureusement. Il ne voulait plus d'elle. Elle ne pouvait pas le croiser et essuyer un rejet franc. Elle n'en prendrait pas le risque en sachant qu'elle n'avait plus aucune chance qu'il puisse avoir envie de la revoir...
Il était à la chasse... Cette affirmation lui tira un sourire triste. Elle ne l'aurait jamais, sa chasse, ni rien d'autre.
— Vous côtoyez également mon père ?
Elle acquiesça sans réfléchir. Était-ce parce qu'elle avait trop envie de s'assurer qu'il aille bien ? Ou simplement parce qu'au point où elle en était, elle se fichait éperdument qu'on la prenne pour dieu savait quoi ?
— Alduis m'a assuré que cela ne.l'affectait pas, précise-t-elle tout de même.
À vrai dire, c'était tout ce qui comptait.
— Je suis désolée, s'excusa-t-elle instinctivement lorsqu'elle entendit que Coldris n'était pas au meilleur de sa forme.
C'était de sa faute. De. Sa. Faute ! Ils auraient dû partir. Elle serra les dents. Pourquoi avaient-ils voulu regarder cette pièce ? S'ils étaient partis, ils auraient pu passer une bonne soirée. Si elle n'avait pas été aussi stupide, surtout, il ne la détesterait pas et ils pourraient toujours se voir.
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Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice sonna la petite cloche pour demander à un domestique de leur apporter de quoi boire et manger. On ne laissait jamais ses invités sans avoir de quoi se sustenter. Manger quelques pâtes de fruits en buvant un thé était toujours réconfortant lorsque l’on semblait aussi perdue que l’était Éléonore. Elle suspecta aussitôt son père d’être la cause de son trouble : il était merveilleux, il faisait tourner les têtes des femmes, mais parfois il pouvait être affreusement maladroit… Elle posa donc la question sans ambages et reçut une réponse affirmative. Ah oui, Alduis n’avait pas tort. Ses relations ne l’affectaient pas. En général. Car en général cela se limitait à une ou plusieurs parties de jambes en l’air dans lesquelles il gardait toujours une profonde distance. Et compte tenu de l’interminable liste de noms féminins qu’il avait dû accumuler au fil des ans, il valait sans doute mieux… Pourtant, il fallait croire qu’il y avait toujours une exception pour confirmer la règle, sinon pourquoi l’aurait-elle aperçu aussi abattu ? Cela ne lui ressemblait pas. En fait, elle ne l’avait jamais vu comme ça. Elle l’avait déjà vu agacé, en colère et même furieux. Elle l’avait vu déçu et plus rarement soucieux. Elle l’avait aussi vu pensif ou mélancolique, mais jamais elle ne l’avait vu si… désespéré. Il aurait pu trainer derrière lui un sombre nuage noir que cela n’aurait rien eu d’étonnant au tableau.
Juste après ses excuses la jeune femme se crispa, sans doute de culpabilité. Bérénice prit spontanément ses mains entre les siennes en plongeant de nouveau son regard dans celui d’Éléonore.
— Est-ce que vous tenez à lui ? Je veux dire, vraiment à lui ? interrogea-t-elle presque timidement.
Elle avait déjà son idée sur la question et au fond cela ne la regardait pas vraiment, mais… Elle devait savoir. Parce qu’elle sentait bien que ce qui se passait n’avait rien d’ordinaire et elle se prit soudainement à envisager que son père, Coldris de Fromart dit le débauché ait pu finalement s’attacher à une femme, ce qui était somme toute parfaitement improbable. Pourtant quelle autre explication pouvait-il y avoir ? Si l’on faisait abstraction des personnes concernées pour se concentrer sur la situation en elle-même cela ressemblait à un bête malentendu. Elle ne parvenait plus à penser à autre chose désormais : son père, son formidable père était tombé amoureux.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
mains pour m'arracher au torrent de regrets qui menaçait de l'emporter. Sa question la surprit assez. Prise au dépourvu, elle mit quelques temps à remettre de l'ordre dans la réponse qu'elle avait composée "au cas où quelqu'un lui demandait" et ressassée pour s'en convaincre depuis qu'elle avait quitté le théâtre.
— Non... Qu'allez-vous chercher là ? Je ne vous apprends pas que votre père est un homme de ceux avec lesquels il ne faut rien s'imaginer. Je m'enquerrais de son état par pure... Volonté de savoir comment il se portait.
Votre regard ne trompe personne, mon petit agneau.
Elle cilla pour chasser ces sottises. Elle pleurerait plus tard. Bérénice devait déjà porter assez de difficultés. Entre Lavinia, Alduis et son père, elle devait avoir déjà suffisamment de gens à soutenir. D'ailleurs, peut-être avait-elle aussi ses propres difficultés. Éléonore, pour sa part, avait déjà accablé suffisamment de monde se ses tracas.
— D'ailleurs c'est terminé et je ne m'en porte pas particulièrement mal. Elle s'efforça de sourire. Je veux seulement m'assurer qu'il aille bien, ajouta-t-elle en camouflant mal la détresse et la culpabilité qui perçaient dans sa voix.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Non? Un non qui mettait si longtemps à s’échapper n’était rien d’autre qu’un mensonge. Et c’était bien ce que suggérait cette vaine tentative de dévier le sujet, mais il en fallait plus que cela pour espérer berner la fille de Coldris de Fromart. Elle croisa ses jambes de manière plus masculine que féminine et s’enfonça dans son assise, mains fermement ancrées sur ses accoudoirs. Attitude sans doute inconsciemment empruntée à son père.
— Je connais bien mon père justement, mais vous n’avez pas répondu à ma question. elle pencha la tête un temps, ou plutôt si. Parfois les silences sont bien plus loquaces que les simples mots.
Bérénice conservait ses pupilles émeraude dans les siennes. Elle pouvait sentir d’ici toute la tension et l’agitation qui émanait d’elle. Comme un flacon que l’on aurait violemment secoué.
— Dans ce cas, cela ne vous fera sans doute rien d’apprendre qu’il errait comme une âme en peine. déclara-t-elle avec nonchalance.
Elle pouvait bien sourire autant qu’elle voulait, cela ne changerait pas que ses yeux pleuraient, dans le fond de leur encre et la vérité était bel et bien là. Ne disait-on pas d’ailleurs qu’ils étaient le miroir de l’âme ? Elle décroisa ses jambes et se pencha en avant, mains sur ses cuisses puis reprit avec plus de douceur
— Si vous connaissez bien mon père, alors vous devez savoir comme moi qu’une femme ordinaire ne l’aurait jamais mis dans ces états. Vous pouvez tout me dire, Éléonore. Ce n’est pas moi qui vous blâmerais de l’aimer, je sais bien à quel point il est extraordinaire, quoi que l’on en dise.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Quand à l’éloquence du silence… Elle n’eut pas le temps d’y trouver une réponse satisfaisante. Sans Ariste, elle ne savait rien faire correctement. Elle ne savait pas vivre, pas se tenir en société, pas convaincre, pas réfléchir… A vrai dire, il n’y avait que deux choses qu’elle avait réussies depuis son décès : faire des simagrées et devenir un poids pour tout le monde.
— Dans ce cas, cela ne vous fera sans doute rien d’apprendre qu’il errait comme une âme en peine.
Eléonore mordit dans sa joue. Instinctivement, sa main glissa vers le repli où elle dissimulait son poignard. Pas qu’elle ait l’intention de s’en servir, ni de menacer qui que ce fut. Juste pour retrouver une prise sur la réalité. Juste pour savoir qu’il la soutenait. Dans le même temps, elle bascula aussi contre le dossier pour sentir le peser son pendentif peser contre sa peau. Cela ne l’empêcha pas de hocher négativement la tête, coupable.
— Cela m’affecte dans la mesure où votre père est une personne que j’apprécie. Cela s’arrête là.
Mais c’était qu’elle était bornée ! Si elle avait eu un doute sur sa filiation, il était désormais levé. Eléonore se doutait que son but n’était pas de la blesser, mais à en rajouter ainsi, à mettre sur cette relation des mots qui ne devaient pas être employés, elle retournait le couteau dans la plaie.
N’empêche… Non, elle n’était pas ordinaire. Elle était particulièrement faible, stupide, ennuyeuse, pleurnicheuse, lâche, ridicule, odieuse, insupportable, méprisable…
— Ecoutez...
Cela sonnait un peu comme “par pitié”.
Elle ne savait pas comment faire valoir son point de vue tant elle s’y embourbait. Pourquoi se trouvait-elle si démunie. Pourquoi Ariste n’était-il pas là pour l’aider à s’en convaincre ? Pourquoi Coldris ne pouvait-il pas venir appuyer son propos : lui, il le savait, qu’il n’y avait rien de entre eux. Lui, il aurait pu le dire ! Lui, Bérénice aurait pu le croire, parce qu’il était capable de faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Il était même parvenu à lui faire croire qu’elle se sentait mieux, c’était dire !
— Je ne saurais prétendre que je connais votre père, Bérénice. J’ai pu voir certaines de ses qualités et cer... non, elle ne voyait pas ses défauts. Ses défauts n’avaient aucun poids. ... certaines difficultés qu’il rencontrait, tout importunément, simplement parce que je n’étais pas où j’étais censée être.
Oui, c’était cela… Depuis le début, elle ne cessait de s’imposer. Elle s’imposait dans son salon, elle s’imposait au cimetière puis dans sa voiture et son domaine, elle s’imposait dans les jardins du théâtres. Elle n’était jamais où elle devait. En réalité, le seule endroit où elle avait réellement le droit d’être, c’était le château de Tianidre. Et cet endroit-là, elle ne s’y trouvait pas.
— Si je tenais vraiment à lui comme vous avez envie de le croire - parce que vous voulez qu’il trouve l’amour, vous voulez qu’il soit heureux et je le veux probablement autant que vous, parce qu’il le mérite et parce qu’il en a besoin, seulement il n’y a pas d’illusions à se faire : je ne suis pas celle qu’il lui faut - si je tenais vraiment à lui à le respecter, je n’aurais même pas mis les pieds ici, sachant pertinement qu’il n’a plus la moindre envie de me croiser.
Mais elle était revenue, égoïstement, parce qu’elle craignait pour Lavinia.
— Je suis désolée d’abuser de votre temps et… de vous décevoir. Seulement, il est évident que je n’ai apporté que des ennuis aussi bien à votre amie, qu’à votre père et votre frère.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Elle scrutait chacune de ses réactions : sa main qui se glissa dans un repli, le haut de son corps qui s’adossa au fauteuil, faute de pouvoir aller plus loin. Pourquoi pinçait-elle les lèvres en secouant la tête. Etait-elle réellement en train d’espérer qu’elle soit complètement aveugle ? Bien sûr qu’elle l’appréciait ! Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Est-ce que ça s’arrêtait là pour autant ? Probablement pas. Ou alors… Sa tête bascula pensivement en même temps que ses sourcils se froncèrent légèrement. Ou alors, c’était ce qu’elle s’imaginait, elle. D’ailleurs cette quasi-imploration de la laisser tranquille et la suite… Firent pencher la balance dans cette direction. Elle agita pourtant la tête.
— Vous pouvez penser ce que vous voulez, Éléonore, la vérité, c’est que mon père prend malin plaisir à maitriser et calculer chaque infime détail de sa vie. Il est ainsi depuis toujours. Alors, croyez-moi, si vous étiez là, si vous avez vu ou entendu des choses, c’est uniquement parce qu’il le désirait. Il n’y a rien de fortuit. J’en suis certaine. Si vous savez ce que vous savez, c’est qu’il vous fait confiance. C’est un homme secret et ce serait vous mentir que de dire que pour moi sa vie ne contient aucune zone d’ombres.
Oh oui, Bérénice était loin de tout connaitre sur lui, elle ne connaissait en vérité que ce qu’il partageait : c’est-à-dire somme toute bien peu. Son passé, c’était comme s’il n’existait pas. Ou plus. Elle n’avait jamais tranché. Les rares fois où elle avait trouvé le courage de lui poser la question, elle n’avait eu en réponse qu’un vague : « Ma petite nymphe, le passé n’a aucune espèce d’importance. Il faut regarder devant soi et non derrière. Comment pourrait-on voir les murs qui se dressent sur notre chemin à temps sinon ? ». Elle la laissa poursuivre sans l’interrompre de nouveau. Elle baissa finalement les yeux, désarmée qu’elle était face à la situation.
— Vous avez tort de penser pour lui. Il n’y a que lui qui peut répondre à cette question et personne d’autre. Et si… Et si ce n’était pas des illusions ? Vous le laisseriez quand même ? s’enquit-elle avant de reprendre vous a-t-il dit qu’il ne voulait plus vous voir ? Ou est-ce le fruit de votre imagination ? Où se trouvent les mirages, Éléonore ? Mon père n’est pas le genre d’homme à subir ainsi quelque chose qu’il a lui-même choisi, et cela vous ne pouvez pas le nier.
Son invité s’excusa et Bérénice secoua la tête.
— Vous ne me dérangez pas, pas plus que je ne suis déçue. Attristée serait plus à propos. Ce qui est évident Éléonore, c’est surtout que vous sous-estimez grandement. Enfin cela ne fait rien... son regard dériva brièvement vers la cour avant de revenir vers le sien si vous ne lui avez rien dit d’ici une semaine, c’est moi qui lui parlerais. Je ne vais tout de même pas le laisser souffrir inutilement. Nous verrons bien alors qui avait raison conclut-elle d’un sourire mutin.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Ce que Bérénice ne comprenait pas, c'était que dans l'état où il était, Coldris n'était plus capable de contrôler grand chose. Il avait voulu lui cacher ses failles. Mais non : sous couvert de ne pas pouvoir de laisser seul, elle l'avait obligé à se montrer sous ce jour si peu favorable ? Il lui faisait confiance ? Oui, c'avait dû être le cas, c'était évident. Il lui avait dit des choses… Des choses qu'il ne disait manifestement pas à n'importe qui. Il avait essayé de puiser chez elle la force de l'affronter. L'ennui, c'était qu'elle n'était pas digne de confiance – d'ailleurs, c'était très égoïste et lâche de sa part de ne pas en informer ceux que voulaient lui accorder la leur – et qu'elle ne savait pas apporter de force aux autres : elle en prenait, c'était tout. Elle ne savait rien faire de bien. Pas sans Ariste.
Que savait Bérénice exactement ? Savait-elle à quel point son père était blessé ? Oh, Éléonore ne prétendait pas tout savoir, loin de là... Mais l'aperçu qu'elle avait eu lui laissait à penser qu'il était sans doute bien plus meurtri qu'il n'avait pu le laisser paraître. Et devant sa fille, qu'était-il ? Un éternel invulnérable ? L'ennui de cette question étant qu'elle n'avait pas le droit de la poser avant de connaître la réponse.
Tant pis : elle revint au sujet : tenait-elle à lui ? Si elle tenait à lui, elle aurait mieux respecté ses volontés. Heureusement – ou plutôt malheureusement, parce qu'au fond, elle aurait eu envie de croire ce que Bérénice lui disait – elle avait une réponse toute trouvée : oui, il le lui avait dit. En mot clairs, même si ce n'était pas nécessaire de parler pour qu'elle le sache. Mais ses questions l'embrouillaient, l'embrouillaient tellement. Ses doigts se crispèrent d'autour de son poignard, et cela lui rappela que même Ariste s'était un jour trompé... Et sur une question semblable.
— Il l'a dit, trancha Éléonore en réprimant les larmes qui luttaient pour s'échapper.
D'ailleurs, elle n'avait même pas mérité de le rencontrer. Elle n'était rien du tout, et elle ne comprenait pas comment il avait pu lui porter même ce tout petit intérêt. Comment il avait réussi à accepter de la revoir. Elle ne comprenait plus rien, c'était pénible. Alors... Alors non, ce n'était pas elle qui "le laissait". Elle, elle avait cessé de lutter et était déjà complètement dépendante de ses volontés. C'était sans doute juste parce qu'elle était d'une faiblesse de caractère incommensurable et lui, tellement exceptionnel. La moindre de ses attentions avait un écho retentissant. Mais elle avait déjà trop abusé des privilèges non mérités qu'il lui avait accordés. Elle n'avait pas décemment le droit de lui en demander plus. Même si avec lui, elle se sentait presque forte.
Les larmes étaient désormais trop douloureuses pour qu'elle puisse les retenir plus longtemps. C'était injuste de sa part d'imposer ça à Bérénice qui avait sans doute bien d'autres choses plus importantes à faire, mais elle n'y arrivait plus.
Elle s'excusa. Bérénice balaya ses excuses. Elle ne la dérangeait pas mais… Mais c'était encore pire ! Et bien sûr que si, elle la décevait. Elle avait espéré que son père ait trouvé ce qu'il lui manquait pour s'épanouir vraiment, or ce n'était assurément pas le cas. Elle, elle ne causait que des ennuis. Elle ne se sous-estimait pas. D'ailleurs… Parfois, à s'entendre penser, elle voyait bien qu'elle se surestimait. Qu'elle surestimait son importance. Comment sa mort aurait-elle pu affecter qui que ce soit ? Pourquoi voulait-elle croire que ce serait le cas, sinon pour alimenter la lâcheté et l'égoïsme qui l'a maintenaient en vie ?
— Non ! glapit-elle d'horreur lorsque Bérénice menaça d'aller parler à son père. Je vous en supplie, ne faites pas ça. Je ne veux pas qu'il pense – qu'il sache – que j'étais trop idiote pour ne pas m'impliquer émotionnellement. Je ne veux pas que l'image qu'il a de moi se dégrade encore. C'est déjà assez difficile comme ça. Je... Je sais dans quoi je me suis engagée et il est hors de question que je le dérange avec un attachement qui n'aurait pas dû exister.
Elle cilla, et étouffa un sanglot en se rendant compte à quel point elle était égoïste. Après tout, s'il souffrait par sa faute, rien n'était un sacrifice trop grand pour y remédier… Seulement, il n'y avait aucune raison pour que lui, il se soit attaché à une gourde comme elle. D'ailleurs, s'il avait voulu la revoir, il ne se serait probablement pas privé pour la faire appeler. Mais... Mais s'il y avait la moindre chance pour que cela le soulage, le reste n'avait aucune importance.
— Écoutez... Je ne sais pas ce qu'il a. Et je suis infiniment désolée d'avoir probablement contribué à le mettre dans cet état. Et si je pouvais exercer la moindre influence positive sur son humeur, je ferais n'importe quoi pour qu'il aille mieux, je le lui dois bien. Mais je ne comprends vraiment pas en quoi me savoir perdue pourrait le soulager.
Non, vraiment, cela lui échappait. D'accord, il n'en avait rien à cirer d'elle, mais de là à se réjouir de son malheur… À moins que se sentir vengé ne puisse l'apaiser ? Non, il ne pouvait pas lui porter tant de mépris. Elle ne lui avait voulu que du bien... Elle ne comprenait vraiment plus rien.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Il l’avait dit. Non ce n’était pas possible. Elle se trompait forcément. Elle avait mal compris. Ou mal interprété. C’était impossible. Il n’aurait jamais eu l’air si… désemparé si tout avait été de son fait. Elle secoua la tête. Encore et encore. Elle entendait presque les larmes dans sa voix et cela lui brisait le cœur. Ce n’était pas logique.
Si elle ne voulait rien dire, alors elle le ferait, parce que son père avait le droit de savoir et qu’elle ne voulait pas le laisser dans l’ignorance et encore moins souffrir ainsi. Bien sûr qu’il s’en remettrait, parce qu’il était fort et merveilleux, mais cela en valait-il la peine ? Certainement pas. Le cri d’horreur la transperça et elle se jeta au cou d’Éléonore pour la serrer dans ses bras. Elle ne pouvait pas garder le silence. Malgré toute sa détresse. Surtout à cause de sa détresse.
— Je suis désolée, je ne voulais pas vous blesser. Mais je pense sincèrement que vous prenez le problème par le mauvais bout. Si je vais lui dire et qu’il ne veut effectivement plus vous voir, vous n’en saurez rien et réellement, qu’importe ce qu’il pourrait penser, cela ne changera rien pour vous. Mais j’ai raison, alors cela changera tout. Vous comprenez ? Vous ne pouvez qu’y gagner. Vous devez faire confiance et me faire confiance. Je ne vous connais pas bien, c’est vrai, mais je connais mon père et mon frère, si vous avez leur affection et leur confiance, c’est que vous la méritez et vous devez l’accepter, parce que dans le cas en contraire ce serait remettre le discernement en question, vous comprenez ? chuchota-t-elle avec une grande douceur tout en frottant son dos.
Éléonore rétorqua et la jeune fille Fromart acquiesça avant de reprendre la parole
— Ce n’est pas de votre faute. Ce qui est arrivé n’est pas de votre faute. Vous devez lui parler. Vous devez au moins essayer si vous tenez à lui, parce que… parce que je pense que c’est un effroyable malentendu entre vous.
Oui c’était cela, il n’y avait pas d’autres raisons possibles. Elle connaissait Coldris, il n’aurait jamais eu ce comportement pour quelqu’un à qui il ne tenait pas. Tout simplement car elle ne l’avait jamais vu ainsi. Il devait être triste, apeuré et blessé. Et toute sa fragilité savamment cachée durant des années lui sauta au visage. Cela n’avait pas d’importance, il pouvait bien ne pas être ce héros indestructible des épopées, il était son père et elle l’admirerait toujours autant, si ce n’était encore plus.
— Et s’il s’imaginait la même chose que vous ? Il est trop têtu, Éléonore, il s’en rendra compte trop tard parce qu’il dit sans arrêt que l’amour rend faible. Et c’est peut-être vrai, mais… le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?
Était-il heureux avec elle ? Elle brulait d’envie de lui poser la question, pourtant ce n’était sans doute pas le moment. Peut-être même qu’elle n’aurait pas su lui répondre. Toujours est-il qu’elle n’arrivait plus à la relâcher. Si elle pouvait lui donner son courage, elle ferait volontiers.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Mais l'idée qu'il puisse savoir qu'elle s'était attachée à lui la terrifia. C'était stupide, parce qu'il l'avait déjà vu fort ridicule… Mais c'était lui. Elle ne voulait pas qu'il voie à quel point elle était désespérément stupide. Pas lui. Entre ses larmes, sa voix éclata d'elle-même sous cette vague de panique honteuse. Depuis qu'il l'avait laissée, elle valait encore moins qu'avant. Et elle qui, plongée dans son regard, s'était presque trouvé une certaine importance.
Elle ne s'était toutefois pas attendue à ce que Bérénice se précipite pour l'étreindre. D'abord Alduis, puis Coldris et maintenant elle... Tout des gens dont elle n'aurait même pas mérité la pitié, mais qui cherchaient tout de même à la réconforter.
Eléonore s'expliqua. Pourquoi avait-elle craint que Coldris ne l'apprenne ? Et dans ses mots, elle reconnut ce profond égoïsme qui la caractérisait.
Elle secoua la tête lorsque la jeune femme s'excusa. Elle savait bien qu'elle n'avait pas voulu la blesser. Elle s'était blessée seule, parce qu'oncle Eineld avait raison : elle était une enfant fragile. Et un fardeau pour tout le monde. Lâche, inutile et ingrate.
— Je sais, laissa-t-elle échapper. Ce n'est pas de votre faute, vous voulez bien faire.
Alors que Bérénice lui expliquait son point de vue – un point de vue qui, s'il avait été exact, aurait effectivement pu changer beaucoup de choses – en frictionnant son dos pour la rassurer, Éléonore l'étreignit en retour. Et qu'importe si ce n'étaient pas des manières, elle n'en était franchement pas à ça près.
Elle devait faire confiance.
Elle méritait leur affection. Si elle l'a contestait, alors, c'était leur discernement qu'elle contestait. Elle n'avait pas le droit de les contester. Elle n'avait pas le droit de croire qu'elle savait mieux qu'eux, parce qu'elle ne valait plus rien du tout et qu'elle ne méritait même pas... Mais... Mais même penser ça, cela revenait à les contredire et outrepasser ses droits !
De toute façon, Coldris ne voulait plus d'elle. Ce serait lui qui aurait raison, quand il confirmerait qu'il n'avait plus rien à faire avec "ça". Elle ne méritait même plus mieux, comme appellation.
Elle acquiesça, et même si Bérénice ne pouvait pas le voir, elle sentirait le mouvement contre son épaule.
— Oui, je comprends... confirma-t-elle.
Mais elle ne put tout de même s'empêcher, misérable petite arrogante qu'elle était, d'y trouver à redire. Tout en maintenant tout de même – parce que c'était la moindre des choses – qu'elle renoncerait volontiers au peu de fierté qui lui restait si cela pouvait vraiment aider.
Bérénice ne l'a lâchait pas. Éléonore n'avait pas envie qu'elle la lâche, même si elle devait probablement avoir des occupations plus intéressante. Tout était plus intéressant qu'elle, de toute façon. Mais... Mais après tout, ce n'était pas tout à fait pour elle, qu'elle perdait son temps. Elle essayait d'améliorer la situation de son père, et cela, on ne pouvait pas lui retirer que c'était admirable. Oui, si elle pouvait faire quoi que ce soit pour lui alléger la tâche, Éléonore le ferait. Elle le lui devait bien, pour ce temps qu'elle prenait à essayer de la consoler.
Elle devait lui parler. Éléonore resserra son étreinte. Elle avait peur. Peur de se confronter à du mépris. Peur qu'il lui parle avec la même froide cruauté que lorsqu'il s'était mis en colère contre Alduis l'autre fois, avec pour seule différence que dans le cas d'Alduis, il l'aimait quand même. Et qu'elle, elle n'était rien. Rien du tout. Et qu'il n'aurait aucune raison de ménager ses émotions si elle venait lui parasiter l'existence. D'ailleurs… Quelles raisons avait-il de la laisser en vie avec ce qu'elle savait ?
Mais penser cela, c'était douter de lui et c'était mal. Elle ne savait rien faire de bien, de toute façon.
Elle acquiesça encore une fois sur l'épaule de Bérénice. Oui, elle avait certainement bien assez de difficultés à gérer.
— Mais s'il voulait me voir, il ne se priverait pas... Quand il veut quelque chose… Quand il veut quelque chose, il ne bat pas en retraite.
Ce qui voulait aussi dire que s'il avait voulu se débarrasser d'elle plus tôt, il n'aurait probablement pas hésité. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait rien. Elle se perdait, toute seule. Elle réfléchissait trop, et jamais comme il fallait. Sans Ariste, elle ne savait rien faire correctement ! C'était peut-être pour cela qu'Alduis l'appréciait, après tout. Juste parce qu'il voulait croire Ariste.
Et si Coldris s'imaginait la même chose ? Mais... Cela ne changeait rien. Pourquoi se serait-il arrêté à l'illusion d'un refus ? Et puis... Il n'avait aucune raison de croire qu'elle ne voulait plus de lui... À moins qu'elle ait vraiment été si maladroite ? Mais... Non, cela n'avait pas de sens. On ne rejetait pas un homme comme lui. On en rêvait chaque nuit, on s'en languissait lorsqu'il était absent, on souriait pour la moindre nuance positive que nous renvoyait son regard. On remerciait la vie à genoux de vous offrir rien qu'un bref instant à écouter battre son cœur. On se damnait pour l'entendre rire, pour goûter ses lèvres, pour la moindre caresse. On pouvait renoncer à n'importe quoi pour rester dans ses bras. Il n'y avait qu'un seul sacrifice qu'il n'aurait pas mérité. Qu'une seule loyauté qui demeurerait intacte, qu'il ne pourrait surpasser. Qu'un homme plus exceptionnel, plus parfait, plus merveilleux. Parce que celui-là était sa vie entière et serait à jamais indétrônable.
S'il y avait la moindre chance pour que Bérénice ait raison, pour que Coldris ne la rejette pas, pour qu'elle lui apporte quelque chose de positif – elle n'osait même pas comprendre la profondeur de ce qu'imaginait Bérénice, elle n'osait même pas laisser ses oreilles entendre des mots comme "amour" –, alors, elle devait essayer. Parce que s'il y avait le moindre espoir, cela méritait qu'elle prenne n'importe quel risque. Même celui de se confronter à un mépris glacial qui aurait tôt fait de régler la question d'une manière particulièrement définitive. Oui, c'était cela : elle ne pouvait qu'y gagner.
— Je lui parlerai, promit Éléonore. Mais je ne vois pas pourquoi il s'intéresserait encore à moi... Elle se rendit compte qu'elle était encore en train de contester. Je vais lui parler. Dès que je pourrai.
Elle serra Bérénice. Parce qu'elle était forte et qu'elle pouvait l'aider. Parce que maintenant, elle espérait. Au moins un peu. Même s'il n'y avait pas le moindre sens à ce qu'un homme pareil porte un intérêt différent à une idiote comme elle. Mais si... Mais si c'était de sa faute... S'il se sentait mal à cause d'un malentendu qu'elle avait initié...
Elles restèrent enlacées un moment. Éléonore se calma, et finit par s'écarter un peu, pour pouvoir regarder la jeune femme dans les yeux.
— Et si en m'obstinant, je ne faisais que remuer le couteau dans la plaie ? Et si cet attachement blessait Alduis ? Qu'il se sentait rejeté ? Je leur ai déjà fait trop de mal... Comment… Comment arrivez-vous à soutenir à la fois l'un et l'autre ? Vous savez... Quand ils se sont disputés… C'était de ma faute. Et je vous charge avec tout ça, alors que je devrais vous aider, plutôt…
Quelle idiote elle faisait.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice l’avait étreint spontanément. Elle avait toujours été ainsi. Sans doute parce qu’elle avait tant manqué elle-même de bras pour l’étreindre. Et que même encore aujourd’hui, elle en manquait toujours. Il fallait être fort. C’était ce que papa disait toujours à Alduis. Elle voulait bien faire oui. Mais bien faire n’excluait pas quelques dommages collatéraux parfois. Tandis qu’elle essayait de se justifier, la jeune femme lui rendit son étreinte. Elle ignorait si son message était passé ou même compris. Contre son épaule, elle sentit sa tête remuer. Appliquerait-elle ce qu’elle venait de dire ?
Elle essaya de la convaincre du bien-fondé de parler à son père, si elle pouvait ne serait-ce que planter une petite graine dans son esprit, juste une, qui pouvait bien ne pas germer même, alors elle aurait fait de son mieux. Et il fallait toujours faire de son mieux, car rien n’était jamais suffisant.
— Je sais et je comprends que vous ayez peur murmura-t-elle avant qu’elle ne développe ses craintes.
Éléonore marquait un point. Son père n’était pas homme à s’arrêter au premier obstacle. À moins qu’il n’ait pas réalisé encore à quel point il tenait à cet objectif. Sans parler du fait que ce qu’elle avait vu quelques jours plus tôt, ce n’était pas vraiment un conquérant, mais plutôt un homme affligé.
— Les animaux blessés ne pensent qu’à fuir et à se terrer. Je suis sûr qu’une fois ses esprits retrouvés, il s’y emploierait.
En revanche, elle garda pour elle sa théorie selon laquelle lui aussi refusait de voir l’évidence, parce qu’elle ne manquerait pas d’y voir la spéculation qui justifierait son inaction personnelle. Or ce que voulait Bérénice c’était qu’elle trouve le courage de venir le voir. L’audace. Son père citait toujours Horace. La fortune favorise les audacieux. C’était le moment où jamais de s’assurer de la véracité de cette maxime.
Mais heureusement, Éléonore lui assura qu’elle parlerait à Coldris. Ce n’était que de justesse qu’elle parvint à retenir un soupir de soulagement. A la place, elle la serra encore plus fort avant de chuchoter un « merci » dans le creux de son oreille. C’était tout ce qu’elle voulait entendre. Rien de plus. Elle voulait juste qu’ils se revoient. Rien qu’une fois.
Lorsqu’Éléonore se détacha de son étreinte, enfin apaisée, elle écouta attentivement le flot de questions qui la noya littéralement. Bérénice prit son visage entre ses mains :
— Cessez de vous torturer avec d’hypothétiques hypothèses. Écoutez votre cœur et vivez sans regret. Vous voulez un « si » qui en vaille la peine ? Écoutez celui-ci « et si je l’avais revu ». Est-ce que vous êtes heureuse en sa compagnie ? Ne vaut-il pas ce risque ?
Elle relâcha son visage et enchaina sur la suite.
— Pour ce qui est d’Alduis, si cela peut vous rassurer, ils n’ont pas attendu votre venue pour se déchirer. Et si la question vous brûle tant les lèvres, demandez-lui directement, il vous dira si cela le dérange, et entre nous, je doute fort que ce soit le cas. Elle soupira En vérité, je ne les soutiens pas. Je ne fais qu’essayer d’être leur interprète. Parce que je n’aime pas les conflits.
Bérénice ne se souvenait encore que trop bien de toutes ces fois où la tension était-elle entre eux, qu’elle finissait par trouver refuge au milieu des débris d’histoires du dernier étage, à serrer ses épaules entre ses bras pour tenter calmer les sanglots qui la secouaient et transformaient la poussière en une drôle de bouillie.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice avait de bonnes intentions, elle en était persuadée. Certes, ce n’était pas exactement à elle qu’elle voulait du bien, mais cela n’avait pas d’importance. Car il était une chose qu’elle avait dite qui ne pouvait être contestée : si elle avait raison, il n’y avait qu’à y gagner pour eux tous. Et si elle avait tort… Si elle avait tort, Eléonore ne lui en tiendrait pas rigueur : elle voulait seulement le bonheur de son père.
Son père qui était blessé. Cela oui, elle l’avait vu : il était blessé, cruellement blessé… Avait-elle oublié qu’elle n’avait pas le droit d’abandonner quelqu’un si elle pouvait apporter le moindre soutien à cette personne ? Et lui, lui qui avait su la libérer, bien que ce fut éphémère, de ces chaines de souffrance qui l’entravaient… Lui, ne le méritait-il pas encore plus que presque n’importe qui d’autre ?
Il y avait, dans l’insistance de Bérénice, une forme de… détresse. Mais pas un désespoir pitoyable et ridicule comme le sien devait l’être : une prière. Parce qu’elle se battait, elle se battait trop, et avait besoin d’aide, elle aussi. Parce que quoi qu’en dise Alduis, même si sa soeur était quelqu’un de formidable - comme cette tête de pioche qui refusait de l’entendre - elle n’était pas infaillible.
Bérénice la remercia.
— Non ; merci à vous.
Autant pour cette étreinte, que pour l’espoir qu’elle lui avait rendu. L’espoir que peut-être, elle pouvait encore au moins grappiller un peu de temps. Et également, si elle avait raison, et que tout cela était de sa faute : de lui offrir l’occasion de réparer ses bêtises.
Mais…
Car évidemment, il y avait un “mais”. Et ce “mais” rejaillit lorsqu’elle se détacha quelques peu de Bérénice. Ce “mais” : mais si elle ne faisait qu’aggraver la situation.
Bérénice prit son visage entre ses mains. Visage qu’elle ne chercha pas à dégager. C’avait quelque chose de naïf à dire, comme ça, mais elle l’aimait bien, déjà, Bérénice. Alors, comme pour l’étreinte, elle la laissa faire.
Cesser de se torturer ? Oh, elle aurait bien voulu… Mais comment faire quand on ne faisait jamais rien comme il le fallait. Elle était une enfant fragile. Ridicule. Tout cela, ce n’étaient que des simagrées. Il n’y avait qu’Ariste qui faisait d’elle quelqu’un. Il aurait certes voulu qu’elle puisse l’être par elle-même - il aurait probablement même réussi à se persuader que c’était déjà le cas. Oui, certes, c’était vraiment pitoyablement stupide - même si elle n’en avait jamais eu honte avant - mais elle avait besoin de quelqu’un.
Ecouter son coeur, alors ? Son coeur lui disait de mourir. Car quoi qu’il arrive dans ce monde, elle n’y retrouverait jamais son Ariste. Son inséparable. On indispensable. Toute sa vie, tout ce qui la composait.
— Vous voulez un “si” qui en vaille la peine ? Ecoutez celui-ci : “et si je l’avais revu.”
Si elle l’avait revu, elle… Non, ce n’était pas de lui qu’on parlait. On parlait de Coldris. Coldris… Elle ne savait plus quoi penser de lui. Sauf que ça ne pouvait pas durer, de toute façon. Qu’un homme aussi merveilleux ne pouvait pas s’encombrer d’elle. Pas pour longtemps, en tout cas. Pas autrement que pour n’importe quelle autre. Elle voulait faire confiance à Bérénice. Elle voulait croire qu’il avait envie de la revoir.
Car oui. Oui, avec lui, elle était heureuse. Car oui, il valait ce risque. Il valait tous les risques. Parce que quand il la serrait dans ses bras, elle était tout simplement bien. Il avait même réussi à négocier une véritable trêve avec cette douleur - et cette lassitude, aussi, cette si profonde lassitude - qui la harcelait. Il lui avait montré que c’était possible.
Elle ne l’avait alors pas compris, mais peut-être était-ce à cause de cette sorte de résonnance entre leurs maux. C’était à la fois cela et bien plus que cela. C’était à la fois horriblement simple et parfaitement inexplicable. Pourquoi lui ? Parce que lui, tout simplement. Et parce qu’il était absolument formidable. Ariste lui aurait dit que cela suffisait amplement.
Ariste, s’il avait été là, aurait fait exactement comme Bérénice : il aurait insisté pour qu’elle aille le retrouver. Parce que si Ariste avait été là pour la soutenir, elle aurait pu mettre sur ce qui lui arrivait des mots qu’elle n’osait même pas penser. Parce qu’il aurait été là pour la rattraper si Coldris la rejetait. Parce qu’il la connaissait mieux qu’elle ne se connaissait elle même et que lui - contrairement à elle, qui l’avait compris bien trop tard - aurait su mettre le doigt sur les mensonges qu’elle se racontait. Elle n’aurait plus eu qu’à ressentir librement tout ce qu’elle voulait, et son Bien-nommé l’aurait soutenue quoi qu’il advienne.
Alors qu’elle avait acquiescer, Bérénice s’empressa de la rassurer sur le reste. Enfin… C’était l’intention. Elle savait bien qu’elle n’était pas à l’origine de leurs mésentente générale. Mais ce conflit-là, ce jour-là, elle n’avait rien su y faire. A parler de soutien, elle ne parlait évidemment pas d’encourager le conflit. Juste… Ils en souffraient tous les deux, c’était cela qui avait tant déchiré Eléonore.
Et d’ailleurs, dans le regard de la jeune femme, on pouvait lire qu’ils n’étaient pas que deux. Une troisième qui se cachait pour sembler invunérable. Ils auraient dû tous les trois laisser tomber ces barrière, au moins une fois. Ils avaient cruellement besoin de ce soutien. Ils se blessaient tous à vouloir garder pour eux et porter tous seuls…
— Je m’en doute. Ecoutez… Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais si vous tenez à demeurer infaillible devant eux… Dites-moi au moins qu’il y a quelqu’un devant qui vous pouvez craquer.
Eléonore ne demandait pas de nom. Le nom n’était pas important. Elle avait confiance en Bérénice pour remettre son chagrin entre les mains des bonnes personnes. Non, elle voulait juste entendre que c’était le cas. Parce que ce devait être le cas : sinon, on finissait par imploser.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
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Elle avait au moins l’impression que tout son discours ne tombait pas dans l’oreille d’une sourde, et puis, même si cela faisait quoi ? Environ dix minutes qu’elle la connaissait ? Bérénice appréciait déjà la jeune dont la sagesse dépassait de loin le nombre de ses années. Il ne lui manquait que cette confiance en elle qui l’aiderait à prendre pleinement son envol, mais au fond, son père n’en manquait pas. Il pourrait lui en donner. Elle voulait y croire comme à un stupide rêve de petite fille. Elle voulait croire qu’il existait quelqu’un sur cette terre pour l’apprécier à sa juste valeur et faire tomber toutes ses barrières. C’était peut-être idiot, naïf ou candide, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.
Elle ne put s’empêcher de tressaillir, surprise d’avoir été mise à nu par son invitée. Elle devait avoir l’air infaillible et forte comme son père le demander toujours à Alduis. Elle ne devait pas créer de vagues pour ne pas envenimer la situation. Discrète, douce, silencieuse, aimable, souriante, apaisante, drôle, joyeuse, studieuse, sage, posée, patiente, affectueuse, réconfortante. Personne ne devait savoir qu’elle s’asphyxiait lorsqu’ils se disputaient et pleurait à s’en laisser des sillons blanchâtres le long de ses joues. Personne ne devait savoir qu’elle avait le sentiment de voler en éclat sans personne pour la réparer. Personne.
- Il y a quelqu’un rassurez-vous. Il s’appelle Yvain. Il vit ici depuis fort longtemps. Je ne pense pas que vous ayez eu le loisir de le croiser, il est fort discret. C’est un homme de l’ombre, mais d’une écoute incomparable. Vous voulez le rencontrer ? proposa-t-elle enjouée.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice lui affirma qu'une telle personne existait. Elle eut un léger doute, mais ne se serait pas permis de la traiter de menteuse. D'autant qu'elle proposait de faire les présentations.
Était-ce la curiosité ? La volonté de témoigner de l'intérêt à son interlocutrice ? De ne pas la vexer ? La surprise causée par cette suggestion inattendue et la forme de confiance que cela devait représenter ? Peut-être un peu de tout. Toujours fut-il qu'Éléonore se rallia au sourire de Bérénice et acquiesça.
— Oh... Oui, volontiers !
Ce n'était peut-être pas une réponse exceptionnelle, mais elle avait tu le pudique "si vous y tenez tant" qu'elle avait failli ajouter pour ne pas sembler s'imposer.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
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Puisqu’Éléonore acceptait son invitation à rencontrer Yvain, Bérénice se leva puis lui prit son bras, comme elle l’aurait fait avec une amie de toujours.
— Venez, allons le chercher elle jaugea sa belle toilette et s’excusa par acquit de conscience je suis navrée, mais je crains de souiller le bas de votre belle robe avec notre promenade.
Elle entraina la jeune femme dans un premier escalier puis un second nettement entretenu. Elles se trouvaient désormais au deuxième étage du château, une partie laissée pour ainsi dire à l’abandon par son père. On y trouvait autant de pièces qu’à l’étage inférieur, mais si les domestiques s’y aventuraient une fois dans l’année pour effectuer un ménage succinct c’était bien le bout du monde. Le couloir était plongé dans la pénombre, mais Bérénice le connaissait par cœur. Elle l’avait arpenté de jour comme de nuit des jours durant. Elle poussa la porte du bout de couloir, celle qui se trouvait juste au-dessus de sa propre chambre. Sur le parquet desséché par l’absence de cire régulière et saupoudré d’une fine couche de poussière grisonnante, on pouvait apercevoir une large saignée balayée serpentant entre les spectres des meubles recouverts de leur blanc linceul jusqu’à une fenêtre. Comme une oasis de vie au milieu de ce champ de souvenirs d’un autre temps se trouvaient une bergère au tissu élimé, quelques livres, un chandelier à la bougie bien entamée posée sur le rebord de la fenêtre et… une armure moyenâgeuse.
La jeune femme traversa la pièce, empruntant le chemin déjà tracé dans la neige d’intérieur, puis se planta devant l’armure dont elle releva la visière.
— Je vous présente Yvain. Il n’est pas très bavard et a rarement un avis sur la question, mais il est toujours disponible pour écouter. Il ne juge pas et ne dit rien à personne. Il est toujours là lorsqu’on a besoin de lui, qu’importe qu’il soit une heure de l’après-midi ou de la nuit. Yvain est mon confident depuis que je l’ai ramené à la vie lorsque j’avais huit ans. Vous pouvez trouver cela idiot, mais je suis souvent venue ici me réfugier pour lui parler comme à un ami. déclara-t-elle d’un sourire triste, vous savez, je lui ai même fait la lecture. elle esquissa un timide sourire, je venais ici, lire les livres que je volais à mon père. J’avais trop peur qu’il ne les découvre dans ma chambre, mais en fait il ne m’en a jamais vraiment tenu rigueur.
Elle rabaissa sa visière
— Et en fait, je viens toujours, de temps en temps. Il y a quelques jours, je suis venue lui parler de mon mari. Chaque fois que je vois Yvain, avec son armure bosselée sur les épaules, je ne peux pas m’empêcher de me demander si lui aussi a vu la guerre. Est-ce qu’il est rentré vivant ? Blessé ? Ou bien est-il mort méconnaissable ?
Elle caressa son torse puis se tourna finalement vers Éléonore.
—Personne ne connait cet endroit, vous savez, pas même Alduis. C’est mon secret.
Elle n’était pas sûre de la raison pour laquelle elle l’avait invitée ici, peut-être parce qu’elle lui faisait confiance et qu’elle voulait se faire pardonner de l’avoir brusquée au sujet de son père ? Ou bien simplement parce qu’elle avait quelque peu violé son intimité avec ses questions et son insistance ? Mais Coldris semblait si malheureux, comment aurait-elle pu rester les bras croisés alors que son regard était complètement éteint ?
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
— Mes vêtements ont certainement connu bien pire, croyez-moi.
Oh oui ! Sa garde robe avait souffert de ses excursions clandestines et de ses périlleuses sottises. Il y avait eu cette bataille de boue, aussi, qui avait rendu Oncle Eineld furieux… Mais c’était tellement drôle !
Soit, ce n’était pas un peu de saleté qui la retiendrait - au pire, elle s’excuserait quand Eltinne viendrait la morigéner comme une enfant de cinq ans. Si elle pouvait l’accepter par jeu, hors de question qu’elle fasse des manières maintenant que, malgré tout, c’était plus sérieux.
Elle se laissa entrainer dans les étages, puis dans un couloir dont l’entretien n’était manifestement pas une priorité. Il y faisait sombre, mais qu’importe : ce n’était même pas aussi obsurs et sale que les passages secrets désafectés de Tianidre qui faisaient souvent éternuer Ariste.
C’est alors que Bérénice lui montra la pièce. Vide. Vide et franchement sale, mais qui, à la manière dont la femme blonde l’y invita, cela semblait être une sorte de… sanctuaire. Et, intriguée par le lieu, Eléonore en oublia presque qu’on était censé lui présenter quelqu’un - et donc de s’interroger sur la question - avant que Bérénice ne parle.
L’armure ? Eléonore ne fut pas choquée, en réalité. Peut-être… Attristée de savoir que Bérénice devait se contenter de cela pour la soutenir. Au fond, ce n’était pas plus fou que n’importe quelle autre astuce pour alléger son coeur. Après tout, la confidente d’Alduis était bien une jument, et elle, elle se disputait avec les volontés d’un mort. Non, vraiment, elle ne jugeait pas davantage que la fameuse armure.
Quant à connaître son histoire, Eléonore devait avouer qu’elle n’en avait pas beaucoup d’idées. Et pourtant, elle avait lu et s’était imprégnée des plus atroces descriptions de champs de batailles… Ariste avait ce dont de retransmettre jusqu’à la moindre parcelle de dégoût. C’était dur, parfois. Cru. Parfois, elle demandait à Gabriel - Ariste le lui conseillait, pour qu’ils puissent affronter cela tous les trois - de le lire avec elle. Ils n’avaient rien à se cacher, à l’époque. Elle, la plus grande partie d’elle, et leur meilleur ami.
Soit… Des idées de morts, elle en avait un paquet. Des idées de vies… Moins, il fallait l’admettre. Mais ce qui l’alerta, ce fut la mention d’un mari. Oui, Bérénice était mariée, cela elle s’en doutait mais… Y avait-il un problème, pour qu’elle doive venir se ressourcer ici ? Encore quelqu’un devant qui elle était obligée de se montrer infaillible ? Allait-il mal ? Ou bien… S’étaient-ils juste brouillés ? Elle toisa l’armure comme si elle avait pu l’aider à savoir et à ne pas commettre d’impairs.
Bérénice lui assura alors que cette pièce était un secret absolu. Pourquoi alors le lui confier à elle ? C’était incompréhensible, mais elle n’en montra rien.
— Cela le restera, promit Eléonore. Dans son ton, il y avait cette nuance de profonde compréhension. Elle avait effectivement intégré ce qui lui avait été dit, et qu’elle comprenait l’importance de cette confidence.
Pour le reste, elle n’avait pas l’intention d’insister. C’était entre Yvain et Bérénice. Elle ne pouvait rien faire sinon respecter cela. Bérénice aurait gagné à en parler à quelqu’un, mais si pour le moment cela allait ainsi, elle n’avait pas le droit d’y redire quoi que ce fut. En attendant, on pouvait toujours rebondir sur autre chose...
— Alors comme ça, vous voliez des livres à votre père ?
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice lui avait confié son secret le mieux gardé. Celui de l’existence et de l’emplacement de son sanctuaire. Pourquoi ? Elle l’ignorait. Elle n’avait fait qu’agir spontanément et écouter son cœur sans se poser de question ou même se méfier. Peut-être aurait-elle dû. Peut-être allait-elle le regretter… Mais elle avait de bonnes raisons de croire que ce ne serait pas le cas. L’intime conviction même. Et puis elle côtoyait Alduis et son père, il n’avait pas pu se fourvoyer tous les deux, c’était exclu.
Elle était là, devant Yvain, à raconter la face cachée de sa vie, loin de la Bérénice enjouée que tout le monde connaissait. Oui, elle confiait ses états d’âme à une vieille armure sans âme. C’était ridicule, risible ou enfantin. Au choix. Éléonore ne paraissait pas choquée de cette découverte et cela l’incita à poursuivre ses confessions, jusqu’à ce que son regard se pose sur les cicatrices de métal d’Yvain et ne lui rappelle Démétrius. La première image qui lui sautait aux yeux était toujours la même : celle de l’officier blond vénitien assis au bord de la fenêtre, comme l’était cette même bergère, son regard d’ordinaire si pétillant désormais morne et tourné vers l’horizon. Et ses lèvres qui demeuraient obstinément closes. Ces derniers temps, elle n’avait même plus osé fouler le sol du salon tant cela lui déchirait le cœur de le voir ainsi. Il y avait désormais comme un immense mur qui s’était érigé entre eux. Yvain était aussi loquace que son époux et elle se demandait parfois lequel des deux était le plus vivant au fond. Démétrius était rentré, il était là, mais il ne lui avait jamais autant manqué que maintenant. Elle chassa ses considérations et lui fit promettre de ne rien révéler. Elle acquiesça silencieusement.
— Alors comme ça, vous voliez des livres à votre père ?
Sa mélancolie se transforma en éclat de rire carillonnant.
— Avez-vous déjà visité les différentes bibliothèques du château ? Mon père possède une collection incroyable d’ouvrages. On y trouve vraiment de tout ! Mais certains livres m’étaient interdits et je vous épargnerai les raisons de cette censure, vous devez sans doute avoir une vague idée. Toujours est-il que j’escaladais les rayonnages pour chaparder ceux qui étaient hors de portée. J’avais beau les décaler légèrement pour combler le vide ou le remplacer par un autre livre, je suis sûr que mon père devait bien remarquer mes méfaits. Ou peut-être espérait-il que ce soit Alduis ? Mais la vérité c’est qu’il n’a jamais été un grand lecteur. Alors le soir, quand tout le monde dormait, je montais ici, avec une petite bougie dans la main, je m’installais dans ce fauteuil que voici et je lisais avec une profonde curiosité chacune de ces pages. Je n’ai jamais trop su s’il me laissait poursuivre mes méfaits parce qu’il approuvait au fond de lui-même ou bien si c’était une sorte d’épreuve que d’alimenter ma curiosité. La vérité, c’est que je lui en suis profondément reconnaissante, de m’avoir permis d’accéder à la connaissance de toutes ces choses y compris les plus intimes comme bien peu de femmes en ont l’occasion. Je savais au moins comment cela se passait lorsque je me suis mariée même si l’inconnu demeurait. Je ne comprendrais jamais pourquoi l’on s’obstine à nous garder dans l’ignorance.
Elle songea à Lavinia, son amie qu’elle ne reconnaissait plus et qui avait tant pâti de son éducation religieuse et de son mariage. Elle observa Éléonore qui n’était pas mariée -elle n’avait pas d’alliance-. Elle ne put s’empêcher de se demander s’ils avaient déjà passé la nuit ensemble compte tenu des répercussions que cela pourrait avoir sur elle. Oh son père aurait pu l’épouser bien sûr, mais elle n’y croyait pas une seule seconde. C’était à peu près aussi probable que de parvenir à marcher sur l’eau. Peut-être faisait-elle une bêtise en l’incitant à poursuivre cette relation au fond…
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice semblait emportée dans ses explications, alors Eléonore ne l’interrompit pas et se contenta de commenter son discours par des mouvements de têtes et clignements de paupières.
— Avez-vous déjà visité les différentes bibliothèques du château ?
Un coup à gauche, un coup à droite. Non. En revanche, elle ne doutait pas de la grande variété d’ouvrage - ni que certains puissent franchement prêter à controverse. Ni que certains puissent être tenus hors de portée d’une petite fille.
— ...je vous épargnerai les raisons de cette censure, vous devez sans doute avoir une vague idée.
Sourire. Oh, des raisons, il pouvait y en avoir des tas. Mais dans la manière dont Bérénice l’exprimait, on percevait assez bien celle qui était alors mise en avant.
— Toujours est-il que j’escaladais les rayonnages pour chaparder ceux qui étaient hors de portée.
Son sourire s’élargit. Complice, comme elle l’aurait été en écoutant n’importe quel stratagème - pourvu qu’il n’ait pas pour but de nuire. Elle sourit encore à ses astuce, non sans se remémorer les plans incroyables qu’ils élaboraient avec Ariste dans des situations semblables… Souvent, ils auraient pu trouver un biais plus direct pour obtenir ce qu’ils voulaient, mais n’importe quoi était devenu prétexte aux machinations extravagantes, juste pour la beauté de l’art. Parfois, ils le faisaient même pour ce qui ne leur était pas interdit, parce que c’était beaucoup plus amusant que de simplement demander. La plupart du temps, c’était juste pour grappiller de la liberté et la possibilité d’escalader. Mais ce temps-là était terminé. Sans Ariste, cela n’en valait vraiment plus la peine.
— Je n’ai jamais trop su s’il me laissait poursuivre mes méfaits parce qu’il approuvait au fond de lui-même ou bien si c’était une sorte d’épreuve que d’alimenter ma curiosité
Elle fronça les sourcils. Elle n’en savait rien. En revanche, elle trouvait très peu probable - sans remettre en cause la qualité de réflexion de la petite Bérénice - que son manège fut passé inaperçu.
— La vérité, c’est que je lui en suis profondément reconnaissante, de m’avoir permis d’accéder à la connaissance de toutes ces choses y compris les plus intimes comme bien peu de femmes en ont l’occasion
Eléonore hocha gravement la tête. Oui, ç’avait sans doute été bien mieux pour elle de savoir. Oh, elle n’avait évidemment pas elle-même autant de recul sur la situation, mais honnêtement, elle ne voyait pas ce que l’ignorance totale apportait de positif. C’était seulement gratuitement angoissant. Oh, bien sûr, toutes les jeunes filles n’auraient pas pu avoir, comme elle, quelqu’un avec qui il n’y avait absolument aucun tabou. Avec qui ce n’était après tout qu’un sujet comme tous les autres.
En revanche, elle avait une petite idée sur le “pourquoi”. Les garder sous contrôle. Bien sages. Visiblement, cela ne fonctionnait pas pour tout le monde…
— C’est dommage, en effet. J’avoue qu’à défaut de père à qui voler de tels ouvrages, j’ai eu un cousin duquel j’étais assez proche pour parler d’absolument tout. Et un ami avec lequel on ne s’encombrait pas de tabous non plus. Alors évidemment, j’ai été informée assez tôt. Je crois que je peux donc relativement bien savoir à quoi m’attendre quand… cela arrivera.
Enfin… Savoir, c’était un grand mot dans sa situation. Elle savait ce qui était censé arriver. L’ennui, c’est qu’avec Gabriel, elle sentait se créer des tabous qu’il n’y avait pas auparavant, depuis cette histoire de mariage. Elle se souvenait de ce paragraphe écrit au lait, dans sa dernière lettre. Celle qu’elle avait reçu la veille. Celle qui disait que cela n’irait pas, qu’il n’en serait pas capable. Pas parce qu’elle était une femme, mais parce qu’elle était Eléonore. Cette lettre avait été vulgairement jetée au feu. De toute façon, si elle mourrait, la question ne se poserait plus, voilà ce qu’elle avait pensé.
Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice lui conta ses aventures littéraires et ses escapades nocturnes. Voir son sourire constamment s’agrandir l’incita à rentrer dans les détails de ses petites cachoteries d’enfant. Elle pouvait presque la sentir complice de ses méfaits et c’était d’autant plus drôle à raconter. Elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’elle-même avait bien pu faire étant plus jeune, car elle voyait bien à son regard que c’était tout à fait le genre de chose qu’elle aurait pu faire. Elle le lui demanderait tout à l’heure lorsqu’elles redescendraient dans le salon. Pour l’heure, la discussion était somme toute, légèrement plus sérieuse, et la jeune femme acquiesça à ses dires. Oh oui, elle avait de la chance d’avoir été si bien entourée ! Elle avait dû avoir une enfance heureuse, plus qu’elle-même. Ou tout du moins, moins agitée. Et peut-être plus conventionnelle ? Si l’on pouvait appeler cela ainsi à défaut de trouver le mot adéquat. En revanche, à la fin de sa phrase, elle ne put retenir un haussement de sourcil étonné. Son père et elle n’avaient jamais ? Voilà qui était pour le moins inhabituel! Oh certes, il évitait d’ordinaire les jeunes femmes non mariées, mais tout de même, sa patience pour les plaisirs de la chair n’était pas réellement la plus grande qui soit. Il n’y avait qu’une explication possible. Enfin deux.
— Il doit beaucoup tenir à vous. déclara-t-elle quasiment pour elle-même avant de s’enquérir de la question qui la taraudait ; Vous devez vous marier prochainement ?
C’était sans doute les deux seules raisons valables pour que Coldris n’ait pas encore passé la nuit avec elle : il la respectait et elle allait se marier incessamment sous peu. Il devait tout de même réellement l’apprécier pour être prêt à un sacrifice pareil. Si cela ne lui suffisait pas comme preuve, elle ne voyait pas ce qu’elle pourrait avancer de plus. Pour qui connaissait son père, c’était l’évidence même.
— Venez, retournons au salon, l’atmosphère sera un peu moins poussiéreuse qu’ici et nous pourrons discuter confortablement installées.
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Re: [12 janvier 1598] – Celle que tous couvrent d'éloges [Terminé]
Ses déclarations laissaient manifestement Bérénice perplexe… Pourtant, elle ne semblait pas choquée pas l’absence de tabou… C’était autre chose, qu’elle ne parvenait pas à déterminer.
— Il doit beaucoup tenir à vous.
Eléonore fronça les sourcils ? Elle avait manifestement manqué quelque chose… Et la suite ne l’aida pas…
— Vous devez vous marier prochainement ?
— Attendez, attendez. Attendez… J’avoue que je ne vous suis plus, là, admit-elle alors que les éléments s’assemblaient dans son esprit.
Bérénice ne pouvait parler que d’une personne, même si elle ignorait encore ce qui l’avait ramené dans la conversation. De toute façon, c’était terminé. Complètement terminé.
Comme cette visite du sanctuaire, puisque Bérénice proposait de retourner dans le salon. Eléonore ne se souciait pas tant de la poussière, mais après tout, elle n’avait pas le droit de s’imposer ici.
— Oui, nous serons sans doute mieux.
Elle faillit ajouter que si elle préférait qu’elle parte, elle pouvait aussi le lui dire… Mais elle ne pouvait pas disparaitre comme une voleuse non plus.
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