[14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
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[14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Durant ses promenades quotidiennes, il n’avait pas échappé à Cecilia qu’une série de portraits étaient placardés sur les murs de la ville. L’un des hommes ainsi représentés était le sorcier que le cardinal recherchait mais l’autre… On disait de lui bien des choses, même qu’il serait roi et pourrait diriger jusqu’au moindre cloporte de la forêt ! On disait aussi qu’il donnait du fil à retordre aux gardes mais sans être très dangereux. Cecilia avait donc mené sa petite enquête pour apprendre où on pourrait le trouver. Elle voulait connaître les raisons d’un comportement si étranges et s’il commandait vraiment à la forêt. D’autre part, s’il était vraiment un roi ou, au moins, prince, elle estimait être son devoir de lui présenter ses respects. Cela aiderait sans doute le cardinal, si elle s’occupait de l’un des deux hommes pendant que lui cherchait l’autre ! Profitant d’un temps de libre une après-midi, la jeune sœur avait donc pris son manteau pour se rendre dans la forêt d’Aiguemorte, que l’on racontait être le fief de ce souverain pour le moins hors du commun.
Sous son manteau, une main dans un repli de sa robe, elle s’assurait que ne tombe pas la demi-miche de pain qu’elle avait acheté. À ce qu’on disait, ce « roi » avait tendance à réclamer un impôt à ceux qui venaient le déranger en son royaume. Elle espérait bien le convaincre que ce n’était pas juste pour les pauvres gens mais au cas où, elle avait tout de même de quoi payer, en espérant que cela lui suffise…
Plus elle s’enfonçait dans la forêt, plus elle craignait de faire tout cela en vain. Et s’il n’était pas sur ses terres ? Et si le propriétaire légitime de cette forêt, un certain « Morveux », de ce qu’elle avait pu entendre – difficile de comprendre un nom propre pour une étrangère, surtout avec les sons dont elle n’a pas l’habitude… Et si ce seigneur Moccioso*, donc, venait lui chercher problème ? Et si le roi d’Aiguemorte était dangereux ? Son habit de religieuse ne la protégerait peut-être pas… Oh, elle espérait ne pas causer de problèmes au cardinal… Enfin, elle avait encore du temps devant elle et elle le trouverait sans doute sous peu, ce roi, il fallait garder espoir !
* Morveux, au sens d’enfant.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Il avait salué ses fidèles cloportes en priorité. Ils étaient toujours au rendez-vous, malgré la neige et le froid ! Il avait pris une grande inspiration, tout en haut du plus haut arbre de la forêt, pour fêter son retour. Et il avait eu la sensation que tous les bois l’accueillait. On aurait dit que les bois l’avaient attendu. Mais désormais, il était bel et bien revenu, et c’était le plus beau jour de sa vie - expression qu’il utilisait pour au moins la millième fois depuis qu’il était né, mais qu’importe !
Au loin, il distinguait les remparts de Braktenn. Et si cela lui avait fait un pincement au cœur en pensant à Kalisha, qui se retrouvait de nouveau toute seule avec son gros mari, les murailles et les quatre murs de Monthoux ne lui manquaient pas du tout. Et puis, il restait tout de même Hyriel et les autres pour lui tenir un peu compagnie !
Il avait fini par se caler entre les branches noueuses du vieux chêne et s'endormir là. Il fallait mieux reprendre les vieilles habitudes ! et une sieste en semblait l’excellente manière. Qu’importe combien de temps il avait dormi, peut-être une heure ?, mais en tout cas, en ouvrant les yeux, il avait un immense sourire plaqué sur un visage heureux.
Comme un rituel, il se mit debout sur la branche et… distingua une silhouette. Quelqu’un, une femme, et une soeur même, qu’il n’avait jamais croisée ici. Et qui semblait tourner, et tourner, à la recherche de quelque chose. Son chemin, peut-être ? Elle était restée sur les sentiers déjà formés, pourtant, ce serait étrange. Mais perdue ou non, elle n’avait pas payé ses impôts en entrant.
Aussitôt, il attrapa les branches de l’arbre voisin, et comme un acrobate, abandonna le chêne pour rejoindre la jeune sœur aventureuse. Elle se trouvait relativement loin de lui, mais il ne lui fallut que peu de temps pour combler la distance. En arrivant, il descendit sur les plus basses branches et s’y suspendit comme un singe, en s’y balançant.
— Bonjour ! clama-t-il joyeusement.
Il resta suspendu quelques secondes, immense sourire sur les lèvres, avant de se laisser tomber juste devant elle.
— Sylvère d’Aiguemorte, ma sœur, au service de la forêt ! Peut-être avez-vous eu l’occasion de croiser les beaux portraits que l’on a fait de moi ?
Et quand bien même la phrase aurait pu paraître ironique dans la bouche de n’importe qui d’autre, dans la sienne, elle était juste… enthousiaste.
— Vous comprendrez, j’espère, reprit-il, qu’un roi ne peut pas faire de traitement de faveur entre ses sujets ! Je me vois donc dans l’obligation de vous demander les impôts réglementaires.
Et il s’inclina, comme un comédien.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Cecilia leva la tête et ouvrit grand les yeux sous la surprise quand elle vit du mouvement. Elle porta la main à sa bouche, étouffant un cri. Après autant de temps à chercher, voilà que c’était l’homme qu’elle cherchait qui tombait devant elle, suspendu comme un acrobate. Il lui évoquait un saltimbanque, nullement un bandit… mais peut-être était-ce un piège ? Elle sursauta de nouveau quand il se laissa tomber et cligna plusieurs fois des yeux à sa question, hochant la tête. Elle était comme paralysée. Il avait l’air… gentil… Non, non, c’était forcément un piège. Elle se mordit la lèvre entendant la suite et le regarda s’incliner. Elle avait prévu mais… Il fallait qu’elle se reprenne. Elle secoua la tête et prit une grande inspiration.
« Pardonnez-moi, Majesté, il y a méprise : je ne suis pas de vos sujets, je suis seulement de passage mais je tenais à vous voir… »
Elle avala sa salive, se décidant à aller de l’avant.
« J’ai effectivement vu vos portraits et j’avais envie de comprendre les intentions derrière vos actes de brigandage. C’est très mal, de profiter de la faiblesse des autres, vous savez ? »
Ce disant, elle s’était efforcée de prendre l’air le plus réprobateur dont elle était capable, à savoir une adorable petite moue.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Ses venues faisaient toujours autant d'effet aux visiteurs, cela dit, à en voir la manière dont elle se mordait les lèvres. Elle allait finir par en garder traces, à ce rythme.
La jeune religieuse secoua la tête et lui donna du Majesté. Sylvère se redressa, tout joyeux. C'était dit d'un ton respectueux, de surcroît. Eh bah ! Ne pas être de ses sujets, il voulait bien la croire, vu son accent, mais elle n'échapperait pas aux impôts néanmoins !
— Soit. Mais même dans ce cas, il vous faut payer le droit de passage, ma sœur. L'hospitalité des arbres n'est pas gratuite ! Ce serait un peu comme prendre une chambre d'auberge sans en payer le tenancier, vous comprenez ?
Il leva un sourcil à la suite. Alors c'était ça. Elle voulait le voir, lui. Mais pourquoi ? Il eut un froncement de sourcils, soudain un peu plus prudent. Habituellement, on cherchait à l'éviter. Pas le contraire. Même si elle ne semblait pas bien mauvaise, cela dit. Alors il se détendit de nouveau.
— Brigandages, releva-t-il avec une grimace. C'est un mot bien grossier, ça. Je préfère dire que je suis le gardien de la forêt. Encore une fois, ma sœur, il ne vous viendrait pas à l'esprit de quelqu'un de dormir dans une auberge sans payer ! Et puis, il faut bien vivre, ajouta-t-il.
Il eut un grand haussement d'épaules.
— Je doute que si j'allais demander en ville à ce qu'on me donne à manger, on m'en offrirait sans sourciller. On m'arrêterait, mais j'espère, avec tout le respect que je vous dois, vivre encore quelques années avant que cela n'arrive.
Il fit une pause puis ajouta d'un ton dynamique :
— Et vous ? Quelles motivations se cachent derrière cette visite impromptue ? Je fais un très mauvais hôte, d'ailleurs, veuillez me pardonner ! Je vous offrirai bien de quoi vous restaurer mais je crains de ne pas avoir assez pour deux ! Je préfère tout garder pour ce soir. Sauf si vous avez prévu de me faire arrêter par un escadron de gardes, auquel cas je peux bien partager immédiatement ma pitance en votre compagnie.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Le roi semblait content, content comme un enfant. Elle écouta sa réponse, comprenant, mais s’arrêta sur la fin.
« Je comprends l’idée de droit de passage mais je ne comprends pas votre comparaison : prendre une chambre d’auberge suppose que l’on reste, non ? Pour se restaurer et dormir… pourtant, je ne suis là que pour solliciter une audience et je m’en vais après. Dois-je payer aussi cela ? »
Elle eut peur ensuite de l’avoir froissé. Il semblait craintif. Cela allait-il se retourner contre elle ? Elle écouta sa réponse, craintive, mais se rassura. La fin fit toutefois naître chez elle une petite moue.
« Je suis d’accord qu’il faut bien vivre mais vous extorquez ainsi de l’argent ou des biens aux pauvres gens qui pourraient seulement vouloir traverser la forêt, au lieu de travailler vous-même ? C’est bien cruel à vous ! »
Elle releva le menton pour accentuer le côté réprobateur de sa petite moue et écouta la suite, sceptique, en hochant toutefois la tête. C’était un espoir louable… Elle s’étonna ensuite de sa proposition et se mordit la lèvre. Elle avait bien son pain… Allez, si cela pouvait le faire se montrer coopératif.
« Je ne vous livrerai pas parce que je veux voir d’abord si vous êtes vraiment aussi horrible que le disent les affiches et vous encourager à faire repentance si c’était le cas. J’ai pour ma part amené du pain, dans le but de payer les impôts dont on m’a parlé. Je ne comprends pas très bien leur but mais je veux bien partager ce pain avec vous, pendant que nous parlons. C’est plus chaleureux de discuter en mangeant ! »
Elle retrouva un grand sourire, emportée par sa volonté de rendre toujours tout plus agréable.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
— Excusez-moi, ma sœur, mais c’est là le fait de l’habitude. Je rencontre en tant normal des gens disons… plus étroits d’esprit que vous. Et il leur faut des choses qui puissent parler à leur manière d’envisager les choses.
Et pour cela, l’auberge remplissait ces fonctions. Quant aux arbres, ils donnaient effectivement une forme d’hospitalité à ceux qui y venaient, courtement ou à plus long terme. Mais dans ce cas…
— Peut-être préférez-vous que je compare cela aux ponts face auxquels il faut payer pour pouvoir les emprunter et traverser la rivière ? reprit-il. Cela se rapproche certainement davantage de la situation concrète. Toute personne qui vient ici doit payer.
Il restait néanmoins le risque, néanmoins important, qu’elle soit ici pour lui tendre un piège et l’arrêter. Même si elle n’en avait pas l’air et ne semblait pas menaçante, il ne pouvait exclure cette possibilité. Rester sur ses gardes. Et s’apprêter à remonter dans les arbres si les choses se corsaient. Bien que les feuillages absents laissaient une visibilité qui pourrait s’avérer mortelle dans certains cas. Mais il n’en était pas encore là, et il était de toute manière trop jeune pour mourir !
— Je n’aime pas l’idée de devoir travailler pour pouvoir vivre, ni celle qui consiste à obéir aux règles édictées par une société qui enserrent dans un carcan ses habitants, répliqua-t-il. Et s’il n’en tenait qu’à moi, je rendrai les choses bien différentes dans cet Empire.
La sœur avait sur le visage une adorable moue réprobatrice. Qui amusait beaucoup Sylvère. Elle ne semblait décidément pas bien dangereuse. Alors il laissa un peu tomber ses réserves. Oh oui, il avait conscience qu’il y avait nombre de rumeurs qui couraient sur lui en ville. Et elle venait pour les vérifier. C’était courageux, quand on savait ce que l’on disait sur lui !
— Eh bien, je peux personnellement vous assurer que je n’ai jamais, ni violé, ni tué personne, et que je ne commencerai pas de sitôt. Sûrement suis-je un peu fou, cela dit, de cela je ne suis pas le mieux placé pour en juger. Mais dans ce cas, partageons ce pain que vous avez apporté !
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Les excuses du roi de la forêt furent bien évidemment acceptées par la jeune sœur. Elle approuva son raisonnement avec un grand sourire.
« C’est tout à votre honneur : user d’images est un moyen très efficace pour faire comprendre une idée ! »
Elle écouta sa correction et hocha la tête, ravie.
« Oui ! Dit ainsi, c’est nettement plus compréhensible et justifiable, je comprends ! »
Elle fit la moue à la suite.
« Ce que vous dites là est bien vilain. Et puis si personne ne travaillait, comment pourrait-on vivre ? Je trouve difficile à croire que ce soit possible. Comment feriez-vous, vous, si votre royaume s’étendait sur tout l’Empire ? »
À son assurance, elle hocha la tête. Il n’avait finalement pas méchant et elle voulait bien le croire. Elle sourit quand il se traita lui-même de fou. En même temps, pour vivre dans les arbres… Elle s’illumina quand il accepta sa proposition.
« Parfait ! J’imagine que nous pouvons nous asseoir et je vous laisse dire ou ce serait possible, ce sera plus joyeux. Et ainsi, je vous écoute pour que nous discutions de votre système ! »
Ce disant, elle aura détaché un bout de pain pour le lui tendre en souriant, lui offrant le loisir de commencer.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Soit, si comparer ses impôts aux passages des ponts, qu’il en soit ainsi. Le résultat était le même, de toute manière ! Qu’importe le chemin emprunté. Mais la petite moue de la jeune femme revint bien vite flotter sur son visage.
Si personne ne travaillait, comment pourrait-on vivre ? Mais c’était simple ! Pensait-elle que les animaux travaillaient pour vivre, eux ? Bien sûr que non !
— C’est là tout le problème. Travailler permet de gagner sa vie, n’est-ce pas ? Mais quel besoin avons-nous de la gagner, puisque nous sommes déjà vivants ? Vous savez, je vis dans cette forêt depuis cinq ans, j’ai eu amplement le temps de voir comment fonctionnent les animaux. Et ici, dans la forêt, personne ne travaille. Tout le monde se contente de vivre. Il me semble que c’est déjà une mission hautement suffisante.
Sylvère eut de nouveau un grand sourire en acceptant le bout de pain qu’elle lui offrait. Ils pourraient s’asseoir, effectivement, mais le sol était enneigé. Il réfléchit quelques secondes puis la mena au pied du grand chêne. Le sol était un peu moins blanc qu’ailleurs : les immenses ramures de l’arbre avait empêché la neige de s’y déposer en trop grande quantité. Il s’assit là, à même le sol, sans la moindre gêne, isolé par son épais manteau de fourrure. Il n’y avait donc plus qu’à déguster et à discuter.
— Hum. Voyons. Si mon royaume s’étendait à tout l’Empire… Je commencerai par enlever tous les animaux empaillés de ces châteaux ! plaisanta-t-il, quoi que ce fut tout à fait sincère. Mais tenez, au risque de passer encore plus pour un fou que je ne le suis déjà, je laisserai les gens faire ce qui leur plaît, quand il leur plaît. Il n’y a pas de plus grande garantie de l’ordre que la liberté.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
La sincérité du sourire de son interlocuteur rassura Cecilia. Il semblait vraiment sympathique, après tout ! Et il acceptait ses suggestions, c’était là une bonne chose, ils avaient trouvé un point d’entente. Cecilia réfléchit ensuite à sa réponse. Il n’avait pas entièrement tort, dans le fond, mais il y avait toujours quelque chose qu’elle ne comprenait pas.
« Alors dans ce cas… vous travaillez tout de même, non, pour vous nourrir. À moins que vous ne viviez que de chasse et de cueillette ? Comment croyez-vous que le pain soit fait, si l’on ne travaille pas ? Ou nos vêtements ? »
Elle suivit le souverain forestier jusqu’à l’arbre, impressionnée par la beauté du lieu, et s’étonna un instant de devoir s’asseoir sur la neige. Prudemment, elle s’accroupit et s’assit sur sa cape, recroquevillée pour ne pas avoir trop froid, tout en gardant le pain entre eux deux pour qu’ils puissent en prendre. Elle écouta ensuite son programme. Elle acquiesça sur les animaux. Elle était assez d’accord : c’était d’un sinistre ! Elle entendit la suite mais s’horrifia.
« Tout ce qu’il leur plait ? Mais… certains voleraient et tueraient par jalousie, comme l’on voit dans tant de procès ! Comment pensez-vous que l’ordre puisse régner dans ses conditions ? »
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Il réfléchit donc avec davantage d’attention à ses réponses, lui aussi.
— Ce que je n’aime pas dans l’idée de travailler, Madame, c’est de travailler pour avoir le droit de vivre dans votre société. Pour gagner sa vie. Certes, vous avez raison, il faut bien du pain et des vêtements, mais dans ce cas, que cela profite à tout le monde. Et qu’on ne laisse personne sur le bas-côté des routes sous prétexte que ces pauvres gens ne servent pas la société. Parce que tout le monde apporte quelque chose au monde.
Or, cette société-là, cette société qui disait de travailler, de travailler pour manger, de travailler pour se nourrir, de travailler pour vivre, cette société-là oubliait la moitié de ses citoyens dans les méandres des rues tortueuses, affamés, délaissés et abandonnés.
Sylvère piocha un nouveau bout de pain qu’il dégusta. Il n’en mangeait pas souvent. Car, certes, ce n’était pas le cas de tout le monde, mais lui vivait de chasse et de cueillette. Ou de braconnage, si on se mettait du point de vue des autorités. Pourtant, il n’avait jamais pris que ce dont il avait besoin. Il était bien hors de question d’ôter à la forêt ce qu’elle possédait de plus précieux.
— Eh bien, madame, il me semble qu’il y aurait beaucoup moins de problèmes, pourtant. Je suis intimement persuadé que s’il n’y avait pas autant de règles pour enfermer les gens dans des carcans qui ne leur conviennent pas, qui ne conviendront jamais, il y aurait moins de procès. Vous ne pouvez pas forcer les hommes, qui sont tous différents, tous, à se comporter de la même manière. Ne pensez-vous pas que si l’on donnait à manger à ceux qui ont faim, que l’on laissait travailler ceux qui n’ont rien, il y aurait déjà nettement moins de vols ? Et puis, je ne dis pas de laisser les gens faire des crimes, mais de leur laisser faire ce qu’ils veulent. Certes, tuer un homme est un crime, mais quel mal y aurait-il à… je ne sais pas moi… laisser les gens croire à ce qu’ils veulent sans leur imposer un seul Dieu ? Ou d’aimer qui ils veulent ? Il y aurait moins d’adultère si les mariés éprouvaient une quelconque attirance l’un pour l’autre.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Tous les deux entrèrent en grande réflexion aux propos l’un de l’autre. L’appellation « Madame » fit tout étrange à Cecilia. Elle avait plus l’habitude des « ma sœur » ou « Mademoiselle Candore », de la part du cardinal… Cela ne l’empêcha toutefois pas d’écouter l’avis du roi de la forêt avec une grande intention. Cette fois-ci, elle acquiesça, un large sourire aux lèvres.
« Pour cela, je suis d’accord avec vous ! Nous avons chacun notre pierre à apporter à l’édifice et toutes les pierres sont essentielles ! »
Elle prit également un bout de pain et le mangea à petites bouchées en écoutant la suite, moyennement convaincue.
« Je ne sais pas… Les chefs d’État veulent toujours plus de pouvoir, de ce que j’ai pu lire, et ils auront donc toujours tendance à aller envahir leurs voisins et à tuer des gens, non ? Et pareil pour les hommes qui voudraient tout avoir… Si on ne leur dit rien, je suis sûre qu’ils prendraient tout ! Pour le reste… je suis d’accord au sujet des mariages, c’est triste de marier des gens qui ne s’aiment pas, mais je ne pense pas que vous ayez raison quand vous dites que l’on impose Dieu : on montre simplement au gens la Vérité, pour qu’ils ne soient plus dans l’erreur et qu’ils soient sauvés ! »
Elle appuya son propos par un immense sourire convaincu.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
À vrai dire, ils n’avaient pas une vision si différente que cela des choses… sur certains points, en tout cas. Évidemment que chacun pouvait apporter sa pierre à l’édifice. Il suffisait de regarder les gens dans les yeux, de distinguer cette lueur de vie dans leurs prunelles, pour le savoir. Si seulement les citadins avaient pris le temps de le faire, ils auraient compris quelque chose d’important à l’existence humaine, Sylvère en était convaincu. Il rendit donc son sourire à la jeune religieuse, heureux qu’elle approuve son opinion.
La suite la laissa cependant plus prudente. Mais qu’à cela ne tienne, Sylvère avait d’autres arguments et il était prêt à les lui exposer, puisqu’elle écoutait aussi sérieusement ses réponses. Il se leva d’un bond, en prenant au passage un autre bout de pain, et fit quelques pas pour répondre, comme si marcher l’aidait à réfléchir plus facilement.
— Eh bien… je suppose que oui, concéda-t-il. Il y aura certainement toujours des souverains rongés par le pouvoir, je ne dis pas le contraire. Mais pour chaque homme cupide, je reste persuadé que quelque part, il y a une autre personne généreuse. Et puis, pourquoi faut-il des hommes de pouvoir ? Des hommes de pouvoir que le sort a placé là, et non parce qu’elles ont les compétences de régner… Il y aurait bien d’autres manières de faire, vous savez ! N’avez-vous jamais entendu d’histoires sur des hommes puissants qui étaient justes ? Notre Premier Conseiller, par exemple !
Il lui jeta un regard pour lui sourire.
— Bon d’accord, il ne m’aime pas beaucoup parce que je me suis présenté à lui déguisé, mais c’est purement professionnel ! Cet homme est droit, et pourtant, il a du pouvoir et pourrait en user injustement.
Quant à imposer Dieu… Il réfléchit de nouveau.
— Ce n’est peut-être pas votre cas, dit-il finalement, mais vous parlez comme si votre vérité était la seule qui soit valable. La seule qui soit véritable. À votre avis, qu’est-ce que les peuples conquis par l’Empire ont été forcés de faire ? Renoncer à leurs dieux, à leurs croyances, pour adopter les nôtres. Si selon vous, ce n’est pas une obligation, alors je ne sais pas comment vous appelez cela. Vous voulez savoir à quoi je crois, moi ?
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Cecilia se laissait entraîner par la conversation. Elle en oubliait toutes les craintes qui l’animaient auparavant. C’était encore mieux qu’elle ne l’avait espéré !
Son mouvement brusque la surprit mais elle l’observa avec toujours autant d’attentions, comprenant qu’il réfléchissait. Elle écouta ensuite sa réponse avec attention. Cela se tenait… Elle hocha la tête à la question. Oui, elle en avait entendu parler, dans les rues. Elle s’étonna de la suite. Il s’était présenté au Conseiller… déguisé ? Mais pourquoi donc ?
« De quelles autres manières de faire parlez-vous, pour remplacer les hommes de pouvoir ? » (un temps, plus hésitante) « Si ce n’est pas indiscret, puis-je vous demander pourquoi vous vous êtes présenté à lui sous un déguisement ? Est-ce une coutume d’ici pour rencontrer les ministres ? »
Elle le laissa réfléchir à la suite et fut elle-même songeuse avant de s’étonner.
« Ce en quoi vous croyez ? Ne seriez-vous pas chrétien ? Pour le reste, je suis d’accord que certains ont voulu convertir les peuples conquis mais c’était simplement pour ramener ces gens à la Vérité, eux qui étaient auparavant dans l’erreur. C’est dans leur intérêt ! Mais vous dites que c’était une obligation… pourtant, je ne crois pas que l’on ait puni, voire tué ceux qui choisissaient de rester hors du troupeau de Dieu, ce ne serait contraire aux préceptes de charité et de bonté de la religion ! »
Elle regarda ce brigand avec un sourire peu convaincu mais continuait de réfléchir. Après tout, elle n’en savait trop rien, à la vérité. Ses convictions s’ébranlèrent et son regard se fit hésitant.
« Ce n’est pas ainsi ? »
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
— Laisser les hommes choisir eux-mêmes ceux qui les gouverneraient, répondit-il alors à la jeune femme. Ou mieux : ne plus établir de gouvernement. Plus de nobles. Vous pouvez me prendre pour un fou, si vous voulez, et vous dire que ce sont des idées ridicules. Je vous comprendrais.
La jeune femme s’était faite plus hésitante. Elle semblait sincèrement surprise par le fait qu’il se soit présenté au Premier Conseiller déguisé. La raison était pourtant bien simple, au fond. Ce qui l’était moins, c’était le déguisement en lui-même. L’idée qu’il s’agisse d’une coutume l’amusa et il secoua la tête.
— Simplement parce que si je m’étais présenté face à lui ainsi, je n’aurais pas tardé à passer sur l’échafaud.
Il fit une pause, eut un nouveau sourire léger - comme s’il parlait du temps qu’il faisait et non de sa mort :
— Je suis trop jeune pour mourir, bien sûr !
Quant à la suite… Cassandre lui avait dit plus d’une fois qu’il ne connaissait rien à la vie, alors il ne voulait même pas imaginer ce qu’elle aurait pu dire à cette jeune soeur. Car nul doute pour dire que cette dernière n’était pas au courant de bon nombre de choses qui avaient cours à Monbrina. Lui ? pas chrétien ?
— Eh bien, c’est bien plus compliqué que cela, répondit-il. Disons que je crois en lui mais que je ne le prie pas. Et vous voulez savoir ? Parce que j’estime que ce n’est pas lui qui me permet de vivre, ni qui me donne à manger. Croyez-moi, si j’étais à la place de ce pauvre monsieur, j’aurais bien d’autres choses à faire que de m’occuper d’un brigand dans mon genre. Vous vous imaginez, vous, écouter des milliers de voix qui vous remercient de ce qui se trouve dans leurs assiettes en même temps ? (Il haussa des épaules.) Ce n’est pas Dieu qui me protége, c’est la forêt. Je crois à ce qui est proche de moi. C’est tout.
Il fit une pause, écouta son point de vue mais ne fut pas long à réagir.
— Je ne suis pas d’accord. Ne pensez-vous pas que le principal, c’est de croire en quelque chose qui nous donne la force de se lever la matin ? Qu’importe à quoi cela se rapporte, que ce soit à Dieu, ou à quelque chose d’autre. À quoi sert d’imposer une vision du monde ? Tenez, on dit bien que toutes les routes mènent à Rome, non ? Alors nul besoin de forcer les gens à prendre une seule avenue que vous construisez pour eux. Ces gens, quelles que soient leurs croyances, ne sont pas plus dans l’erreur que vous et moi. Et je crains fort qu’il y ait eu des répressions pour convertir ceux qui refusaient de l’être, Madame. Plus que vous ne le pensez. l’Empire monbrinien n’est pas connu pour sa subtilité ou sa compréhension des autres peuples.
Cette fois, ce fut un sourire triste qui se peignit sur ses lèvres.
— Il y a beaucoup de choses qui sont contraires aux principes de charité, vous savez.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
La solution proposée par le brigand laissa Cecilia songeuse.
« Oh non, vous n’êtes pas du tout ridicule ! J’ai juste du mal à accepter ces idées. Laisser les hommes choisir… Cela se fait dans certaines villes de mon pays mais de ce qu’on m’en dit, cela engendre des conflits entre les partisans de chacun et la ville en est déchirée. Et sans gouvernement… qui ferait justice ? Ce serait la loi du plus fort qui régnerait et on aurait de nouveau un gouvernement tyrannique, non ? »
Elle écouta ensuite sa réponse, quant au costume, et se signa, offusquée.
« Certes mais… je vous en prie, on ne plaisante pas avec la mort… Et puis… cela demeure bien malhonnête à vous… Et pourquoi aller le voir s’il veut vous faire arrêter ? »
Elle reporta son attention sur ses mots, particulièrement à propos de la religion. Ses propos étaient osés ! Elle pinça les lèvres avec une moue réprobatrice.
« Détrompez-vous, Majesté ! Notre Seigneur est tout à fait capable de s’occuper de chacun de ses enfants sur cette Terre. Vos propos remettent en cause sa toute puissance et ce n’est pas très gentil de douter de ceux qui vous aiment, car oui, le Très-Haut vous protège, comme un père. Si la forêt vous protège, c’est parce que c’est lui qui lui a demandé. »
Elle sourit, convaincue par ses propos, avant de froncer les sourcils à la suite, de nouveau songeuse.
« On peut croire en d’autres… divinités quand on est dans l’ignorance de Dieu mais une fois qu’on nous l’a fait connaître, comment refuser de croire en un Père qui nous aime ou en un Fils qui s’est sacrifié pour racheter nos fautes ? Il ne s’agit pas d’imposer une vision du monde, il s’agit de révéler la Vérité à notre tour. C’est différent, je trouve. »
Elle déglutit difficilement à la fin, désolée.
« Mais comment cet empire peut-il avoir le soutien de Sa Sainteté le pape, s’il est si cruel ? Ne vaut-il donc pas mieux que les nobles familles de Rome qui se massacraient aveuglément ? Un empire aussi puissant devrait être exemplaire, tel un parent, pas comme un… comme un ragazzo qui ne sait pas contenir sa violence… »
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
— Alors, si je comprends bien, sous prétexte que les hommes puissent se disputer - ce qu’ils font de toute manière - vous préférez tous les enfermer dans la voie que l’on décide pour eux ? Et puis… pourquoi faudrait-il forcément que ce soit la loi du plus fort qui l’emporte. Elle n’a pas cours partout, et pas de la même manière.
Il se désigna d’un geste de main et ajouta :
— Vous m’avez-vous regardé ? Et vous avez regardé les hommes qui passent par ici des fois, ces montagnes de muscles ? Vous pensez vraiment que c’est en usant de la force que j’ai réussi à m’imposer dans cette forêt ?
Bien sûr que non. S’il avait essayé de faire face à ses adversaires de cette manière, il aurait fini découpé en morceaux dans un coin des bois. Et pour ce qui était du costume, c’était une longue histoire. Il ne put s’empêcher de remarquer.
— Pourquoi ne plaisanterait-on pas avec la mort ? C’est la fin inéluctable d’une vie, il n’y a rien de plus naturel que de mourir. Je préfère en rire qu’en pleurer, sauf votre respect. Et je m’y suis rendu pour livrer un homme à la justice. L’usurpateur, vous en avez entendu parler ?
Après tout, il avait fait exactement ce que n’importe quel homme aurait pu faire : livrer un criminel à la justice. Et par n’importe lequel d’entre eux.
Cependant, il restait très réservé sur ses affirmations religieuses. Soit, elle pouvait le penser, mais il préférait se référer aux choses tangibles autour de lui. Au soleil qui se levait le matin, au printemps qui reviendrait dans quelques mois, aux fleurs qui fleuriraient de nouveau. Comment un seul pouvait-il fournir à écouter plusieurs milliers de personnes et veiller sur elles ? Il en doutait.
— Je ne doute pas des gens qui m’aiment, Madame. Du moins, pas de ceux que j’aime aussi.
Il fit une nouvelle pause.
— Il n’y a pourtant pas qu’une seule vérité, parce que chacun est différent. La plus important n’est-il pas qu’un homme trouve la force de se lever le matin, porté par ses croyances, qu’importe ce qu’elles sont ? En pensant que votre vérité est unique, qu’il s’agit de la seule valable, et en voulant la transmettre, c’est précisément ce que vous faites, imposer votre vision au monde. C’est cela, votre défaut. C’est aussi pour cela que je suis parti de la ville pour venir habiter dans cette forêt. Ici, on ne me regarde pas mal, si je décide de ne pas prier, ou de manger avec mes doigts.
Il se tourna vers la jeune femme et conclut :
— Prenez-moi pour un hérétique si vous voulez, mais laissez-moi vous dire que si je m’agenouillais - ici et maintenant - pour prier Dieu de passer l’hiver, je ne ferai pas long feu. Je mourrais de faim, d’hypothermie, ou de je ne sais quel autre mal. Si je veux survivre, je dois faire les choses moi-même, et pas les attendre du ciel.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Cecilia suivait du regard son interlocuteur, demeurant pour sa part repliée sur elle-même, contre l’arbre, pour se protéger du froid ainsi que reposer ses pieds. Elle réfléchit à ses mots pendant qu’il parlait.
« Je dirais que dans les deux cas, il y a des risques d’abus mais dans ce cas, pourquoi essayer, nous, humains, de changer les choses que Dieu a décidé pour nous ? Surtout que quand les humains veulent changer ce qui est, cela se fait dans le sang et la destruction, et l’on en ressort avec aucun changement pour le peuple mais un pays ravagé qui doit lentement se reconstruire… »
Elle l’examina de haut en bas à la suite, intriguée.
« Je ne sais pas… Avez-vous donc usé de la ruse ? Si c’est ainsi, en quoi cela est plus louable que d’user de violence ? Tromper ne fait pas de vous un meilleur homme que ceux qui frappent… »
Elle pinça les lèvres à son discours sur la mort. Certes, cela arrivait et c’était le signe que Dieu ramenait ces personnes à lui mais de là à en rire… Elle secoua la tête.
« Je préfère la respecter plutôt qu’en rire ou en pleurer, pour le bien de ceux qui ont perdu leurs chers. »
Elle secoua la tête pour « l’usurpateur ».
« Non, je suis arrivée à Braktenn il y a une semaine seulement. De qui s’agit-il ? Le trône du roi a-t-il été usurpé quelques temps ? »
Cela semblait incroyable ! La suite de leur échange traita de religion et il n’échappa pas à Cecilia que le roi de la forêt n’était pas très orthodoxe dans ses croyances. Pourquoi donc ? Avait-il connu de tristes revers ? C’était possible. Après tout, qu’est-ce qui poussait un homme à se faire brigand ? Sa réponse l’attrista plus qu’autre chose.
« Dois-je comprendre que vous n’aimez pas notre Seigneur ? »
Elle songea de nouveau à la suite. Alors il avait quitté la société des hommes pour échapper à son carcan…
« Tout le monde n’a pas la vocation d’être ermite, je suis d’accord, et il n’est pas question de prier toujours mais de travailler pour sa subsistance – et à celle des autres si l’on a des surplus – en confiant son ouvrage à Dieu. Quant au reste… comment peut-il y avoir plusieurs vérités ? Si c’est la vérité, elle est forcément unique, il ne peut pas y avoir plusieurs vérités qui s’opposent, tout en étant toutes aussi vraies l’une que l’autre… »
Elle releva vers lui un regard plein d’incompréhension, cette fois-ci. Elle n’arrivait réellement pas à saisir ce qu’il essayait de lui dire et pourtant, il semblait convaincu…
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
— Parce que Dieu nous a doté d'un libre arbitre, non ? S'il avait voulu que chacun suive la même route, il nous aurait fait moutons. Il n'y a de fatalité dans la vie que celle que nous acceptons.
La seule chose qui était impossible à changer, réellement, était la mort. Et encore : Sylvère la voyait davantage comme l'aboutissement d'une vie que comme une interruption.
Et puis, la volonté du sang n'était pas la seule capable de faire changer les choses. Chacun, à son échelle, pouvait faire changer les choses à son niveau. À défaut de pouvoir changer la société d'un coup, il fallait de la patience. Et de la prise de conscience.
— La ruse n'est pas forcément mauvaise, vous savez. Je dois reconnaître que lorsque j'étais enfant, j'en usais et abusais. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ce n'est pas tromper les gens qui m'intéressent, c'est sauver ma peau. Quand vous avez une brute décidée à vous tuer, c'est une solution qui vous semble adéquate pour vous servir d'un mauvais pas.
Il y avait la ruse, oui, mais aussi ...
— Mais vous oubliez la force inimitable des mots, ma sœur. Ils ne sont pas tous manipulateurs.
Sa vision de la mort la laissait perplexe. Sylvère sourit, amusé par son petit pincement de lèvres. Bien sûr, il respectait la douleur d'autrui. Et il ne rirait jamais d'un pauvre homme qui avait trouvé la mort. À vrai dire, il n'y avait qu'une seule mort qui l'amusait vraiment : la sienne. Après tout, c'était peut-être la roue qui se trouvait au bout de ce chemin et il préférait plaisanter de cela. Mais peut-être était-elle encore étrangère à ces peines, puisqu'elle ignorait qui était l'usurpateur ?
— L'usurpateur était un esclave qui avait tué la famille, dans un incendie, à qui il avait été vendu pour prendre la place du fils aîné de cette famille. Ulysse de Rottenberg. Un jour, il est venu se cacher dans cette forêt.
Il fit une brève pause pour lui retourner un sourire et ajouta :
— Alors oui, je le reconnais. Pour le livrer à la justice de ce pays, j'ai utilisé la ruse.
La religion. Ah ! Vaste question ! Une nouvelle fois, la jeune femme semblait bien perplexe face à ses propos. Comme si quelque chose lui échappait totalement. Pourtant, elle essayait de comprendre, puisqu'elle ne cessait de poser des questions pour appréhender sa vision de la vie. À la suivante, Sylvère réfléchit sincèrement avant de répondre.
— Je ne dirais pas les choses ainsi. Je ne le connais pas personnellement. Je n'ai jamais discuté avec lui comme je le fais avec vous. Je préfère me raccrocher à ce qui est prêt de moi. Le ciel est déjà trop loin.
Dieu n'était-il pas un peu semblable à un Roi ? Son palais aurait été le Ciel et il aurait regardé la terre, son peuple, depuis ce dernier en prétendant savoir ce dont chacun avait besoin. Mais cela, il le garda pour lui.
Il ne put s'empêcher de lever un bref instant les yeux à la suite. Une seule vérité. Il secoua la tête. Évidemment qu'il y en avait plusieurs.
— Je vais vous donner un exemple, dans ce cas. Bien. On m'appelle Sylvère d'Aiguemorte. J'ai eu plus de noms différents dans ma vie que vous n'avez d'années. J'adore la confiture. Quand j'étais petit, je voulais devenir acrobate. J'ai 25 ans.
Il se tourna vers elle.
— Vous voyez, toutes ces phrases sont vraies. Et toutes ensemble, elles forment la Vérité à mon propos. Alors selon moi, chaque religion participe à La Vérité humaine. Chaque homme est une petite part de cette vérité-là. Il faut plusieurs feuilles pour dessiner un arbre.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
La réponse ne tarda pas venir et surprit Cecilia. Elle y réfléchit très sérieusement.
« Oui mais il nous faut également respecter le libre arbitre des autres et ne pas céder au péché d’orgueil… Qui sommes-nous pour prétendre à la direction d’un État sans avoir été formés à cela depuis notre enfance ? Prendre une place sans avoir les compétences pour mène à la ruine… »
Et il y en avait eu beaucoup d’exemples à travers l’histoire. Elle écouta la suite avec tout autant d’attention que le reste et admira la repentance de son interlocuteur avant d’en convenir.
« En effet, si c’est pour se protéger des gens mal intentionnés, c’est louable. »
La suite la fit toutefois plisser les yeux.
« En quoi cette force est-elle différente de la manipulation ? »
Que ce soit en bien ou en mal, le choix des mots que l’on faisait, s’ils n’étaient pas neutres, n’était-il pas une forme de manipulation, dans le fond ?
Quand elle vit Sylvère sourire à son expression, elle fit encore plus la moue. Celle-ci se changea toutefois bien vite en une expression de surprise et elle porta sa main à sa bouche quand elle entendit l’histoire de ce fameux usurpateur. Eh bien ! Elle s’attrista à sa conclusion.
« Mais pourquoi donc se déguiser pour rendre un service ? Je ne le comprends toujours pas. Pourquoi n’aurait-on pas pu reconnaître votre mérite et se rendre compte que vous n’étiez pas dangereux du tout au moment de livrer cet homme ? »
Elle hocha ensuite la tête, comprenant son point de vue. Toutefois, celui-ci l’attrista sincèrement.
« Vous voulez dire que vous ne sentez pas Sa présence quand vous vous sentez seul, quand vous lui demandez de l’aide ou quand vous êtes heureux ? C’est triste… »
Elle crut comprendre à l’expression du souverain forestier qu’il n’était pas satisfait de sa compréhension, ce qui lui fit faire une petite moue, de nouveau. Comment se faisait-il qu’on lui avait appris des choses fausses, alors ? Ses sœurs étaient donc dans l’erreur ? Elle écouta toutefois avec attention l’exemple qu’il lui donnait, espérant qu’il l’aide à comprendre. Elle écarquilla les yeux au début, en apprenant qu’il avait plusieurs noms, avait de sourire, attendrie, à sa confession sur la confiture, puis à son projet d’enfance. Elle s’émerveilla alors en entendant qu’il n’était pas beaucoup plus âgé qu’elle, puis écouta sa conclusion. Elle réfléchit de nouveau.
« Dans ce cas… cela voudrait dire qu’il n’y a pas d’erreur ? Et comment pourrait-on savoir que la Vérité humaine n’est pas la Vérité révélée ? Et… »
Elle déglutit et se recroquevilla sur elle-même, toute timide.
« Quand vous dites que vous avez eu beaucoup de noms, est-ce que ça veut dire que Sylvère d’Aiguemorte n’est pas votre vrai nom ? Et vous ne seriez donc même pas roi de cette forêt ? »
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Le libre arbitre, après tout, n'était-ce pas une question de liberté là aussi ? Il s'agissait de décider, par soi-même, de choisir. Enchaîner les gens aux convenances, n'était-ce pas une manière déguisée de les priver de ce droit. Au fond... mais une nouvelle fois, ils en revenaient toujours au même point. Comment diriger un État, si on y connaissait rien ? C'était une remarque pleine de sens qu'elle adressait ici. Sylvère ne s'en prétendait d'ailleurs pas capable. Mais à cela, il suffisait de supprimer cette entité. Tout simplement. Plus de chef de gouvernement. Mais il n'insista pas sur le sujet. Il comprenait que sa vision des choses puisse sembler farfelue et même déraisonnable.
Sylvère pouvait en tout cas affirmer n'avoir jamais tuer personne. Il n'avait pas obtenu sa place du roi de la forêt à la quantité de sang qu'il avait fait coulé, mais plus justement au nombre de personnes face auxquelles il avait su ruser. Ou convaincre. La force des mots n'était pas négligeable. Certes, ils pouvaient servir à manipuler, mais pas seulement ! Il haussa des épaules, en répondant.
— Je suis en train de vous parler, n'est-ce pas ? Avez-vous la sensation que je vous manipule ? Les mots ne sont pas seulement objet à tromper, mais aussi et surtout à exprimer nos sentiments, nos émotions, à transmettre nos pensées et nos savoirs. Je respecte les mots et j'ai conscience qu'aucun d'eux n'est anodin, ni dans sa signification, ni dans la réception qu'en fera mon interlocuteur. J'ai appris cela.
S'il y avait une chose qui était cependant fort amusante, c'était de la voir froncer les sourcils et faire la moue. On aurait dit un chaton en colère. Non pas qu'il prétende lui-même être plus dangereux qu'elle, cela dit, il avait bien conscience qu'il ne ferait pas de mal à une mouche, lui aussi.
— Il le faut bien, lorsque vous êtes recherché. Ou j'aurais constitué un deuxième cadeau pour la justice et me trouverait désossé sur une roue à l'heure où je vous parle. Ce n'est guère une perspective engageante, je dois vous avouer.
Cela même s'il en riait.
Quant à la présence de Dieu... il réfléchit et haussa des épaules.
— Je ne suis jamais seul, il y a des milliers de compagnons dans une forêt. Et j'ai décidé d'être toujours heureux, présence divine ou non.
Même si elle était naïve et que ses propos semblaient lui passer définitivement au dessus de la tête, Sylvère n'était pas le genre à refuser une explication quand on lui posait une question. Sa réponse sembla l'intriguer.
— Absolument ! Aucune erreur ! Voyez par vous-même : prises une à une indépendamment des autres, aucune des phrases que je n'ai dites n'est fausse. Elles se complétent toutes ensemble.
Cecilia sembla subitement mal à l'aise. Il essaya tant bien que mal de retenir son sourire à sa question mais il en eut le plus grand mal. Il dut se mordre les joues pour se retenir d'exploser de rire.
— Comment vous expliquer ? commença-t-il.
C'était bien la première qui se posait de telles questions ! Qui le pensait sincèrement roi de cette forêt ! C'en était même attendrissant.
— Pensez-vous vraiment que si j'étais légitime, j'aurais ma tête placardée sur le mur avec d'aussi jolis portraits ? Que je devrais me déguiser pour aller en ville ? Ou encore que je risquerais de finir ma vie sur une roue ? L'emploi serait fort mal payé, si c'était le cas ! Et je suis au regret de vous dire, madame, que je ne m'appelle pas Sylvère d'Aiguemorte. Je ne peux malheureusement pas vous faire part de ma véritable identité. Vous comprendrez, j'espère. Mais appelez moi comme vous voulez, ce n'est qu'un nom, vous savez ! Ce n'est certainement pas ce qui me définit !
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
La réponse fut instantanée et Cecilia ne put que hocher la tête. Effectivement, lui, oui, mais les autres… Il semblait que beaucoup ne soient pas aussi droits que ce gentil brigand… Elle crut ensuite comprendre que son argument avait semblé bon à son interlocuteur et elle en fut ravie : elle n’était pas si ignorante que cela, finalement.
À sa réponse sur les mots, elle acquiesça.
« En effet, il y a des mots et des tournures simples ou sans arrière-pensées mais j’avais lu un jour qu’un orateur devait toujours choisir ses mots et les tourner de sorte qu’il ait l’air de dire vrai mais sans qu’on ne puisse voir sur le moment qu’il oriente votre vision, alors je vous avoue que j’ai parfois un peu peur de ce que des gens que je ne connais pas assez pour leur faire confiance essayent de me faire croire depuis… »
Elle approuva sans mal à sa réponse quant au déguisement, même si elle ne pouvait se départir de sa petite moue.
« Effectivement, mais je vous avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi ils vous auraient arrêté en voyant que vous aviez fait une bonne action et que vous n’êtes pas méchant… Cela veut donc dire que vous êtes vraiment un méchant homme ? »
À ces mots, elle aura relevé vers lui des yeux inquiets. Il n’en avait pas l’air du tout mais elle préférait s’en assurer, surtout que ses paroles suivantes lui firent écarquiller les yeux.
« Des milliers de compagnons ? Vous voulez dire que vous avez beaucoup de sujets autour de nous ? Ne sont-ils pas dangereux ? »
Elle regarda autour d’elle, inquiète. Elle espérait qu’ils ne pensent pas qu’elle en veuille à leur roi et qu’ils ne lui sautent pas dessus…
Elle considéra tout de même sa réponse, pensive, avant de s’interroger sur son nom. Elle baissa les yeux, un peu vexée, en voyant que sa question le faisait rire. Elle n’était pourtant pas si drôle… Elle écouta alors sa réponse mais ne fut pas réellement convaincue…
« Je le pense, oui, parce que beaucoup de princes sont en danger dans les villes voisines des leurs chez nous, alors ça pourrait être pareil pour vous entre Aiguemorte et Braktenn, tout simplement. Mais dois-je donc comprendre que vous usurpez le trône d’Aiguemorte ? Ce n’est pas très noble… »
Quant au nom, elle fronça davantage des sourcils.
« Et je ne suis pas d’accord avec vous : un nom n’est pas quelque chose à prendre à la légère car c’est ce qui vous rattache à votre famille et à celle des enfants de Dieu, ainsi qu’à votre saint patron. Et si vous changez toujours de nom, comment savoir si vous êtes honnête ? Vous pourriez très bien m’avoir menti depuis le début de notre discussion, ou vouloir cacher des choses alors que moi, je suis honnête avec vous. Je trouve donc que vous n’êtes pas très gentil avec moi, ni avec tous ceux à qui vous vous présentez comme roi alors que vous ne l’êtes pas… »
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
— Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas un orateur, et je n’ai pas vocation à vous convaincre. Partager mon point de vue me suffit. Et puis, vous aussi, vous choisissez vos mots à l’heure qu’il est, afin de composer des réponses… Néanmoins, je sais que vous n’êtes pas en train de me manipuler !
Bien sûr, sa peur était tout à fait justifiée. D’autant plus si on mettait en perspective sa réputation de violeur et de meurtrier. Était-elle vraiment venue en forêt en envisageant qu’il puisse être cet homme ? Elle avait bien du courage, même si elle était naïve, même pour son optimisme démesuré.
Le déguisement ! Vaste question !
— Parce que personne ne se serait posé de question ! Et c’est à leur honneur, bien entendu : je respecte cette droiture, même si elle n’est pas à mon avantage.
La méchanceté d’un homme était aussi une large question, à laquelle il était difficile de répondre. Pouvait-on dire qu’il était méchant ? Il réfléchit sincèrement.
— Je ne crois pas. Mais eux pensent que oui. Pour connaître quelqu’un, il faut lui parler, comme vous le faites. La plupart des gens se contentent de se reporter aux rumeurs qui circulent. Et elles ne sont guère florissantes. Eh oui ! J’ai des milliers de compagnons ! Voulez-vous en rencontrer quelques-uns ?
Il eut un sourire amusé en penchant la tête sur le côté en imaginant sa tête, lorsqu’elle comprendrait que ces compagnons n’étaient autres que lapins, oiseaux, cloportes et autres animaux des bois. Aucun n’était dangereux pour un sou ! Même les plus gros, à condition de les laisser en paix, ne le menaçaient pas.
Son nom, ah ! son nom ! Dire qu’elle avait été sincèrement imaginé qu’il pouvait être le Roi de cette forêt !
— Il n’y a pas de trône, à Aiguemorte, alors comment pourrais-je l’usurper ? Je l’ai créé, c’est tout.
Noble ou pas, il s’en fichait pas mal. Cela ne changerait rien à la donne finale, qu’il se prétende roi ou non. Alors autant mettre un peu de fantaisie dans l’affaire !
La jeune femme égrenait son point de vue. Et elle était attendrissante.
— Je respecte votre avis et je suis navré de vous blesser. Mais ce n’est pas parce que les gens m’appeleront Sylvère, ou François, ou même Prudence, que j’aurais demain un caractère différent et des idées changeantes. Cependant, sachez que j’aime profondément mon prénom. Ainsi que ma famille. Même si je doute que cela vous donne la certitude que je ne mens pas, demandez-moi n’importe quelle question à mon sujet. Je vous répondrai honnêtement.
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
En entendant la réponse du brigand, Cecilia hocha timidement la tête, en partie rassurée, et lui concéda son argument.
« En effet, et ce n’est pas du tout mon intention, vous avez raison. »
Arriva la question du déguisement et, de nouveau, Cecilia devint songeuse.
« Mais alors peut-on appeler juste ou droite une justice qui refuse d’entendre les accusés ? C’est plutôt arbitraire… »
Mais il évoqua ses compagnons et la jeune sœur craignit un instant qu’ils ne lui fassent du mal. Mais si elle parlait à leur chef et qu’il ne lui faisait pas de mal, elle n’avait sans doute pas à avoir peur, même si c’était dangereux… Peu rassurée, sans savoir interpréter le sourire du brigand, elle hocha timidement la tête.
« Si vous me promettez qu’ils ne me feront pas de mal, je veux bien… »
La discussion en vint au nom et Cecilia fit la moue.
« Je ne suis ici que depuis une petite semaine, alors je ne savais pas ce qu’il en était avant votre arrivée. Vous auriez très bien pu être un royaume enclavé ou un royaume de l’Empire dont on ne m’aurait pas parlé. Vous avez donc créé votre royaume ou… ou n’est-ce là qu’un nom que vous vous donnez, sans rien derrière ? »
Ce serait étrange, voire un peu triste… Elle acquiesça à la suite mais s’étonna des exemples qu’il proposait.
« Prudence ? Est-ce aussi un prénom d’homme chez vous ou vous faites-vous passer pour une femme ? »
Elle fut touchée par son offre et réfléchit. Il y avait tant de questions qu’elle aimerait lui poser… Elle choisit la plus évidente pour commencer.
« Quel est votre vrai nom ? »
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Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
Parmi ces divergences restait l'incompréhension des déguisements. Elle avait raison. Il haussa des épaules pour répondre.
— Peut-être bien. Mais je n'ai aucune prise dessus.
Un sourire étira par la suite ses lèvres, relevant ses commissures. Elle s'inquiétait donc du potentiel mal que pourrait lui faire ses dizaines de compagnons ! Elle allait être sacrément surprise. Il s'inclina comiquement en rejetant en arrière les pans de son vieux manteau de fourrure, avec un court rire — qui n'était cependant pas moqueur.
— Vous avez ma parole. Aucun mal ne vous sera fait !
Sur ce, il se retourna vers les arbres et s'accroupit aux racines, à la recherche d'une petite bête des bois. Il trouva un cloporte — ses fidèles cloportes. Victorieux, il se redressa, la petite créature au creux de la paume. Il s'approcha de la jeune sœur et fit les présentations :
— Je vous présente l'humble peuple d'Aiguemorte. Voyez-vous, vous ne risquez rien.
Il eut une expression malicieuse en demandant :
— Voulez-vous le prendre dans votre main ? Je suis certain que vous n'avez pas dû faire ça souvent, par chez vous !
Une pause, avant d'acquiescer doucement.
— Ce n'est qu'un nom. Sans rien derrière. Mais vous savez, ce n'est pas parce que ce n'est qu'un rêve que cela m'empêche d'y croire. Je n'ai pas besoin que les autres approuvent.
Et il n'avait pas non plus besoin d'être une femme pour se déguiser en l'une d'elle. Ce qui sembla intriguer la jeune femme. Ah ça ! L'église n'envisageait pas de telles choses !
— Avouez tout de même que c'est un déguisement parfait, pour passer inaperçu, lorsque l'on est un brigand recherché dans mon genre !
C'était dommage, qu'elle doute de sa sincérité juste pour de fausses identités montées. Tout ce qu'il avait dit été vrai. Et il était prêt à le prouver. Il se doutait que ce serait cette question-là qu'elle poserait. Il inclina la tête.
— Très bien. Mais ne le dites à personne. Sauf si vous voulez me dénoncer, bien sûr, auquel cas je ne pourrais pas vous en empêcher.
Soit, il prenait le risque. Il la salua avec emphase et déclara :
— Je m'appelle Ysengrin Zellers. Mais tout le monde m'appelle Ys.
Nouveau sourire.
— Et vous ? Comment puis-je vous appeler ? Maintenant que vous faites partie des six personnes qui connaissent mon nom, je pourrais savoir le vôtre, qu'en dites-vous ? Ce serait équitable, il me semble !
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Localisation : Dans la forêt d'Aiguemorte
Re: [14 décembre 1597] Une sœur pour un roi [Terminé]
La concession du brigand quant aux déguisements fit faire la moue à Cecilia. C’était triste…
« Je vois que les Italiens et les Monbriniens partagent certains travers, malheureusement… »
Le sourire qu’il eut quand il évoqua les compagnons laissa Cecilia perplexe. Pourquoi sourire ? Cela voulait-il dire qu’elle était tombée dans un piège ou alors qu’elle n’avait vraiment rien à craindre ? Elle le suivit du regard et acquiesça timidement à son serment. Elle fronça les sourcils d’inquiétude en le voyant s’agenouiller près d’un arbre. Y avait-il une trappe secrète qui menait à leur palais ? Elle fut encore plus sceptique quand il revint avec quelque chose dans les mains… et totalement surprise quand elle découvrit de quoi il s’agissait.
« Un onisco? Ma…* Je pensais… Je pensais à des compagnons plus… humains… »
Et sa proposition ! Elle déglutit, stupéfaite, et regarda la petite bête sombre. C’était peu ragoûtant quand il y en avait pleins sous une vieille pierre au couvent mais en même temps, un seul… Sa curiosité reprenant le dessus, elle acquiesça timidement en ôtant un gant et en tendant une main en coupe.
« Je veux bien… »
À sa conclusion sur Aiguemorte, elle hocha la tête. Elle se sentait un peu bête de s’^^être fait des idées pour rien, finalement.
« Mais si on vous donnait la couronne pour régner vraiment sur cette forêt, le feriez-vous ? »
Elle lui concéda un point sur les déguisements.
« Oui… Mais je ne vois pas comment vous pouvez être convainquant : vous n’avez pas l’air d’une femme ! Et votre voix est fort peu féminine… »
Quand elle posa sa question, elle hocha la tête à sa demande.
« Vous avez ma parole. »
Elle reçut alors son secret, stupéfaite, et inclina la tête.
« Enchanté, Monsieur Zellers, ou… Ys. »
Elle rougit ensuite en se rendant compte qu’effectivement, elle ne s’était pas présentée.
« Oui, oui, bien sûr… Pardonnez-moi, j’aurais dû me présenter : je m’appelle Cecilia, Cecilia Candore, mais on m’appelle plus souvent… eh bien… “Ma Sœur” ou “Mademoiselle”… parce que… »
Elle termina sa phrase d’un geste désignant son voile, se rendant compte qu’elle s’était bien perdue dans ses paroles.
Un onisco? Ma… : Un cloporte ? Mais…
Cecilia Candore- Fiche perso : Ma modeste présentation...
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