[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé]

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Message par Le Cent-Visages Mar 30 Mar - 16:48

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Il attendait maintenant, échoué au pied des marches du Tribunal. Trois bonnes âmes avaient porté sa lourde chariote à travers les escaliers – cette fois-ci sans qu'il ait à leur donner de l'argent. Que faire maintenant ? Lénius se sentait terriblement vide. Seul. Impuissant. Lourd de tout son corps tordu affaissé sur son fauteuil. Même le bref échange qu'il venait d'avoir avec cette aristocrate voilée et son géant homme de main flottaient déjà loin de lui tel un vague souvenir. Il n'y avait à macérer dans son esprit que la dernière image choc de l'audience. Hyriel. Hyriel traîné par les gardes. Hyriel torturé demain à l'aube. Et Louise. Elle aussi emmenée, jusqu'à la flagellation qui lui serait infligée sur la Grand' Place. C'était abject. Injuste. Cette maudite Cour avait fait la sourde oreille à tous les arguments sensés avancés au cours de la séance. Tout semblait décidé à tourner de la plus inique des façons dans cet Empire – et à plus fortes raisons ses tribunaux. Envahir des voisins qui n'avaient rien demandé. Asservir les populations desdits voisins. Générer toujours plus de misère dans les rues, profiter ensuite de ladite misère pour punir d'esclavage les ''parasites'' que le pouvoir lui-même créait : cercle parfait, l'on pouvait presque y voir de l'art ! Expédier les gêneurs dans l'au-delà – ou dans le néant pour le fervent incroyant qu'était la gargouille. Ses parents en avaient fait les frais. Et Hyriel à présent, dont le seul crime se résumait à soigner hors des sentiers battus. Et à être estropié, car il maintenait que ce que l'on recherchait par son cas, c'était un bouc-émissaire.

Le bouffon ne riait pas aujourd'hui. Pas le moins du monde. Il sentait sa gorge sèche et ses grosses paluches crispées. Encore ses maudites contractures. Son ami aurait su les soulager par une de ses potions et... Non. Non, il ne fallait plus penser à lui pour le moment. Il fallait retourner dans les rues. N'importe où. Pour faire quoi ? N'importe quoi ! Il semblait n'y avoir guère que cela à faire. Perdu pour perdu, les emmerder. Pas tous, mais les exploiteurs. Et ceux qui en ce jour venaient de participer à faire condamner Hyriel, Lénius les avait soigneusement mémorisés. Il y aurait tôt ou tard ses mots coupants entre les hachoirs de ses dents pointues. Et peut-être davantage, sans qu'il ne sache vraiment quoi. La seule chose qu'il savait, c'était sa propension à ne jamais se trouver à cours de folies. La folie pour répondre au non-sens. Voilà, ça c'était bien.

Il rajusta ses bésicles sur son gros nez tordu. Renifla, faisant s'écarter ses narines larges comme deux olives noires. Ses pinces spongieuses empoignèrent ses roues. L'infirme allait s'engager dans une de ces rues. Là, celle de droite. Celle où cinq jours plus tôt il avait retrouvé Claire-Marie au cours du transfert d'Hyriel en cage. Claire-Marie... Que dirait-elle de toute cette colère en lui ? De son dément projet de vie consistant peu ou prou à enchaîner les provocations, jusqu'à celle de trop qui l'abattrait ? Pour elle, tout semblait tellement simple, pur, lumineux. Au milieu de l'horreur elle arrivait à déceler de petits espoirs comme des évidences. Elle rendait de la beauté où elle passait.

Lénius s'abîmait dans toutes ces pensées aussi désarticulées que sa personne... quand il eut le vague sentiment que quelqu'un l'avait approché. Ce... Non, ce devait être une erreur. Et quand bien même, l'homme difforme s'était un peu trop enlisé dans sa bulle pour avoir l'énergie de relever de lui-même la tête si on ne l'appelait pas ouvertement. Pas l'esprit à son habituelle curiosité pour le grand théâtre du monde. Pas ce soir.
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Message par Boréalion Mer 31 Mar - 17:51

Boréalion abandonna ses admirateurs presque à regret. Presque parce qu’il savait qu’ils se précipiteraient tous - tous ceux qui en valaient la peine, du moins - à sa prochaine apparition, encore plus impatients de le voir. Mais également parce qu’il avait quelqu'un à rencontrer.

Il remarqua sans peine le regard réprobateur d’Héloïse, qui avait certainement compris. Oh, et puis, si elle n’était pas contente, elle n’avait qu’à rentrer ! Il l’ignora et s’éclipsa pour rattraper la source de sa curiosité.

Le fameux Lénius semblait abattu. Célénian mit un moment à réaliser que s’il connaissait personnellement, cette histoire était pour lui… eh bien davantage qu’une simple histoire. Un peu comme perdre l’être aimé : c’était toujours bien joli à raconter, mais lorsque cela vous arrivait pour de vrai, vous vous sentiez si vide, si perdu… Et vous vous retrouviez tout seul, dépourvu devant une petite crevette dont vous ne saviez bigrement pas quoi faire…

Il sentit la poigne ridicule d’Héloïse se refermer sur son bras. Elle secoua la tête : non, il ne devait pas. C’était agaçant - terriblement agaçant - de la voir essayer d’imiter Delphina. Delphina était convaincante, pas elle. Alors, pour ne pas lui donner l’occasion de le faire changer d’avis, il franchit les quelques mètres qui le séparaient encore de l’infirme, et dit la première chose qui lui passait par la tête - après le “si vous ne m’avez pas cité, c’était pour éviter de me mettre en porte-à-faux, rassurez-moi ?” qu’il réprima tant bien que mal :

— Je suis navré pour votre ami.

Héloïse se couvrit le front dans un profond soupir.

— Les règlements de comptes ne l’ont pas aidé…

Lui, au moins, il s’était tenu correctement et n’avait pas aggravé la situation. On pouvait au moins lui reconnaître cela !

Il se fit d’ailleurs violence pour ne pas lui demander de décrire ce qu’il éprouvait en ce moment précis. C’était une drôle de situation, une rencontre. Particulièrement lorsque l’on ne pouvait pas exclusivement se cacher derrière le personnage mondain. Et particulièrement lorsque l’on interpellait quelqu’un dans un moment si délicat. Il ne s’en rendit compte qu’après l’avoir fait.
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Message par Le Cent-Visages Mer 31 Mar - 21:04

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Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Une voix. Plutôt jeune. "Votre ami." C'était donc bien à lui que l'on s'adressait. Lénus se retint de déglutir bruyamment à ce retour à la réalité, via cette énième pensée pour Hyriel. Ses petits yeux bruns se relevèrent pour découvrir qui venait lui adresser ainsi des paroles de sollicitude. Il découvrit un très beau sieur, accompagné d'une femme au regard brillant qui lui plut. Son épouse ? Ou quelqu'un de sa famille peut-être ? Il força un sourire poli pour l'un et l'autre, essayant comme de coutume tant bien que mal de dissimuler son hideuse dentition crénelée. Au moins le temps de saluer - quand il s'agissait de parler ensuite, c'était une autre affaire. Le regard las et humide de l'invalide revint sur son vis-à-vis. Il souffla :

-- Merci, Monsieur. (Un temps, hochant la tête pour le saluer avant de faire de même pour la femme) Madame.

Pourquoi cette dernière se plaquait-elle la main au front et s'accompagnait-elle d'un soupir ? Son compagnon venait-il de commettre quelque maladresse ? Lénius trouvait au contraire son intention louable. Aussi adressa-t-il à la femme un regard rassurant, courtois, semblant essayer de dire : il n'y a pas de mal, au contraire. Il garda néanmoins l'information en tête pour s'interroger intérieurement sur le lien entre ces deux-là - et quant à la potentielle bévue de la part du sieur.

-- Je suis d'accord avec vous, acquiesça-t-il gravement à la remarque très juste de l'homme : C'est à se demander si certains ne se sont pas impliqués davantage pour laver leur linge sale en public, ou pour faire leur numéro sur ce théâtre qu'est la justice. Les Tribunaux ont beau relever souvent de la pantalonnade, le danger pour une vie, lui, n'est pas pour de faux - cela implique du sérieux. Même hypocrite.

Terriblement hypocrite, oui. Parfois néanmoins, il le fallait. Lénius exécrait le fonctionnement de cet Empire. Il abhorrait ces bigoteries et superstitions meurtrières. Toutefois la pire des choses à faire aurait été d'exposer ses opinions. Pour Hyriel, il avait joué le jeu. Mis le masque du bon chrétien et de l'honnête sujet de Sa Majesté lors de son plaidoyer. Or après tout, l'étymologie grecque de "hypocrite" n'était-elle pas "acteur" - aussi aura-t-il choisi ce mot à dessein. Plus d'un témoin en revanche avaient été fort maladroits - voire outrageusement provocateurs - quand bien même leur attention de départ fusse louable. Et le pire que Lénius craignait désormais était qu'Hyriel en pâtisse.
Seulement une fois établies ces considérations, la gargouille se concentra mieux sur le visage de son vis-à-vis. Il lui disait quelque chose, à y regarder de plus près... Déjà dans le Tribunal, des personnes qui semblaient être des admiratrices lui avaient bourdonné autour. Plus encore : en ville, une ou deux fois déjà il semblait au troubadour des rues avoir repéré de loin cette silhouette. Lors de rencontres organisées en public, des signatures, de ce qu'il avait compris. Sans qu'il n'en sache davantage toutefois. Une célébrité. Un artiste. Pour qu'il fusse question de signatures, il devait même se trouver en présence d'un auteur. Rapiéçant ainsi ses souvenirs et sa lucidité après son moment d'abattement, le saltimbanque se demanda à présent : auteur, donc, mais dans quel registre ? Il connaissait un certain nombre de penseurs du pays, mais pas celui-là. La lacune devait être comblé : l'infirme ne ratait jamais une occasion de s'instruire.

-- Votre visage ne m'est pas inconnu et j'ai cru comprendre que vous aviez à travers Braktenn une certaine notoriété en tant qu'auteur. Mais je crains de ne pas en savoir davantage. Ou du moins de ne pas m'en rappeler ce soir... A qui ais-je l'honneur ?

Il sourit. Son visage se détendit un peu. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas essayer de discuter, se disait Lénius au point où il en était. Or cet homme lui semblait sympathique pour avoir eu la gentillesse de ces quelques mots de soutien.
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Message par Boréalion Jeu 1 Avr - 22:04

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Héloïse Martéis, 24 ans

Célénian était vraiment insortable ! Il n’avait pas pu s’en empêcher ! Quelle bêtise avait bien pu lui passer par la tête pour qu’il aille importuner cette chose ?! Il suffisait que Delphina le laisse tout seul deux petits mois pour qu’il accumule les excentricités. Il n’y avait qu’elle qui sache le tempérer, c’était… affligeant. Entre le grand maître des mots à l’égo inqualifiable et l’indécrottable curieux qui ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur tout et n’importe quoi, on ne s’en sortait plus.

Désespérée, elle hésitait presque à retourner chez elle, dans leur ville natale, et à le laisser déraper seul. L’ennui était qu’elle savait mieux que quiconque que l’abandonner à lui-même était l’assurance d’une catastrophe un jour prochain. Et puis… Même s’il rechignait à l’écouter, au moins, il ne s’était pas jeté dans la mêlée verbale au procès. Elle ne savait plus exactement de quoi il était capable.

Et maintenant, il ne pouvait s’empêcher d’aller importuner ce drôle d’assemblage qui avait servi d’avocat. Il n’avait pas l’air bien méchant, certes… Mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mal à l’aise devant son apparence si… affreuse.

Elle acquiesça doucement, avec un très léger sourire mais sans oser parler, lorsqu’il la salua. Elle restait en retrait. Non, vraiment, elle voulait bien être aimable, mais cela ne la rassurait pas. Au moins ne semblait-il pas trop incommodé par l’intervention si peu judicieuse de son frère.

Non, Célénian, il n’y avait pas à être navré… Ou du moins pas à venir le dire. Que penseraient les gens ? C’était bien l’ennui avec lui : il ne savait pas ce qu’il voulait. D’un côté, il affirmait qu’il tenait à sa réputation, et de l’autre, il s’acoquinait avec le rebut de la société. Et si elle lui avait demandé des comptes, il aurait simplement dit “cela n’a rien à voir, tu ne peux pas comprendre. Enfin… Heureusement, personne ne semblait avoir remarqué leur échange.

Elle se fit violence pour rester, et ne pas se montrer trop hostile - il fallait aimer et respecter son prochain. Mais tout de même, c’était beaucoup demander.

Célénian
---------

L’écrivain sentait bien que sa soeur était mal à l’aise. Gênée, sans doute autant de son attitude que de l’interlocuteur qu’il avait choisi. Héloïse était tellement… ennuyeuse, parfois. Il n’était pas un petit garçon - et puis d’abord, il était l’aîné ! - et pouvait bien parler avec qui il voulait.

Il commencé par compassion. Certes, dans la salle, il avait plutôt vu l’intrigue qu’autre chose mais… Mais il s’agissait de vrais gens. Il s’était demandé ce qu’il aurait ressenti pour de vrai à la place de ce pauvre avocat, et oui, il lui avait semblé nécessaire d’engager la conversation ainsi. Contrairement à ce que sa chère soeur avait souvent l’air de penser, il n’était pas insensible - on ne maniait pas les émotions dans un texte avec une maîtrise si spectaculaire lorsque l’on ne les comprenait pas un minimum.

Oui, tout cela était réel. Concret. Et l’infirme le rappela au l’auteur après que ce dernier ait déploré le triste étalage de conflits non pertinents qui s’en étaient mêlés. Le vrai, c’était compliqué. Les vrais rapports humains, par exemple, cela n’avait jamais été son fort. Delphina et Leyria étaient des exceptions. Il avait beau vouloir, parfois, être simplement lui, il était tellement plus facile d’être juste le Boréalion mondain, comme intouchable. Cette image de lui-même à la fois sympatique, abordable, extraverti, apprécié, un peu charmeur, même… mais pas impliqué dans les véritables problèmes des gens, il n’était pas là pour cela. Détaché du monde réel. Lui, mais pas le fond de lui. C’était plus facile, il préférait. Même si, au plus il s’enfermait dans cette image, au plus il était difficile de retrouver le simple Célénian.

— L’hypocrisie était là, ils ont dû penser que la suite serait déjà suffisament sérieuse... lâcha-t-il d’un ton de regret.

Héloïse roula des yeux, exaspérée - “comme si c’était le moment de faire de l’esprit, pauvre imbécile”, semblait-elle dire. mais le jeune homme n’y prêta pas plus attention.  

Quant à savoir que son visage était connu… A vrai dire, ce n’était pas une si grande surprise - quoi que son visage fusse moins connu que son oeuvre.

— Dans tout Monbrina, en réalité, ne put-il s’empêcher de rectifier. Et même en Europe, précisa-t-il sous un nouveau regard réprobateur de sa cadette.

Quoi, c’était vrai ! Les Aventures du chevalier Trestinian avaient des lecteurs européens ! Et un certain nombre, d’ailleurs ! Si seulement Delphina n’avait pas été si réticente à quitter Monbrina, il serait devenu l’auteur le plus reconnu du monde en ce siècle en plus d’être le plus talentueux.

— Boréalion, se présenta-t-il avec toute l’humilité dont il était capable. Et voici ma petite soeur, Héloïse R...

— Martéis.

— Et je crains que les circonstances ne vous aient déjà présenté, ajouta Célénian.

Allons, maintenant qu’il savait qui il était, il devait tout de même savoir ! On ne connaissait pas l’autre scr… William Shakespeare sans connaître le grand plus grand écrivain que Monbrina n’eut jamais porté !
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Message par Le Cent-Visages Jeu 8 Avr - 19:09

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Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

La jeune femme ne décrochait pas un mot et restait en retrait. Lénius crut déceler dans ses attitude une certaine gêne vis-à-vis de sa personne : quand on essuyait de telles choses depuis toujours, cela devenait très aisé à repérer. Et à décoder derrière les politesses qui se forçaient. Il ne lui en tint pas rigueur. C'était ordinaire et il vivait cela au quotidien. Les coups d'yeux qu'elle adressait à celui qui était donc son frère quant à eux ne manquaient pas de laisser déduire une certaine contrariété. Pourquoi ? Serait-elle pressée de partir ? Oh ! A moins que... Oui, c'était éventuellement cela : pas la meilleure façon de se faire bien voir, que de venir tenter de s'acoquiner avec un être aussi grimaçant de corps d'une part - et d'autre part l'avocat du parti qui de toute évidence perdait pour l'instant le procès... Traîner avec un proche du démon. Lénius se sentit le cœur lourd tandis qu'encore, tout le ramenait à son ami pour qui la situation tournait de plus en plus mal. Mais soit. Il décida de ne pas importuner davantage la jeune femme. Elle avait ses raisons. Il respectait.
Le nouveau commentaire de son vis-à-vis laissa l'avocat d'un jour sceptique quant à ce qu'il recherchait derrière ce regret - d'autant que sa sœur afficha derechef son agacement. Vinrent les présentation. "Dans tout Monbrina" souligna le jeune homme, avant d'insister sur l'Europe même. Alors seulement, l'invalide put comprendre l'une des raisons des regards courroucés de la femme : il ne prenait apparemment nul déplaisir - et même le contraire - à mettre en avant sa notoriété. Si grande à l'en croire. Le bouffon haussa les sourcils, sincèrement étonné : lui qui pouvait d'ordinaire se targuer de connaître et de se rappeler de tant de notables de la capitale ! Il fallait croire que le procès l'avait particulièrement perturbé... ou que son interlocuteur tirait son renom d'un domaine qui échappait à Lénius.

-- Eh bien il semble que je rate quelque chose mais je vais vite rattraper cette erreur, sourit-il avec la ferme intention de demeurer courtois et de se changer les idées. Et après tout, oui, curieux comme il l'était, autant se coucher moins bête.

Boréalion, donc. Et sa sœur Héloïse. Il nota la rectification qu'elle prenait la peine de faire quant à son nom de famille, coupant la parole au sieur, cependant l'invalide n'aura pas l'impolitesse de faire quelque remarque là-dessus. Cela les regardait. Il hocha donc de nouveau la tête en salut pour la jeune femme sans insister. Quant à son vis-à-vis, oui, avec le nom il y arriva enfin ! Le gros visage de Lénius s'ouvrit et sa voix se fit plus enjouée pour reprendre :

-- Ah ! Avec un nom sur votre visage, j'y suis ! Vous êtes l'auteur d'un récit fleuve dont ces dames sont friandes dans les salons ! Et en tant qu'amuseur plus ou moins volontaire desdits salons, votre nom est bien entendu déjà tombé dans mes oreilles. (Un temps) Je suis par ailleurs amateur de poésie, de théâtre et de philosophie davantage que de romans, ceci explique cela.

Ceci, en plus du fait qu'un auteur est mieux connu de livres et de nom que de visage. Au moins fut-il rassuré de ne pas sa sentir complètement ignare. Il devrait cependant confesser n'avoir rien lu de la fameuse fresque et de ne pas en savoir grand chose. Lénius pourrait en rester là, mais une sympathie naturelle et un goût de la conversation un tantinet taquine le poussa à poursuivre :

-- M'est-il permis de vous demander ce qu'un romancier de renom en Monbrina et en Europe vient chercher à un procès en sorcellerie ? L'inspiration ? Le seul spectacle de l'humaine tragi-comédie ? Ou auriez-vous (haussement de sourcil mi sérieux mi joueur) quelque intérêt en cette affaire du côté de l'accusation ou de celui du prévenu ?

Allez savoir ! Accuserait-on aussi Hyriel de vendre des philtres accroissant la renommée ? Ou stimulant la fièvre créatrice ? Bon... La gargouille se promit de ne pas non plus faire trop durer : Héloïse semblait vraiment contrariée.
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Message par Boréalion Sam 10 Avr - 22:29

Il avait vraiment fallu qu’elle le contredise ! Il n’avait jamais vu une telle enfant gâtée ! Ne savait-elle donc pas se tenir, elle allait mettre leur interlocteur mal à l’aise ! Puis, si Héloïse n’était pas contente, elle pouvait toujours partir. Et même retourner à Helvinir, histoire qu’il ne l’ait plus sur le dos.

Soit, cela n’avait nulle importance. Le fameux Lénius semblait enfin le reconnaitre… Il s’abstint de préciser qu’il était en réalité l’auteur des romans les plus palpitants qu’on eut écrit à Monbrina et qu’ils n’attiraient pas que les dames - ce qui était fort réducteur. Voilà, au moins Héloïse éviterait de lui faire la morale, cette fois !

Il acquiesça avec intérêt aux paroles de l’infirme. Amuseur plus ou moins volontaire… Il aurait bien aimé l’interroger plus en détail sur cela, mais là encore, il s’abstint. Ce n’était pas le moment. Pas comme ça sans préambule, du moins. Il lui fallait une vraie réponse, pour comprendre. Pour assimiler pleinement l’idée. Pas celle d’un homme agacé qui déviait ses indiscrétions. Un jour, peut-être, il en saurait plus.

Célénian comprenait mieux pourquoi l’avocat de fortune avait préféré mentionner le dramaturge anglais, désormais… Même il ratait beaucoup en se détournant des romans. Surtout ceux de son temps, et l’un d’eux en particulier..

— Ceci explique cela, confirma Célénian. Mais je demeure un inconditionnel du roman.

Bien que les autres formes aient également leur charme, il fallait dire que c’était ce qu’il y avait de mieux. C’était l’avenir, l’écrivain en étaient persuadé. S’il ne devait subsister qu’un art, ce serait celui-ci. Sa seule limite était le nombre de lettrés.

— M'est-il permis de vous demander ce qu'un romancier de renom en Monbrina et en Europe vient chercher à un procès en sorcellerie ?

Héloïse haussa les sourcils. Voilà une grande question à laquelle son frère n’avait pas su répondre avant de partir. Elle se tourna vers lui, intriguée. Qu’allait-il donc répondre, le grand Boréalion ?

Célénian, de son côté, y réfléchit tandis que Lénius exposait ses hypothèses. Que venait-il faire ici ? Comment dire à un homme qui risquait de perdre un ami qu’il se voyait mal manquer un tel évènement ? Qu’à l’origine - avant qu’Héloïse n’insiste pour qu’il soit le plus discret des hommes -, il était surtout en manque de mondanités et qu’il trouvait les procès fascinants ? Comment lui avouer qu’il n’aurait pas voulu être le seul idiot à ne pas savoir ce qui s’y était joué ? Comment lui dire qu’il n’était là que pour des motifs d’une futilité écrasante. C’était bien pour cela qu’il n’aimait pas les vrais problèmes.

Il échangea un regard avec Héloïse, qui le lui renvoya l’air de dire “débrouille-toi, tu t’es mis seul dans cette situation”. Cela suffit à lui donner une excellente raison.

— Vous savez peut-être que je suis mécéné par Mademoiselle de Monthoux. Et s’il ne savait pas, c’était désormais le cas. Cette affaire la concernant, je tenais à savoir de quoi il retournait.

Il eut un sourire triste en pensant à elle. Cette histoire d’envoûtement n’avait vraiment pas de sens : elle se portait très bien lors de leur dernière rencontre. Il faudrait vraiment qu’il songe à prendre de leurs nouvelles, à sa belle-mère et elle.

— Rien de bien extravagant, donc.

Héloïse ressera les pans de son manteau. Célénian eut un regard désolé. Elle avait toujours été sensible au froid… Mieux valait tout de même qu’elle ne reste pas trop longtemps à grelotter. On était en plein mois de décembre.

Il fit un pas vers elle, et l’attira gentiment par le bras. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter ou d’être dégoûté… C’était seulement original.

— Je crois que nous n’allons pas nous attarder dehors, dit-il autant pour lui-même que pour les deux autres. Puis, à Lénius : Vous vous joindriez à nous pour boire ou manger quelque chose, peut-être ?

L’occasion, s’il acceptait, de faire connaissance. Et s’il refusait, eh bien… Héloïse - qui s’était heureusement abstenue de protester - n’aurait qu’à se réjouir que le problème soit réglé.
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Message par Le Cent-Visages Mar 13 Avr - 21:15

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Lénius surprit l'intérêt vivace dans la mine du jeune auteur, quand il lui mentionna sa profession au détour de la conversation. Ah ça, elle en surprenait plus d'un. Il arrivait toutefois à la mentionner de manière décomplexée. Une légèreté qui constituait son bouclier, pour supporter une situation humiliante. Être ramassé dans la rue absolument n'importe quand par tel corps de garde de tel seigneur, ou du roi lui-même. Y aller afin de jouer le drôle d'animal ou la curiosité de service. Au moins, certains le faisaient venir pour plus que cela : sa musique, ses rimes, son chant, son esprit. Et puis la gargouille arrivait à en tirer quelques petits avantages malgré tout. Lénius se souvenait de sa grande conversation d'un soir bien arrosé avec Hyriel, au cours de laquelle il avait exposé au guérisseur les rares lueurs que l'on trouvait au milieu de l'abjecte situation "d'invalide de compagnie" du bon Sire. Être au pied du maître, telle est la place privilégiée pour le mordre.

-- Fort bien, répondit-il en hochant du chef : dans ce cas je saurai vers où me tourner, entre autres références, s'il me venait envie et temps de me mettre aux récits de long cours.

Et les moyens, aussi - mais par fierté la gargouille ne le dira pas. Le théâtre, cela se regardait. La poésie, cela s'écoutait ou s'apprenait à partir de billets qui circulaient dans les salons ou les rues. Un roman, cela impliquait d'acheter le volume, ou de se le faire prêter - et ensuite il fallait le manier. Difficulté non négligeable pour les paluches cabossées de l'infirme. Et enfin, le stocker car cela ne se dégustait pas d'une traite en une heures avant de le rendre. Vivant dans les rues, sans toit si ce n'était celui des auberges où il payait parfois une nuit quand les dons des spectateurs le permettaient, l'homme difforme ne possédait plus un seul ouvrage. Hormis dans son excellente mémoire. Jadis, lorsqu'il était encore noble il y a fort longtemps, il disposait de nombreux ouvrages. Un serviteur les lui tenait ou lui faisait la lecture.

Sa question quant aux motifs ayant amené Boréalion à ce procès parut intriguer Héloïse, comme si son frère ne s'en était même pas expliqué à elle et l'y avait traînée. Une fois passée la plaisanterie quant aux bénéfices que l'écrivain aurait tirés de la prétendue sorcellerie d'Hyriel, il entendit une justification effectivement tout à fait logique. Il était en droit de s'inquiéter de la réputation de la famille dont il recevait les bienfaits financiers et le soutien.

-- Ah. Eux, grogna-t-il, avant de se reprendre : Pardonnez-moi. C'est juste que le père s'est illustré à l'audience par sa stupidité sans bornes. Je pourrais dire aussi large que son gabarit, mais étant moi-même gratifié d'une certaine charge pondérale, c'est l'Hôpital Général se moquant de la charité. (Petite moue) Et puis on apprend aux enfants bien élevés : "pas le physique". (Un temps) J'ose espérer que la fille du comte illustre les mystères de la généalogie en se montrant beaucoup plus intelligente que son géniteur... mais puisqu'elle est mécène, cela semble être le cas n'est-ce pas ?

Prosper de Monthoux. Lui aussi figurait sur sa liste noire. Lui et son intendante. Pas loin derrière le cardinal. Un instant il se demanda qui pouvait être cette fille du comte... et préféra ne pas s'appesantir sur son cas : ce serait voir que s'il s'en prenait au gras seigneur, une demoiselle en souffrirait. A moins qu'elle aussi ne pâtisse de son géniteur ? Or provoquer la perte d'un comte et sa famille, quelles implications indirectes cela aurait-il sur - au hasard - l'homme en face de lui et tous ceux qui d'une manière ou d'une autre étaient reliés à la maisonnée ? D'un plissement du nez et d'un mouvement de tête, la gargouille évacua le sujet. Le problème était Prosper. Prosper mordrait la poussière. Il se souviendrait d'Hyriel et ses amis.

Il nota à ce moment-là qu'Héloïse commençait à avoir froid. Il serait fort discourtois de la laisser se geler. Lénius allait prendre ses dispositions quand Boréalion lui suggéra soudain de se joindre à eux pour manger ou boire un coup.

-- En bien pourquoi pas. Volontiers, même, accepta-t-il en portant ses grosses pinces à ses roues. Merci pour cette proposition. Avez-vous en tête quelque bonne adresse dans les environs ? Je vous suis.

Qu'aurait-il fait autrement, ce soir ? Hormis se morfondre. Peut-être même se soûler, et ramasser une énième amende pour agressivité sur la voie publique. Très mauvais calcul, quand on ne roulait déjà pas sur l'or en plus de rouler tout court. En revanche, en pensant aux recettes de ses dernières performances, il estimait avoir quand même assez pour se payer ledit repas en compagnie de l'auteur et de sa sœur. Si cela pouvait s'avérer intéressant. Et si cela pouvait lui faire un temps oublier que cette nuit, son ami cher allait la passer au fond d'un cachot dans l'angoisse des supplices qui viendraient demain à l'aube...
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Message par Boréalion Mer 14 Avr - 19:27

Bien évidemment, s’il devait se mettre aux romans, les siens étaient forcément ceux qu’ils fallait privilégier. Le doute n’existait pas. Il était le meilleur. Mais ce n’était pas parce qu’il était le meilleur qu’il oubliait qu’on le soutenait - le talent venait de lui, bien sûr, mais le reste…

D’ailleurs, s’il avait écouté assez pour savoir que Mademoiselle Florentyna était impliquée dans cette affaire, sa justification fort opportune n’eut pas été un mensonge.

Le grognement de l’infirme eut le don de faire sursauter Héloïse. Quant aux dénigrement du comte de Monthoux, cela lui fit froncer le nez, outrée. C’était grossier. Et d’autant plus incommodant que Célénian ne semblait pas s’en offusquer le moins du monde. En réalité, il trouvait presque cela amusant. Il resta songeur au cours de cette tirade. Une mécanique fort intéressante que celle qui poussait les gens à avoir tous un point de vue différent sur chacun de leurs congénères. Evidemment, il l’exploitait déjà, le contraire eut été sot, mais il aimait à étoffer cette idée. A savoir combien d’avis différent l’on pouvait avoir sur un même individu. Puis… Il fallait dire que lui non plus n’avait aucune affinité avec le comte de Monthoux.

En revanche, il se sentit obligé de défendre sa mécène :

— Assurément. C’est une jeune femme agréable, cultivée, et qui a toujours d’excellentes idées.

A vrai dire, il ne la connaissait pas beaucoup plus que cela. Leur relation se limitait au cadre de son mécénat. Toutefois, elle restait une personne qu’il appréciait et respectait. Il n’y avait pas à remettre cela en doute. Lénius pouvait bien plisser le nez, c’était ainsi.

— Pieuse, mais plutôt ouverte d’esprit, ajouta-t-il. Mais pas envoûtée pour un sou lorsque je l’ai vu la semaine dernière, précisa-t-il.

Il savait que son interlocuteur s’opposait à ces idées d’envoûtements, alors autant s’y accorder. D’autant que - même si c’aurait fait une excellente histoire - il n’y croyait pas tant non plus.

Discuter ainsi ne lui déplaisait pas, mais la frileuse Héloïse le rappela à l’ordre en resserant son manteau. Soit, ce ne devait pas les empêcher de poursuivre leur conversation. Et puisqu’il était manifestement impossible pour sa soeur de le laisser et rentrer seule, pourquoi ne pas tous se mettre à l’abri, avec une boisson et un repas ? Chic alors ! Sa proposition était acceptée.

Il réfléchit à instant. Oui, il connaissait une auberge pas loin.

— J’en ai une à deux rues d’ici, répondit-il.

Et puisque Lénius empoignait ses roues, Boréalion chercha des métaphores à poser sur ses mouvements. Il lui en venait quelques unes, mais aucune qui ne le satisfasse vraiment.

Il avança. A son bras, Héloïse s’efforça de calquer leur allure sur celle de leur étrange vis-à-vis. Ce mode de déplacement créait-il des douleurs particulières ? Comment se débrouillait-on au quotidien ? Et comment ressentait-on cette mobilité restreinte ? Ce genre de chariotes dérapait-il avait la neige ? Oh, et quels bruits cela pouvait-il bien faire, selon les circonstances ? Ce fut sans doute pour empêcher l’auteur curieux de poser de telles questions que sa soeur relança la conversation en premier :

— Amateur de théâtre, de poésie et de philosophie, recontextualisa-t-elle. Serait-il indiscret de vous demander vos préférences ?

Sujet bateau, certes. Et elle savait que, comme il était parti, Célénian ne se contenterait pas longtemps de cette conversation de surface qu’il appréciait pourtant tant dans les salons. Qu’elle ne faisait sans doute que retarder l’inévitable. Mais au moins aurait-elle essayé.
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Message par Le Cent-Visages Ven 23 Avr - 22:30

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Il nota la crispation d'Héloïse à ses critiques au sujet du comte. Elle n'avait pas tort : il ne l'avait pas épargné, mais elle ne connaissait pas l'étendue de sa bêtise ni sa propension à faire autant souffrir autour de lui. Sa femme, ses esclaves, quiconque venait lui demander l'aumône - comme Tristan un jour rudement chassé - et sûrement d'autres encore. Boréalion en revanche sembla trouver ses pointes amusante. Et puis, lui-même était physiquement chargé. Allons ! Privilège communautaire.
Il acquiesça avec un vif sourire quand l'écrivain lui confirma un portrait élogieux de la jeune mécène. Oh, pouvait-on être pleinement objectif quand on bénéficiait des aides d'une donatrice ? Lénius écarta la question et voulut se dire que oui : tout bénéficiaire, l'on pouvait avoir du discernement. Et le simple fait que cette demoiselle parraine des artistes démontrait qu'elle devait avoir des passions et un esprit plus intéressants que ceux de son père.

-- Oh je n'ai pas le moindre doute quant au fait qu'elle n'était pas envoûtée, approuva-t-il la remarque de Boréalion. Puis, un brin joueur, sur le ton de la confidence : Je ne sais si cela est dû à la grande piété de Mademoiselle de Monthoux... ou simplement au fait - sans ne vouloir rien enlever à la religiosité de votre mécène - que le prévenu n'es tout simplement pas un démon...

Il ouvrit les bras et haussa un sourcil, dans un geste comique valant un "le suspens reste entier". Puis retrouvant davantage de gravité et tout son respect sincère pour la jeune Florentyna :

-- Mais plus sérieusement, il est heureux d'entendre qu'il existe aussi beaucoup de personnes à la fois pieuses et pleines de culture, d'ouverture d'esprit, de curiosité, de bon sens. Contrairement à ce cher Cardinal et à tout ce à quoi nous venons d'assister, se retint-il d'ajouter. J'ai moi-même un ami proche très sensible à la spiritualité et qui fait bien plus honneur à la foi que... Il secoua la tête, balayant la suite de sa phrase dans un "ce n'est pas grave, oubliez".

Mais ils se mirent soudain en route en quête d'un restaurant où trouver aussi bien à manger que la chaleur. Héloïse resserrait son manteau autour de ses épaules, conservant sa chaleur le long du chemin, tandis que Lénius forçait comme de coutume sur ses roues pour affronter les habituels pavés. Habitué à ce sport, il n'en resta pas moins attentif à la conversation. Il remarqua la bonne intention de Boréalion qui prenait soin de caler son allure sur celle de son fauteuil roulant et l'en remercia d'un sourire. Puis il se retourna aussitôt vers Héloïse, enthousiasmé par ta question :

-- Oh ! J'aime aussi bien la tragédie - notamment celles d'Eschyle et Sophocle - que de bonnes comédies comme il s'en joue les jours de Charivari ! Quand j'en ai assez de purger mes passions, de ressentir terreur et pitié avec le premier genre, je ne déteste pas rire un bon coup avec le second. Certains auteurs savent aussi très bien marier les deux couleurs, comme ce Shakespeare dont il paraît que l'on va donner en janvier l'une de ses pièces ici même à Braktenn. (Un temps) Du côté de la poésie, j'ai grand attrait pour la satire, pour la poésie politique, ou encore les épopées. Je ne me refuse pas non plus de temps en temps un peu d'élégie ou de vers amoureux même si je doute que ce soit jamais pour avoir l'occasion d'en faire moi-même usage. acheva-t-il dans un demi-sourire mi-farceur mi-nostalgique. Et vous, Madame ? Où vont vos préférences ? Hormis bien sûr aux romans de votre frère ? ajouta-t-il, espiègle.
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Message par Boréalion Mer 28 Avr - 17:16

Evidemment que Mademoiselle Florentyna n’avait pas été envoûtée… Cela avait quelque chose d’absurde. Quelle qu’ait été son attitude, il y avait forcément une explication différente. Etait-ce parce qu’ils n’avaient simplement pas affaire à un démon ? Il aurait aimé admettre qu’il n’en croyait pas grand chose, mais Héloïse toussota légèrement.

Fais tout de même attention à ce que tu dis, Céli, semblait-elle recommander.

L’auteur acquiesça tout de même. Etant une pointure dans son art, il savait fort bien que les choses n’étaient pas toujours telles que l’on voulait les faire passer.

Toutefois, pour ce qui était de sa mécène, il ne s’agissait pas que ce paraître : elle était vraiment quelqu’un de bien ! Mais la suite le rendit curieux… Que… ? Si seulement Héloïse avait mieux choisi son moment pour se mettre à grelotter ! Tant pis, tant mieux. Les voilà en route pour une auberge.

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Helois10
Héloïse Martéis, 24 ans

Afin d’éviter les dérapages de Célénian, sa cadette avait aiguillé la conversation vers un sujet d’apparence anodine. Un sujet de jacasseries de bonnes femmes, comme disait Papa. Elle ne se détacherait probablement jamais totalement de cette idée, et sans doute son frère en demeurait-il marqué, lui aussi. Ils n’en demeuraient pas moins deux grands littéraires.

L’épouse Martéis ne put réprimer un sourire à l’évocation du dramaturge anglais. Elle jeta un regard à son ainé, mais fut déçue de ne même pas le voir les lèvres. Elle savait, pourtant, qu’il trouvait son oeuvre fort quelconque. Elle comprenait que cela ne puisse pas plaire à tout le monde, mais avait surtout l’impression qu’il faisait preuve de mauvaise foi. Juste parce qu’il savait que Delphina et elle avaient apprécié ! Avait-il donc cinq ans ? Elle ne put s’empêcher de renchérir sur la question :

— Oui ! Célénian m’a promis que nous irions la voir. Je dois avouer que je suis très impatiente !

Très impatiente… Mais elle espérait tout de même qu’il ne passerait pas son temps à maugréer.

Héloïse haussa les épaules, compatissante, à cette sorte de regret exprimée par son interlocteur. Oh, certes, il était moins effrayant désormais que le contact était lié, mais il demeurait fort repoussant tout de même, elle ne voulait pas mentir.

On ne pouvait pas avoir tout ce qu’on voulait. Il avait peut-être la poésie et certes pas l’apparence, et l’époux de la jeune femme, lui, avait sans doute l’apparence mais certes rien de la poésie. Oh, certes, il savait parler de bateaux et de comptes, et cela, Papa l’avait trouvé parfait. Et son avis avait eu tellement peu d’importance que son frère lui-même avait choisi l’époque de son mariage pour l’abandonner ! C’était bien facile pour le grand Boréalion qui avait tout pour lui : charmant, poète, talentueux, cultivé, sympatique, adulé… Et tout cela pour quelques phrases fâcheuses, prononcées sans réfléchir et qu’il avait interprétées de travers.

— Ce n’est pas dit commenta distraitement l’auteur.

C’était ce que Delphina aurait répondu. Sa Delphina si parfaite… Elle n’aurait pas douté un seul instant que n’importe qui puisse trouver la bonne personne. Il en était moins convaincu, il fallait l’avouer. Dans la réalité, on n’avait que rarement ce que l’on voulait. Mais si sa Delo chérie le disait...

Quand Lénius interrogea sa soeur sur ses préférences littéraires, Boréalion se crispa légèrement. Allait-elle éclater de rire, et réaffirmer qu’il lui manquait quelque chose pour être un grand auteur ? Non, pas en public, elle n’oserait pas…

Au lieu de ça, elle lui adressa un regard complice et plein de tendresse, avant de répondre avec un sourire :

— Oh, vous savez, le lis de tout… Mais avant même de lire les textes de mon frère, j’ai toujours beaucoup apprécié les poètes nord-monbriniens.

Ceux qui décrivaient avec une telle passion leurs côtes et les flots qui les érodaient, qui reprenaient et magnifiaient leurs légendes locales. Dire qu’aujourd’hui, cette mer ne lui faisait plus penser à rien d’autre qu’à son époux et à son homonyme de bois.

— Ils avaient une manière magnifique de décrire la mer. Plus belle que celle que l’on voit tous les jours...

Enfin… Qu’elle voyait tous les jours. Evidemment, on ne pouvait pas voir la mer, à Braktenn. Elle se sentit un peu mal à l’aise, mais Célénian intervint :

— C’est par ici, indiqua-t-il simplement avant de les faire bifurquer dans une autre rue.
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Message par Le Cent-Visages Dim 16 Mai - 20:11

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Lénius comprit le blanc qui suivit son affirmation quant à l'innocence de Florentyna - et surtout celle d'Hyriel. Bien sûr, le verdict n'était pas rendu et il ne faisait pas bon se prononcer là, ainsi, dans la rue. Lui-même avait l'affreux défaut de ne pas craindre grand chose. Le danger encore moins que le reste. Il demeurait néanmoins lucide quant au fait que tel n'était pas le cas de ses interlocuteurs - et heureusement. Malgré tout, l'infirme n'avait pu s'empêcher d'affirmer une nouvelle fois ce qu'il pensait de l'accusé. Autant en rester là cependant.
On se mit donc en route vers un bon restaurant, en s'entretenant de sujets plus légers - dont celui de ce dramaturge anglais qui fit d'une part tiquer Célénian, et d'autre part sourire légèrement sa sœur. Une différence d'appréciation, certainement.

-- Quelque chose me dit que nous en entendront fort parler, apprécia à son tour Lénius, ne pouvant que comprendre la hâte que marquait la jeune femme à l'idée de ces représentations en approche.

Il pesta entre ses dents quand sa chariote buta, comme trop souvent, sur un pavé mal logé. Il dut taper plusieurs fois dessus, ramener tout son poids lourd en arrière et effectuer une manœuvre dont il avait pris le coup de main, pour passer finalement l'obstacle. Il haussa à son tour les épaules, quelque peu fataliste, à la remarque sibylline de l'auteur, tout en continuant de suivre d'un rythme énergique l'itinéraire que traçaient le frère et la sœur à travers les rues. Il leur faisait entièrement confiance quant au choix d'un établissement dépourvu de petite marche à l'entrée, susceptible de bien accueillir son fauteuil, et cela eut quelque chose d'agréable de ne pas chercher tout seul ce soir où crécher et trouver à manger. Un sourire s'en dessina à sa bouche tordue, qui s'étira quand Héloïse répondit à ses interrogations.

-- Oh ? Êtes-vous du nord de Monbrina ? Ou y avez-vous voyagé ? Et appréciait-elle donc ces auteurs par nostalgie particulière en plus de la qualité de leur écriture, ou simplement par envie de dépaysement. Je serais curieux de connaître les noms de ces poètes, peut-être que certains me parleront. (Un temps) Je n'ai pour ma part jamais vraiment eu l'opportunité de bouger trop loin de Braktenn, encore moins de voir la mer ou même l'océan si ce n'est à travers les textes ou les peintures. Le spectacle doit être magnifique...

Il se prenait parfois à rêver de voyage, quand bien même la chose était doublement utopique, pour un saltimbanque désargenté un jour sur deux doublé d'un corps si hautement dépendant, pour qui le moindre déplacement réclamait toute une organisation. Mais il ramena dans la foulée son attention vers Boréalion qui leur indiquait la suite du trajet.
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Message par Boréalion Mer 19 Mai - 18:09

Célénian n’était pas ravi de devoir assister à cette nouvelle pièce anglaise avec sa soeur, et ce pour tout un tas d’excellente raisons - dont les trois principales se trouvaient très clairement exprimées dans l’énoncé même.

Mais ce devait sans doute être moins pénible que d’être coincé dans une chariotte qui faisait se disputait avec les pavés. Tandis qu’Héloïse entretenait la conversation, il chercha des mots pour cet espèce de rebond. Il chercha la sensation que cela pouvait bien provoquer. Etait-ce plutôt une sorte de secousse ? De déséquilibre ? Et quand il la décoinçait, qu’était-ce exactement ?

Les deux adelphes ralentirent le pas d’un même instinct pour ne pas le distancer tandis que la conversation virait, sous l’impulsion de la jeune femme, vers le Nord et ses poètes.

— Helienir, sur la côte nord, oui, confirma Boréalion.

Cette villle à laquelle sa Delo chérie était si attachée. La plus belle du monde car il l’y avait rencontrée, la plus sombre et cauchemardesque parce qu’il l’y avait vue trépasser.

Héloïse, elle, cita les quelques noms qui la touchaient le plus. Elle se donna deux coups de griffes sur la pomette, persuadée qu’il lui en manquait un. Mais oui, quelle idiote !

— Et Jean-Baptiste Ermaut, bien sûr ! Sa folie de vagues est absolument magnifique.

Comme tous ses poèmes, d’ailleurs, mais c’était sans doute celui-là qui lui avait valu sa nomination au prix des Lettres d’Or ! Oh, il le méritait amplement ! Elle adorait ses poèmes depuis… Depuis toujours !

Lénius n’avait pas l’occasion de voyager, et si Héloïse - qui ne quittait pour ainsi dire jamais leur ville natale - ne trouvait pas cela extravagant, son aîné, qui avait parcouru Monbrina en long, en large et en travers sans savoir s’en contenter, ne comprenait vraiment pas comment on pouvait accepter de vivre en restant toujours au même endroit. S’il avait toujours aimé rentrer chez lui pour retrouver ses premiers repères, il n’en avait pas moins besoin de voir le monde. D’aller de plus en plus loin. Un jour, il voyagerait hors de Monbrina, c’était certain.

Il indiqua la route avant de reprendre :

— Mais le spectacle en vaut effectivement la peine, oui. Quels que soient les mots où les coups de pinceau que l’on puisse mettre dessus, cela ne rendra jamais vraiment l’intensité de...

Le regard sévère d’Héloïse l’arrêta. Ce regard qui disait
Es-tu vraiment obligé d’en rajouter alors qu’il vient de te dire qu’il était coincé ici ?

Sur quoi il désigna d’un coup de nez l’établissement qu’il avait choisi, heureux de constater que, comme dans son souvenir, l’établissement était facilement accessible aux roulettes de son interlocuteur.

— C’est ici ? s’enquit Héloïse, qui serrait toujours son manteau - elle aurait dû vivre plus au sud, cela lui aurait davantage convenu.

Célénian acquiesça. Lorsqu’ils atteignirent la porte, il la poussa et la maintint ouverte pour laisser entrer sa soeur et l’infirme.

— Après vous, déclara-t-il.
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Message par Le Cent-Visages Sam 29 Mai - 17:21

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

On laissa là le théâtre de Shakespeare pour en venir, sous l'impulsion d'Héloïse, à parler davantage poésie et terres du Nord. La conversation dut être hachée par les efforts mis par l'infirme à passer quelques pavés récalcitrants - il ne vit d'ailleurs pas l'attention de Célénian sur ses manœuvres - mais elle reprit aussitôt derrière. Helienir. Le nom lui disait quelque chose mais il ne connaissait pas davantage, outre certains renseignements pris dans les livres. Il en alla de même quant aux noms des poètes que la jeune femme citait, à l'exception du dernier qui valut aussitôt un large sourire à Lénius qui se redressa entre deux tours de roue :

-- Jean-Baptiste Ermaut, oh oui ! Celui-là même qui vient fraîchement d'être récompensé d'un prix amplement mérité, s'enthousiasma-t-il. Je ne peux qu'être d'accord avec vous : ses vagues nous rendent fous et ivres - par procuration. Ce qui est plus raisonnable pour la santé.

Le chemin progressa encore un peu et ils venaient de s'engager dans une nouvelle rue quand Célénian développa cette nécessité de voir le spectacle de ses propres yeux, quand bien même les artistes pouvaient en faire les meilleurs portraits possibles. C'est alors que l'invalide remarqua de la part de sa sœur un de ces regards qu'il connaissait bien : celui de la crainte, de la bienveillante volonté de ne pas heurter son incapacité en abordant un sujet susceptible de le frustrer... Jadis, Lénius se serait en effet désolé d'entendre parler de toutes ces choses auxquelles il n'avais pas vraiment accès. Toutefois il avait depuis fait un certain travail pour lui, et tenait désormais aux conversations les plus franches et sans entraves possibles. D'un ton jovial afin que la chose passe le plus naturellement possible, il affirma donc :

-- Vos précautions me touchent, Madame, mais vraiment, ne vous inquiétez pas pour moi : j'aime qu'on me parle de tout le plus naturellement du monde, et il serait un peu triste de n'avoir le droit d'abonder que les choses que peut vivre son vis-à-vis. (Rieur) Pour tout vous dire, je peux même trouver grand plaisir à ce qu'on me parle sport ou expérience à sensation !

La beauté de la conversation n'était-elle pas de recevoir par les mots une vague idée de ce que pouvait vivre autrui dans des situation que - pour l'invalidité ou bien d'autres motifs encore - il ne nous sera jamais à soi donné de connaître ? L'auteur de romans d'aventures ne dirait sûrement pas le contraire, songea Lénius avec justement un regard pour Boréalion. Et puis depuis le temps, l'homme difforme avait à cœur de décomplexer les gens qui, déjà, osaient franchir le pas de venir s'entretenir en sa compagnie, à lui, déconcertante gargouille.
Leur petit groupe arriva finalement au restaurant sur lequel ils avaient retenu leur choix. Bien accessible. Lénius en eut sitôt la mine réjouie. Célénian ouvrit et tint la porte : il laissa d'abord passer Héloïse, puis se concentra pour rouler bien droit - ne pas se manger un linteau dans le cale-pied - et franchir le seuil à son tour. L'endroit avait l'air charmant. Et la frilosité de la jeune femme cessait à présent d'être soumise à rude épreuve. Se faisant aussi petit qu'il le pouvait par habitude, l'invalide laissera ses hôtes élire domicile à la tablée qu'ils préféraient.
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Message par Boréalion Mer 2 Juin - 18:53

Célénian s’était presque étonné que sa soeur ne mentionne pas Ermaut en premier. Elle l’avait toujours adoré. Quant à lui, il ne pouvait nier que l’oeuvre lui plaisait et que l’artiste - qu’il avait eu l’honneur d'appeler son ami lorsqu'ils étaient jeunes - était quelqu'un de bien. Dommage que personne n'ait jamais pu rencontrer le vrai personnage derrière ce pseudonyme.

L’ivresse par les mots étaient certes largement plus saine que celle de l’alcool, mais rien ne valait l’ivresse de voir de vraies vagues. Parce que la réalité avait beau être drôlement ennuyeuse, il fallait tout de même s’en abreuver pour que la magie opère. Héloïse l’interrompit d’un regard ennuyé. Mais qu’avait-il encore fait ?

Même Lénius affirma que ce n’était rien. Non, ce n’était rien. Rien que la vérité. Pourtant, la jeune femme ne changea pas d’avis : on ne disait pas à quelqu’un que rien ne pouvait compenser une chose qui lui demeurerait inaccessible, il fallait faire un effort. N’était-il pas le grand Boréalion qui savait toujours comment agir en société ?

— C’est entendu, répondit-elle tout de même à Lénius. Mais à vrai dire, je ne reconnais que peu mon frère dans ces paroles. N’était-ce pas toi, Célénian, qui affirmait que tout pouvait être rendu avec tout autant de force pour peu que l’on ait du talent ?

Bien sûr que c’était ce qu’il disait. Qu’il ne vienne pas la contredire alors qu’il lui avait rebattu les oreilles avec ça durant des années. Enfin, apparemment, son talent pouvait même rendre mieux que la réalité, alors…

— Ce qui est certain, c’est que le talent de Jean-Baptiste Ermaut met davantage la mer en valeur que le sport.

Ils entrèrent dans l’établissement, et comme leur vis-à-vis semblait leur en laisser l’initiative, Héloïse choisit une table plutôt en retrait. Plus proche de l’âtre que de la porte. Son frère se demanda comment une femme aussi frileuse survivait à Helienir.

L’auteur décala un banc pour permettre à l’invalide de s’installer avec sa chariote, et prit s’assit à côté de sa sœur, juste en face.

— Pour les sensations fortes, en revanche, cela peut se discuter, reprit-il là où la conversation s’était arrêtée. Si ses autres œuvres incitent au voyage, sa série des noyades rendent l’angoisse avec une telle force que certains en prennent peur de l’eau. Mais dans ce cas-ci, je conseillerais davantage la lecture à l'expérimentation.

Ce qui était moins connu, c’était que le poète n’y exprimait que le reflet d’une tragique expérience personnelle. A vrai dire, la plupart des gens ne les prenaient que pour une allégorie de ces difficultés qui vous dépassaient parfois. Une perche ? Cela dépendrait de l’humeur de son interlocuteur, mais l'écrivain ne s’opposait pas à ce que la conversation demeure purement littéraire.
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Message par Le Cent-Visages Ven 18 Juin - 12:47

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Il marqua un bref temps d'arrêt dans son circuit roulé en entendant le bon mot d'Héloïse - et la dérobade par laquelle son frère préféra s'abstenir de répondre. Il le suivit vers l'âtre où la jeune femme élit domicile : il ne faisait en effet pas chaud. Plaisante sensation de quasi salon, tranquillement installés au coin d'un feu, loin des bruits du dehors et avec le confort de cette salle joliment meublée. Lénius adressa un sourire avenant et un rapide "Merci" à l'auteur qui prenait la peine de lui décaler le banc, puis entama sa série de manœuvres qui avait quelque chose d'un numéro de pirouettes parfaitement millimétré pour les non initiés : reculer, tourner la roue gauche, créneau, reculer encore, passer en biais, avancer, actionner la roue droite, petit quart de tour, et enfin bien calé sous la table.
Ceci fait, l'homme inspira d'aise et se saisira de la carte devant lui. Voyons-voir ! Qu'allait-il se mettre sous la dent pointue ce soir. Ils allaient avoir tous trois un petit moment pour découvrir tout ceci en même temps que la conversation suivait son cours. Lénius rit volontiers et dodelina de la tête à la remarque de Boréalion, avant de lui retourner faussement naïf :

-- Oh vraiment ? L'expérience ne vous tente pas ? Même pour la rendre la plus fidèlement possible à vos lecteurs par la suite ? (Il haussa les épaules et, plus sérieux autant que curieux des expériences que pouvait mener un auteur pour travailler ses scènes au plus près du ressenti) Dites-moi, quelle est la chose la plus folle, ou la rencontre la plus improbable, à laquelle vous vous soyez livré pour en tirer matière d'écriture ?

Peut-être celle d'en ce moment-même, songea-t-il une seconde avant de se dire - plus raisonnablement - que non, un auteur de sa trempe avait dû en voir de plus vertes et pas mûres encore. Dans le même temps, il donna un petit coup du revers de sa manche à ses lunettes, puis se les chaussa au mieux pour parcourir les propositions de plats.
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Message par Boréalion Jeu 24 Juin - 17:34

Lorsqu’ils furent installé dans l’auberge, Célénian reprit la conversation là où ils l’avaient laissées. Aux fameuses noyades de Jean-Baptiste Ermaut, qu’il ne comptait, pour sa part, pas expérimenter.

— Je craint que ma dévotion au lectorat ne me porte pas si loin, admit-il.

Enfin… Il était parfois resté en apnée jusqu’à ses limites pour se rapprocher de l’idée. Il avait aussi une fois demandé à Leyria de lui coller son épée sous la gorge pour comprendre la sensation. Et lorsqu’il imaginait ses scènes, il les pensait et les passait à travers les émotions de chaque personnage une bonne dizaine de fois pour être certain de l’effet. Mais pour les expériences réellement dangereuses et traumatisantes, il préférait - et de loin - réutiliser ce que la réalité avait offert d’occurence. Le deuil de l’amour, par exemple, il s’en serait bien passé. L’imaginer et en parler suffisait à s’en faire une image assez convaincante pour tirer des larmes à ses lecteurs, alors vraiment, l’avoir vécu n’avait rien d’utile.

La question suivante le laissa pensif alors même qu’Héloïse s’inquiétait déjà de ce qu’il pourrait bien ressortir cette fois.

— C’est assez difficile à dire, avoua-t-il.

C’était fou : dès lors qu’il avait besoin d’un exemple, toutes les idées s’envolaient. Ou plutôt : celles qui lui venaient concernaient des affaires d’inspiration privées, et il tenait à respecter ses sources. Conscience professionnelle. Il aurait aussi bien dit que la famille dans laquelle il avait grandi était tellement extraordinairement déchirée que cela lui avait beaucoup appris sur les coups bas que l’on pouvait se faire entre-soi… Mais les problèmes de famille ne s’exposaient guère - ce que l’on pouvait percevoir de ses désaccords avec Héloïse n’était guère qu’une petite divergence d’opinion à côté du reste.

— La grotte, peut-être ? suggéra innocemment celle-ci.

Il secoua la tête : non, ce n’était pas si intéressant que cela : ils avaient trouvé la sortie sans problème.

— C’est que pour son dernier roman - Trestinian dans les grottes infinies - il a volontairement été se perdre dans les cavernes d’Hélienir parce que les témoignages qu’il s’était efforcé de recueillir n’étaient pas assez concrets à son goût.

Et tout cela parce que quoi qu’il en dise, le grand Boréalion n’avait aucune fichue notion de réalité. Pourtant, elle ne l’avait pas dit avec aigreur, mais bien avec une certaine admiration : il n’y avait que lui pour pousser toujours si loin l’expérimentation. Elle s’interrompit toutefois en constatant que l’on venait prendre leur commande.
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Message par Le Cent-Visages Lun 12 Juil - 20:48

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Alors que l'infirme terminait de s'arranger comme il fallait sous la table, la réponse de l'écrivain le fit sourire et ouvrir dévotement les mains sur les côtés comme aurait fait un prêtre. Il rétorqua aussitôt avec malice :

-- C'est tout à votre honneur mon fils, les dévotions doivent rester dans certaines limites de sagesse ! (plus sérieux) De quoi faire un peu mentir ce grand classique voulant que les artistes sont des fous.

Même si pour sa part, le masque de cette folie n'était pas pour lui déplaire. Elle lui permettait tellement de choses, surtout à la Cour. Les fous avaient ce drôle de privilège de la taquinerie ou de l'action déraisonnée qui leur valait presque davantage d'admiration - ou du moins de curiosité - que de réprimandes. Puis à sa grande surprise, sa question sur sa pire "folie" d'auteur laissa Boréalion en suspend. Mieux encore, ce fut sa sœur qui répondit - ce que Lénius trouva adorable pour ce que cela disait de leur complicité, autant que de la façon dont ils se connaissaient l'un l'autre malgré les petites tensions qu'il avait pu entrevoir. Il avança son gros visage qu'il cala contre ses poings tordus, comme il en avait l'habitude pour tenir à table sans être trop éloigné des autres participants : ne pas se laisser aller à être avachi en arrière et convexe sur son dossier.

Une grotte ? Cela s'annonçait déjà intriguant, malgré le petit "non" que semblait signer Boréalion, comme si ce n'était pas si croustillant que cela... ou bien trop compromettant pour être raconté ? Pourtant le récit lui plut, et il s'imagina quelques instants l'auteur perdu dans cette grotte, à s'imaginer à la place de son personnage. Ce devrait être un peu inquiétant... et grisant à la fois ? Heureusement, lui comme Héloïse semblaient avec le recul en garder un souvenir plutôt détendu.

-- Avez-vous peiné à ressortir de la Caverne ? (Certains philosophes y restent éternellement bloqués, avec les ombres des choses qu'ils croient être les choses elles-mêmes - réalité trompeuse.) Je trouve ce nom de grottes infinies très poétique. Est-ce parce qu'elles sont inextricables et sans bout, où y a-t-il un sens plus imagé ? (Rieur) Oh je sais, vous allez me dire "achetez mon livre" ?

Il aura parcouru les plats en même temps, et se tourna à présent vers une jeune serveuse qu'il salua aussi jovialement et aimablement que d'habitude. Décidément, cela faisait du bien de ne plus penser du tout à cette atroce après-midi au Tribunal, ni à tout ce qu'elle annonçait. Il fallait bien reconnaître que sans Boréalion et Héloïse, Lénius aurait peut-être ce soir-là commis une de ses "folies" - mais sinistres celle-ci, de celles qui le mettent en danger ou lui faisaient collectionner les nuits en cellule et amandes pour ivresse sur la voie publique. Or même indépendamment de cela, la conversation d'Héloïse et Boréalion était très plaisante. Mais pour revenir à la commande, il dit avec entrain :

-- Je prendrai l'assortiment de fruits de mer accompagné de leurs petits légumes grillés. Je vous remercie.

Plat repéré comme pas trop chargé - car une fois de nouveau seul avec ses pensées pour son ami, la nuit serait terrible... Et son estomac dansait pour lui. Plat pas cher non plus : on l'invitait. Pas question d'exagérer.
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Message par Boréalion Dim 25 Juil - 15:13

Un ami s’immergeait dans la mer, Célénian, lui, préférait se gorger de la vie. Des plus grands évènements aux petits détails du quotidien, tels les manoeuvres d’un infirme qui doit se mettre à table. Il y avait le fait même, le mouvement, les mots qu’il aurait fallu poser dessus. Puis le reste : la lassitude, l’habitude, la résignation, quelque part, l’adaptation, et toutes les vérités du monde qui pouvaient découler du geste le plus trivial du quotidien.

Héloïse qui replaçait une mèche de cheveu avec toujours cette même torsion de poignet pour ne pas sourire de la réplique de Lénius. Il savait, même sans le regarder, qu’elle avait mordillé ses lèvres pour les garder closes et que, sous la table ses orteils rechauffés remuaient car ce n’était pas convenable. Héloïse piégée dans cet entre-deux qui, sans la condamner à s’offusquer de tout, ne la laissait pas tout à fait en rire. Encore un défaut de la réalité : elle vous entravait.

Voilà pourquoi, de choses assez folles à raconter, Boréalion n’en trouvait finalement guère. Toutes semblaient un peu trop réelles, un peu trop terre-à-terre, un peu trop fades, quelque part. Sa soeur suggéra la grotte. Nnnnn ce n’était pas tout à fait bien, cela non plus.

— Dans ce cas précis, l’intérêt se trouvait à l’intérieur, répondit-il pensivement. Lorsque l’on a trop l’habitude de la lumière pure, la pénombre est une découverte en soi, et l’image peut réveler des aspects insoupçonnés de l’objet. Tout comme la représentation artistique transmet une… vérité différente, mais pas moins intrigante.

Héloïse se permit un léger sourire : voilà bien les paroles d’un homme qui était incapable d’accepter le monde tel qu’il était et qui se sentait toujours obligé de le réinventé tel qu’il n’était pas. Cela avait toujours rendu leur père complètement fou qu’il fut incapable de s’intéresser au concret de sa propre vie.

— J’avoue que je serais tenté de le répondre. Je dirais qu’il y a un peu des deux. Le premier sens étant bien cette idée de dédale, quelque part. Le second une réalité personnelle qui n’a guère d’intérêt à être expliqué : uniquement ressentie à la lecture, pourvu qu’on y soit sensible.

Sur quoi une serveuse se présenta pour prendre leur commande. Boréalion n’avait guère jeté le moindre regard au menu. Encore une préoccupation trop terre-à-terre pour lui, songea Héloïse avant de déclarer qu’ils prendraient la même chose - parce qu’elle n’avait pas eu le temps de choisir non plus à cause de cette mauvaise influence.

— Et vous, avez-vous eu des expériences folles ou des rencontres improbables ? s’enquit alors l'auteur dont la curiosité reprenait le dessus.
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Message par Le Cent-Visages Jeu 12 Aoû - 20:15

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Quand lui-même avait pensé à la Caverne et à ses ombres trompeuses, joueuses pour la plus grande ignorance des captifs de la grotte, Boréalion en donna une image pleine de poésie - et plus optimiste - que Lénius apprécia. Il sourit, songeur : l'obscurité était en effet différente parfois de ce que l'on croyait. Contre toute attente, alle révélait, donnait à voir autrement ainsi que le soulignait justement l'écrivain.

-- Un dicton veut que "voir, cela cache". Il semblerait avec votre expérience que le noir donne à lire et à affiner la connaissance. Des expériences comme celles-ci, et la représentation artistique avec elles, ont aussi le grand mérite de pouvoir nous déshabituer des choses courantes. De nous les réapprendre autrement, là où l'accoutumance finit par nous les rendre injustement banales... (Un temps) Oui-da ! La nuit prête à connaitre le monde sous un autre angle. Que ce soit celle de la grotte ou celle des rues, ou l'obscurité d'un palais qui dort - et est à ce moment précis le théâtre des choses les plus croustillantes que l'œil du tout-venant ne voit pas.

Il avait souvenir de promenades nocturnes, plus ou moins dangereuses. De cette sensation de trouver les grandes voies de Braktenn porteuses d'un tout autre visage dans ces temps sans lumière. Les châteaux enténébrés regorgeaient eux aussi de formes qui se révélaient seulement dans le soir, davantage par leurs formes que par leurs clartés. Quant aux gens, la nuit ils portaient un autre masque. Et pour certains, c'était au contraire le moment où ils n'en portaient plus du tout : moment de l'amour secret, des complots, et d'autant d'autres choses que l'imprévisible histrion s'était plu parfois à observer de loin.

-- Oh, bien sûr ! Bien sûr, je comprends ! réagit-il spontanément alors que l'auteur prenait soin de rappeler à quel point il serait du gâchis que d'expliquer ce que l'art et l'écriture devaient créer. L'esthétique se fane aussitôt qu'elle doit être démontrée. C'est, j'imagine, comme un tour de magie qui nous émerveille tant qu'on ne connaît pas le truc. Vraiment, il faudra donc que je lise cette scène : en causer ainsi m'a intrigué plus encore. Cette scène et le reste, d'ailleurs ! déclara Lénius avec un enthousiaste mouvement de ses bras ouverts.

C'était décidé. Voilà des semaines qu'il n'avait pas remis les roues dans une bibliothèque dont il fallait payer l'entrée, quand les châteaux qui le recevaient disposaient de quelques ouvrages où il pouvait jeter le nez au hasard. Mais pou trouver des livres spécifiques, l'infirme devrait aller consulter un professionnel. Allons ! Puisque sa situation l'empêchait de posséder des ouvrages, impossible pour lui à trimballer, le saltimbanque irait à eux, dans quelque établissement braktennois qui devait disposer de la saga à succès en libre consultation. Ce fut dit ! Il louerait un pupitre un de ces après-midi et découvrirait enfin ce qu'était la plume de Boréalion. Sans compter que des pécunes mises à la bibliothèque en seraient autant de moins qui ne pourraient pas aller dans des stupidités achetées en période compulsive. Gadgets, bouteilles ou que savait-il encore.
Le passage de la serveuse le tira de ses bonnes résolutions et il se retint de sourire quand Héloïse commanda pour son frère, si emporté dans le flux de leur conversation ! Mais une fois la commande passée et la jeune femme repartie, Lénius souffla de rire et adressa un regard complice à Héloïse. Dans un sourire malicieux, il désigna Boréalion d'un petit signe du menton et soupira dans un sourire taquin :

-- Ah, ces artistes ! Ah, ces artistes ! (Un temps, rieur) Est-ce toujours ainsi ? Voilà qui doit accorder vos goûts culinaires !

Et déjà, la question que lui retournait l'auteur lui fit ouvrir la bouche ronde comme un bol et parodier un geste de diva de son bras à son front. Après un rire joyeux, il fit le tri de ses innombrables bêtises et s'engagea :

-- Oh, diantre ! Mais le fou et l'improbable sont mon travail et mon quotidien ! Hm, voyons... Voyons... Il y a la fois où je me suis promené dans une bonne partie du palais déguisé en Saint-Nicolas le jour de la fête du bon vieux ! Nul ne s'y attendait, il fallait voir les réactions de surprises, ces têtes étonnées de quatre pieds de long au gré des couloirs... surtout les petits groupes qui déambulaient très sérieux en parlant affaires... Les cadeaux du Saint-Nicolas étaient... (il pouffe) aléatoires. Un pasquin improvisé ici, une boutade de là, quelques notes. Oh, il y eut aussi le jour où un jouvenceau voulant conter fleurette à sa belle mais sans avoir assez d'esprit était venu me trouver pour de demander un poème amoureux. Seulement, j'avais découvert plus tôt que le damoiseau et sa belle étaient plus pourris l'un que l'autre. Le genre profiteurs et méprisants, vous voyez. J'ai donc décidé de donner à Monsieur un texte galant... qui, si on le lisait une ligne sur deux, était un concentré de vilenies. Madame s'en est aperçue ! Son cher et tendre se trouva donc devant le cruel dilemme que voici : me dénoncer mais prendre sur lui la honte d'avoir d'abord menti en prétendant être l'auteur... ou se taire, et admettre bravement l'ire de sa dulciné ! (Ses yeux joueurs roulent en l'air le temps de chercher une troisième anecdote) Eh ! Je me souviens encore de ce vendredi de Carême où, poisson oblige pour "le sacrifice", la Cour à table mangeait de la poiscaille... mais de luxe, arrosée de vin, jus de melon et autres délices. Quelle hypocrisie ! J'ai donc un peu provoqué en demandant, moi, de la viande. Mais les restes, histoire de ne pas les gaspiller... et pour le sacrifice - Aaaaa_men ! (Il tape son ventre qui gargouille) Oh oh, raconter cela vient redoubler ma faim ! (reprenant sur le sujet de ses bêtises) Et bigre il y aurait tant d'autres choses encore ! Hm, sans compter les pitreries habituelles, grimaces, séances d'imitations et de "qui est-ce..."
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Message par Boréalion Mer 8 Sep - 17:06

Si Boréalion appréciait décidément beaucoup la conversation de Lénius. Héloïse, pour sa part, était un peu moins emballée par leurs excentricités. Soit : Céli avait visité une grotte. Et si elle trouvait l'idée sympathique, elle ne trouvait pas forcément utile de philosopher. Soit : habituée aux digressions de son frère, elle n'en montra rien, les laissant poursuivre.

— Et l'on voit d'autant moins que d'après ce que j'ai pu remarquer, l'on s'efforce bien souvent de ne pas regarder. Si certaines plongées dans l'inconnu - ou le méconnu - émerveillent, ceux-là ont plus tendance à effrayer. Voilà comment la plupart des gens se dépêchent et ne veulent rien y voir. Même certains parmi les meilleurs, d'ailleurs.

Boréalion préféra rester plutôt vague quant à la place du titre dans son livre. Autant parler de ses personnages et de son univers le passionnait, autant il préférait… laisser certains tours opérer seuls, comme le comprit si bien son interlocuteur. Il ne put réprimer un sourire ravi en le sachant intrigué. Il n'avait peut-être pas tout à fait perdu sa capacité à éveiller l'intérêt.

Ce fut Héloïse qui commanda pour son frère. Elle sourit à la remarque de Lénius : ah, s'il avait su ! Ces artistes… c'était que cela ne rendait pas bien conscient de certaines réalités, il fallait l'avouer. Même lorsqu'elle dessinait, elle était bien loin de l'égarement de son cher frère. 

— S'il faut en voir les avantages, c'en est un ! confirma-t-elle, enjouée. 

Ce qu'elle appréhendait, c'était bien que le curieux Boréalion ne veuille lui faire goûter trop de plats extravagants. C'était qu'il aurait pu manger n'importe quoi, même les choses les plus impensables revenues des lieux les plus étranges. Mais ce qu'il fallait pour que Célénian aime vraiment un plat, c'était qu'il ne l'ait jamais goûté auparavant. Pour le reste, eh bien… il était plutôt accommodant. Il l'avait toujours été. Ce qu'il recherchait dans cette auberge n'étant pas une découverte gustative, il aurait tout à fait pu continuer la conversation avec un quignon de pain. Ou ne rien manger pendant plusieurs jours, tant qu'il y était. Héloïse lui avait toujours connu un sens des réalités drôlement défaillant.

Plus intéressé par les expériences de l'infirme que par le contenu futur de son assiette, l'auteur embraya sur une question qui lui brûlait les lèvres. L'exclamation qui servit de réponse ne fit que l'intriguer davantage. Oh, il n'avait manifestement pas perdu son temps. Héloïse masqua ses craintes du mieux qu'elle pu : son cher frère avait-il vraiment besoins d'emmagasiner les idées extravagantes ? Enfin, au moins ne s'était-il pas mis à trépigner comme un enfant impatient. 

Contrairement à la nourriture, les bonnes histoires ne mettaient pas tout à fait la fratrie d'accord. Autant Boréalion, dont le détachement impliqué professionnel n'aurait réprouvé que les pires cruautés, sut s'amuser de tout - avec quelques commentaires d'encouragement - autant sa cadette demeura plus réservée. C'était tout de même peu… correct. Et même s'il fallait avouer que cela prêtait parfois à rire, une certaine décence aurait voulu que l'on fasse l'effort de s'en abstenir. Faire un effort à défaut d'être parfaite. Finalement, vu la grande provocation de la dernière, la jeune femme fut plutôt rassurée qu'il s'en tienne à cela. Et quelque part au fond d'elle-même, elle se demanda s'il n'était pas finalement vrai que son état l'ait rendu moins moral. Dire que Célénian avait l'air d'approuver. Seigneur, mais qu'avait-elle donc fait pour mériter une telle famille ? 

Boréalion, tout à sa curiosité, aurait certainement pu en écouter bien d'autres telles que celles-ci. Il roula des yeux dans la direction des cuisines : ils ne pouvaient malheureusement pas faire plus vite que le chef. 

— Excellent ! Je dois avouer avoir eu un faible pour la deuxième, précisa-t-il. Sans doute relève-t-elle plus de mon domaine 

Peut-être aussi parce qu'il n'était pas des plus provocateurs malgré tout. Et qu'il préférait les subtilités d'un texte, que ce soit pour faire tourner les lecteurs en bourriques, les piéger, ou faire passer un message quelconque. Le langage était un univers étonnant de possibilités et de subtilités pour se jouer du monde où le faire découvrir. Un art à part entière et certainement meilleur de tous. Et même s'il voulait ses romans abordables, Célénian ne s'en débrouillait pas moins bien.  

— Ou bien parce que tu es persuadé de ne jamais te faire avoir de la sorte, fit remarquer Héloïse.

Ils échangèrent un regard à la fois complice et plein de défi. L'un de ceux de leur enfance. Ils savaient tous les deux qu'outre la certitude de repérer une supercherie de ce genre, ce qui rassurait tellement Célénian sur ce point était qu'il savait très bien écrire ses poèmes tous seuls. Et si Héloïse estimait qu'ils ne valaient pas ceux d'Ermaut, elle reconnaissait volontiers qu'il n'avait pas besoin qu'on fasse sa cour à sa place. 

— C'est amusant, je ne suis pas sûr que vos imitations soient faites pour plaire à ceux qu'elles incarnent... relança innocemment l'écrivain.

À vrai dire, il aurait été déçu qu'il s'agisse là de sincères flatteries.
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Message par Le Cent-Visages Dim 26 Sep - 22:35

[22 décembre 1597] Crocs et plume au pied du Tribunal ¤ ft. Boréalion [Terminé] Lzoniu10

Lénius, troubadour difforme en fauteuil roulant, 27 ans

Il dut descendre deux ou trois verres - heureusement d'eau - pour se rincer la gorge après le récit de quelques-unes de ses pitreries. Non sans avoir acquiescé au sujet du peu de temps que beaucoup de gens s'accordaient pour observer ce qu'ils découvraient. Les petits détails singuliers au sein d'un visage, d'un tableau, d'un lieu - ceux-là même qui en faisaient l'intérêt. Cette triste manière de se dépêcher de donner un jugement et d'aviser une chose, puis une autre, sans chercher à creuser. Il était bien placé pour connaître cela.
Sans grande surprise - puisqu'il commençait à cerner le frère et la sœur - ses exploits de cour amusèrent Boréalion mais laissèrent Héloïse plus sceptique. Cela ne l'étonnait guère de la jeune femme sérieuse et respectable qu'elle semblait être. Et en vérité il pouvait le comprendre. Parfois lui-même aurait aspiré à une vie dans les clous, mais sa nature même l'avait mis sur une toute autre voie. Plutôt que de subir l'excentricité d'un physique, autant faire sienne ladite excentricité et ce sous tous rapports ! Devant l'inquiétude qui parut traverser les prunelles d'Héloïse alors que son frère se régalait tant des plats que des bouffonneries, il lâcha un mi-blagueur mi-rassurant :

-- N'ayez crante, j'ai droit d'auteur sur tout cela ! Je suis sûr que Monsieur ici présent comprend cela mieux que quiconque et ne reprendra pas ces œuvres à son compte ! (Un temps, un ton plus bas en se tournant vers l'auteur) Cela dit je pourrais à l'occasion vous retrouver ce texte et quelques autres satires si le cœur vous en dit !

Il hoqueta entre deux coups de fourchette à la petite pointe d'Héloïse : pauvre Boréalion, non en effet Lénius ne lui souhaitait pas qu'une telle mésaventure puisse lui arriver et qu'il s'y laisse piéger.

-- En tout cas ce ne serait pas de ma part, promis ! Et il faudrait pour être la cible de ceci avoir commis quelque chose digne d'être châtié. Sans compter que vous avez la plume assez talentueuse pour, vous, ne pas avoir l'idée saugrenue de solliciter un nègre !

Lénius ouvrit les bras avec fatalité dans une fausse moue coupable : pour sûr, les imitations proposées dans le cadre de ses fonctions n'étaient pas pour flatter. Il s'empressa de contrebalancer :

-- Mais d'autres, hors du cadre de mon travail, sont tout à fait amicales je sous assure !

Et alors qu'il parlait, il aura joué à reproduire en miroir tantôt les petits gestes que pouvait avoir Boréalion en mangeant - tantôt ceux d'Héloise. Mimes effectués avec la légèreté et la bonhomie d'un jeu d'enfant - et qu'il fera suivre d'un clin d'œil souriant au premier du duo qui s'en apercevrait.

Ainsi le dîner se poursuivit-il entre succulents plats et non moins succulentes anecdotes. Lénius apprécia d'en apprendre davantage sur les sources d'inspiration d'un écrivain. Mais aussi sur les petites cocasseries qui constituaient la vie d'un auteur ainsi que de ses proches, venant y donner parfois leur lot de rebondissements. L'ambiance enjouée et la bonne nourriture les menèrent jusqu'à une heure qu'ils n'avaient que peu surveillé. Il était assez tard lorsque le trio dut quitter le restaurant, repus de ces sabayons et liqueurs sur lesquels ils avaient terminé. Le tout arrosé d'un peu de vin, mais sans excès. Ce qui était pour le mieux : la gargouille avait déjà quelques difficultés à reproduire aussi bien qu'à l'arrivée toutes les manœuvres de son véhicule pour sortir de table, passer dans les angles, réemprunter enfin la petite porte de sortie. Il eut du reste le grand plaisir - et honneur - d'être invité ce soir par Boréalion et Héloïse. L'écrivain s'était proposé de régaler.

-- Ce fut un plaisir, vraiment un plaisir ! Je vous remercie pour tout ! s'enjoua le bouffon quelque peu rougeaud au moment de se séparer. Ah ! Je ne manquerai pas de m'intéresser désormais plus avant à la littérature romanesque, ni à suivre vos prochaines actualités ! Bon retour à vous !

Il inclina la tête pour saluer Héloïse et tendit sa main à serrer à Boréalion. Sans réfléchir un seul instant dans ces moments-là, en compagnie de bonnes connaissances qu'il venait de se faire, à l'état possiblement troublant de sa paluche torve. Et ce fut tout à l'entrain d'un dernier sourire que l'homme dut finalement s'en retourner vers l'auberge où il dormirait sous peu. La soirée avait été longue et réjouissante. Pour son bien, la fatigue le tenait désarmais assez pour qu'il ne pense plus qu'à aller dormir. A cela et à rien d'autre, hormis les enfilades de plaisantes anecdotes qui s'étaient succédées.
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Message par Boréalion Lun 4 Oct - 20:06

Héloïse n'était pas certaine d'être très rassurée, non. Si son frère avait pu se contenter de copier les bêtises des autres, c'eût été trop facile. Non, il les engrangeait dans une énorme bibliothèque d'idées pour les réduire fragments qu'il réinterprétait et fusionnait de telle manière que ça ne pouvait qu'empirer. Et dire que sa chère femme n'était même plus là pour le fixer sur un projet et réprimer ses pires extravagances…

— Par curiosité, je ne rechignerait pas à y jeter un œil , admit l'écrivain.

Et en effet, il ne se ferait jamais avoir, parce qu'en effet, comme Lénius le fit si bien remarquer, il savait écrire ses poèmes seuls.

Le repas arriva donc, le même pour tout le monde, et Héloïse remarqua avec amusement que leur étrange vis-à-vis copiait leurs manières - allons bon, ce n'était pas ce que l'on avait vu de plus poli mais il n'y avait pas de mal. Il fallut un peu plus de temps, pris qu'il était entre son repas et sa conversation.

Puis, comme toutes les bonnes choses avaient une fin, on vida les assiettes. Héloïse détourna l'attention de son frère pour l'empêcher d'observer les manœuvres de l'invalide. Célénian, pour sa part, se trouvait très satisfait, à la fois de cette rencontre haute en couleurs que de l'avoir peut-être convaincu de s'intéresser au plus beau format littéraire que l'on eut conçu. Il ne regrettait vraiment pas son invitation.

— Excellente résolution, mais tout le plaisir était pour moi, voyons ! - "nous" semblait abusif - Bonne continuation, et bien du courage pour votre ami...,

— Au revoir, compléta Héloïse.

Elle fit ralentir son frère sous prétexte du froid qui ne la précipitait pas dehors. En réalité, bien qu'elle doive lui avoir reconnu une certaine sympathie, elle n'avait pas envie qu'on la voit davantage en telle compagnie. Non, vraiment, l'auberge suffisait.

Le retour se passerait bien, ainsi que la soirée, pour une fois. L'écrivain devait reconnaître que c'était agréable de retrouver une certaine bonne humeur, lui qui s'était attendu à ce qu'elle lui fasse la leçon dès qu'ils seraient privés de public. Sa cadette, elle, se réjouissait que leur complicité ne soit pas définitivement perdue. Pas une dispute jusqu'à Noël ! De quoi raviver son espoir de renouer.
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