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[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé]

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Message par Thierry d'Anjou Mer 28 Avr - 10:52

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Manoir11

Avertissement - Allusions sexuelles:
[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

La route avait duré un moment avant de retourner à la maison. Le manoir du Moulin se trouvait être excentré de la ville et obligeait à marcher longtemps Sébastien ne disait rien, assis dans son fauteuil que son père poussait, suivi par Hibiki. Il repensait aux discussions qu'ils avaient eu dans cette taverne et le garçon frissonnait à l'idée qu'on ait pu les entendre et répéter leurs paroles. Leurs derniers propos, c'était du blasphème. C'était interdit. Le mois dernier, sa mère lui avait expliqué à lui, comme à l'ensemble de sa fratrie, que si on était méchant, on finissait brûler comme le sorcier qui était passé devant leur maison, dans cette cage terrifiante. Sébastien se rappelait l'avoir observé e ne pas l'avoir trouvé méchant. Il lui faisait surtout de la peine, enfermé derrière ces barreaux. Et puis, maintenant, son père lui avait que ce n'était pas interdit de poser des questions et d'exprimer ses idées. Tout devenait si compliqué. Le monde s'ouvrait mais remettait en cause ses certitudes.

Thierry se redressa à l'approche du manoir, fier d'amener son singulier hôte dans sa nouvelle demeure. certes, d'un point de vue théorique, elle appartenait à son généreux cousin mais cela démontrait aux yeux de cet étranger sa puissance : il était lié à un éminent personnage de l'empire. En passant le portail, l'ancien prêtre se tourna vers Hibiki et s'exclama d'un intonation faussement modeste :


"Je vous présente mon habitation, le manoir du moulin. Ce n'est pas bien grand, mais c'est confortable."

"Non ! C'est pas vrai ! C'est pas à toi ! C'est à messire de Fromart !"

Le père grimaça de ce rappel.

"Il me l'a donné."

"C'est pas vrai. Il a dit tout à l'heure qu'il donnait mais reprenait. Alors, ça voulait dire qu'il pouvait reprendre le manoir si tu fais des bêtises ! Alors, ça veut dire que c'est à lui ! Il fait que prêter sa maison !"

Mal à l'aise de cet échange, Thierry posa la main sur la chevelure de son fils.

"Tu dois avoir faim. Et vous aussi, Hibiki ! Rentrons !"

Sans attendre une quelconque réponse, il traversa d'un pas rapide la cour et pénétra dans la majestueuse. Le seuil ne présentait aucune marche e permettait d'amener facilement le fauteuil de Sébastien. Dans l'entrée, il croisa une domestique et ordonna avec autorité de préparer un excellent repas.

"Et ne lésinez pas sur les meilleurs produits !

Il se tourna vers Hibiki, tout sourire, et indiqua la salle à manger proche.

"Nous discuterons mieux autour d'un bon repas. Que Demeter nous régale de ses bienfaits et que Bacchus nous abreuve !"

Alors qu'ils approchaient de la pièce, un domestique, gêné, les rejoignit, et murmura :

"Euh, monsieur, je me dois se vous signaler, si vous évoquez Bacchus, que nous avons reçu des consignes strictes. Toute boisson alcoolisée ne peut être servie sans une autorisation, en personne, de messire Coldris de Fromart."

@Hibiki
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[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Empty Re: [26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé]

Message par Hibiki Ven 7 Mai - 0:27

Des palais, il en avait vu des tas, et dans bien des styles. Par contre des marioles qui prêtaient leurs châteaux à leurs amis intimes, beaucoup moins. Deux hypothèses donc: soit le mariole était si riche qu'il se permettait de loger ses "amis" dans ses domaines pas "grands" mais confortables, en une manière de harem étendu _ce qui conférait l'avantage d'éviter les scènes de jalousie_ soit il était follement épris de cet ami ci. Pendant que le comédien se livrait sans retenue à ces considérations largement erronées et en oubliait la fatigue liée à cette longue marche, le père et le fils se livraient sans retenue l'un à l'étalage d'une gloire qu'il souhaitait voir rejaillir sur lui-même, l'autre à endosser le rôle d'une petite voix consciencieuse qui vous rappelle des choses fort désagréables.

"C'est pas vrai. Il a dit tout à l'heure qu'il donnait mais reprenait. Alors, ça voulait dire qu'il pouvait reprendre le manoir si tu fais des bêtises !"
soutenait le petiot. Ce à quoi Hibiki aurait bien répondu qu'il y a des bêtises qu'on accepte mieux lorsqu'on les partage à deux _celles de cambrai, ou d'autres un peu plus... crémeuses_ mais il préférait laisser le géniteur s'occuper lui-même des piaillements de coucou suisse remonté à l'heure du sermon moral que lui prodiguait son jeune enfant. Lequel avait tantôt parlé d'une possible carrière religieuse... Autant dire qu'il semblait doué d'un certain talent pour les homélies fâcheuses. Quant à savoir s'il oserait dire à de vieilles grenouilles coincées avec lui dans un confessionnal que leurs commérages vaniteux étaient une illustration parfaite d'une attitude que ne cautionnait guère leur sauveur en chef, c'était une question qui ne franchirait pas ses lèvres. Ne serait-ce qu'en raison de son incompétence crasse en matière de culture biblique. Il s'était renseigné sur le peu qui l'intéressait pour mieux en extraire tout le fâcheux et le jeter en pâture à des esprits trop heureux de déchiqueter ces saintes page comme les lions romains déchiquetaient les martyrs.

Ils pénétrèrent dans la demeure et Thierry se révéla à l'aise dans le commandement comme il l'avait été dans la fuite. Cela en aurait sûrement fait un bon général... du moins dans ces contrées occidentales. Dans son archipel, beaucoup moins _le suicide étant une fuite un peu trop radicale pour un homme qui aimait tant sauver sa peau. Pendant que des noms fusaient _ah, Bacchus il l'avait déjà entendu celui-là! Belle illustration de ses anciennes ripailles françaises..._ le comédien contemplait le manoir. Il était d'ailleurs fort occupé à observer, par la fenêtre proche, un merle cherchant dans le jardin quelque graine oubliée pour pitance qu'il n'entendit pas le murmure gêné du domestique réfrénant les ardeurs dipsomaniaques de son hôte pas tout à fait maître en "sa" demeure. Hibiki s'arracha finalement à son observation ornithologique pour demander soudain:

"Qui est Déméter?"

Pourquoi cette question, alors même qu'une scène autrement plus choquante se déroulait sous ses yeux: celle d'une valetaille fort affairée à recevoir avec grand honneur un bouffon. Justement car il s'agissait d'une parfaite bouffonnerie!

A dire vrai, on voyait des nobles et des marchands se ruiner pour les faveurs de comédiens de son espèce dans son pays natal, mais il soupçonnait l'apparition d'une possible aigreur de la part de la domesticité s'ils apprenaient que cet espèce de singe aux yeux bridés, comme il s'était déjà entendu appeler, n'était lui-même qu'un serviteur pour le compte du divertissement des puissants. En échappant aux quartiers des plaisirs et ses hautes murailles pour revêtir, le fou, les habits de ce rôle qu'il endossait volontiers quoique sans clochettes ni chapeau, il se trouvait à la merci d'un monde qui ne vit pas uniquement pour le plaisir, même si certains le poursuivaient assidûment. D'ailleurs, il les imiterait en faisant honneur à cette cuisine nouvelle! La marche autant que l'air pur de la campagne lui avaient ouvert l'appétit!
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Message par Thierry d'Anjou Ven 7 Mai - 17:46

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

Si Thierry fixait avec agacement le domestique qui s'était rapidement décidé à rappeler les règles imposées au manoir, Sébastien observait la scène avec amusement. Son père se conduisait comme un enfant pris à une bêtise. Comme quand son frère Samuel essayait de voler la couverture d'une de leurs sœurs la nuit. Sauf que sa mère l'entendait et aboyait dessus. Ou comme quand Jeanne avait voulu sortir avec un garçon sans la permission de les parents. Le jeune garçon contemplait son père et se demandait pourquoi son père agissait comme un enfant. C'était pourtant un adulte.

Sébastien se souvenait bien, lui, des instructions de l'intendant quand il était arrivé ici. C'était un homme sévère, soucieux de respecter les règles. Sauf que les domestiques n'obéissaient pas toujours. La journée, il y avait une gentille servante, Lucie, qui lui apportait presque chaque heure ou une pâtisserie en affirmant à ses collègues que le petit monsieur le lui avait demandé. Elle passait du temps en sa compagnie à discuter à lui apprendre des choses.

Thierry entendit alors Hibiki lui poser une question et se tourna pour répondre.


"Demeter est dans la mythologie grecque la déesse de l'agriculture. Elle favorisait le printemps et l'été les récoltes, puis laissait mourir la terre l'hiver quand sa fille Perséphone partait aux Enfers rejoindre son mari."

"Les mères laissent tout mourir quand leur enfant part ?"

"Certaines ont du mal à voir leur enfant partir oui."

"Pas comme la mienne..."

Sébastien n'avait pas pu s'empêcher de laisser échapper cette réflexion amère. Il se souvenait bien de comment il avait quitté la maison de son enfance : grâce à une bourse que sa mère avait accepté d'un sourire aimable. Et elle ne l'avait pas embrassé. Elle ne l'avait de toute manière jamais fait alors qu'elle le faisait parfois avec ses frères et sœurs. Thierry, mal à l'aise, préféra ne rien dire et se contenta de pousser le fauteuil de son fils pour l'installer à la grande table en bois d'ébène de la salle à manger.

La pièce était grande, pourvue d'un lustre en cristal, qui pendait au-dessus de la table et brillait à la lueur des bougies. Un feu se consumait lentement dans la cheminée de marbre située dans le fond de la salle. Le portrait majestueux d'ne grande dame, Solange d'Ovant, trônait à son sommet, come pour surveiller les convives. Thierry étouffa un rire en songea aux anecdotes glanées sur elle : si son âme les apercevait, elle apprécierait une conversation éloignée de tout sujet politiquement correct. Il pourrait même se vautrer avec une femme sur la table sans que cela ne la choque.


"Que l'on serve le repas ! Tout de suite !"

Thierry s'installa en se tournant vers Hibiki.

"Coldris de Fromart et moi-même sommes cousins et d'excellents amis. Il a en moi une confiance absolue et c'est pourquoi il souhaite me voir être là dans le manoir du moulin pour gérer la propriété qui lui est la plus précieuse."

Il reporta ensuite la tête vers Sébastien.

"Quand tu le verras la prochaine fois, mon garçon, tu l'appelleras mon oncle. Ce sera plus simple."

Et infiniment plus drôle. Thierry espéra assister à la scène. Sébastien hocha de la tête, poliment, poir approuver la demande mais se promit intérieurement de demander à Coldris de Fromart comment il devait l'appeler. Il n'avait aucune confiance en son père qui semblait se plaire à inventer une situation plus envieuse que celle qu'il n'avait. Après toit, si sa place était si bonne, pourquoi il travaillerait dans des hospices ?

"'D'ailleurs, Hibiki, mon fils aîné travaille à de hautes fonctions auprès de Coldris de Fromart ? c'est un personnage important. Et Sébastien, quand il sera en âge, aura lui aussi un poste éminent."

Le jeune garçon baissa la tête à la mention de son grand frère, si gentil et si savant. Lors de ses visites, il avait appris l'alphabet et lui avait dit de les écrire chaque jour, pendant une heure, pour que son poignet s'habitue au mouvement et que ça devienne naturel. Il disait aussi que dans quelques mois il pourrait sûrement lui aussi lire dans des livres. comme ça serait bien !

"C'est vrai ? Je pourrais être un jour comme Alexandre ?

Sébastien observa Hibiki et ajouta joyeusement.

"Mon grand frère, il est très intelligent. Et lui aussi est infirme. Sauf qu'il marche. Et il sait tout un tas tas de choses très savantes. Et puis... il est bien habillé aussi ! Et il est gentil ! Et..."

Un serviteur amena le repas et fit taire le babillage de 'l'enfant. Il posa un plat sur la table et souleva la cloche. Un chapon mijoté se cachait dessous, posé sur un lit de verdure, accompagné de flageolets et de carottes. Le domestique serviten premier Hibiki, puis passa à Thierry et termina par Sébastien.

"Je vous souhaite un excellent appétit."

Après trois jours, Sébastien ne disait plus rien sur le fait de ne pas réciter le bénédicité avant de manger. Autrefois, sa mère aurait ordonné à un de ses enfants de quitter la table pour avoir oser toucher à la nourriture sans que le Seigneur soit remercié. Il prit son couteau pour découper un morceau du chapon dans son assiette tandis que son père croquait directement dans une cuisse.
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Message par Hibiki Jeu 20 Mai - 15:19

La première fois que Hibiki s'était retrouvé confronté à un service de table occidental, sa première pensée avait été quelque chose dans ce goût là: "Mais c'est dangereux par ici!!! Ils utilisent des armes pour manger!" Il avait observé ses augustes voisins de table pour déterminer si la présences desdites armes pouvait être due à quelque étrange rituel consistant à se battre en duel au beau milieu du repas _on ne savait jamais avec ces barbares, un mot de travers et ils sauteraient p'tet sur les tables comme des corsaires, le couteau entre les dents et la fourchette dressée pour se piquer les fesses ou se désorbiter les yeux. Finalement, il s'était construit une opinion assez personnelle sur le sujet, imaginant que la présence desdits couverts découlait d'anciennes ripailles où le dîner dégénérait en rixes et avait conservé de la noblesse occidentale cette impression _pas toujours éloignée de la réalité_ de familles prêtes à s’entre-égorger entre le fromage et le dessert. Lui-même ne prêtait pas moins à rire d'ailleurs, et je vous laisse imaginer le grand moment d'anthologie où il avait tenté pour la première fois de se servir d'une fourchette et d'un couteau.

Une part de lui se félicitait du hasard de cette rencontre et de l'opportunité d'observer un aristocrate monbrinien dans son environnement naturel avant la réception au palais, ce qui lui permettrait peut-être de concevoir un ouvrage du genre: "De l'étude des espèces occidentales et de leurs moeurs dans ces contrées"... ou pas. Il y avait même plus de chances que cela n'arrive jamais, avec le nombre d'éminents spécialistes tout prêts à déverser l'encre leurs hautes réflexions philosophiques sur tel ou tel sujet. Non, s'il devait écrire quelque chose, ce serait davantage un récit de voyage, une sorte de fouillis composite constitué de poèmes et de pensées qui n'intéresseraient peut-être jamais personne et qui, pour l'heure, se trouvaient dans un carnet toujours lové contre son sein telle une camée de précieux souvenirs.

Il observait donc. Il écoutait les explications du père sur son illustre famille et les regrets du fils quant à sa propre mère. Il ne se sentait pas assez intime pour compatir à l'infortune de l'enfant _infortune toute relative, lui permettant de loger dans un manoir et de profiter de repas copieux_ ou lui dévoiler son propre passé d'orphelin. A dire vrai, la question de connaitre sa mère ou son père ne l'avait jamais trop préoccupée: il se forgeait des familles au gré des rencontres et le monde entier se chargeait de son éducation. Quant à savoir si le résultat était heureux, il ne me revient pas d'en juger. Il prenait note également du lien de parenté entre le ministre rencontré et l'homme qui déversait présentement sur lui les bontés de ses connaissances et de son garde-manger. Curieux... pourquoi avoir présenté Coldris de Fromart comme un "bon ami" en premier lieu? Peu importe, il en apprendrait davantage avec le temps.

En terme d'apprentissage, il se concentrait pour le moment sur les manières à table. Il avait fait escale dans diverses villes du continent où l'on mangeait parfois avec les doigts, parfois avec la cuillère ou encore avec des couverts. Dans chacune, il avait dû accoutumer sa langue à des saveurs nouvelles _aussi bien linguistiques que culinaires_ supportées avec plus ou moins de bonheur par son estomac, comme en témoignaient certaines diarrhées qui, soignées tant bien que mal par leur médecin oriental, avaient ajouté leur parfum au fumier local... Celui-là même qu'il supporte si bien, comme vous le savez. Fort heureusement, leur bon docteur de bord était toujours prêt à rééquilibrer leur Yin et leur Yang et le mariole nippon n'avait jamais fini trop exsangue.

Pour l'heure, la rachitiquité (la rachitiquita, la rachitiquita, ya no puede caminar) ne le guettait pas, vu le copieux met trônant sur la table _celle où les poulets n'ont pas le monopole de l'ouverture de cuisses, selon l'imagination Thierrysienne.

Hibiki demanda rapidement au domestique en charge du service:
"Qu'est-ce que c'est?"
"Un chapon, monsieur"
"... He bien, heureusement que je n'ai pas fini comme lui."

Un esprit un peu plus paranoïaque que le sien aurait pu y voir un message caché, peut-être par revanche pour ce moment de gêne subi auprès du petit à l'évocation de sa prétendue "castration", mais Hibiki ne pensait pas devoir se méfier d'une grande gigue à bouclettes qui courait se terrer dans des tavernes à la moindre altercation avec une grande bête d'homme qui aboie mais ne mord pas... ce à quoi un esprit un peu plus paranoïaque que le sien aurait justement dit que c'est dans les moments où l'on relâche sa garde que l'on se fait avoir. Un peu comme ce chapon qui fumait dans le plat, sans doute. Et somme toute, sa situation n'était pas si éloignée que celle du pauvre animal: tous deux avaient été émasculés (du moins officiellement) et servaient pour le plaisir des puissants de ce monde, quoique certains se plaignaient des facéties du comédien, dont certaines étaient restés en travers d'illustres gorges cléricales. Vous me direz, c'est le risque avec ce genre de volaille à farces: de tomber sur un os. Tout en attrapant une cuisse dans le plat, Hibiki songeait à l'ironie qu'aurait représentée la mort d'un castrat étouffé par un chapon et les vers que lui-même aurait pu faire là-dessus, à condition de ne pas être précisément la gourmande victime; Ou peut-être les aurait-il fait dans le pays des morts, s'il n'était pas lassé de gagner sa vie en tournant en dérision celle des autres.

Grande inconnue, la mort. Sujet qui le ramenait au début de cette conversation et à l'infortunée déesse soumise au partage de sa fille avec le dieu des enfers. Mais sa curiosité hésitait entre deux chemins: l'exploration de ce mythe et celui du mystère d'un fils au service du cousin/bon ami. Finalement, il lui parut préférable de privilégier le second, ne serait-ce que pour éviter le rappel douloureux d'une mère distante au jeune infirme. Il gardait l'autre en mémoire pour plus tard.

"Dîtes-moi, comment s'appelle ce fils aîné que vous évoquiez tantôt? Je serai sans doute amené à le croiser lors de la réception au Palais... peut-être même pourrez-vous nous présenter à cette occasion."
Une famille aussi importante que celle de son hôte serait certainement invitée à ce grand évènement... et tout en croquant dans la chair ferme, il attendait la réponse de l'illustre sire d'Anjou.
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Message par Thierry d'Anjou Ven 21 Mai - 11:11

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

Bien installé dans sa chaise, infiniment pus confortable que celles qu'il avait dû supporter vingt-cinq ans à l'église, Thierry mangeait avec distinction le chapon, accompagné de nombreux légumes qu'il s'était lui-même servi, en utilisant les couverts italiens, fidèle à l'éducation que sa mère lui avait donné. Il jetait des regards à son fils qui dévorait sans grande manières la viande, se servant dans l'assiette de ses seules mains. Le garçon n'usait même pas du couteau pour découper des morceaux mais croquait directement dans la viande. L'ancien prêtre tourna la tête vers Hibiki et remarqua que celui-ci semblait bien moins à l'aise. Il tentait l'usage des couverts, soucieux de bien s'intégrer, et ses gestes possédaient une certaine habilité mais lui percevait que celle-ci ne venait que de l'observation de convives. Il se rappelait avoir lu au Japon que les gens mangeaient à l'aide de baguettes. Son esprit n'arrivait pas cependant à se faire une représentation de cette utilisation. Ni même à quoi les objets ressemblaient. Il comprenait toutefois que qu'un habitant habitué à eux ne puissent pas manger comme un européen ou un monbrinien.

Portant la main pour prendre son verre, rempli de jus de raisin, une farce de plus de cet agaçant Matthias, Thierry but en s'adressant à son hôte
.

"Dans votre pays, on mange avec des baguettes, si je ne m'abuse, non ? Si le maniement des couverts est trop difficile, utilisez vos mains, comme le fait Sébastien."

Il retourna à la dégustation du repas lorsque Hibiki eut un trait d'humour sur un point commun entre lui et la viande. Thierry blêmit, la tête tournée vers son fils. Il rognait en ce moment les os dans son assiette. Il ne devait pas avoir compris. De toute façon, comment aurait-il pu apprendre les origines du chapon ? Ce n'était qu'un enfant. Le père se détendit lorsque le garçon releva la tête.

"Ah oui... Le chapon, on lui a coupé ses parties intimes. Comme vous Hibiki ! Ma sœur m'avait raconté ça en passant devant une boucherie ! Dites, Hibiki, ça fait mal de se faire couper ses parties intimes ? Je suis cogné une fois avec et ça faisait, très, très, très mal ! Alors couper la chair comme ça..."

"Sébastien !"

Le visage du père était pâle d'entendre son fils parler si ouvertement de sujets qu'il n'aurait pas dû connaître. Pris dans ses réflexion, Sébastien n'entendit pas et poursuivit.

"Un de mes frères s'est coupé une fois avec un couteau. Et ça lui faisait très mal. Et ça saignait partout. Alors, couper un morceau de chair, très dur, ça doit faire trop mal ! Et puis pourquoi on fait ça ? Si je me souviens, ma sœur a dit qu'on faisait ça au chapon car c'était pour le manger. Que l'animal grossissait plus vite, y avait plus de viande.  Alors, on va finir par vous manger vous aussi, Hibiki ? On mange les humains au Japon ?"

"Sébastien, tu arrêtes !"

Le fils tourna la tête vers son père, puis la baissa aussitôt.

"Pardon..."

Mal à l'aise, Thierry revint vers Hibiki.

"Je vous prie de l'excuser. Ce n'est qu'un enfant. Il ne comprend rien de ce qu'il dit."

Sébastien garda le regard dans son assiette, penaud. Il détesta cette réflexion. Il avait bien compris ce qu'il disait. Et il ne faisait que poser des questions, comme son père l'invitait si souvent à le faire. Pourquoi il se montrait aussi méchant ? Il avait envie d'en pleurer. Comme quand il retrouvait seul, durant des heures, dans cette chambre, couché sur son lit, à attendre que l'on vienne peut-être s'occuper de lui. Pourquoi c'était pas Alexandre qui s'occupait de lui ? Il était gentil, lui. L'enfant s'enterra en lui.

Un silence embarrassant s'ensuivit mais Hibiki le brisa en souhaitant en apprendre plus sur ce fils aîné dont il avait précédemment parlé et pour lequel Sébastien voulait un véritable culte.


"Il se nomme Alexandre. Je ne sais pas si vos le rencontrerez en revanche. Il s'agit en réalité de l'éminence gris du ministre. Il lu souffle toutes ses idées et le conseille sur les situations difficiles de l'Empire. Alexandre possède une intelligence rare, comme on en rencontre chez bien peu d'individus, et il est très discret."

La tête toujours baissée, Sébastien écoutait les éloges que son père tissait sur son frère et était presque certain que rien de ses paroles n'étaient vraies. Alexandre était discret, ça oui, bien plus que leur père. Ce qui n'était pas dur. Pour le reste, c'était trop gros. Coldris de Fromart lui avait fait l'effet d'un homme solide, ferme dans ses positons.  Alexandre travaillait peut-être pour lui, encore c'était même pas sûr, mais c'était pas lui qui le dirigeait. Quelle bêtise ! Le garçon releva la tête et observa son père, qui rayonnait de fierté et soupira. Est-ce que la vérité avait un jour franchit ses lèvres ?
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Message par Coldris de Fromart Ven 21 Mai - 11:59





Matthias, 32 ans

Matthias avait reçu l’intendance du Manoir du Moulin. Un poste de confiance lorsque l’on savait la vieille tache qui souillait les parquets de sa simple présence. Il ne comptait pas le lâcher d’une semelle. L’intendant connaissait le Faune qu’il recevait. Il avait eu le déplaisir de le rencontrer à maintes reprises au domaine de Fromart et se souvenait parfaitement de son attitude déplorable.

Debout non loin de la table, il surveillait tout autant le ballet de domestiques qui s’agitaient au service que l’indésirable invité et son drôle de compagnon aux yeux bridés. Où l’avait-il dégoté celui-ci avec son curieux accoutrement? Il n’avait pas l’air de savoir s’y prendre avec les couverts… Enfin c’était toujours mieux que le fils qui se graissait les doigts en dévorant sa cuisse de chapon. Manger avec les mains c’était bon pour les pécores ! Par contre des baguettes, il ignorait ce que c’était et se tourna donc avec intérêt, pour en apprendre plus sur ces étranges arts de la table.

Matthias s’amusa de la remarque du petit sur le chapon qui faisait bondir son père de gêne. Tiens donc le phallus itinérant n’aimait pas ce genre de discussion ? Père serait certainement ravi de l’apprendre…
Arriva cette question sur le jeune Alexandre. Le domestique arqua un sourcil. « éminence grise du ministre », était-il sérieux ? Oui il avait l’air. Non content de prendre possession des lieux, il fallait qu’il salisse le nom de son hôte ! Vieille limace débauchée ! Il fit un pas en avant, mains croisées dans son dos.

— Alexandre est un esclave que le vicomte a récupéré à la Prévôté. Il est assigné à l’inventaire ainsi qu’à la gestion de la bibliothèque du domaine. un rictus se peignit Son Excellence sera ravi d’apprendre tout le bien que vous pensez de son travail et de son intelligence. Vous devriez envisager une carrière de comédien à défaut d’avoir pu faire un prêtre convenable. A priori l’excommunication ne vous pose guère de problème.

Il s’inclina poliment et fit un léger pas en arrière. Matthias lui aurait bien conseillé de ne pas défaire ses bagages, malheureusement… Il n’en avait même pas.

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Message par Hibiki Jeu 3 Juin - 16:40

Hibiki était impressionné par l'érudition de cet homme qui avait même entendu parler de certaines de leurs lointaines coutumes. Il hocha la tête et répondit:

"En effet."

Il ne jugeait pas nécessaire d'étayer puisque rien n'indiquait chez son interlocuteur qu'il ne connut, en plus du mot, la représentation visuelle qui l'accompagnait... a contrario de cet homme austère et aussi guindé que le balai dont il aurait certainement apprécié faire usage pour débarrasser ce noble plancher de leur présence et qui manifestait, pour l'heure, une certaine curiosité. Il précisa donc, en se tournant vers ce dernier:

"Imaginez quelque chose s'approchant d'une paire de bâtons, en bois, en argent ou de diverses matières, utilisés comme des sortes de pinces pour saisir la nourriture et la porter à la bouche. Hélas je n'en ai pas sur moi ou je vous les aurai fait voir."

Il reposait ses couverts et acceptait avec soulagement l'invitation de son hôte à se débarrasser de ces encombrants ustensiles lorsque le petit commença un exposé intéressant. Contrairement au géniteur qui se trouvait fortement embarrassé, Hibiki était amusé. Les réflexions de ce garçon n'étaient pas dénuées de logique, ce qui plaidait en faveur de son intelligence, mais il lui restait sans doute un bout de chemin à accomplir avant de devenir un grand diplomate. Le comédien farceur évacua la gêne d'un geste aérien de la main et répondit d'un ton détaché:

"Ce n'est rien Monsieur, il n'y a pas outrage. Pour te répondre, Sébastien, tu as parfaitement raison et d'ailleurs tu pourrais voir de gros castrés rôtis à la broche dans les palais nippons, si tu y allais."
Et mordant à belles dents dans la cuisse de poulet comme s'il s'agissait de celle d'un eunuque, il semblait illustrer ses propos. Il prit le temps d'avaler sa bouchée avant d'enchaîner
"Tel que tu me vois, je n'ai jamais réussi à engraisser et il fallut bien me trouver une autre utilité; voilà pourquoi je suis au service de l'ambassadeur, à utiliser au mieux mes capacités intellectuelles sans trop de distractions de la chair."

Il laissa planer un blanc puis éclata finalement de rire.

"Je plaisante, bien sûr, nous ne sommes pas cannibales. Par contre je te souhaite de ne jamais te faire castrer, ce n'est pas un bon moment à passer et la mort s'invite parfois dans l'opération... Mais je m'en voudrais de vous faire perdre l'appétit, nous en discuterons à un autre moment si tu le souhaites."

Et il continua de dévorer sa cuisse comme un parfait péquenaud avec ses doigts graisseux. Il eut une petite surprise au moment où il voulut ajouter la saveur du vin à celle de la viande car ils avaient du jus de raisin en guise de boisson, ce qui ne se mariait pas très bien avec le chapon. Quels gens étranges ces braktennois...

Pendant ce temps, l'intendant, traîtresse Pénélope, s'employait à défaire les mensonges proférés par un père occupé à redorer l'illustre tapisserie familiale. Éminence grise pour l'un, simple esclave pour l'autre. Mais ce n'est pas ce qui intéressait le plus Hibiki dans cette affaire, contrairement à cette histoire de prêtre manqué. Thierry avait-il échoué dans ces études? Avait-il été démis de ses fonctions?

"Si vous aimez la comédie plutôt que la prêtrise, j'ai vu une pièce de théâtre à Djerdan qui vous aurait peut-être plu. Mais ne s'improvise pas acteur qui veut, même si un acteur doit savoir improviser. Il ne suffit pas d'être bon menteur..."

Et bon menteur, le sire d'Anjou ne l'était pas tellement. Il ne suffit pas d'être convaincant pour savoir berner son monde: encore faut-il prendre en compte l'environnement et le moment. En l’occurrence, le moment était mal choisi puisque "l'homme rigide" semblait bien loin d'incarner le complice idéal, sauf si tout ceci était une mise en scène qu'il ne s'expliquait pas.

"Par contre, vous connaissez peut-être des lieux où l'on peut voir des pièces intéressantes par ici, vous qui avez de l'audace dans les idées et fréquentez du beau monde."

Cela s'adressait principalement à son hôte, mais "l'homme rigide" était libre d'étoffer son guide touristique personnel par ses suggestions.
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Message par Thierry d'Anjou Jeu 3 Juin - 22:26

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

Thierry éprouvait une immense fierté à connaître un point culturel de son invité. Un hasard dû grâce à ses nombreuses lectures mais qui le servait bien aujourd'hui. Il entendit Hibiki détailler un peu plus sur ses baguettes tandis que Sébastien l'écoutait d'une mine un peu plus perplexe. Le père tenta de résumer l'idée au fils.

"Il s'agit deux sortes de bâtons, d'une dizaine de centimètres, que tu tiens avec tes doigts. On place la nourriture au bout, comme quand on joue avec cuillère avec un œuf."

"Mais comment on mange de la viande avec ça ?"

"Je suppose qu'on la coupe avant. Les japonais, toutefois, mangent essentiellement du riz. Alors, les baguettes permettent de faire de petites boulettes. Tu comprends ?"

"Euh, je crois."

L'enfant n'était pas complètement convaincu mais se décida à croire son père. Il devait connaitre le sujet. Surtout que Hibiki avait aprlé dans son sens. Ils recommencèrent à manger jusqu'à cette plaisanterie sur le chapon qui amena Sébastien à raisonner sur les castrats. Sébastien pâlit brusquement d'entendre qu'au Japon les castrats étaient rôtis à la broche. Quel pays horrible ! Thierry écouta le récit, incertain de devoir le croire ou non. Cela semblait énorme mais savait-on jamais ? Des tribus en Afrique étaient cannibales. Pourquoi pas aussi en Asie ?

"C'est.. ce sont des faits intéressants."

Le japonais éclata de rire face au malaise croisant. Thierry soupira. C'était ainsi ainsi bien une plaisanterie, et finement mené.

"Mes félicitations, c'était une belle histoire, joliment contée."

"Mais s'il est si doué pour mentir, c'est peut-être là qu'il ment ! Il veut nous faire qu'il mange pas d'humains alors que si ! Et comme ça, il pourra nous manger !"

Thierry tourna la tête vers son fils, apeuré, et lui sourit.

"S'il souhaitait nous faire mal Sébastien, il ne dirait rien de ses intentions."

"C'est vrai ?"

"Bien sûr Les gens méchants se dissimulent. Tu n'as rien à craindre."

Sébastien hocha timidement de la tête. Si son père faisait confiance à Hibiki, il le ferait aussi. Il était prétentieux, menteur et lâche mais il ne lui cachait jamais la vérité sur des choses importantes. Et finir dans l'assiette d'une personne, ou ne pas y finir, c'était une chose importante. Alors, il ne pouvait pas mentir là-dessus.

Ils reprirent le repas et la conversation s'enchaina évoquer Alexandre. naturellement, Sébastien vanta les mérites de son frère et Thierry les gonfla en oubliant la présence du pénible intendant qui surveillant depuis presque une semaine le moindre de ses fait et gestes. Entre Lucinde et cet avorton il ne savait lequel pouvait prétendre à la médaille de l'individu le plus pénible. Le roquet de Léonilde s'empressa de rétablir et Thierry réalisa être véritablement trop loin. Discréditer son ami sur la politique se révélait effectivement gros. Il baissa aussitôt la tête.


"Je ne souhaitais aire qu'une boutade, Matthias. Pour amuser l'assemblée Je savais que vous interviendrez et corrigerez cela. Que pensez-vous, Hibiki, de ce tour ? N'est-ce pas une intervention intelligente ?"

L'ancien prêtre répondit avec légèreté à la suite des propos.

"Non, non, mon cher Matthias, la prêtrise, par expérience, c'est l'excellence même de la comédie. Je ne saurais plus rien accomplir de brillant après plus de vingt longues années à me produire quotidiennement sur scène. Ne vous déplaise, mon cher Hibiki."

Pendant cette réponse, Sébastien restait médusé, ayantdu mal à comprendre la première partie des informations. Alexandre, un esclave ? Alexandre, son grand frère, un esclave ? Non, c'était pas possible. Pas possible du tout. Ses yeux se remplirent de larmes et il fixa Matthias d'un index accusateur.

"Menteur ! Vous êtes qu'un menteur ! Mon grand frère, c'est pas un esclave !"

Thierry contempla son fils, terriblement embarrassé, et comprit que son aîné n'avait rien révélé de sa situation. Comment devait-il ? Que devait-il lui dire ?

"Sébastien..."

"Les esclaves, c'est les gens qui viennent d'ailleurs de Monbrina ! Et ils sont pas instruits ! Et Alexandre, il est monbrinien ! Et il est instruit !Alors c'est pas un esclave ! Vous mentez ! Vous mentez vous aussi pour blesser mon père ! Méchant ! Vous êtes méchant !"

Le père se leva pour étreindre son fils qui pleurait à présent à chaudes larmes. Il l'embrassa dans les cheveux en le berçant.

"Si, Alexandre est un esclave. Depuis peu. Il a commis... une bêtise. Je suis désolé."

"Je te crois pas, toi. Tu fais que mentir. Comme Hibiki. Et comme Matthias aussi."

Sébastien renifla, toujours aussi désespéré. Non, il ne pouvait pas y croire. Son grand frère n'était pas un esclave. C'était pas possible. Matthias, il l'avait inventé cette partie pour renchérir sur les idées qu'Alexandre était une éminence grise du ministre. C'était une vengeance. Et c'était méchant.
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Message par Coldris de Fromart Mar 8 Juin - 15:23





Matthias, 32 ans

Intéressé par ces coutumes exotiques, Matthias écouta attentivement les explications de leur invité. Une paire de bâtons pour manger ? Comme ce devait être compliqué de se saisir de la nourriture avec ! Quand on voyait à quel point certains mangeaient comme des porcs avec couteaux et fourchettes, il n’osait imaginer la même scène avec des « baguettes ».

— Quel dommage ! commenta Matthias Je serai fort curieux de vous voir manger avec ces ustensiles. J’ai peine à imaginer comment vous pouvez parvenir à finir votre assiette. Cela doit demander une adresse certaine.

Puis il retourna à sa professionnelle discrétion, se contentant d’écouter d’une oreille distraite la discussion jusqu’à ce que cette maudite vinasse débauchée ne prenne son fils pour la muse du ministre. Il y avait des limites qu’on ne franchissait pas. Celle-ci en faisait partie. Et il osait se dire son ami ? Mieux valait sauter dans le vide directement que de lui confier sa ligne de vie. Pathétique insecte. Lâche et pitoyable qu’il était il s’empressa de se corriger invoquant l’humour ce qui lui étira un rictus aussi jaune que leur invité.

— Extrêmement amusant. Voyez je souris à en avoir des frissons. Je devrais sans doute lui rapporter votre sens de l’humour. déclara l'intendant en insistant légèrement sur quelques syllabes.

Voilà qui devrait le calmer pour le restant du diner. Il se tourna alors vers l’étranger qui demandait des précisions culturelles.

— Il y a quelques bonnes pièces de comedia Del’Arte si le genre vous plait. En vous promenant sur la Grand’Place vous aurez sans doute le plaisir d’en surprendre. Quant à l’audace, c’est bien à l’abri derrière des rideaux qu’on la déniche.

À peine eut-il fini que le garçonnet sembla se réveiller et l’accusa de mentir. Visage impassible, il le laissa l’invectiver tandis que son père tentait finalement de rétablir la vérité -Dieu soit loué -. Une fois calmé, Matthias répondit paisiblement :

— Si tu ne me crois pas, tu n’auras qu’à lui demander de te montrer sa marque. Elle est sans doute sur son bras ou son épaule. Ainsi tu verras par toi-même.

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Message par Hibiki Mar 8 Juin - 19:51

"Je serais encore plus curieux de vous voir vous essayer à leur maniement". répondit-il du tac au tac au gaillard guindé, qui ne manquait pas non plus d'intérêt finalement. Des pièces audacieuses derrière le rideau? Diable, voilà qui méritait d'aller agiter quelques lés de tissus, quitte à déranger de mauvais anges cachés dans leurs plis et dont les mélodies changeraient quelque peu des kyrie pour laisser jaillir des kyrielles de soupirs.

Pendant qu'Hibiki faisait usage de sa cuillère pour manger quelques flageolets, Thierry faisait usage de son empathie afin de calmer la crise de larmes de son enfant, avec un succès mitigé dans le second cas. Il faut dire qu'il est plus difficile de consoler un gamin dont l'idéal s'effondre que d'ingurgiter une nourriture génératrice de flatulences. Ah, les joies de la famille... Autant de mélodrames qu'il ne connaîtrait jamais que sur les planches et dont il se passait fort bien dans la vie. Il y assistait en spectateur légèrement interloqué dont la compréhension n'atteindrait jamais ce vécu intime lié à une expérience semblable. Mais tout de même, c'était curieux cette manie de réduire les gens en esclavage... Avaient-il piqué l'idée aux ottomans ou était-ce une pratique ancestrale sur ces terres?

Allons bon, on le traitait de menteur à présent, la belle affaire. Bien sûr qu'il mentait, tout comme chacun en ce bas monde où leur Seigneur friand de vérité faisait rôtir par ses représentants ceux dont l'honnête lumière jetait quelque ombre sur les brillants vitraux de sa morale éculée. D'ailleurs, le comédien  était à peu près certain que le gamin avait lui-même eu recours à ce stratagème, comme la plupart des enfants, ne serait-ce que pour un vase renversé ou une miche de pain chapardée. Ceux qui prétendaient au degré de la plus haute franchise n'atteignaient jamais qu'une nouvelle marche du mensonge: celle de l'hypocrisie personnelle, qui a au moins l'avantage, contrairement à certains expédients médicaux, de faire dormir tranquille ceux dont le miroir de la conscience se couvre de grands tissus sombres. Pourquoi sombres? Pour cette verve mélodramatique qui aurait perdu de son effet avec la tapisserie rose bonbon de tante Géraldine et ses camélias brodés. Bien, reprenons.

Le mensonge donc. Le mensonge est une chose extraordinaire pour la paix sociale et l'ordre moral. Mais allez faire comprendre cela à un gosse tout pétri de chrétienté et de bons sentiments _aussi intelligent soit par ailleurs le gosse en question. Peut-être une nouvelle métaphore? Voyons voyons...

... Mais était-ce bien la peine de se fatiguer pour le linge sale d'une famille inconnue, lui qui avait toujours préféré se servir des baquets poisseux pour étaler à travers ses farces toutes les tares humaines qu'aucun savon ne parviendrait jamais à récurer? Peut-être pas, après tout. Ce garçon avait un père tout prêt à le rassurer, quitte à le bonimenter un peu _cette histoire de dissimulation de la méchanceté humaine le questionnait sur la vision raffinée que cet homme avait de ses pairs, dont une large part n'a certes pas besoin de masquer sa veulerie ou sa violence_ et un intendant tout prêt à lui jeter au visage le portrait sans fard de leurs turpitudes familiales. Bel entourage... Mais un entourage qui avait aussi ses qualités. D'ailleurs, parlant de qualité, la tartufferie assumée du sire d'Anjou plaidait une fois encore en sa faveur aux yeux du bouffon.

Hélas pour le prêtre déchu, il récoltait à présent les grains de larmes que ses mensonges avaient semé et fait germé dans le jeune sein du gamin. En tirerait-il une leçon et si oui laquelle? De mieux mentir, ou de moins travestir la réalité? Pour le coup, la solution importait peu au godelureau japonais qui s'estimait fort mal placé pour donner des conseils en matière d'éducation vu son absence de progéniture _un certain Rousseau que n'étouffe pas la honte s'en chargerait plus tard dans l’Émile, quand ils seraient tous morts et enterrés. Ce qui ne l'empêchait pas d'être philosophe à ses heures perdues, et, contemplant un bout de carotte qu'il faisait tourner au bout de sa fourchette, le comédien ajouta après les dernières vérités Matthiasiennes:

"Vois le bon côté des choses: à présent il ne risque pas de descendre plus bas, et s'il est aussi savant et surtout malin que vous le dîtes, il pourra même s'élever..." Quelque part, un dieu moqueur s'amusait peut-être à considérer cet Alexandre comme une grenouille dans un bocal et s'en servait pour connaître la météo braktennoise, mais ce n'était pas le genre de blague qu'il pouvait hasarder en un pareil instant.
"...surtout s'il peut compter sur un soutien un peu stratégique de la part de ses pairs."
Autrement dit, si son géniteur ne s'amusait pas à griller sa position, enviable pour un esclave, auprès d'un maître déjà bien généreux. Dans le cas contraire, ce ne serait plus de la générosité mais, comme le dit la formule "trop bon trop con", de l'idiotie.
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Message par Thierry d'Anjou Sam 12 Juin - 11:26

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

La conversation ne tournait plus son avantage depuis qu'il avait eu la fort mauvaise idée de vanter un peu trop les mérites de son fils aîné. Pourquoi avait-il oublié la présence de ce diable d'intendant qui lui collait pourtant aux basques depuis son arrivée ? Comment rétablir un peu de digité et retrouver de l'intérêt auprès de Hibiki ? Cela semblait mal parti. Surtout que Matthias se régalait de le faire avec ses menaces, notamment en accentuant ses voyelles pour remettre en mémoire sa terreur des rongeurs. Que pouvait-il dire ? que pouvait-il faire ? rien. Absolument rien. Il reposait entièrement dans la paume de Matthias, soumis à son pouvoir, et l'homme en profita pour tirer toute la discussion vers lui.

"Je vous prie, Matthias, de m'excuser pour mon attitude. J'ai effectivement dépassé les bornes."

Lorsque l'adversaire se révélait trop fort, il fallait reconnaître ses limites et sauver sa tête. Il s'inclina devant l'intendant, oubliant toute notion de dignité ou d'amour-propre.

A cet instant, Sébastien éclatait en sanglots et les accusait tous de mentir. Il refusait de croire que son frère puisse être esclave. Thierry se leva pour le consoler, vainement, mais l'enfant restait buté, accroché aux illusions sur Alexandre.


"C'est pas vrai ! C'est pas vari ! Alexandre... Alexandre, il est pas esclave !"

Hibiki s'en mêlait et ajoutait que le frère de Sébastien ne pourrait que s'élever ami cela ne calma pas davantage l'enfant.

"Alexandre, il est déjà important ! Quand il venait chez mes parents, ils l'écoutaient et ls me laissaient me voir ! maman me disait que c'était un monsieur important !"

Thierry songea qu'aucun argument censé n'aurait raison ce soir de la colère de son fils. Il se tourna alors vers l'intendant.

"Matthias, pouvez-vous appeler Lucie ? C'est l'heure du coucher pour Sébastien."
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Message par Coldris de Fromart Dim 13 Juin - 10:32





Matthias, 32 ans

La répartie de l’invité amusa Matthias qui étouffa un petit rire.

— Il semblerait que je n’ai plus qu’à vous réinviter dans ce cas.

Pendant que certains mangeaient avec plus ou moins d’appétit, d’autres s’évertuaient à salir la réputation du ministre pour cirer celle de leur fils. Et lorsque qu’on en arrivait à devoir lever le voile sur la réalité, elle devenait parfois éblouissante à en rendre aveugle. Mais là concrètement ce n’était plus ses affaires. Il avait déjà assez de ses propres enfants pour ne pas se préoccuper de ceux des autres.

Il avait donc accepté les excuses d’une inclinaison protocolaire du buste. Il le savait, c’était le mieux qu’il pouvait attendre de l’ancien curé. Pour une fois qu’il reconnaissait ses torts… En revanche le petit Sébastien avait toujours les rétines brulées par le criant réalisme de la situation de son demi-frère. Ah c’est sûr, il n’avait pas l’air d’un esclave, bien habillé et bien éduqué qu’il était. Même à Fromart on devait certainement oublier la marque infame sur son épaule eut égard aux traitements de faveur qu’il recevait du vicomte.

Thierry sonna le clairon, une sage décision il fallait l’admettre. Il s’inclina et se déplaça auprès du petit Sébastien.

— Viens mon garçon, allons chercher Mademoiselle Lucie, qu’en dis-tu ? Elle te racontera la suite de la légende de Saint Georges.

Matthias poussa le fauteuil jusqu’à la porte de la salle à manger qu’il referma derrière lui. Il espérait que cet enfant de la messe minuit de Thierry se tiendrait tranquille le temps d’accompagner son fils.

— Tu sais Sébastien, Hibiki a raison. Lorsque l’on est en bas on ne peut que monter. Être esclave n’est pas une fin en soi, certains se font affranchir parfois. Et puis ton frère est très apprécié du vicomte, tu sais.

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Message par Hibiki Dim 13 Juin - 17:10

Un silence gêné suivit le départ de Sébastien, que troublait parfois le bruit d'un couvert ou celui d'une déglutition. Pouah, le jus de raisin, il avait oublié! Non qu'il en eut horreur, cela pouvait même se révéler rafraîchissant lors d'un automne où continuait de déborder l'été; juste... pas avec des flageolets. Le japonais avala le contenu de son verre en réfrénant une grimace qui aurait pu contrarier son hôte, lequel n'avait certes pas besoin de contrariétés supplémentaires en ce moment.

"J'ai l'impression que votre fils aîné a connu de sacrés revers. En tout cas il doit avoir une curieuse histoire pour s'être retrouvé dans sa situation..."

C'était une sorte de demande tacite qu'exprimait sa curiosité à peine voilée, mais qui avait l'élégance de pouvoir se balayer par une réponse laconique, pour peu que le sujet fut un peu trop sensible, ou que le prêtre déchu n'éprouvât pas le désir d'étaler devant un inconnu leurs déboires familiaux. On entendait tout juste le raclement d'une cuillère parfois, dans ce calme assourdissant qui succédait à la tempête de cris et de larmes; un calme tout relatif pourtant, pour le comédien du moins dont l'esprit bourdonnait de pensées confuses.

"A dire vrai... Je ne comprends pas très bien le système d'esclavage pratiqué dans votre pays."

Ni Tristan, ni Alex ne ressemblaient à des prises de guerre. Alors qu'est-ce qui leur avait valu cette condamnation? Non qu'il s'attendit à connaître la vérité, tout juste des points de vue de personnes dont certaines avaient sans doute intérêt à cacher leurs mésaventures ou de possibles crimes les ayant conduit à cette triste situation, ou d'autres encore à masquer les failles d'un système d'exploitation sur lequel reposait leur société. Mais tout subjectifs qu'ils fussent, ces avis le renseigneraient sur des manières de voir le monde qui sont autant de prismes pour concevoir une idée d'une certaine réalité, celle d'un lieu et d'un temps donné.
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Message par Thierry d'Anjou Dim 13 Juin - 19:45

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

Sébastien se laissa emporter, comme un paquet de linge sale que les servantes emportaient. Comme ça se faisait chaque fois où on l'emmenait quelque part sans qu'on li demande véritablement son ami. Que pouvait-il faire ? Il n'était pas un enfant normal. il restait assis toute la journée et ne pouvait se lever. il n'était bon que pour être poussé quand on en avait envie. Comme quand sa grande sœur l'emmenait promener en vile. Il avait toujours su qu'elle se servait de lui comme prétexte, sous couvert de s'occuper de son petit frère infirme, pour faire autre chose. de temps en temps, elle s'éloignait quelques minutes et il ignorait ce qu'elle pouvait faire.

L'enfant n'était pas certain d'avoir envie ce soir de l'histoire de Lucie. Il se sentait trop triste pour s'amuser ou penser à des choses agréables. Son esprit pensait à Alexandre.  Il était vraiment un esclave ? Il ne ressemblait en rien à ces hommes ou ces femmes que sa grande sœur lui avait un jour montré. Elle avait dit que c'étaient des gens stupides. Et des criminels. Alors, son grand frère était un méchant ? Matthias interrompit ses pensées et lui disait que quand on était en bas, on ne pouvait que montrer et que son grand frère avait l'estime du vicomte. Sébastien était perdu. Il ne savait plus quoi penser.


"Ma grande sœur, elle m'a dit que les esclaves étaient de gens bêtes et des criminels. Qu'ils étaient la dernière couche de la société et il ne fallait pas leur faire confiance. Que c'étaient des serviteurs, mais de ceux qui font les travaux pénibles, qui empêchent les gens honnêtes de trop se fatiguer. Alors comment être esclave c'est pas une fin en soi ? Ma grande sœur m'a dit que les esclaves le restaient jusqu'à leur mort. Puis qu'on jetait leurs corps dans une fosse. Sans cercueil. Ni linge mortuaire."

Il y avait tant de questions qui se bousculaient dans son esprit en ébullition.

"Et puis, les esclaves sont des criminels. Comment ils pourraient ne plus être esclaves ? Un crime, c'est une très grave bêtise. ma mère, elle dit à mes frères, qu'à force de faire des bêtises, ils seront pendus. Alexandre... Il a fait quoi comme crime pour être esclave ? Il a tué des gens ?"

Sébastien n'arrivait pas à s'imaginer son grand frère, qui apparaissait si gentil, assassiner des gens. mais que savait réellement de lui ? il ne le connaissait que depuis trois semaines.

"Messire le vicomte lui fait confiance ? C'est vrai ? Mais pourquoi ? Pourquoi une personne si importante fait confiance à un esclave alors ?"

Au souvenir de sa rencontre brève avec le ministre, Sébastien oublia ses questionnements et se laissa envahir par le sentiment d'excitation qui l'avait grisé quand l'homme lui avait adressé la parole.

"On l'a vu tout à l'heure sur la grande place, d'ailleurs ! Il était à cheval ! Il était... On aurait dit un chevalier comme on voit dans les illustrations des livres ! Je n'avais jamais vu une personne aussi digne ! On était avec Hibiki et Hibiki parlait des parties intimes. Je ne comprenais pas ce que c'était. Et mon père... Il ne voulait pas me répondre. Pourquoi il ne veut pas répondre ? Il me dit de poser toutes les questions que je veux, sans gêne, mais il ne répond pas à toutes. C'est alors que messire le vicomte es arrivé. Il a demandé à mon père s'il voulait faire de moi un moine. Puis il m'a expliqué c'est quoi quoi les parties intimes."

Sébastien s'interrompit, pensif, puis ajouta :

"Matthias, vous avez encore vos parties intimes, vous ? Hibiki, on les lui a coupé. C'est bizarre, non ? Ils font ça au Japon. Comment ils font pour avoir des enfants là-bas si on coupe les parties intimes des hommes ? Ou alors c'est comme pour les bœufs et les taureaux ? On coupe à des individus et d'autres sont gardés pour la reproduction ? C'est peut-être une manière alors de réguler les naissances ? Pour éviter d'avoir une population trop importante à nourrir. Vous en pensez quoi, Matthias ?"

***

Dans la salle à manger, depuis le départ de son fils, Thierry contempla avec appréhension le carrelage sous ses bottes. Que penserait Alexandre lorsque cette scène résonnerait à ses oreilles ? Il le devinait encore déçu, las de son père insupportable. Il semblait n'être bon qu'à cela : rendre ses enfants malheureux. Comme son père fit de même avec lui en le plaçant contre son gré dans un monastère, par le truchement d'une manipulation sinistre.

Thierry reprenait avec une tristesse difficile à dissimuler place quand Hibiki l'interrogea prudemment sur l'histoire de son fils aîné. Il soupira avant de commencer à exposer un long flux de paroles.


"Alexandre est né il y a bientôt vingt et un ans d'une histoire que j'ai eu avec sa mère. Une liaison, bien sûr, interdite, mais qui a pris quand je l'ai appris enceinte. Terrifié, je l'ai rejeté. Elle est  retournée chez son époux violent et il a élevé l'enfant. Un enfant quia sui sa violence et sa haine. J'ai appris à le connaître quand il est devenu enfant de chœur. Nous avons tissé des liens forts. puis, en découvrant ma nature, en découvrant combien je crachais sur le vœu de chasteté, il s'est peu à peu éloigné. Quelques mois plus tôt, Alexandre a fait une rencontre avec une femme qui a abusé de sa trop grande confiance en la nature humaine. Elle l'a poussé à voler un livre interdit. Puis, en s'inquiétant pour un ami, il a pénétré le domaine d'n noble. Et il s'est fait prendre. Il a risqué la corde. Grâce au Ciel, notre Roi l'a sauvé et il n'a été qu'asservi. Il a d'abord eu un maître absolument horrible, puis mon ami Coldris de Fromart l'a pris sous sa protection."

Cette longue histoire lui restait au travers de la gorge. Son pauvre fils asservi pour des frasques de gamin. Comment une sple intrusion pouvait-elle mériter la corde ou l'esclavage ? Il n'avait eu aucune intention de voler ou tuer quelqu'un. Il ne souhaitait qu'aider un ami.

"Ce monde déteste la gentillesse. C'est ainsi."

Il répondait de manière trop laconique à la question légitime de Hibiki. L'ancien prêtre se décida de préciser as pensée.

"Comme de nombreux pays, il y a en premier les prises des guerres. On importe des esclaves dans les populations des colonies, les pays qui ont été annexés à Monbrina soit Zarkos, Mornoy, Iswiz, Hô-Yô et Lodmé. Lsbordels sont par ailleurs remplies de filles qui ont tout perdu lors des conquêtes. A cela rajoutez les délinquants condamnés à l'asservissement qui perdent toute citoyenneté et sont déchus de leur droit? Petite précision : dans la délinquance, on englobe la mendicité. Le simple fait pour un individu de vivre de la charité est appelé du parasitisme et autorise les soldats du guet à l'arrêter."
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Message par Coldris de Fromart Lun 14 Juin - 14:18





Matthias, 32 ans

Matthias était sorti en compagnie de Sébastien. Il espérait trouver rapidement Lucie afin de lui remettre le garçon. L’idée de laisser le d’Anjou en compagnie de l’étranger ne lui disait rien qui vaille. Dieu seul savait ce qu’il pouvait lui raconter dans ce laps de temps et les dégâts qu’il pouvait faire. Sans parler du fait que le petit bâtard de curé l’assommait de ses réflexions. Il était mignon et gentil comme tout, mais il n’avait pas envie de faire son éducation en lieu et place de ceux qui le devraient.

— As-tu déjà vu du gris ? C’est ainsi qu’est faite la vie. Ceux qui te vendent du noir ou du blanc sont des charlatans. Je te suggère pour le reste de poser tes questions directement à ton frère qui sera plus à même à te répondre, c’est d’accord ? Bien. Allons chercher de Lucie dans ce cas.

À peine repartie dans la galerie, le petit reprenait, cette fois-ci au sujet du vicomte qu’il avait pris pour un chevalier. Quelle drôle d’idée ! Il s’en serait certainement amusé lui qui ne partageait pas franchement la moindre valeur commune avec ces hommes d’armes et détestait par-dessus tout l’escrime. En même temps, il fallait admettre que Thierry ne plaçait pas très haut la barre de la dignité – à peine plus que les pavés lorsque leurs interstices n’étaient pas comblés de fange pestilentielle -. À la mention des parties intimes, Matthias esquissa un sourire : il imaginait parfaitement la scène absolument absurde qui avait dû se dérouler sur la Grand’Place.

— Oh oui je te rassure, elles sont là et parfaitement fonctionnelles mon garçon. J’ai quatre joyeux garnements pour en attester. Le plus grand est à peine plus âgé que toi, le second à ton âge, le troisième est ton cadet de quelques années et le petit dernier à tout juste quatre ans.

Même si l’intendant du manoir n’éprouvait pas autant de plaisir à effectuer son devoir matrimonial qu’il ne l’aurait fait en compagnie d’un homme, il n’avait pas rechigné à grand renfort d’imagination à s’en acquitter et il était très heureux d’avoir eu ses enfants. Désormais, ils avaient jugé d’un commun accord avec son épouse de plus remettre le couvert, considérant que les deux parties avaient amplement respecté leurs engagements, sans parler du fait que Béonie avait failli y laisser la vie la dernière fois. Or, ce n’était pas parce qu’il n’éprouverait jamais aucun désir pour elle qu’il rejetait sa compagnie ou son amitié.

— J’en pense que ton père pourrait envisager un voyage en Orient. Oh Lucie ! Vous voilà ! Et Edmond est avec vous ! Parfait. Je vous laisse accompagner notre invité dans ses appartements. puis à l’enfant, dormez bien jeune Sébastien et ne vous tracassez pas outre mesure pour ces histoires.

Il les abandonna sans tarder pour retourner dans la salle à manger avant que quelques catastrophes ne se produisent. Qu’allait donc penser l’étranger de leur pays ? Ou plus exactement à quoi pensait-il déjà ? De son pays, le domestique aurait dit que c’était un peuple étrange qui semblait tenir en estime les parties intimes au point d’en faire le sujet de toute discussion. Lorsqu’il arriva à hauteur de la porte, il surprit vaguement une discussion autour de l’esclavagisme.

Il entra sans autre forme de procès et déclara taquin à l’attention d’Hibiki :

— Eh bien il semblerait qu’elles vous manquent atrocement pour que vous ne fassiez qu’en parler !

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Message par Hibiki Lun 14 Juin - 17:48

Hibiki écoutait la terrible histoire d'Alexandre, la façon dont ce garçon avait été balloté par la vie pour échouer finalement sur la grève, non pas d'un bagne lointain, mais, plus proche, d'une jolie demeure où, comme le laisse présager le nom, il demeurait au service d'un maître éminent. A dire vrai, il supposait que bien des hommes libres auraient rêvé se trouver à sa place, ne serait-ce que pour avoir l'opportunité de faire valoir leurs mérites auprès d'un puissant.  

"Finalement, cette histoire aura sans doute appris à votre fils à se méfier des mauvaises fréquentations. Le reste est entre ses mains à présent... et il semblerait qu'elles soient habiles."

Cela valait mieux auprès des personnages importants de ce monde, en la compagnie desquels la roue de la fortune précipite aussi bien vers les plus hauts sommets que vers les plus bas tréfonds. Pas de longs épanchements sur le passé douloureux du jeune homme: chacun avait son lot de misère que la vie distribuait en plus ou moins lourds fardeaux, et tout fou qu'il fut, il ne l'était pas au point de gémir pour les malheurs de parfaits inconnus. Il écouta la suite des explications et s'étonna lui-même de pouvoir s'étonner encore sur la fourberie humaine. Que les bordels fussent emplis de prises de guerre ne différait guère de la situation de certaines femmes de son pays, mais l'idée de réduire les mendiants en esclavage le surprenait quelque peu. Il n'aurait su dire s'il trouvait cela intelligent ou déplorable. Somme toute, cela "offrait" une situation à des personnes qui n'en avaient aucune, et la misère ou les travaux forcés menaient généralement assez rapidement au même résultat. Cela dit, la présence de mendiants prouvait-elle une forme de paresse humaine, ou les failles d'un système injuste et déséquilibré? Les dires des uns et des autres ne s'accordaient guère sur le sujet. Quant à lui, il n'était pas loin de considérer tout être humain comme parasite d'un autre et l'existence comme un long esclavage auprès d'un corps si souvent maître et étendant si facilement son emprise sur l'empire de leurs sens. Esclaves du coeur, esclaves de la faim, esclaves de souvenirs... La liberté n'existait que dans la manière d'agencer ses chaînes. Mais il taisait ce genre de choses car son rôle était d'amuser la galerie et non de déprimer ses pairs. Et puis, il n'était pas l'un de ces fins érudits aux discours dentelés de pensées profondes, non il n'était jamais qu'une goutte d'eau parmi toutes celles qui composent l'océan, un pauvre hère de plus tâchant de conserver ses quelques avantages lui rendant le monde plus supportable.

"Merci pour ces précieuses explications."

La mésaventure d'Alexandre avait sans doute poussé le prêtre défroqué à concevoir une opinion assez négative de ce système, à moins qu'il n'ait toujours méprisé l'esclavage, la question étant assez clivante, même dans les communautés religieuses. Ses paroles en tout cas le portaient à croire qu'il ne cautionnait pas ce système _et de parasite à parasite, c'était tout de même la moindre des solidarités. Mais contrairement à Matthias qui considérait Thierry, mais non, que dis-je, qui le déconsidérait, sidéré qu'il se trouvait par l'écumeur de tables seigneuriales... Contrairement à Matthias, donc, Hibiki ne voyait là qu'un autre humain occupé à chercher un peu de lumière sous le couvert de la canopée humaine s'étalant dans la plaine, sans dédaigner pour autant le couvert offert par d'autres branches de son arbre de famille séculaire. Il fallait l'avouer, le couvert, ou plutôt la viande piquée au bout, ne décevait en rien le palais du bouffon qui déployait pour elle le traître tapis rouge d'une langue où la volaille, à défaut de s'y prendre les pieds, y laissait la cuisse.

"Je suppose que votre fils aîné mange bien en tout cas, vu la qualité de la cuisine dans les domaines de messire Fromart. De quoi consentir à quelque effort pour manier une fourchette."

Sur ces entrefaites survint l'intendant qui, en guise d'entrée, lança des propos que le comédien ne comprit pas tout de go. Voyons, il parlait des ustensiles de cuisine... ah oui, bien sûr! Les baguettes!

"Voyons, je peux m'en passer. Et puis j'étais déjà habitué aux couteaux..."
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Message par Thierry d'Anjou Mar 15 Juin - 13:20

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

Sébastien s'était finalement calmé et écoutait les explications de Matthias. Il n'était pas certain de tout comprendre sur cette histoire de couleurs. Il comprenait par contre que sa mère et sa sœur lui avaient menti. C'étaient... des charlatans. Pourquoi elles lui avaient menti ? Pour le garder dans la chambre ? Il ne comprenait pas du tout.

"Pourquoi alors on m'a menti ?"

Sur ces questions, Sébastien poursuivit en se rappelant de l'attitude lâche de son père et relata toute l'aventure de la grande place. Matthias répondit calmement à son interrogation. sans se fâcher. Ni même paraître surpris.

"Vous avez des enfants ? De mon âge ? Je pourrais les rencontrer ? J'ai jamais joué avec des enfants de mon âge !"

Il se souvint alors de ses frères qui jouaint avec lui. Pas de la bonne manière. Ils s'amusaient Le faire marcher. Au sens littéral. L'un d'"eux le portait et le mettait debout, puis il le lâchait. Et ils riaient ensuite tous de le voir au sol, incapable de se relever. Sébastien renifla.

"Non. ils n'ont sûrement pas envie de jouer avec un enfant comme moi."

Lucie arriva au détour d'un couloir et Sébastien s'illumina de al voir. Elle était si gentille.

"Lucie !"

Alors que la jeune femme s'approchait, l'enfant l'attrapa à la taille et la serra dans ses bras. Sa tête se blottit dans le tablier de sa robe alors que la main de la domestique effleurait avec douceur ses cheveux. Elle se redressa en même temps vers Matthias.

"Bonne soirée, monsieur."

***

Le silence planait dans la salle à manger depuis la longue histoire que Thierry venait de relater à Hibiki sur les mésaventures de son fils aîné. Il songeait à son ressentiment vis-à-vis du baron de Frenn et se rappelait que celui-ci était dans son droit. Même si cela n'avait toujours rien d'agréable de savoir qu'"Alexandre devait son asservissement à un homme quia avait refusé la clémence. Néanmoins, ces mauvais expériences semblaient lui avoir été profitables. Au point même d'être remarqué et apprécié par le puissant ministre des affaires étrangères. Il ne soupçonnait pas Alexandre de cacher de telles ambitions comme son ami avait pu les lui décrire. Il se montrait depuis toujours si humble, si ingénu. Quand avait-il commencé à s'intéresser à la politique ? L'ancien prêtre se questionnait s'i lavait réellement su un jour une chose sur la vie de son fils.

Il exposa un portrait peu valorisant sur la pratique de l'esclavage au sein de ce pays. Un sujet pour lequel, depuis sa plus tendre enfance, n'avait jamais eu la moindre affinité. Il connaissait du reste très bien la douleur de se savoir vendu dans l'espoir de récupérer une bourse. Il ne développa cependant pas plus ses pensées et préféra répondre au commentaire sur les manières de de son fils aîné.


"Alexandre a été élevé dans une bonne famille et reçu une éducation digne de celle d'un noble. Il est parfaitement à l'aise en société. Sébastien, en revanche, je l'ai découvert que depuis peu. Il a grandi dans une famille indigne, sans éducation. On se souciait de satisfaire ses besoins vitaux, guère davantage. Il passait tout son temps couché dans un lit de paille, à attendre une visite."

Le père eut la gorge qui se serrait à l'évocation de ce souvenir proche et du regard interloqué de l'enfant à son arrivée dans la chambre. Quand il lui avait annoncé qu'il l'emmenait, Sébastien ne l'avait bien cru.

"J'ai même dû payer sa mère pour prendre son fils. Il l'embarrasse. Elle est honteuse de son infirmité. Mais elle est contente maintenant de découvrir qu'Alexandre et moi-même nous intéressons à lui."

Thierry se rappelait vaguement de cette femme et que celle-ci avait été plus que consentante d'être sa maitresse, attirée par les ragots que ses voisines avaient échangé pendant qu'elles lavaient le linge. Elle était bête et sa conversation l'avait souvent navré. Il ne l'avait supporté que pour une chose jusqu'au jour où celle-ci n'était plus revenue à son église, étrangement en comptant bien quelques mois après la naissance de Sébastien.

"Si j'avais su que c'était une telle pute, je serais aller au bordel. Cela m'aurait moins couté."

Sur cette entrefaite, Matthias réapparut et proclama l'une de ses réparties cinglantes dont il possédait le secret. Thierry le fixa cependant, incertain de comprendre. Au contraire, HIbiki répondit aisément en déclarant être habitué aux couteaux. Quelque chose lui échappait. La phrase de l'intendant se révélait bien trop simple pour ne désigner que les baguettes avec lesquelles un japonais mangeait traditionnellement mais il n'arrivait pas à établir de lien.
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Message par Coldris de Fromart Mer 16 Juin - 14:47





Matthias, 32 ans

Sébastien poursuivait avec ses questions. En fait c’était le problème avec les questions : lorsqu’on y répondait, elle finissait toujours par se démultiplier dans la bouche d’un enfant. De vraies têtes d’hydre. Impassible, Matthias répondit :

— Parce qu’on pense te dire la vérité. Parce qu’on pense faire bien. Parce que c’est plus simple. Il y a plein de raisons.

Et en parlant de sa progéniture, le garçon lui jeta un nouveau seau d’interrogations.

— Oui peut-être. Je leur demanderai. répondit-il finalement.

Sur ce, il croisa la salvatrice Lucie qui récupéra le petit (et sans doute ses questions) puis se dirigea d’un bon pas vers la salle à manger où Thierry et Hibiki poursuivait le repas. Lorsqu’il entra, il lâcha une petite pique à l’encontre de l’étranger et de ses précieux bijoux. Sa répartie lui fit arquer un sourcil. Aux couteaux ? Quelle drôle d’idée. Il avait entendu parler de ces peuples du Nouveau Monde qui se sacrifiaient le corps. C’était peut-être ainsi qu’il avait résisté à la douleur, alors ?

— Oh je vois… Tout de même votre pays comporte des coutumes étranges. Est-ce pour un quelconque rituel ou pour vous endurcir ?


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Message par Hibiki Mer 16 Juin - 15:22

Des coutumes étranges, des coutumes étranges... non mais vous vous êtes bien regardés, vous qui mangez de bonnes vaches donneuses de lait et adorez des chiens bruyants et pots de colle au lieu de faire l'inverse?! Vous qui prenez vos femmes pour des incapables et les surveillez? Vous qui adorez un dieu à travers les paroles d'hommes en contradiction les unes avec les autres? Vous qui n'êtes pas même foutus de recycler vos ordures?

Mais somme toute, l'incompréhension de ces barbares envers les raffinements de sa propre civilisation prouvait combien son pays natal se trouvait au-dessus de leur médiocrité crasse. Il sourit et répondit:

"Je suppose que vous devez bien connaître mon pays si vous savez qu'il comporte "des coutumes étranges". Cela dit, il me semblait qu'on faisait aussi usage des couteaux par chez vous..."

Restait qu'il ne comprenait pas très bien comment le fait de découper sa viande pouvait l'endurcir... Sauf s'il sous-entendait qu'ils découpaient des humains pour les manger, ayant finalement décidé de prendre au pied de la lettre sa plaisanterie de tantôt? Ou peut-être avait-il fait une erreur de langage? C'était somme toute possible, malgré ses cours de monbrinien intensif auprès de l'interprète de Djerdan. Un doute le saisit et il devint songeur un instant, tâchant de rembobiner le fil de leur conversation. Voyons... il n'avait pas employé beaucoup de mots, et il lui semblait bien qu'un couteau désignait un objet doté d'un manche destiné à trancher sa nourriture ou à se battre au besoin. Quelque chose lui échappait...

Ou bien... peut-être Matthias avait-il lu ou entendu des choses étranges à propos de son pays? C'était possible selon le poste qu'il occupait dans cette demeure, ce qu'ignorait Hibiki. D'ailleurs il n'avait appris son nom que par l'intermédiaire de Thierry, lorsque ce dernier avait justifié le mensonge concernant son fis par son désir de divertir l'assemblée.

"Bien sûr, il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte à propos du Japon, le mieux est encore de se faire sa propre opinion en visitant les lieux. Même un natif tel que moi n'a pu écumer tout l'archipel dont il est question, et je ne puis jamais que raconter ma propre expérience."

...dans les limites permises par sa place dans l'Ambassade japonaise, bien sûr.
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Message par Thierry d'Anjou Mer 16 Juin - 18:31

[26 Janvier 1598] Le retour de la taverne [RP Sensible][Terminé] Szobas14
Sébastien Monnier, 12 ans

Après le câlin rassurant, Sébastien se laissa conduire docilement dans sa chambre, l'esprit en ébullition après cette soirée surprenante et les quelques explications de Matthias. Lucie le prit dans ses bras pour le déposer dans le lit et commença à le déshabiller. L'enfant se laissa faire, habitué à ne jamais pouvoir faire ces gestes simples quotidiens. C'était une routine. Une triste routine. Même s'il devenait un jour adulte, qui continuerait s'occuper de lui ? Alexandre voudrait toujours veiller sur lui ? Alexandre...

"Dis Lucie, tu connais Alexandre, toi ?"

La domestique s'arrêta et observa le garçon en se questionnant sur qui pouvait s'agiter dans sa petite tête. Il n'était jamais très bavard et posait assez peu de questions.

"Non. J'ai été engagé peu il y a peu par le père de l'intendant Mathias, l'intendant de Fromart. Je n'ai jamais mis les pie là-bas.

Elle se garda bien de poursuivre qu'avec la réputation du vicomte elle n'en éprouvait pas la moindre envie. Si cet homme était ami avec l'ancien curé libidineux qui logeait en ces murs et qui faisait tourner la tête de presque toutes les servantes, ce devait assurément être le genre d'employeur à éviter de croiser. Avec de tel individus, on aurait vite fait de se retrouver chevauchée sur une table ou renvoyée pour ne pas avoir voulu satisfaire ses désirs lubriques.

"Alors, tu ne connais pas Alexandre. J'ai appris... Matthias a dit qu'il était esclave. Pourquoi il me l'a pas dit ?"

Lucie sourit au petit garçon qui se tracassait au sujet ce frère qui l'aimait pourtant tant.

"C'est sûrement une habitude. Les esclaves sont mal perçus. Et puis, qu'est-ce que ça change, Sébastien ? Esclave ou non, c'est toujours ton frère, non ?"

Sébastien l'observa, surpris, puis sourit.

"Oui, c'est vrai."

Lucie fut heureuse d'avoir su répondre à ses inquiétudes et termina de passer sa chemise pour la nuit lorsqu'une nouvelle question jaillit.

"Tu m'as déjà menti, Lucie ?"

"Moi ? te mentir ? pourquoi cette question, Sébastien ?"

"Mon père ment tout le temps. Tout à l'heure, il a raconté qu'Alexandre dirigeait messire le vicomte ! Tu te rends compte ? Mais Matthias a dit al vérité. Et au repas.. Hibiki aussi a menti. Ila voulu nous faire une histoire horrible. Qu'au Japon les gens mangeaient des êtres humains ! Et les faisaient engraisser ! Et puis, ma mère, ma sœur, le curé.. Ils m'ont menti eux aussi ! alors toi aussi tu m'a déjà menti ?"

Lucie écoutait patiemment le récit de l'enfant et essayait de le décoder. Le passage sur Hikibi et les gens qui mangeraient d'autres personnes restaient toutefois obscurs. Où avait-il pu trouver cela ? Elle prit un temps avant de répondre.

color=#e2e82a]"Je ne pense pas t'avoir menti un jour. Mais ta mère, ta famille... Je ne pense pas, Sébastien, qu'on te mentait. Ils ont simplement une autre vision du monde. Une vision à laquelle tu n'as envie d'adhérer. Tu comprends ? Chaque personne a en lui sa vérité. t un jour toi aussi aura la tienne.[/color]

"Quand ça ?"

"Quand tu seras grand."


"Mon père aussi alors a sa vérité ?"

Lucie poussa un long soupir et ne masqua rien de sa réprobation pour l'ancien curé.

"Ton père est un idiot, Sébastien. Lui, il n'apprend jamais les leçons. Tu as déjà vu des gens qui tombent dans une flaque et retombent dedans en se relevant ? Eh bien, c'est ça, ton père. Sauf que lui il prend plaisir à se vautrer dans cette flaque de boue."

Sébastien entendit, pensif, cette remarque et se rappela de la fuite stupide de son père dans la taverne, suite à cette provocation inutile à l'homme qui s'était moqué de lui. Ce n'était pas gentil. Mais ça valait pas de causer du désordre.

"C'est vrai qu'il est bête. Tout à l'heure, un homme m'a insulté. Papa a voulu qu'il s'excuse. Le ton est monté. Mais l'homme, il a appelé des gardes. Et là, papa, il a couru se cacher dans la taverne. C'est bête, hein ? S'il assume pas les conséquences, pourquoi il a été attaquer l'homme ? il devait bien savoir ce qui se passerait."

Lucie soupira et sourit à l'enfant.

"Tu l'as dit toi-même : il est bête.

"Alexandre, il est intelligent, lui. Mais notre, il est père. Alors... Je vais être bête ou intelligent moi ?"

La domestique l'enlaça aussitôt, fondant devant ce petit air triste qu'arborait Sébastien.

"Oh non ! Tu es déjà un petit garçon très intelligent. En grandissant, tu ressembleras à ton frère !"

Sur ce câlin, elle le coucha dans le lit et commença à lire son histoire. l'enfant se blottit immédiatement contre elle, écouta attentivement ses paroles, un bras passé autour du sien.

***

Pendant ce temps, dans la salle à manger, le dîner se poursuivait et Matthias venait de revenir après une étrange phrase. Hibiki défendit aussitôt son pays et ses coutumes et Thierry préféra rester silencieux. Il connaissait l'intendant et devinait une subtilité qui lui échappait encore. Cela évoquait autre chose que les baguettes avec lesquelles les japonais manger. Matthias poursuivit en abordant que le pays de l'étranger aurait de bien singulières coutumes et le questionnait si c'était pour endurcir ses habitants. L'ancien prêtre continua de réfléchir et se rappela que l'intendant avait accompagné Sébastien à Lucie. Qu'est-ce que l'enfant avait pu dire ? Qu'est-ce qui aurait pu l'interpeler au point de revenir dessus ? Il comprit aussitôt : les castrats. Il se retint difficilement de rire devant l'ambiguïté comique de cette situation et se décida à répondre sur le ton de la banalité.

"Ce qui nous manque revient toujours à l'esprit et dans la bouche."

Il tourna la tête vers Matthias ajouta sur un ton cette foi ailleurs.

"D'ailleurs, à ce sujet Berthe me manque beaucoup."
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Message par Coldris de Fromart Jeu 17 Juin - 21:51





Matthias, 32 ans

Il avait rejoint la salle à manger aussi rapidement qu’il avait pu, de peur que la discussion ou que savait-il d’autre ne dérape soudainement. Il n’avait aucune confiance en ce souilleur de couche. Et encore moins depuis qu’il avait eu la merveilleuse idée de casser du pain de sel sur le dos de son employeur, celui-là même qu’il osait qualifier d’ami. Répugnant. Misérable. Pathétique.

Si sa petite pique sembla laisser l’ancien curé mais toujours débauché sur le carreau, il n’en fut pas de même de l’étranger. Quoique… Il n’en était plus si sûr que cela.

— Je le connais en réalité fort peu. Je ne me basais que sur vos dires ainsi que mes déductions. J’espère ne pas vous avoir offensé. La seule chose que je puis affirmer connaitre avec certitude de votre pays et son thé. Tout le reste est fort lointain et brumeux pour moi.

Hibiki reprit de plus belle et il opina lentement du chef à ses dires. Était-ce un pays si grand que cela pour ne point le connaitre en y vivant ? Avant de revenir travailler à Fromart, Matthias avait quelque peu voyagé à Monbrina et il lui semblait qu’en plusieurs années il aurait sans doute pu en faire le tour.

— Je comprends parfaitement. Néanmoins je doute de pouvoir un jour m’y rendre, ma place est ici à servir le vicomte. Sans parler du fait que j’ai une sainte horreur des bateaux.

Il en était toujours à discourir avec leur invité lorsque l’autre teigne se manifesta pour commenter à son tour. Était-il enfin sorti de sa torpeur ? Il semblerait. Pour le meilleur et surtout pour le pire. Matthias arqua un sourcil à son ultime réplique.
— De toute évidence elle ne lui manque pas en bouche. rétorqua-t-il acidement.

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Message par Hibiki Ven 18 Juin - 23:50

"De toute évidence elle ne lui manque pas en bouche."
Hibiki entendit ces mots... et se décida enfin à faire quelque chose d'intelligent _non que je ne veuille exploiter cet hilarant quiproquo, mais en l'état, ce serait pousser un peu loin la connerie du dindon... pardon, du bouffon.

"Mais de quoi parlez-vous au juste?"

Il regardait Thierry et Matthias tour à tour et se sentait comme l'un de ces nombreux personnages de théâtre plongés dans des imbroglios qui les dépassent par simple sadisme de l'auteur... ce qui est précisément le cas. Mais puisqu'il ne risque pas de sortir de l'écran pour venir me tailler les oreilles, continuons.

A dire vrai, le "castré" avait écouté Thierry sans trop comprendre le rapport entre les baguettes et cette dénommée Berthe, sauf sur le plan de la nostalgie bien entendu, et à supposer que ladite Berthe n'ait pas été mangée par le curé cannibale, auquel cas il commencerait peut-être à s'inquiéter... Alors atterrit cette phrase, jetée d'on ne sait quelle réalité à laquelle il croyait appartenir avant de s'éveiller des brumes d'un mensonge: celui tissé par son propre esprit.

Mais revenons au début voulez-vous?

Matthias s'était excusé et Hibiki s'était incliné vers lui, acceptant son acte de contrition sans en rajouter. En dedans, ses pensées disaient que certaines déductions en apprennent plus sur la vision du monde de leur auteur que sur des faits qui échappent, de toute manière, à l'objectivité, mais cela aurait sonné comme des propos assommants de professeur, et il assommait plus volontiers son public à coups de blagues que d'encyclopédies. Enfin, je veux dire qu'il "vivifiait" l'esprit de ses auditeurs par son humour, même si certains paraissaient immunisés à sa pratique de la médecine du rire. Oui, disons cela, et laissons libres les aimables lecteurs de choisir leur camp: celui des assommés ou celui des hilares.

"Je comprends parfaitement. Néanmoins je doute de pouvoir un jour m’y rendre, ma place est ici à servir le vicomte. Sans parler du fait que j’ai une sainte horreur des bateaux."

L'eunuque hocha la tête, plus par compréhension que par assentiment, puisqu'on se moquait bien de ce qu'il pouvait penser de la situation du déducteur dont il ne saisissait pas la moitié des spiritualités _je pense en particulier à celles sur les rongeurs, qui lui passaient au-dessus de la tête en un joyeux ballet de petits rats d'opéra invisibles. Et somme toute, c'était tant mieux pour lui que de trouver satisfaction à la place qu'il occupait en ce monde et de s'éviter les désagréments de voyages au long cours: éprouver quelque bonheur à sa situation était un bien précieux dans une époque si incertaine. Mieux valait donc ne pas trop s'y habituer aurait conseillé le maussade esprit, pessimiste en diable, qui soufflait ses refrains moroses à l'oreille du comédien et tordait parfois sa bouche en un rictus moqueur. Mais il n'était pas là pour chercher Querelle, ne serait-ce que par lassitude des marins (les fans de Fassbinder comprendront.) Non, il était là pour accroître sa culture auprès d'un érudit, qui l'édifiait pour l'heure en volaille de farce, entre deux apprentissages de bizarrerie sur l'inceste des dieux et des premiers hommes, et les lois sur l'esclavage monbrinien.

Notons cependant: le sire d'Anjou, toute forgée que fut sa réputation d'âne bâté et d'imbécile, avait tout de même eu la finesse d'une répartie qui s'accommodait bien mieux avec cette histoire de baguettes que celle de de Matthias, sauf à supposer que les nouvelles déductions de l'intendant le portassent à croire que les baguettes se mangeassent _ce qui est le cas chez nos boulangers modernes, mais n'existait pas à Monbrina en l'an de grâce 1598, sauf erreur de ma part. Accessoirement, je défie quiconque de manger des sushis avec des ficelles de boulanger, et quand je dis ficelles, vous me comprenez... dîtes-moi que oui, sinon on ne s'en sortira pas. Bref, rien ne permettait à Hibiki, dans l'attitude du prêtre défroqué, de croire qu'icelui le tournait en ridicule par pure friponnerie personnelle. Lui-même était certainement victime de ce malentendu qui frappait son invité et tous riraient joyeusement ensuite en entendant les explications du digne terrien enraciné. Telle était donc la nouvelle histoire que se racontait l'amateur de contes sur cet instant de sa vie. Ce qui nous ramène au début de ce message et à sa question.
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Message par Thierry d'Anjou Dim 20 Juin - 14:47

Thierry suivait la conversation avec beaucoup d'amusement. Quel soulagement que d'avoir envoyé finalement Sébastien se coucher ! Ils pouvaient à présent discuter entre adultes sans qu'un enfant un peu curieux ne les coupe pour réclamer des explications. Il était ainsi libre de jouir du beau quiproquo entre les couverts et les parties intimes manquantes. L'ancien prêtre but sans plaisir son verre de jus de raisin. Pourquoi ne pouvait-il pas le changer en vin ? Quel tricheur que ce Jésus que de refuser de partager ses pouvoirs ! Matthias répondit poliment avoir peu connaissances sur la culture nippone, hormis celle du thé, puis déclara ne pas pouvoir quitter le vicomte, surtout du fait de sa peur des navires. Thierry arbora aussitôt son petit rifts moqueur et dit de son ton doucereux :

"Quel dommage, mon pauvre Matthias, de vous priver à cause de vos obligations et de votre peur d'un élargissement de vos connaissances. Je ne vous pensais pas aussi couard qu'une souris."

Il savourait avec délice l'impertinence de son propos. Comme cela était bon de renverser la situation.

"Moi, j'adorerais voyager et découvrir de nouvelles cultures. Malheureusement, mes obligations de père me contraignent à rester. Je ne peux quitter Alexandre et encore moins laisser Sébastien. Vous comprenez ?"

Il ne supportait pas plus de risquer sa vie inutilement sa vie dans un long voyage maritime incertain. Combien de vaisseaux faisaient-ils naufrages suite à une tempête ou à l'abordage de pirates ? Il se refusait à emprunter un bateau qui le mènerait plus loin que l'île de Lodmé.

Thierry s'amusa ensuite de la provocation en rappelant sa nuit délicieuse avec la docile Berthe tout en savourant l'expression confuse de Hibiki. Son rictus s'étira.

"Je la croyais pourtant fort adepte du saucisson. Elle n'est heureusement pas la seule de cette maisonnée à apprécier ce délicieux met."

Il se tourna vers Hibiki et se composa un visage enjoué, dépourvu extérieurement de toute moquerie :

"Nous discutons de gastronomie, cher ami. Quel est selon vous la meilleure manière d'associer un concombre à un abricot ? Pour ma part, je pense que le saucisson les réunit fort bien. Que voulez-vous ? Je suis un inconditionnel du sucré-salé !"



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Message par Coldris de Fromart Mar 22 Juin - 10:34





Matthias, 32 ans

Plus Matthias observait l’étranger, plus il commençait à se dire que tous deux ne s’étaient pas vraiment compris depuis son retour. Quant à prendre le bateau, ce n’était pas vraiment sa tasse de thé, loin de là. Bien entendu cet idiot du dimanche se permettait des commentaires et se contredisait lui-même en l’espace de moins d’une minute. Il fronça un sourcil, plus blasé qu’agacé.

— Quel dommage, mon brave Monsieur d’Anjou, de vous priver à cause de vos obligations envers Alexandre et Sébastien lorsque vous fermez les yeux si aisément sur le restant de votre progéniture. répliqua-t-il sans la moindre once d’agressivité et presque un soupçon de compassion. Mais je comprends parfaitement, j’ai moi-même quatre enfants et je ne pourrais les laisser ici si longtemps. à Hibiki Voilà bien un point sur lequel vous n’êtes pas concerné.

Sur ce, Thierry le provoqua au sujet de la fameuse Berthe. Ou était-ce des brioches de Berthe ?

— Sans doute l’est-elle, Monsieur d’Anjou. Mais si vous avez confondu saucisse cru et saucisson dans le garde-manger, je doute qu’elle n’y ait trouvé le même plaisir.

Le pauvre japonais tentait vainement de reconnecter la caravane comme il pouvait. En même temps, pour qui n’était pas entièrement familier de leur langue ce ne devait pas être aisé. Il parlait d’ailleurs fort bien et l’on oubliait facilement que ce n’était que le fruit d’un apprentissage. Matthias roula des yeux à la remarque de Thierry qui bien loin de l’aider, alimenter au contraire le malentendu, jetant une grosse buche dans l’âtre.

— Il me semblait que vous aviez un faible pour les brioches. conclut-il avant de se tourner dans la direction d’Hibiki Je suis navré, il semblerait que ne nous ne soyons pas compris d’emblée et que la discussion est roulée telle une boule de neige. Je faisais en effet initialement référence à vos bijoux de famille dont le petit Sébastien m’a reparlé sur le trajet.

Constatant les assiettes vides, l’intendant ordonna que la table soit débarrassée et que le dessert fût porté : une tarte aux pommes et poires agrémentée de cannelle et de cardamome. Il la contempla, secrètement extatique en songeant au rapport que lirait le vicomte dès demain. La souillure de taverne risquait sans doute de revoir son ami très proche plus rapidement que prévu.


— En tout cas je salue votre maitrise de notre langue. La pratiquez-vous depuis longtemps ?

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Message par Hibiki Mar 22 Juin - 11:35

Saluons d'une nouvelle croix dans le calendrier ce jour _un de plus_ où Hibiki pensait avoir atterri chez les fous. Pourtant cela avait commencé en douceur, avec les obligations parentales des uns et des autres _qu'il ne connaîtrait jamais, comme le lui avait aimablement fait remarqué Matthias avec son habituelle efficacité lapidaire_ et leur impossibilité de voyager par monts et par vaux ainsi que le ferait une alouette... ou un mariole en kimono. Puis le sujet glissa vers la nourriture et Hibiki, après avoir mis les pieds dans le plat, se retrouva pédalant dans la semoule et se rétamant sur les peaux de bananes... ce qui est un peu fort de café pour quelqu'un qui croit avoir de la bouteille. Autant dire que ce n'était pas de la tarte.

Bon, disons un peu plus explicitement et en laissant là les expressions culinaires que notre surdoué de la langue pataugeait. Mais comme il ne voulait paraître impoli, il prit le risque de paraître bête en hasardant cette réponse à l'ancien curé:

"Mais dîtes-moi, votre saucisson et votre concombre à l'abricot... vous les coupez je suppose?"
Ce qui nous ramène plus ou moins à l'autre sujet, celui du début, et ce à l'insu de celui-là même qui proférait ces mots et en était encore à se demander si c'était une spécialité Braktennoise que d'alterner des tranches de saucisson et de concombres avec de petits abricots. Vraiment bizarres ces braktennois, il espérait qu'on ne lui demanderait pas de manger ça. En fait, s'il avait compris les propos de Thierry à propos de son amour du sucré-salé, il l'aurait soupçonné d'apprécier autant les hommes que les femmes, ce qui aurait conforté le faux castrat dans son hypothèse de départ quant à l'amour caché entre les cousins d'Anjou et de Fromart.

Heureusement, Saint Matthias Dissipateur de toute ambiguïté chassa ces curieuses associations culinaires à coups de brioches et lui parla de ses bijoux de famille _enfin ceux du comédien, pas les siens à lui, sinon imaginez la scène..._ dont Sébastien lui aurait causé. Et donc le bouffon fort éclairé resta quelque peu dans l'obscurité d'une certaine confusion qui le poussait à se demander s'il n'était pas dans son lit en train de rêver. Lui avait parlé de ses bijoux de famille avec Sébastien? Mais que diable, il n'avait pas de famille et encore moins de bijoux! Il devait s'agir d'autre chose... Voyons, de quoi avaient-ils parlé avec Sébastien déjà? De cannibalisme, d'inceste, de castration _autant de sujets dont l'abord est absolument indispensable avec un jeunot de 12 ans, si possible regroupés en une paire d'heures histoire de laisser du temps par la suite pour d'autres horreurs humaines... Voyons voir, les bijoux de sa famille...

Mais Matthias avait déjà rebondi _fripon de kangourou_ sur le thème de la langue; thème s'il en est où l'on salive beaucoup, en particulier les grammairiens et linguistes bataillant avec l'impossibilité de fixer cette chose sans cesse mouvante et déformée par autant de gueux _les canailles!_ qui, à défaut de nourrir de profondes réflexions là-dessus, nourrissent les langues de tous ces agités par des offrandes plus substantielles. Momentanément, leur trio faisait partie de ces agitateurs de langue et il fallait dire que le drôle d'eunuque était assez doué pour agiter la sienne dans diverses circonstances, même si pour l'heure il n'en était pas question... si? Non, cette question semblait somme toute assez innocente, contrairement à la brioche fourrée à je ne sais quel sous-entendu graveleux.

"Merci du compliment." dit celui qui n'avait pas capté la moitié de leur récent échange.
"J'apprends le monbrinien depuis un an, mais il faut dire que j'ai eu un excellent professeur. Et puis j'ai séjourné durant longtemps en Europe et notamment en Angleterre, où le parler est beaucoup plus proche du vôtre que ma langue natale, ce qui m'a facilité les choses. Pour l'écrit je ne me prononce pas, je ne sais pas lire votre langue."
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