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[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre

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Message par Le Cent-Visages Lun 27 Sep - 15:27

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Af8cdd10

La librairie de la Source Vive était bondée cet après-midi. Une forêt de têtes se déplaçait entre les rayons. Des paroles s'échangeaient à voix feutrées et les regards se faisaient plus vifs les uns que les autres à suivre ce qui se déroulait au milieu de l'établissement. Boréalion était installé pour plusieurs heures de rencontre avec ses lecteurs - et de dédicaces promettant de ne pas laisser son poignet en repos. Aux ouvertures des portes, il y avait une queue même sur le pallier. Elle se faisait et défaisait en accordéon, à mesure que les visiteurs pouvaient profiter de quelques instants auprès de l'auteur vedette.

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Floren10

Florentyna de Monthoux, 18 ans

Florentyna aimait cette effervescence. Cela même lui avait manqué ! On ne pouvait pas dire que les événements des deux derniers mois lui avaient laissé le loisir de profiter de rendez-vous culturels de cette nature... Heureusement, la page de tous ces sinistres événements se tournait enfin ! Les choses allaient sérieusement changer pour Kalisha, même si ni l'une ni l'autre ne savait encore bien à quelle sauce elle allait de nouveau être mangée... Rien serait difficilement pire que son année à Monthoux. Quant à la demoiselle, elle se plaisait plutôt bien à Fromart. Une amitié sincère se nouait avec Bérénice. Le contact avec Alduis était lui aussi finalement bon une fois admises les particularités et fêlures du jeune homme. Sylvère était lavé de ses charges tant qu'il ne faisait pas l'objet de nouvelles plaintes. Il pouvait de nouveau circuler libre. Hyriel était vivant, de nouveau actif et en contact avec tous ses amis.

Le cœur léger, donc, Florentyna pouvait de nouveau se consacrer à ses activités de mécénat. Et quoi de mieux pour reprendre celles-ci que cette merveilleuse nouvelle qui était tombée ! La proposition faite à Boréalion, par un imprimeur de Beaux-livres, de sortir les tomes déjà existants de sa saga dans une édition de luxe, avec illustrations ! C'était formidable ! La demoiselle se souvenait de leur rencontre à Monthoux, de ses vignettes illustratives, de cette conversation où l'idée était venue. Quel plaisir de voir un projet de ce genre se concrétiser, et renouer le contact entre Boréalion et ses admirateurs en attendant la sortie du prochain tome !
Il n'y avait pas à dire : le public était au rendez-vous. Dès son arrivée à l'ouverture des portes, Florentyna s'était empressée d'aller saluer Boréalion. Elle ne s'était cependant pas attardée, laissant l'écrivain s'installer, se préparer, et commencer à recevoir les premiers visiteurs. A partir de ce moment-là, la jeune femme s'était retirée, soucieuse de laisser l'artiste à son public, discrète mais non moins observatrice. Elle reviendrait s'entretenir plus tard avec Boréalion. Pour l'heure, elle flânait, observait nonchalamment les rayons, souriait. Sous ce masque léger, elle scrutait qui se présentait, qui achetait cette nouvelle édition, qui discutait avec l'auteur... mais aussi les éventuelles mauvaises langues qui pouvaient parfois se mêler à ce genre d'événements : libraires concurrents, critiques littéraires de mauvais poil et autres énergumènes. Pour le moment tout allait bien.
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Message par Boréalion Lun 27 Sep - 17:44

Boréalion avait regardé avec émotion cette file se constituer. Quels que soient les rageux ou les pathétiques élitistes allergiques au roman qui pourraient venir faire de leur nez, il était comblé à l'idée de retrouver son lectorat. Après un échange chaleureux - quoique bref - avec sa merveilleuse mécène, le plus grand des romanciers monbriniens s'attabla. Il ne comprenait vraiment pas comment Priscillien pouvait préférer la marine à cela. 

Héloïse, bien qu'en retrait, n'avait pas voulu manquer la rencontre. Leur relation demeurait ce qu'elle était depuis deux mois : tendue. D'autant plus tendue depuis qu'ils avaient reçu d'Aurore la promesse de les rejoindre lorsque son époux serait en campagne. Pauvre petite crevette : au lieu de grandir avec l'amour de sa mère, il entendrait ses tantes s'insulter à longueur de journée, médire l'une de l'autre à niveau de compétition et se hurler dessus pour un oui ou pour un non. Qu'avait-il fait d'assez cruel pour mériter des sœurs ? 

Alors qu'Héloïse lui glissait un mot sur la foule qu'il mobilisait, il se contenta de lui retourner un regard qui se voulait neutre - mais qui se révéla assez éloquent. La foule dont elle parlait - et chacun des individus agréables qui la constituaient - était bien trop importante à ses yeux pour qu'il l'utilise comme faire-valoir dans leurs querelles fraternelles… mais c'était tout de même pas mal pour celui à qui il manquait "ce quelque chose qui faisait un grand auteur", n'est-ce pas ? Alors si elle tenait tant à le suivre comme un chiot égaré avec ou sans son approbation, qu'elle la ferme !

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Helois10
Héloïse Martéis, 24 ans

Elle lui retourna un sourire blasé. Dire que ce n'était même pas dans ce sens qu'elle avait voulu le dire… Pourquoi pardonnait-il à tout le monde sauf à elle, qui avait été la première à le soutenir ? Elle savait qu'elle n'aurait pas dû, mais elle se surprit à prier pour qu'il se ramasse le revers de son succès bien plus violemment que d'habitude. Fumier !
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Message par Alduis de Fromart Sam 2 Oct - 12:44

Les dédicaces de Boréalion… Depuis combien de temps attendait-il ? Peut-être aurait-il pu faire valoir sa place pour passer plus vite, mais il n’en avait rien fait. Il préférait attendre, comme tout le monde.

Alduis n’aurait jamais pensé mettre un jour les pieds à un événement comme celui-là. C’était d’ailleurs bien la première fois que cela arrivait. Il ne savait pas encore bien ce qu’il venait y faire. L’idée avait germé quand Alexandre lui avait confié sa déception de ne pouvoir s’y rendre. Ça ferait un joli cadeau, n’est-ce pas ? Il n’en faisait pas souvent, mais il pouvait bien commencer aujourd’hui…

C’était sans compter, par ailleurs, que Florentyna s’intéressait à ce genre de sujets. Et comme elle faisait des efforts pour s’intéresser à ses centres d’intérêts, il avait envie d’essayer de faire son possible pour s’intéresser aux siens. Il se sentait prêt à faire cet effort-là. Peut-être que cela pourrait leur faire un sujet de conversation pour les prochains jours. Il l’espérait en tout cas.

Néanmoins, mêlé à cette longue queue de lecteurs, Alduis se sentait comme étranger à ce monde. Il n’avait jamais lu beaucoup, encore moins des romans, même s’il aimait les histoires. Et par-dessus tout, il écrivait terriblement mal. Les livres n’étaient décidément pas son champ de prédilection.

Pourtant, il était là, à attendre son tour. Il aurait pu attendre que Bérénice et Eléonore s’y rendent — il avait entendu qu’elles en avaient le projet — mais il avait préféré y aller seul. Par peur de se sentir encore plus seul si elles l’entouraient. Il fallait croire que cela ne changeait finalement pas grand-chose au résultat final : il avait la sensation de n’avoir rien à faire là.

Et s’il n’avait pas tenu à faire ce geste à la fois pour Alexandre et pour Florentyna, il aurait assurément déjà fait demi-tour. Florentyna qui n’était pas loin en tant que mécène, par ailleurs, dans les rayonnages de la petite librairie. Il craignait presque qu’elle le remarque dans la file car alors, il n’aurait pas trop su comment expliquer sa présence ici. A vrai dire, il était parti sans rien en dire à personne.

Soudainement, la personne devant lui se déroba, ouvrage en main, visiblement ravie de sa dédicace. Il ne resta plus que le vide entre lui et l’écrivait. A lui. Déjà. Il n’aurait pas cru que la queue ait tant progressé depuis son arrivée… N’y avait-il pas plus de personnes que cela ? Finalement, il se rapprocha de la petite table montée, en une enjambée, avec un hochement de tête pour saluer.
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Message par Boréalion Dim 3 Oct - 2:45

Boréalion ignorait le temps qui s'écoulait. Il préférait retenir les sourires et les émotions de ceux qu'il avait su toucher. Il aurait voulu se souvenir de chaque visage, de chaque échange. Par expérience, il savait que ce serait impossible, mais il tenait vraiment à en conserver le plus possible. Et surtout, à offrir, dans la mesure du possible, une rencontre personnalisée à chacun de ses lecteurs. 

Il savait que beaucoup - lectrices en particulier - l'idéalisaient. Il suffisait de se remémorer sa rencontre avec Leyria. À défaut d'être un véritable chevalier comme le héros de ses romans, il devait au moins s'efforcer de donner le meilleur de Boréalion. Car être le plus doué des romanciers ne suffisait pas. Il devinait combien il devait être cruel de découvrir que son idole n'était rien de moins qu'un salaud fini et il ne voulait imposer cela à personne. Il pouvait bien faire le fier devant ses tas de pages ; plus que jamais, Boréalion n'existait que pour et par son lectorat. Quant à Célénian, faisant abstraction de Leyria, des joyeuses engueulades fraternelles dont il se serait allègrement passé et du machin qui pleurait avec lequel il ne savait toujours pas ce qu'il était censé faire, il n'existait certainement plus que pour et par Boréalion. 

Boréalion qui dédicaçait un énième ouvrage à une charmante demoiselle nommée Daphné. De celles qui le regardaient avec tant d'étoiles dans les yeux qu'il se serait senti coupable de ne pouvoir leur accorder plus - il fallait si vite passer à la suite. 

Après un ultime papillonnement de paupières, Daphné s'éloigna en sautillant presque, tandis qu'Héloïse se demandait si elle était assez désespérante pour croire que c'était là le plus beau jour de sa vie. Enfin, au moins celle-là n'espérait pas l'épouser. Non mais à ce niveau-là, il fallait sérieusement penser à les enfermer. Même elle n'aurait pas regardé Jean-Baptiste Ermaut avec ces yeux-là. La preuve que finalement, les romans étaient dangereux.

Boréalion fut étonné de reconnaître le suivant. À priori, il ne l'aurait pas rangé dans la catégorie lecteurs. Il devait être là pour sa fiancée. Le pauvre, quand même… se faire démolir l'appareillage par Leyria… étrangement, il ne mourait pas d'envie d'expérimenter. 

— Lieutenant de Fromart ! C'est une surprise ! Bonjour.

Oui, une surprise. Il ne semblait d'ailleurs ni fort à l'aise, ni fort enthousiaste - ce qui confirmait l'hypothèse initiale. Célénian chercha brièvement sa mécène du regard. Il avait de la chance, tout de même, car sa fiancée était réellement une personne formidable. L'écrivain l'en espérait conscient. 

— À quel nom puis-je l'adresser ? s'enquit-il pour débloquer la situation.
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Message par Alduis de Fromart Dim 17 Oct - 11:44

La queue avait été trop courte à son goût. Déjà, il se retrouvait devant la table de dédicace. Il n’avait pas encore trouvé quoi dire… Pour autant, la manière dont le salua l’écrivain — Célénian Rochefort, puisque c’était ainsi qu’il s’était présenté au déménagement, un mois et demi plus tôt — le détendit imperceptiblement.

Lieutenant de Fromart… C’était à lui que l’on s’adressait, en employant de tels mots. A lui, le lieutenant, et non le fils du Ministre des Affaires étrangères. Quant à la surprise, ça, c’en était une ! Lui-même n’arrivait toujours pas à réaliser qu’il était véritablement venu à cette maudite dédicace. Des fois, il ne comprenait pas trop ce qui pouvait se passer dans sa tête.

Néanmoins, la question importante se posa sans tarder. Pour faire une dédicace, il fallait un nom. Et Boréalion avait très bien deviné que ce n’était certainement pas pour lui qu’il s’était déplacé. Mais alors que dire ? Alduis avait pleinement conscience qu’il ne pouvait certainement pas répondre qu’il venait ici pour son amant.

Il ne pouvait pas non plus inventer une personne imaginaire, puisque sa propre fiancée était précisément la mécène de l’artiste. Si quelqu’un aurait compris la supercherie rapidement, nul doute que ça aurait été lui.

Alduis détestait ce genre de situations. Celles où il n’y avait d’autres choix que de mentir. Avait-on le droit qu’une dédicace soit anonyme ? Le principe perdait un peu de sa valeur, il était vrai, mais…

— Vous pouvez le dédier au “lecteur qui lira ces pages” ?

Ou quelque chose comme ça.

Il avait conscience que sa demande était quelque peu alambiquée et que Boréalion ne devait pas avoir eu beaucoup de requêtes comme celle-ci au cours de sa carrière. Mais c’était bien la seule idée qui lui venait.
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Message par Le Cent-Visages Mer 3 Nov - 12:21

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Floren10

Florentyna de Monthoux, 18 ans

Cette séance de dédicaces commençait au mieux, le public était présent. De quoi regonfler le cœur d'un artiste et stimuler, espérait Florentyna, la reprise fiévreuse de sa création. La demoiselle de Monthoux avait repéré sa sœur Héloïse un peu plus loin, qu'elle était allée saluer au passage - importance des bonnes relations avec l'entourage et en bon souvenir de leur promenade en forêt.
Et puis, en regardant les gens défiler dans la queue, elle vit Alduis. Quelle attention charmante ! Elle savait qu'il n'était vraiment pas un grand lecteur... aussi comprit-elle sans mal que ce devait être pour elle qu'il avait pris la peine du déplacement. Pour elle qui lui avait confié mécéner Boréalion. Elle se devait de sortir de son post d'observation, ce qu'elle fit aussitôt d'un pas léger. Et puis... ce serait l'occasion d'annoncer la grande nouvelle en public !
Tout doucement, elle approcha donc d'Alduis en s'assurant de ne pas trop gêner la queue, et entendit ses derniers mots échangés avec Boréalion. Tout chose, toute rose des joues et encore pleine d'émoi à annoncer ses fiançailles, la jeune femme glissa donc doucement, discrètement, sa main dans celle d'Alduis et sa petite voix annonça à l'écrivain :

-- Cher Boréalion, c'est un plaisir de vous revoir ! Et vous connaissez déjà... celui qui vous fait signer ces pages - pasticha-t-elle sa formule avec tendresse - ...mon fiancé.

Oh, elle lui avait déjà dit la nouvelle également dans une de ses lettres, mais puisque Alduis et elle se trouvaient tous deux en ce lieu pour pareil événement, c'était l'occasion ! Et la manière aussi de montrer à Alduis combien Florentyna était touchée de son effort d'être venu à ces dédicaces. Quant à cette formule demandée à Boréalion pour accompagner sa signature, elle était mystérieuse, pudique, toute à l'image de son fiancé. Le lecteur en question... serait-ce lui même ? Aurait-il la curiosité d'ouvrir ce roman ? Ou bien était-ce simplement un "lecteur" plus générale adressé à n'importe qui souhaitant parcourir cet ouvrage au domaine de Fromart - elle-même, Bérénice, Alexandre ou qui savait-elle encore. Alors qu'elle s'interrogeait ainsi sur les identités de ceux pour qui Alduis s'effaçait ainsi, sa main se serra un peu plus, chaleureusement, à celle de son fiancé.
Florentyna ne traînerait cependant pas, se souvint-elle soudain ! Beaucoup d'autres gens attendaient dans la queue, elle ne s'éterniserait pas et prendrait la peine de se retirer aussitôt le livre signé et remis à Alduis.
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Message par Boréalion Ven 5 Nov - 20:22

Alors en général, c'étaient ses plus jeunes lectrices qui se trouvaient si nerveuses de le rencontrer, mais Célénian eu le bon goût de ne pas le faire remarquer. Il adressa un sourire à l'arrivée de sa mécène, toujours aussi aimable. C'était une femme adorable, et il lui souhaitait vraiment du bonheur et espérait sincèrement que ce mari-là le lui apporterait. Un mariage heureux, c'était ce dont l'on pouvait rêver de mieux.

Évidemment, il n'y avait ni besoin de lui faire remarquer qu'ils s'étaient parlés moins d'une heure auparavant, ni qu'il avait bien reconnu l'homme. Il n'était peut-être pas auteur pour le théâtre, mais la double énonciation, cela le connaissait assez : elle lui parlait, elle adressait l'information à la salle. Et s'il n'était ici que pour incarner l'indétrônable Boréalion, ses paroles suivantes n'en étaient pas moins pensées : 

— C'est juste ! Lieutenant, vous êtes un homme chanceux : c'est une perle que vous vous apprêtez à épouser. Laissez-moi vous réitérer toutes mes félicitations, et puisse notre Seigneur en faire une union heureuse.

Tout cela ne lui disait malheureusement pas à qui était destinée la dédicace. L'écrivain eu un souffle de rire.

— Mon cher monsieur, tous mes ouvrages sont par nature dédiés à leur lecteur ! s'exclama-t-il. N'est-ce pas leur unisue raison d'être ? (il sourit) Mais soit ! Si vous y tenez, je peux faire quelque chose de cette idée.

Il trempa sa plume avant de demander confirmation :

— Au lecteur, donc ? Lecteur au masculin ?

Enfin, si l'idée était d'adresser ce cadeau à une quelconque maîtresse - ce qui aurait expliqué la volonté d'anonymat -, il n'allait pas forcément l'encourager, après tout. Il souleva la page de titre et écrivit d'une calligraphie fine et assurée : 

Lecteur innommé, anonyme lisant dans mon âme, puissent ces pages vous faire rêver autant que leur rédaction le fit pour moi.

Il aimait personnaliser ses dédicaces, mais il fallait dire que l'anonymat n'y aidait pas…

— Aaaaaah, soupira-t-il en rendant l'ouvrage à Alduis. Parfois j'envie les comédiens : s'ils donnent à leur art autant de leur être, ils savent au moins pour qui. Votre ami est bien cruel de me refuser jusqu'à sa connaissance. Enfin, c'est mon métier qui veut cela

Et le revers de son talent : il charmait bien trip de lecteurs pour que tous puissent venir...
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Message par Alduis de Fromart Ven 26 Nov - 15:17

A peine Alduis avait-il formulé sa demande toute particulière qu’il sentit une petite main discrète se glisser dans la sienne. La main de Florentyna. Ce geste le surprit tout d’abord. Non pas qu’il oubliait qu’il s’agissait de sa fiancée — comment oublier ? — mais parce qu’il n’avait pas l’habitude de cela. Le nombre de fois où il avait tenu la main d’une autre femme que sa soeur se comptait sur les doigts de la main. Néanmoins, il pressa sa main un court instant dans la sienne, en douceur, manière de lui rendre la pareille.

Cette annonce en public ne le mettait cependant pas très à l’aise. Il avait une conscience accrue que Florentyna était loin de s’adresser uniquement à l’écrivain et que la plupart des personnes présentes dans la file les observait. Il ne savait pas vraiment comment réagir, alors il préféra ne rien dire. C’était sûrement plus prudent. Il jugea ne pas avoir si mal fait lorsque la main de la jeune femme se resserra à son tour autour de la sienne. Comme un soutien ? Ou simplement un geste affectueux ?

Boréalion, de son côté, le félicita. Alduis avala sa salive. Il ne connaissait pas Florentyna depuis longtemps, mais il savait déjà que ce que disait l’écrivain était vrai : c’était une perle. Et elle méritait d’être heureuse, avec un mari qui l’aimerait. Tandis que lui… il ne le ferait jamais. Sa gorge s’assécha brutalement, mais il parvint à cacher son brutal trouble. Il ferait les efforts nécessaires pour faire un bon mari, il y était décidé. Pas parce qu’on le lui demandait, mais parce qu’elle le méritait.

Il ne put s’empêcher de ressentir un profond soulagement quand Boréalion accepta de dédicacer son livre aussi vaguement, sans demander plus d’informations. Car il n’aurait décidément pas su quoi dire d’autres pour répondre aux questions.

— Lecteur, oui, confirma-t-il, un peu maladroitement. Au masculin.

Après tout, s’il avait voulu que ce soit au féminin, il aurait dit lectrice directement, non ? Alors pourquoi donc poser la question ?

Il observa la plume tracer les quelques mots d’une calligraphie élégante. Il devait admettre envier quelque peu la facilité avec laquelle Boréalion écrivit ces quelques mots. Pour réussir à formuler une telle phrase, il n’aurait pas fallu moins de plusieurs heures à Alduis et même ainsi, il aurait certainement encore trouvé à redire sur la pertinence de ses propos. Ça avait l’air si simple sous la plume d’un autre !

Il tendit les mains pour réceptionner l’ouvrage et le remercia d’un signe de tête. Il marmonna une vague réponse, que lui-même ne comprit qu’à moitié, au commentaire qui accompagna ce don. Finalement, toutes les transactions et autres paiements effectués, il se tourna vers Florentyna, pour prendre congé. Il n’était pas expert des femmes mais ça, il savait comment faire.

— Je vous souhaite une bonne journée, Florentyna. Au plaisir de vous revoir bientôt.

Affirmation tout à fait sincère : il appréciait la jeune femme. Peut-être pas à sa juste valeur, sûrement pas autant qu’elle le méritait, mais il l’appréciait tout de même. Pour cacher de nouveau la pointe de gêne qui revenait frapper à la porte de sa conscience, il se tourna vers Boréalion pour le saluer lui aussi, très brièvement, puis il partit sans autre forme de cérémonie.

Son soulagement de quitter la file fut de courte durée. Comme il s’apprêtait à sortir, une voix bien connue — et adorée — l’interrompit dans son élan.

— Alduis ? Alduis ?

Et comme il ne pouvait décidément pas faire semblant de ne pas avoir attendu, il pivota sur ses talons vers sa sœur. Accompagnée de Layla et Eléonore. Il se décida finalement à faire un pas dans leur direction. Ça éviterait au moins que tout le monde entende leur conversation.

— Tu es venu à la dédicace? Mais pourquoi tu n'es pas parti avec nous? Tu aurais pu me le dire quand même! reprenait Bérénice.

Il se mordit la lèvre et prit un air contrit. Il avait bien pensé le leur en parler, et même les accompagner, mais il n’avait pu s’y résoudre. La chose n’avait déjà pas été un franc plaisir… Même s’il savait bien que les unes comme les autres lui auraient laissé une place sans l’exclure, il se serait senti de trop. Pas assez à sa place. Mais comment le leur expliquer ?

— C’est que… je n’étais pas sûr de venir.
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Message par Le Cent-Visages Sam 27 Nov - 23:02

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Floren10

Florentyna de Monthoux, 18 ans

Sans aucune surprise, Boréalion - en auteur de talent qu'il était - comprit très bien où voulait en venir Florentyna avec cette intervention. Il joua le jeu. Ainsi furent indirectement annoncées les fiançailles de Florentyna de Monthoux et Alduis de Fromart à tout le beau Braktenn réuni dans cette queue. Cela couperait le pied à toutes sortes de questions en les voyant ensemble, et encore plus aux vilaines rumeurs qui avaient vite fait de circuler. Sans doute était-ce mieux... La main d'Alduis serrant légèrement la sienne la toucha grandement : il accueillait son geste et son affection pleine de promesse. Mais soudain, elle le sentit ma à l'aise.
Oh... ciel... Elle s'en voulut un instant : non, finalement, peut-être n'aurait-elle pas dû lancer cela ? Peut-être le gênait-elle plus qu'autre chose. Elle aurait dû faire comme lui, elle aurait dû rester discrète. Florentyna remonterait le temps si elle pouvait, mais désormais la chose était faite et elle se promit de ne plus prendre d'initiative de ce genre en sa compagnie à l'avenir. Ses yeux se dérobèrent quelques secondes aux prunelles si claires de son fiancé. Elle aimerait présenter ses excuses mais à défaut, en public, elle rendit ici et là quelques sourires à des gens qui les félicitaient.

Pour donner le change, la demoiselle cilla donc d'un air entendu à l'attention de Célénian... puis rosit complètement aux compliments qu'il y ajouta et auxquels elle ne s'attendait pas. Elle qui d'ordinaire savait embrayer dans une conversation se trouva toute émue et la voix coupée. Ses prunelles allèrent de l'écrivain à Alduis dont elle effleurait toujours la main, avant de s'en défaire délicatement. Elle à nouveau son attention sur la dédicace qui naissait sous la main experte. Eh bien ! Le moins que l'on pouvait dire était que cela passait d'une formulation sobre et mystérieuse toute alduisienne à une élégante, poétique et quelque peu théâtrale tournure. Cela l'amusa. Elle se mordilla toutefois la lèvre pour rester neutre : pourvu que cela ne contrarie pas Alduis.

Florentyna préféra fermer les yeux sur la relance de Boréalion - si Alduis était certain de vouloir mettre "lecteur" au masculin, ce que son fiancé confirma - pour ne pas elle-même se réitérer les questions qu'elle avait déjà commencé à se poser plus tôt. Oui... ce devait être une formule neutre et collective, comme geste d'offrande de cet ouvrage à qui dans le domaine - homme ou femme - le lirait, rien de plus.

-- Peut-être même avez-vous déjà rencontré - ou rencontrerez-vous - ce mystérieux lecteur sans le savoir, appuya-t-elle le bon mot de Boréalion, avec une petite moue pour cette tragédie qu'était celle de son métier : ne pas voir à qui l'on faisait plaisir. Et moi aussi, qui sait, s'associa-t-elle à cette petite frustration, mais clairement sur le ton de la boutade : la demande d'Alduis était plutôt charmante en vérité et elle trouvait quelque chose de poétique à la conservation de ce mystère.

Ils se mirent sur le côté pour ne pas ralentir davantage la queue et Alduis la salua. Il lui souhaitait une bonne journée et... au plaisir... Oh ! Ses yeux pétillèrent : alors il ne lui en voulait pas pour un peu plus tôt ? Si c'était bien le cas, quel soulagement. Quelle gratitute en eut-elle en son cœur.

-- Bonne journée à vous aussi, Alduis. Oui, à très bientôt. (à Boréalion) À plus tard.

Tandis que son fiancé partait de son côté, Florentyna repartit un peu plus loin sans avoir repéré que c'était vers Bérénice, Layla et Éléonore qu'il s'était dirigé auquel cas elle serait allée les saluer.
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Message par Alexandre Sam 25 Déc - 13:46

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Romain17
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Aujourd'hui était un grand jour !

L'immense Boréalion, la talentueux Boréalion, était revenu dans la capitale depuis plusieurs semaines et celui-ci organisait à nouveau une séance de dédicaces pour ses lecteurs les plus fervents. Romain attendait cela avec une impatience tout en regrettant que l'événement ne se déroule pas dans sa propre librairie. Pourtant, il possédait la plus belle de toute la vile, hérité de son père, de son grand-père, de son arrière-grand-père... Quatre générations se succédaient pour offrir au monde les plus beaux ouvrages, à des pris certes élevés, mais le commerce était le commence. Par ailleurs, seuls les bourgeois et les nobles pouvaient se permettre d'accéder à la culture. Que les paysans, ouvriers et autres gens du commun se gardent bien de poser leurs doigts sales sur une couverture ! En réalité, Romain devinait pourquoi sa boutique prestigieuse n'avait pas été choisi. La comtesse de Monthoux, désormais fiancé au fils du ministre des affaires étrangères était ami avec Alexandre. Alexandre... Ce nom lui donnait autant la nausée qu'il le remplissait d'amertume. S'il l'avait mieux traité, est-ce que ce garçon aurait été reconnaissant ? Il possédait un talent indéniable pour frayer avec les nobles. L'an dernier, en revenant du fastueux mariage de la princesse étrangère, celui-i avait été invité par ces dames de Monthoux pour célébrer son anniversaire. Elles lui avaient même offert une mallette de peinture qui coûtait les yeux de la tête ! Lui, en des années de pratique n'avait jamais su tirer autre chose que des sourires des nobles. Qu'est-ce qu'Alexandre avait en lui dont il se retrouvait démuni ? A cela s'ajoutait même l'exploit d'avoir retenu l'attention de Coldris de Fromart au point d'apparaitre à ses côtés pendant les discours prononcés pour les funérailles du soldat infirme. Lui connaissait Coldris de Fromart depuis toujours ! Il lui acheté les livres qui avait constitué le début de sa fortune ! Sa belle-mère avait entretenu une longue liaison avec lui ! Pourquoi le ministre n'avait-il jamais eu pus de liens que cela avec lui ? Qu'est-ce qu'il lui manquait ?

Il ne le comprenait toujours pas.

Dans la file d'attente, Romain, troublé, se tourna vers son ami Roméo qu'il avait réussi à convaincre hier soir à la taverne de l'accompagner. Un pari d'homme qui avait mal tourné. Sans doute le regrettait-il, en plus de la migraine qui le tourmentait peut-être encore.


"Dis, Roméo, puis-je te poser une poser une question ?"

Il se mordit es lèvres, hésitant, honteux de devoir reconnaître publiquement son impuissance.

"Alexandre... Le penses-tu meilleur que moi ?"

Romain baissa la tête, les poings serrés dans le dos, et étouffa sa colère naissante. maudit garçon. Il ne faisait décidément que lui pose des problèmes. Même quand il ne se trouvait pas là.

Alexandre
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Message par Coldris de Fromart Sam 25 Déc - 14:45



Avertissement - homophobie, handiphobie:



Roméo Menthon, 24 ans
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Depuis combien de temps se trouvait-il à piétiner dans la foule en compagnie de son mentor ? C’était déjà bien trop long ! Quel intérêt d’aller voir un blanc-bec dans un costume criard qui griffonnait à tour de bras un torche-cul pour jeunes vierges effarouchées ou vieille matrone aigrie ? Peste ! Et son crâne qui le tourmentait encore ! Il aurait dû se trouver à décuver paisiblement dans le fond de son lit, pas à frayer avec les donzelles en chaleur. C’était encore une idée ridicule de son ami que cela… Depuis le procès il ne cherchait qu’à le pousser dans les bras d’une nouvelle épouse. « Tu es jeune, Roméo, allons ! À qui lègueras-tu tes affaires ? ». Et c’est ainsi qu’il s’était retrouvé à la taverne à devoir séduire une femme qui ne lui plaisait pas plus cela – bien qu’après quelques verres, il l’avait trouvé rudement belle – et… S’était-il vraiment fait gifler ? Parbleu, il n’arrivait même plus à remettre les évènements… Etait-ce elle ou la servante dont il avait empoigné le fessier généreux ? Impossible à dire. Tout ce qu’il savait c’est qu’après voir vomit ses tripes dans une ruelle obscure et s’être échoué seul dansson lit, le jour était arrivé bien trop vite…

C’était ainsi que Romain s’était trouvé à le tirer du lit dans un large sourire comme si rien ne s’était passé la veille. S’il se rappelait qu’il devait l’accompagner à la dédicace à cause de ce pari perdu ? Non. Pas le moins du monde. Il en avait  grimacé une moue dubitative, mais le faciès extatique du libraire ne lui avait guère laissé d’autre choix que de s’y plier.

Il était donc là, à patienter que leur tour vienne, se demandant encore si ce n’était pas une ruse de ce madré de Romain pour l’obliger à venir. Comment savoir ? Sa voix le tira d’ailleurs de ses rêveries et il rajusta machinalement ses manches.

Alexandre ? Meilleur que lui ? Il cligna plusieurs fois des yeux, cherchant à comprendre d’où venait cette question, mais seul un brouhaha caverneux lui répondit du fin fond de son esprit. Damné vin de mûres !
Il pencha la tête. Comment cet avorton incapable de tenir droit sans s’écrouler pourrait être meilleur que lui ? Cela n’avait pas de sens ! Et dire qu’en plus il était sali de multiples accusations de sodomie. Seigneur… Il se signa à la simple idée de dégoût que lui inspirait cela.

— Enfin Romain, vous n’y pensez pas ! Comment pourrait-il être meilleur alors que Notre miséricordieux Seigneur lui a donné une paire de jambes destinée à ramper parmi la lie de la société ? Ce n’est un rien d’autre qu’un enfant du péché, une pomme véreuse tout juste bonne à engraisser les porcs.

Et avec un prêtre de surcroit ! Quelle honte ! Quelle ignominie ! Mais déjà le dernier groupe disparaissait.

— Oubliez donc cela et réjouissez-vous plutôt, vous allez pouvoir rencontrer votre cher écrivain.
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Message par Alexandre Sam 22 Jan - 17:51

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Romain17
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Contrairement à lui, Roméo ne semblait pas du tout à son aisé et s'impatientait que cela se termine enfin. Quelle idée ! C'était décidément l'un des rares points où ils ne se rejoignaient pas et Romain se désespérait de l'ouvrir un jour au monde de la culture. Comment espérerait-il séduire une femme s'il ne partageait pas des points communs avec elle ? Or, la vaste majorités de celles-ci étaient friandes de littérature. Pour preuve, il n'avait pu séduire Rosina qu'en connaissant ses lectures et en l'invitant au théâtre. Il se rappelait alors de son agaçant frère Jules qui l'escortait, sous réserve de servir de chaperon, et qui critiquait la moindre de ses opinions.  Quel bonheur que celui-là soit parti en Italie et n'en soit surtout jamais revenu ! Il ne s'en portait pas plus mal.

Néanmoins, dans cette attente, le libraire ressentit à nouveau ce vide et cette interrogation au sujet d'Alexandre. Le garçon le torturait tant. Pourquoi avait-il eu la faiblesse de le garder ? Chaque jour, sa présence lui rappelait que dans ses veines coulait un autre sang que le sien. Les réponses de Roméo ne l'apaisèrent. Il ne croyait pas. Ce charabia biblique n'avait aucun effet sur son âme perdue. Il ne pouvait même pas avouer les causes réelles de ses doutes. Si on savait qu'après toutes ces années de mariage, il n'avait pu engendrer un fils... Non, c'était une honte à dissimuler en lui. Romain secoua les épaules.


"Pourtant, aussi avorton soit-il, il a les oreilles des nobles."

Le dernier groupe bougea. Romain devint encore plus fébrile. C'était vraiment à lui ! Avant de s'avancer, il murmura, moqueur :

"Au fait, n'oubliez pas le second pari : vous devez dire un compliment à une dame de l'assistance."

L'intermède promettait d'être drôle si Roméo se montrait aussi maladroit qu'il savait l'être avec les femmes. Décidément, il devrait lui arranger un mariage à l'aide de ses relations ou le malheureux finirait vieux garçon.

Romain s'approcha pour saluer  le grand auteur en s'exclamant :

"Monsieur, si vous saviez comme je vous admire ! Je suis libraire et j'ai à coeur de favoriser la diffusion de vos œuvres !"

Accessoirement, comme elles se vendaient surtout si bien qu' il avait doublé leur prix. Ces bécasses de lectrices à moitié écervelées se les arrachaient malgré tout Alors, pourquoi se priver d'une marge aussi confortable ?
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Message par Boréalion Sam 22 Jan - 21:59

On indiqua qu'il était temps de passer à la personne suivante. Un duo, en réalité, dont il reconnaissait la moitié et compris aisément que l'autre n'était pas forcément très motivé. Soit. Tant pis pour lui. 

— J'oublie rarement un visage, Monsieur Bellanger, répondit-il aimablement

Ni un vautour qui se croyait responsable de sa célébrité - c'était, il le craignait, l'élément le plus frappant dont il se souvenait à son propos -, mais on ne réglait pas ses comptes devant ses lecteurs enthousiastes. Les gens ne faisaient pas la file pour cela et… ah, c'était une trop belle journée pour la laisser être gâchée par ce genre de détails. 

— Une mention particulière ? Un support, peut-être ? interrogea-t-il en saisissant sa plume du bout des doigts. 

En général, il se montrait plus impliqué, mais il fallait croire que certaines personnes lui donnaient davantage envie de parler que d'autres. Il n'avait pas vraiment envie de parler succès de librairie et stratégies commerciales. Il était un artiste, et… son père - et sa mère, et ses adelphes - disait qu'il n'avait pas le sens des réalités, mais si la réalité devait se compter en cargaison ou même en exemplaires vendus, il n'y voyait aucun intérêt. C'était… Oui, utile en ce que cela montrait qu'ils étaient partagés, aimés, utile parce que sa notoriété lui permettait de profiter de sa passion… Le reste, il s'en moquait.
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Message par Alexandre Jeu 27 Jan - 10:49

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Romain17
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Romain paradait face au grand auteur installé à la table qui avait été dressé pour l'occasion. Qui dans Monbrina pouvait se targuer d'avoir rencontré à plusieurs reprises le fameux Boréalion ? Bien peu de personnes. Il fallait posséder un minimum de culture pour apprécier suffisamment ses œuvres et se sentir autorisé à l'approcher. Le libraire s'obligea cependant à sourire candidement au maître. Ce ne serait pas intelligent de trop en faire. L'important, c'était de savoir rester modeste. Il répondit aussitôt avec un enthousiasme naturel :

"Bien sûr ! Bien sûr ! Grâce à votre sens de l'observation, vous ne pouvez rien oublier, j'imagine. C'est pourquoi vos romans sont tous si... incroyables. On les sent empli d'une matière réelle. Le fruit d'un long travail d'enquête à décortiquer la société et à analyser ses personnages."

Lors de la question sur le support, Romain sortit immédiatement le dernier roman de Boréalion de son sac. Il l'ouvrit avec délicatesse à la page de garde et le déposa sur la table.

"Est-ce que cela serait possible sur votre propre ouvrage ? Je ne vois rien de plus précieux pour recueillir votre signature."

Le libraire se composa un visage d'humilité parfaite et inclina la tête. Intérieurement, son esprit calculait déjà la revente d'un tel ouvrage. Le dernier roman de Boréalion se vendait en moyenne entre neuf mille et douze mille rilchs. La semaine dernière, il avait même réussi à en proposer une à une femme atrocement naïve qui avait cru à son histoire de pénurie de papier, que c'était son dernier exemplaire et que le texte ne serait pas réédité avant certainement plusieurs mois. Par conséquent, un tel livre avec la dédicace de l'auteur, il pouvait assurément rêver à une somme colossale. La fin du mois se révélerait confortable.

"Je vous en remercie d'avance."
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Message par Coldris de Fromart Jeu 27 Jan - 11:30





Roméo Menthon, 24 ans
Négociant en tapis

Avertissement - handiphobie sévère:
Les morpions avaient aussi l’oreille des nobles, ce n’était pas pour cela qu’ils étaient appréciés, ne manqua-t-il pas de lui rappeler alors que le dernier groupe repartait. Il observa la jeune femme presser le livre contre son cœur avec un air niais à souhait. Pathétique. Il n’avait pas oublié son second pari, loin de là. Il savait déjà comment s’en débarrasser vite fait, bien fait.

Devant l’auteur, il demeura silencieux. Non vraiment, il ne comprenait pas son enthousiasme de bonne femme. Quoi qu’il en dise, ce n’était pas que pour les affaires. Loin de là. Il repéra plutôt l’élégante mécène qui se trouverait derrière lui et lui donner l’occasion rêvée d’en finir avec ce pari idiot. De ce qu’il avait entendu durant leur longue attente c’était donc la promise du fils du ministre des Affaires étrangères. Il s’écarta d’un pas.

— Toutes mes félicitations pour vos fiançailles, Mademoiselle. Vous avez certainement dû recevoir plus d’un compliment aujourd’hui, et la journée ne fait que commencer ! plaisanta-t-il.

Et voilà. Il avait dit « un compliment ». La prochaine fois, il serait plus précis dans sa demande. Non mais. Ne désirant pas l’importuner davantage, il reprit place aux côtés de son mentor qui encensait l’œuvre de l’écrivain. C’est à ce moment précis que ses yeux se posèrent sur… Une… monstruosité dont seul le Diable lui-même pouvait être à l’origine – il se signa – et un gosse rachitique sans jambes. C'est que ces engeances allaient bientôt finir par envahir la capitale et remplir l’air de leurs miasmes !

— Je vous reconnais au moins le bon ton de ne pas avoir intégré l’un de ces manants infirmes pour plus de réalisme ! commenta-t-il au sujet des personnages. Recevez-vous beaucoup de ce genre de créatures ? Savent-elles seulement lire ? Cela m’étonnerait fort ! À votre place je me méfierais, elles seraient capables de vous jeter un sort pour vous maudire. Imaginez que vous ne puissiez plus écrire… Peut-être serait-il préférable de faire appel aux agents du guet ? puis à  Romain : au moins ces choses doivent montrer patte blanche dans votre honorable librairie, mon cher ami.
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Message par Boréalion Jeu 27 Jan - 13:49

Boréalion n'avait jamais eu tant de mal à accepter les fleurs que l'on pouvait lui jeter. De là à en être toujours dupe… De toute façon, nul n'avait besoin de le lui dire pour qu'il soit certain que son travail valait mieux que de s'enrichir bêtement sur le dos des vrais artistes. Ce que l'avarice pouvait être triste. Lui, il n'avait d'autre richesse que celle qu'il partageait au monde, et s'il fallait bien qu'il se nourrisse, se loge, découvre et se fournisse en encre et papier, il s'en contentait bien.

Il aurait bien renversé malencontreusement son encrier sur la page, juste pour laisser entendre sa façon de penser, mais abîmer un livre était… criminel. Le sien à plus forte raison. Il jeta un regard suspicieux au deuxième larron, espérant qu'il n'importune pas sa fabuleuse mécène.

Il trempa aussitôt sa plume et alors s'empressa de noter ce qui lui venait tandis que l'accompagnant laissait mademoiselle de Monthoux pour venir répandre ici son fiel. Posant l'ustensile, l'écrivain se leva et jeta un œil à ce dont ce monsieur qui n'avait même pas eu la bienséance de se présenter - il le reconnaissait pour son témoignage lors du procès, bien sû - parlait. Lénius était accompagné d'un jeune garçon qui n'avait pas l'air antipathique, contrairement au bavard. Boréalion lui répondit d'un large sourire et d'un haussement d'épaules.

— Ah, excusez cet inconfort, monsieur. Voyez-vous, ce n'est pas à moi que l'on demande de contrôler les entrées. Je suppose que si on accorde l'accès aux parjures, aux hypocrites, aux imbéciles et à la mauvaise humeur, chacun doit être le bienvenu, non ? demanda-t-il d'un ton jovial. ...On accepte même les romanciers, vous rendez-vous compte ? plaisanta-t-il pour désarmorcer la réplique. A ce niveau, tant que personne ne vient nous assomer de sa frustration, je ne me pose pas de question.

Désolé Héloïse, mais c’était dit. Sur quoi il repoussa l’ouvrage vers le libraire.

—  Pardonnez-moi si c'est en deçà de vos espérance, ce n'est qu'un premier jet, la prose me sied mieux.... et les mauvaises langues nouent mon inspiration. Je suis certain que vous saurez tout de même en faire bon usage.

Parce que la prose convenait mieux à son esprit libre et rêveur. C’était sans doute le caractère contraignant d’avoir à dédicacer son ouvrage à certaines personnes qui l’avait poussé à composer en vers. De là à faire un effort de style pour n’importe qui… non, vraiment, il ne fallait pas trop lui en demander. Il avait ce qu'il venait chercher, tant mieux pour lui.

Sur la page, on pouvait lire ceci :

À qui voulait trahir mon âme et ma passion
Qui jamais n'obtiendra, comme un esprit d'artiste
Le bonheur attendu ; l'escroc est toujours triste
J'offre par compassion cette improvisation
Boréalion
Boréalion

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Message par Alexandre Jeu 27 Jan - 15:25

Joyeusetés handiphobes:

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Romain17
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Romain contemplait avec satisfaction Boréalion réaliser sa dédicace, fier de posséder cette trace de sa main. Il aperçut en même temps son ami Roméo qui s'avançait à son tour. Il l'avait aperçu quelques instants plus tôt réciter un compliment un peu trop simpliste à la demoiselle de Monthoux. La cible était trop facile et ne rapporterait rien. Ce n'était pas en se comportant de cette manière que le négociant de tapis réussirait à se remarier. Quelle chance il avait de posséder dans ses relations un mentor tel que lui, avide de lui permettre d'échapper aux chausse-trappes de l'existence. Il aurait tant aimé à son âge avoir un modèle aussi. Malheureusement, son père avait échoué dans sa tâche et il s'était formé seul.

Alors qu'il s'apprêtait à prendre congé, Roméo s'insurgea en découvrant des silhouettes dans la foule. Romain tourna la tête, intrigué, et blêmit d'apercevoir la gargouille hideuse du bûcher. Que faisait-elle là ? Le Premier Conseiller l'avait fait arrêté. pourquoi ne s'était-on pas débarrassé de cette... chose. Autant il pouvait reconnaître des qualités à Alexandre, ce qui se révélait somme tout logique puisqu'il l'avait élevé, autant accepter cet... être resterait impossible. Il aperçut dans sa proximité le garçon infirme, celui condamné en même temps que son fils à l'asservissement. Son sang fit un tour. C'était lui le véritable coupable. Comment douter autrement ? Alexandre avait reçu une excellente éducation, à laquelle il avait veillé personnellement, et savait les règles. S'il avait déraillé, c'était la faute de cette engeance diabolique. Les paroles de Roméo ne purent que lui plaire et lui arracher un sourire d'amusement.


"Disons, cher ami, que pour entrer dans une librairie, il faut posséder un livre ou savoir lire. Or, par essence, un infirme se trouve dans l'incapacité totale de cela. Leur esprit est trop atrophié, similairement à leur corps, pour disposer du savoir qui fait de nous de véritables êtres humains."

Le libraire s'interrompit là en entendant Boréalion prendre part à la discussion et émettre quelques paroles qui lui semblaient emplies de jugements. Pourtant, cela tombait sous le sens commun que seuls ceux aptes à apprécier la lecture puisse entrer. Comment un aussi grand auteur pouvait-il ne pas le comprendre ? Il secoua la tête. Il jouait un personnage humble afin de mieux plaire. C'était assurément cela. Il préféra ignorer pour le moment et remercia pour la dédicace sans chercher à la lire. Ce ne serait pas poli d'insister en public.

"Les écritures spontanées sont souvent fortes inspirantes, je trouve."

Tout en saluant, il ne put cependant que souscrire aux paroles de Roméo. Son regard se tourna vers les spécimens de l'entrée.

"Néanmoins, si je puis me permette, monsieur, mon ami a raison : il se révèle parfaitement fortuit que d'ajouter des invalides à votre œuvre. par nature, ce sont des êtres pervers que seule une bonne éducation, dispensée par des personnes compétentes, sait dénouer. Observez donc la.. chose là-bas avec son visage difforme. Qu'en ire ? Est-ce seulement humain ? Le mois dernier, elle a osé blasphémé lors de ce maudit procès de sorcellerie. Grâce à Dieu, notre éminent Premier Conseiller l'a fait arrêter ! Il est cependant prévisible que celle-ci recommencera à nuire. C'est dans son sang ! Et que dire de l'autre qui se tient à ses côtés ?"

La voix du libraire devint cruellement glaciale lors de la dernière phrase. Il s'avança pour se rapprocher du petit infirme et le toisa de toute sa hauteur condescendante.

"Il semble si mignon, si attendrissant, mais ce n'est qu'un sombre démon. Par sa ruse, il a su tromper le Premier Conseiller et a commis des actes terribles que je préférerais ne pas citer ici. Sa sournoiserie a été à corrompre mon fils et à me pousser à le renier. Dans ma colère, je l'ai chassé. Comme j'en ai honte aujourd'hui ! C'est pourtant lui aussi un infirme, sauf que lui, grâce à la bonne éducation que j'ai su lui donner, il marche et il connaît la bonne manière de bien se comporter en ce monde. Je suis un peu son devenir et je suis si fier de savoir qu'il se comporte bien, libéré des influences néfastes du démon."

Sur ces paroles, Romain tourna le dos aux deux créatures, avec mépris, et fixa Boréalion.

"Vous comprenez, monsieur ? Il ne faut faire confiance à un infirme. Surtout si celui-ci se plait à ne pas faire faire d'effort, cantonné dans une de ces chaises roulantes. Rien que cela nous prouve que ce sont des parasites !"
Alexandre
Alexandre
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Message par Le Cent-Visages Jeu 27 Jan - 22:14

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Trista13 [17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Lzoniu10

Tristan, esclave, 15 ans ~ Lénius, troubadour, 27 ans

Lénius avait insisté : pour fêter leurs retrouvailles et la fin de toutes ces péripéties, il l'emmenait rencontrer un grand auteur ! Tristan en était tout flatté... et tout intimidé à la fois. Lui, qui commençait tout juste à savoir lire... lui, avec son statut d'esclave au milieu de toutes ces jolies dames et de ces cultivés messieurs qui faisaient la queue. Le garçon avait l'impression de dépareiller, mais heureusement, la présence de Lénius le rassurait. Il le faisait sourire, lui entretenait la conversation, et lui avait assuré que l'homme qu'ils allaient rencontrer était très aimable. Mieux encore ! Lénius avait offert à Tristan... un petit livre ! Un livre, pour quand il saurait très bien déchiffrer. Oh, le saltimbanque n'avait pas les moyens d'acheter un roman complet - aussi avait-il pris un mince fascicule de morceaux choisis de Boréalion. C'étaient de ces genres d'ouvrages publicitaires pour donner envie d'acheter les textes complets. Ainsi donc, Tristan aurait quelque chose à faire signer.

Tout occupés à admirer ce qui se passait autour, à observer les gens, les tenues, les mimiques, à écouter les conversations, à s'échanger quelques mots, les deux invalides ne reconnurent pas le tandem juste devant eux, en conversation avec l'auteur. Ils n'attirèrent toute leur attention que quand le plus bijouté des deux, avec sa tête de chibre enfarinée, ouvrit son claque-merde pour... saluer leur absence dans les textes de Boréalion, puis envisager de les faire chasser par les agents du guet.
Tristan s'affaissa sur lui-même, regrettant presque soudain d'être entré là où il dissonait. Aussitôt, Lénius passa son gros bras autour de ses épaules et lui adressa un regard ferme : non, ce n'était pas à eux de s'en aller. Et oui, ils savaient lire. La gargouille s'apprêtait à rétorquer qu'en revanche, il y avait sûrement des cons dans les romans de Boréalion - aussi l'individu aurait-il à qui s'identifier. Mais heureusement l'auteur en personne répondit avec esprit et tact. Sa réplique lui valut un petit sourire de Tristan, si d'aventures il venait à le croiser des yeux, et un hochement de tête de Lénius. Le bouffon était bien curieux de quel genre de dédicace il avait pu lui rédiger, au comparse de cet imbécile-là. Nul autre que le père Bellanger - décidément, toujours partout pour sévir. Après la liste des défauts que Boréalion avait assuré autorisés à entrer céans, la gargouille grommela :

-- Mais heureusement pour Monsieur, tout cela n'est pas encore reconnu infirmité.

Et voilà que le Bellanger en remettait une couche. Sur Lénius, passe encore, il s'en moquait... mais son sang se glaça quand il se mit à offenser Tristan. Tristan qui avait déjà tant souffert. Tristan à qui ce mois de septembre et cette brève idylle n'avaient apporté que du malheur et des insultes ! ...Tristan qui ne savait plus quoi dire, les joues déjà empourprées, avec une furieuse envie de disparaître sous le plancher. Son dos roula comme un chat, ses bras se serrèrent autour du fascicule qu'il voulait donner à signer à l'écrivain.

-- On verra si votre bonne éducation suffira à vous refaire marcher le jour où on vous logera une...

Lénius n'eut pas le temps d'aller plus loin, une élégante jeune femme s'interposait d'un pas vif.

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Floren10

Florentyna de Monthoux, 18 ans

Un peu gênée, Florentyna avait hoché la tête et souri aux félicitations que lui adressait le jeune homme aux bijoux pour ses fiançailles. Sans trop savoir dire pourquoi, il ne lui inspirait rien qui vaille. Elle sut ensuite que son intuition était juste quand elle entendit les propos des deux comparses. Elle en écarquilla les yeux. Ces injures, là, dans un lieu mondain et littéraire, pendant un événement censé apporter plaisir, belles rencontres et raffinement ! Choquée, ce fut d'abord vers Boréalion qu'elle tourna un regard profondément navré. Il n'avait pas besoin de cela : ces deux rastaquouère n'allaient pas gâcher les dédicaces ! Puis, des yeux peinés vers les deux messieurs en fauteuil qui n'avaient rien demandé. Il était même touchant de revoir Tristan - et de le voir ici.
La demoiselle aurait bien discuté avec lui, mais l'urgence fut d'éloigner les deux importuns dont l'un en remettait une sévère couche dans l'outrage et la stupidité. Tristan, un démon, eh bien voyons... Elle ne laissa pas Lénius aller au bout de sa phrase et s'interposa, pile devant Monsieur Bellanger.

-- Oh, Monsieur je ne vous avais même pas reconnu au milieu de tout ce monde ! Je vois que vous amenez (regard vers Roméo) des amis aux bonnes adresses. J'ai récemment pensé à vous (mon œil... le but n'était que de l'occuper et le flatter) tandis que Madame Di Strania, une auteure de tragédies en train de monter, est venue à la Cour ! Avez-vous des ouvrages de sa plume dans vos rayonnages ? Il vous les faut, je gage que plus d'un bel esprit vous les viendra demander ! Oh, et je dois vous adresser tous mes compliments pour les sonnets de Du Boissy que vous m'aviez recommandés (ils étaient nuls à crever en vérité... mais elle devait faire diversion) l'autre fois par l'intermédiaire de mon père.

Et tandis qu'elle cherchait comment continuer de parler encore, elle se dirigeait subtilement vers la sortie - après un bref regard entendu à Boréalion qu'elle espérait sortir de ce grand moment de gêne. En espérant que le Bellanger l'y suive, mais a priori... entre les flatteries et le fait de parler à rien moins que la future femme du fils d'un Ministre, cela devrait suffire. Quant à l'autre blanc-bec, elle ne l'oubliait pas :

-- Si vous aimez, Monsieur, la littérature faisant l'apologie des hommes forts et parfaitement valides (y avait-il un brin de moquerie dans ses paroles ? Oh, un brin peut-être, mais savamment déguisé derrière la voix douce, naïve et sincère dont elle était capable) vous apprécierez j'en suis certaine les récits de la bataille des Thermopyles dont votre ami saura sûrement vous fournir les meilleures versions reliées...

Seigneur, mais qu'est-ce qu'elle racontait... Peu importait, l'important était que ses pas les avaient ramenés à la porte. Et on ne coupait pas une dame, voyons, surtout de si honorable rang.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 3 Fév - 10:46





Roméo Menthon, 24 ans
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Handiphobie (encore):

Tout s’embrasa si vite qu’un peu plus et cette mauvaise librairie aurait fait feu de ce mauvais romancier. Quel dommage ! Roméo savait pertinemment que c’était une très mauvaise idée de base que de venir à cette dédicace pour jeunes filles fleur bleue. Il avait jeté un œil dédaigneux à cette dédicace insultante. Comment osait-il ! Il ne perdait rien pour attendre. Le négociant se jura de lui mener la vie dure dès que l’occasion se présenterait.
Bien entendu son mentor appuya ses propos utilisant son propre fils. Enfin fils, garçon qu’il avait élevé fort heureusement. Mieux valait ne pas partager de sang commun avec une telle engeance qui n’apportait que problème sur problème. Son ami en doutait en ce moment, mais il verrait bien d’ici quelque temps que ces gens ne sont pas faits pour tenir fièrement debout. Où qu’il soit, il finirait par tomber et ramper dans la fange à laquelle il appartenait. Il approuva d’un hochement ferme les paroles au sujet de ses sangsues bonnes à rien qui vivaient aux crochets de la bonne morale chrétienne.
Roméo n’était pas dupe de l’intervention de la demoiselle qui les poussait gentiment vers la sortie afin d’étouffer l’affaire. Il lui jeta un regard de biais, grinçant des dents. Comment une femme aussi douce et pieuse et douce que la fille du comte de Monthoux pouvait-elle accepter de prendre le parti de pareils rebuts ? Il lui adressa pourtant un sourire plein de bonhommie à sa suggestion.

— Je ne manquerai pas d’y songer pour agrémenter mes soirées, je vous remercie.

Puis lorsqu’ils furent hors de portée d’oreilles, le jeune homme se tourna vers son ami :

— Je suis curieux de savoir si vous apprécierez toujours autant l’écrivain après avoir lu sa dédicace piquante.
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Message par Boréalion Ven 4 Fév - 16:39

Fatigant. Ces individus étaient fatigants. Non sans que la remarque de Lénius ait jeté une pointe de facétie à son sourire, Boréalion rendit son ouvrage au libraire. Il espérait le voir en profiter pour comprendre que son tour était passé, mais il fallut que cet imbécile relance le débat. Héloïse s'était avancée, ennuyée par cette acrimonie. Elle espéra qu'il ne dirait pas trop d'idioties… Célénian fronça les sourcils à ces attaques. Que dire de ce garçon ?

— Si c'est désagréable, de préférence rien, suggéra-t-il avec un sourire crispé. 

Mais non, il tenait à en rajouter, et alors que le garçon ne se sentait plus du tout à l'aise - il fallait éviter de lui demander de décrire ce sentiment - Lénius chauffait… l'auteur n'eut pas le temps de contourner sa table, retenu par sa sœur, que Florentyna intervint. Parfaite. Elle était parfaite. Il lui rendit son regard avec reconnaissance : mieux valait qu'il ne quitte pas son poste..

— Je suis désolé, vous n'êtes pas venus pour subir ce genre d'attitudes.

— Bonjour, Lénius, le salua discrètement Héloïse, avec un signe de tête pour le plus jeune qui l'accompagnait. 

Oh, ces messieurs avaient un peu exagéré, mais enfin, elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce dont ils pouvaient avoir l'air de laisser publiquement voir une entente avec… ce genre de personnes. Ce n'était pas très gentil pour eux, elle le savait, mais… enfin, n'auraient-ils pas pu s'arranger pour ne pas venir faire tache au milieu de la bonne société… Enfin, ils devaient comprendre : il n'aurait pas fallu que ce genre de fréquentations les mettent en difficulté… Et puis, même si la plupart se taisaient, ils devaient mettre un certain nombre de personne mal à l'aise en étant là... Ce n'était pas contre eux, mais... enfin, tout de même. Évidemment, Célénian ne se posait même pas la question, il fallait s'y attendre. Tout ce qui le tourmentait en dehors du léger accrochage, c'était qu'à force de serrer ainsi son fascicule, le jeune infirme allait l'abîmer.

— Qui nous amenez-vous ? s'enquit-il.

Ce n'était pas tout ça, mais la présentation faite par le libraire ne lui convenait pas.
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Message par Alexandre Sam 5 Fév - 10:56

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Romain17
Romain Bellanger, 54 ans, libraire

Tout en toisant de toute sa hauteur les deux invalides à l'entrée de la librairie, Romain savourait cette sensation de puissance quand il pouvait ainsi mépriser de petites gens, assuré d'être dans son bon droit. Qui viendrait prendre la défense de parasites ? L'Eglise elle-même s'évertuait à rappeler quotidiennement que les infirmes étaient le fruit du démon. Lui n'y croyait guère. Comme il ne croyait absolument en Dieu et les Saints. L'argent et le profit, voilà quels se révélaient être ses véritables idoles. Tout en méditant à son argumentation, le libraire songea que l'utilisation de son fils Alexandre ou du Premier Consieller  apportait plus de poids à ses argumentations. Elle permettait de le montrer comme un homme nuancé, là où son ami Roméo plaçait les infirmes dans un seul sens, et de réaffirmer les valeurs fondamentales du travail. Personne ne saurait contester de telles positions. Pour preuve, dans cet établissement, en dépit de la foule assez nombreuse, aucune voix ne s'élevait pour le contredire. Ils approuvaient silencieusement ses paroles.

Brusquement, la fille du comte de Monthoux vint le saluer et Romain abandonna immédiatement les deux infirmes pour se tourner, tout sourire dans sa direction. Il la salua fort poliment et s'exclama bruyamment, désireux de révéler à tous le lien qui l'unissait à une dame aussi importante.


"Mademoiselle, je n'avais pas remarqué votre présence, vous me voyez confus. Toutes mes félicitations pour vos fiançailles ! Avez-vous bien reçu ce recueil de poèmes que j'avais fait parvenir au domaine de votre père pour vous féliciter de cet heureux événement ?"

Il étouffa un rire intérieur qui le gagnait en songeant que le fameux recueul n'était rien d'autre qu'un invendu qui encombrait sa réserve depuis plusieurs années. Il servirait bien plus à entretenir de bonnes relations avec sa clientèle qu'à espéré être vendu.

"Mais je suis enchanté que mon nom vous revienne dès que vous entendez parler d'une nouvelle plume ! Quel honneur vous me faites ! Je connais cependant déjà cette madame Di Strania et je possède quelques un de ses exemplaires en langue monbrinienne et en toscan, la langue originelle du manuscrit. Je dispose même d'un ouvrage superbement illuminé. Il faudra passer à l'occasion l'admirer. Vous verrez, c'zest absolument sublime ! En tant que libraire, j'ai pour politique de toujours satisfaire un client, surtout quand celui-ci montre un tel amour pour al littérature que vous. Je suis ravi d'apprendre que ces vers de Boissy ont su avoir un tel charme sur vous."

Tout en discutant, ils se dirigeaient vers la sortie sans que Romain ne le remarque. Ce dernier était bien trop préoccupé par le souci de plaire et de laisser entendre les attraits pour son propre commerce. La dame se tourna ensuite vers Roméo pour proposer une lecture sur des hommes forts et lui ne put que rebindir quand elle mentionna sa boutique.

"Bien sûr ! Bien sûr ! Nous possédons de nombreux ouvrages sur cet épisode glorieux ! Avec les versions grecques et latines ! Et aussi des ouvrages de commentaires ou d'analyses sur ce même sujet !"

Après cette merveilleuse dose de publicité, Romain estima le bon moment pour se retirer. Néanmoins, avant de partir, il couvrit encore Florentyna de quelques compliments élogieux et prit finalement congé. Il suivit ensuite à l'extérieur son ami Roméo et l'entendit quelques mètres plus loin émettre une critique sur Boréalion et sa dédicace. Qu'insinuait-il ? Romain préféra ne pas insister. De toute manière, peu importe le message laissa, un ouvrage signé par le grand auteur apporterait une belle fortune. Détendu, il se mit ainsi à siffloter joyeusement.

"Ah! Quelle belle journée, mon ami !"
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Message par Le Cent-Visages Mar 8 Fév - 8:30

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Floren10

Florentyna de Monthoux, 18 ans

Toute occupée à éloigner les deux gêneurs, Florentyna ne fit pas attention à ce que Célénian avait bien pu écrire dans l’exemplaire du libraire visqueux. Elle n’accrocha qu’un court instant le regard soulagé de l’écrivain – qui Dieu merci n’eut pas à se lever et quitter sa table – avant de déblatérer une totale improvisation tandis qu’elle raccompagnait aimablement ces messieurs. Heureusement qu’Alduis s’était déjà éloigné et n’assistait pas à ça. Il sembla, à l’air du jeune homme, qu’il n’était pas complètement dupe de sa manœuvre – ce que sa réponse laconique confirma à la demoiselle. Mais elle n’avait pas grand-chose à faire de son avis, du moment qu’il suivait le mouvement. Et puis, il ne semblait pas des plus enthousiastes à avoir rencontré Boréalion, mais plutôt du genre d’une de ces mamans blasées quand elles sont contraintes d’accompagner leur pucelle surexcité au concert de son idole. Tant mieux, quelque part.
En revanche, s’il y avait bien une mouche qui se prenait au miel, c’était le père Bellanger. Florentyna tint donc son rôle et hocha plusieurs fois la tête à ses questions. Oui, oui, elle avait bien reçu le recueil.

— Notre rencontre me donne l’occasion de vous remercier de vive voix.

Le recueil était bon, en effet. Bon à caler une étagère un peu branlante. Quant à la venue de la poétesse en ville, là encore elle opina du chef aux compliments plus ou moins vaseux du libraire. En tout cas, elle proposerait à Kalisha ou Bérénice d’aller en sa compagnie écouter les fameuses tragédies. Comme les deux sieurs partaient, Florentyna les salua bien poliment. Elle attendit qu’ils soient un peu loin pour pousser un soupir soulagé, resserrer son étole à ses épaules, et regagner l’intérieur de la librairie. Laissant Boréalion avec les deux invalides, elles choisit de ne pas s’imposer et alla faire quelques pas à travers les rayonnages, découvrir d’autres livres et entretenir ici et là la conversation.

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Trista13 [17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Lzoniu10

Tristan, esclave, 15 ans ~ Lénius, troubadour, 27 ans

Lénius à son tour apprécia la fine répartie de Boréalion, avant de se tendre comme un arc alors que le libraire en remettait une couche. La colère lui monta, il s’apprêta à rétorquer avec acidité tandis que l’auteur semblait prêt aussi à se lever… mais pour leur bien à tous ils n’en eurent pas le loisir.
Ils trouveraient ultérieurement comment adresser à Mademoiselle de Monthoux toute leur reconnaissance, mais pour l’heure tous deux la regardèrent manœuvrer. Comment son imbécile de paternel avait-il pu engendrer cette jeune femme-là ? Elle devait tout tenir de sa pauvre défunte mère…
Quand l’ordre fut revenu, Lénius remarqua Héloïse qui approchait et la salua comme il se devait, d’un petit signe de tête. Quant à venir ici pour subir ce genre de scènes, les deux invalides s’échangèrent un bref regard un brin désabusé. C’était classique, malheureusement. Autant Lénius arrivait à laisser glisser ces incidents quand cela le concernait, autant il ne supportait pas d’entendre son jeune camarade injurié. Tristan d’ailleurs n’en menait pas large. Décidément… devait-il se résoudre à ce que, où qu’il aille, quelle que soit sa situation, il doive toujours s’attendre à ce genre de propos ? Certains jours, il se sentait découragé.

— Voyons, je vous en prie, vous n’y êtres pour rien, glissa Lénius à Boréalion. Au contraire, merci pour votre soutien – qu’il avait bien deviné. Puis, plus souriant, à Héloïse : Bonjour, chère Madame.

Et comme le frère et la sœur s’intéressaient à Tristan, son comparse engagea :

— Je vous présente un très cher ami, Tristan. Il est page, dans la bonne maison Cassin-d’Aubeville, qui profite de ses nombreux talents !

Page, voilà qui parut assez vague à Lénius pour dire la vérité sans dire « esclave ». Quant au reste, cela ne mangeait pas de pain et contrebalancerait la présentation infamante déroulée par le libraire. Non, Tristan devait entendre qu’il n’était pas un parasite. Qu’il travaillait auprès d’une élégante demoiselle de la bonne société, dans une bonne maison dont Lénius ne s’était pas privé de donner le nom. Et qu’il avait du talent. Tristan d’ailleurs finit enfin par se dérouler, à sortir la tête de ses épaules comme une tortue de sa carapace, enfin rassuré. Ses petits doigts timides se décrispèrent du pauvre fascicule.

— Bonjour M’dame. Bonjour, M’sieur. (Il osa enfin lui tendre le livret, avec un sourire tout impressionné de se trouver avec un artiste et une jeune dame elle aussi de toute évidence respectable.) Je… j’apprends à lire en ce moment grâce à Mad’moiselle Cassin. Comme ça, bientôt, j’pourrai savourer tout seul vot’ mot et tout le reste. (Encouragé par un sourire de Lénius, il engagea avec toute sa curiosité bienveillante) Alors comme ça vot’ métier c’est d’inventer des histoires ? Vous en avez toujours qui vous viennent, ou bien… on bien si y a des pannes, y s’passe quoi ?

La conscience de la précarité menaçante était toujours si aiguë chez lui. Lui qui l’avait tant vécue en si peu d’années de vie. Que se passait-il, si un écrivain n’était pas toujours plein d’histoires à offrir ? Ses grands yeux suivront le mouvement de plume de Boréalion, puis iront rencontrer aussi la jeune dame avec lui – peut-être qu’elle partageait le quotidien de l’écrivain, avec ses succès et ses risques ? Qu’est-ce qu’elle en pensait, elle ?
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[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Empty Re: [17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre

Message par Boréalion Dim 13 Fév - 10:37

Boréalion sourit. C'était bien normal, voyons ! Ah, mais tant mieux s'ils ne lui tenaient pas rigueur de ce petit accrochage. Lénius présenta alors le jeune garçon. Tristan, page. Oui, bon, à vrai dire ces informations-là l'indifféraient un peu. Le nom, évidemment, lui évoqua un certain nombre de choses, mais ce fut la dernière précision qui capta son attention.

— Enchanté, Tristan. Des talents, dites-vous ? le relança-t-il, curieux d'en apprendre davantage.

Il acquiesça à son bonjour, récupérant machinalement le livret qu'il lui tendait. Alors il apprenait à lire ? Ah, il se demandait parfois ce que pouvait être la vie sans cette possibilité de déchiffrer des lettres.

— Eh bien, je m'en réjouis sincèrement pour vous. La lecture est l'une des plus belles activités qu'il m'ait été donné de pratiquer.

La lecture de manière générale était une évasion dont il n'aurait pu se passer, indépendamment du fait que ses propres oeuvres soient ce que la littérature monbrinienne avait de mieux à offrir. À vrai dire, il était absolument tragique que tout le monde ne puisse pas avoir accès à autant d'histoires. C'était certainement la plus cruelle des injustices.

Son métier était-il d'inventer des histoires ? De les composer, surtout, c'était ce qui prenait le plus de temps. Et de les mettre en forme. Mais ce n'en était que l'aspect le plus pratique. Son métier, son devoir, c'était de partager le courage, l'évasion, loin de la réalité monotone dans laquelle tout le monde se trouvait enfermé. C'était de transformer cette réalité en une source d'inspiration pour égayer les âmes. C'était… courir le risque de se retrouver sur la paille le jour où il n'aurait plus d'histoires à raconter ? Quelle importance : il vivait de ne faire presque que ce qui lui plaisait !

— On attend que cela revienne et l'on nourrit son inspiration, je suppose. À vrai dire, cela arrive assez régulièrement. Certains jours, les mots viennent. D'autres jours, ils viennent sur un sujet qui ne concerne en rien ce que l'on écrit. Enfin, certains jours, ils ne viennent pas du tout et dans ces cas-là, mieux vaut se concentrer s'en détourner. À force de la rendre jalouse, l'inspiration revient d'elle-même !

Et parfois, cela prenait du temps. Sans Delphina, ce n'était pas pareil. Sans lui en parler, sans partager, sans cette passion littéraire qu'ils avaient ensemble. Oh, bien sûr, il savait écrire seul, c'était son propre talent, mais cela n'avait plus le même goût. De toute manière, un grand auteur n'avait pas besoin d'être régulier. Son œuvre actuelle était déjà remarquable ! Il avait déjà su toucher tant de monde !

Héloïse sourit au jeune infirme, s'abstenant d'ajouter qu'en tout cas, les pannes d'inspiration ne réveillaient pas le sens des priorités.
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Message par Le Cent-Visages Jeu 3 Mar - 21:39

[17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Trista13 [17 février 1598 - RP ouvert] Littérairement vôtre Lzoniu10

Tristan, esclave, 15 ans ~ Lénius, troubadour, 27 ans

Enfin délivrés de ces deux gluants grâce à l'habile jeune dame, Tristan et Lénius retrouvèrent leur complicité et leur bonne humeur. Le troubadour en profita pour redonner confiance à son jeune ami en faisant les présentations avec Boréalion. Et cela fit tout drôle au petit invalide que ce grand auteur se montre curieux de ce qu'il faisait. D'une voix d'abord mal assurée - il se rappelait des reproches que ces activités "impies" et "efféminées" lui avaient valus - il finit par confier :

-- Euh. D'la danse. Et faire des bijoux. Tirer les cartes, aussi. Si vous v'nez parfois dans les rues, y s'peux que vous m'voyez en train de faire ça, puisque Mademoiselle Cassin m'autorise. (Et il ne put que se réjouir d'entendre Boréalion partager sa joie pour la lecture.) Pour sûr ! Et puis faut bien apprendre à lire pour savoir après écrire des grandes histoires... Sauf... euh, sauf exception peut-être.

Il se demandait parfois comment ça se passait, si une personne bien pauvre et illettrée avait quand même de belles histoires dont elle pourrait profiter les autres. Oh, il y avait les conteurs et les conteuses, lors des veillées. Mais se pourrait-il que des bonnes âmes prennent en note ? Quoi que, cela pourrait aussi risquer d'ôter la magie que revêtait aussi la transmission orale.

-- Ah, que voilà une déesse bien capricieuse ! commenta Lénius quant à l'inspiration. Presque autant que la Fortune. Ces gens qui se font désirer !

Tristan, lui, souriait en retour à la jeune femme très discrète à côté de l'auteur. Songeur, il méditait cette idée si fructueuse qui consistait à chercher l'inspiration dans tout ce qui pouvait nous entourer au quotidien. Même si ce n'était pas pour le récit qui occupait, là, en ce moment l'auteur. Il souffla de rire, à ce bon mot sur l'inspiration, puis se pencha pour guigner les élégantes lettres qui allaient apparaître sur sa petite brochure, sous la plume de Borélion. Peut-être qu'avec les quelques sons qu'il connaissait déjà, il arriverait à déchiffrer quelques premiers morceaux !
Lénius quant à lui surveillait par réflexe les alentours, prêt à faire le nécessaire si jamais d'autres importuns venaient à eux... C'était une incommodité avec laquelle il s'était accoutumé à vivre, et toujours du regard il prévenait l'attaque où elle pouvait arriver. Plus encore quand il s'agissait s'en préserver Tristan.
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Message par Boréalion Jeu 16 Juin - 21:59

Danse, cartes, bijoux… C’était plutôt original, et Dieu savait que rien n’attrayait davantage Boréalion. Il nota soigneusement tout cela dans un coin de sa tête. Pas tant pour le réemployer à l’écriture, pour le coup, que pour soigner sa dédicace.

Lire enrichissait, c’était certain. Mais la remarque de garçon le fit réfléchir. Sans doute pouvait-on avoir les idées sans éducation, mais pouvait-on avoir la technique ? Il en doutait : pour innover, il fallait connaître ce qui se faisait déjà. Pour formuler, il fallait avoir des notions. Du vocabulaire. Mais cela, il n'était jamais trop tard pour l'acquérir. C’était bien pour cela qu’il fallait rendre la lecture accessible au plus grand nombre.

— Celui qui veut écrire, nul ne peut l’arrêter.

Il suffisait d’apprendre, de s’exercer, de se lâcher. Oh, tout le monde ne pouvait pas avoir son talent, tout le monde ne pouvait pas être un génie, mais rien ne pouvait empêcher une âme emplie d’histoires et de volonté de les partager - du moins, rien n’aurait dû en être capable ! Finalement, la seule qui pouvait les enchainer était cette déesse tyrannique appelée inspiration.

— Cruelle, cruelle, commenta-t-il en lissant le fascicule. Il trempa sa plume et précisa : Ce “presque” me semble bien superflu.

Puis, de son écriture fine, il nota :

Pour que dansent les mots
Qu’ils scintillent, ces joyaux
Quelle combinaison aurait pu prédire
L’ultime joie que l’on éprouve à lire

A Tristan
Boréalion
Boréalion
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