[10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
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[10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Matthieu avançait comme si tout lui était dû. Cela exaspérait Irène. Le poids d'Alexandre commençait à lui peser, comme des dizaines de questions. Elle remarqua que Matthieu l'emmenait dans des ruelles froides et isolées. Où diable les emmenait-il ? Elle craignait le pire pour les garçons. Tout ce que Matthieu avait dit, il le ferait, elle le savait. Elle ne pouvait les laisser entre ses mains. Cela dit, elle savait qu'elle devait y aller en douceur, sinon, son frère se fermerait comme une huître.
- Que fais-tu ici ? Et quel... quel est cet accoutrement ?
- Ne sais-tu plus reconnaître un cardinal petite soeur ?
Il glissa un regard moqueur vers elle. Irène serra les dents. Elle n'était plus une petite fille avec laquelle il pouvait jouer comme une poupée.
- Ca suffit Matthieu, tu sais très bien de quoi je parle.
Matthieu laissa délibérément planer le mystère. Irène finit par le railler.
- J'aurais pourtant dû m'en douter... C'est le cardinal Clovin, c'est cela ? Ne fais pas l'innocent, je sais qu'il t'a laissé bien plus que sa place d'évêque, n'est-ce pas ?
- Voyons ma chère sœur, tu devrais pourtant savoir que seule Sa Sainteté le Pape Clément VIII nomme les cardinaux. Il a entendu beaucoup de bien de moi et m'a nommé au rang de cardinal. Figure-toi que je me rendais à Rome et que j'ai pensé que je ne pouvais traverser Monbrina et sa capitale sans embrasser ma cadette.
Il lui décrocha un sourire à faire peur. Les yeux d'Irène ne fléchirent pas et lui envoyèrent des éclairs en retour. Malgré ses contacts qui avaient dû agir dans l'ombre, il était certain que Sa Sainteté avait dû apprécier son frère. Irène savait qu'il était impitoyable, que ce soit envers les juifs ou les jésuites. On racontait même qu'il avait fait décapité une pauvre jeune fille et sa mère devant un enfant. Irène en eut le cœur soulevé. Elle fit un effort pour ne pas flancher et se fixa plutôt sur Tristan.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Tristan avançait avec difficultés sur les rues escarpées. Il ne se plaignait pas et gardait ses pupilles dorées rivées aux pavés boueux sur lesquels il progressait. L'ombre du cardinal le noyait. Près de lui, la présence d'Irène l'empêchait de céder complètement à la terreur et il priait pour le réveil proche d'Alexandre. Puisse-t-il n'avoir rien de grave. Cette journée épouvantable devait se terminer mieux qu'elle n'avait commencée, mais il redoutait ce qu'allait faire leur nouveau maître. L'oreille attentive de Tristan ne perdait pas un mot de la conversation entre le frère et la sœur, encore moins les suspicions de cette dernière sur les agissements du cardinal. Tout à l'écoute de cet échange, il s'oublia à relever le visage et faire des yeux des aller-retour entre Irène et le religieux.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Le corps d'Alexandre reposait dans les bras Irène, porté tel un Jésus que l'on venait de décrocher de sa croix pour l’amener jusqu'au tombeau. Dans son inconscience, il gémissait faiblement. Ses muscles endoloris tremblaient. Seul son esprit était apaisé, parti loin des tourments actuels que lui causaient ce monde.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Irène captait bien le regard angoissé de Tristan. Elle essayait de tenir Alex mais commençait à avoir des difficultés. Matthieu se retourna, la sentant en difficulté. Il capta alors le regard de Tristan. Quel était cet individu exactement ? Un homme, une femme ? Il fronça le nez.
- Qui te permet esclave ?
Il s'apprêta à porter la main sur Tristan, mais ce fut lui qui prit un coup. Matthieu en resta hébété un moment. Irène était plantée devant lui, la main encore tremblante de la gifle qu'elle venait de lui donner. Elle le fixa d'un air glacial.
- Je t'ai dit... Je t'ai prévenu, depuis que nous nous sommes vus la dernière fois...
- Comment l'oublier... articula-t-il en détachant la mâchoire.
Il sourit cependant et tendit l'autre joue. Irène le regarda, désorientée
- Eh bien ? Toi qui te targue de connaître la Bible mieux que personne ?
- Assez... tu n'as vraiment pas changé...
Elle soupira et reprit sa marche. Elle commençait à reconnaître les rues. Pourquoi allaient-ils vers sa boutique ?
- Qui te permet esclave ?
Il s'apprêta à porter la main sur Tristan, mais ce fut lui qui prit un coup. Matthieu en resta hébété un moment. Irène était plantée devant lui, la main encore tremblante de la gifle qu'elle venait de lui donner. Elle le fixa d'un air glacial.
- Je t'ai dit... Je t'ai prévenu, depuis que nous nous sommes vus la dernière fois...
- Comment l'oublier... articula-t-il en détachant la mâchoire.
Il sourit cependant et tendit l'autre joue. Irène le regarda, désorientée
- Eh bien ? Toi qui te targue de connaître la Bible mieux que personne ?
- Assez... tu n'as vraiment pas changé...
Elle soupira et reprit sa marche. Elle commençait à reconnaître les rues. Pourquoi allaient-ils vers sa boutique ?
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Un frisson d'horreur secoua Tristan : le cardinal inspectait froidement son corps puis lui adressa une remontrance pour un simple regard. Il se rendit alors pleinement compte que désormais, on lui interdisait même la moindre émotion, le moindre geste de son plein gré. Qu'il n'était qu'un meuble qu'on pouvait se racheter de main en main sans sourciller. Tout à sa détresse, il ne bougea même pas et ne se protégea en rien quand le religieux faillit le battre. Mais le coup ne vint pas. Tristan sursauta en découvrant qu'Irène avait giflé l'homme. Il eut envie de sourire mais se retint fort heureusement. Ses yeux se baissèrent et de ses oreilles il ne perdit pas une miette de la scène, tout en continuant d'avancer.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Irène posa une main sur l'épaule de Tristan.
- N'écoute pas cet imbécile. Tant que je suis avec toi, il ne te fera aucun mal.
Et qu'en serait-il quand elle serait partie ? Elle connaissait son fameux tampon d'eau bénite. Il leur enfonçait une pointe dans le bras... Difficile d'arrêter de trembler ! Elle aurait tant voulu faire quelque chose... Cela dépendait d'où il descendait. Cependant, elle ne voyait aucune maison à l'horizon. Au contraire, elle crut reconnaître sa boutique devant.
- Matthieu... où nous emmènes-tu ?
- Chez toi, bien sûr.
- Mais...
Matthieu se tourna vers elle, le sourcil levé.
- Tu ne croyais quand même pas que j'allais laisser ces esclaves aux mains de cet intendant ? On dit que son maître est invalide également, il n'est pas acceptable qu'un esclave lui même frappé d'infamie physique se rende avec lui. Le démon investirait cette maison. Le pape compte sur moi pour assurer la paix à Monbrina, or une telle association démonique serait un véritable scandale.
- Tu...
Elle retint de se passer une main sur le visage. Avait-elle été vraiment assez stupide pour penser que pour une fois, il l'aurait aidé ?
- De plus, on m'a dit que tu étais seule à ta boutique. Ce n'est pas convenable pour une femme. Il te faut au moins un homme ou... quelque chose d'approchant.
Il fixe avec mépris Tristan. Irène darde un regard désapprobateur sur lui.
- Enfin bref... tu n'es pas capable de t'en sortir sans aide, surtout dans ton état. Depuis quand ai-je le plaisir d'attendre la venue au monde d'un nouveau neveu ?
Irène fronça les sourcils.
- Insinue seulement que j'ai trompé Antoine, et je te jure par tous les saints que je t'envoie à Rome à grands coups de pied.
- Oh, tu es toujours aussi sanguine petite sœur. Mère aurait vraiment dû veiller plus attentivement à ton éducation.
- Elle y a veillé, précisément...
- N'écoute pas cet imbécile. Tant que je suis avec toi, il ne te fera aucun mal.
Et qu'en serait-il quand elle serait partie ? Elle connaissait son fameux tampon d'eau bénite. Il leur enfonçait une pointe dans le bras... Difficile d'arrêter de trembler ! Elle aurait tant voulu faire quelque chose... Cela dépendait d'où il descendait. Cependant, elle ne voyait aucune maison à l'horizon. Au contraire, elle crut reconnaître sa boutique devant.
- Matthieu... où nous emmènes-tu ?
- Chez toi, bien sûr.
- Mais...
Matthieu se tourna vers elle, le sourcil levé.
- Tu ne croyais quand même pas que j'allais laisser ces esclaves aux mains de cet intendant ? On dit que son maître est invalide également, il n'est pas acceptable qu'un esclave lui même frappé d'infamie physique se rende avec lui. Le démon investirait cette maison. Le pape compte sur moi pour assurer la paix à Monbrina, or une telle association démonique serait un véritable scandale.
- Tu...
Elle retint de se passer une main sur le visage. Avait-elle été vraiment assez stupide pour penser que pour une fois, il l'aurait aidé ?
- De plus, on m'a dit que tu étais seule à ta boutique. Ce n'est pas convenable pour une femme. Il te faut au moins un homme ou... quelque chose d'approchant.
Il fixe avec mépris Tristan. Irène darde un regard désapprobateur sur lui.
- Enfin bref... tu n'es pas capable de t'en sortir sans aide, surtout dans ton état. Depuis quand ai-je le plaisir d'attendre la venue au monde d'un nouveau neveu ?
Irène fronça les sourcils.
- Insinue seulement que j'ai trompé Antoine, et je te jure par tous les saints que je t'envoie à Rome à grands coups de pied.
- Oh, tu es toujours aussi sanguine petite sœur. Mère aurait vraiment dû veiller plus attentivement à ton éducation.
- Elle y a veillé, précisément...
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Alors que Thierry regardait toujours la rue avec ce même regard triste, son attention aperçut soudain la silhouette d'un petit infirme qui roulait la tête basse. A son détail, il observa mieux, le cœur allumé d'un espoir fou. Et si... ? Cela lui paraissait fou, impossible. Mais il voulait y croire. Absolument. Il reconnut alors le visage de Tristan qui s'approchait effectivement puis distingua près de lui Irène. Dans ses bras, elle tenait quelque chose. Un corps, semblait-il. Les pensées s’enchaînaient en désordre dans son esprit. Il peinait à les relier.
Fébrile, Thierry bondit brusquement à l'extérieur, oubliant les deux enfants censés être sous sa responsabilité, et se précipita à leur rencontre. En approchant, il se figea décontenancé, en apercevant clairement le corps entre les bras d'Irène. Alex... Des aiguilles lui transpercèrent le cœur. Alex... Il ne bougeait pas, était inerte. Alex... Que lui était-il arrivé ? et si... ? Si dans la boutique, au regard de son infirmité, le marchand avait... Son esprit se révélait incapable de poursuivre cette phrase terrible que ses angoisses redoutaient.
"Irène... Alex est... Il est..."
Au milieu de sa panique, le prêtre aperçut l'homme qui accompagnait le cortège. A la couleur de sa robe, son teint pâle devint totalement livide. Un cardinal ! Que se passait-il ? Pourquoi rentrait-il avec Irène ? Et si.... Et s'il avait choisi de venir bénir son fils avant de le déposer dans la fosse commune des esclaves ? Thierry tremblait à cette pensée. Son fils... Son précieux fils... Les larmes au bord des yeux, il se força cependant à paraître digne, respectable, à montrer son humilité face au grand homme.
"Votre Éminence..."
Au vu de l'aveu révélé à la prévôté et répété au procès, le prêtre posa un genou à terre, courbant l'échine, évitant de le regarder. Dans sa situation, la soumission devait être totale.
"Je suis votre obligé, Monseigneur."
Fébrile, Thierry bondit brusquement à l'extérieur, oubliant les deux enfants censés être sous sa responsabilité, et se précipita à leur rencontre. En approchant, il se figea décontenancé, en apercevant clairement le corps entre les bras d'Irène. Alex... Des aiguilles lui transpercèrent le cœur. Alex... Il ne bougeait pas, était inerte. Alex... Que lui était-il arrivé ? et si... ? Si dans la boutique, au regard de son infirmité, le marchand avait... Son esprit se révélait incapable de poursuivre cette phrase terrible que ses angoisses redoutaient.
"Irène... Alex est... Il est..."
Au milieu de sa panique, le prêtre aperçut l'homme qui accompagnait le cortège. A la couleur de sa robe, son teint pâle devint totalement livide. Un cardinal ! Que se passait-il ? Pourquoi rentrait-il avec Irène ? Et si.... Et s'il avait choisi de venir bénir son fils avant de le déposer dans la fosse commune des esclaves ? Thierry tremblait à cette pensée. Son fils... Son précieux fils... Les larmes au bord des yeux, il se força cependant à paraître digne, respectable, à montrer son humilité face au grand homme.
"Votre Éminence..."
Au vu de l'aveu révélé à la prévôté et répété au procès, le prêtre posa un genou à terre, courbant l'échine, évitant de le regarder. Dans sa situation, la soumission devait être totale.
"Je suis votre obligé, Monseigneur."
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Au milieu de l'inconscience, une voix inquiète perça dans l'obscurité rassurante dans laquelle il avait sombré. Quelques paroles.. un cri... Son père ! Il le reconnut instantanément ! Il entendait son père qui s’inquiétait pour lui.
Battant difficilement les paupières, le jeune homme réussit à ouvrir les yeux mais sans pouvoir remuer le moindre membre.
"Papa...."
Sa voix était toute faible, gémissante. il ne voyait rien, ne distinguait rien.
"Papa .. ?"
Battant difficilement les paupières, le jeune homme réussit à ouvrir les yeux mais sans pouvoir remuer le moindre membre.
"Papa...."
Sa voix était toute faible, gémissante. il ne voyait rien, ne distinguait rien.
"Papa .. ?"
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Devant le sordide argumentaire du cardinal, Tristan se surprit à avoir pitié du seigneur de Frenn, à vouloir le défendre. C'était donc sur seul motif de son invalidité que le religieux avait tenu à lui retirer ses esclaves ! Quels genres de délires avait-il donc appris ? C'en était absurde : le baron n'était même pas infirme de naissance, mais accidenté, comme cela pouvait arriver à n'importe qui.
Au moins, Tristan entendit qu'Alexandre et lui allaient travailler chez Irène. Voilà une bonne nouvelle. Il en ressentit une bouffée de soulagement à laquelle succéda un autre tourbillon d'émotions : le père Thierry apparaissait et Alexandre rouvrait enfin les yeux ! Le prêtre s'agenouilla devant son supérieur hiérarchique. Tristan cette fois-ci ne put se tenir : il adressa un sourire au père d'Anjou dans l'espoir de le rassurer quant à son fils. Puis sa main fine vint saisir celle de son ami et il lui murmura :
-- C'est bien lui Alexandre. Tout va bien.
Il éprouvait un tel bonheur à le voir reprendre conscience qu'il avait parlé. Ses yeux brillèrent pour lui.
Au moins, Tristan entendit qu'Alexandre et lui allaient travailler chez Irène. Voilà une bonne nouvelle. Il en ressentit une bouffée de soulagement à laquelle succéda un autre tourbillon d'émotions : le père Thierry apparaissait et Alexandre rouvrait enfin les yeux ! Le prêtre s'agenouilla devant son supérieur hiérarchique. Tristan cette fois-ci ne put se tenir : il adressa un sourire au père d'Anjou dans l'espoir de le rassurer quant à son fils. Puis sa main fine vint saisir celle de son ami et il lui murmura :
-- C'est bien lui Alexandre. Tout va bien.
Il éprouvait un tel bonheur à le voir reprendre conscience qu'il avait parlé. Ses yeux brillèrent pour lui.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Grâce entendit la porte s'ouvrir à grand fracas et le père Thierry s'engouffrer dehors. Elle resta un instant figée, complètement démunie. Qu'est-ce qu'il avait vu ? Est-ce que sa mère revenait ? Elle prit Ludovic dans ses bras, comme sa mère le lui avait appris et se dirigea doucement vers l'entrée.
- Allez viens, on va voir si mère est là, intima-t-elle à son petit frère.
Matthieu vit un homme sortir en trombe. Que faisait-il dans la boutique de sa sœur ? Un prêtre de surcroît. La suspicion le fit un instant froncer le nez mais il se ravisa. Non, Irène était peut-être à contre-sens sur certains points mais il n'avait rien à reprocher à sa conduite morale. Sauf peut-être son parler avec les hommes. Il resta droit, prêt à accueillir son confrère.
Irène lui passa cependant devant sans ménagement. Elle vit la panique de Thierry et devina sa pensée.
- Ne vous affolez pas mon père, votre protégé est en sécurité.
Si Matthieu avait eu connaissance de la nature d'Alexandre, il l'aurait déjà évoqué. Aussi Irène préférait prévenir à demi-mot. Lorsqu'elle vit Thierry un genou à terre, elle secoua la tête.
- Relevez-vous, les garçons ont été éprouvés, nous avons tous besoin d'être au chaud.
Elle fit un signe à Tristan afin qu'il rentre en premier dans l'échoppe. Grâce partu également sur le pas de la porte, avec un grand sourire.
- Mère, vous revoilà !
Irène passa une main sur la tête de sa fille, lui intimant de se retirer à l'intérieur pour laisser Tristan. Matthieu se renfrogna, ne se sentant plus pleinement maître de la situation. Qu'importe. Il avait le contrat pour lui, il saurait le faire valoir. Il releva le menton fièrement devant le père Thierry.
- Dieu vous bénisse mon fils, levez-vous donc. Est-ce vous qui habitez le presbytère malheureusement détruit ? Je devais y descendre et je vous y ai attendu ce matin. Que faisiez-vous ?
Irène fusilla son frère du regard. S'il n'avait pas été prêtre, il aurait dû être juge. Cependant, il valait mieux pour tous qu'il soit prêtre.
Il rentra également lorsqu'Irène le demanda. La petite était très modeste et pleine de fioritures. Il plissa le nez, se demandant comment elle pouvait vivre ici après leur maison près du port. Il vit alors sa petite nièce qui le dévisageait. Il tenta un sourire qui l'effraya. Grâce se réfugia près de sa mère qui installait Alexandre sur une chaise. Matthieu reprit un air sévère.
- Eh bien Grâce, tu ne reconnais pas ton oncle ?
- Elle t'a vue à 2 ans Matthieu, et avec une soutane d'évêque.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Thierry se sentit véritablement rassuré que quand la voix faible de son fils lui parvint aux oreilles. Il en aurait pleuré de joie. Vivant ! Il était vivant ! Il tenta de se reprendre en entendant Irène qui désignait Alexandre comme son protégé. Le cardinal ne saurait encore rien de leur lien ? D'un autre côté, l'affaire était toute récente. Il n'avait déposé son aveu que hier en toute fin de l'après-midi. Irène l'invitait à se relever, tout comme le religieux.
Se recomposant une image, Thierry obéit mais conserva une attitude servile.
"J'ai été très occupé dernièrement, votre éminence. Je..."
Rapidement, son esprit réfléchissait à un mensonge crédible pour justifier son lien avec deux infirmes devenus esclaves.
"En tant que prêtre, je me consacre aux miséreux et aux âmes meurtries de ma paroisse. Ces garçons que vous voyez là, j'essayais de m'en occuper... Le premier, celui en béquilles, est très intelligent mais brimé par un père terrible. Je lui fournissais une instruction en vue de l'introduire dans un monastère où il aurait fait un moine tout à fait acceptable j'en suis certain. Quant au second, c'est un mendiant dont je m'efforçais à trouver un emploi mais son infirmité rebute bien sur les honnêtes gens. Malgré mes recommandations, ils n'en voulaient pas. je l'exhortais à ne pas désespérer, à continuer à croire que le Seigneur serait bon pour lui s'il acceptait de suivre sa voie... Malheureusement, ces garçons sont tombés dans une sinistre affaire... Ils ont surpris des choses compromettantes sur un personnage de la noblesse qui a bien sur essayé de se débarrasser d'eux. J'ai bataillé dur au procès qui s'est tenu aujourd'hui pour leur éviter la corde."
Au fil de son histoire, Thierry jugea qu'il serait peu crédible d'avoir laisser Irène, une femme, aller chercher les garçons. Comment justifier cet acte ?
"Après la condamnation, j'ai réfléchi au moyen de récupérer ces pauvres garçons. Aller au marché, négocier, débattre... Je suis si mauvais à cela. Je suis trop honnête et sensible. Je me fais souvent rouler en achetant trop cher un beurre ou du lait alors acheter des esclaves... J'ai ainsi eu l'idée d'envoyer cette femme, Irène, une commerçante chevronnée que je jugeais plus apte pour une telle négociation. En échange, j'ai ainsi proposé de garder ses enfants. De si jeunes petits.. Ils ne pouvaient l'accompagner !"
Il se rappela soudain avoir ignoré la question du presbytère et se décida à y répondre vite :
"Oui, il s'agit là d'une bien tragique histoire. J'aurai pu être là-dedans quand le feu a pris, le quartier aurait pu.. J'en tremble encore des conséquences terribles que cela aurait pu avoir. Apparemment, ce serait une déséquilibrée, toujours en fuite. Je me suis rappelé hier avoir vu une femme rôder quelques jours plus tôt avant l'incendie. Je l'ai signalé. mais comment savoir où cette folle peut-être ? Prions Dieu pour qu'elle ne commette point d'autres dégâts !"
Irène proposa ensuite d'entrer à l'intérieur et le prêtre suivit docilement le petit convoi. Il devait se retenir de ne pas arracher son fils des bras d'Irène. il l'observa, ému, l'installer sur une chaise. Son fils... Son cher fils... en vie. ici... Quel bonheur ! A cet instant, il entendit, choqué, le cardinal s'adresser à la petite Grace et se révéler être son oncle. Effrayée, l'enfant courut derrière sa mère. A l’attitude menaçante de l'homme, il pouvait la comprendre. Thierry observa attentivement le cardinal et Irène, déstabilisé. Leurs visages se ressemblaient, cela était vrai, mais leurs caractères, leur manière d'être... Il n'avait jamais vu jusque là de frère et de sœur plus différent.
"Vous êtes... le frère d'Irène ?"
Aux regards que les deux échangeaient, leurs relations n'étaient clairement pas au beau fixe. Thierry se décida à une petite comédie, voulant montrer au cardinal qu'il agissait conformément à son rôle de prêtre.
"Les liens entre un frère et une sœur sont ce qu'il y a de plus précieux, le sang proche, la famille proche... Cela est bien triste d'en voir quand ils sont fâchés. Prenez garde. Il viendra un temps où ces disputes, qui vous paraissent minimes, deviendront un jour un lourd regret. J'avais une sœur moi aussi. Elle est décédée depuis et il n'y a pas un jour où je ne m'en feuille pas nos misérables querelles, que je ne souhaite pas réécrire l'histoire... Eh tant que bon chrétien, ne sommes pas nous tous des frères et sœurs ? Des frères et sœurs qui doivent s'aimer et se pardonner. Les vrais frères et sœurs, ceux de sang, devraient encore plus appliquer cette règle de vie sous peine de perdre leur âme."
Conscient du risque que présentait sa démarche de faire un prêche à un cardinal, Thierry s'exprimait d'une voix très humble, pleine de miséricorde, dans lequel il voulait imprimer que le désir de transmettre sa compassion pour son prochain. Cette petite mise en scène, si elle était bien jugée, serait de bon ton pour la suite.
Se recomposant une image, Thierry obéit mais conserva une attitude servile.
"J'ai été très occupé dernièrement, votre éminence. Je..."
Rapidement, son esprit réfléchissait à un mensonge crédible pour justifier son lien avec deux infirmes devenus esclaves.
"En tant que prêtre, je me consacre aux miséreux et aux âmes meurtries de ma paroisse. Ces garçons que vous voyez là, j'essayais de m'en occuper... Le premier, celui en béquilles, est très intelligent mais brimé par un père terrible. Je lui fournissais une instruction en vue de l'introduire dans un monastère où il aurait fait un moine tout à fait acceptable j'en suis certain. Quant au second, c'est un mendiant dont je m'efforçais à trouver un emploi mais son infirmité rebute bien sur les honnêtes gens. Malgré mes recommandations, ils n'en voulaient pas. je l'exhortais à ne pas désespérer, à continuer à croire que le Seigneur serait bon pour lui s'il acceptait de suivre sa voie... Malheureusement, ces garçons sont tombés dans une sinistre affaire... Ils ont surpris des choses compromettantes sur un personnage de la noblesse qui a bien sur essayé de se débarrasser d'eux. J'ai bataillé dur au procès qui s'est tenu aujourd'hui pour leur éviter la corde."
Au fil de son histoire, Thierry jugea qu'il serait peu crédible d'avoir laisser Irène, une femme, aller chercher les garçons. Comment justifier cet acte ?
"Après la condamnation, j'ai réfléchi au moyen de récupérer ces pauvres garçons. Aller au marché, négocier, débattre... Je suis si mauvais à cela. Je suis trop honnête et sensible. Je me fais souvent rouler en achetant trop cher un beurre ou du lait alors acheter des esclaves... J'ai ainsi eu l'idée d'envoyer cette femme, Irène, une commerçante chevronnée que je jugeais plus apte pour une telle négociation. En échange, j'ai ainsi proposé de garder ses enfants. De si jeunes petits.. Ils ne pouvaient l'accompagner !"
Il se rappela soudain avoir ignoré la question du presbytère et se décida à y répondre vite :
"Oui, il s'agit là d'une bien tragique histoire. J'aurai pu être là-dedans quand le feu a pris, le quartier aurait pu.. J'en tremble encore des conséquences terribles que cela aurait pu avoir. Apparemment, ce serait une déséquilibrée, toujours en fuite. Je me suis rappelé hier avoir vu une femme rôder quelques jours plus tôt avant l'incendie. Je l'ai signalé. mais comment savoir où cette folle peut-être ? Prions Dieu pour qu'elle ne commette point d'autres dégâts !"
Irène proposa ensuite d'entrer à l'intérieur et le prêtre suivit docilement le petit convoi. Il devait se retenir de ne pas arracher son fils des bras d'Irène. il l'observa, ému, l'installer sur une chaise. Son fils... Son cher fils... en vie. ici... Quel bonheur ! A cet instant, il entendit, choqué, le cardinal s'adresser à la petite Grace et se révéler être son oncle. Effrayée, l'enfant courut derrière sa mère. A l’attitude menaçante de l'homme, il pouvait la comprendre. Thierry observa attentivement le cardinal et Irène, déstabilisé. Leurs visages se ressemblaient, cela était vrai, mais leurs caractères, leur manière d'être... Il n'avait jamais vu jusque là de frère et de sœur plus différent.
"Vous êtes... le frère d'Irène ?"
Aux regards que les deux échangeaient, leurs relations n'étaient clairement pas au beau fixe. Thierry se décida à une petite comédie, voulant montrer au cardinal qu'il agissait conformément à son rôle de prêtre.
"Les liens entre un frère et une sœur sont ce qu'il y a de plus précieux, le sang proche, la famille proche... Cela est bien triste d'en voir quand ils sont fâchés. Prenez garde. Il viendra un temps où ces disputes, qui vous paraissent minimes, deviendront un jour un lourd regret. J'avais une sœur moi aussi. Elle est décédée depuis et il n'y a pas un jour où je ne m'en feuille pas nos misérables querelles, que je ne souhaite pas réécrire l'histoire... Eh tant que bon chrétien, ne sommes pas nous tous des frères et sœurs ? Des frères et sœurs qui doivent s'aimer et se pardonner. Les vrais frères et sœurs, ceux de sang, devraient encore plus appliquer cette règle de vie sous peine de perdre leur âme."
Conscient du risque que présentait sa démarche de faire un prêche à un cardinal, Thierry s'exprimait d'une voix très humble, pleine de miséricorde, dans lequel il voulait imprimer que le désir de transmettre sa compassion pour son prochain. Cette petite mise en scène, si elle était bien jugée, serait de bon ton pour la suite.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
- Spoiler:
- Oh boudiou c'est pas possible elle est trop mignonne, Grâce, sur cette image
Tristan ne se fit pas prier pour entrer en premier dans la boutique, au mépris de la petite marchette qu'il réussit à passer en se tenant aux côtés de la porte. Autant échapper à l'emprise du cardinal. Sur le chemin, il adressa un sourire lumineux et un doux "Bonjour, demoiselle" à la petite fille qui venait d'apparaître.
Il écouta le discours comme de coutume très habile du père Thierry et acquiesça humblement à tout ce qu'il disait d'Alexandre et lui-même.
Il écouta le discours comme de coutume très habile du père Thierry et acquiesça humblement à tout ce qu'il disait d'Alexandre et lui-même.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
L'esprit confus, Alexandre se laissa porter par les événements. Il apprécia de sentir la main de Tristan caressant doucement la sienne. La sensation était légère et si plaisante. Il écouta difficilement les paroles d'une voix qu'il ne connaissait pas et celles de son père. Son père racontait à sa manière leur histoire puis évoquait le terrible incendie. Qui était cet homme ? Pourquoi se trouvait-il avec eux ? Il ne comprenait rien. Et où se trouvait-il donc ?
Soudain, Irène qui le portait le fit entrer dans une maison et le jeune homme reconnut l'intérieur. La boutique ! Il.. Il était chez Irène ? Elle avait réussi à l'acheter ? mais... Dans ces souvenirs, Guillaume signait le document puis négociait avec un homme intervenu subitement... Tout lui échappait !
Alors qu'Irène l'installait sur une chaise, Alexandre se prit la tête entre les mains. Elle semblait sur le point d'exploser.
Soudain, Irène qui le portait le fit entrer dans une maison et le jeune homme reconnut l'intérieur. La boutique ! Il.. Il était chez Irène ? Elle avait réussi à l'acheter ? mais... Dans ces souvenirs, Guillaume signait le document puis négociait avec un homme intervenu subitement... Tout lui échappait !
Alors qu'Irène l'installait sur une chaise, Alexandre se prit la tête entre les mains. Elle semblait sur le point d'exploser.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Tristan, une fois à l'intérieur de la maison, prit l'initiative d'aller trouver un chiffon sur une table toute proche. Il alla le tremper dans une réserve d'eau et s'en revint vers Alexandre pour lui proposer de lui tamponner le front. Ainsi cela pourrait-il l'aider à retrouver ses esprits. Ses gestes se voulurent réconfortants.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
L'eau froide sur son visage rafraîchissait Alexandre et l'aidait peu à peu à se reprendre. Les sens lui revenaient. son corps, lui, était trop épuisé, pour pouvoir bouger. ses bras pendaient lamentablement le long de la chaise, donnant l'impression que le garçon n'était rien d'autre qu'une marionnette désarticulée. Il surprit cependant le regard doux de Tristan et lui sourit.
"Merci."
Alexandre réussit ensuite à orienter le regard vers les voix. il distingua avec effroi le cardinal. Alors... Alors il les avait racheté ? Mais pourquoi étaient-ils alors chez Irène ? Son père essayait-il de les lui reprendre ? Il tourna le regard vers Tristan puis chuchota :
"Que se passe t-il ? Papa.. papa essaie de nous récupérer, c'est ça ?"
"Merci."
Alexandre réussit ensuite à orienter le regard vers les voix. il distingua avec effroi le cardinal. Alors... Alors il les avait racheté ? Mais pourquoi étaient-ils alors chez Irène ? Son père essayait-il de les lui reprendre ? Il tourna le regard vers Tristan puis chuchota :
"Que se passe t-il ? Papa.. papa essaie de nous récupérer, c'est ça ?"
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Un fond de bonne humeur regagna Tristan, à la vision de son ami qui revenait à lui, lentement mais sûrement. Il s'approcha le plus possible et lui répondit, d'une voix aussi basse que la sienne :
-- J'sais pas ce que va faire Thierry. Mais oui, le cardinal nous a achetés... Enfin... pour qu'on reste à travailler chez Irène si j'ai bien compris, en rapport à... euh... son état.
-- J'sais pas ce que va faire Thierry. Mais oui, le cardinal nous a achetés... Enfin... pour qu'on reste à travailler chez Irène si j'ai bien compris, en rapport à... euh... son état.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Matthieu fixe le prêtre comme s'il cherchait à le sonder.
- Je vois... Je constate que vous êtes sans doute trop bon... Comme ma chère sœur. Les invalides sont de la mauvaise graine. Le mal fleurit malheureusement plus rapidement en eux. Cependant, je me réjouis qu'un homme d'Eglise ait commencé à les éduquer. Voilà qu'ils vont nous servir maintenant, voilà qui leur fournit un travail respectable qui les remettra dans le droit chemin.
- Nous ?
Irène s'était détournée d'Alexandre dont Tristan s'occupait déjà fort bien. Elle marcha en direction de son frère, Grâce toujours accrochée à sa jupe. Ludovic commençait à s'agiter dans son berceau.
- Je croyais que tu les laissais chez moi.
- Ils m'appartiennent Irène. Et si je ne doute pas qu'une bonne chrétienne comme toi saura quelque peu les redresser, ils leur faut une éducation plus rude.
- Que dois-je entendre exactement ?
Grâce tremblait encore. Cependant, elle trouva le courage d'avancer un peu et de prendre la main de son oncle.
- S'il vous plaît monsieur... nous prenez pas Alexandre. S'il vous plaît.
Matthieu tapota la tête de sa nièce.
- Allons, je ne les prendrais pas longtemps. Mais j'en garderais toujours un. De préférence celui en béquille, celui en fauteuil pourra davantage t'aider à la boutique Irène.
- Matthieu... Ils ont des prénoms.
- Ce sont des esclaves.
Irène soupira. Il était incroyablement buté. Matthieu se tourna de nouveau vers Thierry.
- Je suis navré pour votre presbytère. J'ose espérer qu'on attrapera cette manante démoniaque.
Il sourit ensuite, d'un de ses sourires terrifiants après le sermon du prêtre sur les frères et soeurs.
- Bien entendu, tout cela est très juste mon père. Cependant, ma chère petite soeur se préoccupe plus de ses frères et soeurs de la paroisse plutôt que de sa famille.
- Tu es injuste... Je vous aime, tous les quatre. Paul, Marc et Joseph le savent et toi aussi. Seulement, tu fais tout pour te faire détester.
- Nous n'avons que de malheureuses opinions divergentes, n'est-ce pas ?
Irène secoua la tête. Ca ne servait à rien. Il avait toujours raison, parce qu'il était plus âgé, parce qu'il était cardinal, parce qu'il était homme, il y avait toujours une raison... Irène capta alors la question d'Alexandre. Elle lui passa une main sur la joue.
- Ne t'en fais pas, vous êtes en sécurité. Et si mon frère se croit tout permis, il comprendra vite que votre bien passe avant le reste.
- Je vois... Je constate que vous êtes sans doute trop bon... Comme ma chère sœur. Les invalides sont de la mauvaise graine. Le mal fleurit malheureusement plus rapidement en eux. Cependant, je me réjouis qu'un homme d'Eglise ait commencé à les éduquer. Voilà qu'ils vont nous servir maintenant, voilà qui leur fournit un travail respectable qui les remettra dans le droit chemin.
- Nous ?
Irène s'était détournée d'Alexandre dont Tristan s'occupait déjà fort bien. Elle marcha en direction de son frère, Grâce toujours accrochée à sa jupe. Ludovic commençait à s'agiter dans son berceau.
- Je croyais que tu les laissais chez moi.
- Ils m'appartiennent Irène. Et si je ne doute pas qu'une bonne chrétienne comme toi saura quelque peu les redresser, ils leur faut une éducation plus rude.
- Que dois-je entendre exactement ?
Grâce tremblait encore. Cependant, elle trouva le courage d'avancer un peu et de prendre la main de son oncle.
- S'il vous plaît monsieur... nous prenez pas Alexandre. S'il vous plaît.
Matthieu tapota la tête de sa nièce.
- Allons, je ne les prendrais pas longtemps. Mais j'en garderais toujours un. De préférence celui en béquille, celui en fauteuil pourra davantage t'aider à la boutique Irène.
- Matthieu... Ils ont des prénoms.
- Ce sont des esclaves.
Irène soupira. Il était incroyablement buté. Matthieu se tourna de nouveau vers Thierry.
- Je suis navré pour votre presbytère. J'ose espérer qu'on attrapera cette manante démoniaque.
Il sourit ensuite, d'un de ses sourires terrifiants après le sermon du prêtre sur les frères et soeurs.
- Bien entendu, tout cela est très juste mon père. Cependant, ma chère petite soeur se préoccupe plus de ses frères et soeurs de la paroisse plutôt que de sa famille.
- Tu es injuste... Je vous aime, tous les quatre. Paul, Marc et Joseph le savent et toi aussi. Seulement, tu fais tout pour te faire détester.
- Nous n'avons que de malheureuses opinions divergentes, n'est-ce pas ?
Irène secoua la tête. Ca ne servait à rien. Il avait toujours raison, parce qu'il était plus âgé, parce qu'il était cardinal, parce qu'il était homme, il y avait toujours une raison... Irène capta alors la question d'Alexandre. Elle lui passa une main sur la joue.
- Ne t'en fais pas, vous êtes en sécurité. Et si mon frère se croit tout permis, il comprendra vite que votre bien passe avant le reste.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Le nouvel échange entre le frère et la sœur inspira un frémissement à Tristan. Il déguisa en toussotement le cri qu'il allait pousser à ces horribles perspectives. Le chiffon frais lui échappa des mains. Il rassembla son courage et, tremblant, s'approcha de Matthieu. La tête s'inclina profondément et il bafouilla :
-- J'vous en prie, Mons... Maître.
Il trembla à cette erreur. Il faudrait s'habituer à cette appellation. Tristan reprit :
-- J'vous en prie... Alexandre a pris ses marques ici. Il saura faire... Et la petite Grâce est très attachée à lui et... et... Puis moi je... je... j'vous servirai au mieux.
Son visage restait ployé. Il pensait aussi à Thierry, pour qui cette décision du cardinal serait un nouvel arrachement.
-- J'vous en prie, Mons... Maître.
Il trembla à cette erreur. Il faudrait s'habituer à cette appellation. Tristan reprit :
-- J'vous en prie... Alexandre a pris ses marques ici. Il saura faire... Et la petite Grâce est très attachée à lui et... et... Puis moi je... je... j'vous servirai au mieux.
Son visage restait ployé. Il pensait aussi à Thierry, pour qui cette décision du cardinal serait un nouvel arrachement.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Thierry écoutait le discours du cardinal avec une appréhension qui ne cessait de croître. Qu'entendait-il par éduquer les garçons ? Il connaissait les méthodes que l'église pouvait avoir recours et aucune ne lui plaisait. Alex... Il ne pouvait le laisser endurer une épreuve de plus. Il devait le protéger. C'était sa responsabilité de père. Il n'avait pas pu l'empêcher de tomber dans l'esclavage, d'être vendu mais il se battrait pour adoucir son sort.
Le regard du prêtre se posa successivement sur Alexandre et Tristan qui s'échangeaient de discrètes confidences et se réconfortaient mutuellement. Ni l'un ni l'autre n'apprécierait ce qu'il s'apprêtait à faire. Lui-même éprouva un court instant une brève culpabilité pour ce garçon auquel il avait fini par s'attacher mais si les choses devaient tourner ainsi, tant pis ! Il n'hésiterait pas à sacrifier le petit infirme pour le bien de son fils.
"Oui, vous avez raison, monseigneur, je suis trop bon, trop dévoué. J'ai la faiblesse de croire qu'avec ma foi, ma miséricorde, je peux toucher l'âme de n'importe qui, qu'il saura revenir au droit chemin. C'est une profonde naïveté, n'est-ce pas ? A ce sujet, ce que vous dites sur le garçon à béquilles, il est... il est honnête et travailleur, a appris dès le plus jeune âge l'obéissance. Un peu trop même. Son père, le libraire Bellanger, le battait régulièrement du fait de son infirmité, sans raison, pour passer ses propres colères. Je suis intervenu un jour, par chance, l'appel du Seigneur à n'en pas douter, pour le surprendre dans sa librairie corriger ce garçon couvert de sang. Je l'ai immédiatement pris pour essayer de l'éduquer, de le le reconstruire sur des bases plus saines..."
Il s'interrompit puis se força à fixer Tristan d'un regard particulièrement austère.
"Alors que celui-là... Non, il ne servira jamais correctement au commerce de votre sœur. J'ai dit qu'il était mendiant mais à la vérité, il faut le confesser maintenant, il était surtout voleur. Voleur et menteur, cela va de paire, bien sur. J'ai essayé de lui ouvrir les yeux, de le ramener vers le droit chemin, de lui trouver un bon emploi... mais c'est malheureusement une mauvaise graine. Si vos efforts doivent être sévères envers l'un d'eux en particulier, ce doit être sur lui et non le béquilleux."
Il reprit un instant sa respiration puis poursuivit :
"Qui plus est, le béquilleux est instruit : en plus de lire et écrire, il sait tenir des archives et des comptes, a de l'érudition. Cela est un avantage indéniable pour un commerce où on est sans arrêt en contact avec la clientèle."
A ce moment, Tristan se mêla à la conversation, insistant pour prendre la place d'Alex. Thierry sentit son cœur se serrer face à une telle générosité alors qu'il venait de l'enfoncer si bas. Il s'obligea à museler ses émotions et à adopter un visage énervé. Il s'avança et décocha une gifle violente au petit infirme.
"Silence ! Tu vas apprendre à connaitre ta place, misérable ?"
Profitant de son dos tourné qui empêchait au cardinal de le voir, il murmura très bas. Son regard était devenu misérable.
"Pardon... Mais je dois protéger Alex... Je..."
Il ne pouvait demeurer trop longtemps dans cette position. Le cardinal risquait d'être soupçonneux. Tristan lui pardonnerait-il réellement ? Il en doutait. Et Irène ? Comment allait-elle le juger désormais ? Elle venait de découvrir son véritable visage. Il l'avait prévenu, elle ne le croyait, le pensait bon... Comme elle devait être déçue !
Faisant face à nouveau au cardinal, il poursuivit d'une voix agacée :
"Voyez donc comment il est ! Aucune éducation ! Aucune retenue ! Et vous voulez que CA soit dans un commerce ? Mais c'est souhaiter la ruine de votre sœur !"
Thierry choisit de s'arrêter là et d'attendre la réaction du cardinal. Avait-il réussi à le convaincre ? Laisserait-il Alex ? Il pria intérieurement, de toutes forces, pour que cela soit le cas. Dans le même temps, le prêtre se réfugia à croiser le regard des autres personnes de al pièce, surtout ceux de Alex et Tristan. Cela l'aurait mis trop mal à l'aise. il se contentait ainsi de fixer son interlocuteur, comme s'ils se trouvaient une conversation banale.
Irène et son frère rebondirent peu après sur ces paroles destinées à les apaiser mais cela n'arrangeait pas la situation. Cet homme était décidément borné, incapable d'admettre ses torts ou une erreur de raisonnement. Il préféra rester silencieux et en retrait. Ne pas se mêler de la querelle. Il lui tardait que trop de savoir si manœuvre serait efficace.
Le regard du prêtre se posa successivement sur Alexandre et Tristan qui s'échangeaient de discrètes confidences et se réconfortaient mutuellement. Ni l'un ni l'autre n'apprécierait ce qu'il s'apprêtait à faire. Lui-même éprouva un court instant une brève culpabilité pour ce garçon auquel il avait fini par s'attacher mais si les choses devaient tourner ainsi, tant pis ! Il n'hésiterait pas à sacrifier le petit infirme pour le bien de son fils.
"Oui, vous avez raison, monseigneur, je suis trop bon, trop dévoué. J'ai la faiblesse de croire qu'avec ma foi, ma miséricorde, je peux toucher l'âme de n'importe qui, qu'il saura revenir au droit chemin. C'est une profonde naïveté, n'est-ce pas ? A ce sujet, ce que vous dites sur le garçon à béquilles, il est... il est honnête et travailleur, a appris dès le plus jeune âge l'obéissance. Un peu trop même. Son père, le libraire Bellanger, le battait régulièrement du fait de son infirmité, sans raison, pour passer ses propres colères. Je suis intervenu un jour, par chance, l'appel du Seigneur à n'en pas douter, pour le surprendre dans sa librairie corriger ce garçon couvert de sang. Je l'ai immédiatement pris pour essayer de l'éduquer, de le le reconstruire sur des bases plus saines..."
Il s'interrompit puis se força à fixer Tristan d'un regard particulièrement austère.
"Alors que celui-là... Non, il ne servira jamais correctement au commerce de votre sœur. J'ai dit qu'il était mendiant mais à la vérité, il faut le confesser maintenant, il était surtout voleur. Voleur et menteur, cela va de paire, bien sur. J'ai essayé de lui ouvrir les yeux, de le ramener vers le droit chemin, de lui trouver un bon emploi... mais c'est malheureusement une mauvaise graine. Si vos efforts doivent être sévères envers l'un d'eux en particulier, ce doit être sur lui et non le béquilleux."
Il reprit un instant sa respiration puis poursuivit :
"Qui plus est, le béquilleux est instruit : en plus de lire et écrire, il sait tenir des archives et des comptes, a de l'érudition. Cela est un avantage indéniable pour un commerce où on est sans arrêt en contact avec la clientèle."
A ce moment, Tristan se mêla à la conversation, insistant pour prendre la place d'Alex. Thierry sentit son cœur se serrer face à une telle générosité alors qu'il venait de l'enfoncer si bas. Il s'obligea à museler ses émotions et à adopter un visage énervé. Il s'avança et décocha une gifle violente au petit infirme.
"Silence ! Tu vas apprendre à connaitre ta place, misérable ?"
Profitant de son dos tourné qui empêchait au cardinal de le voir, il murmura très bas. Son regard était devenu misérable.
"Pardon... Mais je dois protéger Alex... Je..."
Il ne pouvait demeurer trop longtemps dans cette position. Le cardinal risquait d'être soupçonneux. Tristan lui pardonnerait-il réellement ? Il en doutait. Et Irène ? Comment allait-elle le juger désormais ? Elle venait de découvrir son véritable visage. Il l'avait prévenu, elle ne le croyait, le pensait bon... Comme elle devait être déçue !
Faisant face à nouveau au cardinal, il poursuivit d'une voix agacée :
"Voyez donc comment il est ! Aucune éducation ! Aucune retenue ! Et vous voulez que CA soit dans un commerce ? Mais c'est souhaiter la ruine de votre sœur !"
Thierry choisit de s'arrêter là et d'attendre la réaction du cardinal. Avait-il réussi à le convaincre ? Laisserait-il Alex ? Il pria intérieurement, de toutes forces, pour que cela soit le cas. Dans le même temps, le prêtre se réfugia à croiser le regard des autres personnes de al pièce, surtout ceux de Alex et Tristan. Cela l'aurait mis trop mal à l'aise. il se contentait ainsi de fixer son interlocuteur, comme s'ils se trouvaient une conversation banale.
Irène et son frère rebondirent peu après sur ces paroles destinées à les apaiser mais cela n'arrangeait pas la situation. Cet homme était décidément borné, incapable d'admettre ses torts ou une erreur de raisonnement. Il préféra rester silencieux et en retrait. Ne pas se mêler de la querelle. Il lui tardait que trop de savoir si manœuvre serait efficace.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Tristan resta sidéré, moins par la claque que par la façon dont Thierry venait de le critiquer vertement, alors que lui-même avait donné des arguments plus doux pour tenter de protéger Alexandre. Alors une colère noire se déploya dans ses yeux et il eut une sèche déglutition en regardant Alexandre et Thierry.
Alexandre... Il pouvait faire toutes les conneries du monde, papa était là ! Et papa finirait même par tenter de faire affranchir Monsieur ! Et lui... lui... personne ne le serrait dans ses bras, personne ne serait jamais prêt à se sacrifier inconditionnellement pour lui. Il était véritablement seul. Il n'avait pas de famille.
Alexandre... Il pouvait faire toutes les conneries du monde, papa était là ! Et papa finirait même par tenter de faire affranchir Monsieur ! Et lui... lui... personne ne le serrait dans ses bras, personne ne serait jamais prêt à se sacrifier inconditionnellement pour lui. Il était véritablement seul. Il n'avait pas de famille.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Alexandre écouta, intrigua, la réponse de Tristan. Son état ? il observa Irène accoudée à sa chaise sans comprendre.
"Son état ? Lequel ? Je ne saisis pas. Elle... Parce qu'elle est veuve ? Il veut qu'il y ait un homme auprès d'elle pour la protéger ? On n'a pas vraiment le niveau pour ça."
Il suivit la conversation entre le cardinal et son père, inquiet. Son destin reposait encore sur les épaules de Thierry. Il paniquait quand le religieux parlait de l'emmener régulièrement. Qu'avait-il l'intention de lui faire ? Le pire était à prévoir. Il n'arrivait pas à croire aux paroles réconfortantes d'Irène assurant que son frère saurait se ranger à ce qui serait bon pour leur bien. Il suivit avec angoisse la conversation et tressaillit en entendant Thierry descendre avec mépris Tristan. Son cœur se serra. il comprenait sa stratégie : le protéger, lui. Il n'osa pas regarder Tristan. Par honte. Pour une fois, Alexandre ne parvenait pas à crier et à souhaiter rectifier la vérité. Il se recroquevilla sur lui-m^me, lâchant en même temps la main de son ami. Ce moment était tout simplement trop horrible.
Lorsque Tristan cria pour proposer de suivre le cardinal, Alexandre sursauta et releva la tête en contemplant avec effroi Thierry flanquer une gifle à Tristan. Il faillit la baisser puis remarqua le visage défait de son père. Il souffrait de la situation. Il n'y prenait aucun plaisir. Il murmura du bout des lèvres, autant pour son père que pour Tristan.
"Pardon..."
La mort dans l'âme, le cœur écartelé entre sa loyauté pour Tristan et son père, la conscience déchiré entre l'honnêteté et la survie, Alexandre se décida à se taire. Son père ne cessait de combattre pour lui, de s’inquiéter, de vivre des heures sombres.. Il ne pouvait pas une fois tout flanquer par terre. Tant pis si cela devait sacrifier Tristan. Il avait bien dû renoncer au fait de ne plus de ne plus voir sa mère. Il devait maintenant renoncer à Tristan.
"Son état ? Lequel ? Je ne saisis pas. Elle... Parce qu'elle est veuve ? Il veut qu'il y ait un homme auprès d'elle pour la protéger ? On n'a pas vraiment le niveau pour ça."
Il suivit la conversation entre le cardinal et son père, inquiet. Son destin reposait encore sur les épaules de Thierry. Il paniquait quand le religieux parlait de l'emmener régulièrement. Qu'avait-il l'intention de lui faire ? Le pire était à prévoir. Il n'arrivait pas à croire aux paroles réconfortantes d'Irène assurant que son frère saurait se ranger à ce qui serait bon pour leur bien. Il suivit avec angoisse la conversation et tressaillit en entendant Thierry descendre avec mépris Tristan. Son cœur se serra. il comprenait sa stratégie : le protéger, lui. Il n'osa pas regarder Tristan. Par honte. Pour une fois, Alexandre ne parvenait pas à crier et à souhaiter rectifier la vérité. Il se recroquevilla sur lui-m^me, lâchant en même temps la main de son ami. Ce moment était tout simplement trop horrible.
Lorsque Tristan cria pour proposer de suivre le cardinal, Alexandre sursauta et releva la tête en contemplant avec effroi Thierry flanquer une gifle à Tristan. Il faillit la baisser puis remarqua le visage défait de son père. Il souffrait de la situation. Il n'y prenait aucun plaisir. Il murmura du bout des lèvres, autant pour son père que pour Tristan.
"Pardon..."
La mort dans l'âme, le cœur écartelé entre sa loyauté pour Tristan et son père, la conscience déchiré entre l'honnêteté et la survie, Alexandre se décida à se taire. Son père ne cessait de combattre pour lui, de s’inquiéter, de vivre des heures sombres.. Il ne pouvait pas une fois tout flanquer par terre. Tant pis si cela devait sacrifier Tristan. Il avait bien dû renoncer au fait de ne plus de ne plus voir sa mère. Il devait maintenant renoncer à Tristan.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Matthieu écouta attentivement le prêtre, même s'il restait en condition de supériorité.
- Vous avez la naïveté de ma soeur en définitive. J'imagine que c'est à vous qu'elle a confié le baptême de son fils, n'est-ce pas ? Car mon neveu ne fait toujours pas parti de l'Eglise en dépit de...
- Ca suffit Matthieu ! Tu sais pourquoi, personne ne me le reproche, Mère ne me l'aurait pas reproché ! Alors je t'en prie, cesses de me tourmenter avec cela.
Ludovic se met d'ailleurs à pleurer, perturbé par toute l'agitation. Irène le prend doucement dans ses bras, tentant de le calmer, tout en faisant front. Matthieu écouta ensuite tout l'argumentaire du prêtre. Étrange... On aurait dit qu'il protégeait le béquilleux. Essayait-il de lui refurguer cet androgyne qui ne saurait même pas franchir un escalier de lui-même. Créature qui osa d'ailleurs parler. Le cardinal s'apprêtait à frapper lorsque Thierry le fit lui-même. Il sourit. Naïf mais plus réactif que sa sœur. Il ricana un instant avant de reprendre.
- Certes... j'entends tous vos arguments, mais pareil créature ne saurait être vue à mes côtés. Le béquilleux passe encore, mais cela certainement pas.De plus, il y a beaucoup d'escaliers là où je descends. Je vous remercie d'avertir ma soeur, au moins elle mettra sa foi envers ces mauvaises graines à l'épreuve. Elle sait se débrouiller seule, ne lui manque qu'un homme qui pourra surveiller les enfants puisqu'elle se dérobe à son rôle de mère.
Ce fut la goutte d'eau. Ça et le comportement de Thierry. Irène comprenait qu'il souhaite protéger son fils, mais Tristan le méritait aussi. Avec tout ce que lui avait raconté Alex, il méritait qu'on le protège. D'un doigt, elle pointa la porte.
- Dehors. Tous les deux.
Elle darda un regard furieux, sur l'un comme sur l'autre. Sa grossesse comme sa fatigue l'emportait. Et elle avait encore du travail, des enfants à nourrir. Matthieu tenta de riposter.
- Mais les...
- DEHORS ! Si tu veux voir le baptême de ton neveu, les garçons restent avec moi cette nuit. Et sans discussion !
Matthieu sembla hérisser le poil. De toutes les femmes, seule Irène lui résistait. Même enfant, elle contestait toujours son autorité. Et ses frères, leur père... les imbéciles en riaient. Ils ne voyaient pas le danger à la laisser si indépendante. Tout ça parce que c'était la petite dernière, la fille prodige !
- C'est du chantage Irène.
Elle s'approcha de lui, le faisant reculer.
- Eh bien, Marc et père me féliciteraient. Maintenant dehors, je ne veux plus vous voir avant demain matin.
Elle retourna vers les garçons. Matthieu réajusta son chapeau en grommelant puis sortit.
- Vous avez la naïveté de ma soeur en définitive. J'imagine que c'est à vous qu'elle a confié le baptême de son fils, n'est-ce pas ? Car mon neveu ne fait toujours pas parti de l'Eglise en dépit de...
- Ca suffit Matthieu ! Tu sais pourquoi, personne ne me le reproche, Mère ne me l'aurait pas reproché ! Alors je t'en prie, cesses de me tourmenter avec cela.
Ludovic se met d'ailleurs à pleurer, perturbé par toute l'agitation. Irène le prend doucement dans ses bras, tentant de le calmer, tout en faisant front. Matthieu écouta ensuite tout l'argumentaire du prêtre. Étrange... On aurait dit qu'il protégeait le béquilleux. Essayait-il de lui refurguer cet androgyne qui ne saurait même pas franchir un escalier de lui-même. Créature qui osa d'ailleurs parler. Le cardinal s'apprêtait à frapper lorsque Thierry le fit lui-même. Il sourit. Naïf mais plus réactif que sa sœur. Il ricana un instant avant de reprendre.
- Certes... j'entends tous vos arguments, mais pareil créature ne saurait être vue à mes côtés. Le béquilleux passe encore, mais cela certainement pas.De plus, il y a beaucoup d'escaliers là où je descends. Je vous remercie d'avertir ma soeur, au moins elle mettra sa foi envers ces mauvaises graines à l'épreuve. Elle sait se débrouiller seule, ne lui manque qu'un homme qui pourra surveiller les enfants puisqu'elle se dérobe à son rôle de mère.
Ce fut la goutte d'eau. Ça et le comportement de Thierry. Irène comprenait qu'il souhaite protéger son fils, mais Tristan le méritait aussi. Avec tout ce que lui avait raconté Alex, il méritait qu'on le protège. D'un doigt, elle pointa la porte.
- Dehors. Tous les deux.
Elle darda un regard furieux, sur l'un comme sur l'autre. Sa grossesse comme sa fatigue l'emportait. Et elle avait encore du travail, des enfants à nourrir. Matthieu tenta de riposter.
- Mais les...
- DEHORS ! Si tu veux voir le baptême de ton neveu, les garçons restent avec moi cette nuit. Et sans discussion !
Matthieu sembla hérisser le poil. De toutes les femmes, seule Irène lui résistait. Même enfant, elle contestait toujours son autorité. Et ses frères, leur père... les imbéciles en riaient. Ils ne voyaient pas le danger à la laisser si indépendante. Tout ça parce que c'était la petite dernière, la fille prodige !
- C'est du chantage Irène.
Elle s'approcha de lui, le faisant reculer.
- Eh bien, Marc et père me féliciteraient. Maintenant dehors, je ne veux plus vous voir avant demain matin.
Elle retourna vers les garçons. Matthieu réajusta son chapeau en grommelant puis sortit.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Thierry retint un soupir en entendant l’argument du baptême du petit Ludovic surgir au milieu de la conversation. Il éprouva une bouffée de compassion pour Irène d'avoir tenu aussi bon dans ses résolutions alors qu'elle comptait un tel personnages dans ses fréquentations. Il tenta de calmer le jeu :
"Oui, je vais officier bientôt à ce baptême. Mais cela n'est malheureusement si rare que cela, vous savez. Quand l'enfant est solide, qu'il ne risque rien, beaucoup de mères veulent attendre le retour de leur époux pour que celui-ci soit témoin de ce grand moment. C'est un désir contrariant, certes, je tente de négocier, de rappeler les risques, que les bébés sont si faciles.. Mais les mères sont aussi épouses, rappelez-vous ? Soumises au devoir de leur mari.. La plupart du temps, leur mari exige d'elles qu'elles attendent leur retour pour le baptême. Ce sont des histoires plus complexes qu'on pourrait le croire."
Il croisa, gêné, le regard de Irène et essaya discrètement de lui faire comprendre qu'il ménageait la chèvre et le chou afin de s'arranger une collaboration avec le cardinal. Elle réagissait, elle, vivement à ces accusations. il sourit. Elle ne manquait vraiment pas de courage. Le cardinal répondit ensuite à son argumentaire et refusait de le prendre en compte, s'obstinait dans sa résolution.. Brusquement, Irène laissa éclater toute sa colère et leur ordonna à tous deux de sortir de sa maison. Il baissa la tête. Il comprenait sa décision. Sa manipulation l'avait blessé, horrifié.. Cela était normal. pour la première fois, le prêtre se sentait mal d'avoir déçu quelqu'un. Ces moments partagés tous deux au matin semblaient maintenant si loin. Pourrait-il renouer une relation aussi légère et intéressante un jour ?
Il recula déjà la sortie, prêt à s'incliner et reconnaitre la défaite. Le cardinal insistait, ne voulait pas céder. Quel homme ridicule et vulgaire ! Ne pouvait-il pas renoncer ? Quand une partie s'avérait, il fallait reconnaitre l'échec avec dignité pour garder un peu de prestance et d'honneur.
"Monseigneur, vous disiez tout à l'heure que votre soeur serait capable de gérer l'infirme malgré ses mauvais penchants, non ? Je vous ai confirmé que l'autre était, lui, honnête. Pourquoi hésiter ? Pourquoi prendre un tel risque ? On parle de l'âme de votre neveu ! Un enfant innocent ! Allez-vous la laisser se perdre dans les limbes ? Ce petit Ludovic.. Cet après-midi, je l'ai entendu tousser.. Il faut le baptiser rapidement ou sinon... "
A ce mensonge sur la santé du bébé, Thierry adressa un discret clin d'oeil à Irène, espérant la rassurer ainsi.
"Allons- monseigneur, retirons-nous. je vous invite à dormir à l'église si vous n'avez aucun point de chute. mon prédécesseur a fait aménager un confortable dortoir pour les pélerins."
"Oui, je vais officier bientôt à ce baptême. Mais cela n'est malheureusement si rare que cela, vous savez. Quand l'enfant est solide, qu'il ne risque rien, beaucoup de mères veulent attendre le retour de leur époux pour que celui-ci soit témoin de ce grand moment. C'est un désir contrariant, certes, je tente de négocier, de rappeler les risques, que les bébés sont si faciles.. Mais les mères sont aussi épouses, rappelez-vous ? Soumises au devoir de leur mari.. La plupart du temps, leur mari exige d'elles qu'elles attendent leur retour pour le baptême. Ce sont des histoires plus complexes qu'on pourrait le croire."
Il croisa, gêné, le regard de Irène et essaya discrètement de lui faire comprendre qu'il ménageait la chèvre et le chou afin de s'arranger une collaboration avec le cardinal. Elle réagissait, elle, vivement à ces accusations. il sourit. Elle ne manquait vraiment pas de courage. Le cardinal répondit ensuite à son argumentaire et refusait de le prendre en compte, s'obstinait dans sa résolution.. Brusquement, Irène laissa éclater toute sa colère et leur ordonna à tous deux de sortir de sa maison. Il baissa la tête. Il comprenait sa décision. Sa manipulation l'avait blessé, horrifié.. Cela était normal. pour la première fois, le prêtre se sentait mal d'avoir déçu quelqu'un. Ces moments partagés tous deux au matin semblaient maintenant si loin. Pourrait-il renouer une relation aussi légère et intéressante un jour ?
Il recula déjà la sortie, prêt à s'incliner et reconnaitre la défaite. Le cardinal insistait, ne voulait pas céder. Quel homme ridicule et vulgaire ! Ne pouvait-il pas renoncer ? Quand une partie s'avérait, il fallait reconnaitre l'échec avec dignité pour garder un peu de prestance et d'honneur.
"Monseigneur, vous disiez tout à l'heure que votre soeur serait capable de gérer l'infirme malgré ses mauvais penchants, non ? Je vous ai confirmé que l'autre était, lui, honnête. Pourquoi hésiter ? Pourquoi prendre un tel risque ? On parle de l'âme de votre neveu ! Un enfant innocent ! Allez-vous la laisser se perdre dans les limbes ? Ce petit Ludovic.. Cet après-midi, je l'ai entendu tousser.. Il faut le baptiser rapidement ou sinon... "
A ce mensonge sur la santé du bébé, Thierry adressa un discret clin d'oeil à Irène, espérant la rassurer ainsi.
"Allons- monseigneur, retirons-nous. je vous invite à dormir à l'église si vous n'avez aucun point de chute. mon prédécesseur a fait aménager un confortable dortoir pour les pélerins."
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Cette manière d'être du cardinal était absolument détestable. Alexandre en aurait bien craché à terre mais dans leur situation d'esclave, cela aurait été la pire chose à faire. Son père demeura maître, impassible... Comment parvenait-il à s'adresser à cet homme avec naturel ? Il le savait doué pour la flatterie et la manipulation mais son don l'étonnait toujours.
Brusquement, Irène entra dans une fureur qui le stupéfia et ordonna aux deux religieux de partir,insistait qu'elle les gardait tous deux, Tristan et lui. Il eut une bouffée de compassion pour elle. Le cardinal semblait proche de s'étouffer, surtout quand elle le menaçait de ne pas baptiser le petit Ludovic. Bien fait pour lui ! Qu'il s'étouffe avec un cierge béni dans le cul celui-là, tiens ! Son père lui se retirait de bonne grâce, essayant d'attirer l'autre raclure avec lui.
Brusquement, Irène entra dans une fureur qui le stupéfia et ordonna aux deux religieux de partir,insistait qu'elle les gardait tous deux, Tristan et lui. Il eut une bouffée de compassion pour elle. Le cardinal semblait proche de s'étouffer, surtout quand elle le menaçait de ne pas baptiser le petit Ludovic. Bien fait pour lui ! Qu'il s'étouffe avec un cierge béni dans le cul celui-là, tiens ! Son père lui se retirait de bonne grâce, essayant d'attirer l'autre raclure avec lui.
Re: [10 septembre, après-midi] Sur le chemin du retour [Terminé]
Matthieu chassa de la main avec mauvaise humeur les explications de Thierry. Bien sûr qu'il savait ce genre de chose, il n'était pas idiot ! Il foudroya du regard sa soeur avant de définitivement sortir. Il grogna à la proposition de Thierry
- Ne vous dérangez pas, j'ai une chambre avec mon attelage.
Il claqua la porte pour faire bonne mesure. Irène soupira, manquant de s'effondrer. Elle n'en pouvait plus de cette maudite journée. Elle aurait voulu se coucher mais pensa à ses broderies. S'asseoir d'abord. Elle trouva une chaise, continuant à bercer Ludovic. Grâce vint vers elle encore un peu tremblant. Irène lui sourit en la prenant doucement contre elle.
- Je suis désolée Grâce, je n'aurais pas dû crier.
- Mais il fallait les protéger d'oncle Matthieu ! Vous avez eu raison mère ! Mais... dites... pourquoi vous mettez vos mains sur votre ventre.
Irène sourit, puis lui prit les mains.
- Ma chérie... je n'ai pas eu le temps de te le dire... mais tu vas avoir un nouveau frère ou une nouvelle soeur.
Grâce resta interdite un moment, puis poussa un cri de joie en tombant dans ses bras.
- Alors Ludovic va être grand frère aussi !
- Oui mon trésor.
Le petit gazouilla d'ailleurs, comme s'il comprenait. Irène sourit. Elle se sentait détendue et en oublierait presque les garçons.
- Ne vous dérangez pas, j'ai une chambre avec mon attelage.
Il claqua la porte pour faire bonne mesure. Irène soupira, manquant de s'effondrer. Elle n'en pouvait plus de cette maudite journée. Elle aurait voulu se coucher mais pensa à ses broderies. S'asseoir d'abord. Elle trouva une chaise, continuant à bercer Ludovic. Grâce vint vers elle encore un peu tremblant. Irène lui sourit en la prenant doucement contre elle.
- Je suis désolée Grâce, je n'aurais pas dû crier.
- Mais il fallait les protéger d'oncle Matthieu ! Vous avez eu raison mère ! Mais... dites... pourquoi vous mettez vos mains sur votre ventre.
Irène sourit, puis lui prit les mains.
- Ma chérie... je n'ai pas eu le temps de te le dire... mais tu vas avoir un nouveau frère ou une nouvelle soeur.
Grâce resta interdite un moment, puis poussa un cri de joie en tombant dans ses bras.
- Alors Ludovic va être grand frère aussi !
- Oui mon trésor.
Le petit gazouilla d'ailleurs, comme s'il comprenait. Irène sourit. Elle se sentait détendue et en oublierait presque les garçons.
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