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[le 23 nov 1597] - Le sourire de l'ange hante le démon [Terminé]

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Message par Alduis de Fromart Mar 16 Juin - 15:14

En ce jour du 23 novembre 1597, le temps n'était franchement pas très enviable. L'air était humide et le vacarme de la pluie durant la nuit l'avait empêché de dormir. Pourtant, il se sentait de bonne humeur. Malgré la fraîcheur ambiante, Alduis s'était habillé légèrement et avait relevé les manches de sa chemise blanche sur ses avant-bras. Vu de l'extérieur, il devait avoir l'air franchement débraillé mais il n'avait pas pris le soin de s'apprêter davantage. Même s'il avait dû voir quelqu'un au cours de cet après-midi déjà bien entamé, il n'aurait de toute manière fait aucun effort supplémentaire. Une fois n'était pas coutume, il ne portait même pas pris ses armes. Et pour quelqu'un qui ne se sentait jamais en sécurité, il fallait dire que c'était rare.

Cela faisait presque une semaine que l'accident du marché avait eu lieu. Six jours exactement. Depuis ce temps, Alduis avait très soigneusement évité Skalitis, sans que lui-même puisse dire pourquoi il y mettait une telle attention. Il n'avait aucune idée de comment elle se portait suite aux coups de bâton reçus et, au fond, il s'en fichait royalement. C'était toujours ce qu'il se disait, du moins.

Mais à bien y réfléchir, cela faisait six jours qu'il évitait tout simplement tout le monde. Purement et simplement. Il avait la sensation que moins il voyait de monde, mieux il se portait. D'un côté, ce n'était pas très compliqué non plus : les rares esclaves de ce château mettaient un point d'honneur à ne pas croiser son chemin eux aussi. Ainsi, depuis le milieu de la nuit où Alduis était dans cette bibliothèque, il n'avait vu personne. Personne hormis ce domestique qui était venu, quelques heures plus tôt, poser ce plateau généreusement rempli sur la table l'avoisinant. Alduis n'y avait pas touché.

Debout devant la fenêtre, les mains appuyées sur le linteau, il regardait le paysage sur lequel donnait la bibliothèque. Mais surtout, il réfléchissait. Il repensait, encore et encore, à cette fameuse scène au marché. À son intervention entre le libraire et son esclave, à la manière dont l'homme s'était adouci en face de lui, au doigt qu'il lui avait coupé sans le moindre état d'âme, à ce jeune homme en béquilles – Alexandre – qu'il croisait pour la seconde fois. Et qu'il aidait indirectement, pour la seconde fois aussi.

À chaque fois, son esprit s'arrêtait sur la même phrase : vous êtes quelqu'un de bien, messire.

Il ne savait pas quoi en penser – à tous les coups, cet Alexandre se faisait des idées sur lui – mais il ne cessait de se le rappeler. Quelqu'un de bien. C'était bien la première personne qui lui disait cela. Toutes les autres savaient que c'était faux. Alduis n'avait pas résisté à la tentation d'en savoir plus sur lui. C'était certainement une mauvaise idée que de faire une telle chose mais il l'avait fait. Et ce qu'il avait trouvé ne l'avait pas déçu.

Quelques mois plus tôt, quand cette histoire de procès impliquant le Premier Conseiller avait fait du bruit dans les rues, Alduis n'y avait pas prêté attention. Mais désormais, il aurait été curieux d'en savoir plus. Parce qu'en creusant, quelque chose lui semblait louche, sans qu'il ne parvienne exactement à mettre le doigt dessus. C'était donc bien le Baron de Frenn qui avait demandé la  condamnation d'Alexandre ? Et c'était bien ce même Alexandre, justement, qui au triomphe avait voué un respect incroyable au Premier Conseiller, pour excuser la demande osée de sa mère ?

Alduis avait beau tourner et retourner la situation dans sa tête, il ne comprenait pas. Il lui manquait quelque chose pour que les pièces s'assemblent, il en était persuadé. Et tant qu'il n'aurait pas trouvé quoi, il savait qu'il ne dormirait pas.

Dans son dos, la porte s'ouvrit doucement. Un esclave entra dans la pièce, à petits pas silencieux, et se dirigea vers le plateau. Il ne dit rien sur le fait qu'Alduis n'y avait pas touché. Il se contenta de s'incliner simplement et de  demander :

- Messire, avez-vous besoin de quelque chose ?

Alduis ne répondit pas durant de longues secondes. L'esclave allait faire demi-tour quand soudain, Alduis fit volte-face et se planta face à lui. Il s'approcha en deux grands pas, attrapa une pomme dans le plateau la lança en l'air pour la rattraper. Il déclara d'un ton dynamique, juste avant de croquer un grand coup dans le fruit – première bouchée de la journée :

- Débrouille-toi pour aller me chercher Alexandre. Et ramène-le ici. J'ai besoin de lui parler.

Et à cet instant, Alduis était bien décidé à savoir quelle pièce du puzzle manquait à sa réflexion sur ce maudit procès.
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Message par Alexandre Mer 17 Juin - 14:00

Alexandre sortait de la Roza Azur pour faire des courses, cette fois demandées par Dame Irène. Il pouvait être certain de leur utilité et que c'était pas une farce pendable de cette petite peste de Cassandre. Il songeait à l'entrevue de la veille. Il allait falloir en parler à Dame Irène et remettre cette petite effrontée dans le droit chemin. C'était la responsabilité des adultes.

Alors que le petit esclave remontait la rue, il fut interrompu par un serviteur du seigneur Alduis de Fromart qui lui demandait de le suivre. Son maître réclamait sa présence. Alexandre le contempla quelques instants sans pouvoir comprendre. Pourquoi ce seigneur voudrait le voir ? Il n'était rien. Un simple esclave. Un esclave infirme, qui plus est. C'était par rapport à l'autre fois ? il n'avait rien fait de particulier. C'était le devoir de tout homme moral de protéger une jeune femme ou toute personne en danger. Néanmoins, c'était un noble. Il devait savoir ce qu'il faisait.

Alexandre suivit ainsi le serviteur, ce qui donna un spectacle un peu étrange d'apercevoir le petit esclave monté sur une mule, suivant un serviteur, soit un homme libre.


***

Ils venaient d'arriver à un superbe château située à la sortie la ville, à l'opposé de celui de Frenn. Alexandre ouvrit les yeux, fasciné, et souhaita retenir le plus de détail possible. Ils arrivèrent à l'entrée, se présentèrent aux gardes puis s'introduisirent dans al cour. Là, le garçon confia sa mule à un palefrenier puis entra à l'intérieur. Il fut introduit jusqu'à une salle à manger où il découvrit, ahuri, un spectacle inédit.

Le seigneur Alduis de Fromart était à table. Ou plutôt SUR la table. Ses pieds étaient négligemment posés dessus. Sans aucune élégance. Sans aucun sens des convenances. Et il n'était pas bien habillé. Qu'est-ce que cela signifiait ?  Il baissa la tête et observa ses propres jambes. Et si... Oh, peut-être que ce seigneur connaissait des problèmes lui aussi ? .

N'écoutant que son cœur sensible, Alexandre s'avança sans attendre de permission. Il appuya ses béquilles contre la table puis prit avec délicatesse une jambe du seigneur et la posa contre une chaise proche. elle était un peu lourde mais le garçon prit sur lui pour résister et tenir debout.


"Si vous souffrez, messire, il ne faut pas placer vos jambes si haut, cela fait encore plus mal."

Il déplaça la seconde jambe et l'installa sur la chaise. Le garçon releva la tête vers le seigneur et adressa son sourire angélique, dépourvu de toute méchanceté.

"Et si je vous étalez un baume là, messire ? Cela me fait beaucoup de bien après une journée où les miennes sont épuisées."
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Message par Alduis de Fromart Mer 17 Juin - 18:16

En attendant qu'on lui ramène Alexandre, Alduis s'était installé sur une chaise, en reprenant le plateau des mains du serviteur à qui il avait confié la tâche. Parce qu'il n'avait pas mangé depuis hier midi, hormis la bouchée de pomme qu'il venait de croquer, et cela lui avait ouvert l'appétit.

Ainsi avait-il déposé le plateau sur la table, juste à côté de ses pieds et après avoir attrapé l'une des tartines qui se trouvait là, il croqua dedans en se rejetant en arrière sur sa chaise, pour se balancer sur les deux pieds arrière.

L'attente dura. Une bonne heure. De quoi laisser à Alduis le temps de réfléchir à la suite. Aux questions qu'il poserait. Celles qui seraient le plus efficaces pour en apprendre beaucoup le plus vite possible. Il ne savait pas ce qui se cachait dessous ces affaires judiciaires, mais il y avait quelque chose qui en valait la peine. Il en aurait mis sa main à couper - et ce n'était pas peu dire puisque sa main lui permettait de tenir ses armes.

Ce fut donc une heure plus tard que la porte s'ouvrit enfin et dévoila le serviteur qu'il avait envoyé, suivi de près par le jeune homme béquilleux. C'était la troisième fois qu'ils se rencontraient, mais cette fois-ci n'avait rien d'un hasard quelconque.

Alduis ne se leva pas pour l'accueillir. Il ne prit pas la peine de retirer ses pieds de la table non plus. Les seules preuves qu'il l'avait vu furent qu'il arrêta de se balancer sur la chaise et qu'il eut un geste vague pour congédier le domestique, qui détala sans se faire prier.

À peine entré, sans même attendre une quelconque permission, Alexandre posa ses béquilles et s'approcha de lui. Alduis n'eut même pas le temps de réagir, il avait déjà pris sa jambe pour la déposer sur une chaise – et la deuxième suivit bien vite ensuite. Et quand vint la raison de cette attention, Alduis ne put retenir le rire qui lui vint aux lèvres. S'il s'était attendu à cela !

- Je n'ai pas la moindre douleur, déclara-t-il avec un demi-sourire amusé. Mais je te remercie de tes conseils, je saurais les retenir.

C'était tout à fait ironique et il avait décidément, le plus grand mal à conserver un semblant de sérieux. Mais ce sourire-là... plus que la demande originale en elle-même, ce fut lui qui le déstabilisa. Un sourire d'ange, littéralement, sans l'ombre d'une moquerie ou méchanceté. Un tel sourire pouvait-il vraiment exister ? Alduis ne croyait que ce qu'il voyait, mais il était obligé d'y croire, puisqu'il l'avait sous les yeux... En fait, plus étrange encore, c'était qu'il lui était adressé, à lui, Alduis. Heureusement qu'il n'y avait personne d'autre dans la pièce, sinon il aurait été bien tenté de se retourner pour vérifier qu'il n'était pas destiné à une autre personne. Mais non, puisqu'il était bel et bien seul, et que ce sourire était bel et bien pour lui. A son plus grand étonnement.

Il ne fut, cependant, pas très long à se reprendre. Il reposa les pieds par terre sans laisser l'occasion à Alexandre de commencer ce qu'il voulait, ni de finir sa phrase :

- Jusqu'à preuve du contraire, je ne m'appelle pas Messire. Oublie ça. Mon prénom est Alduis. Alors appelle-moi Alduis.

Après tout, on lui avait donné un prénom. C'était pour qu'il soit utilisé, pas remplacé par un quelconque titre. Les politesses d'usage, très peu pour lui. Il poussa le plateau vers Alexandre – il y avait pris ce qu'il voulait – et demanda :

- Une petite faim ?

De nouveau, il n'attendit pas la réponse – il s'en fichait pas mal. Il croisa les bras, l'observa sans s'en cacher une seconde, à la recherche d'un signe, n'importe lequel, sans savoir vraiment ce qu'il voulait trouver. Quoi que ce fut, il ne vit rien.

Alors un sourire mi-amusé, mi-carnassier vint étirer ses lèvres mais ce fut tout à fait honnêtement qu'il s'enquit, en regardant ses ongles puis en plongeant ses yeux bleus dans les siens :

- Alors, je ne te fais pas plus peur que ça ?
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Message par Alexandre Mer 17 Juin - 19:13

Alexandre observa avec anxiété le jeune noble. N'en avait-il pas encore trop fait ? Et s'il jugeait avoir été trop familier ou quoi ce soit ? Le garçon baissa la tête d'un air coupable, tel un chaton pris en faute, puis entendit le rire du noble. Il se moquait ? Puis il eut un commentaire ironique suite à son conseil. Alexandre releva la tête. Était-ce une manière de se protéger ? Lui, il arrivait souvent de prétendre aller bien même quand ses jambes le faisaient atrocement souffrir. Après tout, l'infirmité était un fardeau social et un aristocrate se devait de revêtir une image irréprochable en toutes circonstance.

Alexandre sourit à nouveau.

"Comme vous le voulez, messire. Si je peux être utile, j'en suis ravi."

Le jeune seigneur le contempla un long moment et semblait perdu dans ses pensées. Avait-il dit ou fait encore quelque chose de mal ? il le corrigea soudainement et demanda à être nommé par son seul prénom. Alexandre blêmit aussitôt.

"Quoi ? Mais messire... Vous êtes noble et moi... Moi, je suis un esclave. Un esclave infirme, en plus. Il faut tenir compte de l'étiquette et des convenances ! Ce genre de choses n'est...

Il s'interrompit en entendant le jeune seigneur l'inviter apparemment à sa table. Il ne se souciait vraiment pas des différences sociales. Lui, un noble. Malgré ses convictions, Alexandre ne pouvait s'empêcher d'être ému. Il tira une chaise et s'installa.

"D'accord, Alduis ! Vous êtes vraiment quelqu'un de bien ! Vous êtes intervenus il y a deux mois en faveur de ma raison. Sans raison. Et vous m’invitez sans raison. Merci beaucoup !"

Alexandre lui adressa un large sourire enjoué puis tendit le bras vers le plateau pour prendre une pâtisserie au miel. il al goûta avec délice.

"Ah ! Elles sont si bonnes ! Avant, ma mère m'en faisait acheter une fois par semaine ! Mais maintenant... Enfin, je ne me plains pas, hein! En ce moment, je suis chez dame Irène de la Roza Azul. Vous ne devez pas connaitre, si ? C'est une femme très gentille. Elle est devenue veuve il y a peu mais elle s'en sort bien. Et on mange bien. Cela manque un peu de viande par contre. Autrefois, ma mère me faisait un plat de viande au moins deux fois par semaine. Et du poisson, le vendredi, bien sûr ! C'était si bon !"

Le garçon s'interrompit au milieu de sa pâtisserie. Songer ainsi à sa mère lui faisait mal. Elle vivait à présent recluse dans un couvent pour le reste de sa vie. Au moins, elle était en sûreté, loin de son époux violent mais elle aurait mérité mieux. Infiniment mieux.

Il entendit alors la nouvelle question d'Alduis puis vit son sourire étrange. Alexandre soupira.


"Pourquoi devrais-je avoir peur de vous, Alduis ? Vous avez essayé d'intervenir lors du triomphe pour aider ma alors que celle-ci s'était mise en faute. Vous nous avez protégez, votre esclave et moi. Et aujourd'hui, vous m'invitez à votre table. Vous me demandez même de vous appeler par votre prénom. Pour quelle raison alors aurais-je à avoir peur ?"

Brusquement, Alexandre se laissa tomber dans le dossier de sa chaise et croisa les bras contre sa poitrine, boudeur. Son esprit songeait à la veille au seigneur de Frenn qui cherchait à comprendre le pourquoi de ses actes.

"Puis, j'en ai marre d'abord ! Pourquoi il faudrait se justifier d'être gentil avec les gens ? Pourquoi ne se pas se méfier avec les gens qu'on rencontre à peine doit être considérer comme une tare ? Moi, j'ai envie d'apprécier mes semblables, d'essayer de ne pas les juger tant que je n'ai pas une idée bien établie à leur sujet. Il y a des personnes décevantes, oui. J'en ai connu. J'ai essuyé des désillusions. Mais je veux continuer à croire à leurs autres et au fait qu'on puisse les aimer."

Alexandre se redressa et fixa Alduis puis sourit à nouveau.

"Et vous, je vous aime bien, Alduis !"
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Message par Alduis de Fromart Mer 17 Juin - 22:31

Sa demande eut l'air de surprendre Alexandre. C'était du moins ce que trahissait son teint soudain très blanc. Alduis eut un sourire équivoque, presque condescendant sans le laisser finir :

- Ce genre de choses n'est pas quoi ? correct ? décent ? C'est scandaleux ? Ou bien déplacé, peut-être ? Je me fiche pas mal de savoir ce que dit l'étiquette. Je suis ici chez moi. Et je ne vois pas non plus ce que vient faire l'infirmité dans l'affaire.

Il lui désigna la chaise à côté de lui et ce fut cela qui décida Alexandre à accepter l'offre. Il s'installa. Alduis eut un hochement de tête quand le jeune homme l'appela par son prénom. Voilà. C'était quand même mieux que messire !

Mais voilà qu'Alexandre remettait sur le tapis cette histoire de bien. Lui ? Un homme bien ? Non, décidément, il y avait quelque chose qui ne marchait pas dans cette affirmation. Elle était fausse, voilà pourquoi elle l'intriguait autant. Il aurait été quelqu'un de bien, ça se saurait su... Mais ce n'était définitivement pas ce que l'on disait à son sujet. Ça non. Il y en avait des rumeurs, à son sujet. De nombreuses. Mais aucune sur une potentielle bonté.

Pour la seconde fois en quelques minutes, il eut droit à un nouveau large sourire. Alduis ne bougea pas d'un pouce. Il le regarda prendre une pâtisserie. Il l'écouta parler, et son discours ininterrompu, totalement dénué de gêne, l'amusa. Et l'intéressa aussi. Parce qu'il était bavard, assurément. Et que c'était plus facile de faire parler quelqu'un qui était bavard.

Quant à la Roza Azul... Dame Irène... Non, cela ne lui disait rien. Il ne fit aucun commentaire, de nouveau, puisqu'il n'en aurait eu, dans tous les cas, absolument pas le temps.

Puis, Alexandre cessa de manger. Il semblait pensif tout à coup. À propos de quoi ? Il se contenta de soupirer à sa question. Alduis souriait toujours de la même manière.

- Ah ! C'est vrai ! confirma-t-il, comme s'il avait oublié - ce qui était faux, bien entendu. J'ai fait tout ça, en effet. Mais j'ai aussi coupé le doigt d'un homme, non ?

Il fit une pause, ne lâcha pas Alexandre des yeux en continuant, pour être bien sûr de ne louper aucune réaction :

- Oh, ça oui, tu pourrais avoir peur de moi pour de nombreuses choses. Ce qu'on dit à mon propos, par exemple. Que je suis un monstre.

Mais Alexandre semblait sûr de lui. Attendre d'avoir une idée bien établie au sujet de ses semblables. C'était une belle idée que voilà. Mais une idée bien folle, complètement ridicule du point de vue d'Alduis. Surtout quand il était question d'un Fromart. Père et fils n'était pas mieux l'un que l'autre.

Sans transition distincte, Alexandre se redressa. Et il y eut ça.

- Et vous, je vous aime bien, Alduis !

Alduis ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Comme ses manches venaient de retomber sur ses poignets, il les releva de nouveau. Il n'aurait su dire à quoi il pensait quand il répondit avec un sourire sincèrement amusé :

- Eh bien, dans ce cas, je t'apprécie aussi.

Mais ce n'était pas le sujet. Il avait des questions à lui poser. Et autant commencer par quelque chose qui semblait anodin, pour entrer dans le vif du sujet ensuite.

- Alors tu es un esclave de cette dame Irène ?
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Message par Alexandre Mer 17 Juin - 23:59

Alexandre sourit de la réponse, certes un peu énervée, d'Alduis, mais qui ne manquait pas d'authenticité. Il était vraiment gentil. Il se souciait des gens sans s'embarrasser de la hiérarchie. Il y avait là quelque chose de superbement touchant.

"Cela est tout à votre honneur, Alduis."

Il se remit à manger quelques pâtisseries au miel tandis que son interlocuteur continuait à l'observer sans toucher, lui, à la nourriture. cela finit par le changer. Le garçon poussa le plateau.

"Prenez-en donc aussi, Alduis. Manger ensemble, entre amis, c'est bien meilleur !"

Alexandre souriait encore. Il avait senti que le noble aimait que l'on utilise son prénom, que cela semblait lui procurer du plaisir. Alexandre ne voyait pas de mal à lui accorder. Cela ne coûtait rien et cela pouvait apporter.

Alduis se rappelait du moment du triomphe, comme s'il l'avait oublié. Alexandre ne vit rien de mal. Après tout, pourquoi un noble accorderait de l'importance à un esclave ordinaire ? Il revenait sur l'incident du doigt.

"C'est vrai que ce geste-là n'était pas bien, Alduis. Mais vous étiez en colère. On fait tous sur le moment des émotions des choses qui nous déplacent mais que l'on regrettera plus tard. Et puis, ce n'st pas comme si cet hmme ne méritait pas une sanction."

Le garçon se remémora des longues disputes entre ses parents, des nombreuses fois où le père Bellanger frappait de toute sa violence sa mère, de ses propres coups, de ses rappels à as charité, qu'il aurait dû terminer à l’Hôpital Général. Une aigreur le prit et il cracha sec.

"Cet homme-là.. Cet homme, j'aurais même voulu le voir mort. "

Alexandre bougonna cette pensée tout en manchonnant sa pâtisserie. Son père adoptif.. Ce audit père qui avait forcé sa mère à s'exiler dans une contrée lointaine, claquemurée dans un couvent. Il releva la tête aux nouvelles évocations puis secoua la tête avant de sourire avec un mélange de tendresse et de résignation.

"Alduis, Alduis, Alduis... M'avez-vous bien raconté ? Savez-vous tout ce que l'on raconte sur les infirmes ? Je ne prête pas attentions aux rumeurs, uniquement aux faits, à ce qui est vérifiable de mes yeux ou d'une source sûre. Je ne sais que trop ce que ça fait d'être sali à tort..."

Le garçon sourit à son interlocuteur, désireux de transmettre toute sa confiance. Le monde était si difficile avec tous ces préjugés que les gens oubliaient de croire. De croire en l'autre. Il disait l'apprécier aussi. Alexandre ouvrit les yeux, surpris, et rougit, un peu gêné.

"Merci, Alduis. c'est... Personne ne dit ça normalement. Je... Vous voyez vous êtes quelqu'un de bien !"

Il s’intéressait à présent à sa vie. Alexandre répondit aussitôt, sans méfiance :

"Eh bien, je suis chez Dame Irène pour le moment. Depuis le 15 Septembre jusqu'au retour de mon maître qui doit être dans le mois de Décembre. C'est le cardinal Cassain. Vous le connaissez ? Je suis croyant, je respecte les institutions, mais ce religieux-là... Il est... méprisable. J'essaie de m'adapter à lui, de le comprendre... Mais il est méchant. Une fois quand je n'ai pas su me lever, à cause de mon corps, il a dit;.. Il.. il m'a traité de boulet."

Sa voix tremblait au souvenir terrible. Il venait d'être fait esclave, avait vécu une journée antérieure terrible et son maitre était arrivé dans une colère effroyable. Le garçon eut peur mais finit par dire :

"Je sais que c'est mal... C'est pas bien.. Mais parfois, j'ai envie que mon maître ne revienne pas de Rome."

Alexandre
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Message par Alduis de Fromart Jeu 18 Juin - 11:18

Alexandre repoussa le plateau devant lui, en l'invitant à se servir dans sa propre vaisselle. Est-ce que c'était absurde ? Absolument. Mais cela le fit sourire néanmoins. Il secoua la tête, sans pouvoir s'empêcher de remarquer qu'Alexandre venait de dire le mot : ami. C'était lui, son ami ?

- Non, merci. Je n'ai pas très faim. Mais je t'en prie, si tu as faim, régale-toi. Je peux même en faire apporter d'autres.

Il se rejeta en arrière sur la chaise, croisa les bras et écouta son petit discours sur cette histoire de doigt coupé. Il échappa un petit ricanement amer quand il eut terminé l'explication.

- Et si je ne regrette pas, hum ? Si je devais recommencer, je ne lui en couperais non pas un, mais tous.

Non, il ne voyait pas ce qu'Alexandre pouvait trouver de bon en lui. Il se faisait de fausses idées à son sujet, c'était évident. Comment expliquer son comportement autrement, sinon comme étant de l'ignorance ? Sa soudaine colère à propos de cet homme-là le surprit mais il ne posa aucune question. Il écoutait avec grande attention tout ce qui sortait de sa bouche, à la recherche du plus petit indice qui pourrait lui servir. A vrai dire, il y en avait à foison.

Alexandre lui adressa un énième sourire. Toujours aussi gentil. Et cette fois il y avait même... quelque chose qui ressemblait vraiment fort à ... à de la tendresse ? Il n'en revenait pas comme une seule personne pouvait à elle seule donner l'impression d'être quelqu'un de différent. Il n'avait pourtant pas changé ! Alors qu'est-ce qui faisait la différence, entre Alexandre et tous les autres ?

- Alors tu ne croiras aux rumeurs me concernant que quand elles t'auront été prouvées ? Mais admettons que je suis une source sûre puisqu'elles me concernent, d'accord ?

Il fit une pause, fit mine de réfléchir et débuta enfin :

- Très bien. On dit de moi que je suis un violeur et un assassin ? C'est vrai. Que j'ai tué ma propre soeur ? La vérité. On dit aussi que j'ai déjà brisé la nuque d'une domestique, et que j'ai jeté son cadavre par la fenêtre ? C'est fondé.

Il n'y avait pas qu'une domestique, d'ailleurs, qu'il avait poussé dans le vide. Mais il ne voulait pas penser à cette personne-là alors il la repoussa dans un coin de son esprit.

- On dit que les rumeurs ont tous des fonds de vérité, non ?

Et on disait de lui qu'il était cruel et impitoyable. Enfin, là, en l'occurrence, il était surtout en train de répondre à un esclave qu'il l'appréciait. Ce qui sembla le surprendre. Il avait raison : personne ne disait ça, normalement. Et encore moins lui ! Mais il n'était plus temps de se poser des questions. Il devait écouter — et retenir.

Ainsi donc, Alexandreq était l'esclave du Cardinal Cassain, était croyant et était actuellement en pension chez cette dame Irène en attendant le retour de Rome de son maître. Alduis nota tout dans un coin de son esprit. Et il posa la question suivante, tout naturellement :

- Et ça fait longtemps que tu es esclave ?

La phrase par laquelle Alexandre conclut avec un soupçon de peur le laissa une seconde surpris, mais peu de temps.

- Oh ! Si tu savais le nombre de personnes que je souhaiterais ne jamais voir revenir ...

Il eut un sourire sombre mais qui ne dura pas. Il enchaîna bien vite :

- Mais qu'importe ! Puisque nous sommes en train de faire connaissance, tu peux me poser des questions aussi. Vas-y, demande-moi n'importe quoi !
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Message par Alexandre Jeu 18 Juin - 16:15

Alexandre observa Alduis refuser de manger avec lui et en fut troublé.

"Mais pourquoi vous m'avez invité alors ? Juste pour me nourrir ? Je mange à ma faim, vous savez. Il y a d'autres personnes dehors qui mériteraient votre générosité."

Son regard contempla les pâtisseries de miel puis les fruits. Tout cela lui paraissait subitement moins bon. Il se rappela son effarement en découvrant Tristan à la taverne de l'Ours noir heureux de goûter à une soupe chaude. Il avait élevé sans souci du vente creux, lui, et ne comprenait pas la joie de son ancien amant. Il soupira et repoussa le plateau.

"Non, j'ai pas faim. Pas faim du tout. Si vous avez de la nourriture à perdre, demandez à un de vos serviteurs de la porter aux mendiants en ville."

Alduis revenait sur l'histoire des doigts du père Bellanger. il disait qu'il pourrait recommencer et tous les lui couper. Alexandre étudia la question puis haussa mes épaules.

"Je crois, Alduis, que vous cherchez à me faire peur. Et honnêtement si vous ne vous attaquiez qu'à cet homme que nous avons évoqué, je ne serai pas réellement dérangé. La justice royale ne peut l'atteindre. Un époux qui maltraite sa femme, c'est malheureusement légal. Un père qui donne une correction à son enfant, c'est légal. Alors, si vous recommeciez, oui, je pourrais fermer les yeux."

En son for intérieur, malgré toutes ces convictions et as douceur, Alexandre ressentait même que cela lui faisait plaisir d'imaginer son père adoptif, son ancien bourreau avec les mains aux doigts tous sectionnées. Son sourire angélique s'effaça, supplanté par un rictus vengeresse.

Son expression se modifia et redevint posé lorsque Alduis lui proposa d'entendre des faits de son passé et de le considérer comme bon juge. Les actions énumérées étaient... terribles. Un violeur et assassin ? Réellement ? Il aurait tué sa sœur et défenestré un cadavre ? Alexandre étudia un long moment la question et établit que tout ceci lui semblait trop gros. Il secoua la tête.

"Toutes ces choses sont terribles et méritent d'être sanctionnées devant la loi. Cependant je n'arrive à y croire. Cela.. Cela me parait trop pratique, comme pour prouver votre argumentation. Par ailleurs, vous croyez avoir accompli ces choses ? Mais est-ce bien le cas ? N'est-ce pas votre culpabilité qui s'exprime dans ces tragédies, Alduis ? A vrai dire, je ne sais me prononcer sur ces horreurs et à nouveau je resterai sur ma position de vous accorder le bénéfice du doute et le doute profite à l'accusé."

Alduis insistait et rappelait que toute rumeur possédait un fonds de vérité. Alexandre ne pouvait que le reconnaitre. Il opina de la tête.

"En effet. Mais il faut savoir rester méfiant et découvrir l'origine d'une rumeur est bien souvent un exercice complexe. Pour exemple, quand j'avais treize ans, nous avions entendu dans la librairie qu'un de nos clients avait sa mère souffrante. Trois jours plus tard, elle était dite à l'agonie et cinq jours après que toute la famille entière était trépassé. J'ai appris finalement du père Thierry, le prêtre de notre paroisse, qu'en réalité cette vieille femme n'avait subi qu'une chute et était bien alité mais pour se remettre d'une fracture à la jambe. Vous comprenez ? il ne faut pas se fier aux rumeurs. Jamais."

La conversation retourna à nouveau sur lui, sur depuis quand il était esclave.. Alexandre répondit avec son naturel bavard :

"Oh non ! Seulement depuis deux mois. A cause d'une bêtise au château de..."

Sa phrase se suspendit au milieu et se perdit dans le vide. Alexandre resta un moment gêné. Comment pouvait-il évoquer le seigneur de Frenn et la raison de son jugement ? Il ne pouvait prendre le risque de lui faire courir un danger. C'était un homme bon, droit et honnête. Malgré ce dérapage, il servait la justice. Et il avait reconnu la veille s'être laissé débordé. Il devait absolument le protéger. Alexandre réfléchit rapidement et jugea bon de s'en tenir aux faits principaux.

"Je voulais voir un ami qui avait été recruté par le seigneur de Frenn. Alors.. je sais que c'est pas bien. J'ai été imprudent. mais j'ai.. je me suis faufilé dans le château. Mais on m'a vu. Alors le seigneur m'a mené devant la cour de justice. J'ai été reconnu coupable et asservi. Après j'ai été vendu au marché et mon maître actuel m'a acheté. Voilà."

Alexandre espéra que cette histoire contenterait Alduis. Il n'avait pas envie qu'on l'interroge davantage. S'il parlait, s'il dévoilait une information à cause d'une de ses trop nombreuses maladresses, les conséquences pour son mentor et ami seraient effroyables. Il profita du silence de son interlocuteur pour imaginer une réponse plausible. Une lui venait mais elle le mettait ouvertement en danger. Lui. Devrait-il se protéger lui-même ou protéger le seigneur de Frenn ? Alex tremblait intérieurement.

Alduis lui proposa soudain de lui poser à son tour des questions. Alexandre l'observa, ne sachant pas très bien quoi dire.

"Euh... Eh bien... Vous avez quel âge, Alduis ?"

Le garçon baissa la tête, honteux.

"pardon. c'est idiot.
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Message par Alduis de Fromart Jeu 18 Juin - 20:44

Pourquoi l'avait-il invité ? Il y avait deux raisons à cela, et il ne pouvait lui avouer aucune des deux. La première – la plus importante – c'était qu'il avait un puzzle à reconstituer et des questions à lui poser. La seconde, c'était qu'il n'arrêtait pas de penser à ce qu'Alexandre lui avait dit lors du marché.

Vous êtes quelqu'un de bien, messire.

Il avait beau se repasser ces mots dans sa tête, il ne parvenait pas à se dire que c'était bel et bien ce qu'on lui avait dit. On. Ce garçon infirme. Qui lui proposait pour l'heure d'offrir sa générosité – générosité, il avait bien entendu ! - aux mendiants. Alduis aurait pu le faire, peut-être, pourquoi pas, si seulement il n'avait pas eu la certitude que les gens ne voudraient pas de quelque chose qui venait de lui.

- Ils refuseraient.

Il en était sûr. Parce que cela venait de lui, Alduis de Fromart, ils préféreraient mourir de faim que d'accepter son aide. Après tout, même Alexandre était en train de refuser, alors...

Mais plus il repensait à cette histoire de doigt coupé, plus il regrettait de ne pas avoir été au bout de ses menaces et de s'être contenté d'un seul. S'il le recroisait un jour, il n'oublierait pas d'y remédier. Surtout avec la suite des mots d'Alexandre.

- Un père qui donne une correction à son enfant, c'est légal.

Durant un bref instant, Alduis ne sut quoi répondre. Il en perdit ses mots alors qu'il repoussait aussi loin que possible la vague de souvenirs qui menaçait à cet instant de lui brûler le cerveau par des images dont il ne voulait plus. Jamais. Il s'ébroua. Il n'était plus un enfant sans défense. À présent, il pouvait écraser et ne plus l'être lui-même. Il n'avait plus de raisons de trembler. Alors pourquoi avait-il encore peur ?

Ce fut pour cela qu'Alduis énuméra ses crimes d'une voix parfaitement neutre. Pour se prouver qu'il était capable de résister. Il savait, c'était des choses terribles. Il n'avait jamais essayé de le cacher, alors qu'Alexandre refusait de le croire ? ... Ça semblait fou !

Il lui laissait le bénéfice du doute ? Ça faisait bien longtemps qu'Alduis n'en avait plus le droit. Non, ce sourire d'ange, il ne le méritait pas. Mais pourtant, c'était si étrange - et inespéré - de se dire qu'il y avait au moins une personne dans ce bas monde qui soit capable de voir en lui autre chose que ce qu'il était... Tout en sachant très bien que c'était faux. Qu'est-ce que ça faisait, d'avoir l'illusion d'être un homme bon ? Soudain, il n'avait plus aucune envie que la vision d'Alexandre change alors il n'insista pas. Autrement qu'en haussant des épaules et en disant avec nonchalance :

- Ne viens pas dire que je ne t'aurais pas prévenu.

Quant à l'exemple que donna Alexandre pour contrer la suite était quand même ... facile. Il était en train de mettre en parallèle des meurtres avec une histoire de vieille femme malade ? Mais il se voilait vraiment la face ! Pourtant, Alduis ne lui fit pas remarquer. Il fallait croire que lui aussi, il le faisait, puisqu'il pouvait imaginer une seconde qu'il était capable d'être autre chose qu'un monstre.

Quand on était un monstre un jour, on ne s'arrêtait plus de l'être. Et lui, il était Alduis. C'était ancrée dans ses gênes. Jusque dans la moelle de ses os. On ne pouvait pas aller à l'encontre de sa nature profonde.

Il en était à ces sombres pensées quand soudain la voix d'Alexandre reprit. Deux mois, donc. Son asservissement était récent. Et tout cela pour s'être... infiltré dans la demeure du Premier Conseiller. Un demi-sourire vint planer sur ses lèvres. Il en était de plus en plus sûr : il y avait autre chose. Et cet autre chose était forcément alléchant. La manière dont s'était brutalement arrêter Alexandre, au beau milieu de la phrase, le prouvait à lui seul. Pourquoi faire cela quand il n'y avait rien à cacher ? Mais il ne fallait pas qu'il lui force la main. Ça finirait bien par venir. Et il avait déjà quelques éléments. Suffisamment pour pouvoir piéger Dyonis à son propre jeu.

Pour ainsi dire, il avait eu ce qu'il voulait. Il pouvait bien laisser Alexandre respirer.

Alors il décida de répondre à ses questions. Et quelle première question ! Elle semblait si simple, quand il aurait pu demander n'importe quoi d'autre ! Il rit de bon coeur. Il avait dit qu'il répondait, quoi qu'Alexandre demande. Il allait tenir sa parole.

- Eh bien, si c'est ce que tu veux savoir alors, j'ai 28 ans. Je peux aussi te dire que je suis militaire et l'héritier de ce château.

Il eut un sourire amusé, presque provoquant tandis qu'il ajoutait :

- C'est vraiment tout ce que tu voulais savoir ?
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Message par Alexandre Jeu 18 Juin - 23:09

Alexandre observa son interlocuteur qui paraissait surpris de as proposition. Ils refuseraient. Le garçon laissa échapper un rire sans la moindre moquerie. C'était tout le contraire. Ce noble était aussi naïf des réalités de ce monde qu'il avait pu l'être. Il sourit avec cette même tendre qu'il avait depuis le début.

"Avec ton mon respect, Alduis, vous êtes là naïf. Aucun mendiant ne refuserait un bon repas. Même un quignon de pain rassis. Mais je comprends votre vision. Il y a peu je concevais difficilement que des gens en ville ne mangeaient pas à leur faim. Je mangeais deux fois par jour. Je ne savais pas ce que ça pouvait être ne pas manger, ne pas avoir une assiette devant soi.. Puis, j'ai rencontré des personnes qui vivaient dans la rue, démunies... Dans ces cas-là, la faim fait accepter n'importe quoi, de n'importe qui."

Le garçon contempla la pièce richement décorée et songea que la maison de son enfant était confortable elle aussi. Dans un environnement protégé, il s'avérait si aisé de perdre contact avec la réalité.

Il regarda ensuite que son interlocuteur semblait se perdre quand il avait évoqué la violence d'un mari et d'un père. Alexandre percevait un trouble, un malaise. Il l'observa, cherchant à comprendre, puis eut une intuition.


"Je... Pardon, mais, Alduis, vous... Vous père vous battez-vous aussi ?"

Alexandre le contempla d'un regard triste et lui sourit.

"J'ai dit que c'était légal, pas que c'était bien. Un père qui bat son enfant, non c'est mal. Un père, comme ça, ne mérite pas qu'on l'appelle père. Mon père.. Mon vrai père, il n'est pas parfait mais il m'aime et n'a jamais levé la main sur moi."

Le garçon tira avec douceur le médaillon des d'Anjou que lui avait offert deux mois plus tôt e révélant leur filiation. Son doigt caressa avec émotion le métal froid puis il laissa l'objet tomber sur sa poitrine, bien apparent pour Alduis.

"Je me croyais fils du libraire Bellanger, que je me nommais Alexandre Bellanger. A la vérité, ma mère avait quitté son époux violent et vécu une histoire d'amour avec le père Thierry d'Anjou. C'est lui mon père. Mon vrai père. Pendant des années, à distance, il a veillé sur moi, m'a protégé quand j'avais une mésaventure dans les rues.. Et récemment, quand j'ai eu des ennuis, même quand j'ai désobéi à ses ordres, mon père ne m'a jamais frappé. Il s'est juste inquiété. mortellement inquiété. Il a continué à m'aimer et à veiller sur moi. C'est ça, un père, Alduis, un homme qui aime son enfant, sans jugement, sans menace."

Le doigt du garçon caressa à nouveau les armes des d'Anjou et épousaient les creux de l'emblème. Il sourit à Alduis.

"Je ne sais pas quels secrets hantent votre âme, Alduis, mais croyez-vous, si vous avez vécu avec votre père des choses terrible, vous valez mieux, infiniment mieux que tout ce qu'il aura pu vous dire."

Alexandre médita avec étonnement à ses paroles qui étaient sorties si naturellement. Lui qui ne cessait de critiquer la vie si peu morale du père Thierry, l'homme qui avait abandonné sa mère aux mains d'un époux violent, il venait de lui dresser une belle couronne de lauriers.

Alduis rappelait alors qu'il l'avait prévenu et Alexandre répondit avec une légère insolence :


"J'en prends bonne note, Alduis."

Alors que Alduis répondait à sa question stupide et la complétait, Alexandre se rappela d'une conversation avec le père Thierry avait tenu lors de ce séjour à la colonie d'Iswhiz sur ses soupçons sur sa véritable nature auquel le garçon avait répondu de manière évasive, redoutant de se confier. Néanmoins, dans ma conversation, Alexandre oublia sa réserve habituelle sur ce sujet, désireux de révéler la grandeur de son père.

"D'ailleurs, le mois dernier, le père Thierry a mentionné avoir remarqué que j'avais une relation avec un ami et m'a dit que je ne devais pas fuir mes véritables sentiments, que je devais m'accepter tel que j'étais. "

En prononçant ces paroles, le garçon ne se rendait pas compte encore de se dévoiler.
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Message par Alduis de Fromart Ven 19 Juin - 9:57

Naïf. Alexandre le trouvait naïf.

Non, il ne l'était pas. Il voyait la vérité en face, simplement. Ne pas espérer. Comme ça, vous n'étiez jamais déçu. Jamais pris par surprise. Son innocence avait détalé depuis bien longtemps. Il ne croyait plus à rien depuis bien longtemps.

La compassion humaine ? Des mensonges.
L'amour ? Des mensonges.
La confiance ? Des mensonges.
Les liens de sang ? Des mensonges.
Dieu ? Des mensonges.

La Vie ? Des mensonges. Encore. Comme tout le reste.

Que restait-il une fois que vous aviez enlevé tout cela ?

La Mort. La Haine. La Douleur. Il n'y avait que cela de vrai. De tangible.

Quand la mort vous frôlait, alors vous étiez vivant.
Quand la haine vous brûlait les rétines et consumait votre coeur jusqu'à qu'il ne reste rien, alors vous pouviez vous rappeler du temps où votre mère vous berçait.
Quand la douleur vous traversait de part en part comme un éclair, alors vous pouviez arrêter de réfléchir.

Personne ne comprenait. Personne ne pouvait comprendre. Il était seul. Tout seul pour manger le soir, tout seul pour affronter son père, tout seul pour se faire face.

La solidarité n'existait pas. Elle n'avait jamais existé. Elle n'existerait jamais. Comment y croire, alors qu'on l'avait toujours laissé se noyer ?
Il avait espéré, de tout son coeur.
Il avait prié, de toute sa foi.
Il avait pleuré, de toutes ses larmes.
Personne n'était jamais venu.

Aujourd'hui, il ne restait plus rien. Sinon la certitude que plus jamais - jamais - quelqu'un ne lui ferait du mal. Et que plus jamais il ne serait déçu, par qui que ce soit.

Il n'aurait su dire combien de temps il était resté dans ses pensées quand la voix d'Alexandre attira son attention. Alduis releva des yeux troubles vers lui.

- Je... Pardon, mais, Alduis, vous... Votre père vous battait vous aussi ?

Il aurait été bien en mal de répondre quelque chose. Cette question. Elle lui laissa un goût aigre dans la bouche. Il attrapa quelque chose sur le plateau - sans regarder ce que c'était - et croqua dedans à pleines dents. Il eut l'impression de manger de la cendre, alors il la reposa aussitôt, écoeuré.

Alexandre le regarda et lui sourit. Toujours aussi doucement. Comment était-ce possible d'avoir un aussi joli sourire ?

- Un père qui bat son enfant, non c'est mal. Un père, comme ça, ne mérite pas qu'on l'appelle père.

Ce fut tout ce qu'Alduis réussit à comprendre de son petit discours. Mais Coldris n'avait jamais levé la main sur lui. Il ne l'avait jamais frappé. Alduis aurait préféré. Il avait fait tout cela pour qu'il soit digne d'hériter. Qu'il mérite ses terres. Son nom. Son prénom. Et Alduis ne désirait que cela, le rendre fier.

Il écouta Alexandre lui conter son histoire. Il avait de la chance. Chance de pouvoir se dire qu'il n'était pas le fils d'un monstre. Chance de pouvoir se dire qu'il n'avait pas le même nom que lui. Alduis avait son sang dans les veines. Il était comme lui. Il secoua la tête et se leva. Il s'appuya à la fenêtre, pour regarder dehors.

- C'est ça, un père, Alduis, un homme qui aime son enfant, sans jugement, sans menace.

Et un fils, qu'est-ce que c'était ? Il ne se retourna pas, garda ses yeux braqués à l'horizon.

Il valait infiniment mieux ? Non. Il ne valait rien. C'était même pour cela qu'il n'était encore que l'héritier de ce domaine. Il ne répondit rien, repoussa les souvenirs et les mots d'Alexandre loin dans son esprit. Il finit par lui faire face de nouveau.

- Comment fais-tu pour croire à ce que tu dis ?

Sa voix était amère, mais c'était une question sincère. Comment pouvait-il encore espérer ? Encore croire à la bonté des gens ?

- Le père Thierry a mentionné avoir remarqué que j'avais une relation avec un ami et m'a dit que je ne devais pas fuir mes véritables sentiments, que je devais m'accepter tel que j'étais.

Alduis revint jusqu'à la table, appuya ses paumes dessus pour plonger son regard dans le sien. Il avait bien compris ? Il avait une relation avec un ami ? Ça voulait dire que ... Alduis plissa les yeux, comme s'il cherchait à lire en lui.
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Message par Alexandre Ven 19 Juin - 11:37

Alduis ne bougeait plus. Son visage semblait même avoir un peu pâli. Il semblait s'être enfermé dans ses pensées. Alexandre sentit son cœur se serrer en comprenant à quel point ses mots avaient pu le meurtrir. D'abord, cette révélation sur le monde extérieur et ces gens qui mouraient de faim puis ces paroles sur la place du père et comment un bon père devait se comporter.

Il devait l'avoir replongé dans un désespoir profond.

Alexandre se sentait mal. Coupable.


"Pardon..."

Il baissa le regard en murmurant ce faible mot.

"Je ne voulais pas vous causer de peine. ou vous embêter. Pardon."

Il garda les yeux baissé pendant ce long silence qui suivit jusqu'au moment où Alduis posait une nouvelle question. Comment arrivait-il à croire en ce qu'il disait ? Encore une fois, son attitude dérangeait. On ne le comprenait pas. Il soupira dans un haussement fatalisme des épaules.


"Je ne sais pas. Je suis comme ça."

Ses pensées s'emmêlaient dans son esprit.

"J'aime à observer le monde et le comprendre. Depuis longtemps. J'ai observé les autres familles, les passants, les gens à l'église... J'observe et je tire des conclusions. il y a certes de mauvaises personnes, de très mauvaises personnes, comme mon père adoptif, comme mon maître. Mais il y en a aussi des bonnes, que je suis fier de connaître, comme Dame Irène, comme le seigneur de Frenn... Je veux croire en ces gens. En ces bonnes personnes, en les bonnes choses. Même dans le désespoir, même dans les pires épreuves, je veux continuer à croire que quelque chose de bien se produira."

Il sourit à Alduis à la fin de ce monologue, espérant que cela paraitrait correct.

Alduis l'observa soudain avec ce qui semblait être de l’incrédulité. Avait-il dit encore quelque chose de aml ? Il se tassa.


"Je.. J'ai dit une bêtise ?"
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Message par Alduis de Fromart Ven 19 Juin - 17:52

Alexandre avait soudainement un air coupable. Pourquoi ? Son malaise s'était donc vu tant que cela ? Alduis se blinda. Ou plutôt, tenta de se blinder. Mais il le savait, c'était inutile. Simplement prendre une inspiration pour mieux se noyer ensuite. Reculer d'un pas pour mieux sauter dans le vide.

Ces derniers temps, les gens qu'il croisait, prenaient un malin plaisir à tout faire pour le déstabiliser. Et il y avait ce jour, qui finirait par arriver, où tout volerait en éclats. Où il ne parviendrait jamais à reconstruire ce qu'il avait mis tant de temps à édifier. Vingt-huit ans d'efforts permanents, à se construire une réputation digne de ce nom, à enterrer ses souvenirs, à repousser la peur, les regrets, tout ce qui n'avait pas sa place chez un Fromart loin, très loin dans un coin...

Tout cela. Réduit à néant.

Toute une vie. Écrasée.

Mais Alexandre s'appliqua une fois de plus à le lui prouver. Simplement en s'excusant. Un simple mot, pardon, qui résonna en lui avec une force inouïe. Quand lui avait-on demandé pardon pour la dernière fois ? Quand avait-il demandé pardon lui-même à quelqu'un d'autre ? Il était incapable de s'en souvenir.

Alexandre avait baissé les yeux. Il lui répondit avec un haussement d'épaules, plein de fatalisme. Alduis l'écouta, avec toute son attention et Alexandre ne pouvait pas ne pas sentir son regard bleu peser sur lui de toutes ses forces. Comment toute cette joie de vivre et cette bonté pouvaient tenir dans... si peu d'espace ?

Mais après tout, plus vous étiez grand, plus la haine avait de place pour vous ronger les tripes. Alduis la sentait presque en lui. S'agiter. Tordre son estomac. Nouer sa gorge. Le tuer à petit feu. Bout par bout.

Même dans le désespoir. Même dans les pires épreuves. C'étaient les mots d'Alexandre. Et Alduis ne comprenait toujours pas.

- Et jamais tu ne te dis que ce monde ne mérite pas qu'on s'y acharne ? Jamais tu n'as eu envie de tout brûler, de tout raser ? Jamais tu n'as l'impression que tu vas imploser ? Jamais tu n'as eu envie de voir ton père se vider de son sang ? Jamais tu ne te dis que... tu pourrais mourir là et que tout le monde s'en moquerait ?

Il secoua la tête. Pourquoi disait-il cela, au juste ? Pourquoi précipitait-il lui-même sa perte ? Il se le demandait, tandis qu'il cherchait un indice, n'importe lequel, dans le regard d'Alexandre. Et que ce dernier se tassait sur sa chaise.

- Je... j'ai dit une bêtise ?

Il ouvrit la bouche, mais comme les mots ne venaient pas, il recula d'un pas. Pour se reprendre. Soudain, il avait la sensation que s'il restait trop près d'Alexandre, il allait se brûler. Irrémédiablement. Il aurait voulu oublier ces mots. Tout effacer. Mais ils étaient comme écrits au fer rouge dans son esprit.

Il eut un demi-sourire, cependant.

- Non. Aucune bêtise.

Il guetta sa réaction, pour voir ce qui se passerait sur son visage et ajouta :

- Je m'étonnais simplement que tu aies un ami.
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Message par Alexandre Ven 19 Juin - 22:20

Alduis semblait continuer de s'enfonce dans le silence et le désespoir. Cela faisait peine à voir. Alexandre aurait aimé faire quelque chose mais redoutait de le blesser davantage. Le noble reprit la parole pour l'interroger sur ses convictions. Le garçon prit son temps pour y réfléchir.

"C'est vrai que ce monde est dur. Quand je sors dans la rue, depuis que je suis enfant, bon nombre de passants croient que c'est amusant de faire tomber le môme qui se déplace en béquilles. C'est agaçant, énervant car c'est injuste et stupide. Oui, je suis révolté de ça. Mais se livrer à l'impulsion de la colère, devenir méchant... Non, je veux pas être comme ça ! Je ne veux pas devenir comme ceux qui font le mal ! Si nous trouvons le monde cruel, alors c'est à nous de faire l'effort de le changer. Mais si on répond à la haine, il se répandrait plus de haine. et je ne veux pas vivre de haine. ni de colère. Je préfère aimer mon prochain."

Il baissa la tête un instant en entendant la question sur son père.

"Là... sur mon père adoptif, oui, si j'apprenais sa mort, dans des souffrances atroces, je ne pourrais m'empêcher de me réjouir. Il a trop fait souffrir ma mère pour que je lui pardonne."

Il évoqua à présent la mort et si des gens pourraient se moquer de sa disparition. Alexandre haussa les épaules.

"Peu importe quand ou comment, je mourrai, si les gens le regretteront ou non. C'est Dieu qui décide de cela et quand Il choisira de me rappeler à Lui, j’accueillerai ce sort avec dignité. J'ai foi et confiance en Lui et en la vie éternelle qui nous attend tous là-haut."

Alduis continuait de le fixer Alduis. Il se recula même un peu. Il avait peur ? De lui ? Mais pourquoi ? Pourquoi un puissant noble aurait peur d'un petit esclave infirme ? Il devait encore mal interpréter. Alduis assura que le garçon n'avait dit aucune bêtise puis demandait des précisions sur le fait qu'Alexandre aurait eu un ami. Il blêmit. Il se serait giflé. Il avait encore été idiot pour laisser échapper information aussi dangereuse.

"Euh... Non, c'est pas ce que vous pensez ! Mon père croyait que j'ai eu une... histoire avec un garçon, oui, mais non, je ne me serai jamais permis. Pas du tout. c'est une... erreur. Je ne suis pas... Je ne suis pas... comme ça."

Affreusement gêné, Alexandre avait rougi et tremblait. dans quels dangers s'était-il encore exposé ?
Alexandre
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Message par Alduis de Fromart Ven 19 Juin - 23:57

Alexandre répondit, une par une à ses questions. Même s'il ne les avait pas vraiment posées directement, il attendait tout de même les réponses. Tout en sachant parfaitement qu'il n'aurait jamais dû les écouter. Que cela ne faisait que précipiter sa fin. Mais malgré cela, il tendait l'oreille. Pour ne pas manquer un seul mot de ses explications.

Répondre avec la haine générait encore plus de haine. Toujours. Il le savait. Mais la haine, il n'y avait que cela de vrai. Et quand vous faisiez peur, les gens ne vous attaquaient plus. Alduis se défendait avant d'en avoir besoin. Il ne faisait qu'appliquer la loi du plus fort qui régnait dans ce monde. Tuer ou être tué.

Survivre, ou mourir.

Aimer son prochain. Et quand il n'y avait personne à aimer ? Ne disait-on pas, de toute manière, que la haine était une forme d'amour ? Que pour passer de l'un à l'autre, il n'y avait jamais qu'une fine barrière qui se dépassait si facilement, sans qu'on en prenne conscience... Alduis ne répondit toujours pas. Il était incapable de dire ce qu'il voulait. Qu'il continue à parler, qu'il se taise ? Qu'il reste, qu'il parte ? Les deux ?

Les gens le bousculaient-ils vraiment dans la rue ?

Quand Alduis réalisa ce à quoi il était en train de penser, il secoua la tête. Il s'en fichait, de le savoir ! Ils pouvaient bien le bousculer, après tout, ce n'était qu'un esclave – et ce n'était même pas le sien ! Et pourtant... cette idée lui laissait un goût aigre dans la bouche.

Et puis, vint la Mort. Et Dieu. Alduis eut un reniflement méprisant, qu'il fut incapable de dissimuler.

- J'ai foi et confiance en Lui et en la vie éternelle qui nous attend tous là-haut.

Il ricana avec aigreur. La vie éternelle. De beaux mensonges entourés de miel. Dieu, l'enfer, le paradis. C'était pour tous la même chose. Il n'y avait rien. Rien du tout.

- Dieu n'existe pas.

C'était improbable toute la haine qu'il était capable de faire loger dans trois petits mots. Il eut un sourire amer en continuant :

- Il n'existe pas, et tu sais comment je le sais ?

Il se redressa un peu. Il sentait monter la pression en lui. Elle grossissait au creux de son ventre, prenait de l'ampleur, risquait de le déborder d'un moment à un autre. Pourtant, il l'ignora et continua, en faisant quelques pas dans la pièce pour essayer d'évacuer un peu de la tension qui électrisait ses nerfs :

- Quand j'avais besoin de lui, où il était, hein ? Quand je le priais tous les soirs pour qu'il fasse quelque chose ? Il a jamais rien fait ! Et tu sais pourquoi ? Parce que là-haut, il n'y a personne ! Oh, je sais ! Avec de tels propos, j'irais certainement en enfer ! Mais pour aller en Enfer, il faut croire qu'il existe. Et je suis persuadé du contraire.

Il prit une inspiration sifflante et pressa ses paumes contre ses yeux pour retrouver son calme. Ses mains tremblaient et la seconde d'après, au silence qui apparaissait on ne peut plus important suite aux éclats de voix, il regretta d'avoir autant parlé.

Alexandre lui offrit un moyen idéal de se reprendre et de passer à autre chose. Son fameux ami. Sûrement le jeune homme venait-il de réaliser ce qu'il venait de dire puisqu'il avait considérablement blémit. Un signe évident qu'il avait quelque chose à cacher sur ce terrain-là aussi. Quant à son excuse... Alduis en aurait ri. Il aurait aussi bien pu tout avouer directement, au lieu de s'enliser dans des mensonges qui n'étaient pas crédibles et qui ne faisaient que le trahir davantage que n'importe quelle vérité...

- Ce n'est pas un péché, ça, pour ton dieu adoré, le mensonge... ?

Il pencha la tête sur le côté. Il avait compris, oui. A la manière dont Alexandre essayait de se persuader lui-même du contraire. N'importe qui l'aurait deviné, pour qui cherchait un peu. Alduis avait réussi à retrouver le contrôle de lui-même. Il demanda, d'un air pensif, en restant à bonne distance parce qu'il craignait d'avoir effrayé Alexandre :

- Dis-moi... Tu dis que ce n'est pas normal parce que tu le penses ou parce qu'on te l'a dit ? Laisse-moi deviner.

Il eut un sourire sombre, fit une pause et déclara comme s'il parlait du temps qu'il faisait :

- On m'a dit la même chose. C'est impressionnant comme ce monde manque d'originalité, tu ne trouves pas ?
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Message par Alexandre Sam 20 Juin - 11:51

Alexandre contemplait son interlocuteur qui le fixai tout écoutant les réponses à questions à ses interrogations. Il devait réfléchir à tout ceci. Brusquement, des paroles très dures et abruptes résonnèrent.

Dieu n'existait pas.

Ces mots froids le blessaient. Affreusement. Atrocement. Alexandre aurait pu supporter le jeûne, les coups de baguette, les humiliations et les flagellations mais pas entendre cela. Dieu existait. Il le sentait. Ce ne pouvait être un mensonge. Il écouta cependant la suite et comprit que ses déconvenues l'avaient détourné de la religion. C'était somme tout assez courant. Il poussa un léger soupir.


"Dieu n'est un être dont on ne peut exiger un service sur commande. Il se montre bien plus exigeant. Aide-toi et le Ciel t'aidera. Avant de recevoir une quelconque aide, les écritures nous enseignent que nous devons découvrir en nous-mêmes la force morale pour surmonter nos épreuves. Dieu est là, le Christ également, sa mère aussi.. Ils vous observent et s'attristent de votre relâchement. La vie éternelle qui nous est promise est une récompense pour nos efforts et notre patience. Nous ne devons pas agir en enfants trop gâtés et rester humbles, à l'écoute. Continuellement à l'écoute. Mais Dieu vous aime, je le sais, Il aime tous ses enfants mais Il ne peut malheureusement intervenir comme Il le voudrait. Dieu agit en ce bas monde avec des moyens humains, dans les situations qui se présentent. Il put essayer de faire entendre Sa voix, de persuader nos ennemis, mais si ceux y sont insensibles, alors Il ne peut agir. "

Alexandre avait un sourire apaisé en prononçant ce qui ressemblait à un sermon.

"Moi, en tous cas, Alduis, je crois en vous. J'ai vu que vous savez être un homme bien et vous pouvez revenir vers Dieu si vous laissez votre cœur s'ouvrir."

Brusquement, Alduis le fit sursauter en comprenant le mensonge, pu crédible certes, qu'Alexandre avait essayé d’inventer pour couvrir cette homosexualité honteuse. Il rougit fortement puis entendit son interlocuteur se moquer à son sujet en invoquant à la religion.

"Je... Dieu sait que ses enfants sont humains et donc faillibles. Il leur pardonne les égarements."

Alexandre se tassait sr sa chaise, cramoisi, honteux, et terrifié. Qu'allait-il se passer ? Et si Alduis le dénonçait pour ses travers ? Il eut alors un autre choc en l'entendant à travers ses mots confesser partager cette orientation singulière. Il le dévisagea, sidéré.

"Je... Alduis, vous... vous..."

Malgré son embarras terrible de ce sujet sensible, la curiosité naturelle revenait à la charge. Il avait besoin de savoir. Il avait besoin de comprendre.

"Alduis... Je... Qu'est-ce que vous ressentez quand... quand vous voyez un homme ?"
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Message par Alduis de Fromart Sam 20 Juin - 21:59

Ses mots semblèrent blesser Alexandre. Alduis ne broncha pas. Il était sûr de ce qu'il avançait là. Il n'y avait personne dans le ciel. Personne pour aider, personne pour rassurer. Il avait de quoi le prouver au plus pieux des hommes. Mais Alexandre, lui, avait visiblement de quoi assurer son existence au plus hérétique... Restait à savoir quelle parole serait la plus convaincante.

Alduis alla se caler dans un siège, croisa jambes et bras pour écouter, tout à fait attentif à ce qui suivrait. Une lueur de défi brillait dans son regard. Quant au sourire condescendant qui flottait sur ses lèvres, il disait : Vas-y, à toi de jouer. Convainc-moi qu'il existe.

Il doutait qu'il y arrive la moindre seconde mais il était curieux de voir quels arguments ce dernier pourrait développer pour lui assurer le contraire. Mais loin de l'amuser, ses mots firent renaître la pression dans son ventre. Il força sa respiration à rester calme, ce qui lui demanda un effort considérable.

Exiger un service sur commande. Il ne lui semblait pas que c'était ce qu'il avait fait. Demander un petit signe, un minuscule signe, juste pour ne pas perdre espoir, c'était trop demandé ? Il renifla ostentiblement.

- Ils vous observent et s'attristent de votre relâchement.

Alduis dut se faire violence pour refouler la vague de colère qui le fit frémir de l'intérieur. Son relâchement. Il grinça des dents.

- Faire des efforts, je ne fais que cela depuis que je suis né. Et ça ne suffit jamais. Il faut toujours en faire plus, parce que personne n'est jamais satisfait. J'avais juste besoin d'un signe, quelque chose, n'importe quoi, même de rien du tout. Je m'en serais contenté. Et s'il existait vraiment, comme tu dis, il aurait au moins pu faire cela. Je n'étais qu'un enfant, je ne demandais pas la lune. Juste un signe, pour voir que je n'étais pas tout seul. Et bien laisse-moi te dire une chose : je suis tout seul. Peut-être que les autres méritent son attention, mais pas moi. Il sentait déjà ce que j'allais devenir ! Mais est-ce que tu peux imaginer ne serait-ce qu'une seconde ce que ça fait de ne plus avoir de prénom ? J'aurais fait n'importe quoi pour le récupérer...

Ses mots étaient plein de haine. Il se rendit compte trop tard de ce qu'il venait de dire. Il serra les dents jusqu'à en avoir mal dans les mâchoires et secoua la tête pour s'empêcher de parler plus. Il se reprit et demanda, plus doucement, mais son ton n'en était pas plus doux :

- La prochaine fois que tu le prieras, passe lui un message de ma part, tu veux bien ?

Il lui adressa un sourire sec, sans la moindre joie.

- Dis-lui de continuer à s'attrister sur mon sort, puisqu'il ne sait faire que cela, et que je lui crache dessus. C'est trop tard pour moi.

Il ne releva pas la suite des mots d'Alexandre. Croire en lui. Quelle bêtise il faisait ! Pourtant, son sourire apaisé calma quelque peu le flot d'émotions qui s'agitait dans son ventre sans qu'il ne puisse s'en sortir. Alduis respira plus librement.

Pile au moment où Alexandre s'étonnait de sa réponse à double sens, dont il avait parfaitement compris le sens...

- Je... Alduis, vous... vous...

Il haussa des épaules. Oui. Ils étaient pareils, voilà. Alduis ne savait pas ce qui lui avait pris de dire cela. Il n'aurait jamais dû. Il avait réussi à le cacher jusqu'à présent, pourquoi tout envoyer en l'air maintenant ? Pourtant... il se reconnaissait trop en Alexandre dans son mensonge désespéré pour ne pas réagir. C'était ce qu'il se devait se dire chaque jour au fond de lui.

Il s'engageait sur une pente profondément glissante, qui donnait sur un ravin en contrebas. N'importe qui de sensé en serait resté éloigné. Mais il y allait quand même, malgré toutes les alarmes qui s'allumaient dans son cerveau pour lui signaler le danger.

- Alduis... Je... Qu'est-ce que vous ressentez quand... quand vous voyez un homme ?

La question était pour le moins directe. Mais Alduis apprécia cela. Il détestait tourner autour du pot. Aller droit au but évitait les incompréhensions. Il ne put empêcher son regard de se perdre dans le vide malgré tout. Que ressentait-il ? C'était refaire face à des choses qu'il enfouissait en lui depuis bien trop longtemps pour les ressortir sans danger.

- Je ne sais pas. Il se passe quelque chose. Je le sens.

Il ne pouvait pas le nier. Quelque chose qui ne se passait pas quand il s'agissait d'une femme, malgré tous ses efforts pour croire le contraire.

Il serra distraitement les doigts sur sa chemise blanche. Il releva un court instant les yeux vers Alexandre.

- C'est effrayant, n'est-ce pas ? Toi aussi, tu as peur, hein ?

Et il savait déjà que sur ce point-là, ils se comprenaient. Il le lisait dans ses yeux. Il secoua la tête.

- Parfois, j'ai l'impression d'étouffer. J'ai beau faire, Alexandre, tu sais quoi ? C'est plus fort que moi. Je peux l'ignorer mais... mais ça reste là. C'est tapis au fond de moi et ça ne manque jamais une occasion de me rappeler la vérité... Même maintenant, tu sais ?

Ses doigts relâchèrent sa chemise et il se passa les mains dans les cheveux, avant de se pencher en avant, les coudes sur les genoux, à regarder ses mains. Il ferma les yeux un bref instant.

- Je ne sais plus quoi faire, Alexandre. Il m'arrive des fois où... où j'ai envie d'arrêter de lutter.
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Message par Alexandre Dim 21 Juin - 13:57

Alexandre observa, tendu, Alduis répondre de manière assez dure à son discours sur la religion. Il faisait des efforts pour gommer sa colère mais le garçon la percevait. Cette souffrance contenue dans chacun de ces mots le brisait. Il percevait la détresse derrière et l'isolement. Il entendit alors cet aveu : qu'on l'avait autrefois privé de son prénom. Il comprit pourquoi il demandé à être nommé ainsi, pour réparer cette injustice.

Spontanément, touché par ces émotions qui lui parvenaient, Alexandre saisit la main de son interlocuteur et la serra entre la sienne, sans se soucier des conséquences. Sa petite main tendre, sans irrégularité, sans marque d'usure, faisait difficilement le tour de celle d'Alduis plus large.


"Alduis... Vous êtes Alduis ! Personne n'a le droit de vous retirer votre prénom ! Dès notre naissance, nous recevons un prénom, nous recevons le baptême qui nous accorde ce prénom ! Personne n'a le droit à de le retirer. Ni à un enfant ni à un adulte. Pas même à un esclave."

Le garçon se remémora d'un article du code civil que son père adoptif lui avait fait étudier sans soupçonner que cette lecture lui serait si profitable. il récita d'une voix étonnamment sévère :

"Article 382, Alinéa 6 : Si le père de famille est celui qui reçoit toute autorité au sein de son foyer et exerce le droit de correction sur son épouse et ses enfants, cette correction doit s'établir dans de justes dispositions et à aucun moment il est permis au père de famille de tuer son épouse ou un de ses enfants."

Alexandre, la main toujours serrant celle de Alduis, reprit d'une voix plus douce :

"Quoique votre père a fait, Alduis, il n'avait pas le droit. "

Il répondit avec cette même douceur à la requête qui lui était faite de prier pour lui la prochaine fois en continuant de sourire tranquillement.

"Je ne prie jamais pour moi, Alduis. Je prie pour les autres, pour qu'ils aillent bien. Je prie pour ma mère, mon père, mes amis, le Roi aussi... Oui, je prierai à présent pour vous aussi, pour que vous trouviez l'apaisement. mais je ne répéterai pas ces paroles-là. Je lui demanderai de vous aider à entendre Sa voix et de me prêter force pour que je puisse continuer à vous aider."

Sa main continua à serrer la main d'Alduis et ses doigts en caressaient avec tendresse le dos.

"Vous savez, Alduis, ce que j'apprécie le plus dans ma foi, c'est la vision réconfortante du Christ. Voilà un homme qui offre sa vie pour racheter nos échés. Tous nos péchés. Le don de soi est la générosité ultime. Comme quand j'ai protégé votre esclave des coups que lui donnaient mon père adoptif. J'aime me dire que je pourrais un jour lui ressembler. C'est impossible, bien sûr, c'est presque péché d'orgueil, mais je crois que cette volonté d'essayer, de tendre vers cet idéal est important."

Alexandre cessa de parler et écouta la suite de la conversation surtout que celle-ci portait sur cette homosexualité que tous deux avaient du mal à accepter, sur cette différence honteuse à cacher continuellement. Sa main restait cependant posée sur celle d'Alduis et ses doigts s'emmêlaient aux siens sans que le garçon ne le remarqua pas. Seul le discours primait. Il percevait cette peur et cette incompréhension que lui aussi éprouvait depuis cette terrible découverte.


"Oui, j'ai peur. Je me considérais normal. Et même plus normal que les autres hommes. Quand j'ai eu quatorze ans, mon père adoptif n'a eu de cesse de me conseiller d'aller au bordel pour me déniaiser en m’expliquant que marié je ne pourrais plus aussi bien jouir. Cela ne m’intéressait pas. Je regardais les femmes sans rien ressentir physiquement pour elles. Je me pensais plus équilibré, que je ne me jetais comme un affamée sur la moindre chair. sauf que... Il y a peu j'ai eu... un désir violent pour un garçon. je n'avais jamais ressenti cela. C'était violent, terrible, puissant.... Comme les vagues d'une tempête e pleine mer, saisissez-vous l'idée ?"

Alexandre s'arrêta là, pensif, puis réfléchit aux paroles d'Alduis qui évoquait souhaiter que cela s'arrête. Combattre ces pulsions étaient épuisant. Il le savait lui aussi. Ils appartenaient à une minorité silencieuse qui souffraient dans leur chair cette différence cruelle. Une minorité... Ce terme le choqua et le renvoyé à la journée de la veille au sein du château de Frenn. Les paroles du baron résonnaient à nouveau. Il l'avait accusé de réaliser un amalgame effroyable en associant les gens de Zarkos au diabolique esclave Martin, comme bien des gens avaient pu l'accuser d'être une mauvaise personne sous le simple fait qu'il était un enfant infirme. Alors... Alors ça ne pourrait pas s'appliquer pour l'homosexualité ?

D'une petite voix, Alexandre dit :


"Et si on ne devait pas lutter, en fait ? Nous sommes justes des individus avec une particularité divergente, comme cette infirmité avec laquelle je suis né. La société a peur de ce qu'elle ne connait pas. Les infirmes, les gens comme nous... On doit peut-être seulement s'accepter nous et essayer de vivre avec ce qu'on est ?"

Il baissa le regard puis murmura :

"Et puis moi, quoique vous soyez, qui vous soyez, je vous aime beaucoup, Alduis."

Tout le long de l'échange, sans en avoir conscience, le garçon avait laissé sa main sur celle de son interlocuteur.
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Message par Alduis de Fromart Lun 22 Juin - 14:53

Alduis n'avait pas prévu de parler autant. Il s'était laissé embarqué par le torrent de ses émotions et n'avait pas résisté – encore une fois. A présent, il regrettait d'avoir échappé certaines paroles qu'il aurait préféré garder pour lui. Comme cette histoire de prénom...

Il allait la repousser loin, très loin, dans un coin de son esprit quand il sentit soudain la main d'Alexandre prendre la sienne. Il écarquilla les yeux et se figea. Durant une seconde, il en oublia même de respirer et il dut forcer ses poumons à se remplir – comme si brusquement, ils ne savaient plus faire d'eux-mêmes. La main d'Alexandre était petite et sa peau douce. C'était une main qui n'était pas tâchée de sang, qui n'avait jamais tué personne, et qui était là, par-dessus la sienne. Toute cette innocence pouvait-elle réellement exister ou rêvait-il ?

Alduis eut un sourire sombre quand Alexandre lui répondit. Il n'avait pas retiré sa main, parce qu'il n'osait pas bouger, et ne le regardait pas dans les yeux. Il observait soigneusement devant lui, les murs de la bibliothèque couverts de livres, comme s'ils étaient des choses qui méritaient toute sa concentration. Il finit par rétorquer :

- Personne n'a le droit mais tout le monde le peut. Depuis quand les lois sont-elles respectées par chacun ?

Oui, il était interdit au père de famille de tuer sa femme ou ses enfants. Cela n'en avait pas empêché plus d'un de le faire. Et Alexandre venait de le réciter avec sévérité : il avait le droit de procéder à une correction. Rien ne disait où s'arrêtaient exactement ces justes dispositions.

- Sans lui, je ne serais pas là. C'est lui qui m'a permis de vivre.

Un père donnait une vie à son enfant. Mais quelle vie exactement son père lui avait-il donnée ? Parfois, il se posait la question et dans ces moments-là, il se rendait compte à quel point son raisonnement était pitoyable. Comme maintenant.

Alexandre, lui, parlait toujours doucement. Sa voix le déstabilisait. Il ne semblait même pas énervé. Contre personne. Cela dépassait son entendement, lui dont la colère noyait trop souvent le coeur, au point de l'avoir débordé déjà de trop nombreuses fois.

- Tu perds ton temps, à lui parler de moi.

Alexandre n'avait pas lâché sa main non plus, et Alduis n'avait toujours pas trouvé la force de la retirer. Il continuait de regarder avec grande attention les étagères de livres pour ne pas risquer de croiser son regard. Il aurait voulu pouvoir ignorer les frissons qui remontaient le long de sa colonne vertébrale.

Il était tellement occupé ailleurs qu'il ne comprit pas un traître mot à propos de son discours sur la foi, sinon une histoire de ressembler au Christ. Mais cela ne l'intéressait pas vraiment non plus.

Malgré toutes les différences qu'Alduis avait noté depuis le début de la conversation, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'ils se ressemblaient peut-être plus qu'ils ne le pensaient. Dans leur combat quotidien contre eux-mêmes. Dans ce bras de fer de tous les jours pour ne rien laisser paraître de la vérité...

Il n'aurait jamais pensé que savoir qu'il n'était pas seul dans cette situation lui ferait autant de bien. Et même si Alexandre ne semblait pas se rendre compte que ses doigts s'emmêlaient entre les siens, Alduis quant à lui, en avait une conscience accrue. Il sentait chaque point de contact précisément, comme une douloureuse brûlure qui, pourtant, l'appelait. Il se tourna enfin vers Alexandre et croisa son regard. C'était comme s'il était allé se jeter de lui-même au milieu d'un énorme brasier.

Il se reconnaissait à tel point dans les mots d'Alexandre... Il se souvenait encore comment, malgré les jeunes femmes qui lui rendaient parfois visite, son regard finissait invariablement par dériver vers leurs frères ou vers les soldats qui s'entraînaient parfois. Et il se souvenait aussi de la honte qui l'envahissait à chaque fois.

Il avala sa salive quand la petite voix d'Alexandre s'éleva de nouveau.

- Et si on ne devait pas lutter, en fait ?

Ne pas lutter. Ça sonnait comme un rêve. Il en avait tellement envie, oui. Se laisser aller, s'abandonner, oublier. Parfois, il avait envie de tout envoyer valser mais il savait qu'il ne fallait pas. Parce que jamais il ne pourrait s'en passer, une fois qu'il aurait goûté l'interdit. Mais c'était plus fort que lui. Beaucoup plus fort.

Alexandre baissa les yeux et ses mots terminèrent d'abattre les défenses d'Alduis. Je vous aime beaucoup, Alduis. Il avait la gorge nouée. C'était drôle comme son prénom lui semblait plus doux quand c'était Alexandre le disait. Comme s'il était vraiment quelqu'un de bien...

- Et ce garçon-là... Tu... tu l'aimes toujours ?
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Message par Alexandre Lun 22 Juin - 15:21

Avant de répondre :
Alex, dans cette réplique de Alduis qui évoque les lois pas toujours respectés, va certainement songer au fameux procès avec Dyonis où il a été asservi au lieu de subir une simple flagellation. Va t-il commettre une indiscrétion ?

Réussite : il réussit à les retenir
Échec : il lâche des informations
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Message par Fatum Lun 22 Juin - 15:21

Le membre 'Alexandre' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Message par Alexandre Lun 22 Juin - 17:15

La main d'Alexandre était toujours posé sur celle d'Alduis mais il n'en avait pas conscience. Ses doigts fins s’emmêlaient à ceux plus épais et rugueux du jeune noble. Il fixa à la place son interlocuteur qui détournait le regard, comme pour fuir la conversation. Il faisait peine à voir.

"Alduis..."

Il prononça le prénom avec tristesse. Son cœur se serrait d'apercevoir le jeune homme si mal et de ne rien pouvoir y faire. Alexandre eut soudain un sursaut quand Alduis rappela que les lois n'étaient que peu respectées. malgré lui, son esprit songea à son procès et sa condamnation. Pour une simple intrusion dans un domaine, il aurait mérité le fouet en place publique, suivi d'une seconde exposition au pilori. Pas davantage. Les lois monbriniennes étaient effectivement précise.

"C'est vrai. Il y a es personnes qui arrivent à intriguer et à passer par dessus les lois. Comme..."

Alexandre referma brusquement la bouche, prenant subitement conscience qu'il allait dévoiler des informations qui pourraient nuire au seigneur de Frenn. Décidément, il ne serait qu'un boulet à ses yeux qui ne savait que lui attirer des ennuis. Le garçon réfléchit à un moyen de récupérer sa gaffe et se souvint de ses visites aux familles avec le père Thierry de sa jeunesse.

"Dès fois, les gens assassinent en faisant passer ça pour un accident. Plusieurs fois, j'ai accompagné le père Thierry pour bénir le corps d'une vieille femme ou d'un enfant qui avait fait une mauvaise chute dans l'escalier. Le père Thierry n'était alors pas certain que ce soit un accident. Mais il ne disait rien. Il n'y avait pas de preuves. Que de faibles suspicions. C''est frustrant. Terriblement frustrant."

Alexandre choisit de s'arrêter là et baissa la tête, espérant pouvoir dissimuler son trouble. Son regard surprit alors sa main encore dans celle d'Alduis. Ce dernier ne l'avait pas retiré. L'avait-il senti. Sans doute. Alors... Alors le contact lui plaisait ? Il en eut un petit sourire ravi, oubliant ses émois précédents.

Alduis évoquait à présent la douloureuse question du père, celle qui l'avait tant fait souffrir lui aussi. Sa main se referma un peu plus sur celle du noble. Cette fois de manière consciente.

"Un père nous donne la vie, oui, mais nous avons aussi le droit de choisir la vie que nous décidons de mener. Nous avons le droit de trouver injuste et écrasant son héritage. Mon père adoptif m'a fait obéir toute mon enfance et ma jeunesse en m'expliquant que je devais ma vie confortable à sa générosité et que biens d'autres pères se seraient rapidement débarrassés d'un enfant infirme. Ce genre de discours, cette autorité écrasante... ça n'est que de la lâcheté ! Un père,n un vrai père, ça aime son enfant, sans le juger, sans l'exploiter, sans le torturer, ou sinon ça ne sert pas de l'aimer et on peut être libre de le renier."

Alexandre fixa Alduis d'un regard à la fois dur et ferme.

"Affranchissez-vous de votre père, Alduis. Vous valez bien mieux que lui. Je le sens. Je le sais."

Il rebondissait à nouveau sur Dieu et ses paroles blessèrent Alexandre. Tant d'aigreur contre soi-même, c'était insupportable.

"Je le ferai quand même. Quoique vous m'en dites. Je vous aimes, Alduis, et j'espère votre bien;"

Alexandre le laissa réfléchir à ces différentes affirmations. Remettre en question toute son existence était difficile et mettait du beaucoup de temps. Il sourit à Alduis puis reporta son attention vers la bibliothèque. Les ouvrages colorés semblaient l'appeler. Il aurait aimé aller les voir de plus près et se perdre peut-être dans une de ces pages. Brusquement, la question de son interlocuteur le fit tant sursauter que le garçon retira sa main et tomba de sa chaise. il bégaya.

"Euh.. ce garçon... Moi.. il..."

Il se sentait terriblement stupide à essayer de se justifier. Comme un coupable. Il avait prétendu qu'ils devaient cesser de lutter et reproduisait le schéma habituel. Il soupira. quel idiot ! Alexandre se redressa et prit la parole d'une voix plus claire mais dans as voix percevait une intonation honteuse.

"Ce garçon... Il se nomme Tristan. Je ne sais plus si je l'ai aimé ou juste désiré. Tout était si confus à cette époque. C'est lui que je voulais voir quand j'ai été pris dans le château de Frenn illégalement. Il a été condamné lui aussi à l'asservissement par ma faute. Il semblait accepter la nature de notre relation bien mieux que moi. Mais moi... Moi, me sentais honteux. Terriblement honteux. Alors... Alors quand il est tombé un jour malade, j'ai raconté à note maître qu'il avait mené autrefois une mauvaise vie, qu'il couchait avec les filles sans cesse, qu'il n'écoutait pas mes réprimandes... Je voulais qu'il comprenne ainsi par cette trahison qu'il ne devait plus m'approcher. C'était une rupture pour le moins... difficile. "

Alexandre sentait la honte l'écraser au souvenir de ce mensonge terrible.

"J'ai été bien lâche et bien vil ce jour-là."
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Message par Alduis de Fromart Lun 22 Juin - 23:26

Alduis n'en revenait pas. Alexandre avait une manière tellement différente de l'appeler... C'était pourtant toujours les mêmes sonorités, les mêmes lettres. Alors pourquoi paraissaient-elles si différentes dans sa bouche ? Comme s'il devenait quelqu'un d'autre.

Et puis, Alexandre sursauta. Alduis savait que son argument sur l'irrespect des lois était infaillible. D'ailleurs, Alexandre ne le contra pas réellement. Il lui accorda le point. Une maigre victoire puisque depuis le début de la conversation, Alduis naviguait à vue. Pour lui qui avait l'habitude de se comporter dans la vie comme à la guerre, en prévoyant ses actions à l'avance... On ne se lançait pourtant pas dans une bataille sans en savoir le plus possible sur son environnement ! C'était ce qu'il avait fait.

Mais Alexandre s'arrêta brutalement en plein milieu de sa phrase. Comme s'il venait de se rendre compte qu'il... ne pouvait pas dire quelque chose. Alduis le devina, mais il ne fit rien remarquer. Pendant une seconde, perdu au milieu de son trouble, il se dit même que c'était peut-être de lui qu'il avait voulu parler. Mais il se raisonna. Non, c'était ridicule. Même s'il n'était pas le dernier à tremper dans les complots frauduleux...

Il n'en demeurait pas moins que cet arrêt impromptu au milieu de phrase était un nouvel indice. On avait acheté son silence, cela lui apparaissait clairement, et quoi qu'il en fut exactement, cela marchait plutôt bien. Alexandre se reprit en parlant d'accidents. Mais la pause avait été trop brusque, et la reprise trop enthousiaste, pour que ce soit cela qu'il veuille dire au départ.

Alexandre baissa la tête. Une preuve flagrante de culpabilité. Alduis laissa filer, une fois de plus. S'il saisissait la perche tendue, il ruinerait cet instant insoupçonnable et il n'en avait aucune envie. Il en avait presque oublié la main posée sur la sienne quand celle-ci se resserra autour de ses doigts.

Alexandre se lança dans un nouveau discours sur la paternité. Encore des mots criant de vérité qui plantèrent les griffes du doute dans son coeur. Mais malgré tout, qu'on traite son père de lâche... Alduis ne comprenait pas pourquoi il le défendait. Mais son père, tout monstre qu'il était, restait son père. Et s'il venait à mourir, Alduis serait alors officiellement orphelin.

- Je suis sûr qu'il m'aime, assura-t-il. Au moins un peu... Rien qu'un peu, je m'en contenterais.

Et pour toute réponse, il y eut cela :

- Affranchissez-vous de votre père, Alduis.

Ce n'était pas le premier qui le lui disait. Une autre voix résonna dans son esprit, comme en écho aux paroles d'Alexandre. Mais comment savoir s'il valait mieux que lui ? Il était son fils. Il avait son sang dans les veines. Et de s'affranchir de lui, c'était plus facile à dire qu'à faire :

- Il me fait trop peur pour ça.

C'était une humiliation que de reconnaître une telle chose pour Alduis. Avouer avoir peur de son propre père au point de ne pas dormir durant des jours avant sa venue, au point de perdre l'appétit ou de vomir le peu qu'on avalait alors... mais ce fut entendre que malgré toutes ses protestations, Alexandre prierait pour lui quand même qui le déstabilisa le plus. Quant à la suite... il lui lança un regard ahuri :

- C'est la troisième fois que tu me dis que tu m'aimes depuis que tu es arrivé...

Non, il n'en revenait pas. Mais il devait admettre qu'il l'apprétiait beaucoup, lui aussi. Mais les mots ne lui venaient pas naturellement. En tout cas, bien plus difficilement qu'Alexandre. Quand ce dernier lui adressa un énième sourire, Alduis avala sa salive, mal à l'aise.

Et il changea de sujet. Ce qui eut le don de faire sursauter le jeune homme violemment, tant et si bien qu'il recula dans sa chaise et qu'il lui lâcha la main. Alduis la posa alors sur son genou, en silence.

Et tandis que le jeune homme se justifiait tant bien que mal d'une voix honteuse, Alduis le regardait. Tout à fait sérieusement, sans son fameux sourire carnassier.

Il l'écouta raconter sans rien dire parler de ses propos fallacieux à propos de cet ami Tristan. Il nota ce nom dans un coin de sa tête également. Si ce garçon avait aussi un rapport avec le Premier Conseiller, alors il pouvait être utile de s'en rappeler.

Les preuves contre Dyonis serait plus facile à trouver que prévu...

Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, Alduis fut soulagé de l'entendre raconter cette histoire. Alors même le plus angélique des hommes pouvait faire des bêtises tout à fait consciemment. Alduis ne le jugea pas une seconde. Oh oui, il le comprenait.

Il avait fait pire, après tout, pour fuir la vérité. Bien pire qu'un petit mensonge. Les mots le débordèrent avant qu'il ne puisse penser à les attraper.

- Je suis tombé amoureux. Une fois. Il s'appelait Mathurin Auvray. Il travaillait pour ma famille, à l'époque. Il disait que j'étais quelqu'un de bien aussi.

Et tout ce qu'il en avait récolté, c'était finir la tête éclatée au bas d'une étable. Alduis croisa les mains et les serra si fort que ses jointures blanchirent. Finalement, il se redressa un peu :

- J'avais vingt ans. Et depuis, j'ai réussi à résister. Tu sais pourquoi il n'y a que des femmes, ici ?

Il eut un sourire amer et le laissa deviner. Car après tout, la réponse était terriblement simple. Mais maintenant, en en parlant aussi librement, les mots faisaient remonter ces sentiments enfouis profondément en lui. C'était comme dépoussiérer de vieux souvenirs, et se rendre compte qu'ils n'étaient pas si vieux que cela.

- Quand tu disais qu'on était peut-être pas obligé de lutter, tout à l'heure, tu le pensais vraiment ?

Mais comment faisait-on, au juste ? Il ne se rappelait plus depuis longtemps de l'époque où il avait été réellement lui-même.
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Message par Alexandre Mar 23 Juin - 12:06

Alexandre avait le cœur serré d'apercevoir le visage d'Alduis si tendu et perdu. Cela lui faisait si mal. Il essayait encore de croire que son père l'aimait, que cela avait un sens de rechercher son affection. Il secoua la tête.

"Non, Alduis. Il ne vous aime pas. Je le sais. J'ai longtemps voulu croire que mon père adoptif m'aimait, je cherchais sans cesse des raisons, des excuses... J'avais tort. Il ne m'aime pas et ne m'aimerait jamais. Ne vous acharnez pas à reproduire ces erreur. Vivez, Alduis. Vivez pour vous."

Il entendait ensuite évoquer la peur que son père lui faisait. là aussi il comprenait. Alexandre inclina la tête.

"Oui, je comprends. Mais, au moins, affranchissez-vous dans votre esprit. Cessez d'espérer son affection et attendez. Après tout, un jour, il mourra, non ? c'est le cycle naturel des choses. Attendez en apprenant à vous détacher de lui, sans rechercher l'affrontement."

Alexandre rougit lorsque son interlocuteur révéla qu'il avait dit plusieurs fois aimer Alduis. Son visage se baissa. Il avait du mal à le regarder.

"Vous êtes gentil avec moi, vous avez l'air... doux... sensible. Oui, je vous aime, Alduis. C'est.. gênant ? pardon."

Alexandre l'écouta confier ses histoires d'amoureuses malheureuse et un homme que Alduis avait aimé quand il avait le même que lui actuellement. Quelle singulière coïncidence ! Il sourit d'entendre que cet homme assurait aussi au jeune Alduis être quelqu'un de bien.

"Vous voyez, Alduis, quand deux personnes disent une même chose sans se concerter c'est qu'il y a là une vérité.

Le garçon eut un petit rire espiègle, presque taquin. Il l'entendit alors confier pourquoi seules des femmes servaient au sein de ce domaine. il comprenait sans explication. Pour supprimer toute tentation. Il eut un sourire triste.

"Pour résister au désir, n'est-ce pas ? Une femme, pour des hommes comme nous, ça ne fait rien. Elles sont en sécurité. "

Alduis posait à nouveau al question s'il fallait vraiment ne pas lutter. Alexandre ferma un instant les yeux puis opina de la tête.

"Est-ce que ça nous rend heureux de lutter ? Non. Au contraire. alors, peut-être, peut-être que si on accepte de se livrer à ses sentiments, en cachette bien sûr, la souffrance disparait ?"

Le sol commençait à être douloureux. Alexandre avait su se redresser depuis sa chute mais il ne pouvait se remettre debout seul, surtout sans ses béquilles, posées contre la table. D'un air timide, il demanda :

"Pardon, Alduis, mais pouvez-vous m'aider ?"



Alexandre
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Message par Alduis de Fromart Mer 24 Juin - 14:43

Alduis attendait la réponse d'Alexandre avec anxiété. Il savait déjà ce qu'il allait dire. Il savait aussi que c'était vrai. Pourtant, il continuait d'espérer le contraire. Pourtant, ses mots tombèrent comme la hache d'un bourreau, terriblement cruels à ses oreilles.

Non, Alduis. Il ne vous aime pas.

Alduis lui lança un regard perdu et murmura d'une voix piteuse, comme un enfant pris en faute – voix qu'il détesta aussitôt :

- Pas du tout ?

Alduis le savait. Il n'y avait rien qui ressemblait à de l'amour fraternel chez son père. Mais malgré tout cela, Alduis ne pouvait s'empêcher d'espérer obtenir un jour sa fierté.

Il ne pouvait faire autrement que de continuer à lui, l'aimer. Simplement parce que c'était son père et qu'au fond de lui, il l'admirait. Et rien que pour cela, il se détestait encore plus.

Alexandre qui rougissait vint à point nommé pour le ramener au présent. Et tout en s'excusant, voilà qu'il le répétait une quatrième fois. Alduis avala encore sa salive mais il secoua la tête :

- Non, non, au contraire. C'est... c'est juste que je n'ai pas l'habitude. Oublie ce que je viens de dire.

Il se massa les tempes pour essayer de clarifier ses pensées, sans réel succès. Il n'arrivait plus à les organiser et elles filaient en tout sens, sans lui laisser d'instant de répis. Il le savait déjà : il ne parviendrait plus à les calmer, désormais.

- Quand deux personnes disent la même chose, il y a là vérité, oui... confirma-t-il, avant d'ajouter aussitôt : Ou alors, ces deux personnes sont toutes les deux trop aveuglées pour voir la vérité.

Mais il n'insista pas à ce sujet. Il ne pouvait cependant effacer de son esprit l'idée qu'il était en train d'induire Alexandre en erreur. Quoi que ce dernier voit en lui, ce n'était pas lui. Comme croire qu'avec lui, les femmes étaient en sécurité. Il se trompait sur toute la ligne et de nombreuses servantes aurait pu le confirmer.

- J'ai fait … des choses pas très belles pour résister au désir, avoua-t-il, presque honteux de le reconnaître. Pas très belles du tout, même.

Mais Alexandre avait raison sur un point : les femmes ne lui faisaient rien. Elles ne provoquaient aucune chaleur en lui. N'importe quel homme provoquerait toujours plus de choses en lui que la plus belle de toutes. Même s'il essayait depuis toujours de croire le contraire.

Et oui, oh oui, il ne voulait plus lutter. Même s'il n'était pas tout à fait sûr que vivre caché soit moins douloureux. Alduis n'aimait pas se cacher, car c'était offrir des prises aux autres que de leur dissimuler des choses. Ses pensées tournaient dans son esprit à toute vitesse, l'assomant presque. Tant et si bien qu'il sursauta quand Alexandre demanda :

- Pardon, Alduis, mais pouvez-vous m'aider ?

Alduis releva la tête vers lui. Il essayait tellement de se reprendre qu'il n'avait même pas vu Alexandre tomber de sa chaise. Il se redressa aussitôt et en une enjambée il fut à côté de lui.

Il l'aida à se remettre debout, en le soulevant sans la moindre difficulté. Là, quand il fut en face de lui, il ne le lâcha pas et plongea ses yeux dans les siens, sans rien dire.

- Se livrer à ses sentiments ? Tu veux dire comme ça ?

Son coeur martelait dans sa poitrine. Alduis ne se laissa pas le temps de réfléchir à ce qu'il était en train de faire. Il se pencha et l'embrassa.
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