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[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange

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Message par Thierry d'Anjou Ven 21 Jan - 13:09

[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Tablea10

[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Eveque10[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Curzo_10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans
Rodrigue de Polignac, 35 ans, vicaire de Fromart

Depuis la confession avec Eléonore de Tianidre, Zacharie était resté dans la chapelle à prier face à la croix. Le recueillement devant la souffrance de leur Seigneur mort pour l'humanité invitait à l'humilité et au dépouillement de l'âme. Peu peu quelques personnes commencèrent à rejoindre l'église. L'évêque se retourna en se relevant pour découvrir des domestiques qui s'avançaient plus ou moins timidement pour s'installer sur les bancs. Il surprit, un peu ému, une cuisinière qui tenait une femme plus que simplette, mais agissait de manière fort maternelle. Zacharie préféra ne pas s'approcher pour ne pas perturber la malheureuse, qui avait sans doute déjà subi bon nombre de moqueries perfides ou ridicules. Il n'en rajouterait pas. Zacharie se contenta d'adresser un sourire à l'accompagnatrice lorsque la femme tourna la tête, toute excitée, pour découvrir les guirlandes de fleurs nouées autour d'une colonne. Malgré les rumeurs qui circulaient sur son compte, le ministre était un excellent homme pour prendre à son service une personne qui réclamait une surveillance constante. Que Dieu l'ait en sa sainte garde, lui et son entière mesnie.

La lumière qui passait par les vitraux donnait un meilleur éclairage et permettait de découvrir les décorations. Des guirlandes florales entouraient les colonnes tandis que des blasons aux arbres des de Fromart ou des de Tianidre étaient accrochés un peu partout. Des fleurs avaient été placés à quelques endroits, mais dans l'idée de ne surtout pas gêner le passage à la noce. Le cadre était à la fois un mélange entre la sobriété et la joie. Un prêtre s'avança et vingt baiser respectueusement l'anneau à son doigt.


"Monseigneur, je suis si heureux de vous rencontrer !"

Rodrigue le fixa d'un air calme, espérant une bonne rencontre qui ouvrirait son avenir. Ici, les choses pouvaient si facilement déraper et le marquis n'était plus là pour le sauver du supplice de la croix. Et ce n'était pas son fils cloué dans sa chaise roulante qui pourrait intervenir. Zacharie l'étudia longuement et ressentit un certain malaise. Cet homme n'avait en rien de sincère. Il ne voulait que plaire face à un supérieur. il répondit ainsi d'un ton autoritaire :

"Puis-je savoir à qui ais-je l'honneur de parler, monsieur ? Votre mère aurait-elle oublié de mentionner dans son éducation les bases de la politesse ?"

"Je suis navré, monseigneur. l'émotion... Vous connaître est si... bouleversant ! Je... je me nomme Rodrigue de Polignac, le vicaire du château. Aimez-vous la chapelle ? Je m'en occupe avec soin !"

"Vraiment ? J'ai entendu à l'instant des gens déclarer que l'esclave ayant travaillé à la décoration avait fait du bon travail."

"Euuuuh.... J'étais occupé des derniers jours !"

"J'imagine. Pourtant, il me semblait avoir entendu que vous vous trouviez à la bibliothèque."

"Mais bien sûr ! Je préparais le texte de mes messes ! Je n'en dis jamais une pareille !"

"Bien sûr. Il paraitrait que vous lisiez un roman de Boréalion. Vous utilisez cette littérature pour les sermons ?"

"Euuuuuuuuh..."

Rodrigue baissa les yeux, penaud, maudissant intérieurement tous ces bavards. Zacharie se délecta de réduire le vil flatteur au silence et reprit plus sèchement.

"Partez-vous asseoir au fond de l'église et dérangez pas. Je ne veux pas vous voir, ni vous entendre poyr la journée !"

Le vicaire opina de la tête et se hâta de disparaître.

***

Pendant ce temps, à l'extérieur approchait la noce....

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Message par Coldris de Fromart Mar 25 Jan - 11:26





Alors c’était aujourd’hui qu’il se mariait. Dans quelques minutes à vrai dire. Coldris rajusta machinalement le col de sa chemise immaculée puis ses manches. Bleu nuit. Il avait même fait l’effort de porter autre chose que son habituel noir de toutes les occasions. Au travers du grand miroir psyché – en provenance directe de Venise – il avait dû mal à se reconnaitre ainsi vêtu. Il se sentait déguisé. Cela faisait littéralement une éternité qu’il n’avait pas mis autre chose que du jais. Il inspira profondément. Il reconnaissait que le travail sur la broderie était à la hauteur de ses exigences : des tiges de romarin, du lierre qui s’enroulait tout autour, quelques asters et bien évidemment des lucioles qui semblaient briller de mille feux sur son pourpoint. Durant un bref instant, il se demanda même si Cassandre avait pu travailler dessus. C’était une activité qu’elle semblait affectionner. Il chassa bien vite l’idée de son esprit : c’était aujourd’hui qu’il était prévu que la Prévôté la récupère et Coldris lui réserver un programme très spécial de son cru pour avoir eu le malheur de s’être montrée impertinente avec sa fille. Ses mâchoires anguleuses se serrèrent et son reflet lui renvoya son regard perçant.

Il consulta l’horloge qui lui indiqua qu’il était l’heure de se rendre à cette maudite chapelle de malheur. Enfin de matinée, il avait reçu le comte de Tianidre qui s’était présenté conformément à son invitation peu avant le déjeuner. Il s’était vu dans l’obligation de l’informer du report du diner à ce soir puisqu’il se mariait dans l’après-midi et ne pouvait voir son épouse. En bon hôte, il évita à son invité ascétique de prendre le moindre repas puisque c’était visiblement un supplice pour lui. Il l’invita cependant à ne pas manquer de signaler tout changement de volonté à ce sujet à l’un de ces serviteurs et le rassura une nouvelle fois sur la qualité des mets à disposition. Il était bien entendu convié à la célébration à la condition exclusive qu’il se tienne sagement à sa place.

La petite chapelle était déjà bien remplie par son personnel qui se leva si tôt qu’il entra. Compte tenu de leur discrétion au quotidien et notamment ces derniers jours, le vicomte avait jugé bon de les inviter à partager ce moment. Une leçon qu’il tenait de son meilleur ami et qu’il appliquait aujourd’hui afin de s’assurer de leur loyauté à tous. Bien entendu, chacun était libre ou non d’y assister. Il prit soin de saluer chacun d’entre eux et de leur adresser un petit mot de circonstances. Théa était là également. Son affectation n’aurait dû être que temporaire, mais il n’avait pas eu le cœur à s’en séparer au vu des évènements et les cuisinières l’appréciaient visiblement également. Il ignora complètement le vicaire en revanche. Il n’avait rien à lui dire. Il traversa finalement la courte nef de son pas princier jusqu’à pouvoir saluer l’évêque.

— Monseigneur, il baisa son anneau protocolairement puis se redressa afin de contempler les lieux.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était assez loin du souvenir qu’il en avait. C’était propre et élégant. Juste ce qu’il fallait pour ses noces.

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Message par Éléonore de Fromart Mar 25 Jan - 21:03

Toutes ces cérémonies avaient quelque chose de drôlement pénible dans leur préparation, et si Éléonore avait toujours trouvé amusant des grimer et dissimuler ses cheveux, elle avait surtout horreur que laisser n'importe qui les tirer dans tous les sens pour il faire tenir les accessoires que son oncle voulait y voir.

Était-ce bon signe qu'il parvienne encore à se préoccuper de ce genre de détails, ou s'y raccrochait-il uniquement pour ne pas déraper. C'était à dire que dans son regard, elle voyait bien qu'il empêchait ses mains de voler. Et elle savait bien qu'elle l'avait déçu. Elle avait presque pleuré lorsqu'il lui avait retiré sa couronne de laurier, mais après tout ce qu'elle avait déjà fait, elle n'avait pas osé s'y opposer. C'était pourquoi il avait été essentiel de fixer son poignard à sa jambe : elle ne pouvait pas affronter cela sans ses talismans. Peut-être avait-il bien trouvé pour elle des bijoux plus décents - à défaut de le satisfaire pleinement -, mais ils étaient froids et incapables de la réconforter. Et si cette petite broche enlaçant un C et un E était tout à propos, elle savait trop bien ce qu'elle signifiait. 

Elle sentait bien qu'il lui en voulait - il avait même remplacé sa boutonnière pélican, alors certes il avait tout changé dès que Gilbert lui avait apporté ce dont il avait besoin, mais le message était assez clair. Le seul moment où elle essaya de parler d'autre chose que de bijoux, ce fut pour essayer de lui faire comprendre que non, il n'était pas obligé de rester si cela l'humiliait, que ce n'était pas le but et que c'était juste pour… qu'il ne manque pas tout. Parce que… parce que c'était une place qu'ils ne pouvaient pas lui retirer. Il ne fit même pas mine de l'entendre. Elle lui demanda si elle devait toujours venir le surlendemain, sans obtenir plus de réaction. Elle s'abstint d'essayer de lui expliquer qu'elle n'avait menti que pour lui offrir une sortie la tête haute, et le remercia pour être resté quand même et lui avoir apporté ces bijoux. À défaut d'avoir été offerts par Ariste, ils étaient jolis. Elle aurait porté n'importe quoi si ça avait pu lui faire plaisir. 

Elle eut droit à un regard sévère lorsqu'il sentit de sa part un doute à s'approcher de de la chapelle bondée. Elle aurait aimé avoir quelqu'un à qui expliquer qu'elle n'aimait vraiment pas cela, qu'il y avait trop de monde et que… enfin, tout le monde allait la regarder ! À ce prix-là, la cathédrale ce n'était pas beaucoup plus… et puis, déjà, elle n'avait pas envie de se marier… mais ce n'était évidemment pas à lui qu'elle aurait pu s'en confier, alors elle s'efforça de continuer pour ne pas lui laisser l'occasion de lui rappeler qu'elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. 

Elle entra à son bras au moment où il le fallait. Il n'y avait personne, n'est-ce pas, la chapelle était entièrement vide. Oui, voilà, c'était exactement cela. La chapelle était vide à l'exception de Coldris et de ses enfants, de Jean, de l'évêque - catégorisé « la personne avec laquelle elle avait parlé ce matin ». Oui, c'était cela, exactement cela, elle était vide, personne ne la regardait. Et si elle souriait, euh… c'était à la décoration. Et la chapelle était vide, entièrement vide, la preuve en était que ses jambes ne s'étaient pas encore dérobées sous elle - elle conservait même une allure digne - et… si elle avait la nausée, c'était uniquement parce qu'elle avait trop mangé - elle avait à peine su avaler quelque chose mais ce n'était pas grave. Le sentiment d'oppression venait d'un corset trop serré, voilà, d'un corset trop serré. Et son poignard, parfaitement inaccessible, n'en était pas moins contre sa peau pour la rassurer. Personne ne l'avait vue entrer pas vrai ? Personne ne la regardait. Il n'y avait personne. Tout ça pour quelque chose qu'elle n'avait pas envie de faire… 

C'était idiot, elle était malgré tout contente que son parrain l'accompagne. En réalité, elle trouvait cela parfaitement ridicule dans le rituel… Mais 'il était resté, cela… cela voulait dire que malgré tout il tenait encore un peu à elle, non ? Même s'il ne voulait pas être son père. Ou bien était-ce pire de lui imposer cela s'il tenait encore à elle ? Elle ne savait pas. Elle sut juste qu'il l'avait déposée à côté de son amant, qui était plus ou moins tout ce qu'elle était capable de regarder. 

Cela faisait tout drôle de le voir en bleu. Sur les autres, cela demeurait une jolie couleur. Ce qu'il pouvait être beau… et était toujours beau, et à vrai dire c'était encore mieux lorsqu'il ne portait rien du tout. L'avantage quand il ne portait rien du tout était qu'il n'y avait vraiment personne. Mieux encore : il n'y avait pas de chapelle, pas d'évêque, pas de cérémonie assommante et si la tête lui tournait, ce n'était pas parce qu'elle manquait d'air. Et elle n'avait pas besoin de faire semblant de sourire parce qu'elle était vraiment bien. Et… oui, c'étaient de jolies broderies, et un très joli bleu. Et… Elle salua l'évêque machinalement. Il n'y avait personne. Personne. Personne. Personne. Elle aurait dû boire quelque chose de plus fort. Était-ce bientôt terminé ?
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Message par Thierry d'Anjou Mer 26 Jan - 16:33

[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Le bref incident avec le pénible vicaire s'était effacé depuis longtemps de son esprit et Zacharie contemplait avec béatitude la chapelle qui continuait à se remplir. Il n'appréciait rien de plus que de contempler un office suivi par une centaine de fidèles comme cela se passait parfois à la cathédrale de Braktenn. Quelle merveilleuse communion ce la faisait alors ! Assurément, le Seigneur percevait leurs voix et la foi qui s'unissaient en un même lieu dans un même but. Ici et là, sur les bancs, on discutait joyeusement à mi-voix. Tous devaient être si heureux d'assister à un mariage. Qui plus celui de leur maître !

Les portes de la chapelle s'ouvrirent finalement pour laisser entrer le marié qui s'avança avec dignité jusqu'à l'auteur afin de le saluer et de baiser convenablement son anneau. Zacharie lui accorda un sourire bienheureux.


"Bonjour, messire, nous sommes tous ici d'être réunis avec vous dans la maison de Dieu en si merveilleux jour !"

La mariée s'avança à son tour, plus timide, comme cela allait si bien aux femmes. Elles étaient toujours plus craintives lors de leurs noces. C'était assurément un tournant dans leur existence et le changement de leur famille. Il la contempla les rejoindre à son rythme de son regard doux et lui sourit. Les fiancées s'accordèrent un échange visuel touchant.

"Je présume que nous pouvons débuter ?"

Le ministre lui accorda un consentement silencieux et l'évêque approuva d'un hochement de tête rapide. Il laissa le couple s'installer devant l'autel. En particulier pour le ministre. Il savait par expérience qu'à leurs âges s'agenouiller ne se révélait des plus faciles. par ailleurs, lui-même confessait préférait la position assise pour se recueillir plutôt que poser le genou devant la croix. Il convenait parfois de se satisfaire de ses privilèges. Ce n'était pas comme s'il se permettait d'abuser chaque matin comme bon nombre de ses homologues... Il se confessait par ailleurs régulièrement de ce travers et son collègue lui offrait toujours l'absolution.

Pendant que les mariés s'agenouillaient, les murmures s'apaisaient peu à peu dans la chapelle. L'agréable silence emplissait les lieux et laissait percevoir la sainte présence divine parmi eux. Zacharie se décida à débuter la cérémonie mais un préliminaire importait auparavant. Une requête forte importante pour le couple et la demande l'avait beaucoup touché. Tant de respect pour ses proches défunts, cela était émouvant et digne d'éloges.


"Avant de débuter réellement cette cérémonie, les mariés ont tenu à ce que ceux qu'ils auraient tant souhaités être leurs témoins puissent être honorés eux aussi en cet heureux jour. Il importe que parfois Dieu rappelle à lui des âmes valeureuses bien trop tôt. Nous ne pouvons pas comprendre Ses desseins. C'est ainsi. Néanmoins, messire de Fromart aurait voulu que son meilleur ami, feu le marquis Virgil d'Ausseveille, soit à ses côtés en un tel moment. Parallèlement, mademoiselle de Tianidre a émis une requête similaire pour son cousin Ariste de Tianidre. je vous pries, mes frères, mes sœurs, à un instant de recueillement pour honorer leurs mémoires."

L'évêque tourna un instant la tête vers le clavecin afin que soit joué un requiem, mais sans que celui-ci ne soit morose. Il joignit ensuite les mains le temps de la prière.

Après le recueillement, Zacharie releva la tête avec humilité et reprit :


"N'en doutons pas que leurs âmes sont aujourd'hui parmi nous, même si nos yeux ne peuvent les voir, et elles rayonnent du bonheur qui vibre dans cette chapelle."

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Message par Coldris de Fromart Jeu 27 Jan - 9:15




L’encens devait assurément monter à la tête de l’évêque de Braktenn… Pour sa part, l’odeur lui donnait toujours autant la nausée. Raison supplémentaire de fuir les édifices religieux et leurs offices. Enfin pour cette fois-ci, il n’avait pas vraiment d’autres possibilités que de s’y plier…

Peu après, sa future femme entra au bras de son père-tuteur-oncle impassible. Il n’avait d’yeux que pour elle qui resplendissait dans cette modeste chapelle. Cette magnifique robe d’un pourpre profond, les broderies élégantes, autant que les soieries de son corset. Ses cheveux élégamment attachés qui dégageaient sa nuque gracieuse. Il savait combien cela lui demandait un effort, d’autant plus qu’il avait convié tout son personnel… Mais tous la regardaient avec admiration, notamment la petite Théa extatique qui devait avoir l’impression de voir la princesse d’un conte de fées. Et en quelque sorte, c’est ce qu’elle était pour elle : la princesse qui l’avait sauvé. Comme dans cette histoire de dragon qui avait fait grande impression – autant qu’elle avait suscité de question – auprès de son petit-fils. Qui se penchait d’ailleurs pour apercevoir la reine du jour. Qu’il ne s’inquiète pas : il serait aux premières loges avec sa mère, son père et son oncle. Ne manquait à l’appel que Sarkeris. Il ferait déposer un billet dans leur boite commune. À peine arrivé déjà reparti. À croire que leurs chemins ne faisaient que se croiser pour mieux se séparer…

Il eut tout juste le temps de serrer sa main pour la remercier de l’effort qu’elle faisait pour lui, qu’on leur demanda de prendre place… à genoux. Il retint un soupir, mais pas ses yeux de se lever au plafond avant de fixer l’évêque qui lui indiqua une nouvelle fois le prie-Dieu. Bon. Il aurait essayé… Il prit place avec raideur sur l’objet de supplice et se prépara mentalement à endurer la lecture des textes et autres psaumes barbants. Mais avant tout, l’officiant n’avait pas oublié sa requête spéciale concernant les deux défunts. Il inclina la tête pour le remercier de ses mots. Et lorsque la musique commença il ferma les yeux et s’accouda même sur le prie-Dieu pour y joindre ses mains tandis qu’il concentrait toutes ses pensées à son ami Virgil, comme si cela aurait pu suffire à l’invoquer pour qu’il assiste à la cérémonie. Les dernières notes du clavecin furent adressées à Sarkeris dont il espérait qu’il fasse bon voyage en ce moment même.

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 27 Jan - 10:20

Il était fou de voir combien un simple geste pouvait aider. Parce que c'était lui. Parce qu'elle ne pouvait rien lâcher. Par que toute cette affaire allait lui coûter très cher. Elle lui désigna distraitement sa broche. À vrai dire, elle n'aurait pas pensé Oncle Eineld capable de ce genre d'humour… et c'était sans doute idiot, mais il plus facile de se concentrer sur ce genre de détails. Même si la chapelle était vide. 

Elle lui adressa un regard d'interrogation blasée lorsqu'il fut question de s'agenouiller. Sérieusement ? Elle doutait que qui que ce soit là-haut fut capable d'y faire quoi que ce soit. Sinon, elle aurait demandé à Ariste de renverser une marmite de gruau sur la tête de l'évèque juste pour l'avoir demandé. Bon, d'accord, juste un bol pour ne pas trop gaspiller, mais assez pour qu'il en soit plein. Sinon, juste y casser un oeuf, c'était plus simple. Évidemment, dans la mesure où la chapelle était vide - le corset, l'oppression venait du corset, et la nausée de son repas - cela aurait été moins comique. Mais on faisait avec ce qu'on avait. 

Elle s'arrangea avec sa robe et ses jambes qui la supportaient à peine pour s'installer. Deux fois dans la journée, c'était tout de même un peu trop lui demander. Mais bon… même si la chapelle était vide, ce n'était pas forcément le moment de se faire remarquer. Coldris était là, de toute façon, n'est-ce pas ? Coldris était là, et donc il ne pouvait rien arriver. Heureusement que la chapelle était vide, tout de même, parce qu'elle avait en horreur de tourner le dos à une foule. Pire, à une porte ouverte ! Une. Porte. Ouverte. En voilà une idée, tout de même. Mais on allait dire que la porte était fermée, c'était moins agaçant. Et puisque la chapelle était vide et que Coldris était là, elle n'avait pas à s'inquiéter. 

Ariste… À entendre son nom, elle ne sentit que plus fort l'absence de son pendentif. Et la sienne. Est-ce qu'un poignard fixé à sa cuisse pouvait compenser la présence indispensable de la plus grande partie d'elle-même. Sans lui, elle ne comprenait même pas ce que Coldris avait pu lui trouver. Sans lui… Elle mordit fort dans sa joue pour ne pas se perdre dans ce genre de pensées… Il aurait dû être là. Même si elle n'avait pas envie de se marier, il aurait dû être là. Ne fût-ce que pour qu'elle n'ait pas envie de s'enfoncer dans le sol rien qu'à entendre son propre nom associé à l'idée de requête. En réalité, c'avait été une très mauvaise idée de le faire mentionner. Elle savait que c'était un doute égoïste alors qu'il méritait tous les honneurs du monde, mais… cela la faisait remarquer, et cette idée l'oppressait encore davantage. Enfin, ce n'était pas grave : il n'y avait personne. Sauf Coldris, et s'il était là tout allait bien, pas vrai ? Il fallait seulement qu'elle pense à respirer.

Depuis sa place, le comte de Tianidre ne put retenir une légère émotion qui troubla son visage un moment à la mention de son fils parti trop tôt.
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Message par Thierry d'Anjou Mar 1 Fév - 13:39

[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Suite à l'évocation des deux défunts, la chapelle s'était remplie d'un silence respectueux durant lequel chacun se recueillit pour honorer les âmes de ceux arrachés trop tôt à leurs proches. Zacharie pria avec une dévotion sincère. Sa tête s'était baissée avec une humilité réelle. les dernières notes du requiem s'achevèrent et l'évêque se redressa. Ses mains touchèrent les feuillets disposées sur son pupitre sur lesquelles il avait consigné avec soin l'enchainement des lectures et des commentaires. Il préparait toujours avec une grande réflexion ses cérémonies, désireux du mot juste, celui qui saura toucher l'âme du fidèle, surtout de celui sur le point de renoncer à Dieu. Il énonça d'une voix forte :

"Mes chers frères, mes chers sœurs, nous sommes réunis ici en ce magnifique jour béni par Dieu pour célébrer l'union d'un homme et d'une femme qui ont choisi se consacrer entièrement l'un à l'autre et qui nous rappelle ainsi que Dieu nous a demandé ainsi de nous consacrer au couple. La Genèse nous l'explique : il n'est jamais bon, ni pour l'homme, ni pour la femme, que d'être seul. La solitude nous empoisonne l'âme et nous éloigne pas à pas de l'amour du Christ."

Sur cette introduction, Zacharie ouvrit la Bible à la page marquée pour sa lecture et débuta d'une énonciation claire et entrainante :


Au commencement, lorsque le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, il dit: « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » Avec de la terre, le Seigneur Dieu façonna toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l'homme pour voir quels noms il leur donnerait. C'étaient des êtres vivants, et l'homme donna un nom à chacun. L'homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde.
Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l'homme s'endormit. Le Seigneur Dieu prit de la chair dans son côté, puis il referma. Avec ce qu'il avait pris à l'homme il forma une femme et il l'amena à l'homme. L'homme dit alors : « Cette fois, voilà l'os de mes os et la chair de ma chair ! On l'appellera : femme ». À cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un.


Dès la fin de sa lecture, Zacharie releva la tête et poursuivit :

"La femme fut crée à partir de l'homme, mais elle constitue ainsi son prolongement. Sans elle, l'homme ne saurait être complet. Il a besoin d'elle , comme elle a besoin de lui. Un couple qui se forme devient une harmonie divine et nul ne peut plus la rompre. Que l'homme se souvienne que la femme est son trésor et il se doit autant de la respecter que de l'honorer. Gardons en mémoire le verset 3.18 des Proverbes !  "

Sa main ouvrait en même temps qu'il discourait les pages du livre saint pour s'arrêter sur le passage choisi. Zacharee le lut d'une voix forte, qui se voulait percutante :

"Car le gain qu'elle procure est préférable à celui de l'argent, Et le profit qu'on en tire vaut mieux que l'or. Elle est plus précieuse que les perles, Elle a plus de valeur que tous les objets de prix. Dans sa droite est une longue vie; Dans sa gauche, la richesse et la gloire.…"

En terminant sa lecture, Zacharie garda un instant le silence pour fixer la foule qui l'écoutait religieusement et leur donner un petit temps pour réfléchir au sens de ses paroles. Il connaissait suffisamment la théologie chrétienne pour savoir malheureusement que nombre de prêtres aimaient un peu trop blâmer la femme et la charger du poids des péchés. Notamment celui de la luxure. C'était enlever toute responsabilité aux hommes. A moins que ceux-ci ne soient pas dans la capacité de se contrôler ? Seraient-ils moins fiables que des enfants ? Non, Zacharie ne le pensait nullement. Homme ou femme, ils possédaient tous les mêmes capacités et la même force pour régir les aspects moins reluisants d'une personnalité. Après tout, ce n'était pas parce qu'une fois un chien mordait une personne que l'on en venait à redouter tous les chiens. Il y avait certes une possibilité de danger, mais l'animal pouvait aussi devenir un excellent compagnon.

Après cette brève pause, Zacharie reprit le déroulement de la cérémonie :

"L'homme et la femme qui choisissent de s'unir sont prêts à tout surmonter. Ensemble, rien ne leur semblera impossible et pour l'autre, ils seront prêts à tout les sacrifices. L'amour les guide l'un vers l'autre et les guide sur le chemin de la vie sous le regard bienveillant du Christ. Lisons ensemble le Cantique des Cantiques pour nous remémorer de la paissance et de la grandeur de l'amour."

Sa main tourna quelques pages pour reprouver le passage choisi.

"Voici mon bien-aimé qui vient ! Il escalade les montagnes, il franchit les collines, il accourt comme la gazelle, comme le petit d'une biche. Le voici qui se tient derrière notre mur, il regarde par la fenêtre, il guette à travers le treillage. Mon bien-aimé a parlé ; il m'a dit : « Lève-toi, mon amie, viens, ma toute belle. Ma colombe, blottie dans le rocher, cachée dans la falaise, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce, et ton visage est beau. » Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui.
Il m'a dit : « Que mon nom soit gravé dans ton cœur, qu'il soit marqué sur ton bras. » Car l'amour est fort comme la mort, la passion est implacable comme l'abîme. Ses flammes sont des flammes brûlantes, c'est un feu divin ! Les torrents ne peuvent éteindre l'amour, les fleuves ne l'emporteront pas.
Toute la nuit j'ai cherché celui que mon cœur aime. Étendue sur mon lit, je l'ai cherché, je ne l'ai pas trouvé ! Il faut que je me lève, que je parcoure la ville, ses rues et ses carrefours. Je veux chercher celui que mon cœur aime... Je l'ai cherché, je ne l'ai pas trouvé ! J'ai rencontré les gardes qui parcourent la ville : « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » À peine les avais-je dépassés, j'ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l'ai saisi, je ne le lâcherai pas."


En achevant sa lecture, Zacharie accorda un regard bienveillant au couple qui se dressait devant lui, chacun agenouillé sur un prie-Dieu. Il ne put retenir une pensée amusée en songeant que la longue messe devait être pour eux une épreuve. Si l'assistance savait à quel point ses paroles sur la question de l'épreuve était en ce moment une démonstration sous leurs yeux...

Sur cette pensée légèrement coupable, l'évêque donna le signe à l'assemblée de se lever pour dire la prière collective et les entendit répéter dans un chœur parfait.


Moi, je suis sûr de toi, Seigneur, je dis :  » Tu es mon Dieu!  »
Mes jours sont dans ta main : délivre-moi des mains hostiles qui s’acharnent.
Sur ton serviteur, que s’illumine ta face; sauve-moi par ton amour.
Seigneur, garde-moi d’être humilié, moi qui t’appelle.


Zacharie se laissait bercer par l'ensemble de toutes ces voix mélodieuses qui n'en formaient plus qu'une et qui célébraient à l'unisson la grandeur de Dieu. L'orgue jouait à nouveau d'n air joyeux et entrainant.  Lorsque le musicien cessa, l'évêque reprit la parole pour se consacrer à la dernière lecture, celui de l'un des textes des évangiles. Il aimait particulièrement ce passage des Éphésiens et s'appliqua à le lire avec une émotion respectueuse et beaucoup de gravité.

"Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le lavage de l'eau par la parole, afin de se présenter l'Église dans sa splendeur, sans tache ou ride ou quoi que ce soit du genre - oui, afin qu'elle soit sainte et sans défaut. De la même manière, les maris devraient aimer leurs femmes comme ils le font pour leur propre corps. Celui qui aime sa femme s'aime. Car personne ne déteste jamais son propre corps, mais il le nourrit et en prend soin avec tendresse, tout comme le Christ le fait pour l'Église parce que nous sommes membres de son corps. "Pour cette raison, un homme quittera son père et sa mère et se joindra à lui. sa femme, et les deux deviendront une seule chair. " C'est un grand mystère, et je l'applique au Christ et à l'Église."

Il releva la tête pour fixer l'assistance afin d'expliquer au mieux son homélie.

"Souvenons qu'un homme qui aime sa femme aime le Christ. Le Christ est descendu à nous pour nous enseigner l'amour et le respect. A vous maris qui recevaient l'autorité du foyer, gardez en mémoire que votre épouse n'est pas assujetti à vous. Elle est votre partenaire. Celle qui joint à vous et vous assistera au quotidien pour vous soutenir dans les épreuves et se réjouir avec vous dans les moments. Blâmez-la, dénigrez-la, insultez-la, elle se ternira et vous, ô maris qui vous croyiez puissants connaitrait à terme les tourments et les regrets éternels !"

L'évêque accorda un temps de silence, durant lequel le musicien joua une courte sonate, pour permettre à l'assistance de réfléchir  au sens de l'homélie. Il se tourna finalement vers le couple pour procéder à l'échange des consentements. Néanmoins, avant cela, il fallait procéder à la question rituelle préalable.

"Si quelqu'un dans cette assistance s'oppose à cette union, que celui-ci s'exprime maintenant ou se taise à jamais !"

Zacharie patienta quelques minutes dans un silence total, puis se tourna vers le ministre.

"Coldris Roderic Godefroy de Fromart , acceptez-vous de prendre pour légitime épouse Éléonore Anne Eugénie de Tianidre ici présent, de l'aimer et de le chérir jusqu'à ce que la mort vous sépare ?"

Il se tourna envers vers la jeune femme.

"Éléonore Anne Eugénie de Tianidre, acceptez-vous de prendre pour légitime époux Coldris Roderic Godefroy de Fromart ici présent, de l'aimer et de le chérir jusqu'à ce que la mort vous sépare ?"
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Message par Coldris de Fromart Mar 1 Fév - 15:35




Sa petite luciole désigna la broche qu'elle portait. C et E. Il fronça les sourcils. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Enfin, il savait pertinemment que c'était leurs initiales, seulement... Pourquoi ? Il savait pertinemment d'où cela pouvait venir, mais il n'était pas sûr de comprendre l'idée...
La cérémonie débuta. Coldris demeurait stoïque. Il savait pertinemment qu’il en avait pour un long moment. Ce n’était pas pire que certains discours assommants qu’il devait subir ou certaines audiences qui s’éternisaient dans un long monologue oscillant entre reproches de fiel et compliments de miel. Ce n’était pas plus douloureux que de sentir les chairs de son dos s’ouvrir sous le fouet. Ce n’était pas plus long que sa confession de la veille. Il se sentait relativement en paix avec lui-même. Assez pour affronter l’épreuve.

Il commença à réciter mentalement le chant IV de l’Enéide dédié à la passion entre Didon et Enée. Vers après vers pour couvrir cette bêtise de Genèse.

Si mihi non animo fixum immotumque sederet,
ne cui me uinclo uellem sociare iugali,
postquam primus amor deceptam morte fefellit ;
si non pertaesum thalami taedaeque fuisset,
huic uni forsan potui succumbere culpae.[1]

Coldris esquissa un petit sourire au parallèle parfait avec sa future épouse avant de reprendre sa récitation pour écouter distraitement ce que l’évêque racontait. Il avait besoin d’elle. Il avait horriblement besoin d’elle. Sans elle, il disparaitrait. Il viderait son opium et s’endormirait dans un sommeil éternel. Elle était son trésor et il la chérissait plus que tous les autres encore. Il tourna discrètement ses prunelles de glace vers sa silhouette. Il poursuivit implacablement l’enchainement des hexamètres parfait de Virgile toutefois rapidement interrompu par l’évêque. Il croisa son regard, il avait au moins le bon de ton de choisir des passages qui ne soient pas complètement dénué d’intérêt. En revanche, les histoires de biches… Coldris en avait une bien meilleure à l’esprit.

Vritur infelix Dido, totaque uagatur
urbe furens, qualis coniecta cerua sagitta,
quam procul incautam nemora inter Cresia fixit
pastor agens telis, liquitque uolatile ferrum
nescius ; illa fuga siluas saltusque peragrat
Dictaeos ; haeret lateri letalis arundo.
Nunc media Aenean secum per moenia ducit,
Sidoniasque ostentat opes urbemque paratam ;
incipit effari, mediaque in uoce resistit ;
nunc eadem labente die conuiuia quaerit,
Iliacosque iterum demens audire labores
exposcit, pendetque iterum narrantis ab ore. [2]


Il aurait pu faire une messe entière rien qu’en citant l’Enéide. Et c’était nettement plus passionnant. Enée était un modèle de résilience et il avait bercé chaque étape de sa vie de sa sagesse. C’était à ses deux « Virgil(e) » qu’il devait tout. C’était eux qui l’avaient relevé chaque fois qu’il était tombé. Les vers continuaient de s’enchainer dans son esprit comme une apaisante berceuse. Il en aurait presque râlé de devoir se lever avec ses genoux engourdis qui lui firent un mal de chien galeux. Il serra les dents et récita bêtement le latin attendu jusqu’à pouvoir continuer son Enéide jusqu’à l’union de Didon et Enée dans la grotte. Quelques vers plus tard, la question fatidique fut posée et Coldris serra les mâchoires en sentant le regard du comte qui pesait comme du plomb entre ses omoplates. Les secondes s’égrainèrent avec une lenteur abominable avant que l’évêque ne passe aux consentements et qu’il puisse enfin se détendre.

Il prit une profonde inspiration et après une hésitation sur la formulation entama :

—Moi, Coldris Roderic Godefroy de Fromart, accepte de vous prendre, Eléonore Anne Eugénie de Tianidre pour épouse, de vous aimer et de vous chérir jusqu’à ce que notre Amour nous sépare.

Qu’importe que cela arrive avant ou après la mort. Leurs engagements se limitaient à cet unique point, pour lui, comme pour elle. Il ne considérait pas qu’il aurait dû cesser de l’aimer si d’aventure il y avait réellement un au-delà. Et c’était aussi ce que signifiaient ces paroles prononcées en son âme et conscience. Et il emmerdait sincèrement ceux qui pouvaient trouver qu’il dérogeait au protocole.


____________________________________________________________________________
[1] Si mon coeur n'avait pris la décision ferme et irrévocable
de ne m'unir à personne dans les liens du mariage,
depuis que la mort m'a trahie, me privant de mon premier amour,
si je n'avais pris en horreur la couche et les torches nuptiales,
pour lui seul peut-être aurais-je pu succomber à cette faute.
Enéide, IV - 15

[2]La malheureuse Didon se consume et comme folle erre dans la ville ;
on dirait une biche imprudente, qu' un berger poursuivait,
dans les bois de Crète, et  que, ayant lancé un trait, de loin
l'a blessée, y laissant, sans s'en rendre compte, sa pointe rapide ;
la biche s'enfuit et parcourt les forêts et les taillis de Dicté
tandis que le trait mortel reste enfoncé dans son flanc.
Tantôt elle emmène avec elle Énée sur les remparts,
et lui montre fièrement les richesses de Sidon et une ville toute prête ;
elle commence à parler, s'interrompt au milieu d'une phrase ;
tantôt, à la tombée du jour, elle veut refaire un même banquet
et, dans son délire, veut encore entendre les épreuves d'Ilion,
restant à nouveau suspendue aux lèvres du narrateur.
Enéide, IV - 68
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Message par Éléonore de Fromart Mer 2 Fév - 16:39

D'une légère moue, Éléonore indiqua qu'elle n'était pas sûre de comprendre ce que le prêt de cette broche signifiait.

Il y avait un avantage non négligeable à avoir appris à se tenir tranquille. Le problème, ces derniers temps étant que l'inactivité menait à sombrer dans les plus sombres abîmes. Il n'y avait que lui qui avait pu l'en arracher. Elle avait besoin de pression dans sa main, elle avait besoin d'un soutien visuel, elle avait besoin que quelqu'un de plus crédible qu'elle puisse lui assurer que cette chapelle était vide. 

Le plus difficile n'était pas de tenir sur ses genoux ou d'écouter les inepties débitées par l'évêque - en réalité, beaucoup de passages eurent été intéressants si le Grand Architecte avait été laissé à sa place. Non, le plus difficile était de ne pas tourner la tête toutes les dix secondes et de réprimer tous les gestes nerveux qui luttaient contre sa volonté. Sentir les regards sur elle la démangeait. Elle les sentait tout le temps et ne pouvait même pas secouer la tête pour chasser cette oppression. Encore moins déserrer le corsage qui l'empêchait de respirer - parce que ce n'était que ça, ce n'était que cela. 

Elle savait bien qu'elle se montait la tête toute seule en y pensant. Elle le savait bien, mais elle n'arrivait pas à penser à autre chose et c'était un cercle vicieux dont elle ne savait pas sortir seule. Moins encore sans son talisman. Elle ne pouvait pas bouger, elle ne pouvait pas. Elle qui pouvait rester des nuits entières sans bouger d'un pouce, ne laissait s'emballer que son esprit pour ne pas déranger Ariste, elle se sentait atrocement nerveuse. Et c'était idiot, parce que cela n'arrangeait rien et qu'en plus d'être totalement vide, la chapelle n'abritait que peu de monde. Ce n'était pas comme si elle avait affaire au tout Braktenn… Non, mais enfin, c'étaient des gens qu'il lui faudrait voir tout le temps ! Il avait beau être évident que tout le monde ne pouvait voir que lui - comment une telle aura n'aurait-elle pas pu capter tous les regards - elle avait tout de même l'impression de sentir des regards par tonnes sur elle. Ce genre d'idées était déjà atroce de face, mais de dos… 

Cependant, elle ne bougea pas ou presque. Elle ne se dandina pas, ne frotta pas ses pieds l'un contre l'autre, ne se gratta pas, ne se roula pas par terre, ne se fracassa pas la tête contre le premier mur venu, ne sortit pas son poignard pour le faire tourner, ne se retourna pas pour vérifier si on la regardait, ne s'abandonna pas à toutes les impulsions stupides que la nervosité lui inspirait. Elle était une statue qui s'efforçait de respirer calmement et de mener son esprit ailleurs avant de virer au délire ou de se rendre malade.  

Après celle de se réfugier dans les bras de son amant, l'impulsion à laquelle elle avait le plus de mal à résister était de sauter sur ses jambes et de filer n'importe où mais loin de tout ça - de préférence quelque part où elle aurait accès à de l'alcool fort. Il fallait qu'elle tienne. Il le fallait pour lui. Parce que si elle faisait une chose pareille… elle ne pourrait plus jamais regarder personne ici dans les yeux. Si elle lui expliquait qu'elle ne se sentait vraiment pas bien, il lui aurait probablement pardonné - leur amour était bien plus fort que cela, il aurait pu comprendre, n'est-ce pas ? -, mais cela l'aurait quand même déçu, et elle aurait tout gâché… et puis, elle aurait dû retourner avec son oncle si cela échouait, et comment aurait-il pu être conciliant après le dernier tour qu'elle avait joué… elle aurait peut-être même été obligée de trahir sa parole… quoique ne plus remettre les pieds ici ne l'empêchait pas, en réalité, de voir Coldris ailleurs, donc ce ne serait pas nécessaire. Mais une chose était certaine : elle ne pouvait pas le perdre. Et elle ne pouvait pas non plus le décevoir s'il y avait une seule chance de trouver le courage d'aller jusqu'au bout. 

Évidemment que l'amour donnait la force de tout surmonter - même si l'Autre n'avait rien à faire dans l'équation - et cela, ce n'était pas grand chose. C'était seulement dans sa tête. Elle se mit à tenter des traductions pour se tenir tranquille. Sans personne pour la guider, elle ne savait jamais comment sortir de ce cercle vicieux. Elle se concentra comme elle put, le seul résultat qui comptait était de se tenir tranquille. Et de respirer sans se faire remarquer. Il ne fallait surtout pas se faire remarquer. Elle raccrochait fort son esprit au poignard d'Ariste et à la présence de Coldris juste à côté, même si elle ne pouvait en toucher aucun.  

Elle se crispa de tout son être lorsqu'une certaine question fut posée. Les secondes s'étirèrent encore davantage qu'elles ne l'avaient fait au cours de toute la cérémonie, elle osa à peine respirer. Elle ne pouvait pas avoir tenu jusqu'ici pour qu'il fiche tout par terre et que tout soit à recommencer. Depuis sa place, le comte finit par se demander si le temps ne s'étirait pas exprès pour le faire enrager. 

Éléonore eut la gorge nouée à l'idée qu'elle allait devoir parler toute seule et que tout le monde allait entendre. Elle avait dit qu'elle essayerait de le faire pour de vrai, mais elle n'y pouvait rien, ce ne serait jamais qu'une redite de choses qu'elle aurait pu lui promettre en trois petits mots soufflés à l'oreille. Mais c'était pour lui une redite importante, parce qu'elle était faite pour ceux qui comptaient dans son cœur, et même si elle ne reconnaissait ni le cadre, ni la formule, ni l'autorité, elle ne pouvait pas ne pas en tenir compte. Ce ne serait jamais pour cela qu'elle se battrait ou ferait des efforts, mais elle en tint compte quand même. 

Elle tourna vers lui un regard illuminé lorsqu'il formula sa réponse. Il… il… il était fou… ah, s'il savait combien elle pouvait l'aimer ainsi ! Certains auraient pris cette formulation comme un manque d'implication ou de sérieux, comme une excuse pour abandonner à la première difficulté. Elle ne le voyait pas ainsi. Certainement pas. Ils pouvaient courir dans réellement entraver leurs jambes. Ils n'avaient pas besoin de ça pour rester ensemble. Elle se rendit compte qu'elle devait sourire excessivement bêtement. Elle l'aurait bien embrassé, là tout de suite, s'il n'y avait pas eu ce monde. Elle se serait jetée à son cou parce qu'il était juste parfait de lui permettre de dire une chose qui soit vraie en elle-même, et pas seulement parce que quelque chose d'autre l'impliquait. Il était l'homme qu'elle aimait, et la mort n'y changerait rien. 

Lorsque l'évêque l'interrogea, elle garda ses yeux pleins d'amour, d'admiration, et de complicité rivés sur son merveilleux phénix. Elle n'aurait sûrement pas osé faire seule ce genre d'écarts, parce que… parce qu'elle avait déjà juste envie de disparaitre et qu'elle n'aurait pas pu prendre le risque de tout fiche par terre. Mais maintenant qu'il avait ouvert la voie, elle ne pouvait pas le contredire en revenant aux paroles traditionnelles. Ce n'était même pas envisageable. Si elle devait dire quelque chose de sincère - même si cela ne vaudrait jamais autant que les mots qu'elle ne disait que pour lui -, il était évident qu'elle ne pouvait pas faire autrement. Il lui pardonnait d'avoir été trop perdue pour trouver la solution seule, n'est-ce pas ? Elle ne lui arrivait pas à la cheville, comment avait-elle pu se hisser jusqu'à son cœur ? Ah, ce qu'elle l'aimait.  

Une larme d'émotion s'échappa de ses paupières. Elle avait besoin de lui, de sa force pour réussir à parler. Ils étaient ensemble sur ce coup-là, pas vrai ? Ah, c'était qu'il lui prêtait ses ailes, son exceptionnel dragon solaire.  
 
— Moi, Eléonore Anne Eugénie de Tianidre, accepte de vous prendre, Coldris Roderic Godefroy de Fromart pour époux, de vous aimer et de vous chérir jusqu’à ce que notre Amour nous sépare, répéta-t-elle avant de répondre au regard sévère de l'évêque. 

Eh bien quoi ? Il n'allait quand même pas lui reprocher d'approuver les paroles les plus vraies et intelligentes qu'elle avait entendue depuis son arrivée, si ? De toute façon, il ne pouvait pas comprendre. Personne ne pouvait comprendre. Et puis de toute façon, s'il n'était pas content, il n'avait qu'à se rappeler que s'opposer publiquement à son époux ne se faisait pas, voilà. Ou juste se mêler de ses affaires.
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Message par Thierry d'Anjou Jeu 3 Fév - 18:06

[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Lors de son annonce du grand moment de l'échange des consentements, les têtes se redressèrent avec plus d'attention. C'était toujours le grand moment qu'attendait l'assistance, celui d'entendre les mariés énoncer le fameux oui qui ouvrirait les portes du bonheur conjugua. Zacharie retint un froncement de sourcils lorsque le ministre répondit de manière bien peu conventionnelle. Cela passa, certes, de valoriser l'amour mais ce n'était guère respectueux du rituel. Néanmoins, de sa part, il n'attendait pas mieux. En réalité, l'évêque s'attendrait même à pire. Il préférait de loin ne surtout pas réagir et le laisser céder à son caprice. Que Dieu s'occupe de son cas ! Lui n'avait pas assez de forces et de capacité pour espérer ramener Coldris de Fromart vers le chemin vertueux de la foi.

Quand ce fut le moment de la mariée de répondre à la fameuse question, Zacharie ne dissimula pas un éclair de surprise dans son visage en entendant la reprise exacte des paroles de son fiancé. Il fronça les sourcils, sévère, pour lui signifier de ne pas encourager le ministre dans ses folies. Ses yeux se tournèrent ensuite vers le ministre et il murmura d'ne voix très basse, presque inaudible.


"Ne vous moquez pas, messire, ou je vous jure de trouver le moyen de vous faire dire cent Pater Noster."

Sur cela, Zacharie accompagna sa menace d'un petit sourire moqueur. Ce n'était pas parce qu'il acceptait de fermer sur les yeux que cela signifiait qu'il approuvait. Bien au contraire. Par ailleurs, l'évêque se sentait alors un pu joueur et curieux de lire dans les yeux du ministre ce qu'il penserait de sa plaisanterie.

Après ce bref instant, l'évêque reprit son rôle avec sérieux et énonça d'une voix forte :


"Jurez-vous devant Dieu et les hommes de prendre soin l'un de l'autre, de vous chérir et de vous soutenir quelque soient les épreuves que la vie vous enverra ?"

Zacharie tourna discrètement le regard vers le ministre, curieux de savoir à quel point il entendait modifier les vœux sacrés à sa manière. Il ne se leurrait pas : il le ferait. Restait à découvrir jusqu'à quelle démesure. Un court instant, son esprit s'arrêta vers l'enfant que Coldris lui avait demandé la veille de recevoir en confession. Si elle tenait de son père, le moment serait peut-être plus difficile qu'il ne l'avait imaginé. Non, ce n'était qu'une petite fille. Elle ne devait pas blasphémer, elle. Quoique... Malgré son insolence pour sa fille Bérénice, il semblait conserver un certain attachement à son égard. Cela signifiait sans nul doute qu'elle devait être spéciale. Cette pensée ne se révélait pas rassurante du tout Zacharie la chassa immédiatement pour revenir rapidement à la cérémonie. Alors, qu'allait bien imaginer le ministre pour se distinguer une nouvelle fois et défier Dieu ?"
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Message par Coldris de Fromart Jeu 3 Fév - 22:52




Coldris avait prononcé son consentement comme il l’entendait. Qu’importe que cela plaise ou non. Il n’y avait là que la vérité. Tout ce qui comptait c’était qu’elle… qu’elle l’apprécie. Voir son regard s’illuminer de la sorte à ces quelques mots était la plus belle chose qu’il aurait pu demander en cet instant. Elle avait compris. Il n’en avait pas douté un instant et c’était pour cela qu’il l’aimait à la folie. Et ce sourire ! Ah, ce sourire ! Il l’aurait embrassé sur le champ s’il n’avait pas dû patienter jusqu’à obtenir l’autorisation sacerdotale !
Il ne lui demandait pas d’en faire autant et de répéter ses très sérieuses pitreries, qu’on se le dise. Il aurait parfaitement compris qu’elle s’en tienne à la version bien plus orthodoxe de la cérémonie. Une larme roula sur sa joue qu’il recueillit du bout de son index dans un regard plein de tendresse. Elle répéta la phrase exacte et son cœur se mit à bondir de joie dans sa poitrine. Il ne se lasserait jamais d’entendre son nom soufflé par ses lèvres si désirables. Il était si fier qu’elle ait osé le suivre hors des sentiers battus par les crucifix et les encensoirs ! Ce qu’il pouvait l’aimer, sa petite luciole… L’évêque le menaça de lui faire réciter des prières. Cela lui était parfaitement égal. Il haussa un sourcil circonspect, sans plus de réaction, si ce n’est celle qui affirmait haut et fort « c’est pour celle qu’elle va devenir femme, que croyez-vous ? ».

Arriva alors le temps des vœux, bien trop insipides à son goût, si bien qu’il commençait à penser que l’on attendait réellement de lui qu’il donne sa propre version. Qu’à cela ne tienne, il n’attendait aucun consentement pour le faire. Coldris prit ses mains dans les siennes et plongea son regard limpide dans le sien.

— Je jure devant Dieu, ma famille et mes gens ici réunis, de demeurer votre lumière dans la nuit, de vous aimer chaque jour comme si c’était le dernier de ma vie, de vous rattraper chaque fois que vous trébucherez, de vous offrir toute la liberté que je pourrais, de déposer ma confiance absolue entre vos mains, de vous protéger et de prendre soin de vous, de vous offrir mes bras, mon épaule ou tout ce que vous voudrez d’autre chaque fois que vous le désirerez, qu’importe les obstacles qui se dresseront sur notre chemin.

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Message par Éléonore de Fromart Ven 4 Fév - 2:21

Elle l'aimait, et dans ses yeux, elle s'était complètement perdue. Y avait-il au monde quelque chose de plus beau ? Elle se fichait que personne ne comprenne, elle le trouvait parfait. Elle ne se rendit compte qu'elle avait laissé échapper une larme que lorsqu'il la récupéra. Elle le remercia d'un léger cillement - en s'efforçant de ne pas penser que tout le monde l'avait vu - et chercha dans ses yeux la force de lui répondre. Il… il était content ? Oui, elle le voyait dans ses yeux, mais quelqu'un à côté d'eux l'était nettement moins. Elle le toisa, suspicieuse. Quel rabat-joie ! D'autant que quitte à lui faire réciter quelque chose, il aurait au moins pu demander plus intéressant.

Encore une proposition - enfin, si l'on pouvait dire - fade. Encore une fois, Coldris y mit à la fois passion et poésie. Ses mains - gantées, par malheur - dans les siennes, son regard arrimé aux sien, elle ne savait pas exactement comment elle retenait ses larmes. Il était son seul soleil dans cet hiver. Ce qu'elle aurait voulu se trouver dès maintenant une place au creux de ses bras et ne plus en bouger. Oh, évidemment, tout ce monde gâchait tout… mais elle l'aimait quand même, et elle savait qu'il le disait pour de vrai. Elle l'aimait tellement. Et... elle ne manquerait pas de lui faire part de ce qu'elle voulait d'autre ce soir - si elle tenait jusque là.

Elle aussi avait trouvé un moyen d'exprimer quelque chose qui soit sincère en plus d'être factuellement vrai. Son merveilleux phénix n'ayant de nouveau formulé à sa manière, elle pouvait bien personnaliser aussi - elle n'aurait jamais osé sans lui et espérait sincèrement qu'il comprendrait que c'était le mieux qu'elle pouvait faire. Quelle horreur, c'était à son tour… Elle hésita en serrant ses mains. Il y avait trop de monde… et si l'évêque en avait assez de leurs compositions et la forçait à recommencer selon le rituel exact ? Et s'il la reprenait et la ridiculisait pour toujours aux yeux de tout le monde ? En plus, elle était sûre que tout le monde la regardait, en plus. Elle s'accrocha presque désespérément à son regard et prit une profonde inspiration : 

— Je jure devant Dieu et tous ceux qui comptent que ceci est la vérité : je serai à vos côtés et je vous soutiendrai de toutes mes forces... et veillerai à votre bonheur car je ne désire rien de mieux ; je chérirai chaque rayon de votre amour qui caressera mon cœur, et prendrai soin de votre confiance comme du plus précieux des trésor ; je ne craindrai rien auprès de vous ; qu'importent les tempêtes, les montagnes, l'adversité, la lassitude... je n'abandonnerai pas.

Elle les combattrait. L'angoisse elle-même ne vaincrait pas. Oh, il y avait tant de choses, au fond, qu'elle aurait voulu lui dire. Mais c'était déjà beaucoup à dire publiquement. Les serments intimes de son cœur n'auraient jamais autant de force et de sincérité que murmurés pour lui seul alors qu'elle était lovée dans ses bras. De toute façon, elle n'aurait jamais assez de mots pour lui expliquer combien elle l'aimait et tout ce que cela impliquait.
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Message par Thierry d'Anjou Ven 4 Fév - 11:01

[10 Février 1598] Le mariage du vieux démon et de l'ange  Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Zacharie n'avait pu se retenir de murmurer ce bref rappel. Ce n'était pas parce qu'il acceptait de fermer les yeux qu'il entendait de pas lui rappeler les règles. Les enfants ne comprenaient-ils pas à force que leur ressasse les mêmes phrases ? Certes, avec le ministre, l'évêque avait peu d'espoir, mais savait-on jamais ? Les voies du Seigneur étaient impénétrables et peut-être un jour l'une d'elles parviendraient enfin vers l'âme de Coldris de Fromart.

La cérémonie se poursuivit par la prononciation des vœux que l'évêque initia. Il redouta une nouvelle provocation du ministre pour modifier à sa manière les règles canoniques et se révéla surpris par la déclaration qui suivit. Coldris de Fromart prononça des parles si magnifiques, emplies d'amour pour celle sur le point de devenir son épouse. Zacharie l'écouta avec attendrissement, charmé par le son de la voix sincère et romantique qui proclamait ces mots si beaux. Ses yeux le piquèrent devant l'émotion qui montait progressivement. Il contint les larmes qui menaçaient de perler lorsque ce fut à Eléonore de dire ses propres mots. Les regards dont celle-ci couvait son fiancé achevait Zacharie. Ses yeux se mouillèrent devant un amour aussi puissant et tendre qui se manifestait face à lui. Il l'entendit, tout aussi charmé et attendri qu'il l'avait été pour Coldris de Fromart. Il passa ensuite la main à son nez afin de chasser un reniflement et se reprendre afin de poursuivre plus efficacement la cérémonie.


"Je vous déclare mari et femme, unis par les liens sacrés du mariage."

Ses yeux humides scintillaient de joie en contemplant le couple. Il s tourna vers le ministre.

"Vous pouvez embrasser la mariée."

Sur cela, il ajouta :

"Les témoins peuvent s'avancer pour signer le registre."
Thierry d'Anjou
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Message par Coldris de Fromart Ven 4 Fév - 11:54




Alors qu’il prononçait le plus sincèrement du monde ses vœux, il en avait totalement oublié la présence de la chapelle pleine autant que celle de l’évêque pourtant si proche. Son avis ne l’importait guère, seul comptait les deux grands onyx encore humides d’émotion de sa merveilleuse étoile.
Il écouta en retour ses mots si doux et si forts à la fois. Il savait que tout cela la chagrinait, cette cérémonie, ces paroles, ces innombrables témoins… Il le savait, mais c’était nécessaire. Il voulait que tous ici puissent la reconnaitre comme la nouvelle dame de Fromart, que tout sache que cela n’avait rien de plus sérieux et que personne n’ignore malgré la discrétion de leur mariage qu’il n’y avait nul motif crapuleux là-dessous.

Et elle s’en sortait admirablement bien. Il n’aurait jamais pu espérer mieux que ce qu’elle venait de dire autant que la sincérité avec laquelle elle le disait. Qu’importe leurs excentricités respectives, cela prouvait bien la réalité de leur sentiment. Il aurait pu renchérir même et lui répondre. Lui dire qu’il chérirait tout autant son amour, qu’il ne voulait rien de plus non plus… Il se contenta de lui sourire comme bien peu ici présents avaient dû le voir sourire.

Les alliances furent échangées et l’évêque les déclara enfin mari et femme. Il attendit tout juste l’autorisation de l’officiant pour caresser son visage et l’embrasser tendrement avant de la serrer contre lui.

— Merci, murmura-t-il dans le creux de son oreille plus ému qu’il n’aurait pensé pouvoir l’être.

Elle avait été parfaite. Elle était parfaite. Il glissa sa main dans la sienne et la serra avant de lui adresser un regard plein d’amour et de courage. Il ne restait plus qu’une dernière épreuve pour elle, mais il était là désormais. Il ne la laisserait pas l’affronter seule. Ils se tournèrent vers l’assemblée. Çà et là, il remarqua avec un petit rictus amusé certains yeux que l’on épongeait discrètement d’un mouchoir ou d’un revers de tablier. Il s’inclina légèrement devant sa mesnie rassemblée pour les remercier puis éleva légèrement sa main pour la présenter : sa femme.

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Message par Éléonore de Fromart Ven 4 Fév - 13:53

Elle aurait aimé qu'il n'y ait que lui. Il n'y avait que lui qu'elle voulait voir. Il n'y avait que de sa part qu'elle voulait entendre de telles paroles, il n'y avait qu'à lui qu'elle voulait en dire. Elle n'avait besoin de personne d'autre pour écouter, mais elle savait qu'il y tenait. Elle avait juste envie que cela se termine et qu'elle puisse rester avec lui. Mais même si c'était un mariage, ses mots la touchaient. Ils passaient de son cœur au sien, à peine entraves par les oreilles qui les accrochait au passage. Elle ne voulait pas tout gâcher pour lui, alors il fallait trouver la force de parler. Elle n'avait pas cette force toute seule, mais avec lui, tout était différent. 

Ses mains tremblèrent légèrement au moment de lui passer son alliance. Ça non plus, elle n'y croyait pas vraiment, mais ce n'était pas bien grave. Elle neput s'empêcher de penser que cette formule était bête : évidemment, ils ne pouvaient pas s'embrasser tous les deux, question d'autorité. Tant mieux : de toute façon, il y avait trop de monde. Elle avait rêvé de ses bras pendant toutes la cérémonie, mais ce genre de choses la mettait mal à l'aise. En réalité, cela la mettait horriblement mal à l'aise qu'il étale leur amour devant tant de gens. D'autant qu'elle doutait fort que le secret en reste un de cette manière. Mais ce n'était pas grave, il était là. Elle n'en montrerait rien.

— Je vous aime, répondit-elle tout aussi bas. 

Cela voulait tout dire. Elle n'aurait pas pu ne pas essayer jusqu'au bout. Et maintenant, le cauchemar touchait à son terme. Il était là. Il était là. Il était là. Mais était-il vraiment obligé d'attirer l'attention sur elle comme cela ? Enfin, tout le monde les regardait déjà ! Elle s'efforça de sourire et de ne pas chercher des mains le médaillon laurier qu'elle n'avait pas. Elle croisa le regard de Jean, de son oncle, d'Alduis qui allait signer - merci -, d'un mini chevalier qui devait trouver le temps aussi long qu'elle, de la mère de ce dernier - elle était rassurée, comme cela ? -, de Florentyna, de tout un tas de personnes que Coldris lui avait présentées la semaine précédente. Cela faisait vraiment beaucoup de monde. C'était bon, ils l'avaient vue, maintenant, non ? De toute façon, s'ils n'avaient pas vu tant mieux, voilà. 

Il restait à signer et… Et à espérer être sortie avant l'année prochaine parce qu'elle ne pouvait évidemment pas filer comme une voleuse.
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