[30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
[30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Précisions importantes HRP.
Et donc vous l'aurez compris en lisant les RPs qui viennent d'être révélés, le roi a bel et bien organisé l'exécution promise à la Reine d'Espagne, mais avec un autre condamné, que nos chers Joseph et Coldris font passer pour Hyriel
Libre à vous de venir faire un tour sur la Grand' Place pour le bûcher... comme simples curieuxcar qui n'a jamais rêvé d'assister une fois dans sa vie à une exécution ?Ou pour faire une frayeur à vos petits s'ils sont proches d'Hyriel... avant de considérer que tout début janvier, l'information se répand sous cape comme quoi il est vivant et à l'abri. Notamment si vous êtes dans l'environnement de Coldris (Florentyna > Kalisha et qui le souhaite) ou de Joseph Cassin et Juan (Cassandre, Irène et sa famille, Sylvère par l'intermédiaire de Cassandre et Kali, Phaïdée et qui le souhaite) Ce qui ne change donc rien à ce que vous avez joué en janvier.
Matty, Tala, Hela et moi sommes restées discrètes sur le sujet, mais c'est donc au Manoir qu'Hyriel a passé son mois de janvier en planque, avant d'être remis dans la nature tout début février. Il sera alors de nouveau libre pour la suite des RPs et pour retrouver les uns et les autres ¤ Mais avant cela, pour les intéressés, barbecue "comme si" !
Les RPs à lire pour ne rien manquer !
25 décembre - Mettons-nous joyeusement dans le pétrin
26 décembre - Puisse Dieu avoir pitié de ton âme
30 décembre - Te imo vero apud alterum me
La Grand' Place de Braktenn bourdonnait malgré le fouet de la bise d'hiver. Une gigantesque bouillie de voix coulait le long des artères pour gonfler ce qui était en ce jour le cœur de la ville. Cris et insultes se répercutaient sur les murs et les pavés. Des conversations s'élevaient jusqu'aux plus hauts étages des bâtiments alentour, où la populace se pressait. Les mêmes paroles tournaient dans les mêmes échanges de tous ces spectateurs dont les yeux furetaient, aussi curieux que voraces.
-- Il va arriver par là.
-- Cet estropié, c'est le Mal ! Pensez ! Y s'est même pas repenti !
-- Vous croyez que ses cendres pourraient avoir Dieu sait quelle vertu ?
Solidaires face au bouc-émissaire qui allait être rôti pour le prétendu bien de tous, des grappes de citadins impatients battaient des mains sur les barrières. La masse serpentine des corps, derrière les cordées d'archers, gonflait telle une poitrine chargée d'ivresse. Mille bras, mille jambes, mille têtes d'une seule et même bête à l'affût. Des pieds frottaient le sol, dans l'attente du cortège funèbre qui amènerait celui dont la condamnation avait allumé ce bruit sourd, grimpant inexorablement dans les airs comme le feraient bientôt les flammes. Le roi n'avait pas lésiné sur la sécurité : une petite centaine de soldats en triple cercles, mais aussi aux quatre coins de la Place, assuraient la surveillance. Au-dessus de la houle informe, une tribune abritait les Grands venus au spectacle. Autant de Commandeurs prêts à contempler l'exécution de la Justice. Parmi eux, un prêtre ne manquait pas de rappeler la légitimation divine de cette sentence.
Vrombissements de tambours. Ils accompagnaient l'approche de la charrette du condamné. La clameur de la foule inonda les lieux lorsque, en même temps, apparut le bourreau qui se dirigea vers le gigantesque tas de bois sec dont émergeait le poteau. Les transports se muèrent en hululements, lorsqu'on put distinguer un peu mieux - au milieu du carré de piquiers - le sorcier assis dans le tombereau. Bras désarticulés, enchaînés derrière son dos. Les jambes désossées, serrées dans les attelles bien reconnaissables d'Hyriel. Ses guenilles sales étaient aussi celles du guérisseur. Son crâne était rasé et son visage, tellement brûlé et boursouflé qu'on ne le reconnaissait plus.
Chaque tête se tourna vers l'estrade auprès de laquelle arrivait la charrette. Les spectateurs se pressaient pour espérer voir le moment ultime. Des superstitieux tentaient de toucher le condamné, comme on eut essayé de braver la mort par le défi d'une caresse à un démon. "Hyriel" fut accompagné, jusqu'au pied de son bûcher et au roulement des tambours, par des :
-- À mort !
-- Sorcier ! Poisonneux !
-- Chien d'avorteur !
Et ça ne se priva pas de cracher, de jeter au mieux des légume pourris, au pire des graviers. Quelques têtes ça et là étaient, elles, chagrinées pour le malheureux guérisseur ou écrivain public avec qui elles avaient été en bons termes. Une vieille priait pour lui. Des parents essayaient de soutenir le condamné du regard, avant de s'en détourner tant ce qu'il restait de lui était déjà répugnant...
Il était ivre. Sa tête déjà naturellement trop grosse ne se supportait pas. La foule, et le chariot, et Hyriel, et les Grands, et le bourreau, et le bûcher tournaient pêle-mêle devant ses petits yeux vitreux. C'était à se demander comment il était parvenu à rouler sans chuter jusque là. La force du désespoir. Et ce qui lui restait de conscience, qui avait décidé d'être là pour que son ami voit une présence amicale dans ses derniers instants. L'homme difforme se trouvait suffisamment loin pour qu'Hyriel ne se rende pas compte de son état d'ébriété avancé. Qu'il voit sa silhouette, simplement.
Les tambours frappaient telles des enclumes sur son crâne. Lénius leur opposa mentalement le rythme allègre de la ballade de son ami Eymar - celle qu'il avait écrite pour Hyriel et que le troubadour avait apprise entre deux cascades de pleurs, trois verres d'alcool fort, quatre suffocations sous le coup de spasmes de sa maladie. Il frémit et serra les poings en voyant l'état auquel ils avaient réduit son ami pour ses derniers instants... Il en entrouvrit sa bouche tordue, laissant paraître son armée de dents pointues et mal chaussées. Puis il prit sur lui. S'ébroua. Être fort.
Heureusement que les trois camarades d'Hyriel ne le voyaient pas ainsi. Pas ce matin. Où étaient-ils d'ailleurs ? En tout cas, Lénius leur restait très reconnaissant de l'avoir ramassé à la petite cuiller à la sortie du Tribunal. Tous les quatre avaient passé la nuit ensemble, s'étaient soutenus, préparés après que le saltimbanque leur eut annoncé la condamnation. Ils avaient veillé les uns sur les autres, s'étaient empêchés de boire ou de faire n'importe quelle bêtise inutile.
Le comte et son intendante s'étaient déplacés de très bonne heure pour jouir de places aux premières loges. La garde personnelle de Monthoux les protégeait - savait-on jamais. L'odeur de roussi qui arriverait bientôt serait déplaisante, mais peu importait : s'il fallait cela pour se délecter du renvoi en Enfer de cette vile créature. Prosper fut satisfait de voir le condamné défiguré : bien, on devait avoir fait le nécessaire pour qu'il ne profère pas une ultime parole venimeuse.
Marthe jubilait de ce qu'elle avait préparé en secret : Mademoiselle Florentyna et Madame Kalisha allaient avoir une belle surprise. Prosper avait promis qu'il ne les ferait pas assister au supplice mais, elle, elle n'avait rien promis à la nonne. Elles allaient payer de s'être mises du côté de l'éclopé. De l'avoir humiliée. Ces Dames devaient faire une course importante en ville aujourd'hui même. Une commande auprès d'un artisan qui n'ouvrait boutique qu'à des heures bien précises - heures notées dans un almanach que la famille consultait dans un des salons. Oh, Marthe n'avait eu qu'à subtilement corriger les horaires - ni vu ni connu - ainsi que l'itinéraire pour induire Kalisha et Florentyna en erreur. D'autant que Prosper n'avait rien dit de l'heure de l'exécution et pas une fois abordé le sujet devant elles. Elles allaient très bientôt se retrouver dehors, prises dans la cohue, n'ayant d'autre choix que d'avancer jusqu'à la Grand' Place sans pouvoir faire marche arrière !
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Comment les choses avaient-elles été en arrivées depuis là ?
Louise ne le comprenait toujours pas. En se rendant au domaine de la Vega pour savoir comment son ami se portait, elle avait entendu une conversation entre des servantes qui parlait d'une perquisition et appris que leurs efforts pour sortir Hyriel de sa situation désastreuse étaient réduits à néant. Que Phaïde était elle aussi incriminée. Devant les périls, elle s'était empressée de fuir dans un instinct de conversation. Et si on l'arrêtait elle aussi ? Elle ne voulait pas retourner dans cette cellule infâme et froide de la prévôté. Elle avait couru sans regarder devant elle.
Pendant deux jours, elle s'était cachée dans un atelier, tremblante, sursautant au moindre bruit. Hier matin, un apprenti l'avait découverte. La prenant pour une mendiante, il l'avait invité à prendre un repas dans sa famille. La mère du garçon l'avait gentiment accueillie. Ils l'avaient nourri et logé une journée durant. Le père parlait même de lui trouver un emploi et assurait pouvoir lui venir en aide.
Tout semblait si paisible.
Ce n'était qu'un leurre.
Pendant qu'elle se reposait tranquillement dans une vie confortable, Hyriel souffrait. Elle l'avait appris au matin ces dernières nouvelles épouvantables. Il allait être aujourd'hui conduit sur la grande place pour y être brûlé.
Tout était perdu.
Dès qu'elle sut cette nouvelle, Louise abandonna tout, oubliant même de saluer ses amis, et courut à travers les rues.
Sur la place, le spectacle était effroyable. Le bûcher se dressait déjà et la foule scandait des insultes atroces. Les larmes lui montaient aux yeux.
"Hyriel..."
Tout était perdu.
L'évasion n'avait servi à rien.
Son amie Phaïde était sûrement morte elle aussi.
Et Cassandre ? Elle avait peut-être capturée elle aussi et exécutée.
"Hyriel !"
Le cri se perdait dans la marée humaine.
"Hyriel..."
Comme le tout à chacun, Isabelle suivit avec attention l'actualité brûlante des derniers jours, surtout que son établissement était indirectement concerné. C'était ici que le sorcier avait opéré et le commerce souffrait beaucoup depuis la descente et l'arrestation de Louise. Elle hésita longuement mais se décida finalement à assister au sinistre événement. Cela prouverait qu'elle n'avait rien à se reprocher. Qu'elle n'était qu'une victime. La patronne se trouvait au milieu de la foule, impassible, et se bornait à observer le spectacle. Rien de cela ne lui plaisait mais ce n'était pas pire que de subir longuement une passe avec un client peu agréable. Tout mauvais moment finissait par par passer. Elle entendit soudain une voix chevrotante qu'Isabelle aurait reconnu n'importe où. Elle la connaissait depuis bientôt quinze ans.
Rapidement, elle s'écarta et découvrit la traitresse qui pleurait son ami. Isabelle déclara, sévère :
"Les criminels subissent le sort de ceux qui enfreignent la loi."
Louise l'observa et s'énerva.
"C'est pas un criminel ! Il.. Il sauve des vies !"
"Personne ne sauve des vies, sauf Dieu. S'il a réussi des miracles, c'est que Dieu voulait que la personne vivre. C'est tout."
"C'est pas vrai ! Il a sauvé Cassandre l'an dernier ! Tu allais appeler un curé, toi, pour lui donner l'extrême-onction !"
"Et tu m'as menti en disant la mener au curé ! Et tu as été... chez lui !"
Louise se mordit les lèvres en baissant les yeux.
"Je voulais tenter une dernière chose. Un dernier espoir."
"Puis, tu as organisé ce.. commerce dans mon dos."
"Tu... tu n'aurais pas approuvé. Et je ne voulais pas de mettre dans l'embarras. Je.. je suis désolée."
Isabelle la fixa, les yeux brillant de colère.
"Tu n'es qu'une traitresse et une manipulatrice. Je te traitais en amie. Tué tais plus qu'une sœur même. Tu m'as tenu la main chaque fois que j'ai accouché... Je te faisais confiance, Louise !"
Louise baissa la tête. Elle avait toujours culpabilisé de mentir à son amie mais sauver les autres filles en leurs proposant des produits de bonne qualité. Certaines choses devaient être renoncé pour le bien commun. Même une amitié.
"Je suis désolée."
Une lueur de dégoût irradiait les yeux d'Isabelle.
"Pas autant que moi."
Sur ces dernières paroles, Isabelle se retourna et s'éloigna. Louise l'observa, le coeur e ruines, et reporta son attention vers le bûcher. Et si c'était sa faute finalement ? Peut-être... La mort de Hyriel, c'était peut-être son châtiment pour avoir trahi une amie aussi précieuse et importante. Ses larmes recommencèrent à mouiller ses joues alors ses jambes se dérobaient sous son poids. Un cri de désespoir s'échappa de sa gorge, poche de celui d'une bête à l'agonie :
"Hyrieeeeeeeel !"
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Eldred accompagne le Premier Conseiller en tant que garde du corps, au milieu d'une dizaine d'autres soldats de sa vigie personnelle. Eldred... qui lui avait tout raconté en urgence de ce qu'Hyriel avait fait pour Aud... Le Zakrotien avait eu beaucoup de courage que d'avouer cela à son maître - avec l'espoir qu'il puisse quelque chose à temps pour le guérisseur. Et de toute évidence, il n'avait pas pu. Ni aucun autre des autres braves venus témoigner en sa faveur. Avec cela, reste au fond des tripes du baron le sentiment d'être en partie responsable : il avait lancé les accusations contre Sylvère et Hyriel après le passage d'Alexandre. Pourtant, il n'avait fait que son travail... Il déglutit.
Bien entendu, Eldred et son maître se sont mis d'accord : absolument rien n'a été raconté à Aud. Alors qu'il pense à elle, Dyonis abandonne un bref regard brumeux vers le Zakrotien, avant de reprendre sa posture droite et grave. De noir vêtu, aujourd'hui plus légitimement que jamais, le Premier Conseiller observe la scène, d'une distance qui masque bien sûr sa profonde tristesse. Ses yeux très bleus suivent le tombereau, découvrant avec horreur l'était désastreux dans lequel ils ont mis le guérisseur. Il force ses oreilles à se fermer aux crachats, aux injures pour le condamné. Quelle peine qu'il faille des spectacles comme celui-ci pour canaliser les pulsions de la plèbe. Et pourtant, ils sont politiquement bien souvent nécessaires - et habilement employés pour faire diversion : quand on s'unit contre un bouc émissaire dans un spectacle de joie et de sang, l'on oublie ses propres misères. Vraiment, un outil tristement utile aux politiques que ces cirques.
Un cri perce alors dans la foule non loin, juste derrière. Plusieurs cris à vrai dire. En ne tournant que très légèrement le regard pour rester le plus possible comme une statue, Dyonis observe : il reconnaît cette pauvre Louise, la prostituée condamnée avec Hyriel. La malheureuse doit encore souffrir de sa flagellation. Elle semble en tension avec son ancienne patronne, manifestement peu encline à lui pardonner...
La charrette arrive à destination. Le pire va bientôt commencer : montée au calvaire, lecture de la sentence, embrasement après les derniers rituels de circonstances. Le Premier Conseiller serre les dents. Il inspire, entre en prière silencieuse sous la façade de son visage inexpressif. Il dira les Psaumes de Miséricorde et la Neuvaine de soutien au malheureux le temps que durera son supplice.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- Avertissement - Interdit aux sylvériens:
Eldred accompagnait le seigneur de Frenn comme garde du corps à l’exécution d’Hyriel. Alors… il allait être… brûlé vif… Même son maitre n’avait pu le sauver. Il avait pourtant essayé. Et le roi que pensait-il ? Lui, on l’aurait écouté, non ? Mais il s’en foutait pas mal qu’on brûle un pauvre type qui ne pouvait pas marcher sans aide. Un de ceux qu’on aurait dû jeter aux loups dès la naissance c’est ça ? Sauf que sans lui combien de gens seraient morts ? Combien souffriraient encore comme Aud ? Mais tout ça n’avait aucune importance, parce qu’il avait aidé des femmes à s’éviter le déchirement de se séparer de leur enfant. Putain de pays de malheur de merde !
Il sentait bien toute la culpabilité qui alourdissait le digne baron dans son habit de deuil plus que d’ordinaire. Il n’y était pour rien. Il le lui avait dit et répété dans l’intimité de la voiture. Il l’avait même remercié pour son intervention. S’il y avait des résidus de merdes de trolls pestiférés dans ce pays qui se prenaient pour un grand de ce monde, ce n’était pas de sa faute, il ne pouvait pas porter toute la saloperie des siens sur son dos où il finirait par s’écrouler. Eldred aurait bien voulu poser une main sur son bras ou son épaule, pour le rassurer, il ne pouvait. À la place sa main resta obstinément posée sur la garde de son épée prête à servir si besoin. Tout ce qu’il pouvait faire c’était lui porter un soutien silencieux tandis qu’il fixait le bûcher. Alors c’était ça qui l’attendait si on découvrait qu’il priait toujours secrètement les Dieux du Nord ? Et c’était eux les barbares ? Eux ne faisaient pas rôtir leurs semblables vivants qu’il sache. Même les porcs étaient égorgés avant d’être embrochés. Putain de pays de malheur de merde !
On amena Hyriel, ou plus exactement ce qu’il en restait, visiblement les bourreaux s’étaient permis de commencer les festivités sans attendre les invités, c’était malpoli songea-t-il avec une ironie grinçante. Pauvre Hyriel, dans quel état l’avait-on mis ? Il était méconnaissable... Tout cela pour quoi ? C’était dégueulasse, écœurant… Il n’avait pas eu le loisir de le connaitre plus que cela, mais son cœur se serra à voir cet innocent condamné à une mort de… de quoi au juste ? Ils s'accordaient tous à qualifier de barbare d’avoir crucifié leur cher Christ et que faisaient-ils ? Ils érigeaient des buchers pour ceux qui ne voulaient pas le suivre. Qu’ils aillent tous se faire foutre chez les trolls ! Putain de pays de malheur de merde !
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- Ce post comporte des propos handiphobes, homophobes, racistes et sexistes.:
Aujourd'hui était le un jour de festivités et Romain n'ouvrit pas son commerce de ka journée pour se préparer afin d'assister à l'événement qui se tiendrait sur la grande place. Il regrettait que ce ne soit pas l'avorton en béquilles que l'on brûle avec le sorcier aux attèles. Tant pis. Ce serait pour une prochaine. Après deux arrestations, séparées d'à peine trois mois, il finirait bien par échouer une nouvelle fois devant la justice et ce sera enfin la bonne.
La grande place drainait une population importante. Tous brûlaient d'assister à l'événement que le cardinal Cassain promettrait être du feu de Dieu. Le libraire s'amusa intérieurement de son bon mot. Il se moquait de toutes ces superstitions ridicules, lui il ne croyait en rien, sauf en le prestige et le pouvoir de l'argent. C'étaient là les seules richesses qui faisaient avancer un homme. Comme à son habitude, il progressa jusqu'aux rangs réservés aux nobles et aperçut de loin le Premier Conseiller. Il inclina par réflexe la tête pour adresser une salutation décente mais ne fit pas plus d'effort que cela. Son infirmité le rebutait. Il avait beau détenir un grand pouvoir, lui se devait de maintenir sa réputation et ne pas frayer avec ces êtres plus que nécessaires. Le libraire remarqua alors l'esclave qui l'accompagnait. Un zarkotien. Sans doute celui-là même dont Alexandre lui avait rapporté l'achat. il s'était empressé de déclarer que le baron aurait tôt ou tard des ennuis et que toute sa maisonnée terminerait noyée dans un bain de sang. Ces êtres-là n'étaient que des sauvages qui ne faisaient que tuer depuis l'âge de dix ans. Une autre raison de ne pas approcher ce noble-là Par ailleurs, les devoirs de l'amitié primaient. Après tant d'années à plaire au comte de Monthoux, il ne pouvait l'abandonner. Le libraire se présenta à ce dernier et le salua respectueusement.
"Mon infortuné ami, comme je compatis à votre effort. Du courage ! Cette épreuve sera bientôt terminée une fois les cendres de ce sorcier éparpillées. Tout s'arrangera, je vous l'assure."
Il tourna la tête un instant vers le bûcher et poussa un soupir calculé.
"Quelle plaie que ces infirmes ! Honnêtement, on devrait les tuer à la naissance. La charité chrétienne, c'est bien beau, mais certains cas sont... désespérés. Certains chiots naissent enragés et il faut les noyer. C'est ainsi. C'est pour le bien commun. J'ai voulu croire avec le garçon que j'ai tenté d'élever que l'on pouvait modifier leur nature... Peste ! Le diable est en eux depuis leur naissance. On ne peut rien changer."
Romain hésita, redoutant de se souiller lui-même, puis songea que cela pourrait être à son avantage.
"Ce garçon.. Je l'ai surpris une fois à un acte sodomite. Il était bien jeune. J'ai pensé à un égarement et je me suis contenté de le corriger. Comme tout bon père se doit de le faire. Mais dernièrement j'en ai entendu de belles sur lui.. Non, non, le démon les possède tous ces infirmes. Ils ont cela dans le sang. Et celui-là qu'on le brûle aujourd'hui, vous pouvez être certain qu'il entrerait lui aussi des relations contre-nature. Ce sont par essence des êtres contre-nature."
Le libraire se décida à arrêter ici sa litanie en estimant avoir assez dit. C'était le moment de passer aux compliments et aux beaux gestes.
"Autrement, messire, comment se portent votre épouse et votre fille ? Se sont-elles bien remises ? Les malheureuses.. J'ai beaucoup prié pour elles. Je ne sais pas si vous avez été informé encore mais hier soir j'ai fait parvenir à leur intentions quelques livres. Des présents pour témoigner mon soutien dans cette pénible épreuve."
Cela semblait un acte de parfaite générosité mais là aussi tout avait été calculé. Il s'était surtout débarrassé d'une série d'invendus qui prenait inutilement de la place dans ses réserves. De cette sorte, ils seraient bien mieux utilisés à plaire au comte et à entretenir une amitié professionnelle construite au fil des ans plutôt qu'à rester dans la poussière.
"J'imagine que ces dames sont bien restées dans la paix de votre château. leurs nerfs ne sauraient supporter de telles visions. Ce sont après tout que des femmes, des créatures faciles qui, comme nous en avons eu la douloureuse expérience, faciles à manipuler."
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Ah il était beau, le cardinal ! Depuis qu’il avait laissé Cecilia à l’hôtel, il avait avancé comme un escargot, s’arrêtant pratiquement à chaque pas. Il avait pourtant secoué la tête pour s’astreindre à continuer. Il était tenu d’y aller. Après tout, comme le dirait si bien son frère, c’était sa connerie, il devait l’assumer !
Pourtant, il avait beau savoir que c’était un tout autre homme qu’il brûlait, il ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable. Coupable pour ce bûcher et pour tout les autres. Que son grand-oncle ait été derrière lui et lui ai sifflé ses ordres aux oreilles n’était pas une excuse. Mille fois il aurait pu se rebeller, dire non, demander une autre sentence devant la Cour. Il ne l’avait jamais fait. Et c’était lui qui avait lancé l’accusation d’envoûtement, ha ! C’était un hôpital de luxe qui se moquait de la plus simple charité…
Arrivé à la limite de la place, il serra les dents. Il avait beau savoir que celui qu’on amenait au bûcher l’avait mérité – son frère s’était fait un devoir d’insister dessus – il craignait surtout de voir ressurgir les fantômes des autres condamnés. Un en particulier…
Matthieu n’arrivait toujours pas à se souvenir de ce qu’il avait dit, ce jour-là et cela commençait à le hanter. Et si c’était important. Et si c’était la réponse à la question qu’il se posait. Car au final, avait-il bien fini par mentir pour cesser de souffrir ou pour autre chose ? il avait maintenant de sérieux doutes… Cette mystérieuse phrase pourrait tout éclairer mais impossible de ne récupérer ne serait-ce qu’un traitre mot. Sa mémoire en mille morceaux ne l’aidait d’ailleurs pas beaucoup, c’était à peine s’il arrivait à reconstituer la plupart des scènes de son enfance.
Avant de poser un pied sur cette maudite place, il prit une très grande inspiration avant de s’avancer enfin. Il y avait déjà du monde… Matthieu tâcha de se faire discret. Discret… Il ressemblait à un oiseau rouge, il l’était certainement autant que ce pauvre accusé en béquille s’il se baladait avec une couronne de thym sur la tête.
Matthieu tâcha d’appliquer une figure dure et sereine sur son visage, comme il s’était entraîné à le faire avec Cecilia avant de partir. Bon sang, que c’était difficile… Comment faisait-il avant ? Comme à chaque fois depuis trois jours, il ne retrouvait pas de réponses. Cela commençait à devenir problématique maintenant qu’il devait se remettre dans la peau de cet homme parfaitement étranger. Il avait l’impression de jouer un rôle. Une grande ironie sachant tout le mal qu’il avait toujours dit des comédiens sous l’impulsion de son grand-oncle… C’était très certainement une petite pique du destin. Après tout, il l’avait mérité.
Alors qu’il faisait le tour de la table, évitant soigneusement le centre. Il entendait des pleurs et des cris de la part de certaines personnes. Oh non, il ne devait même pas penser à rentrer les épaules. S’il le faisait, cela ne serait absolument pas cohérent. Il tenta de fermer ses oreilles et évita soigneusement les personnes qui pourrait le soupçonner de quelque chose. Le comte de Monthoux ? À éviter... Heureusement, il semblait accaparé par l’un des témoins du procès. L’un des plus virulents s’il se souvenait bien d’ailleurs. Très mauvaise idée… Il ne reconnaissait pas grand-monde et s’arrêta dans une partie de la foule en espérant rester tranquille. C’est alors qu’il vit devant lui l’avocat d’Hyriel. Il se figea. Il comprenait maintenant, cette étrange impression qu’il avait eu en le voyant. Il lui rappelait simplement quelqu’un…
Décidé à s’assurer que le sorcier ne puisse plus venir faire de mal à qui que ce soit chez lui, Juan s’était rendu à la grand place. Le pas déterminé, il marchait au milieu des passants pour rejoindre la place où s’était déjà massé la foule. Il leva le menton, bien qu’il soit suffisamment grand pour voir le bûcher. Il plissa les yeux en remarquant le condamné. Ses dernières paroles demeuraient dans son esprit et, même s’il n’aurait pas voulu le penser, il souhaitait qu’il aille bien en Enfer et qu’il souffre le plus possible. En voyant passer sa silhouette amochée et trainée par les gardes, il lui lança un regard mauvais.
- Va brûler auprès de ton maître, démon !
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- Trigger warning:
- Propos handiphobes, description d'exécution capitale
Il était temps de placer le condamné sur son bûcher. Devant les remus de plus en plus violents de la foule et les cris - de joie ou d'affliction - qui s'élevaient davantage, la garde redoubla de prudence. Trois brigadiers se saisirent d'Hyriel, l'un au col, l'autre par les aisselles, le dernier par ses jambes. Il fallait porter le pantin désarticulé du tombereau au pied de l'escalier, gravir les marches, le redresser pour le plaquer fort contre le poteau. Il se serait écroulé au moindre relâchement tant ses membres avaient été brisés. On enchaîna les jambes du sorcier. Ses bras dans son dos. Son torse.
Il fallut ensuite imprégner ses guenilles d'une bonne rasade de poix : cela attirerait les flammes à venir plus rapidement le grignoter, afin qu'il ne meure pas trop vite par simple asphyxie. Dès que ces sinistres préparatifs furent achevés, les tambours cessèrent tout roulement. Un huissier s'avança, déploya son parchemin et clama d'une voix forte :
-- Le dénommé Hyriel a été déclaré coupable des crimes de sorcellerie, de pacte avec le Diable, d'avortements, de trafic de philtres impies, d'envoûtements et provocation à l'idolâtrie, d'exercice illégal de la médecine, d'usage de déguisements et fausses identités. Il a refusé de coopérer avec la Justice, refusé de livrer ses complices, refusé la Sainte Miséricorde. Le Parlement l'a condamné à mourir ici et maintenant dans les flammes de ce monde. Ses cendres seront dispersées aux quatre vents. Interdiction est faite à quiconque de lui vouer la moindre célébration, sous peine d'exil et excommunication. (Un temps) Bourreau, exécutez la sentence.
Dans un silence sidéré, d'attente morbide pour les uns, de terreur pour les autres, la foule regarda l'exécuteur des hautes œuvres approcher. Il brandit la torche. Puis l'abaissa au cœur du gigantesque tas de bois. Les flammes prirent, décuplant leur fumée et leur musique crépitante. D'abord tremblant, le condamné se mit à agiter la tête, à laisser voir ses premières convulsions. Ses gémissements percèrent - avec l'étrange timbre étouffé et nasillard de ceux à qui l'on a arraché la langue.
Tout allait pour le mieux. Ils pesèrent avec sérénité chaque mot de la sentence dont tout un chacun serait désormais informé. Coupable. Coupable d'envoûtements : le domaine de Monthoux sortait blanc comme neige de cette affaire, l'ensemble de ses membres n'auront été que des victimes.
Ils furent abordés alors par ce brave sieur Bellanger. Le comte et son intendante lui rendirent son salut et écoutèrent avec commisération son laïus. Prosper hocha plusieurs fois la tête. Marthe dans sa suite, sauf au passage sur les femmes qui la faisait tiquer - mais dont elle se gardera bien de montrer quoi que ce fut. Le seigneur de Monthoux reprit :
-- Votre soutien me touche. Je vous rejoins entièrement pour ce qui est des estropiés et soyez sûr que plus jamais, tout comme vous, je ne me laisserai par eux abuser. (Un ton plus bas) Il est même néfaste, à mon avis, que notre aristocratie elle-même soit empuantie de ces tares. Un meilleur ménage devrait être fait. Dès la naissance et même ensuite. (Il se retient ici d'un regard torve vers le seigneur de Frenn, venu avec son sauvage. Le comte reçoit plutôt entre ses mains la pile de livres gracieusement offerte.) Grand merci à vous. Ma femme et ma fille seront touchées par ces présents et y trouveront certainement réconfort.
Il se tut. Les bonnes choses commençaient : le feu prenait et la vile créature commençait de gémir. Voyait-elle déjà les flammes de l'enfer d'où elle était ? L'odeur se faisait de plus en plus forte : Prosper se dit qu'il n'avait qu'à s'imaginer que c'était le parfum d'un des porcelets grillés qu'il aimait tant manger, rien de plus.
Les mots de la sentence se brouillaient dans sa tête. Son gros corps dodelinait dans un sinistre balancier, apercevant par ci le bûcher, par là le seigneur de Frenn, par là encore l'insupportable tache pourpre qu'était le Cardinal... et encore un peu plus loin sa pauvre amie Louise, dévastée. Lénius n'était pas en état d'aller la réconforter. Et trop loin pour l'approcher. Quand le bourreau mit le feu, la gargouille ivre n'y tint plus. Les tressautements de ses muscles malades revinrent la secouer. Toute sa colère s'amassait dans sa gorge comme un brasier, prête à sortir. Il repensa à cette petite bouteille que s'était, en plus, permis de lui jeter avec un odieux ricanement ce démon de ministre à la sortie du Tribunal. Comment cela pouvait-il l'amuser ? Et comment était-ce possible de n'avoir même pas eu le respect du condamné et de la douleur de son ami ? Non, peut-être pas le respect c'était trop espérer... mais au moins la décence de ne pas la ramener !
Le brasier augmentait sa sinistre musique. Sa danse cadencée tournait. Dans les muscles, dans le os, dans les globes vitreux, dans les tripes de Lénius. Il se balança sur sa chariote et ne s'entendit que sourdement brailler et chanter à la fois - ça pourrait devenir un genre musical intéressant... Un genre coupant comme du métal. Les paroles qui sortirent furent le début de la superbe ballade composée par son camarade @Eymar Sartyre pour Hyriel à peine une semaine plus tôt :
A coups de bâton son missel,
Je me suis changé en forêt
En levant mes bras vers le ciel.
Quand l’ennemi voulut jeter
Mon corps brisé dans la rivière
En poisson je me suis changé
Dans une gerbe de lumière.
Quand l’ennemi m’a lapidé,
Ma peau s’est transformée en celle
D’un tambour de fête endiablée
Et de guerre inconditionnelle.
Bien sûr, tout le monde le regardait déjà. Les gens d'armes se crispèrent. Les têtes de ses Seigneuries se tournèrent vers la folle gargouille. Les premières lances s'abaissaient. Et bien sûr, Lénius s'en foutait, obnubilé par la vue du bûcher.
Kalisha et Florentyna étaient sorties, tranquilles, faire cette emplette prévue depuis une bonne semaines. La demoiselle avait encore revérifié avant de partir, sur l'almanach familial dans le grand salon, l'horaire d'ouverture de l'artisan et l'itinéraire à suivre pour se rendre au plus vite à son magasin. Mais à mesure qu'elle avançait avec son amie, la foule se massa autour. Et tout parut de plus en plus suspect... Jusqu'à se que résonne la sentence depuis la Grand' Place, et que commence à se répandre l'atroce odeur de chair brûlée ! Certaines flammes se voyaient déjà de loin, au-dessus des têtes. Florentyna poussa un cri déchirant. Paniquée, elle se retourna vers Kalisha, secouant les bras, le visage inondé.
Comment était-ce possible ? L'exécution d'Hyriel ! Aujourd'hui, là, à cette heure ! Non ! Non ! Et pourquoi étaient-elles là ? Elle ne s'était pourtant pas trompée en notant - ou en lisant - l'horaire du commerçant ? Et l'itinéraire, non ? Si, peut-être... Ou bien les avait-on induites en erreur ? Qui ? Comment ? Pourquoi ? De quelle façon avaient-elles pu se tromper... Non, ce devait être elle... Ou pas. Florentyna ne savait plus. Et de toute manière, cela devint le cadet de ses soucis : Hyriel... Hyriel ! Leur ami était là, il flambait... Et cette foule pour s'en délecter ! Florentyna retint à temps une gerbe à la barrière de ses lèvres. Elle fit demi-tour et s'en retrouva presque collée contre Kalisha, à haleter :
-- Non... Non... Non.... demi-tour... pas-là.... Non... Non ! Hyriel ! Non !
Rebrousser chemin n'était même plus possible. Trop de monde les pressait de toutes parts. Elles étaient piégées. Prises en étau avec le bûcher de leur ami là, au centre de la place sur laquelle elles avaient naïvement débouché.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- avertissement - description d'éxécution:
Kalisha tenait son amie sous le bras. Elle se réjouissait de cette sortie en ville en sa compagnie. Et puis elle voulait en profiter avant qu’elle ne parte pour Fromart. Oh bien sûr, elles se verraient toujours mais ce ne serait plus pareil, il ne fallait pas se leurrer. Le plus pénible était de se dire qu’elle allait devoir supporter le cochon et le fennec, néanmoins elle se consolait avec l’idée que tout se passerait bien pour sa douce Florentyna. Fromart n’avait pas l’air si terrible finalement et son fiancé ne ressemblait pas au portrait que l’on pouvait entendre. Tant mieux. Quant à elle, elle ne pourrait pas demeurer à Monthoux éternellement à moins d’accepter de devenir folle… Les questions, les hypothèses et autres suggestions se pressaient dans son esprit, mais ce n’était pas le moment. Elles arrivaient déjà à proximité de la Grand’ Place. N’y avait-il pas beaucoup de monde pour un mardi ? C’était étonnant tout de même. Elle resserra sa prise autour du bras de son amie de peur de la perdre au milieu de cette foule qui se densifiait. La princesse lui jeta un regard inquiet. Se retrouver au milieu de la population, si proche, même accompagnée de gardes, l’angoissait toujours un peu, alors elle se reposait entièrement sur Florentyna.
Ce n’était pas normal. Pas normal du tout. Autour d’eux, la marée humaine se figea. On entendit des pigeons roucouler et la sentence grave et froide qui pénétra ses chairs au point de la cristalliser sur place. Sans s’en rendre compte, ses doigts se desserrèrent et son bras tomba bringuebalant le long de son corps. Elle avait vaguement conscience du cri déchirant de son amie, mais même son esprit ne répondait plus. On la bouscula, on se pressa pour s’approcher un peu plus et elle n’arrivait plus à bouger. Hyriel… Elle revit sa rencontre avec son médecin, son sourire un brin moqueur, ses remarques sur leurs couronnes, son sauvetage de la forêt, ses visites à Monthoux, sa magnifique serre, son corps meurtri et leur dernière entrevue durant laquelle elle l’avait serré dans ses bras. Il ne pouvait pas… Il ne pouvait pas… Il avait promis… Elle lui avait ordonné… Il ne pouvait pas… Les images tournaient en boucle dans son esprit, les larmes inondèrent silencieusement ses joues. Ses jambes se mirent à trembler. Ce n’était pas lui… C’était impossible, il lui avait promis… pas lui… pas lui…
— Seigneur, ayez pitié de la bêtise des hommes, faites qu’il meurt vite même si je ne suis parmi vos dévoués serviteurs. S’il vous plait. Ne le laissez pas souffrir. Il ne le mérite pas. murmura-t-elle d’une toute petite voix.
À l’odeur âcre du feu se mêla celle de chair brulée, celle délicieusement répugnante d'un cochon grillé qui n'en était pas. Elle imagina son ami sur le bûcher en proie aux flammes. Ses flammes qui grignotaient sa chaire, son visage méconnaissable de douleur. Elle sentait sa douleur jusque dans ses tripes. Et cette odeur… Cette odeur… Jusqu’au fond de ses entrailles, elle rejetait cette simple idée que ce soit lui. Son estomac se vida soudainement de tout ce qu’il pouvait contenir. Elle eut vaguement conscience des souliers qui faisaient un pas de côté pour l’éviter. Un nouveau spasme la secoua puis encore un autre, mais il n’y avait plus rien à vider. Florentyna tentait de l’entrainer à contre-courant mais elles étaient prises au piège, bloquées par la population qui se pressait et s’amassait pour se divertir du spectacle. Kalisha se mit à trembler, paniquée. Seule sa main qui avait retrouvé celle de son amie l’empêchait désormais de s’écrouler au milieu des pavés puants.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Isabelle avait abandonné son ancienne amie et collègue qui gémissait sur les pavés de la grande place sans se retourner, sans même une pensée à son intention. Elle récoltait aujourd'hui les fruits des mauvaises graines semées. Le mal finissait toujours par être vaincu et éliminé par le bien. Elle retrouva une place dans la foule et suivit le déroulement de l'exécution avec dignité mais n'éprouvait intérieurement que de la lassitude. Elle souhaiterait rentrer. Assister aux derniers instants d'un homme, même épouvantable, cela ne représentait rien d'agréable. Son cou se tordit lors de la lecture des actes d'accusations et apprendre que ce criminel odieux avait refusé la grâce du Seigneur l'indigna. Elle en porta, outrée, la main à la bouche, puis se signa. Comment un individu pouvait-il être si vil ? Décliner la paix que Dieu proposait au tout à chacun... Il n'y avait parfaitement rien à espérer d'un pareil homme. Comment Louise avait-elle pu être son ami ? Et comment avait-elle pu être son amie à elle si celle-ci cautionnait les actes impies de ce monstre ?
Alors que les premières fumées montaient, Isabelle perçut une voix qu'elle ne pouvait que difficilement ne pas reconnaître. Elle tourna la tête et grimaça d'apercevoir Lénius ivre. Il cherchait une fois de plus à se moquer du pouvoir, des institutions... C'était si dangereux. N'avait-il donc aucune conscience des risques ? Il pourrait terminer lui aussi sur ce bûcher. Pourtant, en dépit de toutes les apparences, il n'avait rien d'un monstre. Elle rencontrait même peu de clients aussi bons et généreux que l'espiègle troubadour. Isabelle se signa et s'accorda une courte prière pour attirer les faveurs divines sur Lénius. Que Dieu le protège et Lui permettre de se protéger de ses excès.
L'air commença à être irrespirable, chargé en souffre, et Isabelle se recula. Son regard croisa alors la silhouette su cardinal Cassin qui paraissait tendu. Elle le comprenait. Même si on œuvrait pour le bien, voir mourir un homme, de sa main, cela n'avait rien d'agréable. Elle bouscula quelques badauds en s'excusant poliment et le rejoignit.
"Bonjour, votre éminence."
Elle lui adressa un sourire cordial.
"C'est une pénible conclusion mais nécessaire pour le bien de notre communauté. Tant de crimes atroces ont été commis par cet homme et seule la mort peut nous débarrasser des monstres. Comme ce fut le cas quelques mois plus tôt avec celui de Rottenberg. Vous avez merveilleusement accompli votre devoir en démantelant dans mon établissement ce... commerce illicite. J'ai encore du mal à y croire. Je pensais en reprenant cette maison en faire un endroit honnête, que les filles le comprendraient... J'ai fait confiance. Une confiance qu'elles ont honteusement trahi. Je vous remercie, votre éminence, de m'avoir ouvert les yeux sur cette réalité et je vous promets que je m'efforcerais désormais de mieux surveiller mes employés. Je pense en particulier à fouiller régulièrement leurs chambres afin qu'aucune 'elles ne dissimulent plus de produits immoraux."
Son regard se tourna un bref instant vers les flammes dans lesquelles se consumaient le criminels.
"Je n'ose imaginer toutes les horreurs que cet homme a pu vous dire. Vous avez tant de courage et tant de force, éminence, pour faire un métier aussi pénible. Je vous admire. Sincèrement."
Elle marqua une pause, puis reprit.
"Peut-être pouvons-nous prier pour lui malgré tout ? Cet homme refuse les grâces divines, mais, nous ne devrions pas être justement nous comporter comme lui. Peut-être que là-haut, après de nombreuses épreuves, Dieu finit-il par pardonner aux monstres ? Je ne sais pas, au fond. mais j'aime l'idée du pardon."
Louise fuyait.
Rapidement.
Précipitamment.
Comme si sa vie en dépendait.
Elle ne resterait pas dans cette foule à assister au meurtre de son ami. Ce n'était pas possible. Elle n'y survivrait pas. Elle courait sans regarder où elle allait, presque comme une foule, et bousculait des passants sans le remarquer véritablement. Des larmes ruisselaient le long de ses joues.
Hyriel...
Hyriel...
Hyriel !
Ils étaient en train de le tuer, ces monstres !
Brusquement, Louise percuta une femme ployée sous le poids d'une douleur terrible et s'étala au sol. Elle se releva et reconnut le visage méconnaissable la princesse venue de Djerhan. Elle se souvenait avoir été l'apercevoir, curieuse, lors de son arrivée dans la capitale. Elle se rappelait que celle-ci avait accueillie dans sa demeure Hyriel et eut un sourire de compassion pour sa souffrance sincère. Sans une seule pensée pour la bienséance ou le respect des rapports de classe, elle entoura les bras autour de sa taille la berça comme elle pouvait faire autrefois avec Cassandre.
"Tout va bien, madame, respirez. Inspirez expirez."
Elle lui murmurait avec douceur. Il fallait trouver moyen de l'apaiser. pourvu que son corset ne soit pas trop serré.
"Madame... Pouvez-vous marcher ? Essayons de recule. Je vais vous guider si vous le voulez."
Elles devaient trouver moyen de s'échapper de ce lieu de supplice. Voir leur ami agoniser ne leur ferait pas bien. Et Hyriel ne supporterait pas de savoir qu'elles souffraient de sa faute.
"Tout va bien aller, madame. Faites-moi confiance."
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Il sent que le regard d'Eldred le soutient mais qu'il ne peut pas faire davantage. Lui non plus, et le Zakrotien le comprendra certainement. Aussi le Premier Conseiller reste-t-il immobile et inexpressif. Il croise alors la silhouette du Bellanger qui vient faire son paon près des nobles et servir les hommages qui le feront bien voir. Après avoir déposé cet ignoble témoignage au procès... Car le baron est convaincu que c'était un faux. Que, même s'il y avait des choses dont accuser Hyriel, ce qu'avait raconté le libraire ne pouvait en faire partie. Mais qu'importe, le seigneur répond à son salut avec le minimum syndical de la politesse : léger hochement de tête, neutre, rien d'expressif dans ls yeux. Heureusement le libraire ne s'attarde pas et part faire ses ronds de jambe devant le comte de Monthoux. En voilà deux qui sont faits pour s'entendre, de ce que Dyonis se souvient aussi de l'aversion du porcelet pour les infirmités.
Le Cardinal et le seigneur de la Vega sont là. Ce dernier crie à la mort à Hyriel. Voilà qui devrait être apprécié de sa reine. Quant à Matthieu, il paraît grave. Au moins, il n'est ni triomphal ni réjoui - voire amusé, comme le sont certains inquisiteurs particulièrement allumés une fois leur sorcier rôti. Le baron note l'approche de la gérante du Lupanar : elle aussi quelque part, cette affaire l'aura heurtée et il comprend qu'elle fasse tout pour sauver ce qu'il y a à sauver de la réputation de son établissement... Voilà ce qui doit motiver son intervention.
La sentence résonne. Puis les gémissements du supplicié. Le Premier Conseiller se tend, bande ses muscles, ferme son visage. Le moment de se rendre particulièrement impénétrable. Soudain une autre voix, complètement ivre, rauque et folle, prend le relai. Sans surprise... il s'agit du bouffon du roi. Seigneur Dieu, non ! songe soudain le baron. Pour l'amour du Ciel taisez-vous ! Il n'est pas particulièrement proche de cet histrion, mais le respecte assez - aujourd'hui plus encore dans sa douleur - pour ne pas lui souhaiter d'ennui. Or s'il continue son délire, les gens d'armes n'auront pas d'autre choix que de l'arrêter. Et lui-même, pas d'autre choix que de laisser la prise de corps se faire : il est en public, il représente la loi de l'Empire, il ne peut laisser passer une incitation à la rébellion bien qu'au fond de son cœur certains mots de Lénius - pointant l'injustice - le touchent. Qu'il se taise ! Sous son manteau, sa prothèse et son crochet se croisent en prière. Dyonis se rappelle des récurrentes prises de risque de la gargouille - entre autres cette fois au marché, le jour de la vente d'Eldred, où il était venu provoquer Greeglocks au point que sans son intervention, il en aurait fini dangereusement rossé. Ou encore cette autre fois que Lénius lui-même avait racontée au Tribunal : une énième farce lui avait valu un tabassage et un abandon en forêt, là où Hyriel l'avait sauvé.
Mais alors, quelque chose de tout aussi terrible attire le regard du Premier Conseiller : dans la foule, il croit reconnaître... oui ! la princesse Kalisha ! Elle est écroulée, entourée de vomi - certainement le sien. Le baron déglutit. Seigneur Dieu, la malheureuse... Quelle idée, aussi, de venir à cet épouvantable spectacle ? Le souhait de soutenir son ami jusqu'au bout ? Ou bien... l'y a-t-on forcée ? Discrètement, le Premier Conseiller se signe. Après quoi, Eldred pourra percevoir son regard humide en voyant la généreuse Louise voler au secours de la princesse. Dans son état... alors qu'elle doit encore souffrir du fouet. Grâce lui soit rendue. Car cette fois-ci, lui-même ne peut bouger de son poste. Il ne peut rien pour Kalisha.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Eldred observait stoïque la foule se masser autour de l’estrade, certains jouant des coudes pour obtenir une meilleure place. Que ce soit ici ou à Zakros, ce n’était pas différent au fond. Il y avait simplement plus de monde ici que chez lui.
Au rappel des charges, il ne put s’empêcher de serrer les mâchoires. Certaines contenaient un fond de vérité, d’autres étaient purement fabulés pour répondre au besoin de bouc émissaire. Le bucher fut allumé et Eldred ne cilla pas. Des peines capitales, il en avait vu. Y compris sous la forme d’un aigle de sang ou par une lente et cruelle éviscération. En revanche c’était la première fois qu’il assistait un bucher. Il s’efforça d’oublier l’homme qui se trouvait dedans pour se concentrer sur les alentours. Il était là pour protéger le baron, pas pour se repaitre d’un spectacle morbide. Combien de ces individus qui huaient, s’exclamaient, applaudissaient, se bousculaient avaient regardé la mort en face au point d’être celui qui prenait la vie d’un autre? Il eut un regard compatissant pour le bourreau, dissimulé sous son capuchon. Quel genre d’homme était-il lui ?
L’odeur de chair brulée était répugnante. Quant aux borborygmes, cela n’était en rien différent de ceux qui avaient rythmé sa vie sur les champs de bataille. La seule différence c’est qu’il n’y en avait qu’un seul. Enfin pas tout à fait, une espèce de chant rocailleux s’éleva de la foule. Eldred tourna machinalement la tête vers l’origine du son en même temps que le seigneur de Frenn. Cet homme… C’était celui qui était intervenu lors de sa vente. Il n’avait jamais pu réellement trancher sur ses intentions et il se disait parfois qu’il était parfaitement idiot. Comme en ce moment précis. Pourtant, il aurait souhaité lui rendre la pareille s’il avait pu, car de là où il était, il percevait toute sa détresse. Malheureusement, il ne pouvait que demeurait ici, stoïque, au côté du baron dont il assurait la protection.
C’est alors qu’il nota que le regard de son maitre dérivait ailleurs. Qu’avait-il vu ? Une quelconque connaissance ? Oh c’était la belle princesse étrangère. Celle qu’il avait vue lors de la soirée au palais et qui était venue ensuite à Frenn. Que faisait une jeune femme comme elle au milieu de cette marée humaine dont elle était piégée et visiblement malade ? Il interrogea Dyonis du regard, mais comme il conservait sa place, il en fit de même, malgré ses yeux qu’il perçut profondément affectés, lorsqu’une jeune femme arriva finalement pour lui prêter secours.
— Soyez sans crainte, Maitre, je suis certain que tout ira bien pour elle, chuchota-t-il pour ses seules oreilles.
D’ailleurs ce n’était pas la femme du gros cochon installé un peu plus loin ? Pourquoi n'envoyait-il pas ses gardes ? Était-il aveugle en plus d’être farci de fumier ? Il lui adressa un regard noir et retourna à sa posture de garde, le visage fermé. Il en aurait bien craché au sol s'il avait pu.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- Ce post comporte des propos handiphobes et sexistes.:
La grande place se remplissait de monde, tous là pour assister à l'embrassement du vil sorcier, mais le libraire Bellanger n'observait véritablement pour sa part que le comte de Monthoux. C'était le seul à avoir de l'importance. Par ailleurs, il avait encore en tête le manque d'éducation du Premier Conseiller qui l'avait à peine salué. Quelques mots auraient été bien plus convenable. Mais que pouvait-on s'attendre d'un infirme ? Ces gens-là avaient beau réussir à s'élever, ils restaient indignes de se tenir au milieu des gens normaux. Le comte se révélait d'une conversation heureusement bien agréable et il ne put que sourire de ses désirs étaient conformes aux siens. Il nota même le regard porté au baron qui occupait de si hautes fonctions.
"Je vous rejoins entièrement, messire. La Grèce et La Rome avaient absolument tout compris. Par ailleurs éliminer les infirmes dès la naissance, ou à l'apparition de leur tare, c'est avant toute chose un service à leur rendre. Ils souffrent dans un monde inadapté pour eux. Par charité chrétienne, il impute de les délivrer et de les renvoyer à Dieu, là où leurs âmes vivront en paix dans la paix du Seigneur."
Il aurait dû faire de même avec cet avorton. L'étrangler ou le jeter au feu. Mais il avait eu pitié. Face à ce nourrisson paisible dans le berceau, Romain se rappelait avoir ressenti un malaise et avait reculé. Pendant les années de sa petite enfance, son innocence et sa fragilité le retenaient. Puis, il s'y était attaché et s'était fait à cette idée que ce serait son héritier. Du reste, le petit se montrait docile et de bonne volonté. Non, en réalité, tout cela n'était pas sa faute. La faute venait de sa mère. Naturellement. Les femmes ne servaient qu'à engendrer le mal. Comme cette catin que son père le forçait à appeler maman sous prétexte de lui avait fait pondre cinq mômes. Il aurait dû se débarrasser de Rosina, c'était l'évidence même. En plus, elle avait eu un accouchement difficile et périlleux. Personne n'aurait rien soupçonné. Et il aurait pu élever Alexandre d'une bien meilleure façon, sans que cette garce ne le pervertisse.
Sur ce, il signala au comte son présent qui, comme prévu, le remplissait d'aise.
"Allons, mon cher, c'est bien naturel. Depuis toutes ces années, je me suis beaucoup attaché à votre famille et vous êtes à mes yeux des amis et non de simples clients."
Les réjouissances débutaient et le bûcher s'enflammait. Romain se plut à imaginer l'avorton au milieu de ses flammes, se tordant à sa place de douleur en attendant de se consumer aux cendres. Qu'il lui tardait d'assister à ce spectacle ! Il le graverait dans sa mémoire et l'écrirait dans les moindres détails à cette garce partie au couvent. Si elle croyait s'en sortir... Il avait imaginé un moment rédiger un courrier en mentant sur le om de l'accusé mais cet idiot à béquilles était sorti trop tôt de prison. Il aurait lui aussi écrit à sa mère Le libraire remisait donc cet espoir et poursuivit de faire la conversation au comte.
"Je ne puis croire que ce démon ait refusé la grâce divine. Comment peut-on ? Je suis moi-même peu pratiquant, je le confesse, mais je prie beaucoup, et je vais à la confession autant que possible. Quelle honte ! Quelle ignominie !"
Dans la foule inculte s'élevait une certain animation. Un infirme absolument répugnant chantait une chanson ignoble. Il allait faire une remarque quand un autre événement le troubla : l'arrivée de l'épouse et de la fille du comte. Si ce dernier les apercevait, il le perdait. Cela était hors de question ! L'une de ces sottes se donnait en plus honteusement en spectacle. On voyait bien que c'était une étrangère. Aucun sens du raffinement ou des bonnes maniées. La jeune Florentyna, au moins, savait se tenir en dépit de la surprise. Le comte pouvait se féliciter de l'avoir bien élevé.
Rapidement, Romain attira l'attention vers le troubadour ivre et s'écria, outré :
"Mais qu'est-ce que... cette chose ? Et comment ose-t-elle ? Qu'on la mette donc sur le bûcher ! Si elle se permet de semer l'agitation come cela, c'est que celle-ci est aussi corrompue que le sorcier que l'on brûle !"
Sur cette intervention, le libraire se calma et laissa la suite se produire seule. Il avait suffisamment ajouté de bois pour le bûcher du gros monstre informe. Son regard surprit alors une silhouette amie et il ut un sourire sincère en agitant en même temps le bras.
"Oh ! Roméo ! Roméo ! Viens donc nous rejoindre, mon ami !"
Il se tourna en même temps vers le compte, soucieux de se justifier :
"Vous l'avez sûrement aperçu au procès. Celui qui a perdu son épouse. Une catastrophe si terrible. Tout ça à cause de cette ordure de sorcier !"
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Roméo Menthon, 24 ans
Négociant en tapis
- avertissement - handiphobie:
Par tous les diables ! Il allait arriver en retard ! Tout cela à cause de ce maudit charretier incapable de se présenter en temps et en heure devant sa boutique ! Ce n’était pas comme si les artères de la capitale allaient se retrouver bloquées d’un instant à l’autre… Heureusement Roméo connaissait quelques passages qui lui permirent de rejoindre sa destination aussi vite que possible. Morbleu, ils étaient déjà en train de l’attacher. Pourquoi ne pas l’allonger s’il ne tenait pas debout ? C’était vraiment se donner une peine inutile. Quelle bêtise !
Il était hors de question qu’il rate la moindre miette de ce spectacle haut en couleur. Ce maudit fils de Satan allait enfin payer pour tous ses crimes. Cela faisait de toute façon bien longtemps qu’il aurait dû périr. Il aurait pu rendre grâce à Dieu de ce sursis, mais non, la vile créature qu’il était demeurait loyale au Diable jusque dans la mort. Refuser la grâce divine. Il bouscula deux-trois personnes sur son chemin sans ménagement. « Place ! Place ! » hurlait-il impérieusement pour fendre la mer de gueux tel un Moïse braktennois. Refuser la grâce divine… Cela prouvait bien à quel point il était un serviteur de son prince des ténèbres.
Ils étaient tous les mêmes : impies jusque dans leurs ongles qui continuaient leur pousse dans la tombe. Fort heureusement, celui-ci ne serait plus qu’un tas de cendres éparpillé dans les airs. Une idée qui ne lui plaisait pas réellement : faire demeurer des restes de démons dans les airs n’était-ce pas créateurs de miasmes ? Qui savait de quoi ces créatures démoniaques pouvaient être capables ?
L’on abattit la torche et le petit bois bien sec s’embrasa. Et dire qu’il ne voyait de rien d’ici ! Roméo se hissa sur la pointe des pieds et aperçut au loin son ami Romain aux côtés du prospère comte de Monthoux. Il se faufila de nouveau entre cette répugnante populace crasseuse qui l’encerclait comme prise en transe par l’immolation. Roméo ne voyait rien. Tout ce qu’il entendait au loin c’était le crépitement du bois qui craque et les cris démoniaques de la créature. Dieu merci, l’on avait eu la bonne idée de lui arracher la langue pour s’éviter une pluie d’insanité. Ce qui n’était pas le cas de ce tas de chair informe qui osait chanter d’une voix des plus désagréables. Qu’il se change donc en poisson, il l’éviscèrerait pour ses cochons.
Enfin il arrivait à destination. Il savait son ami en odeur de sainteté auprès du comte, quelle chance ! Un personnage si éminent et qui faisait fort bien affaire disait-on. Roméo s’inclina profondément.
— Monsieur le comte, c’est un honneur de vous rencontrer. Madame. Vous devez vous réjouir de voir ce sorcier brûler. Je n’en reviens toujours pas qu’il ait eu l’audace de s’attaquer à une maison aussi respectable que la vôtre. Notre Seigneur vous ait en sa sainte Grâce.
Il se signa, embrassa sa croix puis fit amende honorable pour son retard.
— Mon cher ami, c’est un tel soulagement de vous retrouver ici, voyez-vous ce maudit charretier a bien failli m’empêcher d’assister à l’évènement. Certes j’ai désormais de magnifiques tapis à vendre, mais tout de même ! Ne se rend-il pas compte à quel point, il est important pour moi de voir ce chien de démon rôtir ?
Roméo secoua la tête tout en observant cette espèce de gargouille grotesque poursuivre son pitoyable spectacle.
— Quelle affreuse ballade! J’aurais un couplet tout trouvé pour l’agrémenter quelque peu :
Quand le Seigneur m'a immolé
Au coeur des flammes de l'enfer,
En cendres mon corps s'est envolé
Bien loin de mon seigneur Lucifer.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
- Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
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Date d'inscription : 21/07/2020
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Presque paralysé, Matthieu fut réveillé par la proclamation de la peine. Il serra un poing sous sa manche. C’était sensiblement la même que celle de Jean. Ses yeux semblaient d’ailleurs lui jouer des tours, car ce n’était pas le sac qui cachait le prisonnier qu’il observait mais une tignasse rousse. Il se mordit la lèvre. Il devait tenir encore un peu, respirer…
Les gémissements lui fendent le cœur. Heureusement que le son de sa langue coupée lui rappelle qui est vraiment sous ce sac. Mais tous ces gens, là, eux, ils l’ignorent… Matthieu se mord la lèvre en sentant quelques personnes s’abandonner au chagrin. Il voudrait tout dire, les rassurer mais il doit rester inflexible. Plus tard peut-être, si Dieu le veut…
Regardant de nouveau vers le pauvre avocat à la dérive, ses mots et son chant le pince. Il semble en transe, totalement embrumé et les soldats l’observent avec un œil mauvais. Matthieu se mord la lèvre. Et s’il tentait quelque chose ? Il pourrait prendre les devants, sembler le sermonner et le conduire en lieu sûr ! Il faut seulement qu’il se mette bien dans la peau du personnage. Alors qu’il se compose la figure digne qu’il a déjà en partie oubliée, une interruption le coupa dans son élan. Il se trouva déconcerté en voyant une jeune femme venir vers elle. Ah oui, c’était la gérante du Lupanar… Il déglutit alors qu’elle commençait ce qui ressemblait heureusement à un monologue. Il n’eut qu’à serrer les dents en gardant son visage impassible, hochant parfois vaguement la tête.
- Oui, je ne doute pas que vous tiendrez très bien cet… établissement, ma fille.
Hésitation autant involontaire que souhaitée, c’était logique pour un homme comme lui. Seigneur, qu’il risquait d’être pénible de sans arrêt raisonner comme ça ! S’il fallait toujours réfléchir à trois fois avant de dire quelque chose… Mais après tout, ce n’était que justice. Honnêtement, c’était une bien futile punition pour tout ce qu’il avait fait comme mal. Il hocha la tête plus péniblement lorsqu’elle lui affirma l’admirer. Lui aussi avait admiré Clarence… S’il avait seulement su toutes ses manipulations, ses mensonges… Lui qui avait pensé pouvoir être plus exemplaire que les autres, il avait en réalité été le pire.
Sa question le prit un peu au dépourvu même si, extérieurement, il n’en montra rien. Qu’aurait-il répondu, avant ? Aujourd’hui, bien sûr qu’il voudrait prier pour lui, même sachant tout ce que lui pouvait savoir. Mais avant, l’aurait-il affirmé ? Il prit un visage sévère, mettant en application son entrainement.
- Il a déjà eu sa chance pour se rétracter et à refuser. Le seul qui pourrait le pardonner est Notre-Seigneur Tout Puissant mais j’en doute sincèrement. Le pardon est une belle idée mais n’est pas applicable à tous.
Le pire était certainement qu’il était d’accord avec la dernière partie. Mais le concernant, lui. Même si Cecilia s’échinait à lui faire comprendre l’inverse, il ne s’estimait pas pardonnable. Il reporta son attention sur le bûcher. Une nouvelle fois, il crut bien y voir son ami.
Il s’était tourné vers lui, ce jour-là, ses lèvres s’étaient ouvertes pour lui dire quelque chose… Mais quoi ? Peut-être un peu naïvement, il avait cru que venir ici l’aiderait à se rappeler. Mais toujours rien… Ou peut-être, un vague son au-dessus du brasier…
Sois…
Le bûcher s’alluma enfin. Ne prêtant que peu d’attention à l’agitation qui commençait à saisir la foule, Juan joignit les mains, espérant de tout cœur que les flammes emporteraient tout du sorcier, y compris ses sortilèges. Phaïdée serait ainsi bel et bien libérée de son emprise et ils reprendraient tous une vie normale, bien loin de ce tumulte.
Alors qu’il se trouvait assuré de la bonne marche de chose, il voulut faire demi-tour mais entendit un son étrange. Il haussa un sourcil interloqué en voyant une femme pliée en deux au milieu de la foule, qui semblait bien peu apprécier le spectacle. Il s’étonna de reconnaitre la princesse – désormais comtesse – Kalisha. Il hésita un instant. Pourquoi une femme telle qu’elle serait aussi émue ? Était-ce à cause d’une trop grande délicatesse ? Ou était-elle réellement dégoûtée du jugement qui était mis en application. Juan s’interrogea alors qu’il se remémorait les rumeurs de la capitale qui prétendait que Monthoux avait subi les assauts du sorcier. Était-elle également envoûtée ? Si c’était le cas, il espérait que cette réaction n’était que la preuve qu’elle rejetait enfin de tout son être les maléfices. Sinon, peut-être que sa reine faisait bien de s’en méfier…
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- Trigger warning:
- Propos handiphobes, sang, corps brûlé
Le brasier gonfla, prit grande ampleur. Certaines flammes paraissaient grimper aussi haut que les pointes des clochers lointains. Et la foule de hurler, dans un sourd mélange de répugnance pour l'odeur de roussi et d'euphorie à se sentir là, unie, pour célébrer l'expiation. Le supplicié lui aussi hurlait à pleins poumons, d'une voix déchirée à la puissance redoublée par l'écho. Cette fois-ci, guidé par la poix dont ses loques avaient été arrosés, le feu avait atteint ses guenilles, puis sa chair... Les vêtements d'abord tombèrent en lambeaux. Puis sa peau noircit, se détacha, éclata en cloques de toutes parts. Du pus et du sang sortaient de tous les orifices possibles. Les yeux fondirent, puis le visage, puis le reste. Très vite, l'homme fut réduit au silence. Il était mort rapidement. On ne devinait déjà plus rien au milieu des flammes voraces.
Résonna alors l'étrange vacarme des spectateurs, où les uns hululaient leur déception... tandis que les autres hurlaient leurs "Hourra ! Au Diable !" et leurs "Vade Retro !" Le bourreau restait impassible. Les gardes ne relâchaient rien de leur surveillance : le bûcher flamberait encore une bonne demi-heure, quand bien même le supplicié était mort - il s'agissait d'être sûr que son corps ne serait à la fin bel et bien plus qu'un tas de cendres. Déjà, certains badauds partaient.
Ainsi chacun croira que s'éteignait Hyriel.
Elle gémissait, pleurait, tenait la main de Kalisha. Les râles d'Hyriel se changèrent en hurlements alors que le feu le harassait. Florentyna cria elle aussi, les joues baignées de larmes, les yeux levés au ciel. Oh Seigneur, Seigneur... Rappelez-le vite ! Offrez-lui au moins cela, ne le laissez pas trop agoniser... Elle crut être entendue : la voix meurtrie de leur ami ne tarda pas à disparaître - et lui avec. C'était fini. La fille de Monthoux explosa en sanglots alors qu'à côté d'elle, Kalisha venait de vomir et se maintenait tant bien que mal debout. Florentyna lui tomba dans les bras. Bloquées qu'elles étaient, il n'y avait plus qu'à se soutenir. Elle serra fort la princesse. Elle ne la laisserait pas s'écrouler... en même temps cependant que ses pleurs lui noyaient l'épaule.
De lui, Seigneur, eûtes pitié.
Recevez-le en Paradis.
Cette courte prière dite, elle se ferma à tout le reste, concentrée sur Kalisha - et sur la foule étouffante. Une femme, qui elle aussi avait les yeux rouges de trop de larmes versées, s'approcha d'elles. Elle s'empressa d'aider son amie, la berça, la rassura. La demoiselle de Monthoux leva des yeux plein de reconnaissance vers cette belle âme et souffla :
-- Merci... De tout cœur.
Rassurée, Florentyna laissa faire leur alliée providentielle. Kalisha était entre de bonnes mains. Elle-même pouvait donc s'écarter un peu et laisser la nouvelle venue gérer. Elle garda tout de même ses doigts autour de ceux de la princesse. Florentyna acquiesça aux paroles rassurantes de leur sauveuse. Qui était-elle ? Aucune idée... Elle n'était pas en état de le demander, simplement de la laisser agir et de lui adresser autant de reconnaissance que possible.
Attendre. Attendre que les rues se désengorgent puisque le "spectacle" était fini. Cela vint peu à peu. Et les piquiers qui les entouraient purent leur ouvrir le passage. Malgré son visage ravagé, Florentyna tenta un sourire. Sa main serrant toujours celle de son amie, elle suivit le mouvement de leur alliée qui initia le départ. Ce départ libérateur qui leur ferait traverser à trois, ensemble, soudées, cette pénible mer de corps ouverte. Elle chercha quelque chose à dire. Rien ne sortit. Ses lèvres remuaient et tremblaient en vain alors que ses yeux inondés restaient accrochés à ceux de la princesse.
Prosper acquiesça gravement aux sages préceptes antiques que rappelait Messire Bellanger. Il sourit à son renouvellement d'amitié. Il prit soin de donner à un suivant les livres à mettre à l'abri, afin qu'ils n'empestent pas le brûlé en rentrant.
-- Amitié partagée, cher Monsieur. (puis soupirant dans un presque grognement) C'est en effet abject, que d'avoir refusé jusqu'au bout la coopération avec la Justice et même la Sainte Miséricorde. Tel est bien le signe d'une âme dépravée et je ne saurai assez me réjouir que Son Éminence sout venue arracher cette mauvaise herbe de mon domaine avant qu'il n'ait pu y causer davantage de mal encore.
Il salua avec politesse et empathie ce malheureux Roméo qui les rejoignait. Oui, le comte se souvenait de ce pauvre homme et de son témoignage au Tribunal. Prosper inclina lentement la tête aux bons vœux de Roméo et répondit :
-- C'est grande satisfaction. Même si cela ne réparera pas tout le mal qu'il a causé... Je suis d'ailleurs sincèrement peiné pour vous et votre défunte épouse. Vous aussi, que Dieu vous garde et vous apporte consolation. Au moins, Justice est rendue. (Il grimaça en apercevant l'immonde avocat que lui pointait M. Bellanger. Comment pouvait-on le laisser se répandre de la sorte ? Lui aussi mériterait d'y passer afin de faire ménage entier. Prosper se signa. Au moins le bon mot que Roméo improvisait sur sa ballade fit sourire le seigneur de Monthoux, qui lui retourna un regard un peu plus rieur.) Une parfaite conclusion, et que je souhaite aussi à ce gros tas de chair.
Marthe aura suivi la discussion - sachant garder sa place discrète et son rôle, mais sans se départir de son sourire. Elle s'intéressa surtout au peu qu'elle voyait du bûcher, avant d'entendre, derrière elle, des hurlements que l'intendante reconnut aussitôt. Elle arrondit la bouche et sur feindre parfaitement l'effroi désolé en découvrant Kalisha et Florentyna. Elle se signa comme pour plaindre ces pauvres femmes qui n'auraient pas dû bouger... Mais au fond d'elle, la contremaître espéra qu'elles auront apprécié le départ de leur cher jardinier. Un eu trop court, quand même, dommage.
En captant le mouvement d'yeux de l'intendante, Prosper à son tour repéra sa femme et sa fille. Pour le coup, son expression à lui fut sincèrement choquée. Et peinée. Grand Dieu ! Que s'était-il passé ? Il avait pris toutes les précautions et promis à Sœur Cécilia qu'il n'infligerait pas l'exécution aux deux repentantes ! Il chercha piteusement ses mots et, désemparé, ne trouva rien de mieux à faire dans la panique que de héler à travers la foule :
-- Rentrez ! Rentrez, pour l'amour du Ciel !
Demande bien stupide, se rendit-il compte... Elles étaient bloquées. Sa femme avait vomi. Florentyna était ravagée de sanglots. Le comte poussa un soupir de soulagement en remarquant toutefois qu'une femme venait les aider. Enfin, elles allaient pouvoir être extraites de là. Il... n'avait pas voulu cela...
Transe funeste. Ivresse au milieu de laquelle il crut percevoir un début de mouvement du côté du Cardinal. Pour quoi faire ? Il n'aura pas le loisir de le savoir : une silhouette que Lénius reconnut vaguement comme Isabelle le prit à parti. Et lui, il fut de nouveau happé par le bûcher où cette fois-ci Hyriel mourait après d'ultimes hurlements. C'était à présent lui, le bouffon difforme, que plusieurs tête dans la foule observaient. Jugeaient. Il s'en foutait. D'autant que les premières strophes de Eymar allumaient ici et là quelques premières réactions assez satisfaisantes : si certains injuriaient les estropiés, les démons de toute trempes, d'autres... comme inspirés par les paroles rebelles, se réveillaient pour lâcher de brouillons :
-- Y dit vrai ! Mon p'tiot est infirme et il a jamais rien fait de mal !
-- C'est pas eux les démons !
Surprenants remous. Très rares d'abord, disséminés en quelques points seulement autour de l'histrion. Mais bientôt rejoints par d'autres voix de protestations, celles-ci encouragées par l'ignoble contre-couplet qu'un jouvenceau faisait plus loin.
-- Mensonge ! Les Diables, C't'y ma foi ceux qui utilisent les Écritures !
-- Hyriel, y a soigné mes frères, alors qu'les autres avec leurs leçons, regardez comment qu'y se gavent !
Des heurs. Des cailloux lancés... cette fois-ci du côté de la garde. La foule était toujours si versatile. Il suffisait toujours d'un rien pour faire, en si peu de temps, tourner certaines de ses têtes dans un sentiment de puissance et de résistance en prenant la satisfaction de se frotter aux autorités.
-- Foutrebleu ! Qu'y aillent se faire voir !
-- Haro sur l'ennemi ! L'est pas dans l'bûcher !
Ce n'était pas prévu. Lénius éclata d'un rire fou au milieu des caillassages désordonnés. Les gens d'armes organisaient la défensive. Les lances repoussaient quelques assauts de çà de là, avec l'espoir que cela retomberait vite. Il y eut des bousculades. Des jets échangés. Quelques prises de corps ayant vite raison des plus excités tandis que d'autres serpentaient parmi les spectateurs. Déconnecté de toute raison, embrasé par l'alcool et en guise d'adieu à Hyriel, la gargouille acheva :
Je me suis transformé en graine
Et de mon tombeau a germé
L’écho des rébellions prochaines.
Quand l’ennemi sur le bûcher
M’a enchaîné pour me détruire
En feu grégeois j’ai su changer
Mon sang et mes derniers soupirs.
Mais ce fut pour lui aussi le coup de trop. A peine terminait-il que deux soldats, enfin parvenus jusqu'à lui, l'immobilisaient. Deux poignes pour conduire son fauteuil, les deux autres pour le tenir calme. Lénius se débattait. Une fois seulement, il parvint à se défaire de l'emprise à coups d'assauts furieux - aidé de son armée de dents pointues. La résistance fut toutefois bien brève : la force lui manquait. Ses maudits muscles de nouveau se contractaient. Tout bascula devant ses yeux et l'infirme se sentit emporté, après un dernier regard pour le bûcher qui flambait encore.
Le peu de conscience qu'il lui restait comprit rapidement qu'on l'arrêtait.
Tant pis... Ou tant mieux peut-être ? Il fallait que cela finisse par arriver non ? S'il fallait cela pour lui faire enfin trouver la tranquillité de l'âme et la légèreté du corps. Corps lourd, corps chaotique et si encombrant... tout cela il ne le serait plus, quand il ne sera plus. Pourtant, après l'avoir soigné Hyriel l'avait incité à prendre soin de lui à l'avenir... Mais... Mais non. L'idée de poser sa croix le rendit étrangement serein et le fit rire comme un enfant au milieu de sa démence.
Et l'exécution s'achèverait dans cette étrange ambiance, aux colères beaucoup plus diffuses qui ne convergeaient plus toutes vers le sorcier réduit en cendres. Avec la police qui devait calmer des coups de colères naissant en divers lieux de la Grand' Place et à l'ennemi pas vraiment défini. Pavés lancés. Pavés perdus. Certains toujours bien en direction du bûcher... mais d'autres vers quelques Grands. Ou vers le Cardinal. Autant de têtes de l'hydre. Autant de gens jugés "ennemi" pêle-mêle par une foule dissipée qui ne savait plus vraiment ce qu'elle faisait, ceux qu'elle visaient. Un peu tout en même temps, quand les émotions fortes prennent. L'arrestation de Lénius - qui avait son copieux lot d'amis, de suiveurs, de spectateurs, et une popularité non négligeable en tant que contre-pouvoir - ne fut pas pour calmer les choses. Une bonne nouvelle rasade d'alcool renversée sur cette masse désorientée. Peut-être ne serait-ce là qu'une braise passagère qui s'essoufflerait bien vite comme beaucoup de remous populaires ponctuels ? Ou le début de ce qu'avait souhaité Eymar ?
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Isabelle écoutait la réponse du cardinal et opina légèrement de la tête.
"Je l'espère. Le mal est si prompt dans le coeur des gens et ils se montrent si aptes dans leurs manipulations. Je prierais Dieu pour qu'Il me donne la force d'œuvrer au mieux pour le Bien."
Le bûcher se poursuivait. Les flammes montaient et recouvraient la silhouette qui se tordait de douleur. Isabelle contemplait le triste spectacle d'une attitude digne, sans rien paraître de ses émotions mais souffrait intérieurement pour lui. Quelle cruauté que de lui faire endurer un pareil supplice. La corde suffisait pour une exécution. C'était sobre et efficace. Toute cette mise en scène n'était faite que pour plaire à ceux qui se repaissaient de ces horreurs, comme ce commerçant non loin là qui proclamait un quatrain pour se moquer du malheureux Lénius. Il ne souhaitait que se faire voir et plaire. Il ne manifestait pas la moindre once de pitié ou de clémence pour le condamné. Pourtant, seul Dieu pouvait réellement le juger à présent. Ils ne leur appartenaient plus de statuer. Elle écouta alors la réponse du cardinal sur la question du pardon divin.
"Je comprends. Son sort est entre les mains de Dieu. Pour ma part, je crois que je prierais malgré tout ce soir. Il a expié pour ses péchés sur terre. Il ne nuira plus. Alors, je lui pardonnerai. Il est trop pénible de vivre dans la colère. pardonner, au fond, c'est se libérer de ses mauvais sentiments."
Les flammes poursuivaient leur travail et le sorcier poussa enfin son denier râle. Malgré le mécontentement de la foule, Isabelle en éprouva un profond soulagement. Elle se signa et remercia le Seigneur. Il avait accordé sa grâce au malheureux en dépit que lui la refusait. Ce signe l'émut et lui fit verser une larme. Ce soir, elle prierait longuement.
Lorsque le bûcher toucha à son terme, elle décida de se retirer, peu incline à rester dans un tel événement sinistre.
"Je vais rentrer. Du travail m'attend. Bonne journée, votre éminence, et que Dieu soit avec vous."
Rapidement, Isabelle se dépêcha de s'éloigne lorsqu'au milieu de la foule, happée par des badauds, elle se perdit. désorientée, , cherchant elle bouscula un personnage bien habillé. Elle releva la tête, gênée, et reconnut le noble personnage venu chercher les papiers de la petite Cassandre. Son teint rougit davantage.
"Messire... Je vous prie de m'excuser. L'affluence... Les gens survoltés... je ne trouvais plus mon chemin. Pardon. Veuillez me pardonner de cette offense."
Pendant que la triste exécution se terminait, Louise prenait son temps pour bercer la princesse meurtrie par la vision de ce spectacle épouvantable. Sans la moindre pensée pour les rangs qui les séparaient, elle l'embrassait au front et lui prodiguaient des caresses dans le dos ou autour de son crâne, telle une mère le ferait pour rassurer son jeune enfant.
"Tout va bien, madame. Tout va bien. Respirez. Prenez le temps de respirer."
Louise remarqua que des piquiers ouvrait un chemin pour leur permettre de se dégager. Elle continua de soutenir la princesse en la gardant dans ses bras et l'aida tout le long à marcher pour retourner à des rues plus tranquilles.
"Appuyez-vous sur moi madame."
Lentement, la catin emmenait loin ces deux dames pour les ramener loin de cette folie.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Kalisha peinait à se maintenir debout. Le goût âcre et râpeux au fond de sa gorge la degoûtait autant que la répugnante odeur de chair brûlée et de cendres. Les hurlements s’intensifièrent. Ceux de son ami souffrant le martyre, Le hurlement de Florentyna, les cris de la foule en liesse. La princesse se boucha les oreilles.
Taisez-vous… taisez-vous… taisez-vous je vous en supplie…
Elle secouait sa tête désespérément lorsque une femme arriva pour l’étreindre. Elle ignorait qui elle était. Sa vision s’était troublée, parsemée d’étoiles noires qui dansaient dans un ballet tournoyant. Sa voix lui parlait. Elle l’avait entendue quelque part sans se souvenir où. De toute façon, elle n’avait pas le courage de chercher. Et se laissa tomber entre ses bras amicaux.
Marcher. Mettre un pied devant l’autre. Elle pouvait le faire. Comme un petit enfant entre les mains de sa nourrice. Sa tête acquiesça et tout dansa.
Elle serra les mâchoires, déglutissant péniblement. Inspirer ? Elle secoua vivement la tête, les yeux toujours ruisselant. Elle ne pouvait pas. Pas cette odeur qui irritait ses poumons et les calcinait de l’intérieur. Sa gorge était sèche, étranglée autour d’un mince filet d’air qui fuitait encore en provenance de ses narines. Dans un vague moment de lucidité, elle récupéra son mouchoir dans sa poche pour y enfouir son nez et suivi sans réfléchir les deux femmes hors de cet enfer.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Et le Monthoux qui ne bouge même pas pour venir au secours de son épouse ! Le Premier Conseiller partage, à ce constat, le regard noir du Zakrotien, jusqu'à ce que... ah si, enfin ! Prosper et sa contremaître ont la décence de se montrer affectés par le calvaire que sont en train de subir la femme et la fille du domaine. C'est déjà cela, rien n'est désespéré. Oh certes, l'intervention du comte est parfaitement stupide - ce dont lui-même s'aperçoit dans la foulée - mais l'on ne peut pas trop lui en demander d'un coup. Au regard interrogateur d'Eldred, Dyonis s'apprête à signer d'envoyer tout de même un piquier au secours des deux femmes, cependant voilà déjà que Louise approche pour s'occuper d'elles, ainsi que le Zakrotien vient de lui indiquer. Il a raison, Dame Kalisha et Mademoiselle Florentyna sont désormais entre de bonnes mains. Le baron acquiesce et esquisse même, très discrètement, pour Eldred, un bref sourire fragile : oui, elles sont tirées d'affaires.
Les derniers hurlements d'Hyriel glacent le Premier Conseiller. Ce n'est pas faute d'avoir assisté déjà un certain nombre de fois à des exécutions. Ou autres cruautés. Il sait rester de marbre - au moins d'apparence - devant ce type de spectacles quoiqu'ils ne soient jamais une partie de plaisir. Mais aujourd'hui... Cet homme ne méritait vraiment pas cela. Au moins, le Seigneur le rappelle vite à Lui. Dans le secret de son cœur, le baron adresse pour cela une brève action de grâce.
D'autres sons, eux, continuent : le chant d'ivresse et de désespoir poussé par Lénius. Dyonis lâche un soupir : le pauvre homme ne se calme pas, au contraire. Les paroles de la ballade sont belles, il doit le reconnaître. Il peut comprendre également la révolte qu'elle porte pour ce qui est du pseudo-sorcier. Le reste cependant contrarie le Premier Conseiller. Clairement, une incitation aux révoltes. Et l'état lamentable du bouffon, lui qui a pourtant un grand talent pour la musique et qui sait faire preuve d'un esprit certain à la Cour. Aujourd'hui, il ne lui fait que pitié.
Dyonis note un mouvement du Cardinal en direction de Lénius. Lui-même s'apprête à envoyer des hommes évacuer le lamentable ivrogne - quitte à lui faire passer quelques jours au trou pour dégrisement et avec l'espoir que cela lui serve de leçon. Mais c'est déjà trop tard : la ballade a attisé les passions de la plèbe. De ces fureurs qui n'attendent que quelques émotions à vif - et le caractère toujours amplificateur de l'effet de groupe - pour exploser dans tous les sens. De la caillasse vole. Des pierres. Des pavés. Le baron se tend comme un arc. Rester inébranlable. Décourager l'émeute grandissante.
Déjà, les hommes du guet et les brigadiers font leur travail. Un commandant distribue ses ordres. Le seigneur de Frenn détache lui-même quelques lanciers de sa propre troupe pour aller - au moins pour le symbole et l'envoi du message qui s'impose - aider à disperser les fauteurs de trouble. Et interpeller les plus agressifs. Le front de Dyonis se plisse de colère : Lénius se rend-il compte de ce qu'il a aidé à déclencher ? Peut-être pas vu son état. L'individu est-il fou à lier ou désespéré au point de chercher la mort - non sans créer un maximum de chaos ? La police n'est pas longue à l'interpeller, à l'emporter. Regrettable scène. Voilà qui n'est pas rendre hommage à son ami supplicié - à la place d'Hyriel, Dyonis n'aurait jamais apprécié qu'un compagnon lui fasse suite à la prévôté. Alors qu'il a même, paraît-il, été plutôt bon avocat. Quel gâchis.
Soudain, malgré l'excellent travail de protection mené par sa garde personnelle et par Eldred, un pavé atteint le Premier Conseiller. Il bascule, parvient à se tenir en place au prix des efforts de son crochet très enfoncé dans le bois de son accotoir, mais pousse entre ses dents serrées un cri rauque : son front a été atteint. Le décor et les flammes du bûcher tournent devant son regard sonné. Son crâne le brûle. Il sent une méchante bosse venir. Longue inspiration. Ses yeux papillonnants cherchent à s'assurer de l'action de ses gardes et d'Eldred autour. Lui-même essaie de localiser qui a pu tirer - bien en vain au milieu de tout ce chaos et dans son état. Quelqu'un d'autre cependant a peut-être vu le tireur ? Il ne faut pas perdre un instant. Malgré ses vives douleurs, le seigneur parvient à aligner d'une voix forte :
"Ap... préhendez l'agresseur ! Aux f... fers ! Lui et quiconque persiste !"
Si un de ses hommes ou un des agents du guet a repéré son agresseur, ce sinistre abruti finira au bout d'une corde d'ici moins de trois jours. Trouble à l'ordre public et agression d'un dépositaire de l'autorité - à plus forte raison du Premier Conseiller : le lanceur a signé son arrêt de mort.
Heureusement, l'exécution touche enfin à son terme : ils vont pouvoir s'en retourner. Départ expresse vers Frenn. La tête de Dyonis tourne douloureusement. Il met ses ultimes forces dans le maintien de sa posture droite pour les quelques instants qu'il a encore à assurer en cette représentation publique. Il ne fléchira pas. Dents serrées. Souffle contracté. Il prend son mal en patience : bientôt, il sera au château, avec de la glace sur sa tête où une épouvantable bosse bleutée doit déjà apparaître. Le seigneur retient un grognement : allons. Ce n'est rien du tout à côté du supplice qui vient de s'achever. Dès ce soir il priera pour que, faute de n'avoir bénéficié de bonne foi sur Terre, le défunt guérisseur puisse passer le moins de temps possible au Purgatoire avant de rejoindre Paradis. Car la justice du Très-Haut sera, elle, raisonnable. Sur cette pensée, Dyonis se laissera reconduire en urgence hors de la Grand' Place. Serrant les dents et gardant la mine ferme pour ne pas inquiéter sa suite. Adressant à Eldred et aux autres gardes un bref regard d'estime : ils ont fait leur travail au mieux.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Eldred aperçoit-il l'agresseur dans la cohue?
Réussite : c'est lui là-bas !
Échec: il y a trop de monde, impossible de l'identifier.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
'Acte à point fort' :
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Eldred s’était refermé sur lui-même. C’était comme sur les champs de bataille. Le vacarme, les cris, les hurlements d’agonie, le fracas des armes dans la mêlée sanguinaire… Tout cela ne devenait guère plus qu’un bruit de fond aussi trivial que les oiseaux que l’on n’entendait plus lorsque l’on se promenait en forêt.
Au moins les deux femmes semblaient tirées d’affaire. C’était déjà ça et puis cela rassurait le baron qui semblait soucieux. Il devait sans doute les apprécier. Ou l’appréciait. Il lui rendit son sourire. Lorsque le guérisseur se sera éternellement tu, le zakrotien aura silencieusement prié pour son salut, dans l’un des au-delà quel qu’il soit. Au moins, il avait relativement vite succombé. C’était toujours mieux que rien.
Pourtant, loin de clore l’évènement, la foule s’agitait, grondait, criait. Le petit troll à chariote scandait toujours ce chant, attisant d’autres flammes que celles du bucher. C’était l’étincelle qui allait tout emporter. Il n’aimait pas cela. Son regard scrutait la foule chaotique qui comme un océan placide se déformait dans une houle meurtrière. Des cailloux volèrent. Il fallait rentrer. Tout de suite. Mais le Premier Conseiller refusait de fuir le théâtre des hostilités. Courageux. Peut-être trop téméraire malgré les agents du guet qui arrivaient déjà au pas de course, abaissant leurs lances tel un hérisson géant pour faire reculer la populace en délire. C’est de la folie. Les remous s’intensifièrent et plusieurs projectiles voltigèrent. Il n’était pas équipé de bouclier pour le protéger. Pas plus que les gardes. On se rendait à une exécution, pas sur un champ de bataille et voilà que des frondeurs improvisés jetaient tout ce qu’il trouvait à porter de main. Il poussa le seigneur de Frenn une première fois pour lui éviter une pierre, mais une seconde arrivait déjà. Trop tard. Il s’écroula à terre et Eldred se précipita à ses côtés pour s’assurer qu’il allait bien. Rien de grave heureusement. Il en serait quitte pour une belle bosse et un petit saignement. Trop occupé qu’il était à lui faire esquiver la première pierre, il n’avait pas eu la présence d’esprit de repérer l’agresseur. Une goutte d’eau dans une mer déchainée. C’était peine perdue. Il le remit sur pied d’un bras vigoureux.
— Il faut y aller, Maitre. ordonna-t-il avant de l’entrainer sans attendre sa réponse.
Hors de question de rester une minute de plus ici. Cette agitation ne les concernait plus et le mettait en danger. Il lui courba la tête de force et passa son bras au-dessus pour le protéger autant que faire se pouvait. Il songea brièvement à William qui allait le tuer en rentrant. Il aurait dû insister plus tôt pour lui faire quitter les lieux. Tout était de sa faute et ce maudit fils de troll écervelé ne serait jamais retrouvé. Comment cela se pourrait-il ? S’il avait la moindre once de bon sens, il se serait éclipsait aussitôt que la pierre avait heurté le front du Premier Conseiller.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
- Ce post comporte des propos handiphobes et sexistes.:
Les flammes continuaient de lécher le condamné et faisaient leurs œuvres libératrices. La silhouette humaine avait presque disparu et le libraire pouvait bien mieux se représenter l'avorton à sa place. Son ami Roméo vint alors les rejoindre et présenter ses hommages au comte en s'agaçant d'un charretier qui lui avait fait perdre du temps.
"Les livreurs sont pénibles, dépourvus d'éducation. Ils ne comprennent jamais quand ils doivent passer."
Sur cela, Roméo dévisagea l'insupportable troubadour et montra plus d'esprit en improvisant un superbe quatrain. Son ami possédait tant d'esprit. Lors de leurs préparatifs du procès, ce dernier composait de temps en temps des sommets pour marquer son dégoût pour le sorcier.
"Comme toujours, Roméo révèle quel grand artiste il est ! J'ai rarement entendu plus doué !"
Peu après, le comte découvrit son épouse et sa fille présentes à l'événement et, après un assez long moment d'hésitation, leur ordonna de rentrer. Une idée qui semblait leur être venue mais difficilement réalisable dans l'état actuel de choses. Le libraire se moquait bien de leur situation, qu'elles se fassent même écraser par la foule cela ne lui ferait ni chaud ni froid. n revanche, c'était là un autre moyen de plaire au comte.
"Ayez confiance en la femme là-bas. Elle les secourt et elles seront vite sorties. Nous ne pouvons, nous, rien pour elles. Mais pourquoi sont-elles donc venues ici ? C'est pure folie ! Leur nature de femmes, si facilement corrompue, ne pouvait supporter ces visions ! Ont-elles... oubliées ? Probablement. Les femmes ont cette fâcheuse manie d'omettre les détails importants. Mon épouse, en tous les cas, agissait souvent de cette manière, quoi que je puisse dire."
L'exécution se poursuivait et le condamné poussait finalement son dernier cri avant de s'éteindre. Romain grimaça, peu enclin à apprécier un spectacle aussi court. Il aurait préféré le voir brûler bien plus longtemps. Il échangea un regard avec Roméo qui partageait sa frustration lorsque la foule s'excita et se mit à lancer des pierres vers le Premier Conseiller. Finalement, les festivités continuaient. Le libraire les contempla avec une satisfaction dissimulée. Si seulement ce baron infirme, qui avait sûrement mal acquis son poste, pouvait en recevoir une et disparaître. Monbrina avait besoin d'un meilleur représentant qu'une personne comme lui. Sur cette pensée, Romain aperçut un homme réussir un superbe lancer qui atteignit le front du Premier Conseiller et lui porta un fameux cou. Il aurait dû le dénoncer. Cela serait la chose à faire. Néanmoins, face à un pareil individu, c'était au fond justice et il préféra apercevoir le baron chanceler et tenter de se remettre. S'il pouvait seulement faire une commotion générale !
Discrètement, il chuchota à Roméo :
"Moi, je dis que cette pierre est envoyée par le Seigneur. Pour nous débarrasser de ces tous ces diables."
Le barbare zarkotien ne semblait plus savoir comment agir. Ils battaient en retraite.
"Le gentil chienchien dressé n'a rien pu faire. On comprend pourquoi ces sauvages ont été battus. C'est bien beau d'être guerrier mais il faut avoir un cerveau.
Il se tourna finalement vers le comte et le salua poliment afin de se retirer. Au même moment, le troubadour était lui aussi enfin interpelé. Quelle merveilleuse journée.
"Nous allons prendre congé et rentrer. Je vous souhaite une bonne journée, messire, et transmettez toute ma compassion pour votre épouse et votre fille.
Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Roméo Menthon, 24 ans
Négociant en tapis
- avertissement - handiphobie - sexisme - racisme (combo):
Une fois en compagnie de son ami, Roméo se sentit enfin apaisé et put reléguer les contretemps au domaine de l’anecdote qu’il faisait bon de partager en bonne compagnie. Il eut même le bonheur de rencontrer enfin le Sieur de Monthoux ! Quel plaisir ! Depuis qu’il avait repris l’affaire familiale, il n’avait pas encore eu la chance de faire sa connaissance. C’était désormais chose faite. Et quel homme agréable en tout point. Romain avait bien raison, il était un client idéal et une délicieuse relation qui ne comptait pas pour épater.
À la mention de sa défunte épouse, il inclina la tête et se signa religieusement.
— Cela ne la ramènera malheureusement pas, mais Notre Seigneur l’a désormais en sa Sainte Garde. À défaut, le spectacle des flammes purificatrices caressant son corps de démon m’apporte une maigre consolation. Je regrette qu’il n’ait cependant pu faire tant de mal à travers le pays. Un infirme ! Il n’aurait plus manqué qu’il soit étranger comme ce sauvage. N’a-t-on pas idée de confier sa protection à un barbare païen ?
Sur ce, il improvisa un petit quatrain pour égayer la ridicule chanson (affreusement chanté qui plus est !) de ce gros tas de chair comme le souligner si bien le comte. Il ne manqua pas de remercier son ami pour son compliment non feint.
— Il est fâcheux de constater que sa langue ne soit pas hypertrophiée comme le reste de ses membres. Il aurait au moins eu le bon ton de s’étouffer en l’avalant de travers. Un accident est si vite arrivé.
Ce fut à ce moment précis que le noble remarqua sa femme et sa fille prise dans la cohue. Encore de petites écervelées qui s’imaginaient capables d’assister à un tel spectacle plutôt que de s’en tenir à leur broderie. Il hocha la tête doctement aux assertions de Romain.
— Puisse Dieu leur en venir en aide et les guider hors de cette cohue. La plus grande faiblesse des femmes restera incontestablement cet orgueil à pouvoir se croire forte. Cela est sans doute dû à leurs humeurs en permanence déséquilibrée…
L’exécution se poursuivit jusqu’au dernier râle du condamné. Déjà ? Mais enfin ! Cela venait à peine de commencer. Comment était-on censé chasser le démon de ce corps s’il n’avait pas le temps d’expier ses péchés et autres infamies ?
— Piètre bourreau… Le couvrir de poix était idiot. Si vous voulez mon avis, il aurait dû se contenter de ses jambes.
Il n’était sans doute pas le seul mécontent puisque la foule commençait à s’agiter et à s’emparer de projectiles divers, dont l’un ne manqua pas d’atteindre le Premier Conseiller avec une précision déconcertante. Petit sourire en coin à son acolyte, il répondit sur le même ton :
— Ce qui est certain c’est qu’Il n’a pas jugé bon de le protéger.
Il étouffa un petit rire à la mention de son chien de garde de bien piètre utilité.
— Allons mon ami, il n’attend que l’occasion idéale pour mordre la main qui le nourrit, c’est bien connu, on ne peut pas faire confiance à ces païens.
Comme le soulignait Romain, il était temps de tirer sa révérence. Les mouvements de foule n’avaient jamais rien de bon et sa boutique l’attendait.
— Ce fut un honneur de faire votre connaissance , Messire. Si vous le permettez, j’aimerais vous faire porter quelques échantillons parmi nos plus belles pièces, un homme raffiné tel que vous saura les apprécier à leur juste valeur. Il s’inclina, que le Seigneur veille sur vous et votre famille, monsieur le comte.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [30 décembre 1597] Renvoi du démon à son maître ¤ RP ouvert [Terminé]
Toujours aussi assuré et droit face à Isabelle, Matthieu avait l’impression d’effectuer une gymnastique bien pénible. Cependant, il se répéta de nouveau sa résolution : il l’avait mérité, il fallait maintenant qu’il s’y plie. Il hocha avec gravité, serrant les dents au mot « manipulations ». Encore une fois, il ne pouvait s’empêcher de penser à celui qui avait dirigé toute sa vie sans qu’il ne proteste. Comment avait-il pu abandonner aussi vite ?
Alors que les flammes gonflaient, sa colonne vertébrale était secouée d’un violent frisson. Il voulait partir, se dérober mais ses jambes ne lui obéissaient plus. Il restait cloué sur place, incapable de bouger, de faire le moindre pas ou mouvement. Il était redevenu ce petit garçon en larmes qui regardait le bûcher de son ami, la tête complètement vide, si vide qu’il avait eu l’impression que son corps était là mais que son âme avait déjà rejoint le Très-Haut. Cela n’avait peut-être pas été qu’une impression… Peut-être qu’après toutes ses années, en réalisant son erreur, il avait enfin libéré son esprit.
Il tenta de nouveau de lever les yeux. Le spectacle était insoutenable et sa vue se brouillait de nouveau. Les paroles d’Isabelle l’atteignaient de moins en moins et le touchaient pourtant de plein fouet. Il se sentait soudain seul au monde, ne la remarquant même pas partir. Les bruits de la foule disparaissaient pour ne laisser que ceux des flammes qui prenaient l’allure d’un démon.
Il revoyait Jean, encore…
Il fit un pas dans un état second. Il voulait savoir ce qu’il lui avait dit. Il voulait se souvenir…
Jean relevait la tête vers lui. Il n’avait pas l’air effrayé mais… serein. Il lui souriait.
De nouveau, ce fut comme si un déclic se produisait. La dernière pièce du puzzle, c’était ça… Jean n’avait pas seulement avoué pour s’éviter les souffrances de la torture.
Il avait avoué pour le sauver, lui.
Matthieu aurait voulu s’effondrer, là, au bord de ce chaos qui débutait mais sa conscience le ramena et le retint à temps. Pas ici.
Pas maintenant.
Plus tard, il aurait tout le temps mais là, il devait s’enfuir, s’échapper, partir… Comme il aurait dû le faire avec Jean des années auparavant. Libéré d’Isabelle et des regards de la foule, il fit quelques pas pour s’extirper de là.
Au milieu du chahut, il entendit de nouveau le chant de Lénius. Matthieu se retourna à temps pour le voir emmené par les soldats. Son cœur bondit. Non, pas lui aussi ! Il en avait déjà eu bien assez ! Cependant, le bon sens vint le rattraper à nouveau. Il ne devait pas se trahir. Si lui aussi se dévoilait, il n’aiderait pas les autres, bien au contraire. Ferme, il serra le poing. Dès le lendemain, il se rendrait à la prévôté, avec un plan et un rôle bien organisé. Il ne resterait pas impuissant cette fois.
Un pavé qui lui atterrit sur l’épaule le fit grimacer et le décida à bel et bien fuir.
Demain serait un autre jour.
Quand les heurts se mirent à éclater, Juan interrompit sa réflexion et préféra suivre son premier instinct. Le bûcher s’était terminé en cendres, comme prévu, il n’avait plus de raison de rester.
Alors qu’il s’en allait, il sentit une secousse. Il se tourna, interrogateur vers la personne qui venait de le pousser et s’excusait. Il écarquilla les yeux.
- Doña Isabela ? Je… enfin vous ne m’offenser pas, cela arrive.
Il prit un regard sincèrement doux pour la rassurer. Cela lui faisait tout drôle de la revoir ainsi.
- Je ne pensais pas vous voir ici.
Alors que la foule grondait de plus en plus, il lui prit la main et l’attira dans une ruelle.
- Venez, ne restons pas ici. Nous serons mieux pour parler à l’abri de ce tapage.
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