[23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
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[23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Cela faisait à peine plus d’un jour qu’elle était arrivée, mais déjà, elle reprenait ses habituelles petits thés. Beaucoup de ses amies étaient désormais parties en province -pour celles qui n’avaient pas choisi d’épouser Dieu-, elle se retrouvait donc assez seule mais pas question de tourner en rond ! Sûrement pas lorsque son père l’avait informé que Lavinia Howksley de Frenn – enfin de Kergemont désormais- était elle aussi rentrée pour les fêtes.
Elle ne l’avait pas revu depuis… Des années. Depuis qu’elle était partie au couvent vers ses 11-12ans en fait. Les deux fillettes avaient à peu près le même âge à quelques mois près. Elles s’étaient rencontrées à la messe vers leurs six ans, à l’époque où elle fréquentait encore assidument les bancs de l’église. Elles avaient rapidement sympathisé et le départ de Lavinia à la mort de sa mère avaient été un déchirement. Bérénice avait même supplié son père de la laisser venir à la maison afin de profiter de leur précepteur mais il n’avait rien voulu savoir. Avec le recul, elle réalisait que son attitude avait été parfaitement ridicule et déplacée. Mais à son âge, elle ne réfléchissait pas vraiment plus loin que ce qui l’enchantait et n’avait vu qu’une tristesse sans fin à ses adieux.
Elle avait par la suite appris son mariage avec un noble et son départ pour la province. Un peu comme elle.
Elle était revenue seule -un peu comme elle- avec un mari malade abandonné -presque comme elle-. Bérénice ne doutait pas qu’elles auraient bon nombre de choses à se raconter.
Tout était prêt pour la recevoir : la cheminée flambait, la porcelaine était sortie, les petits gâteaux également. Bérénice était impatiente. Adéis, était parti écouter les histoires de son grand-père à l’étage, elle serait donc tranquille pour un petit moment puisqu’il devait ensuite lui présenter son poney.
Enfin, on annonça son arrivée, elle se leva et s’empressa d’aller accueillir son amie d’enfance qui venait tout juste de passer l’encadrement de la porte.
- Entrez ! Entrez! Je vous en prie. Quelle plaisir de vous revoir Lavinia ! Je n’aurais pas cru que nous ayons un jour la chance de nous revoir ! J’espère que vous avez fait bon voyage ?
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
C’est pour cela que la lettre de son amie d’enfance lui avait autant réchauffé le cœur. Elle était une ancre, un lien vers son passé qui l'aidera à se stabiliser, à garder les pieds sur terre.
A l’époque, elles n’avaient pas pu se dire au revoir en bonne et due forme. A peine sa mère montait au paradis que son paternel l’envoyait auprès des sœurs.
Un autre fait qui lui serrait le cœur était que Bérénice soit déjà mère alors qu’elle pourtant étant l’ainée des deux ne l’était point. Comment l’aurait-elle pu avec un époux aussi absent et disons le franchement aussi peu affectueux ? Lavinia était ravie de la situation de son amie et était prête à vivre ce bonheur par procuration.
A l’heure convenue, elle se présenta à la demeure de Fromart. La nostalgie la gagna tout d’un coup. La bâtisse lui semblait moins grande, mais elle était autrefois observée par des yeux de petite fille. A l’approche de se faire introduire auprès de son amie, le doute l’habita. Et si leur complicité s’était envolée avec le temps ? Et si plus aucune bienveillance ne luisait dans le regard de son amie ?
— Entrez ! Entrez ! Je vous en pris. Quel plaisir de vous revoir Lavinia ! Je n’aurais pas cru que nous ayons un jour la chance de nous revoir ! J'espère que vous avez fait bon voyage ?
— Le plaisir est pour moi ma très chère Bérénice. Vous voir me remplit de joie, vous ne savez pas à quel point ! Très bon voyage malgré mon appréhension, revenir après tant d’années… Mais vous êtes également ici depuis peu ! Racontez-moi ! Je ne crains que vous ayez plus d’évènements à narrer que moi !
Bérénice invita Lavinia à s’asseoir et lui proposa sucrerie et boisson chaude. La jeune femme accepta la tasse de thé gentiement proposée et osa gouter à un petit gâteau.
— J’espère que nous serons amenés à nous revoir souvent. D’après les dires de mon père, votre père et lui sont amenés à travailler ensemble. Ils ont chacun fait une ascension remarquable.
Pour une fois depuis bien longtemps, Lavinia se sentait dans son élément. Ces petits moments , lui avaient manqué, le papotage sans conséquence, les confidences entre filles…
— Que cela est plaisant de pouvoir converser ensemble sans avoir l’un de mes chenapans de frère qui nous déranger à longueur de temps, soupira-t-elle. Cette époque est très loin à présent...
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Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Lavinia était arrivée pile à l’heure. Elle lui paraissait plus grande lorsqu’elles étaient encore enfants, mais elle n’y prêta guère plus d’attention. Elle nota plutôt son élégance naturelle et le choix de sa toilette si raffinée. Elle l’invita aussitôt à prendre place dans le salon.
- Oh et il y a aussi du chocolat, si vous préférez ! annonça-t-elle d’un ton enjoué.
C’était l’avantage d’avoir un père Ministre. On pouvait obtenir toute sorte de denrées précieuses. Mais Lavinia devait sans doute y être habituée, son père était le Premier Conseiller après tout. Toutefois, on le disait austère. Cela faisait également des années qu’elle ne l’avait plus vue, n’ayant plus le loisir d’aller à la Cour. Elle n’en savait que ce que son père en disait.
- Oui! J’ai appris sa nomination avec un grand plaisir. elle omit cependant de préciser que son propre père avait nettement moins apprécié. C’est un homme droit et je ne doute pas qu’il fera un excellent travail, vous devez être si fière de lui.
Elle-même était admirative du sien. Elle ne se lassait jamais de l’écouter comment il était arrivé à la capitale sans rien et s’était élevé jusqu’à sa place de ministre qu’il détenait désormais depuis plus de vingt ans. Mais elle savait qu’il espérait plus. Il était ainsi : insatiable. Il ne s’arrêterait que lorsqu’il toucherait le sommet. Bérénice se saisit d’une tasse en fine porcelaine peinte de délicates fleurs et la porta à ses lèvres.
- Que deviennent-ils d’ailleurs? Je ne me rappelle plus si vous avez eu l’occasion de rencontrer Alduis ? Ce n’était déjà pas un modèle de piété à l’époque. Il est sorti à cheval tout à l’heure, mais peut-être viendra-t-il nous saluer à son retour ?
Elle reposa sa tasse et jeta son dévolu sur une petite fleur de violette en sucre. Se souvenant de sa demande initiale, elle reprit la parole.
- J’ignore de quoi vous êtes au courant aussi pardonnez-moi et n’hésitez pas à m’interrompre si je venais à vous faire par d’évènements déjà connus. Mon père m’a marié à Démétrius d’Aussevielle à mes dix-neuf ans. J’ai donc quitté Fromart pour le sud-ouest de Monbrina. Les premiers temps ont été très difficiles. Démétrius est un homme charmant, mais je me sentais si seule là-bas. Je pense que vous savez de quoi je parle. Et puis, il était souvent absent. Les campagnes se succédaient sans jamais s’arrêter. Il y a quatre ans j’ai donné naissance à Adéis. C’est un adorable petit chenapan ! Très espiègle et éveillé, il comprend si vite, vous devriez voir ! Il faut faire attention à chaque parole prononcée avec lui.
Elle soupira et attrapa une petite pâte de fruits pour faire passer son malaise.
- Il y a bientôt un an, mon mari a été blessé gravement à Mornoy. Il a fait une mauvaise chute lors d’une bataille, lorsque son cheval a péri. J’ai eu si peur en recevant la lettre. Il est resté alité un long moment pour soigner ses blessures, mais il ne remarchera plus jamais.
Elle détourna pensivement la tête vers la fenêtre où quelques flocons virevoltaient derrière les vitres.
- Je ne le reconnais plus depuis. Il reste assis des heures à regarder par la fenêtre le jour décroitre. Lui qui aimait tant sortir. Avant son accident, c’était un homme enjoué, qui n’était pas dénué d’humour. Désormais, il est comme éteint. Je ne sais plus quoi faire pour l’égayer. Même Adéis ne parvint plus à lui arracher un maigre sourire.
Bérénice sentait les larmes monter aux coins de ses paupières. Elle inspira pour chasser sa mélancolie et but un peu de thé. Elle ne pouvait pas se laisser aller aux sentiments en public. D’autant plus lorsqu’elle recevait son amie pour lui changer les idées.
- Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous miner le moral. J’ai appris pour votre époux… Je lui souhaite un prompt rétablissement, que Dieu le garde.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Quand son amie lui demande des nouvelles de ses frères, elle fut presque honteuse de ne pas pouvoir lui donner plus ample renseignement.
— De ce qu’on m’en a dit, ils se portent bien. Toujours égaux à eux même… Je n’ai guère eu le plaisir d'échanger avec eux depuis que j’ai pris époux…
Elle remercia silencieusement Bérénice de lui avoir offert un autre sujet de conversation de tel sorte à abandonner celui qui la mettrait, pour sûre, bientôt dans l'embarras.
— Alduis ? Vraiment, il est encore ici ? Que devient-il ? Toujours aussi espiègle ? A-t-il suivi votre exemple en prenant épouse?
La solitude… elle comprenait son amie plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Elle écouta avec avidité l’histoire de Bérénice et comment ce joyeux bambin haut comme trois pommes était venu embellir sa vie. Elle soupira en même temps que Bérénice, mais pas pour la même raison. Elle, elle se languissait de pouvoir enfanter, pour faire taire les futurs ragots qui ne tarderont pas à faire leur apparition avec l’âge, mais également pour combler un vide en elle.
Lorsque Bérénice narra le malheur subi par son mari, elle ne peut qu’être compatissante. D’un geste affectueux,elle lui prit la main et y maintint une légère pression. Avec un sourire des plus chaleureux, elle fit comprendre qu’elle était présente au besoin.
— La fierté d’un homme est aussi précieuse que sa vie. Il s’est peut-être perdu dans ses pensées, mais soyez-en sûre, lorsqu’il aura chasser les nuages de son esprit il reviendra vers vous et son fils. Soyez patiente et laissez Dieu pénétrer son cœur pour y guérir les blessures de l’esprit. Il comprendra qu’il a encore plein de chose à accomplir sur cette Terre, et à vos côtés.
Lavinia aurait voulu que ses propres paroles puissent s’appliquer à sa propre destinée. Son visage s'assombrit quelques instants. Un silence que Bérénice n'interprèta pas de la bonne manière.
—Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous miner le moral. J’ai appris pour votre époux… Je lui souhaite un prompt rétablissement, que Dieu le garde.
Oui c’est cela… que Dieu le garde. Elle se voulait de ne pas être peinée de la manière dont son amie le pensait. Pour dissimuler son malaise, la jeune femme se leva et fit quelques pas qui la menèrent jusqu’à la fenêtre. Elle y admira le jardin et l’allée principale où le personnel s’agitait.
— C’est très agitée chez vous ! Cela fait plaisir à voir. Pendant que j’y pense, vous avez prévu quelque chose pour les fêtes ?
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice ignorait quelle relation elle entretenait avec ses frères. Mais elle n’aurait jamais tenu si longtemps sans nouvelles d’Alduis. Il n’était toujours pas très bavard, mais c’était quand même nettement mieux qu’avant, bien que ces deux dernières années furent compliquées.
Cela paraissait être un sujet sensible du côté de son invitée aussi préféra-t-elle ne pas s’appesantir dessus, pour l’instant. Elles auraient tout le loisir d’en reparler ultérieurement.
Sa remarque sur Alduis la fit rire d’un petit rire carillonnant comme elle en avait si souvent l’habitude. Il approchait de ses vingt-neuf ans et oui, il ne semblait pas vouloir quitter le château familial.
- Oh et bien Alduis est toujours égal à lui-même, oui ! Un vrai Fromart ! Quant au mariage, c’est un sujet de la discorde entre mon père et lui-même. Voyez-vous, mon frère est amoureux de son épée et des champs de bataille. Il n’a pas particulièrement envie de prendre une épouse. Mais il semblerait que les obligations le rattrapent. J’ai appris de mon père qu’il devait se fiancer prochainement avec Florentyna de Monthoux
Pour sûr, il n’avait pas perdu son côté provocant, qu’il tenait de leur père. Mais ce qu’elle avait omis de dire c’était que plus les années passées, plus il s’assombrissait. Comme si la lumière qui avait bercé son enfance vacillait. Allait-elle finir par s’éteindre ? Bérénice enferma le frisson qui tentait de se frayer un chemin. Elle n’avait pas non plus évoqué la vraie raison de ce mariage sans cesse ajourné. Alduis aimait les hommes autant que son père aimait les femmes. C’était ce genre de secret de famille que l’on garde soigneusement caché pour éviter tout mauvais jugement. Bérénice l’acceptait comme il était. Elle ne trouvait pas cela choquant. Tout juste un peu étrange. Mais Coldris lui avait fait suffisamment lire de littérature antique pour qu’elle ait un point de vue bien plus ouvert que la majorité des monbriniens. Le bucher c’était tout de même excessif. En revanche, elle avait du mal à saisir ce qui agaçait autant son père. Ce n’était surement pas une question de religion quand on connaissait sa légendaire piété. Pas plus que le manque de culture. Alors quoi ? Son propre amour des femmes ?
Elle évoqua ensuite son mari, Démétrius et son accident à Mornoy. Accident qui avait bouleversé leur vie autant que leur famille. Son cœur se serrait toujours à l’idée de l’imaginer sur son fauteuil, immobile, le regard perdu vers un horizon qu’il ne pouvait plus parcourir. Sa poitrine se serrait, et ce n’était pas uniquement dû à ce corset étriqué dans lequel elle s’était engoncée de bon gré. Non, avec le temps, elle avait appris à le connaitre et si ce n’était pas un amour passionné qui en était né, il avait su nouer une certaine complicité ensemble. Lavinia lui prit la main, et elle leva aussitôt ces yeux d’un indescriptible bleu-vert vers les siens. Elle lui était reconnaissante de son geste plein d’affections et de ses paroles pleines de tendresse dans lesquelles elle puisa sa force.
- Merci infiniment, votre sollicitude me touche. Vraiment.
Elle espérait du fond du cœur que son amie ait raison. Elle voulait y croire, croire qu’il reviendrait parmi eux. Croire qu’il trouverait la force de vivre et non plus de survivre. Mais elle avait peur. Par moment, elle voyait dans son regard cette même étincelle destructrice qu’elle voyait parfois dans les prunelles de son frère. Et surtout, elle sentait ce manteau de ténébreux désespoir dans lequel il semblait s’être drapé. Plus elle essayait de l’atteindre, plus il semblait s’éloigner.
A son tour, elle se leva en direction de la fenêtre. Le personnel était affairé à ratisser la neige de l’escalier principale. Une corvée ô combien rébarbative en ces froides journées.
- Mon père organise un diner familial. Il y’aura bien sûr Alduis, mais également sa fiancée et notre demi-frère, Sarkeris. Je n’ai pas encore eu le loisir de le rencontrer, mais si mon père l’invite à notre à table, c’est qu’il s’agit de quelqu’un qui lui ait cher. Il n’a pas pour habitude de faire venir ses bâtards à notre table, et vous imaginez sans mal que ce n’est guère le seul. Et vous qu'avez-vous prévu?
Elle avait dit cela sans aucun jugement. Avec une simple petite pointe amusée. Son père était ainsi, il aimait courtiser les femmes, il avait une ribambelle de bâtards, mais Bérénice ne parvenait pas à lui en tenir rigueur. Elle l’admirait bien trop pour cela et puis si les femmes se laissaient si facilement avoir c’était qu’il avait un talent certain. Elle admettait d’autre part -et en toute objectivité- qu’il avait une certaine prestance qui devait sans doute plaire à la gent féminine.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Le mariage n'existe-t-il pas pour célébrer l'amour entre deux êtres devant Dieu ? Certaines alliances arrangées voient naître ce sentiment, mais quand est-il des autres ? Ceux qu'il ne faisait aucun doute qu'aucune évolution ne fut possible même après le passage devant l'autel ?
Amoureux de son épée ?Du champs de bataille ? Elle ne connaissait que trop bien et constatait l'avenir qui allait être le sien avec un profond chagrin. Alors si le jeune homme était lucide sur la situation et l'admettait en son âme et conscience, pourquoi enchaîner deux âmes de la sorte ? Cela la peinait aussi bien pour Alduis que pour cette pauvre Florentyna de Monthoux.
Lavinia ne voulut pas engager la conversation sur ce terrain de peur des convergences d'opinion sur un sujet aussi sensible. Et en ce moment, elle était trop à fleur de peau pour réagir avec recul et dissernement.
— Je ne peux que trop bien comprendre les réticences de votre frère…
Il fallait qu'elle prenne sur elle et finir sa phrase sans y apporter son ressentie personnel, ses doutes quant à son propre mariage.
— Voyagez ainsi sans savoir si le retour sera possible… il est difficile d'envisager l'entretien d'une femme dans ces conditions. La peur de ne pas réussir dans ses obligations justement..
À écouter l'histoire de Bérénice, elles se ressemblaient plus qu'elle n'aurait cru. Pourtant la jeune femme semblait pleine de vie alors qu'elle périssait à longueur de journée. Lavinia avait de plus en plus de mal à maintenir son masque d'épouse comblée. Il était de plus en plus aisé de la voir perdue dans ses pensées et souffler sans raison. Elle avait pensé qu'en rentrant au pays elle pourrait combler son manque, mais pour le moment à part comparer sa triste vie à celle des autres…..
— Somme toute une bonne soirée en perspective ! De mon côté je crains que mon père et ses potentiels invités ne soient ma seule compagnie. Mes frères et ma sœur sont bien trop occupés pour nous faire l'honneur de leur présence. Et mon mari...
À l'entrée de la demeure un cavalier fit son apparition.
— N'est-ce pas votre frère que voici ? Quel beau jeune homme, il dégage une telle prestance à cheval. À ne pas en douter vous devez être fier de lui. Je suis presque honteuse de me souvenir de lui comme un petit polisson accroché à vos jupons. J'espère que vous m'en pardonner.
Lavinia quitta la fenêtre pour se resservir une tasse de thé et en profita pour en faire de même avec elle de son amie.
— Vous savez, je réfléchis de plus en plus à m'engager dans un nouveau projet. Vous connaissez ma passion pour les bijoux et étoffes ?
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Bérénice acquiesça à sa remarque sur le mariage de son frère. Elle ne pouvait pas en dire plus sur les réelles motivations d’Alduis à refuser de s’engager avec une femme. Elle comprenait néanmoins son point de vue et posa un regard compatissant sur son amie qui semblait souffrir de sa situation personnelle. Elle reconnaissait qu’elle s’inquiétait souvent beaucoup lorsqu’ils étaient au front -son mari et son frère- mais elle avait fini par l’accepter. Bérénice n’était pas particulièrement croyante. En fait, elle n’avait pas de réel avis sur la question, contrairement Démétrius qui était un modèle exemplaire de sage piété. Alors parfois, lorsqu’il combattait, il lui arrivait de prier pour lui. Mais il fallait se rendre à l’évidence : son père avait raison. Dieu n’existait pas. Pourquoi aurait-il imposé un tel sort à son mari dans le cas contraire ? Pour la punir elle ?
Elle chassa ses pensées qui s’égaraient comme une petite brise.
- Malheureusement mon frère est l’ainé de notre famille. Il ne peut pas se soustraire si facilement à ses obligations. S’il avait été un cadet, sans doute que mon père y aurait attaché moins d’importance.
Qu’il le veuille ou non, Alduis était l’héritier de la famille. Il n’avait pas d’autres choix que d’endosser les -pesantes- responsabilités qui pesaient sur ses épaules. Bérénice posa ses yeux sur Lavinia. Elle sentait son amie se fissurer petit à petit. Est-ce que Florentyna en souffrirait autant ?
- Elle s’annonce en tout cas animée. J’espère que mon père et Alduis ne se chamailleront pas trop. Je vous aurais volontiers conviée, mais je crains que ce ne soit impossible. Vous êtes néanmoins la bienvenue à Fromart aussi souvent qu’il vous siéra.
Elle lui adressa un doux sourire. C’était la moindre des choses qu’elle pouvait faire pour elle. Et si elle pouvait l’égayer un peu, elle n’hésiterait pas un seul instant. Elle aperçut en même temps que Lavinia le cavalier qui pénétrait la cour d’honneur dans un petit trot cadencé. Cheveux blond quasiment aussi pâle que la neige flottant légèrement sous la brise, costume immaculé, jument alezane. Ce ne pouvait être qu’Alduis qui rentrait de sa sortie.
- Je vous dirais volontiers que c’est le plus bel homme que je connaisse, mais ce ne serait sans doute pas très objectif de ma part. avoua-t-elle dans un sourire espiègle.
Son regard pétillant trahissait toute l’admiration qu’elle avait pour son ainé. Il n’était pas seulement beau. Il était presque parfait. Si seulement il pouvait redevenir le petit garçon enjoué et rieur qu’elle avait connu enfant. Tout cela lui paraissait terriblement loin désormais. Lavinia quitta la fenêtre et elle en fit de même, la remerciant au passage pour la tasse de thé.
- Oh vraiment ?! Dites-moi tout Lavinia! Je me rappelle que vous étiez déjà très coquette lorsque nous jouions aux poupées. Vous pouviez passer des heures à assembler toutes leurs toilettes dans leur garde-robe miniature !
Elle eut un petit rire aux images qui se frayèrent un chemin dans son esprit. Lavinia assise à ses côtés au milieu d’une pile de petits vêtements, pas plus grand que leur main d’adulte. Puis en grandissant, elles avaient délaissé les poupées d’enfant, pour les Poupées de France, ces petites figurines que l’on se passait de mains en mains pour se tenir au courant des dernières nouveautés, tout en commentant : « Je n’aime pas trop les manches bouffantes », « tu as vu ce nouveau velours italien, regardes comme il change de couleur suivant son orientation ! »
- Je pense que c’est le propre des femmes de militaire que de vouloir se lancer dans de nouveaux projets. À force d’être seule à s’occuper des affaires familiales, on finit par y prendre goût ! Si j’avais pu, j’aurais personnellement souhaité suivre les traces de mon père. Mais il n’y a pas de place pour les femmes en politique. Les hommes ne nous voient que comme une distraction et un ventre destiné à porter leur descendance.
Bérénice eut un petit sourire triste à cette évocation et but une petite gorgée de thé pour se changer les idées. Son père avait beau parfois lui demander son avis, jamais elle ne pourrait obtenir la moindre fonction. Car elle n’était qu’une femme. Et pour ça, elle enviait Alduis.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
— Figurez-vous que mère m’a toujours encouragé à entretenir mon coup de crayon. Chose impossible auprès des sœurs, mais une fois exilée au milieu du domaine de mon époux je m’en suis donnée à cœur joie !
Lavinia s’approcha de son amie et dégagea sa gorge pour lui montrer au mieux son bijou de cou.
— Sachez que c’est moi-même qui a réalisé le dessein de ce collier. J’ai également conçu quelques modèles de robes et jupons. Au début pour ma propre utilisation et on a commencé à parler de mes créations dans mon pays.
La jeune femme se rendit compte que son exitation prenait trop d’ampleur et pris une gorgée de son thé pour se calmer. Elle ne voulait pas se montrer trop entreprenante devant Bérénice au risque qu’elle ne voit pas son entreprise de très bon œil. Mais son bonheur était tel qu’elle ne put s’empêcher de continuer à disserter.
— Une ou deux de mes créations ont d’ailleurs fait leur chemin jusqu’à la cours ! Dommage que j’en suis absente depuis un petit moment…
Lavinia se remémora la visite à la boutique parmi toutes ces étoffes, la rencontre avec cette charmante Dame dans le bureau de son père. Si cela n 'était pas des signes encourageant !
— Dans ma résidence secondaire, j’ai une bâtisse dans l’arrière cours non utilisé. Peut-être que je pourrais en faire quelque chose un de ces jours. J’ai la conviction que je peux faire ma place dans ce milieu et avec les bons appuis, faire naître une affaire. Qu’en pensez-vous ? J’espère ne pas vous ennuyer avec tout cela…
Elle comprenait tout à fait le ressenti de Bérénice. Lavinia était ravie d’avoir retrouver son amie qui plus est qui partageait les mêmes épreuves de la vie.
— Les hommes ne vous voient que comme une distraction et un ventre destiné à porter leur descendance.
Instinctivement les mains de Lavinia effleurèrent son ventre plat. Ce ventre qui était condamné à rester aussi plat qu’une planche à pain. Son époux n’était donc pas comme les autres hommes car il ne la voyait définitivement pas ainsi. Mais pouvait-elle vraiment être une bonne mère quand elle voyait la si mauvaise épouse qu’elle était ? Car dans ses pensées, ce n’était pas l’image de son mari qu’elle voyait
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
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Lorsque Bérénice l’encouragea à parler de ses projets, ce fut une tout autre jeune femme qu’elle découvrit. De discrète, elle devint subitement enthousiaste et il n’en fallut pas plus à la jeune fille Fromart pour se laisser gagner par la passion dévorante qui habitait son invité. Elle admira le collier, plein de délicatesse et de charme qu’elle portait autour de son petit cou, puis l’écouta avec grand plaisir.
– C’est absolument charmant. Je serai fort curieuse de découvrir vos esquisses ! Je n’ai malheureusement aucun talent de ce genre.
Bérénice avait beaucoup de passions dans la vie : les échecs, la littérature et la politique -comme son père-, la musique -clavecin et harpe- mais aussi, et peut-être même surtout, les activités en extérieurs comme l’équitation, la chasse et l’escrime. A ce titre, elle n’aurait pas pu trouver meilleur mari que Démétrius qui était lui aussi un amoureux des grands espaces et des armes. C’était d’ailleurs ce qui les avaient rapprochés au fil des jours et des années : leurs longues sorties dans les forêts des terres d’Aussevielle. Cela ne l’empêchait pourtant pas d’être une femme particulièrement élégante et soignée. Son père disait toujours que si les apparences pouvaient être trompeuses, elles n’en demeuraient pas moins un vecteur important de communication. L’habit ne faisait pas le moine, mais un moine sans habit n’avait aucune crédibilité.
– Oh non, non, non ! répondit-elle en agitant doucement les mains devant elle Vous ne me dérangez pas le moins du monde, qu’allez-vous donc inventer ? J’en dis que c’est une excellente idée ! Il faut toujours saisir les opportunités qui se présentent à nous et les provoquer lorsqu’elles ne tombent pas d’elle-même et que le projet vous tient à cœur. C’est ce que dit toujours mon père, Lavinia.
Un Fromart ne s’arrêtait pas aux portes closes et aux murs qui se dressaient en travers de leur chemin. Bérénice avait beau savoir cela par cœur, elle ne voyait pas comment outrepasser le fait qu’elle était une femme. Elle ne serait jamais Ministre, ni même Secrétaire. Elle n’aurait jamais d’autres fonctions que d’être une épouse. Car c’était ce que l’on attendait d’elle. Elle pensa à haute voix ces dernières paroles et remarqua immédiatement sa maladresse lorsque Lavinia se toucha le ventre. Elle fit quelques pas vers son amie et la prit spontanément dans ses bras.
- Vous n’avez rien à vous reprocher. C’est ce que disent les hommes, ce n’est pas ce que nous sommes obligés être. Je suis désolée de vous avoir blessée. J’espère que vous ne m’en voulez pas ?
Bérénice réprima un petit soupir.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
— A vrai dire, mes gens travaillent actuellement à l’agencement d’un coin pour mes créations. J’ai également repéré une charmante boutique en ville qui pourrait me servir d’approvisionnement en ce qui concerne les tissus. Il ne me reste qu’à trouver un bon orfèvre. Je travaille actuellement pour me confectionner ce que les grands appellent une collection.
Lavinia hésita à proposer à Bérénice de venir voir ses travaux aussi bien sur papier que l’aménagement de son espace dédié. Mais elle n’en fit rien, il ne fallait pas trop s’emballer. Puis vint la mention des enfants. Son geste avait été instinctif et cela la chagrinait que Bérénice est surpris celui-ci. Et encore plus lorsqu’elle interpréta la chose ainsi.
— Vous n’avez rien à vous faire pardonner ma chère ! Je n’ai juste pas encore eu la chance de pouvoir enfanter et croyez-moi c’est un état qui me tarde d’atteindre. Vous avez l’air si épanouit avec votre cher petit. J’aimerais pouvoir en dire autant…
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Il laissa Courage dans son boxe, après lui avoir retiré sa selle et l'avoir pansée. Elle l'avait bien mérité… et elle portait définitivement bien son nom.
Ce fut d'un pas dynamique, de bonne humeur tout à fait inhabituelle, qu'il s'engagea dans les couloirs du château. Les lieux qui lui paraissaient presque hostiles en temps normal lui semblaient à l'instant beaucoup plus accueillants.
Il le traversa de son pas rapide, droit aux cuisines. Cette balade lui avait donné de l'appétit, et cela était suffisamment rare pour être signifié. Mais le problème habituel se posa rapidement. Il avait faim, certes, mais que manger ?
Étrangement, cette question ne fut pas aussi compliquée que les autres jours. À vrai dire, en apercevant ce morceau de fromage, ainsi que le pain frais et le jambon, il en eut l'eau à la bouche. Et il s'assit sur le banc pour déguster son festin. Encore une chose surprenante et les quelques domestiques qui se trouvaient là lui retournèrent des regards surpris. Depuis combien de temps ne s'était-il pas assis pour manger - repas dominicaux obligatoires mis à part ?
Il n'eut pas grand besoin de réfléchir. La date vint à lui naturellement. Le 27 octobre. C'était la dernière fois qu'il avait pris le temps de se poser à cette table pour y manger sereinement. Il y avait quelque chose d'agréable à s'y trouver de nouveau.
Quand il lui suffisait les autres fois d'une grosse minute pour engloutir la première chose qui lui passait sous la main, cette fois-ci, il s'agit d'un bon quart d'heure. Une nouveauté, là encore.
Mais il finit par se relever, emportant avec lui la dernière tranche de pain — beurrée. Il finirait de la manger en chemin, et Alexandre ne pourrait rien lui dire avant au moins demain : il avait mangé, et correctement !
Mais il avait des choses à raconter à Bérénice et il était impatient de le faire. Alors se plantant devant le petit salon qu'on lui avait indiqué, il entra sans frapper, puisque s'annoncer n'était pas dans ses habitudes. Il ne prit aucune garde, dans un premier temps, à Lavinia qui se trouvait là en s'exclamant :
- Eh Nicie ! (il réalisa en même temps qu'il le disait qu'il ne l'avait plus appeler ainsi depuis des années !) Tu sais que Papa pisse dans les bénitiers ?!
Et avec ce genre de sourire lumineux qu'on ne lui voyait pas souvent — pour ne pas dire jamais — il accorda enfin son attention à l'invitée, sans être gêné le moins du monde de l'annonce qu'il venait de faire, le tout en s'inclinant ironiquement, comme il savait le faire :
- Bien le bonjour gente dame !
Et puis, il s'assit, ou plus justement se vautra, dans un fauteuil, le tout en croisant ses pieds sur la table.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Lavinia lui fit part du programme qui l’attendait. À coup sûr, elle n’allait pas s’ennuyer dans les semaines à venir. Si elle en avait l’occasion ou la connaissance, elle ne manquerait pas de l’aider. Elle s’en voulut de lui avoir rappelé ces histoires de grossesses. A vrai dire, si Bérénice aimait profondément son fils, elle espérait ne pas avoir à réitéré l’expérience tant elle avait cru y laisser la vie ce jour-là, épuisée qu’elle eût été par d’interminables heures de travail qui avait vu le jour se lever par deux fois.
- Je suis certaine que cela arrivera, garder foi en l’avenir, ma chère amie répondit-elle pleine d’empathie.
Elle eut à peine le temps de boire une gorgée de thé que son frère entra gai comme un pinson.
- Eh Nicie !
Bérénice manqua d’avaler de travers en entendant ce nom sorti d’outre-tombe. Depuis combien de temps de ne l’avait-il pas appelé ainsi ? Possiblement depuis son mariage. Alduis s’en souvenait sans doute parfaitement.
- Tu sais que Papa pisse dans les bénitiers ?!
Elle se retourna d’un coup les yeux écarquillés, le regard sombre et les sourcils froncés qui disait : « Alduis ! Ne salit pas Papa ! Tu ne vois pas que nous avons des invités ?! C’est inconvenant ! »
Quant à savoir que son père se soulageait dans les bénitiers, elle l’ignorait, mais au fond cela ne l’étonnait pas vraiment. Depuis la mort de Virgil, il avait franchi de nouvelles étapes dans ses habituelles provocations. Il fallait dire qu’il n’y avait plus personne pour le sermonner ni lui faire remarquer qu’il avait dépassé les limites du raisonnable. Il poussait toujours plus et Bérénice s’en inquiétait de le voir adopter des conduites de plus en plus risquées.
Bérénice passa une main sur son front en le voyant saluer son amie avec si peu d’égards. Elle comprenait sans mal comment son père pouvait perdre patience avec lui. Il alla se vautrer dans un fauteuil, pied sur la table au milieu de la fine porcelaine blanche et des petits gâteaux et autres sucreries. S’en fut trop.
- Alduis ! Tes pieds! C’est… C’est.. Écœurant ! Tu as même du crottin sous les semelles ! Enlève-moi ces pieds tout de suite de la table! lui lança-t-elle mains sur les hanches.
- Il était vraiment temps qu’une femme revienne dans ce château ! Entre toi et papa… Vous êtes vraiment incorrigibles !
Elle reporta enfin son attention sur son invitée.
- Excusez-le, je vous prie… C’est… Terriblement… Enfin…
Elle se tourna vers Alduis afin de faire des présentations en bonne et due forme.
- Je ne sais plus si tu avais connu Lavinia Howksley de Frenn, mon amie d’enfance ? Nous jouions aux poupées de temps à autre. Elle est désormais mariée au seigneur de Kergemont.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
— Alduis ! Tes pieds ! C’est… C’est… Écoeurant ! Tu as même du crottin sous les semelles ! Enlève-moi ces pieds tout de suite de la table !
Lavinia ne put se retenir et au-delà de toute convenance, rit à gorge déployée. Ces chamailleries lui rappelait sa tendre enfance avec ses frères. Cela faisait un petit moment qu’elle ne fut pas habitée par de tels souvenirs. Elle écarta les excuses de Bérénice d’un petit mouvement de main, il n’y avait pas lieu de s’excuser ainsi. Elle prit les devants et se leva. elle effectua une petite révérence comme le voulait la coutume et présenta sa main à Alduis.
— Je suis heureuse de vous revoir Alduis. Vous n’avez peut-être plus aucun souvenir de ma personne, mais en ce qui me concerne les miens sont intacts. Je suis ravie de constater que le petit garçon polisson est devenu un jeune homme si prometteur.
Quelque chose se passa lorsque leur regard se croisa, mais elle ne sut pas comment l'interpréter. Alduis se présenta à elle et accepta sa main tendue. Un sourire s’étendit sur le visage du jeune homme. Lavinia s’interrogea, mais mit cela sous le coup de l’euphorie que semblait ressentir le jeune homme.
Intérieurement, elle rigolait encore de la déclaration concernant l’étrange relation que vouait leur père aux bénitiers des églises.
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Il avait certes promis de se tenir à carreaux auprès de Coldris… mais cela seulement en public ! Et une seule invitée n’en était pas un. Aussi posa-t-il ses pieds, salis par les écuries et de la neige fondue marronnasse, sur la table sans hésitation. Ce qui eut le don d’exaspérer sa sœur. Elle s’en offusqua sous l’expression ravie d’Alduis. Il leva les mains, avec un air innocent :
— D’accord, d’accord, Nicie, je les enlève de la table, tu as gagné !
Chose aussitôt dite, aussitôt faite. Mais il aurait été mal le connaître de croire qu’il allait s’arrêter là. Dans la seconde même, il avait crocheté l’accoudoir d’un siège pour le rapprocher de lui et ce fut dessus qu’il posa ses pieds. Sans cesser de sourire.
Bérénice s’excusa pour lui auprès de l’invitée - il n’avait pas l’intention de le faire lui-même, il était chez lui ! - mais cette dernière ne semblait pas choquée. Au contraire, elle riait à gorge déployée. À vrai dire, cela le déstabilisa même un peu parce qu’il avait rarement fait rire les gens de cette manière. Les exaspérer, oui, les outrer encore plus. Mais les faire rire ? C’était nouveau.
Il n’eut pas vraiment le temps de s’interroger sur cette question, Bérénice se chargeait déjà de faire les présentations. Si Alduis s’occupait davantage de ses ongles, le nom de la jeune femme attira immédiatement son attention et il releva la tête, sourcils infimement froncés. Lavinia Howksley de Frenn ?
Aussitôt, il repensa à Eldred, penché sur l’encolure de sa jument un air idiot sur le visage, qui lui décrivait sa rencontre bousculée avec la jeune femme. La même jeune femme qui se trouvait précisément devant lui à l’heure actuelle. Amusant !
Lavinia s’était déjà levée pour le saluer. Elle effectua une révérence comme il s’en faisait dans le milieu puis lui tendit sa main. Il savait pertinemment ce qu’elle attendait alors il fit exactement le contraire. Au lieu de déposer sur ses doigts un baise-main comme il en était de coutume, il la prit dans la sienne - sa main bandée resta sur ses genoux - et la serra vigoureusement. Comme il l’aurait fait en croisant un militaire. La seule différence, c’était que pour saluer un militaire, il se serait levé.
— Vous n’avez peut-être plus aucun souvenir de ma personne, mais en ce qui me concerne les miens sont intacts.
— Je n’oublie jamais rien, répondit-il spontanément avec un haussement d’épaules nonchalant.
Mais ce n’était pas ce qui comptait à l’heure actuelle. Le plus important, c’était qu’il rentrait d’une balade avec son meilleur ami qui s’était trouvé bien retourné par cette femme-là. Et puisqu’il l’avait en face de lui, autant en profiter. Il lui lâcha la main et se rejeta dans son siège, en calant ses bras derrière sa nuque. Qu’est-ce qui avait bien pu azimuter le cerveau d’Eldred ainsi ?
Ce fut avec sa franchise habituelle qu’il demanda, en plongeant son regard dans celui de la jeune femme :
— J’ai entendu dire que vous étiez arrivée en ville récemment et que vous avez subi quelques mésaventures dans les rues, fit-il, heureusement qu’il y a de beaux guerriers pour venir en aide aux princesses en détresse, n’est-ce pas ?
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
À cet instant, elle avait fait tout ce que l’étiquette lui imposait. Il ne lui restait qu’à attendre que la sœur et le frère finisse leur conversation en toute tranquillité. Pour patienter, Lavinia se saisit d’une confiserie. Elle l’engloutit goulument et porta à ses lèvres sa tasse toujours pleine de thé chaud. Elle souffla sur la boisson pour éviter de se brûler la langue et savoura sa gorgée.
Lorsqu’elle releva la tête pour s'enquérir de ce que ses hôtes faisaient, elle remarqua qu’Alduis la fixait toujours. Mal à l’aise, elle replaça une mèche récalcitrante derrière son oreille et sourit de nouveau au jeune homme. Sans se montrer impolie, ce geste aurait signifié à n’importe quel homme que son regard insistant l'incommodait. La jeune femme tenta de trouver un soutien auprès de Bérénice, mais celle-ci ne semblait pas voir le manège de son frère. Lavinia prit alors sur elle, il était hors de question de se brouiller avec son amie pour si peu, et porta une nouvelle fois sa boisson à ses lèvres. Le liquide coula le long de sa gorge lorsqu’Alduis lui adressa la parole.
— J’ai entendu dire que vous étiez arrivée en ville récemment et que vous avez subi quelques mésaventures dans les rues, heureusement qu’il a de beaux guerriers pour venir en aide aux princesses en détresse, n’est-ce pas ?
Lavinia s’étouffa avec sa gorgée, à la limite de recracher le tout dans sa tasse. Où avait-il entendu ça ? Son teint vira au rouge, se pourrait-il que quelqu’un ait observé la scène dans la rue ? ou dans la boutique. De manière instinctive, elle posa une main sur son corset, souvenir d’un moment...intime. Grossière erreur. Elle tenta de cacher sa maladresse en répondant à son interlocuteur de manière évasive.
— Les nouvelles se répandent plus vite que dans mes souvenirs… Mais oui, j’ai malheureusement fait l’objet d’un malotru. Plus de peur que de mal finalement. Quant aux “beaux guerriers” que vous mentionnez il serait mal avisé de ma part d’émettre le moindre commentaire. Sachez que la personne en question, la main secourable qui m’est venue en aide, est au service de mon père. Il est rassurant de savoir que même de loin, mon père se soucis de ma sécurité.
Lavinia fut soulagée, elle s’en était sortie avec brio. Elle pensait s’être extirpée de ce mauvais pas, mais...
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
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Lavinia ne semblait pas tenir rigueur à Alduis de son outrageuse impolitesse. Bien au contraire, elle en riait, mais c’était certainement car elle n’avait pas l’habitude de se battre avec lui à longueur de temps pour obtenir un minimum de décence. Elle comprenait aisément que leur père soit à court de patience lorsqu’ils devaient se présenter en public.
Il osé même poser ses bottes crasseuse sur l’accoudoir de ce fauteuil recouvert d’une magnifique toile à motif fleuris ! C’était…C’était…
- Al’ ! Les pieds sur le sol, nom d’un asticot ! râla-t-elle toujours outré avant de s'excuser et de présenter son amie.
Elle connaissait suffisamment son frère pour remarquer cette lueur subitement intéressée dans son regard. La question qui naquit aussitôt dans son esprit fut « Pourquoi ? ». Ce n’était pas la femme en elle-même qui l’intéressait, elle le savait pertinemment alors d’où venait ce regard qui disait « tiens c’est donc elle, la fameuse Lavinia ». Elle fronça légèrement les sourcils, interloqués et les laissa discuter.
De quoi parlait-il ?! Comment savait-il tout cela ? Elle posa son regard sur son amie à la recherche d’une réponse.
- Vous avez été suivie à Braktenn ? Vous n’aviez pas d’armes ?
Bérénice ne serait jamais sortie sans un poignard. Et à vrai dire, elle en avait même plusieurs sur elle, savamment dissimulé. Son seul regret était de ne pas pouvoir porter l’épée, comme les jeunes nobles. Cependant ce n’était pas ce qui l’interrogeait le plus… Aux dires d’Alduis et des siens, elle comprit que tous deux savaient qui était ce mystérieux sauveur.
- J’ignorais que tu avais des contacts à Frenn, Alduis. Tu connais donc son bienfaiteur ? Tu sembles en parler comme si tu le connaissais personnellement ?
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
— Mes pieds sont très bien là où ils sont, petite soeur !
En tout cas, il n’avait pas l’intention de les déposer normalement sur le sol. Quand Lavinia le salua, il n’avait toujours pas retiré ses pieds de l’accoudoir et il ne donnait pas l’impression d’avoir envie de le faire. Ses préoccupations étaient de toute manière désormais bien ailleurs que quelques bottes crasseuses posées sur le mobilier de la pièce.
Il n’en revenait pas. Il avait donc cette Lavinia devant lui. Celle dont Eldred venait juste de lui parler, pendant plusieurs dizaines de minutes. Quand il le lui dirait ! Il avait hâte de voir sa tête !
Il ne prenait même pas garde au regard insistant - qui n’avait rien de malsain, pourtant. Il se contentait de la détailler, le plus naturellement du monde, sans la moindre mauvaise idée derrière la tête. Il l’observa repasser la mèche derrière son oreille, prendre une gorgée dans son verre.
Il s’agissait de tâter le terrain, désormais. Enfin… tâter… C’était vite dit. Sûrement aurait-on dû parler plutôt de sauter à pieds joints dans le plat. Ce qui eut, pour toute conséquence, le don de lui faire recracher la gorgée qu’elle venait de prendre et de devenir rouge.
Alduis guettait les gestes qu’elle ferait. Aussi ne loupa-t-il pas celui qui la fit porter sa main à son corset. Peut-être n’aurait-il pas fait le rapprochement si Eldred n’avait pas évoqué cet épisode, mais malheureusement pour elle, cela avait été le cas. Et visiblement, il y en avait pas qu’un seul que cela avait bouleversé… Il eut un sourire.
— Quant aux “beaux guerriers” que vous mentionnez, il serait mal avisé de ma part d’émettre le moindre commentaire.
Elle esquivait la remarque. Et qui ne répondait pas franchement, laissait entendre à son interlocuteur une toute autre chose. C’était donc oui. Il fallait dire qu’Eldred était bel homme, il la comprenait tout à fait.
— Vous ne pouvez pas nier qu’il est beau, je ne vous croirai pas, répliqua-t-il avec un sourire sans équivoque.
Enfin, il daigna poser ses pieds sur le sol, pour se pencher en avant, tandis que Bérénice s’étonnait de ses paroles. Il aurait sans doute dû mesurer ses propos, et peut-être même mentir, mais Alduis n’était pas de ce genre d’hommes. De nouveau, il n’y alla pas par quatre chemins. Même si dire que son meilleur - et son seul - ami était un esclave n’était certainement pas très prudent.
— J’ai vu son bienfaiteur pas plus tard que tout à l’heure, annonça-t-il simplement. Nous avons été amenés à parler de ce malencontreux événement. Suis-je autorisé à vous dire que vous lui avez fait grand effet, madame ?
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
— Ma chère amie, cette sortie improvisée a été la plus grande frayeur de ma vie ! Vous devez me prendre pour une sotte, mais je serais plus un danger pour moi même si l’on me mettait un objet tranchant, voué à percer la chair, entre les mains…
Elle pensait s’être débarrassée des questions gênantes d’Alduis, mais celui-ci revint à la charge de plus en plus intéressé. Elle commençait à croire que son désir égoïste de vouloir s’éloigner de son époux lui valait d’être maudite par le Seigneur. Dieu lui faisait payer d’avoir flirter avec un autre homme que son mari.
— Vous ne pouvez pas nier qu’il est beau, je ne vous croirai pas.
Bérénice avait raison de s’interroger, comment diable pouvait-il savoir cela ? Avait-il lancé le sujet au hasard par amusement ou … Mais on venait de lui stipuler qu’elle était mariée alors pourquoi cet acharnement malsain ? Elle ne pouvait nier qu’il était beau… bien sûr qu’elle ne pouvait pas le nier ! Son regard, ses lèvres, ses doigts, sa peau et…
Lavinia reprit ses esprits, la beauté ne faisait pas tout, elle avait pu en faire l'expérience dans le salon de lecture à Frenn et on ne l’y reprendrait plus.
— Soit, je l’admet volontiers, il est bel homme. Mais ce n’est pas le propre de tout soldat ou guerrier ? Ils dégagent quelque chose qui fait fondre ces dames.
Lavinia se força à échanger un rire complice avec Bérénice.
— Je crois que votre sœur et moi-même pouvons en témoigner. Nos époux évoluent dans le milieu.
— J’ai vu son bienfaiteur pas plus tard que tout à l’heure.
— Vous connaissez Eld..
Lavinia se stoppa net, qu’était-elle en train de faire ? Avouer qu’elle connaissait le prénom de l’esclave de son père alors qu’elle l’avait qualifié de “gens” il y a quelques minutes ? Son palpitant s’emballa, Alduis connaissait le zakrotien.
— Nous avons été amenés à parler de ce malencontreux événement.
Comment ça ? Ils avaient parlé de cet évènement ? Lavinia tentait tant bien que mal de se calmer. Après tout, il n’y avait rien d’alarmant. Les deux hommes avaient pu discuter de l’agression sans pour autant faire part des petits détails plus intimes. Une nouvelle fois elle allait toucher son corset, mais elle le remarqua. Oh oui, elle le vit ce petit regard moqueur qui fixait sa main et ses lacets. Le sourire d’Alduis voulait tout dire.
Elle devint livide, sa respiration se coupa. Sa main se mit à serrer l'accoudoir de son fauteuil tellement fort que la jointure de ses doigts la faisait souffrir. Les dernières paroles du jeune homme l’achevèrent.
— Suis-je autorisé à vous dire que vous lui avez fait grand effet, madame ?
Grand effet ? Elle lui avait fait grand effet ? Comme les… Un sentiment de colère l'envahit. Il lui avait fait comprendre que ses attentions ne lui sied guère. Il aurait pu s’arrêter là. Mais, non, il avait raconté à qui voulait l’entendre tous les détails. Elle allait être humiliée et, si tout cela remontait aux oreilles de son père ou de son époux, elle sera répudiée. Comment pouvait-elle être aussi sotte. Finalement que cela soit à la cour du roi ou bien à Braktenn on ne devait jamais montrer sa bienveillance. La jeune femme le comprenait à présent, la ville était aussi un nid de serpent et pour survivre, il n’y avait pas d’autres choix qu’être un rapace.
— Je prendrai cela comme un compliment et informerai mon époux qu’il a bon goût. Mais vous voyez Alduis, il faut faire attention aux gens qui jouent de leur faciès avantageux. Ils sont comme des soleils qui se délectent de l’emprise qu’ils ont et se fichent des conséquences. J’en ai croisé bon nombre de demoiselles au couvent qui avait suivi l’exemple de ce pauvre Icare…
Lavinia termina sa tirade la gorge sèche. Ses mains tremblaient légèrement, elle ne comprenait toujours pas pourquoi lorsque le jeune nordique était concerné elle se mettait dans de tels états. Elle devait s’éloigner un moment pour reprendre ses esprits. Alors elle se leva avec grâce et s’adressa à Bérénice d’un air joyeux.
— Je parle, je parle et par conséquent je ne fais que boire ! Permettez moi de me retirer quelques instants. Puis-je ?
Elle ne doutait pas un instant que son amie comprenne où elle voulait en venir et lui indique la direction à prendre.
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Une arme était assurément l'un des plus beaux objets qu'il pouvait exister en ce bas monde. L'un des seuls qui soient véritables. Une dague était toujours franche. Elle était l'instrument de la Mort dans une main humaine, et durant quelques brefs instants, elle conférait des pouvoirs immémoriaux à celui qui la portait : décider de la Vie ou de la Mort. D'une certaine façon, une arme faisait de soi-même un homme puissant.
Cela n'était pas sans avoir un lien avec cette aura que dégageaient les militaires. Ils possédaient ce pouvoir, vivre ou mourir, plus que quiconque. Parce qu'ils flirtaient avec la Mort sur chaque nouveau champ de bataille. Mais lorsque les rumeurs guerrières cessaient enfin, ils étaient toujours debout, bien vivants. Et plus beaux que jamais.
Au moins ne niait-elle pas qu’Eldred était bel homme. Il n’y avait qu’Alexandre et sa jalousie ridicule pour faire une telle chose. Elle ajouta :
— Mais ce n’est pas le propre de tout soldat ou guerrier ? Ils dégagent quelque chose qui fait fondre ces dames.
Alduis se pencha en avant nonchalamment et appuya ses coudes sur ses genoux en gardant le silence quelques instants, avant de répondre avec son inimitable sourire :
— Ils sont loin de ne faire fondre que les dames, ma chère Lavinia.
Bérénice lui fit aussitôt les gros yeux. Alduis haussa des épaules. Eh bien quoi ? Ce n’était que la stricte vérité. Quand il les regardait, tous ces beaux militaires avec leurs muscles et leurs voix graves, il se liquéfiait de l’intérieur et ne pouvait rien faire contre son cœur qui accélérait plus que de raison. C’était plus fort que lui. La simple pensée suffisait même à réveiller le feu au fond de lui.
L’étonnement de Bérénice le ramena au présent, en même temps que le murmure impressionné de la jeune femme.
— Vous connaissez Eld...
Elle s’arrêta en plein milieu de la phrase, en se rendant compte qu’elle de ce qu’elle faisait. Mais trop tard pour cacher qu’elle connaissait son prénom. Chose qu’Alduis savait déjà, de toute manière.
— Oui, confirma-t-il simplement et sans hésitation. C’est mon meilleur ami.
C’était la première fois qu’il disait cela à voix haute. C’était étrange et il marqua une pause pour y réfléchir. Avant de secouer la tête pour reprendre. Lavinia avait fait grand effet au Zakrotien et ce n’était pas exagéré. D’autant plus quand Alduis savait pertinemment qu’il n’arrivait pas à passer au-dessus du décès de Byrnja. Et pourtant, il avait la certitude qu’Eldred était capable de le faire. Alduis lui faisait confiance. S’il n’y arrivait, personne ne pouvait. Et encore moins lui.
Eldred s’était déjà attaché à cette jeune femme. Et Alduis sentait au fond de lui, presque instinctivement, que si son ami n’y parvenait pas cette fois-ci, il ne le ferait jamais.
— Je prendrai cela comme un compliment.
Le ton de la jeune femme s’était durci. Alduis soupira, en comprenant qu’une fois de plus, il n’avait pas choisi les grands mots. Il ne parlait pas de ce grand effet-là ! Il parlait de celui qui faisait pétiller les yeux, qui collait un sourire idiot sur le visage et qui en faisait parler à son ami. Cet effet-là, et pas un autre.
— C’en était un.
Quant à jouer de son faciès avantageux… Alduis secoua de nouveau la tête. Non. Elle se fourvoyait. Ce n’était pas cela qu’il avait lu dans les yeux d’Eldred. C’était un autre sentiment, plus fort.
Soudain, elle se leva et demanda la permission de se retirer quelques instants. En d’autres circonstances, cela aurait passé pour un simple besoin naturel. Mais pas cette fois-ci. Alduis sentait son trouble se dégageait par chaque pore de sa peau et derrière cela, d’autres sentiments, plus difficilement identifiables. Elle voulait prendre l’air. Elle voulait fuir.
Il se dressa sur ses pieds sans réfléchir. Il avait encore des choses à lui dire. Des choses importantes. Elle ne pouvait pas rester sûre qu’Eldred n’avait vu en elle qu’une jolie femme. Pas alors que son ami lui avait dit avec un tel désespoir dans la voix qu’il ne pourrait jamais avoir une vie normale.
— Laissez-moi vous indiquer le chemin.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Bérénice de Fromart-Aussevielle, 26 ans
Lavinia, lui confiait à quel point elle se sentait maladroite avec une arme et Bérénice ne put s’empêcher de poser une main bienveillante sur son genou :
- Tout est possible avec de l’entrainement. Ce n’est pas bien compliqué : pointe vers l’extérieur et on pique ! plaisanta-t-elle pour dédramatiser en mimant le geste.
La discussion dériva sur son mystérieux sauveur qu’Alduis semblait connaitre. Elle écoutait sans intervenir leur échange. Lancer son frère sur le charme soldatesque n'était sans doute pas la meilleure chose à faire et elle en eut rapidement la confirmation. Ses sourcils s’arquèrent instantanément avec cette exclamation qui disait clairement « Alduis ! Mais tu ne peux pas dire ça comme ça ! C’est… C’est.. Dangereux ! ». Elle réprima un soupir lorsqu’il haussa les épaules l’air de dire « Oui et alors c’est la vérité. J’ai pas le droit de dire que le ciel est bleu ? ».
Bérénice nageait de surprise en surprise au fur et à mesure des déclarations. Son frère avait un ami ?! Vraiment ? Lui qui fuyait ses gouters et restait à l’écart ? Il était décidément temps qu’ils aient une discussion ensemble, elle avait l’impression d’avoir raté beaucoup de choses et ce n’était pas ses quelques mots griffonnés sur le vélin qui l’aurait informé de tout cela.
Elle le connaissait suffisamment bien pour lire entre les lignes de cette déclaration. Depuis quand se souciait-il de jouer les marieurs aussi ? Elle se souvenait encore fort bien du jour où elle avait découvert qu’il s’amusait à éconduire chacun de ses prétendants. Qui plus est, elle était mariée. Elle devinait pourtant qu’il y avait plus que cela et ne put s’empêcher d’ajouter.
- Vous pouvez parler librement ici. Vous êtes à Fromart après tout, les murs en ont vu et entendu bien d’autres je vous assure.
Elle marqua une pause et reprit
Ce que mon frère essaye de vous dire c’est que ce n’est pas ce que vous semblez penser. Je crois que vous lui plaisez vraiment.
Elle posa sa main sur son épaule. Elle voyait bien qu’elle en tremblait rien que d’en parler. Elle n’était donc pas si indifférente que cela à ce beau guerrier -et si son Alduis le trouvait beau c’est qu’il l’était indubitablement-. Sur ce, elle prit sa tasse de thé et but une gorgée.
Mais Lavinia, avait besoin d’air, elle laissa Alduis se charger de l’escorter, car il avait sans doute des choses à lui dire.
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Lavinia observa Alduis se pencher, réfléchir et lui offrir un sourire des plus perturbant.
— Ils sont loin de ne faire fondre que les dames, ma chère Lavinia.
À ces mots, l’intérêt de Lavinia pour le jeune homme grimpa en flèche. Alduis semblait vouloir susciter une réaction chez elle en vue de sa déclaration. Le tout était de savoir si l’information délivrée était véridique, et dans ce cas le jeune homme prenait de gros risques, ou une manière comme une autre de la taquiner de nouveau. Dans le premier cas, Lavinia serait curieuse d’en apprendre plus, dans l’autre … ce jeune homme commençait à lui taper sur les nerfs.
Mais comme le chasseur ne voulait pas lâcher sa proie, Alduis confirma ses craintes.
— C’est mon meilleur ami.
Entre meilleur ami, on se racontait tout. On se racontait nos rencontres, le déroulement de nos journées…, nos actions inavouables… Si elle en doutait encore, il suffisait de fixer cette petite lumière qui luisait dans les yeux d’Alduis pour enfin admettre que le jeune homme était au courant des moindres détails.
— Et vous vous racontez le moindre de vos secrets je suppose... ne put s’empêcher de souffler Lavinia.
Curieusement, à sa réaction sur l’effet qu’elle produisait à Eldred, frère et soeur répondirent presque synchronisés pour corriger sa méprise.
— C’en était un.
— Je crois que vous lui plaisez vraiment
Pouvait-elle vraiment croire cela. Eldred s’intéresserait vraiment à elle. Le vrai zakrotien serait celui rencontré dans les rues et non cet homme froid et distant croisé à Frenn. Trop de sentiments entraient en conflit dans son esprit et s’excuser quelques instants ne pouvait que lui être salutaire.
Ce qu’elle n’avait pas prévu en revanche, était que cela soit Alduis qui se propose à lui montrer le chemin. Elle hésita à refuser la proposition, en effet, Bérénice semblait l’encourager à suivre son frère et elle ne pouvait pas refuser une proposition de son hôte.
— Je vous remercie pour votre sollicitude. Je m’en remets à vous pour ne pas me perdre dans votre magnifique demeure.
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Comme tous meilleurs amis dignes de ce nom, ils se racontaient beaucoup de choses. Bien sûr que le Zakrotien lui avait conté sa rencontre troublante avec la jeune noble. Parce qu'il avait besoin de s'en ouvrir à quelqu'un. Au même titre que lui-même lui avait avoué que les voix lui manquaient plus qu'elles n'auraient dû, pour quelqu'un qui souhaitait les voir disparaître.
Alduis ne l'aurait jamais compris. Un secret confié était comme une promesse tacite donnée. Et il ne rompait jamais ses promesses. Il hocha la tête sobrement pour confirmer le murmure, presque dépité, de la jeune femme qui réalisait qu'il savait de nombreuses choses sur cet épisode. Il ne put s'empêcher de la rassurer, d'un ton ferme :
- Vous pouvez compter sur moi pour ne rien dire. Je vous donne en ma parole.
Mais une fois de plus, certaines subtilités lui échappaient. Il n'avait pas voulu dire ça, en parlant de « grand effet ». Bien sûr que non. Sauf qu'une fois de plus, on avait mal interprété ses propos et il ne savait plus comment se rattraper. Comment lui expliquer la lueur qu'il avait devinée au fond des yeux de son ami ? Il n'en avait pas la moindre idée... et par dessus tout, il craignait d'aggraver les choses.
Pourquoi fallait-il qu'il parle aussi mal ? Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi mauvais en société ? Heureusement, Bérénice était là et elle, elle avait compris ce qu'il essayait — peut-être maladroitement — de dire. Il lui lança un regard de remerciements, sincères et soulagés, tandis qu'elle rectifiait avec habilité sa bévue.
Alduis n'avait pas voulu mettre Lavinia mal à l'aise et c'était pourtant tout ce qu'il avait réussi à faire. Il avait brutalement envie de quitter ce salon, il n'était pas à sa place ici. Finalement, rien n'avait changé. C'était tout pareil, comme quand ils étaient jeunes : Bérénice invitait ses amies, et lui les regardait de loin sans comprendre, émerveillé de la facilité qu'elles avaient pour discuter entre elles.
Il voulait partir, et cherchait comment prendre congé quand la demande de Lavinia lui en offrit l'excuse idéale. Il se leva aussitôt, presque trop précipitamment, de peur de voir cette occasion lui échappait. Il n'aurait qu'à l'accompagner et ne pas revenir. Rien de plus simple. Il ne risquait pas de faire quelque bêtise de cette manière.
Il perçut pourtant la légère hésitation de la jeune femme à l'idée qu'il ne l'accompagne. Alduis ne dit rien et pourtant, cela le blessa, d'une certaine manière. Avait-il dit une si grosse bêtise ? Pourtant, elle finit par accepter la proposition et la main rassurante de sa sœur sur son épaule n'y était certainement pas étrangère. Mais il fit comme s'il n'avait rien remarqué et il lui ouvrit la porte pour la laisser passer.
Une fois dans le couloir, il prit sur sa gauche et resta quelques secondes sans parler. Un silence gênait flotter, qui semblait difficile à briser. Et pourtant, il allait bien falloir. Il devait lui parler. Il prit son courage à deux mains et lâcha :
- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous gêner, ni vous blesser. Je... suis meilleur pour manier les lames que les mots.
Et bon sang, qu'est-ce que le front lui manquait dans ces situations !
Il fit une pause et réfléchit sur la manière dont il aurait été adéquate de tourner la suite. Il finit, en désespoir de cause, à partir sur quelque chose de simple, sans préciser de qui il parlait. Ce serait aussi évident pour elle que pour lui.
- Il est sincère, vous savez. Il ressent réellement quelque chose mais... mais il a peur, je crois.
Il hésita à dire la suite. Et si cela la mettait encore plus mal à l'aise ?
- Il s'imagine que c'est perdu d'avance. Parce que vous êtes noble et mariée tandis que lui est l'esclave de votre père. Et aussi parce que... il craint d'être blessé à nouveau.
Comme avec Byrnja. Il n'avait pas fait son deuil et n'osait pas s'engager à nouveau. Parce que cette mort avait laissé une empreinte bien plus profonde qu'Eldred ne prétendait lui-même.
- Mais vous savez... Ça ne sert à rien de lutter. J'ai essayé tout ma vie. Ça ne fait rien d'autre que vous ronger par dedans, comme... de minuscules vers qui vous percent et...
En se rendant compte de ce qu'il disait, il s'interrompit brutalement. Dans tous les cas, ils étaient arrivés. Alors il s'arrêta et annonça :
- C'est ici. Vous saurez retrouver votre chemin toute seule ?
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Apprendre que le jeune homme l’avait trouvée quelque peu attirante lui avait procuré des fourmillements dans le ventre. Elle s’était bien gardée de faire transparaitre ce sentiment. D’un autre côté était-ce bien raisonnable de penser que poursuivre ce petit jeu de… de séduction ?
— Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous gêner, ni vous blesser. Je… suis meilleur pour manier les lames que les mots.
— C’est moi qui devrais m’excuser… Vous comprenez ce que tout ça peut… engendrer, si cela tombe dans les oreilles de mauvaises personnes ? Même involontairement.
Alduis changea de conversation sans prévenir, ce qui surprena Lavinia qui s’arrêta de marcher.
— Il est sincère, vous savez. Il ressent réellement quelque chose mais...mais il a peur, je crois.
Il était sincère ? Lavinia porta la main à sa bouche, retenant à peine ses larmes. Il était sincère, il avait ressentis les mêmes choses qu’elle . C’est la peur qui l’avait poussé à la repousser de la sorte ? Lavinia hésitait à croire en ces paroles, car si elle y croyait elle ne pourrait plus réfréner ce qui bouillait à présent en elle. Timidement elle attrapa la manche d’Alduis qui lui tournait le dos, pour les chuchoter ce qu’elle avait sur le cœur. Comme-ci le fait de ne pas proclamer haut et fort ses sentiments ne les rendaient pas vraiment réels.
— Il n’est pas le seul…
Elle retira précipitamment sa main. Son geste était tout bonnement déplacé, elle espérait qu’Alduis ne lui en tiendrait pas rigueur. Qu’il ne pensait pas qu’elle se montrait aguicheuse avec tous les hommes qu’elle croisait.
— Il s’imagine que c’est perdu d’avance. Parce que vous êtes noble et mariée tandis que lui est esclave de votre père. Et aussi parce que… il craint d’être blessé à nouveau.
— Et vous, vous n’êtes pas du même avis que lui ? Excusez moi du peu, lorsque l’on expose les faits… il n’y a pas grand espoir. Mon mari…
Rien qu'en pensant à son époux, Lavinia ne put s’empêcher de retenir un frisson qui ne manqua pas d’interpeller Alduis. Elle enchaîna sur ses questions pour faire oublier cet incident malheureux.
— De nouveau ? Que..que lui est-il arrivé ? Je peux vous assurer que je serai pas capable de faire du mal à qui que ce soit….
Elle repensa à sa rencontre avec le père Thierry, où elle n’avait même pas été capable de faire quoi que ce soit, alors faire du mal à quelqu’un de manière intentionnelle…
Lavinia écouta l’émouvante tirade du jeune homme et si ses paroles étaient de bon conseils. Elle perçut l’émotion dans sa voix, l’émotion de ceux qui avaient vécu et souffert de cette situation. Elle voulut le consoler, lui faire comprendre qu’elle comprenait tout à fait, mais à quelque centimètre du jeune homme elle suspendit son geste de compassion. Était-elle trop proche, avait-elle un comportement inapproprié ?
Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
Lavinia s'arrêta subitement de marcher et de peur d'avoir dit une nouvelle bêtise, se retourna vers elle, inquiet. En prenant conscience que l'unique responsable de ce brusque arrêt était sa surprise, il lui fit signe de poursuivre son chemin, sans la toucher. Alduis accompagnait rarement des femmes dans les couloirs de Fromart et si on en croyait la dernière fois, cela intriguait son père. Alors autant ne pas éveiller les soupçons, qui n'avaient de toute manière pas lieu d'être. Du moins, de ce côté-ci.
En distinguant quelques perles au creux de ses yeux, la main sur la bouche, Alduis pinça les lèvres, hésitant sur la conduite à tenir. Pitié, non, elle n'allait pas pleurer ? Qu'était-il censé faire ? Lui tapoter l'épaule pour la réconforter lui paraissait hautement ridicule et dérisoire alors il ne fit rien et espéra qu'elle parvienne à ravaler ses larmes. Cela leur éviterait à tous les deux une bonne dose de mal-être.
Lavinia attrapa sa manche, presque timidement, derrière lui. Comme il ne savait décemment pas comment réagir à cette main qui venait de se poser sur son bras, il ne bougea pas. Bien sûr que Eldred n'était pas le seul. Il avait pu le remarquer, dans sa manière de toucher son corset, dans celle qu'elle avait eu de poser sa main sur sa bouche. Il en avait conscience. La main sur son bras se retira et Alduis ne fit rien pour la retenir. Il savait pertinemment qu'il n'y avait là aucune attention quelconque, mais cela le mettait malgré tout mal à l'aise. Il n'avait pas l'habitude que les gens le touchent si spontanément.
Il se râcla la gorge et poursuivit. Certes, il n'y avait pas grand espoir. Il en avait conscience. Mais si on s'arrêtait à la société, alors combien de personnes auraient la chance de connaître l'amour ? Fort peu.
— Vous pensez que nous n'avons pas le droit de tomber amoureux sous prétexte que ce n'est pas de la bonne personne ?
C'était une question tout à fait sincère, autant pour elle que pour lui. N'avait-elle pas droit d'aimer un autre homme que celui qu'on avait choisi pour elle ? Et lui, ne pouvait-il pas désirer les militaires librement ?
— On dit qu'on ne peut pas gagner une guerre sans la mener et prendre le risque de la perdre.
Il avait perçu son frisson quand elle avait évoqué son mari mais conscient que cela devait être un sujet sensible, il resta discret sur le sujet. Il n'en aurait pas eu le temps de toute manière, puisqu'elle demandait déjà :
— De nouveau ? Que... que lui est-il arrivé ?
C'était évident, elle ne lui ferait pas de mal. Byrnja non plus, d'ailleurs, n'en avait pas l'intention. Il n'empêchait que sa mort, ce demi-suicide, avait arraché quelques branches du puissant chêne. Il hésita quelques secondes, les yeux plongés dans les siens, sur la bonne marche à suivre. Puis finalement, il secoua la tête :
— Je ne peux pas le dire à sa place, ce n'est pas à moi de le faire. Ce ne sont pas mes blessures, je tiens à respecter cela et qu'il vous le dise par lui-même s'il le souhaite.
Il fit une pause. Combien de personnes connaissaient les circonstances de la mort de sa femme ? de celles de Sigrún ? Eldred n'avait jamais parlé de secret, Alduis n'avait jamais promis de le garder pour lui mais ça allait de soi. Si Eldred voulait que Lavinia soit au courant, il le ferait en temps et en heure et ce n'était pas à lui d'en faire le choix. Il précisa tout de même :
— Mais sachez qu'il a ses blessures et ses deuils, comme vous et moi. Les plus grands guerriers sont ceux qui ont vu le plus de morts.
Et il conclut :
— Retenez simplement que lutter ne sert à rien. Parce que vous finirez par céder, malgré tous vos efforts. Et vous vous seriez fait souffrir inutilement.
Et lui ? Pourquoi ne parvenait-il pas à appliquer ses propres conseils ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
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Re: [23 décembre 1597] - Comme au bon vieux temps [Terminé]
— Comment est-ce… de tomber amoureux ? Je… ne suis pas sûre que…
Elle laissa sa phrase en suspens, elle n’avait pas la force d'admettre cela à haute voix. Mais elle savait que Alduis, lui, avait compris. Être amoureuse...elle aimerait bien savoir ce que cela était. Dans les livres, des sentiments intenses animaient les protagonistes. Où était donc la limite de la fiction ?
— On dit qu’on ne peut pas gagner une guerre sans la mener et prendre le risque de la perdre.
— Pour être franche, perdre la guerre ne pourra pas me mener dans une situation pire que l’actuelle… Elle sera juste de nature différente. Ce n’est pas moi qui aurait le plus à perdre, soyons lucide.
Alduis refusa de dévoiler quoi que ce soit d'autre à propos du zakrotien. Elle comprit que le jeune homme ne lui donnerait pas plus d’information que cela. D’après ses dires, Eldred était un homme blessé par la vie , mais d’une manière plus sanglante qu’elle. Alors pourquoi un homme comme lui pouvait s’intéresser à une femme aussi fade qu’elle ?
— Retenez simplement que lutter ne sert à rien. Parce que vous finirez par céder, malgré tous vos efforts. Et vous vous seriez fait souffrir inutilement.
— Vous parlez en connaissance de cause , n’est-ce pas ? Vous me conseillez de céder pour mon bien ou celui de votre ami ?
Décidément, pour quelqu’un qui se disait malheureux dans le choix de ses mots, elle trouvait qu’au contraire il savait les sélectionner.
— Vous vous fourvoyez sur vos capacités à trouver les bons mots. Je trouve au contraire que vous possédez une empathie fort appréciable dans mon cas. Par curiosité, quel est votre avis sur la situation ? Que pensez-vous de moi, femme mariée, et pourtant…
Elle laissa sa phrase inachevée, dans l’attente de l’avis du jeune homme. Un avis qu’elle espérait franc et relativement neutre. Un avis qui lui permettrait de choisir une position de manière posée.
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