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[9 décembre] Hiérarchie contrariée

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Message par Augustin Carpentier Lun 21 Déc - 22:31

La stratégie d'Augustin, pour s'assurer de complaire à son maître du moment, consistait à demander son avis avant d'entreprendre quoi que ce soit. Pas quand il était domestique ; à cette époque, il connaissait son affaire ; mais à présent qu'il jouait l'architecte, il s'assurait de régler les choses avec précision à chaque étape, point par point, tel un tailleur qui s'enquiert de l'amplitude de mouvement que permet à son client le tissu qu'il coud à même sa silhouette.

En l'occurrence, il se rendait auprès de l'autorité locale, la personne qui dispensait les deniers pour sa vie quotidienne et celle de ses ouvriers. Il fallait lui faire remonter les réclamations de ceux-ci, qui souhaitaient recevoir leur paye pour aller s'amuser à la foire, en plus des considérations purement professionnelles à éclaircir : la hauteur des plafonds, la profondeur des murs, la hauteur des paliers et ainsi de suite.

Il venait donc frapper à la porte que lui avait indiquée son employeur. Mais le père Thierry avait visiblement disparu. Il était sans doute, comme prévu, à l'église en train de célébrer un quelconque office imprévu, mariage de jeunes gens impatients ou enterrement à la sauvette. Allons bon. C'est qu'Augustin n'avait aucune envie de le déranger là ! Il s'y rendit tout de même, en prenant son chapeau entre ses mains malgré la pluie glacée, et en traînant les pieds.

Ce lieu le hérissait toujours – peut-être parce qu'en plus d'être un repaire de mégères cancaneuses, c'était le lieu où l'on vous traîne pour vous marier et vous enterrer – et néanmoins, il en reconnaissait la beauté. Il observait les sculptures au passage, comme un curieux de la campagne admire les hauts murs de la première ville qu'il croise. Une sorte de Vierge aux pupilles représentées par des trous le suivit des yeux un instant, et il avala sa salive avec angoisse avant de se dérober rapidement à ce regard mort.

Il y avait bien une silhouette au fond de la nef, mais ce n'était pas le prêtre, probablement plutôt quelque sacristain qui remplaçait les bouquets de fleurs et les bougies ? Mais cette personne allait pouvoir le renseigner. Augustin s'en approcha et se racla la gorge pour annoncer sa présence, tortillant son chapeau humide entre ses mains. De petites gouttes froides s'écrasaient sur le pavé et ses mèches collées à son front lui donnaient un air bien misérable. Il ne savait pas à qui il avait affaire et dans le doute, il adoptait une attitude d'obéissance et d'apaisement. Enfin, aucun sacristain ne lui avait jamais gueulé dessus. Mais il n'était pas question de commencer aujourd'hui cette ridicule tradition.

"Pardonnez-moi, je m'excuse, je suis Augustin Carpentier, je reconstruis le presbytère. Il faudrait que je pose quelques questions au père Thierry. Juste pour être bien sûr, de petits détails d'organisation."
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Message par Alexandre Mar 22 Déc - 0:14

Avant de répondre : dans quel état sera Alex et quelles tâches aura t-il fait ?

1: Il vient de répondre à plusieurs fidèles qui demandaient pourquoi on ne donnait pas de messe
2 : Il vient de prier
3 : Il vient de finir de donner un cours de catéchisme à des enfants
4 : Il vient de nettoyer la cellule, découvrant des draps souillés et des bouteilles de vin vide
5 : Il vient de discuter avec une maîtresse de Thierry qui voulait voir celui-ci
6 : Il vient de nettoyer le confessionnal
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Message par Fatum Mar 22 Déc - 0:14

Le membre 'Alexandre' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Message par Alexandre Mar 22 Déc - 0:49

Spoiler:

Alexandre sortait enfin de ce maudit confessionnal, redevenu aussi propre qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Pour combien de temps ? Il ne se leurrait pas : son bien-aimé paternel le souillerait bientôt de ces pratiques déviantes. Que raconterait-il demain à son maître ? La vérité. Toute la vérité. Il avait surpris le père Thierry au milieu d'une transaction malhonnête, faisant chanter un père de famille pour sortir impunément, menaçant un homme de bûcher sans la moindre raison, simplement parce que celui avait entendu lui aussi l'affaire et enfin ces traces honteuses dans le confessionnel.

Il soupira.

Le jeune homme se sentait honteux de dénoncer son père, celui qui l'avait aidé lors des terribles événements de Septembre. Celui qui lui avait permis d'accepter son homosexualité. Celui qui l'avait aidé à se reconstruire. Mais il ne pouvait plus se taire. Malgré son amour filial et sa reconnaissance, le devoir primait. Il n'avait déjà que trop couvert ses sombres exploits.

Il ferait ce rapport demain.

Et Dieu seul déciderait du sort du prêtre infâme.

Perdu dans ses pensées, Alexandre ,n'entendit pas un homme s'approcher et sursauta quand celui-ci l’interpella. Il posa le seau à terre, appuyé sur sa seule béquille, et reprit la seconde, qui l'attendait fidèlement, posée contre une colonne. son équilibre précaire en avait besoin. Il étudia la silhouette de l'homme. Elle lui paraissait nerveuse. Que pouvait-il avoir à redouter ? Alexandre soupira en l'entendant chercher le père Thierry. Le dernier nom que ses oreilles auraient souhaité percevoir.


"Amusez donc à faire le tour des tavernes de Braktenn. Avec un peu de chance, vous le trouverez encore sobre."

Alexandre rougit aussitôt de son emportement et s'inclina respectueusement.

"Je vous prie de m'excuser. C'était un coup de sang.Le père Thierry est... Il est particulier. Expose donc vos contrariétés et je tenterais au mieux de vous répondre."

Sa curiosité naturelle reprit le dessus, sur sa colère, séduit par la profession de l'homme.

"Alors, vous êtes architecte. Travailler à construire des bâtiments, des maisons... Ce doit être absolument fascinant. Les voir s'élever pas à pas, alors qu'on les imaginé dans un premier temps dans son esprit, puis réalisé sur le papier, ce doit être une sensation unique, euphorisante. Il m'arrive de dessiner. Je connais ainsi cette sensation de voir son oeuvre aboutie, d'être enfin satisfait de son ouvrage, mais dans votre cas, ce doit être bien plus fort que d'achever un portrait."
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Message par Augustin Carpentier Mar 22 Déc - 11:39

Ah, c'était agaçant : toujours pas moyen d'établir à qui il avait affaire. C'était la mise d'un simple paroissien, voire moins que ça. Mais c'était l'attitude d'un secrétaire affairé. Dans les deux cas, la façon de lui répondre n'était pas la même. Et il y avait quelque chose d'inconfortable à osciller comme cela entre le respect et l'autorité.

"Pardon, qui êtes-vous ?"

Augustin s'excusait énormément, dans le doute. Si c'était un inférieur, tant pis, et si c'était un supérieur, il aurait fait son devoir. Mais ça semblait très mal poli d'interroger ainsi tel un prévôt, quand on lui faisait la grâce d'une tirade poétique au sujet de son art. Encore une. Intérieurement, Augustin maudissait la langue humaine et ses tours et détours. Il avait pourtant posé une question simple, et encore une fois, la réponse était d'une complexité à faire se damner un prêcheur de rue.

"Je veux dire..." se rattrapa-t-il faiblement, craignant un autre éclat de mauvaise humeur ; le premier lui avait fait opérer un pas en arrière. "Une maison c'est un peu un portrait de celui qui y habitera. C'est vrai. Alors... Et en même temps un portrait de qui l'a bâtie. Mais c'est là une pensée peu chrétienne. Je dois m'effacer devant ma commande."

Il pensait tout haut, à ce stade, plus qu'il ne s'adressait au jeune homme à la face mobile et au teint si révélateur. Il n'était pas drôle de rougir si facilement. Avec son teint de rouquin, heureusement tanné par la route, Augustin le comprenait. Le regard fuyant, il cherchait quoi observer pour s'en tenir à une immobilité de bon ton. Sur le chantier c'était facile ; quand il se sentait trembler, il y avait toujours quelque chose à faire pour s'occuper les mains, et avoir l'air en plein travail plutôt que déstabilisé et chancelant. Là, il flottait dans le vide.

"C'est pourquoi il faut que je questionne le curé. Enfin, vous ferez l'affaire bien sûr, excusez-moi. Ce sont des questions toutes bêtes, pour son confort, pour l'agencement des lieux. Si vous savez lire un plan..."

Dessinateur. Soudain il se dit que ce devait être une sorte d'artisan lui aussi. Mais là encore, apprenti ou maître ? Il n'était pas censé parler de la même façon à un maître ou à un apprenti. Peut-être un copiste ? Un enlumineur ? Mais d'abbaye ou de foire ? Augustin était sur des charbons ardents et commençait à avoir du mal à le cacher. La peur de commettre une faute, et d'en être puni, était plus forte que celle de traiter avec civilité quelqu'un qu'il aurait dû surplomber de sa stature ; mais enfin elles étaient présentes toutes les deux.
Dans les deux cas, c'était commettre un impair, et peut-être trahir son imposture, et... Allons, voilà que ses pensées battaient la campagne. Pour se raisonner, il se mit en désespoir de cause à compter dans son esprit les dalles à ses pieds.

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Message par Alexandre Mar 22 Déc - 12:09

Cet architecte semblait étonnamment nerveux. Il n’arrivait pas à se calmer. Serait-ce le fait de ne pas savoir comment gérer son chantier ? De craindre des retards ? Alexandre lui adressa un sourire doux.

"Cessez de paniquer ainsi, sieur Carpentier, on ne vous reprochera rien si le chantier du presbytère n'avance pas. Croyez-moi, de tout ce qui se passe ici, ce n'est pas le pire."

L'homme demandait son identité, ce qui était une question naturelle. Il aurait dû se présenter de lui-même. Quelle faute ! Il s'inclina poliment.

"Je me nomme Alexandre. Un esclave qui appartient au cardinal Matthieu Cassain, l’inquisiteur détaché par le pape à Monbrina. Je suis aussi enfant de chœur au sein de cette paroisse de Saint-Eustache et j'oeuvre à son bon fonctionnement."

Alexandre écouta ensuite la réponse de l’architecte sur ses idées de ce que représentait une maison. Elle se façonnerait à l'image de l'âme qui viendrait y habiter. Cela lui paraissait juste et beau. On le sentait quand on s'introduisait au sein d'un loyer : même si les façades des habitations d'un quartier se ressemblaient toutes, les intérieurs différaient, aménagés par la famille qui logeait là. Il sourit à Augustin.

"Non, je juge que cette pensée est parfaitement chrétienne. Une maison, cela représente un foyer pour un individu, une famille. Le lieu où on le ressent une protection. Il est ainsi important que celle-ci s'adapte à nos âmes. Mais je loue votre modestie. S'effacer ainsi devant sa commande, voilà une superbe humilité, ce qui sied parfaitement à un bon chrétien, sieur Carpentier !"

Cette conversation ne semblait pas le détendre. Ses bras remuaient toujours le long de son corps, comme s'il savait ne pas quoi en faire. Alexandre réprima un sourire légèrement moqueur en serrant les mains autour de ses béquilles. L'avantage de son infirmité, c'était précisément pour lui de toujours les garder occuper, sans paraître aussi agité. Il continua à sourire pour encourager l'homme à se détendre, ce qui s'avérait une tâche difficile.

"Je ne possède sûrement pas l'étendue de votre science, je suis bien plus doué n dessin, en littérature et en théologie, mais j'ai au moins les notions essentielles en mathématiques et en géométrie. Je devrais ainsi être capable de lire votre plan et de comprendre ce que vous avez l'intention de faire. Préférez-vous rester ici ? Ou nous pourrions aller dans la cellule, là-bas, où nous serions dans un lieu plus propice pour travailler, sans personne pour nous interrompre ?"

Là encore, Alexandre joignit à sa proposition un sourire doux, destiné à rassurer son interlocuteur.
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Message par Augustin Carpentier Jeu 24 Déc - 10:22

"Allons dans la cellule, vaut mieux que tu sois bien assis."

C'était un esclave, mais un esclave d'évêque... Allons, au moins c'était déjà plus précis. Augustin avait retrouvé un peu de son aplomb, et il déroula le plan tiré de son manteau sans s'excuser ni trembler. D'ailleurs, le petit espace le rassurait, comme un terrier rassure un lapin ; ici, il ne risquait pas de croiser soudain quelqu'un qui l'observerait sans qu'il ne s'en aperçoive. Il ne risquait pas d'être attaqué d'en haut puisque son unique interlocuteur lui parlait d'en bas.

"Alors, regarde. Là, pour commencer. Je ne comprends pas. Toutes les pièces du rez de chaussée ont un accès à la cave. Ce n'est pas nécessaire. Je vais les murer, sauf une. Ce sera plus solide. Non ?"

Augustin construisait avec son bon sens et son esprit d'économie ; il ne comprenait rien, au fond, à ces questions d'esthétique et d'harmonie, voire de luxe, qui guidaient les constructeurs ordinaires. Même le fait de tailler ses initiales dans la pierre d'angle lui paraissait complètement inutile, et ne lui serait pas passé par l'esprit, si il n'avait pas craint de passer pour un original en ignorant cette étape. Peut-être parce que ces initiales ne lui appartenaient pas de plein droit.

"Aussi, j'ai eu l'impression que le père est un homme jeune et en bonne santé, enfin, pour un prêtre. On peut relever les seuils et ça coupera les courants d'air. Il ne va pas trébucher partout."

Sauf s'il est ivre tous les jours, mais ça ne le regardait pas, il ne se serait pas permis de poser une pareille question. Une sorte de dissociation s'opérait dans son esprit à cet égard, il avait du mal à réunir l'image du prêtre vénéré et celle du soiffard éhonté, bien que visiblement, en cette enveloppe humaine donnée, se réunissent anges et démons dans une parfaite harmonie. Il préférait ne pas savoir. Ce qu'il ne savait pas ne l'atteignait pas, et cela conservait son respect intact : c'était plus confortable pour tout le monde.

"Et la chambre est un peu grande. Est-ce qu'il s'en sert comme d'un bureau ? Auquel cas on peut ménager une niche sous les fenêtres, pour que le soleil donne, ça serait bien orienté. Mais juste pour la chambre d'un homme seul, sinon, c'est trop vaste, pareil : ça ne garde pas bien la chaleur. On peut la réduire à ce compte-là en ajoutant une cloison."

Augustin n'était vraiment pas mécontent d'être tombé sur un esclave. Dans cette société, c'était la seule chose qui soit plus bas que lui. Il en profitait pour se montrer critique, comme il n'aurait pas osé l'être dans une autre compagnie. Enfin, il avait bien conscience que ce jeune homme en face de lui n'y était pour rien dans l'agencement de l'ancienne demeure, dont il ne restait d'ailleurs que des ruines qu'il était en train de faire démonter.

"Enfin... Il faut encore voir quelques détails, comme ce qu'on commande comme tuiles pour le toit, mais c'est secondaire, on en est à poser les bases," acheva-t-il, son accent de la campagne ressurgissant sur les dernières syllabes.
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Message par Alexandre Jeu 24 Déc - 13:49

Ils venaient de se rendre dans la cellule, là où se trouvaient les quelques lits pour les indigents, mais qui servaient ici bien plus au père Thierry pour ses pratiques douteuses. Quoique... Ces derniers temps, Alexandre ne pouvait pas nier que lui-même les utiliser beaucoup en compagnie d'Alduis. Mais ce n'était pas pareil. Eux, ils s'aimaient. Et ils n'avaient aucun autre lieux plus sûrs pour se rencontrer.

Assis sur cette petite table en bois, là où il écrivait, quand il en avait le temps, son roman, Alexandre suivait avec attention le plan que l'architecte déroulait et s'appliquait à présent à lu expliquer. Un long soupir s'échappa de sa gorge en apprenant que toutes les pièces du presbytère donnaient un accès à la cave. Il n'osait pas imaginer le nombre de bouteilles que son père avait pu y déposer. Un rictus se dessina sur son visage. Il possédait à présent un léger avantage.

Prenant une voix sévère, Alexandre décréta :


"Cette cave n'est en aucune manière utile. Supprimez-la, comme, vous en supprimerez tout accès. Mon maître, lev cardinal Cassain, a rappelé l'importance que les presbytères devaient être un lieu de repos pour un prêtre, au terme d'une longue journée d'ouvrage. Il n'a nullement besoin d'y faire manger ou d'y avoir des provisions : une cuisinière vient lui porter ses repas.

Il reporta son attention à nouveau vers le plan et tiqua quand l'architecte suggéra de relever les seuils pour empêcher la circulation de l'air. Sur le principe, cela paraissait une bonne idée. Sauf que comme de nombreuses personnes, l'homme oubliait la question de l'infirité que que certains pouvaient ne pas accéder à des bâtiments à cause d'une simple marche ou d'un léger surélèvement.

"Je regrette, sieur Carpentier, mais sur ce point mon maître ne le permettra. Certes, le père Thierry est alerte, il peut lever les pieds, lui. Mais combien de temps cette bâtisse durera ? Le presbytère, avant l'incendie, se dressa là depuis deux siècles. En un temps si long, il serait surprenant que l'un de ses prochains locataires n'ait pas lui des problèmes pour se déplacer. Sans compter que la vieillesse, en elle-même, frappe le tout à chacun et nous rend inapte à marcher comme un jeune homme."

Sur ces pensées, Alexandre songea aux planches qu'il avait fait poser le mois dernier à l'entrée de l'église. Elles permettaient aux malheureux en fauteuil d'entrer eux aussi, en dépit des marches. Ce serait bien plus beau si cet accès se confondait avec l'escalier.

"D'ailleurs, sieur Carpentier, vous serai-t-il possible de construire une rampe à l'entrée de l'église, de sorte à ce que des personnes en fauteuil puissent passer sans utiliser les marches qui leur sont à eux impossibles ? Mon maître est là aussi très soucieux de l'égalité des fidèles pour accéder aux lieux du culte."

Il s'agissait là d'un superbe mensonge. Mais l'architecte ne pouvait le savoir et le cardinal ne l'apprendrait. Alexandre se félicitait cette idée qui ferait de la paroisse Saint-Eustache un modèle d'exception dans l'accueil aux infirmes.

Il écouta ensuite l'architecte détailler les modalités de la chambre et ne vit là rien à redire.

"Cela me parait bien. Le père Thierry dispose d'un bureau au sein de cette église, là om il reçoit et travaille. Le presbytère était ancien et je suppose que ces grandes pièces devaient être une norme à l'époque. Repensons-le aux normes de la nôtre."

En revanche, quand son interlocuteur lui évoqua le problème des tuiles à commander, Alexandre se sentait ignorant. Que répondre ? Il choisit avec prudence ses mots.

"Un toit se doit d'être solide, n'est-ce pas ? Par conséquent, commandez des tuiles épaisses, de couleur sombre, proche des pierres de l'église. "
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Message par Augustin Carpentier Ven 25 Déc - 20:08

L'esclave montrait une étonnante capacité à gérer ce qui se passait, et il se faisait l'intermédiaire entre Augustin et une autorité plus supérieure encore que le prêtre. Est-ce qu'il fallait vraiment faire une petite entorse à ses habitudes, et cesser de tutoyer ce garçonnet, lui donner du Monsieur et le considérer comme un cardinal par procuration ? C'était à s'arracher les cheveux, mais il n'arrivait pas à simplement le traiter comme un égal, ça lui paraissait dangereux. Il fallait que ce soit un supérieur ou un inférieur. Aussi l'architecte se renfrogna-t-il au cours des explications, comme s'il ne les comprenait pas. Pourtant, tout était parfaitement clair.

"Possible oui."

Augustin n'avait jamais réfléchi à ce problème. Les infirmes qui venaient entendre la messe. Il se disait que ces gens vivaient entre eux, et que les sourds guidaient les aveugles, qui tournaient les pages des manchots qui leur faisaient la lecture, et il y avait bien quelqu'un pour porter les unijambistes pour passer par dessus un seuil trop haut.

"Pour le bureau c'est bon... Pour le toit c'est bon. La cave, je vais peut-être quand même la laisser en place, on ne sait jamais quand ça sera utile, même si c'est aux pauvres gens de la paroisse. Une réserve de grain, des chambres supplémentaires pour les lépreux, que sais-je. Je ferai un seul escalier. Par contre la rampe... Un instant."

Pensif, il s'empara de quelques objets, un de ces rouleaux de cuir où l'on fourre les parchemins et les plumes pour les transporter, et la réglette et le compas qu'il transportait avec lui. Il commença à les disposer pour créer une rampe, en réfléchissant à la façon de la rendre pratique, marmonnant entre ses dents tout ce qui lui venait à l'esprit.

Il fallait qu'il y ait une sorte de pente légère vers une gouttière sur le côté, pour évacuer l'eau de pluie et éviter le verglas. Sinon, ce serait simplement un jouet de pierre où les enfants et les jeunes gens ivres feraient des glissades. Il fallait une barrière de bois à laquelle accrocher ses mains pour hisser la voiturette ou retenir une chute. Il fallait qu'elle soit très longue, pour réduire la pente au mieux. Il fallait que ce soit en arrondi, au long du mur, pour éviter que la rampe forme en soi même un obstacle pour le reste des gens ; causer des chutes et des entorses pour simplifier la vie des blesser, ça n'était pas une solution.

"Oui, possible, mais ça va demander du travail et du matériel. Mais j'ai cru comprendre que ça ne posait pas de problème au père Thierry. Il a eu l'air très sûr de lui, en ce qui concerne les dépenses."

Son regard se releva brièvement pour croiser celui de l'esclave. C'était un petit bonhomme déterminé, sa condition ne s'était visiblement pas imprimée dans sa chair comme l'avait fait la marque qui le condamnait. Et c'était agaçant. Non, ils n'étaient pas égaux. Augustin était éternellement inférieur... Même à un esclave.

"Tu es sûr que tu peux parler en son nom ?"
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Message par Alexandre Sam 26 Déc - 13:59

Alexandre percevait que l'architecte semblait dubitatif lorsque la conversation aborda la question des personnes infirmes. Comme une vaste majorité des gens, il n'avait jamais réfléchi à la question et se moquait même certainement du sort de ces personnes. Sa faible réponse, prononcée, dans un grognement, l'agaçait. Pourquoi personne ne semblait vouloir comprendre à quel point il était difficile de se mouvoir quand le corps subissait des malformations ou des contraintes ? Les doctrines religieuses les punissaient déjà assez, pourtant, en stipulant que leur condition résultait du péché de leur mère. Ces explications, le jeune homme les avait entendues durant toute son enfance et sa mère lui répétait qu'il se devait vivre une vie vertueuse, à l'exemple du Christ, lui permettrait de se libérer des fautes qu'elle avait commises et qui avaient causé ses soucis de santé.

Cela était facile de blâmer des gens.
De les tenir responsables de leurs propres problèmes, comme s'ils étaient coupables de choses qu'ils ne maîtrisaient pourtant pas.
C'était encore plus facile de les ignorer, de les mettre de côté ou de les mépriser.

Alexandre n'en voulait cependant pas à cet homme qui se trouvait devant. Il n'était coupable en rien des dérives malsaines de cette société. Lui était valide, sans avoir eu à réfléchir sur des conditions difficiles que pouvaient poser l'infirmité. Mais cela n'empêchait pas de l'apprendre.

D'une voix calme, Alexandre reprit :


"Toute personne ne devrait être restreinte dans ses mouvements et la société devrait se souvenir que l'on doit assistance aux plus faibles. J'imagine bien que la question vous a échappé. Cette société-ci demande aux infirmes de se cacher. Elle nous ostracise. Mais en quoi n'aurions-nous pas le droit de vivre, de venir dans les mêmes lieux que vous, vous qui êtes nés avec un corps soi-disant parfait ?"

Il marqua une pause, puis reprit dans un haussement des épaules.

"Et puis, pour le moment, vous êtes solide, vigoureux, apte à utiliser vos deux jambes. Mais qui sait, sur un chantier, il n'est pas rare de finir estropié. Ou vous finirez un jour vieux, à sentir vos articulations et vos muscles s'user lentement. Quand cela arrivera, ne seriez-vous pas heureux que l'on facilite votre quotidien, ou vous satsiferait-il de rester cloitré chez vous ? Du moins, à condition qu'il vous reste un domicile. Bien des infirmes n'en ont pas et peinent à survivre dans les rues de la ville. Et finissent asservis pour mendicité."

Alexandre arrêta là son discours, espérant que cela permettrait à son interlocuteur de comprendre les erreurs de son raisonnement. Que les choses acquises, naturellement, par l'éducation et les habitudes devaient être bousculées. L'architecte se pencha finalement et sembla accepter de construire cette fameuse rampe. Il invoquait ensuite le temps, l'argent et le matériel, puis rappelait que le père Thierry avait laissé entendre que rien ne saurait être un problème.

"Effectivement, ces contraintes n'en sont rien et le père Thierry validera là aussi ces choses."

L'architecte le fixait brusquement, soudain conscient de son statut d'esclave, qu'il aurait dû être son inférieur. Alexandre réfléchit. Risquait-il de retomber dans une relation de dépendance ? Peut-être pas. Après tout, ici, il était le maître dans cette église et tenait son père du bout de ses doigts. Il se souvenait encore de sa vision figée en l'apercevant rejoindre Eldred. Cet imbécile mangeait dans sa main.

Malgré sa répugnance pour de telles pratiques, Alexandre se gonfla d'importance, essayant de se paraître le supérieur de l'archirecte. Il répondit d'une intonation sèche et autoritaire.


"Puisque vous semblez avoir besoin d'informations complémentaires, sachez que je suis le fils, illégitime certes, du père Thierry et il m'accorde en cette église tout pouvoir afin de se divertir à ses activités de débauche. Si vous ne croyez pas mes paroles, renseignez-vous à la prévôté : tout ceci est acté."

Le jeune homme détestait faire jouer de cette autorité pour obtenir ce qu'il désirait. Il n'y avait absolument rien d'amusant. D'où son père tirait-il lui un tel plaisir dans cet exercice cruel ? Néanmoins, Alexandre se forçait à se rappeler ne pas agir en cet instant pour lui mais pour défendre ses idées. Si cela fonctionnait, dans cette église, les infirmes seraient bien admis, sans se sentir exclus, et pourraient se mélanger au monde.

Alexandre
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Message par Augustin Carpentier Sam 26 Déc - 15:55

Il y avait quelque chose de terrifiant dans cette description d'un avenir probable. Augustin ne pouvait cependant pas lui donner tort ; il y avait réfléchi lui-même en arrivant à la grande ville, et en voyant tous ces mendiants malformés. Oui, il allait bien se faire estropier un jour, ça devait arriver. Si ce n'était pas par une pierre ou une poutre qui tombe, ce serait par les engelures ou un chien sauvage au bord d'une route, ou une maladie mal soignée. C'était inévitable. Il était même miraculeux que ça ne lui soit encore jamais arrivé. Mais il estimait que ce serait un sort clément. Aller mourir dans son trou comme un animal, sans qu'on le dérange ou qu'on l'insulte. Il y avait des destins tellement pires qui pouvaient l'attendre au coin du bois...

Toutes ces craintes commençaient à se télescoper. Et sa belle assurance s'envolait à chaque nouvelle phrase. D'autant que ce n'était plus exactement une conversation aimable.

En écoutant, Augustin se crispait légèrement ; il sentait qu'ils soutenaient une lutte, cette interaction sociale déplaisante à laquelle il se soustrayait en courant dès qu'il en avait l'occasion. Il réalisait peu à peu qu'Alexandre était, par le sang et la conviction, une personne de qualité ; mais son esprit résistait légèrement. Non, c'était un esclave. Il résista environ dix secondes. Puis il se décomposa, baissant les armes devant ce ton de voix et ce regard qui ne faiblissait pas. Comme un chien que l'on fixe droit dans les yeux jusqu'à ce qu'il les détourne, il perdit tous ses moyens. Il recula de deux pas, et s'inclina précipitamment.

"Pardon, monsieur, je ne pouvais pas savoir. Merci pour toutes ces précisions, je garderai cela à l'esprit, vous pouvez en être assuré, mais... J'ai tout de même deux requêtes. Deux... remarques. Je suis vraiment désolé, excusez-moi."

Sa voix s'était presque éteinte ; sa longue carcasse se recroquevillait comme un épouvantail dans le vent, presque à s'en rendre invisible. Il se força à prendre une grande inspiration avant de continuer, craignant que sa voix devienne complètement incompréhensible. Personne n'avait envie de lui commander de répéter, c'était agaçant d'avoir à faire ça. Il reprit plus posément, en essayant à nouveau de regarder le jeune homme, mais il n'y arrivait pas ; il était trop inquiet. Son regard montait jusqu'au menton, puis redescendait automatiquement aux pieds.

"C'est vrai, ce que je dis. La rampe, ça va être du travail. Je n'ai jamais fait ça, moi. Je ferai de mon mieux, mais il faudra peut-être des retouches. C'est juste la vérité, je ne peux pas vous dire autre chose. Et..."

Ses mains remontèrent jusqu'à son visage et il se frotta les yeux, juste pour les occuper. Il croisa les bras, et prit un air presque suppliant. On aurait pu penser qu'il boudait comme un petit garçon, à son attitude, mais son visage était franchement malheureux. C'était difficile d'expliquer ça. Il avait envie de se boucher les oreilles et de chanter pour ne pas entendre ce qui suivrait. Sans doute que sa requête elle-même allait déclencher toutes sortes de révélations indignées.

"Est-ce que vous pouvez éviter de me raconter la vie privée du père Thierry ? Ça me gêne beaucoup. Je préfère ne pas le savoir. Ça ne me regarde pas, je suis juste... Je suis juste un travailleur, vous comprenez ? Je voudrais juste faire mon travail."

Il voulait pouvoir garder son respect intact pour son patron du moment. Pourquoi était-ce toujours si difficile ? Les aristocrates ne faisaient pas de manières devant leurs domestiques, et leur laissaient voir les côtés les plus odieux de leur caractère ; et voilà que les particuliers qui réclamaient une intervention artisanale finissaient aussi pour dévoiler leurs turpitudes. Il n'y avait donc pas moyen d'échapper à tout cela ? Et de se cantonner dans un rôle froid et distant, professionnel et dépassionné, vis à vis de ses semblables ? C'était désespérant.
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Message par Alexandre Sam 26 Déc - 22:35

L'architecte paraissait à présent effrayé par la réalité froide et sombre qu'il venait de lui peindre et Alexandre se sentait désolé de lui avoir causé un pareil sentiment. il lui adressa un sourire doux, destiné à chasser les mauvaises pensées.

"Tout ceci ne servait qu'à vous faire prendre consciences des difficultés quotidiennes que les infirmes endurent en silence et que le tout à chacun semble se complaire à ignorer. Il st évident que je ne vous souhaite pas connaître un pareil malheur. Songez cependant, parfois, sieur Carpentier, à ceux qui n'ont pas votre chance."

Il leva un instant les yeux, avec une tendresse infinie dans le regard, le crucifix accroché au-dessus de la porte.

"Le Christ nous a enseigné à nous aimer, à être humble.. Souvenez-vous de ceci."

Il le contempla être tendu à la suite de cette autorité, comme si celui-ci semblait ne plus savoir où se tenir. Alexandre soupira.

"Vous m'avez forcé, sieur Carpentier, à manifester ces droits que je possédais. J'aurais aimé qu'il en soit autrement mais ce monde, contrairement à ce que la foi chrétienne défend, ne tolère pas la gentillesse. Pourtant, il ne devrait exister ni supérieurs ni inférieurs, uniquement des hommes de bonne volonté, qui savent coopérer ensemble, avec leurs capacités respectives et leur intelligence. Je vous fais confiance, sieur Carpentier, vous connaissez mieux votre discipline que moi et je vous laisse gérer les modalités des travaux selon ce qui vous paraitra le plus adapté pour les objectifs à atteindre."

Tout en parlant, le jeune homme continua de lui adresser un sourire doux et encourageant.

"Et ne vous inquiétez, pour le père Thierry, je ne souhaite pas parler de lui plus que nécessaire."

Si du moins son insupportable père se permettait de les laisser tranquille... Mais cela Alexandre en doutant. Le vieux démon laissait chaque jour des souvenirs ses actes impies et tôt ou tard l'infortuné archircte le découvrirait.
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Message par Augustin Carpentier Dim 27 Déc - 0:58

Dans le doute, Augustin dessina à la mention du Christ, sur sa poitrine, le signe de la croix. Dessin d'un homme torturé et assassiné, tracé sur son propre corps comme le dessin de deux coups de sabre voués à l'éventrer. Certains jours, la religion lui posait vraiment des problèmes de conscience. Il n'était pas à l'aise avec cette image-là. Celle du petit Jésus dans la crèche ou auprès des sages du Temple ne le dérangeait pas, mais celle de l'homme maigre et dénudé, cloué sur la croix comme un hibou sur la porte d'une ferme, le rendait malade s'il y songeait trop longtemps.

Certes, le sacrifice et tout ça, ça pouvait être très bien... pour d'autres. Lui, il trouvait ça dégoûtant, ça lui faisait penser aux cochons pendus la tête en bas que l'on égorge au coin des foires, il avait envie de fuir cette idée et ce spectacle... cette contagion. La violence entraînait la violence et il préférait en être le plus loin possible, de peur qu'elle arrive jusqu'à lui. Enfin ! Bien sûr, il avait affaire à un petit théologien en herbe, qui devait appliquer sur ce symbole sanglant toutes sortes d'interprétations éthérées, beaucoup plus agréables à ses pensées.

"Vous ne devriez pas être aussi... me parler autant. Rien ne vous affirme que je suis un homme de bonne volonté, moi. Je pourrais redire les secrets et causer des ennuis... Je pourrais être un homme de mauvaise volonté."

Un frisson le secoua et il cligna des yeux un instant. Qu'est-ce qui lui prenait ? On ne parlait pas ainsi à son employeur, fût-ce à travers un intermédiaire en bas âge, physiquement diminué, et marqué d'un M à l'épaule. Il n'était pas sûr de ce qui lui avait pris au juste. Il voulait avertir le jeune homme, pas le menacer ; mais quelque chose de malveillant dans son esprit cherchait à s'exprimer, et troublait le ton de sa voix. Comme s'il avait été attaqué et éprouvait le besoin de se défendre. C'était tellement inconfortable de se retrouver face à cette situation hiérarchique mal établie, trop complexe.

"Et je songe aux autres, monsieur. Je n'agis peut-être pas assez mais je songe beaucoup."

Serrant les dents, Augustin fixa son ombre sur le mur, quelques secondes. En parlant de choses qui sont libres d'aller et venir, ou qui sont forcées de se cacher... Sur lui, ça ne se voyait pas. Mais c'était bien parce qu'il se contenait, qu'il se surveillait jour et nuit, et qu'il ne prenait jamais aucun risque, si attirants soient-ils.

"Je ne suis pas né parfait. Je ne suis pas une créature de Dieu."

Il s'ébroua et tenta de chasser ces pensées sombres de son esprit. Ce n'était pas l'interlocuteur pour en venir à de telles phrases, et certainement pas le lieu. Les esprits de cet endroit, ceux des saints enterrés sous l'autel et des chevaliers dont les corps reposaient sous les gisants de marbre, ceux des pauvres gueux qui avaient rendu l'âme dans cette cellule et qui la hantaient faute d'autre destination, étaient sans doute très choqués. Par chance, les esprits ne parlaient pas.
Sans ça, ils auraient pu faire d'étranges révélations, en lisant le sien.

"Ne faites pas attention. C'est la pluie. Je dois couver une mauvaise fièvre."

Avec un petit sourire d'excuse, il haussa les épaules pour s'excuser de cet éclat étrange, espérant que le jeune homme aurait la même réaction que les autres d'habitude : faire comme s'il n'avait rien entendu, et passer à autre chose.
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Message par Alexandre Dim 27 Déc - 21:44

Malgré ses efforts, l'architecte demeurait toujours aussi tendu, insensible aux rapprochement qu'il tentait de réaliser. Alexandre le fit tracer le signe de croix mais dans un mouvement inhabituel, mal à l'aise, et songea à cet instant à son amant qui détestait tant la religion. Cet homme s'obligeait-il à feindre, pour ne pas avoir d'histoires avec l'inquisition, mais serait-il en réalité incroyant ? Il se rappela les colères d'Alduis à ce sujet, puis de leur promesse à ne plus discuter de sa foi. Si son interlocuteur partageait des idées similaires, ce serait préférable d'agir de même dans cette discussion.

Son regard s'ttrista en entendant les paroles qui suivirent. Ce monde de jugements et de pensées préconçues se révélait si étouffant. Pourquoi devraient-ils tous avoir en tête que l'autre risquait de les trahir ? Cela se produisait parfois, comme le prouvait la rencontre avec cette sorcière qui avait usé de sa naïveté et conduit involontairement à son asservissement, mais ces épreuves ne le feraient pas renoncer à l'optimisme. Si l'on fermait son cœur, on se privait de rencontrer de bonnes personnes.


"Il m'est déjà arrivé diverses mauvaises choses, sieur Carpentier, de fréquenter de mauvaises personnes, mais ces événements ne me feront jamais renoncer à mes valeurs. Si nous cessons de faire confiance à autrui, nous nous privons du plaisir de la rencontre et de l'amirié. Pour construire une belle relations, on a besoin de liens solides et ils se créent en discutant avec l'autre, en apprenant à le connaître et à le comprendre. Peut-être que parmi une de ces personnes, il se trouvera un traître, quelqu'un qui me causera des ennuis. Et alors ? Je préfère vivre avec insouciance, sans m'en poser la question, plutôt que me torturer chaque jour à me question si quelque chose va arriver ou non."

L'architecte semblait cependant fuir la conversation. Il se tournait vers le mur, à fixer son ombre. Quelles pensées se cachaient dans son esprit ? Quelles ombres le ravageaient-elles ? Il aurait aimé aider mais le jeune homme savait que c'était un chemin que son interlocuteur devait accomplir seul. Il devait apprendre à s'ouvrir, à s'accepter.

Ses nouvelles paroles l'attristèrent un peu. Il se dégageait une telle désolation de lui. Quels secrets se cachaient dans ces mots ? Alexandre lui adressa un sourire doux et apaisant.


"Nul être en ce monde n'est parfait, sieur Carpentier. Nous essayons de l'être, d'apprendre de nos erreurs, de nous améliorer, mais ne ne serons jamais capable d'atteindre la perfection. Nous aurons toujours au moins un défaut dont nous ne pourrons jamais nous débarrasser. Les anciens grecs appelaient cela un défaut fatal. Un trait de caractère qui définissait un héros et dont aucune leçon e pouvait le débarrasser. Nous pouvons être par exemple colérique, essayer de nous tempérer mais nous ne serons jamais capables de l'effacer. Il viendra toujours un moment où des élans tempétueux rejaillirons. Et vous, Sieur Carpentier, vous êtes un homme. un homme comme les autres, ni meilleur ni pire que les autres. Cessez de vous affliger comme si vous portiez tous les malheurs du monde. Croyez-moi, cela n'apporte rien de bon."

Il fixa avec cette même douceur l'architecte, espérant cette fois réussir à provoquer un début d'apaisement en lui.


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Message par Augustin Carpentier Lun 28 Déc - 10:11

Comme on disait dans le peuple, chacun portait sa croix. Augustin aurait pu résumer tout ce laïus en ces termes. Il sentait bien que le jeune homme s'intéressait à lui, mais comme beaucoup à son âge, il s'exprimait énormément en affirmations, ce qui lui faisait le même effet que cette sagesse populaire tissée de proverbes qui pesait parfois si lourd sur ses épaules. Il l'écouta sagement, comme il avait écouté dans la taverne. Pas d'arrogance ici, juste une sorte de compassion qu'il avait du mal à interpréter. Sans doute le fait de cohabiter avec le père Thierry. L'un avait-il pris l'habitude de compenser l'autre ? Le sourd et l'aveugle cheminant de concert.

"...et moi, je suis le fils de ma mère. Et je ne serai jamais autre chose."

Par chance, il pouvait se déguiser, ce qui suffisait à lui valoir de belles relations, comme disait l'esclave ; du moins, des relations pas trop hostiles. Il espérait que les choses resteraient courtoises entre eux en tout cas. Ils allaient se croiser de temps en temps, puisqu'il était le porte parole du père Thierry et le véritable décideur du chantier, semblait-il. A moins que les choses changent...

C'était un peu ennuyeux, car Augustin en savait maintenant trop sur leurs liens pour confier de petits messages classiques, comme : "Remerciez-le pour moi, c'est un bien beau chantier et je suis fier d'y travailler." Ce qu'il aurait dit dans d'autres circonstances, tout naturellement. Mais là, il aurait eu l'impression d'ajouter à la tension existante. En fait, tout ce qui lui venait à l'esprit risquait de faire des étincelles. Il se décida finalement pour une remarque qu'il espérait porteuse d'apaisement. Il sentait bien que c'était le genre de pont que le jeune homme tentait de bâtir dans sa direction, et il voulait lui rendre la politesse.

"Vous, vous êtes bien le fils de votre père sur un point : vous parlez bien, vous savez beaucoup de choses..."
Et vous croyez que vous savez tout.
"Et vous parlez volontiers aux inconnus."
S'il avait été rhétoricien, il aurait dit que ça faisait trois points. Mais il avait déjà du mal à exprimer ce qu'il voulait dire sans se hérisser de piquants, comme une petite bête craintive sur le bord de la route. Il se lança donc en espérant qu'il retomberait sur ses pieds :

"Je voudrais bien avoir un fils qui ait une présence aussi douce et lumineuse. Et si j'avais une fille, je voudrais bien qu'elle trouve un tel jeune homme pour l'accompagner dans sa vie."

Il avait l'âge d'être grand-père. Ce n'était pas une pensée en l'air, il avait déjà réfléchi à ce genre de sujets, aux familles qu'il aurait pu former si d'autres événements avaient eu lieu au cours de sa vie, s'il avait su se contraindre davantage. Et c'était agréable d'imaginer cela, se retrouver avec quelqu'un comme Alexandre pour le repas du dimanche. Ce n'était pas un sentiment facile à communiquer pour lui sans s'approcher dangereusement de la zone qu'il évitait au maximum, avec ses semblables, en particulier ceux de sexe masculin : celle où il avait l'air de faire une déclaration d'amour. Mais son manque d'habitude le desservait dans ce domaine, et il se montrait parfois trop démonstratif sans l'avoir voulu, ce qui ne faisait qu'accentuer sa timidité générale.
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Message par Alexandre Lun 28 Déc - 15:04

Alexandre se désolait de sentir que son interlocuteur semblait résolu à ne rien laisser passer. Il restait fermé telle un huitre, noyé dans des sentiments qui finiraient tôt ou tard par l'étouffer. Cela n'était pas une vie. En tous les cas, pas une vie agréable, si on regardait toujours les gens avec la crainte que quelque chose ne se produise. Il choisit de ne plus insister. Cela ne servait à rien de raisonner quelqu'un qui ne voulait comprendre.

Il eut un bref sourire au compliment que lui adressait l'architecte.


"Je vous remercie, mais si je sais m'exprimer en revanche, je n'ai pas la prétention de savior tant de choses que cela. au contraire, plus je vais dans le monde, plus je sens ne rie, en savoir. Mais j'essaie de comprendre. C'est là le plus important, comprendre les gens et les faits plutôt que de se contenter de savoir et de juger"

Sa phrase suivante le fit éclater de rire. D'un rire franc, joyeux, sans la moindre moquerie.

"Je suis même mortellement bavard, j'en ai conscience, mais savoir se lier à autrui est pour moi une merveilleuse qualité. La parole nous a été donné, à mon sens, pour communiquer et c'est regrettable de voir tant de gens s'en défier."

Le dernier compliment le surprit et le laissa quelques instants silencieux, véritablement ému. C'était al toute première fois qu'on lui disait que cela. Que l'on estimait digne, lui un infirme, de mériter la main d'une jeune fille. L'émotion était palpable et se reflétait sur son visage.

"Je vous remercie, sieur Carpentier, pour ces mots. Mais il faudrait aussi que cette fille veuille de moi."

Alexandre songea à la famille qu'il pourrait un jour former avec une femme qui voudrait de lui. Il se voyait, bien sûr, toujours avec Alduis. Ils se verraient discrètement, profiteraient l'un de l'autre... Mais ils auraient également chacun une épouse, avec des enfants. Officiellement, ils seraient des amies, leurs compagnes se connaitraient et leurs enfants joueraient ensemble, comme des cousins en somme. Ce tableau qui se peignait dans son esprit le séduisait. Ce sera cependant difficile à réaliser. Il lui faudrait trouver une personne accommodante, qui accepterait son infirmité et son homosexualité. Le fait que son amant soit un noble, important fils d'un ministre conséquent serai assurément une bonne arme. Et puis, elle aurait une excellente vie et il serait pour elle, à défaut de l'aimer, un bon mari, à l'écoute, compatissant et soucieux de son bien-être.
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Message par Augustin Carpentier Lun 28 Déc - 15:34

"Elle serait bien bête ou bien méchante de refuser. Et si elle est bête ou méchante, c'est que vous seriez malheureux avec elle, pas vrai ? Alors ça ne vaut pas la peine de soupirer pour elle !"

L'exclamation, quoique ténue, avait surpris l'architecte lui-même après qu'il l'ait émise ; il ferma la bouche et éloigna de sa pensée tout ce qu'il aurait pu s'exclamer ensuite, qu'il était rare de rencontrer un gentil garçon comme Alexandre qui soit en même temps beau minois et bel esprit, que tous ses liens avec l'Eglise en faisaient un être particulièrement approprié à dispenser une très sainte éducation, bref, qu'il était charmant, et ce au delà de la moyenne des jeunes gens à marier. Tout ça ne se disait pas, surtout à quelqu'un qu'on venait de rencontrer. Il se décida plutôt pour une remarque plus comique.

"En somme, vous faites le tri à l'avance. Il ne vous reste plus que les femmes parfaites. C'est pas une mauvaise méthode ! C'est mieux que de réaliser après le mariage. Ceux qui se marient trop vite, c'est ça qui les guette, une jambe cassée et hop, madame gambade après le voisin."

Ce n'était qu'un exemple qu'il citait au passage, il n'avait aucune idée que l'infirmité du jeune homme soit définitive, même si son intérêt pour la cause des cul-de-jatte constituait un indice assez solide. Il pensait surtout que la demoiselle le dédaignerait pour son M à l'épaule. Et ce serait compréhensible. Qui sait ce qu'il adviendrait d'un garçon porteur de cette marque ? Pour une jouvencelle, la perspective avait de quoi freiner les printanières ardeurs, sans aucun doute.

Lui, à son âge, il avait vu mourir assez pour considérer la question comme une guigne ; le plus noble et le plus brillant des soupirants pouvait fort bien être emporté au bout du mois par une mauvaise grippe, une chute dans l'escalier ou un accident de tir. Personne ne valait rien, telle était la triste leçon ; personne ne valait rien en soi. Personne n'était bâti d'or et ne pouvait être évalué à la pesée. On valait pour ce qu'on était valorisé, et chaque observateur attribuait une valeur sensiblement différente. Aussi, tout un chacun était bon à marier (et mauvais à marier tout à la fois ; tout dépendait de la perspective.)

Même lui, il avait été bon à marier, quelques jours dans sa vie. Il s'en rappelait fort bien et l'occultait au fond de son esprit en même temps. C'étaient des arrangements, plutôt que des mariages, et pourtant sur le moment, il s'était prêté à la cérémonie et aux serments réclamés ; il avait formé la conviction qu'il était l'homme pour le rôle, lui qui se considérait si mal. C'est donc que toute autre créature sur terre pouvait avoir sa chance. Revenant s'asseoir, il ressortit son plan et se mit à gribouiller bruyamment sur la surface rugueuse. Une idée lui venait, mais elle restait encore insaisissable. Il avait besoin de petits croquis pour la former concrètement.

"Vous savez, monsieur, j'en ai fait, de mauvais mariages en mon temps. Noces faciles, noces futiles. Tiens ! Il me vient une idée. Votre rampe, là. Je peux graver des encoche dans le pavé. Les béquilles comme les vôtres y prendront leur appui, comme sur les navires, vous avez déjà vu ? Aussi, les cannes des aveugles, pour leur indiquer la direction. Et ça ne gênera pas les roulettes des autres. Tout le monde est content."

Le croquis se développait. Reprenant sa diction feutrée des moments de conversation intérieure, il marmonna dans sa barbe :

"Faudra juste que je prenne garde à creuser ça patiemment. Le coup de trop et ça vous fragilise la pierre. Un peu de gel et on a une belle fissure. Mais ça s'évite, ça s'évite."

Il s'était refermé sur lui-même. Telles étaient ses manières : osciller entre la conversation et la fuite, entre l'amabilité et le mutisme. Comme un coeur alterne la contraction et l'expansion pour pomper le sang à travers le corps, sans en oublier une seule fibre. Etait-il à plaindre, était-il à corriger ? On arrivait bien quarante ans trop tard, le cas échéant, car il n'avait jamais parlé autrement.
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Message par Alexandre Mar 29 Déc - 11:53

Alexandre eut un sourire triste à l'affirmation que venait de formuler l'architecte.
Oui, il était un homme bon, généreux, et s'il devait un jour se marier, il serait assurément pour la femme qui aurait accepté de l'épouser un excellent mari. Mais les choses n'ataient pas aussi simples en ce monde que la simple gentillesse dans ce monde. Il existait une autre chose, ce que nommait les intérêts et les avantages. Or, pour une femme intelligente, envisager de s'unir avec un infirme homosexuel, cela demanderait une grande ouverture d'esprit, une faculté pour " que la gentillesse seule ne suffisait pas.


"Je crois effectivement que tout mariage doit se conclure après que les époux aient une bonne connaissance l'un de l'autre. Et que la femme se sente suffisamment libre de son choix. Oui, le mariage devrait être l'apothéose d'une relation, et non son ouverture."

Alexandre ne put s'empêcher de songer à son infortunée mère, fille d'une longue lignée de commerçants prospères et importantes, presque forcée à convoler en justes noces avec un homme qu'elle connaissait à peine, uniquement par quelques rencontres dans le salon de ses parents, influencée dans ses choix par un père et un frère aîné qui voyait en cette alliance un signe favorable pour leurs leurs affaires. Naïve, influençable, elle avait ensuit vu sa vie basculer aux prises d'un mari colérique et souvent violent. Comment aurai-t-il pu être autrement qu'ele ne se décide pas à fuir le domicile conjugal pour vivre cette liaison interdite avec le tout jeune prêtre de la paroisse de Saint-Eustache. Malgré sa conclusion triste, Alexandre se sentait désormais fier de cette histoire. De son histoire. Il était né de deux êtres qui s'aimaient sincèrement, et non d'une union arrangée, où aucun des deux partis ne s'appréiaient, faisant les choses par devoir.

Il était un enfant de l'amour.
Comme le devraient être, en définitive, tous les enfants.

Alexandre demeura quelques instants dans ces pensées qui le remuaient, ignorant malgré lui l'architecte, sans que ce ne soit naturellement sa volonté, et tourna la tête en entendant à nouveau sa voix. Il sourit de le voir réfléchir sérieusement à cette fameuse rampe.


"Je vous remercie de votre implication, sieur Carpentier, et je vous accorde ma confiance. Je suis assuré que vous saurez réaliser ce que j'attends de vous et qui satisfaisait le plus grand nombre."




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Message par Augustin Carpentier Mar 29 Déc - 15:59

Augustin cessa de prendre ses notes, et releva les yeux. Il y avait réellement une présence angélique en ce moment, dans cette cellule. Il ne percevait pas les pensées du jeune homme en face de lui, mais il sentait bien qu'elles étaient animées d'une certaine clarté. Une pensée lui vint soudain, et il la formula sans l'avoir apprêtée :

"Vous prierez pour nos âmes ? La mienne, et celle des gars du chantier. S'il vous plaît ?"

C'était un air un peu coupable qu'il avait là, il s'en rendit compte après coup. Rangeant ses affaires, il explicita en improvisant quelque chose d'acceptable :

"On sait jamais, ça ne peut pas faire de mal. Et puis, au cas où quelqu'un du groupe en ait vraiment besoin. Je suppose que, si c'est vous qui priez, le Seigneur écoutera."

Oui, ça pouvait passer pour une plaisanterie. Il haussa les épaules et leva l'étui de cuir en guise de salutation. Il fallait qu'il regagne le chantier. Avec un autre, il aurait proposé de faire un bout de chemin et regarder l'avancée des travaux, pour en faire un rapport ; mais il ne se voyait pas entraîner ce jeune homme à l'équilibre tangent sur un tour de piste dans la boue et le gel, au milieu des engins de construction.

D'un autre côté, il ne pourrait pas toujours attendre que le père Thierry vienne contrôler son oeuvre. Il devait se débrouiller seul, sans doute, mais ça l'aurait aidé d'avoir quelques critiques ou réclamations de temps en temps. Ça lui rappelait quand il était simple apprenti et que la vie était tranquille, chaque chose et chaque personne à sa place. Mais ici, ça n'était guère le cas, foutue ville. Enfin. Il survivrait.

"Je vais vous laisser tranquille, vous pourrez raconter au père ce qu'on s'est dits, et je repasserai de temps en temps, au cas où il aurait aussi des messages. Mais avec l'hiver, les journées sont courtes, on n'avance pas tant. L'information devrait pouvoir circuler à temps pour m'empêcher de faire des bêtises."

Il trouverait un moyen pour lui faire visiter quand il aurait bâti la rampe, et quelque chose lui disait qu'il n'avait pas intérêt à faire passer cette étape en dernier. Il se rapprocha pour serrer la main du jeune homme, espérant encore une fois respecter cette complexe étiquette humaine à laquelle il ne comprenait plus rien, surtout en sa compagnie.
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Message par Alexandre Jeu 31 Déc - 11:32

L'architecte travaillait sur le plan, à rectifier sans doute des calculs ou à noter comment organiser ses plans, lorsque celui-ci se redressa pour le fixer. D'une manière insistance. Sans méchanceté. Il y lisait de al surprise. Il sourit de l'entendre demander de prier et répondit avec cette même douceur qui le caractérisait :

"Bien sûr. Je prierais pour vous, pour que le chantier avance correctement et et qu'aucun accident malheureux ne se produise."

L'homme se décida finalement à se retirer pour s'en retourner sans nul doute aux tâches qui l'attendaient sur le chantier. Alexandre opina légèrement de la tête, puis tendit la main pour serrer celle de son interlocuteur.

"Je vous remercie pour votre travail et j'espère, pour l'avenir, une heureuse collaboration entre nous. Si vous avez besoin de discuter d'un quelconque problème, je viens ici tous les jours et si c'est urgent, faites-moi mander chez mon maître le cardinal Cassin."
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