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[6 et 8 janvier 1598] Charité bien ordonnée... [ft. Dyonis, Coldris, Alexandre - RP sensible][Terminé]

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Message par Dyonis Howksley de Frenn Ven 19 Mar - 19:54

Dyonis ne saura jamais ce qui peut se bousculer sous le crâne du muet et que, moins encore que la première fois où ils l'avaient rencontré, il n'est en mesure d'exprimer en détail. L'expression d'Édouard, d'abord fataliste puis tranquille - résignée - lui donne cependant à réfléchir. Sans doute le mourant pense-t-il à sa vie perdue, aux conséquences des guerres, au fonctionnement de cet Empire loin d'être satisfaisant - ce dont le Premier Conseiller a conscience. Il se renouvelle sa promesse de garder en mémoire les leçons de cette visite ainsi que de cette rencontre qui le marquera au fer. Le moins que l'on puisse dire est qu'au final, cet épisode à l'Hôpital Général est loin d'être terminée et intéressera Dyonis au-delà des seules fraudes fiscales pour lesquelles il était venu. Apparemment, le vicomte, qui avait discuté avec leur guide pendant que le seigneur de Frenn s'était occupé de régler ses comptes - littéralement - au directeur, comprend de quoi il en retourne.

Un fois remis de ses larmes brièvement versées, le Premier Conseiller observe les clignements de paupière d'Édouard et reçoit, via son secrétaire, ce qu'il respectera à la lettre comme ses dernières volontés. Alors que Dyonis est bouleversé, c'est Coldris qui - très digne et stoïque encore une fois, ce dont il lui est alors très reconnaissant - commence à répondre au vétéran. Bien entendu, le baron approuve les dires du Ministre au sujet de Théa. A eux deux, ils n'auront aucune difficulté à trouver un foyer ou un domaine où elle gagnerait sa vie et serait bien traitée. Coldris aurait-il une piste à Fromart ? Autrement, le Premier Conseiller songe à l'une de ces familles d'accueil où la douce femme-enfant trouverait bienveillance et camarades. Dyonis connaissait personnellement certaines femmes à leur tête et leur portait une grande confiance. Dans un cas ou l'autre, il se jura qu'ils trouveraient avec son homologue où protéger Théa et la rendre un peu plus heureuse... quand bien même il redoute le moment où elle - ou Kirm - réclameraient Édouard qui leur reviendra en tête à le vue des deux prestigieux visiteurs qu'il avait guidés. Ils s'inquiétaient même sûrement déjà de sa disparition, d'autant que rien n'a été dit - forcément.
Les paroles suivantes du vétéran s'inquiètent de l'Hôpital Général et du sort des pauvres. Dyonis ne peut qu'y être encore une fois sensible, lui qui s'est révolté deux jours auparavant de leur exploitation. Le vicomte donne de premiers éléments de réponse. Notamment quant au projet d'hôtel pour vétérans à la mention duquel le seigneur esquisse un sourire. Plus sévère, il approuve les paroles du ministre quant à l'église qu'il va sérieusement falloir reprendre en main également. Après une seconde de silence, il complète :

"Soyez certain que l'Hôpital Général tel que vous l'avez connu va disparaître. L'institution va demeurer. Mais des malade, ce sont des malades et pas des esclaves. Il est hors de question que perdure l'exploitation que nous avons découverte - en partie grâce à vous, pour cela aussi recevez mes plus sincères remerciements au nom de l'Empire. J'entends que l'Hôpital Général revienne davantage à ce qu'étaient les Hôtels Dieu : du repos, pas de labeur, et une possibilité de partir aussitôt que l'on est guéri et que l'on se sent prêt, c'est à dire avec une proposition de logement et d'emploi à la sortie. Enfin nous avons vu ici des gens dont les conditions n'ont rien à voir les unes avec les autres. Tout sera restructuré en tenant compte des cas, comme l'a souligné le vicomte." (Un temps) "Pour ce qui est de la pauvreté, moi non plus je ne peux pas vous assurer quoi que ce soit en l'état. Nous avons conscience de son existence, de la quantité de gens concernés et des situations révoltantes qu'elle engendre. Je promets de toujours faire au mieux pour en traiter les causes. Et pour que la pauvreté ne soit pas le prétexte à des lieux comme celui-là, d'enrichissements frauduleux et hypocrites se donnant des airs de charité. Les organismes d'assistance doivent faire leur travail."

C'est une complexe question qu'Édouard leur a posée là derrière des mots si directs. Peut-être une des plus vastes questions pour un suzerain digne de ce nom : faire au mieux pour pallier les accidents de parcours des sujets ; pour que la grandeur d'un Empire serve à tous. Quelques mots, une claque de rappel. Et tant qu'on en est à traiter de justice à rendre, Dyonis prend une inspiration, plisse les lèvres au souvenir des bourreaux de leur guide, puis lui demande :

"C'est à mon tour de vous solliciter, Édouard, si vous le voulez bien." (Le défiguré hoche la tête.) "Nous n'avons pas l'intention de laisser ce qui vous a été fait sans conséquence. Encore moins de laisser des individus capables de cela sévir à nouveau où que ce soit. Nous donneriez-vous..." Le baron contient ici sa rage qui remonte. "les noms des auteurs ?"

Il l'en remerciera. Le moment le plus pénible allait arriver. Avec l'aval d'Édouard, après avoir laissé à ce dernier les instants qui pourraient lui être encore nécessaires, Coldris allait au signal de l'ancien soldat prendre ses dispositions pour mettre fin à ses jours. Cette fois-ci, Dyonis se le jure, se l'impose : il ne va pas pleurer. Même s'il a toutes les raisons pour. Même si la vie qui a été volée à Édouard lui révolte l'esprit, lui presse le cœur et lui glace le sang. Il sera d'un stoïcisme digne de la situation - la meilleure façon de soutenir dans l'épreuve autant Édouard que Coldris qui allait officier. Le baron calme un tremblement qui lui arrive. Il se lève. Il carre les épaules et ses jambes se collent presque, puis il porte sa main métallique au cœur. Après un claquement de chaussures, son buste s'incline en révérence d'honneurs militaires. Celle que l'on réserve d'ordinaire à un général, à un prince, à un ambassadeur ou au héros d'une bataille.

"A Dieu, soldat Édouard."

Dyonis ne se redressera pas tout de suite complètement. Tête penchée le temps du geste. Par en-dessous, un regard de soutien au vicomte et qui ne se dérobera pas. Ses bras reviennent le long de son corps, sa main métallique et son crochet se croisent devant lui. Une peine immense lui noue les tripes : il semble alors à Dyonis qu'il attend le coup avec Édouard. L'y accompagne.
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Message par Le Cent-Visages Ven 19 Mar - 19:55

[6 et 8 janvier 1598] Charité bien ordonnée... [ft. Dyonis, Coldris, Alexandre - RP sensible][Terminé] - Page 3 Edouar10

Édouard, 35 ans, interné

Vraiment ? Théa aurait une place en sécurité hors d'ici ? Oh, son cœur en fut heureux et il partirait après quelques secondes de joie sincère dans ses yeux. Il ronronna ensuite doucement, en approbation aux autres paroles du Ministre et du Premier Conseiller. Mettre fin à l'asservissement déguisé des "parasites", soigner vraiment les malades et les vétérans, oui, c'étaient de beaux projets. Et Édouard sentait que tous deux étaient sincères. Parce qu'il n'était pas dupe, il en avait entendus des supérieurs menteurs. Mais pas ici. Il ne serait plus là pour voir leur œuvre - sauf si c'était vrai, la vision et l'intercession depuis l'Au-Delà ? Mais dans le doute, le vétéran ne pouvait qu'espérer. Alors il espéra et écrira de ses paupières un dernier "Merci" pour l'ensemble de ce qui venait de lui être dit.
Il s'étonna d'entendre le seigneur de Frenn lui poser à son tour une question. Les noms. L'homme de loi allait rendre justice. Édouard préféra ne pas savoir comment. Cela ne le regardait pas et une fois répondu à Dyonis il voudrait juste ne plus penser à ses bourreaux. Grave, il acquiesça d'un signe de tête assuré comme avant une mission. Ses paupières cillèrent et Édouard était conscient que chaque battement était un pas de plus pour condamner les quatre auteurs. Dans son état, ça ne lui faisait même plus plaisir, contrairement à ces rêves de revanche musclée qui l'avaient traversés plus d'une fois en dix-sept ans ; mais c'était nécessaire - et juste - et il voulait en finir. D'abord l'évidence :

B.E.R.L.I.N.G.T.H.A.M.

Et puis les trois autres noms de famille :

G.E.O.R.N.
V.R.O.N.S.S.A.C.
F.E.R.R.A.G.

Ah et pour expliquer - en partie - ce qu'il avait vu à l'origine du mal. Pas excuser, oh certainement pas, mais ça ne mangeait pas de pain :

I.V.R.E.S.

C'était fait. Édouard se contint de gémir encore quelques instants de plus, malgré la sensation de lames dans tout son corps. Pour répondre en dignité à la dignité que les deux seigneurs avaient pour lui. Ses yeux retombèrent sur la dague. Une poignée de secondes encore, le temps de recommander son âme. Il y avait des jours où il voulait croire en Dieu et où il aimait bien l'idée, d'autres jours où il n'y croyait pas du tout. Mais Dieu ou pas, il appréciait certains passages des Écritures juste en tant que beaux récits et l'un d'eux lui revint : le moment entre Jésus et son voisin de supplice. Tous les deux sur leurs croix, et le camarade s'entendant assurer : "Dès ce soir, tu seras avec moi au Paradis."

Maintenant, il se sentait prêt. Ses prunelles rencontrèrent celles du Ministre et il hocha la tête.
Le signal.

Avant de fermer définitivement les yeux, il recevra dans le vert de ses iris les ultimes lueurs d'émoi qu'y engendrèrent les révérences d'honneurs et les mots d'adieu. On pourra apercevoir alors un petit peu de rouge à ses pommettes, au milieu des bleus de la bataille. Dernier salut par un digne hochement de tête. Puis ses paupières s'abaissèrent. Il attendit le coup. S'il était bref, précis et bien porté, Édouard ne le sentirait presque même pas au milieu de toutes les autres morsures dont il était perclus.

Merci.
Adieu, Seigneurs.
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Message par Coldris de Fromart Ven 19 Mar - 23:01



Coldris entama les réponses aux questions sans attendre. Il avait bien vu que le baron n’était pas en mesure de le faire dans l’immédiat, quand bien même ces dernières étaient plus de son ressort que du sien. Lorsqu’il fut remis de ses émotions, il put développer ses propos qu’il avait lui-même tâché de garder synthétiques. De son côté, il appuya plusieurs fois d’un signe de la tête ses propos. Dans un long battement de paupière appuyé tous deux furent remerciés pour leur collaboration. Le vicomte s’inclina légèrement puis ce fut autour de Dyonis de poser son unique question : le nom de ses bourreaux. Berlinghtam. Édouard n’avait pas besoin de l’écrire pour qu’ils le sachent. Mais il n’était pas seul, trois pourritures de mange-merde l’avaient accompagné. Coldris serra les mâchoires. La paillasse moisie qui servait donc de directeur aurait de quoi lui tenir compagnie pendant la longue agonie qui l’attendait. Au motif qu’invoqua le mourant, il ne put s’empêcher de secouer la tête de dépit. Il n’imaginait soudainement que trop bien la scène, sachant parfaitement de quoi pouvaient être capable des hommes ivres. Lui-même en avait déjà fait les frais dans ce qui était une autre vie.

Les prunelles vert brillant comme de petites émeraudes se posèrent sur la dague. Il était temps. Malgré lui, ses boyaux se comprimèrent comme une vulgaire éponge. Ses doigts s’enroulèrent autour des soies familières de la poignée. Viser le cœur. D’un coup sec. Il savait parfaitement le faire. Il l’avait déjà fait plusieurs fois : à l’arc, à la rapière et même à la dague. Qu’était-ce qu’un de plus sur une liste déjà bien trop longue ? Il ferma brièvement ses paupières et inspira pour se concentrer. Il n’avait pas le droit à l’erreur, aujourd’hui moins que toutes les autres fois. Il hocha la tête une nouvelle fois en réponse à celle mutilée du mourant. Une nouvelle inspiration, et il posa sa main gauche solennellement sur son épaule, ancrant son regard dans le sien, une ultime fois.

— Soldat Édouard. Vous avez servi avec honneur et bravoure tout au long de votre vie. L’Empire restera à jamais votre débiteur. Puisse-t-il honorer la mémoire de votre sacrifice pour l'éternité à venir.

Dans le vert de ses iris, il vit scintiller toute l’émotion contenue par ces adieux. Coldris eut un tressaillement. Il perçut vaguement Dyonis se relever et effectuer une profonde révérence. Ses entrailles se nouèrent dans un glacial sac de nœuds qui se répandait dans toute sa cage thoracique. Sa respiration se suspendit. Il ne pouvait pas le quitter des yeux. On ne détournait pas le regard de la mort. Il repoussa légèrement son manteau de manière à pouvoir frapper avec le plus de précision possible puis repositionna sa main sur son épaule.

— A Dieu.

Ses paupières, rideaux de chair, s’abaissèrent sur les deux joyaux étincelants de toute la vie du muet. Coldris songea brièvement à ses dialogues silencieux échangés avec lui, tantôt moqueur, tantôt grave, toujours expressif. C’était fini.
Puis il leva la dague dans un éclat scintillant. Ce même funeste éclat d’acier qu’il y avait quarante-trois ans.

Impuissant, il contemplait la mort…

— Ad Imperii gloriam!

Il abattit la dague d’un geste sûre.

Elle était là. Un nouveau sourire en travers de la gorge, d’une oreille à une autre.

Autour de la plaie le sang afflua lentement d’abord.

Un rideau de pourpre s'en écoulait.

Ses yeux s’embuèrent.
Ses doigts se tétanisèrent.
Sous sa main, il sentait la vie le quitter.
Sa poitrine se souleva une ultime fois.

Une larme roula le long de sa joue et s’écrasa sur le visage endormi d’Édouard. Elle glissa dans un sillon de sang séché le long de cette mâchoire déformée jusqu’à s’y perdre.
Une autre suivie, si limpide par rapport à toutes les couleurs qu’elle traversait en cheminant sur son visage ravagé mais désormais apaisé.

Coldris retira l’arme d’un geste sec dans un gargouillis. Il eut à peine le temps de remarquer qu’il l’avait planté en plein dans un M.
M comme Monbrina.
Déjà la sève carmin du soldat inondait abondamment chacun des sillons présents, noyant l’ignoble message.

Il avait ruiné sa vie, il avait achevé de la détruire.

Il ne sentait plus son propre cœur, pétrifié dans la douleur. La main tremblante il déposa la dague rougie sur la pierre glaciale avant d’éponger ses yeux encore humides et de happer l’air qui ne parvenait plus à se frayer un chemin depuis quelques secondes déjà. Il respira lentement quelques fois supplémentaires avant de remettre en place son manteau sur le torse du soldat. Puis il prit son mouchoir, essuya consciencieusement sa lame avant de la ranger et de se relever, le visage fermé.


Devoir accompli.




Et toi alors, qu'as-tu donc fait,
Monbrina, pour tes vieux blessés?

Pour ce flot de sang déversé,
Et tes enfants sacrifiés?

Pour ces familles déchirées,
Et ces nombreuses vies volées ?

Pour cette jeunesse fauchée,
Et ces vains espoirs dérobés?

Pour ces doux rêves piétinés,
Qui t'ont fait naître et exister?

Et toi, qu'as-tu donc vraiment fait,
Du fond de ton palais doré ?

Tes héros sont-ils honorés,
Et tes vaillants soldats loués ?

Ou ne sont-ils que noms abstraits
Sur ces papiers ratifiés ?



A Monbrina et son ministre – Coldris


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Message par Dyonis Howksley de Frenn Sam 20 Mar - 11:21

Édouard est honoré par les formules solennelles que lui adresse Coldris. Dyonis les partage de toute son âme tandis qu'il reste debout à côté, en révérence, regard plongeant vers le duo que forment au sol le vétéran et le ministre. Ses froids yeux bleus s'arrêtent eux aussi une dernière fois dans les iris du soldat, où semblent enfermées toute la vie et toute l'humanité qu'il aura beaucoup données mais dont il n'aura pas bénéficié. Le moment est là, le mourant ferme ses paupières. C'est à présent le mouvement des doigts de son collègue autour de la dague que suit Dyonis.
Il bloque sa respiration. Cloue ses pupilles au point fatidique et ne détourne pas son attention. Dans le secret de son cœur, le Premier Conseiller adresse une prière funéraire pour l'ultime voyage du soldat. Coldris frappe. Sûr et précis. On sent dans son geste les années d'entraînement et on devine les vies qu'il a dû avoir à prendre. Mais aujourd'hui ce coup perce tout autant celui qui est en train de le porter : en se redressant, le baron aperçoit deux larmes couler le long des joues du vicomte, puis sur celles d'Édouard qui vient de pousser son dernier souffle - le souffle du relâchement, comme si toute la souffrance roulait d'un coup loin de ses épaules en même temps que la maigre vague d'air roulant sous sa poitrine mutilée. Pose ton rocher - ou ta croix - et sois en paix. Dyonis se signe. Ses yeux encore rougis restent un instant effarés à contempler tout ce sang qui se déploie autour de la lame, ouvre ses pétales de fleur funeste sur le torse d'Édouard. Les lettres infamantes en disparaissent au milieu des serpents de pourpre, toutefois le Premier Conseiller aura bien vu ce M comme un toit affaissé sous lequel a percé l'arme. Il ne peut s'empêcher de penser au M marquant l'épaule des esclaves. Au M de l'Empire. Cet empire dont à ce moment précis le seigneur de Frenn doute sérieusement. Qu'est-ce qu'un empire qui traite ainsi ses héros - ou simplement ses misérables ?
Un frémissement galope le long des bras de Dyonis qui comprime la mâchoire. Nous n'oublierons pas la leçon de ce jour. Ses prunelles reviennent vers la dague quand celle-ci claque au sol, ensanglantée, entre les doigts tremblants du ministre. Le vicomte de Fromart d'ordinaire si détaché, si stoïque, est aujourd'hui aussi vulnérable que lui devant cette situation inqualifiable et - peut-être - de nouveau en contact avec des fantômes dont le baron ignore tout : ceux-là même qui avaient déjà assailli Coldris lors de la découverte de la fosse aux supplices. Son devoir a été néanmoins très dignement accompli. Le baron cille : plus aucune larme autorisée. Il essuie d'un geste sec la goutte qui commençait à menacer à son nez. Il est temps désormais de redevenir les impassibles hommes politiques qui, très bientôt, vont devoir reparaître droits et sûrs aux yeux d'autrui. Alors que Coldris remonte sur le défunt son manteau devenu suaire, puis essuie son poignard, Dyonis approche et pose doucement sa main métallique à l'épaule de son homologue. Sans un mot. Un simple geste d'un instant, geste de soutien pour ce qui vient d'être fait et d'union de leurs forces pour ce qu'il reste encore à faire. Les yeux très bleus du baron diront la même chose que son geste.

Et puis il reculera. Secouera brièvement la tête, comme pour s'ébrouer après un cauchemar et reprendre contact avec le présent. Maintenant, il faut prendre les mesures suivantes. Dyonis cependant ne retrouve pas immédiatement prises sur sa voix. Elle est bloquée dans sa gorge. Ses jambes sone très lourdes, son ventre douloureux à force d'avoir été pressé. Enfin, il arrive à aligner d'une voix d'outre-tombe, à l'attention des serviteurs revenus d'un pas timide :
"Faites quérir une civière." (Un temps. S'adressant à l'un de ses hommes) "Vous. Vous allez sortir d'ici, emprunter ma voiture et vous rendre à la morgue de la ville. Vous réclamerez en mon nom que vienne ici au plus vite un véhicule adéquat. Et qu'une place soit préparée pour l'arrivée d'Édouard." Il est aussitôt obéi : mouvements de corps sur le départ. Tout en parlant, Dyonis aura adressé un regard entendu au ministre. Il va falloir réfléchir très rapidement à des funérailles décentes. Toutefois, ils ne vont pas avoir le temps d'y penser davantage sur le moment...
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Message par Le Cent-Visages Sam 20 Mar - 11:22

[6 et 8 janvier 1598] Charité bien ordonnée... [ft. Dyonis, Coldris, Alexandre - RP sensible][Terminé] - Page 3 Direct11

M. Berlingtham, nouveau directeur de l'Hôpital Général

La matinée fut bonne. Berlingtham s'en revenait plutôt satisfait et rassuré à l'Hôpital Général : il sentait bien qu'une mutation déplaisante lui pendait au nez, que le ministre et le Premier Conseiller n'allaient pas le lâcher... aussi venait-il de prendre ses dispositions. Le directeur n'allait même pas attendre ladite mutation : il revenait de la banque où il avait fait le nécessaire pour déplacer l'argent utile à un départ imminent. Tant pis pour son poste tout frais à l'Hôpital Général. Il disposait de ce qu'il fallait pour une retraite anticipée, qu'il allait passer confortablement installé au soleil d'une des colonies. Les plages du sud d'Iswyliz par exemple. Une petite résidence sans chichis. Berlingtham disposait des capitaux suffisants - entre ses héritages de famille et la rondelette caisse du travail des internés - pour terminer ses jours tranquillement, même si ce devait être au milieu d'Iswylans mal dégrossis à la peau beurre. Il trouverait bien là-bas des familles de colons avec lesquelles s'entendre à merveille.
Le revoilà, donc, à l'entrée de l'Hôpital Général. Plus que quelques jours à y faire - le temps des ultimes préparatifs et de nommer un successeur. Il fut surpris d'y voir un petit groupe de gardes. Il ne les connaissait pas. Qui servaient-ils ? Et puis, en approchant et en les saluant pour la forme, Berlingtham nota leurs armoiries. Fromart et Frenn. Oh.
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Message par Coldris de Fromart Sam 20 Mar - 22:49





Avertissement: sauvagerie verbale et physique:



Valmar, 40 ans


Valmar se tenait droit, stoïque, main sur le pommeau de son arme, jambes légèrement écartées, pieds fermement ancrés dans le sol.
Attendre. Il avait l’habitude d’attendre. Il pouvait attendre des heures en compagnie du Ministre à surveiller les moindres faits et gestes de chacun. Le plus dur était de rester concentrer si longtemps, car la moindre faute d’inattention pouvait signer l’arrêt de mort de son protégé et le Diable savait ô combien l’esprit pouvait vagabonder facilement ou s’assoupir momentanément.
Depuis qu’il était entré à son service, de son plein gré forcé, il n’avait à déplorer que deux tentatives d’assassinat ayant coûté des blessures superficielles au vicomte et en avait anticipé cinq autres.

Alors attendre, quoi ? Deux heures, paisiblement sous le soleil blafard de l’hiver, ce n’était pas franchement désagréable. Certes ça ne valait pas celui chaleureux d’Iswyliz, mais c’était toujours mieux que cette foutue neige ou cette maudite pluie. À ses côtés quelques gardes piétinaient, sans doute gagnés par l’impatience.

Enfin, une voiture arriva dans la Cour d’où s’extirpa un homme aux rouleaux grisonnants dignes des plages océaniques de son pays natal.

— C’est lui. indiqua fébrilement un des hommes de l’institut.

Il hocha la tête sans un mot. De qui avait-il peur ? Du directeur ou de ce qu’il comptait en faire ? Qu’importe, il n’avait pas le temps d’élucider la question, sa cible venait à leur rencontre pour les saluer.

— Monsieur Berlingtham ? Veuillez me suivre. Monsieur le ministre et Son Excellence requièrent votre présence. déclara-t-il de son accent chantant tout en lui empoignant fermement le bras.

Soyons honnêtes, ce n'était là que pure formule de politesse. Il n’avait ni le choix ni l’opportunité de s’y soustraire. D’ailleurs, mieux valait que l’idée ne lui effleure pas l'esprit. Pour lui, du moins, car Valmar ne refusait jamais un peu d’exercice.

À l’intérieur, l’on demanda où se trouvaient les deux éminents personnages. Dieu ce que cet endroit était sordide ! Il y avait cette femme qui hurlait des jurons salés à tue-tête depuis une des salles et ces éclopés qui les regardaient passer comme un troupeau de vaches ruminant Dieu seul savait quelles pensées. Cet endroit lui donnait la chair de poule, et des horreurs, il en avait vu dans toute sa vie. Il pressentait qu’il n'effleurait que la croûte noirâtre de pourriture de cet institut. Entre deux cliquetis armures, il osa un regard noir à son prisonnier du moment qui n’en menait pas large. C’est sûr qu’il fallait avoir une cervelle de salamandre pour s’imaginer qu’il s’agissait d'une visite de courtoisie. Vu la tête des deux Grands à la disparition du fameux Édouard, ça ne présageait rien de bon. Et franchement, mieux valait éviter la fureur de Coldris de Fromart. Pour y avoir assisté à plusieurs reprises, il préférait encore les explosifs orages d’été et leurs crues destructrices…

D’ailleurs, en parlant de courroux, il ne s’était pas attendu à ce qui se passa soudainement…






Coldris

La dague tomba sur le sol dans un écho glaçant. Ce n’était pas la première fois qu’il tuait un homme de sang-froid. Ses mains tremblaient. Il avait beau les tenir à distance, de temps à autre, aussi fugace qu’un éclair, des images d’un autre temps funeste lui sautait à la gorge, sans qu’il ne puisse fermer les yeux. Aujourd’hui, c’était lui qui tenait l’arme. Des hommes, il en avait assassiné et même vaincu. C’était pourtant la première fois qu’il en achevait un ainsi.
Ce n’était pas juste un homme, c’était le fruit de ses actes. Chacune de ses idées et de ses documents signés. Il n’était pas Dieu et pourtant, il avait modelé la vie de cet homme. Il ne pouvait non plus ignorer les discussions qu’ils avaient eues ensemble. Il avait suffi de quelques heures pour marquer durablement sa vie. Il entendait toujours sa voix dans son esprit. Oui, sa voix. Il était peut-être muet, il n’en avait pas moins une voix, un mélange de jovialité, d’impertinence et de franc-parler, et elle venait de rejoindre les autres. Elle aussi viendrait le hanter de temps à autre. Il le savait : elle vivrait éternellement dans les limbes de ses pensées.

Coldris essuya sa dague méthodiquement dans un état de quasi-méditation lorsqu’il sentit un subtil poids sur son épaule. Il sursauta légèrement et leva la tête aussi tôt en revenant à la réalité. C’était Dyonis qui avait posé sa main sur son épaule. Son regard croisa le sien, plein de soutien et d’affliction à la fois. Les commissures du baron s’ourlèrent très légèrement en guise de triste remerciement. Il avait toujours du mal à croire que tout ceci venait réellement de se passer. C’était comme un rêve. Ou plutôt un cauchemar. Pourtant, lorsque son regard glissa vers le visage endormi du vétéran, il sut au sang qui s’écoulait désormais entre les jointures des pierres que tout ceci était bien tangible. D’un geste lent, il se releva, puis passa ses mains sur son visage, comme pour se réveiller enfin.

La voix du baron vibrait toujours de l’émotion contenue. Il donna cependant aux quelques serviteurs de retour les directives à appliquer. Toujours aussi efficace que d’ordinaire. Il inclina brièvement la tête, devinant que son homologue désirait des funérailles dignes du vétéran. Si son esprit n’avait pas été si cotonneux et alourdi par la masse granitique qui avait pris place dans son abdomen, il aurait sans doute déjà envisagé les différentes possibilités. Pour l’heure il se contentait de suivre en spectateur, tout en essayant de retrouver ses pleines capacités.

Le petit groupe venait à peine de s’éclipser qu’il discerna aussitôt le cliquetis caractéristique de la démarche des gardes. Berlingtham venait d’arriver. De roche lourde et froide, ses entrailles se transformèrent en magma bouillonnant. Il serra les mâchoires. Crispa ses poings. Valmar apparut poussant le scélérat barbare à avancer d’un pas trébuchant. Il ne lui laissa guère le temps de s’approcher bien plus avant de bondir littéralement comme un fauve, toutes griffes dehors, en saisissant puissamment sa gorge. Interdit, Valmar effectua un petit pas de côté et relâcha sa prise tandis que le ministre, prunelles électrisantes le plaqua violemment contre le mur le plus proche.

Tu n’es qu’un misérable petit rat

— Misérable rat! tonna la voix glaciale de Coldris avant de cogner violemment sa tête contre le mur

— Sac à merde !

Et la tête heurta à nouveau la cloison.

— Rebut d’entrailles ! hurla-t-il en la frappant de nouveau puissamment.

Une tache rougeâtre ornait désormais la chaux fraichement appliquée quelques jours plus tôt

— Baise-charogne !

Il resserra sa prise autour de son répugnant gosier. Suffoquant, ses mains s’agrippèrent par réflexe à ses poignets.

— Tu te pissais dessus à l’idée d’aller à Zakros ? siffla-t-il entre ses dents tandis que jaillissait de ses yeux polaires une pluie d’éclairs. Crois-moi ce qui t’attend fera passer Zakros pour le dernier lieu de villégiature à la mode. Il se rapprocha de son oreille pour y souffler l’étendu du programme des réjouissances. Tu adoreras la vue depuis les murailles de la ville. Je t’y ferai suspendre, toi et tes petits amis. Les corbeaux viendront te grignoter les globes oculaires pour commencer, puis ils t’arracheront des petits bouts de chairs en picorant tes lacérations tandis que tes épaules se disloqueront d’elle-même. un sourire carnassier s’étira sur son visage Quoi? Ce n’était pas ce que tu espérais ? Voilà pourtant ce qu’il en coute d’abuser de l’Empire...

D’un coup, il relâcha son étreinte et lui asséna un puissant coup de genou dans l’entrejambe

— Fumier de truie mal baisée ! grogna-t-il une ultime fois en le regardant s’effondrer à terre.

— Embarquez-le ! aboya-t-il sans même attendre la déclaration protocolaire du Premier Conseiller.

Sa respiration toujours haletante de rage, il tâcha d’inspirer pour se calmer sous le regard toujours abasourdi de Valmar dont les sourcils s’étaient légèrement surélevés. Non, vraiment, c’était bien pire que les orages d’été...


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Message par Dyonis Howksley de Frenn Mar 23 Mar - 15:12

Le ministre paraît surpris au bref contact de Dyonis mais d'un regard et d'un début de sourire il lui rend son soutien. Il viennent de traverser un cauchemar, et à présent il est temps de reprendre les choses en main. Tous deux ensemble. Car l'affaire est loin d'être terminée et les répercussions sur l'un et l'autre des deux Grands seront sans doute nombreuses.
Le seigneur retrouve donc son professionnalisme et donne ses directives. A peine celles-ci annoncées que voilà le scélérat, amené à eux par la poigne vigoureuse de Valmar. Fort de toute sa droiture retrouvée, les yeux secs et impitoyables, le Premier Conseiller venait de se préparer à annoncer la protocolaire formule d'arrestation. Déjà, il prépare mentalement les chefs d'inculpation - chacun d'eux le faisant frémir mais qu'il se devra d'énoncer sans trembler, sans penser à nouveau au martyr d'Édouard :

Meurtre
Crime en bande organisée
État d'ébriété sur le lieu de travail
Actes de torture et de barbarie
Abus de faiblesse
Fraudes fiscales


Il n'en aura cependant même pas le temps. Coldris devient un volcan crachant à juste titre toute sa lave. Il se change en bête furieuse, rugissant et prêt à dépecer ce charognard de Berlingtham. Et il a cent fois raison. Et Dyonis ne peut que comprendre et partager sa fureur. Aussi s'asseoit-il aujourd'hui sur le protocole exceptionnellement - et le laisse-t-il attraper le sale rat putride, lui éclater la tête à trois reprises contre ce mur qu'il avait si bien repeint trois jours plus tôt. Les insultes pleuvent comme autant de dagues. Le Premier Conseiller les savoure, tout en restant pour sa part droit dans son armure à contempler la scène à la manière d'une statut de Jugement ou d'un de ces autres gardes actuellement présents. Berlingtham frémit, gigote, essaie de supplier mais rien ne peut quitter ses lèvres désormais tremblantes et humides d'un filet de bave. Imperturbable, Dyonis le reste également à l'énoncé de la sentence. Les membres brisés. Les lacérations. Rien moins que ce qu'ils ont infligé à ce malheureux Édouard. Il hoche la tête, mains dans le dos, implacable. Enfin, Coldris ordonne que l'on embarque ce vil sac à fientes. L'individu sera tenu sous bonne garde en attendant qu'un véhicule de gendarmerie vienne les quérir, lui et ses complices.

"Que l'on envoie chercher à la prévôté de quoi transporter les quatre coupables. La cage." choisit le seigneur de Frenn, lui pourtant d'ordinaire plus sensible en matière de transports des prisonniers : même pour les roturiers, il préfère des convois en voiture fermée, afin d'éviter le remous populaire au fil des rues et les risques de débordements. Mais aujourd'hui, cette précaution lui semble trop douce pour les scélérats à embarquer. Pour la deuxième fois donc en quelques instants, il déroge à ses principes. Cette journée n'est toutefois pas comme les autres.

"Et que ces détenus soient mis au carcan."

oOo

Au cours de la demi-heure suivante, d'autres points auront requis toute l'attention méthodique de Dyonis. Kirm et Théa d'abord, dont ils auront vu les visages radieux à l'annonce de leur départ de l'Hôpital Général. Dieu merci, tout à leur bonheur ils n'auront pas sur le moment pensé à demander à dire au revoir à Édouard... La terrible nouvelle viendrait bien assez tôt. Un véhicule missionné par le ministre aura convoyé les deux anciens internés vers le domaine de Fromart où il serait au calme décidé de leur avenir.
Arrive le corbillard pour Édouard. Les agents de la morgue sont conduits jusqu'à Coldris et Dyonis, encore dans cet épouvantable couloir dont cependant le sang aura entre temps été nettoyé dans son plus gros. Bien évidemment, tout ce remue-ménage aura attiré beaucoup de gardiens et d'enfermés autour du périmètre de sécurité, toutefois les vigiles font le nécessaire jusqu'au bout afin de maintenir le lieu en paix. Dans un dernier élan de tristesse, le seigneur de Frenn regarde la débouille d'Édouard être soulevée, sur sa civière, par les commis. Emmenée ensuite d'un pas lent jusqu'à leur véhicule. Le baron choisit d'accompagner cette procession de fortune. Arrivé devant le corbillard, il demande à son serviteur de remettre aux employés de la morgue le beau costume et le masque qu'il avait été si heureux de faire confectionner pour le vétéran :

"Vous mettrez ces habits et ce masque au défunt au moment des derniers rites avant sa mise en terre. Nous vous ferons transmettre de plus amples informations dès que possible."

Quitter enfin ce lieu d'horreur. Tourner cette abominable page - physiquement du moins, car Dyonis allait rester hanté par ces trois derniers jours. De nouveau seul avec le seigneur de Fromart, il propose :

"Souhaitez-vous, mon cher, m'accompagner un petit moment à Frenn ?" S'il n'a bien sûr pas d'autres obligations dans l'immédiat. "Ma voiture vous est ouverte et elle vous raccompagnera." Puisque celle de Coldris venait d'emmener Kirm et Théa. "Je crois que nous avons beaucoup à nous dire."
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Message par Coldris de Fromart Mar 23 Mar - 16:09



Coldris était encore haletant de sa frénésie à l’encontre de puant sac d’étrons. Il aurait pu continuer encore jusqu’à lui éclater définitivement le crâne sur son mur faussement propre, mais c’eut été lui faire grâce du supplice qui l’attendrait prochainement, et il en était hors de question. Il allait souffrir. Il allait servir d’exemple à tous. Dieu serait peut-être miséricordieux, lui ne le serait pas.

Dyonis ordonna que l’on amène la cage pour trainer la lie de l’humanité vers son lieu d’incarcération et le vicomte ne put qu’approuver. Sauvages animaux barbares, ils ne méritaient guère mieux que la bétaillère pour les transporter à l’abattoir. Si d’ordinaire la simple évocation du carcan suffisait à le faire frissonner, il se réjouissait aujourd’hui d’un sourire mauvais de les savoir mis au carcan comme des chiens qu’ils étaient.

* * *

Valmar fut chargé de surveiller les détenus en attendant que la Prévoté ne soit prévenue. On avait aussi astiqué autant que possible le funeste couloir qui avait vu couler le sang d’Édouard. Sang dont il gardait quelques traces sombres sur le velours noir de son pourpoint. Lorsque Théa et Kirm arrivèrent, il se félicita de ne porter que des couleurs sombres qui masquaient la tâche pourpre de même qu’il fut soulagé de voir leur enthousiasme candide à l’idée de quitter ces murs. Si d’un côté il trouvait cela touchant et réjouissant, il ne pouvait s’empêcher d’y sentir l’arrière-goût âcre du sang et de la mort. Habitué à jouer la comédie, il fit de son mieux pour taire le traumatisme encore frais du corps mutilé d’Édouard. Il suffisait pourtant d’un simplement clignement de paupière pour qu’il ne revoie ses os brisés aux angles improbables, sa peau couverte de couleurs invraisemblables, ces ignobles lettres de sang et son regard vert pénétrant. Coldris ordonna à son garde de les faire mener à Fromart, le temps qu’il soit décidé de la place qu’il leur serait attribué. Notamment pour Théa dont la décision avait été prise spontanément.

Puis le corbillard arriva, Édouard fut soulevé et emporté hors des murs de l’hôpital général. Ce n’était pas vraiment l’idée de la sortie qu’il s’était imaginé, et pourtant, c’était pied par devant qu’il franchît la porte où brillait toujours cet insolent soleil d’hiver.

A la proposition de Dyonis, il acquiesça silencieusement. Il n’avait de toute façon pas vraiment le choix et certaines choses devaient être réglées, toutefois, il ne se donna pas la peine de répondre verbalement. Il avait bien trop parlé ces dernières heures et chacune de ses paroles flottait toujours autour de lui comme des spectres qui refusaient de s’envoler ou d’éclater comme de vulgaires bulles de savon.


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