[13 décembre 1597] Nos voeux les plus sincères ![Terminé]

La réponse de Cassandre rassura Hyriel et il se pencha pour écouta sa confidence. Celle-ci le fit sourire et il secoua la tête en lui tapotant l’épaule.

« Ce peut être une idée mais je pense qu’elle sait déjà… »

Et puis il était sûr qu’il se passait de joyeuses choses dans leur chambre, à leurs deux souverains. Guillaume craint un instant qu’elle ne remette une couche sur lui et Bélyl mais, heureusement, elle changeait de cible. Hyriel ne put se retenir de lever les yeux au ciel, voyant qu'elle ne l'écoutait pas, tout en compatissant avec les deux tomates, et il écouta avec intérêt le marché que passait Sylvère. Si cela pouvait la motiver à continuer à apprendre ses lettres, ce serait parfait pour elle, il en était réjoui d’avance ! Il suivit ensuite Irène pour aller s’installer, de même que Guillaume qui craignait à tout moment un retour sur les grenades. Tous deux s’illuminèrent en voyant le bon plat et Hyriel ne put se retenir de rire, malgré sa côte qui n’en avait pas envie, surtout à la remarque de Sylvère qui réveillait d’amusant souvenirs.

« Le mien aussi ! À la fortune de ce paisible couple Galthym ! »

Guillaume approuva quant à lui Sylvère, l’eau à la bouche.

« Moi aussi ! »

Il allait parler pour demander s’il pouvait aider à servir mais Hyriel lui donna un léger coup, du bout de son pied proche du sien. La prière, la prière…

À l’insolence de Cassandre, Kalisha fronça sévèrement les sourcils. C’était peut-être son anniversaire, mais ce n’était pas une raison pour outrepasser les limites de la bienséance. Ce fut ensuite vers son amant -et accessoirement grand-frère de cette chipie- qu’elle se tourna pour lui adresser un regard excédé.

Le poulet au thym était une excellente idée ! Bien meilleure que cette fausse tombe que Sylvère avait voulu faire. Enfin, dans d’autres circonstances cela aurait pu être drôle… Heureusement, tout ceci était derrière eux : le Premier Conseiller n’avait pas eu à enrager et elle avait même pu obtenir l’abandon des charges.

Kalisha attendait le bénédicité par pure habitude. Elle remercirait surtout Irène de s’être tant démenée alors que le bébé semblait la fatiguer. Cassandre recommença à embêter Guillaume. La reine de la forêt ne put s’empêcher de grincer des dents et de rouler des yeux avant de pousser un profond soupir.
Grâce alla ouvrir la porte à une jeune demoiselle si ravissante sans doute à peine plus jeune qu’elle. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il soit tombé sous son charme ! Elle lui retourna un sourire et la salua d’un timide « Bonjour. »

Avec tout ce monde et toutes ces familiarités, elle ne savait plus bien où se mettre. C’était si loin et si différent de tout ce qu’elle connaissait qu’elle préférait rester discrète.

Oooh, mais c’était que leur jeune fêtée était en forme ! Toutefois, elle dépassait largement les bornes et Hyriel fronça les sourcils, très sérieux, mais ne haussa pas la voix.

« Ce ne sont pas là des choses à dire, surtout pour ton anniversaire. C’est extrêmement malvenu de ta part et tu ferais mieux de retirer cela tout de suite ! »

Il soupira à sa pointe d’insolence et haussa un sourcil, préférant tout de même expliciter le raclement de gorge de leur hôtesse.

« Et toi, tu es bien plus effrontée que quand on s’est rencontrés. »

Il sourit au cadeau et approuva Irène et Sylvère. En effet, ça lui serait très utile. Ils passèrent donc à table et Hyriel hocha joyeusement la tête à l’explication d’Irène.

« En effet ! Si nous nous attendions à une telle renommée pour ce cher couple Galtym ! »

Il observa un instant Irène, son instinct de médecin reprenant le dessus et prêt à l’aider si elle avait besoin, tout en souriant au récit de Cassandre. Guillaume, lui, ouvrit grand les yeux.

« Mais pas du tout ! Nous avons partagé une grenade parce que cette demoiselle a le cœur généreux et qu’elle souhaitait me faire goûter mais à aucun moment, elle ne l’a portée à ma bouche. Nous avons simplement… partagé. »

Il hocha la tête pour appuyer son propos et celui d’Irène, avant de blanchir à la suite. Bélyl, ici ? Il se reprit toutefois et secoua la tête.

« Elle n’est pas ma fiancée mais mon amie, c’est tout. »

Même si l’idée ne lui déplairait pas… Il suivit la petite Grâce du regard et s’illumina en découvrant Bélyl s’avancer, un joli sourire sur le visage. Alors qu’Hyriel inclinait respectueusement la tête en la saluant, Guillaume demeurait muet et souriant, incapable de détacher son regard de Bélyl. Son maître entreprit donc de répondre pour deux, à la suite de Sylvère.

« Très bien, et vous-même ? »

Il remarqua alors l’air replié de Kalisha et se pencha vers elle pour parler bas, soucieux de la rassurer.

« Tout va bien, ma chère belle-femme – pardon, Majesté ? »

Kalisha ne se sentait pas très à l’aise, c’était le moins que l’on puisse dire. Et puis depuis le retour de Cassandre, il y avait comme une atmosphère étrange. C’était censé être festif et l'apparence y était, mais elle n’aurait su dire pourquoi, quelque chose lui faisait froid dans le dos. Rien à voir avec la température de la pièce où il faisait si bon pour un mois de décembre, non c’était autre chose. Cassandre aurait dû être plus heureuse que cela, là elle ne voyait pas de véritable joie dans le fond de ses iris mordorés.

La jeune Belyl fit son entrée, elle était ravissante, tout en douceur, elle comprenait que Guillaume soit tombé sous son charme, d’ailleurs elle lui adressa un petit sourire bienveillant avant de retourner s’égarer dans ses pensées.

Elle sursauta à la remarque d’Hyriel qui se tenait à ses côtés.

— Ce n’est rien. mentit-elle je n’ai simplement pas l’habitude de ses fêtes si… familiales.

Et c’était vrai. En partie. Pour le reste, elle se refusait de gâcher le repas avec ses stupides pressentiments qui n’avaient pas lieu d’être. Après tout, pourquoi cela n’irait pas ?

— Je vous remercie de votre sollicitude, mon cher médecin royal conclut-elle d’un sourire alors que Sylvère se mit à serrer sa main entre la sienne.

Tout allait bien. Il n’y avait pas de raison.

Hyriel fut heureux de voir que Cassandre acceptait de se calmer. Il ne sut ensuite interpréter sa réaction et choisit de laisser couler. Il avait dit les choses telles qu’elles étaient, sans plus, et se félicitait d’avoir un tant soit peu d’ascendant sur elle pour lui éviter de mettre tout le monde mal à l’aise. Toutefois, il avait bien l’impression que quelque chose la travaillait. Il lui demanderait plus tard s’il en avait l’occasion mais pour l’instant, il fallait plutôt qu’elle se réjouisse. Et au moins, ses excuses aux deux autres détendaient l’atmosphère et il rendit un sourire à son roi.

Ils s’attablèrent alors et commencèrent à plaisanter. Il secoua la tête, sourcil haussé, à la réponse de Cassandre sur la tombe. Certes, c’était une blague dangereuse mais était-ce là une bonne raison pour lancer un verre d’eau sur les gens ? Il ne dit rien, par respect pour Irène, sa marraine, mais n’en pensait pas moins. La réponse de Sylvère le fit souffler de rire.

« Elle est donc tombée dans l’oubli ! »

Le sujet changea, au grand dam de Guillaume, et Irène prit sa défense, ce qui le rassura et réorienta la discussion. Hyriel s’attrista de la réponse de Cassandre et lui sourit doucement. Il se cala sur la réaction d’Irène et ne relança donc pas.

Arriva alors la grande amie de Guillaume. Hyriel lui sourit en retour, de même que Guillaume qui lui adressait un visage lumineux, surtout qu’elle semblait elle-même aller très bien. Il rosit quand elle ôta son manteau, même si c’était normal, et ne cessa de la suivre d’un regard doux, enchanté, pendant qu’Hyriel se tournait vers Kalisha. Il se mordit la lèvre en voyant qu’il lui avait fait peur et hocha la tête à la réponse, sans insister.

« Je comprends. Ça fait un peu peur au début mais je suis sûre que tout se passera bien ! »
Il sourit à la suite et inclina la tête, main sur le buste.
« C’est bien naturel, ma reine… »

Et son roi la rassurait alors tout était parfait ! Il se redressa donc pour le bénédicité. Il se rappelait celui que la petite leur avait fait faire, son premier jour chez eux. C’était un très bon souvenir !

Entre Sylvère et Hyriel, Kalisha se sentait bien entourée, au sens propre comme au figuré. Ce mauvais pressentiment ne la quittait pas, mais elle choisit de l’occulter autant qu’elle le pouvait pour ne pas gâcher la fête.
La catastrophe avait déjà été frôlée plus d’une fois, ce n’était pas nécessaire d’en rajouter. Le bénédicité fut prononcé par Cassandre et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il était quelque peu original ! La reine de la forêt se laissa bien vite gagner par le fou rire général qui était si communicatif.

Pourrait-on un jour revoir un poulet normalement ? Elle en doutait ! En tout cas, elle se promit de faire une couronne de thym à Hyriel au printemps, lorsque les fleurs seraient de sortie.

Cassandre prenait décidément assez mal cette affaire de tombe, même sur le ton de la plaisanterie, comme la remarque de leur hôtesse qu’il ne manqua pas de saluer d’un souffle de rire. Au regard de travers de la fêtée, Hyriel rendit un sourire malicieusement innocent. Il sentit toutefois que sa colère était due à son inquiétude et posa une main sur la sienne en la regardant dans les yeux, d’un sérieux calme.

« D’accord. »

Il serra sa main avant de reprendre une posture normale quand arriva la bonne amie de son apprenti. Il ne comprit pas ce que chuchota leur marieuse à Grâce mais ne douta pas des tenants. Guillaume, lui, continua de regarder Bélyl, absorbé et concentré pour ne pas bafouiller, il ne fit donc pas attention tandis qu’il souriait à son amie.

« Très bien ! Et… et toi ? »

Hyriel, lui, inclina la tête en souriant.

« Moi de même, je vous remercie. »

Ils écoutèrent ensuite le bénédicité et… Hyriel dut se mordre les lèvres pour ne pas rire. Vraiment ? Il ne put cacher son sourire, amusé, en fier de voir que la jeune fille avait retenu quelques renseignements sur les plantes. Et le coq au crochet… Alors que Guillaume demeurait estomaqué, Hyriel souffla de rire, se contenant au mieux par égard pour sa côte. Il constata avec joie que Kalisha retrouvait le sourire ! Il se signa par réflexe en même temps qu’Irène, avant de sourire à Grâce pour la rassurer. La pauvre chérie… Mais Sylvère s’en sortait bien mieux que lui, c’était adorable !

Et avec joie, ils se préparèrent à manger, apprès Cassandre, naturellement. Guillaume, lui, regardait discrètement Bélyl. Il la laisserait parler avant et se calerai dessus.

Bélyl souriait toujours à Guillaume, ravie d’être là, avec lui et de pouvoir le revoir. Elle hocha la tête.

- Bien aussi, c’est une très belle occasion !

Elle sourit aussi à Hyriel, contente de le rencontrer.

Le bénédicité fit rire tout le monde quoique pas totalement à la même échelle. Grâce referma la bouche, un peu honteuse et rosissante. Sa mère la rassura d’un sourire puis laissa les autres profiter de leur repas. Elle laissa Cassandre se servir puis, quand tout le monde eut passé le plat, elle coupa un morceau à Grâce puis se servit elle-même. Elle haussa un sourcil en voyant sa protégée parler la bouche pleine mais hocha la tête quand elle se rattrapa.

- Merci.

- Oui, c’est très bon, bravo maman !

Pour sa part, Bélyl acquiesça, ignorant totalement les regards de Cassandre car elle était tout occupée à jeter des regards à peine discrets à Guillaume. Irène sourit à Grâce en terminant son plat puis s’essuya la bouche. Elle regarda tout le monde et constata que tout le monde avait fini.

- Bien ! Je vous propose donc que nous débarrassions puis passions au dessert et en même temps aux cadeaux !

Secondée par Grâce, elle enleva les assiettes puis apporta une belle tarte aux myrtilles déjà découpée pour qui voulait bien se servir. Elle montra à Cassandre le bout de la table.

- Tu peux aller te servir. À toi de choisir celui que tu ouvriras en premier !

Kalisha s’était régalée. Ce n’était pas le meilleur plat qu’elle avait mangé, mais c’était incontestablement l’un de ceux qui avaient eu le meilleur goût. Et puis combler les estomacs avait eu pour effet de faire terre les vilaines langues et d’apaiser toutes les tensions. Elle sentait donc désormais nettement mieux.

Elle n’avait pris qu’un tout petit bout de poulet, elle n’avait pas très faim. L’opulence de nourriture c’était son quotidien, alors elle préférait laisser cela aux autres et notamment à Cassandre qui engloutissait son assiette comme si celle-ci risquait de disparaitre. Pour un peu, elle crut bien qu’elle allait la dévorer avec.

Irène apporta ensuite le dessert, une tarte aux myrtilles. Elle avait découvert cette petite baie violette l’été dernier en mangeant une petite brioche fourrée. Parfois, elle accompagnait même les volailles ou les gibiers. Sylvère fit le service et l’on passa aux cadeaux. Il y avait bien sûr la fameuse broche en forme de renard qu’ils avaient choisi dans sa boite à bijoux, mais aussi un petit pot de khôl qu’elle avait soigneusement emballé.

Ils avaient à peine commencé à manger que Cassandre se jeta sur les cuisses. Et elle avait l’air d’adorer ! Hyriel secoua la tête en l’entendant parler la bouche pleine mais ne releva pas, surtout qu’elle se corrigea d’elle-même. Guillaume, lui, était trop occupé à sourire à Bélyl pour relever quoi que ce soit. Il hocha toutefois machinalement la tête pour approuver Hyriel, qui lui même approuvait Cassandre quant au repas. C’était effectivement très bon ! Encore plus quand on comparait avec ce à quoi avaient droit les serviteurs du domaine de Monthoux. Hyriel remarqua au passage que Dame Kalisha semblait aller beaucoup mieux. Comme quoi, rien ne valait un poulet bien préparé pour vous remettre d’aplomb !

Ils terminèrent ainsi le plat et, par réflexe, Guillaume commença à rassembler les assiettes quand vint le moment de débarrasser. Ils s’éclairèrent alors en voyant arriver le dessert. Guillaume, particulièrement, adorait les tartes aux myrtilles, aussi ses yeux pétillèrent-ils de joie. Il allait proposer au moins son aide pour servir mais Sylvère fut plus rapide. Hyriel et lui le remercièrent pour leur part avant de relever la tête vers la pile de cadeaux. Guillaume commença à se mordre la lèvre. Il espérait que le petit abécédaire-herbier qu’il avait fait plairait à Cassandre… Hyriel de même, comme à chaque fois qu’il offrait un cadeau. Toutefois, il avait confiance : débrouillarde comme elle était Cassandre se faisait sans doute souvent de petits bleus alors un baume contre la douleur et sa recette, qu’Irène pourrait l’aider à lire, lui plairaient sans doute ! Et puis elle pourrait en faire profiter qui elle voudrait.

Alors que Sylvère s’emparait de la cuillère, Irène sourit, bien heureuse au final de le laisser faire. Elle s’inquiétait un peu du peu d’appétit de la princesse mais n’osa pas vraiment le lui faire remarquer car ce n’était pas très à propos.

Bélyl s’était régalée également, même si son repas avait refroidi à force de tenter « discrètement » de rendre ses sourires à Guillaume. Ses yeux pétillants en voyant la tarte la firent bien sourire. Il était adorable…

Ils arrivèrent enfin à la meilleure partie. Irène était déjà heureuse de voir Cassandre si surprise. Elle le serait encore davantage à l’ouverture ! Grâce rit un peu de sa petite chanson alors qu’Irène observait, charmée. Elle rit à sa remarque alors que grâce fronçait les sourcils. Sa mère lui indiqua qu’elle lui expliquerait.

Ce fut au tour de Bélyl de rire à sa remarque.

- Mais tu es déjà Presque une femme, Cassandre ! C’est donc bien normal !

Irène observa le livre qu’Hyriel avait offert et sourit. Elle pourra en faire un bon apprentissage de lecture ! Elle se sentit soudain joyeuse alors que Cassandre découvrait le paquet qui venait d’elle. Elle souffla ensuite avec amusement.

- Ce n’est pas une erreur, c’est l’emblème de la famille d’Aubeville. Il s’agit d’un cheval du cortège de Neptune, le dieu de la mer. Ils ont des corps de chevaux mais une queue de poisson, pour pouvoir courir l’eau.

La tarte était délicieuse, il fallait bien l’avouer. En revanche, Kalisha fit les gros yeux en voyant Cassandre s’essuyer avec sa main. Ce n’était pas des manières ! Et après elle allait ouvrir ses cadeaux avec les mains toutes collantes ! À quoi servait donc la serviette disposée à côté de son assiette ? Cependant, elle ne fit aucune remarque puisque personne ne semblait s’en offusquer.

Le premier cadeau ouvert fut le sien. Elle esquissa un sourire timide au rappel de ce jour, sans parvenir à savoir si cela lui faisait plaisir ou non. Tout cela était bien étrange tout de même. Cette impression du début du repas ne s’était toujours pas évanouie, à peine dissipée. Pourtant, elle ne savait vraiment pas dire pourquoi elle avait l’impression que quelque chose ne tournait pas rond.

Sa broche choisie par Sylvère eut un accueil similaire, quand bien même il argumenta en sa faveur. Elle s’attendait à la voir sauter de joie, pas à demeurer aussi perplexe. Elle accrocha le regard de son roi pour voir ce qu’il en pensait. Et tous les autres cadeaux reçurent le même accueil. La reine de la forêt s’amusa cependant de sa remarque concernant le médaillon et de l’explication qui en suivit. C’était définitivement un beau cadeau, très symbolique, comme tous ceux qui avaient été choisis d’ailleurs…