[19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
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[19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Une journée déjà qu'elles étaient enfermées dans l'une des chambres d'amis du château. Tenues comme des prisonnières, par leur propre famille ! L'époux de l'une, le père de l'autre. Florentyna n'arrivait pas encore à croire complètement ce qui arrivait. Elle avait tourné, tourné, tourné tel un animal en panique, aligné les cent pas dans n'importe quelle direction de la petite pièce. A peine s'était-elle assise trop longtemps sur le lit même pas défait. En elle s'ouvrait un terrible gouffre : celui du deuil. Ce qu'elle vivait s'apparentait à cela. Son père... avait tant de faiblesses mais demeurait son père - qu'elle avait toujours honoré pour le bien de leur lignée. Ce géniteur la traitait en malfrate. Pour la deuxième fois elle se sentait perdre un parent. Heureusement - ou malheureusement... car la demoiselle aurait préféré savoir la princesse ailleurs que cloîtrée elle aussi - Kalisha demeurait un cœur vaillant sur qui s'appuyer désormais.
Oh que de larmes Florentyna avait-elle versées ces dernières heures sur ses épaules ! Celles de la colère : la Djerdanne ne méritait rien de cela. Celles de la peur : qu'allait-il leur arriver ? A elles et surtout à Hyriel et ses compagnons ? Celles du remord enfin : oui, les premiers temps, la fille de Monthoux s'était méfiée du guérisseur, avait envoyé ses servantes aux renseignements, avant même envisagé d'elle-même le livrer aux autorités au moindre éléments suspect. Comme elle s'en voulait ! Comme elle aurait dû faire immédiatement confiance à Kalisha ! Florentyna bouillonnait de rage en cage. Elle serait prête à n'importe quoi à présent pour sortir de là et secourir Hyriel.
N'importe quoi, ce fut bien d'ailleurs ce que les deux femmes firent. Déjà deux tentatives d'évasion à leur actif. Prosper n'en avait que renforcé la sécurité et fait poutrer leur fenêtre. La demoiselle sentait par ailleurs qu'il se tramait quelque chose d'autre dans le château... Quelqu'un allait venir dont elle ne savait rien ! On ne lui disait jamais rien ! Il ne fallait qu'obéir ! Et Kalisha... les perspectives qui attendaient cette amie la faisaient frémir plus encore. Et si... et si sous la torture, le guérisseur racontait tout de ses amitiés à Monthoux ? Si Kalisha écopait elle aussi d'une condamnation ? Oh certes pas à mort - elle était de trop haut rang et Monbrina ne voudrait pas de ce scandale - toutefois le couvent à vie pouvait par exemple la guetter. Ou même sans aveux de la part d'Hyriel, qui disait que le roi ne choisirait pas finalement de se débarrasser de l'inutile princesse à présent que la guerre se préparait contre Djerdan ? Il fallait fuir !
Après s'être épuisée en tous sens dans des tentatives d'évasion, après avoir versé toutes les larmes de son corps, Florentyna se laissa glisser le long d'un mur et resta assise. Écume d'un sel amer échouée au pied de la fenêtre. Ses yeux mornes flottaient çà et là dans la chambre, s'amarraient parfois au visage de Kalisha avant de retomber de fatigue. Elle n'avait rien avalé mais ne s'en souciait guère. Et par-dessus le marché, son père et le cardinal prévoyaient un exorcisme ! Rien ne pouvait insulter davantage la bonne chrétienne qu'elle avait toujours été. Au moins, de ce que la fille de Monthoux avait cru comprendre, dans un premier temps ce serait cette novice au visage si solaire qui allait revenir. Cette femme ne lui avait pas paru bête. Ni aliénée. Une lueur restait-elle en laquelle croire ?
-- Kalisha... murmura-t-elle. Je suis tellement... tellement désolée.
Paroles effarées en quête de sens. Désolée de quoi ? De son père ? De sa famille ? De n'avoir pas pu faire grand chose la veille pendant l'arrestation de leur ami ? D'avoir échoué ces deux premières tentatives de fuite avec la princesse ? Un peu de tout cela en même temps. Désolée de la vie qu'aura mené la princesse djerdanne à Monbrina et entre les murs de ce domaine. Ce n'était pas cela que Florentyna voulait pour l'Empire, pour sa famille, pour Kalisha. Quant à Hyriel... si on le traînait prochainement au bûcher, la demoiselle se demandait même comment elle le supporterait. Ils ne s'étaient pas tant fréquentés que cela, alors pourquoi lui était-elle attachée à ce point ? Elle avait aimé sa conversation, sa proximité, ses doigts dans ses cheveux... Son cœur noyé dans ses yeux dont le bleu débordait...
De quoi, oui, comprendre maintenant ce que Kalisha éprouvait pour Sylvère. Et dont, elle, obtenait retour. Il fallait que le roi et la reine de la forêt se retrouvent. De cela aussi, Florentyna avait les nerfs hurlant. Si une d'elles deux parvenait à s'enfuir, ce devait être Kalisha. Pour elle, la fille de Monthoux avait jeté tous ses efforts dans les premières tentatives avortées.
@Kalisha de Monthoux
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Cela faisait bien longtemps que ses yeux étaient aussi secs que les vastes pleines rocailleuses de son pays natal. Elle avait retiré une à une chacune des épingles serties d’une perle qui maintenant sa longue chevelure brune en place, puis elle avait fait de même avec chacun des bijoux restants qu’elle avait jetés tour à tour par la fenêtre aussi loin que possible. Kalisha n’avait gardé que son alliance après une brève hésitation : mieux valait sans doute ne pas aggraver son cas.
Elle avait tenté de s’évader plusieurs fois : la première en crochetant la serrure avec une épingle, mais le garde s’en était aperçue malgré la chanson de Florentyna pour masquer le cliquetis. Puis une seconde fois, en tentant d’atteindre les branches du vieux frêne qui chatouillait le mur de ses longs rameaux. Et elle avait réussi ! Mais cette vieille lèche-botte de Julie avait hurlé à l’évasion. Finalement, on avait bloqué la fenêtre…
Son amie pleurait toutes les larmes de son corps. Ses joues n’étaient plus qu’un vaste désert de sel. La Comtesse, elle, faisait les cent pas. Une solution… Il y avait forcément une solution pour sortir d’ici. Si seulement Guillaume et les autres pouvaient prévenir Sylvère… Il viendrait c’était sûr ! Elle pourrait peut-être demander à se confesser ? Non… Ils feraient revenir ce maudit Cardinal pour l’écouter en personne ! Quoi que… peut-être pourrait-elle parvenir à endormir sa conscience d’une longue confession pleine d’un faux repentir ? Elle pouvait sûrement jouer la comédie pour lui caresser les oreilles des mots qu’il attendait ?
Elle ne pensait en revanche pas à Hyriel ou à ce qui l’attendait, parce que… C’était inutile. Ce n’était pas cela qui changerait les choses pour lui, alors passé sa rage, elle avait chassé tout cela pour se concentrer sur l’essentiel : sortir.
Kalisha devait trouver un moyen de s’évader ou d’être libérée. Enfermée, elle ne pouvait rien pour lui. Florentyna se laissa glisser le long du mur, désespérée, avant de s’excuser dans un léger murmure. Elle stoppa sa course puis fit volte-face pour venir lui serrer les mains.
- Ne soyez pas désolée. Vous n’y êtes pour rien du tout. Gardez espoir, ma chère amie. Le soleil est toujours là. Il est juste caché par les nuages. Mais cela va s’arranger, je vous le promets, nous allons trouver une solution. rassura-t-elle d’une voix qu’elle espérait confiante.
Parce que malgré tout… Elle devait reconnaitre qu’elle commençait à être à court d’idées.
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Un à un, les bijoux de Kalisha qui aujourd'hui s'assimilaient davantage à des entraves valdinguèrent par la fenêtre. Florentyna aura contemplé, derrière le voile de ses larmes, la légitime colère de la princesse et ce geste aussi colérique que libérateur. Défaire les attaches. Envoyer voler ce qui n'aura été qu'un leurre. Une mascarade derrière de riches parures. Un outrage parmi tant d'autres commis dans ce fief et dont la demoiselle concevait une trop grande honte : une épouse ignorée des mois durant, un guérisseur livré comme un criminel, une femme offerte tel un vulgaire objet à un ambassadeur. Et pourtant... pourtant Florentyna voulait persister à croire en la grandeur que pourrait avoir cet Empire et en la beauté de la foi chrétienne si elle était bien appliquée, pacifique, ouverte, non pas au service des politiciens les plus avides.
Les paroles de Kalisha lui furent un baume au cœur. Vraiment ? Elle ne la tenait pas pour responsable - même par passivité et par méfiances premières... - des malheurs présents ? La fille de Monthoux hocha mollement la tête et se força à un sourire. Pour ce qui était de trouver une solution, Florentyna émit un léger rictus quelque peu désemparé. Elles avaient déjà essayé plus d'une ruse. Elle avait chanté de sa plus forte voix de soprano - ses cours d'opéra lui servaient ! - pendant que la princesse s'attaquait à la serrure. Elle avait serré son amie à la taille pour l'empêcher de basculer alors qu'elle essayait d'attraper cette branche... Là-bas, trop loin, la branche inaccessible qui ne devait que lui rappeler Sylvère et la forêt d'Aiguemorte. Remuée par cette pensée, la demoiselle se ragaillardit : pour cette amoureuse raison - et pour tant d'autres - il fallait ne pas baisser les bras. Elle réfléchit quelques instants et avança :
-- Peut-être... Cette nonne qui va venir... Elle m'a paru loin d'être bête. Elle semble ouverte à la discussion et à des arguments sérieux. Elle a même défendu Hyriel à demi-mots à un moment donné, et a abondé dans votre sens concernant la justice. Pensez-vous que nous pourrions en tirer parti ? (Elle secoua la tête et grimaça à ses derniers mots : non, ce n'était pas chrétien de penser ainsi à utiliser Sœur Cécilia ou de ne la penser que comme un instrument de leur fuite.) Non, pardon... Je me suis très mal exprimée, je voulais dire : que nous pourrions essayer de lui faire comprendre notre situation ? Et si un secours pouvait venir d'elle ? C'est une toute jeune femme, sans doute même de notre âge.
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Le visage de Florentyna sembla s’illuminer d’une discrète éclaircie sous la forme d’un sourire, ce qui redonna du courage à la jeune princesse. Elle n’avait pas le talent de son amant pour voir constamment le bon côté des choses ou réconforter les autres, mais si cela suffisait à son amie, alors ce serait un combustible suffisant pour alimenter sa propre foi en l’avenir.
À ses mots, elle hocha lentement la tête, pensive. Elle s’était d’abord méfiée de cette nonne qui accompagnait le cardinal, comme de toutes les personnalités religieuses qui tentaient de gouverner leur vie, toutefois Florentyna avait raison : elle avait appuyé son avis au sujet du procès contre l’avis de celui qui était sans doute quelque chose comme son maitre. Elle semblait plus ouverte et surtout plus jeune, moins expérimentée. Peut-être qu’elle n’avait pas tort et qu’il y aurait quelque chose à en tirer. Oh oui ce n’était pas très chrétien certes, mais elle n’était plus à ça près désormais. D’ailleurs bruler des innocents n’était pas très chrétien non plus. Si cela pouvait sauver son ami, elle n’aurait aucun scrupule à s’en servir. C’était la situation qui le justifiait après tout.
– Vous avez raison, c’est une bonne idée et je n’en ai pas de meilleur pour l’heure à vous proposer.
Seulement Kalisha commençait à douter : que ferait-elle une fois dehors ? Elle irait en forêt retrouver Sylvère, mais ensuite ? Comment allait-elle pouvoir aider Hyriel dans ces conditions ? Elle ne pouvait pas témoigner à son procès en étant présumée envoutée. Elle ne ferait que le rapprocher un peu plus du funeste bûcher. Le faire évader alors ? Après tout… Elle avait toujours ce poison qu’il lui avait concocté et qui devait initialement servir pour Ysengrin. Il y avait sans doute quelque chose à faire. Il était absolument hors de question de le laisser mourir…
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Kalisha partageait son avis concernant la nonne. Elle retint un soupir à l'aveu de la princesse quant à l'épuisement de ses idées. Florentyna non plus n'en voyait pas beaucoup d'autres. Le mieux restait d'attendre la visite. D'ici là, les deux femmes s'occupèrent comme elles purent : anecdotes, quelques histoires de leurs enfances, contes dont elles se souvenaient plus moins. Et bien sûr des vers, elles qui aimaient toutes deux la poésie. Cela avait le mérite de les tenir alertes et de pas prononcer de paroles outrageantes au cas où elles seraient écoutées.
Néanmoins, sous ces apparences, l'une et l'autre savaient bien vers qui et quoi allaient leurs plus profondes pensées. Leur ami prisonnier. Comment l'aider ? Il leur était impossible de ne fut-ce qu'envisager d'aller témoigner. Alors que Prosper ne s'en priverait pas ! Florentyna frémissait déjà aux abominations dont son père à la barre chargerait le malheureux guérisseur ! Sans compter Phaïdée, Sylvère, les trois comparses du médecin ! Seraient-ils éclaboussés ? Et elles pendant ce temps, on ne les écouterait pas. On mettrait derechef leurs interventions sur le compte des prétendus enchantements d'Hyriel. Restaient des solutions moins légales. Réussir à s'enfuir. Au moins Kalisha, afin qu'elle retrouve Sylvère ! Ce dernier aurait peut-être des idées et des moyens d'action à disposition ? Lui, le roi de la forêt, probablement en contact avec plus d'un hors-la-loi trouvant asile au sein de son royaume verdoyant.
Une autre pensée vint à Florentyna au milieu de ces réflexions. Au point où elles en étaient, il fallait oser parier sur l'avenir. Elle s'approcha au plus près de la princesse et lui glissa à l'oreille :
-- J'ignore de quoi les jours prochains seront faits. Mais... pourrions-nous convenir d'une date, d'une heure à laquelle nous nous retrouverions à la prison, si chacune le peut ? Allez savoir où je serai bientôt, et vous aussi - vous, dans les bois j'espère. Dites-moi si vous trouvez mon idée complètement folle, ou si... (Elle secoua la tête et tenta d'ordonner ses pensées) Met-on que vous puissiez sortir, ou moi, ou nous deux, du temps va s'écouler avant que la nouvelle de notre sort ne se répande en ville ! Peureux comme Père l'est pour la réputation de la famille, il parlera le plus tard possible, alors... Alors nous aurions l'occasion de... jouer encore un peu de nos nobles titres afin que les agents de la prévôté nous laissent voir Hyriel, qu'en pensez-vous ? (Elle sécha les larmes qui lui montaient aux yeux) Ce serait au moins une visite qui pourrait lui faire chaud au cœur, même si nous ne pouvons pas grand chose de plus... Je prendrais... un vêtement bien chaud pour lui, des pâtisseries si je peux... Si Dieu le veut, nous pourrons toutes les deux nous retrouver. Ou bien seulement une de nous... ou aucune... mais prenons le pari. Et si l'une de nous arrive à venir à l'heure dite à la prison mais que l'autre ne peut pas l'y rejoindre (elle déglutit : la suite serait horrible à énoncer mais réaliste) tant pis, qu'elle fasse ce qu'on s'est dit, qu'elle ne se mette pas en danger à attendre l'autre.
Fiévreuse, Florentyna guettera la réaction et les commentaires de Kalisha. Elle se tortillait les mains. La trouverait-elle complètement folle ou adhérerait-elle ? La date de la premières session du jugement était tombée : le 22. Les deux femmes l'avaient entendue depuis le couloir. Il faudrait s'organiser après celle-ci. La demoiselle aura pris soin de déclencher sa boîte à musique près de la porte, laissant croire à une éventuelle oreille qu'elles se laissaient bercer en endormir, alors que la fille de Monthoux venait de chuchoter ses élucubrations à Kalisha.
Le surlendemain, ce 21 décembre, on toqua enfin à la porte des deux prisonnières ! C'était un garde. Ce pleutre de comte n'avait même pas le courage de venir lui-même parler à sa femme et à sa fille. Le vigile - bien à contrecœur - exprima donc en son nom :
-- Monsieur le comte vous fait dire que Sœur Cécilia est là pour vous entendre. Il vous prie de vous montrer raisonnables et ouvertes à ses enseignements si vous souhaitez vous voir libérées - spirituellement et physiquement - au plus vite.
Sans plus de cérémonie, l'homme sortit après avoir incliné la tête pour saluer la nonne qui faisait son entrée. Assise sur le lit, les mains nouées autour de celles de son amie, Florentyna porta ses yeux épuisés sur la jeune religieuse. Quel triste spectacle aurait-elle... La femme et la fille du seigneur de Monthoux, les traits tirés par la fatigue, le corps faible, les cheveux sans doute en désordre. Au moins, le matin même, on aura fait porter aux deux captives de quoi grignoter, se laver et se rendre présentables pour Cécilia. Mais Florentyna ne s'en soucia guère. Suivant son instinct, la première parole qu'elle adressera à la novice sera la question qui lui brûlait les lèvres par-dessus tout :
-- Bonjour Ma Sœur... Comment va-t-il ?
Inutile de préciser de qui elle parlait. Demande désespérée. Un peu folle peut-être. Mais un cri du cœur. Et après tout la jeune nonne secondait le Cardinal. A ce titre, Florentyna osait souhaiter intérieurement que Cécilia ait été tenue informée par son professeur des détails de l'enquête, de l'état du prisonnier, où de n'importe quoi d'autre en somme... N'importe quoi, tant que la demoiselle obtenait des nouvelles !
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Kalisha fut reconnaissante à son amie pour tenir leurs esprits occupés à autre chose qu’à se morfondre sur le sort ou même rechercher d’hypothétiques solutions. Elle n’en voyait qu’une digne d’intérêt : convaincre la nonne que leur comportement lors de l’arrestation n’était pas dû un envoutement, mais au choc de la découverte. Ni l’une ni l’autre ne pourrait témoigner en faveur d’Hyriel sans risquer d’allumer son bucher si l’on ne les déclarait pas saines d’esprit. Il allait falloir enfouir ses sentiments et ressentiments pour jouer une parfaite comédie. Elle pouvait le faire. Après tout n’était-elle pas devenue une comédienne hors pair depuis tous ces mois ?
La princesse observa Florentyna déclencher la boite à musique près de la porte pour endormir la vigilance des gardes comme on charmait les cobras à Djerdan. Elle écouta chaque mot avec une profonde attention. L’idée était folle, mais Érasme ne disait-il pas qu’il fallait être fou pour être sage dans un monde de fous ? Évidemment qu’elle adhérait ! Elle acquiesça donc, sourire aux lèvres pour la rassurer. Si Sylvère parvenait à sortir en ville, elle pourrait entrer dans la Prévôté.
— Si je quitte Monthoux, je ne pourrais plus jamais y revenir. Je ne sais pas encore, mais… Si cela arrivait, pourriez-vous récupérer tous mes effets personnels et me les apporter lorsque vous pourrez ? Ou bien les déposer à la Rose Azùl ? elle marqua un temps d’arrêt Aussi, si je dois partir de manière précipitée, pourriez-vous m’apporter à la Prévôté le petit flacon de parfum à bouchon d’ambre ? C’est un souvenir auquel je tiens particulièrement
Elle ne pouvait décemment pas lui dire que le contenu avait été vidé au pied d’un arbre pour être remplacé par un poison destiné à faire passer pour mort. Poison prévu pour permettre l’extraction de Sylvère des geôles en cas d’arrestation. Poison qu’elle donnerait à Hyriel pour le faire évader. Elle ne savait pas encore comment récupérer son corps une fois déclaré mort, mais l’idée viendrait peut-être d’ici quelque temps.
Pour l’heure, nous devons nous blanchir de toute présomption d’envoutement. C’est le plus important, pour l’aider. Il nous faudra convaincre la nonne et pour cela enterrer nos sentiments.
Kalisha prit son amie entre ses bras et chanta une berceuse djerdanne pour accompagner la musique mécanique de la petite boite.
Sœur Cécilia fut annoncée et Kalisha était plus déterminée que jamais. Elle avait ressassé toute la nuit son rôle : Hyriel était un sorcier, elle avait été sous le choc de découvrir ses méfaits, mais elle avait réalisé ô combien elle avait été naïve de se laisser duper par son charisme. Elle espérait bien que son âme serait purifiée. De ses vrais projets, elle ne dirait mot. Elle devait être l’allégorie de la Raison et de la Piété combinées. C’était la seule solution.
Les traits tirés par le manque de sommeil, les cheveux détachés dans le plus simple appareil, c’est dans une austère chemise blanche digne d’une pénitente qu’elle accueillit la religieuse. Elle espérait que Florentyna saurait enfouir l’attachement qu’elle avait développé pour son merveilleux médecin royal et futur beau-mari.
— Bonjour, ma Sœur. répondit-elle sobrement en inclinant la tête ignorant la question empressée de son amie.
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Cecilia était nerveuse. Des pensées de toutes sortes s’agitaient dans son esprit, sans lui laisser de repos que pour dormir. Qui avait raison ? Qui était sur le droit chemin ? Comment pouvait-on trancher ? Cet homme, que tout accusait, pouvait-il être innocent, comme il le prétendait ? Il en avait l’air… mais le cardinal disait que c’était de la tromperie, car il en serait maître. C’était une possibilité mais comment en être certain ? Dire que c’était de la tromperie permettait de tout justifier contre lui mais refuser cette solution résultait en ce que l’on se faisait berner. Il faudrait trouver un moment où il se trahirait, ou il avouerait… mais s’il disait que ce n’en n’était pas, ce pourrait tout aussi bien être un mensonge. A contrario, s’il disait que c’en était bel et bien… non, impossible, il ne dirait jamais qu’il était coupable, ce serait du suicide. Il ne pourrait que dire que ce n’en est pas et cela ne servirait à rien pour déceler la vérité.
Toutefois, elle avait bien conscience qu’elle pensait cela en novice, tout juste arrivée dans le monde. Le cardinal était plus âgé et plus expérimenté qu’elle, il savait ce qu’il faisait et disait. Il saurait voir la vérité et si cet homme était innocent, il le saurait, elle avait confiance.
Alors que le véhicule la transportait à Monthoux, ses doutes continuaient de la travailler. Ils avaient toutefois changé de rengaine. Ces deux femmes qu’elle allait rencontrer, saurait-elle les aider ? Elles avaient son âge, apparemment, et elles avaient sans doute plus d’expérience de la vie qu’elle et son éducation au couvent. De plus, si elle avait déjà aidé des gens à Monbrina, comme cette jeune femme, Lucinde, ou cet étrange Alduis, mais jamais… jamais des personnes soupçonnées de possession démoniaque. Et si elles étaient dangereuses ? Et si elles la corrompaient ? Et si elle échouait ? Non, elle avait la foi, elle était assurée et elle avait les conseils du cardinal avec elle, tout se passerait bien. Elle ramènerait ces femmes à la raison.
Elle se laissa guider par les gardes en arrivant, doigts entrelacés devant elle pour les empêcher de trembler. Elle dépendait d’elle. C’était comme une épreuve. Elle devrait se montrer courageuse et mettre ses leçons en application.
Et si elle échouait ?
Non.
Elle remercia le garde d’un hochement de tête quand il les laissa et adressa une révérence aux deux femmes.
« Bonjour Madame, Mademoiselle… »
Elle releva ensuite la tête et ne put qu’être affligée en les voyant, toutes les deux, si loin de l’image noble qu’elles présentaient lors de l’arrestation. Étaient-elles folles ou seulement privées de soins, voire si désespérées qu’elles n’en avaient cure ? Elle s’étonna du mouvement de la plus jeune et marqua un temps d’arrêt avant de baisser les yeux.
« Je suis navrée, Mademoiselle, je n’en sais pas grand-chose. Apparemment, il y a eu un peu de mouvement avec un autre prisonnier mais seulement par les mots. Il semble que cela se soit réglé très vite. Je n’en sais pas plus, je suis désolée. »
Pourquoi s’y intéressait-elle tant ? Était-ce par envoûtement ou par simple inquiétude envers un ami que l’on ne peut se résoudre à haïr ? Comment savoir ? Elle inclina la tête en salut à la comtesse et s’efforça de sourire à toutes deux. C’était à elle.
« Et vous donc, comment allez-vous ? Avez-vous songé à de nouvelles choses, depuis ? Avez-vous besoin de soulager vos cœurs ? J’écouterai tout ce que vous voudrez bien me dire et ensuite, je ferai de mon mieux pour vous aider, suivant ce dont vous avez besoin. »
Elle étira son sourire, tournant son regard alternativement vers l’une ou l’autre, prête à entendre la première qui voudrait parler. Elle n’osait proposer de s’asseoir, considérant que ce n’était pas à elle de le faire en leur propre demeure, mais elle n’en faisait pas cas. Qu’elle soit debout ou assise, elle pourrait les aider.
Et si elle échouait ?
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Bien que Florentyna savait qu'elles se trouvaient toutes deux à un tournant de leur vie, entendre Kalisha verbaliser que si elle quittait le château, ce serait pour toujours et devenir une fugitive - lui mit un coup dans la poitrine. Elle acquiesça à sa demande et s'étonna une seconde de son attachement si particulier au flacon mentionné, mais ne se fit pas davantage curieuse. Si la fiole lui évoquait un souvenir, autant ne pas remuer un éventuel couteau dans quelque plaie.
-- Je ferai cela, déclara-t-elle, soulagée de comprendre derrière ces mots que son amie appréciait son initiative. Je prendrai le maximum de vos affaires ainsi que ce parfum. Moi-même j'ignore où je me retrouverai dans les prochains jours, alors en effet déposer le tout à la Rose Azùl est une excellente idée.
La boite à musique achevait de chanter ses notes qui auront caché ces paroles. Pour la suite, il parut raisonnable d'attendre le départ de la nonne avant de convenir de cette date et heure auxquelles se rejoindre à la prévôté. Qui savait si elles n'obtiendraient pas de leur échange avec la religieuse des renseignements supplémentaires, à partir desquels réfléchir au moment opportun. Ou même de la part de Prosper, qui n'allait pas les laisser indéfiniment céans sans annoncer quoi que ce soit ! Elles décideraient en meilleure connaissance de cause. Pour le moment, elle se laissa réconforter par les mains de son amie autour des siennes, puis bercer par ses chansons djerdannes que la jeune Monbrinienne affectionnait désormais elle aussi.
Après une nouvelle nuit, Florentyna se sentait les idées plus claires. Ses yeux moins brumeux et ses traits concentrés accueillirent l'intervention de Kalisha : elle avait raison. Prendre la défense d'Hyriel ne ferait qu'aggraver leur cas. Aussi affreux que ce serait, la plus sage des attitudes à afficher allait être celle des femmes apaisées et repentantes. Mains serrées, la fille de Monthoux s'adressa l'ordre et la prière de contrôler ses sentiments. Oh pourvu... qu'elle ne cède pas ! Charger le guérisseur, même pour de faux, elle s'en sentait incapable. Mais au moins laisser croire à une piété retrouvée de leur côté après les égarements dus à la surprise, voilà qui lui parut dans ses cordes.
Quand le garde introduisit Sœur Cécilia, elles étaient prêtes. Propres, la mine à peu près saine faute d'être fraîches et disposes. La fille de Monthoux rencontra bien, dans les yeux clairs de la religieuse, les marques de son affliction devant la situation pathétique où on les tenait. Pourtant elle se tenait droite et souriante, comme prête à recevoir leur parole, dans ce fin mélange de vaillance et de douce compassion que Florentyna lui avait déjà trouvé lors de leur première rencontre. La princesse salua calmement la novice... tandis que Florentyna s'en voulut déjà à peine sa première phrase prononcée ! Cela partait mal... Il fallait qu'elle se reprenne ! Mais cela avait été plus fort qu'elle : ses terreurs pour l'état d'Hyriel en prison avaient parlé les premières, avant sa raison. Elle se mordit la joue. Ne le maltraitait-on pas ? Le nourrissait-on correctement ? Et le froid de l'hiver... La réponse désolée de la nonne ne fut pas vraiment pour la rassurer. Un esclandre verbal avec un autre prisonnier ? D'accord. La demoiselle retint un soupir. Elle savait qu'elle n'en entendrait pas davantage.
-- Je... je vous en prie, ce n'est pas grave. Merci quand même, souffla-t-elle avant de se promettre qu'elle ne demanderait plus rien concernant Hyriel. Elle étira un sourire et désigna un petit fauteuil à la religieuse, tout près de Kalisha et elle-même, assises en face : Asseyez-vous donc.
Songé à de nouvelles choses ? Oh oui, si vous saviez, bien des choses ! Soulager leurs cœurs ? Par quel bout le prendre... Que répondre à pareille question ? Derrière un sourire de politesse reconnaissante, Florentyna chercha quoi dire. Ses prunelles rencontrèrent à plusieurs reprises celles de Kalisha. Elle passa par réflexe les doigts dans ses longs cheveux châtains pour en ordonner la bataille - presque comme si cela pouvait du même coup ranger le fatras de ses émotions. Calmant sa respiration, elle prit sa voix la plus douce et pieuse pour engager :
-- Je peux vous dire, Ma Sœur, qu'une fois la tempête de cette arrestation passée, l'isolement dans le calme de cette pièce nous a permis de remettre un peu de clarté dans nos âmes. Elle ne s'avancerait pas davantage à parler au nom de son amie, mais exposa pour elle-même : A titre personnel, je vois maintenant qu'il y a trois jours, j'ai surtout été chamboulée sur le moment par le choc de pareilles nouvelles, si brusques, si effrayantes même. Mais je veux croire que la Justice saura faire ce qui est sage pour... pour l'envoûteur... et me consacrer désormais toute entière à retrouver le cours ordinaire de ma vie. J'ai beaucoup prié, je sens déjà la paix me revenir. Et vous ? Que conseilleriez-vous pour achever de nous purifier ? Et le Cardinal Cassin, vous a-t-il donné des recommandations pour nous deux ? D'ailleurs que vous dit-il de toute cette affaire ?
L'exercice de comédienne commençait. Jouer les repentantes. Chasser Hyriel loin, très loin de ses humeurs le temps de cette entrevue, alors même que tout ce que faisait Florentyna ne tendait que vers un objectif : sortir. Être libre de ses moyens afin d'aller l'aider.
-- Ma Sœur... puis-je d'ailleurs vous poser... une question. Pensez-vous que nos récents égarements puissent être le fait de notre jeunesse ? Voilà. Noyer le poisson. De leur jeunesse, davantage que d'un éventuel sortilège... Nous ne savons somme toute pas tant de choses du monde que cela, malgré notre rang. Vous est-il déjà arrivé d'avoir à affronter des épreuves similaires dans votre foi ? ...Avant bien sûr que de trouver le socle et le rempart d'un professeur comme le Cardinal Cassin.
Elle retint de toutes ses forces l'envie d'œillades complices à Kalisha. Rester sérieuse. Repentante. Austère. Par ailleurs, les questions que posait Florentyna étaient en réalité loin de s'avérer hypocrites. Outre son rôle, elle se demandait sincèrement quel avait pu être le parcours de cette nonne à peine plus âgée qu'elles. Si elle aussi ressentait parfois des tourments de cœur et de conscience.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Kalisha était rassurée de savoir ses dernières volontés de belle-mère et épouse de Monthoux entre de bonnes mains. Cela lui permit d’accueillir la venue de la nonne avec sérénité. Sérénité et détermination. Elle ne voyait en elle que la clé qui leur permettrait de se libérer de leur prison.
Elle encouragea Florentyna à suivre leur plan à la lettre d’un regard, puis passa ses cheveux bruns derrière ses oreilles et ses épaules avant d’aller à son tour s’asseoir calmement. Son amie était parfaite, absolument parfaite ! Elle le pensa si fort qu’elle espérait qu’elle puisse l’entendre dans le creux de son esprit. Ce fut ensuite à son tour de jouer sa partition du mieux qu’elle pouvait. Elle songea à Sylvère qui pouvait se faire passer pour n’importe qui et décida qu’elle pouvait en faire autant.
Elle soupira légèrement, laissant retomber ses épaules et répondit avec une lassitude non feinte :
- Je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris… Je… Quand je les ai vus arrêter mon jardinier, mon sang n’a fait qu’un tour. C’était un homme si bon, je n’aurais pas cru cela de lui.
Utiliser le passé pour montrer que la page était tournée et reprendre en frissonnant :
… J’étais si choquée que je ne voulais pas voir la réalité. Oh ! Je regrette tellement tout ce que j’ai dit
La mine contrite, elle masqua un temps sa bouche de ses mains.
… Il ne me pardonnera jamais mes égarements. Et en plus je ne lui ai toujours pas donné d’héritier. Vous pensez vraiment que Dieu me punit pour mes péchés ? Pourtant, je vais à la messe, je me confesse, je prie et je suis scrupuleusement les préceptes maritaux édictés par notre Sainte Église.
Ou comment noyer le poisson en changeant de sujet d’un air parfaitement ingénu.
Après tout, elle était la Reine de la forêt, non ?
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
La jeune religieuse fut désolée en elle-même d’avoir déçu les espoirs de la demoiselle par son ignorance et elle hocha timidement la tête en esquissant un sourire. Celui-ci se fit plus franc pour la remercier de son offre de siège.
« Merci à vous, c’est très gentil. »
Elle s’assit donc en s’efforçant de respirer et de s’apaiser. Elle devait les rassurer et les aider, pas l’inverse. Elle se montrerait digne de ce que le cardinal attendait d’elle. Elle leur laissa tout le temps de chercher leurs mots en continuant de sourire, pour les mettre en confiance. Elle écouta tout d’abord la demoiselle. Ses mots ne la surprenaient pas : le choc est souvent source de chamboulement et de mots que l’on regrette. Elle hocha la tête et écouta la comtesse, du même avis, tout en réfléchissant à sa réponse. Elle fut touchée par les mots de la jeune femme. Pauvre dame, elle avait souffert et la culpabilité devait la ronger…
« Je comprends, oui. C’est en effet quelque chose qui se produit souvent, que les mots dépassent la pensée lors d’un choc ou d’une surprise, et plus l’on tenait en haute estime la personne qui nous trahit, plus le choc est important. Toutefois, vous semblez plus apaisées en ce jour et ce que vous me dites toutes deux me renforce dans cette pensée. Comprendre son erreur est le premier pas vers la rédemption et le plus important. Pour vous aider à continuer votre cheminement sur cette voie, je ne peux que vous transmettre le conseil que m’a donné le cardinal, avant l’arrestation : votre plus grand atout est votre foi. Vous n’en manquez pas alors suivez-là, continuez de la suivre et vous parviendrez à vous extraire de l’emprise qu’a cet homme sur vous. Quant à vous répondre, Madame la Comtesse, je ne pense pas que ce soit une punition divine mais sans doute plutôt une tentative du Diable de tirer parti de la faiblesse humaine que nous partageons tous. Si vous priez et vous montrez pieuse, je ne doute pas que vous y échapperez, comme vous avez déjà commencé à le faire. Quant à votre époux, j’ose croire qu’il saura également comprendre vos raisons si vous les lui expliquez ainsi, maintenant qu’il a également eu le temps de réfléchir. Quant à l’héritier, je vous avoue que je ne suis pas sûre de comprendre le lien mais ces choses prennent du temps et demande du soin de la part des deux époux. Si toutes ces conditions sont réunies, il ne faut plus que s’armer de patience et note Seigneur la récompensera. »
Elle sentit ensuite l’hésitation de la jeune fille et inclina la tête pour l’encourager. Elle s’étonna un instant de sa question mais comprit ensuite. Elle prit un temps pour y réfléchir. Après tout, elle aussi était bien jeune, malgré tout…
« Je vous avoue que je ne l’avais pas vu sous cet angle mais en effet, la jeunesse est souvent plus vive et plus prompte à se laisser emporter par ses sentiments. Pour ma part… je n’ai pas souvenir d’une telle chose. Le couvent et a foi ont toujours été mon refuge, là où j’ai trouvé des sœurs et un objectif de vie. »
Elle fronça les sourcils, plus pensive.
« En y repensant, si, j’ai douté quand j’ai entendu parler des guerres qui ont déchiré les italiens en début de siècle. Je ne comprenais pas comment l’on pouvait aller tuer son prochain pour un territoire. Mes sœurs m’ont expliqué que c’était à cause de la folie des hommes qui se détournaient de Dieu et se laissaient tenter par le Diable, de même que pour les autres injustices. Savoir cela m’a renforcée dans ma foi car je ne veux pas tomber dans le pêché. Ai-je répondu à votre question ? »
Et puis elle pourrait aussi parler de toutes les questions qui hantaient son esprit depuis ces derniers jours… Mais non. Elle devait renforcer ces femmes, pas les faire douter comme elle doutait, elle, en s’efforçant de se raccrocher à sa foi.
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Un accueillant sourire aux lèvres, Florentyna laissa la Sœur s'asseoir, tout en écoutant Kalisha jouer parfaitement son rôle de repentante. Plaider la surprise du moment, l'effarement, mais aussi les fougues de la jeunesse ainsi qu'elle-même l'avait fait, voilà qui paraissait convaincre Cécilia. L'une et l'autre s'arrangèrent ensuite pour dévier quelque peu la conversation et la fille de Monthoux eut le plaisir de constater que cela prenait. En écoutant la nonne si zélée à sa tache, si douce et réellement soucieuse de les aider, elle eut tout de même un pincement au cœur à l'idée de la duper. Mais c'était le plan.
Assise sur son lit en face de la religieuse, Florentyna acquiesça à son conseil de garder la foi. De s'y accroché comme bateau à son encre alors que les lames de la mer lui claquaient autour. Certes, mais la foi ne justifiait-elle pas aussi le pire, parfois ? S'agripper à elle ne risquait-il pas de faire fermer les yeux sur la cruelle réalité de ce que l'on commettait en son nom ? Aller envahir une terre, faire Croisade du côté chrétien, Djihad du côté musulman comme lui en avait un jour parlé Kalisha... Enfermer des savants ou que savait-elle encore; Bien sûr elle garda tout cela pour elle et hocha la tête : s'accrocher à sa foi était un bon conseil quand on avait l'âme véritablement généreuse comme cette nonne, ainsi qu'une vision douce et humaniste des Écritures. Dans sa bouche à elle, ces mots étaient très beaux. Ils sonnaient terribles en d'autres circonstances. Florentyna aurait très volontiers débattu de cette question avec Cécilia, cependant le moment n'était pas opportun. Plus tard, peut-être ? Une fois que Kalisha et elle-même auraient été re-déclarées saines d'esprit... et si tant est qu'elles revoient la religieuse, dans la perspective où une évasion les tentait !
-- Oh oui, j'ai cheminé et je veux croire que la justice saura faire son travail concernant cet homme. J'ai prié pour ma rédemption et le Seigneur semble m'avoir entendu puisque me voilà déjà l'âme plus sereine, feignit-elle avec un attendrissant petit regard d'enfant revenant dans le droit chemin après une récente bêtise.
Quand la conversation tourna sur son père, elle adressa un regard pour le coup sincèrement plein d'espoir à Kalisha : si Prosper daignait lui aussi s'apaiser, cela leur faciliterait la tâche - quoique pas dans le sens que le suggérait Cécilia, mais de cela, inutile de lui en faire part. Seule son amie le devinerait peut-être dans une brève œillade. La suite toutefois fit frissonner Florentyna. Envisager encore un enfant avec le comte ? Après les paroles qui avaient été dites et la situation déplorable qui était la leur ! Après toutes la sotte cruauté par laquelle il s'était illustré ces derniers temps ? Kalisha ne le tolérerait sans doute pas. La fille de Monthoux cacha sa crispation. Elle laisserait son amie réagir comme elle l'entendait sur ce point, aurait aimé lui prendre la main mais dut se retenir. Tout ce qu'elles pouvaient espérer de Prosper se résumait à le voir suffisamment ramolli pour compter sur son habituelle inattention - et fuir.
Le visage de Florentyna s'attendrit de nouveau à ce mot de "jeunesse" - curieusement avec un genre de nostalgie comme si les tous derniers événements avaient été si brutaux que d'un coup, il semblait à la demoiselle l'avoir perdue, cette innocence de jeunesse. L'autorité de cet empire et de certaines représentants de la foi était cruelle. Le sort qui attendait Hyriel, injuste. Ses prunelles azur s'arrêtèrent dans celles de Cécilia, enviant un temps cette protection à toute épreuve qu'elle disait avoir trouvé auprès de ses sœurs. A toute épreuve, vraiment ? Et si cela pouvait être aussi simple... Dans la fraîcheur d'un couvent - ou d'un autre petit monde à soi - se sentir sereine et protégée par un rempart. Un sage retrait... ou tout de même un style de lâcheté consistant à prendre des œillères ?
Elle acquiesça gravement au sujet des guerres. Quoique l'idée du Diable lui paraissait déresponsabiliser un peu trop aisément les humains, mais passons.
-- Je suis bien d'accord : si Dieu est bonté et amour, comment peut-on imaginer un instant qu'il punisse ou qu'il soumette nos âmes à la tentation ? Voilà une vision fort sinistre de notre Seigneur et personnellement je ne prierai pas un tel Dieu si je le croyais ainsi. Pourle coup, c'était sincère là aussi. Les maux du monde doivent être cherchés en la complexité de l'esprit humain et des rapports sociaux. (Un temps, presque complice avec Cécilia du fait de leur âge si voisin) Puis-je être indiscrète et vous demander ce qui vous y a fait entrer, au couvent ? Plus d'une fois, elle s'était demandé ce qui pousse vers ce choix. Allait-on au cloître pour trouver quelque chose... ou pour fuir quelque chose ? Par conviction ou par défaut ? Ou bien l'un puis l'autre au gré du cheminement spirituel. Elle excluait évidemment le cas de toutes ces malheureuses que l'on contraignait à rejoindre une communauté religieuse. Ce qui l'inressait, c'était celles qui le faisaient en toute conscience.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Kalisha écouta en silence les réponses de la jeune nonne, ravie de voir que Florentyna avait parfaitement joué son rôle. Elle acquiesça d’ailleurs lorsqu’elle affirma que la foi était leur plus grand atout. Oh oui ça l’était ! Et elle n’avait même pas idée à quel point ! L’ennui, c’est que ce n’était sans doute pas ce qu’elle avait espéré vouloir dire en prononçant cette phrase. Pourtant c’était la vérité : leur foi était la clé qui leur permettrait de sortir.
Lorsqu’elle s’adresse à elle, elle baissa la tête repentante, effectuant de temps à autre un discret hochement. Elle n’avait pourtant pas manqué le regard plein d’espoir de son amie. Toutes deux savaient combien tout reposait sur les épaules massives du comte. Il était le seul à pouvoir les délivrer de la séquestration dans laquelle il les avait emprisonnées.
Florentyna fit habilement dévier la conversation sur d’autres sujets bien plus légers. Tout d’abord sur leur jeunesse et c’était malin vu l’âge proche de sœur Cécilia. Quant à la Princesse, elle préféra conserver le silence de peur de se trahir. Si la folie guerrière des hommes était provoquée par les tentations du Diable alors assurément, c’était le Roi et son Ministre de la Guerre qu’il aurait fallu bruler afin de purifier leurs âmes, et certainement pas Hyriel qui n’avait rien fait d’autres que d’aider du mieux qu’il pouvait. Cependant, tout cela ne pouvait absolument pas sortir de son esprit, et pas même les oreilles de sa belle-fille n’auraient pu réceptionner ces dangereuses pensées. Elle aurait pu aussi lui parler des croisades où les hommes s’entretuaient pour leur foi. Foi qui en fin de comptel était bien semblable à de nombreux égards. Cela non plus, n’était pas un sujet de discussion à aborder lorsque l’on espérait une libération.
Elle attendit que la nonne ait répondu puis demanda finalement dans un soupir :
— Pensez-vous que nous ayons une chance de pouvoir assister à la messe de minuit de la Cathédrale afin de célébrer la naissance du Christ ? Ce sera la première fois que je pourrais y participer et l’on m’en a dit tant de bien…
Tout ce que Kalisha voulait savoir c’était quand et le 24 décembre prochain lui offrait une occasion rêvée d’obtenir ce qu’elle désirait.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Les deux jeunes femmes semblaient recevoir ses paroles avec paix de l’âme et sincérité de cœur, ce qui réjouissait Cecilia et lui redonnait confiance. Elle qui se figurait qu’il serait bien difficile de les ramener à la raison, voilà pourtant qu’elles acquiesçaient à ses paroles ! Tout se passerait sans doute bien, finalement ! Elle approuva les paroles de la demoiselle de Monthoux, touchée par son expression sincère de repentance.
« Je suis heureuse de l’entendre. Dans ce cas, je ne doute pas qu’en continuant de prier ainsi, votre âme achèvera de s’apaiser, de même que vos tracas. Je continuerai moi-même de prier pour vous. »
En parlant de la jeunesse, elle croisa un instant le regard clair de la jeune fille. Elle s’efforça de mettre tout ce qu’elle pouvait de joie et d’encouragement dans le sien pour le lui transmettre. Elle hocha ensuite la tête en voyant que leurs avis se rejoignaient et son sourire s’étira à la question qui suivit. Si ses mots pouvaient les aider, elle en était ravie !
« Vous le pouvez parfaitement, ce n’est pas un secret. J’ai grandi à côté du couvent où je suis rentrée et, comme ma famille terrestre était nombreuse, mes parents n’avaient pas toujours l’œil sur moi. J’allais donc souvent voir les saintes femmes qui me semblaient déjà si gentilles et j’y passais beaucoup de temps, pour les aider et pour prier pour tous mes frères et sœurs. Un jour, j’ai eu un… un accident. Rien de grave, j’ai simplement couru et glissé sur une dalle du couvent. Les sœurs se sont occupées de me soigner, parce qu’elles se sentaient responsables, et mes parents m’ont entièrement confiée à elle. J’ai donc continué à apprendre avec elles et je suis entrée au postulat dès que j’ai pu le faire, puis au noviciat, pour continuer d’aider les gens dans le besoin avec mes sœurs. »
Cette plongée dans les souvenirs fit remonter à sa mémoire des images du temps avant l’accident, quand elle voyait encore comme tout le monde. C’était si étrange, de se dire que sa réalité n’était plus la même que les autres personnes… Mais cela ne changeait rien à sa vie alors elle passa rapidement outre, surtout à la question de la comtesse. Elle prit un temps pour réfléchir.
« Je pense que ce sera possible, puisque vous vous portez visiblement mieux, signe que le Seigneur vous a pardonné. Je demanderai à Son Éminence en rentrant ce qu’il en est et je suis certaine que cela vous fera le plus grand bien et achèvera de vous apaiser. »
Elle fut toutefois intriguée.
« Mais pardonnez-moi, vous dites que vous n’avez jamais participé à une telle messe… Comment cela est-il possible ? Ou alors voulez-vous dire que vous n’avez jamais assisté à une messe de Noël dans cette cathédrale, précisément ? »
Elle n’osait croire que la comtesse était dans le pécher des années durant…
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Kalisha aurait bien entendu, Florentyna n'en doutait pas, saisi elle aussi le double sens involontaire et pratique émis par Cécilia : compter sur leur foi. Aussi ironique et perturbant que cela fût pour la demoiselle de Monthoux, réellement croyante, cette foi en l'occurrence était aussi leur outil. Bon. Le Très-Haut devait permettre que l'on s'autorise quelques petits arrangements de conscience quand la situation l'exigeait, quand une profonde injustice se devait d'être combattue. Or c'était toujours ce dont il en retournait pour Hyriel aux yeux de Florentyna : une injustice. Qu'un Dieu bon et protecteur des humbles ne pouvait cautionner, même si le guérisseur avait péché concernant les avortements - cela, la fille du comte ne pouvait le nier et cet unique point lui faisait serrer les dents alors que dans tout le reste, elle ne voyait qu'érudition et souci d'autrui chez l'herboriste.
Quant au Diable, même s'il existait, Florentyna persistait à penser qu'il faisait souvent office de commodité utile à ne pas porter les yeux vers les vrais responsables et les causes - humaines - des malheurs du monde. Elle préféra changer de sujet - par stratégie certes, autant que par véritable intérêt pour le parcours de la nonne. Ses traits se détendirent et elle se surprit même à hocher plusieurs fois amicalement la tête aux réponses de la Sœur. Comme si elle passait simplement un moment entre femmes du même âge, sans autre enjeu - comme avec une camarade de salons, une ancienne connaissance de couvent... Sa famille terrestre. Touchante formule. La demoiselle était souvent portée à croire que l'on pouvait avoir plusieurs autres familles : celle du roman que l'on s'écrit, de ceux que l'on lit, celle que l'on se choisit, celle de cœur... Quand celle-ci concorde avec la famille biologique et véritable, tant mieux. Dans le cas contraire... c'était une famille de plus.
-- Un accident ? se navra-t-elle ensuite, avant d'être rassurée quand Cécilia souligna que ce n'était rien de sérieux. Eh bien, grand merci que vous ayez été si bien traitée par les Sœurs. Et que les membres de ce couvent-ci furent bienveillantes, ne put-elle s'empêcher d'ajouter. On ne va pas se mentir... certaines institutions sont... dures, et je m'interroge quant au résultat sur les jeunes filles qui y passent. Il est triste de les dégoûter de la foi, de leur donner une image austère de Notre Seigneur ou que sais-je encore. Pour moi, ce sont la pédagogie, l'indulgence et la bienveillance qui la font germer. Heureusement que vous confirmez que toutes les congrégations ne se ressemblent pas ! (Un temps) Les gens dans le besoin... Oh, il n'en manque pas en effet... Et j'ai cru comprendre que le climat actuel en Italie n'aide pas ?
La politique de ces États intéressait Florentyna et elle se rendait compte ne pas en savoir plus que ce que transmettait les messages officiels entre grandes puissances. Le point de vue d'une jeune femme native serait probablement tout aussi enrichissant - en tant que ressenti personnel et encré dans le réel - que les comptes rendus d'ambassade.
Kalisha posa alors une nouvelle question. La messe de Minuit. Le 24. Mais oui ! Ingénieux ! Si elles étaient déclarées repenties, l'occasion serait parfaite pour d'une part ne pas manquer le si bel office à la cathédrale - l'occasion de prouver à tout un chacun leur retour dans le droit chemin - et d'autre part : l'opportunité de faire un crochet par les prisons ! A l'idée de son amie, Flornentyna affichera un sourire de bienheureuse, qui en prime pourrait être interprété par la nonne comme une marque supplémentaire de leur foi ragaillardie à l'idée de cette messe. Ce fut cependant sans compter sur la dernière précision de Kalisha, à laquelle la demoiselle se retint de serrer les dents : elle voyait ce qu'elle voulait dire, cependant ce pourrait être mal interprétée par la religieuse. La Djerdanne évoquait le fait qu'avant son mariage, elle était musulmane, et qu'étant arrivée à Monbrina au tout début de l'année, fatalement elle n'avait jamais assisté à l'office de Noël. Oh mais que la nonne se rassure : toutes les autres messes de l'année avaient été honorées par la princesse. D'ailleurs, Cécilia s'inquiétait déjà. Kalisha toutefois saurait clarifier sa pensée et rassurer leur vis-à-vis. Florentyna la regarda et l'écouta faire - prête à apporter sa touche de soutien au besoin. Intérieurement, elle jubilait en même temps de la confirmation de la Sœur : elle semblait convaincue par leur repentir et disposée à les laisser sortir avec la permission du Cardinal. C'était parfait ! Ne restait plus que Son Éminence la donne ! Et que Prosper les libère sans histoire. Florentyna allait encore prier dans ce sens, oh oui !
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Sœur Cecilia semblait convaincue de leur repentance et Kalisha se détendait peu à peu. Avec un peu de chance, elle pourrait revoir le ciel bleu de part en part au-dessus de sa tête très prochainement. La jeune nonne semblait si débordante d’enthousiasme pour sa tâche. Son optimisme lui rappelait celui de Sylvère, qu’elle chassa rapidement de ses pensées par crainte de se trahir.
Elle écoutait aussi intéressée que possible l’échange entre son amie et la religieuse. Curieuse histoire que celle de son accident, au moins, personne ne l’avait forcée et elle était déjà familière des lieux.. Le reflux de ses pensées la ramena à son propre mariage, exacte opposée du choix de vie de cette jeune femme. Enfin, choix... Quelle femme choisissait vraiment sa vie au fond ?
Elle garda ses considérations pour elle, préférant chercher à trouver une porte de sortie à leur geôle en invoquant la messe de minuit pour amadouer leur infirmière spirituelle. Elle réalisa bien vite qu’elle avait fait une grossière erreur en la désignant comme sa « première fois ». Elle se pinça les lèvres face à sa mine tant déconcertée que stupéfaite. Peser ses mots. Il fallait peser ses mots. Elle soupira et se concentra.
— Vous devez savoir que je suis originaire de Djerdan. Je me suis mariée en Février, cela ne fait donc pas un an encore et ils ne sont pas catholiques là-bas.
Ils et non nous, elle était désormais officiellement monbrinienne et plus vraiment grand-chose en réalité. Assise entre deux cultures qui ne l’acceptaient pas entièrement. Elle espérait juste que cela suffirait à la convaincre alors renchérit de ses petits yeux brillants de supplications.
— Vous comprenez pourquoi c’est si important que je puisse y assister cette année...
Et voilà comment faire d’un inconvénient, un avantage. Il y avait toujours du positif à toute situation que ce soit…
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
L’intérêt que semblaient porter ces deux femmes à sa modeste histoire de vie toucha la jeune sœur et la réjouit : si elle pouvait ainsi aider à leur repentance, ce serait tout à leur avantage et elle en serait très flattée. Elle hocha la tête pour confirmer à la fille du comte pour l’accident avant de la rassurer. Elle acquiesça à la suite, touchée.
« Oui, je leur suis très reconnaissante. On m’a en effet parlé de telles institutions mais je trouve que ce n’est pas forcément une bonne chose. Certes, il faut être discipliné dans la conduite de sa vie mais pas non plus trop austère… Notre Seigneur est amour et je crois comme vous que c’est la bienveillance qui l’honore, pas la rigueur excessive. »
Elle acquiesça également à la suite.
« En effet… Nous nous remettons peu à peu des guerres qui ont ravagé notre pays au début de ce siècle et je crois que certaines villes veulent s’en prendre aux Ottomans. À Rome, heureusement, nous sommes protégés par les troupes de Sa Sainteté mais cela n’empêche pas qu’il y ait de nombreux miséreux à aider. »
L’enthousiasme des deux femmes pour la messe de Minuit confirma à Cecilia qu’elles étaient sincères dans leur repentir. En effet, si elles étaient encore envoûtées, il serait impossible qu’elles manifestent un tel entrain. Elle s’intrigua toutefois des paroles de la comtesse mais fut tout de suite rassurée par sa réponse. Elle sourit et hocha la tête, allant même jusqu’à poser une main sur la sienne pour la rassurer.
« Bien sûr, si c’est cela, je comprends tout à fait et je suis d’accord avec vous. En sachant cela, je ne doute pas qu’il vous sera possible de vous y rendre et je ferai tout pour ! »
Ce sera une merveilleuse chose pour achever leur retour dans le troupeau du Seigneur, même si Cecilia ne doutait pas que ce fût déjà le cas. Aller à cette messe le confirmera aux yeux de toute la communauté !
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Comme Florentyna l'avait pensé, Kalisha s'expliqua parfaitement sur la messe de Minuit. Tout fonctionna au-delà de leurs espérances et elles n'auraient même pas à tenter une folle évasion. La novice elle-même allait offrir la clé de la délivrance. La demoiselle acquiesça sagement aux paroles de son amie. Elle se garda de montrer la tristesse qui l'envahit toutefois quand la princesse prononça ce "ils"... Tant d'arrachement exprimé. Un double abandon. Son propre pays ne se souciait plus d'elle, la voyait comme une pécheresse aux yeux de sa famille et d'Allah - et l'Empire monbrinien n'aura guère fait mieux. Au moins pouvaient-elles se consoler dans le fait que Kalisha trouvait le positif dans leur situation actuelle. Un don précieux qu'elle partageait avec son roi et adorable dame de compagnie, que Florentyna avait vite elle aussi su apprécier.
Sœur Cécilia donna son aval pour la messe. Cela avait fonctionné ! Elles seraient libres ! La fille de Monthoux en aurait presque bondi de son matelas ou sauté au cou de la novice, cependant elle sut se retenir. Non. Tout cela était très sérieux. Il était évidemment question du salut de leur âme et de tels débordements auraient paru suspects. La demoiselle se contenta d'un sourire sachant subtilement se situer quelque part entre la l'illumination et la pieuse retenue - un visage inspiré de ces statues de saintes en béatitude.
-- Oh ma Sœur, si vous saviez comme nous sommes heureuses de cette nouvelle ! Il me tarde d'assister à cet office, et que chacun puisse voir que notre regrettable égarement est bel et bien derrière nous. Merci, merci ! Aussitôt sorties de là, je demanderai en outre pardon à ceux que j'ai pu offenser.
Cela lui arracherait les lèvres. Surtout à son père qui n'avait pas volé ces contestations qu'elle avait pu lui adresser lors de l'arrestation d'Hyriel. Et encore ! Florentyna était restée polie. Cependant, autant mettre toutes les chances de leur côté quitte à jouer la comédie. D'autant que Kalisha, elle, avait été particulièrement attaquée avec violence par son époux. Elle ne s'excuserait sans doute pas - et elle avait raison. Pour son amie, donc, Florentyna se résigna à prendre cela sur elle : si sa demande de pardon à elle seule pouvait participer à apaiser son père. Oui, la demoiselle se promit de savoir y faire. Prosper aurait sa diversion et sa fille profiterait de savoir souvent l'attendrir. Elle épargnerait Kalisha.
Une fois ceci entendu, la conversation se poursuivit encore quelques temps - quittant cette fois-ci le sujet de la religion pour causer davantage de politique étrangère, d'Italie, d'Empire Ottoman. Autant de sujets fort intéressants et qui, eux aussi, offraient une diversion pas déplaisante en attendant le moment où le comte allait revenir, monter, demander des comptes.
Une bonne heure se sera écoulée quand on vint trouver le seigneur de Monthoux : l'entretien entre sa femme, sa fille et la novice du Cardinal venait de prendre fin. Cecilia allait devoir repartir. Mais pas avant d'avoir fait son compte rendu à Prosper de Monthoux. Il gravit les marches, se présenta au premier étage, devant la porte où il toqua trois petits coups. Dès qu'il aura reçu autorisation d'entrer, il inclina la tête en sobre salut pour Kalisha, Florentyna, puis un peu plus déférent pour la religieuse à qui il adressa aussi un calme :
-- Bonjour, ma Sœur. (Un temps) Puis-je vous entretenir un moment si vous en avez terminé ? (Puis à Florentyna) J'aurai ensuite une grande nouvelle à vous annoncer après ce que m'aura confié Sœur Cecilia.
Il invita cette dernière à le suivre dans un des bureaux du rez-de-chaussée.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Voir la bonne humeur des deux femmes se sachant repenties réchauffa le cœur de la jeune sœur, encore plus quand Mademoiselle Florentyna prit la parole. Cecilia joignit les mains, enchantée.
« Ce sont là de pieuses paroles qui vous honorent, Mademoiselle ! Toutefois, ce n’est pas moi que vous devez remercier mais le Seigneur, qui a guidé vos cœurs pour les ramener à ses côtés. »
Elles se mirent alors à discuter de l’Italie et de la politique. Cecilia fit de son possible pour répondre avec le plus d’exactitude possible, faisant appel à ce qu’elle avait lu ou entendu, sans craindre d’avouer ne pas savoir ou ne pas être sûre, le cas échéant.
Elle ne vit pas le temps passer mais la discussion finit par s’essouffler, déjà qu’elle avait déviée de son point de départ. Cela n’embêtait toutefois pas du tout la jeune sœur, qui était toujours ravie d’aider quand on le lui demandait, que cette aide soit du domaine physique ou du domaine du savoir. Il lui fallait toutefois repartir, même si elle se promit de prendre de nouveau des nouvelles de ces deux femmes, si le cardinal le permettait.
On frappa à la porte. Le comte en personne ! Cecilia se leva aussitôt et lissa les plis de sa robe en souriant, avant de lui adresser une révérence digne de son auguste rang.
« Monsieur le Comte. »
Son cœur s’accéléra sous l’effet de la légère angoisse qui la prit : parler seule à seule avec un comte, sans la présence rassurante du cardinal comme autorité supérieure… Il fallait décidément qu’elle s’habitue à être indépendante, ce qui n’était pas déplaisant, par certains côtés ! Elle inclina donc humblement la tête.
« Bien entendu, je vous suis, Excellence. »
Elle se tourna vers les deux femmes et leur adressa une révérence plus détendue et plus souriante.
« Je crains que je ne repasserai pas vous voir après cet entretien. Je vous dis donc au revoir maintenant. Ce fut un plaisir de discuter avec vous et j’espère que nous nous reverrons ! En attendant, je vous souhaite une bonne continuation et une très heureuse préparation à la Messe de Noël ! »
Et elle ne doutait pas que les jours prochains seraient heureux, si la demoiselle de Monthoux apprenait une grande nouvelle ! Elle s’inclina une dernière fois pour saluer ces dames avant de suivre le comte en s’efforçant de se détendre. Tout c’était bien passé, elle n’avait rien à redouter.
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Kalisha ravala son soupir de soulagement en s’apercevant que la bonne sœur la croyait sur parole. Elle lui adressa un timide sourire et hocha de la tête, évitant de croiser le regard de Florentyna pour ne pas se trahir.
— Je vous remercie du fond de cœur, Sœur Cecilia. et c’était entièrement vrai j’aurais été si déçu de ne pouvoir y assister à la cathédrale. et c’était parfaitement faux. Mais bon il fallait ce qu’il fallait pour être libre.
Elle ne pouvait cependant retenir ses yeux de briller d’émotion à l’idée de retrouver sa liberté. Lorsque son amie commenta leur sortie -avec adresse, comme elle savait toujours si bien le faire-, elle ne put s’empêcher de prendre sa main dans la sienne pour la serrer.
Elles allaient être libres.
L.I.B.R.E.S
Elles pourraient aller voir Hyriel, elle pourrait lui remettre elle-même le poison de fausse mort et… Il fallait absolument qu’elle trouve comment récupérer son corps pour le faire sortir de là. Que faisait-on des corps des prisonniers qui mourraient ? Allaient-ils le brûler malgré tout. Oh non ce serait affreux… Il fallait qu’elle réfléchisse à une solution mais elle ne se sentait pas d’en parler à Florentyna, ce serait lui avouer que certains chefs d’inculpations n’étaient pas complètement fallacieux et qu’elle avait été sa complice. C’était lui donner accès à des informations qui pourraient la mettre en difficulté.
Puis on toqua à la porte. Prosper. Si Cecilia était la clé du Donjon, Prosper en était le dragon. Elle n’hésita même pas et se jeta à ses pieds. Il fallait parfaire son rôle jusqu’au bout.
— Je vous prie de bien vouloir me pardonner mes errances autant que mes offenses publiques. Je n’imaginais tellement pas qu’il puisse être un vil sorcier, ni même avoir pu m’être fait duper de la sorte…
Il était important de préciser qu’elle se repentait du caractère public et non de ses paroles, mais cela, ce n’était pas dit qu’il le noterait. Elle quitta brièvement ses yeux porcins pour ceux si doux de la nonne où elle y chercha un appui puis se releva et s’inclina à nouveau avant de saluer Cécilia.
— Je vous remercie pour tous vos conseils ainsi que votre écoute bienveillante, ma sœur. Ce fut un véritablement soulagement pour nos âmes que de vous recevoir ici. Saluez le cardinal de ma part je vous prie, je vous souhaite également une bonne continuation et je ne doute pas que nos chemins seront amenés à se recroiser de nouveau…
Prosper s’éclipsa, de même que la novice. Ne restait plus que les deux jeunes femmes qui se regardaient, perplexes. Que sous-entendait-il par « bonne nouvelle » ? Ce n’était pas leur libération, il n’avait pas encore eu son compte-rendu. Soudainement Kalisha frissonna et se cramponna au bras de son ami : et si Hyriel avait tout avoué et qu’il était réellement condamné. Elle sentit les larmes monter à ses yeux. Ce ne pouvait être que cela qui le mettait en joie. Elle ne devait pas paraitre affligée. Elle devrait se réjouir, elle aussi, lorsqu’il annoncerait la nouvelle.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Tout allait presque bien qui finissait presque bien. Au moins sortiront-elles. Kalisha et elle eurent les yeux aussi brillants l'une que l'autre. Elle serra de toute sa tendresse les doigts de son amie dans les siens quand elle lui prit la main. Elles allaient aller faire leur démonstration de piété regagnée à la messe, tel l'enfant prodigue de la parabole retrouvant le foyer aimant après ses errances. Et surtout, elles iraient à la prison. La demoiselle prévoyait ce qu'elle apporterait. Des fruits. Des gâteaux. Un châle pour avoir chaud.
Et plus encore... une imploration à Hyriel : du peu qu'elle savait de la justice, Florentyna se souvint qu'en cas de condamnation - ce qu'elle espérait encore qu'il n'arriverait pas ! - il y avait coutume de demander à l'inculpé de signer un document de reconnaissance de ses fautes, de demande de pardon, de soumission entière à l'Empire et à l'Eglise avec la promesse de se repentir et rentrer dans le rang. Oui ce serait dur pour le guérisseur... D'autant que certaines des accusation restaient injustes et fantasmatiques. Mais par ce paraphe, s'il pouvait avoir la vie sauve. De quoi écoperait-il ? L'enfermement ? L'esclavage ? Il y aurait encore dans ces deux cas moyen de mettre en place des choses.
Une autre crainte lui vint alors : allait-on... torturer Hyriel ? Elle déglutit à cette seule pensée et s'efforça de la chasser. Ainsi que la crainte qu'il ait pu sous la question parler de Sylvère déguisé, de Kalisha trompant son époux et s'étant mise en lien avec l'herboriste tout comme avec le brigand en allant dans la forêt. Ou que savait-elle encore. Elle hocha la tête avec un sourire alors que les derniers mots de Cécilia lui parvenaient à peine, occupée qu'elle était à redouter ces horreurs.
Ce fut alors que son père apparut. Une grande nouvelle la concernant ? Diantre. Après ce qu'elle avait vu de lui ces derniers jour elle redouta la pire. Elle hocha cependant du chef, toujours un masque aimable sur ses traits, quand soudain son amie se jeta à genoux devant l'époux pour prononcer de presque sincères excuses mais qu'elle savait rendre convaincantes. Oh, un détail n'échappa guère à la demoiselle : "offenses publiques". C'était de cela que la princesse se repentait surtout. Bien sûr qu'elle ne devait pas en penser moins ! Florentyna pour sa part se sera levée et, entraînée par la performance de Kalisha, prit sur elle. Prit énormément sur elle. Son amie avait raison, il fallait tenir le rôle jusqu'au bout. Elle aussi posa donc genou à terre et assura de sa voix la plus douce, repentante, presque ornée de trémolos :
-- Je me joins à Kalisha pour vous présenter mes plus humbles excuses. Mes mots ont dépassé ma pensée. J'étais si choquée, je n'étais pas tout à fait dans mon état normal. Je nourris l'espoir que les choses retrouvent un cours serein.
Elle se releva, la main tremblante serrée au montant du lit. Jamais les choses n'avaient eu en réalité un cours vraiment serein depuis l'arrivée de Kalisha - ou serein uniquement dans le sens où ce fut morne, ronflant d'ignorance et de mépris de Prosper pour sa nouvelle femme. Quant au pardon de son père, Florentyna espérait encore au fond d'elle qu'ils puissent s'expliquer ensemble une fois qu'il aurait décoléré. Autrement... tout cela signifierait qu'elle n'aurait bel et bien nul reste de famille. Mais au moins, une amie très chère et qui le resterait en la personne de Kalisha. Et d'ailleurs :
-- Je m'associe aux remerciements de Kalisha et à tout ce qu'elle vient de vous dire, Sœur Cécilia. Je suis navrée que vous ayez eu à vous déplacer pour nos errances, vous qui, tout comme le cardinal, devez avoir bien d'autres secours à apporter... et j'espère que nous aurons cependant l'occasion de discuter de nouveau, en de meilleurs circonstances. Au revoir, Ma Sœur. Beau Noël à vous aussi.
En entrant, Prosper vit la novice se relever, s'incliner. Il surprit son geste précautionneux de lissage de son habit : elle semblait intimidée. Il n'y avait aucune raison, le comte était persuadé que tout se passerait au mieux et lui accordait déjà sa confiance - en tant qu'élève de pas moins que Son Éminence. Il lui sourit et hocha la tête. Quant tout à coup sa femme puis sa fille s'agenouillèrent et demandèrent pardon. Sincèrement. Il en resta interdit l'espace de deux secondes, puis écouta attentivement. Très attentivement. Après tout, Kalisha elle-même ne lui avait-elle pas donné une bonne leçon lors de la venue de l'ambassadeur ? Celle de faire plus attention à qui l'on avait en face de soi et au possible sous-texte de ce qui était dit. C'était également un reproche que lui émettait - quoique toujours avec mille pincettes - sa fille. Ainsi donc haussa-t-il un coin de lèvre, faisant se tordre la ligne de sa moustache, à ce "offenses publiques" prononcé par son épouse.
Voulait-elle dire que... Oh, ce qu'il craignait de comprendre : que le problème résidait surtout dans le spectacle de son attitude pathétique ? Hm. Après tout qu'importait. Elle n'avait pas tort au fond : depuis le temps Prosper avait fini par comprendre le désamour entre Kalisha et lui. Elle pensait donc ce qu'elle voulait. Le tout était de faire en sorte que ces choses ne quittent pas le domaine. Quant à l'influence du sorcier sur l'esprit des deux captives, la religieuse allait sous peu lui en établir le compte rendu et il aviserait en conséquence. Pas de répudiation. Rien de public. Mais d'autres mesure encore envisageables en fonction. Lui-même... ne retirait rien de ce qu'il avait pensé de l'éclopé, ou encore du manque de respect des deux jeunes femmes à un père et à un époux. Toutefois, il regrettait un point : il n'aurait pas dû héler Kalisha de ce grossier "Femme !" La rage lui avait fait dépasser les bornes.
-- Ma femme, ma fille, je suis fort aise d'entendre cela. Je dois moi même confesser, prenant Sœur Cecilia à témoin, avoir eu des accès de colère indignes. Pour le reste... nous rediscuterons, dès que je serai instruit de votre état présent.
Et la novice sortit à la suite du comte, après que celui-ci ait laissé Kalisha et Florentyna lui faire leurs au-revoir. A les entendre, les choses s'étaient bien passé entre elles : voilà qui offrait un premier bon signe. Une fois la porte close, Florentyna eut vers son amie une expression partagée, mi-figue mi-raisin : elle avait noté le rictus de son père au cours des excuses de Kalisha... Pourvu que cela ne contrevienne en rien à leur libération ! Tout reposait maintenant sur Cecilia.
La porte du bureau émit un léger claquement. Prosper invita la novice à prendre place sur un des fauteuils aux agréables coussinets. Il tira une chaise et s'installa en face. Un esclave leur servit à chacun un petit thé puis se retira aussitôt. Prosper croisa ses doigts bégués sur l'arrondi de son ventre, et engagea :
-- Tout d'abord, Ma Sœur, encore merci pour le temps que vous aurez consacré à rencontrer mon épouse et ma fille. Ma honte est grande à ce que vous ayez assisté à de pareilles scènes au sein de ce domaine que j'ai toujours voulu exemplaire. La principale plaie en a - Dieu merci - été extirpée.
Il serra les dents. Le démon infirme. C'était désormais sur lui seul que se concentrait toute la rage du seigneur. Le fauteur de trouble. L'envoûteur. Oui, il était l'origine du mal tandis que Florentyna et Kalisha pourraient quant à elles bénéficier de son pardon en fonction de ce qu'il allait entendre. Les mots de l'une et l'autre, leur pardon imploré, y contribuait déjà. Oh certes cela prendrait sans doute quelques temps, avant que Prosper ne passe entièrement l'éponge et cesse d'être en froid avec elles. Néanmoins les choses n'étaient pas mal engagées.
-- Je vous écoute à présent : comment avez-vous trouvé ces dames ? Je tiens tout de même à vous souligner qu'elles ont grandement remué au cours de leur premier jour d'enfermement. Elles auraient tenté n'importe quoi, il a même fallu poutrer leur fenêtre. Mais quel cheminement ont-elles effectué depuis ?
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Le regret sincère de la comtesse attendrit Cecilia et elle inclina humblement la tête.
« Je ne pense pas être à remercier : c’est à vous-même dans votre lutte contre l’emprise du Diable que reviennent les lauriers. »
Elle fut touchée par le geste de soutien des deux femmes. Quels tourments elles avaient dû endurer ! Mais elles étaient guéries, désormais.
Quand le comte parut, Cecilia parvint à se rassurer avec son sourire. Elle n’avait en effet aucune inquiétude à avoir. Le mouvement spontané de son épouse, suivi de celui de sa belle-fille, surprit Cecilia. Elle fut impressionnée par leur courage et leur repentir sincère. Les pauvres, chercher le pardon du comte après ce qui avait été dit serait difficile et faire preuve d’une telle humilité dans ses excuses était le signe de leur sincérité. Elle leur rendit du regard tout son appui et fut enchantée quand le comte lui-même présenta ses excuses. Che lieto fine!*
Elle fut touchée par leurs compliments. Elle inclina la tête, sourire au visage.
« Je vous remercie et j’espère aussi vous revoir sous de meilleurs jours. Je suis ravie d’avoir pu vous aider et aucunement dérangée : j’ai choisi de consacrer ma vie à aider les gens dans le besoin et je suis donc comblée d’avoir pu le faire. Je transmettrai vos salutations à Son Éminence à mon retour, je suis certaine qu’elles lui feront très plaisir ! »
Sur ces mots, elle les salua d’une dernière référence souriante et suivit le comte de Monthoux, rassérénée.
Quand ils entrèrent dans le bureau, Cecilia fut honorée du geste du comte et s’assit modestement en soufflant un petit merci. Elle fit de même avec le serviteur qui venait gentiment leur apporter un petit thé et prit timidement sa tasse pour se rassurer et ne pas se triturer les doigts. Elle écouta les remerciements du comte et secoua la tête pour le rassurer.
« Je vous en prie, je n’ai fait que remplir la mission que Notre Seigneur m’a confiée. Si cela peut vous rassurer, je ne vous tiens aucunement rigueur pour ce que j’ai pu voir. Ce sont des choses qui arrivent et les circonstances en étaient exceptionnelles. »
Effectivement, courir à la suite d’une fille de comte pour aller chercher une couverture afin de réchauffer un sorcier sur lequel on avait versé un seau d’eau n’était pas banal… Elle but une gorgée de thé en écoutant la suite des mots du comte, impressionnée. Elle se mordit la lèvre avant de répondre, cherchant ses mots.
« Pour ce que vous me dites, je pense qu’il faut y voir la réticence naturelle de l’Homme à être enfermé. Avec tout le respect, je pense que vous auriez réagi pareil si on vous enfermait et moi aussi, sans doute, et même n'importe qui d'autre, avant que nous ne prenions chacun le temps de réfléchir une fois accepté cet enfermement. »
Elle se mordit la lèvre, craignant d’avoir été impolie, mais continua sa réponse.
« Justement, une fois passé les premiers égarements de l’enfermement, toutes deux ont bien réfléchi et je les ai trouvées très calmes et très pieuses. Elles regrettent leurs actes avec sincérité, comme elles vous l’ont dit, et ne souhaitent qu’achever leur repentir en revenant publiquement dans la communauté des croyants, lors de la Messe de Noël, si vous le permettez. »
Elle sourit, sincère, approuvant grandement cette idée et espérant que le comte la partage.
*Che lieto fine! : « Quelle fin heureuse ! », littéralement. C’est l’équivalent de notre « Tout est bien qui finit bien ! » mais la pièce n’était pas encore sortie à l’époque…
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Il laissa à la novice le temps nécessaire pour s'installer et se délester de sa timidité. Elle semblait si impressionnée dans ce décorum et devant lui, alors qu'en l'occurrence c'était à elle et au Cardinal que reviendraient les honneurs. Cécilia prit sa tasse - davantage pour se donner contenance que pour savourer la boisson, nota le comte - puis la parole. D'un sourire aussi ému que soulagé, Prosper la remercia de ne pas tenir rigueur à sa maison des événements auxquels elle s'y était trouvée confrontée. Notamment de la main de sa fille. Le comte la revit si follement empressée, à partir en course démente avec la nonne... et cela pour quoi ? Donner une couverture à cet envoûteur qui aurait mérité d'être percé plus longtemps par les dards de l'eau glaciale. Quoi que... C'eût été prendre le risque de le faire tomber malade, et passer à côté de son juste châtiment.
-- Vous n'imaginez pas le soulagement que vous me faites, Ma Sœur, à m'affirmer que ni vous, ni Son Éminence, ni personne du clergé ne gardera grief contre les gens de mon domaine. Décidément, Notre Seigneur a parfaitement fait les choses en envoyant le Cardinal Cassin et vous-même auprès de nous.
Il lui rendit son sourire si communicatif. Cécilia accomplissait le miracle de le rendre de bonne humeur et attendri même en ces circonstances graves. La suite l'illumina. Alléluia ! Prosper n'aurait pas été plus réjoui si on lui annonçait une résurrection ou quelque miracle. Quelle fin heureuse ! Et un beau Noël qui pourrait avoir lieu.
-- Vous avez raison. Oui... Cette mesure très dure de l'enfermement, nécessaire mais très dure - je le reconnais - aurait affolé n'importe qui dans un premier temps. Heureusement, le Ciel les a aidées ensuite à quitter cet état premier pour passer à la deuxième étape : mettre à profit la réclusion pour une saine réflexion. (Il poussa un soupir d'aise, main sur son cœur) Loué soit Dieu, et merci encore à vous, de savoir ma femme et ma fille aussi bien remises. J'ai grand hâte que nous allions tous ensemble à la messe de Minuit où la célébration de la Nativité ne pourra qu'être la pierre angulaire de ce repentir. Une terrible page qui se tourne. Pour vous répondre, donc : bien sûr que oui, j'autorise leur sortie dans deux jours pour la célébration de la venue au monde de Notre Seigneur. Ce sera comme une renaissance pour elles aussi.
Enfin l'esprit en paix, il sirota son thé. L'atmosphère était douce, avec le chaleureux crépitement d'un feu de cheminée et le réconfort de la boisson dans sa gorge. Ces bonnes nouvelles couronnèrent le tout. Le comte s'enquit tout de même :
-- Et... ont-elles dit des choses particulières au sujet de ce domaine ? D'un ou plusieurs de ces membres, ou de moi-même ? (Un temps, cette fois-ci plus grave) Et le sorcier ? Les pensez-vous pleinement et véritablement délivrées de son emprise, ou dois-je m'attendre à de nouvelles crises de démence quand il faudra - je l'espère bien - annoncer ses aveux, sa condamnation, puis son bûcher ? J'ose attendre plutôt qu'elles s'en réjouissent.
Il ne leur imposera peut-être pas d'aller assister à l'exécution. Cela dépendrait de la tournure des choses et de leur comportement ces prochains jours. Lui-même, en revanche, n'allait pas se priver de se rendre sur la Grand' Place le jour du supplice. Et d'être sûr que cette vile créature soit montée au bûcher, que sa satanée langue ait été arrachée par prévention d'une ultime malédiction ou insolence. Que l'estropié y soit consumé par les flammes, réduit en cendres. Et que nul adepte ne s'amuse à tenter de les récupérer pour quelque culte ou mauvais sort.
-- Voyez-vous, je n'ai à cœur que de voir les choses s'apaiser : je ne tiens pas à devoir répudier ma femme. Cette épouse que Sa Majesté le roi en personne et le Ministre des Affaires étrangères m'ont donnée. Il m'appartient de servir mon pays. Quant à ma fille, elle s'apprête à faire très prochainement de prestigieuses fiançailles avec, précisément, le fils du vicomte de Fromart. Il est hors de question qu'elle risque de faire honte à la maison de Monthoux ou à sa nouvelle famille.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Le propre sourire de Cecilia s’étira quand elle vit l’expression de soulagement sincère du comte et entendit ses paroles. Elle ne voulait pas qu’une inquiétude lui pèse sur la conscience alors qu’elle pouvait sans problème y mettre fin. Elle rosit, émue à son tour par le compliment.
« Grâce lui soit rendue pour nous avoir guidés vers vous. »
Le voir sourire la mit peu à peu davantage à l’aise qu’elle ne l’était. Ce n’était pas si horrible qu’elle se l’imaginait de faire son compte rendu à un comte, il suffisait d’être honnête et de laisser parler son cœur. Elle fut également rassurée qu’il ne lui en veuille pas de lui avoir rappelé la faiblesse humaine et qu’il comprenne mieux les réactions des deux femmes. Ainsi, il ne leur en tiendrait pas rigueur et n’oublierait pas tout le reste en rappelant sans cesse à sa mémoire ces premiers égarements. Elle acquiesça à sa confirmation et à son soulagement. Malgré tout, si les deux femmes avaient été ébranlées par l’arrestation animée du sorcier, lui aussi avait dû l’être et se devait de soulager sa conscience et d’être rassuré en son cœur. La jeune sœur était ravie de pouvoir l’aider ainsi.
Elle-même fut soulagée quand il accorda la présence des deux femmes à la Messe de Noël et elle ne le cacha pas.
« Je vous remercie pour elles, Excellence, et je suis certaine que cela vous rassérénera tous de vous y rendre en famille. »
Elle écouta alors ses interrogations inquiètes et réfléchit tout en parlant.
« Non, je ne vois pas, mis à part les excuses qu’elles vous ont présentées… Quand au sorcier… elles se sont inquiétées pour lui par charité et dans l’espoir qu’il soit innocent, en bonnes chrétiennes, mais ont regretté les transports le concernant. Je pense donc qu’il n’y a rien à craindre. Toutefois… »
Elle ne put retenir une grimace un peu mal à l’aise.
« Si je puis me permettre une recommandation, ce serait de ne pas leur en parler… crûment, si cela arrivait. En effet, de ce que j’ai pu en juger, ces dames sont charitables et répugnent à la violence, même si cet homme s’avère être un sorcier. Et je vous le conseille en prenant mon propre exemple : sans être victime de son influence, je sais que je serai mal à l’aise à l’annonce d’une sentence aussi terrible car même si cet homme s’est finalement voué au Diable, je ne peux m’ôter de l’esprit qu’il demeure en lui une part d’humanité, aussi infime soit-elle, comme dans toute personne de ce monde. C’est pour cela que je pense aussi, si je puis me permettre, qu’il vaut mieux être triste pour cette pauvre âme damnée que réjouit de faire brûler un homme… »
Elle déglutit timidement, ramassée derrière sa tasse et espérant ne pas être réprimandée par cette opinion. Pourtant, elle ne changerait pas d’avis là-dessus, elle le savait, mais… c’était tout de même un comte…
Elle approuva toutefois la suite et écouta avec attention. Cela se recoupait dans son esprit avec les mots de la comtesse sur ses origines. Elle fut toutefois étonnée de la suite, concernant la jeune demoiselle de Monthoux. C’était donc ça, la bonne nouvelle ? Des fiançailles ? Avec… Alduis ? Mais… il… Non, elle devait se reprendre. Elle ne devait rien dire, rien, elle l’avait promis et elle s’y tiendrait. Et son étonnement, si elle ne l’a pas caché assez vite, pourrait se reporter sur autre chose. Elle hocha donc largement la tête, comme si elle prenait en considération le propos et l’étudiait dans son esprit, tout en cherchant ses mots. Était-ce pour cela qu’Alduis allait si mal quand ils s’étaient croisés ? Parce qu’il savait qu’il allait se marier à une femme qu’il n’aimerait probablement jamais comme on l’attendrait de lui ? Ou il avait appris cette nouvelle brutalement, peu après ? C’était horrible… Ou alors… il avait pris cette initiative ? Mais pourquoi ? Ce n’était pas la question. Elle reprit donc une gorgée de thé avant de répondre.
« Je vois, oui… En effet, je comprends vos inquiétudes mais je suis certaine qu’il n’en sera rien ! Elles sont toutes deux parfaitement remises et je suis certaine que la perspective de ce mariage les réjouira toute deux, surtout votre fille ! En plus, c’est un très prestigieux parti, raison de plus pour s’en réjouir ! »
Elle-même afficha de nouveau son immense sourire avec un hochement de tête joyeux pour appuyer son propos. Après tout, peut-être que Mademoiselle Florentyna appréciera cette situation !
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Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
La nonne rosissait, mais elle avait de quoi ressentir de la fierté à avoir été une si efficace messagère du Seigneur. Il croisa pieusement les doigts à son action de grâce et reprit sa tasse de thé dont il acheva de se régaler. La suite les rassura autant l'un que l'autre. Il promit - à Cécilia autant qu'à lui-même :
-- En effet il est plus que temps de réparer les récents dégâts dans ma famille. La messe de Noël sera une belle occasion pour cela.
Au moins qu'en soit sauvée l'apparence. Rien ne devait sortir de négatif à la veille des fiançailles de sa fille. Lui-même du reste gardait l'espoir de conversations plus calmes avec elle. Ne pas rompre tout lien... Conserver enfin, par son entremise, de bonnes relations avec la maison de Fromart. Il se crispa d'abord en entendant que Kalisha et Florentyna avaient eu encore trop de bonté pour s'inquiéter de ce misérable démon. Mais les paroles de la novice surent le détendre et il souffla :
-- Oui... Sûrement. Leur charité a parlé. Et ce sera à la justice de faire le nécessaire quant à sa punition. (Un temps. Intrigué, le comte réfléchit aux conseils de Cécilia et demeura silencieux à les méditer.) Je... Eh bien... Puisque vous pensez qu'il vaut mieux les préserver, alors j'écouterai les voix du Seigneur par votre entremise. C'est entendu, je serai vigilant dans les mots que je choisirai pour parler à ma femme et à ma fille de la suite de l'affaire.
Prosper se garda toutefois de commenter la suite et hoche seulement du chef. Non, c'était trop lui demander que de trouver encore l'humanité dans cette créature éclopée et sournoise qui avait semé tant de désordre. Il ne serait pas triste pour ce sorcier. Il attendrait avec hâte son supplice, et s'en délecterait. Cette jeune nonne semblait encore bien sensible et indulgente et, à la voir se ramasser presque derrière sa tasse, le comte se demanda si elle aurait les épaules pour continuer sérieusement aux côtés d'un cardinal inquisiteur. Elle devrait s'endurcir... Le démon boiteux l'aurait-il atteinte, elle aussi ?
-- Je veux partager votre optimisme, Ma Sœur : oui, elles seront rétablies. Et oui, c'est un excellent parti que celui qui attend Florentyna. Je prierai pour qu'elle soit heureuse et sache faire honneur à sa maison autant qu'à sa belle famille. (Un temps, se préparant à se relever en entendant à une horloge que l'heure tournait si vite) Mais je ne voudrais pas vous retenir davantage : des affaires notariales en vue des fiançailles de ma fille m'attendent, quant à vous je suis certain que le travail ne manque pas auprès du Cardinal.
Il s'inclina devant la novice, lui offrit un dernier sourire avant de la faire raccompagner sur un chaleureux :
-- Encore merci, Sœur Cécilia, et j'espère vous revoir. Florentyna s'en réjouira aussi sûrement. Vous semblez une aide précieuse.
Restait une autre formalité à assumer avant que d'aller trouver le tabellion. Il était grand temps en effet de dresser l'inventaire des biens qui accompagneraient sa fille dans son nouveau domaine. Mais avant, Prosper retourna au premier étage et fit définitivement rouvrir la porte qui avait gardé closes sa femme et sa fille ces trois jours durant. Il se présenta devant elles, le visage apaisé quoique toujours sur la réserve. Un sourire ourla ses lèvres et étira sa moustache.
-- Chère Kalisha, et vous Florentyna, je n'ai entendu que de bonnes choses de la part de Sœur Cécilia. Vous voici rendues à votre liberté. Et puisqu'il nous faut nous apaiser, je vous présente à mon tour des excuses pour certains mots ayant dépassé ma pensée. Nous étions tous troublés et peut-être même sous emprise lors de cette terrible journée. (Un temps) Nous irons ensemble à la messe de Minuit. Et vous, ma fille, je ne vous ferai pas attendre plus longtemps... Je parlais tout à l'heure d'une grande nouvelle, la voici : vous allez être fiancée. Au jeune seigneur Alduis de Fromart, fils de notre Ministre des Affaires étrangères.
Celui-là même qui avait ordonné le mariage de Kalisha. Mais c'était ainsi. Qu'importait ce qu'elle en penserait. Pourvu seulement qu'elle ne réagisse pas trop mal.
Son père tentait maladroitement d'apaiser la situation. Il présentait des excuses. Florentyna ne sut pas vraiment se prononcer quant à leur sincérité. Elle se contenta de poursuivre son jeu de fille modèle et repentie. Il fallait donc sourire. Et elle sourit. De toute sa pieuse candeur, alors que sa main restait quant à elle entourée autour de celle de Kalisha qu'elle venait de prendre affectueusement. Ce fut toutefois sans compter sur ce qui arriva... juste derrière...
Bouche entrouverte. Souffle coupé. Regard arrondi et bientôt empli d'un voile qu'elle ne sut attribuer au choc, au trop plein d'émotions, ou à une pensée quelque peu révoltée associée fatalement au sort de Kalisha. Serait-ce une plaisanterie ? La famille du ministre ? L'homme qui avait - en compagnie du roi évidemment, mais tout de même... - organisé le mariage tout bonnement désastreux de la princesse. Qui l'avait littéralement sacrifiée. Pour une guerre qui du reste se précisait de plus en plus. Ses doigts fins ne s'en resserrèrent que davantage autour de la main de Kalisha, comme si c'était de sa faute à elle... Comme si c'était elle, Florentyna, qui présentait ses excuses pour cet énième mauvais tour. Les exploits devant l'ambassadeur n'avaient donc pas suffi ?! La demoiselle tenta de penser clairement. Il devait y avoir quelque motif logique malgré tout. Son père manquait de jugeotte, mais le beau-père faisait aussi partie de l'équation et de la décision. Quant au dénommé Alduis... La fille de Monthoux ne le connaissait pas. Elle savait seulement qu'il était militaire. Et réputé pour un certain goût de la provocation comme au Triomphe. Elle déglutit.
Toute sa digne contenance lui revint cependant. Elle haussa le menton et carra les épaules. Le moment était donc venu, apparemment, d'accomplir un de ses devoirs. Oh, elle s'y préparait depuis des années - toutefois une annonce aussi brusque et après tant d'émotions lui auront donné dans un premier temps cet air de grande surprise. Une foule de questions lui venaient déjà. Comment serait Alduis ? Et sa famille ? Quand auraient lieu les fiançailles ? Où serait Kalisha ? Et Hyriel ? Comment décemment prévoir de se réjouir - au moins en façade - si leur ami montait bientôt sur le bûcher ? Interdite, elle fut incapable de prononcer une seule parole.
Re: [19 décembre 1597] Trop serré, l'écrou cède [Terminé]
Le comte semblait entendre ses conseils. Cela rassura la jeune sœur qui acquiesça. Rien de tel que la célébration de la naissance du Sauveur pour réunifier les chrétiens entre eux. Elle s’inquiéta en le voyant toutefois se crisper quant à la mention de la charité des deux femmes mais ses craintes furent de nouveau apaisées à sa réponse, de même à la suite. Elle hocha la tête, soulagée, quand il dit qu’il serait vigilant.
« Je vous remercie pour elles. Je pense de plus qu’il faille leur laisser un peu de temps de rétablissement, comme pour les accidents physiques. »
Elle se mordit la lèvre en croyant voir au regard du comte qu’il conservait ses opinions et craignit qu’il ne la juge mal. Elle ne relança pas sur ce sujet et retrouva son sourire quand le sujet redevint plus joyeux. Qu’elle soit heureuse… sans être aimée en retour comme il se doit par son époux qu’elle n’aura pas choisi… Elle espérait qu’ils arrivent au moins à être bons amis et les y aiderait, elle se le promettait ! Elle tourna la tête en entendant l’horloge et se redressa en hochant la tête.
« Bien sûr, vous devez être très occupé. Quant à moi, je vais d’abord lui faire mon rapport sur l’entretient de se jour puis irai où lui ou Dieu me demanderont ! »
Elle s’inclina de même, le sourire retrouvé.
« Je vous remercie. J’espère aussi que nous aurons l’occasion de nous retrouver dans des temps plus heureux, quand toute cette affaire sera terminée, et je formule tous mes bons vœux pour le mariage de votre fille ! »
Elle se laissa alors reconduire, ravie d’avoir pu aider trois âmes à retrouver la paix et la bonne entente.
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