[11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
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[11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Comme presque chaque jour, Cassandre sortait le matin pour se rendre au marché et ramenait à la Rosa Azul sa nourriture quotidienne. Elle en revenait et de délicieuses denrées s'entassaient dans son panier. Elle avait pris aujourd'hui quelques confiseries et les partagerait en rentrant avec Grâce. Au début, c'était exceptionnel d'acheter des sucreries avec la monnaie qu'elle réussissait à &économiser grâce à ses talents de négociatrices ou ses ruses. Puis, peu à peu, elle s'était habituée à y goûter et elle adorait encore plus voir le visage heureux de sa pette sœur quand elle lui en ramenait.
Sur le chemin du retour, comme chaque jour, Cassandre passa devant l'église Saint-Eustache mais nota aujourd'hui une agitation notable. Du bruit se faisait entendre autour du presbytère détruit par les flammes quelques mois plus tôt. Intriguée, la fillette s'approcha et découvrit des ouvriers en pleine activité. Ils s'affairaient à évacuer les grabats ou à crouler les murs qui tenaient encore debout. Elle se rappela de cette histoire. Une femme, folle, avait voulu voler un livre interdit au prêtre et avait allumé un incendie en repartit. Elle avait été châtié par la nature même du crime : on l'avait brûlé elle aussi. Pour une fois, elle ne se sentait pas en colère comme une décision de justice. Cette femme était dangereuse. Voler, Cassandre pouvait le comprendre. Par contre, mettre le feu, c'était risquer de causer du tort à des personnes innocentes. Elle rêvait parfois de voir le palais royal ou la prévôté flamber mais elle ne ferait pas. C'était trop dangereux pour les gens aux alentours ou les domestiques qui y travaillaient.
Toute cette histoire faisait naitre en elle quelques idées espiègles. Et si elle s'amusait ? Rien de bien méchant. Seulement faire peur à ces ouvriers s'ils étaient trop crédules. C'était si drôle de faire peur aux adultes !
Dissimulant ses intentions, la fillette s'approcha et se posa près de morceaux de grabats que plusieurs hommes s'efforçaient de déblayer. Elle prit son adorable visage d'enfant innocent, celui que personne ne pouvait soupçonner d'une mauvaise pensée, et minauda :
"Dites, c'est pas dangereux de faire ça ?"
Un ouvrier s'arrêta et l'observa en pouffant.
"Dangereux ? on est des hommes, fillette ! On en a d'autres !"
"Oh, je pensais pas à vos conditions de travail. C'est juste... Oh, mais vous n'êtes pas au courant ?"
Cassandre mima un étonnement poli, savourant intérieurement sa manipulation. Ils l'écoutaient, tous bien trop curieux par ce qu'elle allait leur raconter.
"C'est une sorcière qui a détruit le presbytère. Une vilaine sorcière ! Comme dans les contes ! Sauf que celle-là est réelle ! Même mon oncle, il en est effrayé. Pourtant, c'est le cardinal Cassain, vous connaissez ? Il s'y connaît dans toutes ces choses ! Mais quand il a vu ce qui s'est passé ici, il a eu peur."
La fillette se retenait difficilement de rire en apercevant deux ouvriers pâlir et se signer quand le nom de son oncle surgit dans ses paroles. Quel beau pouvoir que ça représentait d'avoir un homme d'église influent dans ses connaissances !
"Il dit.. il a dit que ce qui se passait ici était pas normal. Qu'une sorcière aurait pas dû réussir à brûler le domaine d'un prêtre. Ou alors c'est qu'elle avait un pouvoir très puissant. Et dangereux. Il a essayé de faire quelque chose. De verser de l'eau bénite sur les pierres. Mais rien n'y fait. Alors, parfois, il y a un fantôme qui apparaît. Celui de la sorcière brûlée. Et elle emporte celui qui a le malheur de la regarder."
"C'est... C'est des racontars !"
Cassandre se tourna vers l'ouvrier qui tentait de raisonner. Elle avait déjà réfléchi à des des disparitions qui avaient été plus ou moins ébruités. ca allait être la dernière pièce avant que tous ne tombent à genoux.
"C'est bien ce que disait monsieur Millier. Vous savez, le boulanger. Il ne croyait pas en ces fables. Des fables qu'il disait. Alors, par défi, il a fait le pari avec des copains de passer une nuit dans les ruines. Eh ben, on l'a plus revu depuis !"
En réalité, le malheureux reposait depuis un mois dans le fond des on lit, atteint de la tuberculose. Sauf que pour éviter l'infamie, son épouse prétendait que son ami était parti précipitamment, sans savoir pour où. Une urgence se se contentait-elle de répondre aux curieux. De ce manque d'informations, quand on allait pas comprendre à la source ce qui se passait, les plus folles rumeurs devenaient possibles. Et ça se vérifiait en ce moment. Les ouvriers perdaient tous leur belle assurance.
"C'est vrai. Le boulanger... On le voit pas depuis un bout de temps !"
"Mais non ! doit y avoir une autre explication ! Il..."
"On va tous mourir !"
"On va être maudit nous aussi !"
"Mais non ! On aurait pas été engagé sur un chantier si y avait des risques comme ça !
"Mais si ! Le curé, eh ben, il nous sacrifie !"
Dans leur dos, Cassandre s'était adossée contre la paroi d'un mur porteur, le panier à ses pieds et croquait nonchalamment dans une poire, sans perdre une miette du spectacle qu'elle venait de créer.
Sur le chemin du retour, comme chaque jour, Cassandre passa devant l'église Saint-Eustache mais nota aujourd'hui une agitation notable. Du bruit se faisait entendre autour du presbytère détruit par les flammes quelques mois plus tôt. Intriguée, la fillette s'approcha et découvrit des ouvriers en pleine activité. Ils s'affairaient à évacuer les grabats ou à crouler les murs qui tenaient encore debout. Elle se rappela de cette histoire. Une femme, folle, avait voulu voler un livre interdit au prêtre et avait allumé un incendie en repartit. Elle avait été châtié par la nature même du crime : on l'avait brûlé elle aussi. Pour une fois, elle ne se sentait pas en colère comme une décision de justice. Cette femme était dangereuse. Voler, Cassandre pouvait le comprendre. Par contre, mettre le feu, c'était risquer de causer du tort à des personnes innocentes. Elle rêvait parfois de voir le palais royal ou la prévôté flamber mais elle ne ferait pas. C'était trop dangereux pour les gens aux alentours ou les domestiques qui y travaillaient.
Toute cette histoire faisait naitre en elle quelques idées espiègles. Et si elle s'amusait ? Rien de bien méchant. Seulement faire peur à ces ouvriers s'ils étaient trop crédules. C'était si drôle de faire peur aux adultes !
Dissimulant ses intentions, la fillette s'approcha et se posa près de morceaux de grabats que plusieurs hommes s'efforçaient de déblayer. Elle prit son adorable visage d'enfant innocent, celui que personne ne pouvait soupçonner d'une mauvaise pensée, et minauda :
"Dites, c'est pas dangereux de faire ça ?"
Un ouvrier s'arrêta et l'observa en pouffant.
"Dangereux ? on est des hommes, fillette ! On en a d'autres !"
"Oh, je pensais pas à vos conditions de travail. C'est juste... Oh, mais vous n'êtes pas au courant ?"
Cassandre mima un étonnement poli, savourant intérieurement sa manipulation. Ils l'écoutaient, tous bien trop curieux par ce qu'elle allait leur raconter.
"C'est une sorcière qui a détruit le presbytère. Une vilaine sorcière ! Comme dans les contes ! Sauf que celle-là est réelle ! Même mon oncle, il en est effrayé. Pourtant, c'est le cardinal Cassain, vous connaissez ? Il s'y connaît dans toutes ces choses ! Mais quand il a vu ce qui s'est passé ici, il a eu peur."
La fillette se retenait difficilement de rire en apercevant deux ouvriers pâlir et se signer quand le nom de son oncle surgit dans ses paroles. Quel beau pouvoir que ça représentait d'avoir un homme d'église influent dans ses connaissances !
"Il dit.. il a dit que ce qui se passait ici était pas normal. Qu'une sorcière aurait pas dû réussir à brûler le domaine d'un prêtre. Ou alors c'est qu'elle avait un pouvoir très puissant. Et dangereux. Il a essayé de faire quelque chose. De verser de l'eau bénite sur les pierres. Mais rien n'y fait. Alors, parfois, il y a un fantôme qui apparaît. Celui de la sorcière brûlée. Et elle emporte celui qui a le malheur de la regarder."
"C'est... C'est des racontars !"
Cassandre se tourna vers l'ouvrier qui tentait de raisonner. Elle avait déjà réfléchi à des des disparitions qui avaient été plus ou moins ébruités. ca allait être la dernière pièce avant que tous ne tombent à genoux.
"C'est bien ce que disait monsieur Millier. Vous savez, le boulanger. Il ne croyait pas en ces fables. Des fables qu'il disait. Alors, par défi, il a fait le pari avec des copains de passer une nuit dans les ruines. Eh ben, on l'a plus revu depuis !"
En réalité, le malheureux reposait depuis un mois dans le fond des on lit, atteint de la tuberculose. Sauf que pour éviter l'infamie, son épouse prétendait que son ami était parti précipitamment, sans savoir pour où. Une urgence se se contentait-elle de répondre aux curieux. De ce manque d'informations, quand on allait pas comprendre à la source ce qui se passait, les plus folles rumeurs devenaient possibles. Et ça se vérifiait en ce moment. Les ouvriers perdaient tous leur belle assurance.
"C'est vrai. Le boulanger... On le voit pas depuis un bout de temps !"
"Mais non ! doit y avoir une autre explication ! Il..."
"On va tous mourir !"
"On va être maudit nous aussi !"
"Mais non ! On aurait pas été engagé sur un chantier si y avait des risques comme ça !
"Mais si ! Le curé, eh ben, il nous sacrifie !"
Dans leur dos, Cassandre s'était adossée contre la paroi d'un mur porteur, le panier à ses pieds et croquait nonchalamment dans une poire, sans perdre une miette du spectacle qu'elle venait de créer.
- Spoiler:
- @Le Cent-Visages @Augustin Carpentier Voilà, la petite peste est venue apporter le dawa sur le cha,tier. Bon courage, Jérémie, puis, Augustin En attendant là, elle popcoorne
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Voilà deux jours que "Achille", en plus de s'estimer protégé par ce nouveau travail, appréciait de sentir son esprit plus souvent sollicité. Oh certes pas autant que son corps, mais suffisamment pour lui donner l'agréable sensation de ne gaspiller aucune de ses facultés. Augustin Carpentier et lui avaient trouvé ce terrain d'entente l'autre fois sous sa tente : être régulièrement convoqué pour apporter ses connaissances algébriques, au milieu de ses heures de travaux physiques. Pacte tacite de discrétion, en échange de ces calculs-éclairs auxquels tous deux trouvaient un bénéfice. La situation lui convenait. Et il remerciait le patron de ce chantier de l'avoir acceptée.
Il sortait justement d'un moment de géométrie à l'abri des regards... quand une curieuse agitation attira ses oreilles. Rôdant ici et là avec son habituelle allure de métronome pour rejoindre son poste de déchargement, l'esclave entendit d'étranges propos serpenter entre ses pairs ouvriers. Discret, planté tel un piquet à l'abri de quelque colonne, il écoutait. L'on fit comme de coutume à peine attention à lui : ses camarades le prenaient pour un toqué et avaient abandonné l'idée de comprendre. Bon. La grande ombre put entendre ce dont il était question. Des morts mystérieuses. Une malédiction. Un curé qui sacrifierait ses ouvriers. Allons bon. "Achille" comprit bien rapidement que de tels racontars devaient être en lien avec les événements de septembre. La prétendue sorcière. Mais ces journaliers n'avaient Diable pas besoin de savoir cela ni de s'en inquiéter. Comment d'ailleurs avait-ce pu arriver ?
Le spectre se décida à sortir de son repaire puis à avancer vers un collègue pour l'interroger. Un peu bougon, l'homme sur lequel il avait jeté son dévolu répondit d'une voix encore chargée d'inquiétude, en pointant une petite silhouette installée plus loin :
-- C'est la p'tiote là bas qui nous a mis en garde. Une sorcière aurait laissé sa marque là. (Un temps) J'sais pas pour toi, mais moi j'vais p'têtre écourter mon contrat s'y se passe va savoir quoi...
-- Je serai d'avis d'attendre davantage que le "on dit" d'une seule personne. répondit "Achille" pris au dépourvu mais désireux de rassurer le pauvre homme, et incapable d'en dire davantage pour le moment. Merci. Je vais me renseigner si tu veux.
Le collègue acquiesça. Jérémie s'éloigna. Deux rides de soucis lui striaient le front. Elles s'accentuèrent plus encore quand il reconnut la silhouette en question comme Cassandre. Bien vêtue, et apparemment en bonne forme, ce qui le réjouit : la petite esclave était bien traitée. Cependant, trop d'interrogations le taraudaient à présent. Que faisait-elle ici ? Et pourquoi avait-elle raconté tout cela aux pauvres journaliers ? Se rendait-elle compte de ce qu'elle venait d'allumer ? Nul ne savaient jusqu'où et dans quel désordre pouvaient s'enfler de telles rumeurs à base de sorcellerie, de malédiction, de mort en rôde.
-- O infernum... siffla-t-il entre ses dents pour lui-même.
Il fallait qu'il aille voir Cassandre. Deux hypothèses. Ou bien primo elle avait parlé en toute spontanéité, innocence, mais cela lui ressemblait assez peu. La servitude lui avait appris - si l'on pouvait dire... - le contrôle, la prudence, la froide analyse. D'être mieux traitée depuis peu lui avait-il rendu son insouciance... et quelque part un peu d'enfance ? Ou bien secundo elle avait réfléchi ses paroles et sciemment voulu répandre ces craintes sur le chantier. Pourquoi ? On faisait des ennuis à des gens pour moins que cela. Avait-elle envisagé les risques pour le prêtre et pour les ouvriers : des démissions éclair, des dénonciations... Et Augustin Carpentier, s'il s'en trouvait inquiété ? Depuis leur conversation sous la tente, Jérémie appréciait d'un peu mieux le cerner. Ils s'étaient retrouvés en certaines choses et la grande ombre avait déjà vu en lui bien assez de fissures, de besoin de s'assurer dans son rôle, pour lui souhaiter de nouveaux ennuis.
Il en était là de ses réflexions quand son esprit revint à terre, en découvrant que son pas mécanique venait de le conduire en ligne droite juste devant Cassandre. Bon. Ne pas aborder tout de suite le problème. D'autant que l'esclave évadé se réjouissait tout de même de revoir sa jeune consœur d'infortune apparemment en meilleures conditions de vie. Sa grosse voix roulante la salua avec le plus d'amabilité dont son timbre monocorde était capable :
-- Bonjour Charlotte. Quelle surprise.
"Charlotte". Ce faux nom sur lequel ils s'étaient entendus, ce même jour où elle-même l'avait rebaptisé "Achille". Deux esclaves sous masque qui se retrouvaient. Une tentative de sourire se traça aux lèvres sèches de Jérémie.
@Augustin Carpentier
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Comme de coutume, Augustin se tenait à l'écart de la masse en mouvement, et il avait vu l'agitation se déclarer de loin. Il fallait qu'il agisse rapidement pour enrayer cette mécanique qui s'affolait. Espérant de tout coeur qu'il faisait le bon choix, il s'avança dans la direction de la petite foule, la tête haute, tâchant de les surplomber de sa grande taille pour leur rappeler qui était le maître d'œuvre ici-bas. Mais il ne voyait pas ce qui avait pu leur arriver. Leur comportement était incohérent. On aurait dit qu'ils venaient de recevoir une grave nouvelle. Dans une ville de frontière, il aurait supposé qu'une armée ennemie marchait sur leurs murs, mais ici, ça ne risquait pas d'être le cas.
Les hommes arrivèrent à toutes jambes en l'apercevant, et le prirent à parti comme si une nouvelle catastrophe venait de détruire à nouveau le presbytère. Il leva les mains pour tenter de distinguer quelque chose dans la marée de phrases qui lui étaient adressées, mais tout ce qu'il perçut, ce fut la voix haut perchée d'un jeunot de seize ans, bâti comme un boeuf et à peu près aussi éclairé, qui tâchait de couvrir la clameur de ses camarades :
"Vous devez bien être au courant, vous, monsieur Carpentier !"
"Silence," ordonna l'architecte en le montrant du doigt. "Toi, explique."
Sa brièveté de ton laissait entrevoir une humeur tangente, qui penchait vers le courroux à grande vitesse ; entre sorcière et employeur, les gars se sentirent pris entre deux feux et poussèrent en avant leur représentant désigné, qui chercha ses mots en balbutiant. Mais la détresse générale lui soufflait sa plainte, et il n'y avait pas trente-six façons de l'exprimer. Fût-ce en prononçant des mots dont la seule entente avait de quoi terrifier.
"Une sorcière qu'a été brûlée ici, elle aurait maudit les lieux et remis le feu pour se venger ! Elle est plus forte que les curés et elle fait mourir ceux qui passent trop de temps ici, et le curé serait au courant de tout ça !"
La rumeur morose reprit alentour, et Augustin songea qu'il devait réfléchir très vite. L'histoire n'avait guère de sens, et n'était donc pas de celles à quoi il est aisé de répliquer. Il chercha des yeux l'ouvrier qui se plaisait à calculer. Si celui-là perdait aussi la tête, il ferait mieux de trouver un prétexte pour aller chercher quelque chose dans sa tente, et s'enfuir par le fond en tranchant l'étoffe d'un coup de couteau, sans demander son reste. L'émeute n'était pas loin. Mais il l'avisa en train de bavarder avec une gamine – d'ailleurs, elle lui disait quelque chose. Il l'avait croisée bien plus jeune, au cours de ses pérégrinations, celle-là. Bon, pas d'affolement, le chaos n'était pas total.
Il croisa les bras et leva le menton pour déclarer, en articulant bien ses mots :
"Déjà, si les gens mouraient en restant ici, le curé serait le premier crevé."
Les ouvriers se regardèrent, échangèrent des points de vue opposés sur la question, mais ils étaient visiblement un peu ébranlés par cet enchaînement logique. Augustin réprima un sourire de soulagement, et poursuivit résolument sur la même voie :
"Ensuite, il vous ferait pas reconstruire au même endroit pour venir s'y re-installer."
Il haussa les épaules, travaillant sa propre figure pour ne laisser paraître qu'une indifférence blasée, comme s'il n'y avait aucun danger à affronter une meute aussi remontée, armée d'outils de chantiers et taillée par une rude tâche quotidienne... des gens sur qui il criait à longueur de temps, et qui pourraient trouver un plaisir vengeur à retourner leur vindicte contre lui. S'il avait l'air de trop défendre le curé, ou la sorcière. A cette pensée, il en avait des sueurs froides. Mais il fallait se battre cette fois, fuir ne suffirait pas ; et se battre avec sa tête. Il enfonça le dernier clou, en fixant le jeunot de ses yeux perçants, comme s'il cherchait à le faire reculer par son seul regard :
"Et puis, si elle était plus forte que les curés, ta sorcière, comment elle aurait été brûlée en premier lieu ? Allons, ça ne tient pas debout, cette histoire. Qui est-ce qui m'a inventé ça ? Quelqu'un qui veut vous débaucher de mon chantier, je vois ça d'ici."
"Mais non, c'est la petiote là-bas ! Même qu'elle connaîtrait le cardinal Cassin."
Augustin regarda de nouveau dans la direction de la fillette, qui semblait minuscule face à l'ouvrier en face d'elle. Il plissa les yeux. Et dans un effort pour dompter ses nerfs, il éclata de rire au nez de ses hommes, tout bonnement. Cette fois, c'était presque sincère : la situation était par trop ridicule. Il n'allait quand même pas avoir des problèmes à cause de cette enfant malicieuse, que le destin avait rejetée dans ses pattes... En même temps, il passait vertigineusement en revue toutes les informations qu'elle risquait de divulguer à son sujet.
"De quoi ? Ça ? Ça connaît le cardinal ? Ça n'est qu'une petite médisante de village, c'est ce que vous trouverez de plus proche d'une sorcière dans le périmètre... Je la connais. Et pourtant croyez-moi, j'ai rien d'un cardinal. Allez, que les lâches et les paresseux s'en aillent, et sans leur paye du jour, je vous préviens ! Et que les courageux se remettent à l'ouvrage."
Les hommes arrivèrent à toutes jambes en l'apercevant, et le prirent à parti comme si une nouvelle catastrophe venait de détruire à nouveau le presbytère. Il leva les mains pour tenter de distinguer quelque chose dans la marée de phrases qui lui étaient adressées, mais tout ce qu'il perçut, ce fut la voix haut perchée d'un jeunot de seize ans, bâti comme un boeuf et à peu près aussi éclairé, qui tâchait de couvrir la clameur de ses camarades :
"Vous devez bien être au courant, vous, monsieur Carpentier !"
"Silence," ordonna l'architecte en le montrant du doigt. "Toi, explique."
Sa brièveté de ton laissait entrevoir une humeur tangente, qui penchait vers le courroux à grande vitesse ; entre sorcière et employeur, les gars se sentirent pris entre deux feux et poussèrent en avant leur représentant désigné, qui chercha ses mots en balbutiant. Mais la détresse générale lui soufflait sa plainte, et il n'y avait pas trente-six façons de l'exprimer. Fût-ce en prononçant des mots dont la seule entente avait de quoi terrifier.
"Une sorcière qu'a été brûlée ici, elle aurait maudit les lieux et remis le feu pour se venger ! Elle est plus forte que les curés et elle fait mourir ceux qui passent trop de temps ici, et le curé serait au courant de tout ça !"
La rumeur morose reprit alentour, et Augustin songea qu'il devait réfléchir très vite. L'histoire n'avait guère de sens, et n'était donc pas de celles à quoi il est aisé de répliquer. Il chercha des yeux l'ouvrier qui se plaisait à calculer. Si celui-là perdait aussi la tête, il ferait mieux de trouver un prétexte pour aller chercher quelque chose dans sa tente, et s'enfuir par le fond en tranchant l'étoffe d'un coup de couteau, sans demander son reste. L'émeute n'était pas loin. Mais il l'avisa en train de bavarder avec une gamine – d'ailleurs, elle lui disait quelque chose. Il l'avait croisée bien plus jeune, au cours de ses pérégrinations, celle-là. Bon, pas d'affolement, le chaos n'était pas total.
Il croisa les bras et leva le menton pour déclarer, en articulant bien ses mots :
"Déjà, si les gens mouraient en restant ici, le curé serait le premier crevé."
Les ouvriers se regardèrent, échangèrent des points de vue opposés sur la question, mais ils étaient visiblement un peu ébranlés par cet enchaînement logique. Augustin réprima un sourire de soulagement, et poursuivit résolument sur la même voie :
"Ensuite, il vous ferait pas reconstruire au même endroit pour venir s'y re-installer."
Il haussa les épaules, travaillant sa propre figure pour ne laisser paraître qu'une indifférence blasée, comme s'il n'y avait aucun danger à affronter une meute aussi remontée, armée d'outils de chantiers et taillée par une rude tâche quotidienne... des gens sur qui il criait à longueur de temps, et qui pourraient trouver un plaisir vengeur à retourner leur vindicte contre lui. S'il avait l'air de trop défendre le curé, ou la sorcière. A cette pensée, il en avait des sueurs froides. Mais il fallait se battre cette fois, fuir ne suffirait pas ; et se battre avec sa tête. Il enfonça le dernier clou, en fixant le jeunot de ses yeux perçants, comme s'il cherchait à le faire reculer par son seul regard :
"Et puis, si elle était plus forte que les curés, ta sorcière, comment elle aurait été brûlée en premier lieu ? Allons, ça ne tient pas debout, cette histoire. Qui est-ce qui m'a inventé ça ? Quelqu'un qui veut vous débaucher de mon chantier, je vois ça d'ici."
"Mais non, c'est la petiote là-bas ! Même qu'elle connaîtrait le cardinal Cassin."
Augustin regarda de nouveau dans la direction de la fillette, qui semblait minuscule face à l'ouvrier en face d'elle. Il plissa les yeux. Et dans un effort pour dompter ses nerfs, il éclata de rire au nez de ses hommes, tout bonnement. Cette fois, c'était presque sincère : la situation était par trop ridicule. Il n'allait quand même pas avoir des problèmes à cause de cette enfant malicieuse, que le destin avait rejetée dans ses pattes... En même temps, il passait vertigineusement en revue toutes les informations qu'elle risquait de divulguer à son sujet.
"De quoi ? Ça ? Ça connaît le cardinal ? Ça n'est qu'une petite médisante de village, c'est ce que vous trouverez de plus proche d'une sorcière dans le périmètre... Je la connais. Et pourtant croyez-moi, j'ai rien d'un cardinal. Allez, que les lâches et les paresseux s'en aillent, et sans leur paye du jour, je vous préviens ! Et que les courageux se remettent à l'ouvrage."
- Spoiler:
- [HRP : et je vais tirer un dé pour savoir si Augustin arrive à se montrer convainquant...
EDIT : j'ai eu le meilleur résultat je vous laisse faire pour la suite !]
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Liens et RPs : pour espionner mes aventures.
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Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Cassandre croquait tranquillement dans cette délicieuse poire tout en savourant le spectacle qui se jouait devant elle. Les ouvriers avaient cessé le travail et commentaient les quelques phrases qu'elle avait habilement semé dans l'esprit. Quels idiots ! Ils se mettaient même à renchérir et à amplifier sa petite histoire au point que chose transforme une fable absolument absurde. Pas un ne songeait à aller vérifier les informations. Pitoyable. La fillette mangeait toujours avec autant de plaisir son fruit quand une grande silhouette squelettique apparut dans son champ de vision. Elle la vit s'approcher et reconnut son amie Achille - ou Jérémie pour les malins qui connaissaient sa véritable identité - et la rejoignit pour la saluer.
"Salut Achille !"
Elle percevait dans son attitude un jugement. Il n'était pas content du désordre semé sur le chantier. Elle se demandait même s'il savait rire ou si son cerveau ne savait que produire des maniements de chiffres ou de phrases compliquées. Quel dommage que ça soit pas Sylvère. Ils auraient beaucoup ri ensemble toutes ces bêtises. Elle reprit en souriant à son ami.
"J'essaie d'apprendre à ces idiots à réfléchir aux bêtises qu'on leur dit mais ça semble pas bien fonctionner. La plupart des gens, pour pas dire une majorité écrasante, sont bêtes. Ils remettent jamais rien en question et se contentent d'approuver tes dires, puis ils les répètent en ajoutant un commentaire de leur crû."
Elle jeta un regard, las, à deux hommes qui jetaient des regards apeurés face aux grabats et négociaient entre eux sur qui devait les déplacer.
"J'ai déjà vu ça quand je vivais à la campagne, dans mon village natal. Je ne comprenais pas encore, mais je trouvais ça bête les gens qui répètent les rumeurs sans aller chercher des informations. Moi, à six ans, je le faisais. J'allais vadrouiller dans telle concerné et je cherchais à voir si l'homme avait disparu ou non. Et chaque fois, y avait une explication logique. l'homme était parti quelques semaines chercher un emploi, il était malade, ou parti ramasser des provisions... Mais les gens, y préfèrent inventer des histoires stupides, sans sans, plutôt que de vérifier."
Elle releva la tête vers Achille et demanda de but en blanc :
"Toi, qui a étudié tant de choses, Achille, pourquoi y a des gens qui sont intelligents, comme toi et moi, et d'autres complètement stupides ? C'est pas une question de culture. J'ai jamais rien appris des livres. Je sais juste à peine écrire quelques phrases depuis quelques jours. Alors pourquoi ?"
Laissant son ami réfléchir à cette interrogation plus que complexe, Cassandre reporta son attention vers le chaos qu'elle avait crée, toujours aussi satisfaisait, et aperçut l'architecte sortir finalement de sa tente. Le pauvre ! Comme il paraissait si confus ! La fillette dissimula son sourire de contentement et suivit avec plaisir ses tentatives de ramener l'autorité. Elle ne put brusquement retenir un éclat en entendant la dernière invention des ouvriers.
"C'est al faute au curé ! Il avait été arrêté et envoyé en déportation ! Mais il a dû s'échapper et revenir se venger ! et puis, ça doit être un sodomite ! C'st pour ça qu'il a fait alliance avec une sorcière ! Deux êtres diaboliques !"
Un ouvrier attira soudai l'attention de l'architecte vers elle et ce dernier éclata de rire. Il se moquait d'elle ? Il allait voir ! Elle pouvait sûrement inventer de belles histoires, encore plus horribles, pour faire fuir le chantier à tous ces idiots. Elle se décida de rapprocher et se figea face à l'homme. Le visage lui parlait. D'après ses informations, cet architecte se nommait Augustin Charpentier un nom prédestiné pour une telle profession. Un nom un peu facile, en fait, surtout quand on connaissait une autre de ses identités. Quelle curiosité de se recroiser ici, dans un tel moment. Elle se rappelait bien l'arrivée au village d'un homme un peu sauvage, qui cherchait un emploi, peu après le mois des dernières récoltes, sept ans plus tôt. On lui avait proposé des travaux de déboisement et au fil des semaines il avait lié une amitié avec la veuve Millier, une mère de trois enfants en bas âge, dont un nourrisson, qui avait perdu son époux l'hiver dernier. Il y avait eu un mariage quelques semaines plus tard. Cassandre se souvenait que sa sœur Sophie avait trouvé le rapprochement trop rapide. Agathe, elle, avait, dit qu'une femme isolée ne pouvait survivre sans un homme. Sophie avait soupiré tristement et décrété que elle jamais elle se marierait sans amour. La fillette continuait à remonter le fil de sa mémoire et se rappelait à présent que le nouvel époux de la veuve Millier avait disparu quelques mois après le mariage, un peu avant les récoltes de l'été. Les gens avaient trouvé ça très étrange. Même la veuve Millier avait dit ne pas comprendre. Qu'il serait parti sans une explication. Après plusieurs semaines, elle s'était peu à pu confiée et raconté que son mari trouvait toujours une excuse pour ne pas la toucher. il invoquait la religion, le besoin de prier ou la fatigue de la journée. Les gens avaient fini par conclure que c'était un drôle et que la veuve Millier était mieux sans lui.
Face à ce fameux architecte, ses souvenirs bien à l'esprit, Cassandre lui adressa un sourire faussement ingénu.
"Bonjour m'sieur Carpentier, vous allez bien ?"
Elle tourna la tête vers l'entrée de l'église puis reporta son attention vers l'homme.
"Tout ce désordre, à trente pas d'une église, c'est pas très convenable. Il faudrait savoir tenir vos hommes. Mon oncle ne serait pas très content d'apprendre tout ce qui se passe ici."
La fillette fixait l'homme et guettait la moindre de ses réactions. Augustin Carpentier et Férréeol Trentepas formaient une seule et même personne. Comment allait-il le prendre ? Elle ne le dénoncerait pas. Elle détestait ça. mais détenir le pouvoir d'une information comme ça, ça, c'était important.
"Salut Achille !"
Elle percevait dans son attitude un jugement. Il n'était pas content du désordre semé sur le chantier. Elle se demandait même s'il savait rire ou si son cerveau ne savait que produire des maniements de chiffres ou de phrases compliquées. Quel dommage que ça soit pas Sylvère. Ils auraient beaucoup ri ensemble toutes ces bêtises. Elle reprit en souriant à son ami.
"J'essaie d'apprendre à ces idiots à réfléchir aux bêtises qu'on leur dit mais ça semble pas bien fonctionner. La plupart des gens, pour pas dire une majorité écrasante, sont bêtes. Ils remettent jamais rien en question et se contentent d'approuver tes dires, puis ils les répètent en ajoutant un commentaire de leur crû."
Elle jeta un regard, las, à deux hommes qui jetaient des regards apeurés face aux grabats et négociaient entre eux sur qui devait les déplacer.
"J'ai déjà vu ça quand je vivais à la campagne, dans mon village natal. Je ne comprenais pas encore, mais je trouvais ça bête les gens qui répètent les rumeurs sans aller chercher des informations. Moi, à six ans, je le faisais. J'allais vadrouiller dans telle concerné et je cherchais à voir si l'homme avait disparu ou non. Et chaque fois, y avait une explication logique. l'homme était parti quelques semaines chercher un emploi, il était malade, ou parti ramasser des provisions... Mais les gens, y préfèrent inventer des histoires stupides, sans sans, plutôt que de vérifier."
Elle releva la tête vers Achille et demanda de but en blanc :
"Toi, qui a étudié tant de choses, Achille, pourquoi y a des gens qui sont intelligents, comme toi et moi, et d'autres complètement stupides ? C'est pas une question de culture. J'ai jamais rien appris des livres. Je sais juste à peine écrire quelques phrases depuis quelques jours. Alors pourquoi ?"
Laissant son ami réfléchir à cette interrogation plus que complexe, Cassandre reporta son attention vers le chaos qu'elle avait crée, toujours aussi satisfaisait, et aperçut l'architecte sortir finalement de sa tente. Le pauvre ! Comme il paraissait si confus ! La fillette dissimula son sourire de contentement et suivit avec plaisir ses tentatives de ramener l'autorité. Elle ne put brusquement retenir un éclat en entendant la dernière invention des ouvriers.
"C'est al faute au curé ! Il avait été arrêté et envoyé en déportation ! Mais il a dû s'échapper et revenir se venger ! et puis, ça doit être un sodomite ! C'st pour ça qu'il a fait alliance avec une sorcière ! Deux êtres diaboliques !"
Un ouvrier attira soudai l'attention de l'architecte vers elle et ce dernier éclata de rire. Il se moquait d'elle ? Il allait voir ! Elle pouvait sûrement inventer de belles histoires, encore plus horribles, pour faire fuir le chantier à tous ces idiots. Elle se décida de rapprocher et se figea face à l'homme. Le visage lui parlait. D'après ses informations, cet architecte se nommait Augustin Charpentier un nom prédestiné pour une telle profession. Un nom un peu facile, en fait, surtout quand on connaissait une autre de ses identités. Quelle curiosité de se recroiser ici, dans un tel moment. Elle se rappelait bien l'arrivée au village d'un homme un peu sauvage, qui cherchait un emploi, peu après le mois des dernières récoltes, sept ans plus tôt. On lui avait proposé des travaux de déboisement et au fil des semaines il avait lié une amitié avec la veuve Millier, une mère de trois enfants en bas âge, dont un nourrisson, qui avait perdu son époux l'hiver dernier. Il y avait eu un mariage quelques semaines plus tard. Cassandre se souvenait que sa sœur Sophie avait trouvé le rapprochement trop rapide. Agathe, elle, avait, dit qu'une femme isolée ne pouvait survivre sans un homme. Sophie avait soupiré tristement et décrété que elle jamais elle se marierait sans amour. La fillette continuait à remonter le fil de sa mémoire et se rappelait à présent que le nouvel époux de la veuve Millier avait disparu quelques mois après le mariage, un peu avant les récoltes de l'été. Les gens avaient trouvé ça très étrange. Même la veuve Millier avait dit ne pas comprendre. Qu'il serait parti sans une explication. Après plusieurs semaines, elle s'était peu à pu confiée et raconté que son mari trouvait toujours une excuse pour ne pas la toucher. il invoquait la religion, le besoin de prier ou la fatigue de la journée. Les gens avaient fini par conclure que c'était un drôle et que la veuve Millier était mieux sans lui.
Face à ce fameux architecte, ses souvenirs bien à l'esprit, Cassandre lui adressa un sourire faussement ingénu.
"Bonjour m'sieur Carpentier, vous allez bien ?"
Elle tourna la tête vers l'entrée de l'église puis reporta son attention vers l'homme.
"Tout ce désordre, à trente pas d'une église, c'est pas très convenable. Il faudrait savoir tenir vos hommes. Mon oncle ne serait pas très content d'apprendre tout ce qui se passe ici."
La fillette fixait l'homme et guettait la moindre de ses réactions. Augustin Carpentier et Férréeol Trentepas formaient une seule et même personne. Comment allait-il le prendre ? Elle ne le dénoncerait pas. Elle détestait ça. mais détenir le pouvoir d'une information comme ça, ça, c'était important.
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
L'espiègle fillette cessa de croquer dans sa poire - et de se délecter tout autant de l'animation des environs, à en croire son regard. Elle se retourna vers lui et approcha. La grande ombre apprécia le sourire avec lequel elle l'accueillit mais comprit vite que Cassandre avait perçu son mécontentement - ou du moins ses inquiétudes. Alors que les ouvriers continuaient autour à japper des inepties superstitieuses, le fugitif s'installa à la même hauteur que sa vis-à-vis. Cela aurait tout l'air d'une banale conversation et il pourrait lui parler bas sans éveiller les soupçons. Il croisa les mains à son menton, songeur : ainsi, c'était pour donner une leçon que Cassandre venait d'allumer la mèche de ces rumeurs. Le jeu était périlleux... Jérémie aurait pu l'apprécier s'il n'avait pas de potentielles conséquences difficilement mesurables. Il reprit un air plus amical que réprobateur et répliqua :
-- Je comprends. C'est navrant. Mais je me permets de m'inquiéter : imagine-tu à quel point une simple bêtise peut partir loin ? Il suffit parfois d'un ridicule racontar pour amener un innocent sur un bûcher. Je ne voudrais pas que quiconque d'innocent dans les parages soit inquiété s'il venait à l'esprit d'un de ces gars de se monter va savoir quelle sauce diabolique... Le patron du chantier, moi-même ou un collègue, et si demain nous passions pour des maudits ou que sais-je, parce que nous travaillons sur un chantier marqué par le diable. (Il eut un regard désolé. Jérémie entendait cette envie de jeu, et même de provocation qui pouvait démanger. Cependant en l'occurrence, des innocents étaient en jeu. Il ne pouvait qu'être d'accord avec la fillette : oui, la bêtise et la peur peuvent être destructrices. Précisément, il s'en inquiétait.) Je... dois te sembler rabat-joie, mais j'espère que tu entends mes craintes.
Elle rendit une lorgnade lasse aux hommes qui s'agitaient tout autour. Cette lassitude, Jérémie la connaissait : celle du décalage, de l'ennui de celui qui réfléchissait plus loin et - parfois - avait le besoin de se désennuyer par quelque coup de travers. Il poussa un soupir marqué de compassion : tous comptes fait, il aurait pu faire, bien des années auparavant, quelque chose de comparable à ce à quoi venait de jouer Cassandre. Il fouilla les environs pour voir si par hasard, Augustin ne risquait pas d'arriver au milieu de ce foutoir. La grande ombre se retourna vers la petite allumeuse d'étincelles. Il acquiesça : la recherche de preuves. Un comportement très mûr qu'elle avait déjà. Mais serait-ce par une plaisanterie de ce genre qu'elle espérait apprendre l'esprit critique à une tripotée de miséreux en plein chantier.
-- Tu as tout à fait raison : nous manquons bien souvent d'attitude rationnelle. La tienne est précoce. Et à saluer. Mais je doute que la leçon prenne ainsi sur ce chantier. Que devraient faire maintenant tous ces gens ? Aller rechercher des renseignements auprès des paroisses ? Ou pire : à la prévôté ? Et si précisément, en faisant cela, ils attiraient des soupçons alors que tout allait correctement jusqu'alors ?
Il retint une seconde sa respiration, happé par l'ironique idée selon laquelle pour vivre bien, il était mieux parfois de ne pas savoir certaines choses. Ce qui avait tendant a priori à entrer en conflit avec sa voracité de connaissance. Les questions pour le moins directes qu'elle lui posa dans la foulée le plongèrent dans le vague : oh, lui aussi, il s'était parfois complu - dans ces âges de révolte - dans l'idée que les autres étaient simplement stupides... Quand il ne pensait pas au contraire l'instant d'après que, non, c'était lui l'inadapté et le trop bête - dépourvu de trop nombreuses cases. Fragilité que l'on affrontait maladroitement par une armure d'orgueil en vérité bien friable. Il se retrouvait quelque peu. Aussi sa voix devint-elle beaucoup plus fraternelle que son habituel roulement monocorde :
-- Parce que... (il chercha ses mots) Tu as des dispositions qui ne sont pas celles de tout le monde. Tu déduis sans doute plus vite. Tu comprends des choses avant tes pairs. Cela ne nous... ne te rend pas pour autant supérieure, mais différente. Un tel aura une meilleure logique, un tel une meilleure sensibilité artistique, un autre encore de grands talents manuels. Nous avons les dispositions que nous avons. (Un temps, regardant de nouveau vers les pauvres lascars qui s'agitaient) Et on ne peut pas punir quelqu'un d'être ignorant ou moins... doué. Je pense que les coupables sont ceux qui se servent de l'ignorance. Et que si bien plus de gens pouvaient apprendre, ils seraient moins perméables à la superstition.
Alors qu'il attendait avec tranquillité de poursuivre cette conversation, Jérémie remarqua Messire Carpentier qui venait de sortir de sa tente. Le pauvre. Il était déjà pressé par les questions plus inquiètes et farfelues les unes que les autres de ses ouvriers. Il enchaînait haussements d'épaules, appels d'autorité, arguments tentant plus ou moins adroitement de ramener de la raison dans tout cela. Un taureau acculé par des banderilles verbales qu'il allait être difficile d'arrêter désormais. Depuis là où il se trouvait, Achille appuya plusieurs fois les réponses d'Augustin : en effet, le prêtre aurait été le premier à décamper si le lieu était si sinistre que cela. Et lui-même avait subi l'incendie de son propre presbytère, comment pourrait-il être de mèche avec la sorcière ?
-- Et si c'était pour brouiller les pistes ? renchérit encore un gaillard. Moi j'dis qu'il est louche ce prêtre.
-- Ouais, va savoir si par transmission... y est pas diabolique lui aussi, c'qui explique qu'il reste sans morfler !
-- Et l'connaud veut nous y faire êt' maudits aussi !
Jérémie soupira dans sa main osseuse, qui fit de lents aller-retours à sa barbe de quelques jours. Tranchante, la voix d'Augustin appela les peureux à se tirer, les vaillants à rester. La menace de ne pas les payer fit son petit effet : elle souffla son vent d'accalmie et beaucoup reprirent la besogne non sans avoir bronché. Malgré tout, Jérémie savait que la rumeur était comme un serpent, qu'elle rampait, que l'affaire allait rester souterraine mais ressurgir. Il se pinça la lèvre. La conversation sous la tente lui revint : Augustin n'était déjà là que par improvisation, dans l'urgence et le qui-vive... il n'avait pas besoin de cela en plus. La grande ombre ignorait ce qu'il cachait, mais se sentait en empathie pour le mouvement et la fuite perpétuels de cet homme. Il ne lui souhaitait pas des ennuis à base de diable et autres foutaises.
Il en était là de ses pensées quand il entendit Charlotte saluer Messire Carpentier. Elle lui adressa ensuite ce conseil pour le moins cavalier pour une petite de son âge mais n'en était plus à une audace près. Quelque part, Jérémie admirait le cran de Cassandre. Elle avait l'aisance sociale et la malignité qui lui manquaient parfois. Il la suivit et se retrouva, à côté d'elle, à hauteur d'Augustin qu'il salua d'un hochement de tête. Soutain, il trouva l'enfant bien intensément pensive alors qu'elle scrutait Messire Carpentier. Sa tête ne lui revenait-elle pas ? L'aurait-elle déjà croisé ? Que se passait-il ?
Et tout à coup, elle mentionna son oncle. Quel oncle ? Le cardinal Cassin ? Oui, il avait en effet entendu dire que la jeune esclave était désormais dans la maison de la famille Aubeville-Cassin. C'était donc cela. Oh Seigneur, cela pouvait très mal tourner... Droit comme un piquet, Jérémie laissa ses deux cavernes aller d'Augustin à Cassandre. Diantre, il n'aura même pas eu la loisir de s'enquérir des nouvelles de la fillette - et de se réjouir avec elle de cette nouvelle maison dans laquelle elle semblait bien traitée.
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Pendant quelques secondes, l'image de l'alliance contre-nature entre un curé sodomite et une sorcière fantôme flotta dans l'esprit d'Augustin. Il était partagé entre rire du grotesque de l'idée, s'étonner de la précision de l'image, entrer en fureur en constatant à quel point on l'écoutait peu, et se rassurer en se disant que les aboiements étaient une forme d'inaction. Tant que les ouvriers travaillaient en gueulant, peu importaient finalement leurs gueuleries. Ils en changeraient demain, leur humeur était comme le climat : fluctuante, et sujette à des pressions atmosphériques dont ils ne contrôlaient rien.
Il se concentra sur cette dernière impression, qui avait l'avantage de ne pas lui donner des sueurs froides. Il ne fallait pas qu'il donne le moindre signe de faiblesse : cet endroit était dangereux. Ces outils étaient tranchants. Il ne finirait pas aujourd'hui pendu à une poutre de l'édifice qu'il avait fait bâtir, ce serait une fin parfaitement ridicule. Il se répétait sa litanie : une proie, ça panique, ça s'enfuit, ça pâlit, ça tremble, ça pleure, ça se terre dans une cachette... Montre que tu n'es pas une proie.
En se dressant de toute sa hauteur, tel un cobra courroucé, devant la petite souris espiègle qui venait le déranger, il mobilisa son sang-froid pour trouver une répartie. Elle se moquait ouvertement de lui, et puis il ne pouvait pas être tout à fait certain qu'elle l'ait oublié... quoique. Elle était très petite la dernière fois qu'ils s'étaient vus. A peine un vermisseau. Parlait-elle seulement ? Oui, elle parlait, elle avait même déjà la langue bien pendue.
En fait, maintenant qu'il y réfléchissait, il ne s'en souvenait que trop bien pour sa part, ce qui n'était pas bon signe : quand vous voyez l'ennemi, c'est qu'il vous voit. Il espérait avoir changé. Portait-il la barbe alors ? Les cheveux longs ? Il avait toujours eu plus ou moins la même trogne, et la même expression revêche placardée dessus, alors... et il n'avait jamais eu l'occasion de beaucoup engraisser. Vivement que sa tête grisonne, ça serait au moins une manière de se faire oublier des figures du passé.
"Si je savais tenir mes hommes et mon terrain, je commencerais par jeter dehors les petites pimbêches qui viennent semer le trouble. Non ? Tu as peut-être de la chance que ce ne soit pas le cas."
Il lui montra les dents, comme un chien qu'on vient déranger dans sa niche, un avertissement pour lui dire qu'il n'avait pas envie de mordre, mais qu'elle allait finir par l'y forcer. Une brindille pareille, ce serait vite fait de la prendre sous le bras et d'aller la jeter dans le tas de paille à l'entrée, ou ailleurs. Il n'avait pas envie de la battre. Qui ici s'en chargerait pour lui ? Du regard, il chercha nerveusement alentour. Achille les observait.
Ah, et elle parlait de ramener des gens pour faire la justice, aussi ? Parce que son chantier était si mal tenu ? Pas avant qu'elle arrive, la teigne.
"Ton oncle, tu parles du vieux qui repeignait les volets devant ta maison, celui avec la tête de tueur ? Qu'il vienne me marcher sur les pieds, lui aussi. Il sera bien reçu. De manière convenable."
Il était à peu près sûr que le vieux était un manœuvre comme lui, mais il voulait l'insulter, et il n'avait pas trouvé mieux. Et puis il y avait cette histoire de cardinal que quelqu'un avait soulevé. Elle avait pu mentir, ou être mal comprise, ou les deux. Mais Cassin, il connaissait ce nom. Ça ne lui disait rien qui vaille. Il fit signe à l'ouvrier de se joindre à leur conversation.
"Achille, tu la connais cette gosse ? Tu veux bien me l'occuper, que les autres puissent travailler ? Trouve-lui un jouet, je ne sais pas. Fais-lui compter les cailloux. Apparemment elle s'ennuie."
La rumeur générale grondait toujours, et il était bien certain que leurs mots seraient écoutés et répétés à travers tout le chantier comme une traînée de poudre. C'est pourquoi il s'adressait à cet homme calme et réfléchi ; au moins, il pouvait être à peu près certain qu'il pèserait ses mots avant de les prononcer.
Il se concentra sur cette dernière impression, qui avait l'avantage de ne pas lui donner des sueurs froides. Il ne fallait pas qu'il donne le moindre signe de faiblesse : cet endroit était dangereux. Ces outils étaient tranchants. Il ne finirait pas aujourd'hui pendu à une poutre de l'édifice qu'il avait fait bâtir, ce serait une fin parfaitement ridicule. Il se répétait sa litanie : une proie, ça panique, ça s'enfuit, ça pâlit, ça tremble, ça pleure, ça se terre dans une cachette... Montre que tu n'es pas une proie.
En se dressant de toute sa hauteur, tel un cobra courroucé, devant la petite souris espiègle qui venait le déranger, il mobilisa son sang-froid pour trouver une répartie. Elle se moquait ouvertement de lui, et puis il ne pouvait pas être tout à fait certain qu'elle l'ait oublié... quoique. Elle était très petite la dernière fois qu'ils s'étaient vus. A peine un vermisseau. Parlait-elle seulement ? Oui, elle parlait, elle avait même déjà la langue bien pendue.
En fait, maintenant qu'il y réfléchissait, il ne s'en souvenait que trop bien pour sa part, ce qui n'était pas bon signe : quand vous voyez l'ennemi, c'est qu'il vous voit. Il espérait avoir changé. Portait-il la barbe alors ? Les cheveux longs ? Il avait toujours eu plus ou moins la même trogne, et la même expression revêche placardée dessus, alors... et il n'avait jamais eu l'occasion de beaucoup engraisser. Vivement que sa tête grisonne, ça serait au moins une manière de se faire oublier des figures du passé.
"Si je savais tenir mes hommes et mon terrain, je commencerais par jeter dehors les petites pimbêches qui viennent semer le trouble. Non ? Tu as peut-être de la chance que ce ne soit pas le cas."
Il lui montra les dents, comme un chien qu'on vient déranger dans sa niche, un avertissement pour lui dire qu'il n'avait pas envie de mordre, mais qu'elle allait finir par l'y forcer. Une brindille pareille, ce serait vite fait de la prendre sous le bras et d'aller la jeter dans le tas de paille à l'entrée, ou ailleurs. Il n'avait pas envie de la battre. Qui ici s'en chargerait pour lui ? Du regard, il chercha nerveusement alentour. Achille les observait.
Ah, et elle parlait de ramener des gens pour faire la justice, aussi ? Parce que son chantier était si mal tenu ? Pas avant qu'elle arrive, la teigne.
"Ton oncle, tu parles du vieux qui repeignait les volets devant ta maison, celui avec la tête de tueur ? Qu'il vienne me marcher sur les pieds, lui aussi. Il sera bien reçu. De manière convenable."
Il était à peu près sûr que le vieux était un manœuvre comme lui, mais il voulait l'insulter, et il n'avait pas trouvé mieux. Et puis il y avait cette histoire de cardinal que quelqu'un avait soulevé. Elle avait pu mentir, ou être mal comprise, ou les deux. Mais Cassin, il connaissait ce nom. Ça ne lui disait rien qui vaille. Il fit signe à l'ouvrier de se joindre à leur conversation.
"Achille, tu la connais cette gosse ? Tu veux bien me l'occuper, que les autres puissent travailler ? Trouve-lui un jouet, je ne sais pas. Fais-lui compter les cailloux. Apparemment elle s'ennuie."
La rumeur générale grondait toujours, et il était bien certain que leurs mots seraient écoutés et répétés à travers tout le chantier comme une traînée de poudre. C'est pourquoi il s'adressait à cet homme calme et réfléchi ; au moins, il pouvait être à peu près certain qu'il pèserait ses mots avant de les prononcer.
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Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Cassandre laissa tomber le bras, qui tenait toujours sa poire, et écouta Jérémie qui lui expliquait que cette petite bêtise pouvait avoir des conséquences. Des bûchers... on pouvait brûler des gens pour des rumeurs et des histoires inventées ? Elle en avait entendu parler mais sans pouvoir y croire. C'était trop barbare. Il y avait, bien sûr, le cas de Jeanne d'Arc. Mais c'était pas pareil. C'était une ennemi des Anglais et un symbole pour la résistance française. Alors la condamner comme hérétique, c'était un moyen politique de mette al France un peu plus à genoux. Mais à Monbrina, il n'y avait pas de guerre autre que celles des conquêtes. Et elles étaient toutes terminées. Alors pourquoi on brûlerait des gens ?
"Mais... On brûle vraiment des gens ? Mais c'est... cruel. même les animaux, on les tue pas comme ça ! Et puis, tu.. tu peux pas condamner quelqu'un sans preuves !""
Sa main se porta machinalement à son épaule.
"J'ai.. moi, j'au volé. Alors j'ai été condamnée. c'est logique. Mais comment on put condamner quelqu'un juste pour des histoires que des gens racontent. C'est... c'est pas juste. Et pas bien. Et pas gentil."
Elle baissa la tête, révoltée une fois de plus par la nouvelle bêtise de cette société injuste. Jérémie continua de lui expliquer son raisonnement sur les gens. Qu'ils n'étaient pas bêtes mais que c'était elle qui comprenait plus facilement qu'eux. Qu'elle était différente.
"Je suis... plus intelligente ? Pourquoi ? Pourquoi moi, Achille ? Qu'est-ce que j'ai de spécial ? Je suis censée être une petite paysanne. Je n'avais pas besoin d'être intelligente, non ? Alors pourquoi je le suis ? j'ai été.. chois ? Comme dans les cotes, avec les élus, où le héros reçoit un don que personne n'a jamais ?"
Les ouvriers continuaient à bruisser et à inventer des rumeurs de plus en plus absurdes. Cassandre baissa la tête. Elle avait honte de sa farce maintenant que Jérémie venait de lui expliquer les conséquences dangereuses des rumeurs liées à la sorcellerie. Un homme sortit soudain d'une tente et s'affaira à essayer de calmer le désordre ambiant. La fillette l'observa et le reconnut. Non, ce n'était pas l'architecte Augustin Carpentier Ou plutôt, si. Mais il cachait un autre secret. Un secret que seul Cassandre connaissait et possédait le pouvoir de le dévoiler ou non.
Cassandre s'avança vers l'architecte et se présenta de manière innocence. Du moins, en apparence. Il al recevait bien mal. Ce n'était pas du tout gentil, ça. Ne lui avait-on jamais appris la politesse ? Surtout avec ceux et celles qui possédaient des informations compromettantes sur son compte. Elle l'entendit sans réagir insulter de prétendus oncles qui refaisait les peintures de sa maison au village. Quelle idée grotesque ! Ne pouvait-il pas trouver un meilleur argument ? Tout le monde au village savait que les sœurs de son père s'étaient mariés à des hommes qui vivaient tous loi et que personne ne revenait jamais. S'il croyait l'impressionner avec si peu ! Elle avait entendu bien pire comme menace au lupanar. Et quand même bien la perfide Héra lui ordonnait de se taire, un bâton à la main, Cassandre ne pliait jamais et lui crachait la vérité froidement. De toute sa haine et son mépris. Alors, en plein jour, face à un homme qui jouait clairement le dur elle n'avait pas peur du tout.
Cassandre reprit d'une voix ferme :
"Je ne suis plus une petite paysanne qui ne faisait que trente pas loin de sa ferme. J'ai grandi. Je suis une jeune fille qui a une vie bourgeoise et trois onces étonnamment puissants. Un, cardinal Matthieu Cassain, le second le grand général Joseph Cassain, et enfin le commerçant Marc Cassain !"
Les noms possédaient une puissance incroyable. Comme les mots. de celles qui faisaient trembler ceux qui n'avaient pas la consciences tranquille. la fillette fixa l'homme d'un sourire calme, dissimulant son sentiment jouissif à dominer la partie. Elle se mordit les lèvres en l'entendant aboyer après Jérémie à son sujet. Compter les cailloux ? Il était sérieux ? Elle reprit aussitôt d'une voix glaciale :
"On ne vous a jamais appris la politesse ?"
Son regard se porta vers les ouvriers qui s'agitaient autour d'eux et continuaient à raconter des rumeurs absurdes.
"Je peux dire à vos gens que j'ai menti. Je peux me retirer. mais ça... Toute chose en ce monde demande un effort. Et pour avoir quelque chose, il faut le demander poliment. Alors... montrez-moi à quel niveau est votre éducation;"
Elle planta en même temps son regard dans le sien, plus insolente que jamais, sûre de son pouvoir.
"Mais... On brûle vraiment des gens ? Mais c'est... cruel. même les animaux, on les tue pas comme ça ! Et puis, tu.. tu peux pas condamner quelqu'un sans preuves !""
Sa main se porta machinalement à son épaule.
"J'ai.. moi, j'au volé. Alors j'ai été condamnée. c'est logique. Mais comment on put condamner quelqu'un juste pour des histoires que des gens racontent. C'est... c'est pas juste. Et pas bien. Et pas gentil."
Elle baissa la tête, révoltée une fois de plus par la nouvelle bêtise de cette société injuste. Jérémie continua de lui expliquer son raisonnement sur les gens. Qu'ils n'étaient pas bêtes mais que c'était elle qui comprenait plus facilement qu'eux. Qu'elle était différente.
"Je suis... plus intelligente ? Pourquoi ? Pourquoi moi, Achille ? Qu'est-ce que j'ai de spécial ? Je suis censée être une petite paysanne. Je n'avais pas besoin d'être intelligente, non ? Alors pourquoi je le suis ? j'ai été.. chois ? Comme dans les cotes, avec les élus, où le héros reçoit un don que personne n'a jamais ?"
Les ouvriers continuaient à bruisser et à inventer des rumeurs de plus en plus absurdes. Cassandre baissa la tête. Elle avait honte de sa farce maintenant que Jérémie venait de lui expliquer les conséquences dangereuses des rumeurs liées à la sorcellerie. Un homme sortit soudain d'une tente et s'affaira à essayer de calmer le désordre ambiant. La fillette l'observa et le reconnut. Non, ce n'était pas l'architecte Augustin Carpentier Ou plutôt, si. Mais il cachait un autre secret. Un secret que seul Cassandre connaissait et possédait le pouvoir de le dévoiler ou non.
Cassandre s'avança vers l'architecte et se présenta de manière innocence. Du moins, en apparence. Il al recevait bien mal. Ce n'était pas du tout gentil, ça. Ne lui avait-on jamais appris la politesse ? Surtout avec ceux et celles qui possédaient des informations compromettantes sur son compte. Elle l'entendit sans réagir insulter de prétendus oncles qui refaisait les peintures de sa maison au village. Quelle idée grotesque ! Ne pouvait-il pas trouver un meilleur argument ? Tout le monde au village savait que les sœurs de son père s'étaient mariés à des hommes qui vivaient tous loi et que personne ne revenait jamais. S'il croyait l'impressionner avec si peu ! Elle avait entendu bien pire comme menace au lupanar. Et quand même bien la perfide Héra lui ordonnait de se taire, un bâton à la main, Cassandre ne pliait jamais et lui crachait la vérité froidement. De toute sa haine et son mépris. Alors, en plein jour, face à un homme qui jouait clairement le dur elle n'avait pas peur du tout.
Cassandre reprit d'une voix ferme :
"Je ne suis plus une petite paysanne qui ne faisait que trente pas loin de sa ferme. J'ai grandi. Je suis une jeune fille qui a une vie bourgeoise et trois onces étonnamment puissants. Un, cardinal Matthieu Cassain, le second le grand général Joseph Cassain, et enfin le commerçant Marc Cassain !"
Les noms possédaient une puissance incroyable. Comme les mots. de celles qui faisaient trembler ceux qui n'avaient pas la consciences tranquille. la fillette fixa l'homme d'un sourire calme, dissimulant son sentiment jouissif à dominer la partie. Elle se mordit les lèvres en l'entendant aboyer après Jérémie à son sujet. Compter les cailloux ? Il était sérieux ? Elle reprit aussitôt d'une voix glaciale :
"On ne vous a jamais appris la politesse ?"
Son regard se porta vers les ouvriers qui s'agitaient autour d'eux et continuaient à raconter des rumeurs absurdes.
"Je peux dire à vos gens que j'ai menti. Je peux me retirer. mais ça... Toute chose en ce monde demande un effort. Et pour avoir quelque chose, il faut le demander poliment. Alors... montrez-moi à quel niveau est votre éducation;"
Elle planta en même temps son regard dans le sien, plus insolente que jamais, sûre de son pouvoir.
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Cela sentait le souffre. Augustin était tendu, et avait des raisons. Il se montrait toutes griffes dehors - et pour ce que Jérémie savait désormais de lui, cela lui apparut surtout comme sa parade alors que tout l'acculait. Ne disait-on pas que l'attaque était la meilleure défense ? Il suivit de loin ses gestes, ses échanges avec une poignée d'ouvriers récalcitrants, puis nota son attention pour Cassandre : ils s'étaient déjà vus, cela semblait évident. La grande ombre se retourna vers cette dernière quand elle laissa retomber ses bras d'hébétude, prenant conscience de ce qu'il lui expliquait. Il lui laissa le temps de la réflexion en la voyant occupée à de nombreuses pensées, puis l'écouta prendre enfin la parole. Jérémie soupira, navré désormais moins de l'acte de la fillette que de la dure réalité qu'il lui brossait.
-- Aussi aberrant que cela soit, oui : les jugements sans preuve, sur simples racontar, cela existe. Un inquisiteur espagnol en a mené des centaines au siècles dernier. Je suis sûr que l'Empire n'est pas en reste. Il se pinça la lèvre, triste à son geste : oui, sa condamnation à l'esclavage pour vol était injuste, mais effectivement logique dans le canevas judiciaire de Monbrina - aussi atroce que cela soit à dire. Je suis d'accord, c'est mal. Mais malheureusement, dans la nature humaine : besoin de condamner ce qui fait peur. Besoin de bouc-émissaires. Et rien de tel pour cela que la rumeur, dont on imagine pas l'ampleur des dégâts.
Il se rendit pleinement compte qu'elle ignorait ces choses-là. Toujours à sa hauteur, un bras reposant sur son genou et l'autre à sa barbe, il resta concentré sur sa vis-à-vis mais sa colère s'était apaisée. L'erreur est humaine. Persévérer dans l'erreur est diabolique. Cassandre n'avait pas réalisé ce qu'elle engageait, ce n'était pas de la cruauté. Il souffla, avec l'espoir de l'apaiser pour mieux agir ensuite :
-- Tu ne savais pas. Maintenant, si. Sa colère contenue le navra. Elle avait raison, cette colère, mais un jour elle exploserait à force d'être ainsi bridée, remâchée. Au moins ce cœur à vif montrait qu'elle avait des émotions : il ignorait un peu ce que cela faisait, à être pour sa part toujours aussi linéairement froid. Devait-il la plaindre ou l'envier ? Elle ne lui laissa pas le temps d'y réfléchir : une foulée d'autres questions tomba. Certains diraient que c'est le hasard de la distribution des caractéristiques par nature. Comme les uns ont les yeux comme ceci, d'autres le nez comme cela, ou encore tel ou tel don même s'il faut ensuite le cultiver. D'autres y verraient davantage une volonté transcendante : Dieu, ou le grand architecte du monde ou qu'importe comment on l'appelle, a des plans en distribuant les caractéristiques.
Quelles finalités cela pouvait-il être ? Surtout dans la mesure où un don avait souvent pour revers une malédiction : l'on souffrait d'être différent. Il se sera redressé à l'approche du sieur Carpentier. Il siffla à "Charlotte" ces sarcasmes dont le sens échappa à "Achille". Le noiraud se pinça la lèvre en entendant les réponses non moins sarcastiques, quoique plus froides, de la fillette : misère... avec ces deux caractères bien trempés, les choses ne pouvaient que monter en escalade si nulle divertissement n'était opéré. Augustin ne se plierait jamais à ce que demandait Cassandre. Et Cassandre ne le lâcherait pas. Il fallait désamorcer. La question du sieur Carpentier fut bienvenue.
-- Oui, nous avons fait connaissance un jour par le plus grand des hasards à l'Ours Noir. Je ne sais plus comment a commencé la conversation, mais j'ai vite compris qu'elle ne serait pas inintéressante - même plus intéressante qu'avec certains adultes. Voilà. Première étape. Un compliment qui peut-être dissuaderait Augustin de rempiler avec des remarques du style de son "jeu à compter les cailloux" qui ne ferait qu'irriter davantage Cassandre. Et un compliment sur lequel Jérémie ne mentait pas. Il était du reste sincère : outre le fait qu'ils s'étaient très vite repérés comme deux esclaves pouvant s'aider - détail passé sous silence - il avait en effet eu de bons échanges avec la fillette. Pour le reste... Diversion et désamorçage. Et vous ? Vous vous connaissez ?
De quoi lui laisser le temps de réfléchir. Comment calmer les racontars des ouvriers sans tarder ? Cassandre et lui pourraient, l'air de rien, aller ici et là dans le chantier. Et tout aussi innocemment, tenir une discussion dans laquelle Jérémie lui avancerait des "moi, j'ai entendu que..." en guise de contre-preuves afin que celle-ci soit entendue surtout des travailleurs. Peut-être pas davantage réelles que les premières, ses contre-preuves, mais au point où ils en étaient. Hm. C'était une option. Un discours pour en annuler un autre. Il improviserait. Et de cette façon Cassandre ne passerait pas pour une menteuse ni pour une provocatrice.
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
"Je l'ai croisée dans une autre vie. Elle ne cherchait à tuer personne en ce temps-là, ou je n'ai pas été au courant."
L'ouvrier aux côtés d'Augustin était en quelque sorte son rocher dans la tempête ; le reste de ses travailleurs avait abandonné son camp, et s'apprêtait à se retourner contre lui. Il avait l'espoir que celui-ci réfléchirait plus loin que les autres, et traiterait cette petite mégère en herbe avec le mépris qui s'imposait. Mais très vite, l'architecte put constater que ce ne serait pas le cas. Achille s'adressait avec respect et considération à cette petite âme monstrueuse, qui se réjouissait comme un démon à l'idée de pouvoir tout briser.
Dans ce cas... il était perdu. Les ombres de son esprit le lui soufflaient à l'oreille : il n'y avait pas à se rebeller contre les forces absurdes qui l'avaient décidé. Une enfant avait choisi de lui prendre la nouvelle vie qui était la sienne, et elle la lui prenait. Il n'avait qu'un choix.
La perte de sa vie physique, ou la perte de la vie qu'il menait. Le choix était déjà fait, c'était toujours le même, à chaque fois. C'était son habitude et elle lui paraissait plus confortable, maintenant que la minuscule flamme de fierté dans son regard se ternissait et laissait l'indifférence de toujours prendre sa place, maintenant qu'il planifiait déjà comment il s'enfuirait dès que la tempête s'amasserait au dessus de sa tête. Aujourd'hui, il perdait sa réputation. C'était le premier domino qui entraînerait tous les autres. Avant ou après d'avoir accompli son contrat ? Ce serait la seule surprise.
Et étrangement, alors qu'il baissait les bras, il se sentait délivré.
"Allons, il ne faut pas avoir peur."
Il s'adressait à lui-même, autant qu'à cette part de son ouvrier qui le conduisait à témoigner sympathie et compliments à ce tyran en jupons. Il ne savait pas ce qui motivait cette réaction, mais Achille était un homme étrange qui pouvait très bien trouver de l'intérêt intellectuel à quelqu'un, en mettant complètement à part ses actes déplaisants. Comme un chasseur peut respecter les fauves nuisibles qu'il lui faudra pourtant abattre. Une scission de l'esprit qu'Augustin ne pratiquait pas.
Quant à celle que pratiquait la petite fille...
"Tu es prisonnière de ton orgueil, enfant," murmura-t-il avec une soudaine tristesse, "et un jour tu oublieras ce que c'était de ne pas être cruelle envers les faibles ; tu oublieras que tu as un jour vécu d'autre chose. La politesse, les belles phrases, la satisfaction d'avoir gagné, voilà le gruau que tu substitueras au miel du bonheur, que tu ne connaîtras plus jamais."
Sa voix s'était adoucie, et ce n'était pas uniquement pour que les ouvriers ne les entendent plus. Il pouvait percevoir leurs murmures et leur méfiance. Il était fichu. La mèche était allumée ; la seule question qui se posait encore était celle de sa taille.
"Je ne peux rien te donner, que l'exemple. Moi, je ne suis pas encore prisonnier, je traîne des ailes en sang qui m'empêcheront toujours de l'être. Allons, mieux vaut que tu ne comprennes pas ce que je dis."
Et puisqu'elle revêtait la tunique des tyrans les plus insidieux, ceux de l'Eglise, il allait lui servir le discours que ceux-ci attendaient. Après tout, c'était ce qui rampait sous son attitude générale. Il savait s'avilir pour les besoins des puissants et de leurs âmes tordues, s'aplatir et ramper pour toujours les voir par-dessous, comme ils l'exigeaient. C'était son art, un exercice de souplesse devenu naturel. Rien dans son esprit ne l'empêchait de s'humilier.
"Veuillez me pardonner mes offenses, comme je pardonne à ceux qui m'ont offensé," conclut-il en mettant un genou en terre. "Et je vous implore d'épargner mon chantier de votre foudre souveraine. Vous avez tous les pouvoirs sur tous les êtres en ce monde, et sans votre clémence, je sais que je perdrai ma vie. Je la remets entre vos mains."
Ses yeux se relevèrent, durs et sévères de la douleur emmagasinée, et il fixa la petite comme un loup fixe un agneau, attentif au moindre frémissement.
"Alors ? Est-ce cela, le bonheur ?"
Qu'ils la traitent de sorcière, tous, ou qu'ils le traitent de moins que rien, ça lui était égal à présent. Il disait adieu, intérieurement, à cette carrière qu'il aurait pu bâtir ; c'était la première fois qu'il y croyait sérieusement, et c'était la première fois que le renoncement lui faisait si mal. On ne peut pas trahir un chien errant, uniquement un chien qui s'attache à ses maîtres. Et il retrouvait une autre fierté, secrète et précieuse quoique ténue et amère. Il avait tenu jusque là sans y arriver. Il avait survécu bien plus longtemps qu'il ne l'aurait imaginé.
L'ouvrier aux côtés d'Augustin était en quelque sorte son rocher dans la tempête ; le reste de ses travailleurs avait abandonné son camp, et s'apprêtait à se retourner contre lui. Il avait l'espoir que celui-ci réfléchirait plus loin que les autres, et traiterait cette petite mégère en herbe avec le mépris qui s'imposait. Mais très vite, l'architecte put constater que ce ne serait pas le cas. Achille s'adressait avec respect et considération à cette petite âme monstrueuse, qui se réjouissait comme un démon à l'idée de pouvoir tout briser.
Dans ce cas... il était perdu. Les ombres de son esprit le lui soufflaient à l'oreille : il n'y avait pas à se rebeller contre les forces absurdes qui l'avaient décidé. Une enfant avait choisi de lui prendre la nouvelle vie qui était la sienne, et elle la lui prenait. Il n'avait qu'un choix.
La perte de sa vie physique, ou la perte de la vie qu'il menait. Le choix était déjà fait, c'était toujours le même, à chaque fois. C'était son habitude et elle lui paraissait plus confortable, maintenant que la minuscule flamme de fierté dans son regard se ternissait et laissait l'indifférence de toujours prendre sa place, maintenant qu'il planifiait déjà comment il s'enfuirait dès que la tempête s'amasserait au dessus de sa tête. Aujourd'hui, il perdait sa réputation. C'était le premier domino qui entraînerait tous les autres. Avant ou après d'avoir accompli son contrat ? Ce serait la seule surprise.
Et étrangement, alors qu'il baissait les bras, il se sentait délivré.
"Allons, il ne faut pas avoir peur."
Il s'adressait à lui-même, autant qu'à cette part de son ouvrier qui le conduisait à témoigner sympathie et compliments à ce tyran en jupons. Il ne savait pas ce qui motivait cette réaction, mais Achille était un homme étrange qui pouvait très bien trouver de l'intérêt intellectuel à quelqu'un, en mettant complètement à part ses actes déplaisants. Comme un chasseur peut respecter les fauves nuisibles qu'il lui faudra pourtant abattre. Une scission de l'esprit qu'Augustin ne pratiquait pas.
Quant à celle que pratiquait la petite fille...
"Tu es prisonnière de ton orgueil, enfant," murmura-t-il avec une soudaine tristesse, "et un jour tu oublieras ce que c'était de ne pas être cruelle envers les faibles ; tu oublieras que tu as un jour vécu d'autre chose. La politesse, les belles phrases, la satisfaction d'avoir gagné, voilà le gruau que tu substitueras au miel du bonheur, que tu ne connaîtras plus jamais."
Sa voix s'était adoucie, et ce n'était pas uniquement pour que les ouvriers ne les entendent plus. Il pouvait percevoir leurs murmures et leur méfiance. Il était fichu. La mèche était allumée ; la seule question qui se posait encore était celle de sa taille.
"Je ne peux rien te donner, que l'exemple. Moi, je ne suis pas encore prisonnier, je traîne des ailes en sang qui m'empêcheront toujours de l'être. Allons, mieux vaut que tu ne comprennes pas ce que je dis."
Et puisqu'elle revêtait la tunique des tyrans les plus insidieux, ceux de l'Eglise, il allait lui servir le discours que ceux-ci attendaient. Après tout, c'était ce qui rampait sous son attitude générale. Il savait s'avilir pour les besoins des puissants et de leurs âmes tordues, s'aplatir et ramper pour toujours les voir par-dessous, comme ils l'exigeaient. C'était son art, un exercice de souplesse devenu naturel. Rien dans son esprit ne l'empêchait de s'humilier.
"Veuillez me pardonner mes offenses, comme je pardonne à ceux qui m'ont offensé," conclut-il en mettant un genou en terre. "Et je vous implore d'épargner mon chantier de votre foudre souveraine. Vous avez tous les pouvoirs sur tous les êtres en ce monde, et sans votre clémence, je sais que je perdrai ma vie. Je la remets entre vos mains."
Ses yeux se relevèrent, durs et sévères de la douleur emmagasinée, et il fixa la petite comme un loup fixe un agneau, attentif au moindre frémissement.
"Alors ? Est-ce cela, le bonheur ?"
Qu'ils la traitent de sorcière, tous, ou qu'ils le traitent de moins que rien, ça lui était égal à présent. Il disait adieu, intérieurement, à cette carrière qu'il aurait pu bâtir ; c'était la première fois qu'il y croyait sérieusement, et c'était la première fois que le renoncement lui faisait si mal. On ne peut pas trahir un chien errant, uniquement un chien qui s'attache à ses maîtres. Et il retrouvait une autre fierté, secrète et précieuse quoique ténue et amère. Il avait tenu jusque là sans y arriver. Il avait survécu bien plus longtemps qu'il ne l'aurait imaginé.
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Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Cassandre n'en revenait pas des explications que Jérémie lui apprenait. Que la justice pouvait réellement brûler et ça juste pour de simples rumeurs. Sans chercher à comprendre les faits. Ce n'était pas juste. Pas juste du tout. Il y avait même u inquisiteur qui aurait fait brûler des centaines de personnes. Un inquisiteur comme l'oncle Matthieu ? Non, l'oncle Matthieu ne ferait jamais brûler un innocent. Et puis, il devait trouver une exécution comme ça bien barbare. C'était comme le martyr de Saint-Laurent. Non, il ne pourrait jamais cautionner un truc comme ça. Il était gentil oncle Matthieu.
La fillette resta silencieuse, plongée dans ces réflexions, jusqu'à aborder le sujet de l'intelligence. alors elle était spéciale ? Différente de autres ? Ce n'était pas drôle. Elle n'avait pas demandé à naître comme ça et à se démarquer autant. Elle soupira.
"J'en ai marre d'être différente..."
Cassandre se décida à se confronter à l'architecte qui la prenait de haut. Elle aurait bien voulu s'excuser de sa farce stupide mais il ne le méritait pas. Il n'avait pas à lui dire qu'elle devait compter les cailloux. Elle le toisait avec mépris alors que Jérémie tentait de jouer au médiateur. L'architecte répondit qu'ils s'étaient connus dans une autre vie, quand elle ne tuait pas encore. la fillette haussa les épaules dans un soupir d'ennui.
"J'ai jamais tué personne."
Il se mettait maintenant à réciter des paroles pompeuses au lieu d'aller droit au but. Que c'était ennuyeux tout ça ! Cassandre poussa tout le long une série de bâillement, sans tenir compte que c'était impoli. Elle ne se sentait pas du tout d'humeur à bien se comporter. Vers la fin du discours, elle se retint de rouler les yeux en comprenant qu'il pensait qu'elle allait le dénoncer. Il ne comprenait donc rien à la vie ? Quelle bonne personne de dénoncer quelqu'un ?
Cassandre s'avança vers l'architecte et murmura très bas :
"Ceux sont les lâches qui dénoncent. Et ça, c'est quelque chose que je ferais jamais. Dénoncer, c'est le dernier niveau de bassesse. C'est être pire qu'un rat."
Elle releva la tête et la secoua en soupirant.
"Tu n'as jamais eu d'amis pour pas comprendre ça ?"
La fillette resta silencieuse, plongée dans ces réflexions, jusqu'à aborder le sujet de l'intelligence. alors elle était spéciale ? Différente de autres ? Ce n'était pas drôle. Elle n'avait pas demandé à naître comme ça et à se démarquer autant. Elle soupira.
"J'en ai marre d'être différente..."
Cassandre se décida à se confronter à l'architecte qui la prenait de haut. Elle aurait bien voulu s'excuser de sa farce stupide mais il ne le méritait pas. Il n'avait pas à lui dire qu'elle devait compter les cailloux. Elle le toisait avec mépris alors que Jérémie tentait de jouer au médiateur. L'architecte répondit qu'ils s'étaient connus dans une autre vie, quand elle ne tuait pas encore. la fillette haussa les épaules dans un soupir d'ennui.
"J'ai jamais tué personne."
Il se mettait maintenant à réciter des paroles pompeuses au lieu d'aller droit au but. Que c'était ennuyeux tout ça ! Cassandre poussa tout le long une série de bâillement, sans tenir compte que c'était impoli. Elle ne se sentait pas du tout d'humeur à bien se comporter. Vers la fin du discours, elle se retint de rouler les yeux en comprenant qu'il pensait qu'elle allait le dénoncer. Il ne comprenait donc rien à la vie ? Quelle bonne personne de dénoncer quelqu'un ?
Cassandre s'avança vers l'architecte et murmura très bas :
"Ceux sont les lâches qui dénoncent. Et ça, c'est quelque chose que je ferais jamais. Dénoncer, c'est le dernier niveau de bassesse. C'est être pire qu'un rat."
Elle releva la tête et la secoua en soupirant.
"Tu n'as jamais eu d'amis pour pas comprendre ça ?"
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
Bien qu'en apparence les ouvriers étaient retournés à leurs postes, quelque regards s'échouaient vers le trio. Un bruit de fond oppressant : celui des chuchotements. La rumeur. Jérémie s'était tendu : des rumeurs, sa famille en avait essuyées jadis au village. Surtout à son sujet. Puis, après avoir été l'objet de celle-ci, le Torrès avait su développer la froide intelligence de les utiliser à son tour. Notamment dans les châteaux de ses maîtres, l'esclave s'était parfois - peu éthiquement, il fallait le reconnaître - montré capable de doigté musicien avec les bruits de couloir pour leur faire composer la musique utile à faire tourner l'engrenage en sa faveur. Ainsi avait-il pu accéder notamment aux livres des maîtres. Il ne put que comprendre la gravité de ce qui se jouet, des deux côtés du tableau qu'il avait été.
Les conséquences seraient difficilement maîtrisables et Jérémie, une fois qu'il eut souri à Cassandre avant que tout cela n'éclate - à sa confidence sur les lourdeurs de leur différence partagée - ne se préoccupa même plus vraiment d'en savoir davantage sur cette autre vie lors de laquelle Cassandre et Augustin s'étaient donc connus. Il y avait plus grave et plus urgent. Malgré tout, il pensa aux paroles de l'architecte. Une autre vie. Le Torrès se fit du reste l'hypothèse qu'Augustin n'était même pas la première des identités de cet homme. Une fausse identité, lui aussi. Il se pourrait même qu'il n'en soit pas à son coup d'essai avec ce chantier et ce nom. Que fuyait-il ?
Cassandre se défendit avec un soupir las. Oh certes oui, tuer, jamais de ses mains, il la croyait. Et elle n'aurait certainement jamais pareille intention, mais mesurait-elle à présent, après leur discussion, les répercussions que la rumeur pourrait avoir ? Cela pouvait tuer socialement. Et dans le pire des cas, littéralement. C'était bien le sort par lequel Augustin craignait d'être attendu et il ne pouvait que le comprendre : un rien amenait les gens du guet, les inspecteurs, les prévôts ou que savait-il encore pour un bruit un peu trop insistant.
-- Sans doute, dit-il après Cassandre. Mais une mèche qu'on allume juste pour jouer, cela peut.
Quand Cassandre s'ennuyait des tristes paroles d'Augustin, Jérémie s'en inquiéta sérieusement. Ce que rendit la crispation de ses pieds au sol et ses doigts serrés à son menton. On ne faisait pas des métaphores comme celles-ci à la légère. En sang ? Augustin l'avait-il répandu dans une autre vie ou l'avait-il, lui, perdu au fil de nombreuses blessures ? Ces ailes confirmaient en tout cas qu'il était habitué à la fuite d'un lieu à l'autre, et sans doute d'un nom à l'autre. Pourquoi ? Et... devenir prisonnier ? Les conseils pleins d'humanité pour les petites gens qu'il donna ensuite à Cassandre ne lui laissaient pas l'impression d'être en présence d'un dangereux criminel aux mains chargées de sang. Aussi devait-il s'attendre d'autres prisons que celles de la Justice ? Encore que. Il ne fallait pas avoir fait grand chose parfois pour avoir affaire à elles.
Les yeux caverneux de l'esclave s'écarquillèrent mais toujours avec la même fixité - pour le coup désemparée alors que son bras retomba : Augustin qui d'abord avait semblé étonnamment soulagé de voir lui tomber dessus une possible culpabilité... était désormais la proie d'une grande détresse. Sa tristesse d'abord. Cette prière ensuite, qui semblait sincère dans sa douleur - là où Jérémie était surtout accoutumé à voir ce genre de démonstration de la part d'hypocrites exubérants. Et le dureté de ce regard flottant à présent.
Le Torrès déglutit : il s'en voulut. D'avoir bien compris - par sa raison - la gravité et les enjeux de cette situation... mais d'avoir apparemment tout manqué des émotions appropriées. Il aurait dû se mettre en colère ? Avoir un autre comportement ? Hausser le ton ? Toutes ces choses qui ne lui venaient pas instinctivement. Il ne savait pas. Il avait la grande faiblesse de s'imaginer que tout pouvait se régler par une conversation rationnelle et un ton égal, celui des explications qu'il avait eu pour parler d'esprit à esprit avec Cassandre. Car il en connaissait les capacités malgré son jeune âge. Cependant tout lui laissait désormais comprendre que cela ne pouvait pas suffire : Augustin comptait beaucoup sur lui d'une part. Et la discussion purement logique, cela serait impuissant à calmer ce qui avait été déclenché.
Mais alors quoi ? Jérémie se sentait dépassé, vulnérable et pas à la hauteur. Alors que le bout de ses doigts émettaient d'infimes tressautements comme si un grain venait de perturber une tranquille mécanique, il se tourna vers Augustin et aligna :
-- Je. ...suis désolé.
Désolé d'avoir compris sans qu'aient suivi ce qui aurait pu aider Augustin. Désolé de se sentir soudain peu apte à protéger - il aimerait, mais comment désormais ? Désolé d'assister à une pareille détresse et de ne pas l'avoir prévenue. Désolé de ses carences - il les sentait dans des situations comme celle-ci. Son corps finit par se calmer pour retourner à sa quasi immobilité. Il ouvrit la bouche pour tenter quelques solutions mais la question de Cassandre l'interpella : des amis ? Bonne question. Dans ce qui semblait être une succession de fuite, Augustin avait-il déjà eu des personnes chères à son cœur et de parfaite confiance ? Certainement. Serait-il aussi triste et plein de douleur en ce moment sinon ?
-- Je vais surveiller comment les choses tournent, décida-t-il dans la foulée : ces prochains jours, ces semaines, en charriant ses matériaux, en écoutant ici et là, en allant en ville pour les différents achats. Cela, il pouvait le faire. Si quelque chose menace... - il s'interrompit avant de faire une promesse qu'il craindrait de ne pouvoir tenir - dis-moi comment je pourrais te couvrir.
Le tutoiement lui était venu sans réfléchir. Car il se sentait en cet instant proche d'Augustin : il ne voyait plus le patron de ces travaux, ni son employeur, mais un homme en fuite comme lui, une série de faux noms comme il en avait, la possible cible de prochaines menaces. Et plutôt que de ne pas savoir faire, Jérémie avait préféré demander ce qui aiderait Augustin dans ses prochains desseins.
Il ne pouvait pas développer à l'extérieur avec ce monde autour, mais il savait des cachettes. Des itinéraires. Il savait des formules utiles à rédiger des faux. Il pouvait déposer témoignage à décharge si les choses s'envenimaient à ce point. Ce genre de choses... purement techniques et intellectuelles, oui, il pouvait les faire. D'un bref coup d'œil entendu vers la tente, Jérémie essaya de faire comprendre qu'ils pourraient discuter à l'abri de ce qu'ils pourraient faire.
Quant à la question du bonheur, elle était bien trop importante - et en cet instant lourde de maux pour Augustin - pour que Jérémie se permette d'y répondre quoi que ce soit. Ce serait déplacé. Toutefois il secoua négativement la tête car une chose était sûre : non, le bonheur n'était pas la situation présente, ni d'être un genre de spectre toujours à devoir fuit, à voir ce qu'on construisait risquer à chaque instant de s'écrouler.
Re: [11 Décembre 1597] Un beau chantier est aussi un beau terrain de jeux [Terminé]
L'attitude ignorante de la petite fille ne touchait plus Augustin, il était déjà loin de toute cette scène, déjà paralysé par la peur, pris dans son bloc de glace à distance de toute l'humanité, ou presque. Il y avait quelques exceptions. Achille lui parlait, et il n'était pas simple de traiter les mots qui lui étaient adressés.
"Tu sais quoi faire. Tu es exact, tu comprends mes plans, tu ne feras pas d'erreur dans les comptes."
Son regard se releva empreint d'une certaine forme d'espoir. Il saisit la manche de l'ouvrier et éprouva une certaine consolation : c'était un bras solide, sous cette manche de tissu lâche qui se dérobait sous son ses doigts. La réalisation de sa promesse, en son absence. Oui,c'était peut-être possible. De toute façon il fallait qu'il retranche sa présence maudite de cet endroit consacré au Seigneur. La petite n'avait été qu'un ange inconscient, envoyé pour le lui rappeler par sa seule présence. Il ne lui en voulait pas.
"Si tu ne vois pas d'inconvénients à parler au nom d'un mort..." Sa main relâcha le travailleur et désigna brièvement les autres. Un geste vague, inconsistant, vidé de toute substance, comme on en a quand on craint d'être accusé d'avoir jeté le mauvais oeil. "Guide tes camarades, de ma part. Passe prendre mes instructions de temps en temps, je ne te laisserai pas seul. Je ferai un presbytère d'autant plus magnifique et sacré que je ne serai pas là."
Avant de s'éloigner, il jeta un dernier sourire à la petite envahisseuse qui avait réduit la place à sa merci, en quelques traits habiles. Une petite peste ou une chasseresse de légende, son avenir le dirait, pour peu qu'il soit long et fourni en rencontres, en zones d'influences dont elle saurait jouer. Il ne fallait pas... Ses yeux cillèrent, son expression changea. Il revoyait d'anciennes histoires, de ces bribes perdues dans le temps dont il restait le seul dépositaire. Il ne fallait pas que cette connaissance se perde, que d'autres aient à en souffrir. Ce bref déclic l'anima d'un semblant de vie.
"Et aide la petite. Elle est dangereuse. Il ne faut pas qu'elle devienne comme ma mère. Si tu peux l'empêcher, tu seras un saint, mon ami."
Tournant les talons précipitamment, il se dirigea vers l'autre bout du chantier. Ses longues jambes de cigogne le promenaient sous les murmures de l'équipe, et il sentait bien qu'il n'aurait plus les épaules pour redresser l'ambiance qui s'installait. Sa décision serait la meilleure. Tant que l'ouvrage était bâti, tant que les murs prenaient forme, qu'importait qu'il se mêlait à la troupe ou non ? Il prétexterait une maladie. Mais même l'hôtel lui paraissait interdit à présent. Il allait faire son sac et disparaître.
"Tu sais quoi faire. Tu es exact, tu comprends mes plans, tu ne feras pas d'erreur dans les comptes."
Son regard se releva empreint d'une certaine forme d'espoir. Il saisit la manche de l'ouvrier et éprouva une certaine consolation : c'était un bras solide, sous cette manche de tissu lâche qui se dérobait sous son ses doigts. La réalisation de sa promesse, en son absence. Oui,c'était peut-être possible. De toute façon il fallait qu'il retranche sa présence maudite de cet endroit consacré au Seigneur. La petite n'avait été qu'un ange inconscient, envoyé pour le lui rappeler par sa seule présence. Il ne lui en voulait pas.
"Si tu ne vois pas d'inconvénients à parler au nom d'un mort..." Sa main relâcha le travailleur et désigna brièvement les autres. Un geste vague, inconsistant, vidé de toute substance, comme on en a quand on craint d'être accusé d'avoir jeté le mauvais oeil. "Guide tes camarades, de ma part. Passe prendre mes instructions de temps en temps, je ne te laisserai pas seul. Je ferai un presbytère d'autant plus magnifique et sacré que je ne serai pas là."
Avant de s'éloigner, il jeta un dernier sourire à la petite envahisseuse qui avait réduit la place à sa merci, en quelques traits habiles. Une petite peste ou une chasseresse de légende, son avenir le dirait, pour peu qu'il soit long et fourni en rencontres, en zones d'influences dont elle saurait jouer. Il ne fallait pas... Ses yeux cillèrent, son expression changea. Il revoyait d'anciennes histoires, de ces bribes perdues dans le temps dont il restait le seul dépositaire. Il ne fallait pas que cette connaissance se perde, que d'autres aient à en souffrir. Ce bref déclic l'anima d'un semblant de vie.
"Et aide la petite. Elle est dangereuse. Il ne faut pas qu'elle devienne comme ma mère. Si tu peux l'empêcher, tu seras un saint, mon ami."
Tournant les talons précipitamment, il se dirigea vers l'autre bout du chantier. Ses longues jambes de cigogne le promenaient sous les murmures de l'équipe, et il sentait bien qu'il n'aurait plus les épaules pour redresser l'ambiance qui s'installait. Sa décision serait la meilleure. Tant que l'ouvrage était bâti, tant que les murs prenaient forme, qu'importait qu'il se mêlait à la troupe ou non ? Il prétexterait une maladie. Mais même l'hôtel lui paraissait interdit à présent. Il allait faire son sac et disparaître.
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