[Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Page 2 sur 4 • Partagez
Page 2 sur 4 • 1, 2, 3, 4
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Il niait ? En v'la une nouvelle bonne ! N'étais-ce pourtant pas lui qui, plus tôt, se disait fort occupé pour s'excuser des bouteilles de pif à l'abandon ? En fait, il était prêtre - et débordé - quand ça l'arrangeait. Le muet rétorqua, avec un regard malicieux et entendu :
FAUDRAIT
SAVOIR
SAVOIR
Il le vit aller s'installer à califourchon sur l'un des bancs. Pour le coup, voilà qui amusa le vétéran. Il ne se priva pas de l'accompagner, prenant exactement la même position au bout du banc juste de l'autre côté de la rangée, de sorte qu'ils se trouvaient tels deux cavaliers face à face. Édouard joua même à remuer un coup de la taille comme dans un mouvement de domptage - domptage du cheval ou du prêtre, là était toute la question. Dans une seconde un peu plus sérieuse, il se demanda tout de même : nom d'une pipe, qu'est-ce que tu fous exactement ? S'il en était déjà à là en moins d'une journée avec ce curé, alors il préféra ne pas imaginer la suite. Mais ça faisait des lustres qu'il n'avait pas eu ainsi envie de jouer. Jouer pour décompenser - en l'occurrence, devant les bêtises que Thierry continuait de lui sortir. Se désennuyer en s'amusant des faiblesses des gens dont il avait la charge, le niveau d'orgueil et de mépris...
C'EST CRUEL. ET "ILS
NE RETIENNENT RIEN",
OUAIS FACILE
NE RETIENNENT RIEN",
OUAIS FACILE
Les gens n'étaient pas naturellement si bêtes que ça. Et quand autant de disciples ne comprenaient rien à ce point - pas juste deux ou trois - est-ce que le soucis n'était pas un peu à chercher du côté du professeur ? Ou en l'occurrence, du prêcheur qui en tenait plus ou moins lieu. Oh peut-être pas Thierry tout seul, mais un certain nombre de curés qui ne devaient pas vraiment avoir à cœur de les aider sincèrement. Juste de les garder sous bonne coupe. Il s'ébroua aux derniers mots du père d'Anjou et ajouta :
FAUT VOIR AUSSI CE QU'ON
RISQUE DE PRENDRE AU
MOINDRE IRRESPECT DU CLERGÉ !
RISQUE DE PRENDRE AU
MOINDRE IRRESPECT DU CLERGÉ !
"On". Il en faisait partie, du peuple. Jamais il n'écrirait "ils". Et comment s'étonner que d'humbles paroissiens fassent sans broncher les conneries imposées par ce prêtre, quand tout leur enseignait depuis des lustres l'importance incontestable des enseignements du clergé ? Quand on risquait une mise à l'amande, du pilori ou pire encore, pour un simple geste de traviole ? Ou un doute émis sur la sainte parole d'un ecclésiastique.
VS VOULEZ SAVOIR ? JE CROIS
QUE VS CRITIQUEZ A JUSTE
TITRE L'HYPOCRISIE, MAIS
QUE VS FAITES PAREIL AU FINAL
QUE VS CRITIQUEZ A JUSTE
TITRE L'HYPOCRISIE, MAIS
QUE VS FAITES PAREIL AU FINAL
Et puis il voulait jouer au grand esprit supérieur et las ? D'accord. Édouard fit montre de ses attraits pour le mime et prit une pose de très noble Penseur, poing fermé sous ce qui aurait dû être son menton, regard en l'air, vaporeux et tellement supérieur.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Thierry suivit avec avec attention les gestes d'Edouard qui s'installait en face de lui, dans la même position et le jaugeait du regard. C'était là le début d'une véritable bataille. Sauf que lui ne ressentait pas la moindre envie de lutter. Il ne souhaitait que se divertir, pas entendre une énième leçon sur son comportement. Il connaissait ces refrains agaçants au mot près et ils étaient tous insupportables. L'infirme écrivait sur son ardoise la facilité à contrôler une masse soumise corps et âme à une autorité toute puissante et l'accuser d'hypocrisie. Quelle surprise ! Il n'aurait jamais pu établir un tel raisonnement seul ! Comme le muet l'éclairait sur sa personnalité et as conduite ! Il tut cette ironie qui bouillonnait dans son esprit et soupira.
"Autrefois, j'aspirais à être un bon curé. le meilleur prêtre de Monbrina j'ai un jour proclamé. La réalité m'a changé. La solitude et et le poids des situations qui n'évolueront jamais m'ont fait tourner vers l'amusement."
Il se sentait toujours aussi seul que depuis le jour de son retour à Braktenn, mais il pouvait au moins s'oublier dans la boisson. sa conscience s'éteint éteint et c'était là plus reposant.
"Je descends d'une famille de nobles qui autrefois compta énormément pour ce pays, mais dot le temps gâta la fortune et la réputation. Je grandis avec leurs idéaux, nourris de ces exploits lointains et je rêvais d'être soldat. Comme toi. Je songeais ainsi à redorer le blason des miens. Ma sœur et moi étions seuls. sans personne pour s'occuper de nous, sauf pour nous gronder quand nous causions du désordre pour nous faire remarquer. Comme de déposer des grenouilles dans l'armoire de notre mère. Quoique il se passe, mon père nous ignorait. Il ne parlait qu'à son fils aîné. Je tentais d'impressionner mon frère. Mais lui consacrait mon temps à exploiter mon besoin de reconnaissance pour m'humilier et se railler de ma fragilité ou ma sensibilité. "
Seule l'existence de Beckie avait permis d'éclairer ses journées mornes et apporté de la joie pour oublier ces humiliations répétées. Sa gorge se serra. Sa pauvre sœur morte par sa faute. Il en restait persuadé.
"L'année de mes quinze ans, tout bascula. Mon père m'appela un jour pour m'emmener en voyage d'affaires. Avec lui. J'étais transporté par la joie et la fierté. Pendant une quinzaine de jours, je l'écoutais parler de commerces et projets en tentant d'apporter mes opinions come je le pouvais. Modestement. Je tremblais de dire une bêtise. De le décevoir. Nous avons fait un arrêt à un monastère. Mon père m'a prié de l'attendre dans le jardin et j'ai aidé durant cette journée des moines à leur potager. Je m'amusai bien. Le soleil a décliné et un des frères m'a annoncé que nous passerions la nuit au monastère. Je ne me suis pas méfié. J'aurais dû. Il avait employé ces mots : l'abbé est encore occupé. Vous passerez donc la nuit dans cette cellule. Vous... Je pensais qu'il évoquait mon père et moi-même, sans me rappeler que les moins m'avaient tutoyé au potager. Quelle erreur de jeunesse !"
Thierry songeait avec amertume à cette subtilité du langage qui l'avait endormi mais dont maintenant il savait habilement se servir à son tour.
"Au lendemain, l'abbé m'apprit la réalité : mon père m'avait vendu. Pour payer une partie de nos dettes, il m'a cédé à ce monastère. Je ne m'appartenais plus. Je n'étais plus qu'une chose que les gens pouvaient s'échanger, comme un sac de farine ou une mule. Je me suis juré de sortir. Je devais retrouver ma sœur. Je n'ai eu de cesse pendant plusieurs années de provoquer toutes sortes d'incidents. Comme de disposer de belles courgettes sur les statues du Christ. A un emplacement important que l'on oublie toujours de représenter. Chaque fois, j'étais puni. Quinze jours dans un cachot sombre et humide. sans nourriture. Juste un pichet. Mais je refusais de plier. Je voulais être renvoyé. Ou m'évader. Je voulais retrouver ma sœur. Mes efforts ont eu raison de la volonté de l'abbé. Il m'a proposé un marché : ma sagesse en échange de ma nomination à Braktenn comme curé."
Thierry tourna la tête le crucifix dans le fond de l'église et soupira. Malgré ses efforts, rien n'avait été.
"De retour à Braktenn, j'ai voulu retrouver les miens. Mais ma famille était ruiné. On m'a appris que tous étaient décédés. J'étaisseul. Entièrement seul. Je me suis consacré à ma fonction. Avec sérieux. En tentant d'éclairer le chemin des pus humbles. Puis j'ai connu l'amour. J'ai aimé une femme, elle a eu un enfant de moi mais devant les conséquences, devant les risques, j'ai pris peur, et je les ait renié. Depuis, j'ai emprunté une longue descente vers la destruction. Revenir vers la lumière ? A quoi bon ? Quels ont été ma récompense pour mes actes de bonté ? Aucune. Tout ce que l'existence m'apprit, c'est que seul l'égoïsme permet de survivre. Les faibles qui comptent sur la gentillesse et la bienveillance sont broyées. C'est ma conclusion de ce que notre monde est. Et c'est pourquoi je bois. Pour oublier cette conclusion."
"Autrefois, j'aspirais à être un bon curé. le meilleur prêtre de Monbrina j'ai un jour proclamé. La réalité m'a changé. La solitude et et le poids des situations qui n'évolueront jamais m'ont fait tourner vers l'amusement."
Il se sentait toujours aussi seul que depuis le jour de son retour à Braktenn, mais il pouvait au moins s'oublier dans la boisson. sa conscience s'éteint éteint et c'était là plus reposant.
"Je descends d'une famille de nobles qui autrefois compta énormément pour ce pays, mais dot le temps gâta la fortune et la réputation. Je grandis avec leurs idéaux, nourris de ces exploits lointains et je rêvais d'être soldat. Comme toi. Je songeais ainsi à redorer le blason des miens. Ma sœur et moi étions seuls. sans personne pour s'occuper de nous, sauf pour nous gronder quand nous causions du désordre pour nous faire remarquer. Comme de déposer des grenouilles dans l'armoire de notre mère. Quoique il se passe, mon père nous ignorait. Il ne parlait qu'à son fils aîné. Je tentais d'impressionner mon frère. Mais lui consacrait mon temps à exploiter mon besoin de reconnaissance pour m'humilier et se railler de ma fragilité ou ma sensibilité. "
Seule l'existence de Beckie avait permis d'éclairer ses journées mornes et apporté de la joie pour oublier ces humiliations répétées. Sa gorge se serra. Sa pauvre sœur morte par sa faute. Il en restait persuadé.
"L'année de mes quinze ans, tout bascula. Mon père m'appela un jour pour m'emmener en voyage d'affaires. Avec lui. J'étais transporté par la joie et la fierté. Pendant une quinzaine de jours, je l'écoutais parler de commerces et projets en tentant d'apporter mes opinions come je le pouvais. Modestement. Je tremblais de dire une bêtise. De le décevoir. Nous avons fait un arrêt à un monastère. Mon père m'a prié de l'attendre dans le jardin et j'ai aidé durant cette journée des moines à leur potager. Je m'amusai bien. Le soleil a décliné et un des frères m'a annoncé que nous passerions la nuit au monastère. Je ne me suis pas méfié. J'aurais dû. Il avait employé ces mots : l'abbé est encore occupé. Vous passerez donc la nuit dans cette cellule. Vous... Je pensais qu'il évoquait mon père et moi-même, sans me rappeler que les moins m'avaient tutoyé au potager. Quelle erreur de jeunesse !"
Thierry songeait avec amertume à cette subtilité du langage qui l'avait endormi mais dont maintenant il savait habilement se servir à son tour.
"Au lendemain, l'abbé m'apprit la réalité : mon père m'avait vendu. Pour payer une partie de nos dettes, il m'a cédé à ce monastère. Je ne m'appartenais plus. Je n'étais plus qu'une chose que les gens pouvaient s'échanger, comme un sac de farine ou une mule. Je me suis juré de sortir. Je devais retrouver ma sœur. Je n'ai eu de cesse pendant plusieurs années de provoquer toutes sortes d'incidents. Comme de disposer de belles courgettes sur les statues du Christ. A un emplacement important que l'on oublie toujours de représenter. Chaque fois, j'étais puni. Quinze jours dans un cachot sombre et humide. sans nourriture. Juste un pichet. Mais je refusais de plier. Je voulais être renvoyé. Ou m'évader. Je voulais retrouver ma sœur. Mes efforts ont eu raison de la volonté de l'abbé. Il m'a proposé un marché : ma sagesse en échange de ma nomination à Braktenn comme curé."
Thierry tourna la tête le crucifix dans le fond de l'église et soupira. Malgré ses efforts, rien n'avait été.
"De retour à Braktenn, j'ai voulu retrouver les miens. Mais ma famille était ruiné. On m'a appris que tous étaient décédés. J'étaisseul. Entièrement seul. Je me suis consacré à ma fonction. Avec sérieux. En tentant d'éclairer le chemin des pus humbles. Puis j'ai connu l'amour. J'ai aimé une femme, elle a eu un enfant de moi mais devant les conséquences, devant les risques, j'ai pris peur, et je les ait renié. Depuis, j'ai emprunté une longue descente vers la destruction. Revenir vers la lumière ? A quoi bon ? Quels ont été ma récompense pour mes actes de bonté ? Aucune. Tout ce que l'existence m'apprit, c'est que seul l'égoïsme permet de survivre. Les faibles qui comptent sur la gentillesse et la bienveillance sont broyées. C'est ma conclusion de ce que notre monde est. Et c'est pourquoi je bois. Pour oublier cette conclusion."
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Le prêtre n'accueillit que d'un soupir ses mots à la craie. Le muet ne saurait pas vraiment ce qu'il y avait derrière ce soupir - sans doute de la lassitude, mais tant pis : il était du genre franc jeu quand quelque chose l'agaçait. Cependant la conversation prit un tour sérieux et Édouard s'intéressa aux confidences de Thierry. Il cessa ses pitreries, se tint plus droit et croisa les jambes plutôt que de les garder à califourchon au bout du banc.
Pour le coup, Thierry ne le baratinait pas. Il y avait de la souffrance dans ses mots. Celle que généraient la solitude et le désespoir prenant racine : il en avait vus, en dix-sept ans à l'Hôpital Général, ce genre de sentiments s'installer. L'ancien interné reconnut ces regards trop chargés de souffrance. Bon, ça n'allait pas excuser les conneries qu'il l'avait vu faire sur ses fidèles, mais ça aidait à comprendre. Il acquiesça avec gravité - et un soupçon de cynisme dans un sourcil haussé - aux idéaux militaires cultivés chez la jeunesse, aussi bien dans la noblesse que dans le bas de l'échelle. Sauf que les petits gars du peuple, ils faisaient chair à canon mais bref. Il put comprendre ce que Thierry avait vu miroiter. Il aurait peut-être été meilleur soldat que prêtre ? Et lui-même... regrettait-il l'armée avec le recul ? Édouard s'était promis que non : ce qui était fait était fait, ne pas s'abîmer dans d'inutiles remords faisait partie depuis dix-sept ans des disciplines qu'il s'imposait pour tenir. Et puis de l'armée, il gardait des choses positives : le phlegme, l'effort, se faire un moral d'acier pour aller de l'avant, la solidarité avec les frères d'armes - et de misère - pour être efficace ensemble.
D'une secousse de tête, il chassa ses souvenirs et sourit des yeux quand le curé parla de sa sœur, puis de la plaisanterie des grenouilles. La suite le désola : un soupir sous forme de borborygme rauque sortit de sa gorge. Pauvres eux deux... Leur père absent. Ou maltraitant quand il était présent... Un cadet laissé pour compte au profit de l'aîné. Merde alors, sûr qu'il y avait de quoi ne pas partir avec de bonnes bases psychologiques pour la suite. Lui, il avait eu la chance de grandir dans une famille nombreuse mais aimante. Son père le chérissait et s'était très tôt consacré à le former à son artisanat. ...Et que dire de cet abject coup du géniteur - et même de ces moines évoqués ensuite ! Vendu. Édouard écarquilla les yeux. Il secoua lentement la tête de dépit. Pour le coup il ne trouva à écrire que :
LES SALAUDS
Cela valait pour son père. Pour ce frère aîné qui n'avait rien fait à part le mépriser. Pour ces moines qui acceptaient de pareilles méthodes - à quel moment un gamin forcé dans ces conditions feraient un bon curé ? La vocation, ça leur faisait tilt ou bien ? Quant aux punitions... Thierry pourra s'apercevoir qu'Édouard en frémissait. Le vétéran aura pâli et comprimé les poings. Oui, il savait l'horreur de ce genre de traitements. Il en avait connus des similaires, au nom de la religion. Des rides de contrariété lui traversèrent le front. Au moins se dérida-t-il et ses épaules tressautèrent en même temps que sa glotte, riant à l'épisode de la courgette. Bah. Cela s'entendait. Et s'il était si bon que ça, le Jésus, il devait bien avoir de l'humour et ne pas se formaliser d'une broutille comme ça de la part d'un gamin malheureux.
Et puis, Thierry parla de Braktenn. Édouard sentit son émotion à parler de la mort de toute sa famille. Quelle horreur. Sa spontanéité le poussa à se lever et à le rejoindre sur son banc. Main à son épaule dans un geste très simple et sincère. Il était comme ça, du genre tactile quand les émotions étaient à vif. Et puis sur cet autre point, il ne pouvait une nouvelle fois que comprendre : ne plus avoir de famille. Être comme seul au monde, ç'avait été son lot. Sauf que dans son cas, c'était toute sa famille qui devait le croire mort - tant mieux quelque part - mais le résultat était le même. Ses grands yeux rencontrèrent ceux de Thierry vers la fin de son récit. Il comprit sans mal qu'il avait rompu ses vœux et sûrement pas qu'une fois. Qu'il n'avait pas eu le courage d'être un bon père - aux deux sens du terme.
VOUS PENSEZ CA ? QUE
SEUL L'ÉGOÏSME FAIT TENIR ?
SEUL L'ÉGOÏSME FAIT TENIR ?
Ce n'était pas une réprimande ni une fausse question, comme le soulignait la sincérité de son regard pour accompagner ces mots.
C POSSIBLE. LOI 2 LA JUNGLE,
TOUT CA. J'Y AI VU FAIRE. MAIS
A L'HG, BCP DE NOUS SE FAISAIENT
AUSSI 1 DEVOIR DE S'AIDER.
TOUT CA. J'Y AI VU FAIRE. MAIS
A L'HG, BCP DE NOUS SE FAISAIENT
AUSSI 1 DEVOIR DE S'AIDER.
Il retourna l'ardoise :
C TRES PUISSANT AUSSI. ET MÊME
CA EMMERDAIT + CEUX QUI VOULAIENT
QU'ON CRAQUE. JE CROIS AU MEILLEUR
ET AU PIRE POSSIBLE EN NOUS.
CA EMMERDAIT + CEUX QUI VOULAIENT
QU'ON CRAQUE. JE CROIS AU MEILLEUR
ET AU PIRE POSSIBLE EN NOUS.
Quant à la boisson, il acquiesça avec neutralité. Il l'avait charrié tout à l'heure, et il ne retirerait rien de ce qu'il lui avait dit. Toutefois, c'était bien sûr qu'on ne buvait jamais autant sans raison. Qu'il y avait de la volonté d'oubli là-dedans. C'était triste. Et une boucle infernale.
VOUS QUI VOULIEZ ÊTRE SOLDAT :
C UN PEU RENDRE LES ARMES...
ET DONNER LA VICTOIRE A CEUX
QUI VOUS ONT FAIT DU MAL NON ?
C UN PEU RENDRE LES ARMES...
ET DONNER LA VICTOIRE A CEUX
QUI VOUS ONT FAIT DU MAL NON ?
Il termina sur une note plus légère, souriant des pommettes en retournant l'ardoise pour tracer :
VOUS VOULEZ TOUS
LES EMMERDER ?
EMMERDEZ UTILE =D
LES EMMERDER ?
EMMERDEZ UTILE =D
En restant vivant. Et vaillant à la bataille. Ce serait une meilleure réponse. Pas en se déglinguant jour après jour ou en se déchargeant sur de pauvres paroissiens qui ne lui avaient en plus rien fait, eux. Et puis il avait dit avoir un fils... Il ne devait pas être trop tard pour voir à s'occuper des pots cassés ? La lignée n'était pas morte. Et ce serait un doigt tendu à son père que de faire infiniment mieux que lui. Tout cela cependant, le vétéran le gardera pour lui si Thierry décidait de ne pas relancer. Ce n'étaient que ses pensées, mais d'une : infiniment plus ardues à faire qu'à dire - il en avait conscience - et de deux : ce n'était pas à lui de donner des leçons. Il en savait trop peu pour se permettre de s'imposer et pour le coup : on parlait de vie privée et de blessures si grandes.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Thierry déversait d'une voix amère le récit de son existence pathétique, sans regarder Edouard. il ne faisait que réciter ce texte qu'il connaissait par coeur, comme quand il prononçait ces oraisons agaçantes Le prêtre fut cependant troublé un instant lorsque l'infirme s'approcha pour poser la main sur son épaule. Pourquoi ? Ils n'avaient aucun lien. Il n'était que son serviteur, rencontré à peine quelques heures plus tôt. Il n'y avait que son petit Alex, ou un enfant, pour être aussi compatissant. Pourquoi un adulte, un adulte qui avait connu l'enfer, se montrerait-il affectueux ? Il ne comprenait pas. Il ne comprenait absolument pas.
Edouard se mit à tracer des messages pour parler de l'égoïsme et ne semblait pas partager son opinion. Il ajoutait qu'à l'hôpital, beaucoup s'entraidaient. Thierry soupira.
"Pour ça, il faut des amis. Et moi, je suis seul."
Il eut un sourire triste en lisant la suite et haussa les épaules avant de répondre d'un air cynique.
"Moi, je ne suis capable que du pire. Je ne suis qu'une déception. C'est bien ce que me disait mon frère. Il a essayé de me proposer des activités d'hommes mais j'échouais toujours. Lors des parties de chasse, je vomissais en découvrant un lapin ou un chevreuil que l'on venait d'abattre. Je ne sais rien faire. Pas même protéger mon fils. Il vient de finir esclave sans que je puisse rien faire"
Son humeur s'assombrissait de plus en plus à se rappeler de ce procès inique qui avait condamner son fils à l'asservissement. Il appartenait à présent à un cardinal sinistre qui disposait de tout pouvoir pour le corriger et brimer son bonheur. Il le haïssait. Comme il haïssait ce diable de Dyonis. Ils étaient responsables de la déchéance d'Alexandre.
Edouard insistait et lui proposait de continuer à se battre. Thierry secoua les épaules.
"Quand une bataille est perdue, il faut savoir le reconnaître. Autrement, in ne fait que sacrifier inutilement des hommes. Une bataille, ce n'est pas un jeu d'échecs où on devrait disposer gratuitement de ses pièces sans se souvenir que ce sont des vies."
Au fond, il devinait qu'il aurait fait un épouvantable soldat. Il détestait le sang et la mort. Il pouvait accompagner l'agonie d'un malade et l'aider à s'endormir sereinement il ne saurait jamais tuer une personne. Même achever un animal le révulsait. Edouard traça u nouveau message t lui demandait d'emmerder utile. Thierry secoua les épaules.
"Et qui puis-je emmerder ? Je ne suis qu'un curé d'une petite paroisse. Je n'ai aucune relation. Je ne suis rien. Je ne peux rien faire."
Thierry soupira en tournant la tête vers croix, amer. Il avait bel air cet imbécile les bras ouverts à s'"exposer aux souffrances. Mais que savait-il des douleurs morales ? Il avait préféré renoncer à vivre.
"L'Eglise condamne le suicide. Pourtant, son meneur est un suicidé. Comment on définit mieux le sacrifice ? Les gens parlent de courage, d'abnégation, de résilience... Des conneries. Il a juste voulu mourir. Et nous on nous demande de vivre et de souffrir."
Edouard se mit à tracer des messages pour parler de l'égoïsme et ne semblait pas partager son opinion. Il ajoutait qu'à l'hôpital, beaucoup s'entraidaient. Thierry soupira.
"Pour ça, il faut des amis. Et moi, je suis seul."
Il eut un sourire triste en lisant la suite et haussa les épaules avant de répondre d'un air cynique.
"Moi, je ne suis capable que du pire. Je ne suis qu'une déception. C'est bien ce que me disait mon frère. Il a essayé de me proposer des activités d'hommes mais j'échouais toujours. Lors des parties de chasse, je vomissais en découvrant un lapin ou un chevreuil que l'on venait d'abattre. Je ne sais rien faire. Pas même protéger mon fils. Il vient de finir esclave sans que je puisse rien faire"
Son humeur s'assombrissait de plus en plus à se rappeler de ce procès inique qui avait condamner son fils à l'asservissement. Il appartenait à présent à un cardinal sinistre qui disposait de tout pouvoir pour le corriger et brimer son bonheur. Il le haïssait. Comme il haïssait ce diable de Dyonis. Ils étaient responsables de la déchéance d'Alexandre.
Edouard insistait et lui proposait de continuer à se battre. Thierry secoua les épaules.
"Quand une bataille est perdue, il faut savoir le reconnaître. Autrement, in ne fait que sacrifier inutilement des hommes. Une bataille, ce n'est pas un jeu d'échecs où on devrait disposer gratuitement de ses pièces sans se souvenir que ce sont des vies."
Au fond, il devinait qu'il aurait fait un épouvantable soldat. Il détestait le sang et la mort. Il pouvait accompagner l'agonie d'un malade et l'aider à s'endormir sereinement il ne saurait jamais tuer une personne. Même achever un animal le révulsait. Edouard traça u nouveau message t lui demandait d'emmerder utile. Thierry secoua les épaules.
"Et qui puis-je emmerder ? Je ne suis qu'un curé d'une petite paroisse. Je n'ai aucune relation. Je ne suis rien. Je ne peux rien faire."
Thierry soupira en tournant la tête vers croix, amer. Il avait bel air cet imbécile les bras ouverts à s'"exposer aux souffrances. Mais que savait-il des douleurs morales ? Il avait préféré renoncer à vivre.
"L'Eglise condamne le suicide. Pourtant, son meneur est un suicidé. Comment on définit mieux le sacrifice ? Les gens parlent de courage, d'abnégation, de résilience... Des conneries. Il a juste voulu mourir. Et nous on nous demande de vivre et de souffrir."
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), psychologue du père d'Anjou
Devant l'air troublé du prêtre au contact spontané qu'il lui offrait, Édouard lui adressa un regard tranquille, qu'il espéra apaisant. Ce ne devait pas être tous les jours que Thierry recevait des gestes amicaux... Le vétéran ne montra rien de sa peine. Puis il retira sa main pour être en capacité d'écrire de nouveau, mais restera assis à côté du curé. La suite lui confirma l'évidence : seul. En même temps, s'en faisait-il, des liens positifs ? Ou gâchait-il toute opportunité en se bousillant comme avec l'alcool, ou en jugeant d'office les autres à l'emporte-pièce comme avec ses paroissiens-joujoux ? Il garda cela pour lui et acquiesça. D'autant que le père d'Anjou poursuivait sur un autre registre désolant. Sa famille avait été toxique. Être un raté à la chasse, oui, et alors ? Bon, ça signifiait dans la foulée que contrairement à ce qu'Édouard s'était fait plus tôt comme hypothèse, Thierry n'aurait pas été un bon soldat non plus. Il baissa les yeux vers son ardoise et écrivit :
Y A D'AUTRES FAÇONS D'ÊTRE HOMME
QUE PAR CHASSE ET GUERRE. VOTRE
FRÈRE SE TROMPE. ET PUIS VS AVEZ :
SAVOIR + BCP ESPRIT. PAS 1 RATÉ
QUE PAR CHASSE ET GUERRE. VOTRE
FRÈRE SE TROMPE. ET PUIS VS AVEZ :
SAVOIR + BCP ESPRIT. PAS 1 RATÉ
Et ça, ce n'était pas rien. Personne n'est dépourvu d'atouts. Il fallait qu'il intègre ça, et comme pour concrétiser ce souhait, il suivit le mouvement d'humeur qui lui fit remuer l'ardoise en face de Thierry. Merde quoi, avec des connaissances et un sens de la répartie qu'il avait déjà pu constater, le prêtre aurait certainement de quoi faire des choses, bien plus qu'il ne se l'imaginait.
La confidence qui tomba alors le figea. Son fils ? Esclave ? Ses sourcils retombèrent dans un plissement de chagrin. Il découvrait par la même occasion que l'Empire réduisait aussi en esclavage, en plus des prisonniers de guerre, ses propres sujets en cas de délit grave. Édouard déglutit. Et dire que des esclaves, il en avait capturés - à Hô-Yo, c'était ça ou le peloton... Il n'en était vraiment pas fier.
JE SAIS PAS CE QUI C PASSÉ, MAIS
SUIS SÛR QUE VS AVEZ TENTÉ UN
MAX. ET RIEN DE PLUS POSSIBLE ?
SUIS SÛR QUE VS AVEZ TENTÉ UN
MAX. ET RIEN DE PLUS POSSIBLE ?
Il s'accompagna d'un regard sincèrement curieux. Rien que le fait que Thierry lui parle de cela, c'était qu'il y tenait, à son fils. Qu'il pouvait peut-être tenter des choses pour au moins essayer de soulager son sort ? Après tout il avait du bagout, de la ressource, son statut de prêtre dont il savait bien jouer des privilèges en d'autres occasions... Le vétéran mit toutefois un bémol à ses propres espoirs : et si le maître de son fils le rendait inaccessible ? N'y avait-il vraiment rien à faire ? Ce qu'il aura condensé avec sa dernière question. Quant aux batailles... en effet il fallait avoir l'humilité parfois de reconnaître une guerre perdue et de ne pas jouer inutilement d'autres vies. Il acquiesça, mais nuança :
SI DÉSOLÉ PR VOS DÉFUNTS. MAIS VOTRE
FILS, LUI, EST LÀ. ÊTRE 1 PÈRE PR LUI
(ENFIN AUTANT QUE POSSIBLE) : FAÇON
DÊTRE 1 HOMME AUSSI. ET 1 BATAILLE.
FILS, LUI, EST LÀ. ÊTRE 1 PÈRE PR LUI
(ENFIN AUTANT QUE POSSIBLE) : FAÇON
DÊTRE 1 HOMME AUSSI. ET 1 BATAILLE.
Oh oui, il se doutait que Thierry ne pourrait se rapprocher de son fils que dans la mesure du possible, puisqu'il était quelque part au service d'un maître. Ce serait mieux que rien. Mieux que de se retrouver à penser "Mon père, mon père, pourquoi m'as-tu abandonné" - comme Jésus sur sa croix et que justement le curé lui désignait. Édouard écouta avec intérêt l'hypothèse de Thierry. Il réfléchit, se remémora sans mal les textes pour les avoir entendus tant de fois à cause des bondieuseries de l'Hôpital Général. Il finit par proposer sa lecture :
PAS SÛR QU'IL VOULAIT SE SUICIDER.
AU JARDIN DES OLIVIERS, IL EST
TERRORISÉ. IL DEMANDE MÊME A
SON PÈRE DE LUI ÉPARGNER ÇA.
AU JARDIN DES OLIVIERS, IL EST
TERRORISÉ. IL DEMANDE MÊME A
SON PÈRE DE LUI ÉPARGNER ÇA.
Il retourna son ardoise et acheva, plus malicieux à la conclusion quelque peu religieusement provocatrice qu'il pouvait proposer à Thierry :
VOUS, ABANDONNEZ PAS
VOTRE FILS. SOYEZ MEILLEUR
PÈRE QUE LUI LA HAUT
VOTRE FILS. SOYEZ MEILLEUR
PÈRE QUE LUI LA HAUT
Il en plaisantait, mais au fond cette mort du fils de Dieu était un des plus grands - et plus terribles - mystères de la foi chrétienne. Comment c'était possible pour un père ? De même que pour ces dieux païens dont ils parlaient plus tôt et qui, apparemment, eux aussi avaient besoin de sacrifices... Le vétéran haussa lui aussi les épaules et partagea le regard perdu de Thierry. Et qui emmerder ? Le vétéran n'avait pas oublié cette autre question. Après un ronronnement émis sans s'en rendre compte alors qu'il réfléchissait, il traça :
EH BEN, TOUS CEUX QUI ONT PAS CRU
EN VS. DONNEZ-LEUR PAS CE PLAISIR.
ET PUIS LE SYSTEME. MOI PAR EX, VS
M'AVEZ SAUVÉ. VOUS AVEZ 1 POUVOIR
EN VS. DONNEZ-LEUR PAS CE PLAISIR.
ET PUIS LE SYSTEME. MOI PAR EX, VS
M'AVEZ SAUVÉ. VOUS AVEZ 1 POUVOIR
Il sourit des yeux et d'un arrondi de pommettes. Un sourire d'émotion vive pour le coup. Thierry avait eu assez de ruse et de culot - bon, de privilèges ecclésiastiques aussi, fallait le reconnaître... - pour le tirer de son enfer. Mais c'était bien la preuve qu'il disposait d'une certaine autorité. Et qu'il y avait moyen de la retourner contre des nuisibles - plutôt que contre des victimes de ce même système, accessoirement... Édouard se rendit compte dans la foulée que le temps avait sacrément tourné ! Et que le curé lui avait révélé son histoire plus tôt que prévu. Il se rappela des paroles de Thierry avant son bain - qu'il aurait droit à son histoire s'il avait été un garçon sage - et commenta, taquin :
ALORS J'AI ÉTÉ UN GARÇON
SAGE ENCORE + VITE QUE
PRÉVU, C BIEN ÇA ?
SAGE ENCORE + VITE QUE
PRÉVU, C BIEN ÇA ?
Il espérait, en blaguant, ramener un peu de bonhomie au milieu de tout ça. Et donner à sentir, à sa façon, que si Thierry le voulait, il pourrait compter sur lui pour autre chose que pour être un serviteur dorénavant. Il se disait seul ? Eh bien aujourd'hui, en l'arrachant à l'Hôpital Général, il avait fait quelque chose de beau avec son pouvoir. Pour cela, Édouard serait volontiers son confident. Parce que non, quoique le curé en pense, il n'y avait pas que l'égoïsme qui payait - et si ceci pouvait en être une petite démonstration...
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Thierry demeurait troublé devant le regard tranquille qu'Edouard lui témoignait, comme si sa colère s'était soudainement effacé. D'ordinaire, ses bavardages lassaient les gens. Il contempla la réponse tracée sur l'ardoise et haussa les épaules.
"Le courage, c'est important aussi, ça tu ne peux pas le nier. Mais ça n'en possède pas un gramme."
Tout ceci l'amena à repenser aux événements de Septembre et à la déchéance de son fils. Il en frissonna. Commenta avait-il pu perdre tout l'avenir qui lui souriait ? Cela le désespérait. Tout ceci pour tomber entre les griffes d'un homme épouvantable.
"Cela s'est passé en Septembre dernier. Alexandre a connu une mauvaise rencontre. Une folle a su l'influencer et le persuader de voler un ouvrage interdit et a brûlé ensuite mon presbytère. Pour le vol, Alexandre a reçu dx coups de fouet. Une honte ! Lui, si fragile. Et il a subi une nuit entière au pilori Puis, apprenant qu'un ammi pourrait être en danger, il a voulu porter secours. ne s'introduisant dans le château d'un noble. Et ce monstre n'a pas daigné comprendre. Il n'a v que l'intrusion et a même demandé la pendaison. La pendaison pour un gamin ! Vraiment, Dyonis de Frenn, c'est lui qu'on devrait pendre ! Il ne mérite que ça !"
Thierry tempêtait et faisait claquait ses oings sur le poing. Il ne pardonnerait jamais cet injustice au coupable monstrueux. Comment avait-il pu commettre une pareille exaction à un enfant naïf ? c'était une abomination.
"Et il est maintenant entre les mains d'un cardinal stupide et abominable. Qui déteste les infirmes. Il considère leur infirmité comme la punition du péché. s'il te voyait, il irait que ta mâchoire a disparu par ta faute. Et contrairement à moi, il ne joue pas. Il est pleinement convaincu par ses idées. Et il est inquisiteur. Il a déjà fait brûler une dizaine de personnes sous un prétexte fumeux de sorcellerie. Alex... Mon pauvre petit Alex esclave d'un tel monstre !"
Ses pensées le menèrent à se tourner vers le Christ et à lui cracher son mépris. Edouard, tranquillement, rappela les écritures. Thierry haussa les épaules.
"Alors, s'il avait peur, pourquoi n'a t-il pas fui ? Le Christ avait des disciples fidèles, qui écoutaient ses ordres. Ils auraient tout accompli pour lui. Surtout pour sauver sa vie. Alors pourquoi n'a t-il pas fait ça ? il aurait pu ensuite partir encourant et quitter rapidement Jérusalem ? Son comportement n'a absolument rien de logique !"
Edouard l'encourageait à ne pas ressembler au Dieu que l'on disait tout puissant mais qui abandonnait son fils sur une croix. Ou qui ordonnait au loyal Abraham de lui sacrifier son enfant. Une religion que l'on disait d'amour mais qui prescrivait de se laisser mourir dans la souffrance. Cela était absurde. Qui acceptait de vivre la douleur ? Il fallait être fou !
"Je ne peux rien faire. Rien. C'est un cardinal, qui a la soutient direct du Pape. Moi, je ne suis rien."
Thierry déprimait de ce constat, de ne rien pouvoir faire pour arracher son fils des griffes sournoises du cardinal. Edouard intervint à nouveau pour lui dire d'utiliser ses capacités pour ennuyer ceux qui avaient le pouvoir et qu'il l'avait utilisé pour arracher l'infirme à l'hôpital général. Ces paroles lui faisaient plus de mal quebien. Il se releva et observa le muet avec aigreur.
"Pourquoi il aura fallu que ce soit toi que je sois destiné à sauver et ni mon fils ?"
Il se permettait de faire de l'esprit et de rappeler sa moquerie précédente. Thierry lui jeta un regard mauvais et se souvint de sa tenue miteuse. Il reprit, sévère :
"Pourquoi as-tu remis ces vêtements ? Tu transportes la mort avec ! Tu souhaites apporter la peste en ces lieux ?"
Le prêtre lui ordonna d'un geste autoritaire de le suivre et marcha rapidement pour retourner à la cellule. Il s'arrêta devant l'armoire aux bonnes œuvre et l'ouvrit. Quel dommage ! Aucun vêtement pour la taille colossale de son ouvrier. Il n'en y avait que pour habiller des enfants. Un rictus défigura le visage de Thierry puis s'effaça pour attraper une chemise et un pantalon pour un garçon de huit ou neuf ans. il le tendit à Edouard d'un ton avenant, dissimilant sa duperie.
"Enfile-moi doc ça."
Il reprit d'un air tranquille.
"Il faudra sûrement faire
"Le courage, c'est important aussi, ça tu ne peux pas le nier. Mais ça n'en possède pas un gramme."
Tout ceci l'amena à repenser aux événements de Septembre et à la déchéance de son fils. Il en frissonna. Commenta avait-il pu perdre tout l'avenir qui lui souriait ? Cela le désespérait. Tout ceci pour tomber entre les griffes d'un homme épouvantable.
"Cela s'est passé en Septembre dernier. Alexandre a connu une mauvaise rencontre. Une folle a su l'influencer et le persuader de voler un ouvrage interdit et a brûlé ensuite mon presbytère. Pour le vol, Alexandre a reçu dx coups de fouet. Une honte ! Lui, si fragile. Et il a subi une nuit entière au pilori Puis, apprenant qu'un ammi pourrait être en danger, il a voulu porter secours. ne s'introduisant dans le château d'un noble. Et ce monstre n'a pas daigné comprendre. Il n'a v que l'intrusion et a même demandé la pendaison. La pendaison pour un gamin ! Vraiment, Dyonis de Frenn, c'est lui qu'on devrait pendre ! Il ne mérite que ça !"
Thierry tempêtait et faisait claquait ses oings sur le poing. Il ne pardonnerait jamais cet injustice au coupable monstrueux. Comment avait-il pu commettre une pareille exaction à un enfant naïf ? c'était une abomination.
"Et il est maintenant entre les mains d'un cardinal stupide et abominable. Qui déteste les infirmes. Il considère leur infirmité comme la punition du péché. s'il te voyait, il irait que ta mâchoire a disparu par ta faute. Et contrairement à moi, il ne joue pas. Il est pleinement convaincu par ses idées. Et il est inquisiteur. Il a déjà fait brûler une dizaine de personnes sous un prétexte fumeux de sorcellerie. Alex... Mon pauvre petit Alex esclave d'un tel monstre !"
Ses pensées le menèrent à se tourner vers le Christ et à lui cracher son mépris. Edouard, tranquillement, rappela les écritures. Thierry haussa les épaules.
"Alors, s'il avait peur, pourquoi n'a t-il pas fui ? Le Christ avait des disciples fidèles, qui écoutaient ses ordres. Ils auraient tout accompli pour lui. Surtout pour sauver sa vie. Alors pourquoi n'a t-il pas fait ça ? il aurait pu ensuite partir encourant et quitter rapidement Jérusalem ? Son comportement n'a absolument rien de logique !"
Edouard l'encourageait à ne pas ressembler au Dieu que l'on disait tout puissant mais qui abandonnait son fils sur une croix. Ou qui ordonnait au loyal Abraham de lui sacrifier son enfant. Une religion que l'on disait d'amour mais qui prescrivait de se laisser mourir dans la souffrance. Cela était absurde. Qui acceptait de vivre la douleur ? Il fallait être fou !
"Je ne peux rien faire. Rien. C'est un cardinal, qui a la soutient direct du Pape. Moi, je ne suis rien."
Thierry déprimait de ce constat, de ne rien pouvoir faire pour arracher son fils des griffes sournoises du cardinal. Edouard intervint à nouveau pour lui dire d'utiliser ses capacités pour ennuyer ceux qui avaient le pouvoir et qu'il l'avait utilisé pour arracher l'infirme à l'hôpital général. Ces paroles lui faisaient plus de mal quebien. Il se releva et observa le muet avec aigreur.
"Pourquoi il aura fallu que ce soit toi que je sois destiné à sauver et ni mon fils ?"
Il se permettait de faire de l'esprit et de rappeler sa moquerie précédente. Thierry lui jeta un regard mauvais et se souvint de sa tenue miteuse. Il reprit, sévère :
"Pourquoi as-tu remis ces vêtements ? Tu transportes la mort avec ! Tu souhaites apporter la peste en ces lieux ?"
Le prêtre lui ordonna d'un geste autoritaire de le suivre et marcha rapidement pour retourner à la cellule. Il s'arrêta devant l'armoire aux bonnes œuvre et l'ouvrit. Quel dommage ! Aucun vêtement pour la taille colossale de son ouvrier. Il n'en y avait que pour habiller des enfants. Un rictus défigura le visage de Thierry puis s'effaça pour attraper une chemise et un pantalon pour un garçon de huit ou neuf ans. il le tendit à Edouard d'un ton avenant, dissimilant sa duperie.
"Enfile-moi doc ça."
Il reprit d'un air tranquille.
"Il faudra sûrement faire
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Il ne sut d'abord pas trop quoi répondre concernant le courage. Le prêtre avait raison : il était évident que ce n'était pas là sa qualité première. Mais ça n'enlevait rien à celles qu'il lui avait attribuées plus tôt. L'esprit, la ruse, un savoir certain. Le vétéran finit par rétorquer :
EH BIEN VOUS AVEZ AUSSI
LA LUCIDITÉ AU COMPTE
DE VOS ATOUTS. C 1 DÉBUT
LA LUCIDITÉ AU COMPTE
DE VOS ATOUTS. C 1 DÉBUT
La suite de la conversation fut grave et Édouard écouta avec une tristesse sincère ce qui était arrivé à Alexandre. Faute d'avoir des dents à serrer, ses mains se crispèrent à l'évocation des punitions. Ainsi, des gens avaient abusé d'un gamin naïf. Bon, le muet ne dirait rien là-dessus, il l'avait été aussi, naïf, à quinze ans. S'infiltrer chez un seigneur par contre, fallait pas être fini... Cela dit, il était d'accord avec le prêtre : les grands infligeaient de ces châtiments terribles pour trois fois rien... Il en avait vus, dans son vagabondage, des gueux être pendus juste pour un lapin pris au collet, ou une nuit sur les terres forestières de Sa Seigneurie. En guise de soutien, Édouard secoua la tête de dépit et poussa un soupir tirant sur le grognement. Quant à ce Cardinal, qu'en dire là aussi ? Il ne retint pas un petit hoquet en guise de rire à la pointe d'humour noir du curé quand il évoqua ces "prétextes fumeux" - si fumeux en effet que ça allume des bûchers. Il s'ébroua au sujet du prétendu péché des gens qui devenaient infirmes et plaisanta d'un regard pour le coup plutôt acide :
C BIEN CONNU, LES BOMBES ET AUTRES
MERDES DE LA VIE TOMBENT QUE SUR
LES PÉCHEURS. CE SERAIT BALLOT QU'IL
LUI ARRIVE UNE TUILE A CELUI-LA
MERDES DE LA VIE TOMBENT QUE SUR
LES PÉCHEURS. CE SERAIT BALLOT QU'IL
LUI ARRIVE UNE TUILE A CELUI-LA
Des hommes, on en vit à Jésus et le vétéran ne put que hausser les épaules au sujet des questions que se posait le prêtre. Là, c'était trop lui demander, il n'était pas un expert et nul ne saurait jamais ce qui s'était passé dans la tête de Jésus et ses apôtres. Par contre pour la fidélité de ceux-ci, on pouvait repasser. Oh c'était humain. Il dodelina de la tête et répondit seulement :
JE SAIS PAS. MAIS SES DISCIPLES,
SI JE ME SOUVIENS BIEN, ILS SE
SONT TIRÉS. PIERRE ET LES AUTRES
SI JE ME SOUVIENS BIEN, ILS SE
SONT TIRÉS. PIERRE ET LES AUTRES
Édouard compatit aux regrets de Thierry, à son dépit de ne pouvoir pas grand chose contre un cardinal. Il aurait aimé lui écrire quelque chose, avoir une idée ou n'importe quoi à lui recommander, mais il ne savait rien aux fonctions ecclésiastiques, aux pouvoirs de tel ou tel membre de l'Eglise et ne serait que très mal placé pour le moindre conseil. Tout ce qu'il pouvait offrir - et de bon cœur - ce serait son soutien moral. Et son aide à la réalisation d'un plan si un jour Thierry en avait un.
L'ambiance se crispa soudain salement avec la remarque que lâcha ensuite le curé. Édouard arrondit les yeux, pour le coup sans sympathie. Il était effaré. A quel moment l'avoir sauvé, lui, enlevait quoi que ce soit à l'affaire de son fils ? Quel était le putain de rapport ? Il garda contenance toutefois et traça, encore à peu près calme :
C QUOI CE FAUX CHOIX ? JE VOULAIS
JUSTE DIRE QUE SI VS AVEZ PU ME
SAUVER MOI, C BIEN QUE VS POUVEZ
FAIRE DES CHOSES ET AIDER.
JUSTE DIRE QUE SI VS AVEZ PU ME
SAUVER MOI, C BIEN QUE VS POUVEZ
FAIRE DES CHOSES ET AIDER.
Il raccrocha l'ardoise à son cou, rangea sa craie et se releva avec l'idée d'aller voir ailleurs. Mais alors le père d'Anjou se rappela de cette affaire d'habit - et au reproche qu'il lui adressa, le muet hoqueta d'un rire nerveux. Il était sérieux ? Il ne lui avait rien donné pour se changer et... Bref ! Il reprit son ardoise et écrivit, blagueur bien qu'avec beaucoup moins de complicité dans les yeux :
VS VOULIEZ QUE JE SORTE
A POIL ? UNE ENVIE DE
JARDIN D'EDEN ?
A POIL ? UNE ENVIE DE
JARDIN D'EDEN ?
Bon : l'évidence finit tout de même par arriver au cerveau de Thierry, qui se dirigea vers ce une réserve d'habits. Rien à sa taille. Et ce fut même pire : il ne restait semblait-il que de quoi vêtir des enfants. Cela n'arrêta pas le curé qui sortit de tous petits habits. A l'ordre qu'il lui donna, Édouard resta en suspend, hébété, avant que sa glotte ne tressaute très bruyamment dans ce qui était un éclat de rire. L'autre se fichait ouvertement de sa gueule et allait toutes les lui faire. Pas de chance, Édouard n'allait pas le satisfaire d'un spectacle ridicule. En vérité, il ne rentrerait même pas dedans, ces habits qu'il lui montrait. Thierry voulait jouer à ça ?
Le vétéran croisa les bras et s'appuya de côté au mur avec nonchalance : de quoi faire comprendre au lascar que, lui, il avait l'habitude, après dix-sept ans dans ses haillons. Ce n'était pas lui que ça emmerdait de les garder, là tout de suite. D'autant qu'il n'était pas dupe : faute d'avoir ce qu'il fallait dans les réserves de la paroisse, lui-même devait bien avoir chemises et hauts-de-chausses. Même un vêtement d'église, ça ne le dérangerait pas. Et au pire, se bouger les fesses pour aller lui acheter des nippes premier prix avec un peu de cet argent qu'il passait si bien en pif, ça ne le tuerait pas. Son nouveau serviteur pourrait même y aller lui-même, pourvu qu'il lui en donne l'ordre et les moyens - par exemple au hasard, ses dix rilchs de la journée. Le muet conserva donc sa position tranquille, jusqu'à ce que Thierry fasse ses déductions comme un grand. Édouard haussa un sourcil : allez un effort.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Edouard avait beau prétendre lui trouver des qualités, Thierry ne les voyait absolument pas. La lucidité ? En quoi pourrait-elle lui être bénéfique ? Comprendre le monde et ses failles ne faisait que le détruire. Durablement. Il s'oubliait alors dans l'alcool. Pour ne plus réfléchir. Pour ne plus penser. C'était un état reposant quand il atteignait enfin ce moment où sa conscience s'effaçait totalement et le laissait en paix. Il préféra ne pas répondre et s'aventura à narrer les péripéties hasardeuses de son rejeton turbulent. Le passage à Frenn surprit Edouard. Il le perçut et le prêtre comprenait. Comment ne pas s'étonner devant l'étendue de la bêtise d'Alexandre ?
"Et j'accompagnais cet idiot? J'avais dit : reste avec moi Sois silencieux. Je savais comment discuter avec le baron pour avoir des nouvelles de cet ami. Ce crétin a obéi à ma seconde consigne. En revanche, la première..."
Thierry poursuivit ce récit désespérant jusqu'à l'évocation du cardinal stupide. Un sourire lui vint au commentaire que fit Edouard.
"Allons, le Seigneur le protège des tuiles qui pourraient tomber des toits !"
Un rire lui échappa à l'idée qu'un couvreur fasse tomber une tuile sur ce diable rouge. Et s'il payait quelqu'un dans ce but ? Il pourrait alors peut-être proposer le rachat d'Alexandre en feignant de s'intéresser à son état de santé. Ou au pire, s'il rejoignait prématurément le Ciel, c'était encore mieux. Irène récupérait son fils et tout irait pour le mieux.
Il développa peu après cette réflexion sur le Christ et son incompréhension à ce que celui-ci ne se soit pas enfui. Rien de cette scène ne collait et les opinions d4edouard le confirmaient.
"Dans ce cas, il devait fuir. C'est stupide de s'exposer à la mort."
Puis, l'ambiance se crispa lorsque l'infirme essaya de le faire raisonner et de le pousser à prendre une décision. I ne voulait pas changer. IL avait beau avoir bon nombre d'agacement, sa vie lui allait finalement très bien. Il n'allait pas tout risquer pour des problèmes qui ne le concernaient pas. Le prêtre riposta d'une phrase mauvaise et manifesta ainsi tout son attachement pour son fils. Il ajouta même face à l'incompréhension d'Edouard, d'un sourire mauvais :
"Que veux-tu ? Tou les infirmes ne se valent. Et mon fils, lui, est un infirme de luxe."
Sur cela, il l'attaqua sur sa tenue et Edouard se défendit habilement en évoquant le jardin d'Eden.
"pourquoi pas ? Je n'ai jamais rien eu contre les corps nus, même si je les préfères sans une verge au bout."
Il l'amena peu après dans la cellule d'une démarche autoritaire et lui tendit ces vêtements pour habiller un marmot de dix ans. Il guetta la moindre réaction mais l'infirme demeura stoïque, refusant de plier. Thierry riposta d'un ton doucereux
"Eh ben, quoi, tu n'aimes pas la nouvelle collection de Braktenn hiver 97 ? Certes, c'est un peu court."
Thierry éclata d'un rire gras de sa facétie et tira de l'armoire une aube peu propre, couverte à divers emplacement de tâches de vins et d'autres traces d'une toute autre nature.
"Jes uppose que ça ira pour aujourd'hui. Demain, si tu veux, tu iras t'acheter quelque chose qui te plaira."
Il fouilla ses poches et sortit cinq pièces pour les tendre à Edouard.
"Tu n'as pas fait une journée complète. Donc motié de la paie. C'est juste, non ?"
"Et j'accompagnais cet idiot? J'avais dit : reste avec moi Sois silencieux. Je savais comment discuter avec le baron pour avoir des nouvelles de cet ami. Ce crétin a obéi à ma seconde consigne. En revanche, la première..."
Thierry poursuivit ce récit désespérant jusqu'à l'évocation du cardinal stupide. Un sourire lui vint au commentaire que fit Edouard.
"Allons, le Seigneur le protège des tuiles qui pourraient tomber des toits !"
Un rire lui échappa à l'idée qu'un couvreur fasse tomber une tuile sur ce diable rouge. Et s'il payait quelqu'un dans ce but ? Il pourrait alors peut-être proposer le rachat d'Alexandre en feignant de s'intéresser à son état de santé. Ou au pire, s'il rejoignait prématurément le Ciel, c'était encore mieux. Irène récupérait son fils et tout irait pour le mieux.
Il développa peu après cette réflexion sur le Christ et son incompréhension à ce que celui-ci ne se soit pas enfui. Rien de cette scène ne collait et les opinions d4edouard le confirmaient.
"Dans ce cas, il devait fuir. C'est stupide de s'exposer à la mort."
Puis, l'ambiance se crispa lorsque l'infirme essaya de le faire raisonner et de le pousser à prendre une décision. I ne voulait pas changer. IL avait beau avoir bon nombre d'agacement, sa vie lui allait finalement très bien. Il n'allait pas tout risquer pour des problèmes qui ne le concernaient pas. Le prêtre riposta d'une phrase mauvaise et manifesta ainsi tout son attachement pour son fils. Il ajouta même face à l'incompréhension d'Edouard, d'un sourire mauvais :
"Que veux-tu ? Tou les infirmes ne se valent. Et mon fils, lui, est un infirme de luxe."
Sur cela, il l'attaqua sur sa tenue et Edouard se défendit habilement en évoquant le jardin d'Eden.
"pourquoi pas ? Je n'ai jamais rien eu contre les corps nus, même si je les préfères sans une verge au bout."
Il l'amena peu après dans la cellule d'une démarche autoritaire et lui tendit ces vêtements pour habiller un marmot de dix ans. Il guetta la moindre réaction mais l'infirme demeura stoïque, refusant de plier. Thierry riposta d'un ton doucereux
"Eh ben, quoi, tu n'aimes pas la nouvelle collection de Braktenn hiver 97 ? Certes, c'est un peu court."
Thierry éclata d'un rire gras de sa facétie et tira de l'armoire une aube peu propre, couverte à divers emplacement de tâches de vins et d'autres traces d'une toute autre nature.
"Jes uppose que ça ira pour aujourd'hui. Demain, si tu veux, tu iras t'acheter quelque chose qui te plaira."
Il fouilla ses poches et sortit cinq pièces pour les tendre à Edouard.
"Tu n'as pas fait une journée complète. Donc motié de la paie. C'est juste, non ?"
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Thierry confirmait que sur le coup de l'intrusion, c'était une ânerie de jeunesse de la part d'un Alexandre complètement inconscient. Bon... il n'avait pas non plus le détail de l'affaire, aussi ne se permettra-t-il pas de commentaire sur ce garçon qu'il ne connaissait pas. Il répondit en revanche d'un clin d'œil ironique et entendu - comme un "c'est une évidence !" au sujet du choix divin à l'origine des chutes de tuiles. Bien entendu, cela devait fonctionner ainsi dans l'esprit de tout un tas de dévote estimant que chaque malheur était mérité. Autant essayer d'en plaisanter, tellement Édouard avait souffert d'une pareille vision des infirmes et des parasites...
Un peu dépassé, il haussa les épaules lorsqu'ils s'essayèrent à comprendre la mort du Christ. Oui, assez délirant au final. Ou une témérité qui se rapprochait quelque part de la folie ? Le vétéran s'apprêta, dans un léger sourire des yeux, à apporter une réponse de quelques coups de craie... lorsque le sourire mauvais du curé et cette remarque hiérarchisant les infirmes tomba.
Nouveau temps d'effarement. Comment ce type pouvait-il être aussi fin sur certaines choses... et aussi con, odieux, méprisant, cruel sur d'autres ?! Bon, on parlait de son fils alors bien sûr que pour un père, un enfant comptait infiniment plus que n'importe qui d'autre. Mais pour le reste... Il démangea à Édouard de rétorquer que ses critères de luxe ne devaient pas être si élevés, vu qu'il avait dit plus tôt que son gars était idiot - faudrait songer à être cohérent à un moment. Sa main se retint - par respect pour le fils. Et puis passé un certain degré de connerie, la plus maline des choses à faire était de ne surtout pas relancer. D'autant que même l'Alexandre en question, s'il était un peu plus d'équerre que son père, il n'apprécierait sans doute franchement pas d'être qualifié "d'infirme de luxe". Édouard se contentera donc d'un regard appuyé, consterné, avant de dodeliner de la tête sans grand intérêt à la plaisanterie suivante : il n'était plus d'humeur, là.
Et que dire de l'état de l'aube qu'il lui tendait, tachée de vinasse et autres joyeusetés... Bon, ce serait déjà mieux que ses haillons. Il la prit sur son bras, empoigna les cinq rilchs dans son autre main et hocha la tête en guise de remerciement. Va pour les cinq rilchs. C'était même cher payé pour avoir ramassé quelques bouteilles. Quoi que, si on comptait dans son service la thérapie psy (échouée) et l'écoute stoïque d'autant de conneries, en fait cela valait peut-être bien ce tarif tout bien réfléchi.
Édouard partit se planquer pour se changer. En revenant, un air amusé flottait à ce qu'il lui restait de visage : tout de même, se retrouver pieds nus et dans une aube - même souillée - il n'aurait jamais imaginé cela de sa vie ! Il y avait un côté cocasse à tout cela. Il pointa ses guenilles et écrivit :
JE FAIS QUOI
DE ÇA ?
DE ÇA ?
Il allait sans dire que dès le lendemain, le vétéran partirait s'acheter une tenue correcte. Y aller en aube souillée ? Oh, au point où il en était. Et puis, en cas de question, il n'aurait qu'à dire qu'il avait dû provisoirement mettre cela dans la mesure où les réserves de Saint Eustache rencontraient des difficultés.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Aux termes d'une soirée tendue, Thierry se régala du souper que lui apporta la cuisinière venue lui apporter le repas et laissa Edouard se débrouiller pour débrouiller sa nourriture. Chacun eut reçu un excellent morceau de viande, des légumes de première qualité, une entrée et un gâteau pour le dessert. Le prêtre indiqua ensuite les lits disposés dans la cellule et laissa le pensionnaire choisir. Il se coucha aussi mais atteint l'endormissement de l'autre pour se relever et s'échapper de l'église.
Au petit matin, vers huit heures, Edouard sera tiré par les cris de personne en colère. Dans l'église, une foule importante venait de rassembler et s'impatientait.
"Bon, il est où ce diable de curé ? Il est pas rentré finalement?"
"Mais si Il donnait des messes durant toute la semaine !"
Un homme pouffa à cette remarque.
"Le père Thierry, donner une messe ? T'as encore abusé sur la picole, toi !"
Une femme s'agita non loin de là et éclata de colère :
"Ca suffit ! Moi, ma fille se marie cet après-midi ! Il ferait bien d'être là !"
"Eh oh, du calme, mémère ! Moi, je dois enterrer ma mère matin !"
"Comment ça ? moi, ce matin, je baptise mon fils !"
"Et moi alors ? Moi on doit baptiser ma fille !"
Toutes les doléances et les mauvaises rebondissaient les unes sur les autres et a colère ne faisait que croitre.
***
Au petit matin, vers huit heures, Edouard sera tiré par les cris de personne en colère. Dans l'église, une foule importante venait de rassembler et s'impatientait.
"Bon, il est où ce diable de curé ? Il est pas rentré finalement?"
"Mais si Il donnait des messes durant toute la semaine !"
Un homme pouffa à cette remarque.
"Le père Thierry, donner une messe ? T'as encore abusé sur la picole, toi !"
Une femme s'agita non loin de là et éclata de colère :
"Ca suffit ! Moi, ma fille se marie cet après-midi ! Il ferait bien d'être là !"
"Eh oh, du calme, mémère ! Moi, je dois enterrer ma mère matin !"
"Comment ça ? moi, ce matin, je baptise mon fils !"
"Et moi alors ? Moi on doit baptiser ma fille !"
Toutes les doléances et les mauvaises rebondissaient les unes sur les autres et a colère ne faisait que croitre.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Sur ordre judicieux de Thierry, il s'empressa de jeter au feu ses haillons. Allez savoir quels miasmes ils pouvaient trimballer depuis le temps. Les voir flamber fit tout drôle au vétéran - comme si sa vie de prisonnier partait avec. Ne restait qu'un point pour tourner définitivement la page : Théa. Il trouverait quelque chose pour elle tôt ou tard. Avec l'aide de Thierry, elle sortirait même s'il ne pouvait pas se dire encore entièrement convaincu par le bonhomme.
La soirée se passa sans trop de nouveaux échanges. Édouard en avait entendu assez pour une première journée et n'avait pas envie de retourner de sitôt au front. Il nota à l'heure du dîner que le prêtre se faisait livrer ses repas. Ah. D'accord. Donc ça ne voulait - ou ne savait - même pas popoter. Si encore il débordait d'activité professionnelle... mais on ne pouvait pas vraiment dire que c'était le cas. Et évidemment il devait payer la traiteuse avec l'argent de la paroisse, elle aussi. Quand le vétéran approcha, il put humer d'excellents parfums de viande, de légumes, et la douce odeur de pâtisseries. Pendant dix-sept ans, il n'avait senti autant de bonnes choses qu'à la table des administrateurs de l'Hôpital. Quand il avait à débarrasser leurs restes, au moins essayait-il de penser positif en se disant qu'il pouvait profiter des odeurs. Bien meilleures que celles du moisi des draps, du vermoulu du bois, de la merde qu'il devait nettoyer. Une pelure d'orange par-ci, un reste de thé au fond d'une tasse par là, la sauce d'un gigot, autant de petites choses à se mettre sous le nez tout en rassemblant la vaisselle.
Comme le prêtre l'y invitait, Édouard piocha dans les bons légumes. Le reste, c'était un peu compliqué à mixer... Bon. Il s'achèterait du lait et des fruits à réduire en compote dès que possible. Il remercia Thierry d'un regard sourient. Ne voulant pas lui imposer une vision dégoûtante, le défiguré partit. Il moulina les légumes dans son coin jusqu'à obtenir sa bouillie - elle aurait bien meilleur goût pour la première fois depuis tant d'années ! Ses gourdes en furent emplies, il tomba son masque et commença à boire au tuyau. Oui, vraiment, c'était appréciable. Tout aussi appréciable fut le coucher, dans un des lits proposés par le curé. Ils n'avaient rien à voir avec ceux de l'Hôpital. Pourtant, Édouard fut long à trouver le sommeil : tout ce qui venait d'arriver en quelques heures peinait encore à s'imprimer en lui et il redoutait presque de se réveiller le lendemain dans l'atroce dortoir, au bruit des matraques et des gueulantes des gardiens.
oOo
Le réveil fut brutal, mais d'un tout autre style que par les vigiles. Des cris auront tiré en sursaut Édouard de son repos. Il grogna, s'essuya les yeux, et dut sortir en entendant que cela ne se calmait pas. En paraissant dans l'église, il écarquilla les yeux en voyant - et entendant - tout un groupe de paroissiens furieux. Et pour cause, ils attendaient des obligations de célébrations pour lesquelles ils avaient pris rendez-vous. En écoutant les fidèles, le vétéran comprit aussitôt : "pas rentré". Pas de prêtre. Oh. Le. Con. Il avait fichu le camp allez savoir où et aura oublié l'heure ! Ou ses engagements. Ou bien s'en sera moqué. Et lui était là, pieds nus, dans son aube sale, devant tous ces gens en colère qui - par dessus le marché - allaient se demander en plus qui était ce drôle de type masqué, une ardoise pendue sur sa poitrine.
Il fut tenté un instant de sauver les miches de Thierry en inventant qu'il avait dû partir pour une urgence - extrême onction ou quelque chose du genre - mais jugea le mensonge inutile : ces gens devaient connaître l'oiseau, et peut-être même que certains pourraient dire après coup où il se trouvait réellement. Et puis zut, fallait assumer ses bêtises. Arès tout, s'il aimait si peu son poste de prêtre, qu'est-ce qui l'empêchait maintenant de rendre son tablier - ou plutôt la soutane ? Il n'appartenait plus ni à son père, ni aux moines. Viendrait-on lui chercher noise s'il démissionnait ? Est-ce qu'en fin de compte, il n'aimait pas au fond de lui ce rôle d'où il pouvait taper dans la caisse et s'amuser sur le dos de ses fidèles ?
Bref, l'heure n'était pas à davantage de réflexion, mais à l'action. Édouard hocha la tête pour saluer ces gens. Il tenta une mine avenante du haut de son visage mais ses grands yeux étaient surtout perdus et navrés. Un peu penaud, il prit son ardoise, sa craie et traça :
BONJOUR. JE SUIS DÉSOLÉ, JE NE
SAIS PAS OU EST LE PRÊTRE.
CALMEZ VOUS S'IL VOUS PLAÎT,
ON VA TROUVER UNE SOLUTION.
SAIS PAS OU EST LE PRÊTRE.
CALMEZ VOUS S'IL VOUS PLAÎT,
ON VA TROUVER UNE SOLUTION.
Une solution... Qu'est-ce qu'il se sentit con ! Quelle solution ? Et ces personnes avaient des raisons d'être énervées. Mais que leur écrire d'autre ? Peut-être leur promettre de partir à la recherche de l'autre guignol. Qui allait l'entendre ! Enfin, façon de parler. En attendant, il ne pouvait pas laisser aller ce boucan. Et si ça lui retombait dessus ? Et si la situation le dépassait ? Édouard se trouva d'une inutilité crasse.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Alexandre poussa avec appréhension la porte de l'église en se questionnant sur les dégâts qu'il trouverait aujourd'hui et dont il devrait rapporter tout à l'heure l'étendue à son maître. Si cela persistait, le malheureux cardinal s'étoufferait. Chaque soir, son teint se confondait avec la couleur de sa robe. Une cacophonie sans nom l'accueillit alors qu'il posait à peine les pieds dans le lieu censé être saint. Un long soupir lui échappa. Qu'est-ce qui se passait encore dans cette église. Alexandre s'avança et adopta une posture autoritaire avant de prendre une voix forte :
"Silence ! Vous pensez être marché ?"
Les têtes se retournèrent et beaucoup reconnurent l'enfant du chœur qui gérait cette paroisse bien mieux que le prêtre supposé y officier. Alexandre marcha jusqu'à un banc et s'assit.
"Procédons dans l'ordre, voulez-vous ? Que chacun s'avance, un à un, et expose son mécontentement."
Cela promettait d'être long. Alexandre dissimula son ressentiment et répondit avec bienveillance aux personnes qui venaient présenter leurs doléances. Pour ceux qui s'inquiétaient de ne pouvoir baptiser leur enfant nouveau-né, il leur demanda poliment de revenir dans la fin d'après-midi, lorsque le prêtre serait en état de reprendre ses fonctions. Cette disposition permit de vider l'église d'une bonne partie des personnes présentes. Alexandre reconnut ensuite deux membres de deux familles qui enterraient aujourd'hui respectivement un frère et une grand-mère. Il compatit immédiatement à leur douleur, avec sincérité, et s'excusa du préjudice subi par l'irresponsabilité du curé censé gérer cet office. Là dessus, l'infirme s'engagea à amener avant ce soir le stupide curé au cimetière pour procéder enfin à la cérémonie. Il ne resta que la mère Gaillard, la mine contrariée, qui s'inquiétait du mariage de sa fille prévu pour la fin de la matinée. Alexandre renonça à toute lutte avec elle. Il se leva et partit dans la cellule rédiger une lettre pour un prêtre sérieux, habitué à procéder aux messes en urgence depuis un long moment, en rendant à la femme l'argent qu'elle avait déjà versé pour la cérémonie de mariage qui aurait dû se tenir à Saint-Eustache.
Une fois l'hémorragie enfin arrêtée, Alexandre relâcha toute la tension accumulée et s'affaissa sur le dossier de sa chaise. Sa tête se tourna vers le crucifix accroché au-dessus de la porte de la cellule.
"Je sais. mon devoir est d'aller le récupérer dans sa gerbe dans la taverne où il s'est assoupi. Mais il va attendre un peu. Je dois inspecter les bêtises qu'il aura pu laisser avant de partir. Je suis sûr que le confessionnal va encore le prendre une heure à tout nettoyer. Sans parler de toutes les bouteilles à ramasser."
Un long soupir de découragement lui échappa à l'idée de ces tâches qui se répétaient quotidiennement.
"Dites, selon vos paroles, le royaume des cieux est aux simples d'esprit. Par conséquent, les imbéciles sont-ils considérés comme simples d'esprit? Si c'est le cas, cela me ferait sacrément mal de savoir que cette abruti accède sans le moindre au Paradis alors que je suis supposé, selon ceux qui imposent vos doctrines racheter mes péchés pour être né infirme."
Alexandre se sentit aussitôt mal de ce blasphème et se signa.
"Pardonnez-moi. Je ne le pensais pas. c'était... du dépit."
"Silence ! Vous pensez être marché ?"
Les têtes se retournèrent et beaucoup reconnurent l'enfant du chœur qui gérait cette paroisse bien mieux que le prêtre supposé y officier. Alexandre marcha jusqu'à un banc et s'assit.
"Procédons dans l'ordre, voulez-vous ? Que chacun s'avance, un à un, et expose son mécontentement."
Cela promettait d'être long. Alexandre dissimula son ressentiment et répondit avec bienveillance aux personnes qui venaient présenter leurs doléances. Pour ceux qui s'inquiétaient de ne pouvoir baptiser leur enfant nouveau-né, il leur demanda poliment de revenir dans la fin d'après-midi, lorsque le prêtre serait en état de reprendre ses fonctions. Cette disposition permit de vider l'église d'une bonne partie des personnes présentes. Alexandre reconnut ensuite deux membres de deux familles qui enterraient aujourd'hui respectivement un frère et une grand-mère. Il compatit immédiatement à leur douleur, avec sincérité, et s'excusa du préjudice subi par l'irresponsabilité du curé censé gérer cet office. Là dessus, l'infirme s'engagea à amener avant ce soir le stupide curé au cimetière pour procéder enfin à la cérémonie. Il ne resta que la mère Gaillard, la mine contrariée, qui s'inquiétait du mariage de sa fille prévu pour la fin de la matinée. Alexandre renonça à toute lutte avec elle. Il se leva et partit dans la cellule rédiger une lettre pour un prêtre sérieux, habitué à procéder aux messes en urgence depuis un long moment, en rendant à la femme l'argent qu'elle avait déjà versé pour la cérémonie de mariage qui aurait dû se tenir à Saint-Eustache.
Une fois l'hémorragie enfin arrêtée, Alexandre relâcha toute la tension accumulée et s'affaissa sur le dossier de sa chaise. Sa tête se tourna vers le crucifix accroché au-dessus de la porte de la cellule.
"Je sais. mon devoir est d'aller le récupérer dans sa gerbe dans la taverne où il s'est assoupi. Mais il va attendre un peu. Je dois inspecter les bêtises qu'il aura pu laisser avant de partir. Je suis sûr que le confessionnal va encore le prendre une heure à tout nettoyer. Sans parler de toutes les bouteilles à ramasser."
Un long soupir de découragement lui échappa à l'idée de ces tâches qui se répétaient quotidiennement.
"Dites, selon vos paroles, le royaume des cieux est aux simples d'esprit. Par conséquent, les imbéciles sont-ils considérés comme simples d'esprit? Si c'est le cas, cela me ferait sacrément mal de savoir que cette abruti accède sans le moindre au Paradis alors que je suis supposé, selon ceux qui imposent vos doctrines racheter mes péchés pour être né infirme."
Alexandre se sentit aussitôt mal de ce blasphème et se signa.
"Pardonnez-moi. Je ne le pensais pas. c'était... du dépit."
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Les gens ne se calmaient pas. Le vétéran redoutait de se voir submergé. Il s'apprêta à écrire de nouveau sur son ardoise, pour leur promettre d'aller de ce pas retrouver le prêtre, même si ça allait être chercher une anguille ivre morte dans une botte de foin... Mais c'est alors qu'un jeune homme avec des béquilles fit son entrée. D'une voix ferme, il sut attirer l'attention des fidèles. Soulagé, Édouard fit un pas de côté et laissa faire puisque le nouvel arrivé semblait habitué à gérer. Il le vit promettre une solution aux uns, négocier avec les autres, avec un certain doigté, et enfin les paroissiens se retirèrent. Le muet poussa un profond soupir de soulagement.
Le jeune homme s'assit et commença à prier à voix haute. De ce qu'Édouard entendait, c'était sûrement un employé de la paroisse : son devoir, les bêtises du curé... Le pauvre, il devait en voir. Et c'était sérieusement lui, avec ses béquilles, qui ramassait les exactions de l'autre abruti ?! Mais quel... Le vétéran en resta là et arqua un sourcil à la suite : il pensait vraiment ça, sur les infirmes devant racheter les péchés par leur corps malade ? Apparemment non, lui-même se reprit après ce qui semblait n'être que de mauvaises plaisanteries. Ouf.
Devait-il le déranger dans sa prière ? Édouard hésita et finalement, il attira son attention d'un doux ronron derrière lui - ce serait mieux que de le faire sursauter en le touchant. Le jeune homme pourrait alors découvrir ce drôle de nouvel occupant des locaux de Saint-Eustache, dans son aube couverte de traces. Aussi souriant que possible de ses grands yeux verts, il salua, avant d'écrire sur son ardoise :
BONJOUR. INTERVENTION
PROVIDENTIELLE. MERCI.
ET VOUS INQUIÉTEZ PAS,
JE FERAI LE MÉNAGE
PROVIDENTIELLE. MERCI.
ET VOUS INQUIÉTEZ PAS,
JE FERAI LE MÉNAGE
Il n'allait quand même pas laisser quelqu'un avec des cannes se taper ce sale boulot, ramasser les bouteilles et tout le reste. Bon, pour le vin, Édouard avait même déjà ramassé la plupart des débris la veille. Thierry devrait avoir honte qu'un invalide de jambes fasse ces choses-là ! Vraiment, entre ça et le lapin posé à ses paroissiens, il allait s'en ramasser une.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
L'épuisement se dissipait peu à peu et Alexandre se redressa pour se remettre à l'ouvrage. Il y avait certainement encore beaucoup à faire dans cette église, comme chaque jour que Dieu faisait. Il remarqua alors, surpris, l'approche d'un homme étrange, vêtu d'une soutane pour le moins sali, une partie du visage caché par un masque, une ardoise entre les mains. Le jeune homme ne se rappelait avoir rencontré pareil individu. Cela l'aurait marqué. Son regard aperçut un message qui semblait lui être destiné et sourit de as compassion.
"Non, faisons le travail à deux. Cela ira plus vite."
Alexandre se releva et ne prit qu'une béquille pour maintenir son équilibre afin de tendre la main.
"Je me nomme Alexandre.
Tout en serrant la main de l'homme, il reprit :
"Vous êtes nouveau dans la paroisse ? Où êtes-vous installé ? Avez-vous une famille ? Un travail ?"
Le jeune homme devinait que le mutisme de cette personne devait l'empêcher de trouver un emploi. Lui-même avait essayé mais tout le monde l'avait repoussé. Il avait aussi noté cette soutane, peut-être prise à celles de son père. Cela indiquait éventuellement un pauvre mendiant
"Non, faisons le travail à deux. Cela ira plus vite."
Alexandre se releva et ne prit qu'une béquille pour maintenir son équilibre afin de tendre la main.
"Je me nomme Alexandre.
Tout en serrant la main de l'homme, il reprit :
"Vous êtes nouveau dans la paroisse ? Où êtes-vous installé ? Avez-vous une famille ? Un travail ?"
Le jeune homme devinait que le mutisme de cette personne devait l'empêcher de trouver un emploi. Lui-même avait essayé mais tout le monde l'avait repoussé. Il avait aussi noté cette soutane, peut-être prise à celles de son père. Cela indiquait éventuellement un pauvre mendiant
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Son arrivée surprit le jeune homme - le défiguré en avait l'habitude. Il ne se départit pas de son regard souriant. Il apprécia sa proposition de faire le travail à deux et - bien évidemment - Édouard se chargerait de ce qui était plus difficile pour une personne à béquilles. Il pencha la tête et porta une main à la poitrine en guise de "merci". Tomba alors le nom de son vis-à-vis et le vétéran marqua un temps d'arrêt. Oh. Alexandre. C'était donc lui, le fameux fils. Il ne put s'empêcher de se faire la réflexion qu'une telle relation entre lui et son père était vraiment triste... Quand s'était-elle dégradée de la sorte ? Y aurait-il encore quelque chose à réparer ? Lui-même, il donnerait tout pour revoir son père... si cela ne demandait pas tant d'argent que de traverser le pays, et si il n'était pas cette horrible gueule cassée qui lui ferait peut-être plus de peine qu'autre chose... Il laissa cela de côté, sourit de nouveau des pommettes et serra vigoureusement la poigne d'Alexandre. En tout cas, on pouvait dire qu'il était beaucoup plus raisonnable et consciencieux que le prêtre !
ENCHANTÉ, ALEXANDRE.
MOI C'EST ÉDOUARD
MOI C'EST ÉDOUARD
Il se soucia de sa situation et s'intéressa à lui, ce qui toucha le vétéran. Il prit soin de s'asseoir à côté d'Alexandre pour lui épargner de, lui, se mettre debout ou trop lever la tête pour tenir la discussion. Et puis, mine de rien le muet était si grand ! Autant être en tête à tête, avec l'ardoise comme il fallait.
JE SUIS LE NOUVEAU SERVITEUR
DU PERE D'ANJOU. INSTALLÉ LA.
MA FAMILLE VIT TRES LOIN.
DU PERE D'ANJOU. INSTALLÉ LA.
MA FAMILLE VIT TRES LOIN.
Il aura préféré écrire "du père d'Anjou" pour l'instant, laissant le jeune homme amener de lui-même le sujet de sa filiation avec l'autre énergumène seulement s'il en avait envie. Vu qu'il ne semblait pas le porter dans son cœur.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Alexandre serra la main à l'homme qui était apparu depuis peu détenant lui et quia avait proposé de l'aider au nettoyage de l'église. Ils ne seraient assurément pas trop de deux pour ramasser toutes les bouteilles. Il dit se nommer Edouard. Comme quelques rois d'Angleterre. Il garda pour lui le détail alors qu'ils reprenaient une place assise. L'infirme révéla peu après être le serviteur de son père. Ses sourcils se froncèrent.
"Il a engagé quelqu'un?"
Il poussa aussitôt un long soupir.
"Un pauvre malheureux qui va trimer toute la journée et subir les reproches des fidèles pendant que cet imbécile se vautrera dans les tavernes et les bordels. Il n'a eu le désir que de trouver une victime pour faire son travail. Pardonnez mon humeur. Je suis... las de toutes ses bêtises."
Il serait temps par ailleurs de se mettre à l'ouvrage. Les bouteilles laissées dans la nef, tels les cailloux du petit Poucet, ne se ramasserait pas seules. L'infirme se releva et invita Edouard à la suivre. Il fit quelques pas et s'étonna de n'apercevoir aucune maudite bouteille sous les bancs ou aux alentours des statues. Passé un moment d'incompréhension, le jeunehomme se tourna vers Edouard.
"Vous avez déjà commencé le taravil ? vous êtes efficace. mais vous avez sûrement manqué les moins évidentes."
Alexandre l'invita à se rendre jusqu'à l'autel et souleva la nappe sans paraître embarrassé par cet acte blasphématoire. Il y était coutumier depuis fort longtemps. Son compagnon découvrira de nombreuses bouteilles là-dessous, alignées.
"C'est comme les enfants qui cachent leurs jouets sous le lit en croyant que leur mère ne le verra pas. Il faut toujours vérifier les endroits de ce genre ici. Comme la sacristie également. Il en dissimule aussi dans le dos des statues. Ah oui ! Et bien sûr..."
L'infirme se dirigea vers le confessionnal. là où il osa une béquille contre la cloison afin de faire coulisser la porte droite. Comme toujours de répugnantes traces évocatrices polluaient le sol et le banc.
"Ceci aussi, c'est habituel."
Il se tourna, navré, vers le pauvre infirme et lui sourit tristement, peiné de lui enlever ses dernières illusions.
"Contrairement aux apparences, ici, comme l'affirmait un marquis qui venait autrefois, c'est le temple de Sodome."
"Il a engagé quelqu'un?"
Il poussa aussitôt un long soupir.
"Un pauvre malheureux qui va trimer toute la journée et subir les reproches des fidèles pendant que cet imbécile se vautrera dans les tavernes et les bordels. Il n'a eu le désir que de trouver une victime pour faire son travail. Pardonnez mon humeur. Je suis... las de toutes ses bêtises."
Il serait temps par ailleurs de se mettre à l'ouvrage. Les bouteilles laissées dans la nef, tels les cailloux du petit Poucet, ne se ramasserait pas seules. L'infirme se releva et invita Edouard à la suivre. Il fit quelques pas et s'étonna de n'apercevoir aucune maudite bouteille sous les bancs ou aux alentours des statues. Passé un moment d'incompréhension, le jeunehomme se tourna vers Edouard.
"Vous avez déjà commencé le taravil ? vous êtes efficace. mais vous avez sûrement manqué les moins évidentes."
Alexandre l'invita à se rendre jusqu'à l'autel et souleva la nappe sans paraître embarrassé par cet acte blasphématoire. Il y était coutumier depuis fort longtemps. Son compagnon découvrira de nombreuses bouteilles là-dessous, alignées.
"C'est comme les enfants qui cachent leurs jouets sous le lit en croyant que leur mère ne le verra pas. Il faut toujours vérifier les endroits de ce genre ici. Comme la sacristie également. Il en dissimule aussi dans le dos des statues. Ah oui ! Et bien sûr..."
L'infirme se dirigea vers le confessionnal. là où il osa une béquille contre la cloison afin de faire coulisser la porte droite. Comme toujours de répugnantes traces évocatrices polluaient le sol et le banc.
"Ceci aussi, c'est habituel."
Il se tourna, navré, vers le pauvre infirme et lui sourit tristement, peiné de lui enlever ses dernières illusions.
"Contrairement aux apparences, ici, comme l'affirmait un marquis qui venait autrefois, c'est le temple de Sodome."
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Penaud, le nouveau "pauvre malheureux" du père Thierry haussa les épaules mais adressa un regard de complicité blasée en réponse aux précisions d'Alexandre : oui, il avait déjà eu un aperçu du personnage. Ce que son fils lui disait ne faisait que confirmer. Le muet en était désolé. Il acquiesça à la première question, puis s'employa à essayer de rassurer un peu son vis-à-vis quant à son propre sort : bah, il sortait de l'Hôpital Général alors il en avait vu d'autres. Et puis, le regard d'abord empathique, déterminé ensuite, le vétéran souligna :
JE COMPRENDS... PAS UN
CADEAU. MAIS VOUS INQUIÉTEZ
PAS J'AI PAS L'INTENTION DE
ME LAISSER VICTIMISER
CADEAU. MAIS VOUS INQUIÉTEZ
PAS J'AI PAS L'INTENTION DE
ME LAISSER VICTIMISER
Ils se mirent en quête des bouteilles. Le vétéran confirma : en effet il avait déjà largement engagé le travail. D'autres débris furent toutefois ramassés par Alexandre là où Édouard n'était pas encore accoutumé à les trouver. Il ne put s'empêcher de commenter, avec un petit regard espiègle - autant dédramatiser un peu l'ambiance :
SÛR. J'AI PAS ENCORE
VOTRE BOUTEILLE
VOTRE BOUTEILLE
L'expérience des pires cachettes lui viendrait. Quelle peine que ce jeune homme à béquilles doivent ramasser l'exaction de ce parasite de paternel, comme s'il n'avait pas assez d'ennuis comme ça. Et ça disait vouloir aider son fils ?! Qu'il commence par ne pas lui imposer un travail de cette nature... En ramassant les restes de vinasse, Édouard poussa un petit soupir d'empathie, et adressa quelques coups d'yeux pleins d'estime pour la détermination et le travail d'Alexandre. Ils finirent par aligner dans un coin de la pièce tous les déchets enfin sortis des différentes cachettes de l'église, avec ceux que le muet avait déjà collectés plus tôt. Aux planques toujours plus improbables que lui révélait le jeune homme, Édouard blagua une nouvelle fois :
AU MOINS IL DOIT ÊTRE
BON POUR CACHER LES
OEUFS A PÂQUES
BON POUR CACHER LES
OEUFS A PÂQUES
Et le travail de se terminer. Il vint se réinstaller près d'Alexandre et hocha lentement de la tête à son triste sourire, en guise de soutien sincère. Il arqua un sourcil à sa dernière remarque - rapportée d'un marquis. Pour un temple de Sodome, il n'avait pas encore vu les femmes. Et les hommes. Et tant mieux, il avait envie de dire ! Mais pas le temps de se lamenter, ils avaient un cureton à retrouver. Édouard reprit donc l'ardoise qui pendait sur sa poitrine et traça :
ET VOUS AVEZ UNE IDÉE
D'OU IL PEUT ÊTRE LA ?
QU'ON LE RAMENE PAR
LA PEAU DU COU
D'OU IL PEUT ÊTRE LA ?
QU'ON LE RAMENE PAR
LA PEAU DU COU
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Pendant le temps que dura l'inspection et le nettoyage, Alexandre apprécia les commentaires de l'infirme. Il rit même aux bons mots tracés sur l'ardoise. Lors de l'une d'elles, au sujet des fameux œufs de pâques, le jeune homme poussa un soupir, à la fois amusé et fataliste.
"Une fois, à Pâques, il s'est amusé à faire tomber des œufs depuis le clocher sur la tête des fidèles qui sortaient. Bien sûr, le lendemain, il a prétendu ne rien savoir et qu'un garnement avait dû se croire malin. Il était très fier de me raconter cette ânerie. Un gosse !"
Après le travail, ils s'installèrent sur un banc, à la fois pour se reposer et instruire l'infortuné Edouard sur les difficultés de son nouvel emploi. Ce dernier se décida alors d"aller chercher l'animal resté sans doute vautré dans une quelconque taverne. Alexandre soupira.
"Eh bien, dans ce cas, je vous emmène à la découverte des tavernes et maisons closes de Braktenn !"
Alexandre s'agaçait, comme à chaque fois, de ces recherches interminables. Il avait eu l'intuition que son père serait dans un bordel, désireux de rattraper le temps perdu après deux mois dans les colonies sans toucher une femme. Peine perdue ! Ils firent la tournée de ces établissements pour des prunes. Le jeune homme se rabattit vers les tavernes mais là encore la progression se révéla fastidieuse et il leur fallut presque trois heures avant de découvrir la bonne adresse.
Finalement, dans l'une des dernières, en passant la porte, Alexandre découvrit la silhouette de son père étendu de son long sur le sol, la tête écrasée dans une flaque de vomi.
"Quelle merveilleuse élégance ! J'espère que vous appréciez la promenade, Edouard, elle risque d'être quotidienne."
"Une fois, à Pâques, il s'est amusé à faire tomber des œufs depuis le clocher sur la tête des fidèles qui sortaient. Bien sûr, le lendemain, il a prétendu ne rien savoir et qu'un garnement avait dû se croire malin. Il était très fier de me raconter cette ânerie. Un gosse !"
Après le travail, ils s'installèrent sur un banc, à la fois pour se reposer et instruire l'infortuné Edouard sur les difficultés de son nouvel emploi. Ce dernier se décida alors d"aller chercher l'animal resté sans doute vautré dans une quelconque taverne. Alexandre soupira.
"Eh bien, dans ce cas, je vous emmène à la découverte des tavernes et maisons closes de Braktenn !"
***
Alexandre s'agaçait, comme à chaque fois, de ces recherches interminables. Il avait eu l'intuition que son père serait dans un bordel, désireux de rattraper le temps perdu après deux mois dans les colonies sans toucher une femme. Peine perdue ! Ils firent la tournée de ces établissements pour des prunes. Le jeune homme se rabattit vers les tavernes mais là encore la progression se révéla fastidieuse et il leur fallut presque trois heures avant de découvrir la bonne adresse.
Finalement, dans l'une des dernières, en passant la porte, Alexandre découvrit la silhouette de son père étendu de son long sur le sol, la tête écrasée dans une flaque de vomi.
"Quelle merveilleuse élégance ! J'espère que vous appréciez la promenade, Edouard, elle risque d'être quotidienne."
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Il arrondit les yeux au nouvel exploit conté de ce cher curé par son fils. Après un temps d'arrêt, les épaules du vétéran tressautèrent d'un rire plus nerveux et dépité qu'autre chose. Il hocha la tête à la conclusion : un vrai gamin. Le muet donna l'impulsion de la recherche du prêtre prodigue. Ils se levèrent. Édouard hoqueta : les maisons closes, carrément ! Et beh. Il n'y avait pas à dire, les autorités étaient sacrément moins regardantes sur les débauches de ses prêtres et de ses Grands que sur celles du peuple. Et ça donnait les leçons de morale.
Bon, pas le temps de philosopher sur les privilèges, ils se mirent en chemin. Longue route dans les rues de Braktenn, que cela faisait tout drôle au vétéran de revoir après... dix-sept ans ! Leur animation, leurs couleurs, la diversité de leurs occupants, tout lui fit plaisir à revoir même si, inévitablement, sur le trajet de nombreux regards se seront accrochés à son masque et à l'aube toute crasseuse qu'il portait. Même la puanteur des venelles ne heurta pas Édouard, trop heureux de retrouver ce contact avec la vie dans ce qu'elle avait de foisonnant.
Il restait cependant concentré sur la mission principale : retrouver le curé. Il ne manqua pas de proposer son bras à Alexandre, craignant qu'il ne vienne à se fatiguer sur ses béquilles à affronter un aussi interminable itinéraire. Quelle honte... Qu'est-ce que c'était que ce père qui prétendait aimer son fils, se soucier de lui, mais le réduisait à se taper des recherches de ce genre ? Édouard se calma. Il devait rester avenant et soutenant pour Alexandre.
Ils trouvèrent finalement l'épave dans une gargote de la basse-ville. Magnifique. Édouard sentit sa colère remonter et ne répondit que d'un hochement de tête à la pique d'Alexandre, trop occupé qu'il était déjà par le prêtre. Il s'accroupit, l'attrapa au collet, le redressa. Les bras vigoureux de l'ancien soldat le secouèrent, avant que sa main ne parte pour un bon aller-retour - tant pis pour le vomi. Histoire de le réveiller. Et parce que la ponctuation, c'est important pour Édouard.
Avant d'écrire quoi que ce soit à Thierry, il attendit de le voir émerger et d'entendre ses premières réactions. Son visage restait ferme, très proche de celui du père d'Anjou. Ses grands yeux verts le fixaient, furieux, sous des sourcils froncés. Ses poings ne le lâchaient pas. L'un d'eux passa même dans son dos, se refermant sur le bras du prêtre, afin de lui faire une prise d'immobilisation au cas où il tenterait quoi que ce fut. Il avait engagé un ancien soldat en toute connaissance de cause, pas vrai ? Eh bien qu'à cela ne tienne ! Il était prêt à en découdre.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Après une longue nuit de beuveries, Thierry s'était finalement écroulé aux premières lueur de l'aube, la têt écrasée dans sa propre flaque de vomi. Le tavernier, habitué à sa présence, n'en disait rien rien. Il n'appréciait que trop curé, en dépit de ses mains parfois trop baladeuses, qui contribuait à le faire bien vivre. Rien qu'avec l'argent laissé lors de cette énième sauterie, il avait de quoi offrir de nouveaux vêtements à ses cinq enfants. Il veillait ainsi à son sommeil, plus ou moins réparateur, et empêchait les clients de trop s'interroger à son sujet.
Le tenancier eut alors une vive surprise en découvrant un diable entrer vivement et assaillir le malheureux prêtre. Il se saisit un balai et sortit du bar. Pas question de laisser sa manne financière se faire occire sans intervenir ! Il aperçut alors le regard d'Alexandre, un garçon que l'homme connaissait bien depuis des années. Il venait récupérer souvent le curé et tous deux procédaient à le ramener discrètement à l'église. Soit ! Si l'enfant de chœur veillait, le prêtre ne courait pas de péril. Il retourna ainsi derrière le comptoir.
Au même moment, Thierry sursauta au réveil lors de la claque et se terra au sol, terrifié.
"Pitié !"
Il releva timidement le regard et aperçut Edouard qui semblait furieux.
"Je... Je procédais à un examen de conscience. C'est... une nouvelle technique."
Thierry entendit une voix familière à la porte et tourna la tête.
"Je vous confie l'épave, Edouard. Je ne pense pas que mes services soie encore nécessaires. Bonne chance. Je louerai vos efforts lors de mon rapport à mon maître."
Sur cela, Alexandre se retira. Thierry baissa la tête, regrettant qu'il ne soit pas un peu plus attardé. Il aurait ailé discuter avec lui. Il se redressa et observa craintif, l'ancien soldat.
"Euh... vous allez bien ?"
Le tenancier eut alors une vive surprise en découvrant un diable entrer vivement et assaillir le malheureux prêtre. Il se saisit un balai et sortit du bar. Pas question de laisser sa manne financière se faire occire sans intervenir ! Il aperçut alors le regard d'Alexandre, un garçon que l'homme connaissait bien depuis des années. Il venait récupérer souvent le curé et tous deux procédaient à le ramener discrètement à l'église. Soit ! Si l'enfant de chœur veillait, le prêtre ne courait pas de péril. Il retourna ainsi derrière le comptoir.
Au même moment, Thierry sursauta au réveil lors de la claque et se terra au sol, terrifié.
"Pitié !"
Il releva timidement le regard et aperçut Edouard qui semblait furieux.
"Je... Je procédais à un examen de conscience. C'est... une nouvelle technique."
Thierry entendit une voix familière à la porte et tourna la tête.
"Je vous confie l'épave, Edouard. Je ne pense pas que mes services soie encore nécessaires. Bonne chance. Je louerai vos efforts lors de mon rapport à mon maître."
Sur cela, Alexandre se retira. Thierry baissa la tête, regrettant qu'il ne soit pas un peu plus attardé. Il aurait ailé discuter avec lui. Il se redressa et observa craintif, l'ancien soldat.
"Euh... vous allez bien ?"
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Quand il s'en prit au curé, le vétéran nota la réaction du tavernier et lui lança un regard mauvais : qu'il s'inquiète pas, il lui laisserait son gagne-pain vivant. Mais la déontologie de son métier, il connaissait ? Un tenancier de tripot n'était quand même pas censé veiller un minimum à ce que ça ne dérape pas dans son établissement ? Bref. Édouard s'en détourna quand il le vit repartir derrière le comptoir et se retourna vers le père d'Anjou soudain tout tremblant et ramassé après les gifles. Une flaque, à tous les sens du terme. L'ancien soldat revint alors sur ce qu'il avait pensé plus tôt : non, il n'aurait pas fait un bon militaire, du tout. Il l'écouta déballer son mensonge. C'étaient des chapelets de conneries qu'il récitait, ce prêtre-là. Édouard avança la tête, grave, et grogna tout en roulant bien haut ses grands yeux verts avant d'écrire :
VOUS VOUS FOUTEZ
DE MA GUEULE
ABRUTI ?!!
DE MA GUEULE
ABRUTI ?!!
Il entendit à côté de lui la voix sympathique et conciliante d'Alexandre, qu'il regrettait d'avoir un peu oublié dans le feu de l'action. Il acquiesça et porta une main fraternelle à l'épaule du jeune homme, un peu comme entre deux soldats, puis haussa les épaules quand il promit de faire son éloge auprès de son maître : bah, c'était gentil, mais ce n'était pas nécessaire. Surtout si on parlait du type qui verrait sûrement sa gueule cassée comme une marque de retour à sa condition animale ou diabolique ou allez savoir quoi encore. Édouard secoua la tête pour ne plus y penser et écrivit :
MERCI, ALEXANDRE. COURAGE
POUR LE RETOUR. JE GERE.
J'ESPERE QU'ON SE REVERRA
EN MEILLEURS CIRCONSTANCES
POUR LE RETOUR. JE GERE.
J'ESPERE QU'ON SE REVERRA
EN MEILLEURS CIRCONSTANCES
Et il lui adressa un petit salut du plat de la main au côté du front. Après un long soupir rocailleux, il s'en revint à Thierry qu'il ne laissa pas débiter une nouvelle bêtise. Il le leva, le prit d'un bras à la taille et de l'autre au collet, et d'un sec mouvement de nez en direction de la porte, lui signa que c'était l'heure de rentrer. Quant à sa question, fallait-il vraiment qu'il y réponde ? Oh évidemment qu'il allait bien, ça se voyait pas là tout de suite ?!
Ils repartirent en chemin retour dans les rues de Braktenn jusqu'à retrouver le presbytère. Édouard songeait déjà à donner un bon coup de flotte sur son ardoise pendant à sa poitrine, qui avait reçu un peu de vomi dans la bataille.
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Face à l'apparition terrifiante de l'ancien soldat, Thierry n'eut pas d'autre choix que de lui obéir. Il ne souhaitait sûrement pas un mauvais coup. De toute manière, il trouverait bien un moyen en chemin de s'échapper. Il connaissait mieux la ville que lui?. Le prêtre adopta dans un premier temps une attitude soumise, puis quand ils arrivèrent dans des mouvements de foules il tenta de se faufiler. Sa stratégie ne fonctionna jamais. Sur les huit fois où il essaya de s'éloigner discrètement, dont une fois en rampant sous l'étal d'un commençant, Edouard réussit toujours à le reprendre quelques minutes à peine avait-il réussi à le quitter. Quelle plaie que cet home-là ! Finalement, il aurait mieux fait d'adopter un infirme stupide ! C'était plus contrôlable.
De retour à l'église, Thierry guetta la moindre occasion d'échapper au soldat qui allait le consigner à ses devoirs ennuyeux. Il aperçut alors une dame qui sortait avec son enfant. Son passage obligea Edouard à s'écarter et surtout à détourner le regard du prêtre qu'il s'efforçait jusque-là de maintenir dans une surveillance resserrée. Thierry en profita aussitôt pour s'enfuir à toutes jambes et courut vers la nef. Il lui fallait une cachette. Un endroit où jamais le muet ne penserait à regarder. Ses yeux se posèrent alors sur l'autel dont la longue nappe blanche dissimulait ce qui se trouvait en-dessous. Aucun fidèle n'oserait vérifier ici. Ils imagineraient que Dieu les foudroierait pour untel affront.
Sous l'autel, Thierry riait intérieurement de la bonne farce. Edouard n'était pas prêt de le retrouver !
De retour à l'église, Thierry guetta la moindre occasion d'échapper au soldat qui allait le consigner à ses devoirs ennuyeux. Il aperçut alors une dame qui sortait avec son enfant. Son passage obligea Edouard à s'écarter et surtout à détourner le regard du prêtre qu'il s'efforçait jusque-là de maintenir dans une surveillance resserrée. Thierry en profita aussitôt pour s'enfuir à toutes jambes et courut vers la nef. Il lui fallait une cachette. Un endroit où jamais le muet ne penserait à regarder. Ses yeux se posèrent alors sur l'autel dont la longue nappe blanche dissimulait ce qui se trouvait en-dessous. Aucun fidèle n'oserait vérifier ici. Ils imagineraient que Dieu les foudroierait pour untel affront.
Sous l'autel, Thierry riait intérieurement de la bonne farce. Edouard n'était pas prêt de le retrouver !
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Huit fois. Huit. Putain. De bordel. De fois. Que cette chiffe-molle aura tenté de lui fausser compagnie sur le trajet. C'était sans compter sur le phlegme de l'ancien piquier, et sur ses prises énergiques grâce auxquelles il savait maintenir un ennemi et le forcer à avancer. A une seule reprise, le prêtre parvint à s'extirper de ses poignes... pour aller se glisser sous un étal comme un sale gosse ayant volé une sucette ! Mais ! Quel pathétique spectacle donnaient-ils aux badauds autour, éberlués. Et d'ailleurs comment c'était possible que les Braktennois assistent régulièrement à de telles choses... mais que l'idée de démettre le cureton de ses fonctions ne soit pas encore parvenue à la cervelle des gens de l'évêché ?!
Concentré, Édouard aura récupéré le gosse et ils seront parvenus à l'église. C'était sportif. Son aube puait la transpiration et des perles de sueur ornaient son demi-visage. Le vétéran tentait toutefois de ne pas avoir un regard trop noir de colère, surtout qu'il y avait des gens dans le saint édifice... Notamment cette femme et son petit, auxquels il dut céder le passage, ce qui - découvrit-il en se retournant juste après - fut l'occasion rêvée du père d'Anjou pour aller se cacher.
Édouard prit son front plissé entre ses doigts. Voilà que ça recommençait. Ce n'était plus la chasse aux bouteilles, mais directement au buveur. Il commença à regarder partout. Le confessionnal. Les bancs. Les armoires. Derrières les ambons... Il commençait vraiment à fatiguer - et Thierry à lui taper sur le système. Au bout d'un bon petit temps de premières recherches, Édouard aurait eu envie de hurler au prêtre de sortir de sa cachette et d'assumer ses foutues responsabilités. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait qu'écrire et pour cela, il fallait avoir le d'Anjou sous la main. Dans ces moments... il détestait son infirmité. Excédé, il grogna à travers l'église - aidé par l'écho - un rauque :
-- AAOOORRRRGHHHH !!!!!!!!
Ce qui devait équivaloir à un "MAINTENANT TU SORS DE TA CACHETTE, FOUTU CONNARD !" Il n'aura cependant pas le choix : continuer de fouiner. Soudain, il se rappela des conseils d'Alexandre et des endroits qu'il lui avait montrés en priorité. L'autel. Mais oui c'était évident. Édouard fondit vers la longue nappe blanche, la souleva, découvrir l'autre guignol accroupi dessous comme un môme de six ans. Pas le temps de le laisser filer encore, sa poigne le saisit vigoureusement - et de l'autre main il traça sur l'ardoise qu'il aura au préalable déposée au sol juste à côté :
ASSEZ DE CONNERIES ! T'AS
BAPTÊME, MARIAGE ET
SÉPULTURES A ASSURER !!!
BAPTÊME, MARIAGE ET
SÉPULTURES A ASSURER !!!
Enfin... serait-il capable seulement de les assurer dans cet état ?
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Les traitements douteux de l'infirme et le retour à l'église avaient aidé plus ou moins Thierry à décuver plus rapidement qu'il n'aurait dû le faire. Normalement, il dormait le temps de récupérer mais on ne lui avait pas laissé le luxe de se remettre. Pour le moment, il se réjouissait d'avoir su filer des griffes d'Edouard. Il ne le trouverait jamais. Absolument jamais. Qui soupçonnerait que l'on puisse se cacher sous un autel ? Personne. Absolument personne. Le prêtre plaqua les mains contre sa bouche en entendant le muet fouiller le confessionnal et rit. Quelle grossière erreur ! Il ne s'abaisserait jamais à entrer là-bas pour échapper à un poursuivant. Comment pourrait-il fuir autrement si on le découvrait ?
Les espèces de cris que poussa Edouard l'amusèrent beaucoup. Il n'en pouvait plus. Il allait abandonner. Le prêtre débauché l'avait emporté sur l'infirme véreux. Quel dommage ! Et s'il l'expliquait au cardinal Cassain ? Il lui dirait que finalement sa théorie était juste et que les infirmes, mêmes vertueux ne pouvaient rien contre un prêtre, même quand celui-ci foulait des deux pieds tous les commandements de l'Eglise. Au bout de combien mettrait-il pour que son visage devienne aussi rouge que sa robe ? Avec un peu de chance, il ferait une crise d'apoplexie et Alexandre serait libéré de son maître.
Brusquement, Thierry se sentit arraché par une poigne vigoureuse et jeté sur le sol. Il blêmit devant Edouard pas content du tout amis il ne semblait pas décidé à le frapper. L'infirme remit son ardoise et traça un message ennuyeux. Le prêtre fit mine de l'ignorer et se relever en s'exclamant joyeusement avec le ton d'un enfant :
"Oh non ! Tu m'as déjà déjà trouvé ! Bon, eh bien, c'est à toi de te cacher maintenant, non ?"
Il s'écarta, joueur, et s'approcha d'une colonne.
"Bon Eh bien, je compte jusqu'à dix, ça te va ?"
Les espèces de cris que poussa Edouard l'amusèrent beaucoup. Il n'en pouvait plus. Il allait abandonner. Le prêtre débauché l'avait emporté sur l'infirme véreux. Quel dommage ! Et s'il l'expliquait au cardinal Cassain ? Il lui dirait que finalement sa théorie était juste et que les infirmes, mêmes vertueux ne pouvaient rien contre un prêtre, même quand celui-ci foulait des deux pieds tous les commandements de l'Eglise. Au bout de combien mettrait-il pour que son visage devienne aussi rouge que sa robe ? Avec un peu de chance, il ferait une crise d'apoplexie et Alexandre serait libéré de son maître.
Brusquement, Thierry se sentit arraché par une poigne vigoureuse et jeté sur le sol. Il blêmit devant Edouard pas content du tout amis il ne semblait pas décidé à le frapper. L'infirme remit son ardoise et traça un message ennuyeux. Le prêtre fit mine de l'ignorer et se relever en s'exclamant joyeusement avec le ton d'un enfant :
"Oh non ! Tu m'as déjà déjà trouvé ! Bon, eh bien, c'est à toi de te cacher maintenant, non ?"
Il s'écarta, joueur, et s'approcha d'une colonne.
"Bon Eh bien, je compte jusqu'à dix, ça te va ?"
Re: [Alternatif] L'apocalypse pour vos gueules
Édouard (35 ans), serviteur du père d'Anjou
Et il continuait de jouer avec ses nerfs ! Mais le vétéran ne le frapperait pas, le prêtre n'attendait peut-être que cela au point où il en était. Le coup de trop. Le faux pas. Édouard soupira profondément à sa nouvelle plaisanterie et secoua la tête. Jouer à cligne-musette pourquoi pas, mais ce n'était pas vraiment le moment là tout de suite. Il lui proposait de se cacher ? Sans blague ? Toujours en le tenant d'une poigne, l'autre main restée libre essuya l'ardoise à terre et écrivit :
C MA CHAUSSURE QUI VA SE CACHER
PROFND DANS TON Q TELLEMENT JE VAIS
LE BOTTER FORT SI TU CONTINUES.
T'AURAS MÊME PAS LE TEMPS D'ALLER A 10
PROFND DANS TON Q TELLEMENT JE VAIS
LE BOTTER FORT SI TU CONTINUES.
T'AURAS MÊME PAS LE TEMPS D'ALLER A 10
Blague à part, il effaça, prit quelques instants pour se calmer et rédigea ensuite après un autre coup de chiffon :
SÉRIEUX, SI VS DÉTESTEZ TANT
QUE CA D'ÊTRE PRÊTRE, QU'EST-CE
QUI VOUS RETIENT DE DONNER
VOTRE DÉMISSION ???
QUE CA D'ÊTRE PRÊTRE, QU'EST-CE
QUI VOUS RETIENT DE DONNER
VOTRE DÉMISSION ???
Son père et les moines n'avaient plus d'emprise possible sur lui non ? Il était désormais libre de ses choix de vie - et accessoirement de les assumer ?
Page 2 sur 4 • 1, 2, 3, 4
Sujets similaires
» [Alternatif] Un peu de soleil dans la grisaille
» [RP alternatif] Institut Saint-Martin
» [RP alternatif] De l'autre côté du miroir
» [RP alternatif - ouvert] De l'autre côté du miroir ~ 2
» [Alternatif] Mariage d'avant-garde par le plus beau des curés
» [RP alternatif] Institut Saint-Martin
» [RP alternatif] De l'autre côté du miroir
» [RP alternatif - ouvert] De l'autre côté du miroir ~ 2
» [Alternatif] Mariage d'avant-garde par le plus beau des curés
Page 2 sur 4
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum