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[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Mar 17 Aoû - 16:31



Coldris de Fromart, 44 ans & Virgil d'Aussevielle, 48 ans

28 mai 1589,

Si depuis toutes ces années Virgil avait appris une chose, c’était bien qu’il était parfaitement vain de résister aux exigences de son ami. C’était comme avoir la prétention de pouvoir commander aux flots. Cela finissait invariablement par se retourner contre vous d’une façon ou d’une autre et Poséidon savait être irascible à souhait. Il fallait toujours bien choisir ses combats et l’accompagner au lupanar n’en faisait pas partie. C’était toujours en revanche l’occasion de tester sa patience en invoquant des excuses toujours plus créatives dans l’espoir d’y échapper.



quelques heures plus tôt,

On pouvait remercier l’esprit ordonné et la vie millimétrée de Coldris pour l’avoir prévenu la veille de leur prochaine soirée au lupanar… Juste ce qu’il fallait pour lui dire de venir l’attendre à Saint Eloi et s’arrimer à son bureau du Parlement au sens propre comme au figuré. Hermélias n’aurait qu’à le recevoir et le faire courir. Ce n’était pas parce qu’il avait eu la paix l’espace de deux mois, qu’il allait accepter ce soir-là sans rechigner. Ce serait trop beau. Et que ce serait leur amitié sans ce petit vent de révolte ? D’ailleurs n’était-ce pas ce qui plaisait le plus au fond à Coldris dans ces sorties ? De devoir le convaincre et le trainer jusque-là ? ll ne fallait pas croire que la soirée ne commençait qu’une fois les portes de lupanar franchies, oh que non ! Pour la peine Virgil avait soigné la mise en scène : de ses placards, il avait extirpé tout un tas de dossiers jusqu’à former une muraille protectrice. Au centre, il ouvrit celui sur lequel il travaillait. Un coup d’œil l’informa qu’il ne tarderait sans doute pas à se présenter. Parfait.

Quelques minutes plus tard, il dut quitter sa lecture pour l’accueillir.
— Ne me dis pas que tu as oublié ?
— Oubliez quoi ? questionna-t-il innocemment.
— Nous allons au lupanar ce soir.

Virgil prit une mine désolée :

— Oh non… Coldris tu m’en vois navré… Je dois absolument rendre mon verdict sur l’affaire Dalmert, tu sais ce traitre pris en flagrant délit de possession de tract anti-impérialiste. Il doit être exécuté dans trente-six heures.

Il tapota l’épais dossier contenant les notes du greffiers, rapports d’enquête, de question et autres témoignages.

— Je ne peux pas me permettre de bâcler l’affaire, d’autant plus que...
— Virgil, tu l’as déjà traité à peine reçu. J’en suis persuadé.
— Certes… Mais je dois désormais écrire les remontrances adressées à Sa Majesté concernant son ordonnance. Il n’est pas question de le faire patienter. Je suis sincèrement désolé, mais tu devras te passer de moi pour cette fois-ci.

Coldris grommela tandis que le marquis darda un regard espiègle par dessous.

— Je ne veux rien savoir, mon ami ! Tu vas venir avec moi. Tu as bien trop besoin de t’amuser et de te détendre. Il s’approcha, fit mine d’inspecter ses pupilles et son visage avant de déclarer : Tu as mauvaise mine et tes humeurs sont complètement déséquilibrés, c’est évident, annonça-t-il en flattant sa joue. Je ne connais qu’un remède pour cela…
— Une bonne saignée ? déclara pour la forme le Procureur, ce qui eut pour effet d’étirer un peu plus le sourire de Coldris
— J’ai mieux que cela pour évacuer, crois-moi… Oh mais c’est qu’il le croyait sur parole, il était inutile de le préciser. Aller range-moi tout cela !

Le marquis entreprit d’ordonner d’un geste lent et méticuleux tous ses dossiers. S’il aurait pu le faire plus rapidement ? Bien entendu, mais cela n’avait aucun intérêt.

— Je n’ai pas envie de laisser Elena seul… marmonna-t-il
— Ah ! À ce sujet… Hermélias te fait dire qu’elles sont parties à l’opéra. Alors tu vois, tu n’as pas à t’en faire.

Zut ! Il avait complètement oublié l’opéra… Il tourna instinctivement la tête vers Coldris : avait-il choisi ce jour en particulier par un pur hasard ? Alors même qu’il savait que sa femme et sa fille adoptive se régalaient de ce compositeur ? Non c’était trop gros… Et son petit rire le confirmait déjà. Virgil soupira profondément.

— Ca va, ça va… Tu as gagné, je m’incline.

Il leva les mains puis reprit son rangement (sans plus se presser non plus) jusqu’à ce que tout soit de retour dans l’armoire qu’il ferma à double tour. Ils passèrent ensemble la porte lorsque Coldris remarqua l’air de rien :

— Pourquoi as-tu sorti les dossiers du mois dernier ? Tu as tant de retard que cela ?
— Non… J’ai déjà transmis tous les autres. C’est tout ce que j’ai trouvé dans l’armoire.

Il lui adressa un petit sourire en coin et tous deux se mirent à rire tandis que Coldris lui assénait une tape dans le dos.



* * *

Aurait-il du faire montre d’un peu plus de résistance ? Sans doute. Mais c’était peine perdue. Et puis Coldris n’avait précisé qu’amusement, ce qui lui laissait donc le choix et le droit de l’attendre dans les alcôves afin de satisfaire sa morale et son ami. Tant pis pour lui. Il savait qu’il fallait faire attention à ses demandes après tout, surtout celles pour lesquelles il ne brulait d’une folle envie débordante.

Enfin, cela ne l’empêcha pas de profiter comme toujours. Ils avaient déjà bu, se trouvait en bonne compagnie, son pourpoint bleu outre-mer déposé à ses côtés quand l’autre côté était occupé par une diabolique sirène qui tentait de l’attirer dans ses filets. Non, non , non. Il ne pouvait pas succomber et donnait raison à son ami. Quoique ce fut déjà fait en partie, car il fallait reconnaitre que ses mains expertes sous sa chemise ne le laissaient pas complètement indifférent…

— Tu vois Virgil, tu maugrées, tu maugrées, mais tu finis toujours par prendre ton pied.
— Pas ce soir, Coldris. Je viens juste m’amuser
— Oui bien sûr, nous en reparlerons tout à l’heure, si tu veux bien, et il embrassa à pleine bouche la belle brune de minuit au teint hâlé.

Virgil quant à lui avait bien du mal à retenir ses mains sur ce corps qui se trémoussait et l’alcool ne l’aidait pas vraiment à conserver sa droiture. Quoique l’une d’entre elles le fut bien, à son plus grand regret. Soudainement, son regard fut attiré par une silhouette improbable dans cet endroit. Serait-ce ? Non, c’était impensable. Il devait faire erreur.


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Message par Thierry d'Anjou Mar 17 Aoû - 17:08

Pourquoi se trouvait-il dans cet antre de la prostitution ? Cela ne correspondait en rien à ses prérogatives de prêtre. Thierry se posait cette éternelle question en contemplant les superbes silhouettes féminines, si peu vêtues, qui l'entouraient. Il se rappelait avoir reçu dans la matinée une catin qui l'avait invité à cette soirée en se frottant au plus près de son corps avant de se retirer sans le laisser la toucher un minimum. Elle l'avait rendu fou dans la journée et il 'avait pu faire autrement que de venir. Il avait encore perdu. Pourquoi ne savait-il donc pas tenir ses engagements ? Quand on jurait de vœux, l'honneur imposait de s'y tenir. Il s'essayait à maintenir cette résolution, puis échouait. Pitoyablement. lamentablement.

Las, le prêtre décida de cesser de se poser des questions inutiles. Il ferait rédemption demain; Pour le moment, autant d'être profiter de sa présence et jouir de ces beaux fruits. Il serait ridicule à rester planté là sans rien faire. Il n'était plus un puceau stupide. Comme à son habitude, Thierry s'accommodait sans mal de ces faiblesses et s'approchait déjà des belles femmes pour passer un moment agréables avec elles. Soucieux toutefois de maintenir les apparences, il évita de monter à l'étage et attirait les prostituées dans les alcôves. De toute façon, il ne désirait rien de plus que de rapides passes. a quoi bon le faire dans un lit alors qu'on ressentait au moins autant d'excitation à prendre une catin contre un mur ?

Il revint dans la salle principale, désireux de trouver de nouvelles conquêtes. L'alcool ingéré le long de la soirée faisait son effet et les remords s'étaient finalement étouffés. il s'avança au milieu des hommes et s(installa dans un sofa, laissant deux prostituées venir à lui. Le prêtre les entoura de ses bras en même temps, sourire aux lèvres.


"Alors, mesdames, laquelle choisir ? vous êtes toutes si sublimes !"
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Message par Coldris de Fromart Mar 17 Aoû - 21:32



Coldris de Fromart, 44 ans & Virgil d'Aussevielle, 48 ans


Pour l’heure, c’était surtout Coldris qui semblait prendre son pied. Il venait ici comme certains se rendaient à la taverne. En réalité, il ne voyait pas bien ce qu’il pouvait trouver de plaisant à la chose, contrairement au fait d’élaborer des stratégies visant à cocufier les maris de la noblesse braktennoise. Oh ce n’était pas mieux – c’était même pire –, mais cela, il pouvait l’entendre et en entrevoir l’attrait. C’était bien la raison pour laquelle, il se laissait parfois aller à jouer les complices ou encore prenait un certain plaisir – il le confessait volontiers – à écouter ses récits de « chasse » comme il aimait à les appeler. La partie la plus pénible restait tout de même de demeurer de marbre lorsqu’il avait le malheur  de croiser ledit mari quelques jours plus tard. Il y en avait même eu un qui avait eu l’audace de venir épancher ses suspicions sur son épaule (ce qui n’avait pas manqué de faire rire Coldris aux éclats).
Toujours était-il qu’il était là avec Gabriella (était-ce bien cela ?) qui y mettait bien trop du sien pour qu’il ne contienne ses pulsions toutes masculines qui le dévoraient lentement mais surement. Il n’était qu’un homme faible et mortel après tout. Quant à son ami, il avait depuis longtemps cédé au péché de luxure avec deux belles demoiselles dont les mains disparaissaient sous sa chemise de soie immaculée qui avait quitté l’intérieur de ses chausses bien rapidement.

— Tu sais quoi, Virgil ? Il faudrait que je te fasse inviter aux soirées royales. Je te dois bien cela après tout ! déclara-t-il en quittant les lèvres de la brune.

Les soirées royales ? Celles avec des femmes chamelles, ours ou pieuvres ? Mi-catin, mi-trésor ? Ces soirées où l’on buvait et baisait ? Non très peu pour lui, vraiment. Il grimaça.

— Ne te dérange pas pour moi voyons. Tu sais, ô combien je suis de piètre compagnie dans ce genre de festivité et je m’en voudrais de m’imposer. Le jour où Sa Majesté daignera supporter mon humble et pénible présence, Elle me le fera savoir et je m’y rendrai en bon loyal et sujet que je suis.
— S’il n’y a que cela pour te faire venir, considère que c’est chose faite !

Morbleu. Virgil contempla son verre d’hypocras quasiment vide. Combien en avait-il vidé ? Il avait perdu ce compte qu’il n’avait jamais envisagé de tenir. C’était de toute évidence bien trop pour espérer tenir sa langue face à Coldris… Pire que tout, il était vain d’espérer lui faire oublier ses paroles. Il préféra changea de sujet et indiqua l’homme qu’il avait repéré avant que Coldris ne lui parle de son nouveau projet qu’il regrettait déjà.

— Tu connais cet homme là-bas, Coldris ? indiqua-t-il légèrement du verre.

Son cher ami quitta des yeux un instant sa gourmandise pour suivre la direction indiquée. Lui ? Jamais vu.

— Tu crois que je connais tous les débauchés de la capitale peut-être ? Les hommes n’ont d’intérêt que s’ils me sont utiles.

Il détailla l’individu. Présentable sans plus. Une certaine noblesse de trait, mais il ne devait pas rouler sur l’or. Quant au pouvoir : c’était exclu d’office puisqu’il ne le connaissait pas. D’ailleurs était-il seulement noble ? Il se souviendrait l’avoir vu dans l’un de ces nombreux salons qu’il arpentait. Un petit bourgeois qui espérait se faire bien voir. Sans intérêt.

— Si j’étais plus proche je lui dirais que les meilleures sont toutes ici, déclara-t-il en passant ses bras autour de leur taille pour les rapprocher de lui.
Virgil fut soulagé. Il ne savait rien sur le prêtre de Saint-Eustache. Pour une fois qu’il se félicitait de son absence de fréquentation des paroisses locales. Que faisait-il donc ici ? Et son vœu de chasteté alors ?

— Pourquoi ? Qu’y a-t-il, Virgil? Il a pris ta favorite ? Je croyais que tu les préférais plus élégantes. Enfin s’il n’y a que cela pour te faire plaisir, je vais arranger cela tout de suite.

Le vicomte se leva, rapidement arrêté par la main ferme de son ami qui le retenait d’un sourire derrière lequel il discernait un léger trouble.

— Gabriella est parfaite, je t’assure, ne te dérange pas. Tu as raison les nôtres sont bien mieux. Il me semblait simplement l’avoir déjà-vu, vois-tu...

Coldris se laissa tomber sur le sofa contre une poitrine moelleuse toute accueillante qu’il s’empressa de dévorer de baiser qu’il entrecoupa d’une hypothèse hachée :

— Sans doute… un de tes… hypocrites bigots… aperçus à la messe… où je ne vais… jamais… car… Je prie suffisamment les seins pour cela.

Et pour illustrer ses propos, il baissa légèrement les bretelles pour la dénuder et embrassa l’un et l’autre avec dévotion sous le petit rire mutin de la catin.

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Message par Thierry d'Anjou Mar 17 Aoû - 21:52

Confortablement installé dans la banquette, entre plusieurs coussins, Thierry se resservit un succulent verre de vin iswilan qui emplissait de délice ses papilles. Les deux prostituées continuaient de le régaler en même temps de leurs bienfaits. Leurs corps bougeaient sensuellement, Dans un rythme, comme pour une danse parfaitement répétée. La chorégraphie était parfaite. Il étendit à un moment la main pour en coucher une, prise au hasard sur le sofa, ses sens trop enflammés pour être capable de contenir plus longtemps son excitation, lorsque la maquerelle lui frappa l'épaule et rappela que la consonnassions était en ces lieux payantes.

"On paie sa miche de pain au boulanger, on paie donc donc aussi sa miche de catin !"

Le prêtre s'acquitta de la transaction en versant timidement les pièces dans la main de la patronne. Il y avait de quoi la satisfaire et lui permettre de profiter des deux jeunes femmes qui s'offraient si agréablement à lui.

Après ce moment merveilleux, les deux femmes repartir et vers d'autres clients alors que lui resta là, l'esprit planant encore, inapte à redescendre tout de suite du merveilleux septième ciel, et observa le tumulte joyeux qui se formait autour de lui. Quel plaisir que vivre et de jouir des bienfaits de la vie.
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Message par Coldris de Fromart Mar 17 Aoû - 22:36



Coldris de Fromart, 44 ans & Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Virgil était on ne peut plus soulagé de savoir qu’il n’avait pas connaissance de ce curé. Il n’aurait plus manqué qu’il ne l’aide à se débaucher un peu plus pour le simple plaisir de le pervertir. Quant à son hypothèse, il préféra lui dire qu’il était incorrigible et qu’il devrait cesser de blasphémer. Simplement pour ne pas éveiller sa tatillonne suspicion toute naturelle, empreinte de ces longues années de survie en milieu hostile.

À la voix claquante de la mère maquerelle, Coldris, bien éméché éclata d’un violent éclat de rire, s’affalant entre les coussins.

— Par tous les diables, Virgil… Comment veux-tu que je connaisse un énergumène pareil ? M’as-tu bien regardé ?

Il s’approcha soudainement de son visage pour le fixer de ses grands yeux d’un bleu glacial. Il pencha légèrement la tête.

— Tu n’as définitivement pas bonne mine, mon ami. Détends-toi et profite. Tu te repentiras demain tout ira pour le mieux. Regarde-moi ! Je suis en parfaite santé !
— Ce n’est pas… Je vais parfaitement bien, je te remercie.

Bien vite, Coldris l’abandonna pour monter dans l’une des chambres. Il avait au moins le bon ton de ne pas les culbuter en public. Il l’observa partir un petit sourire en coin, ses mains sur leurs fessiers, le regard avide agrémenter de ces quelques mots toujours savamment choisis pour leur faire tourner la tête. Sacré Coldris… Une fois seul, il embrassa Gabriella qui ondulait toujours en chevauchant ses cuisses, bras posés sur ses épaules. Fichtre, tant pis il allait lui donner raison, mais il contenait difficilement les tiraillements qui lui rappelaient sa faiblesse. Il vida son énième verre d’hypocras. Quitte à venir jusqu’ici autant profiter.

— Venez, montons à l’étage. Je n’ai plus de raison de demeurer ici désormais que mon ami m’a abandonné.

La prostituée acquiesça bien volontiers, ravie de l’avoir mené sur la brèche. Il fallait dire que Monsieur Horace, son ami, lui avait promis le double si elle emmenait le Sage au Septième Ciel, pour un peu qu’elle s’était dévouée à sa tâche ! Et elle ne s’arrêterait pas là. C’était drôlement bien payé et puis il était doux et plein de bonnes manières. Ça changeait des rustres qui prenaient ses jumeaux pour un champ à labourer de leurs ongles !

Virgil redescendit quelque temps plus tard, rassasié et détendu. Il ne pouvait le nier, cela faisait un bien fou. C’était mal, mais c’était terriblement agréable. D’autant plus que ces femmes n’avaient pas la retenue de la sienne. Solange avait bien essayé de la dévergonder avec ses lectures peu catholiques, mais sa douce Elena resterait à jamais elle. Elle était sa femme, pleine de tendresse et de délicatesse, d’une gentillesse à toute épreuve. Une épouse et une mère rêvée. Si Coldris était le petit piment de sa vie, les catins l’étaient pour sa vie intime. Elles étaient celles qui, sporadiquement, lui rappelaient à quel point il était chanceux de l’avoir dans sa vie, sa charmante marquise d’Aussevielle. Etait-ce un péché si l’on songeait tout de même à sa femme ? Il ne l’aimerait jamais comme Coldris avait pu aimer sa Sophie, c’était un fait (et quelque part, il l'aurait presque jalousé presque pour cela, lui qui n'avait jamais connu l'Amour) pourtant, cela ne l’empêchait pas de la respecter et de tenir à elle.

Il noua sa chemise et redescendit dans la salle avec dans l’idée de se caler en attendant le retour de Coldris. Le curé était avachi dans l’une des alcôves, le sourire béat de l’homme après la jouissance accroché à ses lèvres.

— L’avez-vous vu? demanda-t-il amèrement en passant devant lui .

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Message par Thierry d'Anjou Mar 17 Aoû - 23:02

Thierry se repaissait sereinement de cette puissance délicieuse et enivrante du plaisir que l'acte charnel savait procurer dans chaque fibre de l'être. Il n'existait de plus belles et heureuses sensations qui soient. Comment avait-il pu lutter pour ne pas venir au lupanar ? Quelle folie ! C'était assurément le meilleur lieu de la terre. Bien plus agréable et prometteur que l'église la mieux loti. Aucune prière, aucune messe, n'apporterait le moindre bienfait que cinq minutes passés dans les bras d'une femme. Le prêtre émergeait lentement de sa torpeur lorsqu'un homme s'approcha et lui adressa des paroles sur un ton qui semblait être sévère. C'était pour lui ? non, ce devait être son naturel. Thierry laissa échapper un rire un peu bête et se redressa et remplit deux verres de vin pour le tendre à on interlocuteur.

"Ne soyez pas si sec, monsieur ! Ceci est une soirée de fête ! Détendez-vous et profitez !"

Sur cela, il ouvrit les bras, tel Moïse qui écarterait les eaux et embrasa la foule du regard.

"Quelle merveille que toute cette diversité de femmes ! Elles sont si belles, si tentantes ! Quittons donc cet air ronchon , qui ne vous va pas du tout, et profitez donc !"

Le vin faisait son effet et le curé avait cédé à toutes ses inhibitions. Il ne restait plus en lui que l'être qui n'aspirait qu'à s'amuser. Thierry se leva d'un bond et entraina son interlocuteur par les épaules et le guida vers une charmante prostituée dont il avait goûté les charmes plus tôt dans la soirée.

"Contemplez donc cette superbe nymphe ! N'est-elle pas délicieuse ? N'avez-vous envie de goûter à son nectar ?"

Il attira dans ses bras la catin et l'embrassa dans la nuque.

"Alors, monsieur, la prenez-vous ? Autrement, je me devrais de l'honorer. Ce serait cruel de laisser seule. La malheureuse enfant !"

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Message par Coldris de Fromart Mer 18 Aoû - 11:07



Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Sec ? Sec? Bien sûr qu’il pouvait être aussi sec ! Si lui-même venait de pécher lamentablement avec cette prostituée, ce n’était rien à côté de cet homme de Dieu qui venait de rompre son vœu de chasteté. Et d’ailleurs avec quel argent venait-il ici ? N’avait-il pas fait vœu de pauvreté également ? Était-ce avec ses dons qu’il s'offrait ses égarements ? Et cette attitude ! Virgil fronça sévèrement les sourcils. Pour un peu, il eut l’impression d’entendre Coldris ! Et non, ce n’était pas à cause des râles étouffés par le plancher… Pour combien de temps en aurait-il au juste d'ailleurs ? Combien de temps lui-même était-il resté là-haut ?
Il était monté avec deux filles. Ce qui signifiait que… Le procureur entreprit d’établir une rapide estimation issue des statistiques que seule une longue amitié telle que la leur pouvait fournir, le tout pendant que ce prêtre continuait de l’inciter à la luxure.

Parbleu ! Il était hors de question que Coldris ne le croise… Il serait bien trop heureux de s’engouffrer dans la brèche pour le pervertir jusqu’au bout… Pire que tout, il s'en vanterait durant des jours et des nuits... Dire qu’il avait admiré et même félicité l’homme qui se trouvait devant lui pour sa dévotion et sa droiture. Il secoua la tête. Ce ne pouvait être qu’un malheureux accident de parcours. L’homme demeurait faillible, quel qu’il soit. Mendiant, prince ou prêtre cela ne faisait aucune différence.

— Je vous remercie, mon Père. J’ai suffisamment cédé à la tentation ce soir, inutile d’en rajouter. Ne devriez-vous pas en faire de même ? tenta-t-il diplomatiquement. Disposez-vous seulement de quoi rétribuer ses services ?

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Message par Thierry d'Anjou Mer 18 Aoû - 12:01

Que faisait ce triste personnage dans un lupanar s'il semblait résolu à ne pas jouir des bienfaits et merveilles que le lieu regorgeait. Thierry se désintéressa de son sort, préférant de loin caresser les courbes sensuelles de la créature entre ses bras. Elle méritait que l'on s'occupe de son sort et celle-ci ne réclamait que cela. Elle s'agitait contre son sort dans une danse suggestives, désireuse de l'inviter à une suite encore plus esquisse. Ses mains se glissèrent déjà sous le jupon fort court et remontèrent à ses cuisses. Le désir le consumait déjà et irradiait. il n'en pouvait plus.

Brusquement, son sinistre interlocuteur le sortit de sa douce danse et le prêtre grimaça de se voir rappeler à ses devoirs terrestres. D'où le connaissait-il ? Avait-il la malchance de croiser un homme qui fréquentait l'église de Saint-Eustache ? Pourtant, la plupart de ses paroissiens s'adonnaient sans mal à l'acte de chair et la culpabilisation auquel son rôle le forçait ne leur faisait que peu d'effet. Il haussa les épaules et s'exclama joyeusement, toujours sous l'influence du bon vin.

"Allons, il n'y a pas de meilleures tentations que celles où on cède ! Il n'y a que le Christ pour se retenir. Or, le Christ est divin, non ? Divin ! Du vin ... Oh oui ! Du vin ! Patronne ! J'offre une tournée à tous les clients !"

A cette annonce, les hommes présents scandèrent une exclamation joyeusement. Quelques uns battirent des mains, heureux comme des enfants. Les prostituées durent faire le service pour satisfaire chacun et les clients en profitaient pour les attraper ou placer leurs mains aux endroits les plus intimes. Thierry riait bêtement, grisé par l'alcool, lorsqu'il crut reconnaître quelque chose dans la silhouette agacée de son interlocuteur. Cette stature droite, digne, cette parole froide, économe... Il se recula d'un pas...

"Je... nous ne vous sommes pas présentés, au fait. Vous êtes...."

Non, ce pouvait pas être lui. Non, ce n'était pas possible. Pas ici. Il était trop droit. trop intègre. Il ne pouvait fréquenter les maisons closes. Le prêtre téta de faire bonne figure en dépit de son malaise.

"Et comment savez-vous que je suis curé ? Je suis venu ici discrètement en prenant les chemins détournés, dans de habits communs. Est-ce Dieu qui vous aurait soufflé la révélation ?"

Il se décida à se dédouaner. Cela n'arriva si souvent. C'était un accident. cela ne se reproduirait plus.

"Je... Je paie sur les deniers que l'église me verse pour vivre. Et ce costume, je l'ai emprunté dans les vêtements données. Tout est calculé pour éviter... pour être discret. Et puis.. Puis, je ne voulais pas. C'était... Je suis venu pour... oui, pour rencontrer une catin. On m'a dit qu'elle avait besoin d'un curé. Mais je suis resté là, dans cette salle, puis au fil des verres proposés, de l'ambiance, j'ai fini par céder. Mais demain ça serait oublié. C'est un accident. Un simple accident."

En cet instant, le débauché avait disparu pour ne laisser place qu'à un enfant craintif des conséquences de sa bêtise.
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Message par Coldris de Fromart Mer 18 Aoû - 15:47



Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Virgil secoua la tête lentement, dépité. Les tentations étaient justement faites pour y résister c’était à cela que l’on reconnaissait la force d’un homme, la détermination de sa foi et la pureté de son âme. Rêvait-il ou le curé était-il en train de blasphémer ? Si ce n’était pas un membre du clergé, il aurait volontiers étranglé ses viles paroles dans sa gorge aussi sec. Et le voilà qui offrait sa tournée et avec quel argent ? Pathétique. Ses poings se contractèrent et ses mâchoires se resserrèrent tandis que ses pieds s’ancraient profondément dans le sol comme les racines d’un olivier. Le marquis fixait le prêtre avec toute la sévérité dont il pouvait faire preuve, lorsqu’il le sentit revenir brièvement à lui d’un petit pas arrière.

— Il est inutile de vous présenter, Mon Père. Je sais très bien que vous êtes Thierry d’Anjou, curé de la paroisse Saint-Eustache et tant ce comportement que vos propos sont intolérables.

Virgil souffla lorsqu’il mentionna être venu par des chemins détournés, révélant par la même qu’en plus il n’assumait nullement ses égarements. Il ne parvenait pas à savoir s’il devait s’en sentir rassuré ou au contraire encore plus affligé.

— L’habit ne fait pas le curé contrairement à la maxime populaire. se contenta-t-il de répondre froidement.

Ce à quoi le curé choisit de se dédouaner en invoquant une excuse des plus pitoyables. Même Coldris était bien plus créatif lorsqu’il s’agissait de se justifier bêtement. Il arqua vaguement un sourcil dubitatif, le laissant s’enfoncer pour voir s’il pouvait parvenir à se noyer lui-même.

— Mes excuses en ce cas, j’ignorais que vous poussiez vos bonnes oeuvres jusque tard dans la soirée. Payez-vous souvent vos paroissiennes pour les confesser ? L’usage est plutôt inverse en général. Oh et à ce sujet puisque vous avez achevé votre mission religieuse, vous ne m’en voudrez pas, n’est-ce pas ?

Il saisit délicatement le poignet de la jeune femme qui se trouvait toujours à ses côtés, à faire la moue pour avoir été interrompu en plein travail.

— Auriez-vous la bonté de monter à l'étage afin de servir mon ami Horace, Mademoiselle ? Il vous honorera bien mieux que cet homme de Dieu en perdition, croyez-moi.

Et si elle pouvait l’occuper suffisamment longtemps pour que Coldris ne revienne pas dans la seconde ce ne serait pas plus mal. Autour d’eux, le silence s’était bien brièvement installé ce qu’il réalisa soudainement. Si son ami était en état de réaliser, il ne manquerait pas de sortir sachant pertinemment qui en était la cause. Endroit de malheur… Le marquis fit volte-face et ouvrit les mains :

— Eh bien messieurs! Allez donc vous adonner à la luxure. Prenez exemple sur ce curé ! C’est bien pour cela que vous êtes venus n’est-ce pas ?

Seigneur, accordez-leur votre miséricorde. Ce ne sont que des hommes faibles et faillibles tout comme je le suis moi-même.



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Message par Thierry d'Anjou Mer 18 Aoû - 16:57

Après le ridicule et pitoyable spectacle qu'il venait de donner de as personne, Thierry se sentit crucifié par les paroles que prononça le marquis. C'était lui. C'était bien lui. Ce ne pouvait être que lui pour prononcer de telles paroles avec une attitude de prédicateur. La soutane lui irait assurément aussi bien que la robe de magistrat. Le prêtre se recula en lâchant la catin jusque-là dans ses bras, et bafouilla.

"Je... Je suis désolé. Vous me voyez navré, messire, de me découvrir dans cette... situation.. Je.. Je ne voulais pas. Je ne voulais pas du tout."

Il sentait le sol s'ouvrir sous ses pieds, sans la moindre racines pour le raccrocher à terre. Allait-il être ramené dans cet affreux monastère ? Serait-il renvoyé dans cet enfer pour ce manquement à ses vœux ? C'était pire que la mort. Son visage était devenu livide. Il bafouilla une nouvelle excuse sous prétexte d'un éventuel religieux, amis c'était bien sûr stupide et le marquis se trouvait être trop intelligent pour tomber dans un piège aussi grossier.

"Je... Non. Faites.... Faites comme vous le voulez."

Pendant les ordres passés à la catin, le prêtre vivait dans la terreur la plus effroyable qui soit. Alors que al femme s'éloignait, il tomba à genoux aux pieds du marquis.

"Pitié, messire, ne me dénoncez pas ! Ne.. ne les laissez pas m'emmener là-bas !"

Son corps entier était parcouru par des tremblements incontrôlables alors que son esprit revivait le moment om son père l'avait conduit au monastère pour l'y abandonner. Il se refusait à revivre cela.

"Pitié, messire ! Pitié ! Par charité chrétienne ! Pitié !"

Désespéré, il se saisit à un moment de la main du marquis et s'y accrochait comme un homme sur le point de se noyer tentait de se retenir à une planche qui flottait à la surface de l'océan.

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Message par Coldris de Fromart Jeu 19 Aoû - 13:13



Coldris de Fromart, 44 ans & Virgil d'Aussevielle, 48 ans

La grande différence avec Coldris, c’était que lui n’avait aucun mal à vous regarder en face et à assumer la moindre de ses actions y compris les plus viles et détestables dont il était capable. Un aplomb qu’il admirait chez lui autant qu’il pouvait l’agacer. Son ami ne semblait jamais éprouver le moindre remords, quels que soient ses actes, une chose bien rare en ce bas monde. C’était sans doute car quoi que son impulsivité puisse laisser paraitre, il calculait toujours tout à l’avance, et, à la place de ce curé, il aurait déjà anticipé la situation dans laquelle il se trouvait actuellement. Il se serait surement planté, là devant lui, grandi de toute sa hauteur pour le fixer d’aussi haut qui le pouvait et lui aurait rétorqué qu’il n’avait pas de leçons à recevoir d’un pécheur comme lui et que les cardinaux ne s’embarrassaient pas de tant de considérations. Au lieu de cela… Il avait affaire à un enfant pris sur le fait de sa bêtise, prêt à quitter le navire comme un rat en plein naufrage. Ridicule.

Virgil l’observa tomber à ses pieds avec une profonde mésestime pour ce curé qui se donnait en spectacle. L’emmener où ? Que marmonnait-il parbleu ! N’avait-il donc pas un minimum de dignité ? Et dire que cet homme portait une particule à son nom ! Était-il obligé de pousser la déchéance jusqu’à la moindre parcelle de son être ? Il recula d’un petit pas, le visage fermé, quand l’homme lui agrippa soudainement la main tel un manant. Il la retira aussi vivement que si elle avait touché quelques flammes brulantes. Ses prunelles se baissèrent froidement sur le curé qui lui rappelait l’un de ces tableaux italiens implorant la pitié.

— Levez-vous, ordonna-t-il sèchement. Comportez-vous en homme digne de votre sang. Cette affaire est entre votre conscience et Notre Seigneur. Puisse-t-il vous accorder sa miséricorde dans sa grande mansuétude.

À l’étage, Coldris qui venait de recevoir une délicieuse visite de la part de son marquis préféré poussa la porte de sa chambre, complètement dépenaillé avec dans l’idée d’aller remercier son ami de cette belle (et surprenante) attention. Qu’avait-il donc en tête pour lui envoyer de son plein gré, une nouvelle fleur à butiner ? Il réalisa bien rapidement que ce silence de plomb dans la salle n’avait rien de naturel.

— Oh Virgil... marmonna-t-il, un brin agacé en se dirigeant vers l’escalier vêtu uniquement de sa chemise.

Du haut de son promontoire, il embrassa du regard la salle puis posa ses yeux aiglons sur son ami et le fameux homme qu’il ne connaissait pas. Il devinait sans mal ce qui avait pu se dire entre le pécheur et le Saint qu’on implorait comme le Christ.

— Par tous les diables Virgil ! Je ne peux pas te laisser un heure sans que tu ne sèmes la zizanie ! Tu es vraiment incorrigible ! As-tu oublié que nous étions dans un bordel ? Laisse donc cet homme baiser comme il l’entend. Oh et au passage je te remercie pour ton présent quoique j’apprécierais que tu en profites toi-même.

Virgil le fixa d’un œil sévère avant déclarer sobrement :

— Je t’en prie, tout le plaisir est pour moi et je jouis bien plus de la savoir entre tes bras qu’entre les miens. C’est à cela que l’on reconnait un bon présent : il est aussi agréable à offrir qu’à recevoir.

Et pour le reste, il était inutile d’argumenter au risque de se faire jeter de l’établissement, ce qui n’était pas le but. Il allait retourner sur son sofa confortablement installé à profiter d’une agréable compagnie dans les limites du raisonnable. De toute façon, il avait déjà consommé…

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Message par Thierry d'Anjou Jeu 19 Aoû - 14:15

L'établissement avait perdu de toute son animation coutumière et les clients préféraient contempler la réprimande du prêtre qui se repentait du vice plutôt qu'à se tourner vers les prostituées. Ces dernières observaient la scène d'un air las, sans réellement la juger. Quelques unes se regroupaient pour prendre un verre et échanger. L'intermède leur accordait un courte pause mais celle-ci avait intérêt à ne pas se prolonger. Autrement, cela se ressentirait sur les bénéfices de la nuit.

Au sol, Thierry gémissait, l'esprit hanté par les souvenirs de sa jeunesse floué et torturé. Le marquis allait-il le condamner à retourner dans cet affreux monastère ? Il le visualisait, coiffé de sa perruque austère, tendre le droit alors que des soldats le saisissaient pour le trainer vers le lieu de sa réclusion perpétuelle. Son corps continuait de trembler. Il en serait presque à sanglot comme un enfant. Son interlocuteur reprit la parole d'une voix sévère et lui imposa de se comporter tel un homme de son sang et déclara que cette affaire serait entre sa conscience et le seigneur. Le prêtre se releva timidement.


"je... Je suis désolé. je vous jure. On.. on ne m'y reprendra plus. je ne me laisserai plus prendre par ces tentations. Je vous le jure. Je vous le jure, messire."

Cette fois, il se tiendrait à cette résolution.
Cette fois, il ne céderait plus.
Cela suffisait de faire autant de manquement à sa parole donnée. Le marquis avait raison : son sang imposait l'honneur. N'avait-il pas promis de devenir le meilleur prêtre que Monbrina eut connu ? Il s'efforcerait de revenir à cette idée originelle et ne s'en détournerait plus. Cela suffisait de se comporter comme un ivrogne imbécile de taverne.

Une connaissance du marquis descendit à point tombé de l'étage pour apostropher ce dernier. Thierry ne lui témoigna aucune attention, trop soucieux de filer à l'anglaise. Il se retirerait rapidement de cette maudite soirée, où ses pieds n'auraient jamais dû le conduire, et rentrerait à l'église reprendre le cours de la vie morale que tout curé était supposé embrasser.

Le prêtre se déplaça rapidement entre les badauds qui s'amusaient toujours de la scène, comme si celle-ci aurait le résultât d'une farce jouée par des saltimbanques, et bouscula un homme qui bougea à ce moment pour se rapprocher. Il l'observa et le fixa moqueur.


"Eh bien, mon père, on nous quitte déjà ?"

"Je vous prie, mon fils, de bien vouloir me laisser passer."

Thierry grimaça fortement en supplia le seigneur, si celui-ci existait réellement, de le sauver. Le quidam lâcha un rire gras et héla le marquis.

"Messire ! Messire ! Votre curé, il fuit !"

D'autres clients se mirent à chantonner en riant joyeusement.

"Il court, il court, le curé, il court, il court, puis, il fourre, il fourre, puis il court, court, court !"

Le prêtre roula des yeux devant leurs plaisanteries douteuses, devinant que celles-ci ne seraient pas au goût du marquis. Il loua le seigneur que celui-ci continue à être occupé avec son ami. Ils vantaient les charmes de la femme avec laquelle il s'était amusé précédemment. Avec un peu de chance, cela les retiendrait assez pour lui donner le temps de fuir. Il laissa les brailleurs chanteurs et réussit à s'extraire de la foule mais bouscula une table, d'où tomba plusieurs coupes qui se brisèrent sur le plancher. Une prostituée vint vers lui, les mains croisées sur les hanches

"Je... tenez !"

Paniqué, redoutant de ne pas avoir assez de temps, le prêtre fouilla ses poches et lui remit assez de quoi s'offrir deux ou trois passes. Satisfaite, la fille se baissa pour ramasser les débris et le laissa s'éloigner. Thierry poursuivit sa fuite mais bouscula sur le chemin une plante en pot dont la terre se renversa sur le sol, puis se cogna à une colonne. Légèrement sonné, il eut un moment d'égarement avant de se rappeler ce qui lui arrivait. Les éclats du voix du marquis et de son ami le ramenèrent au présent et à sa terreur. Il ne devait pas être vu du terrible juge. Ou sa vie serait terminée.

La porte se trouvait à quelques pas.
Tout serait bientôt terminé.

Thierry tendit la main pour saisir lorsque la porte s'ouvrit seule et cogna le visage du prêtre en pleine figure. Il s'écroula, sonné, sur le sol, alors qu'un client entrait nonchalamment sans remarquer sa présence. Il laissa échapper un rire grivois en entendant la ritournelle qui se chantonnaient toujours.


"Eh ben, y a de l'ambiance ce soir !"

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Message par Coldris de Fromart Ven 20 Aoû - 15:38



Coldris de Fromart, 44 ans & Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Enfin le prêtre daigna se releva piteusement. Comment pouvait-il en arriver à devoir remettre un curé sur le droit chemin alors même qu’il était celui qui aurait dû le guider et lui imposer de fuir ce paradis du vice.  Virgil le dévisagea tandis qu’il se repentait, affirmant que c’était la dernière fois qu’il romprait ses vœux. À combien de scènes similaires avaient-ils assisté au cours des innombrables séances de procès qu’il avait jugé ? Suffisamment pour savoir que la miséricorde offerte à ces individus n’incitait qu’à la récidive. Seulement, il n’appartenait qu’au Très-Haut de juger celui qui était son serviteur. Ici-bas ou là-haut, justice serait faite. Le marquis se contenta donc un regard glacial empli de dédain. Ne pas se parjurer c’était tout ce qu’il lui souhaitait. Il n’y avait rien de pire pour un homme que de rompre une parole donnée.

Ce fut à cet instant que Coldris choisit d’apparaitre sur le haut des marches pour le sermonner et le remercier de la jeune femme qu’il avait envoyé. Évidemment, ce n’était jamais suffisant à son goût et Virgil tenta de retourner l’affaire à son avantage tandis que le prêtre prenait la poudre d’escampette ? Il ne lui accorda qu’un bref regard lorsque des clients se mirent à scander une comptine improvisée sous les rires de Coldris dont les yeux pétillaient d’une lueur qui ne lui disait rien qui vaille.

— Mon cher ami, je crois que j’ai trouvé le curé qu’il me faut. Pourquoi ne pas avoir pris le temps de me le présenter ?

Et voilà qu’il commençait déjà. Seigneur Dieu du Ciel ! Ne pouvait-il donc pas rester dans sa chambre à se repaitre des corps mis à sa disposition ? Pourquoi avait-il fallu qu’il sorte maintenant !

— Comme tu peux le constater, il a semble-t-il d’urgentes affaires qui l’attendent.
— En es-tu certain ? Il a plutôt l’air de te fuir, mon ami. (interpellant le prêtre qui se dirigeait vers la porte) Restez donc Mon Père ! Vous n’avez pas encore entendu ma prière à la Sainte Verge !

Les rires fusèrent dans la salle, certains insistant pour obtenir la prêche du pécheur sous le regard désabusé du procureur qui retourna s’affaler dans un sofa et réclama un verre d’hypocras (et sa grande sœur la carafe).

Du haut de son promontoire, Coldris se donnait en spectacle comme il savait si bien le faire. Il écarta les bras religieusement et se mit à bénir la foule avant d’improviser une messe de minuit avec toute l’habileté des mots dont il disposait. De là où il était Virgil put lire dans son regard qu’il n’aurait qu’à le remercier plus tard pour avoir ravivé la fête qu’il avait tué avec son embarrassante morale. Le marquis souffla rire dans son verre en secouant la tête. Incorrigible Coldris...

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Message par Cassandre Velasquez Ven 20 Aoû - 16:50

[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé] Isabel21
Isabelle, 30 ans, prostituée

Isabelle venait de terminer une passe et prenait le temps de rhabiller correctement avant de retourner dans la salle principale. Il se révélait vitale de montrer aux clients une présentation impeccable qui nourrirait ses fantasmes et les pousseraient à quémander ses services. Elle avait trois jeunes enfants à entretenir, même si c'était son frère et son épouse qui les élevait et leur avaient donné un nom honorable. Peu lui importait. Elle en était ravie du moment que son fils et ses filles grandissent bien, à l'abri du besoin. La catin vivait de cette manière, comme soutien de famille, depuis l'âge de dix-sept ans, quand elle 'était retrouvée sans profession, avant la fin de son apprentissage, lorsque le maître qui l'a formait était décédé d'une épidémie de variole qui ravageait en ces temps-là la capitale. Bien des femmes considéraient son métier comme un sacrifice. Elles se trompaient. Isabelle ne voyait rien de plus beau que d'apporter par le plaisir du réconfort à ses clients tout en assurant ainsi stabilité aux siens.

En sortant de sa chambre, Isabelle s'étonna des clameurs qui s'entendaient de l'escalier. Que se passait-il donc en bas ? Elle rejoignit la salle d'un pas pressé et surprit avec amusement le vicomte de Fromart dans l'exercice d'une messe. Il n'en était pas à son premier acte blasphématoire. Si elle devait tous les énumérer... Par ailleurs, la catin l'appréciait beaucoup. C'était un homme agréable au lit et qui savait parfaitement se comporter, ce qu'on e pouvait pas dire de bien des clients. Il se trouvait également être le père de son fils de onze mois. Lui n'en savait rien encore. Elle lui présenterait l'enfant quand elle l'estimerait viable et ne doutait pas que le ministre n'assumerait pas, lui, sa paternité au contraire des pères de ses deux petites filles dont elle n'avait pas eu la moindre nouvelle depuis le jour où elle leur avait montré leur enfant.

Désireuse d'entretenir cette bonne ambiance, propice aux affaires, Isabelle s'avança vers Coldris en recouvrant d'un voile, qui se révélait être un simple linge pris au hasard, et lui tendit une coupe.


"Oh, Seigneur Coldris, nous sommes tout ouïes à entendre votre prière dans l'espoir que votre règne dure pour des siècles et des siècles."

Elle lui laissa la coupe entre ses mains et entreprit de lui baiser les doigts un à un.

"Que Bacchus vous ait dans sa Sainte-Garde, ô divin seigneur Coldris !"

Au même moment, la porte s'ouvrit brutalement et Isabelle remarqua un individu qui se la mangeait en pleine figure. Il se rétama sur le sol, bras en croix, et remuait légèrement. Elle se rassura, soulagée de le savoir vivant, puis reporta son attention vers Coldris pour baiser avec dévotion la partie entre ses cuisses.

"Nous vous écoutons, ô grand Seigneur Coldris, à dispenser la messe. Faites donc notre catéchisme !"
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Message par Coldris de Fromart Ven 20 Aoû - 21:59



Coldris de Fromart, 44 ans & Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Avertissement - langage cru:

Coldris se tenait juché sur derrière la balustrade en guise de chaire. Il ne s’était pas attendu à ce que son interpellation suscite un tel élan parmi les clients de l’établissement en manque de divertissement. Soit. Il ne fallait jamais décevoir ses fidèles après tout. Et dire qu’il avait même une charmante prêtresse pour officier à sa messe de minuit. Il prit sa coupe puis déposa le calice sur la rambarde, tandis qu’il frémissait de plaisir à ses baisers. Il voulait bien prêcher tous les jours face une telle dévotion. Il embrassa le front d’Isabelle qui se relevait tout juste puis balaya la salle du regard.

— Nous sommes réunis ici ce soir, dans la maison du plaisir pour célébrer la Sainte Verge mère du Pieu. déclara-t-il en ouvrant largement les bras, aussi solennellement que s’il s’apprêtait à discourir.

De part et d’autre, on s’esclaffa d’anticipation, imbibé par l’alcool qui coulait à flot comme le fluide vital de cet immense organisme grouillant qu’était la maison close. Un coup d’œil à Virgil lui indiqua qu’il était prêt à noyer son désarroi dans l’hypocras. Tout était en place, il pouvait donc commencer.

— Je vous salue Saint Vit,
Pleine de garces,
Le sein d'or est à vous
Vous êtes béni par toutes les femmes
Et Phallus, instrument de notre plaisir est béni.
Sainte Verge mère du pieu, priez pour nous,
Heureux pêcheurs, maintenant et jusqu'à l'heure de notre jouissance.
Amen.


Il leva la coupe, béni l’assemblée et en vida le contenu. Son ami quant à lui se passa une main sur le visage, vidant cul sec une deuxième coupe de concert. Ah Coldris… Il était la preuve vivante que Dieu existait bel et bien – et qu’il ne devait pas être dénué d’un certain sens de l’humour –, car qui d’autre aurait-il pu inventer un tel personnage ? Ce qui ne l’empêcha pas pourtant d’implorer par pur réflexe la miséricorde divine pour son ami.
De concert, la foule scanda un large « Amen » de ceux pleins de l’enthousiasme dont manquait cruellement les églises. Mais c’eut été trop espérer que d’imaginer que son ami s’en tiendrait à cette simple prière (qui, il le reconnaissait, était somme toute bien trouvé si l’on s’affranchissait du blasphème). Il prêcha un instant la bonne parole, mère de volupté et de luxure avant de détourner une nouvelle prière en s’adressant cette fois-ci à cette catin qu’il appréciait tant.

— Ô ma fleur de nuit, ô bonheur d’un jour, je m’offre à vous tout entier, et pour vous donner une preuve de mon dévouement, je vous consacre aujourd’hui mes yeux, mes oreilles, ma bouche, ma verge, tout moi-même. Puisque je vous appartiens, ô ma belle de nuit, gardez-moi, dévorez-moi comme votre gourmandise et votre délice. Amen.

Levant les bras au ciel, il déclara la messe finie en embrassant copieusement son assistante dont il ceignit la taille de son bras. Il en avait même oublié Virgil qui devait descendre verre sur verre pour se laver les oreilles et purifier son âme de tout ce qu’il venait d’entendre.

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Message par Cassandre Velasquez Sam 21 Aoû - 20:05

[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé] Louise11
Louise, 33 ans, prostituée au Lupanar

Louise se trouvait dans la salle principale depuis le commencement du tapage. Elle ne savait que dire si ce désordre l'agaçait ou lui était appréciable. Il lui permettait au moins de jouir d'une pause. Elle éprouvait une nausée de plus en plus croissante à enchainer les passes et avait vidé presque deux bouteilles dans l'espoir d'être enfin ivre et de ne plus rien sentir pendant le reste de la nuit. Son corps endurait malheureusement la boisson. Toute cette comédie grotesque lui était en vérité insupportable. Elle observait son amie Isabelle y participer avec entrain. Demain, elle se montrerait pourtant à l'église en bonne chrétienne, soucieuse de son âme, alors que ce soir celle-ci se dévoyait en s'improvisant prêtresse d'un ministre impie.

Le grand ministre récitait une prière et Isabelle le rejoignait pour enlacer ses hanches. Louise devinait bien que tous deux auraient vite faire de monter prochainement dans une chambre. Si cela persistait, son amie finirait par devoir présenter à cet homme deux enfants et non un seul. Son regard se tourna vers la porte en entendant un grand bruit. Elle aperçut un homme qui essayait de se relever et s'écroulait lamentablement au sol. Avait-il donc trop bu ? Louise l'approcha et le découvrit le long du chemin se remettre debout et s'effondrer lors de ses deux tentatives. Elle reconnut en s'approchant le prêtre grondé par le marquis d'Aussevieille et compatit de le voir aussi misérable. Contrairement au procureur, elle comprenait qu'un prêtre vienne au lupanar prendre du bon temps. Comment en vouloir un homme à qui on interdisait de baiser ? Elle se pencha et l'aida à se relever debout dignement.


"Que désirez-vous faire, mon père ?"

Elle lui parlait d'une voix douce et maternelle. Le prêtre eut un tressautement et il murmura :

"Rentrer. Je.. Je dois rentrer."

Son regard se posa vers Coldris et il cracha au sol.

"Quel individu grotesque. Je ne... je ne serai jamais comme lui. Non, je suis prêtre. Je dois être digne. Je ne dois pas être comme ça."

Louise lui adressa un sourire compatissant, émue par la résolution de cet homme perdu. Elle l'accompagna à al porte et l'observa sur le seuil.

"Vous êtes certain que vous saurez rentrer seul ? Je pourrais vous accompagner."

Elle aurait tout tenté pour quitter cette maudite soirée et espérer ne pas y revenir trop vite. Le prêtre bredouilla :

"Non, ça va. je vais bien. Merci."

Louise le salua poliment d'un regard triste puis retoirna dans la salle où tout le monde s'excitait du comportement festif du ministre. Cette liesse la répugnait mais la reposait pour quelques temps encore. Elle se laissa tomber par hasard sur la banquette où buvait le marquis. Elle lui adressa un pâle sourire.

"Me permettez-vous de boire en votre compagnie, messire ?"











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Message par Coldris de Fromart Lun 23 Aoû - 10:02



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Son verre désespérément vide, il s’empressa de le remplir pour la cinquième fois de la soirée. De toute évidence, ce n’était que le début. Il n’y avait qu’à voir Coldris sur son promontoire qui était déjà en train de saisir à pleines mains la poitrine de la prostituée qui lui avait servi d’assistante. Le regard rivé sur la femme, il se souvenait l’avoir aperçue pleine de piété à la messe. Comment pouvait-elle entrer dans son jeu en blasphémant de la sorte ? Il soupira. Cela l’écœurait profondément. Il détourna le regard lorsque son ami la plaqua contre le mur pour la dévorer jusque sous ses jupons.

Ses yeux retournèrent vers la porte où gisait toujours lamentablement le prêtre. Il tendit l’oreille pour saisir au vol les paroles échangées. Était-il obligé de cracher à terre comme un gueux ? Il trempa les lèvres dans son verre. Puisse cette leçon lui servir, c’était tout ce qu’il lui souhaitait. Il pouvait tout de même remercier cette fille de joie pour son aide compatissante, après tout, elle n’était pas payée pour ses mots bienveillants, sans parler du fait qu’un curé ne devrait pas être un client de choix pour un lupanar. Il abandonna cette scène pour un coup d’œil à son ami qui… Enfin peu importe, c’était Coldris, il prierait pour lui comme toujours.

Me permettez-vous de boire en votre compagnie, messire ?

De cette scène de débauche, il reporta son attention sur la voix de la douce femme qui avait aidé le prêtre et lui adressa un sourire.

— Avec plaisir, tant que vous n’espérez rien de moi, j’ai déjà donné en péché pour ce soir. Je ne fais que patienter le temps que… il leva sa coupe pleine vers Coldris qui n’avait même pas pris la peine de retourner dans sa chambre je puisse ramener mon épave d’ami chez lui.

Ses lèvres se trempèrent dans le vin épicé, à la douceur de velours.

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Message par Cassandre Velasquez Lun 23 Aoû - 11:11

[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé] Louise11
Louise, 33 ans, prostituée au Lupanar

Derrière la rambarde, Isabelle se livrait au même spectacle, à la limite de l'exhibition avec le souverain de la débauche. Elle entourait les hanches du ministre et lovait tout son corps contre le sien tout en l'embrassant dans la nuque. Louise détourna rapidement le regard, répugnée, et esquissa un pâle sourire au marquis.

"Je ne m'y connais pas beaucoup en navigation, messire, mais si je ne m'abuse, une épave a coulé, non ? Or, l'homme que je vois actuellement m'a l'air encore en bon état. Je crains que le naufrage ne sort pour fort tard."

Sur cela, elle se servit et but une longue gorgée de ce succulent vin épicé.

"Je serais ravie de vous tenir compagnie, messire, même sans le péché."

Une pensée s'agita alors dans son esprit. Si ce noble tenait tant à rester vertueux, cela pourrait se révéler à son avantage. Louise se pencha pour murmurer discrètement :

"Si vous le souhaitez, lors de vos prochaines visites, réservez-moi directement. Une fois dans la chambre, nous ne sommes tenus de faire ce que nous y voulons et nous racontons ensuite ce que nous en désirons."

Son regard se tourna pour dévisager l'animation qui reprenait peu. Les clients se mettaient à imiter leur chef de file et s'adonnaient à la pratique avec la prostituée la plus proche. Un malaise s'empara d'elle. Instinctivement, sa main se serra autour du poignet du marquis d'Aussevieille.

"Nous... Nous sommes ensemble, d'accord ? Faisons comme si, je vous en prie. C'est..."

Ses yeux fixèrent le bout des escalier, là où commençait le couloir qui menait aux chambres. Non, elle ne voulait pas y retourner. Elle avait enchainé de passes pour ce soir. Qu'on la laisse tranquille. pourtant, la maquerelle attendait dans un coin et surveillait le moindre geste. Elle la remarquerait vite inactive et lui ordonnerait de retourner au travail. Sa main, dégoulinante de sueur, se posa sur la cuisse du marquis.

"Je.. pardonnez-moi.. mais faites comme si.. Je vous en prie. Je ne vous demanderais pas plus."




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Message par Coldris de Fromart Lun 23 Aoû - 20:40



Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Une prostituée venait de le rejoindre pour lui tenir compagnie, celle qui s’était inquiétée du malaise du curé, quant à lui, il descendait verre sur verre en attendant de pouvoir repartir avec ce débauché qui lui faisait office de meilleur ami depuis… presque vingt ans désormais. Il retourna son sourire à la femme qu’il venait de servir.

— Oh ce n’est qu’une question de temps. Au risque que cela vous paraisse étrange, voire étonnant, je puis vous affirmer qu’il a déjà bu plus que de raison pour s’être adonné à un tel spectacle. Je ne suis pas sûr qu’il tienne décemment debout lorsque le glas de sa soirée sonnera.

Chacun avala une gorgée de vin, ignorant le restant de la salle qui semblait prise d’une folie charnelle. Virgil quant à lui se réjouissait d’avoir trouvé la femme idéale avec qui passer le restant de la nuit. Elle se pencha même à son oreille pour lui murmurer quelques paroles qui furent sans doute interprétées comme enflammées par leur voisin compte tenu du visage perplexe du marquis. Il soupira et se laissa tomber au milieu des coussins de velours et de taffetas colorés.

— J’y songerai je vous remercie, mais vous savez je n’ai rien d’un saint homme quoi qu’en dirait mon ami pour qui je serai toujours bien trop vertueux et droit. En vérité, il m’arrive de ne pas être plus chaste que n’importe qui d’autre. Je ne fais que sauver les apparences, voilà tout.

Il avait beau dire « non », Coldris avait raison : il y avait toujours au fond de lui, cette petite voix qui lui murmurait « oui ». Et quoi qu’il fasse, il ne pouvait que reconnaitre en éprouver un certain plaisir coupable lorsqu’il cédait finalement à la tentation. Cependant, il devait bien avouer que cette proposition – somme toute attrayante – l’intriguait. Ce n’était pas la première fois qu’il venait ici, mais c’était bien la première fois qu’on lui suggérait une telle idée. À croire qu’elle aurait tout fait pour y échapper. Quel triste sort tout de même. C’était… Il remarqua son regard fuyant vers les autres filles, quasi angoissée, lorsqu’une main serra soudain son poignet. Il releva ses yeux gris acier avec bienveillance croisant les siens. Il avait presque l’impression d’entendre son cœur s’emballait à l’idée d’être renvoyé en chambre à écarter les cuisses ou se plier à Dieu savait quelle excentricité.

— Allons, ne serrez pas mon poignet comme cela, mademoiselle. Il chercha du regard la propriétaire des lieux tout en poursuivant : ne vous en faites pas, je ne vous laisserai pas y retourner, mais il va falloir se montrer plus convaincant pour espérer les tromper.

Elle relâcha son étreinte pour reposer sa main sur sa cuisse alors qu’il glissait la sienne le long de sa joue et embrassa son cou.

— Alors faisons comme si, puis nous monterons à l’étage attendre que mon ami termine ses petites affaires, chuchota-t-il lorsque ses lèvres quittèrent sa peau tiède.

Son bras redescendit dans la chute de ses reins et il l’attira contre lui faisant mine de la câliner tout en baisant le sommet de son crâne.

— Je ne vous ai pas demandé votre nom, ce sera tout de même plus convivial puisque nous allons être, semble-t-il, très intimes prochainement.

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Message par Cassandre Velasquez Mar 24 Aoû - 11:06

[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé] Louise11
Louise, 33 ans, prostituée au Lupanar

Louise observa le ridicule spectacle qui se jouait à la rambarde avec son éternel sourire de complaisance, puis tourna la tête tête vers le marquis en l'entendant répondre en riant doucement.

"Vraiment ? Quelle est donc la différence alors avec tous les clients présents dans cette sale ce soir ? D 'ailleurs, vous, vous avez ainsi résolu d'un quelconque pari ? L'homme qui resterait lucide dans cette mascarade ? Je ne sais si c'est du courage ou de l'inconscience."

Sur cela, elle porta le verre à ses lèvres et le vida d'un trait. Si elle pouvait céder enfin à l'ivresse et endormir enfin justement cette maudite conscience. malheureusement, son corps était résistant et ne s'abandonnait pas si facilement. Dans tous les sens du terme.  Le marquis reprit la parole pour se défendre sa vertu, ou plutôt assurer ne pas être aussi chaste qu'il ne le laissait voir. Elle secoua la tête.

"Vous êtes un homme, messire, et ces... excès sont normaux. C'est pourquoi les prostituées existent."

Elle resserra ses cuisses sous jupons. Son esprit comprenait la logique du système parfaitement huilée. Les épouses servaient à la vie sociale et à produire des héritiers. Elles étaient respectables. Néanmoins, les maris éprouvaient des pulsions et il leur fallait des femmes à honorer pour les satisfaire. C'était leur rôle. C'était son rôle.

"Et puis, je vous ait déjà aperçus. Votre ami aussi? Contrairement à bien des clients, vous savez vous tenir, même dans les pires moments. Peu d'hommes s'en montrent capables."

Brusquement, Louise perdit le peu d'assurance qu'elle parvenait à conserver en remarquant la maquerelle qui inspectait sa horde et se demandait si elle comptait reprendre le travail. Elle la sentait proche de venir et de le lui rappeler. Paniquée, elle tenta un geste maladroit, qui ne présentait rien de naturel, pour persuader le marquis de donner l'impression de la retenir. Il resta calme mais la calma de son air doux et prévenant. Louise se ressaisit et répondit dans un murmure.

"Merci."

Malgré le dégoût de devoir se plier à cette comédie répugnante, Louise se plia aux caresses que son interlocuteur se prêtait pour donner le change. elle leva la main pour la glisser le long de sa joue. Elle se terrait à nouveau en elle et laissait paraît l'image de la belle femme désirable qui jouait l'inaccessible pour mieux séduire ses futurs clients. Le baiser dans sa nuque lui tordit le ventre. Elle voulait vomir. Ou mourir peut-être bien. C'était presque la même chose. Elle sentait pourtant la douceur et la retenue de ses gestes. Il n'y avait rien dans son attitude qui imprimait le désir. Il aspirait à la faire monter et à respecter leur engagement. Néanmoins, même pour quelques minutes, c'était déjà au-dessus de ses forces. Elle voulait disparaître. Disparaître loin.

Lorsqu'il lui demanda son nom, Louise se redressa, arborait une expression espiègle, à des lieux de son état d'esprit, et répondit :


"Le même que celui de nombreux Rois de France, messire, mais au féminin."

Sur cela, Louise se leva et lui saisit la main.

"D'ailleurs, il n'y en eut pas un pour dire, qui m'aime me suivre, je crois ?"

Malgré les élancement de son estomac, son masque restait intact. Elle tiendrait encore. Le temps d'arriver à la chambre et de se relâcher enfin.



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Message par Coldris de Fromart Mar 24 Aoû - 22:20



Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Tous deux observaient vaguement Coldris faire montre de ses talents de Grand Prêtre de la Luxure souriant au cynisme de la jeune femme.

— La différence? C’est qu’il est le roi ici, eux ne font que suivre bêtement. Tenez je suis sûr qu’il pourrait parvenir à leur faire faire des idioties si l’envie lui prenait. En voilà une excellente idée qui pimenterait leur prochaine soirée et remplirait le carnet de paris pour le mois. D’ailleurs en parlant de pari… Vous n’y êtes pas tout à fait en général je suis ici quand je les ai perdus, mais cette fois-ci, il a simplement réussi à piétiner mes excuses. Pour tout vous dire cela tient plus de l’habitude.

Virgil vida son verre de concert avec elle et refit le service. Il se demanda combien elle avait bien pu en boire depuis le début de cette soirée. Toujours était-il qu’elle se méprenait sur lui et sa sainteté présumé et exposé. Il n’était qu’un homme comme elle le soulignait si bien et les prostitués avaient toujours existé. Néanmoins son éducation l’empêchait de céder aussi facilement que pouvait le faire Coldris ou d’autres. Il se battait bien souvent pour demeurer dans ce droit chemin et mener une vie respectable en tout point. Et cela était d’autant plus vrai depuis que Démétrius était entré dans sa vie. Il ne pouvait pas lui dire une chose et faire son contraire quel genre de père aurait-il été alors ?

Se tenir était la moindre des choses. Il n’était pas un animal qui troussait tous les jupons. Quelle tristesse de voir à quoi l’humanité en était réduite.

— Mon ami a plein de travers, mais tout cela, c’est juste car il est un amoureux des femmes. Il aime les femmes comme certains aiment les belles œuvres d’art ou les bons plats. C’est bien plus qu’un simple plaisir charnel. Il les aime tellement que figurez-vous qu’un jour j’ai chronométré pour m’amuser combien de temps il pouvait tenir en description de sa dernière conquête : quarante-cinq minutes ! Vous rendez-vous compte ?

Et le pire dans tout cela c’est qu’il avait un tel talent pour conter qu’il aurait bien pu l’écouter durant le double de temps sans se lasser de ses métaphores dont il joignait bien souvent le geste à la parole avec un enthousiasme débordant. La jeune femme sembla tout à coup effrayée à l’idée d’être surprise à bavarder et non à travailler en sa compagnie. Il était hors de question de la laisser ainsi aussi joua-t-il le jeu, de manière à convaincre de son attrait. Le marquis avait beau tout faire pour ne pas se montrer invasif, il la sentit se contracter à son approche et cela lui serra le cœur de la voir dans un tel état. Il tenta de détendre l’atmosphère en lui demandant son prénom.

— Enchanté, Louise. Le bienséance voudrait que j’en fasse de même, mais je doute que cela soit nécessaire.

Sur ce elle lui attrapa la main pour l’extirper de ses coussins. Il eut tout juste le temps d’attraper la carafe et les deux verres à pied dans sa main libre avant de se laisser entrainer vers l’une des chambres.

— Pas que l’histoire ne le mentionne en tout cas, néanmoins je suis certain que plus d’un ont dû prononcer cette phrase.

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Message par Cassandre Velasquez Mer 25 Aoû - 11:03

[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé] Louise11
Louise, 33 ans, prostituée au Lupanar

Louise écoutait vaguement les réponses du marquis sur les précisions que celui-ci apportait sur le ministre qui se sentait au lupanar comme un roi. Son esprit s'égarait et redoutait le moment où la maquerelle approcherait pour lui imposer de reprendre le travail. Son interlocuteur se montra merveilleux et accepta de jouer la comédie pour monter dans sa chambre, sans qu'il ne soit question de rien. Dès qu'elle fut levée, elle traversa rapidement la salle, oubliant presque son rôle qui consistait à attirer son client, s'en rappelant cependant de temps en temps pour marquer un léger arrêt et la laissa la rejoindre. Cela serait sûrement pris pour un jeu de chat et souris. Cela passerait.

Lorsqu'elle poussa la porte de sa chambre, le décor triste apparut. Elle était certes luxueuses mais pour son regard cela n'était rien de moins qu'une belle cage. Une cage dorée, certes, mais une cage resterait toujours une cage. Ses muscles commencèrent à se relâchèrent et la nausée devint de plus en plus forte. Elle s'approcha d'un pot près de la commode et vomit dedans. Louise se tourna ensuite vers le marquis, le visage blême, honteuse.


"Pardon... Pardon de vous infliger un spectacle comme ça."

Elle s'effondra sur une chaise, épuisée.

"Vous avez déjà ressenti, messire, une lassitude pour la vie ? Comme... comme le fait que quoique vous fassiez, vus vous en sortirez pas ? Que ça sera toujours comme ça, sans espoir ?"

Une larme perla à ses yeux et fit couler un peu de son maquillage pour révéler le visage marqué de cette femme déjà usée par les épreuves de la vie.


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Message par Coldris de Fromart Mer 25 Aoû - 11:49



Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Virgil suivit la dénommée Louise, prostituée de son état, dans l’une des chambres à l’étage, pour ne rien faire d’autre que parler, boire et manger, en tout bien tout honneur. Il ne connaissait que trop bien que ses chambres pour y venir toujours trop régulièrement à son goût et pas plus tard que l’heure précédente. À peine arrivée, elle se dirigea vers un pot de chambre et y vida le contenu de son estomac en plusieurs spasmes sous le regard désolé du marquis qui restait en retrait.

— Il n’y a pas de mal. Vous devriez sans doute arrêter de boire pour ce soir. Souhaitez-vous manger quelque chose ?

Alors qu’elle se laissait tomber sur une chaise, il s’installa confortablement sur le bord du lit qui lui faisait face, observant l’abattement de la catin. L’épreuve la plus difficile de sa vie avait été de contredire son père pour tracer sa propre voie. Le reste… Il ne l’avait vécu que par procuration en aidant Coldris à faire son deuil et à y survivre.

— À vrai dire, non. Ma vie n’a jamais rien eu de compliqué au point de sombrer dans le désespoir, mais je comprends ce que vous voulez dire pour en avoir été témoin. Je suis plutôt celui qui tire les autres que celui qui sombre.

Il afficha un discret puis se leva pour lui tendre son mouchoir afin qu’elle éponge ses larmes.

— Pour tout dire, je ne sais pas si je serai capable d’une telle chose. J’ai trop confiance en la vie et en Notre Seigneur pour ne pas espérer voir le soleil se lever y compris lors des nuits les plus longues et les plus obscures. Puis-je vous poser une question, Louise ?

Il patienta le temps d’obtenir son accord puis reprit :

— Je vois bien que faire ce travail ne vous plait pas le moins du monde, bien au contraire, alors… pourquoi continuer dans cette voie ? Vous devez sans doute trouver cela naïf de ma part, mais vous êtes libre, libre de cesser cette activité ...

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Message par Cassandre Velasquez Mer 25 Aoû - 15:35

[Flashback -22 mai 1589] - Le curé qui louait les seins [Terminé] Louise11
Louise, 33 ans, prostituée au Lupanar

Louise remettait, honteuse, de la nausée qu'elle venait de relâcher, et n'osait pas croiser le regard de son interlocuteur. Il ne manifestait pourtant aucun dégoût suite à ce répugnant spectacle. Le marquis continuait même à lui témoigner de al sympathie. Sur quel saint homme descendu du Ciel était-elle donc tombée ? Elle répondit dans un filet de voix misérable.

"Je n'aurais effectivement plus rien bu tant que je restais ici, à l'abri dans cette chambre, loin d'elle."

Son corps frissonna au souvenir de l'effrayante et sournoise maquerelle. Le marquis continuait de lui parler doucement et ne la jugeait pas. Il s'intéressait à son sort et se demandait pourquoi elle n'arrêtait pas de mener cette vie honteuse. C'était effectivement bien naïf, mais elle en comprenait la raison. Les maquerelles n'agitaient pas au grand jour leurs secrets pour apporter toujours plus de bonnes filles à leur clients. Louise répondit calmement en prenant soin à ne pas le blesser.

"Je n'ai pas le luxe de ce choix, messire. malheureusement. C'est la prostitution ou la rue. J4ai déjà tenté le second. Ce ne fut pas brillant. J'ai bien failli mourir de faim. Et puis..."

Sa voix se brisa à l'idée d'évoquer cette révélation. Il méritait cependant de savoir.

"Je ne suis pas si libre que cela. Comme beaucoup de filles que votre ami aura sauté."

Elle se versa un verre d'eau et but une gorgée avant de commencer.

"Je faisais autrefois un apprentissage dans un atelier de couture. Le maitre me disait douée. Puis, il y a eu une épidémie de variole. Le maître et son fils sont décédées. Mes parents aussi. Je me retrouvée à la rue, sans un sou. Une femme m'a approché un jour. Elle m'a emmené chez elle, elle m'a nourrie... Après quelques jours, elle m'a expliqué que tout cela n'est pas gratuit, que je devais la rembourser. Cela me semblait normal. Elle m'a apporté un contrat dans lequel je m'engageais à lui rembourser une petite somme chaque mois. J'ai signé. En oubliant que je n'avais pas de travail. Et là, elle m'a parlé de... son établissement. Elle m'a expliqué que cela ne durerait pas, que c'était du provisoire. Sauf qu'elle trouve toujours de quoi ajouter de nouvelles dettes. Les consommations d'alcool, notamment. Toutes les filles boivent ici pour supporter le métier et surtout les clients les plus rustres. Elle en profite pour nous les facturer, même quand les clients ont annoncé payer. "

Son regard résigné croisa celui du marquis.

"C'est cela l'existence d'une prostituée, messire, une fois qu'on y tombe, on ne peut plus s'en extraire? C'est un piège mortel."

Le souvenir d'Isabelle radieuse avec son ministre lui vint.

"Il n'y a que celles comme Isabelle qui s'en sortent mieux. Elles l'nt choisi ce métier. Mais je doute que beaucoup de filles ici soient dans ce cas. Ou pas. Au fond, nous ne parlons jamais de ça. Ni de clients. Nous tentons surtout d'oublier la journée. De penser à autre chose."
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Message par Coldris de Fromart Mer 25 Aoû - 16:22



Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Voir cette pauvre fille si désespérée lui serrait le cœur de miséricorde autant que d’incompréhension. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser une jeune femme à se terrer là quand elle détestait visiblement cela à un point… viscéral.

Comment pouvait-on ne pas avoir le choix ? Que l’on soit noble ou roturier, on avait toujours le choix de mener sa vie comme on l’entendait. Elle aurait pu chercher un tout autre travail, quel qu’il soit. Coldris était bien venu à la capitale sans rien – excepté son arrogance et son intelligence – lorsque l’on voulait, on pouvait. Il la laissa cependant poursuivre, touché par ce filet de voix qui s’échappait de sa gorge étranglée. Il l’écouta partager ses confessions avec attention, ne lâchant qu’un « Seigneur Dieu tout puissant… » lorsqu’elle évoqua la manipulation de la maquerelle pour la faire entrer au lupanar. C’était le genre d’anecdotes qui le révulsaient. Tant d’inhumanité… Où était donc parti le concept de charité ? Il serra les mâchoires abaissant ses sourcils. Dire qu’il aurait pu jeter la maquerelle à la rue au prétexte d’une quelconque irrégularité dans les contrats ou les comptes – chose qu’il était persuadé de trouver chez ce genre d’individus aussi peu scrupuleux –, le seul problème c’est qu’elle serait aussitôt remplacée par une autre qui ne serait certainement guère mieux. En revanche, il pouvait utiliser son statut pour faire pression… Virgil se pencha légèrement en avant.

— Je pourrais acheter votre liberté, Louise. Vous pourriez recommencer une nouvelle vie. Je suis certain que vous pourriez trouver une place de couturière ou tout autre chose qui vous déplaira moins que votre activité actuelle.

Il était même prêt à la prendre à son service à Saint Eloi. Il y avait toujours besoin de petites mains pour s’occuper d’un tel hôtel. Ce ne serait peut-être pas la vie rêvée, mais elle n’aurait plus à supporter les assauts répétés des hommes à longueur de nuit.

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