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[Nuit du 27 au 28 janvier 1598] - Cette étincelle jaillie sans préavis [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Jeu 19 Aoû - 9:52





Il avait toujours ce goût caractéristique sur la langue d’alcool fort et de safran lorsqu’il repoussa l’édredon pour se lever. Au-dessus de lui, les volutes du plafond sculptées ondulaient comme de sombres serpents étouffants. Il résolut de s’extraire du lit et quitta la demeure. Dehors, il faisait une nuit d’encre, surplombée d’une chappe de velours noir. Il avançait désormais, déterminé entre les griffes ténébreuses des branchages qui tentaient de lacérer ses chairs. Une impression de déjà-vu. Il y eut cette odeur d’humus. D’humus et de tourbe qui lui assaillit les narines. Ses pieds s’enfoncèrent soudainement dans une bouillie gargouillant d’eau et de vase sans qu’il n’en ressente le froid glacial mordre ses chairs. Entre deux pas pénibles dans cette eau qui lui arrivait à mi-mollet, il remarqua tout à coup une petite lueur dorée qui tentait de se maintenir à hauteur de ses yeux. Comme un feu follet. Il avança dans sa direction attirée par son aura qui contrastait avec l’obscurité ambiante. Quelques pas glougloutant. Sous l’eau, sa marche n’était pas aisée, il heurtait de nombreuses racines pourries. Pourries, car c’est ce que son nez lui renvoyait comme information : moisies, pourries, putréfiées. Une odeur âcre qui lui donnait envie de cracher ses poumons pour l’extirper. Elle était toute proche, sa petite lumière. Suffisamment du moins pour éclairer les alentours. Il baissa les yeux vers ses hanches désormais immergées sous l’eau. Derrière le miroir cristallin, il percevait désormais tous ces obstacles d’albâtre qu’il avait heurtés et sur lesquels il avait trébuché : des bras, des jambes, des torses. Des corps sans vies, coulés, des têtes sans visage comme si l’artiste avait oublié ce menu détail.

Son estomac voulait se déverser, mais rien n’en sortit. Il voulait quitter cet endroit. Il ne savait même pas ce qu’il faisait là. Il se mit à courir avec une étonnante facilité dans cette soupe de morts aux relents pestilentiels. Des mains tentèrent bien de le retenir pour le faire couler, mais il se dégageait à chaque fois, se concentrant uniquement sur la petite étincelle dorée qui voletait face à lui. Ses pieds heurtèrent la terre ferme et il s’écroula au milieu des feuilles mortes le temps de reprendre son souffle. Il n’avait pas froid, il n’était même pas mouillé par sa baignade improvisée dans une eau à moitié gelée. Il n’avait que ses tripes qui s’essoraient dans son abdomen. Il se releva finalement et chemina entre les arbres, éclairé par la petite lueur vrombissante. Il déboucha sur une chaumière fumante dont il poussa la porte avec un profond soulagement, comme s’il savait exactement qui vivait ici. C’était le grand salon de Saint Éloi. Avec ses fameuses armures médiévales, ses épées exposées, ses fauteuils et canapés tapissés de pourpre dans lequel se trouvait Virgil assis tout près de l’âtre, un feuillet entre les mains.

— Oh Coldris ! Te voilà! Tu ne sais pas que le roi nous a demandé un décret de préservation des phénix ?

Coldris s’installa et prit le verre de whisky déjà rempli.

— C’est à se demander pourquoi il n’a pas mis un phénix plutôt qu’un aigle sur ses armoiries. ironisa-t-il
— Trois lettres de jussion pour un volatile ! Le parlement a beau lui dire que cela n’existe pas, il s’obstine à exiger son ordonnance !

Il avisa une souris qui venait d’apparaitre sur la petite table entre les verres.

— Virgil?
— Oui?
— Il y a une souris en train de boire à ton verre…
— Oh! En effet. Virgil l’attrapa par la queue et la jeta au sol avant de lui jeter un énorme registre juridique. Sens le poids de la justice, créature de Sodome!
Puis il se tourna vers Coldris, comme si de rien n’était:
— Rassure-moi, tu vas l’épouser celle-ci, n’est-ce pas?

Le regard toujours rivé sur l’imposant ouvrage, il n’était pas sûr d’avoir bien compris la question.

— Je suis navré, mon ami, je crois que je dois y aller… On m’attend, tu sais…

Et sans attendre, il se leva, ressortant par la porte par laquelle il était arrivé et déboucha sur une grève battue par les flots. Les embruns lui fouettaient le visage à chaque nouvelle vague. Il était assis sur les galets sans en ressentir pourtant les irrégularités. Il se vit recroquevillé au cœur de cette crique, les imposantes falaises de Lodmé le surplombant de toute leur grandeur. Il se sentait si petit, si faible, si misérable en comparaison avec ses grandes dames chevelues d’une herbe rase et grasse. Il se laissa hypnotiser par les mouvements d’écumes, ces millions de bulles à l’existence éphémère qu’il n’avait jamais le temps ni de dénombrer ni d’examiner réellement que les dessins en disparaissaient irrémédiablement emportant leur mystère à tout jamais. Le vent soufflait dans ses courts cheveux bruns. Il était ses vingt ans et ses cinquante. Le passé et le présent réunis. Le temps se brouillait sur ce rivage. Il leva les yeux vers l’horizon où s’écrasaient les lames dans une explosion de gouttelettes. Il remarqua une forme fantomatique flottant à la surface, balloté par les remous. Il ne la discernait pas, mais savait d’instinct de quoi il s’agissait. Le sel de ses larmes se mêla aux embruns qui continuaient de l’asperger. Comme le petit garçon de dix ans qu’il avait été un jour, il serra ses genoux entre ses bras tremblants. Le passé qu’est-ce que c’était ? Il ne savait plus dire d’où lui venait le sel qui ravinait ses joues, le regard perdu vers cette mer déchainée.

— Qu’est-ce que tu regardes, Coldris ? s’enquit une voix familière derrière lui.

Il se retourna. Elle était pourtant là avec ses cheveux blonds qui fouettaient son visage de porcelaine. Toujours aussi belle malgré les années. Son regard retourna vers les flots : le fantôme avait disparu.

— Alors tu viens ? J’ai toujours voulu te montrer les plages, tu m’avais promis de venir …
— Je sais, mais… La vérité c’est que… je déteste Lodmé. Je ne veux pas y mettre les pieds. Je suis désolé. Je ne peux pas. Je ne peux pas venir. Je dois rentrer, mais je reviendrai. Je dois voir quelqu’un. C’est important.

Il se leva. Elle n’était plus là. Il le savait. Elle était partie depuis de bien nombreuses années. Elle n’était que l’écho des vagues, un fantôme d’écume. Aphrodite en était née, Aurélia en était morte. Il le savait ce n’était qu’un écho, comme on entendait la mer dans un coquillage. Lointaine, diffuse création de son esprit. Il se remit en chemin…

— Messire ? Messire?

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 19 Aoû - 22:08

Il faisait drôlement froid, mais Eléonore n’avait pas un instant envisagé de le faire remarquer. Jean lui demanda pour la millième fois si tout allait bien. Comment aurait-ce pu aller mal alors qu’ils étaient sortis ? C’avait été presque trop facile pour la terreur de Tianidre. 

Jean, était bien le seul imprévu qu’elle ait eu à essuyer. Un soutien inattendu qui connaissait bien mieux qu’elle les routes qui partaient de la ville. Elle aurait foncé à l’instinct, au souvenir. Son sens de l’orientation ne lui avait jamais fait défaut. 

— Nous arrivons, annonça Jean d’une voix assurée. 

Eléonore acquiesça, et se cramponna davantage à lui parce qu’elle se trouvait prise de vertiges. 

— Vous allez encore me dire que tout va bien ?

— Je suis seulement un peu fatiguée.

C’était qu’elle avait à peine fermé l’oeil la nuit précédente. Elle avait beau savoir qu’elle aurait besoin de sa tête, ses pensées n’avaient à aucun moment voulu cesser, et elles avaient tourné en boucle dans son esprit jusqu’à ce que le plan soit réalisé. Et celles d’avant, elle ne voulait pas y penser. Alors oui, sans doute tomberait-elle de sommeil dès que sa mission accomplie, mais pour l’instant, elle tenait très bien. Elle était juste contente de pouvoir compter sur quelqu’un de bien réveillé. 

— Nous y sommes, répéta Jean à son esprit engourdi. 

Eléonore leva les yeux. Ah, oui, en effet. Hmmm. Non ! Elle tira sur la manche de son cousin. 

— Attendez. On ne peut pas y entrer maintenant, on est en plein milieu de la nuit.

Jean poussa un profond soupir. 

— Vous ne voulez tout de même pas attendre dehors que le soleil se lève ?

— Eh bien...

— Vous allez mourir de froid.

— Mais on ne peut quand même pas réveiller tout le monde !

Nouveau soupir. Jean secoua doucement la tête et fit avancer le cheval jusqu'aux grilles où il l'annonça. Oui, c'était bien mademoiselle, quoi que sa tenue dise. Le vicomte n'avait pas encore de faible pour les jeunes hommes, à sa connaissance. Valmar arriva une poignée de minutes après pour confirmer son identité et lui faire ouvrir. Jean, qui avait mis pied à terre le premier, s'empressa de lui proposer son aide pour en faire autant. Même si elle savait très bien se débrouiller, Éléonore accepta et se retrouva bientôt par terre à s'excuser de les déranger à une telle heure. Puis, comme on l'invitait à l'intérieur, elle consulta son ancien cocher du regard. Il ne pouvait pas faire demi-tour en pleine nuit… Pourquoi se retrouvait-il embarqué dans sa folie ? Il verraient cela plus tard. Quand elle aurait parlé à Coldris. Pour l'instant, ils se séparaient. 

Elle n'était pas prête. Mais ce n'était pas grave, à cette heure, Coldris dormait certainement. Elle aurait le temps de mettre ses excuses en ordre. Lui avait-il vraiment pardonné ? Oh, mais il l'aimait encore, pourquoi le dire sinon ? Oh mais il n'empêchait pas que tout était encore de sa faute… 

Elle arriva dans le hall où Léonilde l'attendait. Mince, il fallait vraiment que son arrivée réveille la moitié du château ?! Elle avait pourtant bien dit à Jean qu'elle pouvait attendre dehors…

— Je suis désolée, je sais que je n'aurais pas dû venir si tard… - on ne disait pas encore "tôt" à cette heure-ci, tout de même ? - Je… sais qu'il ne pensait pas tant à ça quand il m'a écrit que nous devions parler mais… Pensez-vous qu'il me laisserait attendre ici que...

Que quoi ? Qu'il soit éveillé ? Était-il seulement là ? Et puis, il aurait sûrement du travail demain… Elle ne pouvait pas arriver et décréter que c'était maintenant qu'ils devaient discuter. Pas après ce qu'elle avait fait. Petite princesse capricieuse, il l'avait dit lui-même… Elle baissa les yeux, ennuyée. Cela ne se faisait vraiment pas. D'autant plus qu'en arrivant de la sorte en plein milieu de la nuit, elle avait l'impression de leur forcer un peu la main… De toute façon, Gabriel l'avait bien dit : elle n'était qu'un monstre d'égocentrisme. Elle ne savait faire une ça, déranger tout le monde.
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Message par Coldris de Fromart Ven 20 Aoû - 22:55




Léonilde, 61 ans

Léonilde dormait profondément lorsqu’un garde le tira du lit situé dans l’antichambre des appartements du vicomte. Lorsque l’on pouvait être réveillé à toute heure du jour et de la nuit, il fallait savoir mettre à profit chaque minute de son temps afin de glaner ici et là quelques heures de sommeil. Ces derniers jours n’avaient pas fait exception à la règle, bien loin de là. Cette nuit le sieur de Fromart avait enfin accepté de recourir au laudanum pour chasser ses noires pensées et dormir tant cela devenait vital en le plongeant dans un état de nervosité fort peu commun.

— Le capitaine Valmar vous fait prévenir que Mademoiselle de Tianidre est au domaine en compagnie de son cocher.

La demoiselle de Tianidre ? Il fronça les sourcils, pas bien sûr d’avoir réellement entendu ce qu’il pensait avoir entendu, mais l’homme ne s’était pas attardé passé les remerciements d’usage. Bien, il verrait par lui-même de toute évidence. C’était tout de même une curieuse heure pour venir qui ne pouvait que se justifier par une certaine urgence. Il s’enroula dans une épaisse robe de chambre, saisit un bougeoir qu’il alluma dans l’âtre et descendit dans le hall lorsqu’il aperçut la silhouette massive du garde du corps en compagnie de celle plus fluette d’un jeune homme. Il fronça les sourcils, interloqué. Où était la demoiselle dont s’était épris son maitre ? Ce n’est qu’en descendant les dernières marches baignées de pénombre qu’il réalisa sa méprise.  Il s’agissait bien d’elle, seulement elle était vêtue en homme. Et la voici qui s’excusait. Il secoua la tête.

— Allons, ce n’est rien. Ne vous en faites pas pour cela. Soyez la bienvenue à Fromart, je vais faire installer votre cocher dans ma propre chambre et je vais vous accompagner dans l’une des chambres à l’étage. Vous devez être épuisée. Souhaitez-vous de quoi vous restaurer ?

Bien évidemment, il ne mentionna pas le vicomte, il ne savait que trop bien qu’elle aurait refusé de le déranger. Il se contenta donc de l’inviter à le suivre tandis qu’il remontait l’escalier de marbre. Il ouvrit la porte située face à celle de la chambre du seigneur des lieux.

— Je vous en prie, faites comme chez vous, Mademoiselle. Nous allons faire allumer la cheminée afin que cela soit plus confortable. Vous m’excuserez, mais je dois vous abandonner un court instant, ce ne sera pas long.

Le temps de tirer Coldris de son sommeil éthéré, en espérant qu’il y arrive. Il était si épuisé qu’il n’était pas impossible qu’il ait sombré trop profondément pour pouvoir le réveiller. Néanmoins, il se devait d’essayer, car il savait pertinemment qu’il n’attendait que cela et serait furieux de ne pas avoir été prévenu de son arrivée. Il subsistait toutefois un léger détail et arrivé à l’embrasure de la porte il jugea préférable de l’en informer dans l’éventualité où il parviendrait à lui faire reprendre conscience.

— Le vicomte a pris du laudanum ce soir pour juguler ses insomnies. Il se peut que son comportement soit étrange si vous veniez à le croiser d’ici demain matin.

Il s’inclina puis sortit. Il avait une mission à accomplir. Il entra dans la chambre via le bureau. Avec son bougeoir et la lueur tremblotante de la flamme, il s’approcha de son maitre profondément endormi. Léonilde déposa délicatement la bougie sur une commode hors de portée de ses bras qui pouvaient avoir des réflexes importants. Comme toujours, il paraissait fiévreux, trempé de sueur sous l’épais édredon que l’intendant avait déposé pour l’empêcher de prendre froid lorsque sa chemise serait mouillée. Quittant son chevet, il se dirigea vers une bassine et son petit linge voisin. Il le trempa légèrement dans l’eau puis retourna auprès du vicomte dont il épongea la chevelure puis le front avec douceur afin de le rafraichir. Une fois fait, ses mains se posèrent sur ses épaules puis il le secoua légèrement d’abord.

— Messire ? Messire?

Aucune réponse. Tout juste un grognement.

— Je sais que vous êtes épuisé…

Et si ce n’était pas si important, il le laisserait dormir seulement voilà… Il appuya plus fermement et tenta de le bousculer un peu plus.

— Je suis désolé de vous réveiller, mais Éléonore est à Fromart.

Son corps se crispa soudainement et il le sentit inspirer profondément l’air dans ses poumons. Il revenait à lui. Il l’avait entendu, il en était certain cette fois-ci. Il secoua encore, répétant sa phrase lorsque ses prunelles hagardes s’ouvrirent d’un coup.

— Je me suis dit que vous souhaiteriez en être averti. Désirez-vous que je lui dise de venir vous rejoindre ?

Léonilde lui laissa le temps d’intégrer sa question jusqu’à ce qu’il obtienne une validation puis se retira dans une inclinaison. Pourvu qu’elle ne soit pas endormie entre temps !

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Message par Éléonore de Fromart Sam 21 Aoû - 20:11

Ce n'était rien, ce n'était rien… C'était tout de même son métier de prétendre que ce n'était rien quand les gens comme elle se montraient pénibles. Il n'avait pas tant d'autres choix. Seulement, elle, elle ne voulait vraiment pas le réveiller pour rien en plein milieu de la nuit. Elle avait bien dit à Jean qu'il fallait attendre… Enfin, certes, il n'aurait sans doute pas été juste non plus de faire attendre Jean dehors juste parce qu'elle avait eu l'incroyable idée de filer de nuit. Elle s'en voulait de l'avoir mêlé à ses histoires. Beaucoup. En attendant, elle secoua la tête dans un timide "non merci". Elle ne voulait pas ennuyer plus de monde à pas d'heure, ni le faire courir lui-même plus que nécessaire, elle en avait largement assez fait. Et de toute façon, elle n'avait besoin de rien sinon de sommeil.

Éléonore suivit Léonilde à pas de loup dans l'escalier. Ne pas réveiller le reste du château était le moins qu'elle puisse faire, désormais. Elle entra dans la pièce qu'on lui désignait et qu'elle situait fort bien au milieu des autres. Faire comme chez soi… Cela, elle savait le faire à Tianidre, et même plus ou moins à l'hôtel Tidrien, mais pas ici. Elle n'avait jamais vraiment été à l'aise chez les autres, et sans la présence de Coldris pour lui donner l'impression qu'elle avait le droit d'être là, elle ne se sentait vraiment pas à sa place.  

Elle secoua légèrement la tête à cette histoire de cheminée. Non, non, non. Être à l'intérieur c'était assez. Et puis, à défaut de savoir coudre ou jouer de la musique, elle savait se débrouiller. Elle ne voulait pas occasionner de dérangement supplémentaire. 

Elle acquiesça lorsqu'il prit congé, puis fronça les sourcils à sa précision. Pourquoi aurait-elle besoin de voir Coldris avant le matin ? S'il dormait, il n'y avait aucune raison de le déranger. Enfin si : si Léonilde n'était pas sûr qu'il accepte sa présence. Et dans ce cas précis, elle préférait encore sortir et attendre le matin comme elle l'avait prévu. 

Éléonore le regarda sortir Elle resta quelques minutes plantée au beau milieu de la pièce, sans trop savoir ce qu'elle était censée faire.
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Message par Coldris de Fromart Dim 22 Aoû - 11:51




Les embruns fouettaient son visage et ses cheveux. Il sentait leur fraicheur presque revigorante dans cette lourde moiteur qui régnait. Face à l’océan, il ferma les yeux, profitant simplement de cet instant avant de se remettre en chemin.

— Messire ? Messire?

Le bruit du vent.

— Je sais que vous êtes épuisé…

Oh oui… Il était fatigué, éreinté, épuisé. Il prit soudainement conscience de ses pieds, nus depuis le début : ce n’était plus qu’un tas de chairs sanguinolentes. Étrangement, il n’avait pas mal. Il ne ressentait qu’une profonde lassitude. L’envie de se noyer dans cet océan, d’oublier, de disparaitre. Il entra dans l’eau. Il sentait un poids sur ses épaules. Le poids des ans sans doute… qui le secoua.

— Je suis désolé de vous réveiller, mais Éléonore est à Fromart.

Éléonore ? Il happa l’air comme au premier jour de sa vie d’une profonde inspiration sifflante. Il était de nouveau sous l’édredon. Sur les piliers du lit, le lierre sculpté en bas-reliefs s’enroulait comme l’un de ces serpents géants.

On dit que son regard vous captive afin d'endormir votre méfiance tandis que ses anneaux s'enroulent autour de vous et se resserrent.
Se resserrent.
Se resserrent.
Et lorsque vous en prenez conscience, vous êtes déjà entièrement à sa merci.

— Je me suis dit que vous souhaiteriez en être averti. Désirez-vous que je lui dise de venir vous rejoindre ?

Il ne comprenait pas bien ce que Léonilde tentait de lui dire, car c’était bien lui n’est-ce pas ? Ses pupilles fixaient obstinément l’ébène. Rejoindre. Il devait la voir, oui. Il ne savait plus où s’arrêtait la réalité et où commençait son imagination. Il acquiesça, incapable d’articuler le moindre son. La bouche pâteuse, les lèvres désespérément scellées entre elles.

Léonilde flottait sur le sol ondulant comme le pont d’un navire. Il n’arrivait pas à se fixer sur un point. La moindre forme se mettait à tourbillonner. Éléonore était là. Assis sur le bord du lit, ses doigts se refermèrent brièvement. Il devait la trouver. Elle était là. Il prit appui et se hissa sur ses pieds, chancelant. C’était comme être sur le navire de Sarkeris. Sauf qu’il avait l’impression d’être dans sa chambre... exception faite des serpents au plafond qui sifflaient par intermittence avec une certaine provocation ou moquerie selon l’air qui agitaient ses oreilles. Il se cogna dans la porte qui avait pourtant l’air ouverte quand bien même elle semblait se rétrécir au point de disparaitre. Vite, vite, il devait se dépêcher et pivota de côté pour entrer  dans un boyau bordé de petites lumières ondoyantes : le chemin des lucioles. Un grand sourire se dessina sur son visage alors qu’il remontait en titubant le corridor des Enfers vers sa belle Eurydice qui était en vie, elle.

L’intendant frappa deux petits coups secs à la porte, espérant qu’elle réponde et qu’elle ne se soit pas endormie. Lorsqu’il en reçut l’autorisation, il entra pour la prévenir, quelque peu étonné de la découvrir debout au beau milieu de la pièce.

— Mademoiselle ? Tout va bien ? demanda-t-il quelque peu inquiet. Le vicomte est réveillé et non « éveillé », il avait quelques doutes sur le sujet, il va vous recevoir, suivez-moi.

La porte refermée derrière eux, Léonilde s’étonna d’une présence fantomatique dans la galerie. Silhouette qu’il reconnut aussitôt comme étant celle du vicomte titubant. Par Dieu, que faisait-il là ? Il se tourna aussitôt vers Éléonore pour lui demander de bien vouloir l’attendre et se précipita vers le Maitre des lieux dont il attrapa le bras d’autorité.

— Où allez-vous, Messire ? Venez, je vais vous emmener à ses côtés.

Pris au piège, il s’immobilisa. Que faisait-il ici sur ce bateau ? Il pivota pour découvrir Léonilde, une sorte de Léonilde pour être exacte. Avec une grande crinière en guise de col. Qu’était-ce donc que ce cirque ? L’emmener à ses côtés ? Son esprit se figea, yeux dans le vague, perdus entre les embruns et la garrigue. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. Les images tourbillonnaient si vite dans son esprit qu’il ne parvenait pas à les lire.

— Je l’ai installé dans la chambre face à la vôtre, mais venez, suivez-moi.

Coldris lui emboita le pas sans réfléchir, il en était de toute façon bien incapable. Il verrait bien où il atterrirait cette fois-ci. Les petites lucioles dansaient sur les murs de la cabine  ou était-ce une sorte de passage comme celui qu’il avait emprunté à Ultimamor des années plutôt ? Il y faisait aussi frais  en tout cas. Il tendit le bras pour toucher la paroi mais ne rencontra que l’air. Au gré d’une inspiration, il happa soudainement une fragrance familière. Ce n’était pas du lilas comme la dernière fois. Du romarin. Il se dégagea violemment de son entrave et se mit à courir face à la silhouette qu’il discernait difficilement dans la pénombre jusqu’à pouvoir jeter ses bras autour de son cou et l’attirer contre lui avec le secret espoir de ne pas étreindre une forme éthérée. Lorsque la chaleur de son corps transperça celle gelée de sa chemise humide, son cœur s’emballa. Il baissa la tête pour l’enfouir dans son cou.

— Je vous ai cherché partout… murmura-t-il.


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Message par Éléonore de Fromart Dim 22 Aoû - 14:28

Éléonore avait à peine bougé de quelques pas au retour de Léonilde.

— Oh euh… Oui, oui, ne vous inquiétez pas.

Elle devait avoir l'air drôlement stupide. Mais quelle idiote, ce n'était pas possible ! Enfin, elle ne pas vraiment comment expliquer son attitude sans se ridiculiser davantage, aussi ne se perdit-elle pas en justifications. 

— Pardon ?! lâcha-t-elle à l'annonce suivante. Mais comment… Oh, le fourbe ! Maintenant qu'elle y pensait, elle ne devait vraiment plus avoir l'esprit bien clair pour ne pas l'avoir soupçonné. 

Pour ce qui était de le voir… C'était que même si elle brûlait d'impatience, elle n'était pas tout à fait prête. C'était qu'avec ce qu'il s'était passé la dernière fois, elle lui devait de excuses et qu'elle n'était toujours pas certaine de es mots… et d'ailleurs, d'après ce qu'on lui avait déjà dit, Coldris ne devait pas être apte à les entendre non plus. 

— Bien... se résigna-t-elle toutefois. Parce que bon, elle n'avait pas tellement son mot à dire dans l'histoire… et puis, il lui manquait trop. Beaucoup trop. Et puisque l'avenir n'avait jamais été aussi incertain…

Léonilde la planta dans le couloir. Ils avaient vu la même chose. Tiraillée entre l'envie se précipiter dans les bras de son phénix adoré et celle d'aller se cacher pour retarder la confrontation - c'était qu'en plus d'avoir été horrible, elle n'apportait pas que de bonnes nouvelles - elle ne bougea pas d'un pouce. 

Figée, elle observa le vicomte qui se faisait mener comme un enfant dans sa direction. Son état n'était pas bien flatteur et si elle n'avait pas été prévenue, cela l'aurait sans doute alarmée. Puis, comme un enfant, il se dégagea pour se précipiter vers elle et par deux fois, elle se demanda s'il n'allait pas s'étaler au sol. Une vive étreinte écarta bien vite cette idée. 

Il était trempé lorsqu'elle le pressa contre lui, et piquait lorsque sa main remonta contre sa joue. Mais il lui avait tellement manqué et elle était tellement heureuse de le retrouver que ne l'avoir qu'à demi et peu présentable ne la rebuta même pas. Des larmes de soulagement perlèrent à ses paupières. 

Il enfouit son visage dans son cou, et la main de la jeune femme remonta dans ses cheveux, tandis que l'autre maintenant toujours son dos. 

Ses paroles lui serrèrent le coeur un instant. C'était à cause d'elle qu'il se retrouvait encore dans un état pareil… 

— Je suis désolée, souffla-t-elle. Mais vous m'avez retrouvée, maintenant. Je suis là.

Ne sachant pas ce dont il avait conscience ou non, le mieux était sans doute simplement d'être là, sans savoir lequel des deux c'était censé rassurer exactement. Elle le serra un moment plus fort, puis recula légèrement pour l'embrasser sur le front avant de le serrer à nouveau. S'il savait combien il lui avait manqué...

— Je suis là, assura-t-elle encore. Je vous aime tellement, mon phénix. Je suis là. Tout va bien. Je vous aime tellement. Je vous aime tellement. Vous ne pouvez pas imaginer combien je vous aime.

Et tout irait bien. Parce qu'ils étaient ensemble, maintenant. Ils étaient ensemble, ou presque. Bientôt il serait lucide et ils trouveraient une solution. Mais… Mais c'était la nuit, et il n'était pas dans son état normal.

— Mais il va falloir aller vous coucher, maintenant, d'accord ? Et je serai là demain matin.

Et il allait sérieusement falloir qu'il envisage de changer de chemise avant de tomber malade, aussi.
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Message par Coldris de Fromart Dim 22 Aoû - 16:30




Léonilde resta en retrait dès lors que le vicomte s’échappa de sa vieille poigne. Même avec toute la volonté du monde, il n’aurait jamais pu le retenir ni contenir le feu qui venait de s’embraser. Il observa donc à distance la scène émouvante de leurs retrouvailles. Il aurait fallu être un idiot aveugle pour douter de la sincérité de leurs sentiments en étant témoin de cela. Si d’ordinaire il se serait éclipsé par l’une des portes dissimulées pour leur laisser de l’intimité, il craignait pour l’heure que son aide ne soit requise d’une façon ou d’une autre, compte tenu de l’état du seigneur de Fromart. L’intendant se contenta donc de se faire aussi discret que possible. Oh et il était désolé de s’être joué de la jeune femme, mais il fallait lui faire confiance : il le connaissait parfaitement.

Le romarin. Sa main qui rebroussait le poil dru de sa barbe. Tout ce qu’il voulait c’était s’enivrer du romarin. C’était si apaisant. À chaque inspiration, il avait l’impression de marcher dans la garrigue de bon matin, avec cette douce chaleur du soleil qui se diffusait dans tout son corps. Il s’abandonna complètement entre ses bras. Les perceptions immédiates se brouillaient avec ses souvenirs. Ces rares journées qu’il avait passées à Aussevielle en compagnie de Virgil. Elle était là et sa voix était comme une ancre qui l’empêchait de divaguer et de dériver. Il secoua la tête comme un enfant que l’on réconfortait.

— Je suis là, assura-t-elle encore. Je vous aime tellement, mon phénix. Je suis là. Tout va bien. Je vous aime tellement. Je vous aime tellement. Vous ne pouvez pas imaginer combien je vous aime.

Il n’y avait que ses mots pour faire fondre un à un, l’épaisse couche de glace dans laquelle il semblait être pris et qui le gelait sur place jusqu’à la moelle. À l’inverse, il sentait une légère brulure qui lui picotaient ses yeux plus qu’il n’aurait dû. Dans son dos, sa main remonta et il s’étonna de ne point rencontrer la rigidité d’un corset sans parvenir toutefois à établir une déduction logique qui restait totalement hors de sa portée. Tout ce qu’il savait c’est qu’il se sentait terriblement bien.

— Je pense que si. Restez avec moi, je ne veux pas partir à Lodmé.(…) Je ne veux plus vous laisser repartir maintenant que je vous ai trouvé.

Il déposa ses lèvres dans son cou, puis sur sa joue. À son plus grand désarroi, ses traits étaient trop mouvants pour qu’il ne parvienne à les discerner. Il en aurait pleuré de frustration tant son cœur se serrait de ce supplice. Il remonta ses mains jusqu’à ses cheveux et les fit glisser, yeux clos, de part et d’autre de son visage pour en redessiner avec douceur les contours dans son esprit. Il ne savait plus où s’arrêtait le rêve et où commençait la réalité, mais quelque chose lui disait qu’elle était bien là. C’était trop vif, pour qu’il rêve.

Et toutes ces fois où tu t’es réveillé en tâtant l’oreiller vide à côté de toi, alors ?
Cela te semblait moins réel peut-être ?
Ce n’est pas ce que tu avais l’air de dire en te réveillant je te rappelle.

Il frissonna.

— Vous êtes vraiment là ? Dites-moi que ce n’est pas mon esprit…

Parce que tu crois qu’elle peut te dire le contraire ?

Un long frisson glacé remonta son échine. Non, non, non… C’était différent. Il savait qu’elle était vivante. Elle pouvait être là. Elle le pouvait parfaitement. Ses mains avaient retrouvé les siennes pour les saisir.

— Mais il va falloir aller vous coucher, maintenant, d'accord ? Et je serai là demain matin.

Se coucher… Alors il était vraiment réveillé ? Ou peut-être pas… Comment savoir ? Quoi qu’il en soit, il ne la laisserait pas partir, il était bien trop heureux de l’avoir à ses côtés.

— Promettez-moi que vous serez là quand j’ouvrirai les yeux demain… S’il vous plait…

Léonilde indiqua à Éléonore la porte massive en bois, celle qui gardait la chambre de Coldris. Il n’avait pas fait un pas que le vicomte reprit :

— Vous n’avez pas peur des serpents ? Il y en a plein au plafond. Ils ne font que siffler et persifler et tourner encore et encore sur eux-mêmes...

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Message par Éléonore de Fromart Dim 22 Aoû - 18:01

Le monde avait disparu, il ne restait plus que lui. Plus qu'eux. Elle avait eu tellement peur de ne plus le retrouver, sentir son cœur battre contre elle était tout ce dont elle avait besoin. Et tout ce qui comptait, c'était de le rassurer. Mais comment pouvait-elle lui dire combien elle l'aimait ? Il pensait savoir ? Oh, non, ce serait toujours bien plus que cela.  

Elle fronça légèrement les sourcils, s'efforçant de ne pas paraître plus perturbée par ses paroles. Pourquoi aurait-il donc dû partir à Lodmé maintenant ? Quelle étrange idée. Mais bien sûr qu'elle restait, c'était évident. Et quels que soient ses doutes, ils ne concernaient pas l'immédiat et n'avaient par conséquent pas de raisons de venir les déranger maintenant. Quel que soit le problème, ils trouveraient une solution et c'était bien pour ça qu'elle n'avait pas l'impression de lui mentir. Il ne voulait pas qu'elle reparte ? Eh bien alors la chose était entendue : elle restait.

— Je ne repars pas, promit-elle alors que ses lèvres se posaient dans son cou, Je reste avec vous, tout va bien, mon amour. Tout va bien.

Elle lâcha un rire attendri tandis qu'il redessinait son visage. Décidément, ça aussi c'était de famille. Elle couvrir un instant ses mains, embrassa ses paumes. C'était bon, elle était là. Elle l'enlaça de nouveau. Il n'avait pas à s'inquiéter. Pourtant, elle le sentit qui frémissait. Il avait encore besoin qu'elle lui confirme jusqu'à sa présence même, ce qu'elle dit instinctivement à quoi associer. 

— Évidemment que je suis là. Coldris… Non, tout va bien. Tout va bien. Je suis là. Vous me faites confiance ? Je suis là.

Il attrapa ses mains, et elle jugea qu'il était temps de le reconduire au lit. Pas qu'elle ait songé à s'en débarrasser, loin de là, seulement il valait mieux ne pas le perdre davantage. Demain, il serait vraiment réveillé et verrait bien qu'elle était là pour de vrai.  

— C'est promis, mon phénix. Je serai encore là. Je ne m'en irai pas. C'est promis, faites-moi confiance.

Elle acquiesça lorsque Léonilde - qu'elle avait complètement oublié jusqu'alors - lui montra la chambre. Oui, elle se souvenait tout de même de laquelle c'était. Elle entrepris d'y conduire Coldris, mais celui-ci la retint avec une étrange question. Le regard de la jeune femme glissa un instant vers Léonilde, juste pour s'assurer de ce qu'elle avait compris : ce n'était bien que l'imagination du vicomte, il n'y avait bien sûr aucune raison pour que la chambre soit infestée de serpent. 

— Ce n'est pas grave, le rassura-t-elle. Ils sont inoffensifs. Je vous apprendrai à en faire des échelles de cordes, si vous voulez.

Bon, elle disait un peu n'importe quoi mais il fallait dire qu'elle aussi commençait vraiment à avoir besoin de dormir. Elle s'occuperait de son sommeil après. Pour l'instant, il s'agissait de ramener Coldris dans le lit qu'il n'aurait jamais dû quitter. Il avait bien trop besoin de repos, lui aussi. 

Elle hésita un instant, puis, se tournant vers Léonilde :

— Il lui faudrait quelque chose de sec, éventuellement, s'il vous plaît. Je crois, non ?

Et il n'y avait certainement pas que Coldris à rafraîchir un peu mais il n'avait certainement pas besoin qu'elle lui apprenne son métier. Oh, et puis elle ne savait pas. D'ailleurs, elle n'était même pas censée faire ça, pas plus que de d'envoyer Coldris dans sa chambre… Enfin, en même temps, dans la situation, il fallait reconnaître que c'était le seul endroit où il était censé se trouver. 

Une pensée en entraînant une autre, elle venait de se rendre compte qu'elle n'avait rien emporté de décent à porter. À peine le strict nécessaire : son poignard, le livre et quelques lettres qu'elle avait déposés dans l'autre pièce, et son pendentif qui était resté à sa place habituelle. Tant pis, elle verrait cela plus tard. Elle ne savait même pas combien de temps elle pourrait passer ici. Et si elle n'avait pas fait une énorme bêtise en figurant de la sorte.
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Message par Coldris de Fromart Lun 23 Aoû - 13:51




Elle avait beau lui assurer qu’elle ne partirait pas  – et il la croyait –  une petite voix insidieuse ne cessait de lui rappelait toutes les fois où ses sens l’avaient trompé et défié. Il ne pouvait qu’acquiesçait silencieusement et espérer…

Qui vit d’espoir meurt désespéré, Coldris…

Bien sûr, bien sûr… C’était l’évidence même. Il se laissa enlacer de bon gré. Dans ses rêves ses sensations étaient aveugles. Il sentait ses mains, son corps, son souffle, son odeur, ses cheveux qui lui chatouillaient le visage. Bien sûr qu’il lui faisait confiance, même si elle se révélait être une sirène destinée à le faire s’échouer, il la suivrait aveuglément. Pensant cela, il entendit le ronflement des vagues précédemment quittées comme un écho bourdonnant dans ses oreilles. Ils étaient peu nombreux ceux à pouvoir se vanter d’avoir sa confiance entière et absolue : Virgil, Léonilde et elle… Il aurait pu déposer son âme sous ses yeux sans rien dissimuler de toute la noirceur et de toute la pourriture qu’elle pouvait contenir. À elle il aurait tout dit. Il en aurait même accepté les blessures résultantes. Ils étaient ce petit cercle au plus près de son cœur. Venaient ensuite ses trois enfants, son filleul et Valmar. Il acquiesça donc en silence tout en prenant ses mains entre les siennes. Le seul moyen de savoir s’il s’agissait d’un rêve ou non serait de le constater à son réveil lorsque la brume qui enveloppait son esprit se dissiperait. Il lui fit donc promettre de demeurer jusque-là et se laissa mener comme un enfant vers sa chambre. Cette chambre pleine d’agaçants serpents qui tournaient sur eux même en sifflant inlassablement. Il ne les aimait pas, il y avait quelque chose de moqueur dans la façon dont il faisait vibrer leur langue bifide. Qui savait ce qu’ils pouvaient bien dire ?

Léonilde écouta le vicomte évoquer les reptiles avec un léger sourire en coin lorsqu’il attrapa le regard de la demoiselle en quête de confirmation. Oh oui ce n’était que l’opium, rien de grave, elle ne risquait rien. Il inclina la tête légèrement amusée pour la rassurer. Elle verrait bien par elle-même qu’il ne s’agissait que des arabesques des moulures.

Des échelles de corde ? Coldris semblait étonné puis déclara très sérieusement :

— Est-ce ainsi que ma jolie princesse s’est évadée de son donjon ?

Le vicomte imaginait parfaitement les serpents se mordant mutuellement la queue pour former une longue échelle dévalant une immense tour de pierres sombres. Il y avait juste un problème et il s’immobilisa, soudainement méfiant :

— Ma princesse des lucioles n’a pas besoin d’échelle de serpents. C’est un petit lézard des murailles.

Il attendit son explication, puis rassuré reprit le cours de ses pensées jusqu’à retourner dans ce qui devait être sa chambre. Au fond ce qu’il comptait n’était pas tant de savoir comment que de se réjouir de sa compagnie.

— Cela veut dire que vous allez pouvoir devenir ma Reine.

Ainsi elle n’aurait plus à être prisonnière du moindre donjon, ni à s’évader en risquant de se rompre le cou pour venir le trouver. Même Isis lui disait toujours que les histoires finissaient toujours ainsi, elle n’avait eu qu’un suaire en guise de voile. Il frissonna. Son cœur se serra. Ses mains s’enroulèrent autour de ses épaules.

— Je ne sais même pas où tu es, murmura-t-il quand Éléonore demanda à l’intendant de quoi le changer.

Léonilde acquiesça. Ce serait mieux en effet, surtout après avoir erré dans les couloirs glaciaux du château en pleine nuit. Il était solide, mais tout de même…

— Je vais vous apporter cela et changer les draps également.

Sans attendre, il se dirigea vers l’armoire sans la moindre lumière, il jeta au passage une buche dans la cheminée. Chaque élément étant parfaitement rangé à sa place, il n’avait pas le moindre mal à en extraire ce qu’il cherchait. Durant ce laps de temps, le vicomte s’était de nouveau tourné vers elle, vaguement lucide :

—J’ai eu peur de vous perdre. J’ai peur de vous perdre…

Son chargement déposé sur le lit, il se tourna vers la demoiselle :

— Souhaitez-vous le faire ? proposa-t-il  à demi-voix en se disant qu’elle aimerait sans doute s’occuper de lui compte tenu des sentiments qui l’animaient. Cela me permettra de refaire le lit pendant ce temps. Parce qu’il commençait à connaitre sa gêne habituelle et sa peur de déranger qui l'aurait pousser à décliner quand bien même cela lui aurait fait plaisir.

Il lui adressa d’ailleurs un sourire encourageant afin de la rassurer. Ce n’était pas Coldris qui dirait quoi que ce soit, de toute façon elle l’avait déjà vu entièrement nu alors elle pouvait le déshabiller sans risque. Pour sa part, il s’affaira à retirer les draps de coton et de soie poisseux de même que les taies humides.

— Il y a une seconde chemise pour vous, déclara-t-il sans lui laisser le choix.

Son départ semblait quelque peu précipité et elle n’avait pas l’air d’avoir emporté quoi que ce soit. Le vicomte ne lui en voudrait assurément pas pour cet emprunt et cela lui facilitait la vie pour ce soir.

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Message par Éléonore de Fromart Lun 23 Aoû - 22:07

Une princesse, maintenant, rien que ça ! Eléonore eut sourire attendri. Elle préférait ne pas penser à cette fugue, car maintenant qu’elle était auprès de son phénix adoré, au delà de l’absolue nécéssité de le rejoindre qui l’avait animée jusque là et se justifiait drôlement à le regarder, elle regrettait que cela ce soit passé ainsi. Dans sa précipitation, n’avait-elle pas risqué de les perdre ? Si Gabriel dénonçait tous ses stratagèmes, même si on acceptait de la laissait demeurer à Braktenn, leur temps était compté. Non… Non, ils trouveraient une solution.

— Oui, parce que c’est bien plus pratique qu’une échelle de corde ordinaire : si vous tombez, les serpents vous rattrapent, improvisa-t-elle.

Enfin, il ne fallait tout même vraiment pas être doué pour réussir à tomber d’une échelle de corde. Un mur, encore, elle comprenait que ce ne fut pas donné à tout le monde, mais une échelle ? Coldris avait raison : un lézard des murailles n’avait pas besoin de cela. Enfin, en général. Mais être désignée ainsi lui marqua un tel coup au coeur qu’elle eut chu si elle avait été à son loisir favori. C’était Ariste qui l’appelait lézard des murailles.

— C'est qu'il y avait un surplomb important que j'ignorais comment passer, se justifia-t-elle. Mais j’ai réussi, et maintenant je suis là. Il fallait bien que je vous rejoigne.

Encore une excuse bancale, mais dans l’état où il était, il était peu probable qu’il s’en rende compte. Ils parlaient tout de même d’échelles de serpents, alors… Quelque part, elle s’en voulut un peu de jouer avec la naïveté que lui avait apporté l’opium. Elle n’aurait pas dû, il lui faisait confiance, pourtant. Enfin, se rassura-t-elle, cela ne pouvait pas lui nuire, et elle n’avait pas envie de s’amuser à redéfinir la réalité alors qu’il était à moitié endormi.

L’affirmation suivante arracha à Eléonore un froncement de sourcil. Qu’était-ce donc à dire ? Sa tête pencha de côté pour essayer de le déterminer. Non, aucune traduction censée ne lui venait et vu le début de la conversation, elle préféra ne pas trop chercher. La priorité était de lui trouver une chemise propre, ce qu’elle demanda aussitôt à Léonilde avant de se dire qu’elle aurait pu s’en abstenir.

Elle avait cru entendre la voix de Coldris, mais n’avait pas su l’entendre. En revanche, il semblait de nouveau effrayé et cette vue suffisait à briser le coeur de la jeune femme qui posa une main sur son épaule pour essayer de le rassurer.

— Tout va bien mon phénix ? s’enquit-elle, un peu inquiète. Tout va bien, d’accord ?

Peur de la perdre ? S’il pouvait s’imaginer combien elle, elle en avait eu peur. Combien elle s’était détestée. Combien… Elle le serra contre elle. Il n’avait pas besoin de tourments supplémentaires dans son état. Elle l’aimait tellement, tellement…

— Il ne faut pas. Je suis là, vous voyez ? Il ne faut plus vous inquiéter. Je vous aime tellement...

Elle se sentait capable de n’importe quoi. Elle ne voulait pas le perdre non plus. Elle était désolée, tellement désolée. Tout était de sa faute, elle le savait, seulement…

Elle se tourna vers Léonilde qui l’interpellait. S’en occuper ? Oh, eh bien… Oui, si en plus il avait autre chose à faire, elle n’avait pas de raison de faire la difficile. De toute façon, c’était loin de la déranger de s’occuper de lui. Et puisqu’on ne semblait pas lui demander son avis pour le reste, elle ne fit pas d’histoires. Elle aida donc Coldris à se changer. Il portait tout de même curieusement son bras. Tant pis, elle lui fit enfiler sa manche quand même, et posa un baiser sur son front avant de le ramener vers le lit que Léonilde avait presque arrangé. Elle tendit le drap de son côté pour que cela aille plus vite, et le lissa instinctivement avant de renoncer à ses interrogations. Secouant la tête de dépit, elle se retourna vers Coldris et l’étreignit. C’était un peu égoïste, là, comme ça, mais elle avait vraiment besoin de lui, elle aussi, cela n’allait pas du tout.

— Il va falloir dormir, maintenant, lui rappela-t-elle en voyant que son lit était prêt à l’accueillir. Et je serai encore là demain, promis, répéta-t-elle.
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Message par Coldris de Fromart Mar 24 Aoû - 16:24




Cette histoire de cordes, d’échelle et de serpents avait beau lui paraitre étrange pour une raison qu’il ignorait, son esprit n’était pas en mesure de la contredire ni même de mettre le doigt sur cet élément qui n’aurait jamais dû venir s’immiscer dans cette conversation. Cela lui laissa une drôle d’impression, mais il se laissa convaincre par son explication.

— Oh je vois…

Il imaginait très bien l’un des serpents relâcher sa mâchoire fermée sur la queue du précédent pour s’enrouler in extremis autour de l’un de ses membres. Comme ces mains ou ces choses qui l’avaient entravé dans le marécage pour se rendre chez Virgil. Il frissonna. Quelque chose le chagrinait cependant : si le serpent le rattrapait effectivement alors l’échelle s’en trouvait forcément fragilisée, d’autant plus si plusieurs d’entre eux s’avéraient nécessaires… Il n’avait pas fini de creuser cette histoire qu’il se demanda soudainement pourquoi sa petite luciole pouvait bien avoir besoin d’une échelle alors même qu’elle adorait gravir toute sorte de murs. Il ne manqua pas de lui poser cette question qui le terrifiait, car quelque part, cela voulait peut-être dire que ce n’était pas vraiment elle. Un surplomb ? Il matérialisa le relief dans son esprit bouillonnant tentant de vérifier son affirmation.

— C’eut été plus simple de m’appeler… Je serai venu vous chercher puisque je suis un phénix.

Ce… n’était pas… exactement ce qu’il voulait dire, mais ses mots semblaient lui échapper autant que son esprit fantasque s’évertuait à produire d’étranges animations, plus ou moins agréables, il fallait bien l’admettre. Comme ce rappel à sa sœur par exemple et cette sépulture qu’il n’avait jamais retrouvée malgré les années de recherches avec Virgil. Cela ne pouvait signifier qu’une chose : qu’elle avait été inhumée hors terre consacrée et dans le secret le plus absolu. Coldris se mit à trembler à la simple idée de savoir sa sœur déposée dans un trou terreux sans rites… Peut-être même avait-on brulé son corps… Elle ne méritait pas de…

— Tout va bien mon phénix ? Tout va bien, d’accord ?

Une main s’était posée sur son épaule diffusant une douce chaleur. Il acquiesça distraitement sans réellement savoir à laquelle des deux questions il répondait réellement. Tout ce qui lui revenait subitement à l’esprit dans un éclair de lucidité était l’angoisse de ces derniers jours à l’idée de l’avoir perdue dans tous les sens du terme. Il laissa ses petits bras l’enlacer avant d’en faire de même sans oser la contredire ou même lui demander pour combien de temps. Jusqu’à son réveil ? Jusqu’à l’aube ? Jusqu’au soir ? Plus peut-être ? Pouvait-il vraiment espérer plus ?

— Moi aussi, ma douce lumière... tellement que je suis sincèrement désolé.

Et ce n’était jamais quelque chose qu’il prononçait à la légère même dans ses rêves les plus fous. La colère du premier jour avait cédé la place à une profonde culpabilité générée par la trahison dont il avait été victime et qu’elle avait vue venir bien avant lui. Il ne donnait pas sa confiance a beaucoup de monde, mais c’était visiblement déjà trop. Coldris savait qu’il avait bien plus à dire, cependant ses pensées se délitaient dans son esprit sans qu’il ne puisse parvenir à les attraper et les organiser. C’était comme un bruit de fond, un vrombissement qui lui signalait qu’il y avait autre chose sans lui laisser accéder à l’information.

Éléonore semblait décider à le déshabiller et il se souvenait vaguement avoir entendu quelque chose à ce sujet un peu plus tôt. De toute façon, ce n’était qu’elle et elle avait déjà tout vu. Trop petite pour la faire passer par-dessus sa tête elle lui tendit tissu pour qu’il la retire. Un frisson d’hésitation le stoppa. Et si… et si ses sens le trompaient complètement ? La seule chose dont il avait confiance c’était que rien n’était clair justement. Il savait à quoi cela était dû. Il se souvenait avoir pris de l’opium pour réussir à dormir seulement… Était-il possible qu’il ait à faire à quelqu’un d’autre ? Il recula d’un pas et heurta la colonne de son baldaquin. Il la reconnut aussitôt à sa sculpture typique. Il était à Fromart. Il était chez lui et personne n’aurait pu rentrer à part elle, n’est-ce pas ? Il inspira profondément pour chasser l’angoisse qui tentait de se déverser dans ses veines.
Il lui faisait confiance. Il lui faisait confiance.
Il retira sa chemise, mais son bras droit refusait obstinément de s’étendre pour sortir de cette manche. Pourquoi ? Que se passait-il encore ? Il sentit qu’on le libérait en tirant doucement sur le tissu. Une fois séchée de toute la sueur qui perlait toujours dans son dos, elle l’aida à passer une chemise propre et sèche qui semblait étonnamment chaude. Sans surprise cette fois-ci, son bras resta plié, et remettre cette manche ne fut pas une mince affaire…

Léonilde s'étonna de la voir achever le lit et le fut nettement moins de l’étreinte qui suivit et que le vicomte lui rendit volontiers en glissant sa main dans ses cheveux. Et dire qu’il n’avait jamais osé imaginer revoir une telle chose. C’était que, quoi que puisse en dire le monde entier, l’intendant les trouvait très bien assortis dans leurs différences qui se complétaient parfaitement. Coldris se laissa mener dans son lit sans discuter. Il avait à vrai dire fort envie de le retrouver quand bien même il redoutait les cauchemars qui risquaient de surgir. Il avait l’impression de se faire avaler par son matelas et son oreiller tant la fatigue l’accaparait. Un baiser fut déposé sur son front, comme sur celui d’un petit enfant alors qu’elle s’asseyait au bord du lit pour lui tenir la main. La gorge pâteuse, il réclama de l’eau à Léonilde qui se dirigea vers le dressoir avant de revenir avec de quoi apaiser sa soif.

— Vous devez rester à ses côtés jusqu’à son réveil. Il paniquera s’il ne vous voit pas en ouvrant les yeux. rappela-t-il en chuchotant.

Il reconnaissait bien cette attitude, elle avait eu la même lorsqu’ils étaient rentrés du théâtre. Elle allait finir par se lever et retourner dans sa chambre. Il secoua la tête légèrement comme pour lui interdire de ne serait-ce que l’envisager. Finalement et puisque le vicomte n’avait plus besoin de lui, il se retira dans l’antichambre où il avait l’habitude de dormir.

Coldris somnolait, les bras de Morphée l’appelaient, mais il voulait enrouler les siens ailleurs. Une énième fois ses paupières se soulevèrent subitement, refusant le sommeil. Que faisait-elle toujours assise au bord du lit ? Il tira doucement sur son bras.

— Venez dormir, ordonna-t-il dans un demi-éveil.

Lorsqu’enfin elle l’eut rejoint, il passa son bras par-dessus, attrapa sa main et céda enfin paisiblement à la fatigue, apaisé par sa présence inespérée.

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Message par Éléonore de Fromart Mar 24 Aoû - 20:50

Elle ne disait que des âneries, et cela passait manifestement aussi bien que quand il était éveillé pour de bon. Enfin, mieux valait n’en pas dire de trop absurde non plus, car cela risquait de pourrir son sommeil de réflexions sans queue ni tête et de l’empêcher de se reposer.

Lui-même lui le initiait : aurait-il été mieux de l’appeler en renfort ? Non, qu’aurait-il bien pu faire qui fut favorable ? Elle était sortie, et sans déclencher de nouveau conflit. Le problème… Enfin, elle verrait cela plus tard.

Elle remarqua que Coldris s’était perdu dans ses tourments tandis qu’elle s’adressait à Léonilde, et s’efforça de le rassurer. Quels que soient ses démons, elle serait là pour le soutenir. Elle ferait tout ce qu’elle pourrait, et même tout ce dont elle n’était pas capable, mais elle ne voulait plus qu’il souffre.

Elle sourit à son affirmation. Oui, il l’aimait. Elle n’avait toujours pas compris ce qu’il pouvait bien lui trouver, mais elle ne pouvait plus en douter. Elle caressa sa joue, secouant doucement la tête :

— Il n’y a pas de raison pour ça, répondit-elle très sincèrement. Il y avait bien eu des torts, mais ils étaient venus d’elle.

Comme Léonilde leur avait rapporté ce dont ils avaient besoin, Eléonore aida Coldris à se changer. Elle se demanda un moment si ce n’avait pas été une horrible idée, quand il se fit récalcitrant. Elle se contenta d’un “mon phénix ?” pour s’enquérir de son état quand il buta contre le montant, et il la laissa finalement l’aider, pour compenser son bras récalcitrant.

Il fallut qu’elle tende ce fichu drap, et que les questions qu’elle avait à poser lui échappent au moment même où elle en trouvait l’occasion. Elle savait que son initiative dénotait, tant pis. Elle faisait bien le sien, quand bien même on cherchait toujours à l’en dissuader. Enfin, là, il s’agissait d’y allonger Coldris - qu’elle n’avait pu s’empêcher d’étreindre encore une fois - afin qu’il puisse dormir. Cela fait, elle s’assit à côté de lui, baisa son front, et lui prit la main pour le rassurer.

Profitant de ce qu’il apportait de l’eau, Léonilde lui signala qu’elle ne devait pas bouger. Oui, mais… Non, d’accord, il avait raison : elle avait promis de ne pas le laisser. C’était vu, elle le veillerait. Et cet air impérieux qui aurait très bien pu lui faire claquer la porte en d’autres circonstances ne la dérangea pas outre-mesure : ils voulaient la même chose. Et puis, même si elle n’avait pas encore songé qu’il faudrait demeurer, elle n’aurait certainement jamais su le quitter.

Léonilde prenant congé, elle se retrouva seule auprès d’un phénix qui refusait de s’endormir tout à fait. Il était beau, tout de même. Mais pas assez paisible à son goût. Elle se saisit quand il tira sur son bras, mais avant qu’elle n’ait pu lui recommander de dormir, il fit changer ses plans. Elle acquiesça, et se leva pour se débarrasser rapidement des vieux vêtement de son père, qu’elle troqua contre la chemise de nuit qu’on lui avait prêtée de force. Cela fait, elle vint se coucher auprès de celui qu’elle aimait. Se trouver dans ses bras était si apaisant qu’elle se laissa sombrer dans un sommeil qu’elle n’avait que trop attendu. Elle avait tellement besoin de sa présence.
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Message par Coldris de Fromart Mar 24 Aoû - 23:22




Coldris profita d’un bref moment de lucidité pour s’excuser de son comportement et de ses paroles malheureuses. Enfin c’était ce qu’il avait voulu faire, mais il n’était plus vraiment sûr d’y être parvenir. C’était tout juste s’il parvenait à déterminer ce qu’il avait dit précisément. C’était comme se retourner et découvrir subitement que le chemin emprunté était plongé dans une épaisse brume. D’ailleurs, il ne comprenait pas plus ses paroles, mais tenter de les déchiffrer était peine perdue, il se contenta donc de se concentrer sur cette main placée sur sa joue qui valait tous les discours.

Après s’être changé et glissé sous les draps, il resta un moment incapable de trouver complètement le sommeil. Plusieurs fois il sentit ses paupières tomber en de lourds rideaux sur ses prunelles fatiguées, plusieurs fois il les rouvrit d’un coup pour vérifier si elle était encore là où s’il parvenait à prendre son esprit en défaut. Il l’attira finalement de lit et s’étonna de la voir se relever pour se changer. Il l’observa faire tomber ses vêtements de marins sur le pont du navire. C’était donc pour cela qu’il n’avait pas senti la rigidité des baleines sous sa main. Elle s’était déguisée en homme pour aborder son bâtiment… Les femmes portaient malheur sur un bateau, c’était bien connu, et toutes celles qui avaient embarqué avec lui, pour une raison ou une autre pouvaient bien en témoigner. Il se redressa. Aucune importance. Elle le faisait déjà chavirer de toute façon. Il maudissait l’obscurité qui ne lui laissait percevoir que sa silhouette de sirène dans l’obscurité abyssale de sa chambre. Un voile d’écume recouvrit les ondulations de la houle dans laquelle il serait bien volontiers allé se noyer s’il n’avait pas été si épuisé. Arrimé en sécurité à ses flotteurs, le naufragé se laissa dériver vers les terres de Morphée.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, la lumière crue du jour perçait les interstices des épais rideaux de velours toujours tirés. À en juger la luminosité, la mi-journée approchait déjà. C’était trop pour ses pupilles qui émergeaient tout juste de l’obscurité totale. Une fraction de seconde plus tard, il réalisa la présence entre ses bras et faillit sursauter en se demandant à quel genre de bêtise il s’était adonné dans la nuit. Le temps de canaliser ses esprits d’un clignement de paupières, il prit conscience que ce n’était que sa douce étoile qui se trouvait plongée dans un profond sommeil dont il n’osait pas l’en tirer en bougeant, la caressant ou l’embrassant. À la place, il referma ses yeux et se laissa divaguer dans ses souvenirs.

Ce rêve étrange… La mer, le marais, Virgil, Lodmé, Aurélia… Le réveil de Léonilde. Alors il était vraiment réveillé ? Avait-il vraiment parlé de serpents avec elle ? C’était si absurde qu’il s’en serait passé une main sur le visage de gêne. Que n’avait-elle pas dû entendre cette nuit… Il se souvenait également de l’angoisse générée par la sépulture de sa sœur (comment en était-il venu à penser à cela ?), elle l’avait aidé à se changer. Nom d’un chien… Et son bras… Il n’osa pas le bouger. Il verrait plus tard ce qu’il en était.

Elle avait compté rester assise au bord de son lit… Sa main. Ses lèvres. Ensuite il avait dérivé sur un radeau, une mer d’huile baignée par un doux soleil d’hiver… Il rouvrit les paupières : que n’avait-elle pas encore vu et entendu hier… Il se souvenait aussi de tous ses mots d’amour et du bonheur qu’il avait ressenti. Comment pouvait-elle l’aimer après l’avoir ramassé à deux reprises déjà ? Si malgré tout cela, elle n’avait pas fui alors… il avait quelque chose de très important à lui demander.

En attendant, il prit une profonde, mais légère inspiration et se laissa aller à paresser à ses côtés de longues très longues minutes avant que son hyperactivité ne le rattrape. Ses orteils fourmillaient, la pulpe de ses doigts également. Il sortit doucement son bras droit tout engourdi des couvertures et caressa doucement ses cheveux de jais. Une vraie perle. Dans tous les sens du terme. Absolument merveilleuse et précieuse. Il embrassa son front n’y tenant plus, s’excusant mentalement de la réveiller.

— Bonjour ma petite luciole murmura-t-il.

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Message par Éléonore de Fromart Mer 25 Aoû - 18:38

Plus que la fatigue accumulée, c'était bien la présence de son phénix tant aimé qui avait alourdi le sommeil d'Éléonore. Il excellait à ce tour-là, ce magicien : celui de la protéger de ses propres tourments. Alors qu'un contact nouveau et le mouvement l'ayant permis venaient gratter sa bulle de sommeil, Éléonore se sentit un peu coupable de n'avoir pas veillé. Et s'il y avait eu un problème ? Et s'il s'était réveillé seul ? Et…

— Bonjour ma petite luciole.

… avait fait un cauchemar qu'une armure de brume trop épaisse lui ait caché ? Que pendant qu'elle se reposait paisiblement, il s'était lui inquiété plus encore ?

Elle remua la tête contre son oreiller avec un léger râle. Ce fut alors qu'elle réalisa qu'il lui avait parlé. Et que s'il lui avait parlé, il était fort probablement réveillé. Il ne lui en fallut pas davantage pour se retourner en ouvrant ses yeux fatigués. Elle sourit en le voyant comme s'il s'agissait là d'une surprise agréable.

— Coldris ! s'exclama-t-elle joyeusement.

Elle avait reculé légèrement pour pouvoir le regarder, et revint dans ses bras avec un tel élan qu'il ne put que basculer sur le dos. Elle l'étreignit tout de même.

— Vous êtes là. Vous êtes là pour de vrai. Vous m'avez tellement manqué. Je vous aime, vous savez ? Je vous aime si fort.

Oui, il était là pour de vrai, cette fois. Et si elle avait été heureuse de le retrouver la veille, ce n’était pas pareil. Elle se redressa pour éparpiller des baisers sur son visage avant d'enfouir le sien dans son cou. Elle le serra plus fort. Il lui avait trop manqué, et c’était de sa faute.

— Je ne voulais pas ça, je ne voulais pas vous faire de mal, surtout pas - et pourtant, vu l'état dans lequel elle l'avait retrouvé, on pouvait difficilement nier que ce fut le cas - Je vous demande demande pardon. Je suis désolée. Tellement désolée.

Cela n’en avait vraiment pas valu la peine, c’était l’évidence même. Tout ça parti du fait qu’elle ne voulait pas voir l’autre espèce de rat. Tout cela pour rien. C’aurait presque été agréable à côté des derniers jours. Et c’était égoïste de n’avoir pas voulu faire d’efforts s’il y tenait. Tellement stupide de s’être emportée ainsi. Elle effleura la zone qu’elle avait percutée plus tôt, coupable. Elle avait été horrible. Elle l’aimait, pourtant…
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Message par Coldris de Fromart Mer 25 Aoû - 23:17




Il avait presque tenu une heure sans bouger ce qui était un exploit lorsqu’il s’autorisa à la réveiller en douceur. Elle était adorable à grogner dans son oreiller. Coldris embrassa sa chevelure qui lui avait tant manqué. Soudain, elle sembla réaliser sa présence et prononça son prénom dans une joyeuse exclamation qui le fit vibrer dans chaque fibre de son corps. Il n’y avait eu que peu de personnes au monde dans la bouche desquelles ce nom avait pris une sonorité si plaisante… Il lui adressa un large sourire qu’il était incapable de retenir et se laissa volontiers basculer en arrière alors qu’il réceptionnait l’enthousiasme de son étreinte avec un rire étouffé.

— Bien sûr que je suis là, dois-je vous rappeler que vous êtes dans mon lit ? C’est plutôt moi qui devrais dire de telles choses. taquina-t-il avec douceur avant de se laisser noyer sous une avalanche de baisers.

Diable ce qu’il était heureux de la retrouver ! C’était incontestablement le meilleur réveil depuis des lustres si ce n’était de sa vie même… Il la pressa contre son corps, maudissant au passage la fine frontière de coton égyptien qui les séparait avant de lui rendre la pareille et d’embrasser chaque parcelle de peau nue qui passait à sa portée. Et là encore ce n’était que trop peu pour le rassasier complètement. Il inspira profondément et s’enivra de l’odeur de romarin à la fois apaisante et revigorante…

Ce fut alors qu’elle s’excusa pour lui avoir fait du mal. Il arqua un sourcil circonspect. Elle n’y était pour rien dans tout cela. Ce n’était que la situation qui l’avait mis dans… cet état… déplorable. Il déplaça délicatement sa tête pour la poser dans le creux de son épaule, ses bras encerclant toujours son corps autant qu’ils le pouvaient.

— Vous n’avez rien à vous faire pardonner, ma luciole. Les désaccords font partie de la vie, c’est ainsi. Vous n’êtes pas responsable de ce qui a pu m’arriver. Il caressa tendrement sa joue à la peau veloutée du revers de sa main. Il ne s’agit que de ma fierté et de la peur de vous perdre à tout jamais.

Coldris prit une profonde inspiration, prenant le temps de préparer ce qu’il avait dire. Ce qu’il ne disait qu’à de très rares personnes sur cette terre. À ces quelques élus qui détenaient une place particulière dans son cœur.

— Si quelqu’un doit s’excuser, c’est bien moi. Je sais que je vous ai blessé et... il marqua une pause. Je ne regretterai jamais de l’avoir aidé et de lui avoir offert une opportunité de prendre sa vie en main, c’est ainsi que les choses devaient être… Même si, je dois reconnaitre que vous aviez raison sur un point.

Ses mâchoires se serrèrent à en grincer des dents.

— Il a osé me trahir, siffla-t-il d’une voix étranglée de colère. Le regard perdu dans le pourpre de son ciel de lit, il poursuivit : le 26 au soir, il a invité l’un des membres de la délégation japonaise au manoir. Il a dit devant lui qu’Alexandre était l’éminence grise du ministre des Affaires étrangères.

Comment avait-il pu lui faire une chose pareille ? Après tout ce qu’il avait fait pour lui ? Après tout ce qu’ils avaient pu partager ? Après le sang commun qu’il partageait ? Après son fils qu’il avait sorti de la Prévôté ? Comment ? Comment ? Il ne lui pardonnerait jamais cette attaque. Heureusement que Matthias avait pu rétablir la vérité et balayer le mensonge proféré par ce répugnant parasite félon. Il en avait du mal à empêcher ses doigts de se crisper avec tout le reste de son corps. Il se força à se détendre pour aller jusqu’au bout de son récit.

— Hier… J’ai envoyé une missive à l’hospice pour leur dire qu’il ne serait pas présent la matinée et une autre au manoir pour dire à ce traitre que je voulais partager un bon moment avec lui. Il s’arrêta subitement et baissa les yeux pour croiser les siens Je… lui ai dit tout ce que je pensais de ses bassesses. Je l’ai frappé, Éléonore… il extirpa son bras droit qu’il ne parvenait plus à tendre et dont les phalanges présentaient des hématomes bleuâtres dus aux chocs. Jusqu’à ce qu’il tombe inconscient. Je l’ai fait jeter aux écuries avec du gruau. Je lui laisse une semaine avant de le jeter hors de mon domaine. Je ne veux plus voir sa face de rat méprisable ni entendre son pitoyable nom de parasite.

Il rangea coupablement son bras sous l’édredon. Elle n’aurait sans doute jamais fini d’éplucher toutes ses facettes obscures. Faire le tour des bonnes prenant nettement moins de temps.

— Ce n’est pas tout. À mon retour, j’ai convoqué Alexandre et Alduis. Alexandre a utilisé l’argent de mon fils – le mien – pour habiller son père convenablement. Qui a besoin de beaux vêtements pour aller travailler dans un hospice dites-moi ?! Je l’ai su dès le 21 janvier, j’ai simplement préféré passer outre tant que rien ne justifiait un sermon. Puis il a tiré un bâtard infirme d’un taudis miteux avec l’espoir que son père en prendrait soin. Il a veillé à ce qu’il soit lui aussi vêtu. Je vous laisse deviner ce qu’il en est advenu. Cette petite pute a pourri ce curé encore un peu plus ! Comme s’il ne l’était pas assez ! Et tout ceci à l’insu de mon fils ! Je l’ai envoyé expier ses fautes dans la fosse à merde pour trois semaines et tous ses privilèges lui ont été retirés.

Coldris la serra contre lui tout en songeant à tout ce qu’il connaissait d’Alexandre.

— J’ai peur… J’ai peur qu’il n’abuse de la sensibilité et de la fragilité d’Alduis. J’ai peur qu’il finisse par le blesser irrémédiablement… Autrefois, je m’en serai tout simplement débarrassée, mais maintenant je ne peux plus. J’aurais cent fois préféré pourtant qu’il me haïsse plutôt que de craindre une trahison ou une manipulation de sa part. J’imagine… J’imagine qu’il ne me reste plus qu’à prier, mais je ne crois pas en Dieu.

Il embrassa le sommet du crâne de sa merveilleuse et parfaite petite lumière. Malgré toutes ces paroles peu agréables, l’avoir contre lui l’apaisait. Il laissa courir ses doigts le long de la courbe de son épaule songeant qu’il avait toujours quelque chose qu’il devait lui dire avant qu’il ne soit trop tard. Il leva son menton et embrassa ses douces lèvres.

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Message par Éléonore de Fromart Jeu 26 Aoû - 20:17

Il rit lorsqu'elle se jeta dans ses bras. Eh bien quoi ? Elle était trop heureuse de le retrouver, voilà tout. Trop pour lui tenir rigueur de ce réveil trop précoce. Elle remua la tête à son commentaire. Cette fois, pas de doute : il était de retour tout comme elle l'aimait. 

— Oh, Coldris ! se réjouit-elle encore, les yeux pétillants de joie et d'amour, avant de le couvrir de baisers. Vous êtes idiot mais je vous aime. Si vous saviez combien je vous aime, dit-elle dans ses bras avant qu'il ne les lui rende. 

Nulle part elle ne se serait réveillée mieux. Plus personne d'autre ne pouvait susciter un tel bonheur. Et dire qu'encore une fois, elle avait failli tout gâcher pour une broutille. Sotte qu'elle était. Tellement sotte, tellement faible, tellement inutile, odieuse, ridicule, inconscientes… 

Elle se laissa réinstaller dans ses bras. C'était là qu'elle se sentait à la fois le plus et le moins à sa place. Il était incompréhensible qu'il puisse vraiment l'aimer. Aimer quelqu'un de ses convictions, pourquoi pas ; quelqu'un de sa sensibilité, peut-être ; quelqu'un de sa folie, cela lui correspondait encore assez… mais elle était certainement la pire représentante déroutés ces catégories. Et puis elle n'aurait même pas dû exister. Elle en avait été convaincue dès son retour à l'hôtel Tidrien, et cela commençait seulement à s'apaiser. Parce que s'il l'aimait… s'il l'aimait… elle lui faisait confiance.

Ne rien avoir à se faire pardonner ? Bien sûr que si, n'avait-il donc pas vu comment elle l'avait traité ? Tout ça pour éviter le contact avec cette espèce de… de… de… Tssssss. C'était vraiment minable de sa part. Et elle l'avait frappé. Gratuitement. Juste pour n'avoir pas été d'accord. Elle passa, coupable, la main où elle l'avait alors percuté. Elle n'avait compris que plus tard qu'il n'avait rien répliqué. Mais il avait fallu qu'elle s'acharne quand même. Elle était quelqu'un d'horrible. Et pourtant, il était là pour la réconforter alors même qu'elle lui avait fait du mal. Elle ne le méritait pas. Le pire, c'était bien qu'il y parvenait. Elle lui faisait confiance. Au fond… au fond peut-être n'avait-ce pas été si grave. Qu'importe, elle ne voulait plus que cela arrive. 

Il avait eu peur de la perdre ? Il n'imaginait pas combien elle l'avait craint, elle aussi. Mais plus que la fin de son dernier jour, c'étaient ses erreurs qui lui demeuraient.

— C'est de ma faute, soupira-t-elle. J'avais promis d'écrire mais... mais elle avait manqué de foi et de courage. Et à cause d'elle, il avait eu peur. Tout ça parce qu'elle n'avait pas été fichue de se confronter à son silence. Qu'importe, après tout, qu'il eût chiffoné son billet, au moins aurait-il su qu'il n'avait rien à craindre. Trop lâche Éléonore. Je ne voulais pas m'immiscer dans vos affaires, précise-t-elle d'une petite voix. Juste ne pas le revoir…

Et elle n'aimait pas qu'on la force. Ni qu'on décide à sa place. Ni qu'on cherche à la berner. C'était viscéralement insupportable, et elle le sentait dans chaque fibre de son corps quand cela se profilait. Enfin, elle le tolérait bien de la part d'une personne, une seule, mais cela ne signifiait qu'une chose : elle ne saurait jamais en être proche, ni être tout à fait honnête avec. Saleté de gamine égocentrique capricieuse et intenable. Que pouvait-on bien lui trouver ? Pourquoi ne savait-elle pas être moins compliquée ?

Non, pour tout cela, c'était bien elle qui devait s'excuser. Elle remua lorsqu'il affirma l'avoir blessée. Elle s'était débrouillée toute seule. Par un silence, elle se serra contre lui, à la fois pour se rassurer et pour lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas. Elle acquiesça avec une compréhension sincère quand il reprit. Elle n'avait jamais dit qu'elle voulait qu'il regrette, enfin ! Elle estimait que l'autre espèce de… de… de… enfin, que ça n'en valait pas la peine, mais il finirait bien par le voir lui-même… Ou bien, à en croire la phrase suivante, il l'avait déjà vu. 

Elle se tendit instinctivement. Il… Que…? Trahi ?! Que…? Elle ne sut si l'explication la rassurait ou bien l'énervait. Enfin, c'était à dire qu'elle était tout de même soulagée que ce porc n'ait pas récidivé, même si l'idée que l'on discrédite son phénix adoré - et devant des étrangers, en plus ! - la rebutait profondément. Enfin, ce n'était pas la première fois que cette ordure profitait qu'il ait le dos tourné pour lui cracher dessus. Pourtant, l'éventualité de faire remarquer qu'elle l'avait prévenu ne lui effleura pas l'esprit. Elle aurait sincèrement préféré se tromper sur toute la ligne. 

— Je suis désolée, souffla-t-elle. 

Pas qu'elle s'y sente la moindre culpabilité, pour une fois, mais surtout de voir que malgré tout, cela l'affectait. Mais puisqu'il savait, cette affaire devait être réglée, non ? Elle préféra s'abstenir de toute question sur cette partie de l'affaire.

Toujours lovée dans ses bras, elle le caressa son épaule en signe de présence, espérant qu'il s'apaise un peu. Il lui expliqua alors la suite des événements, et il ne fallait pas être un génie pour deviner qu'il s'était apprêté à régler ses comptes. À se demander comment quelqu'un d'aussi lâche que l'ancien curé n'avait pas détalé. 

Dire ? Frapper… Le regard de la jeune femme monta vers le bras qu'il déplaçait. Celui-là même qui avait entravé l'habillage cette nuit. Puis sur les hématomes qu'elle n'avait pas remarqués dans la pénombre. Ce n'était pas bien malin de sa part. Ceci compensé par une indulgence qu'il ne soulignait même pas. Était-elle contente qu'il ait eu besoin de le chasser ? Qu'ils se soient fâchés ? Non, a vrai dire pas vraiment. Surtout blasée. Elle ne voulait pas nourrir de haine.

Elle secoua doucement la tête. Une part d'elle comprenait sa colère et se fichait éperdument du sort de Thierry, l'autre demeurait opposée à cette violence qu'il avait manifestée. Sans doute aurait-elle essayé de le contenir si elle avait été présenté.

— Vous vous êtes blessé... déplora-t-elle. C'est malin...

Oh, tiens, en plus de lui avoir offert la vie de château - non parce que pour recevoir, il devait avoir eu un peu plus que le gîte - on lui avait fourni les vêtements adaptés. Elle haussa les épaules lorsque Coldris se demanda en quoi de beaux habits lui étaient utiles, sa pensée la ramenant un bref instant vers les siens. Fichtre alors ! Elle aurait l'air fine avec cet accoutrement. Enfin, elle s'en soucierait plus tard. Pour l'heure, elle écoutait. Un bâtard de plus ? Bel espoir quand on parlait d'un homme incapable de se tenir lui-même. 

Son insulte arracha une brève sévérité à son regard. Était-ce nécessaire ? Sans doute pas davantage que de gâter l'autre déchet, elle en convenait. Quant au reste, il gérait son personnel comme cela l'arrangeait, elle préférait éviter une parole qui puisse mal s'interpréter, et se contenta d'un léger acquiescement pour montrer qu'elle avait suivi.  

Les deux mots suivants - répétés, de surcroît - eurent davantage d'effet. Tout comme le nom d'Alduis, par le sort duquel elle se sentait bien plus touchée. Cela, et l'effet que cela avait sur son père, autour duquel elle étendit son bras. 

— Ce n'est pas en Dieu qu'il faut croire, répondit Éléonore avec douceur. Pas qu'elle ait contesté son existence, seulement son intérêt pour l'affaire. Au plus elle y songeait, au plus elle se disait qu'en plus de n'avoir jamais eu les exigences stupides qu'on se plaisait à lui prêter, il avait également tiré un trait sur l'humanité. Seulement en votre fils. Il n'a rien besoin autant que de confiance pour s'épanouir et pour avancer.- elle marqua une brève pause pour rappeler ses souvenirs - Quand j'ai rencontré Alexandre, je n'ai pas senti de duplicité dans son attitude vis-à-vis d'Alduis. De l'imprudence, je ne le cacherai pas, et un brin d'incompréhension mais… à ce moment-là, en tout cas, il était sincère. Oh, bien sûr, il est vraiment médiocre à côté de celui qu'Alduis aurait pu aimer, mille fois moins digne de confiance mais… hormis la bêtise qu'il lui a fallu pour me demander si son père m'avait mise enceinte, je n'ai encore rien eu à lui reprocher, plaisanta-t-elle pour essayer d'alléger son propos. Non mais sérieusement, avait-elle l'air d'avoir aussi mauvais goût ? Faites confiance au cœur de votre fils, et ne vous inquiétez pas. Et si cela s'avère nocif, nous serons là.

Car son conseil, elle savait désormais qu'il ne garantissait pas de tout. Elle avait failli en mourir une fois, elle y croyait toujours autant. La confiance, c'était tout ce qu'il fallait pour assurer la situation sans trop se tourmenter. La confiance, c'était la plus puissante des magies. Et même si cela ne garantissait pas de tous les coups, il fallait accorder le bénéfice du doute. C'était, si elle se considérait comme son amie, ce qu'elle se devait de faire. Croire et soutenir. Et sa relation avec Coldris, elle l'avait promis,ne changerait rien entre eux.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 26 Aoû - 22:58




C’était un doux réveil qu’il se plut à savourer durant de longues minutes avant de prendre finalement prendre la parole. Les torts de cette dispute étaient indubitablement partagés et Coldris ne souhaitait pas particulièrement revenir dessus outre mesure. Bien au contraire, il préférait de loin tourner cette page qui s’était avérée pénible. En réalité, de ce qu’il se souvenait, c’était à lui d’écrire, mais passé la colère, il avait eu du mal à rassembler d’une part son courage et d’autre part à canaliser suffisamment sa main tremblante pour tracer ces quelques lettres qu’elle avait sans doute dû recevoir dans un état pitoyable tout juste déchiffrables, rien avoir avec son écriture précise habituelle. C’était presque à se demander comment elle avait pu être sûre qu’il s’agissait bien d’un billet de sa part et non d’une contrefaçon. Quant à ses affaires, il étouffa tout juste un grognement : ce n’était pas ce qu’elle avait voulu, pourtant, elle l’avait quand même fait. Pour le reste, il plaidait coupable pour son insistance.

Il n’y avait de toute façon pas lieu de revenir sur leur différend puisque cette sangsue l’avait résolue pour eux en le trahissant ouvertement. Oh lui aussi était désolé. Désolé d’avoir fait confiance à ce rat qui ne méritait que de lécher les résidus de merdes accumulés entre les interstices des pavés. Tandis qu’il poursuivait, il sentait ses caresses apaisantes sur son épaule encore contractée de cette sourde rage. Elle devait certainement déplorer ses accès de violence, toutefois elle était mal placée pour lui faire remarquer quand bien même elle n’avait jamais voulu lui faire de mal.

— Quel dommage. Vous allez devoir prendre soin de moi. déclara-t-il avec son ironie coutumière.

Coldris reprit son récit, évoquant cette fois-ci ses inquiétudes sur Alexandre, il se doutait bien qu’elle ne pourrait sans doute ni les comprendre ni les partager, mais cela n’avait au fond aucune importance, il ne faisait qu’étaler ses tourments devant elle pour s’en libérer, sans attendre réellement quoi que ce soit en retour.

Croire en Alduis ? Non, il ne pouvait pas. Il le pouvait dans certains domaines, il le pouvait plus qu’avant, pourtant il ne pourrait jamais lui faire confiance sur ses sentiments tant il pressentait que son sens du discernement pouvait parfois être floué. Et comment aurait-il pu alors même qu’il était si facile de se jouer de lui en maniant les mots habilement pour le tromper ? Il n’était pas idiot, il n’était pas dénué de qualités, seulement les mots n’étaient pour lui qu’un simple carré lorsqu’ils étaient en réalité des prismes aux multiples facettes. Éléonore ne pouvait évidemment pas partager ses craintes : elle ne connaissait que la facette amicale de son esclave, celle qu’il avait la plupart du temps. Elle ne l’avait pas vu pris d’une folie vengeresse à l’encontre de son père et… Oui il saurait doute amplement préféré son demi-frère, surtout s’il lui ressemblait autant qu’elle lui disait. Rien que par le fait qu’il soit noble, la situation aurait sans doute été plus acceptable – bien que parfaitement incompréhensible –

— J’entends bien ce que vous me dites, seulement… vous ne le connaissez pas comme moi. J’ai eu le temps de le découvrir durant ce dernier mois et s’il a des qualités professionnelles indéniables, il n’est pas dénué de profondes failles autant que de défaut. Il y a chez lui une facette bien plus sombre qu’il ne le laisse poindre. Quand je suis venu le chercher à la Prévôté, il s’est montré d’une arrogance exécrable, persuadé que je venais pour lui sur les ordres d’Alduis. Il a cherché à se venger de son père et ne semblait jamais s’en satisfaire. Mais ce n’est pas le pire… J’ai appris qu’au manoir, il avait délibérément joué de séduction face à mon Intendant qui se trouvait mal à l’aise de le voir dévêtu. Comment voulez-vous que je ne m’inquiète pas ? Alduis n’est pas moi. Il ne partage pas. Et qui sait de quoi il serait capable ? Je ne peux pas faire confiance au cœur de mon fils, je suis désolé. Je vous le laisse. Pour le reste, il n’y aura qu’à ramasser les débris. Ce n’est pas comme s’il n’essayait pas de se tuer à chaque désillusion.

Et pour cela, il n’y avait rien qu’il pouvait faire. Il était entièrement impuissant, tout juste apte à se féliciter de ses échecs répétés et à continuer d’espérer qu’il en serait ainsi. Que pouvait-il faire d’autre ? Il le reverrait éternellement sur ce maudit rebord de fenêtre prêt à embrasser le vide pour finir comme un pantin désarticulé. Il leva un regard brillant cherchant le sien avant d’avouer :

— Je ne veux plus jamais le revoir sur cette fenêtre.

Quand il pensait à toutes ces fois où Virgil et Léonilde lui avaient sauvé la vie tout en essuyant de copieuses insultes… Il réalisait alors à quel point il avait eu de la chance. Sans eux, il ne serait pas là aujourd’hui. Et si à l’époque il ne voyait pas bien l’utilité de vivre avec un tel trou béant, là maintenant, alors que leurs deux regards s’étaient attrapés, cela devenait une évidence. Jamais il ne l’aurait cru si un oracle lui avait affirmé qu’il guérirait. Il passa une main le long de sa joue, un sourire au bord des lèvres, comme pour lui dire de ne pas s’en faire pour toutes ses sombres paroles, que tout allait bien puisqu’elle était là et que c’était la seule chose qui comptait.

— J’avais quelque chose d’important à vous demander…

Quelque chose qu’il n’aurait jamais cru dire un jour aussi volontairement et… il ne savait dire si son cœur s’emballait ou au contraire s’arrêtait alors qu’elle était suspendue à ses lèvres.

— Vous n’avez vraiment pas peur des serpents ? demanda-t-il finalement en esquivant l’obstacle.

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Message par Éléonore de Fromart Ven 27 Aoû - 19:06

Que l'on n'en doute pas : s'il avait besoin d'elle, elle prenait volontiers soin de lui. Mais ce n'était pas une raison pour tabasser tout le monde. Mais elle ne lui en voulait pas. Elle comprenait, même si cela ne lui était jamais arrivé. Pas ainsi. 

Coldris enchaîna sur ses inquiétudes vis-à-vis d'Alduis. Inquiétudes qu'elle-même n'avait pas formées spontanément, quand bien même son instinct de sœur aurait dû spontanément le rejeter. C'était bien le problème,sans doute : lutter contre l'empêchait de voir les choses correctement, et à chaque problème, il fallait demander si elle l'aurait considéré sans cette situation. 

Elle écouta, marmonnant qu'elle n'avait jamais prétendu le connaître. Elle savait bien qu'elle ne l'avait croisé qu'à deux brèves reprises, et comme elle l'avait dit, à ces moments précis, elle n'avait conçu aucun soupçon. Il semblait trop préoccupé pour remarquer l'absurde précision qu'elle avait apportée, ce qui rendit le problème plus sérieux encore. Car en effet, elle ne pouvait nier que les éléments donnés n'avaient rien de favorables à Alexandre.

Mais ce qui fut plus difficile à entendre, ce fut ce refus de faire confiance à Alduis, qui en avait pourtant tant besoin. Elle se contenta d'un soupir. Elle avait envie de continuer, mais elle comprendrait toujours qu'on ne puisse pas en supporter la perspective. Ces derniers jours… Elle ignorait combien de temps elle aurait pu tenir sans son message. Et si le moindre signe de son phénix avait la douce chaleur d'un soleil hivernal, il n'en persistait pas moins l'hiver qui hantait sa solitude, et les rudes pensées que seule l'idée de le retrouver éloignait. 

Elle caressa encore son épaule. Elle ne savait pas de quelle fenêtre il parlait, ni à quand cela était arrivé, mais l'idée semblait claire. Et même si l'idée qu'Alduis se tue avait bien des raisons de la terrifier, elle savait qu'elle ne pourrait jamais le rattacher de force à la vie. Elle ne pouvait pas, pas en sachant si bien. Des miracles comme le sien, ce devait arriver si peu souvent… Et d'ailleurs, l'autre côté ne devait pas être si terrible. Le seul fait était que d'une manière où d'une autre, elle y serait séparée de son phénix pour l'éternité et qu'elle voulait partager le plus possible avec lui avant que cela n'advienne.

— Je sais, mon amour, je ne le veux pas davantage. Mais… j'insiste : si vous ne pouvez rien faire d'autre, le seul moyen de vous apaiser est de tâcher de croire en lui. Parlez-lui.

Elle poussa un soupir.

— Oubliez, c'est moi. Je pense en amie alors que vous êtes père. Et je pense comme j'aimerais qu'il en soit pour moi quand il s'agit d'Alduis. Mais… Il est tout de même important de lui faire confiance sur le plus de points possibles. Justement pour qu'il se sente mieux, pour éviter… ça.

C'était difficile, elle savait. Elle captura sa main avec un sourire doux. Elle ne lui reprochait rien, savait-il ? Elle voulait juste essayer d'améliorer les choses pour tout le monde. De toute façon, ses défauts de père n'avaient aucune raison d'entraver l'amour qu'elle lui portait. Elle hésita à lui suggérer de prévenir sa fille de ses soupçons. Parce qu'elle était la personne la plus proche d'Alduis à sa connaissance, et de ce fait très bien placée pour remarquer l'émergence d'un problème. Mais l'avertir serait la charger, et de leur rencontre, quoique brève, était ressorti qu'elle n'avait pas besoin de ça. 

Elle revint au regard duquel elle s'était égarée un instant. Quelque chose d'important à lui demander ? Elle l'interrogea du regard. À quel sujet ? Y avait-il un autre problème ? Non, elle n'avait pas solution à tout, mais si parler pouvait lui être libérateur… 

— Vous êtes sot ! s'exclama-t-elle avec une légère tape de dépit, se rappelant leur conversation de la nuit. 
Vous teniez vraiment à me le rappeler ? s'enquit-elle avec un léger rire. Vous devriez avoir honte d'avoir osé croire que je puisse être assez peu agile pour avoir besoin d'une échelle qui me rattrape ! accusa-t-elle, taquine. 

Puis, un brin plus sérieuse :  

— Cela ne doit pas m'effrayer outre mesure si je m'obstine à m'aventurer dans le repaire de l'un des plus dangereux spécimen. Enfin, que voulez-vous, j'étais plutôt téméraire comme agneau.

Elle préférait de loin luciole, d'ailleurs, mais il fallait bien suivre le modèle jusqu'au bout. 

Elle se redressa pour l'embrasser amoureusement. Puis lui renvoya son fameux regard interrogateur : tout à l'heure, elle aurait juré qu'il devait lui poser une vraie question.
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Message par Coldris de Fromart Ven 27 Aoû - 21:56




Elle ne pouvait pas comprendre toutes les raisons qui le poussaient à lui refuser cette confiance. Contrairement à elle, il ne pensait pas que c’était ce dont il avait besoin plus que tout. Tout simplement car c’était quelqu’un de franc et qu’il n’aurait jamais voulu d’un simulacre de confiance. Il ne connaissait sans doute pas très bien son fils, mais il était persuadé qu’il aurait mille fois préféré entendre sa vérité que de se voir gratifier d’une confiance aveugle.

Elle se reprit finalement et il plissa les yeux comme pour mieux se concentrer sur ce qu’elle avait à dire. Il lui adressa un sourire discret.

— Vous avez entièrement raison, être parent n’a rien à voir avec être ami. Les parents n’ont pas à prendre à ce rôle, ils doivent guider au mieux et je le laisserai volontiers tomber en toute sérénité si j’avais la certitude qu’il se relèverait ensuite. Peut-être un jour, aurez-vous la chance de pouvoir être mère à votre tour et vous réaliserez alors à quel point le besoin de protection surpasse toute confiance possible.

Pour ce qui était d’aller mieux, c’était un sujet nettement plus complexe que ce qu’elle pouvait imaginer. Quelque part, il savait désormais qu’il n’était pas le seul fautif quand bien même il avait participé à construire cette fragilité malgré lui. Toujours était-il qu’il ne lui en voulait pas le moins du monde pour ses conseils. Se rappelant avec un brin d’amusement ce jour où elle lui avait affirmé ne pas vouloir interférer entre eux d’une façon ou d’une autre. Ce qu’il fallait surtout y voir c’était la confiance qu’il lui portait à elle pour lui faire part ainsi de toutes ces choses somme toute très personnelles.

Tout cela le ramena à cette chose qu’il devait lui demander et… qu’il esquiva lamentablement. Ça pour être idiot, il l’était vraiment, elle avait de quoi s’en insurger et il lui répondit d’un sourire malicieux.

— À vrai dire c’était bien ce qui me dérangeait dans cette histoire. Cela et de savoir comment l’échelle pouvait  bien perdurer si les serpents devaient lâcher leur voisin pour m’attraper in extremis. Un brin pensif, il ajouta : remarquez, je ne sais pas si c’est pire que Virgil écrasant une souris avec un registre judiciaire en l’insultant de créature de Sodome…

Quant à la fin de son argument, il le ramena aussitôt au point de départ. Cette fameuse demande pour laquelle il n’aurait pas dû s’en faire autant tant ce n’était finalement rien du tout. Jouant avec ses doigts le long de sa colonne vertébrale qu’il remonta en sinuant, il se décida finalement à répondre joueur :

— La question est de savoir s’il est assez téméraire pour rester désormais.  

Il accueillit son baiser avec délice le temps de ces quelques secondes de bonheur avant qu’elle ne plante son regard interrogateur dans le sien, signe qu’elle n’avait pas été dupe de cet intermède ophidien. Il n’était plus question de reculer désormais. Le temps semblait se suspendre, mais il savait que le sablier du Temps continuait d’égrainer son sable sans jamais s’arrêter. Il se perdit un instant dans ce regard. Il savait déjà ce qu’elle en pensait. Il savait qu’elle ne s’attendait sans doute pas à ce qu’il allait dire. Il savait qu’elle ne comprendrait sans doute pas, mais c’était la seule solution viable pour eux. Sans cela, l’insécurité serait omniprésente. Il prit une inspiration et…

— Epousez-moi.  

Ses yeux bleus toujours rivés dans les siens, il avait déplacé en même temps sa main dont l’index se déposa avec légèreté sur le moelleux de se lèvres pour lui intimer le silence.

— Je vous en conjure, ne refusez pas tout de suite. Prenez le temps d’y réfléchir.

Il retira son doigt tout en poursuivant.

— Si vous êtes prête à me supporter jusqu’à ma mort alors je sais très heureux de vous avoir pour femme. Cela ne changera rien entre nous si ce n’est l’assurance de nous voir aussi souvent que nous le voudrons. Vous serez toujours libre de faire ce que bon vous semble et si un jour vous en avez assez je vous laisserai Fromart pour m’installer à Cervigny.

Et il avait largement eu le temps durant ses insomnies de peser le pour et le contre tout comme il avait pu envisager toutes les possibilités et autres problèmes. Si elle était toujours là après l’avoir ramassé au théâtre, après l’avoir vu délirer misérablement chez lui dans un état proche d’une épave rongée par la corrosion marine, après l’avoir vu se mettre en colère contre ce fils qui était son ami, après avoir supporté ses coups de sang et toutes ses paroles maladroites… alors, alors il pouvait lui faire cette demande, car elle était suffisamment spéciale et extraordinaire à ses yeux pour qu’il accepte de se marier une troisième fois.
Pour la protéger, elle, d’une union malheureuse qu’elle subirait à vie.
Pour le protéger, lui, des dommages collatéraux qui ne manqueraient pas de survenir d’une façon ou d’une autre.

La première fois, il n’était pas vraiment libre. Aujourd’hui, rien ne l’empêchait de l’épouser. Il était prêt à donner une seconde chance à Solange et à tenter d’obtenir ce bonheur qu’il n’avait jamais eu.

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Message par Éléonore de Fromart Sam 28 Aoû - 3:44

Parent et ami seraient toujours bien deux choses différentes, en effet. L'un posait les limites, l'autre les éprouvait à vos côtés. L'un édictait des règles, l'autre les discutait avec vous. L'un se devait de conserver un éternel recul, l'autre de rester à vous soutenir au niveau même où vous étiez. L'un était autoritaire, l'autre complice. Le respect que l'on devait à l'un ou l'autre était également différents par la forme dans laquelle il s'exprimait. Les deux se devaient d'exister et de ne pas se mélanger. Autant le second que le premier, même si depuis ce côté, il était parfois agaçant de l'admettre. Éléonore elle-même, qui - et elle s'en voulait au fond d'elle - ne se comportait pas comme une fille aurait dû le faire, le reconnaissait. Le grand malheur était celui de toutes les relations d'autorités : la distance sans laquelle elle ne pouvaient fonctionner. Non, elle n'aurait certainement pas aimé qu'Oncle Eineld se comporte en ami… et s'il ne lui faisait pas confiance, c'était sans doute qu'elle ne le méritait pas.    

— Chance d'être mère, répéta-t-elle l'oxymore d'un ton bien peu convaincu.

Enfin, une mère encore pouvait se permettre d'être moins stricte… Mais si elle comprenait parfaitement pourquoi il devait penser en père, elle ne pouvait pas se figurer elle-même parent. C'était absurde. Et elle se rendit tout à coup compte que si elle avait entendu le principe de l'héritier qui devrait venir d'elle parce que l'autre andouille n'était plus là pour s'en charger, jamais elle n'avait envisagé cet aspect. Oui, en réalité, il était préférable que cela n'arrive jamais : elle ferait des enfants bien malheureux, et ne saurait jamais s'approcher de ce dont ils auraient besoin. Encore une fois, elle prouvait qu'elle n'était pas du tout comme il le fallait. Une anomalie dans le monde qui l'abritait. Détestable. Et qui n'avait même rien à y faire. Une gamine idiote qui parlait à tort et à travers, comme si elle pouvait y entendre quoi que ce fut à un problème quelconque. Était-ce son âge qui la rendait si présomptueuse, ou bien quelque défaut particulier supplémentaire ? 

Elle relégua la question à sa prochaine période vide pour se permettre de râler et tempêter gaiement. Tout de même, si on la remettait en question dans sa seule véritable compétence - déjà qu'elle n'ait pas dû l'avoir -, il ne lui restait plus grand chose. Enfin, il se rattrapait bien, son magnifique phénix. 

— En ne relâchant que les échelons et jamais les montants, suggéra-t-elle comme solution à son problème. Non, décidément, elle ne savait rien dire d'autre que des âneries.

Puis elle fronça les sourcils. La suite ne lui évoquait rien. Non, vraiment… Quant à savoir si un certain agneau était prêt à rester : 

— Il est jeune, inconscient, et son cœur décide à sa place, répondit-elle avant de l'embrasser. 

Quoique choisir la solution qui la maintenait en vie était sans doute, au final, quelque chose de sensé, finalement. Et que son cœur, bien qu'il y ait toujours des gens pour trouver ses choix fort curieux, n'était pas aveugle pour autant. C'était plus avec lui qu'avec son esprit qu'elle sentait que son phénix n'avait pas tout de suite cherché à plaisanter. Qu'il avait réellement eu quelque chose à dire. Et c'était en effet le cas.

Trois éclats se succédèrent dans le regard d'Éléonore. D'abord un certain choc, car elle peinait à croire ses oreilles ; puis l'incrédulité, doublée de la légère honte d'avoir cru un instant à cette proposition grotesque ; enfin, une profonde incompréhension, presque déçue, quand elle réalisa qu'il était bel et bien sérieux. Enfin, plus ou moins, avec davantage d'espoir pour le moins.

— Plaît-il ?!

Elle regarda sévèrement ce doigt qui espérait la faire taire. Elle mordilla sa joue pour réprimer le flot de parole qui sinon ce fut échappé de ses lèvres qu'il voulait sceller. Tout cela pour respecter son vœu de ne pas l'entendre refuser immédiatement. Quelque part, elle attendait encore qu'il revienne sur ses mots, se vante de s'être bien moquée d'elle alors qu'elle était censée être en pleine possession de ses moyens, et rie de la tête qu'elle avait dû faire. Rien ne vint que de nouvelles explications, mais dès qu'il avait ôté son doigt, elle s'était lassement laissée retomber, un peu plus loin de lui que lorsqu'elle s'était redressée sur son coude pour l'embrasser, atterrée par ce qu'elle essayait de lui dire.

Son cœur se comprima violemment. C'était qu'elle en aurait pleuré. Sans doute… sans doute n'avait-elle pas assez dormi pour rattraper les quatre nuits précédentes, car elle se sentait tout à coup étrangement sensible. C'était… c'était qu'elle s'était attendue à tout, sauf à ça. Elle se serait moins saisie si le plafond s'était écroulé sur leurs têtes. 

C'était sans doute injuste de rapprocher les évènements, mais il en était un autre qui lui avait promis que cela ne changerait rien entre eux. Eh bien elle avait bien vu où ça menait. Et tout à coup, elle eu peur. Un jour, ils étaient libres et heureux, le lendemain ils pointaient la propre flèche de cupidon contre sa gorge et… et… et… Éléonore roula pour toucher timidement la joue de son fol amant.

— Coldris… Je vous aime, n'en doutez pas. Et j'aurais voulu pouvoir rester auprès de vous pour bien plus longtemps que cela. Seulement… C'est grotesque. C'est grotesque parce que même si nous omettions tout le reste, je n'ai absolument rien de ce que l'on peut attendre d'une épouse. Vous finiriez déçu, ne dites pas non, vous le seriez, car je ne saurais remplir ce genre d'exigences. Vous auriez l'air ridicule avec une femme comme moi. D'ailleurs je ne sais rien faire de ce que je devrais. Et puis… Vous vous entendez ? Que nos conflits vous chassent de chez vous ? C'est absurde. Et puis, si vous deviez le faire pour quelqu'un, ce ne serait pas moi. Et… et je ne comprends pas. Je ne comprends pas, mon amour.. Pourquoi ? Vous… Vous ne vouliez pas vous marier… Vous ne vouliez pas de ça. Et je ne voudrais surtout pas vous rendre malheureux. Je ne veux pas nous détruire.
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Message par Coldris de Fromart Sam 28 Aoû - 22:39




Elle n’avait pas l’air d’être bien convaincu par ce qu’il avançait, notamment au sujet de la maternité. Il ne pouvait pas lui en tenir rigueur, ce ne pouvait être qu’abstrait lorsque cela demeurait encore terra incognita.

Toujours était-il, que sa question d’origine fut esquivée idiotement par ses soins en évoquant cette histoire totalement absurde de serpents dont il gardait un souvenir diffus. Ce qui restait prégnant en revanche c’était ce sentiment étrange d’un manque de logique sans réussir à mettre le doigt sur ce qui le dérangeait. La discussion s’engagea et elle pouvait bien le trouver sot, lui trouvait cela particulièrement cocasse et prit un malin plaisir à lui fournir un éclaircissement. Quant à son problème, elle lui a trouva la solution idéale ou presque.

— Mais c’est que ma petite luciole est ingénieuse ! fit-il en enfouissant sa tête dans son cou pour la couvrir de baisers.

Il aurait bien ajouté que cela nécessitait des serpents adroits pour le rattraper en se jetant dans le vide et que détacher les échelons impliquait de perdre tout point d’appui et qu’il doutait de l’efficacité à reformer une corde de serpent avant qu’il ne soit hors de portée, mais… ce n’était sans doute pas nécessaire de poursuivre sur cette voie, n’est-ce pas ? Il préféra évoquer un autre serpent – lui d’après ce qu’elle avait décidé lors de la première rencontre –, une façon comme une autre pour lui de tâter le terrain avant cette question fatidique qu’il devait lui poser. Jeune, inconscient et dont le cœur décidait à sa place ? Ce n’était peut-être pas ce qu’il aurait voulu entendre alors qu’il s’apprêtait à lui faire une demande des plus inattendues… Ce que confirma aussitôt son regard qu’il chercha instantanément à déchiffrer : surprise, incompréhension et… quelque chose dont il n’était pas sûr de l’interprétation, perdue au milieu de ce mélange détonnant d’émotions et de réactions qui le submergeait bien trop pour qu’il ne parvienne à les analyser distinctement. Il n’eut pas d’autre choix que de sceller ses lèvres qui n’annonçaient qu’un refus spontané. Croiser ses yeux pris d’une quasi-détresse lui serra le cœur. Quelle ironie que de proposer un mariage à la seule femme qui s’en serait volontiers passée ! Il en avait conscience, oh oui complètement conscience et pourtant c’était là murement réfléchis. Lorsqu’il libéra sa bouche, le flot de paroles s’écoula. Il écouta patiemment sa longue tirade et en lui caressant les cheveux amoureusement. Puis lorsqu’elle eut terminé, il embrassa son front avec tendresse.

— Mais moi aussi je vous aime, ma belle Éléonore et c’est bien pour cette raison que je vous fais cette proposition. Ce n’est pas grotesque, c’est parfaitement logique au contraire. Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit au théâtre ? Il est parfois nécessaire de se marier pour protéger celle que l’on aime. Je ne peux pas me résigner à vous laisser épouser Gabriel. Je ne peux pas prendre ce risque, pas en sachant pertinemment comment cela risque de s’achever. Pas en étant libre cette fois-ci de vous épouser. Vous avez besoin de mari, je suis veuf et je vous aime. C’était aussi simple que cela. Et vous avez tort. Je serai très fier d’avoir pour épouse la seule femme qui m’aime, me comprend et me tient tête. Vous n’êtes pas bien comme il faut ? Tant mieux, car moi non plus. Et je vous mets au défi de trouver une femme dans tout Braktenn qui osera vous dire très sincèrement que je suis un mari rêvé. il esquissa un sourire malicieux : et qui ne soit pas vous. conclut-il en goutant ses lèvres.

— Vous savez, quand j’ai rencontré Aurélia, je ne voulais pas me marier. Je pensais que cela détruirait ce qu’il y avait entre nous. Que l’ennui s’installerait, que je manquerai de défi et que je ne prendrai plus aucun plaisir à la séduire jour après jour… Vous savez ce que ma tante m’a dit ? « Vous êtes un idiot, Coldris ! Pourquoi pensez-vous que cela cesserait dès lors qu’un anneau vous lierait ? ». Ce n’est que l’importance ou non qu’on lui donne et je ne lui en accorderai jamais plus que celui du plaisir de vous appeler « ma femme ». Pour tout le reste rien ne changera entre nous, car vous avez raison : je n’ai pas besoin d’une épouse, simplement d’avoir la femme que j’aime à mes côtés et c’est tout ce que ce papier signifiera. Oh et si par malheur ma chère tante avait tort, j’aurais l’éternité pour le lui rappeler s’exclama-t-il taquin. Quant à Fromart, vous n’avez pas à vous en faire, vous serez chez vous également, et Cervigny est encore plus chez moi qu’ici. Cet hôtel a toujours été mon refuge, vous ne me chasserez pas de chez moi, je ne ferai qu’y retourner.

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Message par Éléonore de Fromart Dim 29 Aoû - 17:34

Coldris embrassa tendrement son front lorsqu'elle eut terminé de contester son projet insensé. Qu'elle voulait sincèrement croire insensé. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était tout de même que cette proposition vienne de lui. Lui avec qui elle en riait depuis le début comme de l'éventualité la plus absurde qu'on pût envisager.

Logique, peut-être, mais elle ne comprenait pas ce qu'il pouvait tant reprocher à Gabriel. D'être un imbécile ? De refuser de comprendre ? Elle-même comprenait qu'il se fasse du souci, même s'il n'était pas fondé. Et s'ils s'étaient éloignés, si elle lui en voulait toujours un peu pour ses mots de l'avant veille, elle ne voyait pas en quoi cela aurait présagé quelque chose de grave. C'était pourtant ce que Coldris semblait sous-entendre. 

Elle serra les poings comme une enfant en colère en entendant qu'elle avait besoin d'un mari. Besoin. Eh bien cela n'aurait pas dû être le cas. Normalement, Ariste aurait dû vivre, rester à se côtés, et elle n'aurait pas eu besoin de ça. Merci de rappeler que cette fois, elle n'y échapperait pas. Ce qui n'était pas un cadeau puisqu'elle n'avait rien des qualités d'une épouse. Et non, il ne pouvait même pas être le mari rêvé pour elle puisque le concept même la dérangeait - ce qui ne l'empêcha pas d'apprécier son baiser. L'amant peut-être. Si l'on omettait ses fonctions. Il n'était pas fidèle ? Quel homme l'était, au juste ? Il était idiot ? Adorablement. Difficile ? Oh, le reste le compensait mille fois. 

Et maladroit, aussi, drôlement. Il fallait que ce soit le cas pour ramener son véritable amour dans la conversation maintenant. Éléonore ne lui en voulait pas, elle savait que c'était seulement pour s'expliquer, tout comme il rappelait son souvenir parce qu'il lui était agréable. Mais depuis l'autre nuit, ce n'était plus tout à fait pareil. 

Que ce mariage présumé ne changea rien, elle voulait vraiment y croire. C'était difficile. Tout comme s'entendre rappeler qu'elle devrait, par la force des choses, déménager. Les falaises de Tianidre vinrent la narguer à cette seule idée. Mais elle ne pouvait plus grimper, de toute manière. C'était terminé. Ce projet n'avait plus de sens. 

— Alors… Alors c'est vraiment ce que vous voulez ? s'étonna-t-elle. 

Après tout, c'était ce qui comptait vraiment. 

— Et vous êtes certain que c'est la seule solution pour que nous soyons ensemble ?

Elle se serra contre lui. Si le ton sur lequel elle l'interrogeait était d'un dépit presque enfantin, elle n'en réfléchissait pas moins très sérieusement. 

— Il a dit que si je vous revoyais, il ne me couvrirait plus. Qu'il ne pouvait plus prendre ce risque. Je ne sais même pas… Je ne sais même pas si ça concerne uniquement notre relation où tout ce qu'il sait que j'ai pu faire. C'était vraiment idiot de ma part de venir tout de même.

Tout cela pour reconnaître que les choses seraient monstrueusement délicates si elle refusait. Elle soupira profondément. Il y avait bien quelqu'un qui aurait pu lui dire ce qu'elle devait faire. Toute seule, elle ne savait pas. Mais ce quelqu'un avait confiance en elle. Il lui aurait dit… il lui aurait rappelé tous les éléments qu'elle connaissait. Il… Il l'aurait aidée à mettre de l'ordre dans ses idées. Il aurait pu avoir raison sans lui imposer son avis, mais c'est pourtant bien celui qu'elle aurait suivi en ces circonstances. Il y avait deux sortes de risques, n'était-il pas ? Enfin, si c'était un risque qui en valait la peine, c'était surtout une décision drôlement sérieuse qu'elle ne pouvait prendre à la légère. 

Elle s'assit donc, s'éloignant un peu, et planta un regard sérieux dans le sien.

— Admettons que j'accepte ; quelles seraient vos conditions ?
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Message par Coldris de Fromart Lun 30 Aoû - 22:23




Il la sentait plus que perplexe à cette idée de mariage et… il la comprenait aisément. Ce n’était pas bien compliqué de s’imaginer en position inverse. Elle semblait presque en colère de constater qu’elle devait se marier dans tous les cas. C’était ainsi. Homme ou femme, il fallait se marier dans cette société lorsque l’on n’entrait pas dans les ordres. Le cas échéant c’était la porte ouverte aux quolibets en tout genre, autant dire une très mauvaise idée surtout lorsque l’on décidait de vivre une vie volage.

— De toute évidence, ce n’est pas ce que vous voulez. Songez-y tout de même

Quant à savoir si c’était la seule solution… Elle devait le connaitre suffisamment désormais pour savoir qu’il aurait étudié toutes les possibilités à sa portée avant de les classer selon un indice de bénéfice/risque/inconvénient.

— Evidemment que non. Il s’agit simplement de la meilleure option… Il releva son menton pour croiser son regard puis la questionna : savez-vous pourquoi ? Après un temps, il reprit : car celle-ci ne repose sur aucun tiers faillible dont nous n’avons pas la maitrise. Il n’y aura que vous et moi dans cette équation, ce qui la rend nettement plus sûre que toutes les autres comportant des proportions de taux d’échecs scandaleusement hauts. Quant aux contreparties, je les juge somme toute suffisamment maigres compte tenu de la situation pour ne pas envisager prioritairement cette solution.

Il est vrai que c’était là un raisonnement des plus pragmatiques, mais elle connaissait pertinemment son avis sur le mariage, ce n’était donc là qu’un papier qu’il était prêt à lui ratifier et un anneau qui l’était prêt à lui offrir, car il l’aimait suffisamment pour lui faire ce cadeau et lui offrir ce qui se rapprocherait le plus de la liberté. Et quand il entendait ce qu’elle racontait au sujet de son « fiancé », cela ne lui donnait que raison. Il embrassa le sommet de son crâne en caressant son bras avec douceur.

— Je sais fort bien – et je le comprends – que vous ne souhaitez pas vous marier que ce soit avec moi ou un autre. Mais regardez donc : il affirme ne plus vous couvrir et vous consigne chez vous. Car c’est bien cela n’est-ce pas ? Vous êtes arrivée chez moi en pleine nuit, vêtue en homme et je présume à cheval comme une fugitive et non une personne libre. Éléonore, vous ne l’avez pas même encore épousé ni fiancé et regardez à quoi vous en êtes réduite. Je sais ce qu’implique ce mariage, j’en suis parfaitement conscient, mais vous jouirez au moins d’une liberté aussi complète qu’il est possible de l’envisager si vous m’épouser. Et… C’était peut-être idiot, mais je suis ravi de vous avoir contre moi et je vous remercie pour cela.

Éléonore se redressa pour s’asseoir et prendre du recul dans tous les sens du terme. Lui, s’appuya sur son seul coude valide pour lui faire face de côté.

— Mes conditions? Vous verrez elles n’ont rien d’extravagant. Je sais être quelqu’un de fort simple. Mais avant cela je dois vous faire part de quelques points purement « logistique ». Tout d’abord, qu’importe votre réponse, vous êtes libre demeurer ici aussi longtemps que bon vous semblera. J’écrirai une lettre à Tidrien et Tianidre tout à l’heure si vous n’y voyez pas d’objections, afin de les informer de votre présence ici. C’est qu’il n’était pas question d’envenimer les relations pour empoisonner la leur par ricochet ensuite. Elle le comprendrait aisément. Durant ce temps, j’exige que vous sortiez accompagnée hors du domaine. Je suis navré, ce n’est pas pour vous restreindre dans vos mouvements, loin de moi cette idée-là, seulement, vous devez comprendre que si vos gens vous rencontrent, il se peut que vous soyez ramenée manu militari chez vous. Or, je n’ai aucun droit pour réclamer votre liberté. Vous comprenez n’est-ce pas? Enfin, si vous acceptez ma proposition, cela implique de célébrer notre union en secret afin que personne ne puisse s’y opposer. Bien entendu, j’aurais demandé l’aval à Notre Roi de mon côté. Disons que ma position élimine nombre de mariages politiques par souci de neutralité. Je doute donc qu’il ne me refuse cette faveur.

Le temps de laisser absorber ses paroles et reprendre sa respiration, puis il passa à sa réelle question:

— Quant aux conditions de notre engagement mutuel puisque c’était là votre interrogation, elles sont comme je vous le disais fort simples. Je n’exigerai de vous que quatre devoirs en échange de ma signature sur ce bout de papier devant un curé. Premièrement, votre loyauté indéfectible : vous aurez accès à ma vie, à mes secrets, à mes failles et tant d’autres choses. Ne me trahissez pas. Pas une seule fois ou ce sera la dernière. Non pas que je doute de vous, loin de là, seulement je préfère que les choses soient claires. De la même façon, ne mettez pas votre nez dans mes affaires politiques à moins que cela ne vienne de moi. Je préfère vous garder dans l’ignorance. Cela assurera notre sécurité à tous. En effet, vous serez la première personne que l’on essayera de faire parler. Il serait bien naïf de songer que je suis le seul à disposer d’un réseau d’espion. Vos amants pourraient être l’un d’entre eux, on pourrait vous droguer et tant d’autres choses. Aussi, si vous ne savez rien, vous n’avez rien à dire. Troisièmement, vous devez respecter tous mes enfants, qu’importe leur légitimité, mais je sais que c’est déjà ce que vous faites, ma petite luciole. Enfin, ne me mentez jamais. Qu’importe que vous ayez un amant différent chaque soir, que ne vous m’aimiez plus ou  que sais-je encore. Si je le découvre par moi-même, vous me trouverez plus que furieux.  Voilà tout ce que je demande. Ce n’est que du bon sens et du respect. En échange, je vous laisse toute liberté possible. Je pisse sur les ragots de vos infidélités, j’élèverai vos bâtards comme les miens et je ne vous demanderai de m’accompagner que lors des représentations officielles où votre présence était indispensable. Le contrat de mariage sera rédigé par mon notaire  – ou le votre si vous préférez– et je vous doterai d’un douaire conséquent s’il devait m’arriver quelque chose et… je vous propose d’établir une séparation des biens pour que vous puissiez conserver tout ce qui vous appartient, y compris la dot que j’espère négocier auprès de votre père, ainsi vous ne serez pas dépendante de moi financièrement et si les choses tournaient au vinaigre, vous ne vous retrouveriez pas dépossédée.

Il espérait pouvoir la rassurer avec ces arguments purement pragmatiques et pratiques. Il avait conscience que ce n’était pas la demande la plus romantique et que c’était certainement la pire, pourtant il l’aimait sincèrement et c’était la seule vraie raison pour laquelle il était prêt à s’engager jusqu’au dernier jour de sa vie.

— A votre tour de me faire part de vos conditions.

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Message par Éléonore de Fromart Mar 31 Aoû - 16:31

Ce n'était pas ce qu'elle voulait… En effet, a priori ce n'était pas ce qui la faisait rêver. Mais elle se souvenait d'une phrase avait dite sur leur propre union : que si la situation avait été différente et qu'Ariqte avait toujours été là, c'eût été elle la première à suggérer un mariage. Parce qu'elle était, à l'époque, la plus raisonnable d'entre eux. Qu'avec un peu de bonne foi, elle se rendrait compte qu'il avait raison, que c'eût été nécessaire de toute façon. 

La différence avec Coldris, c'était qu'elle n'aurait jamais pu le vouloir enl'y sachant si opposé. Gabriel n'était pas forcément enchanté par le mariage en tant que concept non-plus, mais il avait raison, cet imbécile, et elle aurait fini par comprendre que c'était le seul moyen de les couvrir tous les deux. Si Ariste avait été là, tout aurait été bien différent. "Raison" ne se serait pas perdue.

— Je ne vous demande pas ce que moi je veux mais ce que vous, vous voulez, répondit-elle. Parce que ce qu'elle aurait voulu, elle le savait déjà… et il ne servait à rien de trop se pencher sur une proposition qu'il aurait faite trop à contre-coeur. 

C'était la meilleure option. Et quelles que soient les difficultés qu'elle puisse avoir à l'avouer, elle reconnaissait que c'était l'option la plus sûre vis-à-vis des difficultés extérieures. Et puis… Oncle Eineld, quoi qu'il en dise, préférerait un mariage aussi. Oncle Eineld… cette fois, elle avait vraiment été trop loin… C'était la demande en mariage la moins romantique du monde, sans doute, mais s'ils montaient un plan d'action, elle préférait parler en ces termes. Et là, ses arguments percutaient. Le salaud, il avait dû comprendre qu'elle n'aimait faire reposer ses projets sur personne. Personne qui sache, personne qui trahisse. Le fait était seulement que sur le Gabriel d'avant, elle aurait pu faire reposer même les plus périlleux.

Elle hocha fermement la tête. Le meilleur plan… d'autant qu'elle avait légèrement saccagé la solution qui l'épargnait. À n'importe quel autre homme, elle aurait fait remarquer que les contreparties n'étaient faibles que pour lui. À lui, elle se contenta d'avouer. Cette alliance rompue qui lui faisait un mal fou, mais qu'elle s'efforça de n'amener que comme une concession.

Coldris était-il obligé de s'en servir contre elle pour enfoncer le clou ? Non, pas contre elle : pour eux. Là où Gabriel avait essayé de lutter à la fois pour elle et contre eux. Il n'y avait qu'une personne qui aurait réellement pu l'aider à réfléchir en ce moment. Quelqu'un qui aurait su, qui la connaissait mieux que quiconque et aurait dû être là pour l'aider. 

Tout ce qu'appuyait Coldris, au fond elle le savait déjà. Cela faisait même deux jours qu'elle le ressassait. Mais il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre parce qu'il ne savait pas tout. Seul Ariste savait. Et elle était tellement à bout qu'elle était incapable de déterminer ce qu'il aurait dit.

Elle sourit néanmoins à la fin. Elle aussi était contente d'être là, de se blottir dans ses bras en dépit de tout le reste. Car elle l'aimait. Elle l'aimait du plus profond de son coeur et ce n'était pas ça qu'elle remettait en question. Mais ce n'était pas depuis ses bras qu'elle devait aborder la suite, parce que c'était avec sa tête qu'elle devait la traiter. Ce qui s'annonçait déjà assez délicat ainsi. Coldris ne sembla pas s'offusquer de la voir prendre du recul, il devait comprendre. Et dernière instant, elle récupéra son pendentif sur sa table de chevet, comme s'il pouvait lui éclaircir les idées. 

Rien d'extravagant ? Elle osait encore l'espérer. Mais il les différait. Elle pouvait rester. Et qu'importe sa réponse, elle resterait auprès de lui d'une manière ou d'une autre, c'était certainement, elle n'aurait pas supporté d'y manquer. Informer sa famille… Éléonore préférait qu'il s'en charge, elle en aurait été incapable. Incapable de confirmer à Gabriel qu'il avait perdu sa confiance, incapable d'avouer à son oncle qu'elle ne méritait plus la sienne. Elle avait honte, honte rien que d'imaginer ce qu'il ressentirait en apprenant sa disparition et… tout le reste. 

La suite s'engageait très mal. Il exiquoi ? Elle prit sur elle de ne pas le couper, elle comprenait ses arguments et voulait bien être prudente, mais par contre un certain verbe la dérangeait. Elle n'était pas partie pour qu'il se sente pousser les mêmes ailes qu'à Gabriel. Elle ravala sa profonde sottise : pour qui se prenait-elle, au juste ? Ridicule, magistralement ridicule. Elle serra le pendentif entre ses doigts pour se rassurer. Le reste de l'aspect logistique est évident. Instinctivement, Éléonore compta le nombre de personnes qui se trouveraient informées. Elle déplorait ce que cela impliquait pour les siens, seulement… seulement un mariage public était purement et simplement hor de question, elle n'y survivrait jamais. 

Soit : comme il n'avait toujours pas répondu, elle acquiesça et attendit en silence qu'il reprenne. Le moment était mal choisi pour épiloguer. Tout comme pour laisser passer les sarcasmes que le trop plein lui amenait. Ah, mince, elle ne devait pas le trahir ? C'était idiot, ça. Ses enfants ? Les respecter ? Pourquoi faire ? Ils n'avaient qu'à tous partir, enfin ! Enfin, finalement, cela avait du sens comme précision. D'après ce qu'elle tenait des conversations de Jean et Ariste - que ce dernier lui avait décrites - leur grand-mère avait eu tant de mal avec le principe qu'Oncle Eineld n'avait jamais su apprécier ses demi-sœurs. Et mieux valait ne même pas parler de Gilbert. 

Elle se retint de préciser que question imprudence, il était une exception qu'elle ne pouvait plus se permettre depuis que son cœur s'était raccroché à la vie, qu'un différent chaque soir c'eut été délicat pour conserver confiance minimale et qualité, qu'elle ne savait pas encore comment mais qu'il était hors de question qu'elle le ridiculise et… était-on obligés de parler de conséquences fâcheuses ? Quant à ne plus l'aimer, elle ne comprenait pas comment cela pourrait arriver. Elle se tendit à l'ouïe de "réceptions officielles", son cœur se comprima violemment. Heureusement qu'elle n'avait parlé qu'au conditionnel. 

Le reste n'entrait pas dans ses préoccupations - évidemment, puisqu'il s'agissait de questions normales dans ce genre de situation. S'il lui arrivait quelque chose, elle n'aurait plus besoin de rien. S'il devait l'éloigner, à peine de quoi tenir le temps qu'il n'y songe plus. Et elle n'aurait rien, c'était bien le problème - enfin, pour lui. Tout ça, il était mieux d'en discuter avec son oncle. Tout de même, quelle horreur ce serait lorsqu'il l'apprendrait ! Elle avait peur de lire la déception dans son regard le jour où, c'était inévitable, elle devrait le recroiser… Et même cela, même cela lui faisait dire que ce mariage avait quelque chose d'un moindre mal. 

Elle prit une profonde inspiration lorsqu'il l'interrogea sur ses propres conditions. Tout naturellement. Alors même que beaucoup auraient estimé qu'elle n'avait le droit de n'en poser aucune. Enfin, ce n'était pas parce qu'elle avait laissé Coldris commencer qu'elle n'avait pas eu l'intention d'en faire autant. Fier d'être avec une femme qui lui tenait tête, c'était bien ce qu'il avait dit ? Elle serra son pendentif entre ses doigts. Elle ne savait pas s'il le penserait longtemps, mais autant être claire, quitte à s'adoucir ensuite :

— Que vous commenciez par retirer vos exigences. Elle ne remettait pas ce qu'il venait de développer en question, bien sûr, quoique le ton ait eu quelque chose pour lui déplaire. Il ne s'agissait pas de faire de la diplomatie mais bien de poser les limites de chacun. Pas de négocier pour savoir qui y gagnerait le plus, mais bien que tout soit le plus agréable pour tout le monde. Aussi, pour qu'il n'y ait pas méprise, elle précisa : Si je décide de sortir seule, il n'y a que moi que cela regarde, ne commencez pas à faire exactement ce que je reproche à mon meilleur ami. Vous vous inquiétez pour nous, je le comprends et je ferai en sorte que vous n'ayez pas à vous tourmenter davantage, mais les ordres vous les oubliez. Si ce mariage doit être acté, je dois être certaine que vous ne vous en serviriez jamais pour m'imposer quoi que ce soit - parce qu'entendons-nous bien, ce n'est pas par respect pour un morceau de papier que je ferai des efforts, mais bien pour vous. Donc je disais : vous ne tirez aucune autorité de ce morceau de papier, ni de rien d'autre - le ministre n'a rien à faire entre nous, et si je laisse au maître de maison son territoire, rien ne m'y enchaîne en cas de conflit. 

Ensuite, certes mes secrets n'impactent pas l'équilibre du monde, il n'empêche qu'ils sont mes secrets. Cela amuse certains que l'on répète leurs exploits, ce n'est pas mon cas, alors quoi que je vous dise, ce n'a pas vocation d'alimenter d'autres conversations. Plus que jamais, ce que je partage, c'est avec vous et vous uniquement. Je ne sais rien partager si je crains d'en avoir encore besoin. Tout ce qui compte, ce sur quoi tout repose, c'est que je dois pouvoir vous faire entièrement confiance. Je ne dois pas mentir ? Vous non plus. Ni même par omission si cela me concerne - et si cela concerne ma famille ou Gabriel, cela me concerne. De la même manière : ne cherchez pas à m'embrouiller, à me manipuler, ou toute autre fourberie de ce genre. Je sais quel genre d'homme vous êtes, je l'accepte, mais entre nous cela n'a pas à exister. Et ne jouez pas à chercher des failles dans l'exhaustivité de ma liste, ni à "je n'ai rien promis alors ça ne compte pas" que ce soit à propos de ce qui se dit aujourd'hui ou plus tard sur quoi que ce soit d'important. Moi je n'ai ni pouvoir ni menaces toutes faites, tout ce que je peux vous dire c'est que l'enjeu de cette conversation, c'est d'être sûr de ne pas se blesser mutuellement. Je crois qu'aucun de nous n'est demeuré et que nous aimons assez pour qu'il n'y ait pas besoin de passer le mois à tout préciser. D'autant que je n'ai presque pas dormi ces quatre derniers jours et que je n'ai plus l'esprit aussi vif.

Encore une chose : je peux vous parler de tout, mais il ne s'agit pas de rendre des comptes. Je n'aurai de choses à cacher que si je me sens épiée. Et… pour ce qui est des représentations officielles… Je veux bien faire tous les efforts du monde, mais si je vous dis que je ne suis pas prête et que vous insistez, je ne dégage de toute responsabilité en cas de catastrophe
- enfin, dans la théorie parce que quoi qu'il en dise elle se rongerait de culpabilité. Elle soupira.. — Tout ça pour dire : ne cherchez jamais à me forcer à quoi que ce soit et soyez digne de la confiance que je vous porte.

Elle l'interrogea du regard.
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Message par Coldris de Fromart Mar 31 Aoû - 23:15




Sa réponse  ne la satisfaisait pas – sans surprise – en même temps sa question n’avait pas vraiment lieu d’être. Il aurait pu en soupirer de dépit de devoir se forcer à répondre.

— Vous avez déjà la réponse à cette question. Je ne me donnerai pas la peine de vous le proposer si je n’en pensais pas chaque mot pas plus que je n’ai pour habitude d’emprunter des chemins pour lesquelles j’aurais les moindres regrets.

En vérité, cela en était presque vexant, pourtant il passa outre comme si de rien n’était afin de répondre à ses interrogations suivantes en avançant les arguments qu’il avait pu rassembler tout au long de ses interminables heures de réflexions et de tergiversations. Au moins paraissait-il se frayer un semblant de chemin dans son esprit, ce qui le réjouissait sans doute un peu plus qu’il ne l’aurait avoué, lui qui aurait affirmé que cela lui était bien égal. Il la laissa cependant s’éloigner pour aborder un tournant plus sérieux de cette demande qui ressemblait plus à une sorte de négociation qu’à une proposition de mariage en bonne et romantique forme. Il s’en serait presque détesté de ce pragmatisme, pourtant c’était bien la seule chose qui importait au fond : les sentiments n’avaient pas besoin d’un contrat écrit, ce n’était qu’une affaire purement notariée. Il releva son mécontentement à sa requête somme toute des plus légitimes, ne haussant qu’un vague sourcil sans pour autant s’arrêter pour en faire la remarque. A tout le reste, elle sembla acquiescer sans aucun problème. Comme il l’avait dit, il n’y avait là rien d’extravagant, simplement du bon sens qu’il se permettait de verbaliser afin que tout soit plus clair que de l’eau de roche puis se fut à son tour de lui faire part de ses doléances maritales. Et quelle liste !  Il plissa les yeux à ses premiers mots sans pour autant l’interrompre, constatant avec un profond sarcasme qu’elle se permettait de faire exactement ce qu’elle voulait qu’il cesse. Non, cela ne fonctionnait pas ainsi. Il lista cependant ses propres exigences :
– ne pas profiter de la situation : ce n’était pas un papier qui aurait changé quoi que ce soit, quant au ministre, il ne mélangeait jamais ses deux vies, ce qu’il avait déjà eu l’occasion de spécifier…
– garder ses secrets : il n’avait rien de cette vile sangsue qui parlait au premier verre. Il avait autre chose à faire que d’alimenter les ragots avec pour scier sa propre branche et vraiment c’était vexant de s’imaginer qu’il pourrait faire ne serait-ce qu’une telle chose. Mais soit.
– ne pas mentir: voilà qui était déjà impossible. Quant à sa famille il n'avait pas de raison d'omettre quoi que ce soit: ce n'était pas ses affaires et il avait assez de la sienne.
– pas de manipulation: cela non plus, il ne promettrait rien. C’était trop vague, trop vaste pour qu’il puisse se résoudre à promettre une telle chose alors même que c’était son naturel.

Il esquissa un sourire à sa conclusion sur les failles. Dire cela ne pouvait que l’inciter à les chercher en alimentant son esprit habilité à les discerner dans n’importe quel discours. Pourtant il n’en avait pas eu l’intention, désormais il peinait à en chasser l’envie qui venait de s’inviter dans son esprit. Il se raccrocha à ses dernières paroles: oui tout à fait, elle avait entièrement raison, il était inutile d’en établir une liste exhaustive qui ne servirait qu’à trouver le moyen de la contourner par sa seule existence. Mais visiblement ce n’était pas encore terminé puisqu’elle rajoutait deux points qui avaient encore le don de le piquer dans son ego. Il garda un instant le silence, les yeux rivés vers son ciel de lit lorsqu’elle invoqua la confiance: elle aurait dû commencer par là au fond. La liste aurait été nettement plus courte. Coldris sentait son regard peser sur lui, mais il ne pouvait se résigner à répondre avant d’avoir rassemblé ses idées pour construire son discours. Finalement, il a soupira et reporta son attention vers elle:

— Que mes paroles vous conviennent ou non, cela ne changera pas. Vous avez vos exigences, j’ai les miennes. C’est ainsi. Ne vous détrompez pas, ce n’est pas parce que vous n’employez pas ce terme qu’elles n’en sont pas. Et puisque vous parlez de duperie et de confiance, vous devez bien reconnaitre que les déguiser sous un vocabulaire plus doucereux ne répond en rien à votre requête. Je ne vais pas m’en cacher. Pas plus que je ne me cacherais de le faire si la situation le demandait, qu’importe qu’il y ait ou non un papier. Vous pouvez bien le constater par vous-même en cet instant. Vous vous offusquez de votre liberté entravée pour quelques jours quand bien même cette doléance n’a rien d’arbitraire ou d’extravagant. Vous me comparez à votre ami, mais vous oubliez que nous partageons une relation tout autre où vos décisions m’impactent directement. Si ma demande vous semble si absurde, libre à vous de l’outrepasser, il est bien évident que je n’en ferai rien le cas échéant. acheva-t-il avec lassitude.

Et par rien, il entendait vraiment rien. Qu’importe les conséquences, il ne lèverait jamais le moindre petit doigt dans ces circonstances. Il n’était pas son jouet et ne le serait jamais. Il n’était pas celui qui était là lorsqu’on en avait besoin et qui disparaissait lorsqu’on le voulait. Si elle ne pouvait pas comprendre le fond de sa demande, alors il en serait ainsi. Il avait été suffisamment blessé au cours de ces dernières dizaines années pour ne plus vouloir réitérer l’expérience. Il en gardait suffisamment de cicatrices visibles ou non sur son être. Ce n’était pas une question d’autorité, simplement de préservation. Il contempla un instant ses traits délicats empreints de  jeunesse : sans doute était-ce là aussi, un soupçon d’inexpérience. Son petit agneau était toujours là, tapi et prêt à s’offusquer de se voir dévorer. Pouvait-il lui en vouloir ? A vrai dire non. Comment aurait-il pu alors qu’elle ne pouvait entrevoir l’étendue des avenirs comme lui ? D’ailleurs, il lui adressa un sourire comme pour la rassurer et nuancer ses propos. C’était dans ce genre d’instant, où il aurait pu s’égarer à travers les multiples chemins pendant des heures s’il n’avait conservé aucune emprise solide sur son esprit pour l’arrimer dans le présent. La suite de ses demandes donc.

— Je ne peux pas vous promettre de ne jamais mentir. Non pas que je ne le veuille pas, seulement qui n’y a jamais eu recours ? Je ferai tout pour m’y conformer, mais je ne peux pas faire une telle promesse quand elle est si facilement brisable. Cela n’aurait aucun sens. Et… il songea à sa promesse faite à Virgil au sujet de la mort d’Asoana il se pourrait que cela rentre en conflit avec d’autres serments que jai pu donner dans le passé. Aussi, je ne peux vous donner ma parole. De la même façon, je ne la donnerai pour ce qui est de la manipulation. Vous ne pouvez pas me demander d’être un autre. Je suis ainsi, depuis toujours, c’est dans mon sang, c’est ma façon de vivre et d’être. Je ne veux pas profiter de vous ou vous utiliser ou je ne sais encore qu’elle autre idée saugrenue pourrait se cacher derrière cela et je ne vous cache pas que cela en est presque vexant que vous puissiez songer un seul instant que je pourrais me montrer sciemment retors à votre encontre dans le seul but de vous blesser.

Il inspira profondément puis expira lentement.

— Ecoutez, ce n’était qu’une idée comme une autre après tout. Si vous la jugez effroyable je ne vous en voudrais pas, pas plus que si vous estimez qu’elle est trop risquée ou… n’importe quoi d’autre. il se redressa complètement cette fois-ci pour prendre ses mains et plongez son regard dans le sien. Éléonore… Il n’y a aucune duperie là-dessous je vous en donne ma parole, quelle que soit le prix que vous lui accordiez. Si je vous ai fait cette demande c’est simplement, car je tiens à vous et que l’idée de vous savoir ailleurs à endurer un mariage que vous n’avez pas choisi me serre le cœur au point de m’empêcher de fermer l’œil. Vous me rétorquerez certainement que c’est choisir là entre la peste et le choléra, et sans doute aurez-vous raison. Toutefois je… si je dois épouser quelqu’un de mon plein gré cela ne peut-être que vous. Parce que je serai bien idiot de me priver de la possibilité d’avoir à mes côtés celles qui a rallumé ma vie... et que malgré tout ce que vous savez sur moi, vous êtes toujours là, ce qui prouve à quel point vous êtes exceptionnelle et à quel point je pourrais faire en retour quelque chose d’exceptionnel en revenant sur ce principe établit depuis des lustres.

Et comme il s’embourbait seul, comme toujours dans ce genre de moment, il repoussa vivement la couverture pour sauter hors de lit et s’approcher de la fenêtre pour fuir cette espèce de charabia pitoyable qu’il venait de déblatérer tout en se maudissant sans un bruit.

— Ce n’est rien… Oubliez.

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