[16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
[16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Le roi rejoignit au pas de course un de ses bureaux. À son humeur courroucée, chacun autour comprenait qu’il n’était pas question de le contrarier. Il attendait d’une minute à l’autre son Premier Conseiller et son Ministre des Affaires étrangères, concernés par ce qui se jouait. Les deux seigneurs devaient arriver sans tarder, les messagers venus les mander ne leur laissait pas le choix.
Djerdan. Du remous avec la princesse Kalisha. Allez savoir par quelle manigance, elle avait obtenu que cet imbécile de Prosper de Monthoux signe une déclaration d’impuissance ! La situation de ce pauvre comte aurait fait rire Sa Majesté, si les lourds dossiers de l’Empire n’étaient pas en jeu. Il était parfaitement impossible que le Monthoux ait signé de lui-même, trop fier d’avoir l’impression de servir la Couronne et trop soucieux de la réputation de sa maison – déjà largement écornée par l’affaire de l’Ambassadeur. Et si cette péronnelle orientale avait, de cette façon, ambitionné de se venger pour son mauvais mariage ? Ou encore de se délivrer de son lien, pour aller courir Dieu sait quelle aventure avec quelque soupirant ! Si tel était le cas, elle se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. L’Empire n’allait certainement pas la laisser en liberté : elle faisait une otage de qualité en vue du conflit à venir. Et pour ce faire, le roi devait agir urgemment : la remarier.
Et qu’elle ne s’attende pas cette fois-ci à toutes les grandes pompes organisées pour son arrivée et ses premières épousailles ! Elle allait sentir passer toute la colère de l’Empire à son encontre.
L’arrivée du seigneur Howksley de Frenn et du vicomte de Fromart interrompit les réflexions du roi. Il les salua d’un hochement de tête plus sec qu’il ne l’aurait souhaité et les invita à s’asseoir en face de lui. Les traits de Gérald Der Ragascorn en disaient assez large sur sa contrariété.
— Messieurs. L’affaire est pressante et je vais aller droit au but : la princesse Kalisha a, allez savoir comment – et pour tout vous dire, dans l'immédiat je m’en moque – fait signer au seigneur son époux une annulation de mariage pour impuissance. Une enquête aura lieu ultérieurement sur sa méthode et ses possibles soutiens – chose que je vous confie, baron. Mais pour l’heure, l’urgence est de lui trouver une nouvelle situation sous haute surveillance, afin de la garder sous notre coupe en vue de la guerre que vous savez.
Le souverain s’interrompit après ce préambule. Il s’éclaircit la gorge et croisa les doigts devant lui, regard grave, dans une posture qui laissait clairement comprendre à qui le connaissait qu’il allait édicter ses ordres sans autre forme de procès.
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Le seigneur de Frenn n’a donc que le temps de se faire aider à enfiler un manteau, d’ordonner qu’on lui prépare une voiture et d’y courir aussitôt. Fouette cocher, et le voilà parti à grande vitesse sur les chemins vers le palais.
En arrivant, il rencontre vite le Ministre. Tiens donc, comme l’autre soir. Mais non, Dyonis en est sûr, aujourd’hui les choses sont très sérieuses. Et cela doit concerner les colonies, l’Espagne ou le Japon pour que le chargé des Affaires étrangères ait été appelé lui aussi en toute hâte. Le Premier Conseiller salue son collègue d'un sobre « Bonjour, mon cher. » et se dirige d’un pas rapide, en sa compagnie, vers le bureau que lui indique un huissier. Il aura le loisir d’échanger quelques mots brefs avec Coldris avant d’entrer dans l’office où les attend le roi – tiens donc, cette fois-ci, pas d’interminables détours dans les couloirs pour rejoindre une salle des fêtes. Non. Aujourd’hui, l’affaire est bel et bien grave.
Dyonis s’incline profondément devant le roi, dont le regard sévère et le visage noueux en disent long sur sa contrariété. Seigneur… Qu’est-il donc arrivé ? Que va-t-il falloir gérer aujourd’hui ?
« Sire. » dit-il avant de s’asseoir à côté du Ministre et d’écouter. Il émet un petit hoquet de surprise… et presque d’amusement même si l’affaire n’a rien de drôle pour l’Empire : la princesse Kalisha a donc dupé son cochon de mari – au fond de lui, Dyonis trouve tout de même cela bien fait pour cet idiot inconséquent et égocentré. Le Premier Conseiller retrouve néanmoins aussitôt son sérieux. Il comprend très bien l’enjeu qui contrarie le roi : besoin de cette pièce dans son jeu d’échec pour la guerre en approche. Besoin, donc, de la replacer.
En recevant l’ordre de faire la lumière sur les agissements et accointances de la jeune femme, Dyonis incline sobrement la tête. Il a bien sa petite idée : quand ils s’étaient rencontrés en décembre, il n’avait pas été long à comprendre que des sentiments unissent Kalisha et le brigand Sylvère d’Aiguemorte. Qu’il est peut-être même son amant et qu’avec lui elle se rend coupable d’adultère. Mais pourquoi faire signer une déclaration d’impuissance au Monthoux, alors qu’il pourrait être utile le moment venu, en cas d’éventuel enfant, pour porter les cornes et la paternité ? Non, Kalisha doit simplement vouloir lui faire payer son année de malheur. Et sa non-action pour les secourir, elle et Florentyna, le jour du bûcher d’Hyriel. Voire, faire payer à son porc superstitieux d’époux d’avoir participé à la condamnation de son ami, justement ? Le tableau commence à se dessiner dans la tête du Premier Conseiller… Une possible complicité de Sylvère d’Aiguemorte ou d’un certain guérisseur, voire des deux. Ou peut-être d’autres alliés encore.
Le roi attend donc de lui qu’il joue les redresseurs de torts avec la princesse Kalisha que par ailleurs il apprécie, voilà qui ne l’enchante pas le moins du monde. Il espère de tout cœur qu’elle ait agi seule, se souvenant de la promesse qu’il lui avait fait en décembre d’effacer l’ardoise judiciaire de Sylvère. D’arrêter les poursuites à son encontre. Fort peu réjouissante perspective que cette investigation. Il devra commencer par parler à la principale intéressée. Cependant, le Premier Conseiller a accepté l’ordre, de toute sa droiture et de son abnégation silencieuse. Priorité aux affaires de l’Empire. Priorité même – et surtout – sur ses sympathies. Il a du reste déjà fait une fois une fleur à la princesse. Mais pour l’instant, il laisse cela de côté, et s’apprête à écouter la suite des ordres de Sa Majesté.
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Un après-midi paisible, à lire Pétrarque à sa douce étoile, allongée lascivement sur le sofa et lovée entre ses bras. Enfin, jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur une livrée qu’il ne connaissait que trop bien et ne présageait rien de bon. Il se redressa instinctivement quittant son visage radieux pour celui sévère du ministre : interrompre une lecture devrait être un crime passable de la corde ! Oh il n’avait pas besoin de se fatiguer à lui déblatérer son invitation royale, il savait bien qu’il n’était pas là pour écouter quelques vers et que cela ne souffrait d’aucun délai.
— Toutes mes excuses, ma délicieuse épouse, nous reprendrons à mon retour. Je gage que ma dette vient de franchir de nouveaux sommets, chuchota-t-il amusé pour sa seule oreille avant de déposer un baiser sur son front.
Il souffla un petit rire à sa mine adorablement boudeuse qui disait clairement « oui, oui, je sais, le devoir ». Si ce n’était pas le Roi, il aurait fait attendre quiconque d’autre… Bien. Tandis qu’il se retournait, il enferma ce bon moment dans un tiroir de son bureau. Que voulait donc der Ragascorn ? Alors qu’il allait – par acquit de conscience – s’adressait à Léonilde, son intendant prit la parole.
— La voiture a été préparée et Valmar vous attend.
Coldris opina, drapant son manteau et sortit à la suite des deux hommes. Depuis le temps, Léonilde savait parfaitement que les messagers du palais ne se présentaient que pour des urgences et tout avait donc été préparé afin que le vicomte puisse partir dans les plus brefs délais.
Peu de temps après, il retrouva le baron de Frenn qu’il salua tout aussi sobrement. Et non, il ne savait pas pour quelles raisons le Roi les mandait… Il n’avait pas particulièrement envie de rire, et ce n’était pas une facétie de leur souverain qu’il réservait d’ordinaire aux secrets de la nuit. À la suite de l’huissier, ils pénétrèrent tous deux dans l’office, s’inclinant profondément avant de saluer le Roi. Coldris n’aimait guère les traits froncés de der Ragascorn. Il le connaissait suffisamment désormais pour savoir que chaque pli entre ses sourcils n’était qu’un mince barrage à son courroux. Que s’était-il donc passé pour le mettre dans une telle fureur? L’heure n’était pas l’amusement. Il s’installa sans discuter au côté de son collègue préférant faire profil bas. Hors de question de laisser l’orage royal se déverser bêtement sur leurs têtes.
À peine la chaise avancée, Sa Majesté exposa la raison de leur convocation. Cette petite écervelée de Princesse avait quoi ? Une annulation de mariage pour impuissance ? Ses yeux s’écarquillèrent avant de se refermer d’un coup, ravalant le puissant fou rire qui menaçait d’exploser. De toute évidence, elle avait appris comment fonctionnait le monde. Nous avions donc désormais un cochon de la farce et une épouse insatisfaite. Ce qui était sûr c’est que ce n’était pas la sienne qui risquait de lui assigner un tel procès. Il en aurait presque applaudi la princesse pour ce coup délicieux, quand bien même il n’avait guère envie d’entendre les jérémiades du beau-père de son fils… Hors de question de le croiser dans les semaines à venir. Il s’arrangerait pour ne pas être présent.
Espérait-elle s’enfuir ? Vivre libre ? Rentrer chez elle ? Ce que cela pouvait être naïf… Gerald n’était pas homme à céder les cartes de sa main et il était évident qu’il comptait donner sa main à une nouvelle victime. Pardon, privilégié. Coldris se félicita d’être marié et d’être Ministre des Affaires étrangères. Il se devait de garder une certaine neutralité. Oh, il n’aurait pas dit non à l’honorer seulement on ne mélangeait pas sa vie privée et professionnelle. Il acquiesça donc aux paroles de son souverain. Bien entendu qu’il fallait la conserver et qu’il n’était pas envisageable dans ces moments critiques de se couvrir de honte ! Il espérait d’ailleurs que le baron ait abandonné son enquête à ce sujet… Le cas échéant… il s’arrangerait pour le faire passer comme complice de la Princesse. Bref, là n’était pas le problème actuel.
— Et qui est l’heureux élu, Sire ? questionna-t-il puisqu’il s’agissait très certainement de ce point qui serait abordé et que leur Roi semblait s’être fait une opinion sur le sujet.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
L'esprit n'était pas à la plaisanterie et les deux seigneurs l'avaient déjà compris en entrant dans le bureau. Même si l'affaire avait tout de même un fond drôle pour cet abruti de Monthoux, le roi voyait surtout les problèmes imminents surtout dans le cadre d'une guerre en préparation. Guerre à laquelle il n'était plus possible de renoncer, avec l'affaire de l'hôpital général et l'inhumation du soldat - cérémonie au cours de laquelle le conflit avait été publiquement annoncé.
Par ailleurs, le souverain était en partie fâché après lui-même. Lui qui calculait si bien les choses, il avait peut-être finalement fait une erreur en mariant la princesse à ce cochon de comte. Certes, l'individu était servile et ne posait aucune question ni ne faisait de problème à la couronne, mais il était aussi, apparemment, bien faible pour se laisser ainsi mener par cette jeune donzelle et ses éventuels complices.
Le roi se satisfait quand Dyonis accepta la charge de cette investigation - il n'en attendait pas moins du baron. Et il le savait fiable et travailleur, tout dévoué à l'Empire. Par ailleurs, Dyonis allait recevoir d'ici un très court instant la parfaite opportunité pour se mettre à la besogne. Quant à Coldris, il lui offre la transition parfaite. Le roi lui adresse un bref regard entendu, qui aura une seconde glissé jusqu'à son alliance, comme pour dire : "Vous pouvez être déjà sûr que ce ne sera pas vous." Ah ! Le vicomte, marié clandestinement, la nouvelle amusait encore Der Ragascorn, lui qui connaissait le niveau de débauche de son Ministre. Crise de la cinquantaine ou relation très sérieuse qui durerait ? L'avenir le dirait et là n'était pas le sujet pour l'instant.
Il enveloppa les deux hommes du regard, étira le premier sourire de cette réunion et annonça :
-- Notre Premier Conseiller de l'Empire, ici présent. (Il se régala par avance de la tête que tireraient aussi bien Dyonis que Coldris. Puis retrouvant toute sa gravité, il compléta) Nous savons votre rigueur et votre sévérité. Nous vous faisons donc confiance pour garder la mainmise - main de fer, voilà qui est parfait - sur cette petite effrontée. Qu'elle se tienne à carreaux. Dès ce dimanche, jour de vos noces, vous me quitterez donc ce veuvage pour le service de l'Empire. C'est un ordre.
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Le bref sourire du roi surprend lui aussi le Premier Conseiller. Mais infiniment moins que la réponse qui tombe alors. Un moment - il ne sait vraiment combien - le vicomte et le baron s'échangent un long regard interdit. Lui... lui ?! Épouser la princesse Kalisha ? Il faut à Dyonis un premier temps pour prendre pleinement conscience de l'ordre que vient de lui donner Der Ragascorn, qu'il observe d'un regard fixe et concentré. Se remarier, lui... Voilà près de vingt ans qu'il n'a pas été galant avec une dame. Depuis la mort de feu-son épouse en réalité. Elle dont il chérit la mémoire et dont il a même conservé la chambre inchangée. Mais en cette affaire comme en toute autre, sa dévotion à l'Empire et à l'ordre le font vite admettre cette nouvelle configuration. Le Premier Conseiller incline le haut du buste et déclare :
"Sire, comme il vous plaira."
En vérité, ce ne sera pas si terrible que cela, loin s'en faut. Ses rapports avec la jeune Kalisha ont toujours été bons. Il sait la reconnaissance de la jeune femme à son égard... et se souvient de ses délicieux petits gâteaux. Il sait aussi que le mois de janvier a été terrible pour elle, après les épouvantables événements de la fin de l'année, son enfermement... Dans quel état la recevra-t-il ? Le baron se promet d'essayer de faire au mieux pour elle.
Une autre idée s'impose alors : et si elle concevait un enfant illégitime de ce Sylvère d'Aiguemorte ? Lui de qui il a promis d'effacer l'ardoise judiciaire - promesse qui tient encore. Il serre une seconde les dents. Mais il n'est pas encore temps de penser à ce genre de choses. Ces considérations plus rigoureuses viendront bien assez tôt - et une conversation sérieuse avec sa future épouse.
Les précisions que donne le roi lui font pousser un bref raclement de gorge : ce dimanche ! Par tous les Saints, ce dimanche ! Cinq jours pour préparer des noces et des appartements décents pour Kalisha. Pour annoncer la nouvelle autour de lui. A ses fils actuellement au domaine, à ses petits enfants, à son personnel... Comment d'ailleurs ses fils vont-ils accueillir un pareil changement ? Et Kalisha elle-même, comment sera-t-elle reçue ? Il craint notamment avec Goderigue.
Tout se bouscule sous le crâne de Dyonis, ce que deux larges rides de réflexion à son front ne manquent pas de traduire. Cinq jours... Cinq jours pour organiser le domaine de Frenn, faire venir le minimum d'affaires, prendre contact avec Mademoiselle Florentyna de Monthoux pour se faire informer en urgence des habitudes de la princesse et de ce qui pourrait lui faire un peu plaisir et la rassurer. Pour trouver des convives et des témoins afin que ce mariage ressemble tout de même à quelque chose. Il songe à Mademoiselle de Monthoux, à Monsieur Wagner, à Madame Tiéran, à ses fils bien entendu, à ses petits enfants qui pourront amener un peu de soleil et d'animation sur cette cérémonie. De quoi entourer et accueillir la future Madame de Frenn. Les dossiers épineux seront pour plus tard. Le baron finit par ciller plusieurs fois pour se sortir de son déferlement de préparatifs qui s'enclanchaient déjà dans sa tête.
"Où les noces auront-elles lieu, Sire ? Je présume qu'elles seront... sobres."
Bel euphémisme... En cinq jours, le message était clair : ce serait le minimum requis. Pauvre femme. Puissent les convives donner quand même un peu d'allure et de chaleur à ce mariage.
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Coldris croisa le regard du Roi qui devait sans doute encore s’amuser de sa dernière frasque qui prenait la forme d’une union imprévue. « Eh bien quoi » lui retourna-t-il silencieusement. Cela devait tout de même bien l’arranger d’avoir désormais un Tianidre à la Cour et marié à son bras gauche qui plus est. Qu’il ne vienne pas dire le contraire, car der Ragascorn avait très certainement fait ce calcul en acceptant cette faveur, ou bien en le vicomte en serait fortement déçu. Quant au reste… Peut-être n’était-ce que la folie d’un homme au crépuscule de sa vie, oui. Il en était toujours à méditer cette étrange phrase d’Érasme certaines nuits tant elle semblait empreinte tout à la fois d’ironie et de réalité : « l’amour est un phénix qu’on ne prend pas au piège ». Mais la vérité se trouvait tout autant dans le même ouvrage : il n’y avait que les fous pour saisir les rênes du pouvoir entre leurs mains.
Quoi qu’il en soit, leur souverain semblait se complaire dans l’annonce qu’il allait faire ce qui fit légèrement froncer les sourcils au ministre ayant tout juste le temps d’anticiper les mots qui sortirent de sa bouche. Le baron de Frenn ? Coldris se tourna vers le principal intéressé interloqué. Diable… C’est qu’il devait sacrément tenir à sa princesse pour la mettre au crochet du baron et sacrément courroucé pour choisir un homme qui moins que quiconque pouvait se permettre de le décevoir.
— Un choix fort judicieux, Sire, comme toujours… appuya-t-il tout en se souvenant de cette discussion de retour de l’hôpital général.
Tous deux semblaient suffisamment proches pour lui passer l’envie de se libérer d’une nouvelle union et il savait l’affection réciproque. D’ailleurs, il devait déjà entre en train de rédiger un dossier sur l’organisation de ses noces... Cinq jours, c’était encore moins que le temps dont il avait disposé. Sur ce point, il jugeait le choix plus précaire et ce ne serait sans doute pas ce qu’il aurait recommandé pour une union politique. Se précipiter, afficher sa honte et sa colère devant l’ennemi n’était jamais bon. Enfin, il en serait ainsi… Au fond le seul doute concernant ce mariage résidait surtout dans la capacité du baron à retrouver le chemin de sa couche et à l’engrosser, ce qui serait préférable pour tous.
En guise de preuve, la question de Dyonis acheva de lui faire étouffer un éclat de rire. Par tous les diables, der Ragascorn avait vraiment remarié le veuf le plus austère du pays ? Il avait hâte de rentrer faire part de l’heureuse nouvelle à sa propre épouse. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour servir son Roi ! Culbuter la catin des ronces avait été certes bien plus détestable, mais cela ne l’avait guère engagé jusqu’à la fin de ses jours – car autant dire que c’était ainsi que le baron voyait les choses, bien trop engoncé dans sa morale –. N’y tenant plus, son ironie naturelle reprit le dessus avant qu’il ne croise le regard de son roi :
— Je vous aurais bien offert un cochon à la broche pour égayer vos noces, toutefois je crains que votre promise n’en ait fait une indigestion.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
L'annonce du monarque laissa les deux hommes stupéfiés, à s'échanger des regards lourds de sens. Ah ! Ainsi ses deux plus influents membres du gouvernement étaient désormais liés à de très jeunes épouses - quoique les raisons en étaient bien différentes, c'était le moins que l'on puisse dire. Mais dans les deux cas, cela arrangeait la couronne. Il hocha la tête à l'appui du Ministre à sa décision : tous deux savaient pertinemment que le baron de Frenn ne pourra jamais se permettre de décevoir son roi. Trop de ragots traînaient déjà sur son poste de Premier Conseiller et il s'était, par son esprit procédurier et sa volonté de droiture, mis assez de gens à dos.
Il vit le baron de Frenn accepter aussitôt ses ordres et n'en attendait pas moins de lui. Après une profonde réflexion dans laquelle - connaissant le Premier Conseiller - il devait déjà envisager de nombreuses procédures, il s'enquit de l'endroit choisi.
-- La cérémonie se tiendra à l'abbaye de Montmercy. (Amusé par sa question sur la nature de ces noces, tout à fait lucide quant à la situation) Sobres, en effet. Libre à vous de l'égayer comme il vous plaira.
Si tant est que Dyonis sache encore égayer quoi que ce soit - la cérémonie, comme la princesse elle-même. Mais qu'importait. Elle était gardée sous la main de l'Empire, là était le principal. Quant aux éventuels enfants... le roi retint un petit rire pincé aux images qui lui venaient : le baron n'était plus tout jeune, ni vraiment expansif, saurait-il mener de telles prérogatives nuptiales ? Si un fruit naissait de cette couche, ce serait bien toujours un otage et moyen de pression supplémentaire, mais le roi préférait ne présager de rien. Se tournant vers Coldris de Fromart :
-- Vicomte, vous qui êtes aux commandes des affaires étrangères, prenez tout votre temps et invoquez tous les ralentissements administratifs crédibles pour que nos amis Djerdans aient le plus tard - autant que ce soit raisonnable - la nouvelle de ces péripéties.
Der Ragascorn se permit un rire bref mais sincère à la plaisanterie de Coldris. Un point sur lequel ils étaient tous trois d'accord dans ce bureau : tourner en dérision ce stupide cochon. D'une lorgnade de côté, le roi guetta la réaction du futur époux.
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
"Je vois." répond-il aux précisions du roi : cette sinistre et très modeste abbaye à l'Est... Le message est très clair : c'est le minimum requis qui va être fourni. Bien. Il fera donc de son mieux pour "égayer" tout cela. Le reste... il est bien incapable de se projeter à long termes pour le moment dans sa relation avec la princesse.
Après cette précaution que le roi demande au ministre, Dyonis, sans doute mû par la nécessité de décompresser, pousse un rire nerveux pour ce cochon insupportable à l'estomac de tous ici, pas seulement de Kalisha. Et le rire du roi participe lui aussi à le détendre un peu.
"Je vous remercie, mon cher. À défaut de nous peser à l'estomac, je peux être certain qu'il aura les oreilles qui sifflent tant nous l'assaisonnerons de bon cœur."
Il guetta vers le souverain : avait-il d'autres points à formuler ?
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Coldris ne situait même pas l’abbaye en question, c’était dire à quel point elle devait être insignifiante. Autant se marier chez soi comme il l’avait fait. Quant à la sobriété, lorsque l’on connaissait l’époux, on avait bien du mal à l’imaginer assister à des noces en grande pompe, ce ne devait finalement pas être pour lui déplaire. Austère. Une cérémonie à son image somme toute.
Ce fut ensuite à son tour de recevoir les directives de son souverain. Oh mais Coldris pouvait faire mieux que cela voyons ! Il esquissa un sourire.
— N’ayez crainte Sire, la saison est peu favorable aux déplacements et les messagers s’égarent facilement. Djerdan ne devrait pas avoir accès à cette information avant un bon moment.
Le moment venu, il ferait intercepter le messager de l’ambassadeur par des agents à sa solde et l’affaire serait entendue. Le temps que l’on rapporte son malheureux accident et que le message soit réexpédié, le printemps serait sans doute de retour. Il demeurait néanmoins une faille en cas d’envois simultanés de plusieurs messages – ce qu’il n’aurait pas manqué de faire à sa place –. Dans ce cas, il ne pourrait que ralentir, la progression de l’information. Le mieux était encore de tirer parti de cette mésaventure.
— Si je puis me permettre Sire, vous pourriez tourner cette affaire à votre avantage en vous présentant comme instigateur de cette annulation et devenir ainsi son bienfaiteur en lieu et place du dindon de la farce. La princesse n’est pas en mesure de contester vos dires et son époux veillera à ce qu’elle garde le silence. Trouver une raison à votre décision ne sera pas compliqué pour un esprit tel que le vôtre. Sans parler des exploits du Comte de Monthoux… La couronne pourra le dédommager pour cette mascarade autant que sa docilité.
Si besoin, il était parfaitement disposé à lui fournir une liste de suggestions plus ou moins avantageuses pour le cochon, qui ne manqua pas de lui inspirer une boutade qui allégea brièvement l’atmosphère pesante de cette réunion. Pas de porc au repas de noces donc. S’il parvenait à chasser un gibier durant le délai imparti, il le ferait expédier à Frenn en guise de présent. Le cas échéant, le baron ne refuserait sans doute pas quelques bonnes bouteilles en provenance de sa cave. C’était la moindre des choses pour son sacrifice.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Avare en mots comme d'habitude, le Premier Conseiller acquiesça concernant la piteuse abbaye. Il ajouta cette plaisanterie sur le cochon de Monthoux, puisque ce sujet-là avait légitimement de quoi les amuser tous trois. Puis sans surprise, le vicomte ne vit aucun inconvénient à ce que la nouvelle arrive tardivement à Djerdan - et y ajouta des prétextes supplémentaires. De quoi laisser comprendre à Sa Majesté qu'il mettrait tout en œuvre et même davantage.
-- Effectivement, si même la saison joue pour nous. Ce sera presque comme si tout cela avait finalement été prévu depuis le début et répondait à quelque dessein.
Sa façon de dire qu'outre la météo, il faisait toute confiance au sieur de Fromart pour que l'information arrive à point nommé. Son efficacité n'était plus à démontrer. Une grande part de l'habileté en politique logeait dans la capacité à, quoi qu'il arrive pour surprendre le pouvoir, savoir retourner cet événement en sa faveur. Puis donner à chacun le sentiment que la chose était écrite depuis son commencement. Ainsi fut-ce sur ce genre de lancée que le ministre proposa, justement, comment arranger les choses en la faveur de la Couronne. Le roi analysa rapidement, derrière ses pouces à son menton. Vu en effet le Prosper, c'était très vite analysé.
-- Une excellente idée. Le goret obéira à cette directive. Il tient trop à sa petite réputation et sera beaucoup trop cotent que nous lui offrions de la sauver. Je ne doute pas que nous trouvions aisément bien d'autres dossiers honteux utiles à servir de bâton pour lui forcer la main. (Ses exploits auprès de l'ambassadeur d'Espagne, la rencontre calamiteuse entre Alma et son épouse, la présence du sorcier en son fief, son inaction pour protéger fille et femme - à ce qui se disait - ce 30 décembre dernier à la Grand' Place, pour ne citer que cela... Dyonis lui-même aurait peut-être des éléments à ajouter au pedigree porcin déjà consistant ? Ce que le roi lui demanda d'un bref regard consultatif, avant de poursuivre) Et avec le bâton, la carotte pas plus difficile à trouver : des pécunes, quelques bonne place en quelque bonne loge au prochain Grand Opéra, un mariage avantageux pour sa jeune fille cadette encore au couvant, l'équivalent de son poids en chocolat, il n'y a que l'embarras du choix. Nous ferons le reste.
Et chacun croira en effet aisément - surtout les ennemis - que c'était la grande magnanimité de l'Empire envers la princesse. Quant au silence de celle-ci, le roi souffla de rire et regarda vers le seigneur de Frenn.
-- Un homme de la rectitude de son nouvel époux fera ce qu'il faut, cela va sans dire. (à Dyonis) Après avoir fait parler le faux Rottenberg, l'avoir donné à exécuter, avoir maté des fraudeurs fiscaux, remis bon ordre en les bordels, marchés aux esclaves, docks et hôpitaux généraux de Monbrina... ce n'est pas une jeunette orientale qui vous contera sa loi. N'est-ce pas.
Nullement une question. Un ordre. Et que Dyonis appliquerait, le roi se faisait peu de soucis pour cela - malgré la roublardise dont la princesse venait de faire preuve par ce joli tour joué au cochon. Pour le reste, le monarque et le vicomte de Fromart se comprirent sans doute très bien aux regards qui s'échangeront là-dessus : nouvelle tâche ingrate pour le baron en terme de représentation morale, et nouvelle occasion dans laquelle il ne pouvait se permettre de décevoir le gouvernement. Mais cela, le seigneur de Frenn le savait très certainement.
Puisque tous les détails semblaient réglés et que le temps ne s'arrêtait jamais - pour des Grands plus que quiconque - Gérald Der Ragascorn n'abusera pas plus longtemps ni du sien, ni de celui de Messieurs de Frenn et de Fromart. Qui savait s'il n'avait pas arraché ce dernier à quelque travail extrêmement urgent ? Ou à de très aimables bras récemment épousaillés... pour le plus grand bonheur du Ministre, et celui de la Couronne eu égard au nom de Tianidre qu'il ramenait de ce fait à bon port. Dans le droit giron de l'Empire et de sa politique. Certains aïeux dissidents auraient de quoi bouillir, mais qu'importait de ceux-là ! La messe était dite.
-- Messieurs. Si vous ne voyez rien à ajouter à ce dossier, il ne me reste qu'à vous remercier d'être si vitement venus. (Une chance qu'ils aient été tous deux ces jours-ci disponibles en leurs fiefs braktennois.) Bon retour. Bonne fin de journée.
Il se retira et aussitôt, des valets se pressèrent pour rouvrir les portes aux deux seigneurs, leurs restituer leurs manteaux, les raccompagner.
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
"Si cela peut servir nos objectifs, il serait aisé, pour justifier cette nouvelle décision quant à la princesse, d'avancer la déraison de son premier époux. Ainsi que l'incapacité de cet homme à tenir ses nerfs, et à une quelconque autorité. En septembre dernier, je me souviens qu'il avait été vu perdant son sang froid en public et battant un de ses esclaves en pleine rue. Esclaves sur lesquels du reste il semble peu ferme : toujours en septembre, il en a revendu deux de dépit." (Un noiraud d'Iswyliz, un certain Jérémie s'il se souvient bien. Et la pauvre Claire-Marie cédée au comte de Wollenbach. Le reste se devine de lui-même : comment Monthoux pouvait-il faire bien avec sa femme s'il n'arrive même pas à se faire obéir de ses esclaves et s'en débarrasse faute de les bien administrer.) "Quant à l'incohérence de son jugement : pour quelqu'un qui a en sainte horreur les infirmes, il en a acheté une l'an passé."
Des éléments qui, bien utilisés, pourraient même en venir à instiller dans les esprits que le Prosper a, peut-être, été le vrai responsable des déboires survenus en son fief en décembre. D'autant que les dames Kalisha et Florentyna avaient été déclarées saines et bonnes chrétiennes. Le baron repense aussi à cette soirée calamiteuse en son fief avec le comte porcin et Eldred, mais autant garder cette pièce-là pour lui.
Quant la plaisanterie du roi sur le chocolat, qui tombe au milieu de tous ces autres éléments très sérieux, le Premier Conseiller hoquète de rire et une lueur amusée passe dans ses yeux durs. Mais trêve de plaisanterie : tout le reste du dossier achève de se mettre en place et les idées avancées par le vicomte sont en effet à grandement saluer. Retourner l'événement en leur faveur d'une part, faire durer la tombée de la nouvelle à Djerdan d'autre part.
Mais bien évidemment, cela implique le silence de Kalisha d'une part. Et d'autre part le silence de ses éventuels complices dans l'orchestration de cette reconnaissance d'impuissance. Un point que le seigneur de Fromart tout comme le roi ne manquent pas de souligner à Dyonis. Et dont il est parfaitement conscient. Sa Majesté au passage rappelle ses quelques premiers accomplissements en tant que Premier Conseiller, cependant le baron sent bien que ce n'est qu'une manière de plus de faire entendre la chose la plus importante : pas de déception possible.
"En effet. Elle tiendra sa langue." répond-il pour l'un et l'autre. Il devra impérativement se faire obéir sur ce point. Après tout, la princesse Djerdanne doit déjà plusieurs faveurs et indulgences à Dyonis - pour Sylvère notamment. Il espère ne pas avoir à le lui rappeler. Kalisha gagnerait en outre à garder silence si elle n'était pas la seule à avoir monté ce plan aux dépens de Prosper. Et si elle ne souhaitait ni un renvoi en son pays ni une entrée en quelque couvent.
Bien des points déplaisants auxquels le Premier Conseiller veut ne plus penser pour le moment. Le mariage va arriver à grands pas. Il a cinq jours pour faire de cette cérémonie quelque chose d'acceptable et d'un minimum agréable. Tout comme l'accueil de sa nouvelle femme à Frenn. Car mises à part ces exigences politiques dont il vient d'être question, Dyonis espère tout de même bien voir Kalisha contente en son fief et faire de son mieux pour lui être plaisant. Au moins pas pire que le cochon, mais cela n'est pas bien compliqué.
Le roi lève la séance et les remercie. Le baron aussitôt se remet debout, s'incline devant Der Ragascorn.
"Sire."
Il récupère ses affaires et son manteau de la main d'un des valets. On l'aide à le renfiler comme il en a coutume. Une fois en dehors du bureau avec le vicomte de Fromart, le visage de Dyonis se détend un peu et il regarde cette fois-ci clairement vers l'alliance du Ministre.
"Mes félicitations." sourit-il, avec sincérité malgré le grand étonnement que lui laisse encore la nouvelle. D'autant que les noces ont dû être clandestines pour que personne à la Cour n'ait été convié aux épousailles d'un des plus grands personnages de l'Empire ni n'en ait même entendu parler. "Puis-je vous retourner la question quant à l'heureuse élue ?"
Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
Presque comme si cela avait été orchestré d’une main de maestro. N’était-ce pas le but ultime de toute manœuvre politique ? Avoir l’air si naturelle qu’elle en devient insoupçonnable ? L’Art Politique à l’état le plus pur et le plus savoureux. Ce vers quoi il n’avait jamais cessé de tendre ni d’être attiré. Der Ragascorn pouvait lui faire confiance sur ce point : ce n’était pas un simple messager qui viendrait encrasser la machinerie impériale qu’ils avaient bâti au fil des ans.
Quant au problème djerdan, ce n’en était qu’un que si on le considérait comme tel. Il suffisait simplement, au fond, de le retourner et de l’observer sous un angle différent ce qu’il ne manqua pas de suggérer à son souverain tout en lui laissant comme à chaque fois le privilège de parfaire l’œuvre de sa patte d’artiste. Après tout il était rétribué une rondelette somme pour cet office et savoir leur Empire sous bonne garde grâce à ce stratagème suffisait à le satisfaire en l’état.
Il souffla de rire à la mention du chocolat : compte tenu de la valeur marchande du cacao et du poids du Monthoux, ce n’était pas forcément un marché des plus juteux pour la Couronne. Enfin cela vaudrait toujours mieux que les désagréments qui pourraient poindre de cette facétie de la Fortuna. Coldris écouta l’un et l’autre sans intervenir : sa partition avait été jouée. Il reconnaissait tout de même l’habileté du Sieur de Frenn à trouver aussi rapidement de quoi satisfaire les interrogations du Roi. Ce serait là une affaire rondement menée, il n’en doutait point. Petit regard avec der Ragascorn : mieux valait que leur pigeon ne se fasse pas voler dans les plumes au risque d’être plumé sur le champ. Les dures lois du service politique.
Le vicomte s’inclina légèrement aux remerciements du Roi : ce n’était pas comme s’il avait eu un quelconque choix après tout – il faudrait être sot pour refuser de se présenter ou même simplement faire attendre Sa Majesté – puis plus profondément lors de son départ qu’il agrémenta d’un sobre « Sire » de concert avec le Premier Conseiller. Ne lui restait désormais plus qu’à rentrer reprendre ses activités où il les avait laissées. C’était du moins ce qu’il pensait avant que le baron ne l’interpelle.
Félicitations ? Oh ! Son regard se baissa sur son alliance. C’était tout de même étrange de voir son annulaire occupé après tout ce temps. Il la fit tourner puis la retira dans un sourire.
Je sais que vous ne m’en tiendrez pas rigueur ma douce épouse, il faut savoir ménager son effet.
Son regard plein de malice croisa alors celui du baron. Il était charmant, mais non, il ne pouvait pas savoir céans : cela manquerait terriblement de panache.
— Oh ceci ? il la glissa négligemment dans sa poche. Ce n’est qu’une babiole que j’ai ressorti par pure solidarité avec vous. Enfin mon cher baron, vous m’avez bien regardé ? Pourquoi diable irais-je bien m’encombrer d’une femme quand il est bien plus amusant de prendre celle des autres ? Il posa une main rassurante sur son épaule : n’ayez crainte, ma neutralité politique et diplomatique m’empêche de venir faire la cour à la vôtre. Songez bien que j’aurais pris le plus grand plaisir à la consoler de sa déplorable union avec le goret depuis fort longtemps le cas échéant.
Il laissa échapper un petit rire, laissant planer le doute quant à sa sincérité sur le sujet.
— Assez plaisanté, mon cher voulez-vous. Que diriez-vous de venir dîner à Fromart en compagnie de votre épouse ? Ce serait un plaisir de vous recevoir chez moi dans un contexte moins professionnel.
Il aurait ce jour-là, tout le plaisir de découvrir qui était l’heureuse élue de son cœur… Une chose était certaine, il prendrait garde jusque là à ranger son alliance autour de son cou et non à son doigt afin de ménager la surprise.
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Re: [16 février 1598] Un épineux dossier Djerdan [Terminé]
À moitié convaincu donc, un sourcil haussé, Dyonis acquiesce, comme touché par cette petite intention. Un discret sourire s'étire aux lèvres du Premier Conseiller aux commentaires à la fois joueurs et lucides qui suivent, quand aux peu probables épousailles du vicomte. "Oh vous savez ce que l'on dit, fontaine, tout ceci... Et je suis sûr que vous sauriez rendre le fruit permis aussi plaisant que le défendu."
La suite lui décroche un hoquet amusé, à se figurer le cochon découvrant les vues du Ministre sur sa jeune épouse... et beau-père de sa fille ! Mais hoquet tout de même un peu gêné, à l'idée de Kalisha courtisée par le sieur de Fromart - d'autant plus que ses vues portent déjà bien davantage du côté du brigand d'Aiguemorte. Dyonis se souvient au passage des remarques épicées que Coldris et lui s'étaient échangées au sujet de la princesse en sortant de l'Hôpital Général. S'il avait su la tournure que prendrait cette affaire ! Allons bon, il n'avait nul soucis à avoir : comme Coldris le soulignait lui-même, il ne prendrait pas un tel risque avec Kalisha attendus les dossiers périlleux qui se profilaient désormais, et s'il était intéressé voilà bien longtemps qu'il aurait été entreprenant. Dyonis laisse donc sur un regard entendu, et plus léger, ces plaisanteries pour répondre avec enthousiasme à cette invitation surprise :
"Très volontiers, je vous remercie. Oui, c'est une réjouissante idée." Moins professionnel : un point qu'il espère aussi et surtout pour Kalisha. Puisse-t-elle apprécier cette invitation - et que ce dîner sache lui faire un peu omettre qu'elle serait en compagnie d'un de ceux qui avaient orchestré et validé son mariage catastrophique avec Prosper de Monthoux. Le temps presse d'ailleurs et Dyonis salue le seigneur de Fromart, avec une humeur aimable, bien meilleure que celle dans laquelle il est venu à cette réunion d'urgence.
Il a sur ce un mariage à préparer dans des délais dignes d'un travail d'Héraclès.
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