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[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Mar 30 Nov - 21:51




Il avait tout fait pour y échapper et durant de longues années – sept très précisément – il avait fort bien réussi, il fallait l’avouer,  ce qui impliquait d’ailleurs un nombre impressionnant de paris gagnés contre son meilleur ami.

Le fait était que pour signer ce maudit papier et se faire passer la bague au doigt – dont il avait délégué le choix à sa future reine – le docile et candide évêque de Braktenn lui imposait de se présenter vierges de tout péché. C’est qu’il ne devait certainement pas imaginer ce qui l’attendait, car tout curé un tant soit peu sensé se serait empressé de l’absoudre sans l’entendre. Virgil pouvait en témoigner : ils n’étaient pas nombreux ceux qui lui avaient survécus lorsqu’il décidait d’être exhaustif. Et Dieu savait qu’il allait l’être aujourd’hui ! Après tout c’était pour son mariage ! Et on ne se mariait pas tous les jours n’est-ce pas ?

Il avait donc extirpé de son bureau, ces nombreux carnets relatant tous ses méfaits : ceux contenant la liste de ses amantes et ceux cryptés où il établissait son journal jour après jour. Autant dire que sa belle Sophia était chargée comme une bête de somme lorsqu’il pénétra monté sur l’Andalouse dans la nef de la cathédrale au beau milieu des fidèles qui s’écartèrent pour lui faire place. Il était hors de question de manquer à l’usage d’un pareil privilège quand sa monture était chargée de précieux trésors qui ne sortaient jamais de chez eux d’ordinaire. Valmar l’accompagnait à pied. Il veillerait sur l’animal le temps qu’il achève de tuer – au sens figuré, il l’espérait – l’évêque.

Coldris mit pied à terre devant le confessionnal et salua d’un « Monseigneur » l’homme d’Église avant de baiser son anneau, imité par Valmar qui le faisait fort pieusement pour sa part. Le vicomte ouvrit ensuite les sacoches et récupéra la cargaison avant de s’introduire dans l’obscure boite exigüe pour s'y mettre à genoux. Tout cela lui donnait déjà des frissons. Combien de temps allait-il devoir demeurer dans cette posture inconfortable avant que l’évêque ne jette l’éponge ?  Ils en avaient littéralement pour des heures s’il devait lui faire le récit de sept ans de débauches et méfaits dans les moindres détails... Autant commencer immédiatement.

— Pardonnez-moi mon Père, car j’ai péché. Je ne me suis pas confessé depuis les épousailles de ma fille. Néanmoins, mon ami l’a sans doute fait pour moi toutes ces années et Notre Seigneur voit tout, n’est-ce pas ?

Après tout, qui ne tentait rien n’avait rien. S’il pouvait esquiver la confession ainsi cela en valait la peine. Sinon, et bien, ce serait bientôt l’évêque qui serait en peine, qu’à cela ne tienne.

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Message par Thierry d'Anjou Mar 30 Nov - 22:22

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Aujourd'hui se trouvait être un jour important et Zacharie avait arrangé sa journée entière pour ne surtout pas être dérangé. Recevoir le ministre des affaires étrangères était un événement et il se devait de consacrer tout le temps nécessaire pour un pareil homme. Par ailleurs, avec sa réputation de débauché, celui-ci avait certainement de ombreuses histoires à confesser. Sûrement rien de trop embarrassant. Ce serait des coucheries, des maris trompés, des épouses qui se laissaient aller à l'infidélité... E même temps, céder à un tel personnage, il devinait les calculs derrière la manœuvre même si son rôle voulait de ne pas accepter cela.

A l'heure convenue, le ministre se présenta avec son garde au corps.


"Bonjour, votre Excellence, j'espère que vous portez bien ! Quoique.. la veille de votre mariage, l'angoisse se fait un peu présente ? Nous pourrions en discutez si vous le désirez."

Il le laissa baiser son anneau et observa le garde du corps faire de même touché par la ferveur qui animait ces deux personnes. Quel bonheur que d'assister chaque jour des chrétiens soucieux du devenir de leurs âmes ! Il sourit benoitement et s'installa dans le confessionnal. Le ministre commença et avoua n'avoir confessé depuis le mariage de sa fille. Sept années donc. Cela faisait effectivement long, mais un tel personnage devait composer avec des charges lourdes. Lui-même était bin placé pour savoir quel point les responsabilités obligeaient à faire des sacrifices dans son emploi de temps. Il laissa échapper un léger rire à la petite question malicieuse.

"Je regrette, votre Excellence, mais le pénitent doit confesser seul ses péchés. Allons, tout ira bien. Le Seigneur sait que votre retard était pour le bien de l'Empire. Il vous a déjà pardonné de cela. Du courage, mon fils, cela finira vite. Osez donc pire le premier afit qui vous revienne, le reste viendra seul."

Il l'encouragea d'un sourire bienfaiteur, sincèrement désireux de l'exhorter à sortir les mots sans doute hésitants.
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Message par Coldris de Fromart Mar 30 Nov - 23:35




L’angoisse présente ? Hmm non pas vraiment. Après tout il était face à Coldris de Fromart et il en fallait plus que cela pour le rendre nerveux. Ce n’était qu’un bout de papier et au pire cela le rendait surtout terriblement impatient d’en finir. Quoi de mieux qu’une nuit de noces dans un mariage ? Il rassura donc l’évêque sur sa bonne santé physique et moral avant de s’engouffrer dans ce cercueil des secrets. Il tenta d’esquiver l’épreuve mais l’ingénu évêque semblait décidé à l’entendre. Il ne put réprimer un sourire à la mention de l’Empire : bien entendu, cette effroyable charge de ministre était si chronophage ! Quel dommage ! Pour le reste, il se méprenait franchement : cela n’allait pas finir rapidement. A moins qu’il ne cède devant ses détails. Bien puisqu’il fallait s’y mettre. Coldris ouvrit le premier carnet puis chercha la date correspondant au mariage de Bérénice. Ah ! Il avait presque failli l’oublier celle-ci !

— Avez-vous déjà fait l’amour au milieu du chant des grillons par une belle nuit d’été, Monseigneur ? Vous devriez essayer. Les lanternes dansantes sur la baie d’Aussevielle, le thym qui lui chatouillait la naissance de ses vallons. Je confesse avoir pris la Comtesse de Maubergeon pendant que ma fille dansait avec son mari. A quoi bon porter de tels décolletés si ce n’est que pour les contempler ? Je vous le demande. Je confesse également l’avoir initié à des pratiques gourmandes peu catholiques. Vous auriez dû sentir cette peau si douce sous vos doigts et ce regard embrasé quand elle soupirait des « encore » dans le creux de mon oreille.

Mais ce n’était pas tout. Il s’était proprement régalé ce soir à les faire danser et à butiner chaque fleur qui s’était trouvé sur son passage, noble ou roturière, mariée ou non. Il ne manqua pas d’agrémenter son discours de détails croustillants et hauts en couleur, à la hauteur de cette soirée mémorable. D’ailleurs, il devait manquer quelques noms sur cette page, c’était certain. Avait-il l’air repentant ? Non pas vraiment. L’était-il ? Nullement.

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Message par Thierry d'Anjou Mer 1 Déc - 10:58

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

L'évêque encourageait le ministre de son sourire bienveillant soucieux de l'aider à sortir les mots cachés en lui depuis toutes ces années. Les aroles qui sortirent finalement de sa bouche n'indiquaient cependant pourtant aucune repentance. Au contraire, il semblait même fier d'avoir séduit tant de femmes le jour même du mariage de sa fille. Lors de son interrogation insolente, Zacharie répliqua, austère.

"Non, votre Excellence, je suis un homme de Dieu, lui ayant prêté allégeance, et il es inenvisageable de rompre mes serments."

Le ministre s'attachait avec fierté à décrire le moindre acte et à évoquer chaque personne. L'évêque demeurait impassable et écoutait en silence, sans montrer de dégoût, d'agacement ou de curiosité. Son devoir était de se trouver au-dessus de ses tentations terrestres qui détachait de toute spiritualité. par ailleurs, s'il croyait provoquer une émotion par ses paroles, il se trompait lourdement. Il n'aurait rien de lui.

Lors de ses interpellations pour le prendre à parti, Zacharie répondit assez sèchement, tout en restant poli.


"Toutes les peaux humaines sont douces, mon fils, mis à part les mains des travailleurs qui s'usent naturellement avec le temps. Vous ne m'apprenez guère de choses."

s'ils n'en étaient qu'aux folies du mariage, la journée promettait d'être longue. Néanmoins, pour subir une telle épreuve, le Seigneur saurait le récompenser. L'évêque reprit de son sourire avenant, mais avec une voix sévère.

"Autre chose, mon fils ?"


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Message par Coldris de Fromart Mer 1 Déc - 12:37




Coldris entama ses confessions. Il voulait bien tout confesser. Pour ce qui était de la repentance, c’était autre chose. Il n’éprouvait pas le moindre regret et se fichait pas mal d’obtenir l’absolution. Il devait tout avouer alors il s’exécutait dans les moindres détails dès lors qu’il s’en souvenait suffisamment. Plut à Dieu, il n’avait pas la mémoire d’Alduis sinon ils y seraient encore la semaine suivante. Il haussa les épaules à sa remarque sèche.

— Pourtant l’on dit que Dieu est amour et plein de miséricorde. Il vous pardonnera bien un petit écart de temps à autre. Ne me dites pas que cela ne vous manque pas quand vous vous éveillez fièrement tendu de bon matin !

Il reprit ses confidences avant de secouer de nouveau la tête.

— Pardonnez-moi mon Père, mais vous faites erreur. Je puis vous assurer qu’elles sont loin d’être équivalentes. Et pour preuve, je retrouverais ma femme sans la moindre hésitation si l’on me bandait les yeux.

Comprenait-il désormais que son chemin de croix ne faisait que débuter ?

— Bien entendu. Nous n’avons fait là qu’une unique soirée.

Il reprit donc la lecture de ses carnets, ponctuant ses récits de tous les détails dont il se souvenait. Il y avait notamment cette fois où Virgil avait dû intervenir car il s’était retrouvé pris au piège d’un mari revenu trop tôt pour cause d’averse soudaine au beau milieu d’un ciel d’azur. Ou celle encore où il avait drogué le mari pour qu’il s’assoupisse durant le trajet de retour lui offrant ainsi la possibilité de gâter son épouse. Ou encore cette fois où il avait fait l’amour sur l’autel d’une chapelle à moitié abandonné – ce qu’il ne recommandait pas pour l’inconfort que cela procurait, d’autant plus en automne lorsque la pierre était froide –. Il en arriva aux ordres de guerre et confessa avoir ordonné les pillages à Iswyliz ainsi que les exécutions des soldats ayant refusé d’obéir. Nous étions désormais au début de l’année 1591  et Coldris en était loin d’avoir fini. Il raconta chacune des soirées animées de la couronne et ses réveils entourés de deux ou trois femmes pour lui tenir chaud. Il lui adressa un regard pour voir s'il survivait.

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Message par Thierry d'Anjou Mer 1 Déc - 13:40

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Dès le début de cette confession, qui promettait d'être longue, Zacharie comprit que celle-ci serait éprouvante face à un pénitent qui n'éprouvait aucune repentance, uniquement soucieux d'accomplir le rite pour être apte à se marier. Il refoula l'agacement naissant et fit appel à sa patience. Les hommes étaient faits et bien peu savaient faire preuve de retenue ou respecter le plus fidèlement les valeurs chrétiennes. Il s'enracina ainsi à rempli son devoir sacré, forcé par son rôle, et écouta d'une mine austère. Là où certains prêtres auraient montré de la curiosité, lui se l'interdisait. Il rappela ainsi sa position au ministre qui estimait pouvoir faire de l'esprit.

"Dieu est amour et bienveillance, cela est certitude, mais l'homme qui prête serment se doit de toujours l'honorer. Autrement, il ne méritera que les flammes de la Gehenne."

Il pouvait fermer les yeux sur de nombreux péchés, mais jamais, ô grand jamais, sur ceux lié au parjure et à l'honneur. L'évêque laissa poursuivre le pénitent jusqu'à le couper par sa nouvelle interpellation. Il eut encore réponse à sa parole. Zacharie demeura austère et énonça sentencieusement :

"Deux âmes liées se reconnaissent toujours, cela est ainsi."

Naturellement, ils n'étaient qu'à une seule soirée. Zacharie resta impassible et opina du chef.

"Dans ce cas, poursuivons, mon fils."

Zacharie l'écouta ainsi disserter deux longues heures sur ses exploits à séduire ponctuellement par tous les stratagèmes possibles. Il possédait de l'imagination. Il fallait bien le reconnaître. L'évêque eut une pensée amusante à un moment, dissimulée en lui, à imaginer le ministre en puissant Zeus, toujours en quête de belles nymphes à conquérir. L'image lui plairait assurément et il se refusa ainsi à la partager. C'était déjà assez pénible d'entendre de telles histoires. Il ne pouvait montrer y prendre du plaisir, même par une stimulation intellectuelle. Lors de l'évocation de cette communion charnelle dans un lieu saint, Zacharie songea à l'infortunée Méduse châtiée par Artémis pour s'être faite violée au sein de son propre temple.

"Au moins, cette expérience illustre que Dieu possède un amour bien plus sincère pour nous que les divinités païennes. Pour un tel acte, même contre gré la malheureuse femme est toujours punie."

Autant que ces histoires servent d'exemples pour illustrer la grandeur de Dieu le père tout puissant ! La suite devint politique et Zacharie retrouva bien plus d'entrain. Il écouta les aveux du ministre et lui adressa un sourire bienveillant.

"Non, mon fils, vous avez agi fidèlement à ce que vos commandaient. Ces guerres contre nos voisins sont tristes, mais nécessaires. Même si Izwiz est supposée est chrétienne, ses habitants devaient avoir de mauvaises pratiques. Autrement, Dieu les aurait protégé. Non, non, mon fils, votre œuvre a permis de mieux asseoir sur ces terres le règne du Christ. Quant à ces soldats, je comprends là aussi votre répugnance, mais leur devoir est de servir l'Empire. L'honneur leur commandait d'obéir. Cela est triste de devoir exécuter des hommes, amis il se révèles important de savoir faire des exemples pour éviter un gangrène. Après tout, quand un bras commence à scléroser, on l'ampute pour éviter que la maladie ne se répand n'est-il pas ?"

Le sens de l'honneur serait toujours ce qu'il fallait privilégier. C'était ainsi que le monde devait tourner. Les confessions se poursuivirent de manière moins agréables à devoir écouter les soirées animés avec le souverain. Zacharie se replongea dans l'impassibilité toute n visualisant les scènes décrites comme les bacchanales de Dyonisos. a quoi bon lui faire la morale ? Il ne venait là que pour raconter ses exploits...
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Message par Coldris de Fromart Mer 1 Déc - 14:34




Dieu n’était surtout qu’une putain de fumisterie destinée à contrôler la population. Enfin cela, il se garda bien de lui dire doutant que l’homme n’apprécie son point de vue. Mieux valait s’acquitter de cette tâche aussi rapidement et péniblement que possible.

— Alors c’est la différence entre vous et moi. Ma place y est réservée depuis bon nombre d’années déjà. À quoi bon vous fatiguer à m’écouter disserter des heures durant de tous les péchés de mon existence ?

Il reprit tous de même le récit de ses exploits digne d’une épopée érotique – un genre inédit dont il aurait le secret –. Certains souvenirs lui arrachèrent quelques rires étouffés, car il fallait bien admettre que certains étaient tout bonnement délicieux. C’était à sa luciole qu’il aurait dû se confesser : il n’y avait qu’elle pour apprécier à sa justesse valeur son génie séducteur. Enfin puisqu’il n’avait qu’un vieux prêtre sans doute puceau et impuissant comme interlocuteur, il s’en contenterait… Il en arriva finalement à la campagne d’Iswyliz et confessa ses crimes de guerre. De mauvaise pratique ? Coldris arqua un sourcil. Oh non, ni plus ni moins que les Monbriniens, soyons honnêtes. Dieu n’avait rien à voir avec cette guerre : ce n’était que le fruit de l’avarice et de l’orgueil de deux hommes prêts à tout pour transformer un royaume en puissant empire. Il n’y avait rien de spirituel là-dedans et ce n’était que le pur pragmatisme économique et social qui avait donné lieu à cette conquête. Rien d’autre. Il se garda bien d’ailleurs de lui préciser tout cela tant sa ferveur impériale était délectable. Un bon sujet pour l’Empire qu’il pourrait sans doute utiliser habilement à l’avenir. Peut-être devrait-il se montrer un peu plus repentant de ses crimes de chairs ?  

— Qu’en est-il s’ils agissent en leur âme et conscience pour sauver ces vies étrangères puis viennent ensuite se confesser de leur désobéissance ? Notre Seigneur ne peut assurément pardonner aux deux camps, ce serait absurde, pointa-t-il. A vous entendre ainsi parler, j’aurais dû exécuter mes proches pour leur refus d’obtempérer. Aurais-je dû les sacrifier comme Abraham ? Qu’en pensez-vous mon Père ? Iriez-vous tué vos fils pour le bien de l’exemple ?

Question sincère. Comment pouvait-il être dans son plein droit autant que Démétrius ou Alduis ? C’était bien dans ce genre de moment qu’il réalisait à quel point tout ceci n’était qu’un vaste épouvantail que l’on agitait pour déplacer l’essaim vers le lieu de son choix. Qu’à cela ne tienne, il reprit son récit, signalant le malheureux décès d’un émissaire. C’était pour la bonne cause. Il fallait bien mettre un terme à cette guerre. Entre-temps, il y avait eu quelques petits intermèdes plus réjouissants et de nombreux noms redondants ou inédits qui s’étaient ajoutés à ceux précédemment cités avec une mention spéciale pour ce diner  qui avait assoupi le pauvre mari tombé ivre mort, tête renversée sur sa chaise devant lequel il avait pris avec ardeur son épouse au milieu des porcelaines et des chandeliers. Il avait bien cru qu’il ne s’endormirait jamais et avec la baronne qui ne cessait de glisser ses souliers entre ses cuisses l’attente avait été insoutenable. Début 1592, il confessa avoir ruiné la famille de l’amant de son fils afin de mettre un terme à leur relation. Le pauvre garçon s’était suicidé en se jetant du haut des petits à pics de Braktenn. Un malheureux accident avait-on dit, mais Coldris n’en croyait rien. Il se garda bien de dire que c’était Alduis qui l’avait poussé.


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Message par Thierry d'Anjou Mer 1 Déc - 19:00

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Zacharie laissa échapper à la constatation que l'home face à lui se faisait de la place qui l'attendait après sa mort. Il se trompait du tout au tout. Dou était amour et savait pardonner. Certes, il patienterait quelques années au purgatoires, l'âme devait s'absoudre des mauvaise actions, mais on ne les précipitait pas si facilement à l'Enfer. Il lui sourit benoitement.

"Ayez confiance en lui, mon fils, Il sait pardonner, même le pire. "

La confession se poursuivit sur ses histoires érotiques peu élégantes mais qui ne manquaient pas de panache pour s'orienter vers les doutes et remords que laissaient les hautes fonctions du pouvoir. Enfin, un aspect plus passionnant ! Il entendit ses interrogations sur les croyants des deux camps qui venaient se confesser. Une question, oui, qui troublaient beaucoup de monde. Il secoua doucement la tête.

"Dieu seul connaît la vérité de nos cœurs et de nos âmes. Nous, ici bas, nous devons nous efforcez d'agir par devoir. C'est ainsi que nous sommes assurés de bien faire mon fils. Quant à cette parabole biblique, je vous invite à repenser à sa conclusion. Dieu arrête le geste d'Abraham, ce qui doit nous rappeler que l'innocence doit être préservée. En revanché, si un homme faute, il doit être châtié. Pensez à cet horrible sorcier qui a été brûlé le mois dernier. Sa présence était nocive à tout point de vue et par bonheur le cardinal Cassin l'a débusqué et nous a débarrassé de sa présence sinistre. Nous devons tendre vers ect idéal, mon fils. C'est la seule et unique manière de rendre notre monde meilleur. Les guerres fonctionnent sur ce même modèle. Le devoir, mon fils, le devoir avant tout."

La confession se poursuivit et retourna à l'évocation des soirées licencieuses avec leur souverain et à des soirées lus personnelles à séduire des dames sous le nez de leur époux. Zacharie songea que l'homme assis face à lui avait sûrement dû engendré une bonne partie de la population actuelle de Braktenn. Il se tendit brusquement lorsque le fils du vicomte fut mentionné et que celui-ci soit impliqué dans le grave crime de la sodomie. L'évêque devint particulièrement austère.

"Votre fils Alduis est sodomite. Avez-vous en tête que c'est une lourde offense envers Dieu ? J'ose espérer, mon fils, que vous avez tout employé pour le guérir de cette hérésie ?"

Zacharie hocha de la tête à l'évocation de la ruine de la famille du sodomite. Cela se méritait. Qu'ils s'estiment heureux que le ministre ne les ait pas dénoncé ! Ils auraient dû tous brûler  place publique. La conclusion du récit le laissa plus encore répugné. Un accident ? Pour une chute après une telle dégringolade sociale ? Non, Cet imbécile avait osé commettre le péché suprême !

"Ces actes-là ne sont que justice, mon fils. Vous avez été même étonnamment de ne pas les dénoncer. Ils auraient mérité le feu purificateur pour leurs âmes teintées par le Malin. En voilà un qui assurément qui ira brûler dans la Géhenne. En comparaison à vous, mon fils, pour toutes les vies que vos... excès ont produit, Dieu vous absout de vos péchés de chair. Par ailleurs, ne pas dénoncer un sodomite.. Vraiment, mon fils, vous êtes une très belle personne !"
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Message par Coldris de Fromart Mer 1 Déc - 21:50




Derrière la cloison, Coldris esquissa un sourire madré. Avoir confiance en Lui ? Oh non, cela faisait quarante-trois ans qu’il l’avait rayé de sa vie et rien ne l’avait jamais incité à lui faire confiance. S’il existait, il avait trouvé de loin son maitre en cruauté. Un amour comme le sien, il n’en voulait point. Qu’avait-il vécu lui dans sa paisible petite existence qui puisse lui instiller l’ombre d’un doute ? Rien assurément. Il vivait dans son petit monde de velours bien loin de la froide et rugueuse réalité.

— Et si je ne veux pas être pardonné ? Pourquoi le devrais-je après tout mon Père ? Quant au pire, c’est faiblesse que de le pardonner. Certaines choses sont impardonnables en ce bas monde et il devrait en être de même là-haut.

Imaginer qu’Il est pu pardonner à son père chacune de ses saloperies lui donner une violente nausée qu’accentuait la sensation d’enferment. Il n’y avait qu’un rideau et c’était bien ce qui l’empêchait de fuir. Il pouvait sentir l’air extérieur, entendre les fers de sa jument piétiner et même hennir. Tout allait bien. Il reprit son récit où il n’arriverait jamais au bout avant la nuit tombée. Les cloches avaient déjà sonné deux fois depuis le début de ses confessions. Il en avait des fourmillements dans les orteils et ses vieux genoux commençaient à le faire souffrir.

Comme toujours son évêque avait un avis bien idéaliste sur ce qu’il convenait ou non de faire et ne répondit à sa question que par un discours fumeux digne d’un politicien. La mention du sorcier lui étira cependant un sourire. Il n’imaginait pas à quel point il avait bien brulé en effet.

— Dieu seul connait la vérité de nos cœurs et de nos âmes, répéta-t-il pensivement. Imaginez donc l’ironie si ce sorcier avait pu devenir un Ange en suivant ? Le devoir. C’est un concept si relatif, en réalité lorsque l’on prend de la hauteur. Après tout est-ce de mon devoir d’établir un Empire ou est-ce simplement le fruit d’un esprit mégalomane ?

Sur ces considérations philosophiques, il retourna à ses moutons ou plus exactement à ses carnets. Des heures de débauche à énumérer et quelques plans délicieux. Ce qu’il pouvait se sentir vivant dans ce genre de situation ! Ce mélange de risque imminent allié à la jouissance de l’instant avait le pouvoir de décupler toutes les sensations. Sans parler de la satisfaction qu’il pouvait éprouver à parvenir à ses fins. Comment ne pas y revenir encore et encore ? C’était comme l’opium. Une fois qu’on y avait gouté, on ne pouvait plus s’en passer. Par certains égards, la politique lui offrait ce même frisson quoi qu’il n’y ait rien de charnel uniquement le plaisir infini d’établir une stratégie frôlant d’aussi prêt que possible la perfection ? Comment aurait-il pu comprendre avec cette insipide existence qu’il menait ? Et dire que maintenant, il avait à disposition un esprit au moins aussi fou que le sien pour faire vibrer le corps autant que leurs cœurs et leurs esprits. Oh devait-il réellement tout confesser ? Ne pouvait-elle donc pas venir le délivrer de ce pénible moment. Il lui en aurait fait des choses indécentes et des confessions. Ce qu’il pouvait avoir envie d’elle… Il soupira pour calmer ses ardeurs et reprit son récit jusqu’à arriver à ce maudit Mathurin. L’occasion rêvée de préparer le terrain pour son fils. Sans surprise, l’évêque sauta presque de sa chaire. Il se colla au claustra et rétorqua menaçant :

— M’avez-vous bien regardé et écouté, Monseigneur l’évêque ? Comment osez-vous prétendre que mon fils est sodomite ? Imaginez-vous donc un seul instant que j’ai pu tolérer une pareille hérésie, moi qui chéris les femmes ? Baisez un homme… Cette seule idée me donne la gerbe. Ne vous avisez plus d’adjoindre ce qualificatif à mon fils.

Il détailla ensuite comment il avait ruiné la famille d’Auvray pour éloigner cette sangsue de son héritier, puis comment il avait eu un « malheureux accident ».

— Fort heureusement, cette leçon aura suffi à le ramener dans le droit chemin. Ce n’était là que les égarements d’un jeune homme qui refusait de devenir son père. La provocation d’un fils pour sortir de l’ombre de son père, rien de plus.

Un peu de faux. Un peu de vrai. Inextricable mélange dont l’homogénéité assurait la fiabilité.

— Je n’aime pas le bûcher. Je préfère l’écorchement, conclut-il sans que l’on puisse dire s’il s’agissait de lard ou de cochon.

La suite de ses confessions porta sur son cinquième voyage en Italie. L’homme qui était mort sous ses coups au cours d’une partie de Calcio, et les torrides nuits d’hiver vénitiennes avec Francesca et d’autres. On avait également tenté de l’assassiner, un soir alors qu’il rentrait à son hôtel. Il s’en était fallu de peu et Dieu merci la réactivité de Valmar lui avait permis d’éviter le pire. Les trois hommes avaient fini par rougir le canal. Il n’avait jamais été si heureux d’avoir l’Iswylan à ses côtés, surtout avec ce poignet foulé… À son retour d’Italie, il s’était arrêté à Aussevielle afin de visiter sa fille et son gendre qui attendait leur premier enfant. Virgil avait manqué de l’assassiner, mais il avait réitéré ses exploits dans l’un des sanctuaires de la cathédrale. Parce qu’il y avait bien trop de vent pour faire cela en extérieur. On ne pouvait pas imaginer à quel point ce vent pouvait être glacial lorsqu’il s’y mettait. À peu près autant que les paroles de son meilleur ami lorsqu’il s’y mettait. Qu’y pouvait-il s’il était trop angoissé par la naissance imminente de son petit fils ? Il avait eu besoin d’évacuer toute sa nervosité. Enfin une partie seulement. Le reste avait fini par se déverser sous ses pas alors qu’il avait marché tel un lion en cage le cœur sur le point d’exploser à chaque cri qu’il entendait.

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Message par Thierry d'Anjou Jeu 2 Déc - 10:57

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Ne pas vouloir être pardonné ? L'homme en face de lui manifestait de lourds poids sur la conscience. Sans nul doute, toutes ces décisions difficiles à prendre pour la santé de leur pays. IL répondit doucement.

"Si vous pensez ne pas mériter le pardon, mon fils, alors, Il vous la donnera. Votre conscience vous honore. Quant aux pires exactions, bien sûr, certaines choses sont sectionnées là-bas., tels que les meurtres ou bien sûr les avortements. Songez au sorcier brûlé il y a peu. Cette âme-là, soyez certain que Die ne l'accueillera pas !"

Zacharie grimaça alors en entendant le blasphème sorti de la bouche. Du ministre. La fureur anima son regard.

"Ne blasphémez pas ainsi, mon fils ! Que ce démon devienne un ange ! Comment osez-vous ? Ces paroles sont proches de l'hérésie ! Pour la peine, j'exige de vous entendre réciter dix Pater Noster quand nous sortirons d'ici pour laver votre âme de la souillure !"

Il demeura sévère pour écouter al suite et y répondre.

"Plus on monte dans la société, plus les responsabilités croissent. C'est ainsi. S vous vous pisez la question, cela démontre que vous agissez par souci du devoir envers l'Empire et non pour vos seules ambitions."

Sur cela se poursuivirent pendant deux nouvelles logues heures des confessions pour retracer toutes les conquêtes féminines et les soirées paillardes au sommet de l'Etat. Zacharie l'écouta avec impassibilité en attendant que le moment passe. Il se courrouça lorsqu'il fut question des actes sodomites auxquels le fils du ministre avait été autrefois lié. Le père entra dans une fureur légitime en entendant son questionnements. L'évêque .hocha de la tête, rassuré.

"Je vois. Les enfants peuvent poser tant de problèmes lorsqu'ils grandissent et essaient de s'affranchir. Je vous félicite d'avoir su le ramener dans le droit chemin, mon fils."

Le commentaire suivant sur le bûcher lui fit hausser les épaules.

"Je n'aime aucune des peines capitales, pour tout dire, mais justice doit être tendue."

Sur cela reprirent les confessions et le récit les mena en Italie. Zacharie secoua la tête à l'évocation d'un mort lorsd 'une partie de calcio. Cela était drmataique mais cela appartenait aux risques de ce jeu. Il ne fallait pas culpabiliser pour une pareille chose. L'évêque demeura ensuite neutre à la description de la vie érotique vénitienne, puis concéda que se défendre contre des agresseurs n'avait rien de mal. Il lui donnait l'absolution pour ces meurtres puisque ces hommes souhaitaient en commettre un. Deux même en incluant le garde du corps. Ils revinrent finalement à Monbrina et Zacharie écouta avec moins d'intérêt, sans le montrer, sur ces histoires avec les femmes. Dans une cathédrale ! Cela lui donna à l'idée de demander à un bedeau de ne jamais perdre de vue le ministre dès qu'l l'apercevait entrer dans celle de Braktenn. Pas question de le laisser souiller aussi ce lieu !


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Message par Coldris de Fromart Jeu 2 Déc - 13:06




C’était bien de cela dont il était question. Des meurtres. Il semblait bien confiant. Coldris s’était fait une raison, s’il existait quelque chose après la mort ce ne serait pas pour lui. Excepté si ses deux avocats lui obtenaient une remise de peine. Au fond… S’il était sûr qu’il y avait quelque chose après tout cela, il ferait l’effort de se repentir sincèrement. Pour elle. Il se souvenait encore de son désarroi lorsqu’il avait eu le malheur d’évoquer le sujet… Elle ne méritait pas de souffrir pour ses fautes, alors s’il fallait faire pénitence pour lui épargner cela, il le ferait.

— Songez que ce ne sont que les sept dernières années.

Il poursuivit jusqu’à ce que l’évêque n’évoque Hyriel. Ce qui l’amusa bien, il fallait l’avouer. En revanche la plaisanterie ne fut pas au goût de son interlocuteur. Quel manque profond d’humour. Le pire étant qu’il ne disait que la stricte vérité et Dieu – s’il existait – en était témoin. Comme quoi selon ses dires, il n’avait pas été jugé si démoniaque si l’on suivait son raisonnement. Il lui aurait bien fermé le caquet, mais le secret devait demeurer. Virgil en revanche devait bien rire, là-haut, et se féliciter du sermon. Dix Pater Noster ? C’était plus que tous ceux qu’il avait récités l’an dernier. Et encore la majorité avait été avec Thierry dans des circonstances pour le moins peu pieuses. Nom d’un chien ce qu’il avait envie de rire. Il lui fallut tout son talent de comédien pour baisser la tête honteusement.

— Pardonnez-moi, mon Père, il semblerait que mon esprit ne pousse trop loin mes réflexions et m’égare.

Quant à son égoïsme, en vérité, ce qui servait l’Empire le servait lui et il avait quelque sérieux doute vis-à-vis de l’existence du plus pur altruisme. Quoi que l’on fasse, cela était toujours motivé par une raison purement personnelle. Et il aurait pu trouver un exemple pour chaque cas avancé. Enfin, ce n’était pas avec un évêque que l’on pouvait ouvrir un débat philosophique sans risquer de froisser sa susceptibilité d’homme de Dieu. Il agita vaguement la tête pour lui donner raison. C’est qu’il avait encore une liste interminable de carnets à parcourir avant de toucher au but… Il tenta de se repositionner un tant soit peu mieux afin de subir les prochaines heures de souffrances dans le plus parfait stoïcisme.

Ce qu’il fallait garder à l’esprit également, c’était que son fils devrait bientôt se confesser et ce serait l’évêque de Braktenn qui l’entendrait. Autant en profiter pour le mettre dans de bonnes dispositions et lui préparer le terrain. Il était hors de question qu’il ne confesse baiser des hommes. De toute façon aucun d’entre eux n’étant croyant, ils n’avaient pas la moindre raison d’y accorder un quelconque crédit. C’était également l’occasion de s’assurer que cette histoire ne pourrait pas rejaillir sur lui au cours d’éventuelles calomnies et qu’il aurait un allié le cas échéant. Il était hors de question que l’on apprenne les inclinations de son fils… Il l’informerait de ce qu’il devrait dire au prélat le jour de ses confidences. Pour sa part, il était au moins aussi rassuré que l’évêque lorsqu’il inclina la tête en guise de remerciement, avant de reprendre la suite de ses confessions jusqu’à la naissance d’Adéis à Braktenn. Coldris s’étira et s’excusa de se relever momentanément mais ses vieilles articulations commençaient à furieusement s’engourdir. De retour à sa place, il poursuivit durant deux nouvelles longues heures à égrainer les noms et les situations rocambolesques. Comme ce gamin des rues qu’il avait payé pour faire porter un faux message qui devait envoyer l’époux malheureux au Palais Royal où son secrétaire l’avait fait patienter quatre heures avant qu’il ne daigne le recevoir. Et pour causer, des affaires pressantes le retenaient et il était hors de question de bâcler le travail n’est-ce pas ? Le plus drôle avait été de feindre la colère au motif qu’il avait trouvé des irrégularités dans ses relevés de douanes… Il confessa également le meurtre d’un noble pour raison politique. Un pion embarrassant dont il avait fallu se séparer en toute discrétion afin de placer le fils bien plus docile. Puis avoua ses excès de colère envers son fils. Il passa outre la mort de Solange que Virgil avait su gérer avec expertise pour aborder son propre décès. Repenser à ce jour funeste le déchirait d’une large brèche, aussi s’empressa-t-il d’avouer qu’il avait failli pulvériser une statue de saint de la cathédrale sous l’effet de sa rage. Il serra les dents pour chasser les images du cercueil ouvert au pied de l’autel. Rien que pour cela, il refusait de se marier là-bas. Et ce discours, il ne savait même plus ce qu’il avait dit. Il avait bu toute la nuit car Léonilde avait mis sous clés son opium et avait refusé de céder à sa fureur autant qu’à ses menaces. Presque quatre ans, mais il avait l’impression que c’était avant-hier. Ses yeux se mirent à brûler et il avoua avoir tenté de mettre fin à ses jours par trois fois.

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Message par Thierry d'Anjou Jeu 2 Déc - 13:59

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Le pénitent campait sur ses positions. Zacharie le percevait. Il lui adressa un sourire bienveillant à sa dernière prise de parole.

"Le poids des actions augmentent avec l'âge, c'est ainsi, mais gardez confiance. lui sait la juste valeur de nos âmes."

Il survint cependant un moment de désaccord lors du blasphème que son interlocuteur osa proférer. L'évêque ne le laissa pas passr. Tout ministre soit-il, il devait se soumettre aux lois divines.

"Il est important de toujours surveiller ce que la langue dira."

Passé l'incident, les confessions se poursuivirent pour reprendre les histoires érotiques, un temps entrecoupées par l'affaire de sodomite auquel le fils avait été mêlé dans un désir de rébellion contre l'autorité paternelle. Que la jeunesse parfois bête ! Les aveux suivants se révélèrent plus intéressants, hormis les conquêtes vénitiennes. La suite, après le baptême du petit-fils, alors que le ministre revint s'asseoir après le délassement de ses articulations usées, devint plus politique. Zacharie hocha gravement la tête.

"Je vois. Un choix cornélien, mais parfois pour les besoins d'un régime, on doit savoir faire des sacrifices. quant à vos colères contre votre fils, c'est mal, oui, mais les enfants prouvent mettre un parent dans de tels états. C'était votre rôle que de l'éduquer et de li apprendre les limites."

Puis, il survint le récit de sa douleur devant la perte de son ami l'excellent marquis d'Aussevieille, un homme si bon, si altruiste. Zacharie compatit sincèrement et lui témoigna un encouragement un regard. Il comprenait même l'emportement contre la statue du Sait? Perdre un proche, de manière si abrupte, avait de quoi rendre fou.

"Je comprends. La douleur du deuil, surtout un si imprévisible, est difficile à gérer et rendait fou le meilleur des hommes. Votre ami était une si bonne personne... Tout chrétien pense parfois au suicide. C'stumain. Mais vous avez su écouter les signes de Dieu, m^)me sans avoir conscience, pour ne pas céder à la tentation. Je vous en félicite."




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Message par Coldris de Fromart Jeu 2 Déc - 15:38




Ce n’était pas tant le poids qui augmentait avec l’âge que l’issue qui se reprochait plus surement que jamais. Restait-il seulement un jour encore où il ne songeait pas à cette éventualité ? C’était bien pour cela qu’il profitait intensément de chaque sursis que lui offrait la vie lorsqu’elle était à ses côtés. Vingt ans plus tôt, il n’aurait sans doute pas insisté pour l’épouser et l’aurait fait languir de longs jours durant jusqu’à ne plus en pouvoir lui-même. Désormais, il en était proprement incapable. Il avait sans arrêt l’impression de courir contre la montre… Ce qui était sûr c’est qu’il ne Lui faisait pas confiance. En revanche, il s’en remettait entièrement aux mains de Virgil sans la moindre hésitation. S’il avait dû prier quoi que ce soit, c’était bien lui.

Il laissa couler les remontrances au sujet de son blasphème. C’était mal le connaitre que de songer qu’il puisse ne pas surveiller son langage. Bien au contraire, il pesait ses mots lorsqu’il disait qu’Hyriel était devenu Ange. Malgré la sanction, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une profonde satisfaction à se savoir dans le vrai quand lui ignorait à quel point tout ceci n’était qu’une farce orchestrée par ces soins. Mais après tout, c’était la volonté de Dieu lui-même qui s’était exercée, non ? Non ?

Alors qu’il abordait la mort de Virgil, Coldris entendit sonner quatorze heures. Étrangement, il n’avait pas le moindre appétit. Il fallait dire que se souvenir des funérailles avait de quoi lui tordre les boyaux. Pourtant, il ne reçut que de la compassion face à ses égarements. Y compris lorsqu’il lui fit part de ses trois tentatives de suicide. Pour ne pas en avoir conscience, il n’en avait pas la moindre once infime. En vérité, c’était sans doute qu’il s’était tellement accroché toutes ces années qu’il ne parvenait même plus à s’en déraciner lui-même tant la volonté de survivre était ancrée en lui.

— Peut-être est-ce simplement car Il ne veut pas de moi, là-haut, mon Père.

Pour tout dire, il Le comprenait. Un individu aussi pénible et ambitieux, il y avait de quoi vouloir le laisser sur terre quelques années encore… Puisqu’il restait encore près de quatre années à confesser et non des moindres, Coldris se remit au travail sans attendre. Quelque temps après, il était retourné en Italie où il avait disputé de nouveau une partie de Calcio avec l’espoir secret de prendre un mauvais coup qui le laisserait sur le carreau. Contre toute attente, il en était ressorti complètement indemne. Il détailla ses longues soirées de débauche et d’excès tous genres confondus dans des lieux plus ou moins recommandables jusqu’à son retour à Braktenn qui ne fut guère mieux. Il passa distraitement son pouce sur les noms qui se succédaient en face de chaque date. C’était les seules pages écrites avec bien peu d’application. L’écriture était parfois tremblotante, signe de son peu de conscience, quand d’autres fois des taches d’encre ponctuaient les patronymes ou les jours. Il raconta ces exploits-là sans la moindre joie ni fierté. Y compris lorsqu’il avait s’agit de coucher avec la si pieuse duchesse. Durant tous ces mois, il avait multiplié les risques, les conquêtes – d’ailleurs il en était une qui avait duré trois ans – et les excès sans jamais parvenir à combler le vide. Le sexe, l’alcool, l’opium, la politique, il multipliait les manœuvres mais tout était devenu insipide depuis le départ de Virgil. Il lui fallut deux heures entières pour énumérer tous ses méfaits qui ne laissaient qu’un goût aigre dans le fond de sa gorge.

— Et en Février 1597, alors que j’assistais au mariage de la princesse Kalisha, j’ai rencontré Thierry d’Anjou.

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Message par Thierry d'Anjou Jeu 2 Déc - 17:23

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

La suite des confessions de déroulèrent de manière beaucoup plus éprouvantes et bien moins glorieuses depuis que le ministre avait évoqué la perte tragique de son meilleur ami. Même ces tentatives de suicide attirèrent de la compassion à Zacharie. La détresse pouvait égarer l'esprit du plus équilibré des hommes. Il sourit de sa répartie.

"Sans doute. ou Il estime que vous avez encore des choses à accomplir ici.".

L'homme détailla à nouveau des intentons suicidaires en rapportant son désir d'être emporté lors d'une énième partie de calcio. manifestement, Dieu aimait et protégeait cet homme. Fallait-il être grandement aveuglez pour ne pas le comprendre ! Zacharie l'encouragea de son sourire bienveillant dans lequel se disait comprendre sa douleur et que celle-ci était parfaitement légitime. La nouvelle série de conqêtes féminines le toucha pour une fois. Il ne ressentit aucun triomphe dans la voix du ministre, uniquement l souffrance et le souhait de s'oublier pour oublier la perte de son ami. Tout ceci les mena à seize heures lorsque le ministre arriva au début de l'année dernière. En entendant sonner les cloches de la cathédrale, Zacharie songea que les vêpres étaient proches. Et ils avaient débuté l'exercice quelques minutes avant la messe de Tierce...Cela ne devrait plus être long. Sûrement encore une petite heure. Confiant, il faillit 'étouffer en entendant le nom maudit.

"Ah... .. Il est vrai que vous étiez devenu ami avec cet... homme."

Les traits de l'évêque étaient devenus durs. Rien que le nom du misérable lui donnait de l'aigreur. Qu'allait-il devoir supporter encore de la part de ce gibier de potence qui n'avait échappé que de peu à la corde que son cou méritait ?
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Message par Coldris de Fromart Jeu 2 Déc - 22:53




Des choses à accomplir ici ? Peut-être bien, oui. Il devrait désormais prendre soin de sa femme à qui il devait tant de choses. Elle était déjà un miracle à elle toute seule et il espérait sincèrement que ce mariage autant que leur relation la rendrait heureuse et ne lui ferait nourrir aucun regret. Et puis sans doute également, devait-il utiliser le temps qui lui était imparti pour se rapprocher de son fils. Il ne rattraperait jamais le temps perdu seulement, il pouvait tenter de réparer ces décennies de conflits.

Il détailla toutes ses errances depuis la mort de Virgil qu’il parvenait toujours difficilement à accepter. À évoquer sans joie toutes ses débauches, il réalisait à quel point son ami était parti en emportant une part de lui-même. Il réalisait plus que jamais ce vide qu’il avait laissé en lui. Comme toutes ces fois où il s’apprêtait à se rendre à Saint Eloi pour lui parler et réalisait finalement qu’il n’y était plus. Toutes ces fois qu’il n’avait finalement jamais guéri parce qu’il préférait parler à une pierre tombale que de réaliser qu’il était définitivement seul. Aujourd’hui encore, il ne pouvait s’empêcher de s’y rendre et parfois même de l’implorer de répondre. Éléonore l’avait tiré des ténèbres et il éprouvait une gratitude infinie son égard, cependant on ne remplaçait pas un meilleur ami et quelque part il y aurait toujours ce trou béant que rien ne comblerait jamais, parce qu’il n’avait plus ce confident infaillible autant que ce comparse. Bien sûr, elle endosserait les deux rôles avec brio, mais vers qui se tournerait-il lorsqu’il aurait besoin d’un conseil ou d’un avis la concernant ? Qui lui dirait qu’il va bien trop loin ?

Une chose était certaine, ce n’était pas Thierry dont il raconta la rencontre dans ce bordel de la frontière djerdanne. Il avoua l’avoir initié à l’opium et avoir passé la nuit avec deux femmes. Enfin ce n’était rien de plus qu’une énième soirée. Il passa sous silence en revanche la discussion politique qu’ils avaient eue. Pour l’heure, cela ne le concernait pas. Puis arriva la longue énumération de tous leurs méfaits jusqu’en septembre, ce qui incluait notamment son déguisement (dont il omit de préciser qu’il s’agissait d’un curé) pour culbuter une femme sous le nez ou presque de son mari(présent et éveillé !). La nuit passée à boire et à jouer à mettre des balles dans une pyramide de calices dans l’église de Thierry (on évitera soigneusement en revanche le chamboule-saint et les arts décoratifs), le concours de baise de paroissiennes qu’Alexandre avait surpris en août.  Les bénitiers qu’il avait pu souiller de frustration. La messe nue dont il était à l’origine. Ainsi que tout un tas d’autres choses peu recommandables. Puis en septembre, Thierry avait été jugé et condamné. Il confessa avoir adouci sa peine.

Oh miracle, il ne s’était écoulé que deux heures supplémentaires lorsqu’il arriva au fameux mois de septembre. Plus que quelques mois avant la liberté.

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Message par Thierry d'Anjou Ven 3 Déc - 14:13

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Zacharie écouta avec compassion et bienveillance le pénitent qui confiait désormais avec humilité toute la détresse ressentie depuis le décès brutal de son meilleur ami. Dans ses débauches, on y percevait aussi le désespoir et le fatalisme, comme l'envie de lentement de se détruire, consumé par le chagrin. L'évêque l'encouragea d'un sourire avenant et compréhensif. Ilse tendit brusquement en entant le nom du vil curé de Saint-Eustache surgir durant l'entretien. Il soupira. Ils avaient été amis, c'était vrai. C'était pour cela que ce gibier de potence n'avait pas été pendue. Son visage redevint cependant bien mis austère pour écouter les égarements commis avec cet homme supposé appartenir à Dieu. Il arqua un sourcil au déguisement et s'étonna de ne pas entendre de précision.

"Quel rôle a joué le curé dans cette énième farce ? Normalement, vous vous débrouillez seul pour ces exercices."

Son visage changea ensuite de couleur en entendant l'évocation de la fameuse messe en tenue d'Adam dont les fidèles avaient beaucoup parlé. Il avait également entendu les échos d'une décoration plus que particulière de l'église. il énonça froidement :

"Il me semble que vous aviez plus que boire et jouer à la balle. Les vitraux, les statues des Saints... Vous êtes bien certain de ne rien omettre ?"

Il grogna également sur le concours à séduire les paroissiennes et les moments à pisser dans le bénitier pour évacuer as frustration. Zacharie le regarda sévèrement.

"Tout ceci constitue de graves blasphèmes. En plus dix Pater Noster, vous réciterez quinze Avé Maria."

Ils en arrivèrent finalement à aborder le fameux procès où ce rat avait échappé à sa décision par l'intervention du ministre. Ila vait plaidé pour un exil à Zarkos n argumentant qu'il convertirait le barbares ou au moins il s'épanouirait à vivre selon leurs coutumes barbares. Il grimaça du rappel.

"Je me souviens. J'avais réclamé un exil à vie à Zarkos. A défaut de pouvoir convertir ces peins, il aurait été à sa place parmi eux."

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Message par Coldris de Fromart Ven 3 Déc - 15:21




Coldris raconta sa rencontre avec Thierry et ce qui en avait découlé. Il resta pour le moins évasif quant au fameux costume qu’il avait utilisé pour l’une de ses visites charnelles.  S’il pouvait se passer de précision, il n’allait pas s’en priver… Malheureusement, l’évêque se douta de la baleine qui gisait, écrasée sous le roc.

— Je me suis débrouillé seul ! s’exclama-t-il piqué dans sa fierté. Il n’avait besoin de l’aide de personne enfin sauf l’une d’entre elles. Et vous avez tort, je n’appréciais rien de plus que d’intégrer Virgil à mes projets.  

Inutile de préciser que c’était désormais impossible. Ou que sa future femme avait toutes les qualités nécessaires pour prendre sa succession. Il hésita, puis compte tenu de l’heure tardive, décida de tout avouer pour s’épargner un long interrogatoire qui allait avoir raison de ses genoux.

— Je n’ai fait que lui emprunter une soutane pour pénétrer son intimité aux yeux et à la barbe de son époux tandis qu’elle jouait les mélancoliques au fond de son lit.

Il aurait bien insisté un peu plus encore sur le « que », mais c’était sans doute donner le dernier coup de hache à la branche sur laquelle il se trouvait.  Quoique au point où il en était, un peu plus ou un peu moins…  D’autant plus qu’il devait raconter cette fameuse soirée de Saint-Blasphème. Il éluda autant que possible, mais étant donné l’état de l’église le lendemain, cela avait fait jaser les commères la semaine entière. Ce n’était toutefois pas le moment d’aggraver son cas inutilement. Il rangea donc sa provocation pour faire pénitence – en apparence du moins –.

— En effet, j’ai décoré les vitraux. Toutefois, je suis innocent pour les saints. Il se pourrait aussi que j’ai embrassé les fruits de la Vierge, confessa-t-il en peinant à retenir son sourire.

En revanche, pour la prière de la Sainte Verge, il ne pouvait être au courant et se garda bien de lui avouer ce point. D’autant plus que le verdict tomba: quinze Ave Maria. Nom d’un chien galeux. Il allait finir plus pur qu’un angelot à ce rythme. C’était Virgil qui devait bien rire en cet instant. Finalement, heureusement qu’il était mort, il n’aurait pas à supporter ses commentaires narquois sur le sujet. Il roula des yeux. Il pourrait toujours raconter cela à Démétrius demain. Il ne risquait pas de le croire…

— Bien mon Père, marmonna-t-il avec amertume.

Cela lui rappela le jour où Virgil avait chanté sur la table de Lupanar. Il devait reconnaitre que c’était beau, quoiqu’agaçant…

Finalement, ils en arrivèrent au procès de Thierry et Coldris ne put s’empêcher de souffler de rire en écoutant la peine requise. Avec le recul, l’idée n’était pas si mauvaise…

— Je vous concède ce point. En réalité j’aurais dû demander sa révocation ce jour-là. Cet homme n’a jamais voulu suivre cette voie et cela aurait sans doute éviter les derniers excès.

Même s’il ne voyait pas bien ce que ce parasite aurait pu faire de sa vie exceptée vivre aux crochets d’une riche veuve… Les mois qui suivirent se ressemblèrent, excepté qu’il ne mettait plus les pieds à l’église et qu’il était retourné à ses habituelles sorties nocturnes. Il ne mentionna rien de politique. C’était trop récent pour prendre le moindre risque. Puis ce fut le retour de Thierry.

— À son retour, je suis venu le saluer. Il était en pleine conversation avec un jeune noble plus naïf que le plus angélique de vos enfants de chœur. Vous ne pouvez pas imaginer. J’avais envie de m’amuser alors je me suis fait passer pour un homme pieux, scandalisé des agissements du curé qui avait voulu le faire pisser dans un calice. J’ai voulu lui faire comprendre que tout ceci n’était que de la comédie en lui donnant mon prénom, mais il fut incapable de remettre mon nom à la suite... Alors nous avons plaisanté sur ce mouton parfait pour la crèche de la nativité. Puis je l’ai emmené au lupanar.

Il confessa ensuite s’être disputé violemment avec son fils le jour de son anniversaire après une soirée au lupanar. Pris d’une envie de jeu soudaine – sans doute la faute aux longues heures d’immobilités contraintes… – Il avoua que son fils était de trop bonnes mœurs pour fréquenter ce genre d’établissement ce qui avait tendance à l’agacer.


— Il refuse de coucher avec une autre femme que sa future épouse dont il m’a remis le choix, par sagesse de sa part.

Ce n’était pas si loin de la vérité au fond. C’était juste omettre la raison principale qui faisait découler les suivantes à sa suite. En tout cas Alduis, n’aurait pas à se préoccuper de ses propres confessions. Il reprit ensuite la lecture de ses carnets, ponctuant des habituels détails dont il se souvenait puis arriva au 14 décembre. Ces yeux se posèrent sur les caractères élégants et il eut un sourire au souvenir. Mais il ne raconta rien. Il n’avait rien fait de mal après tout, non ?

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Message par Thierry d'Anjou Ven 3 Déc - 16:11

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Dans la longue litanie des blasphèmes commis avec ce diabolique curé, Zacharie perçut que le ministre ne disait pas l'entière vérité. Il avait entendu les nombreuses rumeurs ce qui s'était déroulée à l'église de Saint-Eustache tout le long de l'année. Plus que suspicieux, l'évêque lui demanda de préciser ses actes. D'abord, l'homme nia, révolté, puis avoua enfin.

"Il est très mal de mentir, mon fils. Surtout pendant une confession. Pour la peine, vous me ferez cinq Pater Noster de plus."

Il ne put que rouler des yeux des horreurs gribouillées sur les vitraux et de cet aveu à embrasser les seins de la Sainte-Vierge. Il n'en éprouvait même pas la moindre honte.

"Bien, bien. Nous en restons ainsi à quinze Pater Noster et quinze Ave Maria."

Ils poursuivirent en abordant ce procès ridicule et le ministre convint que sa sanction à lui aurait été meilleure. Zacharie demeura ferme sur l'excuse trouvée pour justifier les actes du gibier de potence.

"S'il ne se sentait pas fait pour cela, qu'il renonce ! L'Eglise n'a nul besoin de brebis galeux ! Néanmoins, j'imagine que les privilèges étaient trop intéressants vouloir être perdus. Zarkos ou la corde ! Voilà la seule solution pour nous débarrasser des nuisibles !"

La confession reprit de manière plus calme à évoquer des mois tranquilles jusqu'au retour du maudit curé de potence. Zacharie écouta, impassible, le traitement du pauvre garçon malmené par ces deux débauchés. Il prierait pour lui afin d'oublier de son âme les méchancetés subies par la faute de ces hommes cruels. La suite, sur cette soirée de son anniversaire lui plut bien plus. Zacharie retrouva son sourire.

"Je constate que votre fils a su retrouver le droit chemin. Il a préféré e construire e adoptant un comportement différent du vôtre et suivre la voie vertueuse. Quel bel exemple ! Vous devriez être honteux, mon fils, de le tenter par vos propositions et respecter son désir de pureté."





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Message par Coldris de Fromart Ven 3 Déc - 16:50




Il se résigna à avouer l’entièreté de ses méfaits avec la soutane qu’il avait empruntée à Thierry étrangement c’était plus sa dissimulation que son usage qui lui valut un alourdissement de sa peine. Coldris fourbu des longues heures passées à genoux se révolta :

— Je n’ai pas menti ! Ce n’était que la vérité ! J’ai bien usé d’un déguisement et je l’ai fait seul ! C’était un simple bête détail que je n’ai pas jugé bon de vous donner après ces longues heures de confession !

Et il ne sentait plus ses orteils depuis bien longtemps ! En fait jusqu’à ses genoux, il n’avait plus rien d’autre que deux belles jambes de bois. Heureusement que Valmar avait insisté pour l’accompagner, car il serait bien incapable de parvenir à se relever seul dans ces conditions. Maudite pute divine ! La prochaine fois qu’il passerait autant de temps dans une boite, c’est qu’il serait mort ! Il grommela et avoua tant bien que mal ce qui s’était passé dans l’église. Trente putains de prières à réciter. Trente putains de prières idiotes ! Ce trop-plein de fois lui donna soudain furieusement envie de se laver l’âme.

Il raconte les deux mois passés sans Thierry aussi vite que possible puis la lecture de ses carnets lui donna une nouvelle idée pour favoriser le passage d’Alduis. Oh oui son fils était d’une piété extraordinaire et voir l’évêque se réjouir lui fit presque oublier l’inconfort qui était le sien.


— Il faut bien qu’il s’exerce à remplir son devoir conjugal. Même mon filleul a compris cela. Mais lui non ! Borné ! Têtu ! Ça ne lui viendrait pas à l’idée de partir à la guerre sans s’entrainer aux armes, mais cela non, grand Dieu, non !

Il poursuivit l’énumération de sa liste sans trop entrer dans les détails cette fois-ci. Arrivée à la tentative de suicide de son fils, il passa outre, l’évêque n’avait pas besoin de l’entendre. Il avait déjà confessé le sauvetage d’Alexandre, aussi continua-t-il sans s’y attarder. Il omit également de parler d’Hyriel et s’attarda plutôt sur une sympathique soirée qu’il avait pu passer.

— Le 23 décembre, j’ai invité ma future femme à diner.

Il sourit en se souvenant qu’ils avaient couru comme deux enfants autour de sa table avant qu’il ne la renverse et la simple image de sa gorge sous son nez lui donnait envie d’y plonger tête la première.

— Mais je l’ai laissé repartir indemne.

Les jours suivants, le procès l’avait accaparé, mais Dieu savait déjà ce qu’il avait fait, il n’avait pas d’intérêt à le rapporter à son lieutenant. Il raconta tout de même comment Thierry s'était vanté d'avoir voulu sauter la fille de Dyonis (point sur lequel l'esclave était bien plus doué que le curé), s'était servi dans sa cave et comment il était entré dans une colère noire. Il éclipsa Alexandre en revanche. Inutile de lui fournir du grain à moudre, sans parler du fait que le gamin avait déjà des chevilles bien larges. Il arriva ensuite au 31 décembre. Comme chaque année, l’évêque le savait désormais, il avait organisé une orgie au Lupanar.

— J’ai invité le petit agneau à ma table. Il trouvait que c’était bien moins pratique pour parler lorsque l’on était dans un bordel, c’est simplement qu’il devrait occuper sa langue ailleurs. C’est bien dommage, lui non plus ne voulait pas apprendre de nouvelles langues. Pourtant c’est une chance de m’avoir comme conseiller. Je lui aurais évité bien des déconvenues, mais non… il a préféré sortir rouge comme une tomate ! À son âge j’étais déjà bien connu des salons de la capitale ! Misère.

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Message par Thierry d'Anjou Ven 3 Déc - 17:08

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

La colère brusque du ministre ne fit pas céder Zacharie qui demeura imperturbable.

"Soit. Toutefois, vous aviez omis de signaler le prêt de cette soutane. C'est donc bien un mensonge. Un mensonge par omission reste un mensonge. Du reste, ces prières, au vu de vos blasphèmes ne feront pas de mal."

La confession se poursuivit plus tranquillement jusqu'au passage sur le malheureux garçon assailli par deux hommes cruels. Zacharie retrouva cependant toute sa joie en entendant parler du fils Fromart. quel merveilleux chrétien que voilà ! Il fronça les sourcils aux paroles du père.

"Par sa conduite vertueuse, il sera guidé par Dieu pour savoir comment faire son devoir."

La suit, après un passage convenable sur sa fiancée, se révéla moins élogieuse. Zacharie le fixa, sévère, en entendant évoquer le pauvre garçon à nouveau attaqué.

"Qu'avez-vous fait exactement à ce garçon ?"

A cet instant sonnaient la fin des vêpres. Zacharie contint un soupir et pria pour que le dernier mois était plus calme ouil ne se coucherait pas avant minuit.
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Message par Coldris de Fromart Ven 3 Déc - 21:54




Oh non un mensonge par omission c’était différent. C’était jouer sur les mots et il n’y avait pas de mal à en abuser. Mieux encore, c’était tout un art dans lequel il était passé maitre. Qu’il aille au diable avec ses maudites prières ! La seule chose qui l’empêchait de renchérir était le temps qui s’écoulait inexorable, rongeant ses os et ses articulations qui commençaient à se fossiliser sur place. Entre tout ce qu’il devait encore confesser et ses pénitences, il n’avait guère envie d’y passer la nuit. Non, vraiment… Il irait se laver de tout cela au Lupanar, une fois cet enfer quitté.

— Je comprends, mon Père

Ce qu’il comprenait surtout c’est qu’il valait mieux tenter de calmer ses impatiences que d’y rester jusqu’à l’aube. Il put néanmoins en profiter pour transformer son fils en homme des plus pieux, ce qui était d’une savoureuse ironie lorsqu’on le connaissait.

— Je l’espère, mon Père, je l’espère, marmonna-t-il sans grande conviction avant de reprendre ses confessions jusqu’à la Saint-Sylvestre.

Coldris fronça les sourcils, outré.

— Fort peu de choses en réalité, mon Père. Je n’ai fait que l’inviter et lui parler de l’intérêt de la sexualité. Figurez-vous qu’il était persuadé que lorsque l’on ne se servait pas de ses attributs ceux-ci s’atrophiaient ! Quelle idée saugrenue ! Sans doute devait-il croire que les hommes de Dieu en devenaient eunuques ! J’ai simplement rétabli la vérité auprès de cette pauvre âme en peine.

Ce n’était pas tout à fait comme cela que les choses s’étaient déroulées, mais cette version était nettement plus amusante et avantageuse, il fallait l’admettre !

— Il avait si peur des femmes, en réalité. Cela m’a fait de la peine. Quelle tristesse. Vous comprenez, j’ai songé à mon propre fils quelques années plus tôt, en le voyant… J’ai eu peur qu’il ne dérive également vers des relations contre nature. Je ne voulais que son bien. Qu’il puisse commencer l’année sur de bonnes bases.

Oh oui ! Il débordait d’altruisme ! Pauvre petite chose aveuglée d’innocence. Il n’avait même pas dû comprendre pourquoi il s’était senti soudainement si tendu de partout à la vue des corps sensuels des catins qui se déhanchaient dans leur toge d’un blanc transparent.

Il reprit finalement ses confessions. Le 4 janvier dernier, il s’était rendu sur la tombe de son meilleur ami et par une heureuse volonté du Saint-Esprit – ce fut ses mots – il avait rencontré sa future femme. Il avait pris part à son mensonge pour l’aider à éloigner cette embarrassante gouvernante selon ses propres désirs. Il l’avait ramené à Fromart où leurs jeux les avaient emmenés à s’embrasser fougueusement dans la neige. Sans doute aurait-il consommé son mariage dans la continuité si son fils ne les avait pas surpris en lui adressant de sévères remontrances sur sa conduite ( voilà qui achèverait de le faire passer pour un saint homme) déclenchant une franche colère de sa part pour son manque de respect. Il avoua avoir craint qu’elle ne refuse de le revoir suite à son odieux caractère, mais  il n’en fut rien. Il raconta ensuite avoir visité l’hôpital général en compagnie d’Alexandre et du Premier Conseiller et confessa avoir trouvé les lieux absolument sordides et bien loin de ce que la charité impose. Il détailla ensuite avec une précision effrayante comment ils avaient retrouvé Edouard,comment il l’avait achevé puis comment il avait explosé le crâne de Berlingtam dans un accès de rage. C’était la première fois qu’il pouvait réellement raconter ce qu’il avait vu, car il se fichait pas mal que l’évêque en gerbe ses tripes ou n’en ferme pas l’œil de la nuit.

— Je regrette sincèrement de ne pas l’avoir emmené avec nous lors de notre première visite. J’ai péché par excès de confiance, et le voilà mort par deux fois par ma faute.

Comment n’avait-il pas pressenti que ce rebut de fosse à merde ne s’en tiendrait pas là ? Comment n’avait-il pas envisagé cet accès de folie ?

— J’ai beau être entouré de militaires, c’était la première fois que je mettais une identité sur ces nombres qui agitent mes registres. Je ne peux pas tenir compte de leurs individualités lorsque je prends mes décisions. Je dois passer outre, simplement car il serait impossible de prendre la moindre décision, seulement, au-delà de l’unité, ils n’en restent pas moins des individus avec leur propre histoire, leur famille… Mon filleul a eu tant de chance d’être né noble. J’avais beau le savoir, c’est là-bas que j’en ai réellement pris conscience.

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Message par Thierry d'Anjou Ven 3 Déc - 22:35

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

Zacharie reprit avec sévérité le pénitent qui se permettait de finasser sur ce qui pouvait être ou non un mensonge. Tout ministre soit-il, un confessionnal devenait un lieu hors du temps, om les conventions sociales s'effondraient, et il redevenait à ses yeux aussi peu influent que le paysan ou le berger. Il accepta enfin le sermon et la confession pu reprendre. Les déclarations sur son fils lui plurent. Cet homme était décidément vertueux, bien plus que le père. Il grimaça cependant peu après à l'idée que la personne assise en face de lui ait pu s'amuser à dévergonder un malheureux garçon innocent. Toutefois, les paroles rapportées le laissèrent perplexe, même si l'évêque n'en montra rien. Comment avait-il pu grandir sans comprendre les principes naturels de son corps ? Lui-même, avant de s'engager dans les ordres, il avait appris à découvrir les parties honteuses de son anatomie. Cette ignorance se révélait plus que suspecte. La déduction que le ministre avait pu faire à son sujet le conforta que quelque chose clochait.

]"Je vois. Il y a effectivement  des choses inquiétantes sur un tel garçon. Si vous avez senti un tel danger, en cas cas, mon fils, je vous encourage à renouveler vos invitations. Je préfère savoir cette personne dans un lupanar qu'à adonner à des pratiques hérétiques. Je vous prie de continuer à veiller sur sa bonne éducation."

Les confessions se poursuivirent et Zacharie s'amusa de cette allusion à l'Esprit-Saint. Il commençait à se laisser attraper. Voilà qui était une excellente chose ! Il l'entendit, impassible, raconter ses émois avec sa fiancée et apprécia d'entendre à quel point le fils affichait une si belle conduite morale. La suite devint glaçante. Tout le récit de l'hôpital général le mit plus que mal à l'aise mais Zacharie se contint admirablement et ne laissa rien avoir de son dégoût à la description de toutes ces horreurs.

"Nous parlions de parlions plus tot, mon fils, je vous assure que ces hommes, eux, iront dans la Géhenne. Ils ne méritent que cela."

Il lui adressa un sourire bienveillant devant sa détresse.

"Vous avez agi au mieux, admirablement, mn fils. personne ne pouvait deviner... cette suite. Seul un monstre pouvait envisager cela."

Le ministre confia ainsi avoir réalisé à cette occasion avoir mis un visage sur les noms et les actes de tout ce qu'il décidait dans son bureau protégé. Zacharie lui sourit à nouveau avec douceur.

"C'est une chose naturelle pour nous appelés à la tête de Fautes fonctions que de s'éloigner des tâches que nous faisons accomplir. Néanmoins, vous avez pris acte de vos erreurs et résolu l'ouverture d'u lieu pour accueillir nos soldats revenus du front. Vous avez très bin agi et et votre conduite dans cette affaire est tout à votre honneur."

Les cloches résonnèrent à cet instant et indiquèrent dix-neuf heures.
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Message par Coldris de Fromart Sam 4 Déc - 16:23




Il était si facile de pousser cet évêque dans la direction de son choix que c’en était presque ennuyant. Ceci dit, il fallait avouer que ce n’était pas dénué d’intérêt… entre Alduis qui passait désormais pour un homme pieux et pur et le petit Torieniel qui… que disait l’évêque à l’instant ? Était-il réellement en train de l’inciter à le débaucher ? Par tous les diables ! Oh non il avait du mal entendre ! Non ? Non… Oh c’était si… si… délicieux qu’il se mordit discrètement les joues baissant la tête pieusement pour éviter de laisser paraître les flammes d’amusement qui dansaient devant ses pupilles.

— Votre confiance m’honore, Monseigneur, réussit-il à prononcer sans s’étouffer de rire.

Il reprit ses confessions en accentuant la piété de son fils, satisfait de ce qu’il lisait dans le regard de l’évêque avant d’évoquer l’Hôpital Général, seul fait qu’il souhaitait réellement confesser dans son intégralité et dont il n’avait jamais parlé à quiconque dans sa plus pure cruauté. Il ne pouvait pas nier que cet évêque était solide. Endurer ses récits de débauche et maintenant celui-ci. Il lui accordait au moins cela. Il avait certes pali, mais il n’avait pas dégobillé son estomac vide…

— Vous avez tort. J’avais parfaitement anticipé cette éventualité. J’ai simplement choisi de la laisser de côté, jugeant les menaces suffisamment explicites. Je n’aurais pas dû prendre ce risque. Cela ne me coûtait rien de le sortir de là immédiatement. J’aurais parfaitement pu. Et c’est en cela que j’ai fauté. Et c’est pour cela que je me devais de le libérer.

Coldris esquissa un sourire à son « nous ». Si d’apparence il avait l’air de s’accorder à l’idée, c’était en réalité avec une complète ironie qu’il recevait l’idée : ils ne jouaient pas dans la même cour. Il n’était qu’un simple évêque quand lui était l’un des hommes les plus puissants de cet empire. Il le remercia néanmoins d’un hochement de tête avant de réaliser que les cloches sonnaient de nouveau. Fantastique. Il faisait déjà nuit. Et il n’avait toujours pas terminé.

Il soupira puis reprit les cours des évènements. Le 7 janvier Thierry était venu faire pénitence. Il l’avait étranglé pour lui faire comprendre la notion de consentement et celui-ci avait juré sur la tête de son fils de ne plus recommencer. Finalement Coldris l’avait laissé repartir en rampant tout en lui promettant d’intervenir en échange des informations qu’il avait pu obtenir sur une affaire de trahison.

Il passa sous silence le traité dont Alduis avait confessé la signature puis passa directement à sa soirée au Lupanar dont il raconta sa rencontre avec Rose-Abelle qui avait manqué sa vocation de catin. Il confessa ensuite sa soirée au théâtre où il ne s’était retenu que grâce à la présence des spectateurs puis à la folie qui l’avait poussé à user du laudanum. Si Zacharie devait se réjouir de l’avoir épargner ce soir-là, lui s’en voulait toujours terriblement d’avoir tout gâché avec ses bêtes souvenirs…

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Message par Thierry d'Anjou Sam 4 Déc - 17:36

[9 février 1598] - Confessions interminables d'un irrécupérable débauché [Terminé] Eveque10
Zacharie Ratier, évêque de Braktenn, 56 ans

C'était incontestablement étrange que d'encourager un homme à la débauche, mais mieux valait cela que le péché de sodomie. Par ailleurs, le ministre mettrait ainsi tout son zèle à l'ouvrage et cette âme perdue retrouverait le bon chemin, comme il avait pu faire avec son fils. Ils abordèrent ensuite al question délicate des horreurs de l'hôpital général et Zacharie s'employa à le libérer des doutes et des remords que cette sinistre affaire lui laiissa; Il lui adressa un sourire bienveillant entendant ces regrets.

"Ce qui est fait est fait, mon fils. C'est ainsi. Concentrez-vous sur ce qui est possible de faire pour rendre hommage à la mémoire de ce malheureux et aux combats qu'il aura mené pour pendre soin de ses semblables."

La suite se révéla d'une autre nature. S'il avait intérieurement savouré la colère du ministre contre le gibier de potence, il grogna de le revoir revenir pour téter de s'amender. Et cela avait fonctionné ! Quel parasite ! Il ne cacha pas sa joie n entendant la fin de l'entretien.

"Puis-je connaitre avec plus de détail le chemin de croix de la limace ?"

Que Dieu le pardonne ! Mais c'était trop délictueux d'imaginer ce nuisible ramper au sol.

"Sinon, je suppose que ces révélations nt joué dans la remise de peine, n'est-ce pas ?"

Ils en vinrent à évoquer une énième sortie au lupanar que Zacharie écouta avec impassibilité avant de retrouver plus d'intérêt pour l'aveu de la soirée avec sa fiancée.

"C'était le soir de la seconde visite à l'hôpital, non ? Il n'y avait rien de plus normal à être épuisé par vos émotions. Vous reveniez littéralement de l'Enfer."
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Message par Coldris de Fromart Sam 4 Déc - 22:03




Coldris avait ressassé plus d’une fois les évènements survécu à l’Hôpital Général et ce qu’il aurait dû faire. Oh bien sûr, il avait apprécié l’homme qu’il avait rencontré, mais ce qui le chiffonnait plus que tout demeurait d’avoir échoué dans son calcul. Seulement, l’évêque Zacharie ne pouvait comprendre cela. Ses calculs ne dépassaient guère ceux élémentaires, quand lui travaillait avec de multiples inconnues et facteurs.

— Je dois confesser autre chose à ce sujet… En réalité, l’idée des funérailles publiques vient de moi. J’ai utilisé sa mort pour servir aux desseins de l’Empire. C’est certainement immoral, mais cela m’est bien égal, autant qu’un cadavre puisse servir, n’est-ce pas ?

Il aurait bien ajouté que les chrétiens étaient bien mal placés pour le juger avec leurs Saints digne d’une divinité djerdanne tant ils avaient de membres et leur propension à vénérer de vulgaires os…

Une fois ce chapitre clos, ils abordèrent la venue de Thierry. Sans surprise la mention de la fin de leur entretien suscita l’intérêt du prélat qui en redemanda. Un sourire ourla ses lèvres puis Coldris regarda en direction de la sortie.

— Je le ferai avec grand plaisir, mon Père, seulement il est déjà fort tard et il me faut encore confesser un mois entier et réciter toutes mes prières. Je n’ai guère envie de rentrer chez moi à l’aube, vous comprenez ?

Oh en revanche contre quelques prières de moins, il lui donnera tous les détails souhaitaient et plus encore. C’est qu’il avait l’art de l’emphase lorsqu’il s’agissait de narrer quoi que ce soit. Et en effet ces révélations avaient joué dans sa remise de peine, ce qu’il confirma d’un signe de la tête. Il conta ensuite sa soirée au théâtre et acquiesça.

— Vous n’imaginez guère à quel point.

À plus d’un titre. Il était retourné en enfer à cause de quelques malheureuses tirades. Pourtant, avec le recul, il réalisait combien cela avait été bénéfique. C’était comme s’il avait amputé un membre gangréné ce soir-là. Désormais… désormais il pouvait réellement affirmer avoir tourner la page et se sentir en paix vis-à-vis de ces terribles évènements. Preuve en était, il avait de moins en moins de mal à les aborder et cela ne lui causait plus autant de peine. Une certaine nostalgie, oui, mais rien de bien néfaste. Au contraire, il ne semblait avoir gardé que toute la douceur qu’il avait accumulée durant ces longs mois.
Suite à sa crise, il avait songé qu’elle refuserait de le voir et… il s’était senti… perdu. C’était le seul mot qu’il parvenait à mettre dessus, pourtant bien loin de l’état d’abattement qui avait été le sien. Il avait fui dans son domaine de chasse durant quelques jours. À son retour, elle était venue le trouver à son hôtel et il s’était senti si soulagé. Comme elle ne pouvait demeurer bien longtemps, il lui avait proposé de venir le retrouver quelques jours plus tard dans l’une de ses propriétés peu connues. Il était ensuite retourné au lupanar où il avait sauvé Rose-Abelle d’un homme qui tentait d’abuser d'elle. Et confessa que la femme s’était imaginée par Diable savait-il quelle idée, il viendrait la consoler dans un lit. Il n’aimait pas du tout cette femme et était bien vite retourner dans les bras d’Helga qui elle au moins était une fille de joie. Enfin à l’origine s’il était venu c’était pour informer la gérante d’une soirée privée qu’il comptait organiser en l’honneur de son fils Sarkeris. Alduis ayant évidemment refusé nette son invitation. En revanche, ce qui l’avait étonné, c’était la demande d’Alexandre d’y participer pour s’entrainer en vue de son mariage (comme quoi, lui avait bien compris l’intérêt d’une pareille manœuvre !).

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

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