-55%
Le deal à ne pas rater :
Coffret d’outils – STANLEY – STMT0-74101 – 38 pièces – ...
21.99 € 49.04 €
Voir le deal

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Page 3 sur 3 Précédent  1, 2, 3

Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 5 Jan - 10:27





Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Il sentait bien qu’il y avait anguille sous roche avec cette remarque : Démétrius savait pertinemment qu’il ne pouvait rien y faire, aussi cela ne pouvait que signifier qu’il y avait autre chose derrière. Enfin sans détail, il serait bien en peine de lui donner de quelconques éclairages, ce qu’il ne manqua pas de lui signifier.

Tandis qu’il hésitait, Virgil l’encouragea d’un regard à avouer ce qui le tracassait. Après tout, il était venu le trouver pour cette raison. Et s’il comprit parfaitement à quel genre de déshonneur il faisait référence, il ne voyait pas bien ce qu’Alduis pouvait venir faire dans l’histoire. En revanche, son affection pour sa future épouser lui étira un discret sourire : il préférait de loin cette relation qui augurait de bons présages pour la suite et se trouvait prompt à le rassurer et le confirmer dans son choix. Il acquiesça gravement, songeant à ce qu’il pouvait répondre afin de le satisfaire. Quelques secondes s’écoulèrent durant lesquelles il entrelaça pensivement ses doigts.

— Je vois. J’imagine que j’irai certainement lui faire part de mon mécontentement et éventuellement exiger des excuses à destination de ma future épouse. Enfin ce n’est pas bien important en réalité dans la mesure où elle ne sera plus à Fromart pour bien longtemps. En revanche je serais nettement moins conciliant s’il venait à ébruiter ce genre de déductions fallacieuses. Il marqua un temps d’arrêt avant de compléter, sourcils légèrement froncés : mais je ne comprends pas bien en quoi Alduis est concerné ?

Il avait beau retourné le problème rien de censé ne lui venait à l’esprit. Le sujet classé, Démétrius évoqua son retour à Aussevielle ce qui lui laissa un sourire taquin au bord des lèvres.

— Ta bonne mère et moi-même t’importunons donc à ce point pour que tu songes déjà à nous quitter alors que nous t’avons à peine vu ?

Il n’y avait nul reproche dans sa voix, bien au contraire, il planait sans nul doute une affection pour son fils qui n’avait pas manqué de passer la semaine à la chapelle. Pour un peu, il lui aurait fait déplacer son matelas là-bas, mais il se refusait à l’encourager dans ses extrêmes : ses responsabilités le réclamaient et la nuit n’était pas faite pour s’en acquitter. Cela avait d’ailleurs tendance à devenir récurrent à chacun de ses retours et Virgil commençait à se demander s’il pourrait supporter encore longtemps de participer à ces guerres qui n’avaient rien des récits enjolivés de son enfance. Après tout c’était oublié que Coldris et der Ragascorn n’avaient rien inventé en ordonnant la mise à sac, les pillages et autres joyeusetés. Leurs ancêtres n’avaient guère fait mieux en leur temps que ce soit en Monbrina ou en Terre Sainte où ils avaient décimé des populations entières « Au nom de Dieu » quoi que cela puisse vouloir dire.

— Tu pourras rentrer – ou repartir – dès que les fiançailles auront été célébrées. Bérénice l’ignore encore, mais son père a pour projet de l’emmener en Italie avec lui jusqu’à votre mariage.

Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Mer 5 Jan - 12:02

Démétrius acquiesça. C'était plus ou moins sa vision. Le fait était que laisser Bérénice faire ses revendications seule eut été une très mauvaise idée - ou une excellente si l'objectif était d'aggraver la situation. Quant à répandre de telles calomnies… il n'oserait tout de même pas… 

— Je conçois que ce soit parfaitement absurde mais Alduis et concerné parce qu'on l'a accusée d'un inceste, père, explicita-t-il d'un ton fort neutre. 

Au fond, l'information conscientisée, il comprenait mieux pourquoi Bérénice s'était autant agitée sur son siège. Et ce même si lui-même restait parfaitement tranquille. 

Après l'avoir remercié pour son avis, Démétrius aborda un autre sujet qui aurait eu de quoi le faire dandiner sur son fauteuil s'il avait été d'une nature plus dissipée : son retour sur leurs terres. Parce que… Eh bien parce que cela faisait longtemps qu'il n'y était plus allé. 

— Oh, Père… Non, bien sûr que non. Vous savez que la seule personne ici que je ne puis supporter est Layla.

Sa petite Ly adorée qui allait tellement lui manquer… Que devrait-il encore lui céder cette fois, très faible presque frère qu'il était ? Enfin, tout de même, les paroles de son père, malgré leur ton, lui serrèrent le coeur. Manquait-il donc vraiment à tous ses devoirs sacrés ? Il se garderait bien de dire et même d'oser penser qu'il n'était pas la personne la moins disponible de cette maison, car il était encore celui qui avait le moins de raisons de ne pas l'être. Non, en réalité, c'était parfaitement idiot. 

Il acquiesça en entendant que Bérénice partirait en Italie. Il n'y avait qu'à prier pour qu'il ne leur arrive rien au cours de ce voyage. Et pour ce qui le concernait...

— Si vous préférez que je passe avec vous la fin de l'année, je resterai, bien sûr, rappela-t-il, un peu coupable de sa précipitation.
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Mer 5 Jan - 21:53





Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Puisque sa réponse semblait répondre à ses interrogations. Virgil en fut satisfait et lui demanda à son tour des éclaircissements sur son filleul dont il ne voyait pas bien l’implication. Au mot d’inceste, il bascula malgré lui en avant le regard écarquillé.

— Inceste ? Alduis et… Mais enfin c’est parfaitement… Comment peut-on en arriver à dire de telles extrémités ! Je comprends mieux tes craintes désormais…

Virgil soupira pensivement en se laissant tomber dans son fauteuil. Coldris allait être proprement furieux de savoir que de telles calomnies circulaient sur son domaine. Il ferma brièvement les paupières. Ce n’était pas bon… Pas bon du tout… Il passa distraitement une main dans sa barbe. Il ne pouvait pas intervenir seulement… Pousser le vicaire à présenter des excuses à Bérénice serait certainement la meilleure chose à faire s’il était toujours présent à sa prochaine visite, ce qui excluait d’office le lendemain pour ne pas impliquer son fils. Non… Il n’aimait définitivement pas la tournure que venait de prendre ces révélations.

Ils abordèrent ensuite son départ pour Aussevielle dont il se languissait déjà et le père ne résista pas à taquiner le fils. C’était de bonne guerre et il le savait.

— Ah cela ! Ta mère m’a dit qu’elle avait passé ses journées à tourner en rond devant la fenêtre les jours précédents ton retour.

Il eut un sourire attendri. Il n’aurait jamais espéré qu’ils deviennent aussi proches lorsqu’il avait requis le nourrisson chez eux. Et même s’il s’efforçait de garder une certaine distance vis-à-vis d’elle eut égard à leurs positions respectives, force était d’admettre qu’il la considérait comme sa fille. Il avait d’ailleurs plus d’une fois songé à l’adopter officiellement, sans parvenir à s’y résoudre ni même à évoquer le sujet avec sa femme dont il savait qu’elle se serait empressée d’acquiescer. Le regard des autres lui importait peu, tant ils feraient mieux de contempler leurs propres basses-cours, seulement… elle n’était pas de son sang. Et sa droiture obsessionnelle l’empêchait de passer outre ce qui n’était qu’un détail. Pourtant, loin d’être classée, l’affaire revenait régulièrement la hanter…

— Tu seras donc heureux de l’avoir s’engager avec le jeune Sergent Sorel, reprit-il sur le même ton que lui.

Après tout, c’était lui qui avait eu le dernier mot sur son union. Car tous ces hommes… Il était sans doute le mieux placé pour voir leurs pires travers en ces temps obscurs et il lui avait pleinement confiance en son discernement.


— A ta guise, Démétrius. Je ne voudrais rien t’imposer. Nous partirons début janvier pour Aussevielle afin de célébrer les fiançailles, mais sois rassuré je ne compte pas m’imposer plus que nécessaire chez toi.

Car oui c’était bien plus chez son fils que chez lui…


Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Jeu 6 Jan - 15:09

Démétrius, 23 ans

L'expression ahurie de son père aurait sans doute eu quelque chose d'amusant en d'autres circonstances. Démétrius haussa inconsciemment, légèrement les épaules, de dépit. Il était bien conscient que c'était parfaitement absurde, ce n'était pas lui qui était allé chercher une idée pareille, assurément. 

— Disons que Coldris risque de n'apprécier qu'assez moyennement, soupira-t-il en étant fort conscient de la puissance de l'euphémisme. 

Parler de Layla était définitivement plus agréable. Alors, elle… Et lui qui lui avait à peine parlé depuis son arrivée. Quel idiot il pouvait faire. Enfin, elle devait bien comprendre qu'il ait été épuisé et que certaines choses passaient en priorité quand bien même il aurait bien préféré la voir. Quant à l'approche de ses fiançailles… À vrai dire, non, pas du tout. Enfin, il entendait que son père trouve cela nécessaire et ne le contestait en rien, d'autant qu'il n'avait rien à reprocher à Sorel, qui était somme toute quelqu'un de correct... mais c'était sa petite Ly et personne n'aurait vraiment convenu. Alors ce serait ainsi, mais qu'il ne s'avise pas de dévoiler un autre visage, parce qu'il le saurait et que ça se passerait… quelque chose comme « très mal ». 

— Eh bien c'est ce que je croyais jusqu'à ce que ma promise m'annonce que j'étais tout de même condamné à ce que l'on me saute au cou. Voyez combien me débarrasser de ma sœur était vain… De Layla, je veux dire, se corrigea-t-il en constatant que le mot lui avait encore échappé. 

Quant à lui-même… S'ils partaient de toute façon début janvier, peut-être serait-il préférable qu'il patiente. Ne pas s'imposer chez lui ? Il ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt, troublé. Oh, il savait bien que son père ne chérissait pas ce lieu autant que lui, et qu'il pouvait miser sur cette raison de ne pas s'éterniser autant que sur ses responsabilités Braktennoises, mais… tout de même, il n'aimait pas cette façon de le dire. Bien sûr qu'il s'y sentait chez lui, bien sûr que face à n'importe qui d'autre, il aurait pu désigner cet endroit ainsi, mais… Mais il ne cherchait pas à y usurper son autorité, loin de là. Et il espérait bien qu'on lui remettrait les idées en place s'il donnait l'impression de vouloir l'en chasser. 

— J'attendrai si rien d'autre n'y requiert ma présence, trancha-t-il. Et si vous voulez toujours bien de moi ici, bien entendu.
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Jeu 6 Jan - 21:45





Virgil d'Aussevielle, 48 ans

Dire que Coldris apprécierait moyennement était plus qu’un simple euphémisme à ce niveau et Virgil arqua sourcil circonspect, un brin amusé par la chose. En réalité, s’il n’avait pas envie de le crucifier en l’apprenant, c’est qu’il avait reçu une nouvelle particulièrement plaisante quelques instants plus tôt…

— En effet…

La conversation passa sur un sujet plus léger lorsqu’ils évoquèrent Aussevielle et les fiançailles de sa pupille avec un homme dont son fils avait validé la personne. Il se souvenait fort bien de cette manie de la petite Bérénice à l’époque et que tout cela revienne aujourd’hui sur le devant de la scène était de bon augure pour la suite.

— Ma foi, il y a pire comme condamnation à vie.

Il retint en revanche une grimace à la mention de sa sœur. Il n’avait pas particulièrement envie de se voir rappeler qu’il n’avait toujours pas complètement statué sur sa situation et que lui qui ordonnait la vie ou la mort, ne parvenait pas à arrêter sa décision dans un sens ou dans l’autre. Quant à Aussevielle, il pouvait bien s’en étonner, ce n’était que la vérité. Virgil se sentait bien mieux à Saint Éloi que là-bas et il lui avait d’ailleurs laissé symboliquement les clés du domaine. Qu’importe que ce soit la clé de voûte de leur fief, pour lui ce n’était qu’une bâtisse comme une autre. Il était d’ailleurs bien au contraire ravi de la savoir si attaché à leurs terres, lui qui devrait lui succédait lorsque son heure aurait sonné. Cela aurait été péché par orgueil, mais il estimait pouvoir dire aujourd’hui que sa succession s’effectuerait dans les meilleures conditions qui soient.

— Te supporter pour les fêtes sera un calvaire, mais nous ferons avec mon fils, répondit-il avec un sourire qui ne trompait personne.

Qui plus est, ce n’était pas les deux femmes de la maison qui allaient s’en plaindre… Le contraire eut été bien plus étonnant en revanche.

— Souhaitais-tu parler d’autre chose, Démétrius ?


Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Ven 7 Jan - 12:36

Oh, oui, bien pire, le contestait-il ? Il ne se serait sans doute pas permis de s'en plaindre si une chose l'avait sincèrement chiffonné. Ou plutôt : il taisait effectivement tout ce qui le laissait sceptique. La décision étant arrêtée, ces points là n'avaient pas à citer et il s'en accommoderait. 

La pique de son père lui inspira un léger souffle de rire. 

— Dans ce cas, c'est entendu. Vous devrez me supporter.

Quant à avoir quelque chose d'autre à dire… Oh, il aurait pu trouver quelque chose, juste pour parler encore un peu avec son père… mais ce dernier avait sans doute encore à faire et le retenir pour des idioties avait toujours été exclu. Quant à l'aveu qu'il devrait réellement finir par formuler... Il hésita un bref instant avant de hocher négativement la tête. Ce n'était pas le moment.  

— Rien de particulier, non. En réalité, je pensais aller voir ma mère, si vous n'aviez rien à ajouter, précisa-t-il
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 11 Jan - 18:24








Bérénice de Fromart, bientôt 19 ans

Cosimo Galliardi,
23 ans


Les fiançailles célébrées, son père l’avait littéralement embarquée dans un périple en Italie. Il fallait dire que la nouvelle avait eu de quoi lui faire attendre avec impatience la cérémonie – oui c’était puérile, elle en convenait, mais ne pouvait-elle point encore profiter d’un brin d’innocence ?– sans parler de son père, au cou duquel elle avait sauté sans parvenir à retenir sa joie débordante. Tant et si bien d’ailleurs, qu’elle avait même vu un semblant de sourire sur ses lèvres. Il avait souri ? Vraiment souri ? À elle ? L’attente avait été insoutenable et elle avait fait, défait et refait ses malles pour choisir les toilettes les plus appropriées. Charlotte, l’une de ses caméristes, n’avait été absolument d’aucune aide tant elle était incapable de l’aide à sélectionner les plus belles d’entre elles. N’avait-on pas idée de s’entourer de telles personnes ?






Le 3 décembre 1589,
Cher journal,

La mer ! J’ai vu la mer ! Quand Papa m’a dit que l’on peut la voir depuis la fenêtre, je me suis jetée au carreau, au point d’en écraser mon nez contre. Il m’a fait remarquer en riant que j’allais finir par ressembler à un petit cochon à force. Mais c’est si merveilleux ! Si immense ! Parcouru de petits moutons blancs qui disparaissaient sans que je ne parvienne à les compter. Tu sais, il parait que l’on peut voir la mer depuis le château d’Aussevielle. Je vais vraiment voir cela tous les jours ? J’ai dû mal à y croire !


Le 4 décembre 1589,
Cher Journal,

Aujourd’hui nous avons embarqué à bord de La Mouette Rieuse , un gigantesque trois-mâts dont les voiles claquaient sous le vent. Je crois que je trouve les moutons nettement moins jolis désormais qu’il secoue le navire et que je n’arrive même pas à écrire. Heureusement que nous avons une cabine confortable. Papa déteste y être enfermé. Il passe le plus clair de son temps sur le pont. Je crois que je commence à comprendre pourquoi. Je lui ai demandé si nous n’aurions pas dû attendre quelque peu, mais il m’a dit que ce n’était rien d’autre qu’un peu de houle, ce qui a bien fait rire les marins. Allons-nous vraiment voyager quinze jours ainsi ? Je crois que nous devons faire escale en Espagne et en France avant d’atteindre l’Italie. Pourvu que le voyage se passe sans encombre !





Le 14 décembre 1589,
Cher Journal,

Nous avons essuyé une violente tempête, j’ai cru que nous allions couler ! L’eau a inondé à plusieurs reprises le pont et les marins avaient dû s’encorder pour ne pas tomber à l’eau, mais j’ai appris ce matin qu’il manquait un homme à l’appel. Je ne sais pas de qui il s’agit. J’avais l’impression que cela ne finirait jamais. C’était affreux. Je crois que j’ai passé la journée entière agrippée à mon père, la tête enfouie dans ses bras que je pouvais me tenir assise sans risque d’être malade. Je déteste la mer et les bateaux ! Papa dit que nous serons à Gênes pour la Nativité si tout va bien. Si Dieu le veut. Je crois que je n’ai jamais autant prié. En plus maintenant, j’ai l’impression qu’il n’y a plus de vent et que nous faisons du surplace. Je déteste la mer ! Il y a toujours ou trop de vent ou pas assez !





Le 26 décembre 1589,
Cher Journal,

Nous sommes enfin arrivés à Gênes ! Je ne suis pas fâchée de mettre pied à terre pour de bon quand bien même les jours derniers ont été nettement plus agréables. Le port est grouillant et il y a des navires encore plus imposants que le nôtre. Les bâtiments qui bordent le port et tous les autres sont si colorés comparés à ceux de Monbrina. Nous y resterons trois semaines avant de partir pour Florence. Papa va être très occupé, il doit rencontrer le Doge, des banquiers et tout un tas de personnages. C’est étrange de se dire que la Cité change de dirigeant tous les deux ans.

J’ai écrit un courrier à Fromart pour Alduis et un autre à Saint-Eloi pour Démétrius afin de les rassurer sur notre bon voyage. Je suis heureuse de passer du temps avec Papa, mais sans Alduis ce n’est pas pareil. J’aurais aimé qu’il soit là pour s’émerveiller avec moi de toutes ces découvertes.



Le 31 décembre 1589,
Cher Journal,

J’ai accompagné Papa au Palazzo San Girogio. C’est la première fois que je vois un palais orné de telles fresques à l’extérieur, je crois que je suis restée un peu trop longtemps à les admirer, car Papa m’a appelé visiblement plusieurs fois et était agacé que je musarde en chemin. Mais il y a tant à regarder ! Au retour, il m’a expliqué que le Palais avait été construit avec les restes de l’Ambassade vénitienne de Constantinople. C’est cocasse lorsque l’on sait les deux républiques aussi rivales qu’elles peuvent être. Le palais a vite été transformé en prison et c’est là que Marco Polo a écrit ses mémoires. Depuis c’est la plus grande banque du monde…
Je me rends compte qu’il est bien plus difficile de parler toscan maintenant que je suis en Italie que lorsque je devais m’y exercer à Monbrina…
Ce soir nous nous sommes invités au Palais Ducal. Heureusement que je n’ai rien de prévu cet après-midi, car je ne sais toujours pas quoi mettre…




Le 21 janvier 1590,
Cher Journal,

Évidemment, c’est lorsque je commençais enfin à me faire des connaissances à Gênes et à connaitre un peu la Cité que nous devons partir… Je me console en songeant aux merveilles qui nous attendent à Florence.





Le 19 mars 1590,
Cher Journal,

Papa a tenu à participer à une partie de Calcio avec des amis de longue date. J’ai préféré rester dans nos appartements en compagnie de Flavia… Et je crois que j’ai bien fait. Papa est revenu endormi sur une civière avec le bras solidement harnaché contre son buste. Il s’est luxé le coude. Rien que d’y songer, je crois bien que j’en blêmis. Il parait que son bras avait un angle des plus absurdes et que le médecin lui a remis sur place… Et dire que je me suis ravisée au dernier moment… Comment va-t-il faire désormais pour écrire ? Dire que nous devons prendre la route dans quelques jours !




Le 27 mars 1590,
Cher Journal,

Nous sommes finalement arrivés à Venise. Papa ne s’est pas plaint, mais je voyais bien que lorsqu’il ne somnolait pas, il devait souffrir des cahots de la route. Il ne m’a pas adressé un mot de tout le voyage en voiture et j’ai trouvé le temps atrocement long. Si les cyprès qui se dressaient sur les collines me fascinaient le premier jour, je m’en suis rapidement lassée. C’est sans compter la pluie qui s’est abattue sur notre trajet et nous a fortement ralentis.

A côté de tout cela, Venise semble si irréaliste ! On ne sait trop dire où commence la terre et où s’arrête la mer. Il est tout de même fou de devoir se rendre chez soi en gondole plutôt qu’en voiture !


Le 29 mars 1590,
Cher Journal,

Aujourd’hui nous avons diné chez les Giovanelli, de vieux amis de Papa. Deux de leurs fils étaient présents : Orfeo l’ainé de 22 ans et Ezio le benjamin de 14 ans. Ivano qui a mon âge, parait-il était en mer. Comment peut-on choisir de travailler en mer ? Quand je pense que nous allons devoir reprendre le bateau pour rentrer à Monbrina !

Je n’ai pas osé poser la question à Papa malgré le retour de son apparente jovialité, mais tout de même, je ne suis pas sûr qu’il ne soit qu’un ami. Quand on voit les yeux des fils Giovanelli…
Papa m’a autorisé à sortir sans les gardes quand je le souhaitais du moment que j’étais accompagné par Orfeo qui s’est proposé pour me faire visiter la Cité et me présenter. Il m’a même donné un poignard par précaution : je n’ai pas osé lui dire que j’en avais un depuis le début qu’Alduis avait acheté à ma demande. J’imagine que l’on n’est jamais trop armé ?


Le 4 avril 1590,
Cher Journal,

Orfeo m’a invité chez un de ses amis où se trouvait un petit cercle de Vénitiens et Vénitiennes de sa connaissance. L’ennui c’est que je ne comprends pas tout ce qu’ils disent. Leur langue reste encore obscure pour moi, tout comme leur accent et bien souvent je me perds dans leurs dialogues. Ils ne font pas beaucoup d’effort pour me permettre de suivre la conversation, alors je hoche la tête de temps à autre pour montrer mon intérêt même si je ne comprends pas un traitre mot de leur tirade. Orfeo me traduisait parfois des passages en monbrinien, mais je ne peux pas lui demander d’être mon interprète à longueur de temps. Tant pis.

Heureusement, un peu plus tard dans la soirée, alors que les bavardages avaient cessé pour les danses j’ai fait la connaissance de Cosimo qui parle toscan…




Bérénice n’appréciait pas autant qu’elle aurait dû cette soirée. Comment pouvait-elle parvenir à se faire des amis si aucun ne parlait sa langue. La soirée s’étirait autant que son ennui. Plus d’une fois, son esprit s’envola dans un soupir étouffé si bien qu’elle ne remarqua pas que l’un des hommes de l’assistance la dévisageait.

Elle fut ravie lorsqu’elle comprit que les jeunes gens avaient décidé de danser et qu’un petit quatuor de musiciens avait décidé de jouer quelques notes entrainantes. Changeant de cavalier au gré des rondes et des pas, elle se retrouva bien vite entre les mains de cet inconnu qui fit l’effort de changer de langue pour le toscan:

— Je serai curieux de savoir ce que vous avez retenu de la conversation,  taquina-t-il.
— Sans doute plus que si je vous parlais en monbrinien,   répondit-elle du tac au tac sans se démonter.
Cosimo laissa échapper un rire franc.
— Je suis Cosimo Galliardi, enchanté, Mademoiselle de Fromart.  
Bérénice plissa avec espièglerie les yeux.
— Je sais parfaitement qui vous êtes. C’est oublié que vous vous présentez pour la seconde fois  
— Savez-vous également que mon père est sénateur et armateur ?

Mais Bérénice ne se donna pas la peine de répondre excepté d’un sourire et déposa sa main dans celle d’un autre cavalier pour quelques pas avant d'en changer de nouveau pour finalement atterrir entre les bras de son protecteur.

— Comment trouvez-vous mon ami, Bérénice ?
— Il a piètre mémoire, je dois dire, commenta-t-elle en le cherchant du regard parmi le groupe de danseurs.
Orfeo souffla un petit rire.
— Je vous rassure, il a bien d’autres qualités. Vous verrez… dit-il en déposant sa main dans celle de Cosimo qui la fit tournoyer.

— Maintenant je le sais, reprit-elle leur conversation comme si elle n’avait jamais été interrompue. Vous n’ignorez pas que je suis la fille du Ministre des…
—… Affaires étrangères de Monbrina, compléta-t-il avec le sourire. Bien sûr, personne n’ignore qui vous êtes ici.
— Il parait que vous avez d’autres qualités que votre effroyable mémoire,énonça-t-elle pour changer de sujet en même temps que de pied.

Cosimo esquissa un sourire et profita d’une volte pour esquiver habilement la remarque.

— Que diriez-vous de me laisser être votre guide ?
— J’ai peur de me perdre en votre compagnie, souligna-t-elle avec malice en s’inclinant également dans sa danse.
— Je pourrais vous guider les yeux bandés, n’ayez crainte.
— Votre ami s’en est déjà chargé.

Et leurs mains se quittèrent pour une nouvelle série de cavaliers avant de pouvoir se retrouver.

— Je suis certain qu’il ne vous a pas emmené là où j’aimerai vous escorter, reprit-il dès lors qu’il eut récupéré sa cavalière.
— Je ne suis pas sûr que mon père apprécie de me savoir visiter Les Plombs, si telle est votre idée.
— Rassurez-vous, je songeais à un air nettement moins vicié.

Le  rythme ralentit et les dernières notes s’évanouirent dans les airs en même temps que les jupons retombaient sur le sol.

— Puis-je escompter votre présence, Mademoiselle ?
— J’en doute, cela me parait fort inconvenant de me promener en votre unique compagnie.
— Personne ne vous connait ici.
— Je croyais que tout le monde me connaissait au contraire ?

Cosimo libéra à regret ses mains dans un sourire.

— Vous avez réponse à tout, n’est-ce pas ?
— Et je ne vous connais pas assez pour me perdre en votre compagnie.
— Il ne me reste plus qu’à vous faire visiter les basiliques de la Cité en ce cas ?

Bérénice fit mine de réfléchir avant de déclarer :

— Je vous ferai part de ma décision, Monsieur Galliardi

Mais celle-ci était toute prise. Après tout cela ne pouvait pas être bien dangereux non ?

— Cosimo, corrigea-t-il en baisant sa main pour la remercier de la danse.




Le 7 avril 1590,
Cher journal,

Aujourd’hui était le jour convenu pour mon escapade avec Cosimo. Je n’ai rien dit à Papa, de toute façon il est trop occupé pour s’en inquiéter et nous n’allions rien faire de mal. Conformément au programme, nous avons visité les principales basiliques et églises de la Cité. Je dois dire que j’aurais eu tort de m’en priver tant chacune recèle de trésors. Je ne saurais déterminer laquelle a eu ma préférence. Nous avons beaucoup parlé en chemin, de Monbrina et de littérature et il m’a invité à venir au théâtre même si je doute d’y comprendre quoi que ce soit…


— Je n’aurais qu’à vous le traduire, ne vous en faites pas. Et puis c’est une comédie, les acteurs sont expressifs.

Bérénice posa son regard sur le clapotis que formait la gondole en glissant silencieusement sur l’eau verdâtre du canal tout en se demandant par quelle prouesse les Vénitiens avaient bien pu ériger des murs sous l’eau.
— Oui sans doute, répondit-elle distraitement en tendant la main vers l’eau.
— Y’aurait-il un problème, Mademoiselle de Fromart ?
Elle releva soudainement ses yeux, prise en flagrant délit de pensées bien trop sérieuses pour un tel voyage.
— Monsieur Galliardi…
— Cosimo, corrigea-t-il machinalement pour la énième fois de la journée.
— J’apprécie votre dévouement et… j’ai passé une formidable journée en votre compagnie, seulement vous n’êtes pas sans savoir que je dois me marier à mon retour n’est-ce pas ?

L’eau était fraiche et cela avait de quoi apaiser ses tourments momentanés. Elle soupire silencieusement. Cette journée… Elle n’avait jamais songé qu’il puisse être si agréable de visiter des édifices religieux et en même temps, elle n’avait cessé de songer à Démétrius. Il aurait sans doute aimé voir tout cela, bien plus qu’elle-même. Le Vénitien attrapa doucement sa main dans un regard brun si chaud.

— Je le sais parfaitement, n’ayez crainte. Je veux simplement que vous passiez un agréable séjour au sein de la Sérénissime. Il écarta les bras et engloba les palais bordant le canal du regard. Osez donc me dire que vous avez déjà vu une ville plus merveilleuse que celle-ci ! Je ne vous croirais pas !

Bérénice réprima un petit rire.

— Je dois m’incliner, je crois que vous vivez dans la plus belle ville du monde, mais n’allez pas vous enorgueillir, cher ami, vous finiriez par ne plus passer sous les ponts !
— Attendez donc d’avoir assisté au lever et au coucher du soleil pour dire de telles choses !
— Est-ce là une invitation ?
Il eut un regard en coin.
— Seulement si vous en faites une telle chose.
— Je ne voudrais pas contraindre votre emploi du temps…
— Et laissez-moi deviner… vous allez y réfléchir n’est-ce pas ?
— Ne faut-il pas songer en chaque chose ?
— Puis-je en déduire que je dois venir vous attendre aux aurores ?
— Seulement si vous en espérez une telle chose, rétorqua-t-elle.

Et son excuse pour filer discrètement était toute trouvée, il fallait dire : les offices matinaux avaient certains avantages. Elle était bien en peine de refuser quoi que ce soit à son guide si charmeur.



Le 8 avril 1590,
Cher journal,

J’ai longuement hésité à le faire patienter à la porte pour avoir le plaisir de reporter notre rendez-vous et de le faire revenir, mais en fait j’étais bien trop curieuse de voir ce lever de soleil. Il faisait frais et l’humidité me saisissait. Heureusement, il avait pensé à apporter une couverture. La Cité était si calme, comme endormi. Elle frémissait tout juste des charretiers qui s’activaient et des pêcheurs qui revenaient de leur excursion. On pouvait entendre les légers remous de la mer contre la pierre noircie par les algues. Il y avait cette odeur d’iode caractéristique… Mais rien n’était plus beau que le spectacle de l’éveil du Palais Ducal dans l’aube bleutée. Je ne sais dire combien de temps nous sommes restés ainsi muets, nous qui sommes d’ordinaire si bavards. Je crois que ni l’un ni l’autre n’osions rompre la magie de l’instant quand la lagune se para de teintes rosées miroitant légèrement sous les premiers rayons. J’aurais voulu grave ces images à jamais dans mon esprit.

Après cela, nous nous sommes tout de même rendus à l’église afin de nous en tenir à ma version. Il n’est pas aussi pieux que Démétrius, mais comme tous les marins, il ne peut que s’en remettre tout particulièrement à Dieu et je comprends désormais à quel point cela peut être nécessaire. Il m’a dit que l’un de ses frères se trouvait en route pour le Levant en tant que Capitano sur l’un de leur navire sur ordre du Sénat. Il n’aura sans doute pas de nouvelles avant des mois et ne le reverra pas avant des années… Je ne pourrais jamais le supporter. Je ne sais comment il fait, mais nous avons prié pour lui.

Je l’ignorais, mais Cosimo fête son anniversaire dans onze jours et je suis conviée à la soirée qu’il organise au Palazzo Galliardi. C’est idiot, mais je ne sais si je suis touchée de son invitation ou déçue de devoir le partager… Je crains de m’ennuyer et de ne rien comprendre aux discussions… Il n’est pourtant pas question de refuser son invitation.




Le 29 avril 1590,
Cher journal,

Les jours se succèdent, mais ne se ressemblent pas. Quand Papa n’est pas occupé à ses affaires, il prend le temps de me faire visiter lui aussi et je fais l’innocente pour ne pas le vexer tant son intention et si touchante. J’ouvre grand les yeux comme si c’était la première fois que je découvrais les lieux et j’écoute avec avidité, sans corriger ses approximations – mais il n’est pas né ici, lui –
Je commence à compter les jours avant notre départ. Non pas que je m’impatiente bien au contraire, seulement je n’arrive pas à croire que je vais devoir tout quitter ici. Je ne reviendrai jamais n’est-ce pas ? Je ne les reverrais jamais, n’est-ce pas ? Ni Cosimo, ni tous les autres… Exception faite peut-être d’Orfeo, car il m’a dit qu’il venait parfois à Braktenn avec sa mère pour affaire. Ils vont tellement me manquer, je ne veux pas y penser, mais c’est plus fort que moi. Chaque fois que je ferme les yeux et que je vois son visage, je n’arrive pas à me dire que je ne pourrais plus le voir et pourtant, je sais bien que c’est la plus pure vérité. Peut-être aurait-il mieux valu que la langue reste un fossé entre nous.
Tu sais Cosimo… Je ne sais parfois dire s’il est attentionné ou franchement impertinent. Mais je crois qu’au fond c’est ce que j’apprécie chez lui. Et il ne me fait pas les gros yeux lorsque j’ai le malheur de lui répondre sur le même registre…



Un peu plus tôt, sur un pont,
Bérénice se trouvait accoudée sur le garde-corps du pont, à regarder passer les gondoles les unes après les autres sous la protection sans doute trop rapprochée de Cosimo qui la scrutait plus que les environs.

— Que diriez-vous de monter au mât demain ?

Avait-elle raté un élément tandis qu’elle s’était perdue dans ses pensées ? Elle souleva un sourcil en pinçant légèrement ses lèvres.
— En voilà une proposition tout à fait inconvenante, souligna-t-elle sans le moindre reproche.
— Dites-moi, entama le Vénitien en se redressant pour s’adosser au pont, toutes les monbriniennes ont-elles l’esprit si déplacée ?
—Incontestablement plus à l’ouest que les Vénitiennes.

Cosimo se laissa aller à un rire franc qui sonnait comme un joyeux carillon à ses oreilles.

— Je parlais des navires de mon père. L’un de nos galions rentre au port demain, il fait partie de nos trois plus imposants bâtiments. Si vous n’avez pas le vertige, nous pourrions grimper au nid. La vue est magnifique de là-haut.
—Vous auriez dû commencer, par là, Monsieur Galliardi.
— Cosimo. Vous savez que vous êtes têtue?
— Il parait que je tiens cela de mon père, Monsieur Galliardi, répéta-t-elle juste pour le plaisir de l’agacer avant de rire à son tour.



Le 5 mai 1590,
Cher journal,

Layla s’est mariée aujourd’hui. Je n’ai pas arrêté de penser à elle et… à moi. Je sais que je ne devrais pas passer autant de temps avec lui, mais nous ne faisons rien de mal et bientôt… En réalité je n’ai pas envie d’y penser.
Aujourd’hui, c’est moi qui suis venu frapper à sa porte sans prévenir. Je commence à être assez à l’aise dans la cité pour me promener seul, mais à vrai dire je ne peux souffrir de cette solitude qui ne faisait qu’alimenter les angoisses croissantes, alors après maintes hésitations, je me suis résignée à aller le chercher chez lui passé le déjeuner. C’est que sans lui, Venise n’est pas aussi belle…



Et elle n’était sans doute pas aussi belle que sous le flamboyant coucher de soleil qui transformait les canaux en or et détachait les silhouettes d’encre de La Salute sur le ciel embrasé. Elle ne se lasserait jamais de ce spectacle. Cela faisait  plusieurs fois qu’ils assistaient ensemble au même cérémonial et comme à chaque fois, tous deux gardaient un silence religieux jusqu’à la disparition complète de l’astre derrière les toits ou contraire de son apparition. Elle lui jeta un regard en biais, tandis que ses grands yeux bruns contemplaient toujours l’horizon. Elle hésita puis se pencha doucement le cœur battant pour embrasser sa joue. Il tourna la tête, et elle eut à peine le temps de rosir de son audace qu’elle sentait ses lèvres chaudes se poser sur les siennes et sa courte moustache la chatouiller. Elle demeura ainsi suspendue dans le temps de longues secondes sans parvenir à se détacher de ses yeux ou de son sourire. Elle sentait bien que la situation lui échappait complètement et qu’elle aurait dû fuir, mais il était trop tard, comme un insecte attiré par le feu, elle ne parvenait plus à se détourner de lui.

—Cosimo... – c’était la première fois qu’elle l’appelait ainsi – je ne veux pas me marier, confia-t-elle sans pouvoir se retenir.
— Il va bien falloir, pourtant, répondit-il dans un sourire satisfait d’entendre son prénom.
— Je sais bien, mais je ne veux pas. Je n’arrive pas à croire que quand je rentrerai… quand je rentrerai…

Ses paroles s’étouffèrent dans le fond de sa gorge alors qu’elle sentait les larmes revenir. Il fallait croire qu’elle ne les avait pas abandonnés à Monbrina.

— Votre promis est-il si terrible ?
— Non ! Non… En réalité, on ne pourrait sans doute pas trouver plus parfait… C’est moi qui ne le suis pas…
— Moi, je vous trouve parfaite, déclara-t-il parfaitement sincère.

Bérénice heurta son épaule en roulant des yeux. C’est qu’il ne l’aidait pas avec de telles paroles !

— Je ne le serais jamais pour lui… Il est trop… droit. Droit comme le Rio de la Salute, alors que moi je suis tortueuse comme le Grand Canal…

La comparaison lui arracha un petit rire, à ce rythme, il ne lui aurait guère fallu plus d’un an pour devenir Vénitienne d’adoption.

— Les deux cohabitent très bien, Bérénice. Je suis certain que tout ira bien.

Il l’espérait sincèrement alors qu’il passait une main rassurante le long de sa joue. Dans d’autres circonstances, il aurait sans doute apprécié qu’elle devienne sa femme, mais la question ne se posait pas et il n’était pas question de lui avouer de telles choses. Elle allait repartir dans peu de temps et il ne la reverrait plus jamais.
— C’est juste que… je le connais depuis que je suis toute petite… je ne peux pas imaginer que… l’on puisse…

Sans réfléchir, ses bras s’enroulèrent autour de ses épaules et il l’attira contre lui. Frêle petite chose toujours si fière… Il embrassa le sommet de son crâne.

— Faites-vous confiance, tout ira bien, je vous assure. Et si ce n’est pas le cas, je serai ravi de vous offrir l’asile à Venise.

Un petit sourire s’étira malgré lui sous sa barbe parfaitement taillée. Non, cela n’arriverait pas, il en était persuadé. Comment pourrait-on ne pas l’apprécier alors qu’il peinait à la libérer de ses bras ? Il en avait le cœur lourd à songer à son départ. Venise ne serait plus aussi étincelante sans elle…



Le 8 mai 1590,
Cher journal,

J’ai décidé d’oublier cette histoire de mariage qui reviendra bien assez vite me hanter. Je préfère profiter de chaque jour, même si je sais que le départ n’en sera que plus déchirant. Je n’y peux rien, je suis peut-être trop faible, mais je n’arrive pas à m’en détourner tant chacune de nos conversations, quelles qu’elles soient me procure une profonde joie. Qu’il s’agisse de navires, de commerce, d’histoire ou de littérature, je ne suis jamais aussi heureuse que lorsque nous pouvons passer du temps ensemble. Je sais que nous allons nous quitter, c’est ainsi. Je préfère accumuler les souvenirs pour les jours plus difficiles.

Tout à l’heure, nous marchions dans l’une des rues, lorsqu’il m’a entrainé en courant vers une ruelle pour m’embrasser entre deux éclats de rire. Est-ce vraiment censé être si ? Je ne sais pas comment dire en réalité.

Dans une dizaine de jours, il y a un grand bal organisé par le Doge. Francesca m’a offert une robe merveilleuse. Je n’ai jamais vu un tel tissu. Il change de couleur selon l’inclinaison passant du bleu au vert ! Et le corset est en velours vénitien, avec des motifs dont j’ignore par quelle magie ils peuvent les dessiner dans la fibre. Je suis impatiente de pouvoir la porter et qu’il puisse la voir !

Papa est toujours aussi occupé. Je crois que je ne l’ai jamais aussi peu vu que depuis que nous sommes à Venise. Il n’en finit pas de visiter les différentes institutions et d’annoter des tas de rapport. Parfois le soir il me demande de l’aider et j’écris pour lui ce qu’il me dicte sans poser de question. Ce n’est bien souvent qu’un incompréhensible charabia dont j’imagine que l’unique destinataire est capable de déchiffrer. Son bras a toujours l’air de le souffrir même s’il affirme le contraire. Je le vois bien aux précautions qu’il prend parfois. J’espère que cela ira vite et qu’il n’en gardera qu’un mauvais souvenir.





Le 17 mai 1590,
Cher journal,

J’ai passé toute l’après-midi à me préparer pour tromper mon impatience jusqu’au soir. Même masqué, Cosimo n’a pas eu bien du mal à me retrouver. Il faut dire que j’avais dû lui parler en long et en large de ma robe ces derniers jours. Ou peut-être est-ce Orfeo qui la lui a décrite pour l’avoir vu… C’est qu’il en serait bien capable et nierait avec un aplomb féroce toute sournoiserie.

Après avoir dansé et nous être amusés à différents petits jeux et défis dans la salle de bal. Je commençais à étouffer et nous sommes sortis dans les jardins avant de quitter les lieux pour les rues encore animées de la Sérénissime…



Bérénice riait aux éclats en suivant Cosimo main dans la main. Cela faisait une éternité qu’elle ne s’était pas autant amusée. Elle ne s’arrêta qu’une fois l’illustre pont de la paille atteint.

— Je serai curieuse de voir sa tête lorsqu’il découvrira la grande plume fichée dans son col, peina à articuler Bérénice entre deux soubresauts. Non mais tu as vu à quoi il ressemblait ?

Elle n’avait pas réalisé que le tutoiement venait de s’inviter dans sa phrase.

— Ce n’est pas bien de se moquer, sermonna-t-il sans réellement le penser.
— Oh tu peux parler ! Tu n’es pas mieux que moi ! et elle lui vola un baiser, car tous deux avaient bien pris soin de prendre les masques les moins couvrants possibles, ce qui enlevait un intérêt certain à la chose, mais en laissait d’autre à disposition nettement plus intéressantes.

Il attrapa ses hanches et la fit tourner avant de l’embrasser passionnément contre le garde-corps. Bérénice ne se lassait pas du goût de ses lèvres qui s’éloignaient toujours bien trop vite. Ni de ce frétillement qui se répandait dans son corps lorsqu’ils étaient si proches et qui remontait jusque dans son cœur qui cognait dans ses tempes. Ni de ses yeux qu’elle aurait pu contempler aussi longtemps que le coucher du soleil sans dire un mot. Elle posa une main sur sa joue et le temps s’étira.

— Bérénice, je sais que je ne devrais pas, mais je voulais te dire que je…
— Bérénice ! tonna la voix de son père qui arrivait comme une furie.

Sa main retomba le long de son corps. Tous deux se regardèrent, comme figés sur place. Si cela était possible, le feu qui se consumait quelques instants plus tôt venait de se changer en une glace acérée. Elle aurait voulu lui dire de fuir, mais c’était inutile. Et son père qui était déjà là. Avec ce regard qu’elle ne lui connaissait que trop bien. Il empoigna Cosimo par les épaules sans prendre garde ni à son coude qui le tenaillait ni au jeune dévergondé qui levait les mains en signe de reddition. Cosimo connaissait parfaitement son tort. Il n’était pas assez idiot ou fou pour s’opposer à un ministre étranger en ayant son père au Sénat… Bérénice implora le sien dont elle agrippait désespérément le bras gauche. Tout se passa très vite, trop vite. Elle poussa un cri aigu quand le corps de son ami fut projeté dans le canal puis se pencha sur la balustrade, ongles plantés dans la pierre, le regard effaré.

— Pourquoi… pourquoi… marmonna-t-elle paniquée avant de commencer à arpenter d’un pas vif le pont.
— Je peux savoir ce que tu faisais !
— On ne peut pas le laisser comme ça !
— Tous les Vénitiens savent nager, grogna-t-il en jetant tout de même un œil pour  apercevoir le rat mouillé se hisser sur le quai de l’autre côté.

Il ne s’agissait pas de créer un incident diplomatique non plus. Rassuré, il empoigna sa fille et la traina de force à l’écart.

— Est-ce trop demander que de te tenir tranquille alors que j’ai le bon ton de t’autoriser à m’accompagner ? Est-ce trop demander !

Bérénice baissa piteusement la tête sous l’orage qui s’abattait.

— Je te laisse libre et je te retrouve à lutiner avec le premier venu !
— Mais ce n’est pas le premier venu !

C’en fut trop pour la patience écornée de Coldris. Une gifle vola jusqu’à sa joue pour son insolence.

— Dois-je te rappeler que tu te maries à notre retour !

Mieux valait ne rien ajouter à cela. Si elle le savait ? Quoi qu’elle essaye de faire, l’idée se rappelait toujours d’elle-même d’une façon ou d’une autre, aussi présente que l’air qu’elle respirait.

— Tu seras consignée pour les deux semaines à venir ! Et à la prochaine incartade je te renvoie à Monbrina !

Sur le sol, une larme s’écrasa.



Le 23 mai 1590,
Cher journal,

J’ignore comment il a fait et il n’a pas voulu me le dire, mais Cosimo a réussi à me rendre visite aujourd’hui ! Je suis heureuse ! Je compte les jours jusqu’au deux juin. Il devait sans doute savoir que Papa ne serait pas là, pour le reste je n’en ai aucune idée. Il m’a dit qu’il ne lui en voulait pas pour le bain de minuit et que je ne devais pas lui en vouloir non plus. Je l’ai questionné sur ce qu’il comptait dire avant que mon père n’arrive, mais il n’a répondu qu’une évasif « hmm je ne sais plus, sans doute que j’étais heureux d’avoir fait ta connaissance ? »




Le 28 mai 1590,
Cher journal,

Cosimo est revenu, mais j'ai dû le dissimuler dans la salle de toilette car nous avons entendu des pas dans l’escalier… Et heureusement ! Je ne sais comment, mais Papa est rentré plus tôt. Il voulait me proposer de venir au théâtre avec lui. Il a observé suspicieusement la porte, mais s’en est retourné sans un mot.




Le 6 juin 1590,
Cher journal,

Je n’aurais pas dû faire cela, mais j’ai demandé à Orfeo de me servir d’alibi pour la matinée tandis que j’étais au Palazzo Galliardi. Je n’ose plus trop sortir en sa compagnie en public. J’ai peur que Papa ne l’apprenne et ne me renvoie à Monbrina alors même qu’il ne me reste que quelques semaines ici.
Cosimo a décidé d’essayer de faire mon portrait. Je dois dire qu’il est plutôt doué, même s’il parait que je déconcentre bien trop l’artiste.




Le 11 juin 1590,
Cher journal,

Je crois qu’il me détesterait s’il savait ce que je fais, mais j’ai retrouvé Cosimo dans une petite église peu fréquentée. C’est idiot, mais passer du temps avec lui suffit à me contenter, même si je reconnais apprécier ces instants volés où nos mains se frôlent tandis que nous cheminons côte à côte.
Nous partirons le lendemain de mon anniversaire. Je n’ai jamais eu aussi peu hâte de le fêter. Je ne veux pas rentrer. N'est-il pas possible d’arrêter le temps ? Ou de faire comme si rien de tout cela n’existait ?




Le 17 juin 1590,
Cher journal,

Nous avons pu nous revoir officiellement à l’anniversaire d’Orfeo. Il y avait beaucoup de monde, aussi Papa n’avait pas toujours les yeux rivés sur moi quand bien même j’avais l’impression de les sentir. Sur le retour il m’a dit une chose étrange, enfin je vois bien à son sourire qu’il y a plus que ces simples mots, mais je ne comprends pas bien. Il m’a dit que les Vénitiens faisaient de bons amis. Ce à quoi j’ai acquiescé : lorsqu’on les connait ils sont très sympathiques.




Le 23 juin 1590,
Cher journal,

C’est mon anniversaire, cette fois-ci. Orfeo avait un cadeau très spécial pour moi. Il m’a emmené au port, j’ai tout de suite reconnu le navire en question : c’est celui de la famille Galliardi. Je l’ai regardé intrigué en lui demandant à quoi il jouait, mais il s’est contenté de me faire monter à bord dans un sourire entendu, avant de me faire traverser le pont jusqu’à la cabine de Capitaine où se trouvait Cosimo. « C’est pour te préparer à ton long voyage retour, petite plume » qu’il m’a dit. Mais quel idiot ! En réalité je lui en étais reconnaissante de m’avoir conduite ici, car ce fut mon meilleur anniversaire ! Comment pourrait-il en être autrement ?  Il n’y avait que nous. Il m’a offert une broche à l’effigie du lion vénitien. Un présent d’anniversaire autant que d’adieu et j’ai fondu en larmes entre ses bras. Je sais que nous ne nous reverrons plus… Je lui ai promis d’écrire, il m’a fait promettre l’inverse. Il dit que tout ceci doit rester un doux rêve. Alors comme un rêve, je vais devoir l’oublier ? Voilà que j’en tâche mes écrits de mes larmes.




Orfeo s’affala dans un sofa, pieds sur l’accoudoir après avoir attrapé une bouchée au passage.

— Tu n’es pas venu lui faire tes adieux ?
— Si…
— Je ne t’ai pas vu sur le quai.
— Parce que je n’y étais pas, énonça-t-il d’un air absent comme une évidence. C’est préférable ainsi. Il n’était pas nécessaire de rendre les choses plus difficiles. Son regard s’échappa malgré lui vers la fenêtre la plus proche. Elle m’a vu, elle. Elle savait où me chercher.
— En haut du grand mât ?

Cosimo acquiesça dans un soupir.

— Je crois que je l’aime vraiment.

Orfeo se redressa en même temps que ses sourcils se soulevaient face à cette déclaration. Enfin, il n’était pas aveugle, il avait bien vu qu’il y avait quelque chose, mais tout de même… De là à… Enfin… C’était idiot de s’attacher de la sorte alors qu’il savait pertinemment qu’elle allait et partir et se marier.

— Bah ! Tu l’auras oublié dans quelques jours ne t’en fais pas, répliqua-t-il avec l’innocence de celui qui l’avait poussé dans ses bras.
— J’en doute.

Cette fois, il se rassit réellement convenablement, penchant son buste pour attraper le regard fuyant de son ami.

— Tu ne lui as rien dit, Cosimo, n’est-ce pas ?
— Bien évidemment que non ! Pour qui me prends-tu ! À quoi cela aurait-il servi si ce n’est à blesser inutilement ?
— Bien, parfait. Alors, oublie-là. Les filles de ministre ça ne cause que des problèmes et c’est mauvais pour les affaires.

Et encore plus lorsqu’il s’agissait de la fille de… son père… probable. Il avait encore du mal à se dire que le ministre… Enfin, c’était pourtant la seule explication possible… Et les questions de Bérénice – sa petite sœur donc – n’avait fait qu’alimenter ses suspicions. Cosimo grommela quelque chose d’incompréhensible.

— C’est ainsi, tu n’y peux rien. Tu devrais le savoir. S’attacher aux femmes n’apporte jamais rien de bon. Sortons, tu as besoin de te changer les idées. Et il se jeta sur ses deux pieds avant d’entrainer ce qui restait de son ami à sa suite.

Lui, n’avait pas le cœur à s’amuser. Venise n’avait plus la même saveur, alors autant la quitter. C’était pour cette raison évidente qu’il avait accepté de partir à l’autre bout du monde en tant que Capitano comme son frère avant lui. C’était un honneur qui ne se refusait pas, n’est-ce pas ?



Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Jeu 13 Jan - 15:06








Bérénice de Fromart,
19 ans

Le voyage du retour avait été moins agité que l’aller. Les tempêtes hivernales s’en étaient allées avec les beaux jours de juillet. Seul subsistèrent dans son cœur, les épais nuages chargés de précipitation qu’elle avait emportés avec le reste de ses souvenirs de Venise. Elle avait passé de longs moments accoudée au garde-corps de la proue, les yeux perdus dans l’immensité bleue, l’esprit projeté des lieues en arrière, dans cette incroyable cité flottante. Souvent, elle s’était demandé ce qu’il faisait là, tout de suite. Souvent, elle l’avait revu, discrète silhouette brune perchée en haut du grand mât. Souvent, elle avait eu envie de pleurer, mais jamais les larmes n’étaient venues. La première semaine de voyage avait été la plus douloureuse et elle n’était pas parvenue à décrocher un seul mot de peur de s’effondrer réellement en songeant à ses amis qu’elle ne verrait plus, et surtout un en particulier qui avait si bien su la rassurer sur ce qui l’attendait. De Venise, elle n’emportait que la robe de ses noces, réalisée sur place dans un magnifique indigo brodé d’or et la broche à tête de lion que Cosimo lui avait offerte. La seconde semaine, elle avait pu renouer le dialogue et de fil en aiguille, la distance aidant à le protéger, Bérénice avait tout avoué à son père avant de fondre définitivement en larmes entre ses bras. Car le plus dur n’avait pas été de le quitter, mais bien de savoir qu’elle ne pourrait plus jamais le revoir et qu’elle avait de surcroit accepté de lui promettre de ne jamais lui écrire. Son père n’avait trop rien répondu à tout cela, et si pour beaucoup cela aurait pu paraitre inquiétant, sa petite nymphe savait que c’était chez lui une marque de compréhension. Elle en était même arrivée à lui présenter ses excuses pour son comportement, et à l’annonce des fiançailles, et à Venise – même si elle lui jura une nouvelle n’avoir rien fait de répréhensible ou d’immoral –. Et comme le voyage était long et qu’il était impossible de trop écrire pour décharger ses pensées, elle ne s’était jamais autant confiée à son père que sur ce retour. Il fallait dire que pour une fois, il n’avait guère mieux à faire que de l’écouter et de passer du temps avec elle.  Il la rassura même de son mieux concernant le mariage et cela l’aida à rassembler tous ses soutiens dans une nouvelle énergie bien plus positive désormais. Tout allait bien se passer. Si toutes les personnes dont l’avis comptait pour elle le lui affirmaient alors, ce ne pouvait être que vrai et elle se raccrocha à cette certitude jusqu’au jour de ses noces.

La cérémonie avait lieu à Aussevielle, ce qui lui évita le pénible trajet en voiture jusqu’à Braktenn. Des trois jours jusqu’au mariage, elle ne revit Démétrius qu’une seule fois, au cours d’un diner au domaine familial. Comparativement aux longues journées en mer, il lui sembla que ces derniers jours filèrent plus vite les embruns. Elle se retrouva à genoux devant l’autel de l’immense cathédrale de Sainte-Marie des Mers, le cœur battant à la droite de son futur mari à se répéter inlassablement que tout irait pendant que l’archevêque marmonnait son charabia latin. Elle fut sacrée Madame Bérénice d’Aussevielle et intégra sa nouvelle famille. Perdre son nom était étrangement plus difficile qu’elle ne l’aurait songé. Elle avait l’impression d’être un arbre déraciné et replanté ailleurs loin des siens. Ce n’était pas le cas, elle savait bien, mais c’était comme essayer de la couper symboliquement de son père et d’Alduis. Lui aussi était là, il n’aurait manqué ce jour pour rien au monde, elle le savait et il était si beau ! Il lui offrit même une joyeuse danse, sur la Grande Place où avaient lieu les festivités conformément au désir de son époux. C’était un étonnant mariage, où les Ausseviellois avaient été conviés à festoyer en leur compagnie. Il y régnait une atmosphère légère et enjouée, bien loin du sérieux des banquets habituels. Si la fréquentation du peuple la mit quelque peu mal à l’aise au départ, elle oublia rapidement tout cela et se prêta de bon cœur à toutes les rondes, tous les chants et même le colin-maillard, si bien que la félicité ambiante lui fit oublier qu’elle allait devoir… passer la nuit… avec son mari. Démétrius, donc. Son père aussi sembla profiter de la fête. À sa façon. C’était la seule ombre au tableau. Non pas que son comportement l’offusque, mais elle avait le sentiment que tout cela ne faisait que dissimuler sa peine. Elle aurait voulu pouvoir le serrer dans les bras et le rassurer à son tour, mais chaque fois qu’elle aurait pu en avoir l’occasion, on la détourna et l’occasion s’envola.

Ce fut bientôt toute une procession qui les escorta jusqu’au domaine et même jusqu’au palier de leur chambre. Celle où ils devaient passer la nuit. Lorsque la porte se referma, son allégresse resta au-dehors et l’appréhension noua de nouveau ses entrailles alors qu’elle croisait son regard et qu’il s’approchait d’elle. Un timide sourire rougissant s’invita malgré lui sur son visage : elle avait tout de même de la chance d’épouser un tel homme aussi beau et doux qu'il l'était.

Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Ven 21 Jan - 22:44

Il était parfois mal aisé de déterminer si le temps s'éternisait ou, au contraire, avait filé horriblement vite. Ces huit derniers mois tout particulièrement. Il avait quelque chose au cœur d'une drôle d'impression depuis le mariage de sa petite sœur, et d'un autre côté, voir l'échéance se rapprocher pour lui même était d'autant plus déconcertant qu'il avait l'impression que cela attendait depuis une éternité. 

Cette éternité s'était brisée la semaine suivante, lorsqu'il avait reconnu une signature surgie du passé. Il avait hésité à la jeter directement dans les flammes, mais s'était ravisé. Il ne servait à rien de fuir. Il l'avait donc lue. Plusieurs fois. Elle allait bien. Elle voulait seulement lui souhaiter le bonheur de sa propre plume comme elle ne pouvait le faire de vive voix, et il ne put s'empêcher de penser que cette lettre d'une infinie bienveillance lui ressemblait bien davantage que l'aigreur de ses dernières paroles. 

Il l'avait brûlée aussitôt relue : c'était difficile, mais nécessaire, comme tout ce qui la concernait. Son mariage ne serait jamais un mariage d'amour, mais il ne ferait pas pour autant l'affront de laisser son cœur s'égarer vers une autre. Il le garderait, voilà tout. Et elle, qui lui écrivait en amie, savait bien aussi que le sien se devait d'être tout entier à Dieu. Il lui avait bien dit qu'elle s'en remettrait.

Il fallait dire que ce jour-là avait apporté bien d'autres préoccupations, que la cérémonie puis l'ambiance avait su adoucir, malgré certains éléments. Encore une fois, c'était passé très vite. Et il fallut qu'ils se retrouvent seuls plus tôt qu'ils ne l'avaient vu venir, et avec, le moment où il était vraiment censé assurer. Au fond, il devinait que c'était bien facile pour lui en comparaison à ce que ce devait être pour elle - et ce même si le fait que ce soit précisément elle n'était pas indifférent. 

À ce timide sourire rougissant, il en rendit un plus confiant - de toute sa conviction. Ils avaient tout leur temps, elle n'avait pas à s'en faire. 

— Bon… il faut croire que l'on ne veut plus de nous, plaisanta-t-il. Au moins ai-je pu voir que tu t'amusais malgré mes… petites excentricités. Je trouve Aussevielle plus accueillante ainsi. 

Il trouvait cela tout simplement plus authentique. Et puis, il fallait bien que les Ausseviellois qui adoraient tant leur famille puissent rencontrer leur future marquise. 

— Tu veux peut-être t'asseoir, suggéra-t-il en lui tendant la main d'un regard encourageant.
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Sam 22 Jan - 22:06








Bérénice de Fromart,
19 ans

Ils en étaient là de leur journée de noces : c’était la nuit et on les avait escorté joyeusement jusqu’à leur chambre dans le but de les encourager à… Rien que d’y penser elle devait prendre une longue inspiration qui finissait bloquée quelque part dans sa gorge nouée. Et en même temps le vin heureux qui avait abreuvé les festivités avait bien dû mal à l’empêcher de sourire. Elle sentait ses pommettes s’empourprer et s’échauffer sans pouvoir discerner la part liée à la gêne de celle liée à l’alcool.

Elle souffla un petit rire à sa remarque sur ses excentricités. Oh si ce n’était que ça !

— Je dois avouer que j’ai trouvé cela déroutant au départ, je ne suis pas habituée à ce genre de… fêtes populaires, mais c’était finalement très agréable, oui. Je me suis beaucoup amusée et tout le monde semblait si jovial ! On aurait dit une immense famille. Elle marqua un temps puis… En fait je trouve tes excentricités charmantes, avoua-t-elle sans s’en rendre compte avant de rougir de plus belle.

C’était définitivement l’alcool qui parlait plus que sa raison. Son regard s’échappa vers le sol, un brin gêné de ses paroles si… enfin… S’asseoir ? Elle releva la tête aussitôt pour rencontrer son regard gris acier puis suivre la direction de son bras. S’asseoir. Oui sans doute était-ce une idée à ne pas négliger. Elle se dirigea donc vers le lit et s’installa sur le rebord avant de lui faire signe de le rejoindre, parce qu’il n’était pas question qu’il reste debout. Démétrius. Alors… ils étaient vraiment mariés maintenant ? C’était toujours si étrange à réaliser…


Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Lun 31 Jan - 14:48

Oui, cela pouvait avoir quelque chose de déconcertant. Mais le plus important était que cela lui ait finalement plu. Il eut un léger sourire à son dernier commentaire, qui la rendit plus rouge encore qu'elle ne l'était l'instant d'avant. 

— Nous avons eu de la chance que le ciel soit clair. Nous aurions eu l'air fins de rentrer sous l'orage, trempés comme des soupes, songea-t-il à haute voix. 

Pour ne pas en rajouter sur son malaise, il lui proposa de s'asseoir. Et prit place à côté d'elle comme elle l'y invitait, tourné de trois quart dans sa direction. 

— Je suis conscient que cela n'est pas ce dont tu avais rêvé, finit-il par dire. Et même si je t'ai toujours énormément appréciée, tu devines que ce n'était pas de cette manière que je percevais notre relation. J'y ai beaucoup pensé ces derniers mois, et… non seulement je suis certain que nous pourrons nous en accommoder - de toute façon, il allait bien falloir, car ils étaient engagés, désormais - mais je suis persuadé que nous pouvons reconstruire notre relation d'une manière qui soit conciliable avec notre situation et être heureux ensemble à notre façon si nous y mettons du nôtre.

Il ne parlait pas d'amour. Pas de cette forme, du moins. Mais ils pouvaient construire quelque chose. Il voulait vraiment que les choses se passent au mieux. Il voulait vraiment qu'elle soit bien, même s'il ne pouvait pas l'aimer. Sans doute le fait qu'il s'agisse de Bérénice rendait-il cela encore plus important pour lui, pour y avoir déjà été attaché. Cela ne pouvait que fonctionner s'ils faisaient des efforts.
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Lun 31 Jan - 15:46








Bérénice de Fromart,
19 ans

A l’image d’une averse orageuse les forçant à courir dégoulinant se rapatrier à l’intérieur, elle laissa échapper un petit souffle amusé de ses narines tant la cocasserie semblait délicieuse lorsque l’on n’était pas concernée par l’humidité ambiante.

Elle s’installa sur le lit, rapidement rejointe par son mari. Son mari. Elle allait définitivement devoir s’y habituer.

Je suis conscient que cela n'est pas ce dont tu avais rêvé

Elle empêcha de justesse sa main de naviguer jusqu’à la broche en forme de lion qui trônait sur sa poitrine. Elle déglutit péniblement en ravalant ses larmes qui n’avaient pas lieu d’être. Elle ne le verrait plus. Il aurait dû être là. Non c’était une piètre idée. Elle ne devait plus y penser. Pourquoi fallait-il qu’elle revoie ce visage sur lequel elle avait si souvent posé sa main ? Ce n’était qu’un rêve. Et comme un rêve, elle avait désespérément envie de grappiller quelques minutes de sommeil supplémentaires pour retenir le souvenir de songe qui la fuyait déjà. Engoncée dans son corset, sa poitrine se souleva lourdement tandis qu’il poursuivait.
Avec ses divagations inutiles, elle avait sans doute raté un bout de son discours. Reconstruire une relation et y mettre du sien. Elle baissa la tête vers ses genoux : c’est qu’ils n’avaient sans doute plus tellement d’autre choix à leur portée. Elle murmura un timide petit « oui » en guise de réponse.

Elle resta pensive un instant à méditer tout ce que pouvaient impliquer ses paroles puis se redressa finalement pour oser soutenir son regard.

— Si l’on doit faire au mieux, alors j’aimerais que tu me considères comme ton égale. Comme ta partenaire dans cette vie et non comme ta subalterne, précisa-t-elle. C’est ce que j’ai essayé de te dire la dernière fois… Maladroitement sans doute. Je sais que ce n’est sûrement pas ainsi que tu envisages les choses… Mais je… j’aimerais réellement à avoir ma place à tes côtés et non en dessous de toi. Tu… Tu comprends ?

Elle crispa nerveusement ses mains autour de son jupon. Et s’il songeait qu’elle essayait de lui prendre sa place ou Dieu savait quoi et refusait en bloc ? Tout son corps se tendit. Elle avait conscience que c’était à la fois bien peu et pourtant énorme ce qu’elle lui demandait. Et c’était surtout essentiel à l’établissement de leur relation. C’était parce qu’elle l’appréciait qu’elle pût lui demander une telle chose. Il n’y avait aucune mesquinerie. Juste avoir la place d’exister et d’être écoutée. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale et elle regretta subitement d’avoir abordé le sujet. Elle prit une profonde inspiration.

Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Lun 31 Jan - 18:36

Bérénice semblait troublée, mais cela n'avait rien d'extravagant au vu de la situation. Il poursuivit, se voulant rassurant. Il admit par empathie qu'il ne l'avait pas demandé non plus - ils étaient dans le même bateau, mais cela irait. Lui apprendre le reste eût été purement cruel.

Oui. C'était à dire que même s'il aurait difficilement pu s'accommoder d'un refus plein de mauvaise volonté - moins encore après les sacrifices qu'il avait encore dû répéter quelque jours plus tôt -, il attendait quelque chose d'un peu plus… enfin, le but était tout de même d'avancer bien que la situation soit pour le moins déconcertante. Il maintint sur elle un regard sans jugement. Pour cela aussi, ils avaient le temps. Il posa brièvement la main sur son épaule en guise de soutien.

Elle leva enfin les yeux et il acquiesça instinctivement, très légèrement, encourageant. Oui ? Il ne put retenir un froncement de sourcil pensif lorsqu'elle s'expliqua, incertain de ce qu'elle attendait précisément. Il se remit en mémoire la fameuse conversation. 

— L'engagement que nous avons pris n'était pas unilatéral, répondit-il face à son appréhension. Les devoirs qu'ils exigent non plus, et je ne t'ai à aucun moment demandé de faire seule ces efforts, si tu le craignais. Je veux que les choses aillent au mieux pour tout le monde. Nous avançons ensemble.
Quant à l'autre versant... En principe, je ne suis pas quelqu'un de particulièrement difficile tant que tu n'oublies pas que tes actes n'impactent pas que toi. Je dois pouvoir te faire confiance. Mais considérer quelqu'un comme son égal, d'une certaine manière, c'est d'abord avoir envers cette personne le même niveau d'exigence qu'envers soi-même.
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 1 Fév - 11:32








Bérénice de Fromart,
19 ans

Il revenait encore régulièrement dans son esprit, comme la marée, sans qu’elle ne puisse. Cela faisait à la fois déjà un mois et tout juste un mois. Elle sentit sa main se poser sur son épaule et c’est ce qui lui donna le courage de partager à son tour ce qu’elle attendait. Il fallait que tout se passe bien. Il le fallait, elle en était intimement persuadée, parce qu’elle ne voulait pas se dire un seul jour qu’elle n’aurait jamais dû rentrer. Alors, ils n’avaient pas le choix. Qu’importe s’il n’y avait pas d’amour entre eux, cela ne les empêcherait pas d’être proches. Ils avaient su être amis, ils sauraient certainement devenir mari et femme. Elle n’aimait pas trop le voir froncer les sourcils de la sorte. Cela lui donnait l’impression qu’elle aurait mieux fait de se taire. Mais elle ne voulait pas être ce genre de femme biblique qui ne vivait que pour porter la progéniture de son mari.

Elle ne craignait pas de faire ces efforts seuls, elle lui faisait confiance, ne serait-ce que parce que la proposition était à son initiative. Elle approuva dans un sourire timide. Ce n’est pas tant une question d’être difficile que d’attente de sa part. Comment lui dire qu’elle ne serait jamais comme sa mère si c’était qu’il attendait d’elle ? Elle inclina la tête. Comment pourrait-elle oublier que leurs actes respectifs se répercuteraient maintenant sur chacun d’entre eux ? Elle ne la releva qu’à sa toute dernière phrase.

— Cela m’est égal. Je ferai ce qu’il faut, et si c’est le prix à payer, alors je payerai sans hésiter, déclara-t-elle déterminée.


Il n’y avait pas d’autres possibilités. C’était ça ou s’enfermer en soi pour subir le reste des années à venir. Ce n’était même pas envisageable en sachant que c’était avec lui qu’elle partageait sa vie désormais. Elle hésita un bref instant, puis le serra entre ses bras pour le remercier.

Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Démétrius d'Aussevielle Mar 1 Fév - 12:45

Démétrius n'avait pas tant vu cela comme un prix à payer. Pas à lui, en tout cas. En réalité, c'était surtout une réflexion qu'il n'aurait peut-être pas dû faire à haute voix ; contrairement à ce que son enthousiasme laissait supposer de compréhension, ce qu'il venait de dire était probablement très loin de ce qu'elle espérait. 

Il frotta doucement son épaule lorsqu'elle l'étreignit, plutôt perplexe. À vrai dire, si lui-même avait du mal à s'imaginer vivre autrement et se serait détesté de manquer à ses principes, il était bien conscient que cela ne convenait pas à tout le monde. 

— Tu… es consciente que cela ne signifie pas « faire tout ce dont on a envie » ? demanda-t-il, perplexe. 

D'une certaine manière, c'était complètement le contraire. C'était en bonne partie être capable de faire ce dont on n'avait pas envie spontanément, sérieusement et sans se plaindre, car le devoir passait avant tout, et cela, il l'attendait d'une manière beaucoup plus stricte lorsqu'il s'agissait de lui. C'était par moment plus difficile, mais la vie était ainsi, et même les pires épreuves, il savait qu'il avait eu raison de les affronter. D'ailleurs… fallait-il vraiment préciser que cela ne signifiait pas non plus n'en faire qu'à sa tête ? En réalité, elle n'y gagnait probablement rien de ce qu'elle pouvait attendre, et il ne lui en demanderait pas tant, c'était parfaitement absurde.
Démétrius d'Aussevielle
Démétrius d'Aussevielle

Fiche perso : Fiche
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 1
Multi-comptes ? : Eléonore de Fromart / Lucinde Tiéran / Boréalion
Messages : 165
Date d'inscription : 03/06/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Bérénice d'Aussevielle Mar 1 Fév - 13:59








Bérénice de Fromart,
19 ans

Elle se laissa aller un bref instant dans ses bras. Remerciement spontané et preuve s’il en était qu’il existait toujours une certaine proximité entre eux malgré les ans et les évènements successifs. Preuve également de la confiance inchangée qu’elle lui portait toujours. Elle avait parfaitement conscience en cet instant précis que leurs vies venaient de se mêler de façon inextricable et qu’ils avaient besoin l’un de l’autre.

Elle recula quelque peu lorsqu’il prit la parole et expira le peu d’air contenu encore dans ses poumons.

— Faire ce que j’ai envie ? elle afficha un sourire plus triste qu’elle ne l’aurait voulu : je ne fais déjà pas ce que je veux, tu l’as rappelé toi-même, alors un peu plus ou un peu moins, qu’est-ce que cela peut changer ?

Elle inspira profondément. Si elle devait faire ce qu’elle voulait… Elle prendrait le premier bateau pour Venise. Ou même simplement une plume et feuille pour lui écrire contre son interdiction.

— Si cela me permet d’exister sans être uniquement ton ombre, qu’il en soit ainsi.

Bérénice d'Aussevielle
Bérénice d'Aussevielle
Rattrapeuse de bourdes devant l'Éternel

Fiche perso : Fiche
PNJ
Liens et RPs : Journal
Relations
Bonus Dé : 2
Messages : 334
Date d'inscription : 09/04/2021

Revenir en haut Aller en bas

[Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant... - Page 3 Empty Re: [Flashback - 1584 -1594] - Et ils vécurent heureux et eurent un enfant...

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 3 sur 3 Précédent  1, 2, 3

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum