[25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
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[25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
Peu après son bain, l'intendant lui avait présenté plusieurs robes en lui proposant de choisir laquelle elle préférait. Pragmatique, Cassandre avait opté pour la plus proche. Ce n'était qu'un vêtement. La couleur ou la forme, cela n'avait que peu d'importance. Monsieur Wagner lui avait ensuite fait visiter le château et donné autant d'explications que possible. Elle l'avait suivi en silence tout en retenant avec attention la disposition des lieux ou les enseignements donnés. A un moment, ils arrivèrent à la bibliothèque et Cassandre découvrit un garçon, qui semblait avoir son âge, dans une chaise roulante. L'"intendant le lui avait présenté et révélé que c'était un protégé du baron. Elle l'avait salué poliment en exécutant une légère révérence alors que l'enfant balbutia une salutation timide, comme inquiet par cette nouvelle rencontre.
Finalement, l'intendant l'avait laissé aux appartements de Kalisha où elle avait passé la soirée à broder. Cassandre y avait aussi récupéré le sac de ses affaires, confié quelques jours plus tôt à Nicolas que celui-ci avait remis ensuite à Eldred. Elle avait retrouvé avec plaisir son précieux livre de Gargantua, puis vérifié le reste. Il y avait bien son autre livre du Roman de Renart, la broche de renard de Sylvère, la boîte à bijoux de Kalisha, le médaillon d'Irène, les recettes médicales d'Hyriel, sa dague camouflée habilement en une poupée de chiffon et ses quelques économies. Elle s'était sentie plus légère à retrouver ses possessions.
Le lendemain, dans la matinée, une fois avoir terminé d'aider Kalisha à se préparer, Cassandre se décida à rendre visite à Eldred. Avant de quitter le château, elle tomba sur l'intendant qui voulut savoir pourquoi elle sortait dans la cour et surtout si peu couverte. Elle répondit souhaiter voir Eldred. Le domestique s'effraya aussitôt et rappela que l'écurie était bien trop froide pour une enfant. Elle contint son agacement devant la comédie que l'homme commençait à faire et annonça qu'elle attendrait plutôt son ami dans un salon, guettant le moment il viendrait s'occuper des cheminées. L'intendant se détendit et la laissa enfin repartir. Cassandre patienta quelques minutes et emprunta une autre direction, mais aperçut au bout d'un couloir la silhouette hostile. Quelle plaie ! Il était partout ou quoi ? Elle changea de direction et bifurqua à plusieurs reprises avant d'atteindre enfin la cour.
Rapidement, Cassandre courut vers l'écurie et entra en silence. Elle s'approcha sans bruit de la stalle où travaillait Eldred, le dos tourné, puis se mit à crier :
"Bouuuh !"
Immédiatement, elle se cacha derrière une autre stalle, pouffant discrètement, attendant la réaction de son ami.
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Eldred avait achevé sa corvée de bois et s’était rendu ensuite dans les écuries afin de seconder les palefreniers dans les soins aux chevaux. C’était de loin son affectation favorite. Et s’il préférait les monter et les entrainer, il n’en appréciait pas moins pelleter le fumier dans les stalles ou déposer de grosses fourches pleines de fourrage pour les animaux qui demeuraient enfermés en attendant les beaux jours.
Un cri le tira de sa méditation alors qu’il nettoyait l’une des stalles. Il reconnut aussitôt la petite voix fluette venue interrompre son travail. Il caressa doucement l’encolure de l’équidé étonné et déposa le contenu de sa pelle dans la brouette. Il sortit et ne vit personne. D’humeur plaisantine, il retourna dans le box en marmonnant.
— C’est drôle j’aurais juré avoir entendu une petite valkyrie. Me voilà à entendre des voix maintenant, Hestia !
Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.
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Cassandre se hissa sur le faite de la cloison de la stalle et laissa pendre ses jambes dans le vide.
"Hestia, il est pas drôle, Eldred, hein ?"
Son regard joueur fixa la jument qui s'ébrouait légèrement. Elle sortit un quignon de pain d'un pan de sa robe et lui offfrit. Cassandre tourna ensuite la tête innocemment vers Eldred.
"Oh, ben t'étais là, Eldred ? Je t'avais pas vu !"
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Peu de temps après, une petite tête apparu au-dessus de la cloison. Eldred fit semblant de ne pas la voir continuant son travail sans pour autant se départir de son sourire. Il la laissa s’installer sur son promontoire.
Alors comme cela Eldred n’était pas drôle ? Ah ! Qu’à cela ne tienne ! Il pelleta la paille propre et l’envoya en plein sur Cassandre d’un geste vif.
— Oh bah t’étais vraiment là ? A force je croyais bien que c’était un tomte farceur qui faisait siffler mes oreilles !
Il haussa les épaules avec nonchalance avant de s’appuyer sur la poignée de la pelle plantée devant lui.
— Bienvenue à Frenn, petite valkyrie. Notre humble demeure te convient-elle ?
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"C'est quoi un tomte ? C'st comme les gobelins, les farfadet ou les lutins ?"
Grâce aux veillées, la fillette connaissait énormément d'histoires au sujet de ces créatures et elle adorait les raconter. Lorsqu'elle le faisait, Nico finissait souvent par blottir la tête contre son épaule, voir sur ses genoux, comme un petit enfant qui se laisserait bercer par sa maman.
Eldred s'immobilisa et lui souhaita la bienvenue au château avant de lui demander ses premières impressions. Elle prit un temps de réflexion avant de commencer.
"Ka... Euh madame la baronne est très gentille. Hier soir, j'ai fait de la broderie pour elle en lui racontant un conte à elle et sa camériste. Et au matin, c'est moi qui l'ai aidé à sa coiffure ! Je lui ait fait un superbe chignon qui se dresse bien haut sur sa tête ! J'ai vu rapidement le baron qui m'a expliqué comment il voulait voir les choses sur son domaine. Il ne s'embarrasse pas de paroles inutiles, au moins. J'avais peur qu'il me fasse un long sermon pénible dans le genre de ceux d'Alexandre. Puis... ah oui, il y a l'intendant... Il n'a pas l'air du tout méchant, mais il est... "
Cassandre se mordit les lèvres, gênée de dire du mal de monsieur Wagner alors qu'il pensait faire. Elle reprit plus timidement :
"Avant de venir de voir, je l'ai croisé et il ne voulait pas que je sorte. Il disait que l'écurie était trop froide pour un enfant. Il voulait te faire appeler. Alors, j'ai dit que j'allais attendre au salon que tu viennes. Puis, j'ai fait un détour pour venir ici. Un long détour ! L'intendant, on dirait qu'il est partout ! C'était une vraie partie de cache-cache !"
Elle marqua une pause tajouta d'une petite voix :
"Il est comme ça avec tout le monde ou c'est juste ca il ne me connaît pas encore ?"
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Cassandre ne chuta pas à la pelletée de foin. Et encore, elle avait de la chance, il s’était tout de même abstenu d’opter pour le fumier. C’est bien parce qu’il était heureux de la revoir, tiens !
— Un tomte ? C’est un petit lutin qui protège les foyers contre la mauvaise fortune, expliqua-t-il.
Finalement, il lui souhaita la bienvenue. Il écouta paisiblement ses premiers retours, ravi de constater que ses débuts se passaient pour le mieux. Ah ça ! Dyonis était pour le moins direct, c’était appréciable en effet. Il était d’autre part assez simple dans ses exigences et franchement accommodant pour peu que l’on ne dépasse pas les limites imposées. Elle lui parla ensuite de William et il éclata d’un rire franc puis balaya d’un revers de sa main.
— William, oh non, il est comme ça avec tout le monde, tu sais. Tu t’y feras, ne t’en fais pas. Il ne faut pas lui en vouloir, il a travaillé à Rottenberg avant, alors il a toujours un peu peur que l’on se blesse ou tombe malade. Il trouve toujours que j’en fais trop, mais lui, il ne se repose jamais non plus !
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"Dans les traditions monbriniennes, je ne connais pas de créatures qui veillent sur le foyer. Les lutins, les gobelins, les farfadets, même les fées... Dans chaque histoire, ils sont presque toujours utilisés pour faire peur. Pour montrer que le héros ou un de ses amis n'aurait pas dû faire une chose."
C'était là aussi une manière de contrôler les gens, comme avec la religion. Plutôt que d'exposer les réels dangers, on préférait les cacher derrière des menaces imaginaires. Elle fut soulagée d'entendre finalement Eldred changer de sujet et aborder son arrivée au château. Elle rapporta ses premières impressions avant de répondre plus maladroitement au sujet de l'intendant. Le rire de son ami la surprit. Qu'avait-elle dit d'amusant ? Elle l'écouta exposer que le domestique traitait tout le monde de la manière. Même Eldred. Il avait aussi apparemment servi au domaine de Rottenberg. Cassandre grimaça au souvenir de l'usurpateur.
"Il a travaillé là-bas pendant que le fou y était ? Il ne se repose pas... Ah oui. Hier, il a salué madame la baronne et s'excusé d'avoir raté le travail. Alors, il est tombé malade, je suppose, et il culpabilise ? C'est un peu bête, ça. Ce n'est pas sa faute s'il est tombé malade. Ah oui ! Il m'appelle mademoiselle Vélasquez ! Tu te rends compte ? Personne ne m'a jamais comme ça ! Bon, il me vouvoie aussi, mais ça, Léonilde le fait aussi. Alors, ce doit être un réflexe d'intendant."
Elle avait cependant suffisamment parlé d'elle. Il était temps de s'intérresser à Eldred.
"Dis, Eldred, comment tu vas ?"
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Cassandre semblait intéresser par ses explications sur les tomte. Il haussa les épaules.
— Chez moi, il y a plein de petites créatures comme ça qui vivent un peu en dehors du monde des humains. Certains sont bons, d’autres mauvais. Cela dépend.
Elle lui raconta ensuite ses premières impressions. Inutile de préciser que l’intendant l’avait particulièrement marqué avec sa tendance à s’inquiéter de tout et de rien. Cela fit bien rire Eldred qui s’empressa de lui apporter quelques précisions sur le sujet. Il confirma d’un hochement de tête qu’il avait servi pendant que l’usurpateur s’y trouvait sans s’attarder davantage sur le sujet. Il souffla à la mention de « Mademoiselle Velasquez »
— Oh non, il n’était pas malade ! Il dormait après avoir eu la bonne idée d’enchainer les nuits blanches. Et puis après j’ai bloqué sa porte pour l’empêcher de sortir jusqu’à midi afin qu’il se repose,
Il esquissa un petit sourire plein de malice. Ce n’était pas bien, mais c’était pour la bonne cause et il savait qu’il ne risquait rien à faire une telle chose. Il reprit :
— Bah, il m’appelait bien « Monsieur Eldred », j’ai pas l’air un peu ridicule d’être appelé comme ça ? C’est comme porter un beau costume, quoi. Il leva les bras sur le côté comme un épouvantail qui essaierait sa nouvelle tenue avant de souffler de rire et de reprendre appui sur sa pelle qui venait de tomber contre son torse.
Il grimaça à sa question.
— Mieux, répondit-il tout d’abord de manière évasive. Disons que tu n’es pas la seule à avoir connu quelques déboires, ces derniers temps, confia-t-il dans un léger sourire en coin.
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"Dis, Eldred, tu me raconteras toutes les histoires que tu connais ?"
Sur cela, elle se confia au sujet de ses impressions sur ses débuts au château et toux deux évoquèrent le cas particulier de l'intendant. Elle observa son ami, sceptique, en entendant que monsieur Wagner appelait tous les esclaves de manière aussi distinguée. C'était certes très respectueux, mais inhabituel. En revanche, le fait que l'homme accumule les nuits blanches n'avait rien de réjouissant. Il se détruirait à plus ou moins long terme la santé. Elle réfléchit au problème et se remémora d'une des plantes de l'antitodaire qu'Hyriel lui avait offert pour son anniversaire.
"Et si le soir, je lui proposais une infusion ? Dedans, je pourrais mettre de la valériane ! C'est une plante qui permet de se détendre et de s'endormir ! Comme ça il pourrait plus dormir et être en pleine forme !"
Après tout, cet intendant n'était nullement une mauvaise personne et ne cherchait qu'à aider les gens. Il fallait avant tout le protéger de ses excès.
"Et puis, c'est mieux un intendant comme lui qu'un qui se comporte comme le vilain dragon de Monthoux..."
Un instant, elle songea aux farces du début du mois et se questionnait de comment Marthe se comportait désormais avec les esclaves. Et si elle avait usé de sa mauvaise humeur sur les esclaves innocents ? Ce serait terrible. Cassandre s'obligea à ne pas y songer et pouffa lorsqu'Eldred évoqua la possibilité de porter un beau costume.
"Ben, moi, je suis sûre que tu serais bien ! Tu veux que je t'en couses un ?"
La réflexion la mena à l'interroger sur comment il se portait. Cassandre le fixa, soudain inquiète. Qu'est-ce qui c'était passé ? E;dred avait des ennuis ?
"Qu'est-ce qui s'est passé, Eldred ? Tu as eu des ennuis ? Ce n'était pas grave, hein ?"
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Ah voilà qu’il semblait avoir piqué à vif la curiosité d’une petite valkyrie de sa connaissance. Bien sûr qu’il lui raconterait toutes les histoires qu’il connaissait, elle n’avait pas à s’en faire. Pour ce qui était de William, il haussa les épaules. Il n’en savait trop rien.
— On pourra toujours lui proposer, on verra bien.
Mais ce dont l’intendant avait réellement besoin c’était d’une pointe de discernement. Et d’appliquer ses propres conseils aussi. Enfin, sauf ceux concernant la température extérieure. Il allait mourir de chaud s’il devait se transformer en ours à chaque coup de vent pour lui faire plaisir. Pour le reste, il était évidemment entièrement d’accord avec elle. William avait ses défauts comme tout un chacun, mais il avait aussi bon nombre de qualité et surtout, il était juste.
— Je ne sais pas comment il est ton dragon, mais je n’ai pas vraiment à me plaindre de William —excepté ses petites manies— il est très agréable et juste.
Quant au costume, il souffla un rire en agitant la tête.
— Hors de question ! J’aime autant ma tunique en laine. Et puis, je vois pas où tu vas trouver de quoi faire un costume. Nan, mais sérieusement, tu m’imagines avec leurs espèces de culotte ? J’aurais l’air de quoi ?
De pas grand-chose très certainement. D’un pauvre mariole sans doute. Quelle idée franchement. Non vraiment, ses tenues d’esclave lui convenaient très bien. Eldred détourna le regard un brin gêné et honteux d’avouer ce qui s’était passé, néanmoins il ne souhaitait pas le lui cachait. Ne serait-ce que parce qu’il passait tant de temps à la sermonner, qu’elle avait le droit de savoir que même lui faisait des erreurs et que celles-ci pouvaient couter cher. Il soupira, les sourcils inclinés de dépit.
— En fait… J’ai failli finir sur le mur, Cassandre. Il marqua un temps d’arrêt, conscient de sa chance avant de reprendre. Le baron s’est montré clément parce qu’il m’apprécie et que les circonstances étaient ce qu’elles étaient… Il ferma les yeux un temps puis soupira J’ai eu quinze coups de fouet et une incarcération de dix jours. Crois-moi c’est pas cher payé.
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La question de cet intendant la mena à évoquer celle plus cruelle qui officiait à Monthoux. Cassandre sourit d'entendre les qualités citées par Eldred. S'il l'appréciait tant, c'était effectivement une bonne personne.
"Le dragon de Monthoux, c'est une vieille méchante. Comme le comte lui laisse tous les pouvoirs, elle en abuse. Elle maltraite les esclaves, les gronde pour un rien ou trouve moyen de punir ceux qu'elle déteste. Une fois, elle a même cassé une côte à Hyriel !"
La conversation passa ensuite vers l'habillement et Cassandre pouffa en constatant à quel point Eldred se révoltait contre le fait de porter un costume. elle se reprit et ajouta plus calmement, mais avec enthousiasme :
"On peut faire des merveilles avec les chutes de tissus et les vieux vêtements ! Je pourrais te coudre un costume absolument parfait ! Mi, je dis que tu serais très beau dedans !"
Néanmoins, comme il ne semblait pas enclin à accepter cette idée, Cassandre se décida à changer de sujet et demanda de ses nouvelles. la suite la laissa interdite. Par un réflexe instinctif, ses mains s'accrochèrent à la cloison pour ne pas tomber. Eldred... Eldred avait failli être condamné au mur. Eldred.... Elle sentit sa respiration s'emballer, terrifiée par les images qui se frayaient à son esprit. Une colère soudaine l'envahit t elle se mit à crier :
"Mais qu'est-ce que t'as fait, idiot ?"
Immédiatement, Cassandre réalisa que son emportement était stupide. Elle n'avait pas agi mieux et avait risqué pour sa part la potence. La fillette baissa la tête, honteuse;
"Pardon.. Je... C'est juste... Je ne veux pas te perdre, Eldred. Je..."
Elle hésita, se mordant les lèvres, avant de prononcer la suite. C'était si embarrassante. Elle se décida malgré tout, le regard baissé vers la paille pour ne surtout pas croiser son regard.
"je.. Je t'aime, Eldred ! Alors, t'as pas le droit de mourir !'"
Cassandre releva la tête, résolue à adopter une mine plus sévèr pour retenir ces sentiments qui commençaient un peu trop à déborder. Ainsi, elle se décida à ironiser.
"Ne me dis pas que t'as toi aussi insulté une noble..."
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Non vraiment, porter un de ces costumes ne le tentait pas vraiment. À part peut-être pour le charivari. Et encore. Non vraiment, même là, il aurait l’air franchement ridicule… Autant se déguiser en prêtre à ce niveau.
Ce fut alors l’heure de lui parler de ces dernières semaines. Sa colère était légitime. Ça pour être idiot. Même un hareng avait plus de discernement que ça. Il peigna distraitement le dessus de ses cheveux. Aveuglé par sa paire de couilles, voilà ce qu’il avait été. Il était sincèrement désolé. Il poussa un long soupir.
— Cassandre… Tout va bien… Je suis là… D’accord ? Je t’assure que je ne compte pas recommencer de si tôt, crois-moi, ça m’a bien servi de leçon, marmonna-t-il avec aigreur.
Toutefois, sa déclaration illumina son visage d’un grand sourire.
— Mais moi aussi je t’aime ma petite valkyrie !
Son visage se fit plus sévère et Eldred souffla un petit rire en secouant la tête avant de cogner le manche de la pelle plusieurs fois contre son front comme si cela aurait pu suffire à lui faire rentrer dans le crâne sa bêtise.
— Non, moi je l’ai baisée, ironisa-t-il, mais réflexion faite j’aurais peut-être dû.
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"Tu as voulu rouler une pelle et tu t'es pris un râteau, peut-être ?"
Visiblement, son hypothèse ne tombait pas si loin. Cassandre le dévisagea, sceptique, cherchant à comprendre. Pourquoi baiser une noble lui aurait-il valu le mur ? La dame en question devrait être au contraire qu'un homme aussi gentil se soucie d'elle et lui témoigne une attention sincère. Il l'avait sûrement pas abusée, lui ! Elle blêmit en imaginant la suite. Et si la noble en question s'était vue coincée e et avait inventé une histoire de viol pour justifier sa coucherie ? Quelle garce !Une grimace de dégoût se peignit sur son visage. Elle cracha, amère :
"Alors, cette salope, elle s'est faite joyeusement sautée, puis elle t'a accusée de viol ? Pfff... Heureusement que le baron a su te sauver."
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Cassandre avait de quoi être en colère. Il avait toujours du mal à ne pas s’en vouloir lui-même. Il n’allait tout de même pas lui jeter la pierre. Et ce, même si son comportement laissait à redire également. Insulter la sœur d’Alduis… Quelle idée…
Il eut un rire nerveux à la mention du râteau. Si seulement ! Tout aurait été bien plus simple. Plutôt que de lui mettre un râteau, elle avait… Il secoua la tête tant pour lui répondre que pour chasser ses images qui avaient le don de réveiller les cicatrices dans son dos.
Il grimaça à sa déduction — pas si loin de la vérité pourtant —
— Les choses sont ce qu’elles sont Cassandre, mais ne parle pas ainsi d’elle s’il te plait. Je m’en veux à moi d’avoir manqué de lucidité mais pas à elle. Il soupira profondément, le regard rivé vers la paille. Elle avait juste besoin d’attention et d’affection et je me suis fait avoir comme un con. Il releva finalement ses yeux vers les siens et prit une inspiration pour avouer le fin mot de l’histoire. Bref, j’ai sauté la fille du maitre. Voilà.
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"Mais... Mais non ! Toi, tu es gentil, Eldred ! Tu ne méritais pas d'être puni alors que tu as rendu heureuse cette femme ! Elle a très mal agi en te laissant injustement être accusée !"
Cassandre songea être sans doute encore plus véhémente. Elle tenta de se calmer et reprit plus doucement :
"Moi, je ne vois pas en quoi c'était une erreur. Un homme et une femme qui baisent ensemble quand ils se plaisent c'est normal. Il n'y a vraiment rien de mal là-dedans."
Quoique... La dernière révélation rendait la chose plus difficile. Sauter la fille de son maître, c'était pas la meilleure idée non plus.
Cela n'empêchait que cette femme n'était pas une bonne personne pour ne pas être venue défendre son amant. Cassandre estima qu'elle la rencontrerait sûrement à un moment donné, mais elle ne lui adresserait pas la parole si celle-ci ne lui faisait pas la première.
"Au moins, il t'a évité le mur. En même temps, ça aurait été stupide. Toi qui saute une fille qui serait mis à mort alors que l'autre crétin de Saint-Eustache abuse des femmes depuis des années et il se balade en liberté comme si de rien était..."
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Cassandre faisait erreur sur sa colère. Il n’y avait pas de quoi en vouloir de la sorte à Lavinia. Il savait pertinemment ce qu’il encourrait. Il s’était juste laissé aveugler stupidement. Il eut un discret sourire au compliment qu’elle lui fit.
— Non, c’est mieux ainsi, crois-moi. Je n’avais pas envie qu’on me défende de quoi que ce soit. Elle en a aussi fait les frais. Elle est partie au couvent.
Eldred se frappa une nouvelle fois le front contre le manche de sa pelle. Mais quelle tête de pioche il avait pu être.
— Les esclaves n’ont rien à faire avec les nobles. Et certainement pas dans un lit. Ca n’apporte que des problèmes. Vraiment, je t’en conjure ne t’approche pas d’eux pour ce genre de chose.
Il baissa de nouveau le regard avant de lui avouer ce qu’il avait sur le cœur.
— Elle me plaisait vraiment, oui. J’ai cru à tellement de choses. Je lui ai même proposé d’aller tuer son mari, Cassandre. Parce qu’il la battait et pire encore que ça. Son regard disparut dans le vide. Je pensais vraiment qu’on aurait pu… Je me sens tellement con. C’était pas vraiment moi qu’elle aimait en fait. Juste mon oreille et mes attentions.
Comme Alexandre et Alduis. Ca ne pouvait pas marcher. Même Alduis l'avait reconnu. Il secoua la tête et se cogna de nouveau le front dans un soupir.
Puis Cassandre évoqua le phallus ambulant de Saint Eustache. Eldred serra ses mâchoires.
— Lui aussi, il a essayé de la sauter. C’est en partie de sa faute ce qui s’est passé… Elle m’a tout raconté, je me suis retrouvé à jouer les gardes. Je suis même venu lui mettre mon poing dans la gueule. Tu veux que je te dise ? Si je le croise un jour, je le saigne. Cette vieille bouse d’auroch voulait m’envoyer au bûcher !
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Soudain, Eldred se frappa encore la tête de as pelle et elle s'agaça de son geste. Elle sauta à terre et lui prit l'outil des mains pour l'éloigner du zarkotien.
"Tu vas arrêter ave ça ? la flagellation, ça t'a pas suffit peut-être ? T'as envie de t'ouvrir le crâne, en plus ?"
Il la surprit à s'exclamer que les esclaves n'avaient rien à faire ensemble et surtout pas leur lit. Cassandre le fixa sans comprendre. Et Alduis ? Lui et Alexandre vivaient une belle histoire d'amour. En revanche, la suite.... S'imaginer dans le lit d'un homme, que ce soit un noble ou non, ne lui disait absolument pas.
"Tu as une mauvaise expérience, mais de belles histoires, ça existe aussi ! Pense à Alduis et Alexandre ! Ils sont heureux ensemble ! Et sinon... Moi, dans le lit d'un noble ? Tu imagines sérieusement, ça, Eldred ? Faudrait déjà que j'ai envie de me faire sauter par un gars. Et si j'ai un jour envie, faudrait que le gars en question soit sacrément patient pour que j'accepte de coucher avec... De toute manière, avec mon caractère de merde, y a sûrement pas un homme qui aura envie de moi."
Elle haussa les épaules, fataliste. C'était sûrement mieux ainsi. De cette manière, elle se concentrerait sur ses études, son travail et son possible apprentissage. L'amour, c'était beau, mais ce n'était sûrement pas pour elle. Néanmoins, l'histoire contée par Eldred la touchait. C'était si magnifique et touchant de le voir impliquée avec cette femme. Et elle, elle n'était que plus détestable de ne pas l'avoir défendu plus que cela. Cassandre se rapprocha pour l'enlacer.
"Allons, Eldred, t'as rien à te reprocher, moi, je dis ! Je te trouve même formidable à avoir pris le temps de l'écouter et de vouloir l'aider."
La suite de la conversation les mena à parler de l'autre abruti qui avait servi vingt ans de curé à Saint-Eustache. Cassandre blêmit d'apprendre que ce porc avait voulu abuser de la fille du baron. Il aurait mérité la corde, celui-là. Et au lieu de cela, il se promenait dans les rues.
"J'ai une amie qui a été agressé à l'église par ce curé. mais tu sais quoi? Elle, elle a été porté plainte ! Et c'est grâce à elle qu'on l'a enfin arrêté ! Mais c'st si nul qu'il n'était pas été pendu. La corde, y a rien de mieux pour les hommes comme ça. Comme si après toutes ces années, il pouvait changer ! Enfin.. Ne fais pas de bêtises quand même, Eldred. Si tu le tue, toi, tu seras exécuté pour meurtre. Et moi, ben, je t'interdis de mourir !"
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Cassandre bondit hors de son promontoire pour se saisir de sa pelle. Un peu surpris d’abord, il esquissa finalement un petit sourire : ce n’était pas un manche en bois qui risquait de lui faire bien mal, mais soit, elle n’avait pas tort : ça ne servait à rien. Quant au reste, elle semblait surprise d’apprendre son point de vue au sujet des nobles et des esclaves. Il haussa les épaules et appuya de nouveau d’un signe de la tête pour confirmer ses dires. Il souffla avec amertume lorsqu’elle évoqua la belle histoire d’Alduis et Alexandre. Pour un peu il s’en étranglerait presque. Il pouvait vraiment s’estimer heureux de ne pas avoir blessé son ami outre mesure. Il secoua la tête.
— Ils sont plus ensemble Cassandre. Je connais pas les détails. Mais je pense que le rat à trois pattes en a profité d’une façon ou d’une autre. Enfin bref, Alduis ne veut plus le voir et son père va le marier. Alors tu vois, ça ne marche pas. Ca n’apporte que des problèmes dans un sens comme dans l’autre. Quant à toi, ma petite sauvageonne, nous en reparlerons dans quelques années !
Il était sûr au contraire qu’elle trouverait bien un jeune homme assez téméraire pour s’en approcher. L’espace d’un instant, il se prie à rêver qu’il aurait pu venir de son pays et même s’y rendre avec elle. Il aurait aimé pouvoir l’emmener à Zakros et lui faire découvrir tous ces paysages dont il avait tant parlé ainsi que ses habitants fiers et simples à la fois. Il chassa finalement ses espoirs pour lui raconter comment à elle aussi il avait partagé ses souvenirs et bien plus encore. La remarque de Cassandre fut la cerise sur le gâteau. Il l’attrapa et la serra contre lui.
— Tu m’as tellement manqué, murmura-t-il en passant une main dans ses cheveux.
En fait, il avait bien cru ne plus la revoir. Après tout leurs dernières discussions avaient eu tout l’air de la bataille et cela s’était bien mal terminé. Pouvoir la retrouver et l’enlacer avait quelque chose d’inespéré. Il la conserva dans ses bras le temps de parler de cette merde de troll de curé. Il lui sembla identifier l’amie en question, mais Eldred n’en dit rien. Il n’avait pas particulièrement envie de s’attarder sur cette histoire qui lui rappelait Lavinia. Il haussa les épaules et embrassa son front.
— Il suffit de ne pas être pris, c’est tout. Ce n’était pas comme si qui que ce soit se souciait de lui, de toute façon.
Ni comme si c’était la première fois qu’il aurait à le faire. Quoique c’était toujours différent de tuer de sang froid que de le faire lors d’une bataille.
— Cassandre ? Il faut que je te dise… Je vais partir avec Alduis pour la prochaine campagne.
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"C'est surtout Alexandre le problème, dans ce cas-là. Je l'ai vu le mois dernier. Il nettoyait les latrines du château de Fromart. J'ai failli me pisser dessus tant ça m'a fait rire. Moi, je dis que Coldris aurait été plus inspiré de lui faire collecter du fumier : il aurait retrouvé des membres de sa famille !"
Elle fronça les sourcils, boudeuse, alors qu'Eldred semblait prétendre que la situation pourrait évoluer avec le temps. Come si son sale caractère évoluerait ! Elle pouvait acquérir de bonnes manières, mais cela ne changerait pas son attitude et ses opinions. Sans compter que les hommes préféraient bien souvent une femme docile, qui ne leur répondait pas. Elle préféra ne pas insister et balaya la remarque d'un haussement des épaules C'était finalement bien mieux de revenir sur cette histoire avec la méchante noble qui avait causé du tort à Eldred. Elle s'attacha à le réconforter et ce dernier l'enlaça avant de lui embrasser le front. Sa tête se tourna un court instant pou masquer sa gêne.
"Tu.. Tu m'as manqué aussi."
Elle préféra cependant revenir au sujet initial, peu portée sur l'expression des sentiments, et l'agression décrite lui fit aussitôt songer à celle d'Eléonore. Celle qui avait pu mettre un terme à ses actes infâmes grâce à son courage. Cassandre frémit en entendant Eldred évoquer le désir de tuer ce porc. Ce ne serait pas une mauvaise chose, certes, mais elle ne voulait pas le voir châtié en retour.
"Fais quand même bien attention et évite les ennuis. Au pire, invite-le à Frenn. On fera disparaître son corps dans une des fermes.
Brusquement, l'annonce qui vint la laissa tétanisée. La respiration sifflante, elle l'observa, pantoise, incertaine d'avoir compris, puis recula, subitement effrayée. La fillette secoua la tête et se mit à gémir.
"Non... Non, je veux pas que tu t'en ailles, Eldred ! Et pas pour ça ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas que tu meures ! Pourquoi vous voulez donc tous combattre, vous les hommes ? Il y a quoi de si héroïque à tuer d'autres hommes ? C'est... C'est pas gentil "
Malgré elle, de grosses larmes commencèrent à ruisseler le long de ses joues et elle ne pouvait pas les arrêter. Elle savait que ce n'était pas un mensonge. Il allait partir. Eldred allait partir. Et peut-être mourir. Elle renifla bruyamment, puis soudain jailit pour s'accrocher à la taille du zarkotien.
"S'il te plaît, reste avec moi ! S'il te plat ! S'il te plait !"
Re: [25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
Il n’était plus ensemble et c’était tant mieux. Eldred n’avait jamais apprécié Alexandre et lui avait toujours trouvé une certaine fourberie. Alduis méritait tellement mieux. Il haussa un sourcil à la mention des latrines avant d’émettre un petit rire.
—Et depuis quand t’appelles le vicomte par son prénom, toi ? demanda-t-il intrigué. Ou comment réalisé qu’il s’était passé bien des choses depuis leurs derniers bavardages en date.
Ah ! Elle pouvait penser ce qu’elle voulait, mais elle finirait sans doute par changer. Elle avait déjà un peu évolué d’ailleurs depuis la dernière fois. Il n’était pourtant pas question de trop le lui faire remarquer. Il préférait se concentrer sur le présent, plutôt que sur le passé ou le futur. Et l’enlacer était un bon point de départ. Il la serra dans ses bras heureux de la retrouver, comme sa presque-fille qu’elle pouvait être. Sa gêne l’amusa plus qu’il ne s’en étonna. Pour ce qui était du curé, il n’était pas question de le faire à Frenn. Il avait causé assez de problème au domaine et puis il ne comptait pas non plus aller le chercher où qu’il se terre à l’heure actuelle.
De là, il fut temps d’évoquer son départ pour Djerdan. Cassandre recula brusquement, laissant ses bras vides de sa présence. Il soupira et ils retombèrent le long de son corps. Il entrouvrit la bouche pour répondre, mais elle enchaina sans qu’il ne puisse s’immiscer dans son flot de paroles. Les larmes commencèrent à déborder de ses yeux et Eldred sentit son cœur se presser comme une orange. Elle s’accrocha à sa taille, il s’accroupit pour la prendre par les épaules.
— Je n’y vais pas pour mourir, Cassandre, d’accord ? Au contraire, j’espère bien revenir vivant et je comprends que tu sois inquiètes. Il ne pouvait pas même lui promettre de revenir ou même de revenir indemne. Cela aurait été mentir. C’est juste que… Tu sais Cassandre, je suis un guerrier, je ne suis pas fait pour rester ici à couper du bois et si je dois mourir quelque part, je préfère que ce soit comme ça. C’est la plus belle mort pour un Zakrotien.
Il laissa tomber sa tête contre son front. C’était idiot. Elle ne pouvait pas comprendre cela.
— Je veux juste y aller avec Alduis. C’est important.
Parce que c’était ainsi que tout avait commencé et qu’il voulait pouvoir partager cela avec son meilleur ami aussi étrange que cette déclaration puisse paraitre.
Re: [25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
"Je l'ai croisé de temps en temps, surtout un jour où je cherchais à voir Alduis. Il a été assez admiratif de ma manière de me faufiler dans son château sans me faire prendre par la garde et m'a demandé de porter des messages à ses maîtresses. En échange, il devait s'occuper de mon affranchissement."
C'était n résumé grossier, mais l'essentiel s'y trouvait. Personne n'avait besoin de savoir qu'il l'avait trainé dans les cachots et l'avait giflé devant son insolence. Cela resterait entre eux. A moins que le ministre ne décidait à l'éventer. Mais elle doutait. Coldris était aussi discret qu'elle. Elle poursuivit calmement :
"Nous avons parfois discuté et il est plus agréable à fréquenter dans un salon que quand il intervient dans la scène publique. Lui et moi, nous avons... quelques ressemblances. En parlant de la religion, il a fini par me prêter un livre. Un livre qui st trop bien ! Puis, en remarquant mon odorat développé, il m'a même proposé de m'aider à trouver un apprentissage en parfumerie."
A cette pensée, Cassandre baisas la tête, amère. par sa propre stupidité, elle avait perdu toute chance de discuter à nouveau amicalement avec Coldris. Il ne lui pardonnerait jamais. Elle murmura tristement :
"Il ne voudra plus me voir. Comme Alduis."
Leur conversation semblait érsolue à se poursuivre sur des sujets douloureux car Eldred lui révéla son intention de partir à la prochaine campagne avec Alduis. Faire la guerre, c'était bien une pensée absurde que seuls les hommes sauraient avoir. Quelle idée que de vouloir aller massacrer des gens qui ne demandaient rien. Tout ceci pour annexer un territoire de plus. Elle poussa un profond soupir. Quoique elle dise, elle le persuaderait pas. Ce n'était pas juste. Elle marmonna, bougonne :
"Ben, vous les zarkotiens, vous êtes aussi bêtes que les monbriniens."
De toute façon, tout était déjà décidé. Cela ne servait à rien d'en parler. Cassandre se décida à changer de sujet. Quelque chose de plus gai. Elle réfléchit un instant, puis se remémora de la fameuse histoire au pilori grâce à Mésange. Un sourire malicieux flotta aussi sur son visage.
"Dis, Eldred, tu connais la fable du curé et des rats ?"
Re: [25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
Aussi drôle que cela puisse paraitre, Eldred se sentait particulièrement dubitatif à sa fable. Il imaginait mal le père d’Alduis se réjouir de découvrir quelqu’un illégalement dans sa demeure. Le baron lui-même n’avait pas apprécié cela en septembre, alors le vicomte n’en parlons pas. Il se doutait bien que cela ne s’était pas passé aussi bien qu’elle le disait et ne manqua pas de grimacer en désapprobation. En revanche, la fin ressemblait plus au ministre : il y avait à coup sûr trouvé un avantage quelconque pour l’acquitter de la corde. Il soupira profondément, songeant que la leçon ne lui avait visiblement pas servi.
Il avait du mal à les imaginer discuter autour d’une tasse de thé ou n’importe quoi d’autre. Cela semblait improbable. Lui-même s’était toujours bien gardé de s’approcher de trop près lorsqu’il venait à Fromart. Il arqua un sourcil : il lui avait prêté un livre ? Oh il avait certainement une idée tordue derrière la tête. Il ne faisait jamais rien au hasard. Quelle qu’elle soit, il y avait une raison quelque part.
— Un apprentissage ? répéta-t-il intrigué.
Elle semblait sincèrement affectée à l’idée de ne plus les revoir. Eldred haussa les épaules.
— Présente tes excuses et laisse l’eau couler sous les ponts. Tu verras plus tard. Rien ne t’empêchera de les revoir quand tout sera derrière. Pour l’instant, il faut patienter.
Pour ce qui était d’Alduis, il pourrait sans doute plaider son cas dans une certaine mesure. Quant à son père, c’est une autre histoire. Il n’irait pas mettre son nez jusque là dans les affaires de Fromart. Il lui sembla que le moment était venu de lui confier qu’il partirait pour Djerdan avec Alduis. Évidemment, elle n’était pas réjouie à l’idée, mais c’était ainsi. Elle ne pourrait de toute façon pas comprendre à quel point cela pouvait lui tenir à cœur. Il haussa simplement les épaules à ses bougonneries avant qu’elle ne décide de changer de sujet.
— Euh… Non, répondit-il avec une certaine méfiance.
Dans quel genre de récit était-il en train de s’embarquer ? Il pressentait que cela devait impliquer l’autre parasite, mais…
Re: [25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
"Au début, j'étais assez sceptique. Je ne n'étais pas sûre de ce que ça pourrait m'apporter. Mais en me renseignant, j'ai découvert ce que c'était la parfumerie. Ca a l'air vraiment fascinant ! Je veux essayer ! Madame la baronne m'a dit qu'elle m'aiderait à y entrer dans quelques années si j'étais toujours intéressée !"
Son intonation, devenue toute joyeuse, chuta rapidement en réalisant soudainement que ce ne serait pas Coldris qui lui ouvrirait la porte. Qu'il ne ferait plus rien pour elle. Qu'il ne voudrait même ne plus jamais la revoir. Tout s'était terminée à cause de quelques mots, en quelques minutes. Eldred lui conseillait de présenter des excuses, mais elle doutait que ce soit efficace. Surtout avec Alduis.
"Alduis ne pardonnera jamais quiconque a blessé sa sœur. Il.. Il m'a même dit que la prochaine fois il m'ouvrirait le ventre."
Et il en était parfaitement capable. Elle n'en doutait pas une seconde. Elle préférait ainsi rester loin de lui, très loin plutôt qu'à risquer un coup de sang mortel.
Sur cela, Eldred aborda son projet de participer à la prochaine campagne, ce qui ne le réjouissait pas du tout. Il était malheureusement trop têtu pour revenir sur sa décision. Elle préféra changer de sujet et l'histoire racontée par Mésange apporterait plus de gaieté. Eldred paraissait méfiant. Elle sourit, espiègle. quelle idée ! Cela allait être au contraire un grand moment de joie. Cassandre entonna d'une voix forte touten prenant une intonation qui se voulait triste avec une touche comique.
"Il était une fois, un pauvre curé.
Il était bien malheureux, car,
Il aimait les femmes, mais,
Elles ne lui rendaient pas comme lui le voulait.
Quelle tristesse !"
Tout le long de sa récitation entièrement improvisée, Cassandre mima des expressions penaudes, comme ferait un bênet qui ne comprenait jamais rien. Elle se laissa ensuite tomber à genoux et passa les mains dans son dos, comme si celles-ci étaient liées.
"Des femmes le dénoncèrent.
De mauvaise mœurs, elles l'accusèrent.
Le pauvre curé se crut perdu.
Allait-il être pendu ?"
Cassandre joua le regard désespéré qui fixait le ciel, puis ouvrit la bouche d'effarement.
"Non, Dieu existait.
Et il était bon avec lui.
Toujours avec le curé,
Jamais avec les victimes.
Il le libéra de la corde.
Il lui offrit un travail.
Il lui donna même même une maison.
Tout allait bien."
Cassandre se releva brusquement, donnant l'impression de saluer, comme à la fin d'un spectacle, lorsque son visage devint sévère.
"Mais le curé était idiot.
Il insulta la maisonnée qui le logeait.
Il en fut chassé.
Quel idiot !
Il trouva refuge dans un asile.
En faisant pitié.
Et il exploita un petit garçon.
Quel idiot !"
Cassandre réprima un rire qui la gagna alors qu'elle adopta une posture menaçante, le bras tendu vers le ciel.
"Une fillette vint un jour au logis.
Elle vit toute la scène.
Elle s'indigna.
Le curé la fixa.
Des rats couraient sur ses épaules.
Il tomba au sol.
Il crut sa fin proche.
Il crut que la fillette était un ange céleste.
Il la supplia, la supplia, la supplia...
Maligne, la fillette usa de son avantage.
Elle fit jurer au curé de devenir gentil.
Maintenant, il obéit docilement,
Hanté par l'ange aux rats qui pourrait bien revenir."
Sur cette conclusion, Cassandre salua enfin son public, follement amusée par as déclamation. Elle croisa alors le regard d'Eldred.
"Alors, tu as aimé ma fable ?"
Re: [25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
Eldred l’écouta avec curiosité au sujet de l’apprentissage que lui avait proposé le ministre. Il étira un sourire face à son enthousiasme retrouvé. C’était bien qu’elle ait une voie qui l’intéresse et des appuis pour y arriver. A son âge, elle avait encore toute la vie devant elle.
— Alors vas-y fonce, ma petite valkyrie ! l’encouragea-t-il.
Il se rappelait combien il avait pu adorer découvrir le travail du fer à peu près à son âge, ça ne l’avait jamais quitté, et souvent ça lui manquait, comme lorsqu’il avait sculpté la dague d’Alduis… Son ami revint bientôt sur le tapis effaçant toute jovialité du visage de sa petite valkyrie.
— Il m’écoutera, se contenta-t-il de répondre.
Ils évoquèrent ensuite son départ prochain pour Djerdan où il accompagnerait Alduis. Cassandre préféra changer de sujet pour lui parler de ce sac à foutre de vinasse. Il connaissait bien le début de la fable, mais il devait reconnaitre que son jeu était pour le moins amusant. La suite l’intrigua. Alors il avait été hébergé par quelqu’un d’assez naïf pour croire aux changements ? Il esquissa un sourire qui se mua en rire rauque dès la dernière strophe en imaginant la scène. Il applaudit vigoureusement lorsqu’elle salua son public.
— A défaut tu pourras toujours faire saltimbanque !
Il rit de nouveau avant de s’essuyer ses grands yeux bruns. Il enlaça une nouvelle fois simplement, car il était heureux.
— Ah Cassandre ! s’exclama-t-il soudainement comme s’il se rappelait de ce qu’il devait lui dire. Il faut que je te dise… Il y a comme une légère incompréhension avec William… En fait, il s’est persuadé qu’Alduis et moi...
Re: [25 Février 1598] Premiers pas dans le nouvaeu domaine [Terminé]
"Pourquoi pas ? En plus, moi, l'excommunication, même pas peur !"
Eldred la prit dans ses bras avant de vouloir lui annoncer quelque chose au sujet de William. Elle l'écouta, attentive, soucieuse de retenir la moindre information, lorsque son esprit eut deviné la fin avant la fin de la phrase. La fillette pouffa de rire.
"Que vous baisez ensemble ?"
Espiègle, elle retourna se percher sur la stalle et le fixa avec amusement.
"Va falloir m'expliquer en détail comment t'en es venu à baiser Alduis !"
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