[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé]

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Message par Le Cent-Visages Jeu 5 Mar - 18:30

[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Dzocor11

Baptisée de centaines de lumières haut-perchées, l'immense salle de cérémonie rayonnait de couleurs, de richesses, de chandelles, de boiseries en caissons ciselées comme pierre précieuse. L'architecture offrait à l'ensemble un ordre qui reflétait la politique de Sa Majesté Gérald Der Ragascorn. Une impeccable symétrie agençait les gigantesques lustres d'acier forgé, ainsi que les tableaux célébrant les prouesses du dirigeant. La toile maîtresse, accrochée au plus grand mur, s'étendait du sol au plafond. Elle montrait Dieu le Père, assis au cœur de ses nuages à volutes, accompagné d'un cortège d'anges dont l'un remettait en main propre son sceptre au roi de Monbrina. Autour du souverain, des figures agenouillées tels les Mages aux pieds de l'Enfant Jésus déposaient pierres précieuses, épices et autres ressources que l'on devinait celles des pays annexés. Plus loin, une fresque non moins frappante donnait un air d'Héraclès au monarque, qui arborait une peau de lion tombant jusqu'à ses pieds. Derrière lui gisaient les monstres vaincus : hydre, oiseaux carnassiers, chien à trois têtes… Savoureux paradoxe pour qui connaissait la passion du monarque pour les monstres humains.
Défilaient statues et colonnes, sagement disposées suivant l'Antique nombre d'Or. Des dizaines de miroirs, courant sur les deux côtés de couloirs entiers, renvoyait à chacun son image tout en vous intégrant au tableau. Des foules d'yeux se croisaient, se scrutaient, se saluaient avec plus ou moins de sincérité, dans le panier de crabes de cette haute société conviée ce soir. On conversait en petit groupes. Seule demeurait silencieuse l'armée de domestiques - parfois même des esclaves - aux petites mains actives et aux gestes soumis à l'exigence de la discrétion.

Ces Dames corsetées évoluaient dans des robes aux vertugadins plus ou moins larges, où cascadaient broderies, perles et fils d'or. Quant aux Seigneurs, certains aimaient se couvrir d'autant de bijoux que leurs consœurs. D'autres au contraire affichaient l'austérité d'antan, qu'ils semblaient porter comme le plus beau des atours. Visages fardés, mouches, rouges à lèvres, chapeaux rivalisaient dans les gestes et mots courtois.
Un non habitué risquait de se sentir tourner la tête, à cause d'une farandole de parfums. Pris séparément, ces esprits de musc, de girofle, eaux de civette et autres recettes charmaient les sens. Leur réunion toutefois convoquait une étrange ivresse. Gants et sachets odoriférants, placés partout sous les vêtements, tentaient de combattre les puissantes odeurs corporelles - à la place de l'eau à laquelle on prêtait tant de vices.

On sirotait des alcools. On s'ouvrait l'appétit par de mini-tourtes et gourmandises déjà à disposition le long d'interminables tables - toutes saveurs, toutes températures, toutes teintes confondues. Près des meubles recouverts de ces mets à l'abondance infinie, des valets se tenaient debout, immobiles tels des meubles. Certains portaient des chandeliers qui offraient son lot de lumière supplémentaire à l'espace des agapes. Un orchestre agrémentait le tout de tambourins endiablées, de gavottes, de canaries.
Dans cette ambiance luxueuses, les convives arrivaient les uns après les autres, étaient annoncés par le portier. Chacun conversait en attendant que Sa Majesté fît son apparition et ouvrît officiellement la soirée. Tous l'attendaient. Et tous guettaient presque autant l'apparition des généraux dont on entendrait les récits.
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Message par Irène d'Aubeville Jeu 5 Mar - 21:03


[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Joseph avait ri tout le chemin en voyant les deux jeunes gens bavarder tout le long du chemin comme des enfants qui s'apprêtaient à recevoir des bons. Il riait encore un peu mais songea aux bonnes manières enseignées par sa mère en entrant dans la salle. Il attendit l'annonce du portier sagement avant d'entrer.


[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Bzolyl10

Bélyl Cassin, 16 ans

Bélyl ne pouvait pas contenir son excitation. Elle allait faire son grand début à la cour. Elle se sentait cependant un peu anxieuse. Néanmoins, elle tentait de bien mettre en pratique tout ce que sa mère lui avait enseigné. Elle serait gracieuse, belle et sage. Elle serait digne de son père et de sa victoire. De plus, elle avait Tristan à ses côtés. Il l'avait coiffée, avait joué avec ses bijoux pour attacher des mèches et de petites tresses. Elle avait mal retenu un cri d'admiration lorsqu'elle avait enfin ouvert le yeux devant la glace. Avec sa toute nouvelle robe, une de celle que sa tante Irène avait cousu elle-même avec de splendides motifs bleutés en ombres. Elle souriait, lumineuse avec son chaperon à ses côtés. La soirée promettait d'être belle.
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Message par Le Cent-Visages Ven 6 Mar - 10:51

Spoiler:

[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Une fête au palais. Il avait peine à y croire ; Messire Joseph et Mademoiselle Bélyl l'avaient emmené à des agapes royales. Jamais de sa vie le gosse des rues qu'il était encore quelques semaines auparavant - ni l'esclave qu'il était devenu - n'aurait envisagé cela. Durant tout le trajet passé dans le carrosse en compagnie de ses propriétaires, Tristan avait tenté d'étouffer sa tempête d'émotions contradictoires en riant avec Bélyl, en causant de tout et de rien, en jouant parfois. Elle autorisait le petit esclave à tout cela, aussi ne s'était-il pas fait prier. Quelle chance insolente que d'être tombé dans la si généreuse famille de Dame Irène en guise de maîtres ! L'effroyable cardinal semblait le seul mouton noir de cette maison... Ses coups de fouet cuisaient encore le dos de Tristan - et cela n'était rien à côté de ses théories d'inquisiteur.
Pour l'heure, sous le crâne du garçon tournoyaient tant de sensations ! La fascination bien sûr - celle que générait une soirée dans un palais... avec tous ces êtres qu'il imaginait presque irréels, voisins du Soleil, à des années-lumière des petites gens. La crainte, aussi. Celle de n'être tellement pas à sa place parmi ces Grands aux ombres infinies, écrasantes. Celle aussi de revoir le Roi... devant qui le Cardinal l'avait traîné quelques jours plus tôt, pour démontrer son "caractère démoniaque"... Heureusement, le monarque n'avait pas semblé convaincu.

Ils entraient maintenant dans la gigantesque salle des fêtes. Tristan se tenait tout timide entre le Général et Bélyl. Il aurait souhaité devenir chat. Ou mieux : souris. Ou ombre. Un ouvreur de cérémonie annonça de sa voix puissante :

-- Messire le Général Joseph Cassin et Mademoiselle Bélyl Cassin !

Tristan venait de traverser les ailes fonctionnelles du palais, dont l'immensité l'avait déjà impressionné. Il goûtait maintenant à la splendeur de l'endroit où il pénétrait, derrière ses "propriétaires". Les lumières de bougies, de reflets, de cristaux qu'il ne pouvait même pas compter attiraient ses pupilles joueuses. Elles lui rappelaient les trous dans le tissu du ciel, où il aimait plonger les soirs sans nuage. Le garçon ralentit pour suivre le chemin constellé que traçaient ces lueurs, sans ciller, à s'en éblouir, persistant jusqu'au bord de la douleur, jusqu'à troubler sa perception des teintes. S'imprégner d'une nouvelle palette, aux couleurs magiciennes, aux ombres dansantes qui flottaient en réaction à tant d'éclat, séduisantes de mystère.
Ivre, il ne plissa les paupières sur son regard brûlant que lorsqu'il se sentit juste un peu trop engagé dans le remous. Tristan s'arrêta, se ressaisit puis revint au parterre lui aussi grouillant. Ça clignotait autour. Tant de couleurs fauves, de formes infinies prises par le mobilier ! La pièce s'étirait dans des proportions plus adaptées à des géants qu'à de simples hommes. Il se surprit à voir le long du mur tout au fond, une faille se tordre et pousser, discrète mais d'autant plus dangereuse au milieu de ces vertigineuses grandeurs. Il ferma, rouvrit les yeux. La vision s'était éteinte.
Le garçon tourna la tête et observa tous ceux qui allaient, venaient et ne manquaient pas de lui jeter eux aussi des regards sans réserve chargés de l'habituelle surprise - voyeuriste... Ces messieurs et dames luisaient tels des astres qui se seraient décrochés de là-haut. Tout semblait couler à profusion, rien ne répondait à des nécessités vitales. Des salles entières de gratuité esthétique ! Le mémoire-palette du garçon dévora statues, fresques, plafonds, somptueux habits. Une farandole de senteurs, dégagées par les parfums et les gourmandises que des maîtres queux portaient aux salons, troublait ses narines. Comment tout ceci pouvait-il exister en un seul lieu, quand la faim menaçait tant ailleurs ?!

Les convives auraient de quoi s'intriguer de la vue de son fragile corps-souffle, monté sur roues. De pied en cap un morceau de mystère, au raffinement félin qui s'ignorait, et dont il était très difficile de dire s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille. Joues creusées par la pauvreté. Chevelure châtain-rousse en broussaille - mariée en ce jour à la belle tunique que les Cassin lui avaient permis de porter et dans laquelle il ne ressemblait même plus à un esclave.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Sam 7 Mar - 11:54

Spoiler:

La soirée qui s'annonce laisse Dyonis mitigé. Il sera satisfait de revoir quelques nobles connaissances et de s'entretenir avec les deux généraux à l'honneur. Joseph Cassin a bonne réputation, loin de son odieux cardinal et inquisiteur de frère. Le Premier Conseiller sait cependant que les récits allaient être en demi-teinte : autant il y a une brillante victoire à célébrer (sur Mornoy), autant les premières frappes menées contre Djerdan avaient été un échec pour les armées monbriniennes. Il allait falloir discuter stratégie. Et surtout, au fond de lui, le seigneur de Frenn se demande comment le roi va justifier d'avoir rompu ce pacte de non-agression ! Avec toute la dévotion que le baron a pour le service de son monarque et de Monbrina, il reste sceptique sur un pareil choix : avoir les yeux plus gros que le ventre, ça a fini par perdre de grands empires.
Dyonis a songé à tout cela sur le trajet, entre deux lectures de courriers (car il est comme ça, il ne s'arrête que rarement dans son travail et met à profit les déplacements). Il n'a guère prêté attention à Aud et Eldred sur le banc en face. Avec tout le temps qui est laissé disponible à ce dernier pour les leçons d'armes auprès de sa nièce (mais comme en ce jour elle était occupée), le baron a décidé que c'est lui qui l'accompagnerait. Son handicap lui impose d'avoir en permanence quelqu'un pour le servir dans toute une série de petites choses. Ne serait-ce que retirer son manteau, ou prendre en main quelque chose qu'on voudrait lui montrer et que lui risquerait de laisser tomber, ou couper de la nourriture avant que Dyonis ne la pique de son crochet. Quant à Aud, après qu'elle ait connu les abominations du château de Rottenberg, le seigneur de Frenn s'est dit que ce petit geste de l'emmener ce soir pourrait éventuellement la rassurer et être une façon de lui montrer confiance ? D'autant que cette adolescente a l'air d'une docilité sans faille. Alors pourquoi pas.

Attelage garé, marches montées et présentations faites, le seigneur entre dans la grande salle de réception. Il lève un temps les yeux au ciel, piqué de toutes ces bougies. La décoration de Sa Majesté est quelque peu chargée pour lui, mais soit : il faut faire symbole. Et elle n'est pas non plus outrancière, avec cette régularité à l'antique dans les colonnades et les proportions. Un huissier l'annonce :

"Messire Dyonis, baron Howksley de Frenn et Premier Conseiller du Roi."

Roi qui a l'air de se faire attendre. On s'incline devant Dyonis. Lui-même salue quelques messieurs, baise la main de quelques dames, prend des nouvelles. Il s'est piqué ce soir d'un costume sombre mais avec quelques légères broderies pourpre (soyons fous !) le long des boutons sagement rangé comme un bataillon.
Le seigneur de Frenn repère alors le général Cassin en compagnie d'une très jeune femme (sûrement sa fille) et s'avance aux devants de lui. Il lui sourit, incline le buste et :

"Général Cassin. C'est un honneur que d'être ce soir parmi les premier qui vont entendre vos récits." (Puis à Bélyl, en observant les gestes courtois d'usage) "Mademoiselle."

Son cœur rate un battement en découvrant, tout discret près d'eux... Tristan. N'était-il pas la propriété du cardinal, celui-là ?! Si possible reclus dans son domicile ? Que faisait-il là dans le beau monde ?! Dyonis reste de marbre et ne trahit rien, mais il voit le garçon sur son chariot comme une potentielle petite bombe s'il vient à ouvrir son clapet. D'autant qu'à en croire ses jolis habits, le général Cassin et sa fille le traitent très bien. Et s'il prenait la confiance et leur disait certaines choses... Bien sûr, la loi n'accorde absolument aucune validité au témoignage d'un esclave en Justice, sauf pris sous la question, mais dans le domicile de ces gens... si Tristan est apprécié et écouté... Dyonis reste souriant, ne trahissnt rien, et ignore complètement la drôle de silhouette androgyne de l'invalide.
Avec le grand bruit qu'il y a dans cette salle, de toutes parts, sûrement qu'Eldred et Aud un peu en retrait auront le loisir de s'échanger quelques paroles.
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Message par Eldred Kjaersen Sam 7 Mar - 19:14

Spoiler:

Ça y est, l'heure était venu de se rendre au Palais. Eldred se trouvait en compagnie d'une jeune esclave du château, Aud. Il n'avait pas encore eu l'occasion de faire sa connaissance. De ce qu'il savait, elle revenait de chez le fameux Ulysse de Rottenberg, le même qui "possédait" désormais Jérémie. Enfin quand il aurait remis la main dessus. En espérant que ce ne soit jamais.
Face à eux dans le carrosse, Dyonis, toujours aussi sévère et sérieux, lisait son courrier. Fin observateur, le zakrotien n'avait pas manqué de remarquer l'excentricité de la tenue qui comportait quelques broderies pourpre. Quelques chaos plus loin, la voiture se gara, il sortit, aida le baron et pénétra à sa suite dans le Palais après quelques formalités.

Son regard vagabonder entre les colonnes, peintures et autres décorations. Le moins que l'on puisse dire c'est que les lieux respiraient la "majesté". Il ne put non plus s'empêcher de remarquer les inspirations païenne de l'antiquité grecque. Les paroles de la petite Charlotte lui revinrent en mémoire.

Un royaume plein de contradiction et d'hypocrisie. Fier d'avoir la "vraie" religion, fier de crucifier les croyances différentes, mais qui s'expose en compagnie de figures païennes

Il suivit le seigneur de Frenn comme son ombre jusqu'à la salle de bal où il fut assailli par une multitude de couleurs et surtout d'odeurs.

Fiente de Troll ! Se couvrir de parfum hors de prix par peur de se laver...

Eldred eut du mal à retenir un haut-le-cœur tant les odeurs différentes lui donnaient la nausée. Ce n'était pas faute d'être habitué au sang et autres senteurs peu ragoûtantes mais le mélange captieux des parfums entêtants aux acres odeurs corporelles était proprement insoutenable. A croire que plus aucun n'avait d'odorat dans cette salle.

- Skítr*Merde* ne peut-il s'empêcher de laisser glisser entre ses dents.

Ce royaume si "avancé" ignorait tout des bains vapeurs et des sources chaudes. Comment ces gens pouvaient préférer vivre dans leur crasse?! Encore une absurdité de plus à l'image de ce royaume : crasseux et recouverts de beaux atours.

Eldred suivit le baron, il était son ombre, silencieux et à distance respectable, il surveillait le moment où il devrait le servir. En attendant il jeta un regard à sa silencieuse voisine au visage angélique.

Aussi douce et belle que Freyja songea-t-il

Il jeta un coup d'œil au Seigneur de Frenn qui semblait occupé à discuter.
- Eldred Kjaersen. Tu viens d'arriver? Il paraît que tu étais chez le fou de Rottenberg ?
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Message par Aud Sam 7 Mar - 21:07

Spoiler:

Tout était allé si vite depuis ce qui s’était passé chez le Duc de Rottenberg. C’était à y perdre pieds… Là elle se trouvait dans un carrosse en face de son nouveau propriétaire, à côté d’un autre homme – un esclave également – alors que quelques heures auparavant, elle était encore en train de s’habituer à la demeure de cauchemars du Duc. La présence de William était la seule preuve qu’elle avait pour se prouver que ce qu’elle avait vécu était réel : dans les cauchemars, il n’y avait pas de personne comme lui, chaleureuse et volontaire, si prompt à vouloir l’aider et prendre soin d’elle. Qu’allait-il devenir, maintenant ?

Quelques fois, elle s’était risquée à poser son regard sur le baron de Frenn, avec un millier de questions en tête, mais il était toujours si occupé à lire ses lettres. Alors… elle n’osait pas vraiment parler. De toute façon, elle ignorait quelle était la première chose qu’elle lui dirait. Devait-elle le remercier avant ou après lui avoir demandé pourquoi il l’avait prise à son service ? Et ensuite ? Elle n’était pas de ce genre d’esclave qu’on sortait, surtout pour une réception aussi importante que celle-là. Elle était une servante, du genre à nettoyer le sol, éplucher des légumes ou raccommoder des vêtements. D’ailleurs, elle jeta un œil à ce qu’elle portait… une robe sobre, digne de son statut de servante, mais propre, repassée, et sans trou. En plus, le tissu était agréable…

Elle revint alors sur le baron. Toujours aussi droit, avec une tenue aussi sombre que le jour où elle l’avait vu la première fois. Mais il était bien plus élégant, avec ses broderies pourpres. Il avait beaucoup d’allure…

Et puis son regard vint alors sur son voisin. Un curieux homme, lui aussi… qu’elle ne saurait pas définir. Il semblait lui aussi perdu dans ses pensées, et elle n’allait certainement briser le silence maintenant. La jeune femme attendit donc que leur véhicule s’arrête, veilla à ce que son nouveau maître descende dignement, aidé par son autre esclave, avant de l’accompagner derrière lui vers l’intérieur du palais. Tant de lumières d’un coup… et tous ces gens ! Personne ne faisait attention aux serviteurs, tous saluaient cependant le baron avec beaucoup de respect. Cela ressemblait à une histoire, un conte où tant de couleurs se mêlaient. Il y avait quelque chose de vivifiant dans l’air, et ce n’était pas l’odeur. Le petit mot de son voisin attira alors son attention. Au début, elle avait cru qu’il venait d’éternuer, mais… ça avait l’air d’un mot. Et elle sourit timidement, amusée.

Il ne devait pas être habitué, lui. Elle non plus, certes, mais elle connaissait ces odeurs, ces manies entre grandes gens à se parler avec des voix aigues et des rires. Cependant, ce qu’elle n’avait pas calculé, c’est qu’elle eut soudainement l’attention de son compagnon. Il se présenta, un peu familièrement, mais ça ne la dérangeait aucunement.

« Aud. » lui répondit-elle simplement, tendant la main vers son nouveau collègue. « Je ne suis pas réellement autorisée à dire du mal d’un précédent maître, mais… oui, je viens de chez le Duc de Rottenberg. Enfin… je n’y suis pas restée longtemps. »

C’était peut-être pour cela qu’elle était encore en vie et entière, maintenant qu’elle y pensait. Aucun doigt ne manquait à ses mains.

« Votre nom… Venez-vous de Zakros ? Vous parlez comme l’un d’entre eux, en tout cas ! Ce son, ‘‘ii’’ ou… ‘‘í’’… Pardonnez la prononciation. »
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Message par Eldred Kjaersen Dim 8 Mar - 22:10

Aud... Il nota le prénom dans son esprit tandis qu'elle lui tendait la main ce qui le déconcerta... Qu'attendait-elle de lui ? Eldred passa en revue les différentes options : attendait-elle un baisé main? Une simple poignée ? Il opta finalement pour cette dernière bien qu'il trouvait cela fort étrange de serrer cette si frêle main dans sa grosse paluche de forgeron.

Il aurait été difficile de donner une réponse plus neutre que celle-ci. Que devait-il en déduire ? Avait-elle rencontré Jérémie ? Il mourait d'envie de lui demander mais cette phrase si... enrobée avait eu pour effet d'activer sa méfiance naturelle. Il se contenta donc d'émettre un grognement d'acquiescement.

- On peut dire que tu as le sens de l'observation. Tu m'a entendu juré tout a l'heure, n'est-ce pas ?

Il fallait qu'il se montre plus prudent que ça. Heureusement que personne à part elle n'avait remarqué cette parole spontanée...

.- Et toi, tu es d'ici ? Comment t'es arrivée "là" ?

Là. Là en étant esclave. Le Zakrotien la détailla de la tête au pied. Contrairement aux autres esclaves qu'ils avaient croisés jusque là, Aud semblait s'accommoder de sa servitude. A la voir, on aurait clairement pu penser qu'elle était qu'une servante lambda et libre...

Que je sois avalé par Jormungand si un jour j'deviens pareil... songea-t-il.

Un coup d’œil à rapide au baron lui confirma qu'il était plongé dans une importante discussion. Il essaya d'en attraper quelques bribes et ne trouvant rien d'intéressant, reposa son attention sur la jeune femme.

- On dirait que ça te plaît d'être esclave... plaisanta-t-il afin de voir jusqu'où aller cette apparente acceptation de son état.
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Message par Aud Dim 8 Mar - 23:39

La jeune fille était ravie de voir qu’il acceptait sa main. Un simple geste, mais ici cela semblait se faire et elle aimait beaucoup cette habitude. Cela ressemblait à un signe de respect, d’égalité, d’amitié également. Eldred avait la main sûre et forte, et elle devinait assez rapidement que lui-même devait être comme ça, lui aussi.

« Je ne suis pas tant observatrice que ça, j’ai cru que vous éternuiez aussi… »

Ce n’était qu’un pari, mais elle était ravie d’avoir misé sur la bonne réponse. C’était si étrange de voir un zakrotien ici, avec elle, appartenant à la même personne. Il ressemblait à tout ce qu’on avait raconté sur son peuple natal : il était grand, large d’épaules, il avait des cicatrices, un peu de barbe, le teint clair… et il jurait dans une autre langue.

Avant tout ça, elle songeait qu’elle avait dû parler cette langue, elle aussi. Mais elle l’avait oubliée. Comme beaucoup d’autres choses.

« Moi aussi je suis de Zakros ! » lui répondit-elle, avec un grand sourire. « J’y suis née. »

En réalité, elle était vraiment ravie, et excitée à l’idée de rencontrer un homme pareil. C’était comme retrouver une partie de ses racines, mais vu son expression… et sa plaisanterie après… elle avait ressenti l’amertume qui semblait vraiment l’habiter. Il n’était pas esclave depuis longtemps, et peut-être détestait-il son maître, ou ceux qu’il avait eu avant le maître Dyonis de Frenn… Peut-être même la jugeait-il pour être aussi à l’aise avec son statut…

Le sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres s’effaça un peu.

« Parce que vous pensez que je l’ai choisi… ? »

Elle le regarda brièvement, avant de revenir reposer son attention sur son nouveau maître, au cas où il aurait besoin de ses services. Mais ce n’était nullement le cas : il discutait. Elle pouvait donc répondre encore à Eldred. Discrètement, bien sûr.

« Personne ne choisit cela, vous devriez le savoir. Mais parfois, avec le temps, on apprend à l’accepter. Et à avancer. Je ne pensais pas que ça vous dérangerait. »

Et puis son regard se releva à nouveau vers le zakrotien.

« Ce ne sont pas les monbriniens qui m’ont asservie, vous savez. » Elle souffla, décidant de ne pas se laisser atteindre par tout ça. « Et vous ? Quelle est votre histoire ? »
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Message par Eldred Kjaersen Lun 9 Mar - 12:29

Sa réponse l'amusa et un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Il remarqua qu'elle le détailler avec cette discrétion qui semblait naturelle chez elle. Peut-être n'avait-elle jamais vu de "barbares" ? Mais l'origine de cette curiosité était tout autre et Eldred ne pu cacher sa surprise.

Elle aussi était de Zakros ?! Il observa un peu mieux ses traits : ses longs cheveux blonds comme les blé, sa peau pâle... Il aurait dû s'en douter. Belle comme Freyja avait-il même pensé sans faire le lien. Elle était pourtant si jeune. Comment était-elle arrivée ici ? Elle semblait évoquer sa patrie d'origine comme un songe distant perdu dans les brumes de la nuit.
Elle y était née mais n'avait pas du y résider bien longtemps.

Eldred était perplexe comment pouvait-elle être esclave et si enthousiaste ?! Il décida donc de lui envoyer une petite pique afin d'en savoir plus sur son interlocutrice. Son sourire enjoué s'effaça et elle se referma aussitôt. Et il put sentir à sa voix que son cœur s'était serrée. La petite était visiblement sensible. Il l’écouta attentivement et compris qu'elle devait être une prise de guerre entre clans. Cela arrivait parfois. Certains clans ne prenaient que les hommes, d'autres prenaient les hommes et violaient les femmes et enfin d'autres encore embarquaient tout ceux qu'ils trouvaient.

- Penses-tu l'avoir accepter ou seulement t'être résignée ? Il posa son index sous sa clavicule et tapota légèrement.

- Que te dis ton cœur ? Crois-tu vraiment pouvoir accepter de ne pas t'appartenir ? De ne pas jouir de la plus élémentaire des libertés ?

Les Zakrotiens ne se résignaient jamais. Ils préféraient se battre jusqu'à la mort. Pourquoi vivre une vie qui ne nous appartenait pas quand on pouvait se battre pour sa liberté et festoyer avec le père des Dieux ?

- Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser. finit-il par dire en voyant son visage fermé.

- Je suis un prisonnier de guerre. J'ai combattu dans la dernière révolte et j'ai eu le malheur de rester en vie.

Même si maintenant, il commençait à entrevoir d'autres possibilités et qu'il se faisait même des alliés. Pouvait-on parler d'amis ? Il jugea néanmoins sage de garder pour lui ses questions sur Jérémie et de ne pas évoquer les autres rebelles... Ce n'était définitivement pas la bonne personne pour sa révolte. Tant pis.
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Message par Aud Lun 9 Mar - 13:15

Les questions d’Eldred ne convenaient pas à une réception comme celle-ci. Et si on l’entendait ? Il risquait de gros ennuis avec ce genre de réflexion à voix haute ! Elle aussi en avait, mais depuis le temps, elle avait appris à les penser plutôt qu’à les dire. Personne ne pouvait lire dans la tête des autres, et c’était tant mieux. Heureusement, son camarade semblait faire prendre de prudence en essayant de garder la voix basse, et ses gestes discrets. Du moins, autant que possible.

Elle qui était toute excitée de rencontrer quelqu’un comme lui, elle ne savait plus trop ce qu’elle devait penser à son sujet. La jeune fille avait la très désagréable impression d’être jugée à cause de son apparente résignation, alors qu’il ne savait rien d’elle. Comment pourrait-il se permettre une telle chose ? Elle, elle ne le voyait pas comme le sauvage que décrivait la population.

« Et qu’est-ce que la plus élémentaire des libertés, pour vous ? »

La liberté de penser ? Oh cela, elle n’avait besoin de la permission de personne pour en jouir, et cela n’avait jamais entaché son travail. On la voyait comme une fille docile, et elle l’était certainement… Car elle n’avait pas détesté ses maîtres, et elle n’avait pas non plus détesté faire le ménage ou du raccommodage.

Alors… oui, il l’avait blessée. Dans sa fierté. Il faisait bien de se sentir désolé.

« J’accepte vos excuses, mais je ne vous permets pas de me juger. Tout le monde n’a pas votre chance d’avoir connu la liberté avant la servitude. Certains doivent faire avec ce qu’ils ont, même si c’est trop peu pour vous. »

Si elle avait été libre, qu’aurait-elle fait ? Si elle était restée dans sa famille, sans ces raids, quelle aurait été sa vie ? Les souvenirs de cette époque étaient si flous, elle se demandait parfois si elle ne les avait pas inventés… Elle serait certainement devenue une servante, comme ici. Vu sa carrure, elle aurait fait une mauvaise guerrière. Et elle ne se trouvait pas d’une grande beauté, alors elle n’aurait pas trouvé de mari. Alors une servante. Peut-être libre, mais une servante quand même. Et les petites gens comme les domestiques n’avaient pas forcément beaucoup plus de droits que les esclaves.

Enfin, tout ceci était purement hypothétique. On ne refaisait pas le passé, et il fallait donc avancer. Beaucoup de ses semblables semblaient trop focalisés sur leurs malheurs pour réellement faire un pas devant. Était-ce le cas d’Eldred ? Elle ne pouvait pas imaginer ce que ça faisait, d’être un prisonnier de guerre. Pour cela, il faudrait connaître la guerre, et elle en était bien loin. Pourtant, elle pouvait essayer de comprendre, de se mettre à sa place. Il devait aimer Zakros, il en avait tout l’air. Il semblait être un homme fier, digne. Et être capturé, être en vie, asservi, ça devait être la pire chose qui lui soit arrivée…

Il regrettait d’être en vie. Cette simple pensée serra le cœur d’Aud plus fort que les précédents mots du zakrotien. Être en vie, c’était la base du futur ! On ne pouvait pas avancer quand on est mort.

« Ce n’est pas un malheur que vous soyez en vie, vous savez… Cela vous donnera l’opportunité de retourner un jour chez vous. »
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Message par Eldred Kjaersen Lun 9 Mar - 14:07

Ce qu'était la plus élémentaire des libertés ? Il n'avait même pas besoin d'y réfléchir pour lui répondre de tac au tac :

- La liberté d'être. Nous sommes rien d'autres que du bétail humain, Aud. grogna-t-il entre ses dents alors qu'un éclat de rire se fit entendre au même moment.

La liberté de pouvoir faire ce que l'on voulait quand on voulait sans se soucier de perdre un doigt ou plus pour une parole malheureuse. Elle n'avait sans doute pas connu grand chose d'autres que la servitude dans toute sa vie pour réagir comme ça. La liberté même devait être un concept parfaitement abstrait pour elle. Il décida donc de s'excuser et ses excuses furent acceptées.

C'est vrai, il ne pouvait pas vraiment comprendre ce qui l'animait, c'était tout simplement hors de sa portée. Eldred avait toujours chérit sa liberté. Il avait connu une enfance loin de l'hégémonie monbrinienne à courir dans les Landes et les forêts de résineux. Il avait toujours été habité par liberté. C'était aussi naturel que de respirer pour lui. Et là, l'air été vicié.
Il ne pouvait pas se vanter d'avoir l'oeil d'Odin mais vraiment... Comment pouvait-on "faire avec"?! Il songea à la petite Charlotte si mâture malgré son jeune âge et sa servitude d'une vie. Elle, ne faisait pas avec ou tout du moins était prête à tout risquer pour obtenir la liberté qu'elle n'avait jamais eu. Ce n'était donc pas qu'une question d'histoire personnelle mais aussi de tempérament... Il décida cependant de ne pas relancer le débat : si quelqu'un surprenait cette conversation cela risquait de bien mal finir tant pour l'un que pour l'autre et il voyait bien qu'elle n'était pas prête à entendre raison.

Le zakrotien préféra donc lui raconter son arrivée à Monbrina. Il lui épargna les détails sanglants de la marche et sa livraison en cage et enchaîné jusqu'au lieu de vente. Il lui épargna également les sordides détails comme les coups répétés, les prisonniers laissés pour morts aux corbeaux sur le bord de la route. Un jour, il lui raconterait sans doute cela, si elle souhaitait connaître les détails mais pour l'heure c'était inutile. Sa réponse le fit sourire et il se contenta de répondre un énigmatique :

- J'ai déjà prévu de rentrer chez moi.
Vif et en héros ou mort et en héros. Mais je rentrerai.

La réponse d'Aud montrait bien à quel point, elle devait tout ignorer de son propre peuple, n'importe quel zakrotien aurait immédiatement compris la déception qu'il pouvait y avoir à rester en vie. Où était son frère d'armes d'ailleurs? Avait-il guéri ? Était-il toujours en vie? Il pourrait bien être l'une des personnes sur qui comptait, si on pouvait remettre la main sur lui...

- J'ignore ce que tu connais de nos coutumes et croyances. Mais tu sais, un zakrotien préférera toujours mourir l'épée à la main que dans son lit après une vie d'ennuis.

Il aurait voulu lui parler des vrais dieux, d'Asgard, des Géants, du serpent-monde, de Ragnarok mais ce n'était définitivement pas le lieu.

- Et puis là bas, les femmes sont libres de manier l'épée autant que le fuseau. Elles sont libres de choisir le mari et même de s'en séparer si les choses se passent males. Un vrai pays de sauvage tu vois conclut-il d'un éclat de rire.

Il espérait au moins ainsi se couvrir d'éventuelles oreilles indiscrètes qui auraient l'idée de s'intéresser de trop près à une conversation entre deux esclaves.

Son ventre gargouilla. Il regretta soudainement sa fierté mal placé qui l'avait poussé à refuser la brioche de la petite Charlotte.
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Message par Aud Lun 9 Mar - 15:03

Du bétail humain… Il avait raison. Elle n’avait jamais été autre chose que cela, mais à quoi bon nourrir des pensées de frustration et de colère ? À défaut de ne pouvoir être autre chose, elle avait accepté sa condition, et cherché des points positifs auxquels se raccrocher. Sa rencontre avec son précédent maître Zaccheus Amos en était un ! Un grand homme, un grand esprit, que ce monde n’avait pas su apprécier à sa valeur. Et William, aussi… Parfois, on pouvait rencontrer des gens qui ne nous voyaient pas comme du bétail, quand bien même eux étaient déjà quelqu’un.

« La liberté d’être… » répéta Aud dans un murmure, réfléchissant très sérieusement sur ce sens.

D’être qui ? D’être quoi ? D’être tout court ? D’exister ? Elle existait. Elle existait, car elle le savait. Mais elle n’existera que le temps de sa vie, car à sa mort, comme du bétail, on l’oubliera très vite. Le monde oubliera qu’Aud avait existé. Et le monde… oubliera-t-il qu’Eldred Kjaersen avait existé ? Non. Elle le sentait, en le regardant une nouvelle fois. Il avait déjà marqué des esprits, ne serait-ce par le feu de ses yeux, la fureur qui semblait gronder au fond de lui et qu’il contenait à peine. Il n’était pas un esclave comme elle, c’était certain. Ils n’avaient presque rien de semblable, à part la terre natale.

C’était peut-être pour cela qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de le trouver fascinant. Il avait été odieux en la jugeant sans la connaître, mais il était un grand et fier guerrier de Zakros, que la vie avait décidé de garder, et il était à présent à côté d’elle, à lui parler.

Elle savait si peu de choses sur Zakros… Elle savait qu’ils avaient une culture très guerrière, et elle connaissait évidemment les rivalités entre les clans, source de sa propre servitude. Mais à part cela… aucune légende, aucune coutume, aucun rite, aucune chanson.

« Si je devais avoir un regret, je suppose que ce serait de ne pas avoir assez connu la terre de mes parents. » lui confia-t-elle, admirant son rire soudain. Simple cachette pour des mots qu’il pensait réellement. « On dit que les noms ont des significations, là-bas. Que signifient les vôtres ? J’aime beaucoup la sonorité de votre nom de famille. »

Aud fut toutefois assez proche pour entendre ce petit gargouillis. Eldred n’avait pas mangé avant de venir ? Elle non plus, mais elle avait l’habitude de peu manger, et elle savait que les nobles n’aimaient guère de tels bruits du corps. Elle releva la tête vers lui, et lui sourit, avant de se rapprocher discrètement d’un pas. Dans le pli de sa ceinture, elle avait été chercher un tout petit bout de pain qu’elle lui tendit le plus naturellement possible. Une idée qui lui était venu de la petite fille du marché, quelques jours plus tôt. Elle qui avait été assez gentille et inconscience pour lui donner une tartine, et qu’Aud avait pu cacher sur elle. Quand elle le pouvait, elle continua de cacher un peu de nourriture dans ses vêtements. Au cas où d’une nouvelle privation.

« Prenez donc. Cela vous remplira un petit peu l’estomac en attendant. »
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Message par Irène d'Aubeville Lun 9 Mar - 15:44

[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Bzolyl10

Bélyl Cassin, 16 ans

Bélyl sourit à l'annonce de leur entrée. Elle en avait toujours rêvé et voici qu'elle faisait son premier pas dans le monde. Son visage rayonnait d'une beauté et d'une jeunesse insolente, à l'abri de tous soucis. Elle prit le bras que son père avec un grand sourire. Comme elle était fière de l'avoir à ses côtés dans se bel habit. C'en était presque trop beau, lui qui rechignait toujours à se montrer autrement qu'en armure ou en chemise, même à la maison. Sa mère se désolait souvent de souvent, mais fort heureusement elle avait deux filles pour y remédier. Bélyl pensa à sa petite soeur. Un jour, elle la conduirait dans une salle comme celle-ci, la tête haute, défiant quiconque de se moquer de son pied bot. Elle aussi serait belle, gracieuse et admirée, elle se trouverait un mari juste après son aînée. Bélyl observait d'ailleurs la salle, malgré tout avec discrétion. Son futur époux se trouvait-il là ? Peut-être, mais elle ne le saurait que bien plus tard. Après tout il revenait à son père de décider en premier lieu.

Elle se tourna alors vers Tristan, un peu en retrait.

- Alors, tout cela te plait-il ? Est-ce comme tu l'imaginais ?


[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Joseph observait le visages souriants et enjoués des nobles. Que des façades. Ah qu'il était dur de se plier aux jeux des mondanités... Au moins sur un champ de bataille, on ne pouvait rien cacher, surtout pas qu'on pouvait saigner comme les autres. Cette honnêteté lui manquait toujours quand il remontait là-haut, d'autant que ses gars devaient être à la taverne en train de s'en mettre une bonne ! Seulement c'était le jeu. Quel dommage qu'Antoine ne soit plus là... Ca aurait dû être lui le premier à monter et au moins il pourrait avoir deux visages amis, dont celui de sa chère soeur ! Peu importe les états d'âmes seulement... Il se concentra surtout sur le récit qu'il allait devoir à plusieurs sauces durant la soirée. Sa fille l'avait encouragé, l'assurant qu'il avait un grand sens du théâtre. Bah... Ils verraient bien...

Il tourna la tête à une annonce. Tiens, voilà le Premier Conseiller. Bélyl avait entendu aussi et se joignit au mouvement de son père. Le général le voit alors venir vers lui. De ce qu'il a entendu, ce gars n'est pas trop mal. En tous cas son frère ne l'aime pas, ce qui est souvent gage de qualités ! Il sourit et lui aussi incline le buste.

- Bonsoir ! C'est un honneur pour moi de vous rencontrer. Puis-je vous présenter ma fille aînée, Bélyl Cassin.

Bélyl s'incline avec grâce, mettant en œuvre les heures d'applications avec sa mère.

- C'est un plaisir de vous être présentée Excellence.

Joseph enchaîna, un sourire aux lèvres.

- Alors, il paraît que nous allons déjà repartir sur le pied de guerre ?
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Message par Invité Lun 9 Mar - 16:24

A l’aube, lorsque Robert se réveilla, tancé par une violente gueule de bois, ses hommes, qui conversaient au dessus de son lit sans autre forme de procès, tournèrent leur attention vers leur suzerain. En trois mouvements, il fut debout, maintenu fermement par ses valets, tandis qu’on commençait à saucissonner ses braies à grand renfort de ficelles d’or.

« Par les dieux ! Du vin ou je vomis sur ta tête et mon plastron ! » rugit-il à un écuyer qui le revêtait de la demi-armure qu’on avait amené pour l’occasion. La conversation s’enraya un instant, le silence se posa sur les épaules frêles du petit page, qui frissonna et alla chercher une aiguière dont Robert se saisit sans ambages.

Certaines choses sont immuables. Pourtant, le roc lui-même par le temps se voit terrassé. Plus que le roc sans doute seraient les coutumes, les us et les traditions. Robert en était conscient et il était pour lui impossible de devenir Marquis sans passer par quelques épreuves, dont l’utilité restait encore à prouver. Robert était convier à la cérémonie en l'honneur du général Cassin et de ces conquêtes.

Le trajet fut prompt. Près de seize chevaux tiraient la voiture. Escorte en tête, l’on faisait dégager les routes afin que le comte ne fût point ralentir, de sorte qu’il lui suffit d’une révolution du Soleil pour atteindre le Palais du Roi. Son arrivée dans la Cité fut marquée par le son des nombreuses trompettes qu’avaient en mains les gardes du Comte. Une solennelle fanfare fut sonnée jusqu’à son arrivée au Palais. Sur le chemin, la foule amassée cherchait à savoir qui se cachait derrière tant de bruite. Certains applaudissaient réjouis par la fanfare, d’autres souriaient. Le Comte lui restait caché derrière les vitraux à croisillons de son carrosse. Le Roi restait le messieurs de ces contrées, il lui devait allégeance, il se devait en toutes occasions de rester digne et humble face à lui.

Le carrosse pénétrait dans la cour du Palais. Les valets sautèrent de leur plateforme et vinrent ouvrir les portes de la voiture. De l’ombre sortit le soulier du Comte, une chaussure de cuir montée sur un talon haut et épais. Quelques arabesques en or venaient décorer une boucle discrète. Robert émergeait discrètement et avec grandeur, simple et majestueux. Sa silhouette imposante était affinée par des tissus rouge et délicats. Les gardes se débarrassaient de leurs capes poussiéreuses et entouraient Robert qui était précédé par un héraut. Quelques sons de trompettes et une voix haute portait ce message « Son Honneur Robert de Darmont, fils de Charles le deuxième, général de la 13ème armée royal, de jure et de facto Comte Indéniable et Légitime de Darmont, patron de tous ses domaines et châtellenies par-delà les rives et les mers ; et preux, pieux et fervent vassal de sa Majesté Gérald Der Ragascorn, de jure et de facto Roi de Monbrina». Les portes s’ouvrirent en un grand fracas sur une salle plongée dans une lueur feutrée, où se mêlaient les Dames et les seigneurs tous plus vêtus les uns que les autres.

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Message par Eldred Kjaersen Mar 10 Mar - 13:56

Eldred fut attristé de savoir qu'Aud ignorait tout de sa culture d'origine. Elle avait peut être fini esclave par la faute de son propre peuple mais elle n'avait visiblement pas dû y rester bien longtemps. Elle était sans doute encore jeune lorsque les monbriniens en ont fait "l'acquisition". Les enfants étaient toujours si malléable. Voilà qui expliquait sans doute sa docilité et sa résignation.

Le zakrotien glissa une longue mèche blonde bouclée derrière l'oreille de la jeune fille et se pencha auprès d'elle pour lui murmurer en tout discrétion sa proposition :

- Je t'y emmènerai petite sœur, si c'est ce que tu souhaites.

Sans doute avait-on dû penser qu'il avait échanger là quelques paroles galantes mais rien n'en était-elle. Et lui dire ce genre de chose comportait une part de risque. Mais qu'était la vie sans l'excitation du risque? Autant mourir dans la seconde...

Il ajouta avec un petit sourire
- Tu n'auras qu'à demander. Je te dirais ce que je sais.

Ils leur faudraient juste sans doute trouver un endroit tranquille et loin des oreilles curieuses. Notamment si elle comptait s'intéresser à l'aspect religieux. Eldred ne vénérait que les anciens dieux.  Il affichait le minimum de dévotion à l'Imposteur pour éviter tout soupçon mais tout ceci n'était que façade. Comme aurait-il pu vénérait un Dieu qui tentait de faire passer du vin pour son sang et qui n'avait rien fait d'autres que de finir cloué sur une planche ? Sans parler de cette propension à prendre les fidèles pour son troupeau.

Lorsqu'elle lui demanda l'origine de son nom, il eut cette fois-ci un rire amusé :

- Tu as raison mais tu risques d'être déçu !  Eldred signifie le vieux conseiller ou le vieux sage si tu préfères. Quant à mon nom de famille. Il n'a rien de très original. C'est un patronyme fréquent de là où l'on vient. Les noms finissent souvent par -sen qui veut dire le fils. Et la première partie est donc souvent un prénom ou un lieu. Kjaersen veut dire le "fils des marais" ou le "fils de la tourbière". Tu vois il n'y a rien de bien glorieux.

Il ne pouvait que difficilement se séparer de ce petit sourire qui s'était installé lorsque son ventre grogna. Il fallait dire que tout cela lui ouvrait grandement l'appétit. D'autant plus qu'il était plutôt bon mangeur compte-tenu de son gabarit. Aud afficha un sourire gêné avant de se rapprocher de lui.
Pour la deuxième fois de la journée, il voyait une demoiselle fouiller les plis de sa robe et en sortir miraculeusement de quoi manger. Par le marteau de Thor ce qu'il enviait les femmes pour ça ! Il n'aurait jamais pu cacher un bout de pain où que ce soit entre sa tunique et ses braies...

Et pour la deuxième fois de la journée il se trouva contraint de refuser à contre-coeur. Il se tourna vers le baron de Frenn qui semblait toujours absorbé par sa conversation et reposa ensuite son regard sur Aud.

- Je t'en suis reconnaissant mais je ne peux pas. Je dois honorer ma sanction. Elle est juste et méritée.

Cela devait sans doute sonner étrangement aux oreilles de la jeune esclave. Il n'avait pas totalement menti mais ce soir c'était plus que cela : il lui était impossible de prendre un risque inutile pour satisfaire son estomac. Il devait gagner la confiance du baron et surtout récolter des informations. Il n'était pas question de se voir mis à l'écart. Pas aujourd'hui.
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Message par Le Cent-Visages Mar 10 Mar - 16:14

Spoiler:

[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Trista13

Tristan, esclave, 15 ans

Tristan flottait, hors du temps, à se laisser porter par le tableau de lumière dansant autour. Lui, il n'avait pas trop à penser ; seulement à obéir ou à tendre un sourire poli quand l'exigeait la protocole. Officiellement, du moins... car en vérité pour Bélyl il semblait bien davantage qu'un esclave. Elle rayonnait à côté de lui, heureuse et parée de l'honneur de sa famille comme d'un atour. Au milieu de l'incessant manège de la soirée, elle se tourna vers lui pour s'enquérir de son bien être. Relevant vers la jeune femme un regard de gratitude, il murmura une réponse timide qu'elle seule ouïrait :

-- C'est qu'il est difficile d'imaginer un endroit pareil. Pour moi en tout cas. (Un temps, il resta suspendu, hésitant. Si cela lui plaisait ? Dur à dire. Oh sûr, ces lieux débordaient de splendeur. Mais précisément : ça débordait. Cette impression de "trop" - et surtout l'intuition que cela cachait des choses - coupait à Tristan le plaisir esthétique qu'il était pourtant si facile de lui faire ressentir en d'autres circonstances.) C'est un peu comme un drôle de rêve et j'sais pas comment y va tourner.

Soucieux de ne pas gâcher la fête à Bélyl - elle qui sortait du couvent et qui comptait faire ce soir ses premiers pas de danse dans le Monde - il lui sourit de toutes ses dents, les prunelles luisantes d'enthousiasme, et prit soin d'ajouter :

-- Mais vous, vous trouv'rez là à briller et à recommencer un'vie je suis sûr.

D'autres seigneurs encore arrivaient. Dont un certain Général Robert, annoncé d'une telle façon que le petit esclave en resta un instant les yeux arrondis : jamais il n'aurait cru que l'on puisse consacrer une telle cascade de mots à présenter une seul personne... ni qu'autant d'or et de luxe puissent couler à flots autour d'un unique corps. Pourtant la chose ici était banale et ce Messire de Darmont avait céans des égaux en matière de splendeur.
L'ombre cependant succéda au soleil : tandis que ce Sir Robert dégageait son éclat, et recevait déjà des dizaines de révérences par les Messires et Gentes Dames qui l'entouraient... le baron Dyonis de Frenn jetait quant à lui toute sa noirceur moins dans la salle qu'en l'âme de Tristan. Un frisson lui galopa l'échine. Souffle pendu. Le jeune infirme déglutit et son premier réflexe fut de se cacher, loin du Premier Conseiller - loin même de ses propres propriétaires qui d'ailleurs étaient occupés à présenter leurs hommages au sombre seigneur. Tristan tremblait : la dernière fois qu'il avait vu Dyonis, c'était au Tribunal, à la barre des accusés. Ce jour qui avait transformé le petit vagabond invalide en esclave. Et surtout, l'abominable souvenir de la séance de torture revint hurler sous les tempes du malheureux. Les cordes et poulies du château de Frenn, ses poignets se souvenaient de leur morsure ; les étaux d'acier qui avaient écrasé ses jambes frêles, il en portait encore les bleus sous ses bas.

Le souffle de Tristan accéléra. Son regard enfiévré se naufragea en l'air. Avec toutes ces bougies dont les lueurs se répercutaient contre ses pupilles ambrées, le garçon donnait l'air d'un halluciné. Sa tête tangua à gauche, à droite, à la recherche de quelque planche de salut.
En retrait par rapport à Bélyl, Joseph et le baron, Tristan reprit contact avec le réel et il se découvrit échoué près de deux silhouettes modestement vêtues. Sûrement des esclaves. Et certainement ceux du Premier Conseiller, dans le prolongement duquel ils se trouvaient. Il n'y avait que les nobles pour jouir ainsi du privilège de posséder plus d'une ombre derrière eux ! Ces deux autres ombres... et si Tristan leur racontait ? Et si Dyonis pouvait sentir ses fantômes dans son dos ? L'invalide poussa un petit rire couinant dont il ne se rendit pas compte. Il venait de se rappeler d'un détail : le baron était intouchable. Alexandre l'avait innocenté de tout, au procès, au lieu de révéler son complot ! Tristan et lui seraient ressortis libres.
Alors ses iris dorées - semi-démentes alors qu'il quittait son état de choc - préférèrent déchiffrer le duo servile. Elles quittèrent le plafond constellé pour consulter ces camarades d'infortune. Les fouiller. A la recherche de Dieu savait quoi... Fixes, les yeux de Tristan lurent. Il n'avait aucune idée de l'impression qu'auraient les deux esclaves de sa drôle d'attitude, autant que de sa silhouette pas tout à fait homme, pas tout à fait fille - dans des habits cachant sa servitude.

Curieux tandem riche de ses différences. Et pourtant très lié par plus d'une chose. D'abord, il y avait cette toute jeune femme à la si ronde frimousse. Visage-lune, encore tout aussi plein d'enfance que de féminité. Et noyée la lune était. Noyée dans d'improbables vagues blondes, autant que dans les nombreuses questions qu'elle posait rien que par ses yeux. Le jeune infirme lui sentit cependant une étrange force, cachée là dans ce corps-brindille. Les regards curieux de la jeune fille voguaient beaucoup, promettant qu'elle aussi voyagerait : un monde qui l'attendait - ou un monde dans sa tête ?
A côté de la Lune, c'était la Terre. Profondément logée dans les yeux de l'homme, et inspirée à Tristan par son épaisse chevelure. Un autre genre de force se dégageait de lui : sa solide carrure - et de non moins solides combats et idéaux, que l'invalide devinait dans une cicatrice. Il se trouvait là, esclave. Justice en suspend. Un chevalier tombé très bas - à la Terre, encore elle - et qui attendait de réaffûter ses armes. Une inquiétude trouble gagna l'androgyne au milieu de ses égarements mystiques. La route de cet homme était de silence - d'attente. De retenue. Exactement comme en cet instant où Tristan le sentait sur la réserve, à devoir taire des choses et en refuser d'autres... pour mieux construire la suite. Mais un peu plus loin sur le chemin Tristan voyait beaucoup de sang. Et les veines d'une poutre.

[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Avt_lo11

Comte Prosper de Monthoux

C'était la fête à laquelle il était de bon ton de se rendre. Prosper avait revêtu ses plus beaux atours, couleur crème rehaussée d'un collier d'émeraudes. Se montrer était aussi important que d'observer en ce genre de circonstances. Or à force d'être convié à ces luxueuses cérémonies dans des décors d'apparat, le comte de Monthoux n'avait même plus grand chose qu'il observait encore avec un réel intérêt. Tous ses efforts se portaient donc sur la première des deux exigences : comment lui-même apparaissait au Monde. Toujours veiller à la réputation de sa lignée. Il avait du reste jugé bon que Kalisha l'accompagne. Oh, elle avait déjà fréquenté quelques salons en sa compagnie, participé à te ou tel dîner mondain, mais jamais encore rien de cette envergure. En outre, le bruit courait qu'on allait parler de Djerdan ce soir.

-- Messire Prosper, comte de Monthoux, et Madame sa seconde épouse, Kalisha de Monthoux, furent-ils annoncés par l'huissier de soirée.

Il fit son entrée. Lent, cérémonieux, sa Dame à son bras. Apparemment, le roi n'était pas encore là. Prosper en profita pour scruter les forces en présence : le Premier Conseiller, les généraux Joseph Cassin et Robert de Darmont... et des dizaines d'autres Grands du Royaume occupés à converser en petit groupe. Un instant, il s'interrogea : Robert de Darmont... n'était-ce pas ce chef des armées qui avait mené une première campagne récemment dans les terres de Djerdan ? Instinctivement, ses petits yeux dessinèrent un aller-retour entre sa brune épouse d'Orient et le prestigieux général. Le comte de Monthoux prendra soin de saluer Sir Robert d'une légère révérence et d'un retrait de son feutre à panache, si le militaire venait à croiser son regard.
Pour l'instant, Prosper observait. Il écoutait. La musique était appréciable et les nouvelles politiques promettaient d'être de poids. Il se promit de ne manger que peu - après le très copieux repas qu'il avait fait la veille chez le seigneur de Frenn.

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Message par Kalisha Howksley de Frenn Mar 10 Mar - 17:48

Kalisha tenait le bras de son époux. C'était la première fois qu'elle participait à ce genre de cérémonie qui réunissait toute la Cour dans ses plus beaux atours. Le décor lui faisait toujours autant tourner la tête. Tout ce doré. Toutes ces immenses fresques à la gloire de leur Roi. De son Roi désormais. Toutes ces couleurs... Elle avait beau avoir vécu dans un Palais toute sa vie durant, il n'y avait là rien de comparable. A Djerdan, tout était plus blanc, plus lumineux, plus ouvert. Il y avait également plus de petits patios qui apportaient leur lot de végétation et de fraîcheur. Ici l'atmosphère était étouffante et les odeurs corporelles... Pestilentielles! Elle se souvenait encore de la tête de la domestique à qui elle avait osé demander un bain deux fois dans la même semaine. Elle ne s'était pas imaginée que cela poserait autant de soucis. Un simple bain. La base de l'hygiène. Mais non ici à Monbrina, on ne se lavait pas. On se parfurmait. Alors, après avoir fait des pieds et des mains -Et prit son bain- Kalisha s'était pliée à la coutume locale en s'aspergeant copieusement d'eau de jasmin étoilé.

L'huissier les annonça et ils purent entrer dans la fosse aux lions. La jeune épouse suivait le pas lent et posé de son mari. Elle avait revêtue pour l'occasion une robe noire brodée de fil d'or et de perles. En lieu et place de l'épais velours, elle avait demandé sa couturière de la soie et de la mousseline, bien plus légère et agréable dans ses lieux confinés. La dernière chose qu'elle souhaitait était d'avoir quelques vapeurs en publique et ce corset ne l'aidait vraiment mais vraiment pas! Un pure instrument de torture qui la comprimant. Elle ne comprenait pas non plus l'intérêt de ces drôles de bourrelets que les Dames d'ici nommaient vertugadins. Cela rendait la position assise fort inconfortable et elle n'avait pas besoin de cela pour mettre en valeur sa taille de guêpe.

Son mari observait silencieusement l'assemblée et salua un homme richement habillé. Elle avait beau chercher dans sa mémoire, elle ne le reconnaissait pas mais suivi l'exemple du Comte de Monthoux et inclina élégamment la tête, juste ce qu'il fallait. Ni trop, ni trop peu et patienta.
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Message par Aud Mer 11 Mar - 20:02

La jeune fille fut surprise de le sentir se rapprocher ainsi. Elle ignorait ce qu’elle avait supposé, peut-être tout simplement qu’on n’approchait pas aisément un homme comme lui, qu’il n’était peut-être pas un adepte de la proximité avec autrui. Et pourtant, le voilà à replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, et cela surprenait tellement Aud qu’elle osa à peine bouger. Et il lui murmura ces mots.

Petite sœur.

Son souffle se coupa. Petite sœur. Son cœur battit plus fort. Eldred se recula un peu, et elle put croiser son regard, cherchant… peut-être… s’il venait bien de prononcer ces mots. Elle n’avait jamais eu de famille avant, ou n’en gardait que de trop vagues souvenirs pour vraiment les considérer comme tels. Puis elle n’en aura probablement jamais à elle, car une esclave ne se marie pas, et ne fonde rien. Pourtant, cet homme de Zakros l’appelait petite sœur. Si seulement il pouvait savoir combien elle avait attendu ce genre de mot, sans même s’en être rendue compte.

D’un point de vue extérieur, si on l’observait, on pourrait vraiment croire qu’il venait de la séduire. Les joues rosies, le regard brillant fixé sur lui, les lèvres entrouvertes, un sourire profondément touché, et le cœur battant. Et dans un sens, c’était sûrement vrai… Dans un sens seulement.

Alors forcément, tout le reste qu’il pouvait lui expliquer, elle le buvait. Même s’il lui disait qu’il serait déçu de la réponse qu’il lui donnerait sur son nom. Il y avait tant de détails dans les deux petits mots qu’il portait, tant de significations. Ce n’était pas très épique – peut-être était-ce cela qu’il voulait dire par ‘‘déception’’ – mais pour Aud, c’était au contraire fascinant.

Elle aussi avait sûrement dû avoir un nom de famille qui voulait aussi dire quelque chose. Et son prénom ! Elle n’était pas sûre qu’elle s’appelle réellement Aud, ça pouvait aussi être un surnom ou un raccourci de son prénom, et en plus elle en ignorait l’orthographe, mais peut-être y avait-il une signification derrière cela.

Après tout cela, ça lui aurait semblé bien naturel de venir lui donner un petit peu à manger quand il en avait besoin. Mais il le refusa. L’informant par là que c’était une sanction, une sanction qu’il semblait avoir mérité. Selon lui. Aud venait d’arriver, donc elle avait conscience de ne rien connaître sur les circonstances, et la punition de privation était un classique…

« Je me permets d’insister. » lui murmura-t-elle discrètement. « Même s’il s’agit d’une punition, gargouiller est très souvent mal vu dans les grandes réceptions. Cela embarrasserait le maître… Alors mangez, juste un tout petit peu. Ou… si vous préférez, tâchez de ne plus gargouiller. »

Elle se tut, regardant brièvement le reste de la réception, pour voir si quelqu’un n’avait pas déjà entendu Eldred. Mais apparemment, ce n’était pas le cas.

C’était un étrange garçon qui attira soudainement son regard. Dans un fauteuil roulant, comme s’il ne pouvait pas se déplacer. Bien maigre, bien pâle, avec une expression… lointaine. Profonde. Peut-être trop pour la mettre vraiment à l’aise. Il donnait l’impression de pouvoir lire à travers les gens, à travers elle vu la façon dont il l’avait regardée, et c’était… étrange. Alors elle détourna le regard par réflexe, regrettant dans l’instant son geste impoli et rude. Elle revint alors sur lui, et lui adressa un timide sourire.
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Message par Adalheidis Nal'Harraq Ven 13 Mar - 0:49

Dès son arrivée à Monbrina, à peine ses nombreux coffres d’affaires, de robes, de mobilier et de travaux administratifs sortis des carrosses, on l’avait informée de cette réception que donnait Sa Majesté. Comme tous les résidents de son pays dont le revenu mensuel comportait plus que cinq zéros. Ou six, mais elle n’était plus à ce genre de détail près. Cette invitation était donc soudaine, mais plutôt opportune. N’était-ce pas là une bonne manière de commencer son séjour ?

Avec un sourire, Adalheidis replia le papier et le posa sur son bureau. Bien, une réception au palais royal, cela se prépare. Et pas de la mauvaise manière. D’un geste de sa main, elle fit comprendre à sa femme de chambre ce qu’elle attendait. La maîtresse avait un code, et quand on servait auprès d’elle, on devait le connaître. Car si ce n’était pas le cas, elle irait chercher quelqu’un qui se débrouille mieux que le premier. Ce n’était pas si compliqué, juste une perte de temps, et elle détestait ce genre de gaspillage. Un large coffre fut alors apporté et ouvert sur les dizaines de robes qu’il comportait. Une à une, elles furent présentées à la jeune femme… qui les inspecta avec la plus grande lassitude.

« Terrible. »

Ce ne sera pas la première.

« Pathétique. »

Ni la seconde.

« Incroyablement pathétique. »

Encore moins la troisième. Elle soupira et leva ses yeux au ciel ; mauvais signe. En plus d’être épuisée du voyage, Adalheidis était irritée, impatiente, elle n’avait pas de temps à perdre avec ça. Et c’était incroyable de ne pas avoir une servante assez dégourdie pour ne pas anticiper ce qui ferait l’affaire à une soirée royale dans le plus important pays de ce continent ! Personne dans sa suite n’avait jamais assisté à d’importante fête ?! C’était un scandale d’avoir des serviteurs de ce niveau. Était-ce trop demander d’avoir une assistante qui lisait dans ses pensées ?

« Faites sortir le reste, je me débrouillerai. »

Seule, car finalement elle était la seule personne fiable ici. La djerdanienne se pinça alors l’arête de son nez, fermant les yeux. De la méthode, très chère… Tout ce dont elle avait besoin, c’était de la méthode. Chaque chose en son temps. Tant de choses à mettre en place, peu de temps, rien d’inhabituel dans ce genre de monde. Et avec la bonne organisation, tout allait très bien se passer.

══════ ∘◦❁◦∘ ══════


Un valet s’empressa de venir ouvrir la portière du carrosse. Une main bienséante tendue, mais Adalheidis ne la saisit pas. Elle sortit du véhicule seule, son escarpin entièrement recouvert de fines perles, brodées avec un artisanat typique du plus élégant pays du monde, claqua sur le sol.

« Dame Adalheidis Nal’Harraq de Djerdan. » l’annonça-t-on alors qu’elle pénétra les grandes portes où déjà beaucoup de monde était déjà presents.

Elle n’était pas en avance, mais dans ce genre de circonstance, le retard n’était pas une mauvaise chose : on se faisait remarquer. On tournait sa tête, curieux de voir qui arrivait, pendant que les festivités allaient commencer, et là, en cet instant précis, on captait l’attention. Et la jeune femme souriait.

Elle vêtait une des robes de chez elle. Très ouverte, très élancée, aux motifs dorés sur le tissu noir, qu’elle portait fièrement avec la plus grande assurance du monde. Dans la foule, elle n’était guère la seule à s’être mise dans ses plus beaux atours, bien que les tenues d’ici semblaient plus… fermées. Ne manquant pourtant pas d’élégance pour autant.

Bien que les visages ne lui étaient pas connus, elle reconnaissait les noms quand ils furent évoqués. Les grands noms de Monbrina, les grandes familles, les puissants, les riches, que du beau monde.
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Message par Dyonis Howksley de Frenn Ven 13 Mar - 11:22

Spoiler:

Après avoir recouru au service de ses esclaves pour quelques petites choses (l'aider à retirer son manteau et le ranger avec les autres, aller veiller à la bonne prise en charge de l'attelage et des chevaux) Dyonis n'aura plus du tout prêté attention à ce qu'ils pouvaient se dire un peu en retrait.
Il s'occupe pleinement de l'arrivée des invités successifs. D'ailleurs, le petit esclave infirme a disparu de sa vue : sûrement qu'il s'est mis aussi un peu de côté, mais sans trop s'éloigner de ses maîtres. Au moins, il a l'air trop timide pour oser dire quoi que ce soit, et après tout personne ne l'écouterait : au procès, Dyonis a été lavé de toute accusation. Il se rassure donc et chasse immédiatement Tristan de ses préoccupations. D'autant qu'il est en compagnie du général Cassin et de sa fille qui lui rendent la politesse.

"En effet" répond-il à la question de Joseph. "Je suis comme vous, j'attends le récit des récentes expéditions que le général de Darmont a commencé à mener au nom du roi. En Djerdan... il doit y avoir une bonne raison à cette décision qui était à l'origine non prévue." Un temps. "Pour ce qui est de vos propres combats, Général Cassin, je profite de l'occasion pour vous adresser toutes mes félicitations. Votre victoire sera célébrée comme il se doit."

Et justement, comme ils en sont à parler conquêtes et batailles, on annonce Messire Robert de Darmont. L'homme entre dans une tenue des plus raffinées, élégante sans surcharge. Déjà, Prosper de Monthoux salue le général. Dyonis fronce un sourcil au souvenir de la mauvaise soirée passée la veille avec ce ridicule seigneur. Pourvu qu'il ne soit pas aussi désagréable ce soir ! D'ailleurs, en l'occurrence il est avec sa seconde épouse : une superbe femme originaire de Djerdan (la pauvre... même pour un mariage arrangé, elle aurait pu mieux tomber...). Le seigneur de Frenn a entendu parler de ce contrat scellé par le roi entre les Monthoux et cette Dame Kalisha, en symbole d'accord entre les deux royaumes. Il serre les dents : comment la pauvre va-t-elle prendre l'annonce des attaques monbriniennes que son pays ?
Dyonis détourne son attention du couple Monthoux et se rapproche plutôt de Messire de Darmont, l'invitant à se joindre au petit cercle qu'il forme avec le général Cassin et sa fille. Approchant de Robert, Dyonis incline légèrement le buste et abaisse son chapeau dans un salut bref et énergique, bien plus militaire que véritablement élégant.

"Général. Je suis honoré de rencontrer ce soir celui qui va mener les nouvelles campagnes militaires pour notre Empire." (il se tourne un peu pour désigner Joseph et sa fille.) "Nous évoquions justement avec votre confrère d'armes les grandes nouvelles qui seront l'enjeu de cette soirée."

Pris dans cette rencontre avec les deux éminents militaires, Dyonis n'aura pas vraiment remarqué l'entrée d'une femme élancée et vêtue à l'orientale dont on vient d'annoncer le nom. Il note rapidement sa présence d'un regard (surpris au pesage par sa tenue exotique et aérée, qui ne va pas passer inaperçue au milieu des robes beaucoup plus lourdes et fermées que portent les dames de la capitale) et se promet d'aller la saluer un peu plus tard. Une femme avec une tenue si audacieuse, et qui a l'air si indépendante à venir seule dans cette soirée, mérite qu'on s'y intéresse ! D'autant qu'elle aussi est de Djerdan... La soirée va être tendue pour elle et pour la dame de Monthoux.
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Message par Eldred Kjaersen Sam 14 Mar - 13:10

Petite sœur, le terme était sortie tellement naturellement née sa bouche que son esprit n'avait guère eu le temps d'analyser les possibilités répercussions que cela pouvait entraîner.
Il fut donc un court instant déstabilisé lorsqu'il vit le rouge lui monter aux joues. Ce n'était pas vraiment ce qu'il s'était imaginé mais après tout... Cela servait bien sa petite mise en scène improvisée.

Elle était attendrissante ainsi, et Eldred ne pouvait nous s'empêcher de vouloir la prendre sous son aile. Il aurait voulu pouvoir lui faire découvrir tout de suites les Landes, les forêts infinis de résineux, les lacs miroirs, les runes, les contes mythologique, lui parlait de la société de zakrotienne, de leur histoire. Mais ce n'était malheureusement ni le lieu, ni le moment. Son estomac gargouilla et il refusa à manger pour la deuxième fois avant de se faire gentillement sermonner. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres et il murmura à Aud:

- Grand bien leur en fasse! Ils me fouetteront plutôt que de m'affamer la prochaine fois si cela les dérange... Je ne compte pas en plus satisfaire leurs chastes oreilles.

Après tout qu'était-ce qu'une cicatrice de plus ou de moins quand on va endurer la rudesse et la barbarie des champs de bataille ? Il remarqua soudainement le regard surpris d'Aud et se détourna d'elle pour suivre son regard..
Il aperçut alors un jeune homme à la physionomie ni vraiment homme, ni vraiment femme assis dans un fauteuil roulant. Qui était-il? Pourquoi les observait-il avec autant d'insistance. Il avait presque l'air "ailleurs". Sans savoir pourquoi, car le jeune homme -sans doute esclave- n'était nullement menaçant, le zakrotien se deplaça légèrement devant Aud. Sans doute un vieux réflex des années d'entraînement aux armes.
Il brûlait cependant d'envie d'aller lui parler mais cela aurait sans doute parut suspect....
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Message par Irène d'Aubeville Sam 14 Mar - 15:04

[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Bzolyl10

Bélyl Cassin, 16 ans

Bélyl sourit à Tristan. Elle le trouva déstabilisé mais c'était aussi normal. Après tout, il n'avait pas l'habitude. Elle rosit cependant de plaisir lorsqu'il la complimenta.

- Oh, merci beaucoup ! J'ai hâte de voir comment cela va se passer, peut-être pourrais-je même danser.

Elle évoquait cela d'un ton rêveur. Car c'était un rêve. Pas aussi drôle que celui de Tristan, plutôt agréable et magique. Soudain, un général avec une multitude de titre fut annoncé. Bélyl tourna la tête en même temps que Tristan. Il lui paraissait encore jeune mais aussi très fatigué. Cependant, elle se retint bien de le dévisager, mettant en application les leçons de sa mère et revenant à la conversation qui s'engageait entre son père et le Premier Conseiller. Elle glissa cependant un oeil vers Tristan dont elle sentait le souffle s'accélérer. Elle ne put se détacher du bras de son père et replaça son regard devant elle mais elle s'inquiétait. Que se passait-il ? Qu'avait-il vu pour qu'il ait si peur ?    

Alors qu'elle écoutait la conversation d'une oreille, elle entendit également l'annonce de l'arrivée d'une dame. Seule. Bélyl osa un léger regard et rougit légèrement. Quelle tenue ! Etait-ce une femme d'un lointain pays ? Sans doute une noble de plus... Bélyl se força à regarder plutôt le bas de sa propre robe. Elle, elle n'aurait jamais le courage de porter quelque chose comme ça...


[15 septembre, soir] "Je chante les armes et le héros..." [Terminé] Joseph11

Joseph Cassin, 33 ans

Joseph se gratta un peu la menton.

- Ah oui, j'en ai entendu parler. Quel désastre d'ailleurs... j'avais beaucoup de respect pour cet homme, j'aurais aimé être là pour lui venir en aide. Les aléas de la guerre...

Joseph hocha la tête aux allusions de Dyonis. Il baissa un peu le ton.

- En effet, c'est un peu risqué. Mais ce que roi veut, général exécute...

Cela ne lui plaisait pas forcément non plus. Bien sûr il était rompu au combat et se plaisait à mener un grand et beau combat. Mais il avait encore tous ses petits gars derrière qui ne méritaient pas de finir en chaire à canon, surtout pour un coup qui lui semblait risqué. Il pouvait comprendre que le roi en veuille au richesse de ce pays, il y avait de quoi ! Mais cela ne justifiait peut-être pas une rupture de pacte. Il glissa un oeil vers Tristan qui semblait s'être trouvé de nouveaux amis. Il grinça un peu des dents. Et il aurait encore des esclaves. Contrairement aux autres, faire des prisonniers lui plaisaient de moins en moins comme option, sachant comme la plupart finissaient. Pauvres gamins qu'on allaient encore traîner sur le marché. Selon lui, la guerre était un jeu juste, on gagnait ou on perdait selon la faveur du nombre, des armes ou de Dieu.l'esclavage, c'était une autre paire de manche.

Mais ce soir c'était la fête, qui plus est la première de Bélyl, il ne tenait pas à la gâcher avec des considérations philosophiques. Il hocha donc la tête en retrouvant le sourire aux félicitations de Dyonis.

- Merci, il est vrai que ce fut une belle bataille ! J'ai hâte de voir ce que vous nous préparer pour cet évènement !

Bélyl sourit elle aussi. Voir son père triompher serait grandiose et elle espérait que leur mère et Jeanne, ainsi que Maxime pourrait les rejoindre. Toute la famille réunie, que ce serait bien !

Tout le monde tourna un peu la tête à l'arrivée de Monthoux. Tiens, il avait une nouvelle femme celui-là ? se dit Joseph. Étrangère en plus au vu de sa mine. La pauvre, plongée dans le grand bain ainsi, ce ne devait pas être facile. C'est alors que Joseph remarqua une tête qu'il connaissait bien. Il sourit, d'autant que le Premier Conseiller invitait son homologue à se joindre à eux. Joseph inclina la tête puis la redressa avec un grand sourire.

- Ah, je savais bien que je vous verrais ce soir ! Oh mais peut-être ne vous souvenez-vous pas de moi, vous étiez encore bien jeune quand je venais parfois visiter votre oncle pour faire des plans de bataille ! Je suis le général Joseph Cassin et permettez moii de vous présenter ma fille aînée, Bélyl.

La jeune fille salua avec une petite révérence.

- C'est un honneur monsieur. J'ai souvent entendu par mon père les récits de bataille de votre oncle, je suis certaine que vous brillerez autant que lui sur le champ de bataille.
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Message par Aud Sam 14 Mar - 23:13

La jeune fille eut un petit sourire. En d’autres circonstances, elle aurait pu être déçue de n’être d’aucune aide, mais la réponse qu’il lui donnait… Eldred n’avait pas besoin d’aide. Pas de la sienne, en tout cas. Il avait de la dignité, elle ne pouvait pas lui enlever ça. Et quelque part, ça lui faisait même plaisir de s’en rendre compte.

« Je vois, je comprends. » répondit-elle doucement, en remettant son bout de nourriture à sa place, en tâchant de n’attirer aucun regard.

Après tout… cacher de la nourriture était un crime et avec ses dernières expériences, elle ne voulait pas risquer quoi que ce soit. Si le maître Ulysse – ou l’ancien maître – l’avait appris, si elle avait encore été sa propriété, il aurait… elle serait peut-être rentrée au domaine en sang, comme le fut Jérémie quelques jours plus tôt. Son maître actuel semblait plus mesuré, et elle avait beaucoup d’estime pour lui depuis ce jour au marché, mais… il n’empêche. Elle sentait malgré tout en elle une certaine crainte.

Quand elle restait à réfléchir, seule dans sa tête, une partie d’elle ne se sentait pas vraiment en sécurité. Il y avait des horreurs au domaine des Rottenberg qu’elle n’oubliera pas de sitôt.

Son regard se reposa alors sur le baron de Frenn, alors de dos, à discuter avec des autres nobles. Aucun d’entre eux ne leur adressa le moindre regard, et c’était normal. Les esclaves n’étaient que du mobilier : ils étaient présents, utiles, mais ils devaient être discrets pour ne pas être trop voyants. Personne n’aimait avoir le sentiment d’être épié, ou même d’être suivi.

Il y avait une jeune fille, parmi cette noblesse. Aud ne l’avait pas remarquée jusqu’ici, elle avait environ son âge, la peau aussi blanche… mais nettement plus lisse, et elle était si belle, si élégante.

Tant de gens ici… tant de visages… certains étaient si uniques, comme cet autre esclave. Et maintenant, voilà qu’une sombre pensée lui traversa l’esprit : est-ce que quelqu’un ici, derrière les bijoux, l’or et les beaux vêtements, avait chez lui un jardin semblable à celui du maître Ulysse ? Serait-ce possible ? Certains lui ressemblaient, certains paradaient… Ah, il allait falloir qu’elle prenne du recul sur tout ça, qu’elle se remette. Qu’elle se repose, peut-être. Même si la vie d’esclave n’offrait guère d’occasion pour cela.

Et pourtant, Eldred était là, à venir faire un pas légèrement devant elle. Pourquoi donc ? Le maître n’avait pas bougé. C’était… ça ressemblait à un geste… protecteur ? Elle le fixa alors un instant, peu sûre si elle interprétait correctement. Hm… ça ne devait pas être ça, ils ne se connaissaient que trop peu. Mais il l’avait appelée petite sœur

Aud finit par faire un léger pas en avant, pour ne pas qu’on se fasse trop d’idée si on venait, par hasard, à les remarquer.

« Dis-moi… » C’était si rare qu’elle tutoyait quelqu’un… En fait, ce n’était pas arrivé des années. « Y a-t-il un mot pour sœur, ou frère ? Dans ta– pardon, notre langue… »
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Message par Eldred Kjaersen Sam 21 Mar - 12:03

Aud replaça discrètement le bout de pain d'où elle avait sorti. Il posa doucement sa main sur son épaule tout en l'accompagnant de ce regard plein de gratitude. Tant pour lui avoir proposé à manger, que pour respecter et presque comprendre son choix qui devait lui paraître quelque peu absurde à première vue.

Il venait du même monde, vivait dans le monde et pourtant il n'aurait pas pu être deux personnes si différentes et en même temps étrangement liés par leur culture.
Ils gardèrent un instant le silence. Aud semblait observer la scène. A quoi pensait-elle? Enviait-elle cette jolie jeune fille dans son élégante robe? Elle devait avoir à peu près le même âge qu'elle. Elles partageaient toutes deux cette candeur enfantine sur leurs visages. Eldred eut un discret sourire et retourna à son objectif principal : écouter et obtenir des informations.

Il y avait ce Général qui avait de nombreuses conquêtes à son actif. Avait-il participer à l'annexion de Zakros ? Il serra les dents et tendit l'oreille pour attraper quelques bribes de discussion dans le brouhaha local.

Djerdan avait été attaqué ? Malgré l'alliance scellée par un mariage? Il tourna la tête vers la belle Kalisha de Monthoux. Une élégante biche au côté de ce porcelet en pourpoint. Pauvre d'elle... Parmi tous les nobles, il avait fallut qu'elle tombe sur lui. Certes, cela aurait pû être pire... Ulysse de Rottenberg par exemple... Il l'observa un peu plus en détail : elle tenait une discussion animée, coupe à la main. Elle semblait appréciait le moment et pourtant, il était évident pour un prenait le temps de s'y intéresser que tout cela n'était que feint. Au fond de son regard, un mélange de tristesse et de culpabilité semblait sur le point de faire surface.

Personne ne le remarquerait sans doute... Les nobles se contentaient généralement de faux semblants et d'apparences reluisantes. Combien de temps parviendrait-elle à tenir son rôle?

La voix d'Aud se fit entendre et il se tourna vers elle.

- Bien entendu qu'il y en a lui répondit-il avec bienveillance Bror signifie frère et Søstr soeur.


Il reposa un instant son regard sur Dyonis avant de se tourner à nouveau vers elle

-Tu connais Jérémie ? osa-t-il finalement demander
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Message par Aud Mar 24 Mar - 0:15

Aud n’écoutait pas réellement les conversions de son maître. C’était indiscret, et malpoli, et il n’y avait rien de pire que de se sentir épiée. Pourtant, elle restait attentive à ses éventuels besoin, le moindre signe qui pourrait la pousser à s’occuper de lui. Pourtant, en jetant un coup d’œil vers Eldred, elle se rendit compte qu’il semblait très concentré par moments… Lui, il semblait écouter, et porter de l’importance à tout ce qui se disait. Cela semblait important, et terrible. Bien sûr, Aud connaissait la situation de Djerdan, mais les détails lui échappaient. Personne ne prenait vraiment la peine de l’informer sur la politique, et il y avait beaucoup de rouages qu’elle peinait à comprendre. C’était un milieu de non-dits, de compromis et de quête de pouvoir.

Mais elle fut ravie au fond d’elle d’avoir de nouveau l’attention de son compatriote de Zakros. Elle lui adressa alors un sourire touché.

« Bror… » répéta-t-elle dans un murmure, en essayant de reproduire la phonétique correctement.

Bror et Søstr, les premiers mots qu’elle réapprenait de sa langue natale…

Oh, il n’avait pas idée de l’émotion que ça lui suscitait ! C’était comme retrouver une partie de sa mémoire, dont elle avait même oublié l’existence.

Sa question suivante la surprit, néanmoins. Et elle se retourna vers lui avec un air perplexe.

« J’ai… rencontré un homme qui portait ce nom, chez messire de Rottenberg. Un homme fascinant, si savant… Tu le connais ? »
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