[Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
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[Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Des circonstances comme celles de ce frileux jour de février étaient de celles qui rappelaient l'immense pouvoir des frontières tracées par l'homme. Rien dans le paysage ne venait indiquer clairement que quelques pas suffisaient pour passer ici d'un royaume libre - Djerdan - à un vaste empire colonisateur - Monbrina. Nulle barrière naturelle n'interrompait le déroulé des hauts arbres du Sud, recouverts en cette saison d'une fine pellicule de glace. Au moins, la neige n'alourdissait pas tout ainsi que c'était le cas plus au Nord. Il soufflait une petite bise venant soulever les rares touffes des steppes jonchant la terre - et qui elle aussi de moquaient bien du moindre tracé géopolitique dans leur course désordonnée. Au loin trônaient les montagnes coupantes du pays encore indépendant, telle une marque parmi d'autres de sa fierté voulant tenir encore un peu... Autant que possible... Le paysage, non, ne traçait pas de frontière : c'étaient les écriteaux de marbre au bord du chemin et toute le délégation présente en ce jour qui s'en chargeaient.
Double rangée de gardes aux armures étincelantes - ambitionnant presque de remplacer le soleil, trop timide ce matin derrière un ciel de coton. Un rassemblement de carrosses, dont étaient sortis Dames, Messires et représentants de la plus haute noblesse. Après d'eux se tenaient plusieurs prêtres et l'archevêque de Braktenn en personne. Bientôt arriveraient les acteurs principaux de cette cérémonie : Dame Kalisha - bientôt de Monthoux - et le comte Prosper, son futur marié, ainsi que le souverain du Saint Empire Monbrinen. Il ne fallait pas moins que cela pour marquer le pacte de non-agression déjà décidé il y avait plusieurs mois de cela entre le royaume de Gérald Der Ragascorn et son voisin du Sud. Cela toutefois ne suffisait pas : il fallait un symbole. Et pour cela, il avait été décidé que ce serait sous la forme d'un mariage entre deux grandes familles des pays respectifs.
Aussi allait-on procéder, là, sur cette frontière, à l'accueil de Dame Kalisha et de sa délégation. Dans un rituel codifié, elle allait changer de tenue, être bénie par un prêtre, et une fois cela fait : rencontrer son mari puis Sa Majesté le Roi quand Elle arriverait... et enfin son époux. Un banquet attendait tout ce beau monde qui avait fait le chemin et réservé des auberges dans les environs afin d'assister à l'événement. Des ménestrels seraient là pour égayer la fête. Puis le lendemain viendrait le grand moment : les épousailles officielles, en la cathédrale Saint Bartholomé, sous la houlette de l'archevêque et avec le concours d'une des plus prestigieuse chorale de Monbrina.
Pour l'heure, tous attendaient de découvrir le visage de l'élue. La curiosité bienveillante des uns - prêts à l'accueillir au mieux et à la mettre à ses aises - venait compenser les regards déjà vautours des autres : ceux que l'on destinait avec son lot de méfiance à une nouvelle arrivante à la Cour... et à plus forte raison à une étrangère.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Thierry, arborant une superbe tenue d'apparat, bien plus belle que sa soutane ordinaire ou son habit de messe, savourait l'idée de sa présence à un événement aussi exceptionnel. Il n'arrivait pas encore à croire complètement que lui, un simple prêtre ait pu être choisi pour participer à un mariage diplomatique de cette envergure. ses yeux se dirigèrent un instant vers l'archevêque de Braktenn qui contemplait avec impassibilité le déroulement de la cérémonie. Aujourd'hui, il ferait mieux de bien tenir son rang et d'agir en homme d'église pieux et vertueux. Cela signifiait ainsi, à son grand regret, ne pas boire à une seule goutte d'alcool.
La journée allait être longue. Très longue.
Afin d'avoir une pensée plus agréable, Thierry baissa un court instant vers le garçon qui se tenait debout à ses côtés en dépit de ses béquilles qui l'aidaient à stabiliser son équilibre. A dix-neuf ans, sa petite taille et ses airs naïfs lui conféraient toujours cette impression de rester un éternel enfant. mais il aimait tant cet enfant et les réflexions dont celui-ci pouvait être capable de faire. Le prêtre avait eu du mal à convaincre le père Bellanger de le laisser accompagner. Alexandre, lui, bouillait d'impatience fébrile, d'être distingué pour l'assister dans un événement officiel de cette envergure et de voyage à l'autre bout du pays. Le cher enfant ! Il li avait même offert de beaux habits pour l'occasion. Cela lui plaisait tant de partager ce temps avec son fils sans que quiconque ne s'en rende de rien. Pas même Alexandre. Il s'amusait même de réaliser un joli doigt d'honneur à cette haute société en amenant dans leurs rangs un bâtard du clergé en toute impunité.
Son regard tourna vers la frontière. La mariée se faisait attendre.
La journée allait être longue. Très longue.
Afin d'avoir une pensée plus agréable, Thierry baissa un court instant vers le garçon qui se tenait debout à ses côtés en dépit de ses béquilles qui l'aidaient à stabiliser son équilibre. A dix-neuf ans, sa petite taille et ses airs naïfs lui conféraient toujours cette impression de rester un éternel enfant. mais il aimait tant cet enfant et les réflexions dont celui-ci pouvait être capable de faire. Le prêtre avait eu du mal à convaincre le père Bellanger de le laisser accompagner. Alexandre, lui, bouillait d'impatience fébrile, d'être distingué pour l'assister dans un événement officiel de cette envergure et de voyage à l'autre bout du pays. Le cher enfant ! Il li avait même offert de beaux habits pour l'occasion. Cela lui plaisait tant de partager ce temps avec son fils sans que quiconque ne s'en rende de rien. Pas même Alexandre. Il s'amusait même de réaliser un joli doigt d'honneur à cette haute société en amenant dans leurs rangs un bâtard du clergé en toute impunité.
Son regard tourna vers la frontière. La mariée se faisait attendre.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Alexandre n'en revenait toujours pas de participer à un événement de cette nature, lui le petit gamin du peuple. Après quelques difficultés, son père avait accepté cette idée en entendant du père Thierry que son fils allait sans doute rencontrer de nombreux contacts importants qui pourraient éventuellement venir ensuite à la la librairie.
Tout au long du voyage, Alexandre avait passé le nez à la fenêtre à contempler les paysages pour les retranscrire sur sa feuille de papier. lors des soirées dans les auberges, il rectifiait ses esquisses et magnifiait les traits. Les campagnes, les village, quelques villes... Le garçon aurait voulu pouvoir conserver une trace de toutes ces choses. Le père Thierry le laissait faire et semblait admirer son travail. Sans lui adresser de commentaires.
Relevant un instant la tête, Alexandre fixa le prêtre de sa paroisse qui avait tenu à l'emmener pour lui servir d'assistant apparemment. Il ne avait jamais quoi penser à son égards. Sa conduite morale se trouvait si peu digne pour un chrétien, surtout un prêtre. Mais avec lui, il paraissait si calme, si gentil... Il n'arrivait pas à cerner ces différentes facettes qui paraissaient contradictoires.
Pour l'heure, il en oublia vite ces interrogations. Ses yeux admiraient ce parterre d'officiel. Le comte de Monthoux, le futur époux, se tenait là, prêt à remplir son rôle et à recevoir sa nouvelle épouse. Il découvrait ensuite l’archevêque de la capitale et lui adressa un instant un petit sourire que l'homme ne sembla pas vouloir lui rendre. Le garçon n'osait cependant regarder en direction du Roi. Une peur inconsciente le retenait. La sensation que contempler ce monarque qui détenait son pouvoir de Dieu pourrait lui brûler les rétines. Sa raison savait cela idiot mais sa croyance affirmait que si.
Tout au long du voyage, Alexandre avait passé le nez à la fenêtre à contempler les paysages pour les retranscrire sur sa feuille de papier. lors des soirées dans les auberges, il rectifiait ses esquisses et magnifiait les traits. Les campagnes, les village, quelques villes... Le garçon aurait voulu pouvoir conserver une trace de toutes ces choses. Le père Thierry le laissait faire et semblait admirer son travail. Sans lui adresser de commentaires.
Relevant un instant la tête, Alexandre fixa le prêtre de sa paroisse qui avait tenu à l'emmener pour lui servir d'assistant apparemment. Il ne avait jamais quoi penser à son égards. Sa conduite morale se trouvait si peu digne pour un chrétien, surtout un prêtre. Mais avec lui, il paraissait si calme, si gentil... Il n'arrivait pas à cerner ces différentes facettes qui paraissaient contradictoires.
Pour l'heure, il en oublia vite ces interrogations. Ses yeux admiraient ce parterre d'officiel. Le comte de Monthoux, le futur époux, se tenait là, prêt à remplir son rôle et à recevoir sa nouvelle épouse. Il découvrait ensuite l’archevêque de la capitale et lui adressa un instant un petit sourire que l'homme ne sembla pas vouloir lui rendre. Le garçon n'osait cependant regarder en direction du Roi. Une peur inconsciente le retenait. La sensation que contempler ce monarque qui détenait son pouvoir de Dieu pourrait lui brûler les rétines. Sa raison savait cela idiot mais sa croyance affirmait que si.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Le grand jour n'avait jamais été aussi proche. C'était aujourd'hui en tout cas que Kalisha dû faire ses adieux à ses frères et sœurs, ses amis et tout ce qu'elle connaissait. Elle avait beau ressentir un petit pincement au cœur à l'idée de tourner le dos à cette vie de douceur et à cet environnement familier, ce n'était rien face à l'excitation de l'inconnu.
Les domestiques avaient achevés de charger ses possessions dans des malles et son palanquin l'attendait.
Elle avait longtemps hésité sur sa tenue, se demandant qu'elle serait celle qui la mettrait le plus en valeur sans pour autant avoir l'air d'une petite écervelée! Elle s'était finalement décidé pour une robe bleue très fluide et avait drapé ses épaules d'une étole de soie. Malgré le mois de février, il faisait plutôt doux à la capitale, elle n'ajouta donc qu'une légère cape sur ses épaules.
Kalisha monta dans son palanquin avec toute la grâce et la légèreté dont elle savait faire preuve. Elle salua une dernière fois ses proches et les porteurs soulevèrent la chaise. Un voyage de plusieurs jours l'attendaient avant d'atteindre la frontière. Le palanquin avait toujours eu le don de lui donner la nausée mais elle avait appris avec le temps à s'accommoder de ses désagréments. Lorsqu'enfin les portes du palais s'ouvrir sur le monde extérieur, la jeune princesse ne put contenir son excitation et son émerveillement. C'était la première fois qu'elle découvrait ce qui se trouvait de l'autre côté des murs du palais. Jusque là, seuls les rumeurs et les récits rapportés avaient nourris son imagination débordante. Elle inspira à plein poumon l'air frais du matin, comme si celui-ci avait pu être différent de celui du palais: elle était libre.
Le voyage fut si long qu'elle eut le temps de méditer et de se questionner sur ce qu'allait être sa nouvelle vie. Elle dû rapidement se rendre à l'évidence qu'excepté son imagination fertile, elle savait en réalité bien peu de choses. Kalisha savait qu'elle devait épouser un homme puissant de l'Empire voisin et qu'il s'agissait là d'une opération diplomatique visant assurer la paix entre leurs deux nations. Elle ressentait une certaine fierté à se voir confier cette mission de la plus haute importance. On disait de Monbrina qu'ils étaient puissantsw riches et fort développés. Il s'agissait soit disant de l'une des Cour les plus animés du continent. Certains disaient cependant qu'ils étaient fort fermés au progrès scientifique et avait peur de la médecine. Mais Kalisha avait rapidement balayé ces on-dit pour se concentrer sur la merveilleuse aventure qui l'attendait à milles lieux du destin banal qui l'aurait attendu à Djerdan.
Quelques jours plus tard, la procession s'arrêta nette. La jeune femme écarta délicatement le rideau du palanquin et découvrit un petit groupe de femme étrangement habillée. A en juger par leur uniforme, il devait s'agir de religieuses. Elle posa son regard un peu plus loin sur la scène alentour et aperçut une tente.
Le palanquin fut déposé au sol et Kalisha, invitée à descendre. Elle regardait à droite et à gauche telle une petite musaraigne, lorsque celle qui devait être leur chef, lui intima de la suivre ce qu'elle fit sans discuter. A peine entrée dans la tête la voix sèche de la Mère Supérieure lui ordonna de se dévêtir.
Pourquoi?! se demanda la princesse qui ignorait tout du rituel. Elle s'y plia cependant de bonnes grâces. Et se retrouva nue comme à son premier souffle. Elle fut alors conduite dans un bain afin de la "purifier" lui avait-on vaguement expliquée. Elle ne voyait pas bien en quoi, elle pouvait être sale mais se plia une fois de plus aux exigences locales sans questionner quoi que ce soit.
Enfin on l'a conduisit via une petite porte arrière où elle pénétra dans une deuxième tente qu'elle n'avait pas vu de l'extérieur. Ici on la revêtit d'une robe monbrinienne. On lui passa une tunique de lin blanche, puis arriva un drôle de carcan fait de tiges métalliques. Un corset. Le dernier accessoire en date de la mode monbrinienne. Lorsque la femme en serra les lacets, l'air contenu dans ses poumons fur expiré d'un coup et elle eut bien du mal à reprendre son souffle. On apporta ensuite le vertugadin que l'on déposa sur ses hanches de manière à accentuer sa taille fine. Enfin, on lui passa une lourde robe de velours cramoisi brodée d'or. Tout cela posé si lourd sur ses maigres épaules!
Sans plus de cérémonie, elle passa par une troisième porte et se retrouva à l'extérieur. Face à elle, une impressionnante file d'hommes et de femmes tous probablement plus important les uns que les autres. Lequel était son futur mari? On ne lui avait même pas présenter de portrait... On la força à avancer et elle fit tout son possible pour ne pas défaillir tant part l'inconfort de sa nouvelle tenue que par la nervosité qui la gagnait. Elle devait faire bonne figure... Tout ces yeux rivés sur elle... Ces lèvres qu'elle pouvait voir bouger sans un mot. Que disaient-ils? Elle réalisa soudainement qu'elle n'était peut-être pas autant la bienvenue qu'elle ne se l'était imaginée.
- Kalisha de Djerdan, Princesse de Djerdan, Troisième fille de la Seconde épouse de sa Majesté ! annonça la voix du héraut.
Kalisha effectua une révérence à la monbrinienne comme on le lui avait appris quelques jours auparavant.
Les domestiques avaient achevés de charger ses possessions dans des malles et son palanquin l'attendait.
Elle avait longtemps hésité sur sa tenue, se demandant qu'elle serait celle qui la mettrait le plus en valeur sans pour autant avoir l'air d'une petite écervelée! Elle s'était finalement décidé pour une robe bleue très fluide et avait drapé ses épaules d'une étole de soie. Malgré le mois de février, il faisait plutôt doux à la capitale, elle n'ajouta donc qu'une légère cape sur ses épaules.
Kalisha monta dans son palanquin avec toute la grâce et la légèreté dont elle savait faire preuve. Elle salua une dernière fois ses proches et les porteurs soulevèrent la chaise. Un voyage de plusieurs jours l'attendaient avant d'atteindre la frontière. Le palanquin avait toujours eu le don de lui donner la nausée mais elle avait appris avec le temps à s'accommoder de ses désagréments. Lorsqu'enfin les portes du palais s'ouvrir sur le monde extérieur, la jeune princesse ne put contenir son excitation et son émerveillement. C'était la première fois qu'elle découvrait ce qui se trouvait de l'autre côté des murs du palais. Jusque là, seuls les rumeurs et les récits rapportés avaient nourris son imagination débordante. Elle inspira à plein poumon l'air frais du matin, comme si celui-ci avait pu être différent de celui du palais: elle était libre.
Le voyage fut si long qu'elle eut le temps de méditer et de se questionner sur ce qu'allait être sa nouvelle vie. Elle dû rapidement se rendre à l'évidence qu'excepté son imagination fertile, elle savait en réalité bien peu de choses. Kalisha savait qu'elle devait épouser un homme puissant de l'Empire voisin et qu'il s'agissait là d'une opération diplomatique visant assurer la paix entre leurs deux nations. Elle ressentait une certaine fierté à se voir confier cette mission de la plus haute importance. On disait de Monbrina qu'ils étaient puissantsw riches et fort développés. Il s'agissait soit disant de l'une des Cour les plus animés du continent. Certains disaient cependant qu'ils étaient fort fermés au progrès scientifique et avait peur de la médecine. Mais Kalisha avait rapidement balayé ces on-dit pour se concentrer sur la merveilleuse aventure qui l'attendait à milles lieux du destin banal qui l'aurait attendu à Djerdan.
Quelques jours plus tard, la procession s'arrêta nette. La jeune femme écarta délicatement le rideau du palanquin et découvrit un petit groupe de femme étrangement habillée. A en juger par leur uniforme, il devait s'agir de religieuses. Elle posa son regard un peu plus loin sur la scène alentour et aperçut une tente.
Le palanquin fut déposé au sol et Kalisha, invitée à descendre. Elle regardait à droite et à gauche telle une petite musaraigne, lorsque celle qui devait être leur chef, lui intima de la suivre ce qu'elle fit sans discuter. A peine entrée dans la tête la voix sèche de la Mère Supérieure lui ordonna de se dévêtir.
Pourquoi?! se demanda la princesse qui ignorait tout du rituel. Elle s'y plia cependant de bonnes grâces. Et se retrouva nue comme à son premier souffle. Elle fut alors conduite dans un bain afin de la "purifier" lui avait-on vaguement expliquée. Elle ne voyait pas bien en quoi, elle pouvait être sale mais se plia une fois de plus aux exigences locales sans questionner quoi que ce soit.
Enfin on l'a conduisit via une petite porte arrière où elle pénétra dans une deuxième tente qu'elle n'avait pas vu de l'extérieur. Ici on la revêtit d'une robe monbrinienne. On lui passa une tunique de lin blanche, puis arriva un drôle de carcan fait de tiges métalliques. Un corset. Le dernier accessoire en date de la mode monbrinienne. Lorsque la femme en serra les lacets, l'air contenu dans ses poumons fur expiré d'un coup et elle eut bien du mal à reprendre son souffle. On apporta ensuite le vertugadin que l'on déposa sur ses hanches de manière à accentuer sa taille fine. Enfin, on lui passa une lourde robe de velours cramoisi brodée d'or. Tout cela posé si lourd sur ses maigres épaules!
Sans plus de cérémonie, elle passa par une troisième porte et se retrouva à l'extérieur. Face à elle, une impressionnante file d'hommes et de femmes tous probablement plus important les uns que les autres. Lequel était son futur mari? On ne lui avait même pas présenter de portrait... On la força à avancer et elle fit tout son possible pour ne pas défaillir tant part l'inconfort de sa nouvelle tenue que par la nervosité qui la gagnait. Elle devait faire bonne figure... Tout ces yeux rivés sur elle... Ces lèvres qu'elle pouvait voir bouger sans un mot. Que disaient-ils? Elle réalisa soudainement qu'elle n'était peut-être pas autant la bienvenue qu'elle ne se l'était imaginée.
- Kalisha de Djerdan, Princesse de Djerdan, Troisième fille de la Seconde épouse de sa Majesté ! annonça la voix du héraut.
Kalisha effectua une révérence à la monbrinienne comme on le lui avait appris quelques jours auparavant.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Lors de ses pérégrinations, Per-Erwann s'était rendu dans le pays de Djerdan. Enfin, pays qui n'en était plus tout à fait un, comme il venait d'être colonisé. Encore un, comme l'avait été son pays d'origine à lui, Lôdmé. Il ne savait toujours pas ce qui était arrivé à ses proches de là-bas, mise à part sa mère.
Mais il n'était pas là pour se lamenter de la montée en puissance du royaume mombrinien. Au contraire, il se devait d'être exemplaire à ce sujet : il allait assurer l'accompagnement musical d'un mariage de la plus haute importance.
C'était la première fois qu'il était embauché pour un événement aussi capital. Il avait déjà joué à de petites fêtes locales, ou à des mariages entre roturiers. Mais jamais un mariage de la noblesse. Aussi, lorsqu'après une session musicale particulièrement animée et enjouée dans une rue passante de la capitale, un homme aux traits durs lui somma de venir jouer pour une telle célébration, il fut très surpris, mais accepta sans broncher. Après tout, la rémunération serait sans doute conséquente.
À son arrivée sur les lieux, on lui assigna un guitariste avec qui il allait faire équipe. L'homme avait un insupportable air supérieur, et sembla considérer Per-Erwann comme un moins-que-rien. Heureusement, lorsque le flûtiste joua l'un de ses meilleurs airs, les traits du guitariste s'adoucirent, et il sembla mesurer son talent comme suffisant pour avoir l'honneur de jouer en sa compagnie. En effet, cet homme avait un réel talent, et il était agréable de l'écouter. Ses notes s'enchaînaient avec une précision impeccable. Le style de Per-Erwann était plus libre, mais étrangement, cela s'accordait sans problème avec un style carré. Ainsi, leur duo était très harmonieux. Cette rencontre fut donc somme toute plutôt plaisante et très enrichissante.
Cependant, une toute autre préparation était nécessaire pour un tel événement : soigner son apparence. Et cela était difficile pour le musicien, qui en tant que nomade avait peu d'occasion d'y faire attention. Les deux femmes qu'on lui envoya afin de le rendre plus présentables ne cachèrent pas leur air dégoûté quand elles constatèrent que Per-Erwann ne s'était pas lavé depuis un certain moment. On l'envoya vite réparer cette infamie, mettant à sa disposition un baquet dont le luxe dépassait tout ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent, avec une panoplie de produits dont il ne savait que faire. Il consentit à se laver du mieux qu'il put, et l'odeur qu'il dégageait lorsqu'il sortit lui rappela les fleurs du petit jardin de sa mère.
Ceci fait, on lui donna de beaux habits, et les deux femmes voulurent raser son visage. Il s'y opposa catégoriquement : sa barbe faisait partie de son identité, et il en était fier. Elles durent donc se résoudre à la tailler légèrement.
Il était finalement prêt à jouer pour le mariage. Le paysage était magnifique, et faisait partie de ce qu'il aimait dans le fait de voyager : découvrir de sublimes endroits. Le vent frais était agréable et faisait voleter ses cheveux. Cette brise serait parfaite lorsqu'il jouerait, et surtout lorsqu'il annoncerait son nom de scène : l'Air du Nord. Même si, en l'occurrence, le vent venait du Sud, cela créait un décalage qu'il trouvait harmonieux.
Per-Erwann trouva les convenances dues au caractère noble de ce mariage très longues et pompeuses. Comme la plupart de l'assemblée, il n'attendait que de voir la future mariée, curieux de savoir à quoi elle ressemblait.
Elle apparut enfin, rayonnante. Sa tenue était travaillée, mais moins que l'aurait cru Per-Erwann. Il s'attendait à quelque chose de ridiculement bouffant, mais non. Cela lui seyait fort bien. Elle sembla un peu timide, et le musicien le comprenait : elle avait l'air jeune et novice dans ce genre d'implication.
Il découvrit le salut mombrinien, et le nota mentalement afin de le refaire par la suite. Il aimait découvrir les coutumes des différents pays.
Maintenant, Per-Erwann attendait de voir la première rencontre entre les futurs époux. Lui qui n'avait jamais véritablement connu l'amour, très solitaire, il se demanda si le fait que ce soit arrangé de la sorte augmentait les chances qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre, ou si au contraire, cela serait plutôt rebutant. Bien que ce ne soit pas ses affaires, il était curieux.
Mais ce dont il avait le plus hâte, c'était de jouer. Ses doigts le démangeaient. Il se demandait dans combien de temps on allait l'appeler, et détestait être dans l'expectative. Il préférait jouer quand il le voulait, quand il le sentait, au gré du vent... Mais il devait se restreindre, pour une célébration si exceptionnelle.
Mais il n'était pas là pour se lamenter de la montée en puissance du royaume mombrinien. Au contraire, il se devait d'être exemplaire à ce sujet : il allait assurer l'accompagnement musical d'un mariage de la plus haute importance.
C'était la première fois qu'il était embauché pour un événement aussi capital. Il avait déjà joué à de petites fêtes locales, ou à des mariages entre roturiers. Mais jamais un mariage de la noblesse. Aussi, lorsqu'après une session musicale particulièrement animée et enjouée dans une rue passante de la capitale, un homme aux traits durs lui somma de venir jouer pour une telle célébration, il fut très surpris, mais accepta sans broncher. Après tout, la rémunération serait sans doute conséquente.
À son arrivée sur les lieux, on lui assigna un guitariste avec qui il allait faire équipe. L'homme avait un insupportable air supérieur, et sembla considérer Per-Erwann comme un moins-que-rien. Heureusement, lorsque le flûtiste joua l'un de ses meilleurs airs, les traits du guitariste s'adoucirent, et il sembla mesurer son talent comme suffisant pour avoir l'honneur de jouer en sa compagnie. En effet, cet homme avait un réel talent, et il était agréable de l'écouter. Ses notes s'enchaînaient avec une précision impeccable. Le style de Per-Erwann était plus libre, mais étrangement, cela s'accordait sans problème avec un style carré. Ainsi, leur duo était très harmonieux. Cette rencontre fut donc somme toute plutôt plaisante et très enrichissante.
Cependant, une toute autre préparation était nécessaire pour un tel événement : soigner son apparence. Et cela était difficile pour le musicien, qui en tant que nomade avait peu d'occasion d'y faire attention. Les deux femmes qu'on lui envoya afin de le rendre plus présentables ne cachèrent pas leur air dégoûté quand elles constatèrent que Per-Erwann ne s'était pas lavé depuis un certain moment. On l'envoya vite réparer cette infamie, mettant à sa disposition un baquet dont le luxe dépassait tout ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent, avec une panoplie de produits dont il ne savait que faire. Il consentit à se laver du mieux qu'il put, et l'odeur qu'il dégageait lorsqu'il sortit lui rappela les fleurs du petit jardin de sa mère.
Ceci fait, on lui donna de beaux habits, et les deux femmes voulurent raser son visage. Il s'y opposa catégoriquement : sa barbe faisait partie de son identité, et il en était fier. Elles durent donc se résoudre à la tailler légèrement.
Il était finalement prêt à jouer pour le mariage. Le paysage était magnifique, et faisait partie de ce qu'il aimait dans le fait de voyager : découvrir de sublimes endroits. Le vent frais était agréable et faisait voleter ses cheveux. Cette brise serait parfaite lorsqu'il jouerait, et surtout lorsqu'il annoncerait son nom de scène : l'Air du Nord. Même si, en l'occurrence, le vent venait du Sud, cela créait un décalage qu'il trouvait harmonieux.
Per-Erwann trouva les convenances dues au caractère noble de ce mariage très longues et pompeuses. Comme la plupart de l'assemblée, il n'attendait que de voir la future mariée, curieux de savoir à quoi elle ressemblait.
Elle apparut enfin, rayonnante. Sa tenue était travaillée, mais moins que l'aurait cru Per-Erwann. Il s'attendait à quelque chose de ridiculement bouffant, mais non. Cela lui seyait fort bien. Elle sembla un peu timide, et le musicien le comprenait : elle avait l'air jeune et novice dans ce genre d'implication.
Il découvrit le salut mombrinien, et le nota mentalement afin de le refaire par la suite. Il aimait découvrir les coutumes des différents pays.
Maintenant, Per-Erwann attendait de voir la première rencontre entre les futurs époux. Lui qui n'avait jamais véritablement connu l'amour, très solitaire, il se demanda si le fait que ce soit arrangé de la sorte augmentait les chances qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre, ou si au contraire, cela serait plutôt rebutant. Bien que ce ne soit pas ses affaires, il était curieux.
Mais ce dont il avait le plus hâte, c'était de jouer. Ses doigts le démangeaient. Il se demandait dans combien de temps on allait l'appeler, et détestait être dans l'expectative. Il préférait jouer quand il le voulait, quand il le sentait, au gré du vent... Mais il devait se restreindre, pour une célébration si exceptionnelle.
Per-Erwann Tysklaer- Musicien
- Fiche perso : www.
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Multi-comptes ? : Emeline Lefèvre
Messages : 3
Date d'inscription : 19/02/2020
Age : 60
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Au loin se dessinait, derrière les nuages qui s'écartaient enfin, une succession de tentes surmontées de drapeaux. Tous les regards suivirent leur déroulé : prêtres, enfants de chœur, nobles convives savaient que selon le protocole, le future mariée venait de traverser chacune de ces tentes, pour y prendre au fur et à mesure les atours monbriniens entre les mains d'un groupe de religieuses. Le rituel accompli, enfin elle se présenta, resplendissante, dans une robe cramoisie et toute parée d'or, de broderies, de pierres. Sa ligne de gazelle paraissait presque alourdie dans un tel costume et Kalisha pourra découvrir des sourires de certaines Dames : solidarité féminine - elles connaissaient elles aussi les obligations de la mode.
A l'annonce du prestigieux noms de la future épouse, tout le monde s'inclina. L’archevêque approcha pour la bénir de quelques mots en latin et d'huile à son front, avec des gestes déférents. La mine ronde et avenante de l'homme se voulut la plus accueillante possible pour celle qui abandonnait ses habits, ses coutumes, sa religion même, pour épouser de cœur Monbrina aussi bien que le seigneur qui allait venir.
L'arrivée d'un carrosse, tout de bois rare et d'or, tiré par huit chevaux, se fit alors entendre. Bientôt un rythme au tambour et des trompettes recouvrirent complètement le fracas des roues du véhicule : la nuée d'yeux quitta la belle orientale pour se tourner, comme autant de girouettes toutes prises dans une même rafale, vers celui qui arrivait à présent. Le roi, en personne. On l'annonça et les portes du carrosse s'ouvrirent sur son impressionnante personne, laquelle semblait alors tout autant parée du pouvoir terrestre par son imposant manteau d'hermine et sa couronne - que du pouvoir divin, tant ses jambières métalliques luisaient comme en transfiguration.
Gérald Der Ragascorn accorda un petit salut à tous ses sujets d'un très léger hochement de tête. Les regards suivirent ses mouvements, tandis qu'il avançait vers Dame Kalisha. On le contemplait d'un regard prude à moitié baissé, conforme à la bienséance. Les yeux du dirigeant, larges, bleu foncé, impressionnants, s'arrêtèrent sur la belle orientale. Ils perçaient tout avec éminence et sévérité. En l'occurrence, ils paraissaient déjà transmettre à l'envoyée de Djerdan toute l'importance de sa présence en ces terres.
D'un geste de la main droite, le roi autorisa ses sujets à se relever. Sans attention pour eux néanmoins. Il restait rivé sur Dame Kalisha dont la beauté et l'élégance incontestables - bien qu'empruntes de timidité - venaient de lui attirer l'attention positive et accueillante du souverain. Der Ragascoen n'était pas en reste dans la majesté de sa personne et composait, auprès de la future mariée, un tableau qui saurait marquer les esprits : tous deux vêtus de rouge, tous deux dignes et imposants à leur façon. Ce grand corps appuyé sur une canne d'apparat partageait le charme et la force antique de son visage aux traits sculpturaux, vigoureux quoique striés de rides. Il était poudré mais sans excès, ce qui laissait deviner son teint naturellement très clair. Sa blancheur ressortait par contraste avec une longue perruque frisée, assortie à d'épaisses moustaches aussi brunes et fournies qu'un tronc solide, lesquelles rejoignaient des favoris qui encadraient ses joues carrées. Le souverain dégageait une fière et sombre autorité. Sa voix puissante s'éleva :
-- Dame Kalisha, Princesse de Djerdan, au nom du Saint Empire Monbrinien nous vous souhaitons la bienvenue et vous mettons sous la protection de notre Seigneur Dieu. Votre présence honore notre Cour et l'union qui sera la vôtre scellera plus que jamais l'entente entre nos peuples.
Comte Prosper de Monthoux et Mademoiselle Florentyna de Monthoux, 18 ans
Tandis que le monarque parlait en ces termes, un autre carrosse arrivait à point nommé : les armoiries de Monthoux aux côtés des portes indiquèrent immédiatement la présence du futur époux. On ouvrir les battants, on descendit le marchepied. Le comte Prosper de Monthoux se présente à tous les regards et, comme le roi se tenait en face de lui, il ôta son chapeau à plumes pour une très profonde révérence. En se redressant, il découvrit alors seulement sa future femme : encore rayonnante d'une jeunesse certaine, brune comme ébène, aussi belle que le lui avait promis le portrait qu'on lui avait fait parvenir d'elle. La réciproque en revanche ne se faisait pas et Kalisha découvrait alors l'homme qu'elle allait épouser. Taille moyenne, stature moyenne - tout semblait moyen chez lui - mais un solide embonpoint presque assorti à la rondeur des boucles de sa moustache. Il avait revêtu son plus beau costume blanc, une cape de petit gris, une cravate de mousseline serrée à sa gorge d'une fibule où trônait un saphir. Prosper offris on plus beau sourire et, sur signe du roi, avança vers sa future femme. Il fut alors humer le parfum raffiné qu'elle portait et se plonger véritablement dans ses grands yeux aux longs cils noirs.
-- Madame, engagea-t-il après un baise-main à la princesse. Le soleil près de vous perd de son éclat et je serai le plus heureux des Sieurs en ayant à la fois l'honneur de servir mon Empire... et le bonheur que cela soit avec vous.
Discrète derrière son père, aussi discrète d'attitude que d'allure - avec sa silhouette menue, sa quasi absence de formes et son visage aux traits tout à fait ordinaires - la jeune Florentyna de Monthoux adressa d'abord sa révérence au roi, puis une autre à celle qui allait donc être sa "belle-mère"... Elle était pourtant plus proche d'elle en âge que ne le serait son père ! Et de loin ! Quelle troublante situation à expérimenter... et cependant si banale, tant les Messieurs prenaient régulièrement de jeunes épouses après en avoir perdu une précédente. Florentyna d'ailleurs portait encore le noir pour sa défunte mère, mais elle l'avait en ce jour égayé d'un collier d'émeraudes et d'un maquillage printanier. Le Roi avait ordonné. Son père épouserait en secondes noces une aristocrate du Royaume libre voisin, en symbole d'une alliance. La famille de Monthoux n'avait eu qu'à obéir. Florentyna adressa un sourire de tendresse et d'accueil pour la princesse Kalisha. Les choses devaient être si dépaysantes, voire bien difficiles pour cette femme de Djerdan ! Puissent-elles bien s'entendre et être davantage proches - pourquoi pas amies - davantage qu'une mère et sa fille. Elle l'admira au passage, dans sa robe rouge : quelle belle femme ! Comme elle aimerait lui ressembler. Sans doute aurait-elle tant à lui faire découvrir de son pays.
Une petite croix pendait à la gorge maigre de la pieuse demoiselle de Monthoux. Il baissa la tête dans un respectueux salut devant l'archidiacre, puis observa la série de prêtres venus pour l'occasion, avec même plusieurs enfants de chœur. Florentyna se sentait aussi intimidée que la princesse Kalisha. A nouveau, ses petits yeux bleus allèrent accrocher le regard de cette dernière, cette fois-ci pour lui souhaiter sans parole de se plaire ici... Florentyna respectait son père pour ce qu'il était : précisément, son père. Cependant elle connaissait bien les faiblesses de son tempérament... Puisse Dieu assister leur famille et cette nouvelle arrivée ! Elle serra les mains en prière.
-- Comte Prosper de Monthoux, Princesse Kalisha de Djerdan, reprit le monarque, demain sera célébrée votre union en la cathédrale Saint Bartholomé. Pour l'heure, la Cour et plusieurs représentants du clergé ici réunis vont se faire une joie de vous accueillir pour notre banquet. Musiciens, accompagnez nos agapes !
Les ménestriers convoqués pour l'occasion allaient se mettre à l'oeuvre. Au son de leurs instruments, on allait pouvoir parler, déambuler, converser avec la princesse et sa suite. Chacun avait le loisir d'une discussion tandis que l'ensemble délégation allait maintenant prendre la direction des vastes tables de banquet. Florentyna tourna un regard attentionné vers le groupe d'artistes qui allaient jouer. Il y avait là des jeunes et des beaucoup plus âgés, dont un vieux monsieur aux yeux profonds - sans doute pleins d'histoires à raconter - sur qui l'attention de la demoiselle s'arrêta quelques secondes.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Le héraut venait de se mettre à crier d'une voix de stentor :
Kalisha de Djerdan, Princesse de Djerdan, Troisième fille de la Seconde épouse de sa Majesté !
Thierry tourna la tête vers la frontière et distingua une silhouette gracile se présenter. Peu à peu, elle s'approcha et se découvrit à ce nouveau monde - pour elle, son visage. Le visage gracieux s'avérait joli à regarder et la taille fine. Néanmoins, sa jeunesse lui interdisait toute mauvaise pensée. Il les préférait plus âgées, plus mûres, avec une réelle expérience dans la vie. Sur son passage, les courtisans et tous ceux rassemblés durent baisser la tête. Thierry s'y soumit aussi. Contre son gré. Il détestait ce rituel qui l'agaçait intérieurement. Courber l'échine, il ne l'avait que trop fait par le passé. Il préférait, grâce à cette position acquise, soumettre à présent les autres.
La princesse rejoignit le roi qui la salua puis la présenta à son nouvel époux. D'un regard en coin, Thierry fixa la silhouette du gros Monthoux et éprouva une once de dégoût de visualiser ce porc décervelé se coucher demain soir sur cette jeune femme qui sortait tout juste de l'enfance. Pauvre petite... Encore une contrainte par ses parents à embrasser une cause qui n’était pas la sienne. Il songea à sa propre jeunesse, son père l'ayant abandonné au monastère, vendu, puis tourna la tête vers Alexandre, le cœur serré, qui avait dû lui renoncer à sa vocation de prêtre, contraint par son père adoptif qui se refusait à l'avoir élever pour le voir choisir une autre voie que reprendre la librairie familiale. Combien de destins brisés au nom de ces décisions unilatérales ? Il préféra ne pas trop y réfléchir.
Lorsque le souverain annonça le début des festivités, Thierry attendit un peu et laissa les premiers officiels présenter leurs hommages à la princesse. Il fit signe à Alexandre puis s'avança à son tour pour s'incliner poliment devant la jeune femme, puis le comte. Il dit :
"Bienvenue en terre monbrinienne, mademoiselle, qui, j'espère, sauront vous plaire. Je vous souhaite tous mes vœux pour votre union prochaine et que celle-ci continue à apporter la paix entre nos deux royaumes."
Il posa la main sur l'épaule d'Alexandre.
"Je me nomme Thierry d'Anjou, modeste prêtre à la capitale. Et voici Alexandre Bellanger, mon enfant de chœur."
Thierry dissimula un sourire, satisfait de ce discret tacle qu'il réalisait aux bonnes mœurs. Enfant de chœur, enfant de cœur, personne ne devinerait la subtilité et lui avait habilement su convier un enfant né du péché, comme les imbéciles religieux, aimaient à dire, à un pareil rassemblement officiel.
Kalisha de Djerdan, Princesse de Djerdan, Troisième fille de la Seconde épouse de sa Majesté !
Thierry tourna la tête vers la frontière et distingua une silhouette gracile se présenter. Peu à peu, elle s'approcha et se découvrit à ce nouveau monde - pour elle, son visage. Le visage gracieux s'avérait joli à regarder et la taille fine. Néanmoins, sa jeunesse lui interdisait toute mauvaise pensée. Il les préférait plus âgées, plus mûres, avec une réelle expérience dans la vie. Sur son passage, les courtisans et tous ceux rassemblés durent baisser la tête. Thierry s'y soumit aussi. Contre son gré. Il détestait ce rituel qui l'agaçait intérieurement. Courber l'échine, il ne l'avait que trop fait par le passé. Il préférait, grâce à cette position acquise, soumettre à présent les autres.
La princesse rejoignit le roi qui la salua puis la présenta à son nouvel époux. D'un regard en coin, Thierry fixa la silhouette du gros Monthoux et éprouva une once de dégoût de visualiser ce porc décervelé se coucher demain soir sur cette jeune femme qui sortait tout juste de l'enfance. Pauvre petite... Encore une contrainte par ses parents à embrasser une cause qui n’était pas la sienne. Il songea à sa propre jeunesse, son père l'ayant abandonné au monastère, vendu, puis tourna la tête vers Alexandre, le cœur serré, qui avait dû lui renoncer à sa vocation de prêtre, contraint par son père adoptif qui se refusait à l'avoir élever pour le voir choisir une autre voie que reprendre la librairie familiale. Combien de destins brisés au nom de ces décisions unilatérales ? Il préféra ne pas trop y réfléchir.
Lorsque le souverain annonça le début des festivités, Thierry attendit un peu et laissa les premiers officiels présenter leurs hommages à la princesse. Il fit signe à Alexandre puis s'avança à son tour pour s'incliner poliment devant la jeune femme, puis le comte. Il dit :
"Bienvenue en terre monbrinienne, mademoiselle, qui, j'espère, sauront vous plaire. Je vous souhaite tous mes vœux pour votre union prochaine et que celle-ci continue à apporter la paix entre nos deux royaumes."
Il posa la main sur l'épaule d'Alexandre.
"Je me nomme Thierry d'Anjou, modeste prêtre à la capitale. Et voici Alexandre Bellanger, mon enfant de chœur."
Thierry dissimula un sourire, satisfait de ce discret tacle qu'il réalisait aux bonnes mœurs. Enfant de chœur, enfant de cœur, personne ne devinerait la subtilité et lui avait habilement su convier un enfant né du péché, comme les imbéciles religieux, aimaient à dire, à un pareil rassemblement officiel.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Les yeux d'Alexandre étaient écarquillés et essayaient d'observer le moindre détail de cet événement extraordinaire auquel il avait été exceptionnellement convié. Lorsque la princesse parut à la frontière, son regard captivé ne sut s'en détacher. Elle portait une robe exotique comme le garçon n'en avait encore jamais vu. Il s'efforça de graver dans sa mémoire le tons du vêtement et la forme du tissu afin de le retranscrire sur son carnet à dessins dans la soirée.
Alors que sa tête se baissa avec humilité, soucieux de respecter le protocole, son esprit fourmillait d'interrogations. Toutes concernaient la vie au-délà de cette frontière. Quelle religion y pratiquait-on ? Il n'existait, bien sur, qu'un Dieu, mais bon nombre de peuples avaient du mal à renoncer aux pratiques archaïques. Il songea ensuite aux paysages dans lesquels elle avait grandi. Dans les livres, on parlait de désert. Du désert... Il s'imagina un temps des errances folles, au milieu du sable, comme moult personnages bibliques. C'était dans ces lieux que l'on venait chercher la sagesse et d'où on ressortait transformé. N'existait-il pas d'autres lieux ? Un pays uniquement constitués par le désert, cela lui paraissait un peu triste. Il devait y avoir quelques villes. Toute civilisation en possédait. A moins d'être des populations barbares, comme dans les contrées de Zarkos où on vivait encore sous forme de clans. Mais ce ne pouvait pas être le cas de Djerdan. Autrement, le Roi n'aurai jamais proposé une alliance avec des habitants primitifs. La princesse se devait avoir un minimum d'éducation et de raffinement. Autrement, elle s'étiolerait au sein de leur royaume de culture et d'intelligence.
Il redressa soudain la tête en entend le Roi s’exprimer et accueillir la princesse. Le cœur d'Alexandre battait fort d'entendre cette voix. C'était pour lui un événement bien plus surréaliste que de se trouver là, à ce mariage. Le roi de Monbrina, le lieutenant de Dieu sur terre ! C'était à ses yeux un personnage mythique, que personne ne pourrait véritablement appréhender. De par la grâce du sacre, il n'était plus un homme. Il appartenait déjà à un autre monde.
Peu après, le père Thierry se joignit au moment de la foule pour présenter ses hommages. Alexandre le suivit, à quelques mètres de distance, scrupuleux de respecter le protocole, et s'inclina poliment lui aussi. Il écouta le prêtre complimenter la princesse puis le vit l'introduire. Tout timide, Alexandre murmura difficilement :
"Euh... bienvenue à Monbrina, madame."
Ses yeux se baissèrent vers le sol, affreusement gêné, ayant la désagréable sensation de ne pas être à sa place.
Alors que sa tête se baissa avec humilité, soucieux de respecter le protocole, son esprit fourmillait d'interrogations. Toutes concernaient la vie au-délà de cette frontière. Quelle religion y pratiquait-on ? Il n'existait, bien sur, qu'un Dieu, mais bon nombre de peuples avaient du mal à renoncer aux pratiques archaïques. Il songea ensuite aux paysages dans lesquels elle avait grandi. Dans les livres, on parlait de désert. Du désert... Il s'imagina un temps des errances folles, au milieu du sable, comme moult personnages bibliques. C'était dans ces lieux que l'on venait chercher la sagesse et d'où on ressortait transformé. N'existait-il pas d'autres lieux ? Un pays uniquement constitués par le désert, cela lui paraissait un peu triste. Il devait y avoir quelques villes. Toute civilisation en possédait. A moins d'être des populations barbares, comme dans les contrées de Zarkos où on vivait encore sous forme de clans. Mais ce ne pouvait pas être le cas de Djerdan. Autrement, le Roi n'aurai jamais proposé une alliance avec des habitants primitifs. La princesse se devait avoir un minimum d'éducation et de raffinement. Autrement, elle s'étiolerait au sein de leur royaume de culture et d'intelligence.
Il redressa soudain la tête en entend le Roi s’exprimer et accueillir la princesse. Le cœur d'Alexandre battait fort d'entendre cette voix. C'était pour lui un événement bien plus surréaliste que de se trouver là, à ce mariage. Le roi de Monbrina, le lieutenant de Dieu sur terre ! C'était à ses yeux un personnage mythique, que personne ne pourrait véritablement appréhender. De par la grâce du sacre, il n'était plus un homme. Il appartenait déjà à un autre monde.
Peu après, le père Thierry se joignit au moment de la foule pour présenter ses hommages. Alexandre le suivit, à quelques mètres de distance, scrupuleux de respecter le protocole, et s'inclina poliment lui aussi. Il écouta le prêtre complimenter la princesse puis le vit l'introduire. Tout timide, Alexandre murmura difficilement :
"Euh... bienvenue à Monbrina, madame."
Ses yeux se baissèrent vers le sol, affreusement gêné, ayant la désagréable sensation de ne pas être à sa place.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Elle eut à peine le temps de se perdre dans l'observation de la foule qu'un carrosse d'or étincelant sous le soleil arriva, tiré par huit magnifiques chevaux. Le Roi s'extirpe de la voiture avec la grâce qui lui était dû. Kalisha effectua instantanément une révérence et resta ainsi tête baissée, comme on le lui avait appris jusqu'à ce qu'elle entrevit l'autorisation de se relever, ce qu'elle fit avec élégance.
Face à elle, le Roi de Monbrina. Majestueux était le mot qui le caractérisait le mieux. Il dégageait une puissance, un charisme... Vêtu lui aussi de pourpre et d'un splendide manteau d'hermine, il était des plus élégants. Kalisha senti le rose lui monter aux joues. Elle se trouvait impressionnée par le personnage qui se trouvait face à elle et ne s'était pas attendue à le trouver si attirant. Il avait la peau si pâle et ce n'était pas la poudre qui lui donnait ce délicat teint de porcelaine...
Derrière lui, les courtisans redressaient la tête petit à petit. Cet instant n'avait duré qu'un instant mais elle avait eu l'impression que le temps s'était arrêté lorsque le monarque était apparu. Avait-il ce pouvoir, d'arrêter le temps?
Lorsqu'il lui souhaita la bienvenue de sa voix forte et autoritaire mais d'où elle pouvait sentir une certaine bienveillance, Kalisha effectua une nouvelle révérence.
- C'est un honneur pour moi, Sir, que d'avoir été choisie pour sceller cette alliance avec votre Saint Empire et j'espère m'en montrer digne
Elle avait appris et répété cette phrase un nombre inlassable de fois. Mais là, face à cet illustre personnage, elle ne savait même plus dire si les mots employés avait été les bons. Elle sentit poindre une angoisse: et si elle avait faillit ? Si elle ses mots n'avaient pas l'effet escompté et déclencher un incident diplomatique ? Elle n'osait imaginer la honte qui s'emparerait d'elle alors...
Durant ce temps, un nouveau carrosse était arrivée. Celui sans doute de son futur époux. Un homme tout aussi imposant que le Roi mais dans un tout autre domaine se trouvait face à elle. Il portait un costume blanc malgré la neutralité des couleurs paraissait presque plus visible que le Roi lui-même. A ses côtés se trouvaient une jeune fille de son âge environ. Était-ce sa première épouse ? Non c'était impossible... Le Saint Empire Monbrinien n'autorisait pas pareil choses. Alors, sa fille?
Les questions et les émotions se bousculaient dans sa tête alors qu'elle essayait malgré elle de garder ce visage souriant.
Elle allait devoir épouser cet homme? Ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait imaginé de prime abord. Elle le voyait plus jeune peut-être, plus fin... Plus noble ? Plus comme le Roi en quelque sorte. Et puis qu'adviendrait-il de leur nuit de noce et des suivantes ? Allait-elle finir étouffée entre le matelas de plumes et son imposant mari?
Elle s'empressa de répondre à son futur époux avec autant d'élégance que possible:
- Tout l'honneur est pour moi et je me languis de notre union qui me comblera de bonheur.
A défaut d'être l'homme au physique idéal, il devait certainement être bon et attentionnée. Pourquoi lui aurait-on choisi un tel mari sinon? Il devait bien exister d'autres hommes seuls? Et puis il y avait cette jeune fille qui était si belle en comparaison. Sa belle fille. Drôle de situation tout de même. Peut-être pourrait-elle devenir son amie?
Son futur époux, le Comte de Monthoux ouvrir les festivités et toute la clique jusque là parfaitement ordonnée, s'éparpille, sans qu'elle ne sut où donner de la tête.
Elle n'avait pas remarqué le prêtre qui se tenait non loin et lui souhaita la bienvenue tout en présentant son enfant de chœur ou de cœur. Kalisha n'était pas bien sûr d'avoir compris cette partie mais n'osa faire la moindre remarque en ce sens.
Elle inclina délicatement la tête et les salua son tour:
- Je vous remercie pour votre accueil, mon Père.
Kalisha venait tout juste d'être baptisée. Elle a ait dû abandonner sa foi en même tant que le reste. Elle se sentait désormais comme déracinée. Et dans quel terreau la replanterait-on? Elle ne demandait d'ailleurs si c'était ce prêtre qui officierait le lendemain... Elle n'osa le questionner tant sa gouvernante lui avait rabachée de tenir sa langue au moins jusqu'à ce que la cérémonie soit célébrée.
Face à elle, le Roi de Monbrina. Majestueux était le mot qui le caractérisait le mieux. Il dégageait une puissance, un charisme... Vêtu lui aussi de pourpre et d'un splendide manteau d'hermine, il était des plus élégants. Kalisha senti le rose lui monter aux joues. Elle se trouvait impressionnée par le personnage qui se trouvait face à elle et ne s'était pas attendue à le trouver si attirant. Il avait la peau si pâle et ce n'était pas la poudre qui lui donnait ce délicat teint de porcelaine...
Derrière lui, les courtisans redressaient la tête petit à petit. Cet instant n'avait duré qu'un instant mais elle avait eu l'impression que le temps s'était arrêté lorsque le monarque était apparu. Avait-il ce pouvoir, d'arrêter le temps?
Lorsqu'il lui souhaita la bienvenue de sa voix forte et autoritaire mais d'où elle pouvait sentir une certaine bienveillance, Kalisha effectua une nouvelle révérence.
- C'est un honneur pour moi, Sir, que d'avoir été choisie pour sceller cette alliance avec votre Saint Empire et j'espère m'en montrer digne
Elle avait appris et répété cette phrase un nombre inlassable de fois. Mais là, face à cet illustre personnage, elle ne savait même plus dire si les mots employés avait été les bons. Elle sentit poindre une angoisse: et si elle avait faillit ? Si elle ses mots n'avaient pas l'effet escompté et déclencher un incident diplomatique ? Elle n'osait imaginer la honte qui s'emparerait d'elle alors...
Durant ce temps, un nouveau carrosse était arrivée. Celui sans doute de son futur époux. Un homme tout aussi imposant que le Roi mais dans un tout autre domaine se trouvait face à elle. Il portait un costume blanc malgré la neutralité des couleurs paraissait presque plus visible que le Roi lui-même. A ses côtés se trouvaient une jeune fille de son âge environ. Était-ce sa première épouse ? Non c'était impossible... Le Saint Empire Monbrinien n'autorisait pas pareil choses. Alors, sa fille?
Les questions et les émotions se bousculaient dans sa tête alors qu'elle essayait malgré elle de garder ce visage souriant.
Elle allait devoir épouser cet homme? Ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait imaginé de prime abord. Elle le voyait plus jeune peut-être, plus fin... Plus noble ? Plus comme le Roi en quelque sorte. Et puis qu'adviendrait-il de leur nuit de noce et des suivantes ? Allait-elle finir étouffée entre le matelas de plumes et son imposant mari?
Elle s'empressa de répondre à son futur époux avec autant d'élégance que possible:
- Tout l'honneur est pour moi et je me languis de notre union qui me comblera de bonheur.
A défaut d'être l'homme au physique idéal, il devait certainement être bon et attentionnée. Pourquoi lui aurait-on choisi un tel mari sinon? Il devait bien exister d'autres hommes seuls? Et puis il y avait cette jeune fille qui était si belle en comparaison. Sa belle fille. Drôle de situation tout de même. Peut-être pourrait-elle devenir son amie?
Son futur époux, le Comte de Monthoux ouvrir les festivités et toute la clique jusque là parfaitement ordonnée, s'éparpille, sans qu'elle ne sut où donner de la tête.
Elle n'avait pas remarqué le prêtre qui se tenait non loin et lui souhaita la bienvenue tout en présentant son enfant de chœur ou de cœur. Kalisha n'était pas bien sûr d'avoir compris cette partie mais n'osa faire la moindre remarque en ce sens.
Elle inclina délicatement la tête et les salua son tour:
- Je vous remercie pour votre accueil, mon Père.
Kalisha venait tout juste d'être baptisée. Elle a ait dû abandonner sa foi en même tant que le reste. Elle se sentait désormais comme déracinée. Et dans quel terreau la replanterait-on? Elle ne demandait d'ailleurs si c'était ce prêtre qui officierait le lendemain... Elle n'osa le questionner tant sa gouvernante lui avait rabachée de tenir sa langue au moins jusqu'à ce que la cérémonie soit célébrée.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Toute la noble assistance admirait encore la jeune et belle princesse de Djerdan. Certaines langues affûtées, habituées des bons mots de salons, ne manquaient pas de relever l'étrange assortiment de la libellule et du marcassin en les personnes de ce couple... mais c'était ainsi. Plus d'un de ces nobles avaient eux aussi accepté des mariages avec des personnes qu'ils n'avaient pas choisi, et cependant appris à aimer avec le temps. Le roi lui-même avait conscience de cela et reconnaissait le sacrifice qu'il réclamait à Kalisha en lui imposant - par stratégie - le comte de Monthoux : un homme plat, de peu d'intérêt, mais qui s'était toujours montré un zélé courtisan bien trop heureux de servir la couronne pour faire la moindre histoire ou poser quelque questions. Il ne serait que trop heureux de cette grâce et d'épouser en secondes noces cette magnifique femme.
Chose rare : le roi eut un sourire sincère pour les futurs mariés, et notamment pour la princesse de Djerdan. Il espérait véritablement une union paisible et surtout, les bénéfices aussi bien en termes d'alliances que pour la propagation de la culture monbrinienne auprès de cette nouvelle arrivante. Djerdan était un pays de grand pouvoir, possesseur de nombreuses ressources financières, et une plaque tournante vers l'Europe et l'Asie. Une invasion ne serait pas subtile : l'élégance des négociations valaient plutôt.
-- Nous en sommes certains, répondit le monarque, tant en son nom qu'en celui de ses dignitaires, lorsque Kalisha exprima ses espoirs d'être digne de son rôle. La cour de Monbrina a du reste grand hâte de faire votre connaissance, et de s'entendre par vous instruite des coutumes orientales ainsi que de votre culture que l'on sait riche.
Après les échanges de politesses entre les futurs mariés, de nouveaux chants de trompette résonnèrent et une mer humaine s'ouvrit en deux - sécurisée d'un cordon de gardes aux lances étincelantes - pour laisser la place au cortège que présidait Gérald Der Ragascorn. D'une oreille distraite, il entendit un des prêtres et son enfant de chœur venir présenter leurs vœux à la princesse, tandis que lui-même répondait à une infinité de salutations et aux myriades de paroles de courtisans. Le monarque acceptait cette partie du rôle avec la dignité au visage et la lassitude au cœur : les moments de pure diplomatie et les conversations à réelle utilité lui plaisaient bien davantage. Aussi le roi en eut-il même un rapide coup d’œil vers le curieux enfant de chœur : un fragile béquilleux - ce prêtre n'avait pas choisi le plus typique et discret ! Ambitionnait-il par là de rappeler la présence du Christ auprès des paralytiques et des estropiés, de remettre ces pieuses considérations à l'esprit de la Cour ici présente ?
Comte Prosper de Monthoux et Mademoiselle Florentyna de Monthoux, 18 ans
Florentyna sentit, dans les gestes et expressions de cette princesse, qu'elle l'avait remarquée et semblait déjà disposée à se rapprocher d'elle. Oh, puissent-elles devenir amies ! Rassurée par cette belle perspective, la demoiselle suivit l'échange entre le roi, son père et sa future femme. Prosper de Monthoux quant à lui offrit son plus large sourire à celle qu'il allait épouser - tout heureux de satisfaire aux convenances aristocrates et au bon plaisir du roi. Après la "bénédiction" de ce dernier, il s'inclina profondément, puis prit avec délicatesse les mains de Kalisha pour lui promettre :
-- Vous serez heureuse en mon domaine et tous deux feront aussi et surtout la fierté de cet empire.
Partager sa couche serait une obligation où Prosper ne se trouverait pas mécontent, loin s'en fallait. Il gardait cependant une certaine raideur à l'idée d'épouser une étrangère, aux coutumes si différentes, si nouvellement convertie au christianisme... Méfiance instinctive... Mais si telle était la volonté de Sa Majesté.
Quand le cortège se mit en route, Prosper aura un regard torve vers le petit estropié venu saluer sa future femme, toutefois il refréna l'envie de chasser ce Maudit quand il entendit que celui-ci était un enfant de chœur. Allons bon ! S'il fallait à ce curé cette démonstration de son pouvoir et de la Miséricorde du Christ pour ces disgraciés... Le comte de Monthoux écoutait davantage l'école religieuse voulant que ce genre de créatures porte malheur. Devant tout ce monde, il se retiendra de le chasser.
La délégation traversa un vaste champ encore maculé de neige et entra dans une somptueuse petite villa aux bords du chemin. Les portes dorées s'ouvrirent sur un gigantesque décor boisé constellé de cristaux et de statues antiques. Un orchestre régalait les oreilles et d'immenses tables proposaient déjà des milliers de délices gustatifs. Salé, sucré, saveurs orientales inspirées de celles de Djerdan en l'honneur de la future mariée. Les domestiques et échansons se prosternèrent, puis s'activèrent à accueillir tout le cortège. Prosper se tourna gentiment vers la princesse et :
-- Un repas et des pièces musicales aux couleurs de nos deux pays, et qui je l'espère seront à la hauteur de ce que vous avez pu connaître.
Toute enthousiaste, Florentyna s'empressa de proposer à la princesse une coupe d'hypocras, avant d'en prendre une pour elle et de proposer :
-- Trinquons à cette nouvelle vie !
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Après leur introduction auprès de la jeune princesse, Thierry choisit de rester à proximité et d'observer les réactions de cette cour hautaine quant à la présence d'un garçon invalide. La dame Kalisha ne parut pas choquée. Le Roi observait la scène d'un air curieux mais sans apparemment de juger. Plusieurs de collègues adressaient cependant des regards méprisants au pauvre Alexandre. Le prêtre se contint. La vengeance viendrait. Il remarqua des courtisans qui dévisageaient l'infirme mais s'efforçaient de ne montrer leur dégoût. Dans un tel événement, il fallait, bien sûr, rester maître de ses nerfs. L'hypocrisie ambiante agaçait Thierry. Il surprit alors les yeux du comte de Monthoux et perçut son mépris. il se retenait d'une réflexion.
Thierry reporta son attention vers Kalisha et eut un sourire discret en constatant que celle-ci ne prêtait pas attention à Alexandre et ses béquilles. Elle ne lui témoignait aucun regard. Il n'était pour elle qu'un enfant de chœur, rien de plus. Elle le traitait... normalement. Ce n'était pas son infirmité qui la rendait indifférente, uniquement sa condition sociale. Il allait l'apprécier cette princesse. Un plan se dessinait dans son esprit retors qui promettait d'être amusant. Cette petite princesse y jouerait un beau rôle, involontairement. Elle avait été baptisée par l’eau, elle allait recevoir à présent le baptême de la cour.
Pour l'heure, il attendait. Patience était une vertu, disait-on si bien. Tout comme la vengeance se préparait lentement pour mieux se déguster avec délectation.
Simulant une euphorie modeste, Thierry suivit le cortège en noce en discutant avec un de ses collègues prêtres, discutant tous deux de la miséricorde qu'ils se devaient avoir pour les infirmes. Ils marchaient d'un pas lent pour permettre au jeune Alexandre de les suivre. Ce dernier, entre ses béquilles et la neige, devait avancer difficilement. Thierry eut un instant le désir de le porter mais ce serait très mal vu. Par ailleurs, Alexandre râlerait et s'exclamerait vouloir le faire seul. L'orgueil, comme chez ses ancêtres, était fort en lui.
Le lieu choisi pour accueillir était agréable. Thierry porta un regard rapide aux statues puis s'avança vers une des tables. il écouta d'une oreille distraite l'ouverture du banquet puis commença à goûter aux spécialités inconnues de Djardhann. Elles étaient agréables en bouche, beaucoup de choses sucrées ou épicées, mais cela lui convenait bien. Il reporta son attention vers la princesse Kalisha et la vit discuter avec son futur époux et la jeune Florentyna. Il se dirigea à leur rencontre, sa coupe en main.
"Puis-je me permettre de me joindre à vous dans le souhait d'une grande vie pour vous ?"
Il tendit sa coupe pour trinquer puis la porta à ses lèvres pour boire une gorgée.
"Vous allez avoir tant de choses à découvrir dans ce royaume ! Rien que le climat ! J'ai ouï dire que dans vos contrées natales, il faisait bien plus chaud. Je vous recommande en cette période de bien vous couvrir en sortant. Les maladies peuvent être difficiles à soigner et le meilleur remède, à mon sens, est de les éviter."
Il but nonchalamment une seconde gorgée. Ce premier échange servait à la conversation, pour laisser accroitre à un désir de rapprochement amical. La suite allait devenir plus sérieuse et bien plus amusante.
"Vos coutumes ne doivent évidemment pas être les mêmes. Cela me fait songer qu'en venant ici avec le père Augustin, le prêtre de l'église Sainte-Claire, nous discutions de la miséricorde que nous devons naturellement avoir aux personnes qui subissent l'infirmité dans leur corps ostracisé. Il a été si touché de me voir venir avec mon enfant de chœur. Mais c'est une question absurde à débattre, vous ne croyez pas ? Juger quelqu'un pour son infirmité... Ne sommes-nous pas d'accord que cela est ridicule ?"
Thierry but avec calcul une nouvelle gorgée et attendait avec une impatience dissimulée les réponses à venir. Qui formulerait la première ? Le spectacle promettait.
Thierry reporta son attention vers Kalisha et eut un sourire discret en constatant que celle-ci ne prêtait pas attention à Alexandre et ses béquilles. Elle ne lui témoignait aucun regard. Il n'était pour elle qu'un enfant de chœur, rien de plus. Elle le traitait... normalement. Ce n'était pas son infirmité qui la rendait indifférente, uniquement sa condition sociale. Il allait l'apprécier cette princesse. Un plan se dessinait dans son esprit retors qui promettait d'être amusant. Cette petite princesse y jouerait un beau rôle, involontairement. Elle avait été baptisée par l’eau, elle allait recevoir à présent le baptême de la cour.
Pour l'heure, il attendait. Patience était une vertu, disait-on si bien. Tout comme la vengeance se préparait lentement pour mieux se déguster avec délectation.
Simulant une euphorie modeste, Thierry suivit le cortège en noce en discutant avec un de ses collègues prêtres, discutant tous deux de la miséricorde qu'ils se devaient avoir pour les infirmes. Ils marchaient d'un pas lent pour permettre au jeune Alexandre de les suivre. Ce dernier, entre ses béquilles et la neige, devait avancer difficilement. Thierry eut un instant le désir de le porter mais ce serait très mal vu. Par ailleurs, Alexandre râlerait et s'exclamerait vouloir le faire seul. L'orgueil, comme chez ses ancêtres, était fort en lui.
Le lieu choisi pour accueillir était agréable. Thierry porta un regard rapide aux statues puis s'avança vers une des tables. il écouta d'une oreille distraite l'ouverture du banquet puis commença à goûter aux spécialités inconnues de Djardhann. Elles étaient agréables en bouche, beaucoup de choses sucrées ou épicées, mais cela lui convenait bien. Il reporta son attention vers la princesse Kalisha et la vit discuter avec son futur époux et la jeune Florentyna. Il se dirigea à leur rencontre, sa coupe en main.
"Puis-je me permettre de me joindre à vous dans le souhait d'une grande vie pour vous ?"
Il tendit sa coupe pour trinquer puis la porta à ses lèvres pour boire une gorgée.
"Vous allez avoir tant de choses à découvrir dans ce royaume ! Rien que le climat ! J'ai ouï dire que dans vos contrées natales, il faisait bien plus chaud. Je vous recommande en cette période de bien vous couvrir en sortant. Les maladies peuvent être difficiles à soigner et le meilleur remède, à mon sens, est de les éviter."
Il but nonchalamment une seconde gorgée. Ce premier échange servait à la conversation, pour laisser accroitre à un désir de rapprochement amical. La suite allait devenir plus sérieuse et bien plus amusante.
"Vos coutumes ne doivent évidemment pas être les mêmes. Cela me fait songer qu'en venant ici avec le père Augustin, le prêtre de l'église Sainte-Claire, nous discutions de la miséricorde que nous devons naturellement avoir aux personnes qui subissent l'infirmité dans leur corps ostracisé. Il a été si touché de me voir venir avec mon enfant de chœur. Mais c'est une question absurde à débattre, vous ne croyez pas ? Juger quelqu'un pour son infirmité... Ne sommes-nous pas d'accord que cela est ridicule ?"
Thierry but avec calcul une nouvelle gorgée et attendait avec une impatience dissimulée les réponses à venir. Qui formulerait la première ? Le spectacle promettait.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Malgré ses béquilles et la neige, Alexandre gardait la tête et tentait de suivre plus ou moins le rythme du cortège qui avançait vers la salle où avait lieu le banquet. Il ne prêta pas attention tout de suite au paysage, concentré à ne surtout pas perdre l'équilibre et à attirer ainsi l'attention sur sa pitoyable personne. Néanmoins, une fois dans la salle, la richesse des lieux le happa. Le décor boisé le séduisait. Comment avait-on conservé en plein hiver de branches vertes pour rendre hommage à la nature verdoyante ? Cela le fascina.
Il marcha prudemment, veillant à ne bousculer personne, et tomba en arrêt devant une statue imposante de la déesse Artémis. Le bras levée, elle était vêtue d'une toge, armé d'un arc bandé. Dans la direction opposée apparaissait son frère Apollon, une couronne de lauriers tressée sur le sommet de son crâne. Près de lui, dans une dimension misérable, comparable à son statut et son histoire, se trouvait une effigie de Daphné au moment de la célèbre métamorphose. Alexandre s'avança et contempla l’œuvre d'une admiration éperdue. Comme le sculpteur avait réalisé là un travail de toute beauté ! Les jambes de la malheureuse avaient été déjà changé en arbuste alors que son buste restait encore humain. Son visage exprimait la résolution et le fatalisme. Elle acceptait son sort. C'était sa destinée.
Alexandre demeura un long moment à contempler cette représentation qui le faisait vibrer puis se décida à étudier d'autres réalisations. Son œil remarqua alors une longue tapisserie champêtre. Il s'approcha et reconnut les tribulations de Perséphone. Un premier tableau la montrait heureuse, insouciante, entourée de ses amies nymphes et faunes. Sur le second apparaissait Hadès qui venait la chercher pour la conduire aux Enfers. le troisième tableau illustrait le-désespoir de Perséphone mais qui se ressaisissait peu à peu, acceptant son sort. elle croquait la fameuse grenade sur le quatrième tableau, la main serrée autour de celle Hadès, confiante. Le cinquième tableau illustrait en contrepartie la colère de Déméter qui était cependant forcée de se calmer face au Roi des dieux, Zeus, représentée dans une position de juge sévère. Sur le dernier tableau, Perséphone se tenait aux côtés de son époux Hadès, légèrement en retrait, heureuse.
Alors qu'Alexandre se perdait dans l'admiration de cette tapisserie éclatante, des éclats de voix le firent émerger vers cette réalité terrestre. Il tourna la tête et entendit le père Thierry évoquer devant la princesse Kalisha et sa nouvelle famille le sujet houleux de l'infirmité. A son effroi, le jeune homme comprit la raison de sa présence. Ce fourbe de prêtre, fidèle à ses frasques crasses, l'utilisait pour s'amuser des réactions de la Cour. Il baissa la tête et fixa ses beaux habits. il n'était qu'un jouet à ses yeux. Alexandre observa avec tristesse la princesse qui ne devait pas être au fait du sujet et allait provoquer une gaffe. Son cœur s'en révolta. Il devait l'aider.
Discrètement, Alexandre s'avança et donna une légère bousculade à al princesse, simulant une perte d'équilibre.
"Oh non ! Je suis désolé ! Désolé ! Pardon !"
Profitant de cette occasion, Alexandre chercha son regard puis murmura d'une voix très basse.
"Cette conversation est un piège, madame. Les infirmes sont très mal considérés ici. Si vous prenez position, par pitié, faites-le avec prudence. ou sinon..."
Suite à cette mise en garde rapide, Alexandre s'empressa de disparaitre, sans attendre les reproches qui risquaient de pleuvoir sur son dos. Au moins, il aurait pour lui sa bonne conscience.
Il marcha prudemment, veillant à ne bousculer personne, et tomba en arrêt devant une statue imposante de la déesse Artémis. Le bras levée, elle était vêtue d'une toge, armé d'un arc bandé. Dans la direction opposée apparaissait son frère Apollon, une couronne de lauriers tressée sur le sommet de son crâne. Près de lui, dans une dimension misérable, comparable à son statut et son histoire, se trouvait une effigie de Daphné au moment de la célèbre métamorphose. Alexandre s'avança et contempla l’œuvre d'une admiration éperdue. Comme le sculpteur avait réalisé là un travail de toute beauté ! Les jambes de la malheureuse avaient été déjà changé en arbuste alors que son buste restait encore humain. Son visage exprimait la résolution et le fatalisme. Elle acceptait son sort. C'était sa destinée.
Alexandre demeura un long moment à contempler cette représentation qui le faisait vibrer puis se décida à étudier d'autres réalisations. Son œil remarqua alors une longue tapisserie champêtre. Il s'approcha et reconnut les tribulations de Perséphone. Un premier tableau la montrait heureuse, insouciante, entourée de ses amies nymphes et faunes. Sur le second apparaissait Hadès qui venait la chercher pour la conduire aux Enfers. le troisième tableau illustrait le-désespoir de Perséphone mais qui se ressaisissait peu à peu, acceptant son sort. elle croquait la fameuse grenade sur le quatrième tableau, la main serrée autour de celle Hadès, confiante. Le cinquième tableau illustrait en contrepartie la colère de Déméter qui était cependant forcée de se calmer face au Roi des dieux, Zeus, représentée dans une position de juge sévère. Sur le dernier tableau, Perséphone se tenait aux côtés de son époux Hadès, légèrement en retrait, heureuse.
Alors qu'Alexandre se perdait dans l'admiration de cette tapisserie éclatante, des éclats de voix le firent émerger vers cette réalité terrestre. Il tourna la tête et entendit le père Thierry évoquer devant la princesse Kalisha et sa nouvelle famille le sujet houleux de l'infirmité. A son effroi, le jeune homme comprit la raison de sa présence. Ce fourbe de prêtre, fidèle à ses frasques crasses, l'utilisait pour s'amuser des réactions de la Cour. Il baissa la tête et fixa ses beaux habits. il n'était qu'un jouet à ses yeux. Alexandre observa avec tristesse la princesse qui ne devait pas être au fait du sujet et allait provoquer une gaffe. Son cœur s'en révolta. Il devait l'aider.
Discrètement, Alexandre s'avança et donna une légère bousculade à al princesse, simulant une perte d'équilibre.
"Oh non ! Je suis désolé ! Désolé ! Pardon !"
Profitant de cette occasion, Alexandre chercha son regard puis murmura d'une voix très basse.
"Cette conversation est un piège, madame. Les infirmes sont très mal considérés ici. Si vous prenez position, par pitié, faites-le avec prudence. ou sinon..."
Suite à cette mise en garde rapide, Alexandre s'empressa de disparaitre, sans attendre les reproches qui risquaient de pleuvoir sur son dos. Au moins, il aurait pour lui sa bonne conscience.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Le Roi lui offrit des félicitations rassurantes accompagné d'un réel sourire. Kalisha se détendit quelque peu -mais point trop-. Après tout si sa Majesté elle-même était confiante dans leur mariage que pourrait-il arriver ?
Puis elle fit la connaissance de son futur époux qui n’était pas réellement tel qu'elle l'avait fantasmer. Elle fut toutefois ravie de trouver une future amie et confidente en la personne de sa belle-fille. Sans doute prendrait-elle le temps de lui expliquer la vie et les coutumes locales…
Puis la foule se fendit en deux, un mur de garde l’empêchait de se déverser sur le cortège nuptial dont le monarque avait pris la tête, suivi par les futurs mariés. Marcher dans la neige était terriblement étrange. De loin, cela ressemblait à du sable blanc mais de près cela crissait sous les chaussures. C'est délicat souliers de peaux et de velours furent bien vite mouillés et le froid s’immisça entre ses orteils. Elle fut on ne peut plus ravi d’entrer dans cette magnifique demeure. Elle admira les statues, la décoration… Tout était si différents de ce qu'elle connaissait ! A Djerdan, les pièces étaient plus ouvertes sur l’extérieur, il y avait donc naturellement moins de mobilier et autres objets d'art. La nature, les cours ombragés et les jardins luxuriant faisaient offices de tableaux. Elle se demanda si toutes les demeures étaient à l'image de celle-ci…
Son futur époux commenta le fastueux buffet -élément qui devait sans doute requérir toute son attention-.
- Mes attentes sont déjà dépassées par tant de belles attentions Messire et je suis certaine que ce repas sera mémorable répondit la belle étrangère
Florentyna leva sa coupe avec enthousiasme et Kalisha la suivit, un réel sourire aux lèvres pour la première fois. Elle avait perdu sa patrie mais gagner
Elles ne restèrent pas seule bien longtemps, rejointe par le prêtre et son enfant de chœur.
- Je vous en prie, mon Père venez donc vous joindre à nous
Elle porta la coupe à ses lèvres découvrant ce délicieux et sucré breuvage pendant que l'homme en soutane la questionnait sur les infirmes. Drôle de questions à vrai dire et Kalisha se demanda pourquoi il tenait tant à ce sujet… lorsque le jeune homme la bouscula en perdant l’équilibre. Elle posa par réflexe une main sur son avant-bras pour le retenir. Elle croisa son regard et les paroles qu'il lui murmura la troublèrent et la firent frissonner. Un homme de Dieu pouvait-il être aussi fourbe ?
Elle avala une gorgée pour reprendre bonne constance et donner sa réponse.
- Les hommes ne devraient pas être jugés pour leur physique mais pour leur esprit et la pureté de leur âme n'est-ce pas mon Père ? N'est-il pas affligeant de les voir bien souvent servir de faire-valoir à l’élévation de la verrue d'âmes pieuses ?
Kalisha avala une nouvelle gorgée en se souvenant des promesses qu’elle avait faite concernant la cérémonie et notamment celle de tenir sa langue. Et bien… Cette dernière semblait quelque peu compromise…
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Le froid claquait tant au-dehors que ce fut avec une grande satisfaction que la Cour entra dans le pavillon des fêtes. Tout le long du chemin, le monarque avait été entouré de son lot de précieuses et de marquis venus le flatter, écouter ses paroles, sourire pour recevoir le privilège d'un compliment, d'un regard. Il joua cette comédie sans laisser deviner une seule ride de lassitude... mais il fut bien rapidement intéressé par la conversation qui se menait autour de la princesse de Djerdan.
Ayant toujours son lot de courtisans pour s'incliner sur son chemin, Géréld Dar Ragascorn avança vers le prêtre, son enfant de chœur aux béquilles, les deux Monthoux et Dame Kalisha. D'un fin sourire, il accueillit les précautions que mettait le curé à conseiller la jeune orientale sur la nécessité de se prémunir contre le froid des hivers monbriniens. Il surprit aussi le toast entre la princesse, le comte et sa fille, auquel se joignit Thierry d'Anjou... mais surtout la malencontreuse bousculade de la part du béquilleux, qui ne manqua pas de présenter ses plus plates excuses à la princesse.
Aussitôt s'engagea la discussion au sujet des invalides. Bien entendu, tout paré de sa fonction, l'ecclésiastique invoquait la miséricorde. Le roi tiqua cependant sur l'absurdité à débattre des corps atypiques. Au contraire, le sujet était passionnant ! Un discret pli satisfait orna néanmoins son visage sévère à la remarque de Kalisha. Elle marquait un point : Der Ragascorn méprisait les bons sentiments des plus bigots qui ne faisaient la charité auprès des infirmes que pour se flatter eux-même comme vertueuses âmes. Il en soupira intérieurement de devoir lui-même, en tant que souverain et utilisateur de l'Eglise pour contrôler le plèbe, encourager les jeux de la "moraline". Aussi voulut-il au moins se permettre le petit plaisir de ponctuer :
-- Vous avez raison, Princesse, de ne pas voir ces hors-normes que comme de simples outils utiles à accéder à une image d'âme pieuse. Comme de ceux à qui l'on sourit niaisement et donne une obole pour au final se flatter soi-même. J'ai pour eux une curiosité certaine. Leur simple présence en ce monde nous apprend combien il y a encore de mystères de la Nature à percer... et à admirer en eux. Combien est créative la volonté de Dieu, pour mettre pareils phénomènes au milieu de nous. J'apprécie même de me voir entouré de ces atypiques dont on dit qu'ils peuvent être des signes, ou d'une redoutable lucidité. Après tout, pourquoi ne pas réintégrer à l'ordre de l'Empire, autrement que par les mécanismes de charité, ceux que trop de gens proclament du chaos. Chacun à sa place.
Comte Prosper de Monthoux et Mademoiselle Florentyna de Monthoux, 18 ans
Prosper tout comme sa fille furent heureux de voir la jeune épouse enfin au chaud, à ne plus souffrir du froid traversant ses fins souliers de velours. Suivant le regard de sa future femme, le comte observa les sculptures, apprécia le goût des environs, avant de se rendre auprès des différentes tables pour ramener à Kalisha une assiette pleine d'un assortiment de mets encore chauds.
Plus mélancolique, Florentyna contemplait, sur les fresques, les malheurs de Perséphone dépossédée de sa famille pour aller vivre avec le dieu des Enfers... ou encore la pauvre Daphné changée en plante et qui allait être condamnée à ne plus jamais quitter cette forme. Ah ! Pourvu que le séjour monbrinien de la princesse orientale ne se confonde pas avec de telles représentations ! Puissent ces peintures n'être pas prophétiques ! Au moins, pour l'heure son père se montrait des plus prévenants et offrait à Kalisha quelques-uns des mets à disposition. Pourvu qu'une affection s'installe entre eux et que Prosper n'agisse pas ainsi que pour les apparences... La jeune femme savait le comte obtus, surtout vis à vis des étrangers qu'il regardait d'un œil torve.
Prosper n'adressa pas un regard meilleur au petit infirme qui venait de malencontreusement heurter Dame Kalisha. Au moins lui présentait-il ses plus plates excuses. Mais le noble n'entendit rien des murmures d'Alexandre à sa future femme. Florentyna non plus n'en perçut mot, et s'empressa en revanche de contrer une éventuelle colère paternelle en s'adressant à l'enfant de chœur :
-- Ne t'es-tu pas fait mal ? (puis, à Kalisha et Prosper pour faire diversion, grâce à l'assiette que son père avait apportée) Goûtez donc, j'ai déjà eu le plaisir de découvrir ces recettes lors d'autres festins, c'est succulent !
Prosper en oublia le petit invalide, déjà beaucoup trop concentré à présent sur l'arrivée de Sa Majesté. Il fit une nouvelle profonde révérence, suivi de sa fille, mais n'osa surtout pas contredire son discours portant sur les éclopés que la Nature croyait bon de mettre sur Terre... Le comte retint un soupir : le monarque tout comme le prêtre lui semblaient bien trop indulgents. Et même Dame Kalisha qui paraissait les suivre. Une créativité de Dieu ? Des subtilités de la science ? N'était-ce pas plutôt la main du diable, ou la marque certaine d'un péché... Après tout, l'on disait que ceux qui pactisaient avec le Démon leur faisaient offrande et laissaient Lucifer les imprimer d'une marque.
Florentyna sourit avec douceur aux sages paroles du religieux. Oui, il fallait faire la charité aux plus disgracies par la nature, quand la société ne leur permettait pas de trouver une situation décente. Solution de secours... Mais essentielle tant que les choses ne changeaient pas à grande échelle. Elle trouva néanmoins un certain bon sens à l'intervention du monarque : les mystères scientifiques appelaient à la réflexion, à une meilleure compréhension de la Nature... et à une certaine humilité devant la complexité de celle-ci. Ce dont Der Ragascorn manquait probablement : la jeune noble était consciente que sa "cour de phénomène humains", ses "invalides de compagnie" lui servaient également d'outils politiques : comme il le disait lui-même, une manière de démontrer que son immense puissance réintègre et soumet même le hors-normes ! Curiosité scientifique, certes. Nulle humilité chrétienne cependant...
Aussi Florentyna apprécia-t-elle la réponse habile de Kalisha - elle qui pointait du doigt les hypocrisies des uns et des autres. Ne prendre que certains individus que comme des faire-valoir... La demoiselle ponctua :
-- Je crois que la propension à s'orner de plus petits que soi pour se mettre en valeur est une sage chose à observer, en effet. Et que cela dépasse la seule question de la maladie.
Ainsi essayait-elle plus ou moins habilement d'évacuer le sujet délicat... non sans un regard de côté au prêtre qui, lui-même, était venu avec un enfant de choeur en béquilles : pourvu que ce soit bien par affection et pas comme "faire-valoir", précisément !
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Derrière une façade légèrement austère, obligatoire dans le cadre des on emploi, Thierry dissimulait un sourire en apercevant la joie que son fils avait de découvrir les sculptures et la tapisserie. Leurs symboliques le laissaient froids. Tout ceci n'était que propagande pour rappeler plus ou moins inconsciemment à la jeune princesse ses devoirs. "Sois belle et tais-toi." C'était ce que les femmes se devaient d'être. Il n'avait que peu d'opinion sur ce fait. Par ailleurs, le commandement, couplé à la belle fable panique de la pomme, permettait d'exercer un contrôle sur elles sans voir à fournir de trop longues explications.
Alexandre bouscula à un moment la princesse et s'excusa, honteux. Thierry réprima un soupir. Il ne pouvait s'empêcher d'étaler sa maladresse. La princesse n'en prenait pas ombrage. Heureusement. La demoiselle de Monthoux lui témoignait même une attention gentillesse. Quel contraste avec son père ! Elle avait été visiblement élevé par un percepteur plus que correct, dans une salle d'étude, et non dans la porcherie comme ce comte imbécile et étroit d'esprit.
La princesse répondit alors à sa question. Thierry sourit ouvertement. Elle avait de l'esprit. La pauvre ! Il aurait mieux fallu pour sa santé mentale d'être sotte pour vivre avec le gros Monthoux. Il répondit avec nonchalance :
"Je pense moi aussi de cette manière. Nous sommes tous créatures de Dieu qui nous prête vie au moment et guide nos pas, n'est-ce-pas ? Considérer les infirmes comme des êtres inférieurs est à mon sens théologiquement une erreur. Une contradiction. Leur existence a forcément un but. Dieu n'agit jamais par hasard."
Thierry ne croyait pas un seul de ces mots. il ne croyait pas du tout. Dieu, les probabilités du destin..Non, tout ceci n'était qu'une vaste farce cosmique. Ils naissaient aléatoirement, sans raison précise, et devaient composer leur vie avec les éléments en main. Si un Dieu existerait réellement, il n'avait aucun amour. Uniquement de la cruauté. Quel père accepterait de voir ses enfants souffrir ? Son regard s'arrêta un instant vers Alexandre, cette pensée à l'esprit. Lui souffrait peut-être de nombreux défaut mais jamais, au grand jamais, il n'abandonnerait son fils.
Alors que le prêtre but une nouvelle gorgée de vin qui coulait avec délectation dans sa gorge, le Roi vint à eux et s'autorisa naturellement à donner son opinion sur les infirmes. Il évoquait sa curiosité pour les phénomènes atypiques auxquels Thierry jugeait que c'était pour beaucoup de cas du voyeurismes. Par ailleurs, combien devaient êtres cruellement chassés. Néanmoins, ici, la prudence s'imposait. Face au Roi, il ne pouvait tout se permettre mais le danger était quelque chose de grisant.
"Je partage votre opinion, votre Majesté. Si je considère qu'il faut aimer chacun de nous, infirme ou pas, comme nos frères et sœurs, comme le rappelle si bien les évangiles, un infirme devrait ainsi recevoir le même traitement. Naturellement, tout ceci en rapport avec la classe sociale. Dans les faits, cela est plus complexe. Seule l'aristocratie et quelques bonnes familles ont les moyens de conserver les infirmes. Pour l'écrasante majorité, il convient de faire des sacrifices. Dans ma pratique, je vois bien trop souvent des enfants infirmes déposer honteusement devant un orphelinat ou quelque part dans mon église. Les parents ont honte du geste mais savent sa cruelle nécessité. Nous ne vivons pas dans une société utopiste. il faut travailler pour vivre et les infirmes, à cause de leurs particularité, ont plus de mal à s'adapter."
Il surprit alors le regard de Florentyna posé vers Alexandre puis sur sa personne. Elle avait des doutes sur ses intentions. a juste titre. il avait certes emmené son fils pour lui faire connaitre les belles choses de l'événement royal mais il ne pouvait nier que sa première pensée avait été le doigt d'honneur adressé à la Cour par la présence du petit infirme. Thierry marqua une pause dans son discours et but une gorgée de vin.
"Il y a certainement des mesures à trouver. Les infirmes ont des choses à offrir. Ce garçon notamment, Alexandre, est mon meilleur enfant de chœur. Il y a toujours mis beaucoup de cœur et une véritable ferveur. Il est à côté fils de libraire et en dépit de ses difficultés physiques apprend le métier de son père pour reprendre à son tour ce commerce. Cette situation fonctionne car tout le monde joue parfaitement le jeu et fait des efforts. D'ailleurs... Alexandre ?"
Il attendit que le garçon tourne la tête puis imposa d'un air strict :
"Récite-nous donc la prière aux Corinthiens, veux-tu ?"
Thierry se tourna de nouveau vers ses interlocuteurs.
"Vous allerr voir. Ce garçon possède une mémoire comme peu disposent, connaissant toutes ses psaumes, et capable de les réciter sans avoir à réviser. On assiste rarement à un pareil spectacle. Allez, mon garçon, ne te fais pas prier !"
Alexandre bouscula à un moment la princesse et s'excusa, honteux. Thierry réprima un soupir. Il ne pouvait s'empêcher d'étaler sa maladresse. La princesse n'en prenait pas ombrage. Heureusement. La demoiselle de Monthoux lui témoignait même une attention gentillesse. Quel contraste avec son père ! Elle avait été visiblement élevé par un percepteur plus que correct, dans une salle d'étude, et non dans la porcherie comme ce comte imbécile et étroit d'esprit.
La princesse répondit alors à sa question. Thierry sourit ouvertement. Elle avait de l'esprit. La pauvre ! Il aurait mieux fallu pour sa santé mentale d'être sotte pour vivre avec le gros Monthoux. Il répondit avec nonchalance :
"Je pense moi aussi de cette manière. Nous sommes tous créatures de Dieu qui nous prête vie au moment et guide nos pas, n'est-ce-pas ? Considérer les infirmes comme des êtres inférieurs est à mon sens théologiquement une erreur. Une contradiction. Leur existence a forcément un but. Dieu n'agit jamais par hasard."
Thierry ne croyait pas un seul de ces mots. il ne croyait pas du tout. Dieu, les probabilités du destin..Non, tout ceci n'était qu'une vaste farce cosmique. Ils naissaient aléatoirement, sans raison précise, et devaient composer leur vie avec les éléments en main. Si un Dieu existerait réellement, il n'avait aucun amour. Uniquement de la cruauté. Quel père accepterait de voir ses enfants souffrir ? Son regard s'arrêta un instant vers Alexandre, cette pensée à l'esprit. Lui souffrait peut-être de nombreux défaut mais jamais, au grand jamais, il n'abandonnerait son fils.
Alors que le prêtre but une nouvelle gorgée de vin qui coulait avec délectation dans sa gorge, le Roi vint à eux et s'autorisa naturellement à donner son opinion sur les infirmes. Il évoquait sa curiosité pour les phénomènes atypiques auxquels Thierry jugeait que c'était pour beaucoup de cas du voyeurismes. Par ailleurs, combien devaient êtres cruellement chassés. Néanmoins, ici, la prudence s'imposait. Face au Roi, il ne pouvait tout se permettre mais le danger était quelque chose de grisant.
"Je partage votre opinion, votre Majesté. Si je considère qu'il faut aimer chacun de nous, infirme ou pas, comme nos frères et sœurs, comme le rappelle si bien les évangiles, un infirme devrait ainsi recevoir le même traitement. Naturellement, tout ceci en rapport avec la classe sociale. Dans les faits, cela est plus complexe. Seule l'aristocratie et quelques bonnes familles ont les moyens de conserver les infirmes. Pour l'écrasante majorité, il convient de faire des sacrifices. Dans ma pratique, je vois bien trop souvent des enfants infirmes déposer honteusement devant un orphelinat ou quelque part dans mon église. Les parents ont honte du geste mais savent sa cruelle nécessité. Nous ne vivons pas dans une société utopiste. il faut travailler pour vivre et les infirmes, à cause de leurs particularité, ont plus de mal à s'adapter."
Il surprit alors le regard de Florentyna posé vers Alexandre puis sur sa personne. Elle avait des doutes sur ses intentions. a juste titre. il avait certes emmené son fils pour lui faire connaitre les belles choses de l'événement royal mais il ne pouvait nier que sa première pensée avait été le doigt d'honneur adressé à la Cour par la présence du petit infirme. Thierry marqua une pause dans son discours et but une gorgée de vin.
"Il y a certainement des mesures à trouver. Les infirmes ont des choses à offrir. Ce garçon notamment, Alexandre, est mon meilleur enfant de chœur. Il y a toujours mis beaucoup de cœur et une véritable ferveur. Il est à côté fils de libraire et en dépit de ses difficultés physiques apprend le métier de son père pour reprendre à son tour ce commerce. Cette situation fonctionne car tout le monde joue parfaitement le jeu et fait des efforts. D'ailleurs... Alexandre ?"
Il attendit que le garçon tourne la tête puis imposa d'un air strict :
"Récite-nous donc la prière aux Corinthiens, veux-tu ?"
Thierry se tourna de nouveau vers ses interlocuteurs.
"Vous allerr voir. Ce garçon possède une mémoire comme peu disposent, connaissant toutes ses psaumes, et capable de les réciter sans avoir à réviser. On assiste rarement à un pareil spectacle. Allez, mon garçon, ne te fais pas prier !"
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Alexandre se moqua bien des regards méprisants du comte de Monthoux que ce dernier lui adressait pour la bousculade de sa toute nouvelle épouse. Il avait enduré bien pire. Tout ce qui importait c'était que la princesse Kalisha soit informé des roublardises du père Thierry. La jeune femme avait retenu as chute. Le garçon lui adressa un sourire de reconnaissance puis se retira quand la demoiselle de Monthoux vint s'assurer de son sort.
"Je vais bien, mademoiselle. Ne vous inquiétez pas."
il répondit d'un ton humble, la tête baissée, puis tressaillit en apercevant le Roi de Monbrina s'avancer vers leur groupe. Alexandre évita de croiser son regard, tout fébrile. Il se sentait si peu digne, lui un petit infirme, sans grand nom, de paraitre à ses yeux. A cela se rajoutaient les interventions du père Thierry qui le mettait affreusement mal à l'aise. Cet imbécile s'amusait à faire le cabot pour se faire bien voir. Il prêchait vrai et faux, sans révéler ses véritables opinions. Alexandre se désintéressa à la conversation et tira une chaise.
Oubliant les mets à la disposition de tous en abondance, Alexandre sortit son carnet et fixa la statue de Daphné, désireux de reproduire une esquisse à peu près correcte. Sa main traça lentement des traits fins et délicats. Il prenait le temps de reproduire la silhouette de l’œuvre et s’attardait considérablement au visage fataliste de la nymphe. Dans son croquis cependant, le garçon ne put s'empêcher de laisser voir l'expression d'une tristesse de se retrouver éternellement piégée qu'il se sentait incapable de refouler.
Au milieu de sa concentration, Alexandre entendit son nom citer dans le discours du prêtre qui évoqua sa situation professionnelle. Il se souvint alors de la dernière commande des Monthoux et se tourna vers Florentyna pour demanda d'une petite voix :
"Dites, mademoiselle, le dernier livre que votre père vous a offert, vous avez aimé ? Mon père m'a donné l'autorisation pour la première fois de conseiller un client. Cela m'avait paru juste de proposer un exemplaire de Ronsard. Ais-je eu raison ? N'ayez pas peur de me dire le contraire. J'ai besoin d'apprendre et connaitre mes erreurs d'interprétation est important."
Brusquement, le père Thierry le fit encore plus au devant de la scène. il retint un soupir. Il était donc là pour lui servir d'animal de foire. Quel imbécile ! Alexandre ne manifesta aucune once de contrariété et se mit à réciter de sa superbe voix claire la prière réclamée, au mot près, sans marquer une seule fois une hésitation.
A la fin de ce petit spectacle, ayant entendu un peu avant le commentaire de Florentyna, Alexandre se tourna à nouveau vers elle en lui adressant un sourire discret timide. il lui murmura alors d'une petite voix, cherchant à ne se faire entendre d'elle des paroles suivantes prononcées avec un brin de cynisme :
"Après cette récitation, croyez-vous que le prochain tour que le père Thierry me réclamera sera de marcher sur les mains ou de cracher du feu ?"
"Je vais bien, mademoiselle. Ne vous inquiétez pas."
il répondit d'un ton humble, la tête baissée, puis tressaillit en apercevant le Roi de Monbrina s'avancer vers leur groupe. Alexandre évita de croiser son regard, tout fébrile. Il se sentait si peu digne, lui un petit infirme, sans grand nom, de paraitre à ses yeux. A cela se rajoutaient les interventions du père Thierry qui le mettait affreusement mal à l'aise. Cet imbécile s'amusait à faire le cabot pour se faire bien voir. Il prêchait vrai et faux, sans révéler ses véritables opinions. Alexandre se désintéressa à la conversation et tira une chaise.
Oubliant les mets à la disposition de tous en abondance, Alexandre sortit son carnet et fixa la statue de Daphné, désireux de reproduire une esquisse à peu près correcte. Sa main traça lentement des traits fins et délicats. Il prenait le temps de reproduire la silhouette de l’œuvre et s’attardait considérablement au visage fataliste de la nymphe. Dans son croquis cependant, le garçon ne put s'empêcher de laisser voir l'expression d'une tristesse de se retrouver éternellement piégée qu'il se sentait incapable de refouler.
Au milieu de sa concentration, Alexandre entendit son nom citer dans le discours du prêtre qui évoqua sa situation professionnelle. Il se souvint alors de la dernière commande des Monthoux et se tourna vers Florentyna pour demanda d'une petite voix :
"Dites, mademoiselle, le dernier livre que votre père vous a offert, vous avez aimé ? Mon père m'a donné l'autorisation pour la première fois de conseiller un client. Cela m'avait paru juste de proposer un exemplaire de Ronsard. Ais-je eu raison ? N'ayez pas peur de me dire le contraire. J'ai besoin d'apprendre et connaitre mes erreurs d'interprétation est important."
Brusquement, le père Thierry le fit encore plus au devant de la scène. il retint un soupir. Il était donc là pour lui servir d'animal de foire. Quel imbécile ! Alexandre ne manifesta aucune once de contrariété et se mit à réciter de sa superbe voix claire la prière réclamée, au mot près, sans marquer une seule fois une hésitation.
A la fin de ce petit spectacle, ayant entendu un peu avant le commentaire de Florentyna, Alexandre se tourna à nouveau vers elle en lui adressant un sourire discret timide. il lui murmura alors d'une petite voix, cherchant à ne se faire entendre d'elle des paroles suivantes prononcées avec un brin de cynisme :
"Après cette récitation, croyez-vous que le prochain tour que le père Thierry me réclamera sera de marcher sur les mains ou de cracher du feu ?"
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Kalisha écouta chacun donnant son avis, percevoir ces personnes comme des curiosités avaient quelque chose de dérangeant et ce n'était pas réellement l'idée qu'elle avait en tête. Mais pire que tout fut la remarque du prêtre concernant les enfants infirmes abandonnées "parce qu'il fallait faire un choix". Elle eut du mal à ne pas écarquiller les yeux. Comment une mère pouvait-elle abandonner son propre enfant? Cela la dépassait littéralement. La princesse n'avait rien connu d'autre que son palais, cage d'or aux moelleux coussins de soie. Découvrir l'atroce et violente réalité, fut un réel coup de poignard pour elle. Et eux qui s'amusaient presque de cette situation. Tous les nobles étaient-ils comme ça à Monbrina et... A Djerdan? Ses yeux passèrent de l'un à l'autre ne sachant qu'elle posture adopter. Elle avait terriblement peur de faire une bêtise pourtant... Elle se devait de faire quelque chose, de dire quelque chose.
- Voilà qui est réellement terrible, peut-être devrions-nous envisager de mettre en place une structure qui pourraient accueillir et éduquer ces orphelins?
Elle avala à nouveau une gorgée de son verre, tentant de faire passer son malaise et le rouges de ses joues. Elle regretta soudainement d'avoir parlé. Se taire, se taire... Ce n'était pas si compliqué pourtant?
Le prêtre poursuivit, présentant son enfant de chœur tel un phénomène de foire qui exposerait son talent. Kalisha se sentait terriblement, terriblement mal à l'aise. Elle regarda tout autour d'elle, elle ne se sentait pas à sa place ici au milieu de tous ces illustres inconnus. Sa tête commençait à lui tourner sévèrement quand Florentyna lui proposa un petit gâteau qu'elle s'empressa de fourrer dans sa bouche avec une grande délicatesse, alors même qu'elle percevait les paroles d'une jeune homme. Mais qui était donc ce prêtre qui ne ressemblait en rien à ce qu'on lui avait décrit de cette religion qu'elle venait d'adopter par la force des choses?
Ici au milieu de cette foule réunit dans cette demeure à la décoration chargée, elle se sentit de nouveau, terriblement seule et perdue. Elle réalisa à quel point sa vie venait de prendre un tournant dramatique. Plus les minutes passés, plus elle commençait à se rendre compte que son mari et elle n'avait pas grands points en commun. Pourtant elle n'aurait d'autre choix que de lui plaire, de se faire accepter et de faire son devoir. Plus le temps passé, plus le poids sur ses frêles petites épaules semblaient irrémédiablement augmenter.
- Voilà qui est réellement terrible, peut-être devrions-nous envisager de mettre en place une structure qui pourraient accueillir et éduquer ces orphelins?
Elle avala à nouveau une gorgée de son verre, tentant de faire passer son malaise et le rouges de ses joues. Elle regretta soudainement d'avoir parlé. Se taire, se taire... Ce n'était pas si compliqué pourtant?
Le prêtre poursuivit, présentant son enfant de chœur tel un phénomène de foire qui exposerait son talent. Kalisha se sentait terriblement, terriblement mal à l'aise. Elle regarda tout autour d'elle, elle ne se sentait pas à sa place ici au milieu de tous ces illustres inconnus. Sa tête commençait à lui tourner sévèrement quand Florentyna lui proposa un petit gâteau qu'elle s'empressa de fourrer dans sa bouche avec une grande délicatesse, alors même qu'elle percevait les paroles d'une jeune homme. Mais qui était donc ce prêtre qui ne ressemblait en rien à ce qu'on lui avait décrit de cette religion qu'elle venait d'adopter par la force des choses?
Ici au milieu de cette foule réunit dans cette demeure à la décoration chargée, elle se sentit de nouveau, terriblement seule et perdue. Elle réalisa à quel point sa vie venait de prendre un tournant dramatique. Plus les minutes passés, plus elle commençait à se rendre compte que son mari et elle n'avait pas grands points en commun. Pourtant elle n'aurait d'autre choix que de lui plaire, de se faire accepter et de faire son devoir. Plus le temps passé, plus le poids sur ses frêles petites épaules semblaient irrémédiablement augmenter.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Le roi acquiesça - avec sincérité, ce qui était rare à déceler au milieu des fois où il le faisait par pure stratégie - aux paroles du père Thierry : Dieu, ou la Nature, ne mettait rien au hasard parmi les innombrables pièces de sa gigantesque mécanique qu'était l'univers. Le monarque restait persuadé d'un sens profond de ces prétendues erreurs. Mais si au passage il pouvait en accueillir auprès de lui pour délivrer un message fort à son peuple, pourquoi s'en priver ? Il se mettait ainsi dans la poche aussi bien les âmes pieuses prêtes à aider son prochain... que ceux qui prétendaient que ces étrangetés pouvaient de cette façon être un peu soumises et ramenées dans le giron du pouvoir royal - et avec lui divin.
-- Oh, nous disposons, Madame, d'un vaste réseau d'hôpitaux généraux où des administrateurs reçoivent ce qu'il se peut trouver d'errants, d'orphelins, d'infirmes sans ressources, affirma Gérald Der Ragascorn tandis que la princesse Kalisha s'inquiétait du sort des malheureux abandonnés. L'on y prend soin d'eux et ils y reçoivent la formation à un travail par lequel ainsi ils peuvent s'intégrer à la société. Sans compter les nombreux hospices tenus, eux, par des religieux tous dévoués aux bons soins de leur prochain.
Le roi se garda de dire que des rumeurs circulaient quant à des abus perpétrés par les financiers à la tête des hôpitaux généraux, fléau contre lequel il s'efforçait de lutter au mieux. Mais la fraude fiscale et les exagérations de conditions de travail étaient des puits sans fond. En revanche, pour le coup Gérald Der Ragascorn devait reconnaître aux religieux à la tête des hospices qu'ils faisaient bien meilleur cas de leurs malades et résidents.
Comte Prosper de Monthoux et Mademoiselle Florentyna de Monthoux, 18 ans
Si la volonté de Dieu ne faisat aucun doute pour Florentyna quant à l'existence des êtres différents, dans l'esprit de son père le Malin était à l'oeuvre et testait les vivants avec ses suppôts du Mal au milieu d'eux. Il n'en dira rien, puisque tout le monde sembla s'être rangé au point de vue de Sa Majesté et de ce prêtre. L'homme retient un rire cynique tandis que le curé se proposait de donner son enfant de chœur en représentation tel un singe... après avoir prêché juste avant pour le respect des invalides ! Il faudrait savoir ! Le spectacle attrista Florentyna, qui porta un regard désolé vers Alexandre soumis à cette sinistre fantaisie - mais elle resta surtout peinée par le triste et pragmatique rappel du Père d'Anjou : bien peu de familles gardent ces malheureux quand chaque jour réclamait d'être productif et de ne pas entretenir de bouches inutiles.
-- Je ne peux qu'être d'accord avec Votre Grâce, assura la demoiselle de Monthoux en regardant la princesse de Djerdan après son intervention. Est-ce vrai, d'ailleurs, que la culture musulmane met un point d'honneur à avoir ce genre d'institutions pour les miséreux, et à assurer qu'Allah donne bien plus facilement son indulgence aux personnes souffrant de graves troubles physiques ou mentaux ?
Elle avait pris soin de se renseigner sur la culture de celle qui allait être sa belle-mère, émerveillée par certains points qu'elle tenait donc à mettre en valeur... mais fort heurtée en revanche par d'autres, comme ces harems et ces mariages autorisés avec plusieurs femmes parfois en même temps ! L'avenir donnerait à Florentyna l'occasion de comprendre davantage ces choses auprès de Kalisha, ou alors d'échanger leurs points de vue pour s'instruire l'une et l'autre ?
Elle sourit de la petite plaisanterie d'Alexandre à la fin de sa récitation forcée, puis lui répondit tout doucement, avec une tendresse de presque amie puisque le garçon semble aussi passionné par les livres :
-- J'ose espérer que non. Que le père d'Anjou te laissera simplement agir librement sans te forcer au spectacle. (Un temps) J'ai été très heureuse dans ce cas que tu conseilles pour moi, à mon père, les vers bucoliques de Paul Deletraze. Tu as fort bon goût et je viendrai m'adresser de nouveau à toi pour ce qui se lit de mieux dans les ouvrages nouvellement publiés. (à Kalisha) Nous pourrions même aller choisir des livres ensemble ! Du théâtre, des vers, des fresques épiques, vous verrez comme il y a fort à dévorer dans la littérature monbrinienne ! Qu'aimez-vous lire ?
~
S'ensuivit une profusion de danses - Monbriniennes ou Djerdannes - et un banquet où de longues tables réunirent tous ces convives de la cour autour d'un repas imprégné des deux cultures. Comme la promesse d'une union heureuse et fertile entre ces peuples. Vint ensuite le moment où il fut demandé à Prosper de Monthoux et à la princesse Kalisha de poser... un certain temps... pour le portrait officiel de leur union et de celle des deux nations. Tout le monde observa la séance, certains y allèrent de leurs commentaires, et Florentyna se sentit même un instant très fière de voir son père remarié... surtout avec une personne de cette élégance, de ce raffinement, qui allait amener tant de nouveauté et de chaleur féminine au château de Monthoux. Oh, rien n'effacerait jamais sa défunte mère. Mais la demoiselle avait observé son deuil et voulait à présent que la vie continuât - et puisque Dieu l'avait voulu ainsi, alors elle y trouverait son bonheur et ferait tout pour en procurer à sa "belle-mère". Au bout d'une demi-heure, le peintre eut la première version de son tableau. Il fut remercié et félicité par Prosper de Monthoux, malgré les crampes que venait de lui occasionner la séance.
Il commença à se faire tard. La cohorte des convives remonta dans la succession de carrosses qui les avaient menés au bord de la frontière. La majestueuse suite se dirigea, sous un ciel qui commençait à se parer d'étoiles, vers un grand hôtel où allait se passer la nuit précédant le jour si important du mariage - le lendemain. Bien sûr, la princesse Kalisha ne devait plus revoir ni Prosper de Monthoux ni Florentyna avant la noce. La demoiselle et son père tinrent à venir souhaiter la bonne nuit à la future femme et "belle-mère" - avant que cette dernière ne doive rejoindre les quartiers de l'hôtel réservés pour elle et toute sa délégation Djerdanne. Florentyna ne manqua pas d'adresser également à Alexandre, en le recroisant avant de rejoindre sa chambre :
-- Bonne nuit, jeune érudit.
Le lendemain, dès l'aube, allait commencer un immense cérémonial de préparatifs autour de la princesse Kalisha, au bout duquel elle serait fin prête pour rejoindre l'Autel.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Thierry sentit que la discussion qui avait été animé jusque-là allait s'achever. La présence du Roi imposait une certaine maitrise que lui aurait aimé tester un peu mais ce fat de Monthoux manquait trop d'intelligence et de subtilité pour se plier à un pareil sot. A son embonpoint proéminent, il devait probablement attendre de se jeter sur le buffet. Le regard du prêtre se posa un très court instant vers la princesse djerhanne livrée à l'hypocrisie de la société monbrinienne. Les choses ne devaient guère être différentes dans son propre pays mais cela restait l'environnement où elle était née et avait grandi. Il sentait un malaise croitre en lui. La situation de cette jeune femme, arrachée brutalement à ses racines la sienne, brusquement lui aussi extrait du confort du petit château familial pour être enfermé dans un monastère effroyable. Au souvenir de sa maudite famille, orgueilleuse à en mourir de son précieux sang de noble, il tourna la tête vers Alexandre qui conversa avec Florentyna de Monthoux, étonnamment bien à l'aise. Il sourit et se décida à se retirer. Il amené ce garçon - son garçon - pour que celui-ci profite de l'événement et que cela lui ouvre peut-être de belles opportunités. Il était temps, pour une rares fois de son existence d'assumer ses responsabilités paternelles.
Sortant de ses pensées, Thierry leva sa coupe en direction de la princesse, puis du Roi.
"Je bois au succès de ce superbe mariage si prometteurs pour nos deux nations qui seront à présent sœurs, comme nous devrions tous être animé par un bel esprit de fraternité."
Son hypocrisie le dégoûtait. La paix entre leurs nations sœurs ? Quelle stupidité ! Il avait assez d’expérience du monde et de connaissance de l'histoire des états pour ne comprendre pas les desseins qui se dissimuleraient derrière celle alliance. Tôt ou tard, Monbrina la romprait. Avec intelligence et finesse. Sans montrer une faute. Comment en serait-il autrement ? Tous les pays voisins avaient été assailli et annexé. Pourquoi Djerhann échapperait à ce sort ? Pour les jolis yeux de cette belle princesse ? Non, les femmes ne comptaient dans la politique. Elles n'étaient que des marchandises que les hommes s'échangeaient comme tous ces esclaves qui transitaient régulièrement par le marché.
"Sur ce, je vous laisse pour retourner vers des pairs à moi. Alexandre ? Tu peux rester. Profite de ce moment comme tu l'entends, mon garçon."
Sur ce, il s'inclina respectueusement en saluant le souverain le premier, puis ces dames, et enfin Monthoux. Le prêtre se retira d'un pas naturel. Il se mélangea aux nombreux invités puis se laissa absorber par la foule. Il finit par quitter habilement la réception, désireux de passer un peu plus de temps au milieu du personnel, en particulier de ses membres féminins. Après toutes leurs efforts, elles méritaient du réconfort !
Sortant de ses pensées, Thierry leva sa coupe en direction de la princesse, puis du Roi.
"Je bois au succès de ce superbe mariage si prometteurs pour nos deux nations qui seront à présent sœurs, comme nous devrions tous être animé par un bel esprit de fraternité."
Son hypocrisie le dégoûtait. La paix entre leurs nations sœurs ? Quelle stupidité ! Il avait assez d’expérience du monde et de connaissance de l'histoire des états pour ne comprendre pas les desseins qui se dissimuleraient derrière celle alliance. Tôt ou tard, Monbrina la romprait. Avec intelligence et finesse. Sans montrer une faute. Comment en serait-il autrement ? Tous les pays voisins avaient été assailli et annexé. Pourquoi Djerhann échapperait à ce sort ? Pour les jolis yeux de cette belle princesse ? Non, les femmes ne comptaient dans la politique. Elles n'étaient que des marchandises que les hommes s'échangeaient comme tous ces esclaves qui transitaient régulièrement par le marché.
"Sur ce, je vous laisse pour retourner vers des pairs à moi. Alexandre ? Tu peux rester. Profite de ce moment comme tu l'entends, mon garçon."
Sur ce, il s'inclina respectueusement en saluant le souverain le premier, puis ces dames, et enfin Monthoux. Le prêtre se retira d'un pas naturel. Il se mélangea aux nombreux invités puis se laissa absorber par la foule. Il finit par quitter habilement la réception, désireux de passer un peu plus de temps au milieu du personnel, en particulier de ses membres féminins. Après toutes leurs efforts, elles méritaient du réconfort !
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
La princesse de Djerhan qui s'émouvait du sort des infirmes délaissés toucha Alexandre qui la contempla d'un regard rempli d'admiration. Quelle bonne personne ! Douce, généreuse, sincère... Elle aurait mérité un bien meilleur époux que ce fat de Monthoux qui ne songeait qu'à sa respectabilité. Il se rappelait de sa dernière visite à la librairie de celui-ci où son père l'avait gardé plus d'une heure en le flattant honteusement sur tout un tas de sujet. Et cela avait fonctionné ! Le noble n'avait cessé de sourire tout le long de leur conversation. Il ne savait décidément lequel de ces deux hommes étaient le pire : celui qui aimait la flatterie ou celui qui usait de la flatterie ? La question s'avérait complexe et aurait nécessitait une longue réflexion. Son regard continua de fixer Kalisha. Il ressentit une forte empathie pour elle et songea à sa mère, toutes deux forcées de subir le quotidien d'un époux sans grande intelligence. Malgré sa dévotion pieuse, Alexandre ne put s'empêcher d'espérer pour elle que le comte de Monthoux disparaisse prochainement pour que celle-ci profite d'une longue période de veuvage. Avec tous ces repas copieux dont il parlait régulièrement lors de ces visites, ce serait même logique. D'ailleurs, la gourmandise était un des sept péchés cardinaux. Que Dieu le rappelle à Lui tantôt serait un bon châtiment pour remémorer ici bas l’inutilité de manger plus que l'organisme n'en avait besoin.
L'intervention du Roi sur le réseau des hôpitaux mis en place pour recueillir les infirmes abandonnés hérissa le poil. Il cacha cependant son ressentiment derrière son visage enjoué et timide. Le bon souverain ne pouvait savoir. Il avait tant de responsabilités qu'il devait déléguer à des gens la gestions de ces structures. Quel dommage ne pas être capable de l'informer des désordres au sein de son royaume. Mais il n'était rien. Il fallait mieux se taire et attendre de porter son message à une personne qui y serait réceptif.
La demoiselle Florentyna vint le troubler de ses pensées pour le féliciter de ses conseils. Il en rougit, fierté d'avoir su la toucher par ses choix littéraires.
"Je vous remercie, mademoiselle. J'en suis ravi d'avoir su faire le métier qui va être le mien. Si vous avez aimé les vers doux de Paul Deletraze, il faudra venir ses trois autres recueils. Le bougre est aisément productif ! Mais si doué ! Il y a deux autres poètes dans un style militaires qui me viennent à l'esprit. Avez-vous entendu parler de Emile Deschesnil ou Robert Leperoy ? je vous les recommande chaudement."
Le père Thierry se retira entretemps mais Alexandre en tint assez peu rigueur. Il l'exaspérait. Il n'était que trop ravi de le voir partir loin et vite. Le garçon se retourna vers Florentyna et Kalisha et se décida à proposer de les divertir en leur soumettant des alexandrins de sa composition que son esprit improvisait en quelques minutes. Cela l'amusait breaucoup il le garçon était encore plus ravi de voir ces dames sourire.
Le temps passait toujours beaucoup trop vite lorsque l'on s'amusait et prenait du plaisir. Alexandre resta près de mademoiselle de Monthoux et sa nouvelle belle-mère en intervenant quand il sentait cela possible pour leur proposer un quatrain ou une charade. Il s'émerveilla des danses, notamment celles de Djerhann, et devait batailler contre sa curiosité maladive pour ne pas presser la princesse Kalisha de questions sur son pays natal. Néanmoins, de temps en temps, quand la situation lui laissait une ouverture, il l'interrogeait avec timidité sur le sujet, notamment sur la signification des danses que l'on venait de jouer.
Finalement vint le moment de se retirer. a sa surprise, alors que le petit infirme commençait à se fatiguer, les muscles raides, il croisa à nouveau Florentyna qui le salua et lui souhaitait une bonne nuit et le nommant jeune érudit. le garçon lui sourit, touché par sa gentillesse incroyable.
"Je vous en remercie, mademoiselle, et vous souhaite la même chose.
Avant leur séparation, il composa un ultime quatrain sur cette nuit fatidique qui portait des espoirs pour le lendemain. Néanmoins, après son départ, le garçon ne monta pas se coucher. Il avait autre chose à faire. Une dernière chose. Alexandre s'écarta du chemin officiel et rejoignit le domaine des domestiques à la recherche de ce audit prêtre dont il savait qu'il ne serait pas dans sa chambre. Si seulement Dieu pouvait l'avoir châtié en lui ayant fait passer la soirée la tête dans les latrines ! Mais ce serait trop beau... Il le découvrit sans surprise sortir d'une pièce en compagnie d'une servante espiègle qui le contemplait avec admiration. Alexandre laissa la femme repartir avec dégoût puis se planta devant cet homme censé représenter Dieu avec agacement.
"Au lit ! Au cas où il faudrait vous le rappeler, nous avons un mariage important à honorer de notre présence, à tous deux, et j'apprécierai que notre paroisse de Saint-Eustache ne soit pas ridiculisée de tout Braktenn !"
Malgré l'épuisement, Alexandre s'obligea à tenir debout, bien droit, comme le lui avait appris as mère, et toisait sévèrement le prêtre. Il pesta :
"C'est quand même malheureux que ce soit moi qui soit infirme alors que vous, un curé qui rompt son vœu de chasteté trois fois par soirée, pouvait courir aussi agilement qu'un gamin espiègle."
Là-dessus, le prêtre et l'enfant de chœur montèrent dans leur chambre.
L'intervention du Roi sur le réseau des hôpitaux mis en place pour recueillir les infirmes abandonnés hérissa le poil. Il cacha cependant son ressentiment derrière son visage enjoué et timide. Le bon souverain ne pouvait savoir. Il avait tant de responsabilités qu'il devait déléguer à des gens la gestions de ces structures. Quel dommage ne pas être capable de l'informer des désordres au sein de son royaume. Mais il n'était rien. Il fallait mieux se taire et attendre de porter son message à une personne qui y serait réceptif.
La demoiselle Florentyna vint le troubler de ses pensées pour le féliciter de ses conseils. Il en rougit, fierté d'avoir su la toucher par ses choix littéraires.
"Je vous remercie, mademoiselle. J'en suis ravi d'avoir su faire le métier qui va être le mien. Si vous avez aimé les vers doux de Paul Deletraze, il faudra venir ses trois autres recueils. Le bougre est aisément productif ! Mais si doué ! Il y a deux autres poètes dans un style militaires qui me viennent à l'esprit. Avez-vous entendu parler de Emile Deschesnil ou Robert Leperoy ? je vous les recommande chaudement."
Le père Thierry se retira entretemps mais Alexandre en tint assez peu rigueur. Il l'exaspérait. Il n'était que trop ravi de le voir partir loin et vite. Le garçon se retourna vers Florentyna et Kalisha et se décida à proposer de les divertir en leur soumettant des alexandrins de sa composition que son esprit improvisait en quelques minutes. Cela l'amusait breaucoup il le garçon était encore plus ravi de voir ces dames sourire.
***
Le temps passait toujours beaucoup trop vite lorsque l'on s'amusait et prenait du plaisir. Alexandre resta près de mademoiselle de Monthoux et sa nouvelle belle-mère en intervenant quand il sentait cela possible pour leur proposer un quatrain ou une charade. Il s'émerveilla des danses, notamment celles de Djerhann, et devait batailler contre sa curiosité maladive pour ne pas presser la princesse Kalisha de questions sur son pays natal. Néanmoins, de temps en temps, quand la situation lui laissait une ouverture, il l'interrogeait avec timidité sur le sujet, notamment sur la signification des danses que l'on venait de jouer.
Finalement vint le moment de se retirer. a sa surprise, alors que le petit infirme commençait à se fatiguer, les muscles raides, il croisa à nouveau Florentyna qui le salua et lui souhaitait une bonne nuit et le nommant jeune érudit. le garçon lui sourit, touché par sa gentillesse incroyable.
"Je vous en remercie, mademoiselle, et vous souhaite la même chose.
Avant leur séparation, il composa un ultime quatrain sur cette nuit fatidique qui portait des espoirs pour le lendemain. Néanmoins, après son départ, le garçon ne monta pas se coucher. Il avait autre chose à faire. Une dernière chose. Alexandre s'écarta du chemin officiel et rejoignit le domaine des domestiques à la recherche de ce audit prêtre dont il savait qu'il ne serait pas dans sa chambre. Si seulement Dieu pouvait l'avoir châtié en lui ayant fait passer la soirée la tête dans les latrines ! Mais ce serait trop beau... Il le découvrit sans surprise sortir d'une pièce en compagnie d'une servante espiègle qui le contemplait avec admiration. Alexandre laissa la femme repartir avec dégoût puis se planta devant cet homme censé représenter Dieu avec agacement.
"Au lit ! Au cas où il faudrait vous le rappeler, nous avons un mariage important à honorer de notre présence, à tous deux, et j'apprécierai que notre paroisse de Saint-Eustache ne soit pas ridiculisée de tout Braktenn !"
Malgré l'épuisement, Alexandre s'obligea à tenir debout, bien droit, comme le lui avait appris as mère, et toisait sévèrement le prêtre. Il pesta :
"C'est quand même malheureux que ce soit moi qui soit infirme alors que vous, un curé qui rompt son vœu de chasteté trois fois par soirée, pouvait courir aussi agilement qu'un gamin espiègle."
Là-dessus, le prêtre et l'enfant de chœur montèrent dans leur chambre.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Kalisha ne se sentait pas à sa place. Toute l'attention était tournée vers elle et ce qu'elle disait. On lui demandait son avis sur un sujet visiblement sensible. Elle avait toujours son verre à la main et passer nerveusement d'un pied à l'autre. Heureusement sous cette large robe, il était impossible de déceler sa nervosité sous-jacente. Et si elle déclenchait un incident diplomatique en prononçant une parole malheureuse? Le mariage n'avait même pas encore eu lieu! Ce serait si terrible!
Elle avait l'impression de marcher sur des oeufs. D'autant plus que son futur mari ne semblait guère partager son opinion. Le Roi la rassura sur les bons soins apportés aux infirmes. Tout comme dans son pays, il y avait donc des institutions dédiées à l'aide apportée à ces personnes. Florentyna se laissa aller à sa curiosité et la question sur ce qu'il en était chez elle.
- Et bien nous avons également des institutions similaires visant à s'occuper des infirmes et des des personnes dépendantes. Vous avez entièrement raison, Allah accorde son indulgence aux miséreux en leur accordant un accès plus... Simple au paradis, du fait des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien.
Elle reprit son souffle et avala une nouvelle gorgée afin de faire passer sa gêne tandis que le prêtre portait un toast à l'union de leur de nation. Elle était si fière d'être la pierre qui scellerait la paix entre Monbrina et Djerdan! Certes c'était quelques peu effrayant mais quel privilège! Elle y répondit donc avec en train et acheva de vider son verre.
On était peut-être en février mais elle avait terriblement chaud.
Etait-ce l'alcool ou simplement sa timidité qui prenait le dessus? Toujours était-il qu'elle avait les joues en feu. Elle fut bien ravi que "sa belle-fille" redirige la conversation vers quelque chose de plus léger.
-J'aime beaucoup la poésie et... Les contes.
Elle se mordit la joue et détourna le regard en se rendant compte à quel point cela pouvait sembler... Enfantin. Mais c'était vrai pourtant, elle aimait les contes et les ballades. Surtout celle qui parlait d'un amour impossible. C'était sa favorite.
Elle n'avait pas manqué d'entendre le nom des différents auteurs et se sentaient terriblement stupide de n'en connaitre aucun, elle aurait sans doute dû être un peu plus attentive durant ses leçons de littérature étrangères, mais comment aurait-elle pu imaginer qu'elle franchirait la frontière?
La soirée se poursuivit et l'alcool aidant, Kalisha s'amusa comme une folle à danser et discuter avec Florentyna et Alexandre qu'elle entraina même dans une ronde sur un morceau entrainant de cet instrument que l'on nommait violon. Il fallait dire que ce breuvage était particulièrement pernicieux: sucré comme du miel, il finissait par vous faire tourner la tête aussi bien qu'une bonne danse. Mais après tout, ne fêtait-on pas son mariage?
Malgré les déceptions, elle était ravie d'avoir fait la rencontre de ses deux nouveaux amies. Enfin il s'agissait de sa belle-fille, mais elle avait décrété qu'elle serait son amie!
Au moins avec eux, elle pouvait parler librement sans se soucier des conséquences, elle répondit avec grand plaisir à toutes leurs questions.
Elle posa avec fierté pour son portrait de mariage. Son premier vrai portrait. C'était si dur de rester immobile face à tout ce public. Sans parler du fait qu'elle voulait de retourner s'amuser! Elle en avait des fourmis jusque dans les orteils, mais elle tint bon jusqu'au signe libérateur du peintre.
Le banquet était délicieux. Elle gouta de tout, se laissant expliquer les différents mets par ses amis. A son tour, elle leur présenta ceux de son pays. Oh la vieille mégère de gouvernante avait bien regard réprobateur face à son enthousiasme mais elle n'en tint guère compte et continua de profiter de la soirée jusqu'à ce que à son grand désespoir l'on ne sonne la fin de cette soirée.
Car au final, ce n'était qu'une façon comme une autre d'oublier que demain, elle serait mariée à cet homme qui avait le double de son âge, qui n'était en rien un prince charmant et qui ne semblait pas partager le moindre point commun avec elle.
Une façon d'oublier l'horrible fardeau qui écrasait ses frêles épaules de jeune femme.
Elle salua chaudement Florentyna et Alexandre d'une élégante révérence (sans doute un peu maladroite) et prit congés.
Demain, elle serait seule pour affronter son destin. Seul face à ce nouveau Dieu qu'elle devait désormais vénérer.
Elle avait l'impression de marcher sur des oeufs. D'autant plus que son futur mari ne semblait guère partager son opinion. Le Roi la rassura sur les bons soins apportés aux infirmes. Tout comme dans son pays, il y avait donc des institutions dédiées à l'aide apportée à ces personnes. Florentyna se laissa aller à sa curiosité et la question sur ce qu'il en était chez elle.
- Et bien nous avons également des institutions similaires visant à s'occuper des infirmes et des des personnes dépendantes. Vous avez entièrement raison, Allah accorde son indulgence aux miséreux en leur accordant un accès plus... Simple au paradis, du fait des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien.
Elle reprit son souffle et avala une nouvelle gorgée afin de faire passer sa gêne tandis que le prêtre portait un toast à l'union de leur de nation. Elle était si fière d'être la pierre qui scellerait la paix entre Monbrina et Djerdan! Certes c'était quelques peu effrayant mais quel privilège! Elle y répondit donc avec en train et acheva de vider son verre.
On était peut-être en février mais elle avait terriblement chaud.
Etait-ce l'alcool ou simplement sa timidité qui prenait le dessus? Toujours était-il qu'elle avait les joues en feu. Elle fut bien ravi que "sa belle-fille" redirige la conversation vers quelque chose de plus léger.
-J'aime beaucoup la poésie et... Les contes.
Elle se mordit la joue et détourna le regard en se rendant compte à quel point cela pouvait sembler... Enfantin. Mais c'était vrai pourtant, elle aimait les contes et les ballades. Surtout celle qui parlait d'un amour impossible. C'était sa favorite.
Elle n'avait pas manqué d'entendre le nom des différents auteurs et se sentaient terriblement stupide de n'en connaitre aucun, elle aurait sans doute dû être un peu plus attentive durant ses leçons de littérature étrangères, mais comment aurait-elle pu imaginer qu'elle franchirait la frontière?
La soirée se poursuivit et l'alcool aidant, Kalisha s'amusa comme une folle à danser et discuter avec Florentyna et Alexandre qu'elle entraina même dans une ronde sur un morceau entrainant de cet instrument que l'on nommait violon. Il fallait dire que ce breuvage était particulièrement pernicieux: sucré comme du miel, il finissait par vous faire tourner la tête aussi bien qu'une bonne danse. Mais après tout, ne fêtait-on pas son mariage?
Malgré les déceptions, elle était ravie d'avoir fait la rencontre de ses deux nouveaux amies. Enfin il s'agissait de sa belle-fille, mais elle avait décrété qu'elle serait son amie!
Au moins avec eux, elle pouvait parler librement sans se soucier des conséquences, elle répondit avec grand plaisir à toutes leurs questions.
Elle posa avec fierté pour son portrait de mariage. Son premier vrai portrait. C'était si dur de rester immobile face à tout ce public. Sans parler du fait qu'elle voulait de retourner s'amuser! Elle en avait des fourmis jusque dans les orteils, mais elle tint bon jusqu'au signe libérateur du peintre.
Le banquet était délicieux. Elle gouta de tout, se laissant expliquer les différents mets par ses amis. A son tour, elle leur présenta ceux de son pays. Oh la vieille mégère de gouvernante avait bien regard réprobateur face à son enthousiasme mais elle n'en tint guère compte et continua de profiter de la soirée jusqu'à ce que à son grand désespoir l'on ne sonne la fin de cette soirée.
Car au final, ce n'était qu'une façon comme une autre d'oublier que demain, elle serait mariée à cet homme qui avait le double de son âge, qui n'était en rien un prince charmant et qui ne semblait pas partager le moindre point commun avec elle.
Une façon d'oublier l'horrible fardeau qui écrasait ses frêles épaules de jeune femme.
Elle salua chaudement Florentyna et Alexandre d'une élégante révérence (sans doute un peu maladroite) et prit congés.
Demain, elle serait seule pour affronter son destin. Seul face à ce nouveau Dieu qu'elle devait désormais vénérer.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Comte Prosper de Monthoux et Mademoiselle Florentyna de Monthoux, 18 ans
Le tintement des verres de Florentyna et du comte de Monthoux accompagnèrent le nouveau toast porté par Thierry. Prosper avait l'espoir de servir au mieux son roi et son Empire en acceptant cette union, autant qu'il appréciait la forme de seconde jeunesse que lui offrait ce mariage. Même s'il impliquait une étrangère... l'homme passait sur ce petit inconvénient si cela pouvait honorer son pays. La demoiselle pour sa part espérait de tout son cœur que le prêtre ait raison : aussi respectueuse qu'elle était envers Monbrina, la perspective d'une nouvelle guerre et d'une nouvelle colonisation l'effraya. Quand bien même le gouvernement prétendait que cela avait du bon pour l'Empire, c'était toujours des hommes envoyés à la boucherie, des femmes éplorées, des familles déchirées... Puisse ce mariage éviter cela, pour préférer au conflit des rapports commerciaux pacifiques avec un voisin - surtout un voisin culturellement aussi riche que Djerdan !
Florentyna hocha la tête aux deux noms d'auteurs que lui citait Alexandre, comme pour lui promettre qu'aussitôt rentrée au domaine, elle se ferait procurer leurs ouvrages. Elle salua poliment le départ de Thierry. Le jeune noble fut soulagée que se termine enfin la conversation qui mettait la Princesse Kalisha si mal à l'aise. La pauvre... elle était là pour passer un bon moment et se réjouir de ses noces ! Il n'était pas l'heure de s'encombrer de sujets aussi épineux. Au moins, la fille de Monthoux sur soulagée de n'avoir pas proféré de stupidité sur la foi de sa belle-mère. Elle s'était documentée comme il fallait : les mots de la Djerdanne le confirmait. C'était la moindre des choses, que de faire honneur à la nouvelle membre de la famille. Florentyna regrettait que son père n'ait pas pris la peine d'un effort égal... L'idée de partager des contes avec Kalisha l'enchanta et elle accueillit cette confidence d'un large sourire.
-- Mais je suis entièrement d'accord ! Les contes sont riches d'une immense philosophie, sous leurs aspects faussement naïfs. Le célèbre adage "Placere et docere", plaire et instruire, a rarement été aussi bien observé que dans ce genre littéraire. J'ai quelques recueils de nos contes traditionnels, et j'espère bien lire grâce à vous ceux qui se transmettent à Djerdan ! Peut-être que leurs morales respectives sauront se répondre, ou aller dans le même sens par-delà nos différences.
Vraiment, la Princesse serait une excellente amie ! Florentyna voulait y croire de tout son cœur. Au moins pourrait-elle trouver cela à Monthoux, même si Prosper n'était pas le meilleur des maris... Le comte d'ailleurs souriait, hochait la tête ici ou là, approuvant les dires de sa fille ou acquiesçant par politesse à ce qu'il découvrait de la foi originelle de son épouse.
La soirée fut grandiose et la jeune Monthoux prit un plaisir immense à voir la Princesse s'y amuser de la sorte ! Si curieuse de tout, si enjouée dans la danse, et avec un tel bon appétit ! Oh, elle n'était pas dupe : sûrement trompait-elle partiellement son inquiétude à travers un tel abandon à la fête... Cela était bien normal. Les hommes se pressèrent nombreux pour danser avec la belle Kalisha : après tout elle n'était pas encore mariée, les cavaliers pouvaient encore, sans craindre d'outrepasser l'étiquette, se succéder à son bras. Florentyna elle-même se laissa, toute flattée, invitée à quelque pavane, à deux ou trois menuets. Quand viendrait son tour de se marier ? Aurait-elle... plus de chance que Kalisha ? Jérémie... que n'était-il né Monbrinien et noble ! Il serait un grand savant, brillerait dans les salons, ferait peut-être même bouger certaines lignes politiques de ce pays... et elle prendrait sa main... La demoiselle se laissa avaler par cette bien malheureuse rêverie - une chimère. Elle aussi choisit de suivre sa belle-mère dans le tourbillon de la fête pour oublier.
* * * *
Le lendemain, avec le lever du soleil, une longue série de cérémonials allait commencer. Prosper de Monthoux et sa fille vinrent attendre la Princesse au seuil de ses appartements. La future mariée fut conduite à la toilette, où Prosper l'abandonna à sa fille et à une cohorte de servantes. Toilette raffinée, bain de lait, parfums époustouflants, séance de maquillage. Sa belle-fille allait la suivre en demoiselle d'honneur, accompagnée d'une dizaine de petites couventines choisies pour l'occasion : toutes seconderaient la mariée, tenant le voile et des fleurs. Mais pour l'heure, il leur revenait la mission de procéder à la coiffure de Kalisha. Florentyna apprécia ce moment d'art et de complicité. Enthousiaste comme une petite fille l'espace d'un instant, elle s'émerveilla plusieurs fois des superbes cheveux de jais de l'orientale.
Les portes de l'hôtel s'ouvrirent enfin sur le cortège nuptial. Jusqu'alors, Kalisha n'avait eu que la compagnie relativement restreinte de sa belle-fille, des servantes et des couventines. A présent, c'était de nouveau tout le gratin des invités qui l'attendait, prêt à la suivre jusqu'à la basilique. Nobles seigneurs, précieuses, prêtres, enfants de chœur, sans oublier l'archevêque et le roi en personne. Tout le long du trajet resplendirent les cierges et résonnèrent les plus belles pages de musique sacrée, par les plus grands compositeurs du moment, entonnés par les couventines et les garçons de chœur.
Le roi, de droit divin sur son trône, avait le devoir de ne se découvrir qu'en un seul lieu et devant l'unique être au-dessus de lui : Dieu en ses églises. Aussi Gérald Der Ragascorn, qui présidait la procession tout près de la mariée et de sa famille, s'inclina-t-il sur les marches de la basilique. De bonne humeur en ce jour, il sourit même à la jeune princesse, lui aussi satisfait de cet accord commercial et de recevoir une si rayonnante représentante de Djerdan à Monbrina. Le souverain avait longuement pesé le pour et le contre et il lui était apparu qu'un accord serait plus intéressant qu'une nouvelle invasion. Pour l'instant, une guerre serait de trop pour les finances... et à moins d'un grave incident qui le convainque du contraire, le roi choisissait de garder Djerdan en allié libre.
Les portes s'ouvrirent sur un décor digne d'un palais. Le long des murs et sur la coupole, les anges et les Saints rendaient gloire à Dieu, à Marie et à toute la Création du seigneur. Le réalisme des animaux, le long des fresques, était à couper le souffle. Des boiseries dorées ornaient les colonnades tout autour de la nef, un ostensoir d'argent encadrait la Sainte-Hostie. Et tout cela redoublait de beauté en ce jour grâce aux centaine de cierges que l'on s'était arrangé, par d'habiles mécanismes, à faire tenir en l'air comme s'ils étaient autant d'étoiles descendues du Ciel. L'orgue déployait une partition du virtuose Johann-Klaus Wojërbald. Des dizaines de chanteurs lyriques entonnaient un hymne sur lequel les invités furent conviés à prendre place dans les bancs... puis la mariée à entrer en procession. Floentyna et les couventines tenant son voile. La robe de la Princesse égalait en lumière le tournoiement des bougies. Juste à côté de l'autel, comme le voulait la coutume : le mari, arrivé en avance, attendait sa promise aux côtés de l'archevêque.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Thierry réprima un bâillement qui lui venait.
Il avait mal dormi et pour de mauvaises raisons.
Hier soir, il pensait profiter de l'endormissement rapide d'Alexandre pour filer en douce et découvrir les tavernes du coin. Sauf que le garçon avait piégé les lattes de son lit et dissimulé une clochette quelque part. Quand il se relevait, fatalement, cela réveillait Alexandre qui le sermonnait et rappelait l'important événement du lendemain et il refusait de se recouchait tant que Thierry lui-même ne s'allongeait pas dans son lit. Fatalement, quand il essayait de s'en extraire à nouveau, al clochette tintait et le sermon reprenait. Désespérant. Il avait tout essayé pour se lever sans risquer de provoquer le carillon. En vain. Ce maudit gamin l'avait bien eu ! Et d'abord quand avait-il pu l’installer ? Il se rappela alors avoir aperçu Alexandre sous son lit un matin mais il affirmait chercher son fusain qui aurait roulé. Il soupira. Il s'était totalement laissé berner.
Le prêtre se tenait au milieu de quelques uns de ses collègues et n'en tirait aucune fierté. L'archevêque de Braktenn s dressait près de l'autel. Il s'ennuyait déjà. Au moins, dans son église, il pouvait contrôler le cérémonial et prendre es initiatives. Là, il n'était qu'un figurant au milieu de tous les autres. Quelle frustration terrible !
Prosper de Monthoux attendait devant l'autel. Décidément, il ne savait pas que les cochons eux aussi pouvaient se marier. L'espace d'un instant, Thierry se mit à imaginer le sexe de cet homme ventripotent comme la queue de cet animal et réprima difficilement le rire qui le gagna. Son regard fut attiré par l'entrée de la très jeune mariée qui s'avançait telle une Iphigénie qui s'allongerait consentante sur la table. Cette fois, cette pensée ne lui causa aucun amusement. au contraire, il songea à la suite de ces noces, au moment où cette malheureuse enfant serait réellement forcée de s'allonger et de supporter sur elle la grande adipeuse de son époux. S'il n'était pas aussi lâche, s'il n'avait pas aussi peur des conséquences, il le saborderait ce mariage en affirmant que la différence d'âge trop importante des époux le rendait impure ou que cette toute jeune femme avait subi trop de pressions pour être incapable de dire non.
Mais il ne ferait rien de toutes ces belles pensées.
Il était lâche.
Thierry lâcha finalement un soupir.
Vivement ce soir qu'il se pose les fesses dans une taverne et noie ces pensées dérangeantes.
Il avait mal dormi et pour de mauvaises raisons.
Hier soir, il pensait profiter de l'endormissement rapide d'Alexandre pour filer en douce et découvrir les tavernes du coin. Sauf que le garçon avait piégé les lattes de son lit et dissimulé une clochette quelque part. Quand il se relevait, fatalement, cela réveillait Alexandre qui le sermonnait et rappelait l'important événement du lendemain et il refusait de se recouchait tant que Thierry lui-même ne s'allongeait pas dans son lit. Fatalement, quand il essayait de s'en extraire à nouveau, al clochette tintait et le sermon reprenait. Désespérant. Il avait tout essayé pour se lever sans risquer de provoquer le carillon. En vain. Ce maudit gamin l'avait bien eu ! Et d'abord quand avait-il pu l’installer ? Il se rappela alors avoir aperçu Alexandre sous son lit un matin mais il affirmait chercher son fusain qui aurait roulé. Il soupira. Il s'était totalement laissé berner.
Le prêtre se tenait au milieu de quelques uns de ses collègues et n'en tirait aucune fierté. L'archevêque de Braktenn s dressait près de l'autel. Il s'ennuyait déjà. Au moins, dans son église, il pouvait contrôler le cérémonial et prendre es initiatives. Là, il n'était qu'un figurant au milieu de tous les autres. Quelle frustration terrible !
Prosper de Monthoux attendait devant l'autel. Décidément, il ne savait pas que les cochons eux aussi pouvaient se marier. L'espace d'un instant, Thierry se mit à imaginer le sexe de cet homme ventripotent comme la queue de cet animal et réprima difficilement le rire qui le gagna. Son regard fut attiré par l'entrée de la très jeune mariée qui s'avançait telle une Iphigénie qui s'allongerait consentante sur la table. Cette fois, cette pensée ne lui causa aucun amusement. au contraire, il songea à la suite de ces noces, au moment où cette malheureuse enfant serait réellement forcée de s'allonger et de supporter sur elle la grande adipeuse de son époux. S'il n'était pas aussi lâche, s'il n'avait pas aussi peur des conséquences, il le saborderait ce mariage en affirmant que la différence d'âge trop importante des époux le rendait impure ou que cette toute jeune femme avait subi trop de pressions pour être incapable de dire non.
Mais il ne ferait rien de toutes ces belles pensées.
Il était lâche.
Thierry lâcha finalement un soupir.
Vivement ce soir qu'il se pose les fesses dans une taverne et noie ces pensées dérangeantes.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Une merveilleuse mélodie résonnait dans al cathédrale et enthousiasmait Alexandre. Il n'avait encore jamais participé à unpareil mariage. Ses regards se dirigeaient à tous les endroits. Il admirait les toilettes superbes de tous ces importants personnages du royaume ou de ceux du pays voisins. Quels beaux tissus ! Et les teintes étaient si attirantes ! De temps en temps, le garçon contemplait le souverain et s’étonnait que celui-ci puise sembler être un homme ordinaire. C'était quand même le Lieutenant de Dieu sur terre ! Alors, Alexandre se l'imaginait jusque-là comme le Christ, un personnage lumineux, solaire, que l'on pourrait regarder en face sans risquer de s'éblouir. Il en était presque déçu.
Dans la cathédrale, la liturgie se mettait doucement en place. Fidèle à son devoir d'enfant de chœur, Alexandre s'appliquait à devancer presque les désirs des prêtres. Il était tout heureux de pouvoir leur tendre tel objet alors que lui mettait quand même plus de temps que les autres pour aller le chercher. Parmi la troupe des enfants de chœur, quelques uns révisaient les prières qu'ils auraient bientôt à dire et certains, sus l'émotion, se trompaient. Alexandre soufflait rapidement le bon vers, fier de connaitre ses psaumes par cœur. Lui, il ne faisait une seul erreur !
Alexandre finit par tourner la tête en direction de l'autel et contempla Prosper de Monthoux qui attendait, bien droit. Que ressentait-on à patienter ainsi que sa future femme vienne vous rejoindre ? Le petit infirme s'imagina un instant à sa place et trembla. Il aurait si peur que sa fiancée se soit dérobée, effrayée par l'idée d'épouser un garçon comme lui. pourtant, il avait envie de se marier, de fonder une famille... Il serait un bon époux, lui, gentil avec sa femme, il ne la frapperait, gentil avec ses enfants aussi... Mais les filles, elles, ne semblaient pas intéressés du tout pour le trouver comme un bon parti.
Soudain la mariée commença à apparaitre à l'entrée de la cathédrale. Alexandre tourna aussitôt la tête et la contempla avec n frisson d’émotion qui le traversa entièrement. Vêtue d'une superbe robe, la princesse Kalisha s'avançait lentement, le long voile portée par Florentina de Monthoux et plusieurs couventines. Quelle scène merveilleusement touchante ! Le jeune homme en était transfiguré. Il joignit les mains et se mit à prier.
Dans la cathédrale, la liturgie se mettait doucement en place. Fidèle à son devoir d'enfant de chœur, Alexandre s'appliquait à devancer presque les désirs des prêtres. Il était tout heureux de pouvoir leur tendre tel objet alors que lui mettait quand même plus de temps que les autres pour aller le chercher. Parmi la troupe des enfants de chœur, quelques uns révisaient les prières qu'ils auraient bientôt à dire et certains, sus l'émotion, se trompaient. Alexandre soufflait rapidement le bon vers, fier de connaitre ses psaumes par cœur. Lui, il ne faisait une seul erreur !
Alexandre finit par tourner la tête en direction de l'autel et contempla Prosper de Monthoux qui attendait, bien droit. Que ressentait-on à patienter ainsi que sa future femme vienne vous rejoindre ? Le petit infirme s'imagina un instant à sa place et trembla. Il aurait si peur que sa fiancée se soit dérobée, effrayée par l'idée d'épouser un garçon comme lui. pourtant, il avait envie de se marier, de fonder une famille... Il serait un bon époux, lui, gentil avec sa femme, il ne la frapperait, gentil avec ses enfants aussi... Mais les filles, elles, ne semblaient pas intéressés du tout pour le trouver comme un bon parti.
Soudain la mariée commença à apparaitre à l'entrée de la cathédrale. Alexandre tourna aussitôt la tête et la contempla avec n frisson d’émotion qui le traversa entièrement. Vêtue d'une superbe robe, la princesse Kalisha s'avançait lentement, le long voile portée par Florentina de Monthoux et plusieurs couventines. Quelle scène merveilleusement touchante ! Le jeune homme en était transfiguré. Il joignit les mains et se mit à prier.
Re: [Février 1597] "Vérité en deçà de la frontière, mensonge au-delà..." [Terminé]
Ce matin-là, elle fut réveillée par une jeune demoiselle pleine de timidité. Où était-elle ? Que faisait-elle. Sa tête lui faisait un mal de chien. Il lui fallut de longues minutes, le regard perdu dans le décor de sa chambre pour se souvenir qu’elle allait se marier.
Florentyna entra dans sa chambre. Elle lui sourit.
Elle allait se marier.
Avec lui. Son père.
Cet espèce de…
Non ce n’était pas correct de parler ainsi de son futur époux. Elle lui devait respect et amour. C’était du moins ce que l’on lui avait enseigné. Respect, amour et héritier.
Ce mariage n’était pas un mariage ordinaire, il scellerait l’alliance de son royaume avec le grand empire monbrinien. Ce mariage, c’était ce qui permettrait à tout un tas d’âmes innocentes d’être épargnées. Alors qu’était-ce qu’une vie sacrifiée quand bien même il s’agissait de la sienne au regard du bénéfice ?
C’était ce qu’elle se répétait (et qu’on lui avait plus ou moins rabaché) pour se convaincre qu’épouser ce mari qui ne ressemblait en rien au Prince charmant n’était pas si terrible.
Et puis, il devait certainement avoir bon nombre de qualités, non ? Elle voulait toujours y croire. Elle voulait croire que malgré leur culture différente, malgré leurs âges éloignés, malgré la réalité qui s’éloignaient du fantasmé, ils pouvaient s’entendre et tisser ensemble une belle relation.
Cette matinée, lui rappela celle de la veille : on la fit passer de salle en salle, de main en main jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. La seule différence était que Florentyna ne l’avait pas quitté d’une semelle et qu’elle avait beaucoup ri en sa compagnie. La jeune princesse lui en fut extrêmement reconnaissante. Elle avait même réussi, le temps de cette matinée à lui faire oublier le poids étouffant des enjeux de cette journée. Elle avait été partagé entre le plaisir d’être apprêté comme une reine et l’angoisse de ses vœux qui se rapprochaient inexorablement.
A chaque minute qui passait son petit ventre se nouait un peu plus. Elle le savait. Dès qu’elle serait dans la basilique, il n’y aurait plus de retour en arrière possible.
Elle serait monbrinienne. Elle serait sa femme.
Elle était terrifiée.
Mais elle ne montrait rien. Pour tous, elle était une fiancée ravie et épanouie de ce jour si merveilleux.
Le plus beau jour de sa vie.
Elle avait gravi les marches de pierres de la basilique. Le roi était là, souriant. Elle s’écrasa dans une profonde révérence tout en répondant à ce sourire. Elle ne voulait pas le décevoir.
Kalisha entama son avancée dans la nef. Sa robe était horriblement lourde. Il y avait tant de tissus que sans aide, elle n’aurait jamais pu se trainer jusqu’à l’autel. Etait-ce un signe ? Chaque pas, représentait un effort surhumain.
Elle était magnifique dans sa robe de velours damassé pourpre. L’encolure, brodée de fils d’or et de pierres précieuses, laissait apparaitre une riche chemise de soie blanche si fine qu’on en devinait sa peau, cachée sous les dentelles vénitiennes. Sur sa poitrine, tombait un large collier de cinq rangs de perles de culture, qui suivait la pointe de son corset, jusqu’à sa jupe. Jupe qui était fendue sur le devant par deux fois afin de laisser voir la richesse des deux jupons suivants. Le premier, dans un somptueux tissu italien moiré, changeait de couleur suivant la lumière, passant du rouge au bleu, au gré de ses pas. Il effectuait à merveille la transition avec le dernier jupon de soie imprimé indigo, brodé de feuilles d’or.
Tous ces yeux qui la regardaient. Comment pouvait-il y avoir autant de monde ? Elle en avait des vertiges. Littéralement. Les flammes des bougies l’hypnotisaient, de même que les chœurs.
La seule exception djerdanne à sa toilette, résidait dans sa coiffure : un chignon de tresses savamment ordonnées, dans lequel des perles avait été piquées. Sur le sommet de son crâne, un diadème typique de ses origines, trônait, maintenant l’interminable voile de soie d’une transparence improbable.
Il était là. Tourné vers elle, à la regarder. A quoi pensait-il? Son cœur s’arrêta et elle manqua de trébucher. Maladresse qui passa très certainement inaperçue, cachée sous les épaisses étoffes. Elle n’aurait trop su dire si l’allée lui paraissait horriblement longue ou épouvantablement courte, tant l’un et l’autre semblait inextricable.
Ses mains qui serraient un bouquet de lys blancs, étaient d’une moiteur absolue. Elle faisait tout son possible pour se concentrer sur la statue de la vierge qui siégeait au fond de la basilique afin d’éviter de céder à la panique sous les regards insistants qui l’encerclaient.
Elle monta la marche qui la séparait de son futur époux. Elle n’avait plus d’entrailles. Juste un sac de plomb qui semblait remonter jusqu’au fond de sa gorge. Comment allait-elle pouvait dire quoi que ce soit ? Elle jeta une regard inquiet à l’archevêque puis au Père Thierry…
Aujourd’hui.
Florentyna entra dans sa chambre. Elle lui sourit.
Elle allait se marier.
Avec lui. Son père.
Cet espèce de…
Non ce n’était pas correct de parler ainsi de son futur époux. Elle lui devait respect et amour. C’était du moins ce que l’on lui avait enseigné. Respect, amour et héritier.
Ce mariage n’était pas un mariage ordinaire, il scellerait l’alliance de son royaume avec le grand empire monbrinien. Ce mariage, c’était ce qui permettrait à tout un tas d’âmes innocentes d’être épargnées. Alors qu’était-ce qu’une vie sacrifiée quand bien même il s’agissait de la sienne au regard du bénéfice ?
C’était ce qu’elle se répétait (et qu’on lui avait plus ou moins rabaché) pour se convaincre qu’épouser ce mari qui ne ressemblait en rien au Prince charmant n’était pas si terrible.
Et puis, il devait certainement avoir bon nombre de qualités, non ? Elle voulait toujours y croire. Elle voulait croire que malgré leur culture différente, malgré leurs âges éloignés, malgré la réalité qui s’éloignaient du fantasmé, ils pouvaient s’entendre et tisser ensemble une belle relation.
Cette matinée, lui rappela celle de la veille : on la fit passer de salle en salle, de main en main jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. La seule différence était que Florentyna ne l’avait pas quitté d’une semelle et qu’elle avait beaucoup ri en sa compagnie. La jeune princesse lui en fut extrêmement reconnaissante. Elle avait même réussi, le temps de cette matinée à lui faire oublier le poids étouffant des enjeux de cette journée. Elle avait été partagé entre le plaisir d’être apprêté comme une reine et l’angoisse de ses vœux qui se rapprochaient inexorablement.
A chaque minute qui passait son petit ventre se nouait un peu plus. Elle le savait. Dès qu’elle serait dans la basilique, il n’y aurait plus de retour en arrière possible.
Elle serait monbrinienne. Elle serait sa femme.
Elle était terrifiée.
Mais elle ne montrait rien. Pour tous, elle était une fiancée ravie et épanouie de ce jour si merveilleux.
Le plus beau jour de sa vie.
~***~
Elle avait gravi les marches de pierres de la basilique. Le roi était là, souriant. Elle s’écrasa dans une profonde révérence tout en répondant à ce sourire. Elle ne voulait pas le décevoir.
Kalisha entama son avancée dans la nef. Sa robe était horriblement lourde. Il y avait tant de tissus que sans aide, elle n’aurait jamais pu se trainer jusqu’à l’autel. Etait-ce un signe ? Chaque pas, représentait un effort surhumain.
Le poids du tissu.
Le poids du serment.
Le poids du serment.
Elle était magnifique dans sa robe de velours damassé pourpre. L’encolure, brodée de fils d’or et de pierres précieuses, laissait apparaitre une riche chemise de soie blanche si fine qu’on en devinait sa peau, cachée sous les dentelles vénitiennes. Sur sa poitrine, tombait un large collier de cinq rangs de perles de culture, qui suivait la pointe de son corset, jusqu’à sa jupe. Jupe qui était fendue sur le devant par deux fois afin de laisser voir la richesse des deux jupons suivants. Le premier, dans un somptueux tissu italien moiré, changeait de couleur suivant la lumière, passant du rouge au bleu, au gré de ses pas. Il effectuait à merveille la transition avec le dernier jupon de soie imprimé indigo, brodé de feuilles d’or.
Encore un pas. Puis un autre.
Tous ces yeux qui la regardaient. Comment pouvait-il y avoir autant de monde ? Elle en avait des vertiges. Littéralement. Les flammes des bougies l’hypnotisaient, de même que les chœurs.
Encore un pas, puis un autre.
La seule exception djerdanne à sa toilette, résidait dans sa coiffure : un chignon de tresses savamment ordonnées, dans lequel des perles avait été piquées. Sur le sommet de son crâne, un diadème typique de ses origines, trônait, maintenant l’interminable voile de soie d’une transparence improbable.
Encore un pas, puis un autre.
Il était là. Tourné vers elle, à la regarder. A quoi pensait-il? Son cœur s’arrêta et elle manqua de trébucher. Maladresse qui passa très certainement inaperçue, cachée sous les épaisses étoffes. Elle n’aurait trop su dire si l’allée lui paraissait horriblement longue ou épouvantablement courte, tant l’un et l’autre semblait inextricable.
Ses mains qui serraient un bouquet de lys blancs, étaient d’une moiteur absolue. Elle faisait tout son possible pour se concentrer sur la statue de la vierge qui siégeait au fond de la basilique afin d’éviter de céder à la panique sous les regards insistants qui l’encerclaient.
Un dernier pas.
Elle monta la marche qui la séparait de son futur époux. Elle n’avait plus d’entrailles. Juste un sac de plomb qui semblait remonter jusqu’au fond de sa gorge. Comment allait-elle pouvait dire quoi que ce soit ? Elle jeta une regard inquiet à l’archevêque puis au Père Thierry…
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