[22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
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Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Tout ça la dépassait. Grandement. Même si elle essayait de remplir son rôle humblement, elle ne pouvait s’empêcher de ralentir ses gestes sur le sol, jusqu’à les arrêter quand ces deux feuilles retombèrent devant elle. Personne n’avait fait attention à elles, pas même son maître qui regardait maintenant ailleurs, contrairement à Eldred qui avait le nez dessus. C’était la même feuille que tout à l’heure… accompagnée d’une autre, d’un portrait. Aud eut à peine le temps de le regarder que déjà, les mains agiles d’Eldred les avait attrapées.
Mais ce portrait.
La petite fille du marché !
Aud en devint blanche. C’était la petite fille, la même qui lui avait glissé ses tartines quand elle venait d’être achetée par son précédent maître. Et ses tartines… Elle qui avait si peu mangé quand elle était au service d’Ulysse, elles avaient été salvatrices. Et cet esclave en parlait comme une petite coupable perdue ? Il la vendait ! Contre quoi ? La sympathie du maître ? Un maître qui n’était même pas le sien ?
Ses yeux se relevèrent alors, choqués et catastrophés, sur Alexandre. Elle-même se décrivait comme une esclave fidèle et intègre, mais jamais, JAMAIS elle n’irait faire ce qu’il faisait en cet instant. Dénoncer ses semblables, dont une petite fille courageuse pour le bon sens qu’un esclave doit toujours être avec un maître. Jérémie était déjà une chose, mais la petite…
Puis elle revint sur Eldred, et réalisa toute l’importance de ces feuilles. Ce plan, qu’il cachait si précieusement (si elle avait été comme Alexandre, elle l’aurait dénoncé dans la seconde), et ce portrait… qu’allait-il en faire ? Elle vit la cheminée, il en était si proche, et elle comprit son intention… et le supplia du regard de se raviser.
Il sembla la comprendre, puisqu’il lui tendit prudemment le papier, qu’elle plia à son tour pour le ranger dans son tablier. Elle lui adressa alors un discret et court sourire de gratitude, avant de laisser l’inquiétude la regagner. Ce qui n’allait certainement pas en s’arrangeant quand elle comprit sa question muette.
Le cœur battant, elle hocha la tête d’un quasi-immobile mouvement, et entreprit de se redresser un peu sur ses genoux, profitant qu’Alexandre soit à ses dessins, et que son maître soit pris dans ses pensées. Immédiatement, la culpabilité la prit : elle détestait agir dans le dos de quelqu’un, surtout une personne qu’elle respectait autant. Ça allait à l’encontre de tout ce qu’elle croyait. Mais les propos et les actes d’Alexandre la poussaient à faire ça. Car ce n’était pas juste. Cependant, à l’instant où elle vit les visages dessinés, elle eut un frisson d’effroi dans le dos et se rassit immédiatement. On l’avait vue. Elle l’avait senti. On l’avait vue.
Mais ce portrait.
La petite fille du marché !
Aud en devint blanche. C’était la petite fille, la même qui lui avait glissé ses tartines quand elle venait d’être achetée par son précédent maître. Et ses tartines… Elle qui avait si peu mangé quand elle était au service d’Ulysse, elles avaient été salvatrices. Et cet esclave en parlait comme une petite coupable perdue ? Il la vendait ! Contre quoi ? La sympathie du maître ? Un maître qui n’était même pas le sien ?
Ses yeux se relevèrent alors, choqués et catastrophés, sur Alexandre. Elle-même se décrivait comme une esclave fidèle et intègre, mais jamais, JAMAIS elle n’irait faire ce qu’il faisait en cet instant. Dénoncer ses semblables, dont une petite fille courageuse pour le bon sens qu’un esclave doit toujours être avec un maître. Jérémie était déjà une chose, mais la petite…
Puis elle revint sur Eldred, et réalisa toute l’importance de ces feuilles. Ce plan, qu’il cachait si précieusement (si elle avait été comme Alexandre, elle l’aurait dénoncé dans la seconde), et ce portrait… qu’allait-il en faire ? Elle vit la cheminée, il en était si proche, et elle comprit son intention… et le supplia du regard de se raviser.
Il sembla la comprendre, puisqu’il lui tendit prudemment le papier, qu’elle plia à son tour pour le ranger dans son tablier. Elle lui adressa alors un discret et court sourire de gratitude, avant de laisser l’inquiétude la regagner. Ce qui n’allait certainement pas en s’arrangeant quand elle comprit sa question muette.
Le cœur battant, elle hocha la tête d’un quasi-immobile mouvement, et entreprit de se redresser un peu sur ses genoux, profitant qu’Alexandre soit à ses dessins, et que son maître soit pris dans ses pensées. Immédiatement, la culpabilité la prit : elle détestait agir dans le dos de quelqu’un, surtout une personne qu’elle respectait autant. Ça allait à l’encontre de tout ce qu’elle croyait. Mais les propos et les actes d’Alexandre la poussaient à faire ça. Car ce n’était pas juste. Cependant, à l’instant où elle vit les visages dessinés, elle eut un frisson d’effroi dans le dos et se rassit immédiatement. On l’avait vue. Elle l’avait senti. On l’avait vue.
Aud- Esclave domestique
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Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Avant de répondre, déterminons qui va repérer Aud...
1 - 2 : Ce sera Alex le premier
3 - 4 : Ce sera Dyonis
5 - 6 : les deux en même temps ou quasi même temps
1 - 2 : Ce sera Alex le premier
3 - 4 : Ce sera Dyonis
5 - 6 : les deux en même temps ou quasi même temps
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Le membre 'Alexandre' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Dé à 6 faces' :
'Dé à 6 faces' :
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
- Spoiler:
- Oh Le dé insiste pour que ce petit Alex soit une balance jusqu'au bout
Alexandre écouta en silence son interlocuteur évoquer le cas de la petite Cassandre et comprenait parfaitement son point de vue. La loi était la loi. Il était entièrement d'accord là-dessus. C'est pour cette raison qu'il avait accompli cette démarche peu agréable mais nécessaire au bon accomplissement de son devoir, de la justice et de la morale. Il baissa la tête en réfléchissant à al question que laissait le noble. Dame Irène savait-elle pour les escapades en forêt ? Il ferma un instant les yeux et se souvint que celle-ci donnait des provisions à la fillette pour les apporter à son frère. Elle avait dit une fois de ne pas rentrer trop tard, que la forêt n'était pas sûre la nuit.
"Je crois qu'elle sait, messire. Elle confie à cette enfant des provisions presque chaque jour pour son frère. A moins qu'elle ne se soit laissée abuser ? Cassandre a pu raconter voir son frère et Dame Irène la croit et l'encourage naïvement. je ne sais quoi faire. Cette petite se considère en fille de la maison et s'amuse à me donner des ordres, à être terriblement autoritaire... La semaine dernière, elle m'a envoyé cherché des articles complices à trouver avant que je ne découvre dans un placard, en rangeant qu'on les avait déjà. Cette petite a besoin d'être remise à sa place."
Alexandre se sentait tiraillé de causer du tort à cette enfant qui n'avait pas eu une existence facile, contrairement à lui. Mais les coups que cette petite pouvait lui faire dans le dos de Dame Irène commençait à lui rester en travers de la gorge. Il supportait de moins en moins son hypocrisie quand Dame Irène revenait à la boutique et que Cassandre disait que tout s'était bien passé et mentait sur ses activités à lui, qu'il n'avait fait qu'un peu de ménage pis qu'elle l'avait laissé se reposer. Cassandre avait besoin d'une leçon. d'où que celle-ci vienne. Tant pis pour elle si cela devait être de la main de la justice. Elle n'avait qu'à pas s'amuser à le torturer de cette manière sans cesse.
L'entretien se poursuivit et Alexandre eut du mal à se sortir de l'abattement dans lequel le plongea la révélation de son dessin. Il s'était encore fait avoir. Comme un idiot. Il entendit alors le seigneur de Frenn révéler avoir eu affaire à ces deux escrocs et avoir été dupé. Le garçon eut un choc et fixa son interlocuteur, éberlué.
"Vous, messire ? Mais vous... Vous êtes si sérieux, si intelligent, si raisonnable... Comment... est-ce possible ?"
Le petit esclave ne fut pas au bout de ses surprises. le seigneur de Frenn reconnaissait à présent avoir eu tort dans l'affaire du procès. En même temps, oui, son cas aurait mérité une simple flagellation. mais il y avait autre chose derrière. Il s'en rappelait bien. Alexandre releva la tête et dit d'un air naturel, sans montrer le moindre reproche :
"Le but du procès était de nous faire taire. Tristan et moi. Vous auriez pu nous faire disparaitre dans les geôles de ce château ou dans un lac proche. Mais vous avez choisi d'être honorable jusqu'au bout. Vous avez choisi la loi. Vous avez confié notre destin à la justice du Roi qui a exprimé sa clémence et appliqué sa juste décision. "
En exposant ces faits, Alexandre prenait conscience ne pas mériter la corde, oui. Il avait été asservi pour que le secret qui avait permis au seigneur de Frenn de devenir Premier Conseiller disparaisse. Cela n'avait rien à voir avec sa condition d'enfant de prêtre ou sa nature perverse de sodomite.
Alexandre chassa ces réflexions qui lui serviraient à rien. Le passé était le passé. Il reporta son attention vers le dessin du couple d'escrocs. Alors que le secrétaire allait remballer les papiers, il fixa encore une fois les descriptions des deux hommes. Le nom de Sylvère d'Aiguemorte lui rappelait... Mais oui ! C'était le brigand dont parlait de nombreuses rumeurs. Le fameux roi qui vivrait dans la forêt et dévalisait ceux qui y passeraient sous prétexte d'impôts. Il revit quelques avis de recherches placardés aux murs eut un choc. Qui avait dessiné ces choses odieuses ? Alexandre eut une explosion de colère :
"Messire, qui a dessiné le portrait des avis de recherche du brigand Sylvère d'Aiguemorte ? Vous prenez les dessinateurs dans les tavernes, c'est ça? C'était le plus bourré,c'est ça ? Parce que vraiment son dessin est du n’importe quoi ! Ce n'est même plus le jeu des sept différences ! Le visage n'a aucune bonne proportions ! Et les yeux, mon dieu, n'ont aucune symétrie ! Ou le nez ! Le nez ! Il est passe partout ! Ne savez-vous pas que le nez est parfaitement reconnaissable ? Il y a toujours deux ou trois irrégularité qui permettent de donner sa singularité à l'individu ! Et le dessin ! Le dessin lui-même ! C'est quoi ces traits lourds et épais ? Un enfant dessinerait mieux ! A six ans, je dessinais mieux que ça !"
Alexandre souffla fort, un peu apaisé après avoir déversé cette aigreur qui était venu en se souvenant de la qualité infâme de ces horribles affiches. Il gardait cependant un air renfrogné, semblable à celui d'un gamin boudeur. Le garçon tourna la tête un instant et surprit la fille esclave qui fixait des feuilles, près de la cheminée et parlait avec l'autre esclave. Ses yeux s'écarquillèrent. Il reconnaissait brusquement les traits de cet homme. Sa bile remonta. Il cracha de mépris au sol.
"Toi..."
Le garçon se tourna vers le seigneur de Frenn et prit une voix geignarde, toujours semblable à celle d'un gamin boudeur, et demanda avec agressivité :
"Vous gardez encore ce sauvage chez vous ? Si près de vous ? Après ce que nous avons appris sur ces... gens ? Vous avez pourtant vu ce que Martin a fait. Devant le Lupanar, pour me faire taire, il a essayé de m'occire de sa maudite canne ! Et Tous ces horreurs à son domaine qu'on a appris à son procès !"
Alexandre reporta un regard de dégoût vers Eldred.
"Je ne voulais pas croire que les livres nous enseignaient sur Zarkos et son peuple, autrefois. Je me disais que c'était des exagérations, qu'il n'y avait pas eu de véritables études faites. Je me trompais. Ces êtres sont des sauvages. Des sauvages qui prennent plaisir au meurtre et à la cruauté gratuite."
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
"Je vois." commente sèchement Dyonis aux informations sur ce qui se passe chez Dame Irène. "Ce n'est pas à moi de faire la police dans la boutique de cette femme, et tu ferais bien de lui expliquer les excès qui s'y déroulent entre deux jeunes personnes pourtant du même rang. Par contre, pour ce qui arrive dans la forêt et pour les fréquentations douteuses de Cassandre, je peux faire envoyer par la prévôté un billet de sommation à la Roz Azùl. Tu ne seras pas mis en cause. Il y sera dit que la jeune Cassandre a été vue en des lieux et en des compagnies très inappropriés à son âge ainsi qu'à sa condition. Un simple rappel et un avertissement sur ce qui pourrait arriver s'il s'avérait que cette enfant est complice de malfrats. Un envoi de ce type aurait de quoi faire peur, calmer la fillette et inciter sa tutrice à la fermeté. Voilà tout ce que je peux faire et j'espère ne pas avoir à faire davantage, car cela signifierait qu'un délit aura été commis."
Et puis, il y a la réputation de la famille d'Aubeville et de son commerce. Recevoir une sommation de la prévôté devrait calmer ce qui s'y passe si la tenancière voulait ne pas aller aux devants d'une fâcheuse image voire pire. Mais déjà, Alexandre s'étonne que Dyonis ait pu être dupé aussi par le faux couple et il répond, en laissant de côté comme d'habitude les compliments : "Nous sommes tous faillibles, garçon. Et en voici seulement une preuve de plus."
Le seigneur de Frenn est déjà à cran, et voilà que les nouveaux débordements de l'esclave aux béquilles l'irrite davantage ! L'imbécile ! Il l'avait sommé d'en dire le moins possible, de répondre par "oui" ou "non" sur les accusés, de se contenter de dessiner... et voilà que pris dans son flot de bavardages il balance le nom d'un des prévenus ! Sylvère d'Aiguemorte. Ce serait idéal pour qui voudrait le prévenir. Magnifique. Heureusement, dans la pièce il n'y a que lui, son secrétaire, une esclave très docile et un autre qui se tient plutôt tranquille. D'ailleurs, l'un et l'autre sortent si peu. Et quel hasard faudrait-il pour qu'ils savent où trouver le bandit lors de leurs rares sorties... que même ils connaissent ce bandit ?
Pire : Alexandre évoque ouvertement les vraies raisons pour lesquelles Dyonis les a faits condamner, lui et Tristan, il y a trois mois maintenant. Là encore, cela ne regarde pas grand monde dans cette pièce... mais ça dit une chose : Tristan aussi bien qu'Alexandre sont deux bombes à retardement. L'un comme l'autre sont susceptible de parler. Oh, pas en justice évidemment (le témoignage d'un esclave n'est reçu que sous la torture, il ne vaut rien sinon) mais à des gens de confiance qui pourraient faire quelque chose de ces informations. Où d'ailleurs est le Tristan à l'heure actuelle ? Le baron espère qu'il se tient plus tranquille que le béquilleux bavard. Oh bien sûr, la solution de facilité aurait été leur mort... dans le secret d'un cachot... mais une pareille idée n'était jamais venue une seconde au seigneur. Il voulait les acheter et les garder à jamais chez lui après leur asservissement, mais là aussi le destin en a voulu autrement, le Cardinal avait payé plus cher. Maintenant... Dieu seul savait si les fantômes du passé n'allaient pas finir par rattraper Dyonis. Voilà ce qui arrive quand on met le doigt, ou plutôt le crochet, dans l'engrenage de complots et qu'on succombe au péché d'orgueil. Ainsi qu'à la tentation des solutions de facilité qu'apportent les pratiques proposées par d'haïssables hérétiques. Ah ça, plus jamais ! Une sorcière lui avait suffi !
"C'est un dessinateur commis d'office par la prévôté qui a réalisé ces torchons." Telle est la seule réponse, très sèche, très courte, au laïus d'indignation d'Alexandre sur la qualité des dessins. Dyonis a aussi un regard noir sur le garçon, pour lui faire comprendre combien il est fâché de ses bavardages qui ont lâché le nom de Sylvère. "Ce mauvais gribouilleur sera renvoyé. J'ordonnerai qu'un bien meilleur portraitiste soit mis au poste." Il pense une seconde à Alexandre lui-même, mais c'est un esclave et c'est au cardinal qu'il appartient. "En attendant, pour ces trois-là, grâce à toi les autorités vont désormais être bien plus efficaces."
Ce que peuvent bien fabriquer les deux esclaves échappe à Dyonis, concentré sur sa conversation tellement tendue avec . Il ne voit donc rien du dessin de la ville qui se retrouve dans le seau d'Eldred. Ni de l'échange muet entre les deux Zakrotiens. Et c'est seulement quand Alexandre surprend Aud que le regard du Premier Conseiller suit celui du garçon... pour découvrir l'adolescente un peu trop concentrée à regarder les portraits ! Aussitôt, il jette un regard sombre sur Aud. Très bref, mais très suffisant pour lui adresser son mécontentement et lui faire comprendre de retourner à ses affaires. Elle était irréprochable, pourvu qu'elle le reste. Il ne manquerait plus que des incartades commencent aussi de son côté.
Et puis aussitôt, c'est ce qui se passe entre Alexandre et Eldred qui capture toute l'attention consternée de Dyonis. A-t-il bien vu et entendu ?! Alexandre crache devant Eldred et l'insulte de sauvage... De quel droit ?! Alors les paroles du garçon l'éclairent : c'est ce qu'a fait ce Martin de Zakros qui le fait parler ainsi. Et les écrits qui circulent sur cette colonie. Or c'est vrai qu'Alexandre était présent au marché le jour où le seigneur de Frenn a fait l'acquisition du Zakrotien. Tout adversaires que sont Monbrina et Zakros, le baron ne tolérera pas cet amalgame ! Il n'a aucun problème avec ces deux esclaves zakrotiens et il ne va pas admettre que ce béquilleux ambitionne de lui enseigner comment diriger son domaine !
Alors (pendant que le secrétaire a cette fois-ci bien emballé les portraits hors de vue) le crochet du seigneur frappe contre la table devant Alexandre. Il l'a bien assez chauffé maintenant. Il gronde : "Comment oses-tu ?! Cette fois-ci tu dépasses les bornes et parles mal en plus de parler trop ! L'esclave Martin est l'esclave Martin. Il se produit des fous sanguinaires dans son genre dans tous les pays, dans toutes les classes sociales." Il fixe Alexandre et le fusille du regard. "Réfléchis deux secondes. Tiendrais-tu par exemple que l'on t'accuse de toutes les vilenies juste parce qu tu es un infirme et que certains vous disent....... NOUS disent... démoniaques ?! Tu viens de faire à peu près le même chose." Un temps. L'attention du baron passe brièvement sur Eldred, avec embarras dans le regard, puis sur Aud avec encore plus de malaise : la pauvre ! Elle aussi est de Zakros. Alors entendre ça, en plus de se voir rappeler le douloureux souvenir de Martin et d'être assimilée à lui !
D'un coup brusque de sa prothèse dans le dos d'Alexandre, Dyonis le pousse à se tourner en direction d'Eldred. "Présente des excuses et ne tiens plus jamais ce genre de propos. Ou je te fais donner quinze coups de bâton." Ces excuses seraient pour Eldred, et indirectement Aud mais le seigneur n'estime pas nécessaire d'informer en plus Alexandre des origines de la jeune femme.
Et puis, il y a la réputation de la famille d'Aubeville et de son commerce. Recevoir une sommation de la prévôté devrait calmer ce qui s'y passe si la tenancière voulait ne pas aller aux devants d'une fâcheuse image voire pire. Mais déjà, Alexandre s'étonne que Dyonis ait pu être dupé aussi par le faux couple et il répond, en laissant de côté comme d'habitude les compliments : "Nous sommes tous faillibles, garçon. Et en voici seulement une preuve de plus."
Le seigneur de Frenn est déjà à cran, et voilà que les nouveaux débordements de l'esclave aux béquilles l'irrite davantage ! L'imbécile ! Il l'avait sommé d'en dire le moins possible, de répondre par "oui" ou "non" sur les accusés, de se contenter de dessiner... et voilà que pris dans son flot de bavardages il balance le nom d'un des prévenus ! Sylvère d'Aiguemorte. Ce serait idéal pour qui voudrait le prévenir. Magnifique. Heureusement, dans la pièce il n'y a que lui, son secrétaire, une esclave très docile et un autre qui se tient plutôt tranquille. D'ailleurs, l'un et l'autre sortent si peu. Et quel hasard faudrait-il pour qu'ils savent où trouver le bandit lors de leurs rares sorties... que même ils connaissent ce bandit ?
Pire : Alexandre évoque ouvertement les vraies raisons pour lesquelles Dyonis les a faits condamner, lui et Tristan, il y a trois mois maintenant. Là encore, cela ne regarde pas grand monde dans cette pièce... mais ça dit une chose : Tristan aussi bien qu'Alexandre sont deux bombes à retardement. L'un comme l'autre sont susceptible de parler. Oh, pas en justice évidemment (le témoignage d'un esclave n'est reçu que sous la torture, il ne vaut rien sinon) mais à des gens de confiance qui pourraient faire quelque chose de ces informations. Où d'ailleurs est le Tristan à l'heure actuelle ? Le baron espère qu'il se tient plus tranquille que le béquilleux bavard. Oh bien sûr, la solution de facilité aurait été leur mort... dans le secret d'un cachot... mais une pareille idée n'était jamais venue une seconde au seigneur. Il voulait les acheter et les garder à jamais chez lui après leur asservissement, mais là aussi le destin en a voulu autrement, le Cardinal avait payé plus cher. Maintenant... Dieu seul savait si les fantômes du passé n'allaient pas finir par rattraper Dyonis. Voilà ce qui arrive quand on met le doigt, ou plutôt le crochet, dans l'engrenage de complots et qu'on succombe au péché d'orgueil. Ainsi qu'à la tentation des solutions de facilité qu'apportent les pratiques proposées par d'haïssables hérétiques. Ah ça, plus jamais ! Une sorcière lui avait suffi !
"C'est un dessinateur commis d'office par la prévôté qui a réalisé ces torchons." Telle est la seule réponse, très sèche, très courte, au laïus d'indignation d'Alexandre sur la qualité des dessins. Dyonis a aussi un regard noir sur le garçon, pour lui faire comprendre combien il est fâché de ses bavardages qui ont lâché le nom de Sylvère. "Ce mauvais gribouilleur sera renvoyé. J'ordonnerai qu'un bien meilleur portraitiste soit mis au poste." Il pense une seconde à Alexandre lui-même, mais c'est un esclave et c'est au cardinal qu'il appartient. "En attendant, pour ces trois-là, grâce à toi les autorités vont désormais être bien plus efficaces."
Ce que peuvent bien fabriquer les deux esclaves échappe à Dyonis, concentré sur sa conversation tellement tendue avec . Il ne voit donc rien du dessin de la ville qui se retrouve dans le seau d'Eldred. Ni de l'échange muet entre les deux Zakrotiens. Et c'est seulement quand Alexandre surprend Aud que le regard du Premier Conseiller suit celui du garçon... pour découvrir l'adolescente un peu trop concentrée à regarder les portraits ! Aussitôt, il jette un regard sombre sur Aud. Très bref, mais très suffisant pour lui adresser son mécontentement et lui faire comprendre de retourner à ses affaires. Elle était irréprochable, pourvu qu'elle le reste. Il ne manquerait plus que des incartades commencent aussi de son côté.
Et puis aussitôt, c'est ce qui se passe entre Alexandre et Eldred qui capture toute l'attention consternée de Dyonis. A-t-il bien vu et entendu ?! Alexandre crache devant Eldred et l'insulte de sauvage... De quel droit ?! Alors les paroles du garçon l'éclairent : c'est ce qu'a fait ce Martin de Zakros qui le fait parler ainsi. Et les écrits qui circulent sur cette colonie. Or c'est vrai qu'Alexandre était présent au marché le jour où le seigneur de Frenn a fait l'acquisition du Zakrotien. Tout adversaires que sont Monbrina et Zakros, le baron ne tolérera pas cet amalgame ! Il n'a aucun problème avec ces deux esclaves zakrotiens et il ne va pas admettre que ce béquilleux ambitionne de lui enseigner comment diriger son domaine !
Alors (pendant que le secrétaire a cette fois-ci bien emballé les portraits hors de vue) le crochet du seigneur frappe contre la table devant Alexandre. Il l'a bien assez chauffé maintenant. Il gronde : "Comment oses-tu ?! Cette fois-ci tu dépasses les bornes et parles mal en plus de parler trop ! L'esclave Martin est l'esclave Martin. Il se produit des fous sanguinaires dans son genre dans tous les pays, dans toutes les classes sociales." Il fixe Alexandre et le fusille du regard. "Réfléchis deux secondes. Tiendrais-tu par exemple que l'on t'accuse de toutes les vilenies juste parce qu tu es un infirme et que certains vous disent....... NOUS disent... démoniaques ?! Tu viens de faire à peu près le même chose." Un temps. L'attention du baron passe brièvement sur Eldred, avec embarras dans le regard, puis sur Aud avec encore plus de malaise : la pauvre ! Elle aussi est de Zakros. Alors entendre ça, en plus de se voir rappeler le douloureux souvenir de Martin et d'être assimilée à lui !
D'un coup brusque de sa prothèse dans le dos d'Alexandre, Dyonis le pousse à se tourner en direction d'Eldred. "Présente des excuses et ne tiens plus jamais ce genre de propos. Ou je te fais donner quinze coups de bâton." Ces excuses seraient pour Eldred, et indirectement Aud mais le seigneur n'estime pas nécessaire d'informer en plus Alexandre des origines de la jeune femme.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Eldred serrait les mâchoires. Un gosse dans une tunique d'adulte quand Cassandre était déjà une redoutable petite femme dans son corps d'enfant... Il pouvait déjà imaginer la tête qu'elle allait faire lorsqu'il lui ferait part de la discussion dont il avait été témoin. Enfin il y avait quand même point embêtant... Ils allaient devoir redoubler de prudence, si jamais cette bouse d'auroch faisait lien entre eux, la situation risquait de devenir bien compliqué... Et puis la Prévôté... Ca puait les ennuis à pleins naseaux...
En revanche, la suite était bien plus intéressante... Ce cher baron avait donc des secrets cachés dans cette cervelle d'anguille malodorante qu'il avait jugé bon d'épargner. Le guerrier aurait bien voulu lui proposer de lui arracher sa langue de couleuvre et de la lui servir en ragoût pour le diner mais malheureusement, il paraissait que ceci ne faisait guère parti de ses prérogatives d'esclaves. C'était pourtant bien là, l'une des tâches qui l'aurait accompli avec un zèle inouïe. Peut-être qu'en pensant suffisamment fort, le Borgne soufflerait au manchot cette idée...
Le zakrotien prit le tisonnier et commença à rassembler les braises dans l'âtre. Il avait entre temps pris le dessin qui l'intéressait et donner le second à Aud qui de tout évidence connaissait la petite. D'où, il ignorait mais c'était un fait. Il l'implora de regarder les portraits et il sentit son désarroi et s'en voulut aussitôt. Il allait lui dire de laisser tomber, mais déjà elle se dressait sur frêles petits genoux.
Un petit sourire orna ses lèvres: c'est sûr, elle ne s'en rendait pas compte mais elle avait bien la témérité de leur nation qui coulait à flots dans ses veines sa elskede lillesøster (petite soeur chérie).
Sylvère d'Aiguemorte!
Le nom tomba. Il ne put imaginer que le fureur de Dyonis à ce moment là. Mais cela lui importait peu.
C'était donc bien lui. Et surement ses acolytes. Non, non, non tout ceci ne disait décidément rien qui vaille.
Alors qu'il était perdu dans ses pensées, le bequilleux cracha au sol tant sa salive que son venin.
Le tisonnier toujours à la main. Eldred le serra si fort que la jointure de ses doigts se mit à pâlir. Comment cette merde de troll putréfié osait dire des choses pareils?! Fenrir l'emporte! Il pourrait bien le démembrer et s'en repaître... Il était si infecte qu'il finirait par le vomir d'indigestion dans le Ginnungagap!
Mais pire que tout, il ne digéra pas l'offense faite à Aud.
Aud qui avait tant souffert.
Aud qui se battait chaque nuit contre ses démons.
Aucun son ne sortit de sa bouche. Ses prunelles d'obsidienne luisait d'une rage sans non.
Il n'avait rien à dire. Il avait juste envie de l'empaler, une bonne fois pour toute. Quitte à traiter de sauvage autant que ce soit pour une raison.
Fort heureusement, que bien (trop) souvent, le baron prit leur défense, et il lui adressa un regard apaisé et plein de gratitude. Il n'y avait parfois pas besoin de parler pour pouvoir s'exprimer. L'embarras du baron le toucha profondément. Thor le garde, il détestait devoir duper cet homme. Il aurait tant voulu pouvoir trouver une alternative, pouvoir s'approcher de lui. Mais malgré sa proximité, il restait inaccessible.
En revanche, la suite était bien plus intéressante... Ce cher baron avait donc des secrets cachés dans cette cervelle d'anguille malodorante qu'il avait jugé bon d'épargner. Le guerrier aurait bien voulu lui proposer de lui arracher sa langue de couleuvre et de la lui servir en ragoût pour le diner mais malheureusement, il paraissait que ceci ne faisait guère parti de ses prérogatives d'esclaves. C'était pourtant bien là, l'une des tâches qui l'aurait accompli avec un zèle inouïe. Peut-être qu'en pensant suffisamment fort, le Borgne soufflerait au manchot cette idée...
Le zakrotien prit le tisonnier et commença à rassembler les braises dans l'âtre. Il avait entre temps pris le dessin qui l'intéressait et donner le second à Aud qui de tout évidence connaissait la petite. D'où, il ignorait mais c'était un fait. Il l'implora de regarder les portraits et il sentit son désarroi et s'en voulut aussitôt. Il allait lui dire de laisser tomber, mais déjà elle se dressait sur frêles petits genoux.
Un petit sourire orna ses lèvres: c'est sûr, elle ne s'en rendait pas compte mais elle avait bien la témérité de leur nation qui coulait à flots dans ses veines sa elskede lillesøster (petite soeur chérie).
Sylvère d'Aiguemorte!
Le nom tomba. Il ne put imaginer que le fureur de Dyonis à ce moment là. Mais cela lui importait peu.
C'était donc bien lui. Et surement ses acolytes. Non, non, non tout ceci ne disait décidément rien qui vaille.
Alors qu'il était perdu dans ses pensées, le bequilleux cracha au sol tant sa salive que son venin.
Le tisonnier toujours à la main. Eldred le serra si fort que la jointure de ses doigts se mit à pâlir. Comment cette merde de troll putréfié osait dire des choses pareils?! Fenrir l'emporte! Il pourrait bien le démembrer et s'en repaître... Il était si infecte qu'il finirait par le vomir d'indigestion dans le Ginnungagap!
Mais pire que tout, il ne digéra pas l'offense faite à Aud.
Aud qui avait tant souffert.
Aud qui se battait chaque nuit contre ses démons.
Aucun son ne sortit de sa bouche. Ses prunelles d'obsidienne luisait d'une rage sans non.
Il n'avait rien à dire. Il avait juste envie de l'empaler, une bonne fois pour toute. Quitte à traiter de sauvage autant que ce soit pour une raison.
Fort heureusement, que bien (trop) souvent, le baron prit leur défense, et il lui adressa un regard apaisé et plein de gratitude. Il n'y avait parfois pas besoin de parler pour pouvoir s'exprimer. L'embarras du baron le toucha profondément. Thor le garde, il détestait devoir duper cet homme. Il aurait tant voulu pouvoir trouver une alternative, pouvoir s'approcher de lui. Mais malgré sa proximité, il restait inaccessible.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Tout ce qu’elle avait vu, appris, sur Sylvère d’Aiguemorte et sur Hyriel, et même le regard de son maître, ce n’était plus rien à côté de ce qu’elle ressentait à présent.
Les mots d’Alexandre eurent l’effet d’un coup de canne dans le ventre. Lourd, haineux, puissant. Lui coupant le souffle en un instant. Aussitôt, elle eut un goût acide dans la gorge, comme une remontée de ce qu’il y avait dans son ventre, qui la brûla. Elle venait de se souvenir. Le regard d’Ulysse – Martin – son sourire, la façon qu’il avait de lever sa canne pour l’abattre sur quelqu’un. Est-ce que ce jeune homme venait de… d’accuser Eldred ou même elle d’en fait autant ? De les associer à… à cet homme ? Ces insultes ne lui étaient pas adressées directement, mais visait son semblable avec une telle colère qu’elle avait du mal à le supporter. Blême, encore, les yeux et la gorge brûlants, Aud eut un élan de toux qu’elle étouffa dans son bras, tâchant de faire le moins de bruit possible.
Elle n’était pas une sauvage ! Eldred n’était pas un sauvage ! Ces accusations étaient infondées et injustes ! Et en même temps, sa culpabilité maladive revenait en grandes pompes, comme une petite voix qu’on avait réussi à endormir peu à peu se réveillait pour lui chuchoter que les actes de Martin étaient un peu de sa faute, qu’elle y serait pour toujours associée, qu’elle avait sa part de responsabilité dans les accusations d’Alexandre.
Et en cet instant, la jeune fille ne se sentait même pas digne de la défense de son maître, exigeant maintenant des excuses. Ses bras tenaient son ventre avec force, le dos courbé, avec cette forte envie de vomir qu’elle contenait au mieux. Il y avait des mots qu’une âme sensible ne pouvait pas entendre, ceux d’Alexandre en faisaient partie.
Les mots d’Alexandre eurent l’effet d’un coup de canne dans le ventre. Lourd, haineux, puissant. Lui coupant le souffle en un instant. Aussitôt, elle eut un goût acide dans la gorge, comme une remontée de ce qu’il y avait dans son ventre, qui la brûla. Elle venait de se souvenir. Le regard d’Ulysse – Martin – son sourire, la façon qu’il avait de lever sa canne pour l’abattre sur quelqu’un. Est-ce que ce jeune homme venait de… d’accuser Eldred ou même elle d’en fait autant ? De les associer à… à cet homme ? Ces insultes ne lui étaient pas adressées directement, mais visait son semblable avec une telle colère qu’elle avait du mal à le supporter. Blême, encore, les yeux et la gorge brûlants, Aud eut un élan de toux qu’elle étouffa dans son bras, tâchant de faire le moins de bruit possible.
Elle n’était pas une sauvage ! Eldred n’était pas un sauvage ! Ces accusations étaient infondées et injustes ! Et en même temps, sa culpabilité maladive revenait en grandes pompes, comme une petite voix qu’on avait réussi à endormir peu à peu se réveillait pour lui chuchoter que les actes de Martin étaient un peu de sa faute, qu’elle y serait pour toujours associée, qu’elle avait sa part de responsabilité dans les accusations d’Alexandre.
Et en cet instant, la jeune fille ne se sentait même pas digne de la défense de son maître, exigeant maintenant des excuses. Ses bras tenaient son ventre avec force, le dos courbé, avec cette forte envie de vomir qu’elle contenait au mieux. Il y avait des mots qu’une âme sensible ne pouvait pas entendre, ceux d’Alexandre en faisaient partie.
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Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Alexandre écouta en silence les dispositions que le seigneur de Frenn et opina de al tête avec respect. Elles étaient intelligemment bien passé. Le message reçu de la prévôté et qui renseignerait Irène des mauvaises fréquentations de la petite Cassandre passerait mieux s'il était dit que les dénonciations étaient anonymes. Qui pourrait soupçonner que cela émane de lui-même ? De cette manière, Cassandre ne pourrait être fâchée après lui. Pour le reste, son prochain devoir serait de s'ouvrir à Irène au sujet de ses mauvaises farces. Une pénible discussion mais qui s'avérait indispensable pour le bien de cette enfant.
Le seigneur de Frenn se contenta de lui rappeler que toute personne était faillible en réponse à son étonnement. alexandra resta un instant silencieux puis baissa la tête.
"C'est vrai. Après tout, vous avez dû aussi une faiblesse avec cette maudite muette, comme j'avais eu moi-même la naïveté de lui faire confiance. Je crois, messire, que nous souffrons tous deux de ce même défaut."
Alexandre n'ajouta rien de plus à ce sujet et retourna se perdre dans le sujet des dessins. Il songea à ces affiches lamentables qui avaient été réalisé sans le moindre soin puis entendit les paroles sèches du seigneur de Frenn suite à ces commentaires. Il semblait fâché de son discours. Pourquoi ? Il avait effectué une analyse rationnelle du sujet, certes véhémente mais la qualité médiocre du travail le méritait. ila ccueillt avec soulagement que l'homme serait écarté de sa tâche. Parfait. Il en était indigne. Il sourit du compliment que lui adressa le baron et s'inclina légèrement.
"C'est un honneur de servir la justice de son pays."
Une idée germa à son esprit. Et si... ? il pouvait toujours tenter.
"D'ailleurs, vous pourriez me réquisitionner auprès de mon maître actuel pour les besoins de l'Empire. Je pourrais parfaitement remplacer ce dessinateur incompétent."
Si seulement cela fonctionnait ! Il pourrait alors échapper au cardinal ! Il n'aurait pas à retourner auprès de lui à son retour de Rome ! Si seulement...
Alexandre ne garda cependant pas ces idées longtemps à l'esprit qui furent chassées par la seule apparition du visage d'Eldred. Sa vision et les souvenirs du terrible Martin lui avaient perdre toute nuance et toute retenue. il fulminait, hanté par la silhouette macabre de l'homme qui avait osé lâchement assassiné son ami d'enfance avec sa famille en fixant Eldred d'un regard consumé par la haine. Le coup du crochet sur le bureau le fit sursauter. il tourna la tête et croisa, interloqué, la lueur de colère qui brillait dangereusement dans les yeux du seigneur de Frenn. Il... Il l'avait déçu ? Il essayait jusque-là de bien se comporter, de lui montrer qu'il devait un homme correct et bien élevé... Ce simple regard le décontenança. Il l'écouta, la mine pâle, rappeler que des fous sanguinaires existaient dans tous les pays et toutes les classes sociales puis devint livide quand le baron compara ses paroles aux vilenies épouvantables dont les gens ne cessaient de gratifier les personnes infirmes. Son esprit repassa en un éclair toutes ces railleries, toutes les bousculades, toutes les insultes... Tout cela car il se déplaçait avec des béquilles, que son corps était faible. Il n'était pourtant qu'un enfant la toute première fois, il avait sept ans, mais des adultes s'étaient quand même moqués de lui et avaient critiqué sa mère pour avoir couché avec le Diable. ce n'était pas juste. Il reporta son regard vers Eldred qui le foudroyait de cette même haine que lui-même avait quelques minutes plus tôt. Il avait été lui aussi injuste.
"Je... "
Les mots s'étranglaient dans sa gorge. des larmes coulaient le long de ses joues. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait été aussi stupide en se laissant aveugler par la colère et le chagrin au point de perdre toute raison. Il perçut à peine la demande du baron de s'excuser. au moment où ce dernier l'exigeait le garçon se leva de sa propre initiative, oubliant les béquilles posées contre le bureau s'avança vers Eldred.
Il s'immobilisa devant cet homme qui lui jetait un regard haineux, à juste titre. ses jambes tremblaient et vacillaient. Pas de leur faiblesse habituelle mais de sa peur et de sa honte. Il se laissa tomber au sol et s'inclina avant de prendre un air miséricordieux.
"Je te demande pardon. Ce que j'ai dit... ce que j'ai pensé... C'était... mal. Je n'aurai jamais dû... Mais Ulysse... Ulysse..."
A cet instant, prononcer le prénom de son malheureux ami défunt dans une mort horriblement anonyme, sans aucune sépulture, sans aucun hommage, déclencha une crise de larmes. Il reprit entre les sanglots.
"Ulysse... Ulysse était mon ami. Il avait promis de revenir, de m'écrire, que nous serions toujours amis. j'ai attendu. j('ai attendu dix ans. Et puis... Et puis..."
Un hoquet interrompit Alexandre qui réprima un autre sanglot.
"Mais le deuil, ça n'excuse pas mon comportement. je suis désolé. Je..."
Il se rappela de la menace sèche du baron et l'approuva. C'était là le meilleur moyen d'expier son terrible péché, à l'image du Christ lors de la passion. Alexandre se redressa et arracha sa tunique pour présenter son dos frêle, couvert déjà de quelques cicatrices anciennes, héritées des coups de ceintures de son père adoptif.
"Frappe-moi donc quinze fois avec ce tisonnier comme ton maître l'a demandé."
Sa voix était étonnamment sévère et assurée. Il ne tremblait et acceptait cette juste sanction pour son péché. Dans cette position humble du repentit, Alexandre joignit les mains et appuya le front contre le out des doigts, commençant à prier pour obtenir le pardon divin pour sa faute.
Le seigneur de Frenn se contenta de lui rappeler que toute personne était faillible en réponse à son étonnement. alexandra resta un instant silencieux puis baissa la tête.
"C'est vrai. Après tout, vous avez dû aussi une faiblesse avec cette maudite muette, comme j'avais eu moi-même la naïveté de lui faire confiance. Je crois, messire, que nous souffrons tous deux de ce même défaut."
Alexandre n'ajouta rien de plus à ce sujet et retourna se perdre dans le sujet des dessins. Il songea à ces affiches lamentables qui avaient été réalisé sans le moindre soin puis entendit les paroles sèches du seigneur de Frenn suite à ces commentaires. Il semblait fâché de son discours. Pourquoi ? Il avait effectué une analyse rationnelle du sujet, certes véhémente mais la qualité médiocre du travail le méritait. ila ccueillt avec soulagement que l'homme serait écarté de sa tâche. Parfait. Il en était indigne. Il sourit du compliment que lui adressa le baron et s'inclina légèrement.
"C'est un honneur de servir la justice de son pays."
Une idée germa à son esprit. Et si... ? il pouvait toujours tenter.
"D'ailleurs, vous pourriez me réquisitionner auprès de mon maître actuel pour les besoins de l'Empire. Je pourrais parfaitement remplacer ce dessinateur incompétent."
Si seulement cela fonctionnait ! Il pourrait alors échapper au cardinal ! Il n'aurait pas à retourner auprès de lui à son retour de Rome ! Si seulement...
Alexandre ne garda cependant pas ces idées longtemps à l'esprit qui furent chassées par la seule apparition du visage d'Eldred. Sa vision et les souvenirs du terrible Martin lui avaient perdre toute nuance et toute retenue. il fulminait, hanté par la silhouette macabre de l'homme qui avait osé lâchement assassiné son ami d'enfance avec sa famille en fixant Eldred d'un regard consumé par la haine. Le coup du crochet sur le bureau le fit sursauter. il tourna la tête et croisa, interloqué, la lueur de colère qui brillait dangereusement dans les yeux du seigneur de Frenn. Il... Il l'avait déçu ? Il essayait jusque-là de bien se comporter, de lui montrer qu'il devait un homme correct et bien élevé... Ce simple regard le décontenança. Il l'écouta, la mine pâle, rappeler que des fous sanguinaires existaient dans tous les pays et toutes les classes sociales puis devint livide quand le baron compara ses paroles aux vilenies épouvantables dont les gens ne cessaient de gratifier les personnes infirmes. Son esprit repassa en un éclair toutes ces railleries, toutes les bousculades, toutes les insultes... Tout cela car il se déplaçait avec des béquilles, que son corps était faible. Il n'était pourtant qu'un enfant la toute première fois, il avait sept ans, mais des adultes s'étaient quand même moqués de lui et avaient critiqué sa mère pour avoir couché avec le Diable. ce n'était pas juste. Il reporta son regard vers Eldred qui le foudroyait de cette même haine que lui-même avait quelques minutes plus tôt. Il avait été lui aussi injuste.
"Je... "
Les mots s'étranglaient dans sa gorge. des larmes coulaient le long de ses joues. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait été aussi stupide en se laissant aveugler par la colère et le chagrin au point de perdre toute raison. Il perçut à peine la demande du baron de s'excuser. au moment où ce dernier l'exigeait le garçon se leva de sa propre initiative, oubliant les béquilles posées contre le bureau s'avança vers Eldred.
Il s'immobilisa devant cet homme qui lui jetait un regard haineux, à juste titre. ses jambes tremblaient et vacillaient. Pas de leur faiblesse habituelle mais de sa peur et de sa honte. Il se laissa tomber au sol et s'inclina avant de prendre un air miséricordieux.
"Je te demande pardon. Ce que j'ai dit... ce que j'ai pensé... C'était... mal. Je n'aurai jamais dû... Mais Ulysse... Ulysse..."
A cet instant, prononcer le prénom de son malheureux ami défunt dans une mort horriblement anonyme, sans aucune sépulture, sans aucun hommage, déclencha une crise de larmes. Il reprit entre les sanglots.
"Ulysse... Ulysse était mon ami. Il avait promis de revenir, de m'écrire, que nous serions toujours amis. j'ai attendu. j('ai attendu dix ans. Et puis... Et puis..."
Un hoquet interrompit Alexandre qui réprima un autre sanglot.
"Mais le deuil, ça n'excuse pas mon comportement. je suis désolé. Je..."
Il se rappela de la menace sèche du baron et l'approuva. C'était là le meilleur moyen d'expier son terrible péché, à l'image du Christ lors de la passion. Alexandre se redressa et arracha sa tunique pour présenter son dos frêle, couvert déjà de quelques cicatrices anciennes, héritées des coups de ceintures de son père adoptif.
"Frappe-moi donc quinze fois avec ce tisonnier comme ton maître l'a demandé."
Sa voix était étonnamment sévère et assurée. Il ne tremblait et acceptait cette juste sanction pour son péché. Dans cette position humble du repentit, Alexandre joignit les mains et appuya le front contre le out des doigts, commençant à prier pour obtenir le pardon divin pour sa faute.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
- Spoiler:
- Je prends le tour Dyonis comme convenu
La mâchoire fermée, Eldred serrait si fort le tisonnier qu’il l’aurait sans doute brisé s’il n’avait pas s’agit d’une barre de fer. Le regard sombre et glacial qu’il adressa à l’esclave infirme à cet instant aurait pu faire passer le blizzard pour une douce caresse.
Comment…
Pourtant aucun son ne sortit de sa bouche.
… Avait-il pu…
Pas plus qu’il ne bougea ne serait-ce qu’un orteil. Sa vision périphérique le renseigna sur Aud, qui enserra son abdomen en se recroquevillant.
… Dire …
Il déplaça légèrement ses pupilles afin de l’apercevoir retenir de justesse ce haut-le-cœur qu’elle tentait de faire passer pour une banale toux.
… une chose pareille ?!
Il regretta un instant qu’elle ne lui ait pas vomi dessus. C’était tout ce que cette vomissure d’auroch boiteux mal léché mérité.
La rage grondait. L’accusation habituelle de sauvagerie. L’association avec cette engeance de draugr, félon à sa patrie, honte de sa nation. Que n’avait-il pas eu la chance de l’exécuter lui-même ! Il avait voulu s’élever ? Il l’aurait fait voler.
Comme un aigle.
Som en blodørn.
Som en blodørn.
Il lui aurait offert les ailes nécessaires à son ascension avant de l’envoyer pourrir pour l’éternité dans les tréfonds d’Helheim.
Son regard brillait toujours tandis que le baron prenait sa défense, leur défense. Car Aud, plus que quiconque ici était concernée par le venin qui venait d’être craché. Il lui adressa un discret signe de la tête, en guise de remerciement, tandis que le béquilleux commençait à se confondre en excuses et en pleurnicherie. Le zakrotien poussa un long soupir, en roulant des yeux, devant ce spectacle misérable. Pour un peu, le gamin se serait jeté aux pieds du baron de Frenn… Il accepta cependant les excuses d’un lent clignement des paupières.
Malgré tout, il pouvait parvenir à le comprendre. Perdre son ami et découvrir qu’on avait usurpé son identité pour laisser court à sa folie… Mais cela n’excusait nullement ni son comportement, ni les paroles déplacées qu’il avait eues.
A sa grande surprise, le jeune esclave arracha subitement sa tunique et lui présenta son frêle dos en lui intimant de lui donner les quinze coups à l’aide du tisonnier. Avait-il conscience de ce qu’il demandait ? Il fallait être totalement stupide ou parfaitement inconscient pour demander à quelqu’un de sa carrure de le frapper ainsi. Il ne parviendrait même pas au bout du supplice, les os encore intactes.
Eldred se détourna lentement et rangea le tisonnier à sa place habituelle, près des autres outils de l’âtre avant de s’avancer vers Alexandre, droit, fier, calme et imposant.
Puisse Thor te réduire en cendres quand ton heure sera venue.
Il le fixa un moment de son sombre regard avant de déclarer posément :
- Mon Maitre ne m’a rien ordonné. Tu n’auras que te punir toi-même pour tes médisances.
Après tout c’était une chose que les chrétiens adoraient faire non ? Se fouetter eux-mêmes le dos quand personne ne voulait le faire pour eux…
- Si tu tiens tant à faire pénitence, excuse-toi auprès de cette jeune personne -il indiqua Aud-. A-t-elle l’air d’une sauvage d’après toi ? Car elle est non seulement de mon peuple mais également victime de ce répugnant scélérat qui continue de la hanter.
Si les injures envers sa terre natale avaient le don de faire bouillir son sang, ce n’était rien qu’il ne puisse porter et supporter. Il avait appris à avaler chacune de ses paroles et à les digérer pour les laisser alimenter sa haine de l’empire, soigneusement cachée, au fond de son âme. Heureusement, ce pays recelait tout de même de bonnes personnes comme la petite Cassandre par exemple. Le Baron aussi en faisait partie, à sa façon. Il n’était pas irréprochable comme l’avait laissé sous-entendre les paroles échangées ce jour-là. Mais qui pouvait se targuer d’être blanc comme neige ?
En revanche, il refusait d’accepter purement et simplement que l’on blesse Aud.
Aud qui était si douce et qui en avait vu et vécu plus que ce que son petit corps ne pouvait tolérer.
Aud avec qui il faisait tout son possible pour l’aider à tourner page et à aller de l’avant.
Et lui, ce misérable petit rat de fosse à merde, ne trouvait rien de mieux que de la noyer dans ses souvenirs !
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Froidement, Dyonis écoute Alexandre rebondir sur les duperies dont ils ont été tous deux victimes. Et évoquer la muette. Formidable... Heureusement l'esclave en reste là et fait plutôt une demande à être réquisitionné pour faire les portraits pour la police. L'idée ne serait pas idiote, mais c'est impossible techniquement.
"Tu appartiens à ton maître. Quelqu'un d'autre n'a pas à te réquisitionner." Surtout que le maître en question est le cardinal Cassin, qui ne porte pas le baron manchot dans son cœur ! Il trouvera suspect que le noble vienne lui demander son esclave. Et même si c'est la police qui vient faire appel à Alexandre, ça finira par se deviner qu'un puissant est derrière ça, et que le béquilleux est retourné voir Dyonis. Avec cette dernière phrase incisive, donc, puis par son silence, le seigneur de Frenn indique que la question est close. Surtout que la situation dérape sérieusement juste derrière.
Encore sous le coup de la consternation après les insultes du jeune esclave, Dyonis est figé comme une statue devant Alexandre. Il perçoit aussi la rage d'Eldred, dans ses yeux, dans ses mains serrées autour du tisonnier. Mais il la retient avec une grande dignité, alors qu'à sa place le seigneur aurait envie d'administrer une sacrée raclée au garçon. Son statut ne lui permet cependant pas de passer à l'action et le Zakrotien respecte ça. Le baron l'en trouve très estimable. Lui, par contre, lui qui a l'autorité dans cette pièce, il ne va pas laisser passer ça sans la réparation qui s'impose !
Surtout que Aud est elle aussi profondément atteinte. Dyonis n'a pas oublié sa présente, et même au contraire son réflexe immédiat est de regarder dans sa direction. Elle qui est également de Zakros et a subi Ulysse ! L'adolescente a vu et enduré de telles horreurs chez ce monstre... Être comparée à lui, c'est insupportable ! Le Premier Conseiller sait à quel point elle en est mal, il l'a vue insomniaque, au bord du malaise parfois dans son travail... Ces derniers temps ça a l'air d'aller mieux pour elle et Dyonis en était content : Aud avait tout sauf besoin qu'Alexandre rouvre la blessure qui commençaient à cicatriser ! Le baron la voit là, immobile, et il comprend que c'est une nausée qu'elle essaie de retenir.
Alexandre présente ses excuses. C'est la moindre des choses !! Il est même en sanglots en comprenant la stupidité de ses paroles. Des amalgames comme ça, de la part de quelqu'un qui les subit du fait du handicap, Dyonis ne pensait pas ça possible. Il faut être vraiment bête ou impulsif, au choix. Et c'est pour cette raison (en plus de l'état dans lequel Alexandre a mis Aud) que le baron décide que malgré les excuses, il va falloir marquer le coup. S'il faut une punition pour qu'il imprime une bonne fois pour toute, qu'à cela ne tienne ! D'ailleurs le béquilleux la réclame. Mais Dyonis manque de s'étouffer et réagit d'un toussotement devant la demande du petit esclave. Quinze coups, c'est bien ce qu'a dit le baron... mais avec le tisonnier ?! Ce garçon est complètement inconscient ! Vu son handicap et la faiblesse de son corps, ça le tuerait !
Heureusement, Eldred intervient, et avec sagesse. Il a compris lui aussi le délire de cette demande et a rangé le tisonnier. D'ailleurs, Dyonis croise son bref regard de reconnaissance pour son intervention et sa réprimande à Alexandre. C'était bien normal. Encore une fois, le seigneur se découvre des valeurs et des réactions communes avec le Zakrotien. Il est même admiratif de comment Eldred domine sa colère et parle à Alexandre, avec des mots bien choisis. Dyonis n'aurait pas mieux fait : le Zakrotien a raison d'évoquer Aud et de réclamer des excuses. Si ça pouvait terminer d'ouvrir les yeux à Alexandre.
Pour prendre les choses dans l'ordre, le seigneur de Frenn attendra d'abord qu'Alexandre fasse ce qu'Eldred a demandé auprès d'Aud. Puis il approchera de cette dernière, portant doucement sa prothèse à son épaule et cherchant son regard afin d'y plonger le sien, un regard rassurant et respectueux. "Aud" engage-t-il, soucieux devant sa nausée (et ce qu'il devine derrière) "Tu peux sortir d'ici et prendre le temps qu'il te faut pour aller t'allonger. Si on t'interroge, dis que c'est moi qui te le demande. Mais avant cela, passe aux cuisines, fais-toi préparer de ma part une boisson fraîche et des compresses." Il faut qu'elle s'allonge avec ce qu'il faut sur le ventre et le visage pour faire descendre le haut le cœur. Dyonis viendra la voir (sûrement même avec Eldred) après le départ d'Alexandre.
D'ailleurs, justement, le seigneur se retourne avec sévérité vers ce dernier. Il l'observe un court instant. Puis, sans aucun plaisir, il demande à Eldred : "Rends-toi à la salle d'armes et ramène la trique." C'est plus fin, plus souple, infiniment moins dangereux qu'un tisonnier. Puis à Alexandre : "Puisque tu as l'air d'estimer que cela peut te servir de leçon, alors soit. Je te punis avec l'espoir que cela t'apprenne à tourner davantage ta langue dans ta bouche avant de parler. Et à être moins impulsif." A sa voix monocorde et son regard plombé, on sent que le seigneur fait cela sans gaieté de cœur. Mais Alexandre est allé trop loin, il ne fait pas le laisser aller sans rien. Au retour d'Eldred, Dyonis lui désigne Alexandre d'un regard et ordonne avec son habituel laconisme : "Cinq coups." C'est suffisant. Lui-même, sous la colère, avait un peu plus tôt sur-estimé ce qu'Alexandre pourrait endurer.
"Tu appartiens à ton maître. Quelqu'un d'autre n'a pas à te réquisitionner." Surtout que le maître en question est le cardinal Cassin, qui ne porte pas le baron manchot dans son cœur ! Il trouvera suspect que le noble vienne lui demander son esclave. Et même si c'est la police qui vient faire appel à Alexandre, ça finira par se deviner qu'un puissant est derrière ça, et que le béquilleux est retourné voir Dyonis. Avec cette dernière phrase incisive, donc, puis par son silence, le seigneur de Frenn indique que la question est close. Surtout que la situation dérape sérieusement juste derrière.
Encore sous le coup de la consternation après les insultes du jeune esclave, Dyonis est figé comme une statue devant Alexandre. Il perçoit aussi la rage d'Eldred, dans ses yeux, dans ses mains serrées autour du tisonnier. Mais il la retient avec une grande dignité, alors qu'à sa place le seigneur aurait envie d'administrer une sacrée raclée au garçon. Son statut ne lui permet cependant pas de passer à l'action et le Zakrotien respecte ça. Le baron l'en trouve très estimable. Lui, par contre, lui qui a l'autorité dans cette pièce, il ne va pas laisser passer ça sans la réparation qui s'impose !
Surtout que Aud est elle aussi profondément atteinte. Dyonis n'a pas oublié sa présente, et même au contraire son réflexe immédiat est de regarder dans sa direction. Elle qui est également de Zakros et a subi Ulysse ! L'adolescente a vu et enduré de telles horreurs chez ce monstre... Être comparée à lui, c'est insupportable ! Le Premier Conseiller sait à quel point elle en est mal, il l'a vue insomniaque, au bord du malaise parfois dans son travail... Ces derniers temps ça a l'air d'aller mieux pour elle et Dyonis en était content : Aud avait tout sauf besoin qu'Alexandre rouvre la blessure qui commençaient à cicatriser ! Le baron la voit là, immobile, et il comprend que c'est une nausée qu'elle essaie de retenir.
Alexandre présente ses excuses. C'est la moindre des choses !! Il est même en sanglots en comprenant la stupidité de ses paroles. Des amalgames comme ça, de la part de quelqu'un qui les subit du fait du handicap, Dyonis ne pensait pas ça possible. Il faut être vraiment bête ou impulsif, au choix. Et c'est pour cette raison (en plus de l'état dans lequel Alexandre a mis Aud) que le baron décide que malgré les excuses, il va falloir marquer le coup. S'il faut une punition pour qu'il imprime une bonne fois pour toute, qu'à cela ne tienne ! D'ailleurs le béquilleux la réclame. Mais Dyonis manque de s'étouffer et réagit d'un toussotement devant la demande du petit esclave. Quinze coups, c'est bien ce qu'a dit le baron... mais avec le tisonnier ?! Ce garçon est complètement inconscient ! Vu son handicap et la faiblesse de son corps, ça le tuerait !
Heureusement, Eldred intervient, et avec sagesse. Il a compris lui aussi le délire de cette demande et a rangé le tisonnier. D'ailleurs, Dyonis croise son bref regard de reconnaissance pour son intervention et sa réprimande à Alexandre. C'était bien normal. Encore une fois, le seigneur se découvre des valeurs et des réactions communes avec le Zakrotien. Il est même admiratif de comment Eldred domine sa colère et parle à Alexandre, avec des mots bien choisis. Dyonis n'aurait pas mieux fait : le Zakrotien a raison d'évoquer Aud et de réclamer des excuses. Si ça pouvait terminer d'ouvrir les yeux à Alexandre.
Pour prendre les choses dans l'ordre, le seigneur de Frenn attendra d'abord qu'Alexandre fasse ce qu'Eldred a demandé auprès d'Aud. Puis il approchera de cette dernière, portant doucement sa prothèse à son épaule et cherchant son regard afin d'y plonger le sien, un regard rassurant et respectueux. "Aud" engage-t-il, soucieux devant sa nausée (et ce qu'il devine derrière) "Tu peux sortir d'ici et prendre le temps qu'il te faut pour aller t'allonger. Si on t'interroge, dis que c'est moi qui te le demande. Mais avant cela, passe aux cuisines, fais-toi préparer de ma part une boisson fraîche et des compresses." Il faut qu'elle s'allonge avec ce qu'il faut sur le ventre et le visage pour faire descendre le haut le cœur. Dyonis viendra la voir (sûrement même avec Eldred) après le départ d'Alexandre.
D'ailleurs, justement, le seigneur se retourne avec sévérité vers ce dernier. Il l'observe un court instant. Puis, sans aucun plaisir, il demande à Eldred : "Rends-toi à la salle d'armes et ramène la trique." C'est plus fin, plus souple, infiniment moins dangereux qu'un tisonnier. Puis à Alexandre : "Puisque tu as l'air d'estimer que cela peut te servir de leçon, alors soit. Je te punis avec l'espoir que cela t'apprenne à tourner davantage ta langue dans ta bouche avant de parler. Et à être moins impulsif." A sa voix monocorde et son regard plombé, on sent que le seigneur fait cela sans gaieté de cœur. Mais Alexandre est allé trop loin, il ne fait pas le laisser aller sans rien. Au retour d'Eldred, Dyonis lui désigne Alexandre d'un regard et ordonne avec son habituel laconisme : "Cinq coups." C'est suffisant. Lui-même, sous la colère, avait un peu plus tôt sur-estimé ce qu'Alexandre pourrait endurer.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Il y avait quelque chose dans sa tête… qui s’était retiré. Qui s’était éteint, qui avait surchauffé, qui ne pouvait plus rester. Et ce quelque chose sonnait encore, un petit son aigue qui la faisait se sentir si mal. Elle s’était pourtant promis de ne plus se laisser aller. Se reprendre. Ne plus faire honte à son maître. Oh comme elle s’en voulait… Si honteuse et indigne. Les mots d’Eldred rendirent le son plus fort encore. Elle ? Une victime ? Non !! Non, elle détestait qu’on la désigne ainsi ! Elle n’était pas… ! … Si. Si, elle l’avait été. Mais elle ne voulait toujours pas l’accepter. Toute recroquevillée sur elle, la jeune esclave osa un regard sur Alexandre. Si bref, si craintif, qu’elle retira immédiatement. Qu’il la voit comme une sauvage ou une victime, ce serait tout aussi insupportable. Pitié… pensa-t-elle si fort en fermant ses yeux. Ne me regarde pas !
Aud ne les rouvrit que quand elle sentit ce poids froid sur son épaule, et elle rencontra le regard de son maître. Oh elle voudrait se confondre d’excuses… mais rien ne sortit de sa bouche. Même dans ce moment-là, il continuait à avoir un regard chaleureux dans ses prunelles glacées.
« Oui… » dit-elle simplement, dans une voix presque murmurée.
Si c’était une demande de son maître, elle pouvait l’exécuter. Même si ça lui coûtait. Rien que de se relever lui prit presque toute son énergie, son bras tenant toujours fermement son ventre.
Mais dès qu’elle se retrouva au pas de la porte, elle se retourna. Allaient-ils vraiment battre Alexandre ? Malgré tout ce qu’il avait fait, tout ce qu’il avait dit… La dernière fois qu’elle avait vu quelqu’un corriger un esclave, c’était son précédent maître. Ses yeux se levèrent vers Eldred, cherchant… quoi donc ? C’était légitime.
Non, c’était violent.
« Ne… » elle se coupa, à court de mot. « Je vous en prie… » Aud ouvrait la bouche, et elle-même crut dire quelque chose, mais rien ne sortit. Elle ne pouvait plus rester là. C’était au-dessus de ses forces.
Elle s’enfuit dans le couloir, ne se rendant compte que maintenant qu’elle s’était presque empêcher de respirer. Tous ces souvenirs qui remontent, toutes ces sensations… Elle était en sécurité dans la demeure de Dyonis, elle en avait conscience, mais ce garçon… il ramenait des choses avec lui. Les cauchemars qu’elle avait oubliés.
Passe aux cuisines, Aud. se rappela-t-elle, tâchant de l’entendre encore une fois avec la voix de son maître. Fais-toi préparer une boisson fraîche et des compresses. S’appuyant contre le mur du couloir des domestiques, elle se passa la main libre sur son visage. Sa peau transpirait. Comme avant, elle ne voulait pas aller aux cuisines. Elle ne voulait pas… aller mieux. Au milieu de toutes ses absurdités, ce garçon avait raison… et Ulysse, ou Martin… ses sauvageries…
Un nouveau haut-le-cœur la prit. Et cette fois, elle ne put pas s’empêcher de libérer son repas sur le sol. Jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus rien dans le ventre. Le couloir était désert, personne ne passait ici à cette heure. Elle ne pouvait pas laisser ça ici… pas comme ça. Il fallait qu’elle fasse quelque chose ! Qu’elle aille mieux… Non, qu’elle nettoie ça. Au plus vite ! Eldred et son maître ne devait pas le voir.
Aud ne les rouvrit que quand elle sentit ce poids froid sur son épaule, et elle rencontra le regard de son maître. Oh elle voudrait se confondre d’excuses… mais rien ne sortit de sa bouche. Même dans ce moment-là, il continuait à avoir un regard chaleureux dans ses prunelles glacées.
« Oui… » dit-elle simplement, dans une voix presque murmurée.
Si c’était une demande de son maître, elle pouvait l’exécuter. Même si ça lui coûtait. Rien que de se relever lui prit presque toute son énergie, son bras tenant toujours fermement son ventre.
Mais dès qu’elle se retrouva au pas de la porte, elle se retourna. Allaient-ils vraiment battre Alexandre ? Malgré tout ce qu’il avait fait, tout ce qu’il avait dit… La dernière fois qu’elle avait vu quelqu’un corriger un esclave, c’était son précédent maître. Ses yeux se levèrent vers Eldred, cherchant… quoi donc ? C’était légitime.
Non, c’était violent.
« Ne… » elle se coupa, à court de mot. « Je vous en prie… » Aud ouvrait la bouche, et elle-même crut dire quelque chose, mais rien ne sortit. Elle ne pouvait plus rester là. C’était au-dessus de ses forces.
Elle s’enfuit dans le couloir, ne se rendant compte que maintenant qu’elle s’était presque empêcher de respirer. Tous ces souvenirs qui remontent, toutes ces sensations… Elle était en sécurité dans la demeure de Dyonis, elle en avait conscience, mais ce garçon… il ramenait des choses avec lui. Les cauchemars qu’elle avait oubliés.
Passe aux cuisines, Aud. se rappela-t-elle, tâchant de l’entendre encore une fois avec la voix de son maître. Fais-toi préparer une boisson fraîche et des compresses. S’appuyant contre le mur du couloir des domestiques, elle se passa la main libre sur son visage. Sa peau transpirait. Comme avant, elle ne voulait pas aller aux cuisines. Elle ne voulait pas… aller mieux. Au milieu de toutes ses absurdités, ce garçon avait raison… et Ulysse, ou Martin… ses sauvageries…
Un nouveau haut-le-cœur la prit. Et cette fois, elle ne put pas s’empêcher de libérer son repas sur le sol. Jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus rien dans le ventre. Le couloir était désert, personne ne passait ici à cette heure. Elle ne pouvait pas laisser ça ici… pas comme ça. Il fallait qu’elle fasse quelque chose ! Qu’elle aille mieux… Non, qu’elle nettoie ça. Au plus vite ! Eldred et son maître ne devait pas le voir.
- Spoiler:
- Je suis vraiment navrée de ma longue absence… ToT Je reviens progressivement, vous m’avez manqué !
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Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
- Spoiler:
- Ce n'est pas grave, allons on a tous notre rythme ^^
Alexandre gisait sur le plancher dans une position de repenti, enfin à nouveau humble, et priait pour espérer se faire pardonner de ses offenses. Il tressaillit cependant quand Eldred l'interpela sèchement et lui montra la servante qui travaillait depuis tout à l'heure dans un recoin de la pièce et énonçait que celle-ci, en plus d'être zarkotienne, avait servi auprès de l'usurpateur. Le garçon tremblait de honte. Il releva la tête et contempla cette jeune fille qui ne savait visiblement plus où se mettre. Tout ceci par sa faute. Il se pétrifia de honte.
"Par... pardon."
Des larmes lui venaient. C'était inutile. Il le savait. Pleurer n'effacerait aucune des insultes horribles qu'il s'était laissé à formuler sous le coup de son ressentiment envers Martin. Il ne pouvait cependant les retenir. Elle coulaient seules. Elles ruisselaient même.
Il releva la tête en entendant le seigneur de Frenn prendre position et et autoriser la dénommée Aud à quitter la pièce pour se reposer. Quel maître généreux ! Ce ne serait pas le cardinal qui manifesterait une pareille bonté. Il demanda ensuite à Eldred d'aller chercher une trique pour cette fameuse correction - amplement méritée - et rectifia le nombre de coups. Alexandre l'observa, intrigué. Cinq coups ? Cinq misérables coups ? Pour une telle faute ? Il tourna la tête, confus, vers le baron :
"Messire... Vous n'avez besoin d'être ni clément ni généreux. Jugez seulement pour ma faute et non à cause de ma prétendue fragilité. Je suis endurant. Mon père adoptif m'a plus d'une fois corrigé avec bien moins de pitié et pour des bêtises. Or, cette fois, je sais que je mérite amplement un châtiment exemplaire."
Les souvenirs revenaient se bousculer dans son esprit. Notamment celui de sa pie punition. Celle qui n'avait aucune justification. Sauf une. Celle de la volonté paternelle.
"J'ai eu peur de la mort une fois, messire, quand j'ai eu onze ans. Je souhaitais devenir prêtre, je me sentais véritablement appelé et le père Thierry avait finalement accepté de me recommander. Mais mon père... Il ne souhaitait perdre le seul héritier pour sa librairie. Il m'a battu. Battu jusqu'au bout. Et j'ai renoncé. Moi qui me croyait inébranlable dans ma vocation, j'ai tourné le dos au Christ. Pourtant, tout bon chrétien ne peut avoir de la mort. La mort n'est pas une fin, messire. Elle au contraire l'espérance d'une vie nouvelle, baignée dans l'amour de notre Dieu."
Alexandre eut un sourire triste.
"Je pense que tout ce qui m'est arrivé depuis, toutes ces bêtises, toutes ces fautes, ces maladresses... Ce ne sont là que l'expression du Christ déçu de m'avoir vu renoncé ce jour-là."
Il le pensait sincèrement. De plus en plus.
"M'excuseriez-vous, messire de nous interrompre ? J'aimerais prier."
Sur ce, Alexandre joignit à nouveau les mains et continua à se recueillir avec humilité jusqu'au moment où Eldred reviendrait la trique et le châtiment ne puise commencer.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Eldred jeta un regard inquiet Aud qui semblait voulait disparaitre. Elle en avait même fermé les yeux mais il avait une idée certaine des images qui dansaient sous ses paupières. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et la serrer fort, pour qu'elle revienne à la réalité mais c'était impossible. Il ne pouvait pas se permettre ce genre d'effusion en public quand bien-même le baron ne l'aurait peut-être pas réprimander. Il la regarda avec douceur tandis que la vermine de troll articulait un passablement acceptable et laconique Pardon.
Il ne lui adressa pas le moindre regard, alors que Dyonis s'approchait d'Aud avec bienveillance pour la congédier.
Une sage décision. Il n'aurait pas voulu qu'elle accepte à ce déplorable spectacle... Il remercia silencieusement une nouvelle fois le seigneur de ses attentions pour sa jeune amie lorsqu'il se tourna vers lui pour demander la trique.
Eldred s'inclina profondément pour toute réponse. Ainsi il avait décidé de maintenir son châtiment. Malgré les excuses. Pourquoi donc? Le sujet était désormais clos pour lui et il n'avait pas particulièrement envie de satisfaire à la requête de cette face de cul aux tendances masochistes.
Durant ce temps, Aud avait atteint la porte, et se retourna, lui adressant un regard suppliant. Il avait parfaitement compris le message mais la décision ne lui appartenait malheureusement pas.
Sois forte, sois forte, lillesøster. Je sais que tu l'es. Tu peux le faire. Je viendrais te voir dès que possible tenta-t-il de lui dire par la pensée.
Une fois sortie, il s'éclipsa sans un bruit jusqu'à la salle d'arme afin de rapporter l'objet demandé. Quelques minutes plus tard, il fut de retour, pour entendre la sentence de la voix tranchante de Dyonis: cinq coups.
C'était toujours mieux que les quinze promis mais il n'avait aucune envie de s'en charger...
Par acquis de conscience et pour Aud, il le questionna du regard tout en sachant pertinemment qu'il ne changerait pas d'avis. Un discret signe lui indiqua qu'il avait raison.
Il s'approcha donc du dos d'Alexandre, agenouillé en prière. Et commença sans perdre de temps.
Il avait beau avoir envie de lui démonter la mâchoire d'un sec coup de poing pour avoir vendu ses amis, il ne prenait aucun plaisir à exécuter la sentence.
Pour lui, ce châtiment n'avait pas lieu d'être. Il s'était excusé.
La badine siffla.
Il retenait sa force sans pour autant retenir ses coups.
Il ne s'agissait pas que le baron en rajoute les jugeant insuffisants.
Comment allait Aud?
Eldred garda un visage fermé.
Son esprit faisait le vide.
Il ne se concentrait que sur le décompte.
Il serra les mâchoires au cri du jeune esclave.
Pourquoi était-ce à lui de faire cela?
Il pensait à sa patrie, à Odin suspendu aux branches d'Yggdrasil...
Il n'en restait plus qu'un. Enfin.
Il pensait à Aud qui aurait détesté cela et cela le répugna encore plus.
Il enchaina pour en finir au plus vite.
Il s'écarta rapidement du dos strié de pourpre de l'esclave et s'inclina face au baron de Frenn, signe qu'il avait achevé son devoir.
Et l'autre troll, qu'en pensait-il? Se sentait-il pardonné désormais qu'il avait versé son sang?
Pourquoi les mots ne suffisaient pas?
Une parole d'homme cela valait le sang, non?
Il ne lui adressa pas le moindre regard, alors que Dyonis s'approchait d'Aud avec bienveillance pour la congédier.
Une sage décision. Il n'aurait pas voulu qu'elle accepte à ce déplorable spectacle... Il remercia silencieusement une nouvelle fois le seigneur de ses attentions pour sa jeune amie lorsqu'il se tourna vers lui pour demander la trique.
Eldred s'inclina profondément pour toute réponse. Ainsi il avait décidé de maintenir son châtiment. Malgré les excuses. Pourquoi donc? Le sujet était désormais clos pour lui et il n'avait pas particulièrement envie de satisfaire à la requête de cette face de cul aux tendances masochistes.
Durant ce temps, Aud avait atteint la porte, et se retourna, lui adressant un regard suppliant. Il avait parfaitement compris le message mais la décision ne lui appartenait malheureusement pas.
Sois forte, sois forte, lillesøster. Je sais que tu l'es. Tu peux le faire. Je viendrais te voir dès que possible tenta-t-il de lui dire par la pensée.
Une fois sortie, il s'éclipsa sans un bruit jusqu'à la salle d'arme afin de rapporter l'objet demandé. Quelques minutes plus tard, il fut de retour, pour entendre la sentence de la voix tranchante de Dyonis: cinq coups.
C'était toujours mieux que les quinze promis mais il n'avait aucune envie de s'en charger...
Par acquis de conscience et pour Aud, il le questionna du regard tout en sachant pertinemment qu'il ne changerait pas d'avis. Un discret signe lui indiqua qu'il avait raison.
Il s'approcha donc du dos d'Alexandre, agenouillé en prière. Et commença sans perdre de temps.
Il avait beau avoir envie de lui démonter la mâchoire d'un sec coup de poing pour avoir vendu ses amis, il ne prenait aucun plaisir à exécuter la sentence.
Pour lui, ce châtiment n'avait pas lieu d'être. Il s'était excusé.
Un premier coup
La badine siffla.
Il retenait sa force sans pour autant retenir ses coups.
Il ne s'agissait pas que le baron en rajoute les jugeant insuffisants.
Comment allait Aud?
Un deuxième coup
Eldred garda un visage fermé.
Son esprit faisait le vide.
Il ne se concentrait que sur le décompte.
Un troisième coup
Il serra les mâchoires au cri du jeune esclave.
Pourquoi était-ce à lui de faire cela?
Il pensait à sa patrie, à Odin suspendu aux branches d'Yggdrasil...
Un quatrième coup
Il n'en restait plus qu'un. Enfin.
Il pensait à Aud qui aurait détesté cela et cela le répugna encore plus.
Il enchaina pour en finir au plus vite.
Cinquième et dernier coup
Il s'écarta rapidement du dos strié de pourpre de l'esclave et s'inclina face au baron de Frenn, signe qu'il avait achevé son devoir.
Et l'autre troll, qu'en pensait-il? Se sentait-il pardonné désormais qu'il avait versé son sang?
Pourquoi les mots ne suffisaient pas?
Une parole d'homme cela valait le sang, non?
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
- Spoiler:
- T'excuse pas Aud, y a aucun soucis Content de te revoir ici
Voir Aud se recroqueviller et fuir les regards comme une coupable révolte le baron. Son "oui" est tout juste audible et c'est les bras menus autour de son ventre qu'elle sort. La peine de Dyonis pour elle apparaît sous forme de colère sur son visage, qui redevient dur et froid après le départ de la jeune esclave. Il décide de se débarrasser de la sale besogne avec Alexandre, et après, il ira retrouver l'adolescente. Pourvu que d'ici là, elle puisse faire ce qu'il lui a recommandé.
Comme Aud s'éloigne et que l'attention du noble revient au responsable de tout ça, il n'entendra pas ses minuscules supplications pour empêcher le châtiment. Voilà Dyonis seul avec Alexandre et Eldred. Il dirige vers ce dernier un bref regard qui essaie d'être calme juste après la sortie de la Zakrotienne : pour essayer de lui dire qu'après, l'homme pourra venir avec lui rejoindre sa pauvre camarade... Il va falloir qu'ils discutent. Le châtelain fera de son mieux pour essayer de déculpabiliser Aud. Et dire qu'elle commençait à aller mieux ! Des semaines gâchées ! C'est à sortir de ses gonds.
Heureusement le baron ne s'énerve pas. La colère est là mais elle devient un calme froid prêt à s'abattre contre le fautif. D'ailleurs Alexandre reprend assez longuement la parole (encore ! C'est une manie chez lui de délayer autant et d'en demander toujours plus dans les sanctions !). Les yeux froids de Dyonis ont alors l'air d'écraser le petit esclave à terre, en position de pénitent. Il s'excuse. Bien. Mais ça ne va rien changer. A la fin cela suffit ! Depuis qu'il connaît ce garçon, ce dernier passe son temps à faire des bêtises, à demander pardon, à refaire une bêtise, à demander encore pardon... Alors cette fois, si une punition pouvait marquer le coup... Et puis qu'à cela ne tienne : il l'a demandée ! Alors le baron ne changera pas d'avis : ce serait se montrer faible. Eldred s'incline et part chercher le sinistre instrument.
Pendant ce temps, Alexandre insiste sur le fait qu'il ne faut pas tenir compte de son infirmité, mais juste de son péché. Si Dyonis l'écoutait, après ça le béquilleux serait mort ! Demander quinze coups de tisonnier, c'est dire s'il a la bonne mesure de ce qu'il peut endurer ! Alors le seigneur ne dit rien. Ce n'est qu'un silence glacial qui répond à l'esclave, assez pour lui faire comprendre qu'il en sera comme le baron a ordonné. Pas plus. Pas moins.
Il hausse tout de même un sourcil au récit du garçon : ainsi, il voulait être prêtre ? Cela lui serait plutôt bien allé. Quoi que, peut-être pas tant que ça en fait : il y a assez de détraqués comme ça dans le métier qui véhiculent une image sanglante et masochiste d'une foi qui est censée apporter de la sérénité. Oui, il faut reconnaître ses péchés et tenter de s'améliorer (Dyonis lui-même le fait assez souvent !), mais par la confession et la méditation, pas avec des actes barbares. Oui, il faut être sobre, mais pas dans la flagellation et la souffrance du corps. Quel genre de curé aurait fait Alexandre ?
Le seigneur arrête de réfléchir à ce sujet quand il entend l'affreux châtiment que le père Bellanger a infligé à son fils plutôt que de respecter sa vocation. Un homme exécrable. Sûrement qu'il a contribué à rendre son fils adoptif à moitié fêlé. Entre lui et le père Thierry, Alexandre est servi en modèles masculins !
Le petit esclave en arrive à ce qui consterne le plus le baron et lui fait pousser un soupir rêche : Jésus qui se venge parce qu'il est déçu ? Et puis quoi encore ? Le Dieu de l'Ancien Testament fait ça, oui, mais pas le Christ. Au contraire il semble à Dyonis que le Nouveau Testament veut corriger cette image très... "loi du talion" de Dieu. Il intervient :
"Une image peu flatteuse de Notre Seigneur que de mettre sur son compte les malheurs qui sont les tiens. Tu as faibli sous la douleur et les coups de ton père. C'est humain. Et tu penses sérieusement que le Christ ne pourrait pas comprendre cela, et t'en punirait ? Ce serait bas. Ne te donne pas cette excuse pour ta situation actuelle."
Il le laisse prier. Puis Eldred revient. Il commence à administrer les coups. Le visage fermé du Zakrotien indique à Dyonis à quel point il essaie de faire le vide en lui pour infliger cette correction, qui ne le réjouit pas du tout. Le baron non plus n'y prend aucun plaisir. Mains dans le dos, muscles tendus et mâchoire serrée, il observe sans la moindre satisfaction. Le visage du noble est grave. Mais ferme. Il regarde jusqu'au bout. Quand la punition est achevée, Eldred s'incline. Dyonis a un petit hochement de tête. Le seigneur baisse les yeux vers Alexandre, le dos rougi, torse nu au sol.
"Rhabille toi. Retourne t'en." Les béquilles sont à portée de mains du petit esclave. S'il a du mal malgré tout à se remettre debout et à quitter le domaine, le châtelain appellera des gardes et les chargera de raccompagner le garçon, de l'aider à rejoindre son mulet, à monter dessus et reprendre sa route.
Quand Alexandre sera parti, là seulement le noble s'autorisera un soupir peiné. Autant pour Aud que pour ce garçon, qui doit être dévasté pour en être à ce degré de masochisme et à une pareille vision de leur religion. Dyonis jette un coup d’œil rapide sur la pochette entre les mains de son secrétaire, pochette qui contient les portraits de Hyriel et Sylvère laissés par Alexandre et emballés plus tôt. Il commande à son homme : "Faites porter cela immédiatement à la prévôté. Qu'il y en ait de premières copies dans les rues dès cette fin de journée, puis qu'il en soit produit en bonne quantité et répandu au cours des prochains jours. Je laisse le prévôt juger de la récompense à offrir pour l'aide à leur capture." Il prend soin de quitter un court instant la pièce avec son secrétaire pour n'être entendu que de lui quand il précise : "Sylvère est un brigand qui nargue les autorités depuis trop longtemps. Quant à ce Hyriel... je ne sais pas encore ce qu'il fait, lui, mais sûrement rien de reluisant pour être le complice du brigand et utiliser aussi une fausse identité. Que l'on écrive donc seulement, pour lui, qu'il est recherché pour interrogatoire."
Le secrétaire récupère les dessins, s'incline et sort. Alors, enfin, Dyonis revient dans la pièce puis vers Eldred. Son crochet pointe la trique encore dans la main de l'esclave. La voix du châtelain sera presque navrée en commandant : "Va ranger ceci." Un temps. "Je te suis : allons retrouver Aud." Il ajoute même dans un souffle, à moitié pour lui-même et comme une prière : "Ciel... J'espère qu'elle a déjà pu un peu se remettre."
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Dans sa position de pénitent, Alexandre s'efforçait de demeurer humble en s'expliquant auprès du seigneur de Frenn mais fut brusquement choqué de remarquer à quel point celui-ci se montrait glacial. Il le savait stoïque mais jusque-là le baron faisait preuve d’empathie. Il se rappelait de sa générosité pour cet esclave zarkotien qui venait d'être amené avec ses comparses au marché en appelant rapidement un médecin. Il se rappelait de sa compassion à ordonner une chaise pour lui lors de cette visite avec son père afin de lui permettre de ne pas rester debout avec ses jambes fragiles. Pourquoi se montrait-il à présent distant ? Pourquoi ne discutait-il plus ? Il ne comprenait plus.
Soudain, il prit enfin la parole pour le corriger sur sa vision du Christ. Il hésita. Il ne savait quoi penser. Cela allait contre tout ce qu'on lui avait enseigné.
"Je... maman m'a appris que que je ne devais pas décevoir Jésus, que j’étais né infirme pour réparer la faute qu'elle avait commise, que je devais ainsi être bon pour réparer sa faute..."
Il se tut après avoir balbutié ces brèves explications et se mit à prier en essayant de méditer malgré tout à cette nouvelle vision. Avait-il commis une erreur quelque part ? Sa mère, dans sa détresse d’avoir donné naissance à un enfant infirme, rongée après son adultère, aurait-elle pu se laisser égarer ? Il réfléchirait à tête reposée à cette possibilité.
Lorsque Eldred revint, armé de al fameuse trique, Alexandre se redressa légèrement, bandant les muscles, et se tint prêt. Il ne craquerait. Il serait un homme fier qui ne supplierait comme un enfant la fin du châtiment.
Le premier coup frappa son dos. Une douleur intense le traversa mais le garçon ne cria pas. Il serra les dents et les poings, refusant de laisser éclater sa souffrance. Seuls les enfants criant. il n'en était plus un.
Le second coup suivit le premier. Alexandre se mordit les lèvres pour retenir le cri qui faillit lui échapper. Son corps trembla et faillit s’affaisser. Il banda davantage ses muscles pour se retenir. Cela lui faisait mal. Un mal de chien. Mobiliser ses bras et sa cage thoracique s'avérait même plus douloureux que de subir la trique dans son dos. Mais il se refusait l'idée de s'écrouler. Il ne serait pas faible.
Le troisième coup claqua. Les larmes commencèrent à perler et de la sieur abondaient à son front pour ruisseler sur son visage. La douleur le rongeait de tout son être. mais il ne le montrerait. Il résisterait. Il se mordit les lèvres et serra les poings encore plus fort.
Le quatrième coup et cette fois un cri s’échappa malgré lui. Il jura intérieurement et regretta cette faiblesse. son corps le brûlait. De partout. Le cinquième coup termina la série et le garçon s'écroula lamentablement au sol et se recroquevilla. Il avait échoué. Il n'avait pas su résister et avait fini une fois de plus par craquer. Il était faible. Tellement faible.
Peua près, le seigneur de Frenn lui ordonna de se rhabiller et de partir. Malgré la douleur qui le consumait, Alexandre ne lui offrirait pas le spectacle de réclamer de l'aide. Tant pis s'il devrait s'écrouler quelque part tout à l'heure. Il se redressa lentement et remit péniblement sa tunique puis se releva difficilement grâce à ses béquilles. Il se tourna alors vers Eldred.
"Je suis encore désolé pour tout ce que j'ai dit. Pardon. Et pour ton amie... Je ne sais comme t faire pour m'excuser. mais si elle aurait besoin de quoi ce soit, si je le peux, je le ferai."
Il salua poliment puis s'inclina devant le seigneur de Frenn.
"Pardonnez-moi d'avoir gaspillé votre temps inutilement."
Sur ces paroles, il prit congé mais quitta la pièce d'un pas plus que lent. Chaque pas, chaque geste que faisait l'infirme lui causait une douleur atroce, comme si des couteaux étaient plantés dans son dos et ses bras.
Soudain, il prit enfin la parole pour le corriger sur sa vision du Christ. Il hésita. Il ne savait quoi penser. Cela allait contre tout ce qu'on lui avait enseigné.
"Je... maman m'a appris que que je ne devais pas décevoir Jésus, que j’étais né infirme pour réparer la faute qu'elle avait commise, que je devais ainsi être bon pour réparer sa faute..."
Il se tut après avoir balbutié ces brèves explications et se mit à prier en essayant de méditer malgré tout à cette nouvelle vision. Avait-il commis une erreur quelque part ? Sa mère, dans sa détresse d’avoir donné naissance à un enfant infirme, rongée après son adultère, aurait-elle pu se laisser égarer ? Il réfléchirait à tête reposée à cette possibilité.
Lorsque Eldred revint, armé de al fameuse trique, Alexandre se redressa légèrement, bandant les muscles, et se tint prêt. Il ne craquerait. Il serait un homme fier qui ne supplierait comme un enfant la fin du châtiment.
Le premier coup frappa son dos. Une douleur intense le traversa mais le garçon ne cria pas. Il serra les dents et les poings, refusant de laisser éclater sa souffrance. Seuls les enfants criant. il n'en était plus un.
Le second coup suivit le premier. Alexandre se mordit les lèvres pour retenir le cri qui faillit lui échapper. Son corps trembla et faillit s’affaisser. Il banda davantage ses muscles pour se retenir. Cela lui faisait mal. Un mal de chien. Mobiliser ses bras et sa cage thoracique s'avérait même plus douloureux que de subir la trique dans son dos. Mais il se refusait l'idée de s'écrouler. Il ne serait pas faible.
Le troisième coup claqua. Les larmes commencèrent à perler et de la sieur abondaient à son front pour ruisseler sur son visage. La douleur le rongeait de tout son être. mais il ne le montrerait. Il résisterait. Il se mordit les lèvres et serra les poings encore plus fort.
Le quatrième coup et cette fois un cri s’échappa malgré lui. Il jura intérieurement et regretta cette faiblesse. son corps le brûlait. De partout. Le cinquième coup termina la série et le garçon s'écroula lamentablement au sol et se recroquevilla. Il avait échoué. Il n'avait pas su résister et avait fini une fois de plus par craquer. Il était faible. Tellement faible.
Peua près, le seigneur de Frenn lui ordonna de se rhabiller et de partir. Malgré la douleur qui le consumait, Alexandre ne lui offrirait pas le spectacle de réclamer de l'aide. Tant pis s'il devrait s'écrouler quelque part tout à l'heure. Il se redressa lentement et remit péniblement sa tunique puis se releva difficilement grâce à ses béquilles. Il se tourna alors vers Eldred.
"Je suis encore désolé pour tout ce que j'ai dit. Pardon. Et pour ton amie... Je ne sais comme t faire pour m'excuser. mais si elle aurait besoin de quoi ce soit, si je le peux, je le ferai."
Il salua poliment puis s'inclina devant le seigneur de Frenn.
"Pardonnez-moi d'avoir gaspillé votre temps inutilement."
Sur ces paroles, il prit congé mais quitta la pièce d'un pas plus que lent. Chaque pas, chaque geste que faisait l'infirme lui causait une douleur atroce, comme si des couteaux étaient plantés dans son dos et ses bras.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Eldred avait infligé le châtiment sans la moindre satisfaction. Il ne pouvait que se réjouir qu’il n’y ait pas d'avantage de coups. Malgré tout le mépris qu’il pouvait ressentir à l’encontre de ce fils de troll, il ne pouvait nier qu’il avait su se montrer courageux et digne lors de l’exécution de la sentence.
Il inclina lentement la tête, signe qu’il acceptait tant ses excuses que sa proposition. Que pouvait-il pour faire elle ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais les dettes étaient faites pour être épongées. Il saurait venir le chercher, le jour venu.
Le béquilleux salua ensuite le seigneur de Frenn au visage de glace et prit congé d’un pas des plus lents. Malgré la souffrance qu’il devait ressentir, il n’en laissait rien paraitre. Touché par ce qu’il interpréta comme de la résilience et de la fierté, il le devança pour lui tenir la porte le temps qu’il s’échappe du bureau du Premier Conseiller.
Il retourna ensuite aux côtés du baron qui prenait ses dispositions pour la diffusion des portraits. Il s’éclipsa d'ailleurs un court un instant dans une pièce voisine, instant au cours du quel, le zakrotien en profita pour remettre des buches dans la cheminée -car après tout c’était pour cela qu’il était là-. A son retour, Eldred avait récupéré la trique posée non loin de la cheminée.
Dyonis l’invita à rejoindre Aud. Il allait se mettre en marche lorsqu’au dernier moment, il décida de saisir l’opportunité qui lui était tendue.
- Maitre ? Puis-je vous parler, un instant ?
Si d’ordinaire, employer ce mot lui écorchait les lèvres, c’était plus sous une forme de respect qu’il l’employait aujourd’hui. Son intervention ne serait pas longue et il savait que Aud ne lui en voudrait pas d’avoir ajourné leur visite de quelques minutes. Il reçut l’accord de Dyonis et s’inclina profondément en guise de remerciement avant de pouvoir enfin parler.
- J’ignore ce qu’il s’est passé précédemment mais je veux vous assurer que ce qui a été laissé échapper ici ne sera jamais utilisé contre vous de notre part. Je voulais également vous remercier pour ce que vous avez fait pour nous. Aujourd’hui, les fois précédentes et les fois qui suivront peut-être. Pour avoir… Pris notre partie… il marqua une courte pause hésitant à poursuivre mais c’était l’occasion ou jamais C’est très louable de votre part, Maitre, mais j’ai bien peur que cela ne vous porte préjudice un jour. Ce n’est pas très bien vu, les nobles qui se préocuppent de leurs esclaves… Pardonnez-moi, mais vous savez, lorsque l’on est en haut, il est toujours des individus pour espérer vous faire chuter.
Si Dyonis était au plus haut de ce qu’il pouvait espérer, Eldred était lui à son exact opposé. Si bas qu’il ne pouvait guère que monter désormais. Il avait si peur de se faire interrompre avant d’avoir dit tout ce qu’il avait à dire qu’il enchaina aussitôt.
Il y a un proverbe zakrotien qui dit que là où les oreilles du loup sont, les dents ne sont pas loin. Cet esclave… Il parlera à quelqu’un d’autre, c'est certain…
Eldred s’agenouilla solennellement devant Dyonis avant de reprendre.
Je vous en prie, acceptez que je puisse vous servir autrement qu’en coupant du bois. Laissez-moi être votre outil ou même votre arme, s’il vous sied.
Oui, il était littéralement en train de proposer au baron de se servir de lui pour se protéger. Il serait sa lame et son bouclier, s’il le désirait. Il serait ses oreilles et ses yeux, si le cœur lui en disait. Si les esclaves n’étaient rien d'autres que des meubles, alors quitte à être utilisé, il aimait autant être un outil. Et qui sait ? Ce serait peut-être là l’occasion de mourir honorablement et de rejoindre le Valhalla ?
Il releva la tête, pour le regarder droit dans les yeux avant de déclarer :
Vous êtes un homme juste et honorable. J’ai eu le temps de le constater depuis mon arrivée. Je pourrais rester à couper du bois, toute ma vie durant, silencieusement. Si je vous adresse, cette requête c’est uniquement car malgré toutes nos différences, je vous respecte. Je n’y connais pas grand-chose à la politique mais je sais que vous êtes un homme droit comme il y en a peu.
Il s’interrompit ici, après ce discours plein de ferveur. Il aurait pu dire tant d’autres choses. Mais il avait déjà parlé plus que depuis son arrivée tout entière. Il savait qu’il risquait de se faire corriger pour ses propos audacieux, d’autant plus quand le baron n’était pas dans les meilleurs dispositions suite à cette visite mouvementée. C'était pourtant un risque qu’il prenait et accepté sans sourciller.
Il était sincère.
Eldred voulait réellement aider Dyonis. Sans contrepartie. Uniquement car il avait appris à apprécier l’homme. Bien souvent, il avait regretté que son statut ne puisse lui permettre de converser avec lui. Dans d’autres circonstances, peut-être qu’ils auraient même pu tisser un semblant d’amitié.
Il inclina lentement la tête, signe qu’il acceptait tant ses excuses que sa proposition. Que pouvait-il pour faire elle ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais les dettes étaient faites pour être épongées. Il saurait venir le chercher, le jour venu.
Le béquilleux salua ensuite le seigneur de Frenn au visage de glace et prit congé d’un pas des plus lents. Malgré la souffrance qu’il devait ressentir, il n’en laissait rien paraitre. Touché par ce qu’il interpréta comme de la résilience et de la fierté, il le devança pour lui tenir la porte le temps qu’il s’échappe du bureau du Premier Conseiller.
Il retourna ensuite aux côtés du baron qui prenait ses dispositions pour la diffusion des portraits. Il s’éclipsa d'ailleurs un court un instant dans une pièce voisine, instant au cours du quel, le zakrotien en profita pour remettre des buches dans la cheminée -car après tout c’était pour cela qu’il était là-. A son retour, Eldred avait récupéré la trique posée non loin de la cheminée.
Dyonis l’invita à rejoindre Aud. Il allait se mettre en marche lorsqu’au dernier moment, il décida de saisir l’opportunité qui lui était tendue.
- Maitre ? Puis-je vous parler, un instant ?
Si d’ordinaire, employer ce mot lui écorchait les lèvres, c’était plus sous une forme de respect qu’il l’employait aujourd’hui. Son intervention ne serait pas longue et il savait que Aud ne lui en voudrait pas d’avoir ajourné leur visite de quelques minutes. Il reçut l’accord de Dyonis et s’inclina profondément en guise de remerciement avant de pouvoir enfin parler.
- J’ignore ce qu’il s’est passé précédemment mais je veux vous assurer que ce qui a été laissé échapper ici ne sera jamais utilisé contre vous de notre part. Je voulais également vous remercier pour ce que vous avez fait pour nous. Aujourd’hui, les fois précédentes et les fois qui suivront peut-être. Pour avoir… Pris notre partie… il marqua une courte pause hésitant à poursuivre mais c’était l’occasion ou jamais C’est très louable de votre part, Maitre, mais j’ai bien peur que cela ne vous porte préjudice un jour. Ce n’est pas très bien vu, les nobles qui se préocuppent de leurs esclaves… Pardonnez-moi, mais vous savez, lorsque l’on est en haut, il est toujours des individus pour espérer vous faire chuter.
Si Dyonis était au plus haut de ce qu’il pouvait espérer, Eldred était lui à son exact opposé. Si bas qu’il ne pouvait guère que monter désormais. Il avait si peur de se faire interrompre avant d’avoir dit tout ce qu’il avait à dire qu’il enchaina aussitôt.
Il y a un proverbe zakrotien qui dit que là où les oreilles du loup sont, les dents ne sont pas loin. Cet esclave… Il parlera à quelqu’un d’autre, c'est certain…
Eldred s’agenouilla solennellement devant Dyonis avant de reprendre.
Je vous en prie, acceptez que je puisse vous servir autrement qu’en coupant du bois. Laissez-moi être votre outil ou même votre arme, s’il vous sied.
Oui, il était littéralement en train de proposer au baron de se servir de lui pour se protéger. Il serait sa lame et son bouclier, s’il le désirait. Il serait ses oreilles et ses yeux, si le cœur lui en disait. Si les esclaves n’étaient rien d'autres que des meubles, alors quitte à être utilisé, il aimait autant être un outil. Et qui sait ? Ce serait peut-être là l’occasion de mourir honorablement et de rejoindre le Valhalla ?
Il releva la tête, pour le regarder droit dans les yeux avant de déclarer :
Vous êtes un homme juste et honorable. J’ai eu le temps de le constater depuis mon arrivée. Je pourrais rester à couper du bois, toute ma vie durant, silencieusement. Si je vous adresse, cette requête c’est uniquement car malgré toutes nos différences, je vous respecte. Je n’y connais pas grand-chose à la politique mais je sais que vous êtes un homme droit comme il y en a peu.
Il s’interrompit ici, après ce discours plein de ferveur. Il aurait pu dire tant d’autres choses. Mais il avait déjà parlé plus que depuis son arrivée tout entière. Il savait qu’il risquait de se faire corriger pour ses propos audacieux, d’autant plus quand le baron n’était pas dans les meilleurs dispositions suite à cette visite mouvementée. C'était pourtant un risque qu’il prenait et accepté sans sourciller.
Il était sincère.
Eldred voulait réellement aider Dyonis. Sans contrepartie. Uniquement car il avait appris à apprécier l’homme. Bien souvent, il avait regretté que son statut ne puisse lui permettre de converser avec lui. Dans d’autres circonstances, peut-être qu’ils auraient même pu tisser un semblant d’amitié.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Le baron se surprend lui-même de la froideur terrifiante qu'il a aujourd'hui pour Alexandre. En vrai il ne déteste pas ce garçon, c'est même le contraire. Il a de la peine pour lui, pour l'éducation désastreuse qu'il a reçu, pour sa situation actuelle dont... il est responsable. Dyonis serre les dents pour ne pas trahir son malaise et rester ferme jusqu'au bout. Il a ordonné une sanction, il ne peut pas reculer. Mais au fond... un doute s'installe : oui, il a peut-être été trop sévère. Comme pendant ce ridicule procès. La tournure de cette rencontre n'a pas aidé et le Premier Conseiller est sur les nerfs. Les nouvelles sur Cassandre, le brigand Sylvère et son ami aux béquilles, les injures contre les Zakrotiens, Aud de nouveau dévastée alors qu'elle allait mieux ! Alors oui, Dyonis a un peu passé sa colère sur Alexandre (même si le petit esclave n'a pas été en reste dans les bêtises).
Il a de la peine à entendre ce que la mère d'Alexandre lui a enseigné. Il ne peut pas laisser passer ça. Au moins qu'il reparte avec un mot de réconfort ! Alors un instant, le seigneur est moins dur et soupire en regardant le béquilleux : ''Loin de moi l'idée de contester sa foi, mais elle devrait relire le passage de l’Évangile où Notre Seigneur guérit un aveugle et dit aux gens autour qu'il n'est infirme ni à cause de son péché ni à cause de celui de ses parents.''
Mais déjà, il doit se taire et rester en posture de distance pendant que la correction est infligée. Dyonis regarde, ne dit mot. Ce n'est vraiment pas amusant, cependant il l'a ordonné. Sous le coup de la colère, et avec l'idée que cette fois, si ça peut faire qu'Alexandre réfléchisse avant de parler. Le noble reste impassible, souffle bloqué pendant les coups. Le petit esclave les subit avec beaucoup de courage. Malgré ses efforts, le malheureux s'écroule après avoir lâché un cri. Et pourtant, Dyonis persiste à juger qu'il a subi héroïquement une telle épreuve. Bien des gens valides et plus âgés n'en aurait pas enduré autant aussi dignement.
À la surprise du baron, Alexandre ne réclame aucune aide pour se rhabiller et se redresser. Il y aura un éclat d'admiration dans le regard acier du seigneur. Il se met sur le côté pour ne surtout pas rester dans le passage de l'infirme qui se déplace péniblement. Et dans son malheur, le garçon prend encore sur lui de s'excuser auprès d'Eldred, puis du maître. Dyonis en est pris de court. Après un silence, il dit en repensant aux dessins de Sylvère et Hyriel : ''Je retiendrai ta coopération.'' Car le baron tient à séparer les choses. Il y a eu d'un côté ces insultes aux Zakrotiens et le châtiment qui en a découlé, mais de l'autre le service rendu par le jeune artiste et dont il se sait gré envers lui.
Avant de disparaître avec son secrétaire, Dyonis voit Eldred tenir la porte à Alexandre. Lui aussi compatit au sort du garçon. Rien ne s'est bien passé au cours de cette entrevue (à part l'obtention des dessins de Sylvère et Hyriel, seul point positif). Et cette scène lamentable qui vient de se jouer ne rappelle que trop à Dyonis sa part de faute. Il a des choses à réparer auprès d'Alexandre et Tristan. Il ne sait pas encore comment, à quel moment, mais il y songe de plus en plus sérieusement.
Quand le seigneur revient et invite Eldred à rejoindre Aud, alors qu'il a déjà commencé à se mettre en route l'esclave l'interpelle. Dyonis s'arrête et se retourne. Surpris, d'abord, d'entendre prononcé ''Maître'' alors que le Zakrotien évitait le plus possible ce mot, et ensuite de l'entendre vouloir lui parler. Le baron sait qu'Eldred n'est pas du genre à parler pour ne rien dire.
''Je t'écoute.'' souffle-t-il, d'une voix étonnement lasse comme il en a rarement, mais tout cet incident avec Alexandre et Aud l'a plombé. Quelle n'est pas la surprise du baron d'entendre l'esclave parler ainsi ! Il sait qu'un respect certain s'est installé entre eux... mais à ce point d'entendre celui qui est pourtant captif de l'Empire se mettre de son côté ?! Pour le coup, c'est Dyonis qui est reconnaissant : Eldred, gratuitement, promet de ne rien dire de ce qu'a révélé Alexandre ! Alors que... qu'il serait si facile de garder précieusement ces informations pour nuire plus tard au maître ! Oh pas directement, parce qu'un esclave n'a aucun droit en justice... mais par l'intermédiaire d'un homme libre.
Le seigneur de Frenn en reste en suspend. À son tour, il se sent le devoir de dire à Eldred un franc : ''Merci.'' (Un temps) ''Je ne sais pas si je mérite une pareille complicité de votre part.'' ajoute-t-il en restant droit, regard fixe, ses prothèses sévèrement croisées derrière son dos. Dyonis a abusé son roi. S'est laissé séduire par les promesses d'une sorcière. A ruiné la vie de deux innocents garçons... Votre, a-t-il dit en outre, pour inclure Aud comme l'esclave vient de le faire. ''Pour ce qui est d'avoir pris votre parti, j'ai fait mon devoir. Vous êtes des prises de guerre, pas des bêtes. Au delà du code martial et des droits du vainqueur, j'estime les gens qui travaillent chez moi et leur culture. Je regrette que davantage de Grands de l'Empire n'en fassent pas autant.'' Son timbre est resté plein de sa froideur naturelle, même si les mots qu'il prononce sont plein de sincérité. D'émotion, même, quand l'esclave rappelle à quel point peu de nobles sont comme Dyonis et pourraient vouloir sa chute. Pas que des nobles, d'ailleurs. Le baron sait que le curé d'Anjou fera tout pour faire tomber le Premier Conseiller. Il hoche gravement la tête pour toute réponse sur ce point.
Eldred en vient à du concret : Alexandre... il va finir par raconter ce qu'il sait tôt ou tard... Dyonis redoute ce moment depuis des semaines, mais le Zakrotien a raison, il ne faut pas se voiler la face, ça arrivera. Le noble aura la surprise de voir l'esclave s'agenouiller avec autant de solennité devant lui pour se proposer de le défendre, d'être son garde du corps, ses yeux et ses oreilles. Le baron a un temps de suspend. Pas tant par méfiance (car il connaît la sincérité du Zakrotien), mais parce qu'il se sent étonné et ému de susciter de pareils sentiments chez quelqu'un qu'on a privé de liberté.
Dyonis allait s'apprêter à demander à Eldred ce qui lui valait une telle proposition, et pourquoi un asservi ferait cela pour son maître... mais le Zakrotien reprend la parole pour lui adresser tous ces compliments ! Compliment avec lesquels Dyonis n'est jamais à l'aise, auxquels il ne sait répondre au mieux... mais ce qu'il voit et qui le touche énormément, c'est que ce discours est franc, alors que tant d'autres éloges sont au mieux formulés par protocole, au pire par hypocrisie. Droit et honorable... ''Je m'efforce de l'être.'' Sans perdre un instant, il ajoute en plongeant toute la force de son regard dans celui du Zakrotien : ''Relève-toi, je t'en prie.'' Puis, tout aussi solennellement, comme avec un égal l'espace de ce moment, il lui tend à serrer sa main métallique. Celle qui est belle, qui sert pour les politesses et les promesses, alors que le crochet reste dans son dos.
Très brièvement, il a quand même un temps de prudence, de méfiance. Et si... Eldred envisageait d'en profiter ? Serait-il capable d'une pareille duplicité ? De tirer Dieu sait quel avantage de lui avant de se tirer avec de sérieux renseignements ? L'on est à l'abri de rien. Mais non, Dyonis choisit de croire en la bonne foi du Zakrotien. Comme il l'a dit à Alexandre, tout le monde n'est pas Ulysse. Et au pire, s'il venait à apprendre plus tard une trahison quelconque, il serait implacable.
Loin d'être énervé par l'initiative audacieuse de l'esclave, Dyonis y trouve réconfort. Si Eldred lui fait cette proposition, c'est... que le baron a de la valeur malgré ses erreurs ? Malgré l'ignoble procès de septembre, malgré les supplices infligés à ce pauvre Tristan, malgré le mal qu'il a fait aujourd'hui encore à Alexandre... ''Je considère comme un honneur de recevoir une telle proposition de ta part. Et de l'accepter.'' (Un temps) ''Si je saisis bien, tu souhaites... mettre ton savoir guerrier à mon service et devenir mon informateur ?''
Il a de la peine à entendre ce que la mère d'Alexandre lui a enseigné. Il ne peut pas laisser passer ça. Au moins qu'il reparte avec un mot de réconfort ! Alors un instant, le seigneur est moins dur et soupire en regardant le béquilleux : ''Loin de moi l'idée de contester sa foi, mais elle devrait relire le passage de l’Évangile où Notre Seigneur guérit un aveugle et dit aux gens autour qu'il n'est infirme ni à cause de son péché ni à cause de celui de ses parents.''
Mais déjà, il doit se taire et rester en posture de distance pendant que la correction est infligée. Dyonis regarde, ne dit mot. Ce n'est vraiment pas amusant, cependant il l'a ordonné. Sous le coup de la colère, et avec l'idée que cette fois, si ça peut faire qu'Alexandre réfléchisse avant de parler. Le noble reste impassible, souffle bloqué pendant les coups. Le petit esclave les subit avec beaucoup de courage. Malgré ses efforts, le malheureux s'écroule après avoir lâché un cri. Et pourtant, Dyonis persiste à juger qu'il a subi héroïquement une telle épreuve. Bien des gens valides et plus âgés n'en aurait pas enduré autant aussi dignement.
À la surprise du baron, Alexandre ne réclame aucune aide pour se rhabiller et se redresser. Il y aura un éclat d'admiration dans le regard acier du seigneur. Il se met sur le côté pour ne surtout pas rester dans le passage de l'infirme qui se déplace péniblement. Et dans son malheur, le garçon prend encore sur lui de s'excuser auprès d'Eldred, puis du maître. Dyonis en est pris de court. Après un silence, il dit en repensant aux dessins de Sylvère et Hyriel : ''Je retiendrai ta coopération.'' Car le baron tient à séparer les choses. Il y a eu d'un côté ces insultes aux Zakrotiens et le châtiment qui en a découlé, mais de l'autre le service rendu par le jeune artiste et dont il se sait gré envers lui.
Avant de disparaître avec son secrétaire, Dyonis voit Eldred tenir la porte à Alexandre. Lui aussi compatit au sort du garçon. Rien ne s'est bien passé au cours de cette entrevue (à part l'obtention des dessins de Sylvère et Hyriel, seul point positif). Et cette scène lamentable qui vient de se jouer ne rappelle que trop à Dyonis sa part de faute. Il a des choses à réparer auprès d'Alexandre et Tristan. Il ne sait pas encore comment, à quel moment, mais il y songe de plus en plus sérieusement.
Quand le seigneur revient et invite Eldred à rejoindre Aud, alors qu'il a déjà commencé à se mettre en route l'esclave l'interpelle. Dyonis s'arrête et se retourne. Surpris, d'abord, d'entendre prononcé ''Maître'' alors que le Zakrotien évitait le plus possible ce mot, et ensuite de l'entendre vouloir lui parler. Le baron sait qu'Eldred n'est pas du genre à parler pour ne rien dire.
''Je t'écoute.'' souffle-t-il, d'une voix étonnement lasse comme il en a rarement, mais tout cet incident avec Alexandre et Aud l'a plombé. Quelle n'est pas la surprise du baron d'entendre l'esclave parler ainsi ! Il sait qu'un respect certain s'est installé entre eux... mais à ce point d'entendre celui qui est pourtant captif de l'Empire se mettre de son côté ?! Pour le coup, c'est Dyonis qui est reconnaissant : Eldred, gratuitement, promet de ne rien dire de ce qu'a révélé Alexandre ! Alors que... qu'il serait si facile de garder précieusement ces informations pour nuire plus tard au maître ! Oh pas directement, parce qu'un esclave n'a aucun droit en justice... mais par l'intermédiaire d'un homme libre.
Le seigneur de Frenn en reste en suspend. À son tour, il se sent le devoir de dire à Eldred un franc : ''Merci.'' (Un temps) ''Je ne sais pas si je mérite une pareille complicité de votre part.'' ajoute-t-il en restant droit, regard fixe, ses prothèses sévèrement croisées derrière son dos. Dyonis a abusé son roi. S'est laissé séduire par les promesses d'une sorcière. A ruiné la vie de deux innocents garçons... Votre, a-t-il dit en outre, pour inclure Aud comme l'esclave vient de le faire. ''Pour ce qui est d'avoir pris votre parti, j'ai fait mon devoir. Vous êtes des prises de guerre, pas des bêtes. Au delà du code martial et des droits du vainqueur, j'estime les gens qui travaillent chez moi et leur culture. Je regrette que davantage de Grands de l'Empire n'en fassent pas autant.'' Son timbre est resté plein de sa froideur naturelle, même si les mots qu'il prononce sont plein de sincérité. D'émotion, même, quand l'esclave rappelle à quel point peu de nobles sont comme Dyonis et pourraient vouloir sa chute. Pas que des nobles, d'ailleurs. Le baron sait que le curé d'Anjou fera tout pour faire tomber le Premier Conseiller. Il hoche gravement la tête pour toute réponse sur ce point.
Eldred en vient à du concret : Alexandre... il va finir par raconter ce qu'il sait tôt ou tard... Dyonis redoute ce moment depuis des semaines, mais le Zakrotien a raison, il ne faut pas se voiler la face, ça arrivera. Le noble aura la surprise de voir l'esclave s'agenouiller avec autant de solennité devant lui pour se proposer de le défendre, d'être son garde du corps, ses yeux et ses oreilles. Le baron a un temps de suspend. Pas tant par méfiance (car il connaît la sincérité du Zakrotien), mais parce qu'il se sent étonné et ému de susciter de pareils sentiments chez quelqu'un qu'on a privé de liberté.
Dyonis allait s'apprêter à demander à Eldred ce qui lui valait une telle proposition, et pourquoi un asservi ferait cela pour son maître... mais le Zakrotien reprend la parole pour lui adresser tous ces compliments ! Compliment avec lesquels Dyonis n'est jamais à l'aise, auxquels il ne sait répondre au mieux... mais ce qu'il voit et qui le touche énormément, c'est que ce discours est franc, alors que tant d'autres éloges sont au mieux formulés par protocole, au pire par hypocrisie. Droit et honorable... ''Je m'efforce de l'être.'' Sans perdre un instant, il ajoute en plongeant toute la force de son regard dans celui du Zakrotien : ''Relève-toi, je t'en prie.'' Puis, tout aussi solennellement, comme avec un égal l'espace de ce moment, il lui tend à serrer sa main métallique. Celle qui est belle, qui sert pour les politesses et les promesses, alors que le crochet reste dans son dos.
Très brièvement, il a quand même un temps de prudence, de méfiance. Et si... Eldred envisageait d'en profiter ? Serait-il capable d'une pareille duplicité ? De tirer Dieu sait quel avantage de lui avant de se tirer avec de sérieux renseignements ? L'on est à l'abri de rien. Mais non, Dyonis choisit de croire en la bonne foi du Zakrotien. Comme il l'a dit à Alexandre, tout le monde n'est pas Ulysse. Et au pire, s'il venait à apprendre plus tard une trahison quelconque, il serait implacable.
Loin d'être énervé par l'initiative audacieuse de l'esclave, Dyonis y trouve réconfort. Si Eldred lui fait cette proposition, c'est... que le baron a de la valeur malgré ses erreurs ? Malgré l'ignoble procès de septembre, malgré les supplices infligés à ce pauvre Tristan, malgré le mal qu'il a fait aujourd'hui encore à Alexandre... ''Je considère comme un honneur de recevoir une telle proposition de ta part. Et de l'accepter.'' (Un temps) ''Si je saisis bien, tu souhaites... mettre ton savoir guerrier à mon service et devenir mon informateur ?''
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Eldred avait osé demander à Dyonis de lui accorder quelques minutes. Il avait des choses à dire. Des choses importantes qui ne pouvaient être dites que maintenant. C’était prendre un risque de les évoquer mais il n’en avait que faire. Toute la sagesse et la patience du monde n’avait jamais pu tuer la flamme de témérité qui parfois l’habitait. C’était d’une voix lasse, que le zakrotien ne lui connaissait pas qu’il lui accorda sa requête. Le baron, toujours si droit, si sévère et implacable, lui paraissait soudainement plus fragile ce qui n’en toucha que plus le guerrier.
Il rassura le seigneur sur ses secrets qu’il ne comptait pas éventer. Et pourtant, il aurait pu. Aurait-il dû ? Il restait un ennemi après tout. Mais Eldred n’arrivait plus à le considérer comme tel. Pas depuis qu’il avait appris à le connaitre. Il inclina poliment la tête à ses remerciements mais resta pantois face à la suite. Dyonis était-il en train de douter de lui-même ? Quel homme avait un cœur si pur qu’il n’avait rien à se reprocher ? Aucun.
- Le passé est le passé. Il n’altère en rien l’homme que vous êtes. Vous êtes un homme de bien et ce sont vos actions futures qui le prouveront à ceux qui oseraient en douter.
Si son Dieu le jugeait aussi durement que lui-même, il ne devait définitivement pas y avoir grand monde dans leur Paradis. L’esclave fixait son Maitre avec une certaine compassion. C’était la première fois qu’il l’apercevait si faillible. Et il ne pouvait pas rester les bras croisés sans lui tendre la main. Quelques mois plus tôt, il aurait sans doute été ravi de pouvoir en profiter pour se venger mais il ne pouvait plus. Ce n’était pas lui l’ennemi. C’était le pouvoir. Et même si cela lui retournait les tripes de l’admettre, ce fils de troll avait raison : c’était bien le meilleur Maitre de Monbrina.
A nouveau, il inclina doucement la tête à ses paroles, touché par cette discussion où les barrières semblaient tomber le temps de quelques mots. Si sa voix n’en demeurait pas moins froide, Eldred avait appris avec le temps à discerner les discrètes nuances qui la composait, et celle qui s’invitait là dans son discours était bien rare… Une certaine émotion qu'il n'avait que bien rarement perçu dans ses paroles. Plus il le découvrait, plus il appréciait l'homme qui se trouvait derrière ce mur de glace.
Il évoqua alors Alexandre et s’agenouilla pour lui proposer de le servir en tant que guerrier. Il se sentit obligé de justifier ce comportement sans doute peu orthodoxe. Pouvait-il penser qu’il essayait de le duper ? Il espérait bien que non, car sa parole de guerrier, n’était qu’une et il aurait préféré mourir que de rompre un serment donné. Certes, le protéger allait à contre-courant de ses projets de révoltes mais il savait désormais qu’il ferait tout pour ne pas impliquer le baron dedans pas plus qu’il n’utiliserait sa position pour abuser de sa confiance. Il n’était pas ce genre d’homme. Et tout vengeance, toute révolte qui soit, il ne voulait pas devenir ce genre de personne déshonorable. Eldred soutint son regard avec force avant qu’il ne lui intimât de se relever, présentant sa main métallique. Sans le quitter du regard, il glissa sa main, dans la sienne, glaciale et rigide, et la serra avec force et vigueur. Ce n’était pas un pacte entre un maitre et son esclave, mais entre deux hommes. Scellé comme il se devait : main dans la main, yeux dans les yeux.
Le zakrotien n’en avait pas espéré autant à vrai dire, et il n'avait pas imaginé un seul instant qu’il put se trouver honoré de la proposition qu'il lui avait faite. Il était touché de l'estime qu'il semblait lui porter et ce malgré son statut et ses origines.
Pour toute réponse, il inclina la tête. Il n’était pas vraiment du genre loquace et Dyonis avait parfaitement résumé. Il serait son informateur et son bouclier.
Même s’il devait en mourir.
- Puisque ma vie vous appartient désormais, autant que vous puissiez en faire bon usage. Je sais que vous n'auriez jamais osé me le demander. Alors c'est moi qui vous le propose. Sans arrière pensée aucune.
Il marqua un temps d'arrêt avant d'ajouter avec détermination
- Mon serment s'achèvera à ma mort.
Et la mort viendrait le cueillir quand elle l'aurait décidé. Il vivrait chaque jour jusque là aussi pleinement qu'il le pourrait. Servir Dyonis, était une façon de donner un sens à sa vie de guerrier, tout comme l'organisation de sa révolte donnait un sens à sa vie de prisonnier.
Il rassura le seigneur sur ses secrets qu’il ne comptait pas éventer. Et pourtant, il aurait pu. Aurait-il dû ? Il restait un ennemi après tout. Mais Eldred n’arrivait plus à le considérer comme tel. Pas depuis qu’il avait appris à le connaitre. Il inclina poliment la tête à ses remerciements mais resta pantois face à la suite. Dyonis était-il en train de douter de lui-même ? Quel homme avait un cœur si pur qu’il n’avait rien à se reprocher ? Aucun.
- Le passé est le passé. Il n’altère en rien l’homme que vous êtes. Vous êtes un homme de bien et ce sont vos actions futures qui le prouveront à ceux qui oseraient en douter.
Si son Dieu le jugeait aussi durement que lui-même, il ne devait définitivement pas y avoir grand monde dans leur Paradis. L’esclave fixait son Maitre avec une certaine compassion. C’était la première fois qu’il l’apercevait si faillible. Et il ne pouvait pas rester les bras croisés sans lui tendre la main. Quelques mois plus tôt, il aurait sans doute été ravi de pouvoir en profiter pour se venger mais il ne pouvait plus. Ce n’était pas lui l’ennemi. C’était le pouvoir. Et même si cela lui retournait les tripes de l’admettre, ce fils de troll avait raison : c’était bien le meilleur Maitre de Monbrina.
A nouveau, il inclina doucement la tête à ses paroles, touché par cette discussion où les barrières semblaient tomber le temps de quelques mots. Si sa voix n’en demeurait pas moins froide, Eldred avait appris avec le temps à discerner les discrètes nuances qui la composait, et celle qui s’invitait là dans son discours était bien rare… Une certaine émotion qu'il n'avait que bien rarement perçu dans ses paroles. Plus il le découvrait, plus il appréciait l'homme qui se trouvait derrière ce mur de glace.
Il évoqua alors Alexandre et s’agenouilla pour lui proposer de le servir en tant que guerrier. Il se sentit obligé de justifier ce comportement sans doute peu orthodoxe. Pouvait-il penser qu’il essayait de le duper ? Il espérait bien que non, car sa parole de guerrier, n’était qu’une et il aurait préféré mourir que de rompre un serment donné. Certes, le protéger allait à contre-courant de ses projets de révoltes mais il savait désormais qu’il ferait tout pour ne pas impliquer le baron dedans pas plus qu’il n’utiliserait sa position pour abuser de sa confiance. Il n’était pas ce genre d’homme. Et tout vengeance, toute révolte qui soit, il ne voulait pas devenir ce genre de personne déshonorable. Eldred soutint son regard avec force avant qu’il ne lui intimât de se relever, présentant sa main métallique. Sans le quitter du regard, il glissa sa main, dans la sienne, glaciale et rigide, et la serra avec force et vigueur. Ce n’était pas un pacte entre un maitre et son esclave, mais entre deux hommes. Scellé comme il se devait : main dans la main, yeux dans les yeux.
Le zakrotien n’en avait pas espéré autant à vrai dire, et il n'avait pas imaginé un seul instant qu’il put se trouver honoré de la proposition qu'il lui avait faite. Il était touché de l'estime qu'il semblait lui porter et ce malgré son statut et ses origines.
Pour toute réponse, il inclina la tête. Il n’était pas vraiment du genre loquace et Dyonis avait parfaitement résumé. Il serait son informateur et son bouclier.
Même s’il devait en mourir.
- Puisque ma vie vous appartient désormais, autant que vous puissiez en faire bon usage. Je sais que vous n'auriez jamais osé me le demander. Alors c'est moi qui vous le propose. Sans arrière pensée aucune.
Il marqua un temps d'arrêt avant d'ajouter avec détermination
- Mon serment s'achèvera à ma mort.
Et la mort viendrait le cueillir quand elle l'aurait décidé. Il vivrait chaque jour jusque là aussi pleinement qu'il le pourrait. Servir Dyonis, était une façon de donner un sens à sa vie de guerrier, tout comme l'organisation de sa révolte donnait un sens à sa vie de prisonnier.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
- Spoiler:
- Comment ça je ne reçois les notifs de ce jeu que maintenant ?? °° Daaaaaamn, j’ai tellement à rattraper ! Mais les frissons, ralalaaaah~ ! C’est si solennel et si classe~ !
Petite info en passant Eldred, je ne suis plus vraiment sur Discord~>< Je ne sais pas quand j’y retournerai, mais pour l’instant, ce n’est pas exactement d’actualité…
Le plancher avait été si bien nettoyé que personne ne pourrait jamais croire que quelqu’un avait vomi ici. Avec les années, Aud était devenue une petite experte en ménage et nettoyage, et dans des moments comme celui-là, ça lui était désespérément utile. Une mauvaise odeur, quoique légère maintenant, continuait à persister… alors elle ouvrit les fenêtres, et attendit devant.
Au moins, pendant les travaux manuels, elle était tellement concentrée sur sa tâche qu’elle pouvait oublier pendant un bref instant toutes ces pensées. Mais maintenant qu’elle se retrouvait encore dans l’attente, ça revenait. Les mots d’Alexandre, les pensées sombres au creux de sa tête, tout…
Il avait raison, tu le sais Aud. Tu n’as fait qu’empirer les choses.
Non ! Bien sûr que non ! Je n’y suis pour rien, il était déjà fou, Eldred me l’a dit !
Eldred ne connaissait pas ton maître avant toi, il ne peut pas savoir. Toi tu sais, tu étais là.
Des gens sont morts et ont souffert à cause de toi. Tu as eu tendance à l’oublier, ces dernières semaines.
Des gens sont morts et ont souffert à cause de toi. Tu as eu tendance à l’oublier, ces dernières semaines.
J-Je… Je n’ai pas oublié…
Tu vois leurs visages ? Tu ferais mieux de les remémorer.
Tu les as détruits, et ils ne vont certainement pas t’oublier, eux.
Tu les as détruits, et ils ne vont certainement pas t’oublier, eux.
Je ne voulais pas… Je n’ai jamais voulu… J’ai cru aider… !
Ton aide les a tués. Tu as alimenté la folie de ton maître.
Porte donc ton fardeau au lieu d’accuser un défunt à ta place.
Porte donc ton fardeau au lieu d’accuser un défunt à ta place.
Elle inspira longuement, la poitrine tremblante, se retenant d’encore craquer. Ou pire, de pleurer. Elle avait du travail maintenant, et heureusement, le domaine de Frenn était assez grand pour s’occuper toutes les heures de la journée. Peut-être même la nuit également.
« Les marches. » se rappela-t-elle soudainement. « Les marches de l’escalier nord. Elles doivent être nettoyées ! »
C’était bien. C’était un bon commencement ! Reprenant le sceau qu’elle avait utilisé pour nettoyer le plancher ainsi que ses outils, la jeune fille se dirigea vers l’extérieur, trouver le puit, changer l’eau puis revenir dans l’aile Nord. Finalement c’était une bonne chose, elle devait s’occuper de ces escaliers aujourd’hui. Elle prenait juste un petit peu d’avance, voilà tout. Ce n’était pas comme si son était s’était réellement aggravé finalement. Il ne faudrait pas que son maître et Eldred ne s’inquiète pour rien… Ils avaient déjà tant à faire, tous les deux.
Aud- Esclave domestique
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Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
- Spoiler:
- Oh merciiiii ! Oui quelle scène ! J'avait une musique épique dans la tête en l'écrivant et en lisant les posts d'Eldred par moments. Maintenant, il est temps d'aller retrouver Aud
Dyonis est ébranlé par la terrible scène qu'ils viennent tous de vivre. Son visage encore fermé n'est donc pas vraiment à la hauteur de l'émotion qu'il ressent en vérité, à recevoir la confiance d'une personne aussi digne qu'Eldred. Peu à peu, la fatigue et la fragilité que le baron venait de laisser apparaître s'estompent. Il retrouve sa stature. Sûrement parce qu'à présent, le pacte est scellé et il sait qu'il peut compter sur le Zakrotien. Tout comme, espère-t-il, le guerrier peut savoir qu'il pourrait dorénavant se confier comme il le souhaitait à son maître.
"Je l'espère. Je te remercie." Très sobre, encore une fois. Mais sincère. Il y a dans Braktenn tellement de gens qui ne vont pas manquer de rappeler à Dyonis ses fautes et les lui faire payer (Thierry en premier lieu...) que ça lui fait drôle d'entendre quelqu'un dire que l'on peut si aisément effacer le passé. Lui aussi aimerait bien croire dans ce que dit le Zakrotien. "Oui. Puissé-je me montrer meilleur dans le futur. Et même..." Il reste songeur et ajoute : "commencer à penser à une façon de rendre leur dû à ceux que j'ai lésés." La confidence est sortie toute seule. Alexandre et Tristan bien sûr. Il ne les a pas nommés, mais c'est bien à eux (deux innocents) qu'il doit quelque chose. Et verbaliser ça, c'est prendre Eldred à témoin en quelque sorte, pour qu'après lui-même ne puisse pas reculer : ce qui est dit, est dit.
Après le geste d'allégeance d'Eldred et leur poignée de main, Dyonis suit du regard le guerrier qui se relève et garde ses yeux dans les siens. Le moment est solennel. C'est celui d'un serment. Alors Dyonis respecte cette gravité par son silence et hoche gravement la tête après la promesse du guerrier : la fin de son allégeance ne serait que le moment de sa mort. C'est au baron désormais d'en être digne. Enfin, il reprend : "Puisqu'une telle promesse nous lie, je tiens à ce que tu sache qu'en retour, tu peux avoir un entière confiance en moi. Pour venir me parler de ce que tu le souhaites dès que tu en as besoin. Que ce soit pour toi, pour... Aud..." (il vient d'ajouter soudain en se rappelant de la jeune fille : et il a bien vu la relation fusionnelle qui est née entre les deux Zakrotiens : Aud ne pouvait pas tomber sur meilleur frère.) "...ou pour quelque autre motif." Eldred est un homme sage et digne : Dyonis sait qu'il n'abuserait pas de ça.
D'avoir parlé de Aud ramène le baron aux urgences qui pointent maintenant. Où est passée la jeune fille ? Pourvu qu'elle aille bien... Ou le moins mal possible après ce qu'elle venait d'entendre. Tout ce que ça devait remuer en elle... Le seigneur de Frenn devait absolument lui parler. Il se retourne vers Eldred après avoir suivi ses pensées quelques secondes et ordonne : "A présent allons voir Aud." Et ensemble. Dyonis pense que cela pourrait réconforter l'adolescente, de voir qu'en cet instant le seigneur venait la voir autrement que comme son maître, mais comme sur quelqu'un sur qui elle pourrait compter aussi, et quelqu'un qui venait en appui sincère de son "frère". Car ils avaient le même souhait sûrement pour elle : qu'elle se remette, qu'elle apprivoise ses démons. Et le chemin serait long.
D'un signe, Dyonis indique au Zakrotien de l'accompagner. Il s'engage dans un couloir non loin, puis dans un autre où il sait que la demoiselle serait passée pour prendre les outils de ménage : le noble connaît désormais assez bien la jeune Zakrotienne pour se douter que, très consciencieuse comme elle l'est, elle aurait continué son travail et serait donc passée par là pour prendre les équipements nécessaire. Mais il n'y a personne, elle est déjà partie à une autre tâche probablement. Alors Dyonis arrête ici et là quelques employés sur le chemin de leurs travaux. Il demande s'ils ont vu Aud. On s'incline, on répond avec déférence à ses questions. Les uns ne peuvent pas l'orienter davantage. Les autres par contre confirment avoir croisé de loin l'adolescente : elle est partie nettoyer les escaliers de l'aile Nord.
Sans perdre de temps, le baron emprunte le chemin qui les y conduira. Aud est là, affairée, très concentrée. Dynis hésite. Un court instant, il hoche la tête de gauche à droite comme dépité, à deviner que la Zakrotienne ne s'était donc même pas autorisé le repos que le maître lui avait pourtant octroyé après son début de malaise. Il adresse un regard à Eldred, puis s'avance vers Aud, qui est de dos. Très doucement, il pose sa main métallique sur son épaule - il ne souhaite pas l'effrayer. Quand elle se sera retournée vers lui et son camarade esclave, Dyonis esquissera un sourire. "Laisse donc ceci pour l'instant. J'ai demandé à ce que tu prennes de quoi t'apaiser et que tu te reposes. Et j'y tiens." (Un temps) "Suis-nous. Nous allons discuter."
Il prend la direction d'un petit salon confortable dans l'aile Nord. Aussi confortable en tout cas qu'on puisse le dire chez le seigneur de Frenn. Il désigne deux sièges à Eldred et Aud. Puis Dyonis sonne une clochette et demandera à la femme de charges qui se présentera : "Une boisson chaude. A la camomille. Avec une pointe de citron." On dit ce mélange bon contre les nausées. D'ailleurs il espère qu'entre sa sortie et maintenant, la demoiselle n'a pas vomi.
Le châtelain va s'installer près des deux Zakrotiens. Il plonge son regard dans les yeux noisette de la jeune fille : "Aud, je souhaite vraiment que tu entendes ceci, et Eldred le souhaite sûrement tout autant que moi : tu n'es. En rien. Coupable de ce qui est arrivé dans le château de Rottenberg. Et tu ne dois aucunement prendre pour argent comptant ce qu'a dit ce garçon tout à l'heure. Lui-même a reconnu l'absurdité de son raisonnement. Cet... individu chez qui tu as servi, il aurait pu être Monbrinen, Iswylan, Hoyoïte, il aurait pu être n'importe quoi, esclave, noble, roturier... tu as simplement eu le malheur de tomber sur un très grand malade comme il s'en fait rarement." (Un temps. Il baisse les yeux sur ses prothèses croisées sur ses jambes, presque navré de remuer encore tout ça chez Aud, mais à un moment donné il faut dire clairement les choses. Se redressant, il achève, en regardant Eldred) "Nous souhaitons tous deux t'aider à te libérer de tout cela. Monsieur Wagner aussi. Je pense ne pas me tromper en disant que tu peux compter sur nous trois. Je sais que ce sera long. Difficile. Je me doute aussi que ces démons ne partiront jamais complètement, mais au moins qu'ils n'aient pas le pouvoir de te faire te retourner contre toi-même. Tu ne le mérites pas. Tu vaux... tellement mieux. Tu es forte. Et valeureuse en bien des façons."
Silence. Jamais Dyonis n'a autant parlé à une esclave (et encore moins de cette façon proche et élogieuse) ! Rarement dans sa vie a-t-il autant parlé tout court. Mais il pense sincèrement tout ce qu'il a prononcé et se sent un véritable attachement pour Aud. C'est à ce moment que la bonne revient avec un petit plateau et la boisson que Dyonis a demandé. Il lui fait signe de déposer le tout sur la petite table juste à côté de la Zakrotienne. Un peu étonnée, la femme de charges s'exécute, adresse un regard quand même interloqué sur cette drôle de réunion entre le châtelain et deux esclaves assis, puis se retire.
Re: [22 Novembre 1597] L'esclave rapporteur
Eldred écouta les confidences (remords ?) du baron sans commenter d’avantage. Une fois son serment prononcé, il s'étonna par la proposition de Dyonis. Venir lui parler ? Quand il le souhaitait ? De ce qu’il le voulait ? Le zakrotien haussa les sourcils surprit avant d’incliner respectueusement la tête.
- Je vous remercie Messire. Cela me touche profondément. Je vous promets d’en faire bon usage. Aud est comme une petite sœur pour moi.
Dyonis avait raison, il fallait retrouver Aud désormais. Aud qui ne s’était certainement pas exécutée. Il l’avait quand même surpris au beau milieu de la nuit en train de fouiller la réserve pour s’occuper ! Il emboita donc le pas du baron à travers le dédale de coursives du château. Où était-elle passée ? C’est au pied de l’escalier nord qu’ils la dénichèrent affairée à astiquer les marches de pierres. Pourquoi ne pouvait-elle pas se reposer y compris lorsqu’on le lui ordonnait, elle qui était si docile ? Le pauvre baron semblait perdu. Eldred, lui préféra rester en retrait un instant même s’il avait terriblement envie de courir pour aller la serrer dans ses bras.
Contre tout attente, c’est vers un salon qu'ils furent conduits. Un salon dans lesquelles, il leur fut demandé de s’asseoir. C’était la première fois qu’il testait le mobilier du château. Rustique certes, mais c’était toujours mieux que ce qu’il avait à Zakros. Sans attendre d’avantage, sa main partit chercher celle d’Aud pour la serrer entre ses doigts.
Je suis là Aud. Je suis là semblait-il dire silencieusement alors que le baron parlait, parlait et parlait encore. Lui qui était pourtant adepte des phrases courtes. Si sa main serrait celle d’Aud, son regard était d’ailleurs entièrement concentré sur le noble. Il acquiesça silencieusement sans un bruit à plusieurs reprises.
Il était particulièrement étonné de l’entendre parler ainsi, si librement et si affectueusement. Mais il fallait croire qu’aujourd’hui n’était pas un jour ordinaire. Et rien qu’à voir la tête de la femme qui venait d’effectuer le service, il vit bien que cela en étonnait plus d’un. Il espérait juste que cela n’entrainerait pas de jalousie à l’égard d’Aud de la part des autres esclaves et domestiques…
- Je vous remercie Messire. Cela me touche profondément. Je vous promets d’en faire bon usage. Aud est comme une petite sœur pour moi.
Dyonis avait raison, il fallait retrouver Aud désormais. Aud qui ne s’était certainement pas exécutée. Il l’avait quand même surpris au beau milieu de la nuit en train de fouiller la réserve pour s’occuper ! Il emboita donc le pas du baron à travers le dédale de coursives du château. Où était-elle passée ? C’est au pied de l’escalier nord qu’ils la dénichèrent affairée à astiquer les marches de pierres. Pourquoi ne pouvait-elle pas se reposer y compris lorsqu’on le lui ordonnait, elle qui était si docile ? Le pauvre baron semblait perdu. Eldred, lui préféra rester en retrait un instant même s’il avait terriblement envie de courir pour aller la serrer dans ses bras.
Contre tout attente, c’est vers un salon qu'ils furent conduits. Un salon dans lesquelles, il leur fut demandé de s’asseoir. C’était la première fois qu’il testait le mobilier du château. Rustique certes, mais c’était toujours mieux que ce qu’il avait à Zakros. Sans attendre d’avantage, sa main partit chercher celle d’Aud pour la serrer entre ses doigts.
Je suis là Aud. Je suis là semblait-il dire silencieusement alors que le baron parlait, parlait et parlait encore. Lui qui était pourtant adepte des phrases courtes. Si sa main serrait celle d’Aud, son regard était d’ailleurs entièrement concentré sur le noble. Il acquiesça silencieusement sans un bruit à plusieurs reprises.
Il était particulièrement étonné de l’entendre parler ainsi, si librement et si affectueusement. Mais il fallait croire qu’aujourd’hui n’était pas un jour ordinaire. Et rien qu’à voir la tête de la femme qui venait d’effectuer le service, il vit bien que cela en étonnait plus d’un. Il espérait juste que cela n’entrainerait pas de jalousie à l’égard d’Aud de la part des autres esclaves et domestiques…
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