[25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
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Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
Cassandre se remettait peu à peu du fou rire que l'histoire de Sylvère venait de leur conter. Achille la commenta pour sa part d'une phrase mystérieuse mais dont elle comprit cette fois la référence. Elle avait vu une fois un spectacle de rues dans lequel les comédiens rejouaient le mythe du Minotaure vaincu par Thésée puis de la colère qui emprisonna Dédale et son fils avant que ceux-ci ne réussissent à s'évader par la voie des airs jusqu'au moment où le garçon, dans un élan de stupidité, oubliait les conseils de son père et se grille les ailes. Il y avait des ressemblances. Cet usurpateur avait voulu s'élever haut dans la noblesse monbrinienne mais avait fini par chuter lui aussi de manière pitoyable.
Sylvère rebondit sur sa remarque et révéla de nouvelles idioties au sujet d’Alexandre. Elle soupira.
"Non mais Alexandre est plus bête qu'un enfant de quatre ans. Non mais cet idiot... Quand j'ai rencontré Achille dans une taverne, il n'avait rien trouvé de mieux qu'à crier bruyamment son identité. Et puis... Quand je l'ai amené au Lupanar, j'avais fini par lui dire que c'était un piège, qu'il fallait mieux fuir et que toute manière son ami était mort. Mais cet idiot y a quand même été !"
La conversation redevint plus sérieuse et porta sur la possibilité de soustraire des renseignements à la grosse merde graisseuse qui vendait de la viande humaine vivante. Achille rappelait sa méfiance et sa cupidité. Cette saleté d'outre ne donnerait pas d'informations à une misérable esclave, même bien habillée. Il n'aimait que les nobles, bien fortunés. Elle cracha son mépris dans l'herbe. Eldred aussi confirmait qu'elle ne pouvait y aller seule puis Sylvère proposait de s'y rendre déguisés. ce serait une meilleure idée. Mais Cassandre n'avait plus envie de la faire cette mission. Elle murmura d'une voix presque éteinte :
"Je... Je crois que je vais passer. C'est mieux que j'y aille pas. me retrouver devant ce gros tas de merde, parler à ce gros tas de merde... La seule chose que j'aurai vraiment en tête devant lui, c'est lui faire une autre cicatrice à la main. Et encore. C'est pas une morsure que j'ai envie. Je crois que je préférerai lui mettre un coup de poignard dans le vide et le voir se vider lentement de son sang. Et de le voir gueuler comme un cochon qu'on vient de saigner."
Sa voix restait étonnamment basse. Elle vomissait de manière froide, presque glaciale, toute cette haine et cette rancœur que ce maudit pays lui avait donné. Cassandre réussit à s'en extraire en entendant Achille évoquer les origines de Hyriel et ses amis. elle retrouva son sourire enjouée, renouant avec la joie et l'entrain d'évoquer à nouveau les talents du sorcier.
"Hyriel, c'est un grand sorcier, hein ! Il sait tout faire ! C'est pas quelques soldats qui lui feraient peur, pardi !"
La suite de leur conversation portait à nouveau sur les moyens de transmettre les idées d'Achille au monde et d'en persuader le plus de personnes que possible. Elle restait extérieur à cela, ayant du mal à s'immerger dans ce combat-ci. Les idées littéraires lui étaient abstraites. Pourtant, même Eldred qui ne savait pas lire y semblait sensible. Ce dernier suggérait de trouver un noble qui partagerait leurs idées et pourrait financer l’imprimerie de leurs tracts. Elle fit une grimace, dubitative. Quel aristocrate accepterait de soutenir leur révolte ? Ce serait scier la belle branche sur laquelle ils étaient assis ! Les princes d'équité, ces gens-là s'en moquaient bien, enfermés dans leurs châteaux confortables, éloignés de la vie miséreuse du peuple.
Cassandre eut un moment d'hésitation avant de répondre quand Achille la corrigea sur le fait que tous les religieux n'étaient des manipulateurs. Elle n"avait pas envie de laisser éclater cette colère qui brûlait ses entrailles et remontrait à ses paroles. Pourtant, un souvenir terrible la prenait. Elle s'éloigna et allait cueillir, dans un léger saut, une pomme sauvage qui pendait à une branche. Le fruit dans sa paume, elle le contempla avec aigreur. Le visage de ce prêtre revenait inlassablement, accompagnés de ses mots méprisables.
Cassandre finit par donner une question rhétorique, la pomme dans sa paume tendue.
"Vous aimez les pommes ?"
Ses doigts se resserrèrent autour du fruit rouge.
"Moi, je les déteste depuis le jour où un soldat m'a arrêté car j'en ai volé une à marchand alors que j'étais en train de mourir de faim. Au tribunal, il y a eu un religieux. Il a eu une intervention... intéressante. Comment a-t-il dit déjà ? Ma mémoire a tant de mal à se souvenir. Ah oui ! Voyez-vous, cette enfant, cette créature née d'Eve, est vouée à apporter le mal. pour preuve, elle a saisi dans sa main censée être innocente le fruit défendu, comme le fit Eve bien avant elle. Rien de bon n'arrivera d'elle si elle reste libre, si sa conscience n'est par guidée par quelqu'un de bien."
Au travers de sa voix aux accents enfantins, Cassandre mimait les intonations masculines et effrayantes de ce prêtre qui l'avait dénigré à ce procès ridicule. Il avait récité bêtement ses psaumes, incapable de comprendre ce que cela faisait de mourir de faim.
"Quel bel exemple que ce curé, n'est-ce pas? C'est vrai, j'étais en perdition, comme on dit, et quel beau moyen que bien m'élever que de me vendre à un Lupanar !"
La main serrée autour de la pomme, Cassandre la lança vers un arbre et la contempla s'écraser sur le tronc.
"Qu'il aille crever chez le Diable celui-là aussi !"
Cassandre s'adossa dans un soupir au tronc derrière et laissa la conversation se poursuivre un peu. Elle se sentait lasse après avoir évoqué cette rancœur venue du passé. elle retrouva de l’intérêt quand Achille vint raisonner sur la foi et lui confier des choses qui se rapprochaient un peu de ce qu'elle pensait croire.
"Oui... J'aime ça l'idée du divin, quelque chose qu'on ne peut pas vraiment sentir, qu'on ne peut pas connaitre... il y a quelque chose mais qui n'intervient pas directement. Ou alors par l’intermédiaire des Saints. La morale, la justice.. Tout ça, ce sont des règles qu'on invente, oui, mais qu'on peut facilement retourner. Comme les curés qui sont pas censés avoir de femme... Mais y en a un paquet qui visitent les bordels ! Si je le voulais, je pourrais dresser une liste complète de tous les religieux que j'ai aperçu pendant deux ans visiter les filles ! Et après le lendemain, quand ils croisaient ces mêmes filles dans la rue ils faisaient la morale sur leur vie prétendument perdue !"
Sylvère ajoutait lui aussi sa vision personnelle de la foi et Cassandre sourit.
"Moi, je trouve ça cohérent. C'est vrai, quoi, même si on remercie Dieu pour un repas, c'est pas lui qui l'a apporté concrètement dans notre assiette. Ce sont nos efforts à nous. C'est comme le jeûne... a quoi ça sert de jeûner ? D'où ça rapproche du Ciel ? D'où ça te rend meilleur ? Tu affaiblis juste ton corps et tu deviens fragiles aux maladies ! Je ne sais pas qui a inventé cette règle du jeûne mais il devait être plus bête que le cul d'un troll, tiens !"
Sylvère rebondit sur sa remarque et révéla de nouvelles idioties au sujet d’Alexandre. Elle soupira.
"Non mais Alexandre est plus bête qu'un enfant de quatre ans. Non mais cet idiot... Quand j'ai rencontré Achille dans une taverne, il n'avait rien trouvé de mieux qu'à crier bruyamment son identité. Et puis... Quand je l'ai amené au Lupanar, j'avais fini par lui dire que c'était un piège, qu'il fallait mieux fuir et que toute manière son ami était mort. Mais cet idiot y a quand même été !"
La conversation redevint plus sérieuse et porta sur la possibilité de soustraire des renseignements à la grosse merde graisseuse qui vendait de la viande humaine vivante. Achille rappelait sa méfiance et sa cupidité. Cette saleté d'outre ne donnerait pas d'informations à une misérable esclave, même bien habillée. Il n'aimait que les nobles, bien fortunés. Elle cracha son mépris dans l'herbe. Eldred aussi confirmait qu'elle ne pouvait y aller seule puis Sylvère proposait de s'y rendre déguisés. ce serait une meilleure idée. Mais Cassandre n'avait plus envie de la faire cette mission. Elle murmura d'une voix presque éteinte :
"Je... Je crois que je vais passer. C'est mieux que j'y aille pas. me retrouver devant ce gros tas de merde, parler à ce gros tas de merde... La seule chose que j'aurai vraiment en tête devant lui, c'est lui faire une autre cicatrice à la main. Et encore. C'est pas une morsure que j'ai envie. Je crois que je préférerai lui mettre un coup de poignard dans le vide et le voir se vider lentement de son sang. Et de le voir gueuler comme un cochon qu'on vient de saigner."
Sa voix restait étonnamment basse. Elle vomissait de manière froide, presque glaciale, toute cette haine et cette rancœur que ce maudit pays lui avait donné. Cassandre réussit à s'en extraire en entendant Achille évoquer les origines de Hyriel et ses amis. elle retrouva son sourire enjouée, renouant avec la joie et l'entrain d'évoquer à nouveau les talents du sorcier.
"Hyriel, c'est un grand sorcier, hein ! Il sait tout faire ! C'est pas quelques soldats qui lui feraient peur, pardi !"
La suite de leur conversation portait à nouveau sur les moyens de transmettre les idées d'Achille au monde et d'en persuader le plus de personnes que possible. Elle restait extérieur à cela, ayant du mal à s'immerger dans ce combat-ci. Les idées littéraires lui étaient abstraites. Pourtant, même Eldred qui ne savait pas lire y semblait sensible. Ce dernier suggérait de trouver un noble qui partagerait leurs idées et pourrait financer l’imprimerie de leurs tracts. Elle fit une grimace, dubitative. Quel aristocrate accepterait de soutenir leur révolte ? Ce serait scier la belle branche sur laquelle ils étaient assis ! Les princes d'équité, ces gens-là s'en moquaient bien, enfermés dans leurs châteaux confortables, éloignés de la vie miséreuse du peuple.
Cassandre eut un moment d'hésitation avant de répondre quand Achille la corrigea sur le fait que tous les religieux n'étaient des manipulateurs. Elle n"avait pas envie de laisser éclater cette colère qui brûlait ses entrailles et remontrait à ses paroles. Pourtant, un souvenir terrible la prenait. Elle s'éloigna et allait cueillir, dans un léger saut, une pomme sauvage qui pendait à une branche. Le fruit dans sa paume, elle le contempla avec aigreur. Le visage de ce prêtre revenait inlassablement, accompagnés de ses mots méprisables.
Cassandre finit par donner une question rhétorique, la pomme dans sa paume tendue.
"Vous aimez les pommes ?"
Ses doigts se resserrèrent autour du fruit rouge.
"Moi, je les déteste depuis le jour où un soldat m'a arrêté car j'en ai volé une à marchand alors que j'étais en train de mourir de faim. Au tribunal, il y a eu un religieux. Il a eu une intervention... intéressante. Comment a-t-il dit déjà ? Ma mémoire a tant de mal à se souvenir. Ah oui ! Voyez-vous, cette enfant, cette créature née d'Eve, est vouée à apporter le mal. pour preuve, elle a saisi dans sa main censée être innocente le fruit défendu, comme le fit Eve bien avant elle. Rien de bon n'arrivera d'elle si elle reste libre, si sa conscience n'est par guidée par quelqu'un de bien."
Au travers de sa voix aux accents enfantins, Cassandre mimait les intonations masculines et effrayantes de ce prêtre qui l'avait dénigré à ce procès ridicule. Il avait récité bêtement ses psaumes, incapable de comprendre ce que cela faisait de mourir de faim.
"Quel bel exemple que ce curé, n'est-ce pas? C'est vrai, j'étais en perdition, comme on dit, et quel beau moyen que bien m'élever que de me vendre à un Lupanar !"
La main serrée autour de la pomme, Cassandre la lança vers un arbre et la contempla s'écraser sur le tronc.
"Qu'il aille crever chez le Diable celui-là aussi !"
Cassandre s'adossa dans un soupir au tronc derrière et laissa la conversation se poursuivre un peu. Elle se sentait lasse après avoir évoqué cette rancœur venue du passé. elle retrouva de l’intérêt quand Achille vint raisonner sur la foi et lui confier des choses qui se rapprochaient un peu de ce qu'elle pensait croire.
"Oui... J'aime ça l'idée du divin, quelque chose qu'on ne peut pas vraiment sentir, qu'on ne peut pas connaitre... il y a quelque chose mais qui n'intervient pas directement. Ou alors par l’intermédiaire des Saints. La morale, la justice.. Tout ça, ce sont des règles qu'on invente, oui, mais qu'on peut facilement retourner. Comme les curés qui sont pas censés avoir de femme... Mais y en a un paquet qui visitent les bordels ! Si je le voulais, je pourrais dresser une liste complète de tous les religieux que j'ai aperçu pendant deux ans visiter les filles ! Et après le lendemain, quand ils croisaient ces mêmes filles dans la rue ils faisaient la morale sur leur vie prétendument perdue !"
Sylvère ajoutait lui aussi sa vision personnelle de la foi et Cassandre sourit.
"Moi, je trouve ça cohérent. C'est vrai, quoi, même si on remercie Dieu pour un repas, c'est pas lui qui l'a apporté concrètement dans notre assiette. Ce sont nos efforts à nous. C'est comme le jeûne... a quoi ça sert de jeûner ? D'où ça rapproche du Ciel ? D'où ça te rend meilleur ? Tu affaiblis juste ton corps et tu deviens fragiles aux maladies ! Je ne sais pas qui a inventé cette règle du jeûne mais il devait être plus bête que le cul d'un troll, tiens !"
Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
Jérémie ne s'attendait pas à entendre, au sujet du marchand d'esclaves, l'injure qui sortit des lèvres d'Eldred. Celle-ci cependant était aussi savoureuse que légitime et arracha un rire au fuyard. Il s'amusa autant de s'imaginer Alexandre couvrir Hyriel de compliments et être sujet d'une rapine. Le béquilleux ne lui avait pas laissé non plus un souvenir impérissable, ainsi que le rappelait Cassandre : en pleine taverne, l'imbécile l'avait interpellé et s'était évertué à faire connaître sa situation servile alors qu'il venait de s'évader. Sans compter ces pauvres jumelles siamoises, à la cuisse desquelles Alexandre avait porté la main sans gêne au nom de sa curiosité !
Ils semblèrent tomber d'accord sur l'idée d'envoyer au négoce quelqu'un d'autre que Cassandre - ou du moins, pas Cassandre toute seule. Se déguiser eux-même en nobles, suggérait Sylvère ? Le front soucieux de Jérémie se plissa, il enfouit son menton dans sa main osseuse.
-- Très audacieux. Mais là encore, je redoute le pire. Greeglocks connaît ses riches clients, et quasiment tous les noms de Grands de la capitale. Même de Monbrina. Le chien se protège, voyez-vous, de toute tentative de sabordage de ses affaires. Je maintiens qu'il faudrait un véritable aristocrate avec nous. (Un temps, surpris par l'histoire de Cassandre) Tu as mordu Greeglocks ? Eh bien ! Mes compliments, vaillante guerrière. Voilà une marque dont il gardera mémoire. (puis, plus sérieux) Mais je comprends que tu redoutes ce que toi-même tu aurais envie de faire, si tu te retrouvais à nouveau face à lui. Non. Il ne faut pas que tu y ailles.
Son sourire lui revint en entendant la fillette si enjouée à faire un tel éloge du "grand sorcier". Cette estime constituait un signe de plus que cet homme se positionnait plutôt du côté des esclaves et autres victimes d'injustice. En tant que personne infirme, Jérémie imaginait du reste fort bien ce le lot d'injures et de rejets avec lequel il devait composer.
-- Je n'ai aucun doute sur ses pouvoirs. Malgré tout, il doit lui aussi faire preuve d'autant de prudence que nous autres. Surtout si, de ce que je déduis, il n'est pas Monbrinien. Pas non plus esclave. Présent, donc, sur le territoire comme clandestin, nota-t-il, se souvenant de la rectitude des douaniers et du fait qu'on ne laissait pas entrer un étranger à Monbrina sans un passeport signé et une bonne raison fournie aux autorités.
L'enthousiasme qu'exprimait Eldred à l'idée de ses démonstrations imprimées toucha Jérémie... mais l'effraya presque autant. Et si cela ne fonctionnait pas au niveau des espérances du Zakrotien... ni même de celles du Torrès ? L'échec le terrifiait. Il ne s'agirait pas de mettre en branle un tel plan pour rien. Alors oui, il leur fallait un allié de poids pour répandre le document dans la noblesse et même dans les villages.
-- Ce sont des colporteurs qui se rendent dans les campagnes, ou encore des crieurs publics qui annoncent les grandes actualités de l'Empire, les décrets, les avis de recherche. Parfois aussi, ils distribuent des documents aux quelques lettrés de ces bourgs, avec charge à eux de les faire ouïr. Je suis certain qu'une personne influente saurait payer un colporteur ou un crieur public pour une mission de cette nature. (Un temps) Mais auriez-vous un nom en tête ? Un aristocrate prêt à embrasser des idées aussi diamétralement opposées à celles qu'il s'est toujours vu enseigner ?
Quand le sujet revint aux croyances, Jérémie sourit à la réponse de Sylvère. D'un sourire de véritable estime qui n'avait rien de méprisant. Au contraire, y logeait une admiration pour ce que lui-même avait un peu perdu : le goût de cette vie, l'accueil solaire de chaque jour et de son lot de surprises. Ses années d'esclavage l'avaient déjà érodé comme s'il avait bien plus que ses dix-neuf ans. Il s'abîmait aussi trop souvent, telle une coque rugueuse bringuebalée par les vagues, dans son flot de pensées caverneuses. Un instant, Sylvère lui rappela Aud. A elle aussi, il avait promis de retrouver le goût des choses. La lumière et la force tranquille qui se dégageaient de cette jeune Zakrotienne l'avait frappé.
-- Belle philosophie, répondit-il donc en se tournant vers Sylvère. Il est un adage qui dit aussi "Amor Fati" : aime ton destin, aussi rude peut-il être, aime-le pour ce qu'il t'apporte aussi de radieux au milieu des épreuves. Regarde-le en face et prends-le à bras le corps. J'essaie de plus en plus d'y souscrire. Et de saluer les bonnes choses qui se trouvent sur notre route, comme dans cette forêt. (Un temps) Si divinité il y a, j'aime à croire qu'elle est aussi dans toutes ces choses que nous avons à portée de main, qu'elle se régénère comme la nature et existe en elle, par les causes et les effets à l'origine de ces phénomènes.
Intrigué, il suivit Cassandre du regard jusqu'à cet arbre où elle cueillit une pomme. Jérémie ne répondit pas à sa question, attendant de suivre son raisonnement. Il vit rapidement où elle voulait en venir. Il poussa un soupir, désolé une fois encore pour tout ce qu'avait subi cette petite. Approchant d'elle, le fugitif porta une main amicale à son épaule. Il entreprit de lui expliquer certains points, espérant qu'en les méditant, l'enfant parviendrait à davantage de sérénité :
-- Tu confirmes bien ce que je disais. Ce curé-ci est un sot. D'abord, il faut savoir que presque toutes les mythologies ont leur figure de femme malfaisante, et que malheureusement des hommes s'en servent pour justifier le pire. Chez nous, c'est Ève et sa pomme. Pour les Grecs et les Romains, c'était Pandore ouvrant par curiosité la boîte qui déversa tous les malheurs sur le monde, ou encore Circée, ou Médée... Tirer d'un mythe cette morale que l'on t'a servi, c'est faire preuve de stupidité. C'est ne pas comprendre que ces histoires sont écrites par des humains, avec les imperfections et les biais de pensée qui sont les nôtres. Et écrits dans un certain contexte. Contexte avec lequel il faut prendre du recul. Après, il y a la question des textes sacrés présentés comme directement dictés par Dieu, c'est le cas par exemple du Coran pour les Mahométans... tandis que nous autres pensons que la Bible est inspirée par la foi mais que ses mots restent humains... (sourire gêné, se rendant soudain compte qu'il allait céder à son démon des associations d'idées en cascade) mais pardon je crois que je m'égare loin.
Il se pinça la lèvre et sourit à l'idée que la petite se faisait elle aussi du divin. De l'invisible et insaisissable. Une forme impossible à décrire mais qui générait la vie.
-- Il faut des règles, il faut des lois. Une société ne tient pas sans elles. Tout l'enjeu est de les rendre cohérentes avec son mode de vie et avec les exigences de son temps. Ces prêtres que tu cites devraient se rappeler qu'ils ne "devraient jeter la première pierre que si eux-mêmes n'avaient jamais péché". (Un temps, puis cherchant à répondre à sa question) Le jeûne peut être une pratique spirituelle intéressante. Pour se rappeler à la modération, et du moment qu'il ne tombe pas dans la mortification ! Et même pour le corps, il arrive de pratiquer un jeûne thérapeutique afin de se réguler à nouveau de trop longues périodes d'excès. Cela doit cependant être consenti. Mûrement réfléchi en son âme et conscience libre. Certainement pas imposé à un enfant, ou à un esclave, ou à autrui quel qu’il soit. Que chacun balaie devant sa porte.
Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
Eldred écoutait avec plus ou moins d’attention les uns et les autres, lorsque l’intervention de Cassandre sur son expérience maraichère lui arracha un violent rire caverneux.
- Et depuis quand on ne peut plus manger les pommes que l’on achète ? Je suis sûr que cette cervelle de rat fangeuse, mange des tourtes aux pommes cuisinées par une femme…
L’absurdité de cette religion lui passait au-dessus. Officiellement Zakros était converti, officiellement on l’avait baptisé, officieusement il n’avait jamais rien fait d’autres que de prononcer quelques paroles vide de sens tout en vénérant les Vrais Dieux.
Du suc du jusquiame noire au délicieux goût mielleux, voilà ce que c’est. De quoi prodiguer un long sommeil.
Le zakrotien arracha une herbe jaunie qu’il commença à machouiller et s’installa dans l’herbe, en écoutant distraitement ce débat qui ne l’intéressait pas. Lorsque chacun eut terminé, il se redressa, jeta la tige, se frotta les mains et récapitula :
- Achille, tu vas poursuivre l’écriture. Nous verrons par la suite comment diffuser.
Il se tourna ensuite vers Sylvère et Charlotte :
- Il faudra informer les personnes mentionnées. On oublie Ingvar pour le moment. On le trouvera quand l’heure sera venue. Enfin le noble. On va tous ouvrir, nos yeux et nos oreilles pour trouver ce trésor de draugr qui pourra participer à notre projet. Mais il va falloir être prudent. Tomber sur la mauvaise personne et on tombera tous….
Quant à lui, il avouerait à Aud ce qu’il faisait, dès qu’il le jugerait opportun. Des nobles qu’ils avaient croisé jusqu’à présent, aucun ne lui semblait pouvoir endosser ce rôle crucial.
- Quant à moi j'ouvrirai mes yeux et mes oreilles pour vous informer de ce que j'apprends chez le Premier Conseiller.
Etre esclave chez le baron n'était en effet pas sans intérêt. Sans parler de son apparente docilité qui lui conférer une certaine confiance. Pour autant, il n'était pas sûr de pouvoir un jour trahir cet homme dont il respectait tant les valeurs. Il aurait tellement préféré le voir embrasser leur cause. Mais c'était là, absolument inenvisageable et il n'y avait guère qu'un esprit de kraken pour imaginer l'inverse.
- Et depuis quand on ne peut plus manger les pommes que l’on achète ? Je suis sûr que cette cervelle de rat fangeuse, mange des tourtes aux pommes cuisinées par une femme…
L’absurdité de cette religion lui passait au-dessus. Officiellement Zakros était converti, officiellement on l’avait baptisé, officieusement il n’avait jamais rien fait d’autres que de prononcer quelques paroles vide de sens tout en vénérant les Vrais Dieux.
Du suc du jusquiame noire au délicieux goût mielleux, voilà ce que c’est. De quoi prodiguer un long sommeil.
Le zakrotien arracha une herbe jaunie qu’il commença à machouiller et s’installa dans l’herbe, en écoutant distraitement ce débat qui ne l’intéressait pas. Lorsque chacun eut terminé, il se redressa, jeta la tige, se frotta les mains et récapitula :
- Achille, tu vas poursuivre l’écriture. Nous verrons par la suite comment diffuser.
Il se tourna ensuite vers Sylvère et Charlotte :
- Il faudra informer les personnes mentionnées. On oublie Ingvar pour le moment. On le trouvera quand l’heure sera venue. Enfin le noble. On va tous ouvrir, nos yeux et nos oreilles pour trouver ce trésor de draugr qui pourra participer à notre projet. Mais il va falloir être prudent. Tomber sur la mauvaise personne et on tombera tous….
Quant à lui, il avouerait à Aud ce qu’il faisait, dès qu’il le jugerait opportun. Des nobles qu’ils avaient croisé jusqu’à présent, aucun ne lui semblait pouvoir endosser ce rôle crucial.
- Quant à moi j'ouvrirai mes yeux et mes oreilles pour vous informer de ce que j'apprends chez le Premier Conseiller.
Etre esclave chez le baron n'était en effet pas sans intérêt. Sans parler de son apparente docilité qui lui conférer une certaine confiance. Pour autant, il n'était pas sûr de pouvoir un jour trahir cet homme dont il respectait tant les valeurs. Il aurait tellement préféré le voir embrasser leur cause. Mais c'était là, absolument inenvisageable et il n'y avait guère qu'un esprit de kraken pour imaginer l'inverse.
Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
La conversation était de nouveau sérieuse. On avait laissé de côté les histoires de poulet et de déguisements pour se concentrer sur les plans de cette révolte. Certes, une bande de hors-la-loi et d'esclaves n'auraient certainement pas les moyens nécessaires de subvenir à tous les besoins, même si Sylvère avait à disposition une sacrée somme d'argent.
Les pièces ne faisaient pas tout, sans le nom qui allait avec. Et Achille avait raison : ce Greeglocks devait certainement connaître tous les nobles de Braktenn et en inventer un serait assurément dangereux. Mais encore fallait-il trouver le seigneur qui accepterait de les aider. Ce qui, soit dit en passant, n'était pas gagné. Pourquoi les nobles renonceraient-ils d'eux-mêmes à leurs jolies places dorées ? Lui, en tout cas, il n'en connaissait pas un seul qui y serait prêt.
La colère de Cassandre lui fit mal au coeur. Si jeune. Si haineuse. Où était passé sa joie de vivre ? La légèreté de l'enfance ? Cette société se rendait-elle seulement compte de quoi elle l'avait privée ? De quoi elle privait des milliers d'enfants ? Mais si elle tuait cet homme... cela ne la priverait pas définitivement des restes de son enfance ? Il ne releva pas les mots qu'elle prononça, même s'il n'avait jamais aimé cela.
Il la laissa vanter les mérites d'Hyriel. Elle le portait en haute estime, dis donc, son cher mari. Alors ainsi, Hyriel serait clandestin... Il s'en fichait pas mal. Tant qu'ils continuaient de partager le résultat de leurs petites affaires communes, Sylvère n'avait pas besoin d'en savoir plus.
Quand Sylvère eut fini d'expliquer sa vision des croyances, il se peignit sur les lèvres d'Achille, un sourire. Sans s'émouvoir, le brigand haussa des épaules :
- Je ne sais pas si elle est belle, mais c'est la mienne, ça oui.
Et cela ne lui serait jamais venu à l'esprit d'imposer sa vision de voir les choses à qui que ce soit. Parce que les croyances étaient personnelles, et devaient le rester. Alors quel intérêt d'en officialiser certaines, quand toutes étaient importantes ?
Ce fut Cassandre qui le tira de ses pensées. Cassandre qui s'approchait d'un pommier sauvage et qui cueillait une pomme. Un mauvais pressentiment lui serra le coeur quand il vit son expression. Est-ce qu'il aimait les pommes ? Oui. Oui, il les aimait, mais elle n'attendait pas de réponse. Elle tendit la pomme devant elle. Sa voix était glaciale, et ses doigts étreignirent le fruit, ses ongles se plantèrent dans la chair.
Quant aux mots qui sortaient de sa bouche... Ils étaient durs. Sylvère resta silencieux, tandis qu'elle continuait. Et bien loin de se calmer, la colère montait en elle. Et puis soudain, elle jeta la pomme contre le tronc de l'arbre, provoquant un sursaut involontaire chez Sylvère.
Achille s'approcha, posa une main sur son épaule. Et le revoilà parti dans un discours sur il ne savait quel sujet, tandis que la fillette se laissait glisser contre le tronc. Et Eldred... Eldred, quant à lui, ne bougea pas. Et après cela, il osait le menacer de l'éventrer s'il ne la protégeait pas ?! Il les foudroya tous les deux du regard. C'était tout ce qu'ils trouvaient à dire pour consoler une enfant rongée par la douleur ? Alors il allait le faire, puisque personne n'en était capable. Mais qu'ils ne viennent pas se dire gardiens de la petite ensuite !
Il s'accroupit devant elle spontanément, repoussant la main d'Achille au passage. Il n'aidait personne avec son discours à rallonge incompréhensible ! Puis, il serra Cassandre dans ses bras. Fort. Il tenait à elle, et il ne voulait pas – pour rien au monde – qu'elle soit malheureuse. Il ne dit rien. Il la garda juste contre lui. Il sentait son petit coeur battre.
- Cette pomme ne t'a rien fait. Elle n'est pas responsable de ton malheur. Comment le pourrait-elle ? Elle n'était même pas accrochée à cet arbre quand ce prêtre t'a dit cela.
Il se tut.
- Tu te rappelles ce que tu as dit tout à l'heure ? Que la colère, ça fait mal. Ne sois pas en colère, ma princesse préférée. Tu mérites bien plus.
Quand finalement, il recula, il hocha la tête. Il ouvrirait les yeux dans sa forêt, et il rassemblerait les informations qu'il pourrait.
Les pièces ne faisaient pas tout, sans le nom qui allait avec. Et Achille avait raison : ce Greeglocks devait certainement connaître tous les nobles de Braktenn et en inventer un serait assurément dangereux. Mais encore fallait-il trouver le seigneur qui accepterait de les aider. Ce qui, soit dit en passant, n'était pas gagné. Pourquoi les nobles renonceraient-ils d'eux-mêmes à leurs jolies places dorées ? Lui, en tout cas, il n'en connaissait pas un seul qui y serait prêt.
La colère de Cassandre lui fit mal au coeur. Si jeune. Si haineuse. Où était passé sa joie de vivre ? La légèreté de l'enfance ? Cette société se rendait-elle seulement compte de quoi elle l'avait privée ? De quoi elle privait des milliers d'enfants ? Mais si elle tuait cet homme... cela ne la priverait pas définitivement des restes de son enfance ? Il ne releva pas les mots qu'elle prononça, même s'il n'avait jamais aimé cela.
Il la laissa vanter les mérites d'Hyriel. Elle le portait en haute estime, dis donc, son cher mari. Alors ainsi, Hyriel serait clandestin... Il s'en fichait pas mal. Tant qu'ils continuaient de partager le résultat de leurs petites affaires communes, Sylvère n'avait pas besoin d'en savoir plus.
Quand Sylvère eut fini d'expliquer sa vision des croyances, il se peignit sur les lèvres d'Achille, un sourire. Sans s'émouvoir, le brigand haussa des épaules :
- Je ne sais pas si elle est belle, mais c'est la mienne, ça oui.
Et cela ne lui serait jamais venu à l'esprit d'imposer sa vision de voir les choses à qui que ce soit. Parce que les croyances étaient personnelles, et devaient le rester. Alors quel intérêt d'en officialiser certaines, quand toutes étaient importantes ?
Ce fut Cassandre qui le tira de ses pensées. Cassandre qui s'approchait d'un pommier sauvage et qui cueillait une pomme. Un mauvais pressentiment lui serra le coeur quand il vit son expression. Est-ce qu'il aimait les pommes ? Oui. Oui, il les aimait, mais elle n'attendait pas de réponse. Elle tendit la pomme devant elle. Sa voix était glaciale, et ses doigts étreignirent le fruit, ses ongles se plantèrent dans la chair.
Quant aux mots qui sortaient de sa bouche... Ils étaient durs. Sylvère resta silencieux, tandis qu'elle continuait. Et bien loin de se calmer, la colère montait en elle. Et puis soudain, elle jeta la pomme contre le tronc de l'arbre, provoquant un sursaut involontaire chez Sylvère.
Achille s'approcha, posa une main sur son épaule. Et le revoilà parti dans un discours sur il ne savait quel sujet, tandis que la fillette se laissait glisser contre le tronc. Et Eldred... Eldred, quant à lui, ne bougea pas. Et après cela, il osait le menacer de l'éventrer s'il ne la protégeait pas ?! Il les foudroya tous les deux du regard. C'était tout ce qu'ils trouvaient à dire pour consoler une enfant rongée par la douleur ? Alors il allait le faire, puisque personne n'en était capable. Mais qu'ils ne viennent pas se dire gardiens de la petite ensuite !
Il s'accroupit devant elle spontanément, repoussant la main d'Achille au passage. Il n'aidait personne avec son discours à rallonge incompréhensible ! Puis, il serra Cassandre dans ses bras. Fort. Il tenait à elle, et il ne voulait pas – pour rien au monde – qu'elle soit malheureuse. Il ne dit rien. Il la garda juste contre lui. Il sentait son petit coeur battre.
- Cette pomme ne t'a rien fait. Elle n'est pas responsable de ton malheur. Comment le pourrait-elle ? Elle n'était même pas accrochée à cet arbre quand ce prêtre t'a dit cela.
Il se tut.
- Tu te rappelles ce que tu as dit tout à l'heure ? Que la colère, ça fait mal. Ne sois pas en colère, ma princesse préférée. Tu mérites bien plus.
Quand finalement, il recula, il hocha la tête. Il ouvrirait les yeux dans sa forêt, et il rassemblerait les informations qu'il pourrait.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
Cassandre fixait du regard le cheminement des pensées de Achille et constatait que ce dernier rejoignait sa prudence. Avoir des alliés, c'était bien. Or, le faire en risquant d'attirer l'attention sur leur petit groupe, c'était idiot. Autant aller se dénoncer à la prévôté ! Elle eut un faible sourire quand Achille la félicita de sa bien maigre victoire.
"Ça n'a pas servi à grand chose. Je voulais fuir. Retrouver la rue et les perdre tous. mais après les commis m'ont attrapé et immobilisé. Je n'ai pas pu faire plus."
Elle opina silencieusement de cette conclusion. De toute manière, pour le moment, aucun d'eux n'irair voir l'autre outre merdeuse. Trop dangereux. Comment recruter un noble dans leurs rangs ? Cela semblait impossible. Quoique... Elle se tourna vers Eldred.
"Dis, peut-être que tu pourrais entendre chez ton maître des nobles qui sembleraient prompts à défier le pouvoir ca doit exister, je crois, non ?"
Cassandre laissa filer le raisonnement sur les origines de Hyriel. Elle se moquait bien des origines du gentil sorcier. Tout ce qu'elle retenait, c'était que c'était un grand guérisseur et un grand ami. Très fiable. C'était tout ce qu'il y avait d’important. Elle suivit le reste en écoutant les explications sur les colporteurs qui pourraient transmettre les fameux textes dans les villages de campagne. Elle ne savait pas quoi en penser. Ses connaissances du sujet étaient bien trop lacunaires.
Lorsque Achille vint la trouver peu après son exposition acide qui lui était remonté, Cassandre s'apaisa un peu du contact de sa main, pis de ses parles. Elle écouta, cherchant à comprendre.
"Ce n'est pas bien de dénigrer les femmes comme ça, de nous faire obéir, de nous soumettre aux hommes. Pourquoi on doit obéir aux hommes ? Parce qu'on peut porter vos enfants ? C'est si important que ça les enfants qu'une femme a ? Ça mérite qu'on la fasse vivre dans des règles strictes ? Pourquoi ça évolue ? Les Grecs et les Romains, c'était y a très longtemps, non ? et la religion chrétienne, les curés disent toujours que Dieu nous aime tous, qu'on est égaux... Ils ne disent que des bêtises. Il n'y a que des contradictions dans leurs discours.
Elle releva la tête quand Achille s'excusa de s'égarer.
"mais non, j'aime bien, moi, tu sais ! Bon, je ne comprends pas tout car j'ai jamais rien étudié. mais j'aime bien entendre ces histoires et comparer à ce que je connais. C'est intéressant.
Spontanément, l'enfant eut un élan d'affection et fit un câlin au jeune homme. peu après, ce dernier reprit et évoqua les lois. Un sujet que la fillette comprenait encore mieux que celui de la règle.
"oui, une société sans règles, ça serait encore plus terrible que ce pays. Les gens ont de mauvais penchants. La cupidité, l'envie, l'égoïsme... Malgré la bonne morale, il y a des meurtres et des vols et d'autres qui se font. Alors si on retirait tout cadre, ce serait un enfer sur terre. Mais on a besoin de justice aussi. Mon papa... Mon papa a été mis en prison car il ne pouvait pas payer ses dettes. Mais c'était pas sa faute. Les giboulée ont détruit nos vignes. on n'a plus eu de récoltes et alors pas revenus no plus. Nos dettes se sont creusées. Alors... Il devrait y avoir un moyen d'empêcher les tragédies comme ça, non ? Ou comme pour les infirmes.. il faudrait pouvoir les aider. Et bien. Pas un truc comme l'Hôpital Général. J'ai connu quelqu'un qui a su s'en extraire et il jurait qu'il préférait se tuer plutôt que remettre un pied là-bas. Ou aussi..."
Brusquement, les bras de Sylvère vint a cueillir et l'empêchèrent de poursuivre son raisonnement. Cassandre s'immobilisa et sentit toute l'affection que son grand frère lui offrait. Elle ne répondit aucun mot et se contenta de restée blottie contre lui
"Ça n'a pas servi à grand chose. Je voulais fuir. Retrouver la rue et les perdre tous. mais après les commis m'ont attrapé et immobilisé. Je n'ai pas pu faire plus."
Elle opina silencieusement de cette conclusion. De toute manière, pour le moment, aucun d'eux n'irair voir l'autre outre merdeuse. Trop dangereux. Comment recruter un noble dans leurs rangs ? Cela semblait impossible. Quoique... Elle se tourna vers Eldred.
"Dis, peut-être que tu pourrais entendre chez ton maître des nobles qui sembleraient prompts à défier le pouvoir ca doit exister, je crois, non ?"
Cassandre laissa filer le raisonnement sur les origines de Hyriel. Elle se moquait bien des origines du gentil sorcier. Tout ce qu'elle retenait, c'était que c'était un grand guérisseur et un grand ami. Très fiable. C'était tout ce qu'il y avait d’important. Elle suivit le reste en écoutant les explications sur les colporteurs qui pourraient transmettre les fameux textes dans les villages de campagne. Elle ne savait pas quoi en penser. Ses connaissances du sujet étaient bien trop lacunaires.
Lorsque Achille vint la trouver peu après son exposition acide qui lui était remonté, Cassandre s'apaisa un peu du contact de sa main, pis de ses parles. Elle écouta, cherchant à comprendre.
"Ce n'est pas bien de dénigrer les femmes comme ça, de nous faire obéir, de nous soumettre aux hommes. Pourquoi on doit obéir aux hommes ? Parce qu'on peut porter vos enfants ? C'est si important que ça les enfants qu'une femme a ? Ça mérite qu'on la fasse vivre dans des règles strictes ? Pourquoi ça évolue ? Les Grecs et les Romains, c'était y a très longtemps, non ? et la religion chrétienne, les curés disent toujours que Dieu nous aime tous, qu'on est égaux... Ils ne disent que des bêtises. Il n'y a que des contradictions dans leurs discours.
Elle releva la tête quand Achille s'excusa de s'égarer.
"mais non, j'aime bien, moi, tu sais ! Bon, je ne comprends pas tout car j'ai jamais rien étudié. mais j'aime bien entendre ces histoires et comparer à ce que je connais. C'est intéressant.
Spontanément, l'enfant eut un élan d'affection et fit un câlin au jeune homme. peu après, ce dernier reprit et évoqua les lois. Un sujet que la fillette comprenait encore mieux que celui de la règle.
"oui, une société sans règles, ça serait encore plus terrible que ce pays. Les gens ont de mauvais penchants. La cupidité, l'envie, l'égoïsme... Malgré la bonne morale, il y a des meurtres et des vols et d'autres qui se font. Alors si on retirait tout cadre, ce serait un enfer sur terre. Mais on a besoin de justice aussi. Mon papa... Mon papa a été mis en prison car il ne pouvait pas payer ses dettes. Mais c'était pas sa faute. Les giboulée ont détruit nos vignes. on n'a plus eu de récoltes et alors pas revenus no plus. Nos dettes se sont creusées. Alors... Il devrait y avoir un moyen d'empêcher les tragédies comme ça, non ? Ou comme pour les infirmes.. il faudrait pouvoir les aider. Et bien. Pas un truc comme l'Hôpital Général. J'ai connu quelqu'un qui a su s'en extraire et il jurait qu'il préférait se tuer plutôt que remettre un pied là-bas. Ou aussi..."
Brusquement, les bras de Sylvère vint a cueillir et l'empêchèrent de poursuivre son raisonnement. Cassandre s'immobilisa et sentit toute l'affection que son grand frère lui offrait. Elle ne répondit aucun mot et se contenta de restée blottie contre lui
Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
La répartie d'Eldred au sujet de la pomme arracha un petit rire pierreux à Jérémie. Cette pointe d'humour n'était pas de trop, tout comme la salutaire intervention de Sylvère pour consoler la petite, au milieu d'une conversation aussi grave. Cassandre avait besoin d'entendre des raisonnements rigoureux – ce dont le fugitif pouvait se charger – mais aussi de trouver un peu de jeu et d'affection auprès de nouveaux amis. Et Jérémie avait bien conscience qu'il n'était pas la personne la plus douée pour offrir ces choses-là. Énième preuve, s'il en fallait, qu'ils feraient une bonne équipe.
Jérémie acquiesça en entendant Eldred donner ses directives : il terminerait au plus vite la rédaction de son essai. Restait à trouver cette perle rare... ce noble qui ne risquerait jamais de le trahir. Les lourds sourcils du fuyard s'abattirent sur son regard pierreux : la tâche s'annonçait énorme. Où et comment dénicher une personne comme celle-ci, sans risquer aussitôt de tous finir bras en croix au Mur des Châtiments ? L'expression de Jérémie se radoucit – et s'éclaira même d'un franc intérêt – alors que le Zakrotien rappelait de qui il était l'esclave... Intéressant. Très intéressant.
– D'ailleurs à ce propos, je suppose que chez quelqu'un comme le Premier Conseiller, il doit se trouver des documents d'importance primordiale. Des plans de bataille ? Des cartes de déplacement des colons dans les annexions ? Peut-être même des détails de financement... (Un temps) Une petite extraction desdits documents hors du domaine de Frenn ne pourrait-elle pas s'orchestrer ? Eldred, te verrais-tu mener un stratagème comme cela... ou bien... les risques sont-ils trop importants pour les esclaves de ce château ? Comment se comporte le Premier Conseiller ?
La piste était lancée. Jérémie ne serait convaincu de l'intelligence de l'idée que lorsque ses comparses auront donné leur aval. Il fallait bien peser tous les facteurs avant d'initier un mouvement d'une telle envergure. Sortir des papiers de chez un aristocrate aussi important comportait d'énormes risques. Il croisa les doigtes et tapota ses pouces entre eux, essayant d'imaginer ce qui pourrait se faire une fois en possession d'informations pareilles ! Empêcher des convois d'aller cueillir de nouveaux esclaves ; détourner des frappes sur Djerdan ; saboter des plans des gens d'armes !
– Je crois que la question des enfants n'est qu'une pièce du motif, répondit-il pour Cassandre, qui essayait de comprendre – si tant est que cela soit possible... – le pouvoir laissé aux hommes dans l'écrasante majorité des cas. Ce qui ressort de nombreux mythes, c'est la sensation, pour beaucoup, de ce mystère à la fois fascinant et inquiétant lié aux femmes puisqu'elles ont cette force de porter une vie et donner naissance. Quand on ne comprend pas quelque chose, malheureusement, on le veut souvent dominer. (Puis avec un sourire : ) Tu sais, cela n'a pas toujours été ainsi. L'Histoire n'est pas une ligne droite vers le progrès, elle a ses creux et ses bosses. Aux XIIe et XIIIe siècles, une femme pouvait disposer de ses sous, avoir seule son commerce, vivre très bien un veuvage sans qu'on ne cherche à la remarier, ne pas être sous l'autorité d'un homme de sa famille, tu imagines ! C'est la Loi Salique et le retour aux codes inspirés de l'Antiquité Romaine qui ont rudement resserré la vis. (Entre temps, il s'est accroupi face à Cassandre, puis, avec un clin d’œil, contracta les muscles de son bras plié devant la fillette) Force et honneur ! L'Histoire fait des cycles, rien n'est perdu. Les femmes ont eu naguère davantage de pouvoir, cela peut se conquérir à nouveau.
Il n'aura cependant pas la grossièreté de répondre quoi que ce soit après le tragique récit de ce qui était arrivé au père de la jeune esclave... et à toute sa famille par ricochet. Sans oublier l'évocation de cet infirme, apparemment enfui d'un Hôpital Général – qui serait tout sauf un institut de bienfaisance comme le prétendaient notables, financiers et entrepreneurs à la tête de ces institutions. Il n'y avait rien à répondre. Seul le dégoût et le sentiment d'injustice lui serraient la gorge. Toujours accroupi auprès d'elle, le fugitif tendit les bras pour l'étreindre de tout son cœur.
– Le chemin sera long, difficile... cela prendra peut-être des siècles. Mais nous allons nous battre pour un système qui ne permettrait plus ces abjections. Et gardons espoir : je suis sûr que nous ne sommes pas seuls. Que d'autres partagent nos idées si nous ne les connaissons pas encore.
En se redressant, il ébouriffa les cheveux de Cassandre dans un geste plein d'affection – façon bien à lui de la remercier d'apprécier ses longs débordements érudits. Dans un large sourire, il lui dit :
– Tu as toute la vie pour apprendre. Dans des livres, je l'espère, mais pas que. Et laisse-moi te dire que tu es un grand esprit, déjà conscient de tellement de choses ! Tu es curieuse. C'est un très beau défaut. (Il s'accompagna d'une oeillade ironique) Le reste viendra.
Malheureusement, du remous commençait à se faire entendre au loin... mais assez près pour que les clandestins ne restent pas là sans prudence. Bruits de bottes. Grincements de chariot. Quelque détachement de soldats, ou le convoi de protection d'un notable. Quant à Eldred, son absence ne devait pas trop durer. Renouant avec son habituelle mine fermée, Jérémie annonça à regrets :
– Il me semble que nous ne devrions guère nous attarder. (à Cassandre) Penses-tu pouvoir continuer d'être notre messagère et de faire le lien entre nous autres de la forêt... et Eldred ? Ainsi pourrons-nous connaître le meilleur moment pour un prochain rendez-vous ?
Après qu'ils se soient mis d'accord, puis sur une dernière embrassade à Cassandre et une accolade à Eldred – même une autre à Sylvère – Jérémie ne tardera pas à s'envelopper de nouveau dans son vieux manteau sombre. Et à détaler loin des gens d'armes pour redevenir le spectre de ces bois.
- Spoiler:
- Il me semble que nous avons plus ou moins fait le tour ? Je n'aurais en tout cas, pour ma part, pas eu grand chose de plus à ajouter avec Jérémie ~ En espérant que cela vous convienne Et hâte de lancer les missions à dés dans le château de Frenn si Dyonis est d'accord !
Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
Comme depuis le début de cette entrevue, il filtrait les informations qu’il recevait la majorité n’ayant que trop peu d’intérêt à ses oreilles. Il releva néanmoins la tête lorsque Charlotte évoqua la condition féminine à Monbrina et il ne put s’empêcher de grimacer en faisant le parallèle avec Zakros. Sa terre de barbares qui les respectaient mieux que ce pays éclairé
- Tu sais, c’est qu’une question de culture et de point de vue. Chez moi, il y a peu de différence entre les hommes et les femmes. Elles travaillent autant, sont aussi libres que les hommes et peuvent même devenir guerrières si l’envie leur prend. Et clairement, ça ne viendrait à aucun zakrotien de rabaisser une femme parce que c’est une femme. C’est bien pour ça que je n’aime pas ce pays qui prétend avoir la parole vraie quand ses voisins sont plus civilisés que lui
Il serra les mâchoires s’évitant de cracher à terre de dégoût pour cette nation impérialiste. La discussion reprit son cours et Eldred arracha une petite tige de graminée qu’il mâchouilla. Charlotte s’emporta et Sylvère s’empressa de la consoler après un regard foudroyant à son encontre. Quoi qu’est-ce qu’il avait dit, fait ou pas fait ? Le passé était le passé. Ce n’était rien d’autre qu’une anecdote à ranger avec les autres : au fond d’un tiroir. Le genre d’histoire qu’il avait être capable de relire pour se donner le courage d’avancer et non l’inverse. Oui c’était terrible et terrifiant, mais cela ne devait pas être un frein. Et puis… Charlotte n’était plus une petite fille, il fallait la voir pour ce qu’elle était et devenait : une futur jeune fille. Elle était en âge d’apprendre de son expérience, de comprendre les évènements et surtout comment les utiliser. Il les regarda d’un air attendri en se rappelant qu’à son âge, sa -future- femme étaient déjà redoutable. C’était sans doute la rudesse du climat qui les rendait à son tour si « rudes ».
Eldred organisa ensuite les évènements à venir et répartit les missions de chacun. Un rapide coup de d’œil à la course du soleil, lui indiqua qu’il s’était suffisamment éternisé ici. Il salua Jérémie d’une accolade qui partit dans la foulée puis Charlotte en lui intimant de prendre soin d’elle pour finir par Sylvère. Il hésita un instant puis fit de même, lui offrant une large tape dans le dos.
- Je vous remercie pour votre aide, votre Majesté. Je n’ai pas grand-chose à vous offrir en contrepartie mais je pourrais regarder votre couteau à l’occasion, si vous le souhaitez.
Il remonta sur son cheval avec légèreté tout en ajoutant :
- J’étais forgeron avant, vous savez.
Un dernier signe de la tête et il fila en direction de l’austère château de Frenn.
- Tu sais, c’est qu’une question de culture et de point de vue. Chez moi, il y a peu de différence entre les hommes et les femmes. Elles travaillent autant, sont aussi libres que les hommes et peuvent même devenir guerrières si l’envie leur prend. Et clairement, ça ne viendrait à aucun zakrotien de rabaisser une femme parce que c’est une femme. C’est bien pour ça que je n’aime pas ce pays qui prétend avoir la parole vraie quand ses voisins sont plus civilisés que lui
Il serra les mâchoires s’évitant de cracher à terre de dégoût pour cette nation impérialiste. La discussion reprit son cours et Eldred arracha une petite tige de graminée qu’il mâchouilla. Charlotte s’emporta et Sylvère s’empressa de la consoler après un regard foudroyant à son encontre. Quoi qu’est-ce qu’il avait dit, fait ou pas fait ? Le passé était le passé. Ce n’était rien d’autre qu’une anecdote à ranger avec les autres : au fond d’un tiroir. Le genre d’histoire qu’il avait être capable de relire pour se donner le courage d’avancer et non l’inverse. Oui c’était terrible et terrifiant, mais cela ne devait pas être un frein. Et puis… Charlotte n’était plus une petite fille, il fallait la voir pour ce qu’elle était et devenait : une futur jeune fille. Elle était en âge d’apprendre de son expérience, de comprendre les évènements et surtout comment les utiliser. Il les regarda d’un air attendri en se rappelant qu’à son âge, sa -future- femme étaient déjà redoutable. C’était sans doute la rudesse du climat qui les rendait à son tour si « rudes ».
Eldred organisa ensuite les évènements à venir et répartit les missions de chacun. Un rapide coup de d’œil à la course du soleil, lui indiqua qu’il s’était suffisamment éternisé ici. Il salua Jérémie d’une accolade qui partit dans la foulée puis Charlotte en lui intimant de prendre soin d’elle pour finir par Sylvère. Il hésita un instant puis fit de même, lui offrant une large tape dans le dos.
- Je vous remercie pour votre aide, votre Majesté. Je n’ai pas grand-chose à vous offrir en contrepartie mais je pourrais regarder votre couteau à l’occasion, si vous le souhaitez.
Il remonta sur son cheval avec légèreté tout en ajoutant :
- J’étais forgeron avant, vous savez.
Un dernier signe de la tête et il fila en direction de l’austère château de Frenn.
Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
La question qui ressortait le plus de cette petite réunion rebelle était incontestablement celle du noble. Une question terriblement épineuse et délicate, qui ne saurait être réglée si facilement. Où en trouver un ? Il n'y avait guère de solution miracle, sinon les bonnes vieilles méthodes. Ouvrir les yeux, tendre les oreilles et écouter les rumeurs chuchotées timidement par les badauds. C'était la seule piste qu'il tenait pour le moment. Et ce ne serait pas lui qui les aiderait le plus pour cela. À vivre au fond de sa forêt depuis cinq ans, ce n'était pas ses rares sorties en ville qui lui apprenaient ce qui se tramait là-bas.
La question de Cassandre attira son oreille et le coupa dans ses réflexions. Pourquoi les femmes devaient-elles obéir aux hommes ? Allez savoir. Parce que vous êtes bien plus fortes que nous et qu'ils ont peur, répondit-il dans sa tête. La peur était, pour ainsi dire, à l'origine de beaucoup de choses. Eldred intervint alors, pour évoquer sa propre manière de voir les choses. Au fond, tout cela, ces inégalités légalisées, c'étaient encore une histoire de convenances monbriniennes. Ni plus, ni moins.
Alors, il la serra fort dans ses bras et la garda longtemps contre lui. Et comme elle ne faisait rien pour reculer, ce fut lui qui finit par la prendre par les épaules pour se dégager. Et lui sourire affectueusement.
Voler des documents chez le Premier Conseiller, ce serait dangereux. Mais on n'avait rien sans risque. En fait, la question résidait davantage dans l'importance de ces risques. Valaient-ils la peine d'être pris ? Sans doute. Mais comme Jérémie parlait à nouveau, Sylvère se déconcentra de la conversation et leva les yeux vers les branches des arbres. Il était resté trop longemps au sol. Comment savoir si personne n'arrivait ?
Comme en écho à ses pensées, il y eut des remous. Par reflexe, il se figea pour écouter. Quelqu'un arrivait. Enfin, vu la cadence et l'amplitude des bruits de pas, ce n'était pas une seule personne, mais tout un convoi. Qui ne devait pas être très loin...
Il sauta pour s'accrocher à une branche et disparut entre les ramures avec son agilité habituelle. Quand il fut assez haut pour voir le convoi, il s'accroupit sur la branche en se tenant. Il resta quelques secondes là-haut. Ils étaient beaucoup trop nombreux pour qu'il puisse réclamer ses impôts seul et il ne prendrait pas ce risque-là. Il allait devoir les laisser passer, même si cela ne le réjouissait pas. En tout cas, ils ne semblaient pas vouloir sortir de la route tracée.
Alors il redescendit en quelques accrobaties. Pour réatterir quelques secondes plus tard, en indiquant la direction opposée.
- Ils se dirigent vers Braktenn, mais si vous prenez par ici, vous ne les croiserez pas. Ils ne quitteront pas la route.
Sur ce, il s'agit de mettre au point quelques derniers points. Pour lui, qu'importe la date et l'heure de leur prochain rendez-vous. Il serait là. Jérémie lui donna une accolade le premier, ce qui le laissa une seconde surpris, avant de disparaître et de revenir une ombre entre les arbres.
Le second fut Eldred. Il lui donna une solide frappe dans le dos. Et solide, c'était peu dire. Qu'est-ce qu'il cherchait à faire ? A lui décoller les poumons ? Comme il le remerciait, il lui adressa un hochement de tête assuré. Avant de baisser les yeux sur son couteau à sa proposition. Pourquoi pas, au fond. Il ne servait jamais qu'à dépecer les lapins mais une petite remise en forme ne lui ferait jamais de mal.
Eldred enfourcha sa monture et disparut à son tour. Sylvère se tourna enfin vers Cassandre et lui adressa un sourire. Il lui tendit sa paume pour qu'elle la tape avant de se redresser et de s'incliner.
- Bon vent, petite génie !
Et il remonta dans son arbre. De là-haut, il pouvait observer le convoi et ses nouveaux alliés revenir vers les murailles au loin. Vérifier qu'aucune malencontreuse rencontre ne pourrait avoir lieu... Ne savait-on jamais.
La question de Cassandre attira son oreille et le coupa dans ses réflexions. Pourquoi les femmes devaient-elles obéir aux hommes ? Allez savoir. Parce que vous êtes bien plus fortes que nous et qu'ils ont peur, répondit-il dans sa tête. La peur était, pour ainsi dire, à l'origine de beaucoup de choses. Eldred intervint alors, pour évoquer sa propre manière de voir les choses. Au fond, tout cela, ces inégalités légalisées, c'étaient encore une histoire de convenances monbriniennes. Ni plus, ni moins.
Alors, il la serra fort dans ses bras et la garda longtemps contre lui. Et comme elle ne faisait rien pour reculer, ce fut lui qui finit par la prendre par les épaules pour se dégager. Et lui sourire affectueusement.
Voler des documents chez le Premier Conseiller, ce serait dangereux. Mais on n'avait rien sans risque. En fait, la question résidait davantage dans l'importance de ces risques. Valaient-ils la peine d'être pris ? Sans doute. Mais comme Jérémie parlait à nouveau, Sylvère se déconcentra de la conversation et leva les yeux vers les branches des arbres. Il était resté trop longemps au sol. Comment savoir si personne n'arrivait ?
Comme en écho à ses pensées, il y eut des remous. Par reflexe, il se figea pour écouter. Quelqu'un arrivait. Enfin, vu la cadence et l'amplitude des bruits de pas, ce n'était pas une seule personne, mais tout un convoi. Qui ne devait pas être très loin...
Il sauta pour s'accrocher à une branche et disparut entre les ramures avec son agilité habituelle. Quand il fut assez haut pour voir le convoi, il s'accroupit sur la branche en se tenant. Il resta quelques secondes là-haut. Ils étaient beaucoup trop nombreux pour qu'il puisse réclamer ses impôts seul et il ne prendrait pas ce risque-là. Il allait devoir les laisser passer, même si cela ne le réjouissait pas. En tout cas, ils ne semblaient pas vouloir sortir de la route tracée.
Alors il redescendit en quelques accrobaties. Pour réatterir quelques secondes plus tard, en indiquant la direction opposée.
- Ils se dirigent vers Braktenn, mais si vous prenez par ici, vous ne les croiserez pas. Ils ne quitteront pas la route.
Sur ce, il s'agit de mettre au point quelques derniers points. Pour lui, qu'importe la date et l'heure de leur prochain rendez-vous. Il serait là. Jérémie lui donna une accolade le premier, ce qui le laissa une seconde surpris, avant de disparaître et de revenir une ombre entre les arbres.
Le second fut Eldred. Il lui donna une solide frappe dans le dos. Et solide, c'était peu dire. Qu'est-ce qu'il cherchait à faire ? A lui décoller les poumons ? Comme il le remerciait, il lui adressa un hochement de tête assuré. Avant de baisser les yeux sur son couteau à sa proposition. Pourquoi pas, au fond. Il ne servait jamais qu'à dépecer les lapins mais une petite remise en forme ne lui ferait jamais de mal.
Eldred enfourcha sa monture et disparut à son tour. Sylvère se tourna enfin vers Cassandre et lui adressa un sourire. Il lui tendit sa paume pour qu'elle la tape avant de se redresser et de s'incliner.
- Bon vent, petite génie !
Et il remonta dans son arbre. De là-haut, il pouvait observer le convoi et ses nouveaux alliés revenir vers les murailles au loin. Vérifier qu'aucune malencontreuse rencontre ne pourrait avoir lieu... Ne savait-on jamais.
Sylvère d'Aiguemorte- Brigand et roi de la forêt
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Re: [25 Octobre 1597] Le brigand, l'esclave et la petite fille [Terminé]
Cassandre avait entendu les allusions de Achille sur un moyen d'extraire des informations du château du Premier Conseiller mais personne ne semblait rebondir dessus. Eldred jugerait-il cela trop dangereux ? Sans doute. L'homme était minutieux et austère. Elle se rappelait de lors rencontre au marché. S'il l'avait protégé des jeux pervers de l'usurpateur, il n'avait en revanche pas aimé sa désobéissance à vouloir nourrir une esclave qui partait vers l'Enfer. Quel idiot ! Les règles, ça existait pour être brisées ! Les suivre bêtement, sans chercher à les remettre en question, sans se demander si elles étaient réellement juste dans la situation qui se présentait, c'était stupide. Ce baron était à ses yeux aussi bête qu'Alexandre. Néanmoins, elle ne laissa rien entendre ou paraitre de ces opinions. Le sujet s'avérait tout autre et aussi intéressant.
Achille continuait à répondre à ses questions sur le sort des femmes et Cassandre avait besoin de toutes ses ressources intellectuelles pour les comprendre. Il citait de nombreuses sources. Comme il était intelligent et instruit ! Elle ouvrit les yeux quand il lui dit que des femmes pouvaient autrefois être indépendantes et tenir un commerce. Achille s’autorisa même à un câlin. Le sourire aux lèvres, elle tendit aussitôt les bras et enserra sa taille.Sa main ébouriffa ensuite ses cheveux. Elle lui adressa un sourire joyeux puis s'assombrit quand il évoqua les livres.
"Moi, je ne sais pas lire. Ma grande sœur disait que ça me servirait pas, comme j'étais la dernière de la famille.. Puis je préférais aller aider mon père dans les vignes. Mais toi, tu pourrais m'apprendre tout ce que tu sais ? J'essayerai d'être attentive et de retenir."
Eldred vint apporter un autre éclairage à la question et Cassandre l'observa, tout surprise.
"Ah ! A Zarkos, les hommes et les femmes sont... Oh, tu crois que je pourrais aller y vivre un jour ? Ils accepteraient les étrangers ?"
Malheureusement, la réunion allait se finir. Achille entendait du bruit suspect, comme elle, et Sylvère montait confirmer la venue d'un convoi qui allait les surprendre. A la question d'Achille, Cassandre lu jeta un regard de travers.
"Ben évidemment ! D'où je voudrais plus ?"
Sur cette petite insolence, elle décampa rapidement puis s'arrêta un instant devant Eldred. La fillette l'enlaça tendrement.
"Prends soin de toi. Et n’aie pas mal si on dit du mal des zarkotiens à cause de l'autre. C'est juste des idiots !"
Sur cette légère étreinte, elle sourit à Eldred puis se dépêcha de s'enfuir. Elle se tourna en même temps vers Sylvère et lui adressa un signe de la main.
"A plus tard, grand frère ! Fais pas de bêtise !"
Et elle disparut derrière des buissons.
Achille continuait à répondre à ses questions sur le sort des femmes et Cassandre avait besoin de toutes ses ressources intellectuelles pour les comprendre. Il citait de nombreuses sources. Comme il était intelligent et instruit ! Elle ouvrit les yeux quand il lui dit que des femmes pouvaient autrefois être indépendantes et tenir un commerce. Achille s’autorisa même à un câlin. Le sourire aux lèvres, elle tendit aussitôt les bras et enserra sa taille.Sa main ébouriffa ensuite ses cheveux. Elle lui adressa un sourire joyeux puis s'assombrit quand il évoqua les livres.
"Moi, je ne sais pas lire. Ma grande sœur disait que ça me servirait pas, comme j'étais la dernière de la famille.. Puis je préférais aller aider mon père dans les vignes. Mais toi, tu pourrais m'apprendre tout ce que tu sais ? J'essayerai d'être attentive et de retenir."
Eldred vint apporter un autre éclairage à la question et Cassandre l'observa, tout surprise.
"Ah ! A Zarkos, les hommes et les femmes sont... Oh, tu crois que je pourrais aller y vivre un jour ? Ils accepteraient les étrangers ?"
Malheureusement, la réunion allait se finir. Achille entendait du bruit suspect, comme elle, et Sylvère montait confirmer la venue d'un convoi qui allait les surprendre. A la question d'Achille, Cassandre lu jeta un regard de travers.
"Ben évidemment ! D'où je voudrais plus ?"
Sur cette petite insolence, elle décampa rapidement puis s'arrêta un instant devant Eldred. La fillette l'enlaça tendrement.
"Prends soin de toi. Et n’aie pas mal si on dit du mal des zarkotiens à cause de l'autre. C'est juste des idiots !"
Sur cette légère étreinte, elle sourit à Eldred puis se dépêcha de s'enfuir. Elle se tourna en même temps vers Sylvère et lui adressa un signe de la main.
"A plus tard, grand frère ! Fais pas de bêtise !"
Et elle disparut derrière des buissons.
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