[le 18 décembre 1597] ~ Le prix de l'Amour [RP Sensible] [Terminé]

Coldris aurait pu dire n’importe quoi que Thierry aurait trouvé cela absolument sensationnel. Il aurait sans doute pu lui faire dévaler les marches de l’escalier principal sur les mains si le cœur lui en avait dit.

Bien sûr que Sarkeris était digne de lui. Il était juste regrettable de constater qu’il n’avait hérité de l’esprit d’aucun de ses deux parents. Ou alors celui-ci s’était noyé un jour de tempête.

Le mot d’esprit de Thierry sur la morale l’amusa au plus au point. Thierry avait toujours le don de le divertir, en plus des informations dont il recélait et qu’il cédait bien souvent sans réelles contreparties.

- La morale c’est pour les faibles, mon cher ami.

Il leva son verre et trinqua son immoralité pleine et assumée, avant de l’assommer d’une tartine des tâches qui étaient les siennes pour le plaisir de le voir simuler un intérêt qu’il n’avait aucunement. Et surtout... Lui rappeler que ses charges l’accaparaient et qu’il aurait donc besoin d’une certaine motivation pour voler au secours de son fils. Une nouvelle information se faufila -l’air de rien- entre les lèvres de la vipère. La fille Cassin ? Comment s’appelait-elle déjà ? Jeanne ? Il l’avait déjà vu. Coldris fronça les sourcils, songeur.

- Oui, je l’ai déjà vu une ou deux fois cette pauvre petite et cela ne m’étonne pas du Cardinal, quand bien même votre fils soit sous sa tutelle.

Il écouta le fin le mot de l’histoire avant de conclure

- Je connais bien ce cher Joseph, j’ai même envisagé de marier Alduis à sa fille Bélyl. Mais j’ai peine à croire qu’il l’aurait laissé partir sans rien dire. Cela ne lui ressemble pas.

Il pencha légèrement la tête, suspicieux. Avant de tremper ses lèvres dans le précieux vin.
La suite ! semblait ordonner son regard de glace, qui se posa un court instant sur les quelques dossiers encore posés sur son bureau.

Le membre 'Thierry d'Anjou' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Dé 100' : 99

Thierry garda le silence pour ne surtout pas couper la parole au ministre. Il simulait de boire ses paroles, comme il savourait ce délicieux vin, comme si celles-ci le plongeaient réellement dans une passion veritable. Le prêtre eut un sourire sincère pour cette répartie.

"La morale, effectivement, n'est pas bon pour le moral."

Il trinqua sur ce jeu de mots avec son ami puis dévoila ce mensonge sur la petite Jeanne. Coldris semblait, à raison, dubitatif, sur le fait que Joseph ne soit pas opposé au départ de la petite Jeanne. Thierry continua le jeu et haussa les épaules.

"Le pauvre n'était malheureusement pas là. Les faits se sont produits vers la fin de la campagne de Mornoy. Le cardinal a su jouer sur les tableaux avec habilité pour tromper la petite et la persuader que sa place était au couvent, comme il fait de même avec la mère. Les femmes sont si manipulables, que voulez(-vous ! parlez-leur péchés et salut de l'âme, elles tombent directement dans vos filets !"

Thierry reprit une gorgée de vin et se décida à ajouter une nouvelle pièce au canevas peu reluisant du cardinal Cassain.

"D'ailleurs, l'autre esclave du cardinal. Comment se nomme-t-il déjà ? Ah oui ! Tristan.. Un nom vulgaire, si vous me permettez. Ce n'est qu'un parasite depuis des années, qui fait semblant de se tenir dans un fauteuil pour émouvoir les gens. Son infirmité n'a rien de véritablement prouvé. Et à cela, apprenez que celui-là est véritablement sodomite. Avant son asservissement, il se vendait volontairement aux différents bordels de Braktenn, et fort cher. Je me demande quelle tête ferait ce cher cardinal d'apprendre que son esclave cache des secrets aussi sulfureux !"

Il s'était promis quelques mois plus tôt de cesser d'attaquer le petit infirme. Sa résolution n'avait que peu duré. Il but unegorgée de vin pour faire endormir sa conscience. Que valait la vie de ce misérable en comparaison à celle d'Alex ? Ce n'était qu'un rat sans famille, sans no. Personne n'irait le pleurer.

Ils trinquèrent ensemble aux bienfaits non négligeable de l’absence de morale. A commencer par les regrets et les dilemmes de conscience qui disparaissaient. L’ennuie lorsque l’on n’avait ni moral, ni honneur c’était que l’on pouvait facilement mentir. Coldris le savait mieux que quiconque : un homme poussé à bout pouvait aisément dire tout et son contraire. C’était bien le principal problème (ou avantage) de la torture : on obtenait autant des aveux sincères que des mensonges éhontés.

Cette discussion avec Thierry était certes nettement plus plaisante mais l’état d’esprit de son interlocuteur n’était pas vraiment différent. Poussé dans ses retranchements qui savait ce qu’il pourrait avouer ? Et il faudrait bien un jour séparer le vin de l’ivraie. C’était bien pour cette raison qu’il ne comptait pas se satisfaire d’un secret. Malgré ce qu’il avançait au sujet de la fille Cassin, il restait dubitatif. Jospeh n’était pas le plus colérique mais il tenait à sa famille comme à la prunelle de ses yeux.

Il préféra ne pas relever et écouta la suite avec attention. Tristan. Il était là au procès également. Il se fichait éperdument de ces histoires d’infirmités et de sodomie.

- Et donc? Vous voulez que j’échange un infirme sodomite pour un autre ? Qui est également esclave chez le Cardinal ? C’est bien cela ?

Coldris servit une nouvelle tournée. L’horloge présente sur la cheminée sonna une nouvelle heure. Le temps lui filait entre les doigts. Il regarda à nouveau les dossiers empilés sur son bureau.

- C’est incroyable ce que le temps peut passer vite lorsque l’on est en bonne compagnie ! Et tous ces dossiers qui s’empilent plus vite que je ne peux les traiter !

Il avala une nouvelle gorgée.

- Où en étions-nous ? Ah oui, vous aviez des informations intéressantes à me communiquer. Je vous écoute, mon cher Thierry.

Le membre 'Thierry d'Anjou' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Dé 100' : 30

Le vin dont Thierry ne cessait de se repaître commençait à embrouiller ses sens et à lui faire perdre les priorités des secrets à donner. Ils venaient au fil de la conversation, en rebondissant sur les paroles de Coldris. Rien e le sarisfait encore. Sa main se serra avec rage autour de la coupe.

Dyonis.
Tout était de sa faute.
Sans lui, Alex ne serait pas esclave et ne courait pas tous ces risques.
Tout était de sa faute.
D'ailleurs, ce n'était pas là une information à donner ? Coldris apprécierait sûrement d'apprendre que son ennemi apparemment honnête pouvait lui aussi comploter.

"Oui, j'en ai d'autres d'informations. Au sujet de cet enfoiré de baron."

Le vin faisait ses effets et lui faisait oublier toute politesse qu'il aurait dû avoir pour le Premier Conseiller.

"Alex a commis une bêtise. Une de plus, hélas ! Que voulez-vous ? Les fils ne font que désobéir à leurs pères, vous en savez quelque chose,n mon cher ami. Pour rechercher un ami, Alex s'est introduit au château de Frenn et aurait vu des choses. Il aurait été en contact avec une sorcière. Une certaine Lucrezia qui fut enfermée à la prévôté un peu plus tard. Or, voyez-vous, le lendemain du procès où Alex a été asservi par cette saloperie de baron, lui, il a été nommé Premier Conseiller. Chose plus encore intrigante : dans la soirée qui précède le procès, quelques heures après ma sortie du château de Frenn, là où j'ai vu moi aussi cette Lucrezia, je l'ai vu être appelé par des soldats pour être conduite au Roi."

Il releva la tête d'un sourire cynique vers Coldris et but à nouveau du vin.

"Quelles sont, selon vous, les déductions à tirer de ces observations ?"

Coldris ne manqua d’apercevoir les doigts de son ami se serrer autour du verre. Décidément, il était fort risqué d’être une coupe en cristal dans ce château. Entre Alduis et Thierry, la verrerie n’en menait pas bien large.

Pour l’heure, elle tenait bon et l’information suivante concernait le baron. Ah ! Ce cher Dyonis ! Un immense sourire d'anticipation se dessina sur son visage et il écouta avidement la suite. L’histoire était proprement… Prodigieuse ! Tellement qu’un large rire s'échappa de la profondeur de sa cage thoracique réveillant au passage l'effroyable douleur de sa côte brisé par Alduis.  De douleur et de rire, il heurta le plateau d'ébène de son poing.

- Mais… Ne me dites pas que c’est pour ça que la place de Premier Conseiller m’est passée sous le nez ? Dyonis aurait… il en avait les larmes aux yeux. Cela paraissait si absurde…

- Non mais vous vous rendez compte ? Dyonis avec une sorcière ? Il ne doit plus en dormir de la nuit, tant sa conscience doit l’écraser. Prodigieux. Absolument fascinant. Aaaah…

Il reposa ses yeux rieurs sur le prêtre avant de déclarer

- Mais enfin ! Pourquoi n’êtes-vous donc pas venu me raconter cela bien avant ? J’aurais su vous rétribuer tel qu’il le fallait. J’en suis presque vexé, je dois dire. Je nous pensais ami...

Le membre 'Thierry d'Anjou' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Dé 100' : 53

Thierry but une logue gorgée, réjoui de laisser entendre cette histoire sombre, qui sapait la belle image de son ennemi à une autre personne. Coldris s'en amusait beaucoup et en riait. Il répondit d'un air sombre.

"C'est la moindre des choses pour lui d'en avoir des insomnies. Moi non plus je ne dors pas beaucoup depuis que je sais, par sa faute, esclave aux mains d'un maître infâme. Heureusement, le vin est un excellent somnifère."

Sur cette belle parole, il avala une autre gorgée.

"Oui, je pensais bien vous en parle, mon cher ami, mais il y a eu cette triste affaire de procès et cet éloignement forcé. Je comptais venir vous l'apprendre mais votre propre fils nous a pris de vitesse. Il avait pris des renseignements sur ce fameux procès, qui lui a paru louche, et demandé des éclaircissements. Vous imaginez bien que je l'ai contenté."

Le prêtre lui rapporta alors la fameuse scène, survenu il y a peu au sein de ce château et tout ce qui s'était passé.

"Voilà. Une très belle journée, pour moi, en somme."

Il but une nouvelle gorgée et soupira.

"J'aurai aimé&, sincèrement venir vous voir mais j'ai des soldats pour me surveiller et malheureusement vous fréquenter serait mal perçu. Les autorités ecclésiastiques ne vous tiennent pas en odeur de sainteté. Je le déplore tout autant de vous.

Il but une autre gorgée eut une autre information à l'esprit.

"Au fait, connaissant nos goûts communs, connaissez-vous la fille qui est devenu patronne du Lupanar ? La Louise. J'aime beaucoup aller avec elle. Très agréable et expérimentée. Elle s'est retirée du jeu pour tenir les comptes en devant patronne. Mais il y a moyen de l'avoir. Et gratuitement. Voyez-vous, elle a tenu commerce avec le fameux Hyriel. J'ai appris de plusieurs filles de l'établissement qu'elle avait introduit le sorcier en ces murs ou allait lui chercher des potions en forêts. Menacez-la de tout raconter à la chère Isabelle, cette patronne si prude, si pleine de morale, et vous verrez, elle mangera dans votre main !"

Thierry commenta son anecdote d’un air sombre. En effet, cela devait le faire moyennement rire que de savoir son fils esclave par la faute de sa curiosité.

- Si vous voulez mon avis, l’opium est plus efficace

Et de cela il en était absolument certain pour y avoir recours de temps à autre lorsque le manque de sommeil le gagnait mais que Morphée refusait obstinément de lui accorder le repos que son corps réclamait désespérément. Sa réflexion sur Alduis le fit grincer des dents mais il garda ses pensées pour lui, de peur de tomber dans d'inlassables digressions.

- Vous savez pourtant me laisser des billets indéchiffrables quand le cœur vous en dit se renfrogna-t-il.

Ce à quoi, Thierry argua qu’il n’avait pas une réputation des plus pieuses. Depuis toutes ces années, il était connu le loup blanc. Mais ce n’était pas cela qui l’avait empêché de se hisser aux plus hautes fonctions.

- Et bien elles m’apprécieront sans doute plus lorsque les têtes auront changé…

La discussion tourna ensuite autour du lupanar. Louise. Il la connaissait en effet. Mais Louise était monbrinienne et son goût allait généralement aux étrangères lorsqu’il se rendait au bordel. Ce qui ne l’avait pas empêché de prendre du bon temps avec elle plusieurs fois. Quant à l’argent c’était purement un détail, lorsqu’on ne le comptait que rarement. Alors où voulait-il donc en venir ? Ah ce fameux Hyriel. Encore et toujours. C’est qu’il y tenait à ce sorcier infirme. Il ne fallait pas être devin pour se douter du genre de commerce qui avait lieu. L’information n’était pas des plus palpitantes mais avec l’ouverture prochaine du procès, il y trouverait peut-être intérêt ? Il verrait bien qui était ce fameux Hyriel. D’ailleurs la libération d’Alexandre pourrait être l’occasion de l’apercevoir… Coldris se leva enfin.

- L’heure tourne et je me vois dans l’obligation de mettre fin à notre délicieuse discussion à grands regrets.

Il fit le tour du bureau d’un pas lent et mesuré, tout en poursuivant

- Je dois vous avouer que je reste quelque peu sur ma faim. Je m’attendais à des informations plus croustillantes. Enfin c’est ainsi ! Que voulez-vous !

Il s’arrêta finalement devant le prêtre avant de conclure.

- Je ferai mon possible pour aider votre fils. Et puisque vous êtes mon ami, j’irai sans doute voir le Cardinal afin de tenter de le racheter à ce démon.

Quelle ironie d’appeler ainsi l’ecclésiaste qui appréciait tant les feux de joie !

- Si jamais quelque chose vous revient en mémoire, vous savez où me trouver n’est-ce pas ?.

Thierry but une énième gorgée de vin, amer.

"Oui, l'opiump est agréable lui aussi mais moins accessible. Je ne peux venir vous rendre visite chaque soir. malheureusement. Notez que je le regrette."

Il termina de vider sa coupe et s'en remplit aussitôt une autre. Le prêtre sentait les reproches de Coldris d'avoir gardé ce secret trop longtemps. Il soupira.

"Depuis mon retour, j'ai eu le cœur chagriné, je le crains, par cette surveillance qu'on m'impose. C'est très pénible d'avoir des chiens à vos pas, sans pouvoir les chasser d'un bon coup de pied."

Sur ces paroles, le prêtre vida une nouvelle fois sa cope, cette fois, d'un seul trait. La tête commençait à lui tourner dangereusement. Le scours de Coldris devenait vaporeux. Le sens des mots lui échappait. Il préféra se resservir un verre, puis encore u autre, et encore un autre... Le vin é"tait si bon. Si délicieux. Son esprit en avait occulté les raisons de sa présence. Alexandre s'était évanoui. L'ivresse manifestait cependant ses effets et la tête du religieux décrochait de la réalité.il eut soudain un brusque renvoi puis perdit reconnaissance, noyé sous l'alcool qui circulait dans ses veines, et s'endormit sur le tapis du bureau, les bras en croix.

Des ronflement épais s'entendirent presque soudain.
Thierry se mit à baver sur le tapis, la langue passée hors des lèvres.

Les confidences et les révélations s’arrêtaient là pour aujourd'hui.

Thierry se versait coupe sur coupe. Et les descendait l’une après plus rapidement qu’il n’énumérait ses précieux secrets.
Il décida de mettre un terme un cette entrevue mais le prêtre tournait titubait déjà avant de brusquement salir son tapis et retomber inanimé.

Coldris soupira à la vue du spectacle.

- Léonilde ?

Son majordome qui attendait docilement dans l’antichambre voisine ouvrit la porte et apparut aussitôt. Il posa aussitôt les yeux sur le cadavre.

- Messire? interrogea-t-il du regard
- Vous ne l’entendez donc pas ronfler, Léonilde ? Il faudrait peut-être que je change d’intendant en ce cas…

Pour sa défense, en plus de trente années de services, Léonilde, avait vu toutes sortes de choses que ce soit ici ou à Cervigny. Certains hôtes avaient parfois quitté le domaine du manière fort inattendue, alors rien n’étonnait plus le majordome.


- Installez-le dans l’une des chambres dévolues aux invités et faites nettoyer tout cela. J’ai du travail qui m’attend répondit-il en indiquant son tapis souillé et l’épouvantable odeur qui s’en échappait.

Léonilde avait sans doute anticiper sa demande comme toujours mais qu’importe. Coldris prit la direction de la sortie avec la ferme idée de marcher quelque peu avant de se remettre au travail.

- Une excellente journée que voici, mon cher Léonilde ! Vous n’avez pas idée ! lança-t-il avant de claquer la porte derrière lui.