[23 décembre 1597] - Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...

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Message par Eldred Kjaersen Sam 5 Déc - 9:45

Deux jours plus tôt, Eldred était passé à l’église en revenant du marché. Il s’était directement rendu à la petite chapelle où il avait retrouvé Alduis le 10. Ils avaient conclu quelques jours plus tard qu’ils pourraient si besoin y laisser des mots. Enfin des mots. Toute la difficulté était qu’Eldred ne savait pas déchiffrer les caractères latin alors… les lettres s’étaient transformées en dessin, soigneusement plié et glissé sous le pied du chandelier à cierges. Le zakrotien repéra aussitôt le petit coin blanc qui dépassait et s’en empara. Il le déplia et découvrit… ce qui devait être lapin vu les longues oreilles et une… drôle de fleur. Il fronça les sourcils. Ça ressemblait à ces petites grappes rouges toxiques que l’on trouvait sur le sol de la forêt, mais connaissant Alduis c’était certainement plus terre à terre... Il resta ainsi de longues minutes jusqu’à se dire qu’il devait sans doute s’agir d’un brin de blé. Combien de fois en avait-il vraiment vu pour le dessiner aussi rond ?! Eldred compta vingt-trois brins d’herbes sur le sol et en déduisit la date.

***

Pour quelle raison voulait-il le voir ? Ça ne devait pas être trop grave auquel cas, il l’aurait trouvé immédiatement… Eldred laissa ses pensées vagabonder au gré du pas chaloupé de la jument qu’il avait emmenée s’exercer. L’air était vivifiant ce matin là et la neige enveloppait de son épais manteau blanc la campagne bratkennoise. On ne reverrait plus le sol sans doute avant des semaines désormais. Mais cela ne faisait ni chaud ni froid à Eldred qui était habitué à bien plus rigoureux. C’est au pied d’un arbre isolé qu’il aperçut son ami, lui aussi à cheval. Il passa au petit trot et combla rapidement la distance.

- Laisse-moi te dire que tu dessines extrêmement mal ! La prochaine fois demande à ton amant. railla-t-il en guise de salutations.
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Message par Alduis de Fromart Sam 5 Déc - 11:12

Alduis n’avait jamais été un grand dessinateur et il n’y avait nulle méchanceté à le dire. Il était décidément plus fort avec une épée dans la main plutôt qu’une feuille de papier sous l’encre de la plume. Ses dessins étaient d’autant moins potables, d’ailleurs, qu’il avait dû les faire de la main gauche - puisque sa main droite demeurait inutilisable.

Un lapin, en guise de signature.
Un brin de blé, pour indiquer les champs.
Et vingt-trois traits, censés être des brins d’herbe, pour la date.

Quand bien même il s’agissait d’un art hasardeux et qu’un enfant aurait certainement fait quelque chose de plus parlant, il ne doutait pas une seconde que Eldred comprendrait le message.

Aussi, dès le 23 au matin, le jeune homme avait sellé Courage et avait quitté Fromart pour rejoindre les campagnes environnantes. Il attendait Eldred depuis, occupé à caresser machinalement l’encolure de sa jument, en contemplant le paysage blanc.

Alduis ne savait toujours pas s’il aimait l’hiver ou non. Le paysage morne et silencieux… Il avait parfois la sensation de se voir, dans cette saison glaciale. Comme si, à l’intérieur de son ventre vide, de son ventre gangréné, il y avait ce même froid, ce même blanc, qui recouvrait ses organes. Il n’arrivait pas à se décider.

Soudain, des craquements de sabots dans la neige attirèrent son attention. Alduis se retourna pour voir la silhouette du Zakrotien se détacher sur le fond neigeux. Un sourire éclaira son visage et il l’attendit au pied de l’arbre.

Il haussa les épaules négligemment à sa remarque sur ses dessins.

- Bah, ce n’était pas si mal, puisque tu es là !

Il eut un sourire provocateur, puis ajouta, non sans un certain amusement :

- Dis-moi, comme tu as un an de plus, peut-être devrais-je commencer à t'appeler Mémé Eldredounette ? Qu’est-ce que tu en dis ?
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Message par Eldred Kjaersen Sam 5 Déc - 13:17

A sa remarque, Alduis haussa les épaules arguant qu’il avait compris. Eldred se pencha sur l’encolure sourire malicieux au bord des lèvres.

- Ah oui ? Je pensais qu’on avait rendez vous chez le fleuriste. C’est juste le hasard… Comme quoi il fait bien les choses !

Il étouffa un petit rire et peigna le toupet de sa jument baie de ses doigts. Il avait 29 ans depuis quelques jours désormais. Il avait presque oublié son anniversaire. Presque, car il était difficile d’oublier que l’on était né le jour de la plus longue nuit de l’année… Le 21 décembre faisait parti de ces dates qui rythmaient le calendrier païen. Mörsugur, le mois de la moelle osseuse que l’on aspirait. Drôle de nom en réalité en y songeant. Mais c’était le mois où il fallait prendre autant de gras que possible pour suivre, car l’hiver était loin de toucher à sa fin. Ce fut à son tour de hausser les épaules.

- Moui tu as fait mieux que ça. C’est assez décevant je dois dire. Alors dis-moi tout mon lapinou. Tu avais envie d’une promenade romantique c’est ça ?

Eldred pressa les flancs de sa monture et la laissa repartir dans un pas lent. L’inactivité dans ce froid avait tendance à augmenter la sensation de froidure qui s’infiltrant au travers de sa cape de laine. Il jeta un œil à son ami. Une chose était certaine : il avait meilleure mine que ces derniers temps. Il paraissait presque… apaisé.
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Message par Alduis de Fromart Sam 5 Déc - 15:18

Eldred se pencha par-dessus l’encolure de son cheval, moqueur. Alduis lui retourna son expression, sans se démonter le moins du monde.

- Je t’apporterai un bouquet de fleurs, la prochaine fois, puisque tu y tiens tant, Eldredounette. Promis.

Il ponctua ses mots d’un sourire plein d’une ambiguïté jouée. Après tout, ils savaient tous les deux ce qu’il en était réellement et puisqu’Alexandre n’était pas dans les parages pour jouer les jaloux, ils pouvaient bien jouer un peu. En tout cas, une promesse était une promesse. La prochaine fois, Eldred aurait droit à ses fleurs tant désirées.

Eldred avait beau être plus vieux que lui de seulement cinq mois, c’était toujours cinq mois suffisants pour qu’Alduis lui en fasse la remarque. Avec un grand sourire, comme d’habitude.

Ce furent les sujets plus sérieux qui commencèrent par la suite. Enfin… plus sérieux. Tout était relatif.

- Une promenade romantique, rien que cela ! Je n’en attendais pas tant de ta part, Eldredounette. Mais si tu insistes, je veux bien te l’offrir, tu n’auras qu’à te dire que c’est ton cadeau d’anniversaire.

Son sourire s’élargit et il ajouta, tout en faisant partir Courage au pas à côté du cheval d’Eldred :

- Je peux même ajouter un petit baiser à la liste, si tu veux !

Le regard de Eldred pesa sur lui. Le sourire qu’il lui adressa par la suite n’était plus provocateur, juste sincère. Il reprit, d’un ton plus pensif :

- Tu sais, quand tu as dit que les voix dans ma tête faisaient partie de moi ? … eh bien, j’y ai réfléchi.

Il laissa le silence flotter quelques instants. Il avait toujours du mal à accepter cela, même si Eldred le lui disait, même si son père l’avait confirmé. Comment aurait-il pu l’accepter, alors qu’il les détestait ? qu’elles le rabaissaient sans cesse ? … Ces derniers jours de silence lui étaient bénéfiques, il se sentait plus léger que d’habitude. La dalle maintenait les voix enfermées dans les sous-sols de la forteresse. Il avait oublié ce que cela faisait, que de pouvoir réfléchir au calme, que de ne pas les entendre jacasser comme s’il n’était pas là.

Une partie de lui se sentait abandonnée. Et cette partie-là menaçait parfois d’aller les libérer.

- J’ai réussi à les enfermer, dit-il. Elles ne parlent plus. Tu sais, on dirait un peu le silence d’un champ de bataille une fois que le combat est fini. C’est… c’est étrange. Je n’ai pas l’habitude.

Il ne savait pas vraiment quoi en penser.
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Message par Eldred Kjaersen Sam 5 Déc - 18:27

Des fleurs… Évidemment qu’il allait le faire. Il avait promis. Il allait se promener avec un bouquet de fleurs. Tout le monde allait le questionnait. Il pourrait tresser une couronne pour Lavinia ? Elle serait belle avec des fleurs dans ses cheveux bruns. L’ennui c’est que c’était celles d’Alduis. Il élimina l’idée aussitôt. Tant pis. Les chevaux se régaleraient ou bien il les déposerait dans la chapelle ? Il répondit par un rictus amusé.

- Tu es en retard pour mon anniversaire, mon lapinou. Il va falloir payer les intérêts.

Un baiser en dédommagement ? Bah voyons ! Regard en coin malicieux il ajouta.

- Tu vas encore faire un jaloux

Une fois les taquineries d’usage échangées, le sujet se fit nettement plus sérieux. Les voix dans sa tête. La dernière fois, ils s’étaient quittés sur un rejet lorsque le sujet avait été abordé. Cela n’avait rien d’étonnant mais il était ravi de constater que l’idée avait fait son chemin  et même germé. En si peu de temps ?! Il se grandit et stoppa son cheval en entendant la suite. Il avait réussi à les enfermer ? Vraiment ?

- Tu… Tu as réussi Alduis ? Comment ?

Il n’en croyait pas ses oreilles… dix jours plus tôt, il en était à le serrer dans ses bras de toutes ses forces pour le faire revenir parmi les vivants. Et là… Il n’entendait plus rien ?

- Tu apprécies ? Ne me dis pas qu’elles te manquent ? Parfois j’entends les lames qui s’entrechoquent des heures après la fin de la bataille… comme des fantômes.

D’autres fois, la mélodie guerrière bourdonnait dans ses oreilles jusque dans son sommeil. A croire que son esprit refuser de lâcher prise et d’accepter la fin des combats. Et il finissait par se réveiller en sursaut, persuadé qu’on essayait de lui broyer le crâne.

- Tu peux être fier de toi en tout cas. ajouta-t-il on ne peut plus sérieusement.
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Message par Alduis de Fromart Sam 5 Déc - 22:51

En retard. Qu'est-ce que c'était, au juste, être en retard, pour un homme qui se faisait une gageure de ne jamais arriver à l'heure ? Deux jours, ce n'était pas tant que ça, sur une vie !

- Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te le souhaiter le jour même, quand même ! Il faut savoir se faire désirer voyons.

Mais s'il tenait tant que ça à ses intérêts, Alduis pouvait très bien les lui donner. Sous la forme d'un petit baiser. Il répondit au regard malicieux de Eldred par un petit sourire en coin. Parce que, bien entendu, ils pensaient tous les deux à la même chose. Cette matinée sur le port, où Alexandre s'était comporté comme un enfant capricieux et jaloux qui ne voulait pas partager...

- Les femmes n'ont jamais été jalouses pour toi ? C'est flatteur au fond.

Et c'était d'autant plus drôle quand on se disait qu'il n'y avait strictement aucune chance pour que Eldred vole sa place à Alexandre, compte tenu de son attachement aux poitrines. À peu près autant qu'il y avait de risque qu'Alduis ne dorme avec cette garce de Leyria. C'est-à-dire, précisément, zéro.

Mais même si c'était toujours un plaisir d'échanger les piques avec Eldred, il ne lui avait pas donné rendez-vous pour cela, ni pour la promenade romantique... même si ça aurait été très tentant !

Non, il avait des choses à lui dire. Parce que Eldred avait toujours un avis éclairé sur les questions, qu'il n'avait pas peur de lui parler honnêtement, et qu'il était sans nul doute la personne à qui Alduis accordait le plus de valeur aux conseils donnés. À vrai dire, il admirait sa résilience, sa manière d'accepter les choses, sa servilité et le reste. Et il savait pouvoir lui faire confiance, quoi qu'il lui dise.

Les voix s'étaient tues. Eldred se redressa et tira sur les rênes de son cheval, visiblement étonné. Alduis lui jeta un regard en coin. Comment aurait-il dû prendre cet étonnement ? Il n'en savait rien. Tout comme il ne savait pas comment il avait fait.

- Mon père, répondit-il. Mon père m'a aidé. Je n'aurai jamais réussi, si j'avais été tout seul, Eldred.

S'il avait été tout seul, il serait mort. Il aurait sauté, mais cela, il n'en dit pas un mot. Eldred comprendrait certainement avec son simple langage corporel.

- Tu apprécies ?

Comment ne pas apprécier ce silence bénéfique ? Bien entendu. Mais son hochement de tête dut être trop hésitant pour ne pas poser davantage de questions.

- Ne me dis pas qu'elles te manquent ?

Alduis courba les épaules sans même s'en rendre compte, en fuyant soudainement le regard de Eldred, de peur d'y voir un jugement. Il avait honte. Parce qu'il savait que chose pareille n'aurait pas dû être. Lui-même ne comprenait pas pourquoi.

- Un peu, avoua-t-il comme un enfant pris en faute.
Elles me manquent un peu.

Pour ne pas dire beaucoup. Il secoua la tête. Il aimait le silence. Il aurait aimé que les choses soient toujours comme ça mais... il n'avait pas l'habitude. C'était comme si on l'avait amputé.

Après des années guidé par des voix, bien que souvent pris entre les deux feux, il se retrouvait à devoir réfléchir tout seul. Et il y avait quelque chose d'effrayant à cela, à se dire qu'il ne les entendait plus. Et si elles ne revenaient jamais ? C'était toujours quand quelque chose n'était plus là qu'on se rendait compte de l'ampleur des choses.

Alors qu'il pouvait être fier de lui, il n'en savait rien, ce n'était pas l'effet que ça lui faisait.

- J'ai passé des années à espérer qu'elles se taisent et... maintenant qu'elles l'ont fait, je ... j'aimerai qu'elles reviennent. C'est idiot. Je sais que c'est idiot.

Et qu'il finirait par le regretter amèrement, dès lors que leur pression contre la trappe la ferait sauter. Et il avait besoin que Eldred le lui dise, qu'il lui explique pourquoi. Il secoua la tête de nouveau, et ajouta alors :

- J'ai croisé Cassandre à Fromart.
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Message par Eldred Kjaersen Sam 5 Déc - 23:54

Évidemment qu’Alduis ne faisait rien comme tout le monde. Ou plutôt il trouvait une excuse plus original que tout le monde pour se justifier de ce retard parfaitement assumé. Il n’avait rien à répondre de plus qu’un sourire en coin qui disait « bah voyons ». Un baiser. Il avait presque envie d’accepter. Juste pour le jeu. Surtout lorsqu’ils pensaient exactement la même chose.

-Oh si plusieurs fois… Mais les femmes sont bien pires. Elles préméditent savamment leur vengeance des jours et plus durant pour la servir au meilleur moment. Crois-moi ça vaut le détour.

La discussion passa sur le sujet bien plus sérieux des voix qui avaient élus domicile dans son esprit. Alduis les avaient enfermées. Avec l’aide de son père. Il tourna instantanément la tête pour le détailler. Son père ? Il avait raté un épisode ? La dernière fois, il lui intimait de ne jamais croisé sa route et lui assurait que c’était le dernier des salauds avec une conception somme toute particulière de l’amour. Alors quoi que s’était-il passé pour qu’il l’aide à enfermer ses voix ? Eldred secoua la tête. Pourquoi ses mains serrèrent ses rênes ? Et ça c’était quoi un frisson ? Pourquoi avait-il un mauvais pressentiment ? Ce regard subitement fuyant. Fuyant au-delà. Un regard qu’il connaissait pour l’avoir vu sur Byrnja.

- Alduis ? Qu’est-ce que t’as foutu ? mais déjà il complétait seul car il savait qu’il ne répondrait rien t’as essayé de te tuer ? Et ton père t’as trouvé à temps ?

Ses entrailles se serrèrent à l’idée d’avoir failli perdre son ami. Les images de Byrnja s’invitait dans son esprit sans qu’il ne puisse les chasser. Ses yeux aussi bleus que ceux d’Alduis, ouverts sur le ciel. Et  ce sentiment d’impuissance le plus complet. Cette culpabilité. La même qui s'emparait de lui et qui le poussait à se demander « qu’est-ce que j’ai manqué ? »

- Je suis heureux que ton père t’ais aidé. C’est… surprenant. Il faudra que tu m’expliques.

Plus tard, car déjà Alduis lui avouait se sentir démuni dans le silence de son esprit. Rien d’étonnant. C’était se retrouver face à soi même. C’était nouveau. Ce qui était nouveau était effrayant.

- Ne sois pas si dur avec toi-même. Tu devrais fêter ta réussite. Ça veut dire que tu peux le faire ! Et que tu pourras le refaire !

Il lui adressa un sourire.

- La nature a horreur du vide. Tu as créé du vide. Il faut que tu t’habitues. Il faut que tu apprennes à te connaître. Tu as oublié tout ça à force de regarder ton reflet dans l’eau mouvante des voix.

La suite tomba comme un cheveu sur la soupe. Ou plutôt une fiente de corbeau. Car ça ne présageait réellement rien de bon. Son altercation avec la fillette lui revint en mémoire. Il ferma brièvement les paupières. Qu’avait-elle bien pu faire ?

- On s’est disputé avant que je vienne te voir l’autre fois… laisse-t-il échapper.

Il aurait pu ajouter « j’espère qu’elle ne t’a pas causé de soucis » mais à quoi bon ? Tous deux savaient ce qu’il en était et il redouta le pire. Il soupira et se prépara au récit de son ami.
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Message par Alduis de Fromart Dim 6 Déc - 11:52

Alexandre jaloux. Certes, les choses s'étaient révélées ridicules vues de l'extérieur... mais ce n'était pas si désagréable. Tant qu'Alexandre serait jaloux, alors c'était qu'il tenait à lui. Il aurait certainement plus de souci à se faire quand ce ne serait plus le cas.

Quant aux femmes et leurs vengeances longuement réfléchies...

- Trop compliqué à comprendre, décida-t-il en haussant des épaules. Les militaires sont peut-être moins romantiques mais au moins, on sait sur quel pied danser.

Mais Alduis ne savait décidément pas comment prendre ce regard que Eldred posait sur lui. Il s’agita sur la selle de courage, mal à l’aise. Il aurait subitement aimé changer de sujet ou s’enterrer sous terre. Pour se faire oublier. Il avait déjà assez de mal à y croire tout seul sans devoir en plus interpréter la surprise de son ami. Peut-être avait-il pensé qu’il n’en était pas capable ? Auquel cas, il avait certainement raison. Il n’aurait jamais pu le faire tout seul et si son père n’était pas entré dans ce salon poussiéreux, Alduis ne serait pas là pour lui confier ses doutes.

- Alduis ? Qu’est-ce que t’as foutu ? Tu as essayé de te tuer ?

Alduis ne dit rien pendant quelques instants. Il n’en fallait pas davantage pour le replonger dans ses souvenirs, assis sur le rebord de la fenêtre, à contempler sa propre mort avec un mélange d’appréhension et de magnétisme.

- Je… J’en ai marre, Eldred, j’en ai marre de devoir me battre pour vivre. J’ai envie d’abandonner, avoua-t-il de nouveau en soupirant, avec une sincérité terrible. Ta Cassandre trouverait sûrement ça lâche, mais… j’en ai plus rien à foutre, maintenant. Elle peut dire ce qu’elle veut, j’ai plus envie d’être courageux, j’ai plus envie de gagner. Je veux juste qu’on me laisse tranquille.

A nouveau, Alduis soupira, sans regarder Eldred. Il avait beau avoir remercié son père de l’avoir sauvé, quelque chose en lui regrettait de ne pas être mort.

- J’ai l’impression d’être vide, reprit-il, en pressant ses mains contre son ventre sans même s’en rendre compte. Il n’y a plus rien en moi. Plus rien du tout.

Il fit une pause et reprit, plus pensivement, comme Eldred semblait attendre la suite de l’histoire :

- Elle a dit que je ne savais pas ce que c’était de survivre… Tu penses qu’elle a raison ?

C’était une vraie question. Il avait besoin d’une réponse la plus honnête possible. Et il savait que Eldred la lui donnerait. Il frissonna et serra ses bras autour de lui une seconde pour repousser la vague de froid qui se répandait dans son ventre.

- Elle pense que je ne sais pas ce que c’est d’être humilié. Que je ne sais pas ce que c’est, de vouloir ressembler à quelqu’un. Que je ne sais pas ce que c’est, d’entendre des voix et d’avoir envie qu’elles se taisent.

Désormais, le ta gueule Eldred qu’elle avait hurlé apparaissait avec plus de clarté, s’ils s’étaient fâchés… Il secoua la tête et conclut soudainement, en se redressant imperceptiblement et en donnant une pression des talons à Courage pour lui faire reprendre son pas :

- Je lui ai cassé le nez. Je suis désolé, je ne voulais pas, j’ai pas réussi à me contrôler.
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Message par Eldred Kjaersen Dim 6 Déc - 15:32

Eldred pouffa de rire en entendant la remarque parfaitement prévisible d’Alduis. Alors même qu’il avait prononcé ces mots, il avait pu entendre d’avance la réaction de son ami.

- Mais bien au contraire ! C’est ce qui fait tout leur charme !

Là-dessus, ils ne parviendraient jamais à se mettre d’accord. Mais là aussi, cela faisait parti du charme de leur amitié. Il lui adressa un regard en coin. Regard qui se répéta lorsqu’il comprit pour les voix et pour sa tentative de suicide. Il ne connaissait Alduis que depuis quelques semaines seulement, mais déjà il s’y était attaché. En fait, leurs rares rencontres avaient été chaque fois si intenses, qu’il avait l’impression d’être son ami depuis des années. Ils étaient liés. Quelque part sans qu’il ne sache pourquoi ni comment, les bornes avaient entrelacé leur fils ensemble sur leur grande tapisserie. Ses paroles le blessèrent comme autant de petites éraflures brûlantes. Il se sentait parfois impuissant et presque inutile. Comme avec Byrnja. Comme avec Cassandre. Mais il ne pouvait pas juste baisser les bras. Pas lui. Un guerrier n’abandonnait jamais. Et plus que tout, il ne laissait pas son ami sur le carreau. Il hocha la tête compréhensif sans l’interrompre. Il voyait bien qu’il n’avait pas tout dit.

Les paroles de Cassandre lui firent serrer les mâchoires. Comment pouvait-elle dire de choses pareilles ? Elle allait trop loin ! Beaucoup trop loin ! Ne pas l’apprécier ne lui donnait pas le droit de le lacérer par pur plaisir. Il fronça les sourcils. Et remit la jument en mouvement en même temps que la sienne. D’abord lui. Maintenant Alduis. Qui serait le prochain sur la liste ? Il n’aimait pas la tournure que prenait les évènements.

Je lui ai cassé le nez. Je suis désolé, je ne voulais pas, j’ai pas réussi à me contrôler.
- Ça lui fera pas de mal. Elle l’a pas volé. Et pour être honnête j’ai bien failli lui envoyer le mien aussi alors je suis mal placé pour te faire le moindre reproche

Il bougea imperceptiblement les mains pour se rapprocher d’Alduis. Leurs jambes se frôlaient presque au rythme du balancement cadencé des chevaux.

- Je suis sincèrement désolée qu’elle t’ait fait subir ça Alduis. Je ne la reconnais plus. répondit-il pensivement les yeux perdus dans l’horizon immaculé.

Après quelques secondes de silence, marqués par le crissement des sabots dans la neige, il tourna sa tête pour attraper ses prunelles d’azur qui paraissaient plus clair que jamais parmi toute cette blancheur.

- Elle a tort. Elle parle sans réfléchir. Elle ne te connait pas. Elle te juge sur ton nom. Elle croit que vivre dans un château suffit à t’assurer une vie douce et confortable. Mais toi et moi savons que c’est parfaitement faux.

Il marqua une courte pause afin de le laisser intégrer ses paroles puis reprit avec sa sincérité habituel

Tu n’as pas besoin de me poser la question pour le savoir, Alduis. Tu le sais au fond de toi. Tu n’as pas de leçon à recevoir d’elle. La survie… Alduis, t’es un soldat bordel ! Si tu sais pas ce que c’est personne ne le sait !

Mais ça ne suffisait pas. Alduis se sentait vide. Vide parce qu’une partie de lui était morte pendant le typhus. Vide parce  que désormais les voix étaient enfermées et qu’il ne savait pas où trouver des réponses autres que dans leur avis. Mais la nature avait horreur du vide. C’était bien connu. Il n’appartenait qu’à lui de remplir ce vide. Il tapota l’emplacement de son cœur.

- C’est là que tu dois chercher tes réponses. Là. Et dans tes tripes. Remplis-le le vide.

Il reporta son attention sur les oreilles de son cheval un court instant, perdu dans ses réflexions avant de déclarer jovialement.

- Tu sais quoi ? Il te faut un but dans la vie ! Une motivation ! T’avais pas dit que tu devais me trouver une femme ? demanda-t-il innocemment
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Message par Alduis de Fromart Dim 6 Déc - 22:16

Alduis haussa des épaules nonchalamment. Si Eldred disait que cela rajoutait au charme des femmes... soit ! Si cela lui chantait, c'était ses affaires. Lui préférerait toujours les militaires, leur droiture et leur franchise, même si elle était parfois ... encombrante. Au même titre que leur honneur.

Néanmoins, c'était ce qui faisait leur amitié : jamais ils ne se battraient pour la même personne, c'était logique et de la plus simple évidence. Alduis aimait les évidences, il n'y avait rien à comprendre, juste à accepter la situation sans réfléchir. C'était rassurant.

Il y avait des choses ainsi, dont faisait partie la guerre et l'amour. Il le comprenait maintenant, parce que quand il se réveillait entre les bras de Alexandre, il ne se sentait jamais aussi calme. Les voix se taisaient, alors, et il ne se sentait pas vide pour autant. Il se sentait même plus complet qu'il ne l'était jamais. Comme s'il aurait toujours dû être là. Mais quand il fallait se lever, la sensation disparaissait et le froid l'envahissait de nouveau.

À l'instant, il se sentait surtout vide. Comme c'était si souvent le cas au cours des dernières années. Lui casser le nez ne l'avait pas apaisé. Au contraire. Parce que c'était le signe évident qu'il ne se contrôlait pas. Que ses émotions étaient un immense tourbillon infini.

- Mais ça ne sert pas à grand chose, si on ne se sent pas mieux après, n'est-ce pas ? remarqua-t-il en lui lançant un regard surpris, quand Eldred révéla lui-même avoir eu cette envie. Tu disais l'autre jour que la colère, ça brûlait comme un feu. Et je suis toujours en colère...

Eldred avait peut être envie de lui envoyer son poing dans le visage, lui aussi, mais il avait résisté. Tandis que lui, les phrases de Cassandre n'avaient que fait grimper la pression en flèche dans son ventre, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus sortir d'une autre manière :

- Comment tu fais pour toujours être calme ? Comment tu fais pour te contrôler ?

Le cheval de Eldred s'était rapproché de Courage. Le Zakrotien était si proche que, tout au rythme de leurs chevaux, leurs jambes s'effleuraient. Aujourd'hui, Alduis n'avait pas besoin de trouver le présent, mais la présence de son ami restait malgré tout un soutien. Une réponse aux doutes qu'il ne pouvait pas confier. Un moyen d'épancher ce qu'il n'avait jamais dit à personne.

À qui d'autre aurait-il pu avouer que la présence des voix lui manquait ? Qui d'autre aurait pu comprendre, et cela sans porter le moindre jugement sur lui ?

Ce fut presque sans réfléchir que, soudainement, Alduis appuya sa tête contre son épaule.

- Je lui laisse ma place, si elle veut, dit-il en ne plaisantant qu'à moitié. J'ai jamais demandé à naître dans un château moi, pas plus qu'être le fils du Ministre des affaires étrangères. Ni à être un génie. Ni même à être pas mal dans mon genre.

Il se redressa et le regard de Eldred accrocha le sien quelques secondes. Alduis ne bougea pas. Il se contenta de lui rendre son regard, simplement, en se laissant mener par le pas de Courage. Un soldat savait que c'était de survivre sur un champ de bataille, mais... mais les mots de Cassandre résonnait encore et encore. Ils avaient implanté un doute dans son esprit :

- Mais j'ai un lit pour dormir, j'ai jamais eu faim, je ne suis pas esclave non plus, on m'a jamais enchaîné alors que... Cassandre... et toi aussi. Vous savez ce que c'est...

Alduis baissa les yeux sur la main qui venait tapoter sur son coeur. Remplir le vide.

- D'accord. Mais avec quoi ?

La réponse arriva aussi. Avoir un but dans la vie. En avait-il eu vraiment un, un jour ? Rien n'avait guidé sa vie jusqu'à présent. Il se levait, mangeait, dormait, parce qu'il fallait bien le faire. Il vivait parce qu'il était né.

Mais sa remarque - en apparence innocente - lui fit oublier en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ses pensées.

- Te trouver une femme ? Moi, le si piètre expert en la matière ? Tss tss tss.

Il fit une pause, parce qu'il savait aussi que si cela venait à l'esprit de Eldred, c'était que quelque chose avait dû se passer pendant les derniers jours. Il eut un immense sourire ravi, et s'exclama :

- Raconte à ton lapin !
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Message par Eldred Kjaersen Lun 7 Déc - 12:36

Alduis avait raison. Décharger sa colère ne servait à rien. Ou plutôt si. Il y avait cette fraction de seconde durant laquelle on se sentait mieux, avant de réaliser que tout cela ne servait à rien. Il acquiesça silencieusement à sa remarque.

- Je ne suis pas toujours calme. Il m’arrive aussi d’être en colère. Et heureusement.

Comment faisait-il lui ? Il avait envie de lui répondre « je ne sais pas », mais ce n’était pas une réponse. Il ne s’était jamais posé la question. Ca s’était imposé avec le temps sans qu’il ne s’en rende vraiment compte ou ne fasse d’effort en ce sens. Comment faisait-il ? Il garda le silence un long moment, cherchant à trouver les mots juste. La colère, c’était comme brasier qui menaçait de tout emporter, de tout gangréner c’était comme…

- C’est comme un torrent en crue. Construire un barrage ou des digues ne sert à rien, Alduis. L’eau doit finir par s’écouler quelque part à un moment ou à un autre. On ne gagne jamais contre les éléments. il tourna la tête vers lui la colère c’est pareil. Toi tu l’accumules, encore et encore, jusqu’à ce que tout cède. Moi je la laisse se déverser continuellement en sécurité. Tu comprends ? demanda-t-il en penchant légèrement la tête.

Sa main gratta l’encolure de la jument et il se dit qu’un exemple ne serait sans doute pas de trop.

- La plupart du temps, j’ai juste à respirer profondément pour la laisser s’en aller et prendre du recul. Souvent tu t’apercevras que la situation n’est pas si dramatique qu’elle en a l’air. Chose qu’Alduis ne faisait jamais. Il le savait. Il paniquait et arrêtait de respirer. , Mais parfois je préfère simplement m’éloigner et la déverser ailleurs. Tu sais ce que je lui ai demandé de faire ce jour-là ? Je lui ai fait enfoncer son poignard dans une buche jusqu’à ce qu’elle tombe de fatigue. C’était le seul moyen de lui parler.

Eldred rapprocha sa monture de la sienne. Leurs jambes se frôlaient par moment tandis que les chevaux marchaient d’un pas lent. Il posa sa tête contre lui en évoquant ses doutes et le zakrotien entoura ses épaules de son bras.

– Elle a parfois l’air d’une adulte, mais ce n’est qu’une enfant au fond. Tu as beau ne jamais avoir demandé tout ça, ça reste ta vie. Tu seras toujours né dans un château, et tu seras sans doute toujours le fils du Ministre. Tout comme ton don. Quant à être pas mal dans ton genre… il recula légèrement sa tête pour mieux le dévisager, moqueur On en reparlera quand tu seras vieux, mon lapin !

Il étouffa un petit rire et Alduis reprit de plus belle au sujet des mots de Cassandre. Il pouvait constater combien il avait été blessé par ses paroles et cela le désolait. Il n’y était pour rien, mais une partie de lui se sentait responsable de son comportement odieux.

– Tu peux dormir par terre si tu veux. Mais bon tu sais j’ai un lit et elle aussi. Il est juste moins confortable que le tien. Mais quand tu pars en campagne je doute que tu emportes ton matelas en duvet. Et puis, franchement Alduis… Tu serais mort de faim avant d’avoir eu faim !

Il éclata de rire. Il fallait dire que son ami avait la manie d’oublier de manger. Heureusement qu’il lui apportait de quoi se restaurer lorsqu’ils se voyaient. C’était à se demander parfois comment il tenait debout. Son sérieux retrouvé, il poursuivit

– Elle a jamais combattu la maladie, elle a jamais mis les pieds dans une cage thoracique défoncé sans s’en apercevoir juste pour éviter un coup mortel, elle a jamais tué personne, ou extirpé une lame enfoncée dans le corps de celui qui était tout sa vie. Elle a jamais enterré son enfant non plus… J’ai jamais eu à me plaindre de mon père ou à coucher avec un homme par devoir. Tu vois… C’est pas parce que nos vies sont différentes qu’elles sont plus faciles ou plus difficiles. Il soupira L’herbe a toujours l’air plus verte ailleurs, mais c’est juste les reflets changeants du soleil lorsqu’elle se balance au gré du vent.

Alduis avait besoin d’un but dans sa vie. C’est ce qui permettait d’aller de l’avant, d’envisager le futur, de faire des projets. Eldred rêvait de libérer son pays, d’abolir l’esclavage. Il rêvait aussi de rentrer. Mais plus le temps passait, plus il avait du mal à l’envisager. Le jour de leur rencontre à l’église, il lui avait avoué que c’était l’absence de but qui le poussait à s’ouvrir le ventre. Rien ne l’intéressait réellement. Il avait longuement cherché ce qui pourrait le faire vibrer et il avait fini par trouver cette idée saugrenue de l’aider à tourner la page. Après tout c’était son idée. Mais il devait bien admettre qu’il avait entièrement raison. Elle était toujours là quelque part, et il était enfin prêt à la laisser partir. S’en détacher n’effacerait pas ses souvenirs avec elle et surtout, il devait montrer l’exemple à son ami. Si lui n’y arrivait pas comment pouvait-il envisager de faire les siens ?

Il lui caressa sa chevelure, un air taquin au bord des lèvres.

- C’est l’occasion d’améliorer ton jugement, tu ne crois pas ? Plus sérieusement… il plongea son regard dans le sien J’ai besoin de toi, Alduis. Je n’y arriverai pas tout seul. J’ai essayé et j’ai vraiment essayé, crois-moi… Mais je refuse de tout gâcher une nouvelle fois.

Il quitta ses prunelles azures pour la blancheur des champs enneigés et soupira. Il songea à ces neuf dernières années. Il y avait eu celles où il avait voulu oublier puis toutes celles du déni. Il aurait sans doute poursuivi ainsi encore bien longtemps (toujours ?) sans avoir rencontré Alduis. Etre esclave était une excuse idéal pour ne plus s’attacher. Sauf qu’il ne voulait plus refuser l’obstacle. Alduis s’appuyait sur lui. Il ne pouvait plus trainer ses fantômes et puis…

- Raconte à ton lapin !

Un sourire béat s’étira sur ses lèvres et il se laissa tomber sur l’encolure de l’animal, joue contre ses crins.

Il y a quelques jours, j’ai rencontré une femme en ville, une noble. Ou plutôt c’est elle qui m’a rencontré. Elle m’a foncé dedans en tentant d’échapper à un voyou. Je l’ai accompagné chez Irène et… Je lui ai proposé de la retrouver à l’église pour lui faire visiter la capitale.

Enfin ça. C’était ce qu’il avait imaginé au début. Parce que le lendemain, il avait vite déchanté. Il enlaça le cou puissant de sa jument et gratta son poitrail en soupirant, pestant muettement contre le destin.
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Message par Alduis de Fromart Lun 7 Déc - 18:01

Eldred n’était pas toujours calme ? Alduis nourrissait quelques doutes à ce sujet. En tout cas, il maîtrisait bien mieux sa colère qu’il ne pourrait jamais le faire lui-même et de fait, de son point de vue, la fureur du Zakrotien s’apparentait vite à du calme. S’il avait pu se maîtriser comme lui le faisait, Alduis avait la certitude qu’une bonne partie de ses angoisses profondes s’envoleraient. Mais là était le problème : il ne savait pas faire, et il finissait invariablement par avoir l’impression qu’il allait imploser. Et dès lors, il n’avait plus d’autres choix que d’ exploser.

Eldred ne répondit pas immédiatement, et Alduis le laissa chercher une réponse sans le presser. Il savait que tôt ou tard, son ami lui fournirait une réponse, la plus complète possible, qu’il avait juste besoin du temps nécessaire pour la préparer. Enfin, les mots arrivèrent.

Alduis s’était caché toute sa vie derrière des barrages et des digues. Cacher sa colère, cacher sa douleur, cacher les larmes qu’il ne laissait pas sortir, cacher ses organes putréfiés. Mais venait ce moment où tout parvenait néanmoins à se frayer un chemin, où le barrage cédait sous la pression du flot de plus en plus puissant, où il n’arrivait plus à cacher rien du tout. Il avait conscience d’avoir atteint ce stade de non retour. La digue avait cassé, et rien ne pouvait la reconstruire car l’eau avait emmené avec elle les pierres.

Comprenait-il ? Oui. A peu près. Alors il hocha la tête pour indiquer à Eldred qu’il suivait le fil de ses réflexions et qu’il pouvait poursuivre. Il se tourna brièvement vers son ami, en levant sa main droite, toujours bandée et hors d’usage :

- Quand je m’éloigne pour la déverser ailleurs, ça donne ça.

Or, il avait parfaitement conscience que ce n’était pas de cela que parlait Eldred. Mais si donner un coup à ses agresseurs ne marchait pas toujours et ne soulageait pas, c’était là la meilleure alternative qu’il avait trouvé pour faire redescendre la pression - celle qui fonctionnait vraiment. La douleur. Et la fatigue. Frapper, frapper, frapper, les murs, les troncs, quitte à en avoir les jointures explosées, quitte à en avoir les paumes recouvertes d'éraflures.

- Tu sais ce que je lui ai demandé de faire, ce jour-là ? ajoutait Eldred. - Je lui ai fait enfoncer son poignard dans une bûche.

- Comme quand tu m’as laissé te frapper, dans l’église, remarqua-t-il.

Mais Eldred n’était pas toujours là pour se laisser cogner le temps que Alduis évacue toute la tension qu’il avait pu évacuer.

Le bras passé autour de ses épaules fraternellement, le Zakrotien continuait de parler. D’une vie qu’il devait accepter, même s’il n’avait rien demandé de tout cela, c’était la sienne et il allait falloir faire avec. Alduis en avait conscience, au fond de lui, mais c’était si dur à accepter. Il y avait tellement de choses qu’il aurait aimé changer, s’il en avait eu le pouvoir. À commencer par ce don.

- Tu dis que c’est un don parce que tu n’es pas obligé de te souvenir du temps qu’il faisait chaque jour de ta vie. Il n’y a rien de merveilleux à cela.

Alors cela ne faisait peut-être pas de lui un fou, mais il aurait davantage raccroché cela à une malédiction. Celle de se souvenir. Comme certains, fatalement, oubliaient tout, jusqu’à leur identité profonde.

Quant à être vieux un jour… Cela le laissa un moment interdit. Être vieux. Être un vieillard tremblant. Il ne s’était jamais imaginé que c’était possible, Alduis s’était toujours représenter une mort violente et surtout, une mort jeune. Et pourtant… À l’entendre dans la bouche de Eldred, cela représentait là une possibilité envisageable. Aurait-il le temps de vieillir réellement ? Il ne le savait pas. Il n’était pas sûr d’en avoir envie non plus. Mais Eldred lui rendait un avenir, comme s’il suffisait de mots pour se fabriquer un destin. Il ne répondit rien, un peu troublé néanmoins. À quoi ressemblerait-il, s’il atteignait un jour l’âge vénérable ? C’était une nouvelle perspective qui se dessinait sous ses yeux. Une perspective inattendue.

Eldred le coupa de nouveau dans ses pensées. Il haussa des épaules. C’était vrai, il aurait pu dormir par terre - il l’avait déjà fait, d’ailleurs, involontairement - mais pour cela, encore aurait-il fallu trouver le sommeil. Pour ce qui était de manger…

- C’est pas vrai ! J’ai mangé avant-hier !

Et comme il se doutait bien que Eldred ne serait pas convaincu par cet argument, d’autant plus qu’il riait, il ajouta :

- Et c’était équilibré !

La liste que faisait Eldred de leurs vies respectives était longue. Mais une partie retint davantage son attention.

- … une lame enfoncée dans le corps de celui qui était toute sa vie.

Il savait de qui voulait parler Eldred. Et il savait, par ailleurs, ce que cela faisait de retrouver des cadavres auxquels on tenait sur le champ de bataille. Parce qu’Alduis avait beau en avoir l’habitude, on ne s’habituait jamais totalement à voir un mort. Encore moins quand on le connaissait, qu’on avait dormi avec eux, contre eux. À chaque fois, les voir là, allongés au milieu des autres dans la boue et les entrailles, des fois sans jamais parvenir à remettre la main sur leurs corps, ou les voir découpés, une jambe là ou bien une tête ici... Alduis ne s’y faisait pas. Cela lui retournait toujours l’estomac, qu’importe le nombre de fois où cela arrivait, c’était toujours aussi dérangeant.

- Comment il s’appelait, ton enfant ? demanda-t-il soudainement, sans aucun préambule. C’est pour ça qu’elle est morte, hein ? parce qu’elle n’a pas supporté...

Et il ne précisa pas de qui il parlait. Il savait que Eldred comprendrait. Il rendit son regard à son ami et reprit :

- Tu fais comme si tout allait bien, Eldred, dit-il calmement, mais tout ne va pas bien. Sinon tu l’aurais laissée partir. Moi, au moins, je ne fais pas semblant d’avoir accepté.

Maintenant, il n’avait plus qu’à lui raconter pourquoi il parlait de retrouver une femme… et pourquoi il avait un tel sourire béat sur les lèvres ! Et la réponse était bien à la hauteur de l’attente. Spontanément Alduis se dressa brièvement sur les étriers de Courage.

- Oooh ! fit-il en se rasseyant correctement, avec un sourire plein de séduction. Et tu lui as demandé son petit nom de noble dame ?

Il fit une pause et en constatant que Eldred était couché sur l’encolure de Courage, il reprit :

- Quoi ? tu fais cette tête parce qu’elle est noble ?
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Message par Eldred Kjaersen Lun 7 Déc - 22:12

Alduis semblait comprendre ce à quoi il faisait référence. Il passa donc aux exemples. Par « déverser ailleurs » ce n’était pas exactement ce à quoi il pensait lorsque son ami agita sa main massacrée. Il secoua la tête.

- C’est toujours contre toi-même ça.

Alors il lui expliqua ce qu’il avait demandé à Cassandre et Alduis fit le parallèle avec ce jour à l’église où il l’avait laissé le frapper jusqu’à tant qu’il se sente mieux. Enfin il acquiesça, satisfait. C’était exactement ça.

- Voilà. Tu dois trouver un exutoire. Entaille une planche de bois de petits traits, coupe des brindilles aussi petites que possible ou je sais pas… récite l’alphabet à l’envers jusqu’à être calmé ! Tu comprends ?

Le bras autour de ses épaules, ils évoquèrent ce qui été la grande loterie de la vie. Alduis avait pioché le don de mémoire, lui voyait cela comme une malédiction. Le fait était que c’était là. Il haussa les épaules.

- Dans tous les cas c’est comme ça. Tu peux le maudire autant que tu voudras ça ne te l’enlèvera pas. Ce sont les hasards de la vie c’est tout. Autant prendre ce que tu peux de positif. il fit une courte pause songeur avant de reprendre Tu crois qu’Alexandre a voulu se trimballer avec des béquilles toute sa vie peut-être ? Il fait avec et il l’accepte. Ne va pas gâcher ton énergie à te battre contre une montagne que tu ne peux pas déplacer.

A ses doutes, il répondit d’abord avec humour. Il ne fit aucune remarque sur son trouble excepté un petit sourire avant qu’il ne s’offusque de sa remarque alimentaire. « Avant-hier ». Pas hier. Avant-hier. Et il disait cela avec une fierté non dissimulée. Eldred soupira et ouvrit l’une des sacoches pour en sortir une brioche dorée.

- Il faut manger tous les jours mon lapin. Et les fanes de carottes, ça compte pas. il lui adressa un sourire moqueur, parvenant difficilement à contrôler son rire. franchement, regarde-toi ! Si je te donne mes vêtements tu passerais pour un esclave affamé !

Après cette remarque pleine de légèreté malgré le sérieux évident de la chose, il reprit son descriptif peu reluisant et pavé de morts de leurs vies respectives. Son cœur se serra lorsqu’il mentionna sa fille. Il hocha la tête.

- Sigrún. Elle s’appelait Sigrún

Depuis combien de temps n’avait-il pas prononcé son prénom à haute voix ? Il chercha désespérément.

- Elle avait tout juste deux ans.

Alduis s’en serait souvenu lui. Comme il se souviendrait à la perfection de ses traits quand lui… Son image se floutait chaque jour un peu plus. Elle lui filait entre les doigts sans qu’il ne puisse rien y faire.

- C’est le nom d’une valkyrie chez moi. Ca veut dire le « secret de la victoire »

Quelle ironie. Il avait tout perdu. Rien gagné. Et maintenant il avait surtout de l’oublier. Qu’il ne reste plus qu’un nom sans images. Sans autres images que celle d’un petit corps emmailloté et brulé sur un bucher funéraire miniature.

- Tu fais comme si tout allait bien, Eldred, dit-il calmement, mais tout ne va pas bien. Sinon tu l’aurais laissée partir. Moi, au moins, je ne fais pas semblant d’avoir accepté.

Eldred resserra ses doigts autour de ses rênes.

- Tu comprends pas Alduis. Toi… Toi t’oublies rien. Mais moi, chaque jour qui passe, leur visage s’efface. J’ai beau faire l’effort d’y penser tous les jours, leurs images se déforment. Je ne me rappelle plus exactement de la voix qu’elle avait. Je crois le savoir, mais j’en suis même pas sûr. il lui adressa un regard désespéré Je veux pas les oublier. Je peux pas. il soupira profondément J’aimerai bien tourner la page. Mais si je la tourne qui me dit que je pourrais la relire si j’en ai envie ? Il marqua une petite pause pour rassembler son courage. J’ai essayé, j’ai vraiment essayé, crois-moi. Il y a eu toutes les fois où j’ai voulu noyer mon chagrin dans un autre lit, juste pour me dire que c’était rien. Et toutes celles où j’ai fini par partir en courant dès que ça devenait trop sérieux.

Est-ce qu’il était condamné à vivre ça éternellement ? Il avait parfois l’impression de ne pas avoir payé tous les intérêts. Une dette qui ne se soldait jamais. Parce que malgré tout son acharnement pour mourir au combat, il était toujours là. Plus vivant que jamais. Pourtant cette fois-ci, il sentait qu’il pouvait sauter le pas. Et il le fallait. Il avait plus d’une raison désormais de le faire et d’arrêter de se trouver des excuses. Mais il ne pouvait pas le faire seul.
D’ailleurs, une de ces raisons lui avait foncé dedans quelques jours plus tôt. C’était insensé et il aurait dû fermer les yeux et faire demi-tour dès qu’il avait su. Sauf qu’il n’y arrivait pas. Elle était toujours là dans ses pensées.
Alduis était tout guilleret, et son sourire communicatif étira encore plus le sien. Couché sur l’encolure qu’il serrait entre ses bras, il ne savait que penser.

Et tu lui as demandé son petit nom de noble dame ?
Non...

Son ami s’offusqua aussitôt. Eldred relâcha ses bras qui tombèrent inertes de chaque côté du cou puissant de l’animal. Il n’était guère plus qu’un sac de topinambours.

- J’ai pas eu besoin. Je l’ai appris le lendemain

Il se laissait bercer au gré du pas lent de la jument

- Lavinia de Kergemont. Elle est mariée, Alduis. Son vrai nom c’est… Howksley de Frenn.

Son cœur s’arrêta à cette simple idée. Il ne savait même pas dire ce qui était le plus grave : qu’elle soit mariée ou qu’elle soit la fille du baron ? Il soupira.

- C’est la fille de Dyonis. répéta-t-il d’une voix d’outre-tombe Il a beau m’apprécier, s’il l’apprend, il m’épinglera sur les murs de la cité comme l’usurpateur.

Et la perspective avait de quoi le faire frissonner.
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Message par Alduis de Fromart Mar 8 Déc - 15:58

Alduis savait bien que s’ouvrir n’était pas une solution durable. Ou que ce n’était, en tout cas, pas de cela que voulait parler Eldred en parlant de déverser sa colère ailleurs. Mais il n’avait aucune technique pour le faire d’une autre manière. Pourtant, une fois n’est pas coutume, il comprenait de quoi il était question.

- Réciter l’alphabet à l’envers ? releva-t-il en se tournant vers lui.

Il avait quelques doutes sur l’efficacité de cela, mais si Eldred le lui disait, alors il lui faisait confiance. Il ne lui avait encore jamais menti. Que perdait-il à essayer ? Les élancements dans sa main le lui rappelaient : rien. Alors il hocha la tête, ce qui signifiait approximativement : d’accord, j’essaierai.

Bien sûr, Alexandre n’avait pas choisi de naître infirme. Il faisait avec. Eldred avait raison, alors de nouveau, il hocha la tête. Peut-être était-il tant d’accepter les choses, au fond ? de reprendre sa vie en mains, de lui montrer de quoi il était capable ? Il ne pourrait pas changer ce qu’il était, il avait suffisamment essayé au cours des dernières vingt-huit années pour le croire. Mais c’était dur, terriblement dur de se satisfaire de cette part de hasard qu’il y avait dans sa vie.

- C’est dur, dit-il alors. C’est dur de s’accepter.

D’accepter qu’il se souviendrait éternellement de tout.
D’accepter que son corps puisse être faillible.
D’accepter d’être, à jamais, le fils du Ministre des affaires étrangères.
D’accepter qu’il ne pourrait jamais aimer les femmes et que son coeur battrait toujours plus vite quand il poserait ses yeux sur les muscles d’un soldat.

- Si c’était normal… Pourquoi ils s’embêteraient à brûler tous ceux qu’ils trouvent ? et pourquoi je serais obligé de me cacher ? J’ai fait l’amour 48 fois avec un homme. J’ai jamais eu l’impression d’être en train de faire un crime. Alors pourquoi ?

Il en était là de ses réflexions quand Eldred poussa un soupir et ouvrit une sacoche que portait sa jument, pour lui tendre une brioche. Alduis la prit et en déchira un petit morceau pour l’avaler tout rond :

- Je ne mange pas si j’ai pas faim, répondit-il en haussant les épaules. ... et puis, quand rien n’a de goût...

Néanmoins, il baissa un bref instant le regard sur lui-même et demanda, très sérieusement et avec concentration, comme s’il essayait d’établir un pronostic :

- Tu trouves que je suis si maigre que ça ?

Mais ce n’était au fond pas très important. Il tenait debout et pouvait soulever une épée, c’était le principal. Ce à quoi il s’arrêtait.

- C’est joli, Sigrún, comme prénom. J’aime bien.

- Elle avait tout juste deux ans.

Ces mots étaient criants de vérité. Criants de cruauté. Et pourtant, Eldred gardait foi en la vie. Il n’avait pas encore baissé les bras. Il était toujours là, enragé de vivre - et de vivre libre, malgré les chaînes qui l’asservissaient.

- Je suis désolé.

Il ne savait même pas pourquoi il disait une telle chose. Peut-être parce qu’il avait fait partie de ces divisions de soldats qui étaient venus affamer les Zakrotiens, en brûlant les récoltes, pour les faire ployer ? Peut-être parce que c’était une idée de son propre père ? Il n’avait jamais tenu la torche qui avait embrasé les cultures, certes, parce que jamais il n’aurait voulu faire une telle chose. Mais il avait senti l’odeur âcre de fumée comme tous les autres. Et en cela, il n’était pas tout à fait innocent.

Alduis vit les doigts de son ami se resserrer autour des rênes. L’instant d’après, les mots franchissaient ses lèvres. Il l’écouta sans le couper. Il ne savait peut-être pas bien parler, mais écouter, oui. Alexandre, Bérénice, et les autres. Il les écoutait. Quand son regard désespéré accrocha le sien, pourtant, il répondit simplement :

- Ce n’est pas parce que tu te souviens moins bien d’elles que tu ne les aimes plus ou que tu les trahis.

Ce fut tout. Mais la suite le laissa plus surpris. Vraiment ? Il avait cherché à noyer son chagrin dans le lit des autres ? Combien de fois… ? Il secoua la tête et ajouta :

- Ce n’est jamais rien. Je m’en rends compte maintenant, grâce à toi. Quand j’ai poussé Mathurin dans le vide… C’est ce que je me suis dit. Que ce n’était rien, que je me sentais bien. Mais c’est faux. Si tu savais comme je m’en veux... Il plongea son regard dans celui de Eldred : Ce n’est pas toi qui les a tuées, Eldred. Ce n’est pas ta faute, tu n’aurais rien pu faire. Tu n’as pas besoin de t’en vouloir. Et si Byrnja était encore là... elle dirait la même chose que moi.

Il fit une pause, quelques instants et reprit, avec un sourire encourageant :

- Si j’ai réussi à refaire ma vie, alors tu peux le faire aussi. Il n’y a pas de raison. J’ai plus confiance en toi qu’en moi-même, Eldred.

Tout en s’offusquant d’apprendre que Eldred ne lui avait pas demandé son nom, il apprit ainsi qu’il l’avait donc déjà revue depuis cette fameuse journée. Et le lendemain !

- Elle est mariée ! Et alors ? je ne vois pas le problème ! déclara-t-il. Et puis, franchement… Tu viens juste de dire qu’il ne fallait pas s’escrimer à déplacer une montagne ! Si c’est la fille de ton maître, tu pourras la voir plus souvent, voilà tout !

Il eut un large sourire, passa la main dans les cheveux de Eldred comme on ébourriffe la tête d’un chien et ajouta :

- Qu’est-ce que tu disais, déjà, à propos de l’amour ? Attends, que je me rappelle… Ah oui ! Je vais te le répéter.

Il eut un sourire, presque condescendant, et débuta, comme s’il récitait quelque poésie connue par coeur - à la différence qu’il n’avait entendu ces mots là qu’une fois :

- L’amour, c’est quand tu te rends compte que ta vie n’a plus aucun sens sans elle. Qu’il ne reste plus qu’un insipide vide qui absorbe chaque parcelle de bonheur en toi. Et qu’il n’y a plus que la nuit éternelle. Quand tu aimes vraiment quelqu’un tu dois accepter de souffrir.

Il se pencha sur Courage pour le forcer à croiser son regard et reprit :

- Ça te revient, ou je dois continuer encore un peu pour te rafraîchir la mémoire ?
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Message par Eldred Kjaersen Mer 9 Déc - 11:34

Alduis n’avait pas l’air convaincu. Pourtant le principe était bien le même : focaliser son attention ailleurs afin de laisser le temps à la colère de s’évacuer d’elle-même. Il hocha brièvement la tête pour appuyer ses propos auxquels Alduis se rangea finalement à sa proposition.

S’accepter et accepter tout court n’était jamais simple. Il fallait pour cela lâcher-prise. Accepter une part d’incontrôlable. Et cela avait toujours quelque chose d’effrayant. L’homme était ainsi fait : il souhaitait tout diriger, de la nature jusqu’à son existence propre. Mais il fallait également reconnaitre que ce n’était pas possible en toutes circonstances. Il tapota son épaule avant que son ami n’enchaine sur l’homosexualité.

- J’en sais rien, moi. il haussa les épaules et poursuivit, plein d’ironie Ils aiment peut-être les diners aux chandelles ? Ou alors ils sont juste trop cons. Depuis quand tu t’intéresses à la religion, mon lapin ? il posa sur lui un regard moqueur t’as qu’à venir à Zakros. Y’a plein de beaux guerriers et si c’est mal vu, aucun risque de finir en grillade. Tiens je t’avais pas dit que ton beau-père avait voulu me faire rôtir ?

Avec tous ces évènements, il en avait oublié de lui raconter sa rencontre avec le Père Thierry et comment il avait failli finir à la Prévôté et sur la place publique en feu de joie.

– Et j’ai donné ton nom à la place de celui de Dyonis d’ailleurs. il ricana Je l’ai surpris en train de glisser un pot-de-vin à un paroissien. Il n’a pas aimé que je lui fasse remarquer que ce n’était pas très chrétien. Et comme j’ai refusé de lécher la merde de ses bottes, il m’a obligé à réciter les prières. il se tourna vers Alduis avec un large sourire Tu sais ce que j’ai fait ? il laissa un petit temps avant de reprendre Je les ai récitées dans le désordre !

Eldred éclata d’un rire tonitruant au souvenir mémorable de cet instant plein de provocation. Il était certain que son ami l’apprécierait à sa juste valeur.

Je préfère mourir que de courber l’échine devant un individu pareil. Alexandre est intervenu après. il tourna la tête vers Alduis et haussa autant les épaules que les sourcils comme si cela n’avait rien d’anormal quoi ? On a presque enterré la hache de guerre. Réjouis-toi. Et puis… Tu savais que ton père pissait dans les bénitiers à ses heures perdues ? à nouveau il ne put retenir un rire franc, ça me donne plutôt envie de le rencontrer quand j’entends ça je dois dire…

Alduis se vantait d’avoir mangé l’avant-veille. Heureusement, Eldred était prévoyant, il lui tendit donc une petite brioche qu’il avala bon gré mal gré, en commentant son rapport à la nourriture. Comme il voulait avoir son avis sur sa maigreur, le zakrotien l’inspecta avant de lui pincer la joue.

- T’as la peau sur les os! Y’a rien à manger là-dessus, mon lapin !

La suite fut néanmoins moins réjouissante. Elle replongea Eldred, neuf ans plus tôt, lorsqu’il avait perdu la petite Sigrún de deux ans. C’était l’hiver, il n’y avait rien à manger. Les monbriniens avaient tout détruit. Y compris certaines parcelles de bois. Des racines, quelques baies, de rares gibiers les bons jours. Il n’avait mangé qu’un jour sur cinq afin de laisser sa part à sa femme et sa fille, mais cela n’avait pas suffi. L’hiver était rude à Zakros et lorsque la maladie frappa à la porte, elle n’eut pas la force de la combattre. Elle succomba d’une fièvre, une dizaine de jours plus tard.

- C’est joli, Sigrún, comme prénom. J’aime bien.

Il acquiesça en silence, tout en poursuivant son récit.

- Je suis désolé.

A nouveau, il opina du chef sans dire le moindre mot. Il n’y avait rien à dire. Lui dire qu’il n’y était pour rien ? C’était vrai et c’était faux à la fois. Peut-être avait-il participé aux saccages ou peut-être pas -ce qui était plus probable- mais dans tous les cas, il ne lui en voulait pas personnellement. Il n’en voulait même pas au Ministre ou aux Généraux. Eux, n’avaient que soumis l’idée. Il en voulait à tous ceux en dessous d’eux qui avaient obéi sans sourciller, sans s’opposer. Il en voulait encore plus à ceux dont un sourire victorieux s’étirait en même temps que les gorges se tranchaient. Oui, c’était à eux qu’il en voulait réellement : ceux qui avaient pris plaisir au massacre, au viol et au rapt.

Ses doigts se serrèrent autour de ses rênes. Leurs images se brouillaient peu à peu aussi surement que l’eau effaçait vague après vague, les dessins tracés dans la vase des bords de lac de son enfance.

- J’ai quand même l’impression de les trahir avoua-t-il car Alduis avait mis le doigt sur le problème.

Il écouta son ami le rassurer. Il savait qu’il avait parfaitement raison, mais il y avait toujours cette petite voix au fond de lui qui essayait de le persuader du contraire et du bien-fondé de ses arguments. Mais les mots d’Alduis avaient plus de poids que ceux de n’importe qui d’autre, car lui savait. Il savait ce que c’était. Ils pouvaient partager leur propre fardeau à deux.

Et si Byrnja était encore là... elle dirait la même chose que moi.
- Avec des « si » je libèrerai Zakros ne put-il s’empêcher d’ajouter ironiquement.

Mais la suite des paroles le toucha profondément. Il avait plus confiance en lui qu’en lui-même. Eldred n’hésita pas un instant et se pencha pour l’étreindre.

- Merci mon ami murmura-t-il

Lorsqu’il fut de retour en place, il compléta pensivement, presque pour lui :
- Pourquoi tout le monde me fait confiance comme ça ? Pourquoi on se repose sans cesse sur moi alors que je n’ai jamais rien fait en ce sens ? C’était déjà le cas à Zakros. Quand je me suis fait capturer… C’était moi qui dirigeais les opérations. Je ne sais même pas pourquoi ils ne m’ont pas exécuté sur le champ lors de ma capture…

Paradoxalement, malgré les images qui s’effaçaient peu à peu de son esprit, il envisageait de plus en plus la possibilité de refaire sa vie. Pour la première fois depuis neuf ans, il entrevoyait cette éventualité, pour la simple raison qu’il avait enfin pris conscience des choses. Et en cela, il ne pourrait jamais remercier assez Alduis qui avait toujours la franchise nécessaire. C’était bien pour cette raison qu’il était devenu son confident.

L’ennui c’était qu’il avait tendance à ne pas voir les montagnes en question. Il ne voyait pas où était le problème dans le fait qu’elle soit mariée, mais c’en était un ! Cela  voulait dire qu’il ne serait jamais libre d’être avec elle. Libre à plus d’un titre d’ailleurs.

- Si c’est un problème ! Elle est mariée, noble, monbrinienne. Je suis prisonnier, esclave et zakrotien. Même si elle n’était pas mariée, même si je n’étais pas esclave -et ça fait déjà beaucoup de si…- ce serait impossible. Impossible d’avoir une vie normale

Il se laissa tomber sur l’encolure de sa jument et ajouta :

- Oh et non, elle n’habite pas à Frenn.

Ce sur quoi Alduis lui ébouriffa les cheveux comme à son habitude. Il n’eut même pas la force de répliquer ou de s’opposer. Il écouta son ami lui ressortir mot pour mot ses paroles avant de se pencher à son tour pour croiser son regard avec cet inimitable sourire. Eldred lui enfonça sa main sur le visage avant de se redresser.

- Tu fais chier Alduis. Je l’ai vu deux fois. C’est un peu prématuré pour parler d’amour, Monsieur l’expert en la matière.
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Message par Alduis de Fromart Mer 9 Déc - 22:59

Ce n’était pas à la religion qu’il s’intéressait. Bien sûr que non. Qu’il y croit ou non, de toute manière, les choses ne changeraient rien. C’était toujours le même sort qui l’attendait à la fin. Pour un Dieu qui se vantait d’aimer tout le monde, c’était un beau mensonge. Et même si le ton de Eldred était moqueur, le Zakrotien savait pertinemment que ce n’était pas cela qui tracassait vraiment Alduis. Ils le savaient tous les deux.

D’accord, il y avait des choses que l’on ne pouvait pas maîtriser, sur une vie, mais…

- Eldred. (Il fit une pause, le temps de peser ses mots avant de poursuivre.) C’est pas de ma faute, n’est-ce pas ? Je veux dire… si je suis comme ça… Je ne peux rien y faire, non ? Ce n’est pas moi qui ait choisi ?

Cet instant fut pourtant de courte durée. La seconde d’après, il affichait un sourire ravi, en donnant une tape franche et amicale dans le dos de son ami :

- On peut dire que tu sais vendre ton pays, Eldredounette ! À quel niveau tu te places, dans l'échelle des beaux guerriers ? Avec que des beaux gosses comme toi à l'horizon, je signe tout de suite !

Il fit une pause, tandis que Eldred poursuivait, au sujet de Thierry. Son beau-père. C'était bien le premier à employer cette expression, et étonnamment, cela le fit sincèrement sourire, réjoui par cette perspective. Non pas qu'avoir pour beau-père ce prêtre était plaisant, mais plutôt que cela signifiait que son fils était bel et bien son amant. Il hocha la tête.

- Ça m'est venu aux oreilles, oui, par le biais d'un certain Alexichou, qui s'est fait un plaisir de me dire qu'il était venu à ta rescousse. D'ailleurs, si tu es mon esclave maintenant… j'ai le droit de te donner des ordres sans me faire frapper ?

Mais bien sûr, entendre cette histoire dans la bouche de Eldred avait une saveur différente. Elle prenait des allures plus complices, et encore plus amusantes ! Riant en écho avec son ami, il leva sa main gauche spontanément pour qu'Eldred y tape, avant de passer son bras autour de son cou, pour le coincer contre son torse.

- Tu as de la chance que je ne puisse pas me servir de ma main droite, petit bichon !

Alexandre avait aussi évoqué cette partie, plus surprenante, de cette certaine paix qui s'était installée entre eux. Alduis leva les mains, comme pour se défendre et prouver son innocence :

- Mais je ne dis rien ! … et je me réjouis aussi, figures-toi.

Quant à son père, et aux histoires de bénitiers… Rien de nouveau, là encore ! Il eut un sourire condescendant :

- Mais je sais déjà tout ça, mon ami ! Rien de plus nouveau à me transmettre ? Je serai presque déçu !

Et il déchira sur ses propos un nouveau bout de brioche. Qu'il mâcha précautionneusement. Ça n'avait décidément pas un goût extraordinaire mais s'il voulait que Eldred lui fiche la paix, il n'avait d'autres choix que de s'y plier. Quand son ami voulut lui pincer la joue, Alduis lui donna une bourrade d'épaules pour le repousser, en plaisantant :

- Laisses pas traîner tes mains par ici ! … sauf si c'est pour m'embrasser ! Là, on peut s'arranger.

Mais parce que un ami — un vrai, de ceux qui savaient aussi dire ce qui faisait mal — devait pouvoir être sérieux quand les circonstances le demandaient, ils repassèrent sur quelque chose de plus grave. Sigrún, la fille de Eldred. Un sujet sensible, dans tous les sens du terme.

Il était désolé. Cette guerre n'avait été qu'une saloperie déloyale, et il n'avait pas participé aux massacres des populations. Mais un parmi des centaines et des centaines de monbriniens, cela ne faisait pas de différence. Il lui rendit spontanément son étreinte et murmura alors, aussi bien pour Eldred que pour lui-même dans une certaine mesure :

- Tu ne les trahis pas. C'est une promesse.

Et il ne promettait que ce qu'il était sûr. Eldred était capable de faire sa vie. Si Alduis y avait réussi, d'une certaine manière, pourquoi pas lui ? Il n'était pas plus mauvais qu'un autre. C'était son ami, la voix qui le guidait quand il se perdait quelque part dans les méandres de son esprit trop complet. Alduis lui faisait confiance. Et c'était une des rares choses qu'il pouvait expliquer sans hésiter :

- Parce que tu es plus stable que je ne le serai jamais. Parce que quand je ne sais plus où est le présent, tu es là pour me le montrer. Parce que tu ne me laisses pas me noyer tout seul. Et parce que… tu me redonnes un avenir. Je suppose que c'est ton don à toi. Ce qui fait de toi un génie… Quelqu'un d'exceptionnel.

Et il lui adressa un sourire sincère. Redevenu plaisantin, il croisa les bras, sans plus tenir Courage mais elle se dirigeait très bien seul.

- Depuis quand c'est moi qui doit trouver des solutions à tes problèmes ! Oui, tout vous oppose, et alors ? C'est quoi une vie normale, déjà ? Tu penses vraiment que ça m'amuse de me cacher pour avoir le droit d'aimer quelqu'un ? Je déteste ça.

Mais il était bien obligé. Eldred lui appuya une main sur le visage, ce qui le fit rire, bien loin de le démonter. Il enchaîna alors :

- Et puis, franchement ! Tu t'es vu !

Se sentant pousser quelques ailes de comédien, Alduis se pencha sur l’encolure de Courage, en affichant un sourire béat - et parfaitement ridicule - tout en faisant mine de se pâmer comme une jeune fille en fleur.

- Alduiiis, fit-il en prenant un voix différente, qui ne ressemblait absolument pas à celle d’Eldred, j’ai rencontré une femme en ville il y a quelques jours. Je lui ai même proposé d’aller visiter l’église. Je l’ai déjà vu deux fois. Elle est mariée, je ne pourrais pas avoir une vie normale !

Il cessa son imitation et ajouta, en tapant trois fois sur la tête d’Eldred, comme une frappe à une porte :

- Toc toc toc, debout là-dedans ! Tu as toujours un sourire idiot comme celui-ci collé sur le visage quand tu parles de tes amantes ? ou c’est qu’elle est tellement belle que sa poitrine a azimuté ton petit cerveau de barbare ?
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Message par Eldred Kjaersen Ven 11 Déc - 15:52

Il voyait bien au regard de son ami qu’il se questionnait. Il laissa passer sa remarque et la suite ne tarda pas à venir d’elle-même. Eldred pencha la tête et arqua un sourcil :

- Parce que tu t’es peut-être dit un jour « Oh Alduis, ça serait tellement mieux de reluquer les beaux militaires ! T’en auras toujours sous la main ! Et puis, en plus c’est parfaitement immoral et interdit parce qu’un vieux barbu préférait baiser les femmes ! ». Non ? Bon t’as ta réponse alors.

Qui irait se jeter volontairement dans cette situation ? Quand on savait ce que l’on risquait -et même sans cela, le simple fait d’avoir à supporter les commentaires et regards réprobateurs- il aurait fallu être fou pour se dire que c’était vraiment l’idée du siècle. Alduis n’y était pour rien. Pas plus qu’il n’y était pour quelque chose s’il avait de beaux cheveux blonds ou des yeux bleu aussi clair que l'eau des rivières.

Son pays Eldred l’adorait. Les monbriniens le trouvaient infernal, lui le trouvait formidable. Alors bien évidemment, il ne pouvait qu’en vanter ses mérites.

- C’est toi l’expert des muscles saillants. T’en as pensé quoi à Zakros ? T’as pas regardé je parie. T’étais trop occupé avec tes soldats monbriniens. T’as jamais eu le tournis ?

Il lui adressa un sourire amusé et lui fit le récit de sa flamboyante rencontre avec le père Thierry, ce qui impliquait de lui révéler comment il avait usurpé une identité pour se faire passer pour son esclave.

- Ca dépend. T’as mes papiers ? Tu peux m’affranchir ? répondit-il d’un air moqueur avant qu’ils ne finissent pas rire ensemble.

Eldred tapa dans sa main et Alduis le bloqua entre ses bras dans l’espoir de le -dé-coiffer. Dommage, sa main était hors service. Il le remercia d’un coup entre les côtes et sa jument fit un petit bond de côté. Il poursuivit son récit et sur comment Alexandre et lui s’étaient réconciliés -si on pouvait dire-. Il nota avec satisfaction que son ami mangeait la brioche -sans appétit certes, mais tout de même-. Il n’en demeurait pas moins qu’il était maigre comme une vieille génisse à la fin de l’hiver. Même sur ses joues, il n’y avait rien à pincer !

- C’est drôle on jurerait que tu as apprécié ça. Ou alors tu manques cruellement d’entrainement ?

Petit regard ironique en coin, ils quittèrent rapidement leurs échanges bon enfant pour le sérieux d’une conversation bien plus gave. Si Alduis savait se montrer plein d’insouciance, il pouvait également être cette épaule sur qui on pouvait trouver du réconfort, aussi étrange que cela puisse paraitre. Si chacun de ses mots l’avait touché, ces dernières paroles lui firent l’effet d’un cataplasme brulant sur ses plaies à vif. Alduis ne promettait que des choses auxquelles il croyait sincèrement. S’il le disait, alors c’est que c’était vrai. Et il n’y avait pas à aller chercher plus loin. S’il n’en avait pas été intimement persuadé, il n’aurait jamais juré ainsi. Eldred resserra en silence son étreinte. Il n’avait pas besoin de lui répondre quoi que ce soit, il n’aurait pas su quoi dire. Un simple merci lui semblait bien trop faible en comparaison. Alors il se contenta de l’étreindre avant de le relâcher, pour écouter ce qu’il avait à lui répondre.

Le zakrotien se recula sur sa selle. Avait-il vraiment bien entendu ? C’était son don à lui ? Il n’avait jamais envisagé les choses de cette façon. Il garda de longues secondes le silence. C’était naturel. Et Alduis était son ami. Il serait allé le chercher au Helheim si cela avait été nécessaire. Il ne remettait pas en doute ses paroles, mais il se souvenait encore suffisamment bien de sa remarque à l’église concernant sa propension à aider son entourage.

-Tu crois pas que… Je le fais pour moi? demanda-t-il sans préciser la source.

Il savait pertinemment qu’il pourrait lui ressortir mot pour mot ce qui avait été échangé à ce moment-là quand lui n’en avait déjà plus qu’un souvenir qui se floutait.
Alduis retrouva sa légèreté désormais habituelle lorsqu’ils étaient ensemble dès qu'ils commençèrent à parler de sa rencontre avec Lavinia. Eldred était dépité. Il ne voyait qu’une voie sans issue, infranchissable sans s’y rompre le cou.

Depuis quand c'est moi qui doit trouver des solutions à tes problèmes ! Oui, tout vous oppose, et alors ? C'est quoi une vie normale, déjà ? Tu penses vraiment que ça m'amuse de me cacher pour avoir le droit d'aimer quelqu'un ? Je déteste ça.

-Depuis que t’es mon ami. C’était écrit en bas. T’as pas lui les petites lignes en zakrotien ? Il soupira puis reprit plus sérieusement, toujours avachi sur l’encolure de sa jument Une vie normale ? Etre libre, se marier, avoir une famille, retrouver ma forge. Une vie normale quoi… Peut-être quelques champs de bataille aussi.

Son ami se lança dans une imitation caricaturale et complètement fausse de sa propre personne. Il ne parlait pas comme ça et surtout n’avait pas ces manières de jeune fille. Il soupira. Ou il grogna. Difficile de savoir. Il enfonça à nouveau sa main sur le visage moqueur d’Alduis

- J’ai pas regardé sa poitrine ! J’ai juste délacé son corset !lança-t-il avant de se rendre compte que le sujet n’avait pas encore été abordé. Il enchaina donc aussitôt pour ne pas lui laisser le temps de répliquer.

- Mes amantes hein ? Je suis sûr que je suis loin devant toi ! De toute façon, tu dois pouvoir les compter… Alors, combien Alduis ?!
Il se redressa ragaillardi, son sourire taquin retrouvé. Ou comment changer de sujet comme on virevoltait autour de son adversaire une épée à la main…
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Message par Alduis de Fromart Ven 11 Déc - 18:13

Alduis avait beau savoir que c’était ridicule, il avait tout de même des doutes. Comment être sûr qu’il ne faisait pas exprès ? Peut-être était-ce parce qu’il ne faisait pas d’efforts, après tout… ou bien parce qu’il avait voulu embêter son père, d’une manière ou d’une autre. Comment savoir ?

Et pourtant, les mots d’Eldred le rassurèrent plus que n’auraient pu le faire le reste. Il avait raison… Il ne s’était jamais rien dit de tel. C’était plus fort que lui, amarré solidement au fond de son ventre et prêt à se réveiller dès qu’il croisait le regard d’un homme… Au même titre que l’adrénaline se mettait à couler dans ses veines quand les premières clameurs des batailles résonnaient.

Il hocha la tête, sans pouvoir retenir le sourire qui lui venait sur les lèvres. Dites de cette manière, les choses semblaient tellement moins graves ! Et s’il ne prononça pas le moindre mot, il remercia muettement son ami d’être ainsi - et de ne pas le juger. De simplement lui offrir son épaule quand il avait des doutes… ce qui arrivait, en toute objectivité, tous les jours. Mais aussi de savoir lui montrer qu’au fond, ces problèmes qu’il voyait partout n’en étaient pas.

Il fit mine de réfléchir.

- Ce que j’ai pensé à Zakros… Des beaux gosses en armure ! Mais ça ne se fait pas trop, de fricoter avec l’ennemi, en tant de guerre, petit bichon !

Et encore aurait-il fallu qu’il en ait conscience lui-même… Il lui adressa un sourire lourd de sous-entendus et ajouta :

- Tu sais que le premier homme que j’ai embrassé, c’était deux jours avant notre combat ! Le 18 juillet 1588, précisément. Et c’était aussi là-bas, la première fois que j’ai partagé mon lit avec l’un d’eux.

Et l’inhospitalité des terres zakrotiennes avait revêtu une autre couleur dans son esprit.

- Et tu penses bien, Eldredounette, que si j’avais tes papiers, j’en profiterai un peu avant de t’affranchir définitivement !

Quant à cette histoire de baiser… Il avait toujours le même grand sourire.

- Tu mélanges tout enfin ! Je n’ai jamais dit que je n’avais pas apprécié, j’ai dit que je m’attendais à mieux ! Et puis, je ne vais pas cracher sur le baiser d’un beau guerrier qui a failli me mettre la pâté il y a neuf ans ! C’est évident, non ?

Alduis n’avait pas peur de reconnaître qu’il avait failli mourir ce jour-là. C’était la guerre, et il fallait bien que l’un des adversaires meurt. C’était dans l’ordre des choses. Et il ne retirerait jamais cette victoire incontestable qu’avait remportée Eldred. Un jour, ils remettraient cela sur le tapis ! Mais plus tard, quand il pourrait de nouveau utiliser sa main droite.

Pour le moment, il s’agissait surtout de le rassurer. Il ne craignait pas de lui promettre parce qu’il savait pertinemment que c’était la vérité. Il ne trahissait pas Byrnja, ni Sigrún. Si Alduis ne pouvait rien faire contre sa mémoire exceptionnelle, alors Eldred ne pouvait rien faire non plus contre la sienne - qui était somme toute parfaitement normale. Et dans la bouche d’Alduis, normale, était loin d’être péjoratif. Que n’aurait-il pas donné pour être normal lui aussi ? Il lui rendit son étreinte, en le serrant fort, très fort contre lui.

- Tu crois pas que… je le fais pour moi ?

Alduis reconnut ses mots sans aucune difficulté. Il revit, précisément, la situation. Il prit le temps de réfléchir quelques secondes, puis haussa des épaules :

- Si tu veux mon avis, si tu ne le faisais que pour toi, tu irais te chercher quelqu’un qui soit plus facile à aider, et tu ne serais pas en train de te casser le cul avec moi. J’ai dit ça pour te déstabiliser.

Il le reconnaissait volontiers. Son expression se modifia, se fit plus malicieuse et il compléta :

- Je ne dis pas que des choses intelligentes, tu sais !

Eldred voulait une vie normale… Et il la méritait. Plus que quiconque. Mais il ne pouvait rien faire contre l’amour, c’était lui-même qui l’avait dit. Si Alduis en avait eu le pouvoir, il l’aurait affranchi, mais il doutait d’avoir cette portée-là. Alors il posa une main sur son épaule en guise de soutien. Mais le soutenir ne l’empêchait pas de se moquer, loin de là. Et il avait là une occasion en or de le faire ! Il repoussa la main qu’Eldred appuyait sur son visage.

- Oh ! une poitrine, c’est comme les muscles, tu sais, tu peux juger à travers les vêtements de leur valeur ! Un expert comme toi devrait le savoir ! Mais c’est vrai, excuse-moi, quand tu as des amantes, tu ne t’embarasses pas de défaire les corsets, tu te contentes de relever les jupons et de passer tes mains à l’intérieur pour le reste. J’oublie les grandes leçons du maître.

Un sourire revint danser sur les lèvres de Eldred… et ce dernier déclara :

- Alors, combien Alduis ?!

- 15 en comptant Alexandre, répondit-il, tout en sachant parfaitement qu’Eldred avait de quoi se moquer à son tour.

Ce qui ne l’empêcha pas de préciser la suite, tout aussi directement :

- J’ai baisé 33 fois avec les femmes, et fait l’amour 48 fois avec les hommes.

Il se souvenait bien de la nuance qu’avait établi Eldred entre les deux termes, dans l’église, et finalement, il était assez d’accord. Mais du haut de ses 81 fois, il avait conscience que Eldred avait depuis longtemps dépassé ce stade-là. Alors il attendit les remarques qui ne tarderaient pas à fuser.
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Message par Eldred Kjaersen Mar 15 Déc - 15:48

Alduis sembla rassuré par sa réponse et c’était tout ce qui comptait en cet instant. La voie qui s’était offerte à lui n’était pas la plus facile à arpenter. Surtout ici, à Monbrina. A Zakros, tout aurait été différent. Il n’aurait eu qu’à s’expliquer à coups de poing ou d’épée. Mais Alduis maitrisait déjà l’art de la rhétorique zakrotienne.

- Ca c’est l’effet de l’air de Zakros, que veux-tu. Les nuits fraiches n’ont pas que des inconvénients, vois-tu ?

Ce fut à son tour de lui offrir un sourire lourd de sous entendues. Zakros, cela rimait un peu avec Liberté dans son esprit. Ce n’était pas qu’une question de servitude. C’était bien plus, c’était culturel : liberté de vivre, de penser, d’aimer… Bien sûr, il y a des lois, mais la morale était beaucoup plus libérée, chose qui déplaisait au plus haut point à ces foutus missionnaires chargés de convertir les terres reculées. Cela expliquait aussi cette rébellion permanente et cette quasi-guerre civile qui demeurait. Pour l’heure, il était coincé à Monbrina, alors si Alduis voulait l’affranchir, il ne s’en priverait pas.

- Et tu penses bien, Eldredounette, que si j’avais tes papiers, j’en profiterais un peu avant de t’affranchir définitivement !

Eldred fit la moue et lui envoya un coup dans les côtes avant d’éperonner sa monture pour partir au grand galop dans une course effrénée. Les mottes de neiges gelées s’envolaient derrière lui pour retomber en poudreuse tandis qu’il riait aux éclats. Sa jument allongeant le cou et ses foulées pour gagner en distance. Il voyait ses naseaux fumer à intervalle régulier. Alduis le talonnait, il pouvait voir la tête de Courage, écume aux lèvres juste derrière lui. Il fit une grimace à son ami et serra les flancs de son cheval, pour l’obliger à accélérer encore un peu plus. Derrière lui, on en fit sans doute de même, car il comblait doucement l’écart. Il ne restait que quelques mètres avant la fin du chemin qui signerait également la fin de la course. Eldred se pencha en avant sur l’encolure. L’air glacial lui fouettait le visage et emportait ses mèches brunes dans son dos. Il arborait un grand sourire et lâcha même les rênes pour passer la ligne d’arrivée, sous le  nez d’Alduis, les bras écartés en riant aux éclats.

[23 décembre  1597] - Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... Tumblr_o0lnzsL81b1svh5lmo2_500

- Dire que j’ai failli te tuer, il y a neuf ans ! Tu te rends compte que tu es en vie à cause d’une foutue pluie ? La vie ne tient pas à grand-chose quand on y pense.

Eldred se souvenait parfaitement de la corne de brume qui avait scellé le destin d’Alduis en même temps qu’elle sonnait la fin des combats. Il aurait pu le tuer ce jour-là. Certains ne s’en seraient pas privés, mais il ne l’avait pas fait. Parce qu’il devait retrouver Byrnja. Et sans doute aussi, car les Nornes avaient d’autres projets pour eux, il comprenait maintenant. Ce jour-là tout avait pris fin et tout avait débuté également. Car la vie est ainsi : un cycle infini que ne s’achevait que pour se renouveler. Byrnja était morte, mais la graine de son amitié avec Alduis avait été plantée là, au milieu des cadavres éventrés, dans ce marécage de sang et de boyaux.
- Qui aurait cru qu’on serait là, neuf ans plutôt ? commenta-t-il pour lui.

Alduis s’appuyait sur Eldred, Eldred sur Alduis. Ils en étaient là, à s’aider mutuellement dans les épreuves et deuils respectifs qu’ils n’arrivaient pas à faire, autant l’un que l’autre. Il lui laissa le temps de réfléchir à une réponse. Il savait que ce n’était pas parce qu’il hésitait. Il cherchait simplement la meilleure façon de traduire sa pensée. Le zakrotien écouta paisiblement ses paroles et hocha la tête dans un sourire. Il le savait au fond de lui, cependant l’entendre de la bouche de son ami le rassura.

Son soutien se mua bien rapidement en moquerie de bonne guerre. Parce que le pire était qu’il avait raison. Il n’avait pas besoin de ça pour se faire une idée. En revanche, ce n’était pas ça qu’il lui avait fait tourner la tête.

- Certes. Mais ce n’est pas ça que je regardais étrangement. C’était ses grands yeux bruns plein d’espièglerie et de douceur. Alduis… il ne savait plus bien s’il devait en rire ou en pleurer. Il avait donc cette drôle de grimace nerveuse au bord des lèvres J’étais quasiment en train de la serrer dans mes bras quand Dyonis est arrivé. Heureusement que mon cerveau n’était pas complètement azimuté comme tu dis. Tu imagines si je n’avais rien entendu ? Sans transition il ajouta Cette bile de troll avarié de Thierry l’a caressée. Il a osé, il a osé…

Eldred secoua la tête. Il ne savait même pas pourquoi il venait de raconter tout cela. Sans doute parce qu’il avait besoin d’une oreille dans laquelle déverser tout ce qu’il gardait pour lui. Il dévia aussitôt le sujet sur les amants d’Alduis. Ce qui serait plus équitable pour se moquer à son tour.


– C’est tout ?! Mais Alduis qu’est-ce que tu as foutu toutes ces années en campagne ?! T’avais qu’à te servir ! Comment tu t’es débrouillé?

Il entreprit à son tour de faire un décompte de toutes ses rencontres et relations. Et comment dire, il n’avait pas la mémoire d’Alduis et un tableau de chasse plus long bien qu’il devait certainement être horriblement loin de celui de son paternel. Après plusieurs minutes à froncer les sourcils en marmonnant des paroles inaudibles, il déclara fier de son compte :

– Sans compter ma femme, j’en ai baisé 27 et j’ai fait l’amour avec 11 d’entre elles. Ce qui fait donc 38 en neuf ans au total. Sauf si j’en ai oublié... il eut un large sourire - Et j’ai perdu le fil du nombre de fois depuis bien trop longtemps. Je te souhaite bon courage pour me rattraper, mon lapin ! Il lui envoya une bourrade dans l’épaule avant de rire.
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Message par Alduis de Fromart Mer 16 Déc - 11:26

Alduis n’avait jamais prétendu que les nuits fraîches soient un inconvénient. Bien au contraire ! Il en avait même des souvenirs très vifs. Et cela même s’il n’avait toujours pas décidé s’il aimait l’hiver ou non. C’était dire. Il rendit son sourire à Eldred, sans répondre.

Certes, à l’heure actuelle, Eldred était un esclave. Mais pourtant, Alduis avait cette certitude, au fond de lui, qu’un jour viendrait où son ami serait affranchi. Et s’il en avait eu le pouvoir, il l’aurait fait lui-même… Bien qu’en profitant de ce pouvoir quelques temps avant, bien sûr ! Ce qui lui valut une moue réprobatrice et un coup dans les côtes. Avec un grand sourire, Alduis se redressa sur sa selle, avec cet air qui signifiait narquoisement :

- Moi aussi je t’aime bien, Eldredounette !

Mais déjà, le Zakrotien talonnait sa monture, laquelle partait au galop devant lui. Alduis ne mit qu’une seconde à réagir - mais certainement une seconde de trop. Celle qui permit à Eldred de prendre de l’avance. Puis Courage prit la suite de la jument de son ami, à grandes foulées rapides. Devant lui - de plus en plus proche - il entendait le rire de Eldred qui faisait naître le sien dans sa gorge avec naturel. Alduis n’avait jamais autant ri depuis qu’il l’avait rencontré et à cet instant, à pousser Courage pour tenter de le rattraper, il pouvait dire - avec précision - ce qu’était l’amitié.

Après une courte grimace, Eldred accéléra encore. L’air sifflait aux oreilles d’Alduis et gerçait ses lèvres mais peu importe, il était bien décidé à regagner un peu de terrain. Et c’était ce que Courage faisait lentement. Centimètre par centimètre, elle grapillait la distance. Mais pas assez vite, et le bout du chemin - imaginaire ligne d’arrivée - se rapprochait à vivre allure. Il n’aurait manqué que quelques mètres pour revenir précisément à son niveau.

Toujours était-il qu’ils manquaient à l’appel… Alduis quitta le chemin à peine une seconde plus tard, mais Eldred avait déjà gagné. Il écartait les bras, pour célébrer sa victoire avec le ciel, et Alduis ne pouvait s’empêcher de sourire, hilare. Sentant la course terminée, Courage ralentit d’elle-même. Il tapota fraternellement l’épaule d’Eldred, en guise de félicitations.

Ils remettraient cela, une prochaine fois ! Tout comme le combat qui les avait opposé neuf ans plus tôt et où Eldred avait manqué de le tuer. Alduis était bien décidé à prendre sa revanche.

- Mais si tu m'avais tué, tu te serais ennuyé, voyons ! Qui aurait été là pour t'appeler Eldredounette ?

Non, la vie ne tenait pas à grand chose. Quelques secondes, un torrent de pluie, un cor de brume pour sonner la fin des affrontements et un adversaire suffisamment honorable pour ne pas achever son ennemi. Voilà tout ce qui avait sauvé sa vie ce jour-là — et cela sans intervention divine. C'était un mince fil fragile, qui pouvait se briser à tout instant… mais qui pour lui, refuser catégoriquement de se rompre. La vie s'accrochait aussi fermement qu'une moule sur son rocher. Quoiqu'il arrive, il y avait toujours quelque chose pour l'empêcher de mourir.

- Tu sais, j'ai essayé de me tuer 13 fois. Je n'y arrive jamais. Il y a toujours quelque chose qui vient m'en empêcher. Pourquoi je ne pourrais pas disposer de ma vie comme bon me semble ?

Une pause, puis une conclusion.

- C'est frustrant.

Et cela lui donnait précisément encore plus envie d'essayer. Jusqu'à réussir. Certains y arrivaient du premier coup. Et lui était toujours là, après treize tentatives. Il commençait à désespérer un jour de pouvoir mourir.

- Qui aurait cru qu'on serait là, neuf ans plus tôt ?

Il haussa des épaules, sans répondre. Ils s'étaient battus dans des camps opposés, tout les aurait prédisposé à se détester. Mais non. C'était loin d'être le cas. Après tout, les ennemis d'un combat ne devenait pas pour autant ennemis à vie.

Alduis eut un sourire, davantage compréhensif que moqueur, cette fois-ci. Ce fut en flattant l'encolure de sa jument qu'il remarqua :

- Eldred, regarde-toi. Tu veux que je te donne mon avis ?

Et son avis honnête et objectif, ni moqueur, ni rien d'autre, parce qu'il percevait bien la détresse intérieure de son ami, quand il lui disait qu'il avait failli la serrer dans ses bras, quand il entendait la véhémence dans sa voix en racontant les exploits de ce con de prêtre. Il n'attendit pas la réponse, d'ailleurs, pour le faire. C'était davantage un avertissement qu'une véritable question.

- Je veux bien croire que je ne suis pas un expert en femmes, ni même en amour d'ailleurs. La situation n'est pas simple, j'en ai conscience aussi. Mais tu ne peux pas nier : ce qui se passe là, entre elle et toi, c'est davantage qu'une histoire de baise.

Et précisément parce qu'Eldred avait utilisé cette formulation plus tôt, il reprit :

- Alors à moins que tu te sois dit en comprenant qui elle était : « tiens, Eldred, ce serait amusant de te faire la fille du maître » tu n'as pas de prise sur la situation. Et c'est trop dur de lutter contre ça. Je sais ce que je dis.

Il en avait trop fait l'expérience, et il pouvait dire avec assurance que c'était impossible à faire. Quelque chose finissait toujours par le faire céder, et des fois, il suffisait d'un simple regard qui embrasait son corps bien plus que n'importe quel muscle en action. Tout comme Eldred se perdait davantage dans les yeux bruns de cette femme que face à sa poitrine.

Mais les rôles s'étaient désormais échangés. Ce n'était plus à lui de se moquer, mais à son ami. Chacun son tour et Alduis l'acceptait tout à fait. C'était donnant donnant, de toute manière. À vrai dire, Eldred semblait presque ahuri. Alduis haussa des épaules. Qu'avait-il foutu toutes ces années ? Pas grand chose, justement.

- Tu vois que ce n'est pas une bonne idée de lutter ! s'exclama-t-il alors, tandis que Eldred réfléchissait lui-même à ses conquêtes. Mais moi au moins, je n'ai pas besoin de réfléchir pour savoir avec qui j'ai partagé mon lit !

Mais bien entendu, il aurait bien pu avoir des milliers d'amants différents, cela n'aurait rien changé. Il se souviendrait de tous. C'était le cruel, ou merveilleux, pouvoir de sa mémoire. Quant à la possibilité qu'Eldred en ait oublié, cela le fit rire.

- Tu te souviens de leurs noms au moins ? demanda-t-il avec un sourire provocateur, qui signifiait qu'il l'attendait au tournant.

Quant à le rattraper… Certes, ce n'était pas gagné. Mais une guerre n'était pas remporté d'avance. Il eut une expression moqueuse :

- Non, finalement, tu as raison, attends encore un peu avec Lavinia. Ça me permettra de gratter un peu de terrain !
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Message par Eldred Kjaersen Mar 22 Déc - 10:19

Ca c’était sûr, s’il avait tué Alduis ce jour-là, il n’aurait pas autant ri ici à Monbrina et surtout, il n’aurait pas eu de meilleur ami à qui tout confier sans état d’âme.

- Tu sais, j'ai essayé de me tuer 13 fois. Je n'y arrive jamais.

Treize fois. C’était beaucoup treize fois. Il avait lâché les brides et la jument étendait son cou aussi loin que possible pour se détendre. Eldred tourna la tête vers son ami en la penchant légèrement.

- Tu sais, chez moi on imagine la vie comme une immense tapisserie où l’existence de chaque individu est un motif à part entière réalisé à partir du fil de sa vie. Il y a trois nornes qui la tissent : celle du passé, celle du présent et celle du futur. On ne sait jamais dire à quoi ressemblera le motif une fois achevé ni avec quel autre fil il s’entremêlera. Il peut parfois changer du tout au tout au gré d’une rencontre par exemple. Mais une chose est sûre : il doit être complet pour que ta vie arrive à son terme.

Il marqua une pause et reprit en termes plus intelligibles

- Ce que je veux dire, c’est que si tu n’arrives pas à mourir, c’est que ton heure n’est pas venue et que tu n’as pas accompli ce que tu devais faire ici. Il y a toujours une raison quelque part, même lorsqu’elle nous échappe.

Et c’était précisément pour cette raison que Byrnja avait pu mourir ce jour-là. Peut-être bien qu’elle dut mourir pour qu’Eldred rencontre Alduis, ici à Monbrina. Peut-être qu’il devait vraiment venir ici pour y faire quelque chose après tout. Il suffisait parfois d’un simple évènement pour bousculer toute une vie, mais c’était comme ça que l’on se construisait.

- Tu devrais essayer de construire au lieu de détruire. compléta-t-il énigmatiquement.

Et ce conseil s’appliquait aussi bien à son ami qu’à lui-même. Quand on savait qu’il avait volontairement mis fin à toutes les relations un tant soit peu sérieuses depuis la mort de sa femme, on pouvait dire qu’il en avait détruites des choses, par simple peur de les voir se construire. Et Alduis, ne manqua pas de lui faire remarquer à juste titre.

- Alors à moins que tu te sois dit en comprenant qui elle était : « tiens, Eldred, ce serait amusant de te faire la fille du maître » tu n'as pas de prise sur la situation. Et c'est trop dur de lutter contre ça. Je sais ce que je dis.

Il ne put retenir un sourire à cette remarque. Il avait raison, il ne s’était jamais dit cela et ne se le dirait jamais. Peu importe qui elle était au fond, cela n’aurait rien changé. Elle aurait même pu être l’une des princesses du Roi que cela n’aurait pas été différent. Et cela le réconforta mieux que tout le reste.

Mais les rôles s’inversèrent et les taquineries fusèrent.

- C’est déloyal, Alduis! On sait très bien que tu te souviens même du nombre de fois où ils ont prononcé ton nom !

Mais il se prêta quand même à l’exercice.

- Tu comptes? il commença à fouiller sa mémoire et égraina : Aslaug… Astrid… Brynhild… Gyda… Ragna… Tunda… Signy… Thorvi… Tyra… Aelfryd… Hilda… Ealdgyr… Aeda… Sunnhild… Laena... Et j’en vois pas plus comme ça…

Il était plutôt fier de lui. Evidemment, il ne comptait pas Byrnja dans le lot. C’était différent. Pourtant il savait que son ami ne manquerait pas de trouver cela ridiculement faible. En même temps, si on retirait toutes ces soirées à la taverne où il avait trop bu c’était pas si mal ! Peut-être même qu’ils ne leur avaient pas demandé leur nom à chaque fois.

- Je ne te retourne pas la question, n’est-ce pas?

A ce jeu-là, il était toujours vaincu d’avance de toute façon, ce qui n’était pas le cas sur un autre !

- Tu devrais t’y mettre tout de suite alors, tu as du pain sur la planche je te le dis ! il fit une pause et demanda de but en blanc - Brun ? Blond ? Roux ?
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Message par Alduis de Fromart Mer 23 Déc - 16:49

En comptant la dernière fois, Alduis avait essayé de mettre fin à ses jours treize fois. Précisément treize fois. Sans jamais y parvenir. La vie s’accrochait à lui comme une moule sur son rocher et il aurait semblé que même la plus puissante des marées n’aurait su l’en décrocher. Pourquoi n’y parvenait-il pas ? Il y était pourtant décidé. Et l’idée flottait dans son esprit, comme un fantôme, sans jamais en sortir vraiment.

Il écouta son ami lui en livrait une explication. Une immense toile qui se tissait au fil des jours, du passé, du présent et du futur. Il fallait attendre que le motif soit fini pour mourir ? Alduis lui jeta un regard. Qu’est-ce que cela signifiait, au juste ? Qu’il ne pouvait même pas mourir quand lui le disait ?

— Ce que je veux dire, c’est que si tu n’arrives pas à mourir, c’est que ton heure n’est pas venu et que tu n’as pas accompli ce que tu devrais faire ici.

— Je pourrais te prouver le contraire, ici et maintenant. Je pourrais prendre un couteau et me l’enfoncer dans le ventre.

Et c’était une remarque tout à fait sérieuse. Qui lui avait effleuré l’esprit tant de fois. Mais il ajouta pourtant peu de temps après, avec un grand sourire qui dénotait particulièrement avec l’expression grave qui avait précédé :

— Mais je veux réussir à t’embrasser une deuxième fois avant.

Il n’en demeurait pas moins qu’il n’avait pas abandonné l’idée. Construire au lieu de détruire. Oui mais… pour construire quoi ? Il ne répondit rien. Et puis, il n’était pas le seul concerné. Byrnja était morte depuis neuf ans et Eldred n’était toujours pas passé à autre chose. Peut-être était-il temps de le faire.

Il avait eu de nombreuses relations sans qu’aucune ne devienne sérieuse. Soit, il avait un bien plus grand nombre d’amantes à son compteur… mais se rappelait-il de leurs noms, au moins ? Alduis eut un immense sourire, parce qu’il savait que sur ce terrain-là, il gagnerait toujours. D’ailleurs, Eldred ne manqua pas de remarquer que c’était là fort déloyal. Ce qui fut loin de faire diminuer son sourire.

— Il faut bien que je puisse me servir de ma mémoire, quand elle est utile !

Pourtant, Eldred rechercha néanmoins les prénoms des femmes qui avaient partagé son lit. Au fur et à mesure que son ami énumérait des prénoms, Alduis les comptait sur ses doigts. Une fois la liste finie, Alduis fit mine de réfléchir :

— Hum. Quinze sur trente-huit. Même pas la moitié ! C’est pas fameux, tout ça, Eldredounette ! Peut mieux faire.

Il ponctua ses mots en tapotant sa tête d’un air condescendant, tandis qu’Eldred ajoutait :

— Je ne te retourne pas la question, n’est-ce pas ?

Alduis eut un sourire en coin, et il énuméra à son tour et sans la moindre hésitation :

— Camille, Sosthène, Honoré, Nicodème, Aloïs, Joris, Désiré, Léopold, Théophraste, Aurèle, Ambroise, Clarenthe, Soffrey et Ariste. (il fit une pause et précisa sans attendre, juste après.) Le cousin d’Éléonore.

Ce qui était sûr, c’était qu’il avait encore quelques efforts à faire avant de parvenir à rattraper son ami. Il avait pris un sacré retard ! À la question suivante, il n’eut presque pas besoin de réfléchir, une fois de plus, pour annoncer :

— Un brun, quatre blonds et neuf roux.

Considérant que c’était à son tour de l’interroger, il demanda :

— Plus jeunes ou plus vieilles que toi ?
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Message par Eldred Kjaersen Lun 28 Déc - 16:25

Il voyait bien qu’Alduis ne saisissait pas complètement ses propos au sujet de la mort, alors il tenta de les expliciter tant bien que mal. Son ami eut une remarque tout à fait sérieuse puis franchement provocante, à laquelle Eldred se fit un grand plaisir de répondre :

- Tu vois que tu n’as pas accompli tout ce que tu voulais en ce bas monde !

Il se pencha sur sa selle pour s’approcher des lèvres d’Alduis avant de reculer subitement

- Non crois moi, tu vas patienter infiniment longtemps avant d’avoir ce baiser !

Maintenant qu’il avait bonne une raison pour le garder en vie et pour repousser ce baiser, il n’allait pas s’en priver ! Alduis lui proposa de parler de leurs conquêtes respectives -autre que militaire bien sûr, quoi que dans son cas la frontière soit ténue-. Au jeu de la mémoire, le zakrotien partait définitivement perdant ce qui ne l’empêcha pas de s’y plier pour le plaisir du jeu. Alduis décomptait les noms égrainés un à un avant de se moquer de lui. C’était de bonne guerre alors il lui retourna un sourire et compta les siennes.

- Même comme ça j’ai plus de noms que toi tu vois !

Son ami renchérit sur une question sur l’âge qu’elles avaient. Il soupira en roulant des yeux. Vraiment ? C’était quoi ces questions encore ?! Il réfléchit un long moment avant de déclarer.

- Plus jeune en général. Et toi ? Tu vas encore me donner leur âge exact pas vrai ?! En tout cas je suis sûr que je gagne sur la longueur des relations ! Et sans compter Byrnja hein !

Cette fois-ci il eut un rire franc car il savait pertinemment -vu le nombre de parties de jambes en l’air auquel il avait participé qu’il le battait encore une fois à plate couture.
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Message par Alduis de Fromart Mar 29 Déc - 11:16

Il n’avait pas encore tout accompli, aux yeux d’Eldred. Il n’en était pas sûr. Quand il regardait en avant, il ne voyait rien qu’un immense mur, impossible à escalader, impossible à briser, sur lequel il se dirigeait tout droit.

Et pourtant… Pourtant, en y regardant un peu mieux, en faisant un effort, une fissure venait de se dessiner entre les pierres. Elle était encore très petite, mais elle était bel et bien là, sinueuse entre les pesants blocs. Et il pouvait distinguer, vaguement, la lumière qui filtrait de l’autre côté. Cette lumière qui était partie de son ciel depuis tellement longtemps qu’il ne pouvait plus s’en souvenir.

Il haussa des épaules sans répondre. Eldred se pencha vers lui, comme s’il allait l’embrasser, mais recula aussitôt. Alduis eut un demi-sourire et rétorqua :

— Oh, fais-moi confiance, j’arriverai à t’en voler un autre.

Et cela même s’ils changeaient de sujet, il saurait s’en souvenir en temps et en heure. Certes, même en ayant oublié plus de la moitié, Eldred se souvenait de plus de noms que lui. Il avait une sérieuse ligne d’avance de ce côté-ci, mais Alduis était bien décidé à se reprendre maintenant. Il ne le rattraperait peut-être jamais, il avait pris douze ans de retard, ce n’était pas aisé à combler.

Il eut un large sourire quand Eldred roula des yeux. Eh bien oui ! Des statistiques, ça allait aussi avec les âges !

— Plus vieux, déclara-t-il. Sauf deux.

Il eut un nouveau sourire, et ajouta :

— Te dire leurs âges… Tout dépend si tu veux connaître celui qu’ils avaient à l’âge de leur mort, ou celui qu’ils auraient aujourd’hui. Mais comme je suis d’humeur magnanime, je vais te l’épargner !

Quand à la longueur de la relation… Oui, bien sûr. Eldred l’écrasait certainement à plate couture.

— La plus longue ? Quatre nuits.

Oh, bien sûr, il y avait eu Mathurin aussi. Qui détenait ce record, de vingt-quatre nuits… Mais il n’avait pas envie de penser à lui. Alors il évita soigneusement le sujet. De toute manière, leur balade durait depuis un moment maintenant, et il aurait été temps de penser à rentrer. Ce qu’il déclara aussitôt. Non sans oublier le plus important, bien sûr !

— Je crois que ma soeur a des invités, ce matin, elle risquerait de me taper sur les doigts si je ne passe au moins leur dire bonjour avant leur départ ! Mais avant...

Il fit se rapprocher Courage subitement et sans lui laisser le temps de réagir - question de le prendre par surprise - il l’embrassa. Avant de reculer avec le sourire le plus provocant du monde, associé à une tape amicale sur l’épaule :

— Tu vois ! Qu’est-ce que j’avais dit, Eldredounette ! C’est pas si compliqué de te voler un baiser !

Puis, sur ce, il le serra dans ses bras vigoureusement. En guise de merci silencieux. Avant de faire demi-tour, en annonçant cependant, quand il fut à quelques mètres :

— Ne t’inquiète pas, je pense à ton bouquet de fleurs pour la prochaine fois !
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