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[10 Janvier 1598] Promenons-nous, dans les bois, pendant que le loup, n'y est pas...[Terminé]

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Message par Fatum Lun 21 Déc - 10:17

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Message par Eldred Kjaersen Lun 21 Déc - 12:09

Cela faisait près de deux heures qu’ils avaient quitté Fromart pour la forêt enneigée d’Aprendo. Ils avaient largement réduit l’allure désormais pour se contenter d’un vif pas tandis qu’ils affrontaient de plein fouet le vent qui avait forci. Mêlé de grésil, il fouettait le visage comme autant d’aiguilles, les forçant à avancer tête basse sur leur monture. Dans la tourmente des éléments se dessinait la silhouette d’une vieille chapelle en ruine. Gelés jusqu’aux os par les rafales qui pénétraient chaque couche de vêtements dont ils disposaient, ils décidèrent de faire une halte au sein de la vieille bâtisse. Bêtes et hommes poussèrent la peau qui en bloquait l’accès et s’engagèrent dans l’abri, bien ravis de ne plus avoir à supporter les bourrasques sifflantes dans leurs oreilles.
Les sourcils d’Eldred étaient blanchis de neige et de glace mêlées. Il avisa, un feu -terriblement agréable-, en plein milieu, qui brûlait toujours, mais également l’absence de qui que ce soit. Or, par ce temps, cette personne n’avait pas pu aller bien loin. Il mit pied à terre et se décida à explorer les lieux, rafistolés de peaux et de planches. Un étrange mélange de paganisme et de christianisme. Le zakrotien appréciait cependant la décoration hétéroclite qui régnait ici et lui rappelait ses origines. Il devait sans doute s’agir d’un solitaire, comme Sylvère qui vivait reclus loin de la société. Chasseur de surcroit, si l’on en jugeait les restes, un peu partout. Il traversa la chapelle et ouvrit tour à tour les deux pièces : du bois et énormément de viande, il les referma. Un peu plus loin, il se baissa et ramassa un tibia de cerf broyé. Il le fit tourner, étonné de la cassure et des traces qu’il reconnaissait pour les avoir déjà aperçues dans ses forêts nordiques sur de grands cervidés : les mâchoires d’un loup. Ou alors il s’agissait réellement d’un très très gros chien. Son regard scruta le sol et découvrit quelques bourres grisonnantes abandonnées dans un recoin qui confirmèrent son hypothèse première. Il huma l’air ambiant, chargé de fumée et d’un reste de viande grillée. Les occupants devaient être partis précipitamment.

Il reposa l’os au sol et poursuivit son investigation autour du foyer. Posé négligemment sur la gauche du foyer, il remarqua des bijoux qui devaient appartenir à quelqu’un de fortuné. De là où il était, il les voyait scintiller au gré des flammes. Ce n’est qu’en se rapprochant, qu’il reconnut l’un d’entre eux. Il le souleva entre ses doigts pour mieux le détailler : c’était bien le collier de Lavinia. Son cœur fit un bond et il se tourna vers Alduis qui dut sans doute comprendre.

Sans attendre et sans dire le moindre mot, il remonta à cheval et quitta l’abri salvateur pour les éléments déchainés. Qui voudrait le suivrait. Pour l’heure, il savait que Lavinia était passée ici et précipitamment partie ce qui n’annonçait rien de bon. Il était désormais sûr d’une chose : elle était dehors et ressortie il y a peu. Il passa la peau de bête, et se trouva de nouveau assailli par la violence des éléments. En l’espace de quelques minutes, le vent avait encore gagné en intensité et le grésil s’était transformé en neige abondante. Il faisait sombre et il n’était pas aisé de distinguer les reliefs dans la pénombre de la tempête. Eldred cherchait des traces. Il y avait les leurs, bien sûr, en provenance de l’orée de la forêt, mais il finit par en découvrir d’autres, celles d’une étrange petite troupe.  Il talonna le palefroi pour suivre cette piste composée de pattes de loup et d’humains. Deux humains. Un grand et un plus petit. Les sabots de l’étalon disparaissaient sous l’épaisse couche de neige, le faisant trébucher de temps à autre. La progression était difficile, mais il le força à accélérer l'allure: avec toutes cette neige et ce vent, la piste allait disparaitre bien rapidement. Tandis que son regard était rivé vers le sol, il essayait de déchiffrer ce qu’il voyait. Il repensa à cette femme qu’il avait aidée dans les bois, avec ses loups. C’était somme toute l’hypothèse la plus rationnelle. Lavinia était avec Sylvia. Car les traces ne mentaient pas : les loups ne les poursuivaient pas.


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Eldred resserra sa fourrure de mouton sur ses épaules. A chaque nouveau pas, son cœur s’accélérait. Il savait qu’il gagnait du terrain, mais il avait peur de ce qu’il risquait de découvrir. Alduis remonta jusqu’à sa hauteur.

- Je sais avec qui elle est cria-t-il d’une voix étouffée et emportée par les bourrasques C’est une grande femme qui vit avec des loups

En parlant des loups… On les entendait chanter une lugubre partition et les traces fonçaient droit sur eux. En temps normal, c’était plutôt le genre de situation que l’on évitait. D’ailleurs, l’enthousiasme des gardes faiblissait à vue d’œil et Eldred pouvait sentir l’inquiétude les gagner. Quoi de plus normal ? Il faisait un froid à se geler la morve, la tempête hurlait dans leurs oreilles et ils avançaient droit vers une meute de loups. Etrangement, savoir qu’elle était avec Sylvia, l’apaisa. La femme ne lui ferait aucun mal et l’aurait sans doute protégé, mais entendre les loups n’augurait rien de bon.

Quelques minutes plus tard, le zakrotien distingua enfin des silhouettes tapies dans l’épais tourbillon blanc : des loups, un corps et une femme accroupie.

- Lavinia ! hurla-t-il aussi fort qu’il le put.

Il éperonna son étalon pour lui faire franchir la distance qui les séparait encore. Derrière lui, les gardes se regardèrent, indécis, hésitant entre le juger téméraire, héroïque ou franchement suicidaire. Effet de groupe oblige, aucun n’osa faire le moindre pas, préférant voir ce qu’il adviendrait de l’esclave jeté dans la fosse aux loups.
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Message par Lavinia de Kergemont Lun 21 Déc - 20:28

Lavinia ne sentait presque plus ses mains, indécise, elle se trouvait toujours auprès de Sylvia. Les loups de la jeune femme hurlaient à tout va, tout en se resserant sur le corps de leur maîtresse. À ce rythme, elle ne serait pas la seule à mourir et cela n’avait jamais été son but, mais…
À travers les lamentations des canidés, elle crut entendre des voix. Lorsque l’un des loups pointa ses oreilles dans la direction qu’observait Lavinia, elle eut la confirmation de ses soupçons. Quelqu’un ou quelque chose approchait. 
Elle plissa les yeux, tout en protégeant son visage avec ses mains gelées, afin de percevoir ce qui arrivait sur eux. 


Lavinia !


Elle crut que son imagination lui jouait des tours car l’espace d’un instant elle pensa reconnaître la voix d’Eldred. Oui, l’espace d’un instant sa détermination vassilia.Le jeune zakrotien avait-il bravé la tempête malgré les risques pour la retrouver ? Le seigneur lui envoyait-il un signe, lui faisait-il comprendre que son destin n’était pas aussi désespéré ?  
La neige virevoltait en tous sens et le vent rendait difficile tout déplacement. Elle vit la silhouette peinait à les rejoindre. 
Lavinia fit même un pas vers le cavalier, mais quelque chose la stoppa dans son élan. Derrière ce qui lui semblait être Eldred, d’autres silhouettes s'avançaient également. Beaucoup de silhouette. Des soldats de son père à ne pas en douter.


Il est envoyé par mon père... Mon père a demandé à ses soldats de me ramener pour me renvoyer auprès de mon mari. Et si le zakrotien est là c’est uniquement pour ses aptitudes dans ce type de climat difficile…


L’angoisse broya de nouveau les entrailles de la jeune femme. Elle fit un pas en arrière pour revenir à sa position initiale et elle ne savait pas trop pourquoi s’adressa à l’un des loups. Elle pensait que peut être, ils la comprendrait.


Restez auprès d’elle et veillez bien à la maintenir le plus au chaud possible. Vous verrez vous n’avez rien à craindre, ils ne viennent pas pour elle ou pour vous. C’est moi qu’ils cherchent… Encore merci pour tout.


Lavinia rassembla son courage et le cœur serré fit volte face et s’enfuit dans la direction opposée des cavaliers. Elle n’était pas fine stratège, et encore moins habituée à des environnements aussi chaotiques. Mais, même si les forces commençaient à lui manquer, elle puisa dans ses derniers retranchements pour prendre la fuite. L’alignement des arbres lui semblait plus sinueux dans cette direction et quoi de mieux pour compliquer la vie des cavaliers. Alors si dans son dos elle entendait les foulées des équidés, ou était-ce les battements de son propre cœur qui résonnaient aussi fort que les carillons de l’enfer, elle continuait d’avancer. Elle entendait des cris, des appels, mais son affolement l’empêchait de distinguer clairement les mots offerts à la tempête.
La vue se dégagea, et Lavinia se stoppa au bord d’une petite colline. La distance en contre bas n’était pas aussi impressionnante, mais une mauvaise chute pouvait toujours être fatale. 
 
À ses côtés un arbre à demi enraciné tenait encore en équilibre entre la terre et les airs. De ce qu’elle pouvait en juger en s'agrippant à la racine qui pendait dans le vide, elle pourrait descendre en bas sans trop de soucis. Là-bas une étendue plane l’attendait. Si les soldats ne pouvaient pas descendre avec leur monture et qu’elle arrive à garder son rythme, elle espérait pouvoir rejoindre l’autre côté de la plaine sans se faire attraper. Ou bien.. mourir d’épuisement. 
Elle s'accroupit à la vas vite, sans prendre de précaution car on arrivait dans son dos. Elle tendit la main et… elle bascula dans un cris étouffé. Ses mains n’avaient pas réagi à sa demande, elles ne s’était pas accrocher à la racine et l’inertie donner à son corps entraîna Lavinia dans le vide.


Elle roula dans la poudreuse jusqu’à attendre le contre-bas, où pendant quelques instants elle eut le souffle coupé. Elle était à présent recouverte de la tête aux pieds de neige glacée. Elle ne sentait plus ses mains et même ses oreilles. Mais cela ne suffit pas à mettre à mal sa détermination. Elle se remit tant bien que mal debout et klopina devant elle. 

On la rattrapait , elle sentait presque un souffle dans sa nuque. À chaque pas un craquement derrière elle retentissait. À bout de force, elle s'avoua vaincue. Elle se retourna et tomba à genoux. Elle resterait fière jusqu’aux bout, jusqu’à son dernier souffle. Mais voilà, là où elle pensait qu’un homme la saisirait de force, elle ne rencontra que du vide, même s' il lui semblait apercevoir une silhouette non loin. Puis en posant ses mains au sol, elle comprit. Elle comprit d’où venait ses sons étranges aussi proches d’elle. De la glace. Elle se trouvait sur une étendue de glace qui se fissurait à mesure où elle s’était obstinée à avancer. La jeune femme eut pour la première fois peur de mourir. Car partir d’épuisement elle était prête à l’accepter ou même mourir de froid, mais la noyade… La noyade est la pire mort qu’il soit. Le corps répondait à un instinct de survie et s’obstinait à rechercher de l’air là où il n’y en avait pas. La noyade. Était-elle prête à endurer ce calvaire ?
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Message par Invité Lun 21 Déc - 23:22

Sylvia sombrait. Elle avait beau lutter, avec le peu de force qui lui restait, ses yeux s'appesantissait. Elle était gagner, par le sommeil. Elle était désolé, de n'avoir pu aider plus Lavinia, mais ce qui la rassurait dans sa situation, comme chaque fois qu'elle frôlait la mort : l'assurance de son salut. C'était un moment, douloureux, effrayant, au début. En ce moment, elle n'entendait, ne voyait et ne sentait, quasiment plus rien...

Alors que le vent, amenait un message à la meute : des gens approchait. Des gens dont ils n'avaient pas l'habitude, des hommes et des chevaux. Chacun, levant la truffe, humait l'air afin de lire le message que leur apportait le bizarre, quand les oreilles de l'un d'eux tressaillirent : donnant une direction, encore plus précise à suivre !

Lavinia s'adressa alors : à Pierre. Pierre connaissait les tempêtes, c'était le plus bourru, le dernier à rentrée quand il ventait, pleuvait ou neigeait. Quand il s'agissait d'aller pêché avec Sylvia, il sautait carrément à l'eau, mais... Il lui est aussi arriver, de tirer Sylvia de mauvais pas : comme dans des temps, comme celui-ci. Reconnaissant une voix humaine, il sembla écouter attentivement Lavinia, tandis que David, c'était lui-même lever, droit sur ses pattes, poitrails en avant !

Quand Lavinia s'en alla en les laissant, Pierre se leva alors lui aussi d'un bond : dans cette direction, il y avait l'étang ; Il y a 1 an, Sylvia jouait avec Jonas avec une branche, elle l'avait lancer si loin, qu'il avait atterrit sur l'étendu d'eau gelé. Sauf que Jonas, n'a pas voulu aller chercher ce foutu bout de bois. Dans son enthousiasme, la jeune fille couru pour aller le chercher, et la glace se brisa sur son retour... Ses cris les avait alerter, aucun ne semblait savoir comment réagir, sauf Pierre, qui couru lui aussi sur l'étang gelé, s'éloignant des qu'il entendait un bruit de craquement. Arriver près du trou, d'où en tentait de sortir, elle lui tendait la main. Au lieu de la saisir, il lui rapporta le morceau de bois et, il tira... Heureusement, ce jour-là. Ils s'amusaient autour d'un feu, elle dû alors se hisser jusqu'au feu, tous le monde l'entourant alors...

Pierre regarda Sylvia et les autres, puis Sylvia qui s'éloignait, et fis le va et viens, plusieurs fois, avant de s'élançait après Lavinia. De son côté, Jonas regardait ses frères, s'éloignait l'un et l'autre, et se serra encore contre Sylvia, tous comme Ruth, Job et Lydie. David n'était pas le plus grand, mais c'était... David. Un David qui s'avançait face à toute une "armée" d'homme et de chevaux. Ils les regardaient, les observaient tous comme un par un, et montra les crocs. Face à eux tous, il n'avait que cela à faire : gronder férocement et montrer crocs. Tous les chevaux, terrorisé, faisait le reste ! Il se mit à faire le va et viens, dans un sens et dans l'autre, devant tous les chevaux, tandis que Jonas finit par le rejoindre.

Pendant ce temps, Pierre était quasiment, devant la même scène qu'il y a 1 an. Lavinia était sur l'étang gelé, et lui, entendait les craquement lents et progressif de la glace... Mais pas que, derrière-lui, des bruits de galops.

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Message par Eldred Kjaersen Mar 22 Déc - 9:07

Résolution pour les gardes sur un Dé 100:

1-15 Effrayés, certains gardes désertes
15-30 Apeurés par les loups les gardes reculent
31-50 Indécis, ils hésitent entre l'attaque et la fuite sans parvenir à se décider. Ils ne bougent pas
51-70 A l'attaque! Ils chargent la meute
71-85 Lavinia reste leur objectif: ils prennent Eldred en chasse
86-100 Pragmatiques, ils se séparent
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Message par Fatum Mar 22 Déc - 9:07

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Message par Alduis de Fromart Mar 22 Déc - 13:15

Le temps s'était dégradé et continuait de le faire, comme si le soleil ne devait jamais revenir. Le vent devenait de plus en plus fort, de plus en plus froid. À force de serrer les rênes, les doigts d’Alduis étaient frigorifiés par les puissantes rafales qui sifflaient entre les branches de la forêt d'Aprendo. Le brouillard floconneux qui tombait donnait un air menaçant aux arbres, dont les doigts tordus pointaient vers le ciel, comme quelque avertissement. On aurait dit qu’ils n'étaient pas les bienvenus dans ces bois et cette impression ne faisait que se renforcer au fur et à mesure qu’ils progressaient.

Alduis n'aurait su dire depuis combien de temps ils avaient quitté Fromart exactement. Il était impossible de le déterminer avec certitude, mais cela faisait déjà plusieurs heures. L’air était glacial et le manteau qu’il avait mis était loin d’être en trop. Il devait remercier Eldred pour cela. Même s’il ne l’aurait jamais reconnu à voix haute, son ami avait eu raison d’insister. Bon sang, mais qui aurait eu l’idée de rester dehors par un temps pareil ? Il fallait être suicidaire !

Une fois que ce mot eût effleuré son esprit, il ne put plus s’en défaire. C’était comme s’il avait planté des griffes dans son esprit pour ne pas être oublié. Pour rester dehors par un temps pareil, il fallait être suicidaire… Est-ce que… Alduis secoua la tête. C’était ridicule. Lavinia s’était perdue pendant une partie de chasse. C’était tout. Il n’y avait rien d’autre. Ce n’était que lui - et son esprit malade - qui se faisait des idées.

Alduis serra les dents. À force que ses épaules soient crispées, inutile réflexe pour essayer d’endiguer le froid qui se répandait dans ses membres, ses muscles étaient douloureux. Mais l’air glacial n’était pas le seul responsable. C’était une nervosité familière qui revenait se loger entre ses omoplates. Une nervosité qui n’était pas la sienne, mais qu’il absorbait tout de même, comme une sangsue se gorge du sang d’autrui.

Tout émanait de son ami. Eldred qui était d’habitude d’une stabilité sans égal, qui représentait dans son esprit ce roc inébranlable et puissant, qu’aucun vent si fort soit-il n’aurait pu déraciner, avait peur. Une carapace s’était formée autour de lui, une peur qui dardait des piques sur lequel on se serait piqué et qui suintait d'une angoisse sourde. Elle se répandait autour de lui comme une poix glacée, encore plus froide que le vent, qui lentement, patiemment, se communiquait à Alduis.

Alduis comprenait. Il comprenait trop bien pour que cela ne le touche pas. Même sa respiration était moins régulière, à mesure qu’il se remplissait de cette sournoise anxiété, qui prenait aux tripes et serrait fort. Et s’ils ne la retrouvaient jamais ? et si elle était même déjà morte ? Comment Eldred ferait-il ?

Alors si d’habitude, il ne se gênait pas pour exprimer ses peurs à Eldred, il n’en fit rien cette fois. Il était là pour l’aider, et ce n’était pas de cette manière qu’il le ferait. Alors il gardait ses doutes au fond de lui, les amassait et les calfeutrait dans son ventre. Tant pis si cela devait le faire imploser plus tard. Pour le moment, il devait se contrôler, ou il ne ferait que rajouter un poids sur les épaules d’Eldred déjà bien chargée par cette disparition. Le seul signe qui en résultait était donc la tension de ses épaules. Il n’aurait pas cru si bien réussir. Il ne savait par quel extraordinaire processus il parvenait parfois - presque toujours - à dépasser ses limites en présence de son ami.

La silhouette d’une chapelle en ruines se dessinait à quelques mètres de là. Personne ne se concerta pour y entrer. Chacun était frigorifié et n’importe quel homme sensé y aurait fait halte. À l’intérieur, malgré la mauvaise isolation évidente du lieu, la température était beaucoup plus supportable et le feu qui crépitait au milieu y était pour beaucoup. Par instinct, Alduis chercha quelqu’un du regard, quelqu’un qui se serait caché à leur entrée. S’il y avait feu, il y avait humain. Mais il ne vit personne. Les habitants de cette chapelle étaient-ils sortis dehors ? Un bref instant, il fronça les sourcils. Il fallait être fou pour abandonner le réconfort d’un espace clos comme celui-ci. Les choses ne collaient pas entre elles, il ne comprenait pas.

À moins que… Mais de nouveau, Alduis secoua de nouveau la tête pour lui-même. Non. C’était idiot. Il devait se montrer raisonné. Il rejoignit Eldred qui explorait les lieux, découvrant tour à tour du bois puis des restes de viande et même des os rongés. Encore une preuve que le lieu était habité et qu’il avait été quitté récemment. Le Zakrotien traversa soudainement la chapelle pour aller ramasser des … bijoux. À la manière dont il se tourna vers lui, collier entre les doigts, Alduis comprit. C’était à Lavinia. Et cela signifiait deux choses. D’une, elle était passée par ici très récemment. De l’autre, elle était dehors à l’heure actuelle.

Des milliers d’idées fusèrent dans la tête de Alduis mais il les étouffa toutes. Il devait garder l’esprit froid et calme. Eldred avait suivi le même raisonnement que lui puisqu’il remonta aussitôt à cheval, sans attendre qu’on le suive. Mais Alduis avait anticipé et il sortit juste derrière lui. Aussitôt, ils furent de nouveau livrés à la violence de la tempête. On aurait dit qu’ils avaient franchi la porte d’un autre monde tant cela dénotait du feu de camp qui continuait de se consumer dans la chapelle. Il fallait désormais plisser les yeux pour - vainement - essayer de deviner quelque chose. Et ils ne s’étaient abrités qu’une ou deux minutes.

Si Lavinia avait été ici… pourquoi était-elle sortie ? C’était le meilleur moyen de mourir…

Malgré lui, l’idée se faisait de plus en plus de place dans son esprit. Il fallait ou être suicidaire, ou que cet abri représente un plus grand danger que l’hostilité extérieure. Dans un cas comme dans l’autre, cela ne le rassurait pas. Mais il s’obstina à repousser cette idée dans un coin de son esprit. Il pressa ses talons autour du ventre de Courage pour lui indiquer de continuer.

Eldred trouva des traces. Les leurs, bien sûr, mais d’autres qui partaient dans une direction opposée. De plus en plus profondément dans les bois. S’ils pouvaient encore les voir et que les tonnes de neige qui descendaient du ciel ne les avaient pas encore comblées, alors c’étaient qu’elles étaient récentes. Ils se rapprochaient du but. Et sans savoir pourquoi, cette perspective faisait augmentait l’inquiétude d’Alduis. Qu’allaient-ils trouver ? Cela lui faisait peut-être même plus peur que de ne jamais la retrouver. Tant qu’ils cherchaient, il n’y avait pas de réalité à affronter. Sinon celle de l’absence. Mais quand ils seraient devant elle, les choses changeraient. Et il craignait l’évidence.

Les chevaux avaient de plus en plus de mal à progresser dans la poudreuse. Mais ils tenaient le coup malgré tout. Comme Alduis avait perdu un peu de terrain, il accéléra pour remonter à la hauteur de son ami. Il avait beau être très proche, il eut du mal à percevoir ce qu’il disait et quelques mots s’envolèrent avec les sifflements du vent.

— Je … avec qui est elle … femme … avec des loups.

Et à peine avait-il prononcé ce dernier mot - loup - que justement, leurs longs hurlements percèrent le silence. Des hurlements à en glacer le sang. Courage renâcla. Tandis que l’action semblait apaiser l’esprit d’Eldred pour la remplacer par de l’adrénaline, Alduis sentait l’épaisse poix envahir ses veines, comme un liquide qui alourdissait son corps et qui venait prendre la place dans son sang. Malgré tout, il continuait de la contenir en lui et progressait avec son ami. Les minutes passèrent. Ce fut le cri de Eldred appelant Lavinia qui lui fit apercevoir les silhouettes qui étaient là. Ils les avaient retrouvés : des loups, et deux femmes, comme le disaient les traces. L’une des deux était à terre, mais jugeant les formes trop grandes, il écarta l’hypothèse que ce soit Lavinia. Dans ce cas… c’était l’autre, celle qui était accroupie.

Eldred éperonna son étalon. Lavinia releva la tête. Alduis crut voir un mouvement amorcé dans sa direction, comme si elle était heureuse de voir le Zakrotien. Il crut presque qu’ils avaient réussi et qu’il ne restait plus qu’à rentrer, au chaud. Espoir qui dura à peine plus d’une seconde. Parce que celle d’après, elle se jetait dans l’autre sens.

Elle…
Elle fuyait.
Lavinia fuyait, et elle s’enfonçait encore plus en avant dans les bois et les intempéries. Elle avait pourtant reconnu Eldred. Il était sûr qu’elle l’avait reconnu. Rien n’aurait su expliquer son comportement de manière rationnelle sauf… sauf une chose.

L’appel de la Mort.
L’envie de se rouler en boule dans un coin et de se laisser mourir.

C’était pour cela, qu’elle s’était perdue. Pour cela qu’elle était sortie de cette chapelle. Il pouvait continuer de nier en bloc cette pensée, l’hypothèse devenait une évidence cruelle. Elle ne fuyait pas la Mort, mais bel et bien la vie. Et cette certitude ouvrit un gouffre en lui. Il en oublia de suivre Eldred qui s’élançait à la suite de la jeune femme en l’appelant de nouveau. Les digues qui contenaient sa nervosité cédèrent et les voix se glissèrent, sinueuses dans son esprit.

Vous venez pour la sauver, Alduis.
Mais elle n’a pas envie de l’être.


… oui mais Eldred ...

Souviens-toi.
Souviens-toi de ce que tu as ressenti quand ils ont décidé que tu devais vivre.


… je dois l’aider …

Tu infligerais cela à une autre ?
Ce vide au fond de toi…


… je ne peux pas l’abandonner, c’est mon ami …

Tu forcerais quelqu’un à vivre avec ?

Il accompagnait Eldred pour retrouver Lavinia et la ramener à Frenn. Vivante. C’était comme une promesse tacite : qu’il ferait tout son possible pour l’aider. Qu’ils ne reviendraient pas avant de l’avoir retrouvée. Il ne pouvait plus se rétracter maintenant.

Et si Lavinia parvenait à fuir ? que le froid finissait par avoir raison d’elle ? Eldred était comme un immense chêne : il avait des racines profondément plantées en terre. Rien ne pouvait le déraciner. Mais on pouvait toujours le faire tomber. À coups de hache. Et si même le plus grand des arbres finissait par tomber, abattu, alors… alors… Il ne pouvait pas l’abandonner. Parce qu’Eldred ne le laisserait jamais tomber.

Mais qui était-il ?
Qui était-il pour l’empêcher de mourir si elle le voulait ?
Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit de l’en priver. Il ne pouvait pas la condamner à cette agonie-là. On ne pouvait pas sauver quelqu’un qui n’en avait pas envie.

C’était précisément ce qu’on lui avait demandé, pourtant. Pourquoi personne ne l’avait achevé ? Pourquoi n’avait-il pas eu le droit de connaître ce repos que serait le néant de la mort ? Il pourrait entraîner les voix dans sa chute. S’il mourrait, elles mourraient avec lui, et rien que pour cela, il aurait été prêt à se sacrifier. Il était le maître de sa vie, il était le maître des voix. Coldris et Eldred avaient raison. Et s’il voulait mourir, personne n’avait le droit de l’en priver.

… mais …

Treize fois.
Il avait essayé treize fois.
Et il était toujours là, vivant malgré tout. Pourquoi réussirait-elle du premier coup alors qu’il essayait désespérément depuis deux ans d’écraser ce brin d’herbe encore vert qui subsistait au milieu de la pourriture de son ventre ? C’était injuste. Pourquoi avait-elle droit d’abandonner ? et pourquoi lui devait-il continuer à lutter ?

Ce fut des grognements qui le ramenèrent subitement au présent. Qui lui rappelèrent la tempête qui faisait rage. Les gardes face aux loups. Lavinia qui courait dans la neige, poursuivie par Eldred et l’autre moitié de l’effectif armé.

Et lui. Lui qui était ici au milieu de tout cela, sans savoir quoi faire.
Lui qui ne servait à rien.

Il secoua la tête pour se reprendre. Il devait faire quelque chose. Qu’importe ce que ce serait, qu’importe que ce soit inutile. Il devait bouger. Sinon il allait perdre toute notion du temps et toute accroche avec la réalité. Il n’avait pas le droit à l’erreur au milieu d’une tempête comme celle-ci. Il mit pied à terre.

Il appuya son front contre l’encolure de Courage. Son pelage était recouvert de fines perles de glace, de même que sa crinière, mais la sentir là lui fit du bien, même si elle était froide. Il prit une inspiration. Eldred n’était pas là pour l’aider, Eldred avait d’autres choses à faire. Alors il devait se débrouiller tout seul. Il entoura l’encolure de Courage de ses bras pour la serrer contre lui, pour s’assurer qu’il n’était pas parti.

Réciter l’alphabet à l’envers. C’était ce que lui avait dit Eldred. Alors ce fut ce qu’il fit. De nouveau, il prit une inspiration qu’il bloqua dans ses poumons.

Z.

Il resserra encore son étreinte autour de sa jument.

Y. X. W.

Il entendait les rumeurs de l’affrontement entre les loups et les gardes. Et plus loin, quelques rumeurs de voix.

V. U. T. S. R.

Et tu penses que c’est comme cela que tu y arriveras ?
Tu es inutile Alduis.
Tu ne sers à rien.

Les voix lui firent perdre le fil de sa récitation. Pourtant, il s’obstina à les ignorer. Il devait rester concentré. Où en était-il déjà ? Quelle lettre ? Il ne savait plus. Elle s’était envolée.

Ça veut dire que tu peux le faire ! Et que tu pourras le refaire !

Entendre les mots d’Eldred le raffermit un peu. Alors il recommença. Et il recommencerait le nombre de fois dont il aurait besoin pour arriver jusqu’à A.
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Message par Eldred Kjaersen Mar 22 Déc - 14:34



Il n’y avait que quelques mètres qui le séparaient de Lavinia. Elle était debout. Elle était en vie. Il fit ralentir l’étalon pour ne pas déclencher de mécanisme défensif chez les loups, mais au lieu de venir à sa rencontre, elle fit demi-tour et se mit à courir dans la direction opposée. Mais ? Qu’est-ce qu’elle faisait ? Il resta quelques secondes sidéré, incapable de bouger. Quelques secondes qui lui firent perdre un temps précieux. Lorsqu’il éperonna sa monture, il dut en plus décrire un large arc de cercle afin d’éviter de déclencher le réflexe de prédation des canidés. Lavinia courrait aussi vite qu’elle pouvait pour lui échapper. De temps à autre, il la voyait se retourner puis trébucher dans la neige. Son cheval s’épuisait dans la neige qui devenait de plus en plus profonde et le vent qui venait de face, mais Eldred le força à maintenir l’allure.  Soudainement, Lavinia stoppa sa course nette. Il la vit se pencher en avant et comprit qu’il y avait une déclivité à cet endroit. Il fit ralentir sa monture, sauta à terre et se réceptionna dans une roulade avant de reprendre sa course au milieu de la poudreuse. Il ne prenait plus garde ni au vent ni au froid. Il la vit tendre la main vers la souche en équilibre.

- Lavinia, attends ! hurla-t-il, mais sa voix fut emportée par les bourrasques sifflantes.

Elle tomba dans le vide. Il trébucha et reprit sa course. Jusqu’à l’endroit où elle se tenait initialement.  Il l’aperçut rouler en contrebas, entrainée par la pente. Eldred sauta à pieds joints, et se laissa glisser sur les talons comme il avait l’habitude de le faire à Zakros lorsqu’il était enfant. C’était à qui serait arrivé le plus vite en bas. Puis lorsque la pente se fit plus douce, il avança à coups de grandes enjambées coulées dans la poudreuse.

- Attends-moi!

Il tendait le bras pour la saisir, mais elle restait toujours hors de sa portée. Pourquoi le fuyait-elle ainsi ? Il ne comprenait pas. Il remarqua la végétation changeante, signe d’une berge, mais elle continuait sa course droit devant. Il nota aussi une silhouette lupine qui était déjà là. Comment était-il arrivé aussi vite ? Mais ce n’était pas l’objet de ses préoccupations.

- Pas par là!

Il en était quasiment sûr, l’eau n’était pas suffisamment gelée en bordure du lac pour soutenir son poids, surtout en courant. Elle tomba soudainement, à genoux, et il se précipita sur le rivage bordé de roseaux épars. Il s’arrêta, essoufflé, et reconnut aussitôt le chant sinistre de la glace sur le point de céder. Ce grincement, ces petits craquements qui se diffusaient. Il les connaissait par cœur. La glace chantait tout le temps, il fallait toujours être prudent sur l’eau.

- Allonge-toi tout de suite! cria-t-il …s’il te plait

À son tour, il se coucha à plat ventre dans la poudreuse et lui tendit sa main. Le vent fort balayait la surface gelée de l’étendue d’eau, découvrant par endroit le miroir hivernal. Elle devait s’exécuter. Il fallait qu’elle répartisse son poids pour éviter à la glace de se briser. Elle devait lui faire confiance. Il n’était pas trop tard pour éviter un mortel bain glacial.

- Ca va aller, rampe doucement jusqu’à moi. énonça-t-il calmement.

Il s’approcha un peu plus du bord, tout en laissant son poids sur la rive. Il était trop lourd pour tenter le diable mais il pouvait lui tendre la main. La balle était dans son camp désormais.

ᛤ ᛤ ᛤ

Les Gardes


Les loups grognaient, babines retroussées et museau plissé autour de leur truffe noiraude. Les chevaux grattaient nerveusement la neige ou agitaient frénétiquement l’encolure, oreilles en arrière. Leur solide instinct de survie, ancré depuis la nuit des temps, les poussait à fuir les lieux, loin des prédateurs qui les cernaient. Mais les hommes les tenaient fermement. Jambes serrées, rênes courtes. Ils piétinaient, hennissants, incapables de se soustraire au danger imminent. Les gardes ne savaient pas quoi faire. Attaquer ? Il y aurait des pertes. Battre en retraite ? Ce n’était pas une option. Oui, mais on les payait pour garder, pas pour se faire dévorer par des canidés sauvages avides de chair fraiche. Ils avaient tous choisi ce poste pour la relative tranquillité et sécurité qu’il offrait loin de la boucherie des champs de bataille. Alors que faire ? La tempête faisait rage et chacun en avait assez des bourrasques hurlantes chargées d’aiguilles qui les fouettaient et les gelaient sur place.

Ce fût l’esclave zakrotien qui prit l’initiative, sans leur demander quoi que ce soit en partant la poursuite de la fille du seigneur. À nouveau, ils se jaugèrent mutuellement. Ils ne pouvaient pas laisser l’esclave s’enfuir seul en poursuivant Dame de Kergemont. Quoique, si quelque chose arrivait, ce ne serait que de sa faute après tout… Après quelques secondes, ils optèrent pour la solution de facilité : scinder la troupe en deux. Sept gardes se lancèrent à la suite du zakrotien. Huit restèrent pour affronter les loups et sauver cette demoiselle allongée dans la glace.

Il fallait maintenant définir la meilleure stratégie à adopter pour les éloigner. Keinan - qui s’était instauré chef par dépit - réfléchissait aussi vite que possible à la meilleure solution. Foncer dans le tas serait idiot : leurs montures risqueraient d’être blessées et ils signeraient leur arrêt de mort à devoir survire dans cet enfer glacé. Ils pourraient sans doute utiliser leur arc, mais compte tenu du vent c’était… Franchement idiot. Il y avait également la solution de mettre pied à terre et de les affronter au corps à corps. Pas vraiment intelligent malgré leur nombre, et horriblement dangereux. Il avait une famille tout de même ! Il parait que les loups ont peur du feu… Le problème c’était qu’avec ce vent, il était tout bonnement impossible d’envisager la moindre combustion sans avoir au préalable construit un abri. Il analysa la scène. La femme était allongée et les animaux semblaient la protéger -bêtement, mais c’était ce qu’ils étaient après tout-. Pour lui porter secours, ils devaient parvenir à l’isoler. Comment attirer des loups ? Keinan entrevit une idée.

- Jonah ! (il avait la monture la plus rapide et il était le plus léger) Retourne à la chapelle, et prend de la viande. Autant que tu peux ordonna-t-il

Le jeune homme (à peine plus qu’un jeune garçon) lui lança un regard interrogateur, mais fila sans questionner son ainé qui devait à coup sûr avoir un usage bien particulier, autre que de festoyer au milieu du blizzard.

Les sept gardent restant tentèrent d’éloigner les animaux comme ils pouvaient en cherchant à les attirer à l’écart. Peine perdue.

Pendant ce temps, un petit groupe de sept avait pris en chasse l’esclave qui filait à toute allure. Bien rapidement, ils le perdirent de vue, mais ses traces étaient là, témoins de son passage. La neige rendait la progression difficile sans parler du vent qui les forçait à rentrer leur tête entre leurs épaules et à garder les yeux rivés sur les crins de leur monture plutôt que sur l’horizon blanchi. Tout était blanc. Si blanc qu’on ne distinguait pas plus loin que la croupe du cheval précédent. Le vent balayait vigoureusement la poudreuse à peine déposée. Sans le vouloir, le cheval de tête se mit à suivre une piste laissée par un cerf lors d’une bifurcation, et tout le groupe s’engagea à sa suite sans s’apercevoir qu’ils s’éloignaient de leur objectif. Ce ne fut qu’après de trop longue minute que le premier cavalier comprit son erreur et poussa un juron avant de hurler rageusement.

- Demi-tour ! tandis que la tempête emportait le son de sa voix.

Il espérait surtout pouvoir retrouver ses propres traces, car la neige tombait dru et le vent soufflait plus fort que jamais. Ici, au cœur de cette sombre forêt, il n’avait aucun repère. Tout se ressemblait. Il n’y avait que des arbres et du blanc. Encore du blanc. Toujours du blanc…
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Message par Lavinia de Kergemont Mar 22 Déc - 19:56

Il n’y avait plus de doute, c’était bien Eldred qui était face à elle. Elle n’arrivait pas à soutenir son regard, elle ne pouvait pas alors que… Lavinia fixa alors cette surface cristalline qui la supportait . Le moindre mouvement accélérait l’apparition des fissures. Par curiosité malsaine, la jeune femme appuya un peu plus fermement sur sa main droite. Le craquement qui s’en suivit fut plus impressionnant que les autres, la surface lisse était désormais recouverte de  marbrure telle une toile d’araignée.


Allonge-toi tout de suite !


Pourquoi est-il là à essayer de l’aider ? N’avait-il pas compris lorsqu’elle s’était enfuie ? Ses larmes se mirent à couler, transformées rapidement en de petits cristaux gelés. Malgré sa résolution, les mots prononcés par le zakrotien à la limite du désespoir la fit relever la tête.


...s’il te plait


Lavinia resta immobile alors qu’Eldred s’allongeait dans la neige et lui tendait une main secourable. Elle ne savait plus quoi faire, son cerveau lui envoyait des messages incohérents et totalement contradictoires. 


Ca va aller, rampe doucement jusqu’à moi


Ca va aller… Si seulement cela pouvait aller pour le mieux. Si seulement Eldred était un homme libre. Si seulement elle n’était pas mariée. Si seulement l’état de son époux ne se stabilisait pas...


Je ne retournerai pas là-bas, cria-t-elle en réponse, je préfère encore mourir.


Elle observa la surprise se peindre sur le visage du jeune homme. Comprenait-il enfin où elle voulait en venir ? Il ne comprenait peut-être toujours pas que ce n’était pas un caprice d’enfant gâtée. Elle ne parlait pas de rejoindre la ville ou de rejoindre son père. Non, elle parlait de retourner auprès d’un mari absent, d’une vie malheureuse isolée en terre reculée. Mais pourquoi elle n’avait pas réussi à mourir avant la venue du jeune homme ?


Tu m’as menti, l’accusa Lavinia en sanglot. Pourquoi… Tu m’avais pourtant dit que dans ton pays, lorsque la neige recouvrait le paysage, elle était aussi magnifique que dangereuse. Que quelques heures en son sein emporterait n’importe quel guerrier même aguerri. Alors pourquoi suis-je encore en vie ?


Oui, pourquoi la vie s’accrochait-elle aussi fermement à elle ? Elle n’avait pas perdu connaissance contrairement à Sylvia et pourtant elle avait tout fait pour . Son désir de libérer son entourage du fardeau qu’elle était ne l’avait pas déserté, mais la venue des soldats de son père avec Eldred changeait la donne. 


Pourquoi insistes-tu de la sorte alors que tu es celui qui a le plus à perdre dans toute cette histoire ? Je ne manquerai pas à grand monde et l’épée de damoclès qui tangue au-dessus de ta tête à chacune de nos rencontres s’effacera.


À présent, elle en était sûre, le seigneur ne lui accorderait jamais ce qu’elle souhaitait. Elle ne faisait pas partie de ceux qui auraient le droit au bonheur.


Te rends tu comptes que j’en suis arrivée à ne pas souhaiter le rétablissement de mon époux, au contraire… C’est le seigneur qui a décidé que je ne serais jamais heureuse, c’est lui qui me nargue pour me montrer ce que je n’aurais jamais. Il m’a enlevé ma mère, m'a fait subir le supplice du couvent, m’a marié à un homme qui ne me touche pas et n’est jamais présent. Tu veux savoir pourquoi je ne veux pas te parler de lui ? C’est tout bonnement car je n’ai rien à raconter, en l’espace d’un mois j’ai passé plus de temps avec toi et même avec Alduis et Bérénice que toutes ses années avec mon mari ! Je n’aurais jamais d’enfants… de famille… Et le seigneur ne veut pas me laisser partir sans souffrir une dernière fois


Son monologue la libéra d’un poids, mais son esprit cherchait toujours activement une solution au problème qui se présentait à elle. 


Appel les soldats de mon père, dis leur que tu as besoin d’aide et… quand ils seront là je pourrais m’allonger sur la glace. Je pourrais faire en sorte qu’elle se brise et il ne t’arrivera rien. Tu as conscience que si je fais un faux mouvement et que l’eau m’emporte c’est sur toi que la faute sera jeté car tu es seul avec moi ? Ce n’est pas ce que je veux, je veux que tu devienne libre et que tu mène une vie heureuse comme celle que tu me comptais, ta vie à Zakros…


Eldred ne semblait pas faire comme elle l’entendait. Alors elle insista une nouvelle fois.

Si tu ne le fais pas, je le ferai moi ! Il me suffit de me remettre debout et de crier pour demander de l’aide.
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Message par Invité Mar 22 Déc - 21:37

Pierre regardait la scène, de ses yeux de crocottes. Effectivement, un autre bipède était arriver. Humant l'air, il l'observa attentivement. Il avait de grands poils sur la tête, il était venu avec un cheval : c'était l'homme à cheval de la dernière fois - Il "choula" (hurla) comme à son attention - le canidé faisait le va et viens du regard, entre la bipède femelle sur la glace, et le bipède mâle  ils étaient tous les deux, presque dans la même position, le mâle tendait la vers la femelle... Comme Sylvia, avait tendu la main sur la glace, mais il n'avait pas lancer branche pourtant.

Les cris de Lavinia était incompréhensible, mais il se rapprocha quand même d'Eldred, quand l'arrivée d'un des soldats le fit sursauté ! Le bond qu'il fit, l'entraîna sur la glace. Il était prit ! Il ne pouvait plus aller vers la forêt, mais il y avait quand même les "cris tristes" de la femelle, comme des cris de détresse. Le canidé se dirigea alors vers elle, comme il ce serait diriger vers Sylvia, si elle avait eût besoin d'aide. De son ouïe fines, il semblait entendre les "micro-craquement" de la glace fragile, celle-ci ne cessait de s'agitait, et lui s'avançait et décrivait lentement, toute un arc de cercle, comme un chemin qu'il suivait. Il fini par arrivait à près de 1m, 1m50 de Lavinia, et là, cela s'annonçait plus compliqué - Ce qui s'entendait, par les petits bruits plaintif qu'il émettait - Il aboya alors, à l'adresse de la jeune femme, en regardant au sol, et tentant d'avancer mais... Ses oreilles se mettaient alors à tressaillirent. Lui aussi sembla alors triste, de ne pas pouvoir s'approcha plus, au risque de brisé la glace... Alors se coucha, oreille basse, en la regardant - émettant de triste petits son sifflant - cette fois, il n'avait pas de branche.
_____________________________________________________________________________________________________

De l'autre côté, Sylvia et la meute étaient encerclés, et lentement prit en tenaille, ce qui n'était pour arranger les choses. S'il y a bien une chose, qu'ils avaient hérité leur père - un loup - c'était la persévérance. Ils n'avaient aucunement peur du feu, puisqu'il dormait avec Sylvia tout autour. Le panse pleine, du repas qu'ils avaient fait pendant que Lavinia était présente, ils ne risquait pas de faiblir... Ce qui ne rendait cependant pas service à Sylvia, qui sombrait de plus en plus.

Ces bipèdes les encerclés, Les autres loups s'en apercevant se mirent debout à leur tour, suivant les moindres mouvements des 8 gardes, les "avertissant" de ne plus s'approcher ! - Pierre Jouventin dira plus tard "Le loup est beaucoup plus vif, plus agressif qu’un chien, mais aussi beaucoup plus affectueux" ce sont des protecteurs - les loups sont plus à même de comprendre, les notions de cause à effet que les chiens, qu'en était-il de l'union des deux ? Cependant, pour eux, Sylvia ne pouvant se défendre, elle était en danger, mais ils ne pouvaient comprendre e réel danger, quel courait de minutes en minutes, voir de seconde en seconde...
_____________________________________________________________________________________________________

De son côté, Pierre regardait toujours vers Lavinia, il était toujours coucher. Il essayait de s'avaner - Mais pourquoi ? - mais toujours en regardant la glace, en poussant de gémissement plaintif, il finit alors presque par ramper sur la glace finement morcelé, jusqu'à elle... Un temps, il regardait son chemin, un il la regardait elle. Et simultanément, le bruit du craquement de l'étang, s'intensifiait. Se mettant debout, il tendit le cou et... LA GLACE CRAQUA ! ! ! !

Il eût juste le temps de mordre, dans une masse de tissu, en reculant ! La glace s'effritant sous ses pattes antérieur, il reculait et tirait comme il pouvait, mais la glace glissait, et lui... Ils n'avaient pas de mains !

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Message par Eldred Kjaersen Mer 23 Déc - 22:36

Les grincements sinistres de la glace persistaient. Pourquoi ne voulait-elle pas obtempérer ?! Eldred observait simultanément Lavinia puis l’instable sol gelé sur lequel elle se trouvait. C’était une question de minutes (de secondes ?) avant que la glace ne cède. A Zakros, chacun savait combien l’eau était traitre surtout en hiver. Solide en apparence, elle pouvait se révéler friable. La glace était vivante, mouvante, elle travaillait, se déplaçait, s’entrechoquait et se fragilisait. Il fallait l’écouter pour reconnaitre son chant. Car elle chantait toute la journée au gré des courants qui persistaient sous sa surface.

je préfère encore mourir.

C’était donc ça. C’est pour ça qu’elle le fuyait. Pour mourir

Ce n’est pas moi qui vais la blâmer pour avoir voulu mourir

Tu m’as menti. Tu m’avais pourtant dit que dans ton pays, lorsque la neige recouvrait le paysage, elle était aussi magnifique que dangereuse. Alors pourquoi suis-je encore en vie ?
- Je n’ai pas menti et tu es en train de le vérifier. Alors fais ce que je te dis maintenant. Il n’y a plus le temps !

Mais elle refusait toujours de bouger et la glace craquait de plus en plus tout autour d’elle.

Je ne manquerai pas à grand monde
- Tu me manqueras à moi, ce n’est pas suffisant peut-être ?!

Dis-moi, Eldred, ce que tu aurais fait pour l’aider ?
Tu lui aurais dit que tu l’aimais ?
Elle le savait déjà.

Lavinia s’embarqua dans un long monologue. Le Seigneur… Le seigneur… Ce n’était pas ce vieux tas d’os qui allait consolider le lac pendant qu’elle refusait de voir la réalité. Eldred ne savait plus quoi faire. C’était neuf ans plus tôt. Il savait, mais il ne pouvait rien faire.

Elle est morte parce que la vie l’avait déçue.

- Remonte sur la berge! On discutera de tout ce que tu veux après! lança-t-il un brin agacé par l’urgence de la situation

Appel les soldats de mon père, dis leur que tu as besoin d’aide et… quand ils seront là je pourrais m’allonger sur la glace. Je pourrais faire en sorte qu’elle se brise et il ne t’arrivera rien.
- Il en est hors de question! Tu ne sais pas de quoi tu parles et tu ne sais pas ce que je veux !

Elle était rongée de l’intérieur, que les plaies pourrissaient et ne guérissaient pas.

Alduis lui dirait surement de la laisser mourir en paix puisque c’était ce qu’elle voulait et qu’il avait essayé treize fois sans le moindre succès, mais Eldred refusait de se plier à ce caprice. On ne mourrait pour cette raison. Ce n’était pas valable. Et encore moins si elle tenait à lui. Avait-elle seulement songé au mal qu’il ressentirait si elle en venait à mourir -et sous yeux- ? Non certainement pas. La vie n’avait rien de facile, mais ce n’était pas pour cette raison qu’il fallait se résigner. Pas lorsque l’on avait de bonnes raisons au contraire de rester en vie. Mais de toute évidence, il ne devait pas en faire partie puisqu’elle insista à nouveau.


- Non ! Non! Non!

Ce fut à cet instant que ce maudit loup se décida à ramper sur la glace. Pourquoi ?! Pourquoi ?!

- Va-t-en! Va-t-en! hurla-t-il au loup en lui lançant des poignées de neige compactées.

Sous ses pas les craquements s’intensifièrent, la glace se fissura incapable d’accueillir plus de tension à sa surface. Ses yeux s’écarquillèrent en voyant l’eau apparaitre et déborder. Elle se morcela.

- Lavinia! Maintenant!

Le loup paniqua sous l’effet du sol instable. Il ne savait plus où se mettre. Sa gueule se referma sur le manteau de Lavinia. Sans réfléchir davantage, Eldred se projeta en avant pour la rattraper. Derrière la plaque de glace se renversa envoyant le loup dans l’eau. Il essayait de remonter en se hissant grâce à la robe de la jeune femme, mais ne faisait que l’entrainer avec lui tant elle était légère. Il croisa son regard affolé et attrapa ses poignets alors qu’elle basculait dans l’eau gelée. Sous son buste, ça craquait déjà. Il recula aussi vite que possible en la tirant d’un coup sec, déchirant l’étoffe de sa houppelande pour la ramener in extremis sur la berge. Derrière elle, un sillage aqueux s’ouvrit, libérant le passage pour le loup.

Agenouillé dans la neige, Eldred haletait. Effet du stress et de l’effort combiné. Mais ce n’était pas le moment de perdre du temps. La tempête faisait toujours rage et le froid n’en était que plus cinglant et dangereux.

- Ca va? demanda-t-il - Tes chaussures sont mouillées? Pourquoi tu ne m’as pas écouté ?! ajouta-t-il plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.

Parce qu’elle ne voulait pas vraiment mourir. Sinon elle aurait procédé différemment. Elle voulait juste exister.

- Il y a d’autres moyens moins dangereux de se sentir vivre. commenta-t-il.

Il entendit un hennissement. Les gardes venaient de contourner le relief et se dirigeaient dans leur direction aussi rapidement -ou lentement- que les conditions le permettaient. Eldred soupira en laissant tomber sa tête vers l’avant. Il était tout à la fois soulagé qu’elle soit indemne, et blessé de ce choix qu’elle avait fait quelques instants plus tôt.
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Message par Lavinia de Kergemont Jeu 24 Déc - 18:14

Quand Lavinia l'avait accusée d'avoir mentit, le jeune l'homme agacé s'était montré directif.

Alors fais ce que je te dis maintenant. Il n'y a plus le temps !

Plus le temps pourquoi ? Pour l'emmener de force retourner auprès de son mari. Cela ne semblait pas le gêner d'apprendre qu'on la renverrait au loin. Cette constatation déclencha une série de sanglots. Elle, elle ne pensait qu'à lui à longueur de journée, mais lui manifestement… pourtant elle se souvenait des paroles d'Alduis et des différents moments passés ensemble. C'était-elle fait des idées à ce point ?

Tu me manqueras à moi, ce n'est pas suffisant peut-être ?!

Elle...elle lui manquerait ? La respiration de la jeune femme se bloqua. Suffisant ? Bien sûre que c'était suffisant ! Elle pouvait supporter humiliation, ragots et bien pire ne serait-ce que pour continuer à côtoyer le zakrotien. Même si celui-ci ne voulait plus la voir et qu'elle doivent se contenter de l'observer de loin. Elle était prête à endurer ce supplice. Que lui avait dit Alduis un jour ? Un brasier dans son âme. Ne plus pouvoir se passer de voir la personne que tu aimes et avoir sans cesse envie de la toucher. Mais voilà, elle n'arrivait plus à se retenir. Chaque fois qu'elle se tenait en sa présence l'envie de plus qu'un frôlement discret la tiraillée.
C'est pour cela que la missive de son mari l'avait autant perturbé. Elle ne pourrait pas survivre là-bas sans la présence d'Eldred.

Alors elle hésita, mais insista en mentionnant les soldats de son père. C'était le seul moyen de ne pas impliquer Eldred , que rien ne lui arrive.

Il en est hors de question ! Tu ne sais pas de quoi tu parles et tu ne sais pas ce que je veux!

Alors dis moi ! Dis moi ce que tu veux !

Elle vit alors le loup s'aventurer sur la glace. Que faisait-il ici au lieu d'aider Sylvia. Son arrivée fit craquer la glace plus qu'elle ne l'aurait pensée. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, pas maintenant. Eldred tenta de faire s'éloigner le canidé, sans résultats. Les hommes de son père n'étaient toujours pas là, elle ne pouvait pas se permettre de mourir sans témoin. Alors quand Eldred lui donna l'impulsion, elle lui obéit autant qu'elle le pu.

Le loup s'était accroché à ses vêtements et la glace se brisa. Elle vit Eldred s'élançait pour l'attraper. Il n'arriverait pas à l'atteindre, elle se sentait déjà happée par l'eau glacée. Alors après avoir échangé un dernier regard avec l'homme pour qui son cœur battait, elle ferma les yeux, prête à accepter ce qui allait suivre.

Contre toute attente, elle sentit les mains d'Eldred se saisirent de ses poignets et la tirer en sécurité.
Le silence s'installa, Lavinia ne pouvait que regarder le jeune homme haletait à ses côtés. Même dans cet état d'épuisement, il dégageait de lui cette puissance magnétique. Comment un homme comme lui pouvait de mettre autant en danger pour une femme comme elle ?
Lavinia, pour la première fois, laissa son corps agir de lui-même. Elle se glissa près du zakrotien et s'accrocha à son bras. Elle le serra comme pour se prouver qu'il existait bien.

Ça va ? Tes chaussures sont mouillées ?
Je suis désolée… Je ne veux pas être un fardeau pour toi. Je ne veux plus que tu te mettes en danger.

Elle le sentit se tendre à son contact. Elle ressentit comme une colère latente.

Pourquoi tu ne m'as pas écouté ?!

Le ton employé par Eldred et ses reproches la fit lâcher prise et même s'écarter de lui. Elle ne pensait pas qu'un jour elle aurait peur de sa réaction, mais la colère contenue qu'elle ressentait l'inquiéter.
Le comportement du jeune homme était compréhensible et Lavinia se résigna. Au loin, les soldats approchaient. Elle continua de s'éloigner mais on la retint.



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Message par Eldred Kjaersen Sam 26 Déc - 15:59

Lavinia s’accrocha à son bras et il ne put contenir un raidissement. Eldred était partagé entre le soulagement de la savoir indemne et la colère dû tant à son comportement irresponsable qu’à ses paroles blessantes. Elle ne répondit pas à sa question pourtant crucial. Pourquoi ne comprenait-elle pas l’urgence de la situation ?

- Alors cesse de n’en faire qu’à ta tête.

Il prit ses pieds pour vérifier par lui-même l’état de ses chaussures. Elles étaient mouillées. Il grimaça. Ce n’était pas bon. Pas bon du tout. Il les lui retira, de même que ses bas en laine trempées qu’il essora tant bien que mal avant de les frotter dans la poudreuse pour les sécher. Ce n’était pas l’idéal mais ce serait mieux que rien. Il lui remis ses chaussettes, mais pas ses chaussures.

- Il faut qu’on rentre vite. Je m’inquiète pour tes pieds.

Il retira sa peau de mouton qu’il lacéra d’un coup de poignard pour en découper deux morceaux et deux fines lanières. Il enroba ses pieds tant bien que mal dans les chaussons de fortune.
Son regard se leva vers les silhouettes brumeuses des cavaliers qui approchaient péniblement : ils ne tarderaient pas à les rejoindre. Lavinia avait quant à elle pris ses distances. Il pouvait lire sa peur dans le fond de ses prunelles. Ce n’était pas ce qu’il voulait donner comme impression… Il soupira pour chasser les quelques ressentiments qui l’habitaient encore et secoua sa tête enneigée avant de s’approcher à genoux pour la prendre entre ses bras.

- C’est parce que je tiens à toi que je me suis emporté. Pardonne-moi. Lavinia, on discutera plus tard, mais je ne veux plus que tu essayes de mettre fin à tes jours pour cette raison, c’est compris ?

Il aurait voulu lui parler de Byrnja, de comment elle avait décidé d’en finir à la faveur d’une bataille et de comment il en portait la culpabilité mais il n’avait pas le temps de s’étendre en confessions maintenant, au milieu des éléments qui voulaient leur peau.
Il la serra encore plus fort entre ses bras puis embrassa son front.

- Il faut savoir être patient. Il y a toujours une solution et on la trouvera. J’y travaille tous les jours crois-moi. ses mains encadrèrent ses joues rosies de froid garde espoir d’accord ? Ce n’est qu’une question de temps. Tu verras.

Il devait se faire affranchir. C’était son objectif. Et son mari devait mourir. C’était la seule solution. Une fois chacun d’eux libres, il sera plus facile d’établir de vrais projets... Comme il était de dos et qu’il était sûr que personne ne pourrait voir ce qu’il s’apprêtait à faire, il pencha la tête légèrement en avant et déposa un court baiser sur ses lèvres, avant de dégrafer son manteau pour l’en draper. Il ne garda que le restant de mouton sur ses épaules. Le vent puissant transperçait ses vêtements comme s’ils n’existaient pas. Heureusement, lorsqu’il se retourna, il aperçut le grand étalon noir sans cavalier qui était le sien, accompagnant la troupe de gardes. A l’intérieur des sacoches se trouvait notamment une couverture en laine dans laquelle il avait hâte de s’enrouler.

Quelques minutes plus tard, ils étaient là. Eldred fit un rapport succinct indiquant qu’elle avait les pieds mouillés sans préciser pourquoi. Il la fit monter sur son cheval -tout en sachant qu’elle devait être terrifiée-, extirpa le drap de laine dans lequel il se drapa et s’installa derrière elle avant de faire demi-tour en direction de leur point de départ. Maintenant qu’elle était saine et sauve, il s’inquiétait pour Alduis…

***

A leur retour, rien n’avait pour ainsi dire changé, excepté que de la viande jonchait par endroit le sol. Il repéra rapidement Alduis, immobile au milieu de la cohue. Il avait l’air absent. La femme était toujours là allongée, comme endormie, mais il pouvait voir son abdomen se soulevait légèrement à intervalle régulier. Il mit pied à terre et aida à Lavinia à descendre.

- Va voir Alduis, parle-lui. Dis-lui que tout va bien et rappelle-lui où il est d’accord ? Dis-lui que j’arrive bientôt. Il faut que j’aille m’occuper de ton accompagnatrice.

Avec un peu de chance, les loups le reconnaîtraient et le laisseraient emporter Sylvia. Sinon…

Il s’approcha lentement…
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Message par Lavinia de Kergemont Sam 26 Déc - 20:08

Eldred ne répondit pas à ses déclarations. Au lieu de cela, il resta pragmatique et se saisit de ses pieds. Elle ne comprenait pas le dernier reproche du jeune homme. En faisait-elle qu’à sa tête ? Ne comprenait-il pas ce qu’elle ressentait ? 
Lavina retint une grimace lorsque Eldred parcoura ses jambes. Elle avait honte d’avouer au jeune homme que ses pieds la faisaient souffrir, mais elle ne pouvait s’en vouloir qu’à elle-même donc elle serra les dents et patienta. 
Le jeune homme lui retira ses chaussures et ses bas. Dans d’autres circonstances, elle aurait pu être gênée, mais ce n’était pas le cas. Eldred s’activait avec une immense douceur malgré l’urgence de la situation. 


Il faut qu’on rentre vite. Je m’inquiète pour tes pieds.


Lavinia tenta discrètement de faire bouger ses orteils, tandis que le zakrotien se concentrait à lui confectionner des chaussons pour maintenir ses pieds au chaud. Cette fois-ci, elle ne put réprimer une grimace, mais l'inquiétude à la vue du sacrifice de la peau du zakrotien la fit réagir.


Tu vas attraper la…


La mort… Elle ne finit pas sa phrase en vue de l’humeur d’Eldred. Elle n’aurait pas supporté un nouveau reproche de la part du jeune homme. 
Eldred se rapprocha d’elle et la prit dans ses bras. Elle s’abandonna à lui, tout son corps le réclamait, qu’importe ce que les soldats de son père pourraient voir. 


C’est parce que je tiens à toi que je me suis emporté.
Je tiens aussi à toi,  susurra-t-elle. Tu ne sais pas à quel point Eldred… 


Elle sentit que le jeune homme intensifia son étreinte et elle se permit de faire de même. Elle voulait que part ce contact il comprenne qu’il était devenu sa raison de vivre. Et que pour cela, elle était prête à lui offrir sa vie. Ses mains s'agrippèrent à son manteau, serrant entre ses doigts l’étoffe, elle y mettait tout son espoir, son désespoir. Son corps tout entier était crispé, accroché à la seule ancre qui la maintenait dans ce monde. 


Je ne veux plus que tu essayes de mettre fin à tes jours pour cette raison, c’est compris?
Je ferais tout ce que tu veux…,  concéda-t-elle.


Les lèvres du jeune homme se posèrent sur son front et son cœur loupa un battement. Malgré la neige qui les assaillait, malgré le vent gelé qui mordait leur chair, elle ferme les yeux pour profiter de ce moment. Cette tendresse qu’elle n’avait jusque-là connue qu’en rêve. C’était ça aimer. Les larmes qui lui venaient aux yeux n'étaient plus empreintes de désespoir au contraire. Elle serait patiente comme Eldred lui demandait. Savoir que le jeune homme cherchait une solution apaisa l'angoisse qui lui ronger les entrailles depuis un moment. 


Eldred lui redressa la tête et plaça ses mains autour de son visage. Leurs regards se croisèrent. Lavinia ne pouvait plus se soustraire à ce regard brun si envoûtant. Là, contre toute attente, il se pencha vers elle. Cette fois-ci son cœur s’arrêta lorsqu’elle comprit ce qui était en train de se passer. Les lèvres du jeune homme se posèrent avec douceur sur les siennes. Le corps de la jeune femme s’emflamma à ce simple contact et la laissa pentoise lorsqu’Eldred mit fin à ce fugace baiser. À partir de cet instant, Lavinia se laissa guider par le zakrotien. Même lorsque Eldred la souleva pour l’installer sur sa monture, elle réussit à réfréner sa peur de l’équidé. La chaleur du corps du jeune homme derrière elle l’aidait plus que tout. Les soldats de son père étaient trop occupés à maîtriser leur monture dans cette tempête pour se soucier d’elle. Lavinia se permit donc de se laisser aller contre le torse d’Eldred. Sa petite taille l’avantageait, pour une fois, car ainsi elle ne gênait nullement le cavalier. Discrètement, elle posa même sa main sur celle du jeune homme.


***


Eldred l’aida à descendre et elle tenta tant bien que mal de tenir debout sans paraître pour autant gênée dans ses mouvements. Elle attendit qu’il s’éloigne pour se diriger vers Alduis. Elle devait surmonter deux difficultés majeures : la présence de la jument et la douleur à chacun de ses pas. Heureusement pour elle, la difficulté d’avancer dans la poudreuse l’aidait à camoufler sa démarche clopinante.  
Alduis était accrochée à sa monture et curieusement, récitait l’alphabet en sens inverse. Elle n’était pas encore arrivée à ses côtés qu’elle l’appelait doucement. Le jeune homme ne semblait pas réagir. Alors c’est tout naturellement que Lavinia, arrivée dans le dos d’Alduis, l’entoura de ses bras. Elle l'enserra pour maintenir une pression rassurante, comme celle qu’Eldred lui avait prodiguée un peu plus tôt. 


Excuse-moi, tout ça est de ma faute. Tout va bien Alduis, tu m’entends tout va bien. Eldred arrive bientôt et nous repartirons ensemble, d’accord ?


Lavinia attrapa une des mains du jeune homme et la serra fermement. 

J’ai besoin de toi, Alduis. Tu m’entends, la tempête fait rage. Tu es venue me chercher toi aussi. Je t’en remercie, tu ne sais pas à quel point, je suis heureuse de te voir parmi tous ces soldats inconnus. Je suis heureuse d’avoir un ami à mes côtés.
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Message par Alduis de Fromart Dim 27 Déc - 20:13

Alduis serrait fort l’encolure de Courage entre ses bras, comme s’il cherchait à l’étouffer. Ses muscles tétanisaient à force de fournir un tel effort. Elle était son seul point d’ancrage dans la réalité. Son pelage avait beau être froid et recouvert de minuscules cristaux de givre, la chaleur qui se diffusait de sa peau le réchauffait, tandis qu’il enfouissait ses doigts dans sa crinière, de plus en plus profondément.

Le souffle calme de sa jument ne suffisait pas à la calmer. Il avait beau faire, tenter de s’absorber dans ce monde chaud et rassurant, il n’y avait rien à faire : il percevait toujours les hurlements de la tempête et des soldats. Et ne parvenait pas à se concentrer sur sa tâche.

Réciter l’alphabet.
Réciter l’alphabet à l’envers.

Il devait y arriver. Il en était capable. Malgré le bruit, malgré la cacophonie des voix dans sa tête. Il reprit du début :

Z. Y. X. W. V. U.

Il se concentrait. De toutes ses forces et comme si cela l’y aiderait, il serrait de plus en plus les doigts sur le pelage de Courage. À chaque inspiration, l’air froid lui brûlait les poumons tant il était glacial. Il était trop nerveux. Le monde autour de lui trop agité.

T. S. R.

Il y eut un cri plus fort que les autres et Alduis perdit le fil de sa pensée. Une énième fois. C’était la dixième fois qu’il recommençait, la dixième fois qu’il n’y arrivait pas. Était-il donc si incapable que cela ? Ce n’était qu’un maudit alphabet qui lui résistait. Pourquoi ne parvenait-il pas à le prononcer en entier ? Ce n’était que des lettres, prononcées en sens inverse.

Il ferma encore plus fort les yeux qu’il ne le faisait, et cela fit danser des étoiles sous ses paupières. Si Eldred lui avait dit de faire cela, c’était qu’il l’en pensait capable. Il avait déjà réussi à enfermer les voix une fois.

Oui …
… mais il n’était pas tout seul …
… mais on l’avait guidé …

Il secoua la tête. Non. Ce n’était qu’un alphabet. Un vulgaire alphabet. Et il allait le réciter en entier. Du début à la fin, ou plutôt … de la fin au début. Il bloqua sa respiration dans ses poumons.

— Z.

Il ne s’était pas rendu compte qu’il avait perdu à voix haute. Mais cela lui sembla plus simple. Entendre quelqu’un parler, une voix le guider, même si ce n’était que la sienne, était un précieux soutien.

— Y. X. W. V. U...

La neige craqua dans son dos. Alduis l’ignora. Il devait terminer. Il voulait terminer. Pour prouver qu’il était capable de faire des choses.

— … T ...

De nouveau, il entendit la neige s’enfoncer. Comme si quelqu’un approchait de plus en plus près. Peut-être que c’était dangereux ? peut-être qu’il aurait dû réagir ? Pourtant, il en était incapable. Pas avant d’avoir atteint son objectif.

— S. R. Q. P.

Des bras l’entourèrent. Alduis sursauta. Mais il ne se retourna pas. Finir. D’abord finir. C’était comme un mantra qui se répétait dans sa tête. À chaque interruption, il avait le plus grand mal à reprendre le fil de ses pensées. Il se fit violence pour y parvenir.

— O. N. M. L...

— Tout va bien, Alduis, tu m’entends, tout va bien.

Qui parlait ? Il voulait juste finir son alphabet. Prouver aux voix qu’il pouvait les écraser tout seul. Et s’il ne réussissait pas ? Ce serait elles qui l’écraseraient. Il aurait aimé comprendre qui était cette voix, pourquoi elle lui disait que tout allait bien… mais il ne parvenait pas à se concentrer sur cela tout en continuant sa récitation. Une chose après l’autre. Une main se glissa dans la sienne.

— K. J. I. H. G.

— J’ai besoin de toi, Alduis.

Besoin de lui ? pourquoi ? il ne servait à rien.

— F.

— Tu m’entends, la tempête fait rage.

— E. D.

Il y était presque. Il ne manquait presque rien. Juste quelques lettres. Mais la voix se faisait de plus en plus insistante. Il avait la sensation qu’il devait répondre, l’impression qu’elle attendait quelque chose de sa part. Une réaction qui ne vint pas, sinon…

— C.

La voix se brouillait dans son esprit.

— B.

Un nouveau silence. Et enfin il conclut avec un air de triomphe dans la voix :

— A !

Au même moment que la voix concluait, derrière lui, toujours en le serrant contre elle.

— Je suis heureuse d’avoir un ami à mes côtés.

Alduis recoupa tout d’un coup. Lavinia. Lavinia était vivante. Lavinia lui disait qu’il était son ami. Il fit volte-face et sans prévenir, l’écrasa entre ses bras et la souleva sans s’en rendre compte - et indépendamment de la tempête dont il n’avait pas vraiment conscience.

— Tu as vu ! Tu as vu, j’ai réussi ! J’ai terminé ! J’ai tout terminé !

Puis son regard se ré-éteignit subitement, et il reprit, sans aucune transition, beaucoup plus soucieux de la situation :

— Tu… tu ne veux plus mourir maintenant, c'est fini ? Est-ce qu’on t’a sauvée pour de vrai ? Je ne suis pas en train de rêver ?
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Message par Invité Mar 29 Déc - 17:04

Loin de toutes les évènements qui l'entourait, "la géante des bois" avait fini par sombrer. Elle était tombé, dans un profond sommeil, ou il faudrait plus que des mots et une étreinte, pour l'en tirer. Non, elle ne tombait pas dans les bras de "Morphée", mais bien ceux de la mort. Lentement, mais sûrement, son cœur , sa respiration, tous son corps avait ralenti... Elle ne frissonnait même plus.

Pendant ce temps, l'étau se resserrer autour d'elle, et surtout autour de la meute qui l'entourait. Ils étaient encercler, reculant progressivement vers l'épicentre, que représentait Sylvia. Ils avaient être très intelligents, ils demeuraient des animaux. Comment leur faire comprendre, que la protection qu'ils croyaient prodigué à la jeune fille, participait à la tuer, à petit feu ? En fait, les gestuels et réactions premières des gardes, n'avaient pas aider. Ils étaient vu comme des étrangers, des étrangers hostiles, qui les encerclaient, les acculaient, il ne faudrait guère longtemps maintenant, pour que l'un d'eux attaque franchement, en premier - sûrement David - pour faire reculer "l’ennemie", et "protéger" Sylvia.

Ils étaient 6, ils n'étaient plus que 5... Face à une "meute" de 8 hommes armés. Une meute adverse, ou se rajouta alors un 9eme homme : Eldred. Lui semblait s'approchait plus que les autres, ce grand homme au grands poils, il s'avançait plus que les autres, oui. C'est lui. C'était sûrement lui : le chef de meute. De leur côté, il y eût alors réponse, en la "personne" de David, qui lui aussi s'avança de 2, 3 pas. Il n'était peut-être pas le plus impressionnant, mais ce n'était pas pour rien, que Sylvia l'avait nommer "David".

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Message par Eldred Kjaersen Mer 30 Déc - 9:36

Eldred s’approcha des loups pour voir Sylvia. Ils étaient tendus et protecteurs. Il percevait leurs prunelles passaient de l’un à l’autre. L’autre étant les gardes toujours en posture offensive. Il était certainement le seul à avoir une chance de s’approcher pour emmener la géante des bois avant qu’il ne soit trop tard. Il s’arrêta et se retourna en direction des soldats de Frenn.

- Reculez ! Baissez-vos armes ! lança-t-il au travers de la tempête qui semblait enfin perdre un peu en intensité.

Puis il fit un pas en avant et l’un des loups -sans doute le chef- en fit de même. Qu’était-il censé faire ? Lui, connaissait les chevaux, pas les loups… Il soupira:

- Il faut que tu me laisses passer si tu veux la sauver. Je dois la ramener à la chapelle et la réchauffer. Elle va mourir ici, sinon. Tu le sais n’est-ce pas ?

Oui, il était en train de parler à un loup et c’était parfaitement idiot. Mais peut-être qu’il comprendrait ses intentions à défaut de saisir le sens de ces mots ? De toute façon, il n’avait pas vraiment d’autres idées, pas plus qu’il n’avait de temps. Il enleva la couverture qui lui servait de manteau puisque le sien était désormais sur les épaules de Lavinia et fit un petit pas en avant.
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Message par Invité Mer 30 Déc - 15:13

Les crocottes observaient, très attentivement, chaque faits et gestes. Le 9eme bipèdes, le ton de sa voix, son autorité, l'obéissance des des autres bipèdes : Oui, il n'y avait plus de doute pour pour eux, c'était lui le chef de meute ! Alors qu'ils continuaient à humer l'air, toujours en recherche d'information olfactives, David s'approcha prudemment de son homologue bipède, babine retroussé, croc dehors. Il était averti !

Un geste, un seul geste brusque, et c'était la charge ! Alors, le "chef de meute" s'adressa à lui... Est-ce qu'on "négocie", avec un animal, dans starting bloc, près à vous sautez dessus au moindre mouvement brusque, en lui parlant ? Croyez-le ou non, c'est possible - Question de diplomatie ?... - Il n'avait peut-être pas compris, tous ce qu'Eldred avait dit, mais il avait tout de même reconnu des mots, tels que : "chapelle" suivi de "réchauffer". Entendant ceux-ci, couplé  au "ton diplomatique" du nordique, il tourna la tête dans la direction de Siloé. Pourtant l'oreille droite du canidé, le prévint de la mise en mouvement du bipède !

Surpris, il fit un pas rapide au-devant de celui-ci en grondant férocement ! Cependant, tous le monde n'était dans le même "état d'esprit" que David. Job et Ruth avait reconnu quelques chose, c'était lointain, une odeur. Il y avait eût un seul bipède sur un cheval ce jour-là. Ils s'approchèrent tous deux, lentement près de David, toujours en reniflant mais : David "protesta" contre son frère et sa sœur, qui baissèrent les oreilles, queue entre les pattes ! Après tout, comme Sylvia était K.O, c'était lui le "chef" et surtout, il n'y avait pas son frère Pierre, pour se disputer le poste avec lui - Ce qui aurait quand même pu faire, quelques peu diversion - grand rival qu'ils étaient tous le deux, par moment. Heureusement, Sylvia était là pour remettre de l'ordre, enfin... Pas en ce moment en tous cas.

Pourtant, Ruth et Job, gardait les yeux rivet sur Eldred, et commencèrent à faire un quart de cercle, de chaque côté, toujours en flairant l'odeur du Zakrotien. Oui, il était sur le dis cheval, ce jour ou ils avaient retrouver Sylvia, cela avait était, un tel remue ménage. Ils s'avançaient sur les flancs d'Eldred, toujours en surveillant prudemment les faits et gestes, des "autres bipèdes", un petit grondement par ci, un grognement par là, à leur adresse. Mais rien contre Eldred. Jonas et Lydie, près de Sylvia, restait spectateur. Job sur le flanc droit, s'arrêta et s'assit, continuant à sentir le nordique de loin. Ruth, s'approchait lentement, très lentement, sur le flanc gauche, elle aussi en le reniflant.

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Message par Eldred Kjaersen Jeu 31 Déc - 9:36

Eldred avait son manteau sous le bras.  Le loup grogna mais deux autres, moins farouches s’approchèrent pour le renifler à distance. Il ouvrit les paumes de ses mains et se laissa renifler quelques secondes

- Oui on s’est déjà vu dans la forêt d’Aiguemorte. Vous vous souvenez ? Il faut me laisser passer. Elle a besoin de la couverture et d’être ramenée au chaud. répéta-t-il

Et il fit deux nouveaux pas.

- Si je lui voulais vraiment du mal, je n’aurais qu’à rentrer chez moi.

D'ailleurs en parlant de ça... Il se retourna vers les gardes:

- Laissez le palefroi et rentrez tous. Je vous retrouve dans un instant.
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Message par Invité Ven 1 Jan - 23:02

Le bipède, avait retourner ses pattes de devant, vides. Alors que David, continuer à l'avoir à l’œil, et que les autres poursuivait leur "enquête", celui-ci s'adressa de nouveau au canidés : "Vu", "forêt", "souve-nez ?", laiss-er", "passer" - Laiss-ez-moi-pass-er... Laisse-moi-pass-er... - couverture - il en avait une, sous bras. - chaud. - Les couvertures, tenait chaud, Sylvia en mettait sur elle... Ainsi il regarda la l'objet, sous le bras d'Eldred -

Pourtant, celui-ci s'avança soudainement de nouveau ! David recula d'un coup en grondant, tous comme Ruth, alors que Job se leva. Le bipède s'étant encore approcher, Jonas et Lydie se levèrent à leur tour, regard fixer sur l'individu en approche. Celui-ci pourtant, avec le temps - qui était tout de même compter - semblait "envoyer", un message moins "hostile", que les autres. Pas "d'objet bizarre" de "bâton" dans les mains, Ruth reprenant sa prudente approche... Le Nordique s'adressant de nouveau à eux.


"rentrer" - On rentre... On rentre à la maison... Rentre !... Je suis rentrée !... - rentrée, la rentrée, quel joie. Ruth, arriva bientôt à proximité d'Eldred, à peine à 50 cm, le flairant assidûment. "rentrez tous" y avait-il eût, encore "rentrer"... Et les autres bipèdes, de "rentrée"... Oui, il fallait rentrer. Sylvia n'était pas bien, elle n'était pas bien. Était elle malade ? Fallait-il rentrer ? Pourquoi elle ne bougeait pas ? Elle n'était vraiment pas bien. David regarda alors Eldred, moins férocement, il fini même par s'assoir en le regardant dans les yeux. Penchant la tête, tantôt de droite, puis de gauche. Que voulait réellement cette humain ? Alors que Ruth était à présent, à peine, à quelques centimètre de celui-ci. Sa truffe chaude, beaucoup plus attiré par la couverture. Sylvia avait froid. Il lui fallait une couverture. Précisément celle-là ! Dans laquelle... Elle donne, de petits coups de pattes, et essai "timidement" de mordre, afin de l'attraper.

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Message par Eldred Kjaersen Ven 1 Jan - 23:33

Lorsqu’il avança, les loups reprirent leur posture défensive. Il n’avait pas le temps de les amadouer. Pas le temps de passer des heures à s’avancer méticuleusement et à prendre le temps de se faire accepter. La tempête balayait toujours férocement la forêt. Il n’avait plus de manteau et le froid lui cinglait la peau.

Il ordonna à chacun de rentrer à l’abri et l’un des loups, celui qui était le moins farouche s’approcha à nouveau. Enfin, celui qui semblait être le chef s’assit, presque songeur. Il interpréta cela comme un apaisement -bienvenu- . Pendant ce temps, le loup s’était tant rapproché qu’il pouvait sentir le fin filet d’air expulsé par sa truffe sur ses mains engourdies par le froid. On gratta la couverture, on l’attrapa. Le zakrotien baissa les yeux avec un sourire.

- Oui c’est pour Sylvia. Il faut la couvrir. Elle a froid.

Il détendit ses doigts et la couverture se déplia d’un coup. Il laissa les animaux se remettre de leur surprise et la prit entre ses deux mains et avança lentement vers Sylvia.

- Je vais la poser sur elle pour la réchauffer et ensuite je la porterai sur mon cheval pour la ramener, d’accord ?

Il attendit de voir la réaction de la troupe afin de faire les derniers pas qui le séparaient de la géante endormie.

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Message par Invité Sam 2 Jan - 1:08

La jeune fille, bleuissait à vu d’œil, par endroit. Elle devenait tellement pâle, qu'on ne la différencierait bientôt plus de la neige au sol. Quand le Zakrotien s'adressa à Ruth, elle eût un air dubitatif. Il avait dit "Sylvia", elle fit par 2 fois le va-et-viens en le nordique, la géante rousse, tous comme David, avant qu'il soit surpris par l'ouverture de la couverture. Conduisant à un nouveau mouvement de recule.

De nouveau le bipède avança : Il avancer vers Sylvia, avec une couverture. Lentement. Il leur parlait, comme Sylvia leur parlait. Comme ci il les connaissait, mais... Il le connaissait. Brièvement, mais il s'était déjà rencontré. Et il leur parla encore, et ils semblait toujours aussi attentif, alors que Ruth continuait son "inspection" de la couverture, Job "inspectant" l'humain lui-même.

Non. Il ne semblait pas hostile. Non. Il ne l'était pas, sembla montrer l'apparent "désintéressement" de David, à son égard. Est-ce qu'il fallait le prendre, comme un laisser passer vers Sylvia ? Il semblait bien.

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Message par Eldred Kjaersen Sam 2 Jan - 11:03

Bien, il avait le champ libre. Tant mieux, il avait hâte de rentrer se mettre au chaud lui aussi. Il acheva de faire les derniers pas et s’accroupit lentement pour déposer la couverture sur la femme allongée dans la neige. Il toucha brièvement son cou -glaciale-. Il sentait toujours son pouls battre mais au ralenti. Il n’y avait plus de temps à perdre. Il souleva son corps - non sans difficulté- et l’entraina vers l’étalon de guerre qui grattait la neige de son sabot à la recherche d’un peu d’herbe à grignoter. Il la déposa tant bien que mal dessus et se hissa à son tour sur sa monture.

Il talonna l’animal et ils partirent au galop en direction de la chapelle

ᛤ ᛤ ᛤ

Il entra avec son cheval. Tout le monde était là, autour d’une belle flambée qui réchauffait l’atmosphère autant que les esprits. Il déposa Sylvia non loin du feu, emmitouflée sous la couverture. Il ne fallait pas la mettre à proximité d’une source de chaleur trop vive sous peine de lui déclencher des engelures. La patience était de rigueur. Il ramassa quelques peaux et fourrures qu’il ajoute par-dessus pour la maintenir au chaud et s’installa aux côtés d’Alduis et Lavinia.
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Message par Lavinia de Kergemont Sam 2 Jan - 11:11

Lavinia se retrouva écrasée contre le torse d'Alduis. Il l'a fit décoller du sol, en même temps vu son gabarit ce n'était pas bien compliqué. 


Tu as vu ! Tu as vu, j'ai réussi ! J'ai terminé ! J'ai tout terminé !


Oui tu as réussi, je n'en ai jamais douté.


Lavinia enfouit sa tête sous le menton du jeune homme et lui frotta le dos avec toute la douceur dont elle était capable en vue de la situation. 


Alduis sembla retrouver ses esprits et toute trace d'euphorie se dissipa. 


Tu… tu ne veux plus mourir maintenant, c'est fini ? Est-ce qu’on t’a sauvée pour de vrai ? Je ne suis pas en train de rêver ?


Tu ne rêves pas non...je.. je suis vraiment désolée. Je ne voulais plus être un fardeau pour tout le monde.


Elle crispa ses doigts dans le manteau d'Alduis. Elle ferait ce qu'Eldred lui avait demandé, elle patienterait. La seule ombre au tableau était l'état de santé de son mari, si il s'en remettait, si il la faisait revenir auprès de lui, elle n'aurait plus le choix…


J'ai promis à Eldred d'être patiente. Il m'a dit qu'il cherchait une solution.. Alduis...tu pourras m'aider à respecter ma promesse ? Enfin...je ne voudrais pas être un fard…


Encore ce mot… Ne pouvait-elle pas se voir autrement qu'un poids mort pour son entourage ? Elle soupira en repensant à la scène sur le lac gelé. Et surtout à l'inquiétude d'Eldred pour ses pieds.


Eldred est parti aider Sylvia… Il s'inquiétait tellement pour moi que… je ne lui ai pas dit toute la vérité… après tout est de ma faute il faut que j'assume mes erreurs…


Lavinia hésita à se confesser mais elle se laissa aller quand elle sentit les doigts d'Alduis se serraient sur son bras. 

Alduis...je n'arrive plus à marcher, j'ai mal aux pieds. Pourtant Eldred s'en est occupé… Je ne sais pas si j'arriverai encore à... Je suis si fatiguée...ce n'est pas bon signe n'est-ce pas ?
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Message par Alduis de Fromart Lun 4 Jan - 18:48

Elle n'avait jamais douté de lui et de ses capacités à finir de réciter l'alphabet. Vraiment ? Ça voulait dire qu'elle avait confiance en lui ? Après tout, il avait effectivement réussi à aller jusqu'au bout !

Lavinia avait enfoui son visage contre lui, et elle frottait son dos. Néanmoins, il aurait été beaucoup moins aisé de dire lequel des deux ce simple geste rassurait le plus. Le plus important, c'était qu'Alduis ne rêvait pas. Elle était bel et bien sauvée. Bel et bien contre lui.

Pourtant, elle semblait nerveuse… et instinctivement, Alduis devinait pourquoi. Alors il déclara spontanément :

— Tu ne retourneras pas là-bas, je te le promets.

Elle ne retournerait pas auprès de son mari. Pas toute seule. Et il savait qu'elle avait compris de quoi il parlait, sans avoir à préciser davantage. Doucement, il la reposa sur le sol. Elle avait les cheveux constellés de flocons de neige qui cristallisaient, et il en était sûrement de même pour lui.

Eldred s'inquiétait pour Lavinia. Comme pendant tout le trajet. C'était tellement angoissant, de le sentir aussi nerveux, lui qui d'habitude était si stable. Il ne l'avait jamais senti ainsi, et l'inhabituel, l'inconnu, lui faisait peur. Que ne lui avait-elle pas dit ? Ses doigts se serrèrent sur les bras de la jeune femme. Le geste n'avait rien de menaçant, c'était juste une pression infime qui lui disait de continuer. Qu'il écoutait. Il se sentait si maladroit à consoler. Il ne savait pas faire.

Et pourtant, pour le moment, il était le seul à pouvoir l'aider. Il devait mettre de côté sa propre angoisse. Essayer de faire taire les voix qui parlaient entre elles et critiquaient.

Elle avait mal aux pieds.
Elle ne parvenait plus à marcher.
Elle était fatiguée.

Et elle semblait attendre quelque chose. Il devait lui parler pour la rassurer. Elle avait confiance en lui. Il ne pouvait pas la décevoir.

— Ça va aller.

Il le disait aussi bien pour elle que pour se rassurer lui. Soudain, la voix d'Eldred — grave et rocailleuse — perça le brouhaha de la tempête.

Rentrer.
Ils devaient tous rentrer.

Avoir quelque chose à faire, une marche à suivre, lui redonna du courage. Il posa la main sur l'encolure de sa jument et indiqua la selle à Lavinia. Il l'aida à s'y hisser. Il ne monta pas derrière elle. Marcher le forcerait à se concentrer. Et il en avait besoin.

— Tiens-toi à sa crinière. Tu ne risques rien, c'est promis.

Comme pour le prouver, il posa sa main gauche par dessus la sienne, pour la rassurer. Elle ne risquait rien. Elle n’avait pas à avoir peur. Quand il marchait, ses bottes s'enfonçaient d’une bonne moitié dans la poudreuse, et menacerait bientôt de passer par dessus. Mais il ne s’en souciait pas. Il répétait, à mi-voix, à la fois pour lui-même que pour elle :

— Tu ne risques rien. Tu ne risques rien.

La lumière de la chapelle apparut comme un point doré à l’horizon. Qui grossissait de plus en plus. En y arrivant, il dégagea la peau de bête, laissa passer sa jument et s’ébroua comme un chien. Il souffla dans ses mains et tendit la main à Lavinia pour l’aider à descendre. Comme il n’avait pas oublié cette histoire de pieds, il la garda en l’air, à quelques centimètres du sol, pour soulager le poids qui péserait sur ses jambes - sans se soucier de sa main blessée, qui était de toute manière moins douloureuse. Étant donné leurs tailles respectives, ce n’était pas très dur.

Il la fit asseoir et se pencha sur ce qui lui servait de chaussures. Rester en action. Pour ne pas penser et ne pas se faire emporter. Pour s’aider, il reprit l’alphabet du début, ou plutôt, de la fin, entre ses dents :

— Z. Y. X. W. V.

Il retira les peaux qui entouraient ses pieds et en se servant de l’intérieur de son propre manteau comme serviette, les essuya soigneusement, plus doucement qu’il ne l’avait jamais fait. En continuant de murmuer sa litanie de lettres :

— U. T. S. R.

Puis, il les enroula dans son manteau en hochant la tête avant de la regarder enfin dans les yeux :

— C’est mieux ?
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