le 24 décembre ~ avant l'aube | Des mots de papier pour apaiser les maux de l'esprit [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Mar 25 Mai - 17:02




Il avait conscience qu’un certain temps s’était écoulé depuis son affirmation sans pouvoir dire combien avec précision. Il ne parvenait pas à y croire. Pourquoi ne voudrait-il pas un autre père s’il en avait la possibilité ? Il le détestait après tout. Il n’avait même pas besoin de lui dire, il le savait. Et en même temps, Alduis n’avait pas pour habitude de mentir, d’enrober ses paroles ou encore de dire ce que l’on avait envie d’entendre. Aussi absurde que cela puisse paraitre, il lisait dans son regard que c’était là l’entière réalité même s’il ne comprenait pas pourquoi.

Il s’était levé pour se rapprocher du bureau. Si sa démarche lente et assurée n’en laissait rien paraitre, il vacillait doucement sous l’effet de cette seule déclaration. Un pas après l’autre, Alduis égrainait toutes ces choses qu’il lui avait apprises et toutes celles qu’ils avaient partagées ensemble. Tous ses moments qui finissaient par se noyer sous la rancune. Son fils pouvait bien avoir la plus formidable mémoire de l’univers, à sa façon, ces souvenirs finissaient engloutis sous les autres si personne ne venait les déterrer. Il ne restait plus alors que cette aigreur et cette tension permanente qui semblait être présente depuis toujours, mais il avait raison, à côté de tout cela demeurait aussi quelques fragments de lumière.

Coldris se souvenait bien sûr de ce funeste soir où il l’avait aidé à se libérer et qui l’avait mené droit ici ce soir. Tout comme il se souvenait de ses premiers mots, de sa première chute sur son poney, du cheval qu’il lui avait offert. Les chevaux. Au fond c’était le sujet qui les mettait d’accord sans tergiverser. Depuis combien de temps n’était-il pas sorti ensemble simplement se promener ? Cela lui paraissait être une éternité. Bien sûr il se souvenait de la première arme qu’il lui avait offerte : une petite dague quand il avait six ans, de même que sa première vraie épée.

Il contourna le bureau .

Il était toujours là à ses anniversaires et le serait toujours à moins d’être six pieds sous terre ou à l’autre bout du monde. De même qu’Alduis était toujours là aux siens, quand bien même il savait pertinemment qu’il n’échapperait pas au lupanar et toutes sortes de réjouissances. Espérer ne servait à rien, mais il continuait malgré tout de le faire tous les jours, pour lui. Réussir vaudrait toujours mieux qu’essayer.

— Et je suis désolé si je ne suis pas à la hauteur de vos attentes,

Et essayer vaudrait toujours mieux que ne rien faire.

Il passa ses bras autour de ses épaules et l’attira contre lui. Parce que cette simple phrase- je ne voudrais pas d’un autre père - prouvait à quel point il était bel et bien le fils de son père. Celui qui ne courbait pas l’échine sous la première difficulté. Celui qui voulait arriver au sommet qu’il s’était fixé.

— Ce n’est pas tout à fait vrai, Alduis. J’aurais voulu que tu t’intéresses aux affaires et à la politique, c’est vrai. Mais… Ca ne fait pas tout, Alduis. Tu viens de le prouver à l’instant…

Il le serrait aussi fort que ce soir-là quelques jours plus tôt sur le rebord de la fenêtre. Les mots commençaient à le fuir, lui qui n’en manquait jamais. Il ne pouvait pas les laisser s’échapper. Il raffermit sa prise dans son dos avant d’entamer d’une voix mal assurée :

— Alduis ?

Ils étaient là au bord de ses lèvres, coincés au fond de sa gorge, étouffé par sa langue qui se desséchait et semblait prendre trop de place. Pourquoi était-ce si dur ?

— Malgré tout ça… je… Je suis fier de toi, Alduis, tu es devenu quelqu’un de bien.

Il l’avait dit. Une partie du moins.

— Ce que tu as dit… Cela prouve que tu l’es bien au contraire. Et pour le reste… il existe toujours des solutions.

Il n’y aurait personne pour prendre sa suite. C’était ainsi. Personne pour poursuivre son œuvre. Son nom vivrait, mais le travail de sa vie se perdrait. Qui consoliderait l’empire lorsqu’il serait parti ? Personne. Il se déliterait sans doute. Le grand projet de sa vie. Ce rêve fou qui était devenu réalité. Et malgré tout cet attachement à son travail, il y avait une chose que tous ignoraient : il l’aurait sacrifié sans hésiter pour sauver Alduis, Bérénice ou Sarkeris. Encore plus maintenant que sa vie était derrière lui. Sa vie ne valait le coup d’être vécu que parce qu’il avait des enfants qui vivraient après lui en emportant ses valeurs. Et cela Virgil, l’avait compris le jour même où il était venu lui dire qu’il avait entendu parler d’un nouveau-né sur un bateau. Peut-être qu'un jour aussi à son tour, il comprendrait à quel point cela pouvait être important...




Coldris de Fromart
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Message par Alduis de Fromart Mer 26 Mai - 10:52

Son père se rapprochait. Mais Alduis n’osait pas le regarder. À vrai dire, il parlait rarement autant d’un coup. Ce n’était pas plus facile que d’habitude, mais ce qu’il disait était la vérité. Coldris lui avait posé la question alors il répondait.

Il sentit son père contourner le bureau. Alduis ne le regarda toujours pas, pourtant, il vit ses chaussures apparaître dans son champ de vision. Il était vraiment proche. Il aurait aimé voir son visage, pour juger de ses pensées, pour savoir ce qu’il pouvait bien se passer de sa tête en l’écoutant, mais il n’osait pas. Toujours la même peur qui restait ancrée en lui, celle de ne pas être aimé.

Et soudain… Alduis se retrouva serré entre les bras de son père sans avoir tout compris. D’abord surpris, il se raidit, à peine plus de deux secondes. Avant de le serrer fort dans ses bras à son tour. Ça faisait du bien. C’était agréable de sentir, pour la seconde fois en quelques jours, les bras de son père autour de ses épaules. Il ne savait plus comment ils en étaient arrivés là, mais il n’aurait pas aimé reculer. Il ressemblait davantage à un enfant, qui profitait de l’étreinte de son parent, qu’à un lieutenant qui faisait des ravages sur le champ de bataille.

La voix de Coldris s’éleva enfin dans l’air. Moins sûre d’elle que d’habitude. Qui venait prouver à Alduis que son père pouvait, lui aussi parfois, ne plus savoir quoi dire. Il n’était pas le seul à chercher ses mots.

— Alduis ?

Alduis ne bougea pas. Il se contentait d’écouter. D’attendre la suite. Il sentait que c’était important. Bien que se faisant attendre, elle finit par arriver.

— Malgré tout ça… je… Je suis fier de toi, Alduis, tu es devenu quelqu’un de bien.

Alduis n’osa plus respirer pendant quelques secondes, de peur que les mots qui venaient de parvenir à ses oreilles s’envolent dans le soufflement de sa respiration. Ils étaient comme de petits oiseaux, si facilement effrayables, si facilement envolés.

Je suis fier de toi.

Il voulait les retenir encore un peu et profiter de la sensation d’être le fils de son père.
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