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[17-18 janvier 1598] - La charmante obligation de fin de semaine [Terminé]

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Message par Coldris de Fromart Ven 14 Mai - 22:56




A sa déclaration concernant le changement de couleur, Coldris frappa violemment du poing la table de jeu.

— Il en est hors de question. Je prends toujours les noirs ! Vous garderez les blancs.

Sur ce, il se leva et entreprit de quitter le salon afin de se calmer avant de dire des choses qu’il pourrait regretter sous l’effet de la colère. Il était arrivé à la porte lorsqu’elle lui rappela d’écrire. Il s’arrêta et se retint de justesse de hausser les épaules. Il n’aurait pas à écrire. Il le savait déjà. Il préféra se diriger vers ses appartements et prendre un bon bain. En réalité, il avait beau être un mauvais perdant notoire, il ne s’emportait pas autant d’ordinaire. Il s’était laissé emporté par ses démons qui avaient gratté si fort qu’ils en avaient fuité. Ses amis lui manquaient et la pression le faisait vaciller. Depuis que Virgil était parti, c’était comme gravir une paroi qui s’effritait sous ses doigts, il n’avait plus rien de suffisamment stable à quoi se raccrocher…

* * *
Léonilde eut un sourire compatissant à l’encontre de la demoiselle de Tianidre. Il savait combien le vicomte pouvait s’emporter facilement lorsqu’il perdait bien qu’il l’ait rarement vu à un tel point d’agacement pour si peu. Il n’était pas comme ce maudit cul-de-bouteille avec qui il n’était pas possible de jouer.

— Non c’est inutile, Mademoiselle. Laissez-lui simplement le temps de se calmer. Venez, je vais vous accompagner, vos bagages ont été montés dans vos appartements. Si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas. après un temps Si je puis me permettre, n’insistez pas et laissez-lui les noirs, il ne joue toujours qu’avec cette couleur.

* * *

Coldris s’était frictionné à l’aide du bain. Léonilde avait remis du bois dans la cheminée et il faisait bon dans la pièce. Déposé sur un fauteuil, son costume l’attendait. Velours damassé noir avec un fin liseré doré sur les manches et le col. Il y avait également un dossier qu’il avait emporté par acquit de conscience et… il plissa les yeux… un paquet ? Qu’est-ce que ce paquet faisait là ? Il interrogea son valet du regard qui répondit d’un sourire. Le vicomte roula des yeux et se rendit auprès de la table en tenue d’Adam puis entreprit de déballer ce qui semblait être un petit livre, ou plutôt un carnet. Nouvelle interrogation au domestique qui l’encouragea d’un signe de la tête. Ses doigts glissèrent le long de la couverture d’excellente facture. Il observa la tranche : un papier relativement épais. Des illustrations faites main et non des gravures. Alexandre. Ce ne pouvait pas être des illustrations érotiques, il n’aurait pas pris ce risque avant d’avoir eu son retour. Alors, quoi ? Il repoussa la couverture et ouvrit le livre. La première page ne contenait aucune indication, il la tourna aussitôt et découvrit son petit-fils, le regard espiègle. Son cœur s’arrêta et il se laissa tomber sur la chaise. Ses prunelles brillaient d’une telle malice et ses sauvages petites boucles rousses semblait se mouvoir. Un sourire s’était installé sur son visage sévère. Il tourna la page et découvrit un nouveau dessin où Adéis glissait sur la rambarde de l’escalier d’honneur, il ne put retenir un bref éclat de rire avant de reprendre son exploration, page après page. Adéis endormi, Adéis et son poney, Adéis et Troie, Adéis faisant des grimaces, Adéis allongé rêveur, Adéis et Sarkeris jouant aux épées, Adéis et Bérénice lisant un livre, Adéis et Alduis aux écuries et l’ultime page lui fit monter les larmes aux yeux lorsqu’il découvrit une illustration le mettant en scène avec sa fripouille mi-Fromart mi-Aussevielle sur le dos en train de rire. Il caressa l’image, main tremblante et yeux brulants.

— Tu serais tellement fier de lui, Virgil. J’aimerai tant que tu puisses être là pour le voir grandir avec moi chuchota-t-il d’une voix hésitante tandis qu’une larme roulait le long de sa joue. Il referma le livre avant de céder complètement à sa mélancolie.

Il était temps de s’habiller. Il enfila une chemise en soie immaculée, ses chausses, son veston puis son pourpoint. Par habitude, il vérifia la poche intérieure : Léonilde avait déplacé le laudanum comme toujours. Il prit la petite fiole et la déboucha. Quelques gouttes. Guère plus. Il ne finirait jamais la nuit sans cela. C’était trop risqué, il ne voulait pas sombrer, pas aujourd’hui, il ne pouvait pas.

* * *

Ce fut apaisé qu’il descendit prendre le repas dans l’immense salle à manger du manoir.  Il devait bien y avoir une centaine de bougies pour en éclairer la pièce dans sa totalité, peut-être plus.  À peine arrivé, il se sentit obligé de s’excuser de sa conduite. Il ne savait même plus pourquoi ni comment il en était arrivé à une telle extrémité. Cela lui paraissait désormais si absurde…
L’entrée fut servie et il reconnut bien là le talent de son valet pour la confection des menus : un velouté de chou-fleur au safran et au romarin. Ils en profitèrent pour développer leurs avis gastronomiques réciproques. Coldris avoua même son péché mignon la truite au citron, thym, estragon et gingembre. De fil en aiguille, il en arriva à parler chasse et évoqua sa passion pour la chasse au sanglier à la lance, une pratique dangereuse qui le faisait vibrer d’adrénaline rien que de parler de cette tension et de diverses anecdotes.

Le plat principal fut ensuite servi : poularde à l’orange, carottes, potiron, cumin, girofle, muscade, gingembre. De la chasse, il passa à sa passion pour les chevaux, notamment Andalou, elle eut le droit à la présentation d’Alkaios puis de toute sa descendance, il lui fit part des difficultés à obtenir un nouveau cheval noir. Chacun de ses enfants -excepté Sarkeris qui aurait préféré monter un dauphin que n’importe quel équidé- disposait de l’un de ses précieux chevaux. Ils en arrivèrent d’ailleurs à évoquer les fiançailles d’Alduis, puisque Coldris comptait offrir un cheval à Florentyna en guise de cadeau de mariage.

— J’ai bien reçu votre refus concernant votre participation à l’évènement. J’espère que ce n’est pas par ma faute ? D’autant plus, que je suis certain que mon fils apprécierait de vous voir ce jour-là. Je sais que ce ne sera pas une partie de plaisir, s’il peut avoir des visages connus  à ses côtés, il en sera certainement ravi.

Et lui aussi. Mais il ne pouvait décemment pas lui avouer qu’il en avait le cœur qui battait rien qu’à l’idée de l’apercevoir. Elle ne devait pas se sentir obligée de venir. Et certainement pas pour lui. Il croisa son regard  et son cœur rata un battement tant il la trouva merveilleuse, le visage auréolé des chaudes lueurs des candélabres. Il n’avait qu’une envie : combler le vide entre eux.

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Message par Éléonore de Fromart Sam 15 Mai - 16:18

Inutile de partir. Voilà qui n’était pas plus mal. A vrai dire, elle s’en serait énormément voulu d’avoir encore tout gâché. Pour le reste, elle n’avait de toute façon pas eu l’intention d’aller en rajouter maintenant. Quant à lui laisser les noirs… Eh bien il n’aurait qu’à commencer avec, voilà ! Ce n’était pas censé se passer ainsi, mais on n’était pas non plus censé s’accaparer une couleur pour jamais.

Elle demanda à quel heure le dîner serait servi et détermina qu’elle avait effectivement le temps de prendre un bain. Elle changea de robe pour l’ambre. Il n’y avait rien pour dissimuler son poignard dans celle-ci, mais elle aurait mieux fait de ne pas le conserver du tout ici.

Elle hésita longuement à mettre ses gants. Le dilemme était si grand et remuait tellement d’autres questions qu’il se transforma en une crise de larmes. Tout ça pour finalement descendre sans.

Eléonore balaya les excuses dès qu’elles lui furent présentées. Ce n’était rien du tout. D’autant qu’elle en était la vraie responsable.

Heureusement, cette histoire semblait désormais loin, maintenant qu’ils se laissaient porter par la conversation. Elle chercha longuement qu’elle pouvait être son plat préféré avant de se rendre compte qu’elle n’en avait pas. Une certaine préférence pour le gibier, sans doute, mais comme elle avait déjà dû le lui avouer, elle n’avait jamais pu voir ce que c’était de l’attraper. Et pourtant, la chasse telle qu’il la racontait semblait tellement palpitante. Oh, dangereuse, sans doute… Mais sans doute pas plus - lorsque l’on savait ce que l’on faisait - que de se promener sur les murs extérieurs sans s’encorder à plus de soixante mètres du sol.

Elle lui expliqua alors combien il lui aurait été impossible de se livrer à de telles activités, et qu’elle ne pouvait monter à cheval que dans des espaces particulièrement surveillés. Parfois, et c’était bien rare, on la laissait se promener plus ou moins normalement. Mais jamais sans une surveillance stricte, et si elle avait la mauvaise idée de vouloir galoper ou s’écarter du chemin exact qui lui était indiqué, on lui reprenait les rênes sans autre forme de procès.

Oh, elle n’en voulait pas à son oncle, car il était seulement inquiet pour elle. Mais c’avait tout de même quelque chose de sacrément pénible. Elle expliqua comment, avec Ariste et Gabriel, elle était parfois parvenue à détourner l’interdiction. Soit en réussissant à convaincre le comte qu’ils suffisaient à la surveiller, soit en se contentant de désobéir - ce n’était pas bien, elle le savait, mais elle en avait besoin. L’ennui était qu’elle ne savait pas mener ce plan à bien toute seule. Faire le mur, elle se débrouillait assez bien, mais il semblait peu recommandé de faire sortir un cheval par la fenêtre de sa chambre.

Ces quelques difficultés avaient nui à ses affinités avec cette espèce, et elle ne s’en trouvait certes pas aussi passionnée que son interlocuteur dont elle ne buvait pas moins toutes les paroles depuis le début du repas. Quand on remit sur les tapis les fiançailles d’Alduis, alors qu’elle espérait sincèrement qu’à défaut de l’aimer, ce dernier puisse s’entendre avec cette Florentyna de Monthoux, elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi on ne lui avait même pas demandé d’être présente. Oh, bien sûr, il était normal que le ministre ne ramène pas toutes ses maitresses mais… L’amitié qu’elle entretenait avec son fils n’aurait-elle pas été un bon argument ? A moins qu’il n’ait trop honte qu’Alduis soit ami avec elle ?

Elle n’aurait pas osé poser de question, mais elle manqua de s’étouffer avec un morceau de carotte quand Coldris évoqua son refus. Comment ça, sa faute ? C’était absurde… L’occasion de le voir aurait été - si peu judicieux que ce fut - une motivation supplémentaire pour venir.

Elle but pour faire passer sa stupéfaction.

— Je… Vous demande pardon… Mon refus ? Mais je n’ai même pas reçu...

Le déclic se fit. Ce ne pouvait venir que d’une personne. Vu l’état apathique dans lequel elle s’était trouvée tout un temps, cela n’avait même rien de surprenant à ce qu’Eltinne n’ait même pas pris la peine de lui en parler. Surtout si l’invitation venait des Fromart. Mais tout de même, elle aurait pu lui demander son avis ! Ou attendre ! Ou… Quelque chose. Encore une fois, on la prenait pour une enfant de cinq ans.

— Je suis désolée, l’invitation a dû nous parvenir sans que je ne la remarque et on ne m’en aura pas informée.

Et on avait calqué sa réponse sur celle qu’elle n’aurait pas manqué de faire en temps normal. Elle ne pouvait pas sortir. Il y aurait sûrement du monde mais… d’un autre côté, elle devait faire un effort. Parce qu’elle avait dit à Alduis qu’elle ne l’abandonnerait pas… Ils étaient amis.

— Je suppose qu’il y aura déjà bien assez de monde mais… - non, il n’avait pas besoin de savoir que l’idée suffisait à l’angoisser - Il est sans doute trop tard mais je sais que ces funérailles ne font pas forcément rêver Alduis et si ma présence peut lui apporter un peu de soutien...

Avait-elle bien dit ce qu’elle pensait avoir dit ? Mince. Avec un peu de chance, cela passerait inaperçu. Le pire dans tout cela était qu’elle savait pertinnement qu’y aller était une idée horriblement mauvaise. Avec Ariste, c’était déjà délicat. Avec Gabriel, c’était un supplice. Mais toute seule… Ce n’était pas pour rien que ce qui ressemblait le plus à une apparition publique était cette sortie au théâtre. Elle ne voulait pas qu'il sache... C'était qu'il la rendait encore un peu orgueilleuse.

— Mais je ne voudrais surtout pas m’imposer, précisa-t-elle.
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Message par Coldris de Fromart Sam 15 Mai - 20:52




Éléonore semblait se passionner pour ses récits de chasse. Il avait grand-hâte de l’emmener chasser en sa compagnie. Il faudrait sans doute trouver quelques volontaires téméraires supplémentaires. Il doutait que le comte de Monthoux ne s’adonne à ce genre de pratique risquée, il préférait sans doute courser le cerf jusqu’à l’épuisement en laissant travailler ses chiens et ses veneurs. Mieux valait sans doute oublier Alduis également dont l’intérêt pour ce loisir était quasi nul. Quoiqu’il pourrait toujours le lui proposer ne savait-on jamais. Il aurait bien invité Thierry pour le plaisir de le voir blêmir et dégobiller au premier coup de lance, mais il devait d’abord tenter de réconcilier son cousin et sa belle luciole. Bérénice en revanche serait ravie de participer, il n’en doutait pas.

Coldris fut aussi bien étonné que dépité d’entendre combien elle avait été surprotégée par sa famille. Plus d’une fois, il roula des yeux et secoua la tête tout en prenant une cuillère de potage. Faire du cheval bride en main ? Même Adéis ne le faisait plus désormais ! Et il pouvait même galoper sur de petites distances. C’était tout bonnement ridicule. Il lui promit à nouveau de l’emmener se promener à cheval, d’abord à Fromart dans le bois alentour, puis à l’extérieur de la ville. Il veillerait également à lui apprendre à faire face à des situations délicates telles que les embardées, les déséquilibres ou encore les cabrioles. Certains de ses chevaux avaient été dressés à ce genre de posture et il pourrait lui permettre de l’expérimenter dans une relative sécurité. C’était indispensable avant qu’elle ne puisse venir chasser. Il n’était pas question qu’elle se brise quoi que ce soit suite à une mauvaise chute.

Ses récits d’escapade en revanche lui firent retrouver le sourire, heureusement qu’elle avait pu s’évader de sa prison dorée. Cela étant dit, cela lui permis de mieux appréhender certaines choses, tant ce lien qu’elle entretenait avec son défunt cousin que les hésitations et autres incertitudes qu’il pouvait ressentir comme un reflux de temps à autre. Et maintenant, on l’obligeait comment tant d’autres à se marier par défaut et cela lui serrer le cœur. Pas tant qu’elle appartienne à un autre devant Dieu, non de cela il se fichait éperdument et c’était l’acceptation de ce choix qui ne lui plaisait pas. Quoi qu’elle en dise, elle n’avait jamais respiré l’air de la liberté comme lui. Elle était un cétacé, obligée de happer l’air pour vivre dans son monde sous-marin. Durant de brefs instants, elle se sentait libre jusqu’à être rattrapée par sa condition… Et cela l’attristait. Il aurait voulu la libérer de toutes ses chaines.

Lorsqu’il lui parla du refus, il comprit instantanément à sa stupéfaction que l’on avait non seulement filtré et ouvert son courrier, mais qu’en plus on avait répondu à sa place ! Même Léonilde ne se permettait jamais de répondre à son courrier quand bien même il en connaissait la réponse ! Ses sourcils s’abaissèrent gravement sur ses prunelles polaires. Qui que ce soit l’individu ne méritait que d’être mis à l’amende et châtié pour cette faute. Il coupa un morceau de poularde afin de faire passer sa colère. La prenait-on donc à ce point pour une enfant ?! Il la laissa arriver à la même conclusion que lui, prit une gorgée de vin et le reposa d’un claquement sec sur l’ébène.

— Éléonore, il s’agit là d’une grave faute. Nulle domestique ne doit se permettre de lire votre correspondance et encore moins d’y répondre en votre nom sans vous consulter ! Vous devez absolument vous montrer plus sévère avec ceux qui vous servent. Vous n’êtes plus une petite fille. Affirmez-vous. Ils sont là pour obéir. Prenez sur leur gage ou renvoyez-les le cas échéant. Une telle bévue est inconcevable. Qui sont-ils donc pour contrôler votre vie ? grogna-t-il furieusement.

Ce n’était pas l’envie qui lui manquait d’aller remonter les pendules de ces domestiques qui se prenaient pour les maitres de leur petit monde ridicule, mais il savait que cela ne ferait que la desservir. Il n’y avait qu’une seule solution : elle devait s’imposer. Elle en était capable, il le savait. Elle l’avait fait devant Thierry avec un courage admirable d’après ses dires (et il le croyait entièrement quand bien même son propre niveau de courage se situait au ras de pâquerettes broutées par les vaches)

Il est sans doute trop tard mais je sais que ces funérailles ne font pas forcément rêver Alduis et si ma présence peut lui apporter un peu de soutien...

Il releva d’un coup la tête. Avait-il bien entendu ?

—Funérailles ? Je sais que nous ne partageons pas la meilleure relation du monde, mais j’aimerais le garder en vie. Ou bien dois-je y voir le reflet de votre propre ressenti ? Est-ce ainsi que vous considérez les fiançailles ?

Il était à vrai dire intrigué de ce lapsus. De même que ces paroles sur le monde. Bien assez de monde présent ? Évidemment qu’il y avait du monde, il s’agissait d’un évènement public où toute la noblesse -ou presque avait été convié-, il en allait toujours ainsi de ces festivités qui avaient pour but d’établir une légitimité à une union future. C’était tout de même étrange, cette remarque. Soudainement, il se rappela de ses paroles prononcées à Cervigny quelques jours plutôt…

J’ai horreur des éloges funèbres. Des funérailles en général, et des rassemblements. Autant avouer tout de suite que vous ne m’y verrez pas.

Sur le coup, il n’y avait guère prêté attention, bien trop soulagé  qu’il était à l’idée de la savoir absente à son discours. Désormais, cela lui semblait parfaitement évident. Les rassemblements. Elle était mal à l’aise en public. Elle avait vécu recluse à Tianidre, une vie quasi monacale en comparaison avec la vie sociale de la capitale. C’était donc cela. Et c’était donc peut-être la raison du refus.  Il prit sa serviette et s’essuya avec un soin les commissures avant de se lever pour contourner l’immense table jusqu’à venir à sa hauteur. Ses bras s’enroulèrent autour de ses épaules jusqu’à laisser sa tête reposer contre son ventre.

— Ne dites pas de sottise, vous serez toujours la bienvenue en ma demeure. Avec ou sans invitations. De jour comme de nuit. Ce sera toujours un plaisir de vous voir ma petite luciole. Alduis aussi en sera certainement heureux. il marqua une petite pause puis se pencha jusqu’à son oreille Tout se passera bien, faites-vous confiance. Et si mes invités vous incommodent soyez libre de vous réfugiez à l’étage où vous le souhaiterez. Ses lèvres se déposèrent délicatement dans son cou Je serais là pour vous, mais si cela vous semble trop inconfortable, soyez libre de refuser.

C’était dans ces moments-là qu’il en arrivait presque à laisser échapper ces mots qu’il retenait. Et pourtant là, tout de suite, il aurait tant voulu qu’elle sache tout l’amour qu’il lui portait.

— J’abandonnerais tous mes invités pour vous.

Parce qu’elle était la seule qui comptait. Les autres ne faisaient partie que du décorum des festivités, rien de plus. Une obligation sociale. Il était prêt à se faire porter pâle et à passer du temps avec elle loin de toute l’agitation générée par ces mondanités. Et en même temps, il l’aimait tant, qu’il voulait lui apprendre à se libérer de ses craintes. Il souhaitait plus que tout voir ce petit oisillon voler de ses propres ailes.


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Message par Éléonore de Fromart Dim 16 Mai - 13:19

Eléonore voyait bien combien son phénix trouvait les précautions de son oncle absurdes. Et pourtant, elle n’aurait pas pris de risques inconsidérés si on l’avait laissée faire. Il verrait bien quand il l’emmènerait en promenade qu’elle ne se débrouillait pas assez mal ni ne se comportait assez dangereusement pour que l’on veuille le lui interdire. Mais c’était ainsi depuis toujours.

Elle déglutit avec peine en le voyant se fâcher ainsi de ses déductions quant à ce refus inconnu, et baissa les yeux sur son assiette quand il argua qu’elle n’était plus une petite fille. Cette attitude ridicule n’étant qu’un moyen de prouver le contraire - et on se demandait encore pourquoi on ne la prenait pas au sérieux ! -, elle releva vaillamment le regard, puis secoua doucement la tête. De toute façon, c’était trop tard : elle aurait dû faire semblant d’être à l’origine de ce refus depuis le début pour ne pas exposer de conflit domestique. Mais puisqu’elle ne savait rien faire correctement.

— Je n’ai pas le droit de faire cela, admit-elle. Je peux parler sur tous les tons que je veux, on ne me cède rien sans avoir l’aval d’Eltinne.

On ne restait même plus dehors quand on frappait et qu’elle disait “non”. Oh, cela agaçait Gilbert, elle le voyait bien. Il ne devait pas aimer qu’Eltinne empiète sur son territoire. Au fond, c’était bien mieux avant qu’elle ne vienne. Si seulement cela pouvait redevenir comme les dix premiers jours qu’elle avait passé à l’hôtel Tidrien, quand elle n’avait de comptes à rendre à personne. C’était tellement fou qu’on lui ait accordé cela qu’elle avait l’impression que ce n’avait été qu’un rêve. Elle se rendait compte qu’elle avait fait bien mauvais usage de cette liberté dans l’état spectral où elle se trouvait alors.

— Mais si d’aventure vous aviez du courrier pour moi, mieux vaut qu’il me soit remis en mains propres. Il est également envisageable de le faire passer par Jean.

En attendant, il était temps de rattraper cette bêtise. Enfin, rattraper… C’était sans compter sur ce lapsus qui ne passa pas aussi inaperçu qu’elle l’aurait voulu. Encore une preuve qu’elle ne faisait rien comme il l’aurait fallu ! Bien sûr qu’elle ne pensait pas qu’il ait voulu voir mourir son fils, c’était absurde. La suite, en revanche…

— Je crains que la sienne ne s’en rapproche beaucoup, déplora Eléonore pour ne pas avoir besoin de rappeler ce qu’elle pensait du mariage, et par extension des fiançailles.

Fiançailles pour lesquelles elle ne s’imposerait pas. Autant parce qu’elle n’avait pas à s’inviter seule en dernière minute que par manque d’affinités avec de tels évènements. Mais à le voir réfléchir, elle perçut qu’il se doutait de quelque chose.

Il allait comprendre pourquoi elle ne méritait pas plus d’estime qu’une gamine de cinq ans. Elle suivit sa progression jusqu’à elle, intriguée. Puis étrangement soulagée quand il l’entoura de ses bras. A vrai dire, une part d’elle avait presque craint de l’avoir trop agacé avec ses âneries et qu’il ne se soit lever pour lui faire quitter la table et lui indiquer la sortie. Mais tout ce qu’il disait ne faisait que contredire cette appréhension somme toute peu fondée.

Elle ne se serait certainement jamais permis de débarquer à l’improviste en pleine nuit, mais il semblait sincère. Il ne se moquait pas, lui qui aurait largement pu, mais cherchait seulement à la rassurer. Elle replia ses bras par dessus les siens. Elle avait presque envie de pleurer. C’était atroce, elle avait tout le temps envie de pleurer. Mais là, c’était de soulagement. Et des caprices de son cœur qu’elle tentait d’ignorer.

Elle voulait bien le croire s’il disait que tout irait bien. Elle voulait bien le croire quoi qu’il dise mais… Mais elle n’y arriverait pas. Elle ne pouvait pas se fier à elle-même pour ça. Elle avait peur. Elle allait faire absolument n’importe quoi et lui… Lui, il ne pourrait pas être là, c’était faux. Il aurait bien d’autres choses à gérer et honnêtement, il fallait se rappeler que la pire gaffe qu’elle aurait pu faire serait celle qui trahirait leur relation devant le tout-Braktenn. Elle sourit au contact de ses lèvres, mais cela ne suffisait pas.

Malgré tout, elle n’osait plus refuser, désormais, même s’il ne voulait pas la contraindre. Elle voulait… Lui montrer qu’elle pouvait être forte. Même si c’était probablement faux. Même s’il n’y avait aucune gloire à être capable d’une chose que tout le monde savait déjà faire.

Elle se retrouvait de nouveau privée de ses mots. Les seuls qui lui venaient, ceux qui agitaient ses lèvres en silence, étaient ceux qu’elle n’avait pas le droit de prononcer. A sa dernière affirmation, elle fut prise d’un rire lent, noué par les sanglots réprimés.

— Et c'est moi qui dit des sottises ?, le contredit-elle. Nous savons bien que vous ne vous préoccuperez pas de moi, c’est ridicule. Vous aurez à vous préoccuper de choses bien plus importantes… Et puis... Gabriel sera certainement arrivé d’ici-là - c’était dans une semaine, et la première chose qu’Eltinne lui avait dite lorsqu’elle l’avait vue incapable de manger le 8 au soir, c’était qu’elle le ferait revenir parce que ses simagrées ne pouvaient plus durer - et il m’aidera à m’y préparer.

Elle avait honte. Honte de devoir lui avouer - même à demi-mots - combien c’était difficile. Il devait vraiment trouver cela stupide. Pourquoi s'encombrait-il encore d'elle, sérieusement ?

— Ne vous inquiétez pas. Je ne créerai pas de catastrophe aux fiançailles de votre fils, promit-elle. Elle chercha son regard et, tentant de plaisanter, elle ajouta : Ou du moins, si quelqu’un finit avec un couteau sous la gorge, ce ne sera pas de mon fait.
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Message par Coldris de Fromart Dim 16 Mai - 23:17




Coldris ne décolérait pas de savoir son courrier filtré et traité ! A son âge ! C’était proprement scandaleux ! Son poing heurta la table et la vaisselle sursauta.

— Bien sûr que vous êtes parfaitement en droit de vous imposer. Je vous l’ai dit : vous n’êtes plus une enfant, vous n’allez tout de même pas laisser votre gouvernante diriger votre vie jusqu’à votre mort. grinça-t-il Duce fatum tuum.

Elle devrait elle aussi, suivre cette devise pleine de bon sens. Il soupira pour se calmer. Il n’était pas en colère contre elle, mais bien contre cette gouvernante qui se croyait toute permise ! Dans l’angle de son champ de vision, il aperçut le marmoréen Léonilde faire un pas en avant. Coldris tourna immédiatement la tête vers lui, sachant que cela signifiait qu’il demandait la parole. D’un discret signe de la tête, il accéda à sa requête.

— Veuillez excuser cette ingérence dans vos affaires, Mademoiselle, mais en tant que domestique, je ne peux qu’appuyer Messire de Fromart. Il s’agit là d’une grave faute professionnelle que de ne pas transmettre une correspondance et d’y répondre. Vous devriez être écoutée et respectée dans votre maisonnée, Mademoiselle.

Léonilde s’inclina profondément puis recula d’un pas afin de retrouver sa position initiale, croisant ses mains dans son dos. Le vicomte inclina la tête puis reporta son attention sur Éléonore qui l’informait de quelques consignes. Jean était le fameux cocher qui était venu la réclamer à Cervigny. Jean Sargnan.

— Entendu. Je vous ferai parvenir mes lettres par mes messagers. Ce sera certainement plus sûr.

De là, l’aparté domestique fut clos pour évoquer les « funérailles » d’Alduis. Un terme qui l’étonna pour tout ce qu’il représentait. Pour lui, pour elle. Il haussa imperceptiblement les épaules avant de reprendre son verre dont il prit une petite gorgée.

— Et les vôtres ? riposta-t-il, puis après un temps, il se justifia sur ce mariage qui avait été finalement très soudain. Malheureusement, il n’y a pas d’autre possibilité. J’aurais aimé qu’il fasse un mariage d’amour et c’est pour cette raison qu’il ne se marie que maintenant. Le fait est que mes espoirs ont été parfaitement vains. D’autre part, il est mon héritier et il est de son devoir de poursuivre la lignée familiale. Ses lèvres gouttèrent à nouveau le vin puis il reprit Florentyna est une jeune femme douce, cultivée et intelligente. Il n’y a pas de raison que cela se passe mal. Je ne lui aurais jamais imposé un mariage qui n’avait aucune chance de fonctionner.

Cela étant, cela ne lui disait pas si oui ou non elle viendrait. Il aurait été ravi de la voir à la réception, de même qu’Alduis, qui ne manquerait pas de chercher des visages connus auxquels se raccrocher. Pour une fois, Coldris était serein. Il savait qu’il ne ferait pas d’écart ou de provocation irraisonnée envers qui que ce soit puisqu’il avait promis de bien se tenir en public, et il n’y avait pas à dire : il se sentait l’esprit nettement plus léger depuis. Le jour et la nuit avec ces innombrables fois où il avait serré si fort les mâchoires à s’en faire mal, à se ronger l’estomac de crainte de le voir provoquer sciemment un casus belli. Pour la première fois depuis des années, il allait pouvoir savourer un évènement impliquant son fils sans se préparer au pire.
Il comprit cependant bien rapidement d’où pouvait venir cette réserve qu’elle semblait émettre à l’idée de venir. La crainte de la société. Quoi de plus normal pour une jeune femme élevée en province par un tuteur surprotecteur et oserait-il dire associable ? C’était du moins ce que l’on en retirait à le voir fuir les mondanités. Coldris en revanche se plaisait depuis toujours dans les salons et autres réceptions, dans ce bouillon d’opportunités et de rencontres. Il aimait jouer ce jeu, être acteur de sa propre vie. Il l’enlaça pour la rassurer.

— Je préfèrerais infiniment m’occuper de vous, ma belle luciole. Vous savez ce n’est rien d’autre qu’un jeu que toutes ces mondanités. Une pièce de théâtre dont vous êtes l’actrice. Je suis certain que pouvez être bonne comédienne, vous me l’avez déjà prouvé.

Mais il fallut que vienne sur le tapis l’arrivée de son futur fiancé. Ne pouvait-il donc pas rester où il était ? Il vida le fond de son verre d’une traite. Il n’aimait pas cela. Non pas qu’elle dût marier, mais toute cette histoire ne pouvait s’empêcher de faire écho à une autre qui le blessait toujours autant et qui sonnait comme un avertissement.

— J’en déduis donc vous acceptez, parfait. Léonilde vous remettra une invitation contenant les modalités.

Tant qu’elle ne venait pas avec lui… Et pour ce qui était des catastrophes, il esquissa un sourire malicieux, resserrant son étreinte.

— Si tel est le cas, je n’aurais plus qu’à vous séquestrer dans ma chambre pour vous empêcher de nuire à mes invités et je connais un bon moyen de vous occuper.
Et qui de surcroit n’impliquait pas de choisir entre les noirs et blancs. Mieux encore : il n’y avait guère de perdant. Il se pencha et attrapa ses lèvres dans un profond baiser alors même que ses mains ne desserraient leur étreinte que pour mieux se promener. C’était d’un tout autre dessert qu’il avait désormais envie. Enfin, Léonilde devrait le savoir depuis le temps qu’il prenait rarement de dessert à table. Sur la table éventuellement…

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Message par Éléonore de Fromart Lun 17 Mai - 20:37

Sans n’avoir rien trouvé à répondre à son phénix, Eléonore se tourna vers Léonilde quand celui-ci pris la parole. Oh, il se trompait : sa mère de lait n’avait certainement pas manqué de la transmettre, cette fichue invitation. Mais pas à elle. Il y avait même fort à parier que son oncle ait expressément demandé qu’on la tienne hors de ce genre d’évènements le plus possible. Non… En fait, il n’aurait pas pris la peine de le préciser tant il lui semblait improbable qu’elle ait l’esquisse du projet d’y assister.

— Justement, le fait est que je ne suis pas chez moi, lâcha-t-elle amèrement. Elle mordit dans sa joue. Voilà pourquoi elle ne sortait pas : dès qu’elle se détendait un peu, elle disait n’importe quoi. Elle se reprit promptement : En tant que domestique, justement, que faites-vous des ordres qui contredisent ceux de votre maître ? Elle laissa échapper un soupir en ramenant son regard vers Coldris. Cela ne m’avance à rien de les mettre en porte-à-faux vis-à-vis de mon oncle. Il m’est déjà assez désagréable de savoir que je passe mon temps à trahir le peu de confiance qu’il m’accorde.

Voilà, cela, c’était dit. Elle pouvait se trouver toutes les excuses du monde, au fond, c’était ce qu’elle faisait. Et d’une certaine manière, cela justifiait tout le reste. De quel droit aurait-elle pu réclamer la moindre liberté, responsabilité ou once de confiance supplémentaire quand elle se servait allègrement de son côté ? Elle était indigne de tout ce qu’il avait fait pour elle. Pour qu’elle soit heureuse, pour qu’elle soit en sécurité. Il aurait pu l’envoyer Dieu seul aurait su où et ne pas garder cette nièce pénible dans les pieds.

Oui, il aurait pu la chasser de ses préoccupations. Vu le poids qu’elle était devenue, il aurait sans doute même dû. Et que faisait-elle pour le remercier, au juste ? Ah, oui : elle contournait ses ordres et lui donnait des raisons de se tourmenter quand tout ce qu’il aurait fallu pour le rassurer était d’être une jeune fille sage et convenable qui tenait en place.

Etait-ce donc si compliqué d’être comme il fallait ?

Et voilà qu’après avoir convenu de moyens de communications faibles, l’on en venait à souligner une autre de ses divergences. Son peu d’attirance pour le statut d’épouse. Elle avait beau dire à Alduis qu’il n’avait pas besoin d’être normal, elle s’en voulait de ne pas pouvoir l’être, elle.

Etait-ce donc si compliqué d’être comme il fallait ?

Coldris semblait vouloir le lui faire avouer, elle haussa les épaules. Avait-elle vraiment besoin de l’exprimer ? Non, cela ne l’attirait pas. Pas plus avec Gabriel qu’avec n’importe quel autre, d’ailleurs. Même en admettant - aussi absurde que cela puisse sembler et uniquement pour l’exemple parce que cela n’avait bien sûr aucune raison d’arriver - que son merveilleux phénix ait voulu l’épouser, la réponse eut été la même. Parce que cela ne voulait rien dire. Critiquait-elle pour autant la décision de son oncle ? Non, parce qu’il avait raison et que c’était nécessaire. Elle ne critiquait pas davantage Coldris, qui avait tout autant de raisons et de nécéssités. Elle comprenait.

— Vous n’avez pas besoin de justifier devant moi, lui rappela-t-elle quand il eu terminé. Vous faites ce que vous avez à faire, et je suis persuadée que vous avez choisi au mieux.

Elle n’aurait pas dû faire de remarques - cela n’avait d’ailleurs pas été son intention. Lui, il savait prendre les décisions quand cela s’imposait. Quand elle saurait en faire autant, là, elle aurait peut-être le droit de donner son avis. En attendant… qui était-elle ne fut-ce que pour donner son avis ? Personne. Rien qu’une petite idiote irresponsable qui ne savait même pas se montrer en société sans paniquer.

Elle l’aimait tellement. Tellement qu’il savait la rassurer. Tellement qu’elle se sentait presque capable d’affronter cela pour lui. Pour lui montrer qu’elle en était capable. Comme elle aurait pu le faire si Ariste avait été là. Comme quand Ariste lui avait appris à sortir dans les rues et à ne plus avoir peur du monde…

— Moi ? Mais non, voyons ! En revanche, vous devriez me rappeler un jour de vous parler d’une certaine Anne - et elle ne parlait absolument pas de sa tante - et d’un certain Charles que l’on croise parfois dans les tavernes de Tianidre. Oh, c’est un garçon très secret, je n’en sais pas grand chose. Le peu qu’on sait de lui, c’est ce qu’il laisse échapper en étant ivre, alors...

Mais ce n’était pas pareil. Précisément parce qu’alors, elle n’était pas Eléonore de Tianidre. Parce qu’il n’y avait pas de haute société. Parce que si elle faisait une gaffe, il suffirait que Charles ou Anne cesse d’exister et la question serait réglée. Parce que si elle disait quelque chose de travers, cela n’aurait pas à retomber sur elle. Et surtout, parce que même eux, sans Ariste pour la soutenir, elle ne saurait plus jamais les incarner. C’était au dessus de ses moyens. Et d’ailleurs, elle n’aurait jamais dû les mentionner. JAMAIS. Qu’allait-il penser, maintenant ?

Pour se rassurer, elle pensa à Gabriel. Gabriel qui saurait l’aider à se préparer pour ces fiançailles. Probablement pas l'y accompagner, ce serait trop délicat. Il aurait sans doute été le seul qui puisse la soutenir dans une telle épreuve - le seul qui aurait pu rester à côté d’elle et jouer les filets de sécurité - mais deux trop bonnes raisons l’empêchaient d’envisager une telle éventualité. La première était que Coldris ne l’aurait jamais accepté - ce qui fut confirmé par la manière dont il éluda - et qu’elle ne voulait pas lui imposer cela, et la seconde, c’était que Gabriel comprendrait aussitôt la situation et qu’elle n’était pas certaines d’avoir su lui parler d’ici-là.

Alors, il ne restait plus qu’à faire semblant que cela se passerait bien - en sachant qu’il y avait une chance sur deux pour qu’elle ne sorte même pas de voiture - et plaisanter sur les catastrophes qui n’adviendraient pas et des moyens de les prévenir. Elle eut un sourire qui pétilla jusque dans ses yeux. Ah oui ? Elle n’attendait que de voir. Et alors qu’il se penchait pour l’embrasser, elle comprit que cela n’aurait su tarder.  

Elle se leva, pivota. Lui rendit son baiser plus qu’il n’était raisonnable si elle avait un jour eu l’intention de vider son assiette. Mais manifestement, cela ne faisait plus partie des projets de personne. Oh que non.

Pourtant, elle détacha ses lèvres. Coldris ne faisait peut-être pas grand cas de ce genre de détails, mais elle s’en souciait davantage. Et elle ne voulait plus avoir à se soucier de quoi que fut. S’abandonner complètement à la folie qui la submergeait.

— Nous devrions peut-être poursuivre cette conversation ailleurs.
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Message par Coldris de Fromart Lun 17 Mai - 23:20




Éléonore répliqua sèchement ne pas être chez elle et il ne pouvait que comprendre ce sentiment. Durant ses seize premières années, il n’avait pas été chez lui. Durant ses années de mariage, il ne s’était pas non plus senti chez lui. À tel point qu’il avait en horreur Fromart qu’il avait d’ailleurs rebaptisé. Il avait même eu l’audace d’y mettre le double F en guise de monogramme. Ce que les ignorants interpréteraient comme une manifestation égocentrique de son arrogante personne. Il n’y avait désormais plus que Léonilde et lui-même à savoir que le second F n’était rien d’autre qu’une provocation puisqu’il s’agissait du F de Farnende et de nul autre.

A sa remarque, Léonilde toussa légèrement et osa un regard au vicomte qui l’autorisa à reprendre la parole.

— J’obéis aux ordres de mon maitre. Mais il m’est parfois arrivé de les outrepasser si je jugeais que cela était nécessaire et ne remettait pas en cause certains principes.

Ce fut à Coldris de hausser un sourcil et leurs prunelles s’accrochèrent.


Comme quand vous m’empêcher de mourir en m’assommant.
Comme quand j’aidais votre fille à revoir secrètement un jeune homme.
Le vicomte abandonna son valet pour le regard d’ébène de sa belle aux cheveux d’obsidienne. Il se doutait bien que les trahisons auxquelles elle faisait référence étaient de son fait et pour le coup, il ne pouvait que comprendre que son simple patronyme fasse frémir. Il soupira silencieusement.

— J’en suis en bonne partie responsable. Je n’aurais sans doute pas dû vous placer dans une position si inconfortable.

Quant aux fiançailles d’Alduis, il savait parfaitement qu’il n’avait pas à se justifier, c’était plus une explication de ce choix alors même qu’il avouait de lui-même ne trouvait aucun intérêt au mariage. Du moins c’était ce qu’il pensait globalement, il avait appris depuis toutes ces années à mettre de l’eau dans son vin. Il aurait menti en disant qu’il n’avait pas rêvé d’épouser Aurélia et qu’il était prêt à tout, absolument tout, pour que cela puisse être possible. Alors oui, c’était quelque peu contradictoire d’imposer un mariage à son fils avec un tel avis sur la question. Cela méritait bien une explication à celle qui était l’amie de son fils, non ?

Et pour le reste, la cérémonie, le monde, ce n’était rien d’autre qu’un jeu d’acteur. Anne et… Charles ? Dans les tavernes de Tianidre ? Coldris souffla un rire, en comprenant de quoi, il retournait.

— Il faudra absolument que vous me contiez ce que vous avez bien pu faire en leur compagnie. Vous voyez ma luciole que vous recelez de souvenirs intéressants !

S’était-elle réellement travestie ? Il avait du mal à l’imaginer déguiser en homme à boire accouder à un bar, mais il avait très envie d’entendre ce récit qui ne semblait manquer ni de rebondissement ni d’audace. Il était en revanche nettement plus frileux à la mention de ce fiancé qu’il préférait conserver hors de son chemin. Il était peut-être très sympathique, Coldris n’en aimait pas moins les fiancés. C’était ainsi. Il avait eu l’occasion de vérifier plusieurs fois leur caractère irascible, possessif et pénible au possessif. Ces mêmes, qui quelques années plus tard finissaient par délaisser leur épouse pour prendre une maitresse. Enfin, le débat n’était pas là ce soir, qui plus est, il avait d’autres choses à l’esprit à l’instant qui éclipsait toutes ces considérations désormais futiles.

— Nous devrions peut-être poursuivre cette conversation ailleurs

Il se redressa d’un coup et croisa son regard pétillant auquel il répondit d’un sourire.

— Bien sûr, venez indiqua-t-il  en lui prenant la main.

Qu’importe le dessert, ils auraient tout le temps de le prendre plus tard. Ils quittèrent la salle à manger, empruntèrent l’escalier en marbre jusqu’à l’étage puis Coldris poussa la porte de ses appartements. Personne ne viendrait les déranger ici. Ce n’était pas le théâtre et son public ou les jardins de Fromart. Il n’y avait qu’eux cette fois-ci rien qu’eux. Il glissa ses doigts entre les siens et l’embrassa longuement puis il sentit ses petites mains jouer de nouveau avec les boutons de son pourpoint qui cédèrent les uns après les autres. Son veston subit le même sort et se retrouva à terre en un rien de temps.
Il s’éloigna subitement par réflexe, parce qu’il ne restait désormais plus que cette fameuse chemise de soie blanche qu’il ne quittait jamais d’ordinaire devant une femme. Cette fameuse chemise sous laquelle il ne laissait glisser aucune main. Son cœur s’emballa alors même que ses prunelles de glace se figèrent dans les siennes d’obsidienne. Il voulait la retirer. Il avait déjà pris sa décision ce soir-là au théâtre, mais désormais qu’il ne lui restât plus qu’à la passer par-dessus sa tête cela lui sembla plus compliqué.
Ce n’était rien qu’une chemise après tout.
Il allait l’enlever. Il allait se mettre à nu pour elle. Elle l’ignorait bien sûr, mais ce n’était pas là quelque chose qu’il faisait d’ordinaire. Excepté Aurélia, il n’y avait que Francesca qui l’avait vu ainsi. Sans doute parce qu’elle habitait bien loin, qu’il la voyait fort peu et qu’ils se connaissaient depuis ce qui semblait une éternité. Que dirait-elle en voyant son dos ravagé de lacération qu’il n’osait pas même regarder dans un miroir ? Que penserait-elle lorsque ses doigts suivraient les sillons cicatriciels de sa peau dévastée par les pluies de coups qu’il avait reçus. C’était bien plus que de simples stigmates, c’était des failles, des marques d’une faiblesse passée, un reflet de son enfance haï.
Il la retira, sans plus se poser de questions.
Il ne lui restait plus que sa croix celtique autour du cou. Celle qu’il avait faite spécialement pour conserver l’alliance de son premier mariage, le seul qui comptait réellement à ses yeux quand bien même il avait eu la durée d’une étincelle. Sa respiration se fit plus profonde et il s’approcha d’un petit pas pour poser ses mains autour de ses épaules et remonter son cou d’un chemin de baisers. Ses doigts trouvèrent avec l’habitude qui était la sienne les lacets de son corset et il commença à tirer dessus pour l’alléger de la lourde robe de velours extérieur qu’elle portait parmi les nombreuses épaisseurs que composait sa toilette. Il n’avait qu’à lâcher le tissu de ses doigts pour qu’elle ne subisse le même sort que ses propres vêtements.

— Vous êtes bien sûr de ce que vous allez faire et de ce que cela implique ? Je ne voudrais pas que vous ayez des regrets par la suite, car il n’y aura aucun retour en arrière possible et je veux que vous sachiez que nous pouvons tout arrêter si tel est votre désir.

C’était une question très sérieuse. Il devait être sûr qu’elle savait parfaitement dans quoi elle s’engageait avant d’aller plus loin, quand bien même il en mourait d’envie et qu'il se donnait rarement autant de mal pour être certain, mais elle, il l'aimait et cela changeait tout.

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Message par Éléonore de Fromart Mar 18 Mai - 19:10

Outrepasser les ordres, c'était dangereux. Et si elle prenait des risques, elle ne voulait les faire courir à nul autre qu'elle-même. Même si elle le méritait bien peu, son oncle lui aurait pardonné n'importe quoi. Cela rendait-il ses mensonges plus répréhensibles encore ? Elle détestait mentir. Mais elle en était la seule responsable. Elle secoua la tête.

— Je vous assure que vous n'y êtes pour rien. Je suis au moins assez grande pour trouver les situations inconfortables toutes seules, répliqua-t-elle  

C'était bien le pire dans toute cette histoire. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même et choisissait de mal agir alors qu'elle savait précisément ce qu'elle aurait dû faire. Elle se détestait. Pourquoi ne savait-elle pas simplement être comme il fallait ? Pourquoi une part d'elle persistait-elle à s'enorgueillir de ses stratagèmes - au point d'être tentée d'en raconter au moins une partie – tandis que l'autre lui rappelait que tout cela n'était qu'une méprisable trahison envers l'homme qui l'avait élevée ? Comment faisait Ariste pour la rassurer, avant ? Comment arrivait-il à la convaincre qu'elle ne faisait rien de mal ? Il y avait bien la formulation magique de Gabriel, mais elle n'était pas certaine que la ressasser d'elle-même puisse la convaincre.

Et pourtant… pourtant, ce fut bien ce qu'elle pensa alors que Coldris l'entraînait à l'étage. Si c'était ce qu'elle voulait et que cela ne nuisait à personne, alors c'était bien. Et cela ne pouvait nuire à personne.

Elle libéra ses mains, desquelles elle effleura son visage avant de les laisser tomber sur les fameux boutons qu'elle avait dû laisser en place la dernière fois. Il était grand temps d'y rémedier. Elle en détacha un, puis un autre, puis les suivants, emportée dans une fièvre qui ne faisait que s'en accentuer.  

Elle tressaillit à son mouvement de recul, et tenta de se rattacher à son regard. Avait-elle fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Elle… Mais… Que… ? L'espace de quelques secondes, elle se sentit terriblement perdue, ne sachant quelle bêtise elle avait bien pu commettre. Il semblait hésiter sans qu'elle ne comprenne à quoi ce pouvait être dû. Elle resta figée, craignant que le moindre mouvement ne le repousse plus loin d'elle encore. Était-ce à cause d'elle ? Est-ce que… ?

Il retira sa chemise, et les quelques traces qu'elle put apercevoir raviva le souvenir de renflements sous ses doigts gelés. Son regard glissa le long de son bras, puis sur cette brûlure et enfin sur cette chemise qu'il laissait tomber et qui s'affalait au sol dans une cascade de soie. Elle faillit lui dire que s’il ne préférait pas, il aurait peut-être dû la garder mais… après tout, il savait parfaitement ce qu’il faisait. Elle avait peur. Peur de ce qui avait pu le troubler. Mais qu’importe : pour elle, il était parfait quoi qu’il en soi, et quelle que soit l’histoire que sa peau puisse raconter, cela n’y changeait rien.

Elle sentit comme une vague d’appréhension lorsqu’il combla la distance qu’il avait instaurée et que ses lèvres la touchèrent. Tout devenait de plus en plus concret - de par sa manière de tirer sur ses lacets, par exemple -, et une part d’elle ne savait pas exactement ce qu’elle était censée faire. C’avait quelque chose de ridicule, parce qu’elle avait déjà vu des hommes bien moins habillés que cela et qu’elle savait relativement bien comment les choses fonctionnaient. C’était ridicule, parce qu’elle savait qu’elle le voulait vraiment. Mais une part d’elle avait peur. Peur de faire quelque chose qu’il ne fallait pas, peur qu’il n’ait un nouveau mouvement de recul. Peur de tout gâcher. Elle devait sembler terriblement gauche.

Elle eut fronça légèrement les sourcils à sa question. Oui, elle était sûre. Oui, elle savait ce qu’elle faisait et ce que cela représentait. C’était juste… pas important. Parce qu’elle savait qu’elle le voulait vraiment. Et son seul regret serait de ne pas pouvoir lui dire les mots qu’elle ne pouvait s’interdire de penser. Mais même si elle finissait par en avoir d’autres, qu’il ne s’inquiète pas : elle n’aurait jamais l’idée de le lui reprocher. Avoir un regard aussi envoûtant avait sans doute quelque chose de criminel, mais la question n’était pas là. Et puisqu’il semblait sérieux, elle tut les âneries qui avaient manqué de lui échapper et répondit tout à fait sérieusement, reprenant ses mots :

— Je suis absolument sûre de ce que je vais faire et que ce que cela implique. On ne regrette que ce que l’on n’a pas fait et... mon désir, oh, Coldris ! - Elle secoua doucement la tête - Il ne pourrait pas être plus éloigné de l’idée d’en rester là.

Elle savait. Elle n’était pas une femme comme il fallait. Tant pis. Mais pour ce soir, elle ne s’inquiétait pas - presque pas. Elle lui faisait confiance. Elle savait qu’avec lui, elle était en sécurité. Qu’il ne lui ferait aucun mal. Qu’elle pouvait laisser tomber ses barrières en même temps que cette robe trop encombrante. Le reste, elle aurait tout le temps de s’en soucier plus tard.
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Message par Coldris de Fromart Mer 19 Mai - 11:51




Arrivé à cette fameuse chemise qui signifiait tant pour lui, il recula sans pouvoir s’en empêcher. Il devait juste… Remettre ses idées en ordre. Les ranger et accepter. Accepter son regard. Accepter de lui ouvrir une porte sur celui qu’il était réellement et non celui qu’il paraissait être. Comment aurait-il pu manquer son regard perdu, inquiet et interrogateur ? Il ne pouvait pas alors qu’il s’accrochait à ses deux onyx qui le faisaient tout à la fois chavirer et rester à flot. Elle ignorait tout ce que ce simple vêtement représentait. Toute l’importance qu’il y accordait. Elle ne pouvait pas deviner le don de confiance absolue que cette chemise jetée à terre pouvait constituer. Il aurait pu lui expliquer, mais il ne pouvait pas maintenant. Simplement, car ce n’était pas le moment et qu’il avait besoin de se retrouver quelques secondes. Une fois à découvert, il passa une main contre sa joue pour la rassurer. Elle n’y était pour rien sa petite luciole, s’il attachait tant d’importance à cette vulgaire étoffe blanche.

Il sentait la discrète et bien légitime appréhension qui s’emparait lentement mais surement d’elle. Et même pour lui qui avait fait ce geste des milliers de fois, cela n’avait rien avoir ce soir. Cela n’avait tellement rien à voir qu’à sa respiration légèrement plus saccadée, il suspendit son geste, le temps de lui poser cette question - dans l’éventualité où elle souhaiterait encore faire marche arrière -. Et si d’aventure elle changeait d’avis, il comprendrait aisément et accepterait sans rechigner malgré - il ne pouvait le nier - une frustration certaine. Coldris fut cependant bien vite rassuré lorsqu’elle répondit tout à fait sérieusement à son interrogation. Il accueillit la fin de son allégation avec une profonde joie qui traça brièvement un sourire sur ses lèvres avant qu’il ne se mue en baiser passionné. D’un geste assuré, il acheva de défaire le corset qui la retenait prisonnière. Sa robe coula le long de son corps dans un bruissement feutré jusque sur le parquet. Il passa ses bras autour de sa taille et la souleva pour la déposer sur le lit. Elle n’avait rien craindre de lui, il ne précipiterait rien, elle le verrait bien vite. Il avait bien trop envie d’en profiter pour la couvrir de baisers.

* * *

C’était sa première fois à elle. C’était une nouvelle fois pour lui. Quasiment vingt-neuf ans qu’il n’avait pas eu une femme qu’il aimait sincèrement entre ses mains.

Vingt-neuf ans qu’il avait oublié ce que ce plaisir partagé pouvait éveiller.
Vingt-neuf ans qu’il avait oublié l’ivresse de sentir ce corps aimé contre le sien.
Vingt-neuf ans qu’il avait oublié de partager et d’offrir au lieu de prendre.

Parce que toutes les innombrables fois précédentes ne pouvait pas même compter face à celle-ci qui était une nouvelle première fois. Celle qu’il passait avec elle, celle qui avait réussi sans qu’il ne sache pourquoi à le refaire tomber amoureux. Celle qui soupirait sous ses caresses et qu’il dévorait de baisers sans jamais parvenir à se rassasier.

Il releva la tête croisa son regard charbonneux embrasé et s’y perdit.

— Je t’a…dore se reprit-il de justesse Je t’adore, Éléonore.
Plus que tu ne peux l’imaginer...

De peur d’en dire davantage, il se tut d’un profond baiser et se laissa emporter par une vague de plaisir.

* * *

Une fois remis de leurs émotions. Il avait demandé à Léonilde de leur faire porter ces fameux desserts qu’ils n’avaient pas pu prendre par sa faute. Une délicieuse poire pochée au vin, épices et à la vanille. Exquise, mais certainement pas autant que ce qu’il venait de se passer. C’était le cœur flottant de bonheur, qu’il avait croqué dans ses quelques bouchées discutant de choses et d’autres en sa compagnie avant de se glisser de nouveau entre les draps. Son corps pressé contre le sien, sa main entrelacée avec la sienne et son nez entre ses cheveux au parfum de romarin, il avait fini par s’endormir, apaisé comme jamais depuis si longtemps. Dans un sommeil sans rêves et sans opium, il se laissa sombrer…

Pour malgré tout se réveiller quelques heures plus tard. Léonilde avait soufflé les bougies. Il ne demeurait que la lueur rougeoyante de l’âtre qui crépitait paisiblement comme endormi lui aussi. À ses côtés, Éléonore semblait dormir paisiblement, ses cheveux bruns bouclés éparpillés tout autour de l’oreiller. Il se redressa doucement sur un coude, admirant ses traits détendus et sa poitrine qui se soulevait lentement au rythme de sa respiration. Il avait furieusement envie de tracer le contour de son visage, de naviguer le long de son bras sorti des draps, d’embrasser ses lèvres carmin qui l’attiraient déraisonnablement. Combien de temps resta-t-il ainsi à la contempler ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il n’y avait que le craquement intermittent des buches dans la cheminée qui semblait pouvoir marquer le temps qui s’écoulait. Il n’arriverait jamais à se rendormir, il le savait. D’ailleurs outre ses lèvres et ses doigts qui tentaient de lui imposer leur propre volonté, ses jambes semblaient à avoir envie de prendre l’air. Il soupira légèrement. Il aurait voulu rester à ses côtés, mais ses impatiences ne le laisseraient pas en paix et risquaient de troubler son sommeil. Tant pis, il se lèverait et… cèderait à ses lèvres un léger baiser sur sa joue.

Hors du lit, il passa une longue chemise de nuit et quitta la chambre à pas de loup. Peut-être irait-il dans la bibliothèque pour lire ou écrire en attendant de pouvoir se rendormir ou de voir Aurore poindre le bout de son nez doré. Dans la galerie, il passa devant quelques portraits plongés dans la pénombre nocturne avant de s’arrêter devant celui de Solange, un discret sourire malicieux en coin. À moins que ce ne soit son imagination qui soit en train de lui jouer des tours. Il n’arrivait plus à se souvenir des traits exacts de l’œuvre.

— Je n’ai pas mis de chaussettes et cela m’est bien égal puisque vous n’êtes pas là pour me sermonner. D’ailleurs vous devriez vous estimer heureuse que j’ai passé une chemise. chuchota-t-il avec provocation.

En réalité… Il devait admettre que les couloirs des manoirs en hiver se révélaient quelque peu frisquets pour s’y promener entièrement nu. Sans parler du fait qu’il remettait souvent sa chemise comme une armure par-dessus sa peau marquée.

— Dommage que vous ne soyez pas là pour faire sa connaissance, je suis certain qu’elle vous aurait plu et quand bien même ce ne serait pas le cas, sachez que je m’en fiche éperdument...

Il marqua une pause pensivement alors que la voix de Solange riait dans son esprit en commentant sarcastiquement « Bien sûr, mon cher Coldris, aussi éperdument que vous l’aimez. »

— Oui et alors ? Qu’est-ce que cela peut bien vous faire ? … Tout à fait, il ne s’agit pas là de vos affaires et je me passerai bien de vos conseils.

En fait non, il en avait cruellement besoin et envie, mais il n’aurait jamais pu le reconnaitre y compris devant un fantôme. De toute façon, elle le connaissait suffisamment pour comprendre le sens réel de ses paroles.

— Je ne dirais rien. Tout cela est terminé et derrière moi. Quoi que vous en pensiez, je ne suis pas assez idiot pour refaire deux fois la même erreur. J’ai assez souffert en suivant vos conseils. se renfrogna-t-il

Mais la petite voix dans son esprit n’avait pas dit son dernier mot loin de là. Elle renchérissait déjà

«Pas assez idiot pour refaire deux fois la même erreur, mais assez stupide pour agir de pire façon. C'est tout même le comble pour quelqu'un qui se prétend capable d'apprendre du passé, non ?»

Coldris soupira agacé.

— Vous ne comprenez pas... Même si je le voulais, je ne pourrais pas.
« N’est-ce pas vous qui affirmiez qu’il suffisait de vouloir pour pouvoir ? »
— C’est différent...
« C’est pareil. »
— Peut-être. De toute façon, je ne veux pas. Elle va se marier et retourner dans son fief...
« Vous êtes veuf, Coldris. Epousez-la. »
—Non ! s’exclama-t-il un peu plus fortement
« Vous êtes plus têtu qu’une bourrique. »
— Voilà une chose qui ne change pas avec les ans. fit-il sarcastique
« Vous comptez vraiment renoncer à votre bonheur ? Ouvrez donc les yeux parce qu’à moins de souffrir de cataracte c’est pourtant évident qu’elle tient à vous ! »
— Je ne dirais rien. Si je parle, tout sera terminé et elle disparaitra.
« Vous êtes un idiot ! »

Il soupira.

Coldris de Fromart
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Message par Éléonore de Fromart Mer 19 Mai - 20:03

Eléonore se rendit compte qu’elle était éveillée quand elle sentit ses lèvres se poser sur sa joue. Cela coupa les pensées légères qui s’étiraient comme des cirrus dans son esprit ensomeillé, alors que les souvenirs se recomposaient lentement.

Elle voulait retrouver chaque baiser, chaque caresse, chaque souffle de mots. Ils étaient là, pas loin, et il suffisait de les attraper. Elle se rappela du moment où il l’avait déposée sur ce nuage. Elle avait oublié cette appréhension importune mais se souvenait qu’il avait su l’apaiser. Qu’elle lui faisait confiance, et qu’il n’en avait rien trahi. Que c’avait été merveilleux.

Que quelques mots et un tutoiement sorti de nulle part et un regard tellement intense l’avaient légèrement troublée, mais qu’encore une fois, il avait tout arrangé. Qu’il avait paru comblé même si au fond d’elle, elle avait craint de ne pas être comme il fallait. Ce tourment-là aussi, il avait su l’effacer.

Elle comprit qu’il était en train de sortir du lit, mais elle s’enferma dans ce sommeil apparent, comme elle le faisait toujours. Ses pensées devenaient de plus en plus claires. Elle se souvenait du dessert qu’ils avaient pris, et d’avoir pensé que finalement, il était capable de finir un repas. Elle se souvint de combien il avait été difficile, à partir du moment où ils s’étaient retrouvés seuls dans cette chambre, de ne pas dire de bêtises. Elle se souvint avoir pensé que son attitude montrait bien trop d’affection, et qu’elle avait refoulé ses interrogations. Et aussi d’avoir craint de se trahir en s’endormant ainsi contre lui, en demeurant si proche, en ne lâchant pas sa main.

Elle daigna ouvrir les yeux en entendant la porte. Elle se redressa lentement, avisant les braises dans l’âtre. Elle balaya la pièce du regard. Rien n’indiquait que le jour soit proche de se lever, mais en cette saison, cela ne donnait que peu d’indication. Toutefois, pouvant compter les nuits complètes et ininterrompues de ces six dernières années sur les doigts d’une main, elle ne se faisait pas tant d’illusion quant à l’heure qu’il devait être.

Elle se glissa hors du lit en s’étirant, enfila rapidement quelque chose, puis jetant une couverture sur ses épaules. Elle voulait juste essayer de voir où il était. Oh, elle savait déjà qu’elle n’aurait pas dû bouger. Pourquoi ne savait-elle donc pas rester en place ? Il allait bien finir par revenir, non ? Et le cas échéant, elle n’avait pas besoin de le traquer en plein milieu de la nuit, il allait encore où il voulait, non ? Et puis, mieux valait qu’il ignore combien son sommeil était léger. Elle ne voulait surtout pas qu’il se mette à prendre des précautions pour elle, c’était idiot.

Elle ouvrit la porte de la chambre le plus silencieusement qu’elle put. Et il fallait dire que question discrétion, elle s’était toujours plutôt bien débrouillée. Elle passa la tête dehors, les pans de la couverture toujours bien serrés autour d’elle. C’était qu’il ne faisait vraiment pas très chaud.

— Non !

Elle tressaillit. Elle fit un pas en arrière en plaquant ses mains contre ses oreilles avant de se souvenir que ce genre d’attitude était juste bon pour se faire repérer. Elle avait sérieusement manqué de pratique ces neuf derniers mois. Elle décolla doucement ses mains, un brin hésitante. Il était fâché, elle ne devait peut-être juste pas entendre. Non, elle n’aurait pas dû entendre, et il suffit d’un mot pour le lui faire comprendre - sans tiquer un seul instant sur le fait qu’il était en train de parler tout seul.

Tout serait terminé.
Terminé.

Que… Que… Que…?

Terminé. Tout serait terminé. Et elle l’avait entendu, alors c’allait être le cas. Sa gorge se serra.

— Terminé... murmura-t-elle, horrifiée.

Mais oui, bien sûr, qu’avait-elle été s’imaginer ? Qu’il allait la garder alors qu’il avait déjà obtenu ce qu’il voulait ? Qu’il avait vraiment su l’apprécier ? Qu’il y avait quelque chose à défaut que sa folie soit réciproque ? Non, il ne devait pas savoir qu’elle avait entendu. Il ne devait pas savoir. Et peut-être qu’alors elle pourrait rester encore un peu dans ses bras. Au moins, elle ne gâcherait pas sa nuit.

Pas de scène, elle se l’était promis. Ne rien lui montrer. Il n’avait pas besoin, les choses étaient très claires. C’était comme ça, et il n’y pouvait rien si elle s’était monté la tête toute seule. Il n’y pouvait rien s’il était tellement exceptionnel qu’il avait réussi à reconstruire son coeur. Il n’avait pas à subir de caprices juste parce qu’elle n’était qu’une pauvre idiote, inutile et ridicule, incapable de réprimer des sentiments qui n’auraient pas dû exister. Il n’y pouvait rien si tout en elle était en ruine, si tout ce qu’elle retrouvait était tellement fragile qu’il suffisait de rien pour l’abattre.

De toute façon, ce n’était pas grave. Il ne saurait jamais. Jamais. Jamais combien elle avait mal. Jamais ce que cela lui faisait de voir disparaître le soleil qui avait ramené de la joie dans son existence. Et puis, tant mieux si cela s’arrêtait maintenant. Tant mieux, elle n’aurait plus besoin de se battre. Tant mieux, elle pouvait tout lâcher. Maintenant, on ne pourrait plus l’empêcher de tout arrêter. Ariste comprendrait. Parce qu’elle avait vraiment essayé. Parce qu’elle s’était vraiment senti vivre.

Elle voulut refermer la porte en douceur. Retourner discrètement se coucher, sans que Coldris ne puisse s’en rendre compte. Mais l’émotion la faisait trembler, ses gestes s’emballèrent et la porte claqua. Elle se détestait, elle se détestait tellement. Même cela, elle ne savait pas le faire. Elle se précipita vers le lit et s’y roula en boule, enfouissant son visage dans un coussin. Elle se détestait tellement. Et elle avait mal, tellement mal. Sa gorge en brûlait. Et son coeur… Son coeur… Qu’avait-elle dit, déjà ? Qu’il ne pourrait pas souffrir de ses frasques ? Oh, elle avait eu raison : elle ne pouvait pas souffrir plus que quand elle avait perdu son tout. Parce que même un rien de souffrance supplémentaire aurait suffit à l’achever.

Pas de scène, elle se l’était promis. Il fallait qu’elle cesse de pleurer avant qu’il ne revienne. Qu’il n’ait pas besoin de le savoir. Surtout pas de savoir combien.

Non, il n’aurait pas entendu. Il n’aurait pas su que cela venait d’ici. Non, cela n’avait pas dû claquer si fort, c’était seulement parce qu’elle était juste à côté. Seulement parce qu’elle avait paniqué. Non, il n’avait pas entendu. Il n’aurait pas besoin de savoir. Pas besoin de la voir dans cet état. Pas besoin de croire qu’il aurait pu la blesser, parce que ce n’était pas lui. Parce qu’elle s’était blessée toute seule. Parce que ce n’était qu’un jeu, qu’ils l’avaient décidé depuis le début et qu’il n’était en rien responsable si son coeur n’en avait pas suivi les règles. Non, il n’aurait pas entendu. Non, elle aurait le temps de se calmer avant son retour, et elle saurait garder la face jusqu’à ce qu’ils se séparent. Ca allait fonctionner. Il fallait y croire.

Mais tous ses espoirs volèrent en éclat lorsque derrière elle, la porte s’ouvrit de nouveau.
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Message par Coldris de Fromart Mer 19 Mai - 23:20




Ce qu’elle pouvait être agaçante lorsqu’elle s’y mettait !

— Et alors! s’exclama-t-il.

Et une porte claqua dans son dos. Une porte qui le ramena à la réalité. Il était là devant le portrait de sa mère spirituelle et il n’était pas bien sûr de ce qu’il venait de se passer excepté qu’il venait d’avoir avec elle une discussion houleuse. Ce genre de discussion qui finissait avec un cadavre de bouteille de whisky roulant sur la table basse. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. La porte avait claqué non ? Un long frisson glacé remonta le long de son échine sinuant entre ses vertèbres qu’ils givraient.
La porte. Éléonore.
Il fit volte-face fixant la porte en bois. Est-ce que… qu’elle avait entendu quelque chose ? Avait-il vraiment pu parler à haute voix. C’était… Il frissonna de nouveau… Frigorifié… Qu’avait-elle pu penser ? Non, il y avait pire. Qu’avait-elle entendu ? Il essayait désespérément d’attraper les petits moineaux qui s’envolaient déjà en piaillant moqueusement tout autour de lui… Qu’avait-il pu dire ? Qu’avait-il pu dire ? Il n’y arrivait pas.

Tout se troublait.
Tout tournait.
La réalité fuyait entre ses doigts sans qu’il ne parvienne à la retenir.

La retenir.

Son cœur bondit d’un coup dans sa poitrine et il se précipita vers la porte si proche qu’il ouvrit à la volée, haletant. Elle était là, roulée comme un petit animal. Les yeux ruisselants de larmes. Il s’immobilisa dans l’embrasure. Ses bras tombèrent le long de son corps. Que s’était-il passé ? Il resta un instant à l’observer. Un petit animal qui s’apprêtait à se laisser mourir. Un nouveau frisson le pétrifia dans la glace.

Il ne voulait pas la perdre.
Il ne voulait pas que tout se termine.

Terminé.

Tout sera terminé et elle disparaitra.

Il s’élança sur son lit et la releva de force pour la prendre entre ses bras et la serrer contre lui.

— Je… Je ne sais pas ce que j’ai dit… Enfin je crois… Je ne suis pas sûr mais je sais que vous vous méprenez.

Il passa lentement une main sur ses cheveux, terrifié.

— Je vous en prie pardonnez-moi Éléonore.  implora-t-il Vous ne pouvez pas me laisser, vous me l’avez promis, vous vous souvenez ?

Ses yeux commencèrent à bruler. Il ne voulait pas la perdre. Est-ce que la lumière s’éteindrait à tout jamais ? Il retournerait sombrer, seul, dans les abysses de son âme. Il resserra instinctivement ses bras. Elle était tout ce qu’il lui restait de réel bonheur dans ce monde et elle n’en avait même pas conscience. Elle n’avait pas conscience qu’elle était cette lumière qui déchirait les ténèbres et réchauffait son âme gelée. Et tout allait se terminer comme ça ? Il était terrorisé à ce que le mot « fin » pouvait représenter, parce qu’il touchait du doigt qu’il n’avait rien de réversible.

— Je vous en supplie. Je ne veux pas vous perdre…

Il n’avait plus aucune prise sur son propre esprit et chaque malle se déverrouilla l’une après l’autre sans qu’il n’ait la moindre volonté de les contenir. Ils s’envolèrent, les étourneaux. Ils pouvaient ravager son esprit comme ils l’entendaient, cela n’avait aucune espèce d’importance. Si elle n’était plus là, il ne resterait plus rien.

Il y a longtemps que j'aurais mis les voiles à sa place…


Il secoua la tête, mais c’était trop tard… Elle venait toutes, une à une le harceler, le picorer, le pousser, le tourmenter, le blesser et même… l’encourager.

Je suis peut-être idéaliste, mais au moins je ne suis pas un lâche. C’était pas vous qui disiez que rien n’était jamais perdu quand on était un Fromart ?


Alors quoi Coldris, t’as mangé ta langue ? Tsss l’amour rend faible. Regarde-toi ! Pathétique ! Misérable rat !

Ne l’écoute pas. Moi, je crois en toi, j’ai toujours cru en toi, tu le sais. Tu es fort, mon petit frère, tu l’as toujours été.

DIS LUI JE T M.

Désirez-vous une vie maudite ? Ne lui dites rien, Coldris et vous serez seul avec vos regrets pour l’éternité.

L’histoire n’est pas obligé de se répéter, soit heureux, tu le mérites après toutes ces années.

Elle est jolie ta princesse Grand-père, mais pas autant que Maman.

Tu as le droit d’être amoureux, Papa, tu sais ?

Je vois pas pourquoi tu hésites encore... une femme comme ça, ça vaut bien qu'on lui dise "je t'aime" même si c'est pour se prendre une taloche ensuite.

Je crois que je t'aime, Coldris de Fromart.


À chaque nouvel assaut, il voulait enfoncer un peu plus profondément se tête contre son épaule. Qu’elles soient bienveillantes ou non, elles avaient toutes raisons à leur façon. Mais la dernière était celle qui avait toujours le pouvoir de le faire frémir, parce qu’il n’avait pas besoin de chercher dans ses souvenirs pour se rappeler de ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait entendu ces mots. C’était celle qui avait le plus poids, car il savait au fond de lui que c’était ce qu’elle aurait voulu qu’il fasse. C’était lui rappeler tous les merveilleux moments qui avaient découlé de ces quelques mots et sans lesquels rien n’aurait été possible. C’était cela qu’elle essayait de lui dire. Que la fin n’avait pas d’importance lorsque l’on pouvait en profiter pleinement. Peu importe le temps qu’il restait… Il la serra contre lui. Il n’avait qu’à murmurer pour qu’elle l’entende…

— Je suis sûr que je vous aime, Éléonore de Tianidre. Je suis peut-être un idiot, mais de cela je n’ai aucun doute.
Il l’avait dit. Pour lui non plus, il n’y avait plus de retour en arrière possible.

Ah bah enfin ! Ce n'est pas trop tôt !



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Message par Éléonore de Fromart Jeu 20 Mai - 12:07

La porte. Il l'avait ouverte. Non, elle ne voulait pas qu'il la voit comme ça. Comment était-elle censée faire oublier ça, maintenant ? Elle ne voulait pas… Pas que ce soit cette image qu'il garde d'elle. Pas qu'il finisse par s'interroger sur ce qui lui arriverait ensuite. Pas qu'il sache. Pas qu'il se croit responsable, parce qu'il n'était pas aussi invulnérable qu'elle ne l'avait cru. Parce qu'il ne saurait pas juste entendre que ce n'était pas grave. Qu'il n'y était pour rien et que malgré tout, il ne lui avait apporté qu'un mieux. Elle ne voulait pas le blesser. Surtout pas. Il ne devait pas…

Elle n'avait plus de force. Plus de force pour retenir ses larmes. Plus de force pour lui expliquer. Plus de force pour l'empêcher de l'attirer dans ses bras, à peine ce qu'il fallait pour se laisser complètement aller contre lui. Même pas pour comprendre ce qu'il essayait de lui dire. 

Elle se trompait ? Quelque chose lui avait échappé ? Il s'excusait… Non. Non. Non. Non. Non, il ne devait pas. Elle remua la tête. Lui pardonner quoi ? Il n'avait rien fait… Il avait été parfait avec elle. Il lui avait rendu le sourire. Et… oui, elle se souvenait. Elle tenta d'acquiescer, complètement affalée dans ses bras qu'elle était. Non, s'il ne voulait pas, elle ne le laisserait pas. Promis. Promis. Jamais. Pourquoi dégageait-il une telle détresse ? Elle n'en avait que plus peur, que plus mal, mais ce n'était pas important. Il fallait juste qu'il aille mieux. 

— Je vous en supplie. Je ne veux pas vous perdre... 

Non. Non. Non. Elle ne comprenait toujours rien, mais elle savait qu'il n'allait pas bien… Elle lui faisait du mal. Elle l'entoura de ses bras, et se pressa encore plus fort contre lui. 

— Rien à pardonner, parvint-elle à articuler. Je suis là. 

Dans un état atroce qui ne l'aiderait pas, et qui savait pour combien de temps, mais elle était là. Aussi longtemps qu'il le voudrait. Promis. Promis. Mais il devait arrêter. Elle était désolée, elle ne voulait pas pleurer. Elle ne voulait pas le blesser. Et elle ne comprenait pas. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Elle ne voulait pas le blesser, vraiment pas. Il avait l'air terrifié, désespéré, et elle était là, impuissante. 

 — Coldris... appela-t-elle d'une voix nouée. 

Non. Il ne pouvait pas resombrer dans elle ne savait quoi. Non. Non. Pourquoi fallait-il qu'il aille mal dès qu'elle le voyait ? Elle ne comprenait rien. Rien… Rien ! Mais ce n'était pas grave. Elle devait… Elle devait se calmer, pour essayer de faire quelque chose. Elle devait penser à lui. Le reste n'était pas important.  

Il la serrait si fort… mais ce n'était pas grave. Tout ce qui lui faisait mal, c'était de ne pas savoir quoi faire. De ne pas savoir arrêter de pleurer alors que ses bras étaient un tel refuge. Puis, elle entendit sa voix. Et si l'entendre parler avait quelque chose de rassurant, ses mots, eux, ne firent que la perdre davantage. 

Elle se redressa soudainement pour se plonger dans ses yeux. Qu'avait-il dit ? Oui, qu'il était un idiot, mais avant ça ? Elle battit de ses cils constellée de larmes, complètement déboussolée. 

— Vous… Je… Que… Mais… Comment…? bafouilla-t-elle. 

Il… Il… Il… 

— Vous... 

Elle secoua la tête, complètement perdue. Elle lui effleura le visage du bout des doigts, comme si ses bras autour d'elle ne suffisaient pas à l'assurer de sa présence. 

— Vous… Je… Coldris… Vous… 

Elle éclata en sanglots. Cela n'avait pas de sens. Comment aurait-il pu ? Comment… Et pourtant, c'aurait expliqué beaucoup. Mais c'était insensé. Absolument insensé. Pourquoi elle ? 

— … pas obligé de dire ça… Vous… Je… Mais... 

Quel pitoyable spectacle elle devait donner. Elle laissa retomber sa main tout contre son cœur. Ce battement. Un écho ? C'eût été trop beau. Bien trop beau pour avoir une chance d'être vrai. 

— Je vous… Je… Coldris… Je… Je… Coldris… Impossible que vous… Insensé. Vous… Mais je… - elle désigna son propre coeur - Je… Je… mais… 
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Message par Coldris de Fromart Jeu 20 Mai - 16:12




Rien à pardonner ? On ne se mettait pas dans un tel état lorsqu’il n’y avait rien à pardonner, c’était impossible. Elle disait cela uniquement pour le rassurer, parce qu’elle était la douceur incarnée, sa délicate et adorable brebis qu’il serrait contre lui de peur de la voir s’enfuir. Lorsqu’il sentit ses bras passer dans son dos, il se tendit de surprise avant de se laisser aller. Heureusement qu’elle était là pour l’arrimer dans la réalité, parce qu’il était en train de perdre tout contrôle sur son esprit et les voix se déchainaient, y allant chacune de son propre commentaire sur sa situation. Il aurait eu tellement envie de leur dire de se mêler de leurs propres affaires, mais il n’en avait plus la force. La voir dans cet état après tout ce qu’il venait de partager.

C’était trop.
Trop pour ne pas briser la corde de funambule sur laquelle il naviguait.
Trop pour s’en tenir à sa résolution de ne jamais lui avouer ce qu’il ressentait.

Elles avaient gagné.
Il s’inclinait devant leurs assauts. Il ployait le genou et courbait l’échine.
Elles avaient gagné.
Il avait avoué.
Elle savait.

Il releva la tête timidement pour croiser son regard interdit. Il avait l’impression de ne plus rien entendre d’autre que son cœur battre contre ses tempes. Sa main se posa contre sa joue et un frémissement remonta, traversant son ventre noué et sa cage thoracique qui se refermait autour de ses poumons. Il était pétrifié. Parce qu’à la voir perdue, il réalisait qu’il aurait sans doute mieux fait de se taire. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Encore plus lorsqu’elle éclata de nouveau. Etait-il si idiot que cela ? Il constata d’ailleurs que la cacophonie vocale s’était tue. Qu’était-il censé faire désormais ? Ou dire ? Pas obligé de dire cela ? Sans doute, mais si c’était parler ou risquer de la perdre, son choix était fait. Oui c’était impossible qu’il l’aime. C’était ce qu’elle pensait. Parce que Coldris de Fromart, le grand débauché ne tombait pas amoureux. Ou alors peut-être voulait-elle qu’il lui était impossible de l’aimer lui. Son regard suivit sa main jusqu’à son cœur et il secoua doucement la tête.

– Je n’attends pas de vous que vous les partagiez. Vous n’avez pas à vous inquiéter. Si nous pouvons continuer à nous voir comme maintenant alors j’en serai très heureux et cela me suffira amplement. Le cas échéant…

Le cas échéant, il n’avait plus qu’à se préparer à retourner dans le noir le plus absolu. Peut-être serait-il préférable de tout oublier. De faire comme si rien de tout cela n’avait existé. Le pouvait-il seulement ? Il en doutait sincèrement. Il s’en remettrait n’est-ce pas ? Ce n’était pas si terrible à côté du reste, non ? Il avait survécu dans l’ombre jusque-là, il pouvait bien y retourner, non ? Il caressa à son tour sa joue d'un timide sourire.


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Message par Éléonore de Fromart Jeu 20 Mai - 20:26

Elle se détestait. Elle ne savait faire que pleurer, et il semblait impossible de se faire comprendre. Impossible, à peu près autant que d’entendre ce qu’il venait de lui dire. Il l’aimait. Il avait dit qu’il l’aimait. Et il ne pouvait pas mentir, non, elle l’aurait senti. Il avait mal. Mal parce qu’elle ne savait pas lui expliquer, parce qu’elle s’embrouillait dans ses mots. Parce qu’elle était inutile, incapable, stupide et ridicule. Parce que même avec les meilleures intentions, elle blessait.

Mais il l’aimait. Il l’aimait. Bien qu’absolument inattendue, cette affirmation s’était frayé un chemin jusqu’à son esprit après avoir percuté son coeur. Parce qu’aussi insensé et improbable que cela puisse paraître, c’était la seule explication rationnelle à son attitude : que quelque chose de plus fort ait pris le pas sur sa raison.

Pourquoi était-ce si difficile de lui répondre ? Que craignait-elle ? Elle savait qu’il était sincère, elle le sentait au plus profonde d’elle-même. Et même s’il ne l’était pas… même s’il se jouait d’elle et que tout cela n’avait été qu’une extraordinaire ruse pour la faire avouer, quelle importance puisqu’il voulait qu’elle le croit ? Aimer, c’était faire confiance. C’était le croire même si quelque part aurait pu exister une incertitude. Parce qu’elle préférait mille fois se laisser détruire que de le blesser encore en mettant sa sincérité en doute. Elle n’avait plus rien à perdre, et il lui apportait tant de bonheur…

Mais ses paroles lui glacèrent le coeur. Non. Non. Pourquoi était-ce si difficile de se faire comprendre ? Oh, elle comprenait l’idée : elle non plus ne l’aurait pas contraint à l’aimer. Jamais de la vie. Mais comment aurait-elle pu continuer à lui dissimuler cet écho qui aurait tant pu le soulager ? Ce n’était jamais pareil quand ce n’était pas réciproque. Il manquait toujours quelque chose. Elle tourna légèrement la tête pour embrasser cette main qu’il avait déposée sur sa joue.

— Non, l’interrompit-elle, puis elle eut un élan de dépit en se rendant compte que sa réponse était désespérément ambiguë. Coldris, je… Bien sûr que je veux bien continuer à vous voir… Tant que vous voudrez bien de moi, je serai là, parce que… Coldris, j’ai eu du mal à comprendre ce qu’il m’arrivait. Je ne voulais pas comprendre, je crois. Votre fille a essayé de me faire avouer, pourtant. Mais moi je ne voulais pas. Je ne voulais pas mettre le mot, parce que je vous avais perdu et que… Et quand je vous ai retrouvé, j’ai compris. J’ai accepté. C’était ça. Et vous vouliez encore me voir, et avec vous je me sens tellement mieux. Même sans rien attendre. Parce que c’était impossible que vous... Mais ce n’était pas grave, parce que vous m’aviez demandé de rester. Alors j’étais heureuse. Mais… Mais vous savez, quand le coeur n’a pas d’écho, ce n’est jamais pareil. Il manque toujours quelque chose - elle plaqua son son propre coeur, puis sur celui de son phénix - Si… Coldris… Je vous aime. Je vous aime éperdument. Et si vous ressentez vraiment comme moi, dites-le moi encore. S'il vous plaît. Dites-le moi, parce que… Parce qu’ainsi ce sera parfait. Oui, dites-le, parce que c’est trop bête de se le cacher. Et si c’était faux, ne dites rien, ce n’est pas grave, parce que je resterai quand même, c’est promis.
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Message par Coldris de Fromart Ven 21 Mai - 11:04




Il entendait toujours son cœur résonner contre ses tympans. Il se sentait toujours oppressé, comme si une main de géant tentait de l’essorer pour en extraire l’essence de sa vie. C’était typiquement dans ce genre de moment que l’image de sa vieille amie s’invitait dans son esprit. Dans ce genre de moment que ses doigts le démangeaient et appelaient de toute leur âme le liège du minuscule bouchon. Il pouvait sentir le goût piquant de l’alcool sur le bout de sa langue puis s’écouler comme une caresse dans sa gorge avant d’en réchauffer ses entrailles. Elle l’appelait dans un chuchotis suave auquel il était si difficile de résister. Sa respiration se faisait plus saccader. Il s’accrochait à ce regard pour ne pas céder. Elle était juste là. Posée dans le tiroir de sa table de nuit.

Des lèvres embrassèrent sa main puis commencèrent à se mouvoir pour former des mots puis des phrases d’une si belle mélodie, se frayant un chemin ondulant jusqu’à son cœur. Si elle voulait bien continuer à le voir alors c’était tout ce qui importait et ses grandes griffes osseuses desserrèrent leur étreinte. Soulagé. Elle resterait à ses côtés. Bérénice avait voulu la faire avouer ? Il esquissa un sourire en coin. Il la reconnaissait bien à vouloir sans arrêt aider tout le monde. Il écouta chacune de ses paroles. Oh oui, elle s’emmêlait les pinceaux, elle tournait autour du pot… Elle lui rappelait celui qu’il avait pu être, si maladroit dans chacune de ses déclarations. Parce qu’il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Parce qu’il ne savait pas parler de ses sentiments et que plus il parlait, plus il s’enfonçait, alors oui, il la comprenait et il aurait sans doute fait pareil à sa place. Tout ce qui comptait c’était qu’elle soit heureuse en sa compagnie, et le savoir faisait fondre toute cette glace qui s’était figée de terreur dans ses veines quelques minutes plus tôt.

Elle déposa sa main sur son cœur, mais il ne pouvait quitter les deux prunelles charbonneuses qui le fixaient intensément.

Coldris… Je vous aime. Je vous aime éperdument.

Il frissonna à ses mots. Elle l’aimait aussi ? Lui qui était vieux, dépravé, manipulateur, impitoyable, cruel même parfois, lui qui avait mené toutes ces guerres sanglantes, lui qui noyait ses démons dans l’opium. Et tant d’autres choses qu’il aurait pu en faire une liste interminable. Il avait presque du mal à le croire à son tour. Cela remettait tellement de choses en perspective. C’était les premiers rayons de l’aube déchirant l’obscurité nocturne. La promesse d’un renouveau qu’il n’avait jamais même espéré. Il ne savait pas de quoi demain serait fait, mais il serait meilleur qu’hier.

Coldris prit ses mains entre les siennes et les posa sur ses genoux. Il lui aurait répété autant de fois qu’elle l’aurait voulu. Il repensait à ce moment, quelques heures plus tôt où il avait tant eu envie de lui dire que ses lèvres avaient devancé son esprit engourdi de plaisir. Il ne s’était rattrapé que de justesse. Il pouvait tout à fait lui redire, mais il avait une bien meilleure idée pour le lui prouver.

— Vous vous souvenez sans doute lorsque je vous disais que vous n’aviez encore jamais eu l’occasion de m’écouter réciter des vers ? Que diriez-vous de le faire maintenant ?

En réalité, il n’attendait pas réellement de réponse. Coldris est ainsi. Lorsqu’il avait décidé. Il faisait. Aussi commença-t-il:

Adieu couleurs. Dans la triste obscurité, j'erre
Et je me perds, dans ce monde sans joie ni vie
Que je contemple de mes yeux morts, sans envie
Ni plaisir, jusqu'à en maudire l'univers.

Une fois, deux fois, je bas des cils et paupières,
Comment ne pas être surpris et fort ravi
De cette étincelle jaillie sans préavis,
lnondant les noirs horizons de douce lumière ?

Bonjour, couleurs et bonheur irrationnels.
Adieu, sombre errance sous la nuit éternelle.
Puissé-je te rendre la vie si merveilleuse

Que tu n'éclipses mes peines et mes soucis.
A toi, petite luciole audacieuse
Qui m'a ramené à la vie, je dis merci.



— Je vous aime. C’est complètement insensé, mais je vous aime vraiment et de cela vous ne devrez jamais douter.


Il posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa tendrement avant de la serrer contre lui. Il se sentait désormais si léger, si apaisé. Libéré de toute contrainte.

Vous voyez, vous auriez dû m’écouter depuis le départ, au lieu de vous entêter !

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Message par Éléonore de Fromart Ven 21 Mai - 18:53

Éléonore n'aurait jamais pensé dire une chose pareille. Elle n'aurait jamais pensé qu'il lui donnerait le droit de l'exprimer. Elle s'embrouillait dans ses explications, même en faisant des efforts. Mais ce qui comptait, c'était qu'il comprenne. La détresse qu'elle lui avait inspirée lui déchirait encore le coeur. Il fallait qu'il comprenne, parce que s'il l'aimait vraiment, cela ne pourrait que l'apaiser. Oh, il s'en trouvait presque incrédule, lui aussi. Certainement pas autant qu'elle. Comment un homme comme lui aurait-il pu accorder de l'importance à une femme comme elle ? Comment, en l'ayant vue si sotte, si perdue, si incohérente, si faible, si inutile ? Alors même qu'elle lui demandait de répéter ses mots qui l'auraient fait douter de son audition, elle ne comprenait pas comment ce pouvait être possible.

Il prit ses mains. Elle avait encore le visage humide et les yeux gonflés de ses larmes, mais elle souriait jusque dans le fond des pupilles. Seulement, il ne répétait rien… Elle fronça légèrement les sourcils. Oui, elle avait beau ne pas avoir la mémoire d'une certaine personne, elle s'en souvenait, mais… Comment ça maintenant ? Elle inclina légèrement la tête sur le côté, intriguée. Et puis, pourquoi refusait-il de répéter ? Dans un coin de son esprit s'élaboraient déjà les hypothèses les plus douloureuses. Autant dire que le premier quatrain ne fit que les encourager. Plus encore quand on avait appris ce qu'était le vide. Ce qu'était le noir. Ce n'était tout de même pas ce qu'elle lui inspirait, si ? Ou alors cela n'avait rien à voir et il récitait au hasard ?

Son cœur se serra, et ses mains serrèrent les siennes. Et puis… puis, elle sourit, et de nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues, sous son regard illuminé.

Elle voulait lui dire que c'était le plus touchant des poèmes qu'elle n'ait jamais entendu. Elle voulait lui dire que tout ce qu'il avait dit, c'était comme le bonheur qu'il lui avait rendu. Elle voulait, mais l'émotion la laissait sans voix. Il aurait mérité de le savoir, pourtant. Elle se détestait de ne pouvoir lui dire. Elle était bien trop fragile. Il devait la prendre pour une folle en la voyant se mettre dans de tels états. Quand il lui répéta qu'il l'aimait, son sourire s'élargit encore.

— Je vous aime. Je vous aime. Je vous crois. Je vous aime tellement.

Comment ne pas le croire ? Comment ne pas le croire quand il la regardait avec tant d'amour dans les yeux et qu'il mettait tant de tendresse dans ses baisers ?

Elle se blottit contre lui. Ses bras formaient un rempart que ses démons ne pouvaient plus traverser. De fantôme, il n'y avait que la bienveillance d'un grand frère qui la voulait heureuse avant tout, et qui n'aurait que pu être soulagé aujourd'hui.

— Je vous aime, murmura-t-elle encore. Je vous aime, mon phénix, je vous aime.

Pour toutes les fois où elle l'avait retenu, elle ne pouvait s'empêcher de le répéter.

— Je vous aime tant.

Trop pour que son amour ne s'épuise d'avoir été dévoilé. Elle avait trop besoin de le rappeler, trop besoin de l'entendre. Mais il n'allait pas s'en agacer, pas vrai ?

— Je suis désolée si je me répète, mais je vous aime. Et maintenant il y a du soleil.
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Message par Coldris de Fromart Sam 22 Mai - 21:41




Sans doute l’avait-elle trouvé affreusement mauvais. C’est vrai qu’à la réflexion, il y avait toujours plusieurs petites choses qui le chagrinaient ici et là dans la mélodie. Il aurait peut-être dû le garder pour lui. Ou plus exactement lui laisser le loisir de le découvrir à la fin de Roméo et Juliette, au moins il n’aurait pas été présent. Il regrettait quelque peu de le lui avoir récité. En fait son arrogance légendaire s’arrêtait à la pointe de sa plume. C’était finalement affreusement gênant. Comme lorsqu’Alduis était tombé sur le seul poème qu’il aurait mieux fait d’ignorer. Savoir qu’il avait lu cela suffisait encore à le faire frissonner. Quant à ses pièces, il n’avait osé les faire lire qu’à Virgil qui ne les a pas trouvé si mauvaises. Lui, n’en voyait que les défauts.

Face à lui, sa petite luciole était comme un ciel de printemps, hésitant entre la pluie et le soleil, improbable mélange d’où naissaient les plus beaux arcs-en-ciel. Elle se blottissait désormais contre lui et l’inonda d’amour. C’était si étrange après tout ce temps. Comme une terre craquelée par une trop longue sècheresse, il avait du mal à digérer ce déluge d’émotions qui commençait à le faire planer plus surement que tout l’opium du monde sans qu’il n’en comprenne réellement la raison. C’était si doux et agréable qu’il commença à embrasser son cou sans plus jamais pouvoir s’arrêter, bien décidé à profiter de cette deuxième partie de nuit où les dernières barrières étaient tombées.

— Vous faites erreur,  nous avons encore toute la nuit rétorqua-t-il taquin

* * *

Le soleil n’était pas encore levé lorsqu’il émergea du sommeil pour la seconde fois. Il caressa ses cheveux, embrassa son front puis se leva. Cette deuxième partie de nuit avait été encore plus agréable que la première. Entendre ses mots et pouvoir les lui rendre en serrant son corps nu contre le sien… Il avait encore du mal à y croire. Peut-être n’avait-il que rêvé après tout ? Pouvait-on être si cruel ? Il le saurait sans doute bientôt. Pour l’heure, il ne pouvait se défaire de ce sentiment de plénitude absolue qui s’était emparé de lui.

Elle m’aime, Virgil. Elle m’aime, moi. Tu te rends compte ?

C’était tellement fou, tellement absurde, tellement merveilleux ! Il se sentait si léger, si invincible, si… Il croisa le portrait d’Aurélia en compagnie de ses parents. Oui, c’était comme cette fois-là. Et tout avait volé en éclat par leur faute. Il frissonna et son sourire se dissipa instantanément. Ce n’était qu’éphémère. Il ne devait jamais l’oublier, un jour viendrait où elle repartirait. Tout… Ceci… N’était rien d’autre qu’une parenthèse enchantée, douce et agréable. Comme les rêves d’opium, elle prendrait fin un jour et la chute serait terrible. Il secoua la tête et reprit sa route vers les écuries, bien décidé à prendre l’air avant son petit déjeuner.

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Message par Éléonore de Fromart Dim 23 Mai - 11:09

Éléonore le sentit immédiatement quand on se mit à chipoter dans ses cheveux, et la conscience lui revint quasi instantanément, sans impact notable sur sa respiration accoutumée à la simulation de sommeil. Il n'y avait qu'Ariste qui savait les distinguer. Même Gabriel s'y trompait, et pourtant ce n'était pas bien compliqué : tout était question de circonstances.

Coldris embrassa son front avant qu'elle ne l'entende bouger, puis partir. Encore. Comme cette nuit. Cette nuit… Ce qui était arrivé était parfaitement impossible. Et elle ne parlait pas de ce qu'ils avaient partagé et dont elle était déjà persuadée que jamais cela n'aurait le même impact avec un autre. Non, cela, c'était arrivé. Au moins la première fois.

Éléonore ouvrit les yeux, tourna la tête sur le côté. Son pendentif était là, sur la table de chevet.

Elle voulu tendre le bras pour l'attraper. Trop court. Soulevant d'une jambe les draps qui l'entravaient, elle fit passer l'autre par dessus son épaule, et le saisit du bout des orteils. Elle cru qu'elle allait se déchirer un muscle. C'était beaucoup moins compliqué dans ses souvenirs. Elle le laissa un instant absorber par le mouvement de balancier du bijou au dessus de sa tête.

— C'était ce que tu voulais, pas vrai ?

Elle voyait encore son sourire énigmatique, et s'imaginait sans mal qu'il aurait répondu "peut-être" rien que pour l'ennuyer.

— J'aurais bien aimé savoir ce que tu en pensais. De Coldris, souffla-t-elle.

Si elle lui avait demandé son avis, sa première réponse aurait sans doute été qu'il ne pouvait pas condamner un homme qui la rendait heureuse. Que si elle l'aimait, alors il l'acceptait qui qu'il soit. Mais elle aurait quand même voulu savoir, au fond, ce qu'il en pensait vraiment.

— Je sais qui il est. Je le sais, mais ça n'arrive pas à me repousser. C'est comme… négligeable par rapport à ce que je ressens. Et… C'est vraiment fort, tu sais… Tu me croirais, toi, si je te le disais. Tu ne chercherais pas de fausses excuses pour me contredire. Je l'aime tellement, Ariste… Tu es le seul qui pourrait me croire si je te disais combien je l'aimais. Je crois… Gabriel ne comprendra pas, n'est-ce pas ? Il pensera que je suis seulement déboussolée, que ça me passera, que je fais des caprices. Je crois qu'on ne se comprend plus. J'ai perdu le nord, sans toi. C'était toi ma vraie boussole. Je crois que même toi, tu ne pourrais pas concevoir combien j'étais perdue. Mais je sais que c'est vrai. Tu me croirais, pas vrai ? Si je te disais que je pourrais l'aimer pour toujours, tu me croirais, toi. Tu connais mon cœur.  Si je te dis que c'est pour de vrai, que ce n'est pas juste "quelque chose d'un peu plus fort", tu me croirais, j'en suis sûre.

Bien sûr qu'il l'aurait crue. Et elle aurait pu être certaine de ce qu'elle ressentait. Il aurait pu la serrer dans ses bras et l'écouter répéter pendant des heures combien elle était heureuse et combien elle se languissait de son merveilleux phénix.

— Et toi, tu aurais pu m'expliquer ce qu'il me trouvait. Pour que je puisse y croire. Je l'aime tellement, mais ça me dépasse.

Cela la dépassait, mais Bérénice devait avoir raison. Il ne pouvait pas se tromper autant. Lui faire confiance, c'était aussi accepter de croire qu'il ne se trompait pas complètement sur elle.

— Tu penses que tu aurais pu me laisser tes qualités en partant ? s'enquit-elle en sortant du lit.

A ça aussi, elle savait ce qu'il aurait répondu. Le pire était qu'elle aurait pu le croire.

oOo

Éléonore s'illumina en voyant son magnifique phénix. Elle sourit, hésitant à se montrer. Et si tout était faux ?

Sortie de la chambre, elle avait croisé Léonilde qui avait accepté de lui dire où trouver le vicomte. Sur tout le chemin, elle n'avait pas pu s'empêcher de se demander ce qu'il savait. L'autre question qui la tourmentait était la crainte de déranger Coldris en le rejoignant aux écuries. Après tout, s'il avait voulu qu'elle l'y suive, il le lui aurait demandé, non ? Elle ne voulait pas s'imposer. Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle se mettrait à le traquer dès qu'il sortirait, parce que c'était faux. Seulement… elle voulait tellement le voir, et entendre, ne fût-ce qu'une seule fois, que tout ceci était bien réel.

— Bonjour… hasarda-t-elle.
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Message par Coldris de Fromart Dim 23 Mai - 22:11



Ce n’était pas volontaire de sa part, mais c’était avec Sophia qu’il était venu au manoir du moulin. La petite dernière de huit ans tout juste à la robe d’un gris quasi blanc. Elle était aussi loin du noir d’Alkaios que possible, mais c’était une bonne jument brave au travail, docile et même plus encore amicale. Il ne comptait plus le nombre de fois où elle était venue poser sa tête sur son épaule comme une main compatissante. Ce matin-là, il prit son temps pour la bouchonner, la panser et finalement la seller. Cela lui arrivait régulièrement de le faire lui-même, pour le simple plaisir du contact avec ces animaux qui le fascinaient. Et puis, il devait avouer que c’était un moyen comme un autre pour essayer d’ordonner le flot intarissable de pensées qui jaillissaient sans discontinuité dans son esprit. Et ce matin, c’était un tumultueux torrent en pleine crue d’émotion qu’il devait canaliser.

Il n’arrivait plus à savoir s’il devait être heureux ou s’inquiéter de la fin qui ne ferait qu’arriver inévitablement. Une petite voix lui murmurait bien une solution radicale à son dilemme, mais il préférait l’étouffer aussi sec. Pied à l’étrier, il se hissa sur sa monture, sortant d’un pas lent des écuries sous la démarche chaloupée de son andalouse. Il sursauta légèrement en la découvrant au détour de la bâtisse, face à la fontaine encore gelée et toute décorée de sa guirlande de stalactites endiamantées. Il n’avait pas songé un seul instant qu’elle finirait par venir le trouver alors que les Laudes sonnaient tout juste.

— Bonjour ma petite luciole,fit-il lumineux, Avez-vous craint que je ne prenne la poudre d’escampette pour venir affronter le froid mordant des matins d’hiver ?

Il était d’humeur taquine en la voyant et libéra ses étriers avant de lui tendre la main.

— Vous voulez monter ? J’allais simplement faire un petit tour dans les bosquets avant le déjeuner. Une manie de vieux garçon, vous savez...

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Message par Éléonore de Fromart Lun 24 Mai - 11:13

Lorsque Coldris apparut, un timide sourire s'étira sur les lèvres de la jeune femme. Il dégageait toujours cette prestance incroyable, et le sursaut qui le traversa n'en enleva rien. Puis, il était beau ainsi. Quand il semblait heureux. 

Elle hésita à le saluer. Elle n'aurait même pas dû se trouver là. N'aurait-elle pas dû le laisser tranquille ? Heureusement, même s'il était étonné de sa présence, il s'en semblait pas si fâché. 

— C'eût été cruel de votre part de disparaître avant de me confirmer que nous avions bien fait le même rêve, répondit-elle. 

Car disparaître tout court, elle ne pourrait pas l'en empêcher. Et même s'ils avaient voulu qu'il en soit autrement, aujourd'hui, il faudrait se quitter. Elle se plongea dans son regard, pleine d'espoir. Ils avaient fait le même rêve merveilleux, n'est-ce pas ? Et tout ce qu'il lui avait dit était bien vrai ? Oh, il lui avait demandé de ne pas en douter mais cela semblait tellement incroyable… 

Elle hésita un moment quand il l'invita à monter, tout en roulant des yeux à sa précision.

— Ne vous sentez pas obligé de m'emmener… J'avais seulement envie de vous voir.

Et puis, si ce n'était qu'une promenade, il allait revenir par ici, n'est-ce pas ? Et ils pourraient encore être ensemble. Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle cherchait à piétiner son espace. 

Enfin, puisqu'il semblait décidé et qu'au fond elle avait bien envie de profiter de chaque moment qu'elle pourrait passer avec lui, elle saisit sa main pour le rejoindre - non sans en profiter pour lui voler un baiser. Puis, au bout d'un moment, elle remarqua quelque chose :

— C'est amusant... La dernière fois que j'ai dû monter ainsi, c'était avec votre fils... 

Elle ravala ses mots. Qu'elle idiote ! Était-ce vraiment le moment de penser à lui ? De penser à ce jour-là ? Mais elle avait promis à Alduis que sa relation avec son père ne changerait rien. Elle était toujours son amie comme avant, n'est-ce pas ? Certes, elle ne pouvait plus se mentir et prétendre que Coldris n'avait aucune importance, mais cela n'avait pas besoin de l'éloigner de son ami.
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Message par Coldris de Fromart Lun 24 Mai - 21:54




Lui avait-il fait peur en se levant de si bonne heure pour disparaitre dans les écuries ? C’était fort vilain, mais il ne put retenir un petit sourire malicieux. Et en même temps, cela aurait pu être le cas dans des circonstances différentes, il ne pouvait pas vraiment le nier. Il se pencha sur sa monture pour se rapprocher de son visage.

— Mais voyons ma jolie luciole, pour rêver il faut avoir les paupières closes. Or, il me semble que nous les avions tous deux ouvertes. Durant un temps du moins.

Ses yeux bleus pétillaient comme un lac au cœur de l’été alors qu’il l’observait, juché sur sa jument espagnole qui attendait sagement le départ. Il souriait autant de ses lèvres que de ses prunelles sérac, heureux qu’il était dans cette fraicheur givrée d’une fin de nuit de janvier. Il l’invita à prendre place à ses côtes, mais Mademoiselle renâclait et préférait rouler des yeux à ses propos, pourtant il n’avait dit que la vérité ! Il pensait néanmoins avoir de quoi la convaincre définitivement.

— Vous voulez que je vous le redise, c’est cela ? il marqua une petite pause, le temps de soutenir son regard Je vous aime, Eléonore de Tianidre.

Ses commissures s’étirèrent un peu plus encore, alors que la main toujours tendue vers elle, il attendait qu’elle daigne la saisir.

— Bon alors vous montez ou vous préférez faire la course à pied ? provoqua-t-il avec légèreté.

Elle attrapa finalement sa main et il se recula pour la hisser sur la selle devant lui lorsqu’un baiser s’invita furtivement sur ses lèvres le faisant frémir de délice. Il la laissa remonter les étriers à bonne longueur et ils purent se mettre tranquillement en route, son corps ondulant contre le sien au gré des pas de l’Andalou, au moins, blottie contre lui elle n’aurait pas à subir le froid. Sous les sabots, la fine couche de neige mêlée de givre et de gravillons crissait tandis qu’ils contournaient le domaine.

— C'est amusant... La dernière fois que j'ai dû monter ainsi, c'était avec votre fils...
Il souffla un petit rire dans son cou dénudé et posa son menton sur son épaule.

— Ma foi du moment que ce n’est pas lui que vous montez, tout va bien. fit-il taquin.

Remarque que l’on aurait pu prendre pour une quelconque requête si elle n’avait pas été si absurde dans ce contexte. D’ailleurs, elle pouvait bien voir qui elle voulait !

— Mais vous pouvez bien monter qui vous voulez maintenant, cela m’est égal. J’espère juste que vous ne serez pas avarde en détail. J’aime les belles histoires, ma douce brebis.

Et il ponctua son assertion d’un baiser dans son cou brulant comparativement l’air glacial.


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Message par Éléonore de Fromart Mar 25 Mai - 20:57

Pour rêver, il fallait avoir les paupières closes. Oui, mais comment la savait-on, à ce moment précis où le rêve se déroulait, que c'était le cas ? Comment le savait-on après le premier ricochet qui venait troubler la surface de l'eau et vous attirer dans un torrent de pensées inextricable qui vous ramenait à la conscience et ses tourments ? L'ennui était bien qu'avec la réponse qu'il lui fournissait, comment savoir s'ils faisaient référence à la même chose ?

À son regard, peut-être ? Oui, son regard plein de soleil. Plein de sourire. Oui, cela semblait évident. C'était forcément vrai. Elle ne devait pas douter, elle n'avait pas le droit.

Mais ce n'était pas parce que ses sentiments étaient sincères qu'il avait forcément besoin qu'elle le suive partout. C'était la meilleure raison au monde pour ne pas se montrer trop encombrante. Il avait peut-être besoin d'être seul… Il n'était pas obligé de l'emmener. Elle pouvait très bien s'occuper autrement, elle avait l'habitude. Elle avait passé cinq ans à s'occuper autrement pour laisser de l'espace à un homme qui en avait besoin. Alors qu'était-ce que le temps d'une promenade matinale ?

Toutefois, même si ce n'était pas le but de la manœuvre, elle sourit en l'entendant répéter ces mots qu'elle n'aurait jamais osé espérer l'entendre prononcer a peine quelques heures plus tôt. Elle n'eut même pas le temps de lui répondre qu'il fit remarquer qu'il ne comptait peut-être pas attendre qu'elle se décide pendant des heures - elle . Mais puisqu'il semblait vraiment d'accord pour qu'elle l'accompagne, elle saisit sa main.

Au cours de leur progression, une remarque lui échappa soudain, et elle craignit d'avoir dit une bêtise. Heureusement, le rire que Coldris émit ne semblait pas contrarié. Pas plus que son commentaire alors qu'il s'appuyait sur son épaule. Ce fut à son tour de rire.

— On parle d'Alduis, rappela-t-elle, avec tout ce que cela impliquait.

Et pour les trois meilleures raisons du monde, il n'y aurait jamais rien de ce genre entre eux. Même si elle ne pouvait qu'avouer qu'Ariste avait bon goût. Même cet espèce de… de… de… enfin, même celui qui avait accompli l'exploit de s'attirer son mépris avait de l'allure. Qu'avait-elle appris en manquant de se faire jeter dans le vide ? Pas qu'elle était mortelle, pour sa part, seulement que la jalousie c'était affreusement dangereux. Et inutile, comme l'avait toujours répété Tante Anne.

En réalité, elle n’aurait aimé qu’il s’arroge l’exclusivité. C’aurait eu quelque chose de malsain, d’injuste. Elle savait bien qu’une femme comme il fallait ne pouvait pas penser ainsi, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Parce qu’elle l’aimait vraiment, il ne devait pas en douter… Mais elle n’aimait pas qu’on lui pose des restrictions qui, de surcroit, auraient été unilatérales. Elle aurait fait tous les sacrifices du monde, il n’imaginait même pas ce dont elle était capable quand elle aimait, mais elle ne voulait pas d’une cage.

Sses lèvres quittèrent son cou. Ses paroles avaient malgré tout étiré un sourire sur son visage. Parce que c’était important. Important qu’ils se comprennent. Avec un léger rire, elle se pressa contre lui. Il était différent. Tellement différent.

— Si vous y tenez tant, répondit-elle comme une promesse. Mais je crains qu’il n’y ait pas grand chose à raconter. Je suis sûre que vous avez déjà assez d'anecdotes pour plusieurs vies, de toute façon.
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Message par Coldris de Fromart Mer 26 Mai - 11:51




Oui, on parlait d’Alduis, c’était bien pour cette raison que cela paraissait si absurde. Il devait se faire une raison, il n’aimait pas les femmes et ne les aimerait jamais, même s’il était parfaitement incapable de comprendre pourquoi ou même comment. Cela le dépassait plus sûrement que toute autre chose tangible ou même spirituelle. Il se marierait bientôt et il l’avait vu faire son possible pour que les choses se passent bien avec Florentyna de Monthoux. Il en était à la fois rassuré et fier de le voir prendre son devoir avec autant de sérieux. C’était bien pour cela qu’il avait fini par accepter plus ou moins cet état tant que cela ne rejaillissait pas sur leur famille.

— Certes. Eh bien dites-vous qu’il en va de même avec mon second fils qui est nettement moins difficile que le premier sur ce sujet.

C’était plus pour avoir le dernier mot que par une quelconque crainte, même s’il fallait admettre que même pour lui la situation serait fort dérangeante. Il passa rapidement à autre chose et se permit de lui préciser que rien ne la retenait. L’inconvénient d’être dans son dos, c’était qu’il ne pouvait pas lire son regard pour espérer deviner ce qu’elle en pensait. Implicitement, ce qu’il tentait de lui dire, c’était qu’il pouvait bien l’aimer de tout son cœur, il ne pourrait jamais lui offrir l’exclusivité de son corps. C’était ainsi et cela ne changerait pas, que cela lui convienne ou non. Il n’était pas ce genre d’homme, ne l’avait jamais été et ne le serait jamais. Mais il n’était pas non plus de ceux qui entendaient enchainer leur être aimé pendant qu’il jouissait ostensiblement de bonne compagnie par ailleurs. Il n’aurait jamais pu lui demander une chose pareille, et certainement pas alors qu’il en était amoureux. Tout ce qu’il désirait, c’était qu’elle soit libre et ne trompe jamais son cœur. Pour tout le reste, il ne poserait jamais aucune limite.

Il accueillit sa réponse avec un large sourire et resserra ses bras qui tenaient les rênes contre ses flancs, ravi qu’elle ne balaye pas ce qui était presque une proposition de sa part. Il ne l’en aima que plus encore d’avoir obtenu cette réponse, puisqu’il savait désormais que les choses étaient claires entre eux.

— Vous me rendez fou, vous savez ? chuchota-t-il dans le creux de son oreille avant de réellement lui répondre.

— J’ai tout juste assez d’anecdotes pour occuper vos longues soirées d’hiver et je meurs d’envie d’entendre les vôtres, quelles qu’elles soient. Quoi que vous en disiez, je les trouve des plus intéressantes.

Comme cette drôle d’histoire de hérisson et d’encre, et il était sûr qu’elle en avait encore plein et qu’elle en aurait beaucoup d’autres encore. Que cela concerne ou non ses amants, il écouterait avec avidité chacun des mots qui s’échapperaient de ses douces lèvres vermillon.

— Ne soyez pas si modeste, Éléonore, si je vous aime, c’est que vous êtes exceptionnelle.

Elle n’était que la deuxième femme qu’il aimait ainsi parmi toutes celles -il en avait perdu le compte- qu’il avait pu fréquenter depuis trente-neuf ans. Alors oui, elle ne pouvait pas douter d’être si formidable, car il en fallait beaucoup à Coldris de Fromart pour faire don de son cœur.

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Message par Éléonore de Fromart Mer 26 Mai - 19:58

Éléonore fronça les sourcils. Combien de fois comptait-il la mettre en garde, au juste ? Toutefois, elle ne releva pas, et le laissa continuer

Même si elle n'avait pas forcément besoin d'un autre amant, l'idée qu'il n'ait pas l'hypocrisie de lui interdire la rassurait. Il était bien surprenant qu'un homme arrive à penser ainsi, et même si ce n'était pas la première fois que le sujet surgissait, elle appréciait que l'évolution de leur relation n'ait pas impacté sa position.

— Vous êtes différent, répondit-elle à son premier commentaire, bien installée dans ses bras. Oui, il était différent, et c’était bien.

Quant à son répertoire d’anecdotes… Oui, il devait bien y en avoir qui pouvaient sembler distrayantes, mais la plupart ne se racontaient pas… Elle ne se vantait pas, elle n’était pas comme ça. Elle ne voyait vraiment pas ce qu’il y avait de si palpitant… et puis…

— Vous savez, je raconte très mal les histoires. Je ne raconte jamais. Je n’ai pas besoin que mes secrets soient racontés partout, cela me dérange, c’est tout.

D’ailleurs, avant qu’elle ne déraille complètement, il n’y avait jamais eu que deux personnes au courant de ses escapades. Ariste et Gabriel. Et Gabriel n’avait gagné sa confiance aussi rapidement que parce qu’il avait déjà celle d’Ariste depuis longtemps. Ces derniers temps, elle parlait beaucoup trop. Avant, elle n’avait jamais été si imprudente. Maintenant qu’elle retrouvait un réel espoir, elle le regrettait. Elle avait été vraiment stupide, comme toujours

Mais il l’aimait… Et cela voulait dire qu’elle était exceptionnelle… Oh, elle était certainement exceptionnellement insupportable, agaçante, stupide, inutile... Non, vraiment, elle ne comprenait pas ce qu’il pouvait lui trouver. Une part d’elle s’en voulait déjà presque qu’il l’aime, parce qu’il aurait mérité bien mieux.

— Vous pensez ? s’étonna-t-elle presque.

D’ailleurs, s’il l’aimait, cela voulait sûrement dire qu’il ne se lasserait pas d’elle avant qu’elle ne doive rentrer… Elle allait donc être obligée d’en parler à Gabriel, parce qu’elle ne pourrait pas justifier toute seule la nécéssité de rester à Braktenn… Parce qu’elle avait promis qu’elle ne le laisserait pas… Et d’ailleurs, cela lui fit penser que Coldris n’était pas le seul qu’elle ne devait pas abandonner, ni Gabriel le seul auquel elle devait la vérité.

— Vous savez… L’autre jour… Quand Alduis nous a surpris...

Elle hésita un instant. Comment était-elle censée formuler cela ?

— A ce moment-là, les choses étaient différentes entre nous. Enfin… Une part de moi, je crois, sentait déjà qu’il y avait quelque chose parce que… Enfin, soit, ce que je veux dire, c’est que nous en avons reparlé, le lendemain. Je lui ai dit… qu’il devait bien se douter que je n’attendais rien de particulier, que c’était seulement… distrayant. Et que cela ne changeait rien à notre amitié. Je lui ai même dit que si cela le dérangeait, j’étais prête à tout arrêter parce qu’à ce moment-là...

A ce moment-là, elle était encore sous le coup de toutes les mauvaises raisons qui l’avaient poussée à le fréquenter à l’origine. A ce moment-là, elle était encore bien trop perdue et ne savait plus réfléchir. A ce moment-là, elle avait beau se répéter sur tous les tons qu’elle n’en avait rien à cirer, elle avait peur de ce qu’il lui arrivait parce qu’une part d’elle ne voulait plus se blesser. Et tout un tas d’autres raisons plus inexprimables les unes que les autres.

— A ce moment-là, je faisais passer notre amitié avant. Parce que…

Parce qu’elle avait cru, peut-être, qu’elle supporterait la rupture ? C’avait l’air idiot. Encore aujourd’hui, elle ne s’y retrouvait plus dans ses pensées. Dans les raisons qui la poussaient à faire certaines choses qui n’avaient plus tant de sens…

— Parce que. Et je ne veux pas qu’il pense que son amitié ne compte plus pour moi à cause de nous, vous comprenez ? Parce que ça ne change rien, pas vrai ? Ce que je veux dire, c’est que je lui dois la vie et que je sais qu’il s’en veut encore. Alors que je sais qu’il ne pensait pas à mal. Et que… Que pour ça, j’aimerais qu’il sache, si ça ne vous dérange pas. Autant pour qu’il sache que je suis heureuse et qu’il n’a rien à se reprocher que pour ne pas lui mentir, vous comprenez ? J’aimerais qu’il sache, si ça ne vous dérange pas.

Oui, c’était important. Important qu’il sache que même si ces derniers mois avaient été atroces, il n’avait pas fait que l’enchainer à sa souffrance. Et que grâce à lui, elle était aussi heureuse, maintenant.

— C’est votre fils. Je comprendrais si vous vouliez lui en parler d’abord ou si vous ne vouliez simplement pas qu’il sache que c’est réciproque mais… vous comprenez ?
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Message par Coldris de Fromart Mer 26 Mai - 21:35




Différent. Oui, il était incontestablement différent. Il aurait pu citer un tas de d’exemples faisant de lui l’antéchrist du gendre idéal. Il ne ressemblait en rien à ces nobles dévots tirés à quatre épingles dont les paroles sonnaient aussi faux que la voix nasillarde de la vieille mendiante à moitié folle qui hurlait des insanités devant les grilles du palais. On se demandait bien pourquoi elle n’avait pas fini par être jetée à l’hôpital général, d’ailleurs. Enfin, là n’était pas le cœur du problème. Il était différent, et il prenait cela pour un compliment. Il n’avait jamais voulu être l’un de ces gentils petits moutons qui suivaient bêtement le troupeau en bêlant gaiement.

— Vous les racontez très bien, au contraire. corrigea-t-il immédiatement.

Mais elle renchérit de plus belle et Coldris souffla un petit soupire contrit avant d’arguer de nouveau

— Et ce n’est pas partout, si ce n’est que dans mon oreille. Je sais garder les secrets, vous savez.

Sans doute bien mieux que la plupart. Des secrets, il en détenait tout un tas, des dangereux, des lourds, des embarrassants, des violents, des peu reluisants… Et il n’avait jamais failli à les garder y compris lors de soirées bien arrosées. Il connaissait ses limites aussi bien qu’il ne savait les enfermer à double tour, hors de sa portée. S’il tenait tant que cela à les connaitre, c’est qu’il représentait chacun à leur façon une petite lucarne sur sa personne, sur une facette d’elle. Il voulait ouvrir chaque persienne et passer la tête par chaque carreau pour la découvrir. Parce que même les détails les plus insignifiants l’intéressaient. Maintenant qu’il était tombé amoureux, elle n’avait plus d’autres choix que de le supporter.
Et parmi les choses ces choses qu’il ne voulait pas, il y avait notamment cette manie qu’elle avait de s’effacer. Coldris n’en voulait pas. Pas avec lui. Il ne voulait pas d’un soleil voilé, il le voulait brillant de mille feux. Car oui, elle était exceptionnelle à plus d’un titre. Elle aussi était bien différente et elle avait accompli dans son âme une sorte de petit miracle.

—Vous pensez ?

Elle ne pouvait pas le voir mais un sourire joueur s’étira fugacement avant qu’il ne réponde très sérieusement :

— Non.

Il compta trois pas de Sophia et compléta finalement :

— J’en suis absolument certain.

Elle savait bien qu’il ne parlait jamais pour ne rien dire. Il ne lui avait jamais menti non plus. D’ailleurs il mentait rarement de façon générale. Du moins pas complètement. Enfin, la question ne se posait pas puisque s’il y avait une personne qui méritait son entière honnêteté c’était elle. Il embrassa sa joue et fit bifurquer sa jument.

— Vous savez… L’autre jour… Quand Alduis nous a surpris...

Ah oui ce jour-là, quand il était voir Virgil. Cela ne faisait pas même quinze jours et tout cela lui semblait avoir eu lieu une éternité auparavant. Il opina du chef contre son épaule. Il se demandait bien ce qu’elle allait pouvoir dire, car tout avait été résolu en grande partie grâce à elle. Et sa lettre… Sa merveilleuse lettre qu’il gardait précieusement dans son bureau. Il allait entrouvrir ses lèvres pour le lui dire, mais se ravisa. Il ne devait pas l’interrompre alors que tout cela semblait bien difficile à dire ou expliquer quoi que son message puisse-être.

… qu’il devait bien se douter que je n’attendais rien de particulier, que c’était seulement… distrayant.

Il acquiesça une nouvelle fois en silence. Bien sûr que tout ceci n’était qu’un jeu à ce moment-là. Il comprenait parfaitement et partageait même ce point de vue. Il ne voulait que profiter du fugace bonheur qui l’inondait chaque fois qu’elle s’approchait de lui. Oh, il ne lui en voulait pas d’avoir dit cela à Alduis, bien au contraire, il était ravi de savoir qu’il avait une amie telle qu’elle. Il n’en avait jamais eu jusqu’à présent et voilà qu’en quelques semaines, ils fleurissaient comme les fleurs au printemps. Elle n’avait pas à se justifier de ce qu’elle aurait fait à ce moment  dans tous les cas.

Et je ne veux pas qu’il pense que son amitié ne compte plus pour moi à cause de nous, vous comprenez ? Parce que ça ne change rien, pas vrai ?

Nouveau signe de la tête
— Il en faut plus que cela pour tuer une vraie amitié, ma petite luciole, croyez-moi sur parole.

N’est-ce pas ?

Elle lui devait la vie ? Ses sourcils se froncèrent. Il repassa machinalement en mémoire toutes les informations dont il disposait : son cousin, Ariste mort du typhus à Mornoy -après recherche dans les archives militaires-. Ce maudit typhus qui avait détruit Alduis… Il savait qu’elle avait voulu d’une façon ou d’une autre en finir, c’était ce qu’elle avait laissé sous-entendre à plus d’une reprise. Il ne comprenait pas ce que venait faire son fils là-dedans. Comment avait-il pu la sauver alors qu’il ne se connaissait pas. De cela, il en aurait mis sa main à couper, rien qu’à la façon dont il s’était salué dans le salon. Or Alduis était piètre comédien. Il écoutait toujours d’une oreille, mais la machinerie infernale de son cerveau s’était mise en branle incapable de s’arrêter avant d’avoir répondu à cette question.

Autant pour qu’il sache que je suis heureuse et qu’il n’a rien à se reprocher que pour ne pas lui mentir, vous comprenez ? J’aimerais qu’il sache, si ça ne vous dérange pas.

Comment pouvait-on sauver quelqu’un d’une telle résolution ? Virgil l’avait sauvé en lui parlant de Sarkeris, mais Éléonore n’avait pas d’enfant. Elle avait dit qu’il était tout.

C’est votre fils. Je comprendrais si vous vouliez lui en parler d’abord ou si vous ne vouliez simplement pas qu’il sache que c’est réciproque mais… vous comprenez ?

Que ferait-il s’il voulait être sûr qu’elle ne fasse rien d’insensé? Une lumière s’alluma subitement dans son esprit. Il lui avait demandé de rester en vie. Alduis avait dû transmettre ses dernières volontés. Sans doute quelque chose de cet ordre-là. Et il réalisa qu’il n’avait toujours pas répondu à sa question. Informer son fils. Oui c’était sans doute préférable.

— Oui… C’est d’accord. Je m’en chargerai.

Après tout c’était de sa responsabilité. Il n’avait pas du tout la moindre idée de comment il pourrait lui dire cela. Et il ne comprenait pas pourquoi il s’en voulait d’une telle chose. Parce que lui voulait toujours mourir ?

— Il vous a interdit de mettre fin à vos jours n’est-ce pas ?

Aurélia l’aurait sans doute fait si elle avait pu. Il n’en avait pas le moindre doute. Mais elle ne l’avait pas fait, parce qu’elle savait que tant que leur fils vivrait cela resterait plus important que n’importe quelle volonté suicidaire. Il lâcha les rênes et Sophia en profita pour gratter la neige de son sabot et arracher quelques touffes d’herbes gelées. Coldris passa ses bras autour d’elle et la serra contre lui.


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