[24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes

Quand ce fut son tour d’avoir l’épaule tapotée, Guillaume déglutit, tout intimidé, et il hocha timidement la tête. Hyriel, lui, n’eut rien à répondre et leva les mains en signe de reddition, alors que Guillaume rosissait encore plus. Il se passa nerveusement une main dans les cheveux.

« Oh, eh bien, si vous le dites... »

Il releva la tête et croisa justement le regard de sa chère Bélyl. Aussitôt, toute ses craintes s’envolèrent et son sourire revint alors qu’il se perdait dans le sien. Hyriel sourit, amusé, et les laissa sans les interrompre.

Les quatre amis observèrent un instant de silence pour le père des enfants… avant de se figer. Hyriel écarquilla les yeux en entendant le cardinal et en se sentant saisi. Sidéré, il ne put rien faire que se laisser traîner au sol, incapable d’user de ses jambes. Seule une grimace déforma son visage, avant que Florentin ne lui attrape les pieds. Pas pour le tirer à lui, c’eut été vain, mais au moins pour le porter et lui éviter de souffrir. Hyriel lui accorda un regard reconnaissant avant de saluer les autres en s’efforçant de sourire, bien que désolé et atterré. Il aurait voulu rester, lui. Un instant, il avait cru qu’il y aurait droit. Le cardinal était décidément bien cruel et aigri. Guillaume le regarda disparaître avec effroi. Il ne fut rassuré qu’en sentant la présence de Bélyl et la délicate caresse de ses lèvres sur sa joue, qui parvint à lui redonner le sourire.

« Merci... »

Il lui rendit un rapide baiser sur le front et lui caressa la joue en la voyant partir, elle aussi. Il resta là, la tête baissé, à espérer que le cardinal change d’avis.

Le sourire de Cecilia ne la quittait plus. Les bébés étaient nés, tout le monde était heureux, il n’y avait rien à craindre. Le général vint même lui tapoter l’épaule avec un compliment qui la fit rosir.

« Oh, merci… Et… j’en suis flattée... »

Elle se redressa et réajusta sa robe pour se rassurer, même si elle était tout émue. Elle écouta ensuite la fin de la discussion entre la petite Cassandre et Dame Irène, puis se recueillit un instant avec les autres. Elle ne connaissait pas le dénommé Antoine mais tout de même, elle le confia au Seigneur en une rapide prière.
Le mouvement du cardinal la surprit. Elle ne put rien faire d’autre qu’acquiescer d’un air absent. Après tout ça… même pas un instant de répit ? Elle le regarda disparaître avec le prisonnier, sans savoir quoi faire, incapable de formuler une pensée, avant de se précipiter à sa suite en songeant à quelque chose.

« Éminence ! »

Elle le rejoignit quand il atteignait la porte.

« Éminence, je… Je sais que ce n’est pas à moi de vous donner des conseils mais… la Messe, la Messe de la naissance de Notre Seigneur, ne devriez-vous pas vous y rendre ? Si Bélyl, Grâce et Ludovic sont revenus, c’est qu’elle est terminée et si le cardinal ne s’y est pas rendu... »

Elle se mordit les lèvres, incertaine, mais après tout, les gardes sauraient très bien ramener le sorcier en prison, non ?