[24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
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[24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Peut-être pour la première fois de leur vie, Irène et Grâce se trouvaient en retard pour la messe de Noël. Irène en était mortifiée mais elle ne pouvait pas vraiment aller plus vite avec son gros ventre. Elle se mordit la lèvre en regardant vers le grenier. Elle espérait que tout se passerait bien en laissant les garçons tous seuls là-haut. Elle soupira. Après tout, ils étaient grands et ils pouvaient parfaitement prendre soin d’eux-mêmes.
Irène se tourna vers Grâce et Cassandre. Elle ajusta le manteau de la première.
- Tu es prête ?
- Oui, maman ! Mais dis, pourquoi appelle ça une messe de minuit alors qu’on y va beaucoup plus tôt ?
- Parce que nous allons y rester jusqu’à ce que nous arrivions au 25 décembre pour l’anniversaire de Jésus !
-Ohhhhh ! Et il y a des gens qui fêtent leur anniversaire ce jour-là aussi ?
- Eh bien oui, j’imagine. Allez, allons-y, nous allons être en retard et les autres vont nous attendre !
Elle lui sourit avant de grimacer en se tenant le ventre. Grâce fronça les sourcils et vint lui prendre la main.
- Maman, tout va bien ?
Irène allait lui répondre quand elle sentit une nouvelle fois une sorte de crampe.
- Ça… ça va aller…
- Mais…
Grâce n’osa pas aller plus loin mais Irène sentit que ce « mais » n’était pas dénué de sens. Elle s’appuya un peu contre le lit en serrant les dents. Mais… c’était encore beaucoup trop tôt… Pas maintenant…
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Cassandre se sortit de ces pensées pour observer Irène qui aidait Grâce à mettre son manteau. Elle n'avait enfilé, elle, qu'une este. Pas besoin de plus. Surtout avec une robe de cette qualité. Elle n'aurait même pas besoin de cette veste mais Irène insisterait. Elle aurait peur qu'elle tombe malade. Comme si elle tombait malade facilement ! Si c'était le cas, elle se serait morte depuis longtemps. Grâce raisonnait sur la messe de minuit et Cassandre réalisa n'avoir jamais été à une seule.
"C'est la première fois que j'irai à la messe de minuit."
Aussi loin que ses souvenirs ça lui disait rien. Ou alors, c'était avant. Quand maman était envie.
"Ce soir-là, le lupanar ferme. Pour que les filles y assistent. Mais moi, je préférais me cacher et dormir. C'était pas souvent que je pouvais dormir plusieurs heures. Et avant... Avant, à la ferme, papa ne voulait jamais assister aux célébrations liées à la Vierge. Il disait.. Il disait que ça servait à rien d'honorer une mère qui laissait mourir des mères en couches. Et il disait qu'elle était inutile."
Cassandre baissa la tête en répétant les paroles de son père. Elle n'aurait peut-être pas dû les dire. Quoique.. Irène disait qu'elle pouvait lui parler de son passé. mais ça risquait quand même de la blesser. Elle aurait dû se taire. Une fois de plus. Elle reprit dans un murmure :
"Pardon..."
Elles allaient s'apprêtaient à partir quand Irène, anormalement pâle, avait un malaise et s'accrochait au lit. Grâce était effrayée alors que la mère prétendait que tout allait bien. Cassandre roula des yeux, exaspérée du mensonge.
"Mais oui ! Tout va bien ! Vous comptez nous prendre pour des idiotes combien de temps au juste ?"
Elle écarta avec douceur sa petite sœur et se planta face à Irène, mains sur les hanches.
"Vous couchez tout de suite !"
La fillette se tourna vers Grâce et ajouta de cette même voix ferme, digne d'un commandant.
"Toi, tu veilles à ce qu'elle reste couchée ! Et mouille le front avec un linge ! Et tu la fais boire !"
Une fois ces ordres donnés, Cassandre fila vers l'échelle, restée déployée depuis que leurs amis logeaient au grenier, et monta quatre à quatre les barreaux. Guillaume ferait bien de ne pas dormir ! Ou elle le réveillerait en le pinçant ! Ou en lui hurlant aux oreilles ! Ou le frappant même s'il persistait à rester dans ses rêves ! Il allait descendre examiner Irène. De gré ou de force !
Le grenier sous la charpente de la maison était une petite pièce étroite amis assez grande pour avoir pu aménager trois matelas et permettre aux occupants d'y vivre sans trop se marcher dessus. En passant la tête par le trou d'où sortait l'échelle, Cassandre examina les lieux et les récupéra en train de jouer aux osselets. Elle n'aurait pas de perdre à réveiller Guillaume. Parfait ! Elle fondit rapidement sur lui et le saisit avec autorité par le poignet.
"Allez ! On descend ! Irène a besoin de toi !"
Elle lui jeta un regard sévère, qui excluait toute négociation.
"Tu te grouilles ! Tout de suite !"
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Florentin, 28 ans ; Eugène, 23 ans ; Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Ce soir, c’était la messe de Minuit. Et toujours aucune nouvelle de leur ami dont le second procès fantoche approchait. Pour tromper leur inquiétude, les trois amis jouaient aux osselets, en silence, assis sur leurs matelas dans ce grenier que leur bienfaitrice les autorisait à occuper. Aucun ne parlait. Ils jouaient seulement pour s’occuper l’esprit avant de dormir, pas vraiment pour s’amuser. Comment s’amuser quand on avait un ami torturé et promis au bûcher ? En plus, ils seraient seuls cette nuit, puisque les trois autres allaient à la messe. Guillaume avait envisagé la possibilité d’y aller, pour y retrouver sa chère Bélyl, mais avait balayé l’idée aussitôt qu’elle était apparue : ce serait les mettre en danger tous les trois, mettre en danger Bélyl et mettre en danger Irène, Grâce et Cassandre. Trop d’inconvénients pour un maigre avantage, même s’il aurait adoré revoir Bélyl. Il pourrait toujours la revoir si elle venait les voir le lendemain… Et puis les messes de Minuit, c’était long. Très long. Pas autant que les messes de Pâques, quoique la concurrence était serrée. Aucun des trois n’étaient plus allé à la messe depuis la fuite de leur pays sauf durant le bref intermède jardinage. Même Eugène, pourtant le plus religieux des quatre, s’en passait très bien, préférant prier par lui-même plutôt qu’en communauté. Alors de toute manière, ils auraient sans doute évité la messe de Minuit, car trop longue, trop ennuyeuse et assez peu utile.
Ils jouaient donc aux osselets, écoutant sans en comprendre les tenants le bruit diffus des conversations de ces dames. Ils ne perçurent même pas le changement de ton, tant ils étaient pris dans la routine de leurs gestes mécaniques. En revanche, Florentin leva la tête en entendant l’échelle s’animer. On montait ? Les autres relevèrent également la tête et écarquillèrent les yeux en voyant Cassandre aussi déterminée. Guillaume, particulièrement, eut un mouvement de recul en la voyant venir vers lui. Quand elle le saisit, il se mélangea les jambes pour se relever et lâcha les osselets qu’il tenait.
« Q…Que se passe-t-il ? »
Il déglutit au regard sévère de Cassandre et cavala à sa suite. Il avait dû se passer quelque chose de grave.
« Oui, oui, j’arrive, ça va ! »
Eugène et Florentin, eux échangèrent un regard, rangèrent les osselets dans leur bourse pour éviter de marcher dessus et suivirent, pressentant quelque chose de grave.
« On peut aider ? »
Eugène, lui, demeurait silencieux mais pas moins prêt à aller où on lui dirait.
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Irène sentait bien que tout n’allait pas encore bien du côté de Cassandre. Elle s’inquiétait encore pour Hyriel, cependant, pour leur bien à toutes les deux, elle préférait ne pas en reparler. Elle avait surtout peur qu’elle prépare encore quelque chose mais elle n’avait ni envie de l’enfermer ni de la réprimander, surtout qu’elle risquait encore une fois de la braquer. Peut-être pourrait-elle demander à Guillaume de la surveiller, discrètement… À moins qu’ils n’aillent faire des plans tous les deux. Oui, bon, à oublier…
Elle se tourna vers elle quand elle parla de la messe de minuit et s’étonna un peu.
- Ah oui ? Les filles ne t’emmenaient pas avec elles ?
Elle comprit mieux à son explication. Elle hocha la tête. C’était sans doute mieux pour elle. Elle était certaine que le Seigneur comprenait les cas particuliers comme elle. De plus, Irène était de ceux qui pensaient que la spiritualité ne devenait pas effective comme par magie en rentrant dans une église. On pouvait la vivre partout.
L’explication suivante la fit hausser un sourcil. Cependant, elle posa une main sur son épaules.
- Non, ce n’est rien, je comprends. Ton père a dû beaucoup souffrir quand ta maman est partie, c’est normal d’en vouloir à la terre entière dans ces cas-là. Mais Marie nous a bien protégé, Madeleine, Pauline et moi, elle protégera Bélyl, Grâce et peut-être toi aussi un jour, même si je sais que tu ne veux pas pour l’instant. Tout ça pour dire que tu n’as pas à t’excuser de cela.
Quand elle commença à se sentir mal, elle secoua la tête. Non, ça ne pouvait pas…
- Non, mais… ce n’est pas possible… pas aussi tôt…
Elle tenta de refaire les calculs dans sa tête. Trois… Non, quatre… Quatre mois et… Et puis… Elle ne savait plus, les chiffres s’embrouillaient devant ses yeux, elle ne parvenait plus à réfléchir. Elle se passa une main sur le front. Un reste de fièvre ? Non, elle n’avait rien. Mais alors… Elle déglutit, une main sur sa poitrine. Elle sentait son cœur s’accélérer. Grâce vint lui prendre la main, inquiète, avec une toute petite voix.
- Maman…
Irène secoua la tête et caressa les cheveux de sa fille en évitant de trop grimacer.
- D’accord… je pense que ton petit frère ou ta petite sœur arrive. Tout va bien se passer, d’accord ? Je vous ai déjà eu tous les deux, je sais ce que c’est. Ça ne fait pas peur, alors toi non plus, tu ne dois pas t’inquiéter, d’accord ?
Grâce hocha timidement la tête. Elle se mordit la lèvre face à l’autorité de Cassandre et se défit de son manteau de bonne grâce. Sa fille la suivit avec une petite moue, hochant la tête aux demandes de sa grande sœur. Elle alla chercher un peu d’eau qui leur restait de ce matin puis le mit bien consciencieusement dans une vasque et le reste dans un verre. Elle le donna à sa mère qui s’était installée. Irène lui caressa la joue en voyant qu’elle était inquiète.
- Fais aussi attention à Ludovic, tu veux bien ?
- Oui, maman.
Elle plissa les lèvres et Irène comprit qu’elle réfléchissait.
- Qu’y a-t-il ?
- Mais Jésus, il ne va pas nous en vouloir si on ne fête pas son anniversaire avec les autres cette année ?
Irène sourit doucement.
- Non, ne t’inquiète pas, je pense qu’il sera heureux de voir un petit enfant venir au monde presque à la même date que lui. Et puis Marie est là, elle va m’aider.
Grâce s’illumina aussitôt.
- Ouiii ! Alors tout ira bien !
Bélyl volait presque vers la maison, joyeuse rien qu’à l’idée de seulement voir un peu Guillaume. Son père l’observait, amusé. Il ne savait pas encore bien ce qui rendait sa fille aussi heureuse mais il était plaisant de la voir ça ! Il respirait pour sa part le bon air frais du dehors. La soirée était claire, belle, froide certes mais sans nuage. Une belle lune ronde éclairait leur chemin.
Bélyl sauta presque de joie en voyant la maison arriver dans leur champ de vision. Elle fronça cependant les sourcils en voyant les volets tirés, aucune lumière et personne devant. Elle se tourna vers son père.
- Ils devaient bien nous attendre ? Non… ?
Joseph lui-même trouvait cela étrange. La ponctualité était l’une des grandes qualités de sa sœur. Et il avait soudain un mauvais pressentiment…
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Florentin, 28 ans ; Eugène, 23 ans ; Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Craignant le pire, Guillaume cavala à la suite de Cassandre, sans se poser de questions. Il entendit plus distinctement la voix d’Irène et son instinct de guérisseur prit le relais. Un instant durant lequel il croisa le regard de son frère, Florentin y vit la même lueur qui éclairait les yeux d’Hyriel quand il laissait le médecin prendre le relais sur l’homme. C’était peut-être ça qui avait convaincu leur ami de le prendre comme apprenti. Ou alors c’était venu au fil du temps. Impossible de savoir.
Guillaume arriva dans la chambre et vit qu’Irène était déjà sous la garde de la plus mignonne des infirmières qui soit. Un sourire éclaira son visage et il les laissa un instant, laissant Grâce formuler ses inquiétudes. Comment ne pas fondre ? Il laissa sa mère la rassurer et, tout en comprenant ce qu’avait déduit Irène sur son état, il fit un rapide examen des lieux. Une vasque, un petit linge… Il en faudrait plus, si c’était ce qu’il pensait. Il se pencha vers Eugène pour chuchoter.
« Tu peux trouver de vieux draps, s’il te plaît ? »
Eugène acquiesça et fila. Guillaume, lui, s’approcha doucement pour venir examiner Irène, comme il avait appris et comme il avait vu faire. Toutefois, son assurance médicale commençait à se fragiliser. Il avait appris la théorie avec beaucoup de précision auprès d’Hyriel, car celui-ci insistait sur le fait qu’il était capital d’être des plus soigneux, tant pour la mère que pour le bébé. Il avait assisté son maître lors d’un accouchement. Mais c’était tout. Il n’avait pas dû accoucher une femme en étant seul en charge. Et il avait peur de mal faire… Et si quelque chose se passait mal ? Il prit une grande inspiration pour se rassurer, au moins momentanément : s’il ne faisait rien, ça se passerait probablement mal alors il devait faire quelque chose, ne pas se laisser paralyser, pour que ça se passe bien. Il déglutit en se tournant vers Irène et s’efforça de prendre un air assuré.
« Tout va bien se passer, Madame, je… Mon maître m’a appris l’art de la naissance et je… Tout va bien se passer, je vais vous aider. »
Son assurance laissait à désirer mai qu’importe, il continua.
« Puis-je… toucher votre ventre, pour… un premier examen ? »
Il attendit son autorisation et s’executa, d’abord d’une main hésitante puis plus rassurée. Il palpa en douceur le ventre de la jeune femme, comme Hyriel faisait, pour localiser la tête et le siège du bébé. Mais il ne sentait rien… Enfin si, il sentait la bosse du bébé, et sentait des mouvements, mais il ne savait pas à quoi correspondait quoi. De nouveau, il prit une grande inspiration et ferma les yeux pour se concentrer. La tête, plus petite, était censée se trouver en bas… mais là, il avait l’impression qu’elle était en haut, comme si le bébé ne s’était pas retourné… Mais il devait se tromper…
Florentin, pendant ce temps, était allé rejoindre Grâce pour la rassurer, un genou au sol et une main sur son épaule.
« Ça va ? Tu veux venir avec moi pour qu’on discute en laissant ta maman tranquille ? »
Mieux valait sans doute que la petite n’assiste pas à l’accouchement et aux souffrances de sa mère…
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Dans la matinée automnale, la mère et les filles travaillaient dans la cuisine. Seule Cassandre, trop petite, jouait sous la table avec une poupée. La mère se figea brusquement, le visage pâle et s'accrocha à une chaise. Les deux aînées, de seize et quinze ans, accoururent. Elle se redressa et leur sourit.
"Tout va bien. Le bébé arrive."
Elle se retira et laissa ses filles seules. Agathe, l'aînée, tremblait Elle attrapa les mains de Sophie, la cadette.
"Le médecin ! Tout de suite ! Et papa !"
"Mais maman elle accouche seule. Elle a besoin de personne."
"Tu vas chercher le médecin ! Je suis ton aînée ! Alors obéis !"
Sophie s'éloigna à son tour. Sous la table, Cassandre observa, pensive, incapable de comprendre. Elle s'avança et prit Agathe dans ses petits bras.
"Elle est malade, maman ?"
Agathe se figea au contact. Elle ne répondit pas et saisit le poignet de Cassandre pour la mener jusqu'à sa chambre.
"Tu restes là. Je viendrais te chercher quand le bébé sera là."
La porte se referma aussitôt et la clé s'entendit dans la serrure. Cassandre resta devant, perplexe. Pourquoi Agathe avait-elle peur ? Maman avait dit que tout irait bien. Et maman ne disait jamais de mensonges. C'était interdit. Maman irait bien. Elle devait juste attendre dans sa chambre pendant que les adultes étaient occupées et jouer jusqu'à ce que quelqu'un vienne la chercher. Tout irait bien.
Cassandre émergea subitement de ses souvenirs lorsqu'elle perçut Florentin s'adresser à Grâce. Il lui proposait de descendre en bas et de laisser sa maman. Grâce... Elle avait oublié Grâce. Elle avait oublié sa petite sœur. Elle aurait été Agathe qui l'avait laissé écouter tous ces cris affreux. Elle ne pouvait pas lui laisser connaître ça. Elle ne pouvait pas.
"Non !"
Elle se précipita et saisit d'autorité le poignet de Grâce.
"Il a raison. C'est mal... C'est mal de rester avec une personne nue. Elle doit... avoir de l'intimité."
Son coeur tambourinait. Il résonnait dans ses oreilles. Un poids lui écrasait les poumons. Elle avait mal. Si mal. Sa main se resserra alors un peu autour du poignet de sa petite sœur. Elle devait l'emmener. Loin.
"Viens, Cassandre."
Sans écouter l'opinion de Grâce, Cassandre la tira d'autorité dans l'escalier. Elle marcha rapidement. Son coeur tambourinait toujours. Allait-elle s'écrouler ? Pas tout de suite. Elle devait mettre sa petite sœur en sécurité. Là où elle se sentirait rassurée.
"On va aller à l'église, Cassandre."
Sa main se resserrait de plus en plus fort autour du poignet.
"Je ne te laisserai pas seule, Cassandre."
De sa main libre, Cassandre ouvrit la porte de la boutique et découvrit l'oncle Joseph et sa cousine Béryl. Les ombres du passé s'effaçaient lentement et le présent revenait. Son coeur continuait à tambouriner. Sa respiration devenait de plus en plus sifflante. Des larmes commençaient à couler le long de ses joues. Elle lâcha soudain le poignet de Grâce et se jeta, en sanglots, contre son oncle.
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Irène vit descendre toute la troupe rapidement et leur sourit pour les rassurer, même si elle avait de plus en plus de mal à le tenir avec les contractions qui devenaient de moins en moins espacées. Elle respira un bon coup, comme les sages-femmes qui l’avaient assistée pour les naissances de Grâce et Ludovic le lui avait conseillé.
Grâce continuait de porter un linge à son front, quand même un peu inquiète. Irène vit Guillaume s’approcher. Malgré leur position, il semblait le plus anxieux des deux, ce qui était assez singulier… Elle secoua la tête et lui sourit.
- Ça va aller, oui. N’oublie pas que j’en suis à mon troisième accouchement. Tout devrait bien se passer.
Elle lui prit la main.
- Je sais que tu feras de ton mieux. De toute façon, nous n’avons pas le choix, tout le monde va être à la messe ce soir…
Elle lui sourit en hochant la tête à sa question.
- Bien sûr, tu risques d’avoir du mal sinon…
Elle se crispa de nouveau à une contraction mais contint sa grimace. Ça allait aller… Il le fallait… Tout était prêt s’il lui arrivait quelque chose mais elle ne voulait pas laisser ses enfants…
S’il vous plait, mon Dieu, Sainte Marie, pas encore…
Une contraction, plus violente.
Elle se redressa un peu en serrant les dents et en soufflant. La clef, c’était de bien respirer, sa première accoucheuse le lui avait dit. Elle était alors encore une jeune femme terrorisée mais tout s’était bien passé. Grâce était arrivée dans ses bras bien plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé. Tout irait bien, la encore.
Il le fallait. Absolument.
Grâce regardant sa maman, avec appréhension. Il ne pouvait rien lui arriver, elle avait dit qu’il n’arriverait rien… Elle soupira. Si sa maman le disait, c’était que c’était vrai, alors elle n’avait pas à s’en faire. Elle continuait consciencieusement son travail quand le grand monsieur Florentin vint lui poser une question. Elle releva de grands yeux vers lui et esquissa une petite moue.
- Non, je veux rester avec maman. Je dois l’aider !
Elle afficha un air déterminé comme les adultes mais sa grande sœur se mit soudain à crier. Elle sursauta, soudain paralysée. Cassandre vint lui agripper le poignet mais elle continua à secouer la tête.
- Non, je ne veux pas, moi ! Et maman ne m’a pas dit de partir alors je reste là !
Mais sa sœur ne la lâchait pas. Elle serrait sa main. Grâce essayait de se dégager mais n’y arrivait pas face à la force de Cassandre.
- Non, non je ne veux pas ! Laisse-moi rester là !
Elle cligna des yeux en l’entendant. Mais… Elle ne l’écoutait pas ? Elle voulait protester mais Cassandre avait l’air toute bizarre. Et elle l’appelait avec son nom. Mais elle n’allait pas bien… Grâce recommença à tirer mais Cassandre l’emmena près de l’escalier. Elle jeta un regard en arrière alors que sa mère semblait tout aussi inquiète mais ne pouvait rien faire, trop occupée avec le bébé.
Grâce ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle avait peur de tout. Pour sa mère. Pour le bébé. Pour Cassandre qui n’allait pas bien. Pour elle qui ne pouvait que descendre les marches à moins de tomber dans l’escalier. Elle secoua la tête.
- Mais je suis pas toute seule, je veux voir maman !
Bélyl et Joseph commençaient vraiment à s’inquiéter. Cinq minutes à taper à la porte et toujours pas de réponses ! C’était vraiment étrange. Joseph fronça les sourcils.
- Quelque chose cloche.
- Mais comment ouvrir alors, père ?
- Ben disons que je ne veux pas défoncer la porte, c’est que ça coûte ces machins-là !
Et pourtant, il faudrait bien faire quelque chose ! Il se passait quelque chose. Soudain, pourtant, la porte s’ouvrit alors sur Cassandre et Grâce qui avait recommencé à tirer pour se libérer. Devant l’étrange scène, ils restèrent un moment interdits. Joseph fut encore plus surpris quand Cassandre se mit à pleurer puis s’effondra dans ses bras. Il regarda sa fille et rentra un peu en fermant la porte avant de s’agenouiller pour prendre la fillette dans ses bras.
- Allons, allons, que se passe-t-il ? Pourquoi pleures-tu ?
Grâce pour sa part, maintenant qu’elle était libre, recula un peu avant de faire demi-tour. Bélyl capta son regard et courut après elle.
- Attends, où vas-tu ?
- Maman va avoir son bébé, je dois allez l’aider !
- Mais attends ! Grâce !
Elle se précipita à sa suite dans les escaliers en grimpant après elle.
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Florentin, 28 ans
Florentin se mordit la lèvre au refus de Grâce. Non mais… Et puis Cassandre qui faisait une tête bizarre, mais comment il était censé faire pour sortir les deux têtes de pioches les plus dures de Braktenn, au juste ? Il fronça toutefois davantage les sourcils en voyant l’expression de Cassandre. Oh non… Oh qu’il le sentait mal… Il retint son souffle, stupéfait, et déglutit.
« Cassandre… »
Il la vit emmener Grâce sans pouvoir rien faire, stupéfait. Un spasme fronça ses sourcils en entendant Cassandre se tromper de prénom et bon Dieu il sentit venir le drame. Il allait les poursuivre quand une présence d’esprit le fit se retourner avec son plus beau sourire vers Irène.
« Bon, eh bien… ne vous tracassez pas, je m’en occupe. »
Il hocha la tête en souriant avant de filer avec un dernier « T’es génial, frangin ! » pour l’encourager. Il cavala ensuite après les deux filles pour les arrêter avant qu’elles ne sortent – surtout qu’il entendait tambouriner – ou fassent une bêtise. Mais il n’en eut pas le temps. Elle ouvrit la porte. Et il y avait Bélyl. Guillaume allait être content, tiens. Quoi que ce n’était pas le moment. Et il y avait son père. Et il y avait lui. Il y avait un général monbrinien et il y avait lui. Et donc les autres. Manquas pus qu’aquo…*
Mais pour l’heure, Cassandre tombait en larmes dans les bras de son oncle et Grâce… Grâce repartait. Sainte mère de Dieu ! Florentin joignit les mains en prière et les secoua en levant les yeux au ciel. Elles étaient bien gentilles mais elles allaient le faire tourner en bourrique ! Il adressa un rapide salut du menton au général, pas le temps de faire plus, et il rattrapa cette fois Grâce, qu’il chopa sans ses bras – avec douceur, tout de même – pour la porter et lui passer l'envie de fuir.
« Op op op ! Attends un peu, toi ! »
Il prit les devants avant qu’elle ne râle.
« Le meilleur moyen que tu aies de l’aider, c’est de rester avec moi pour te détendre, loin de tout ce qu’il va se passer en haut. C’est une affaire de femmes adultes et de médecin et… je suis désolé mais ce n’est pas pour les petites filles gentilles comme toi, ni les grands frères comme moi. »
Il regarda toutefois Bélyl en se mordant la lèvre. Sa mère avait souvent demandé la présence d’une amie ou de sa fille la plus âgée, une présence féminine rassurante pour l’aider. Et puis ça rassurerait le frangin du même coup. Il soupira en jetant un regard vers le haut de l’escalier.
« Toi... je pense que tu peux tenter. »
*Manquas pus qu’aquo… : « manquait plus qu’ça… » (occitan)
Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Rester calme. Tout allait bien se passer. Le sourire d’Irène rassura en partie Guillaume et il vit qu’elle avait les bons réflexes, comme disait Hyriel. Il sourit à son rappel et acquiesça. Elle avait raison, elle savait faire, même sans doute mieux que lui… Il referma par réflexe sa main sur la sienne et hocha la tête plus franchement. Il n’était pas très rassuré mais ça allait déjà mieux.
« Oui, en effet. Et j’ai déjà aidé Hyriel alors… je sais comment ça se passe. »
Il prit une grande inspiration.
« À nous deux, tout va bien se passer, comme vous dites. »
Il souffla de rire à son commentaire très juste. Effectivement, ce serait plus compliqué sinon. Il s’exécuta alors soucieux. Il tourna la tête à la contraction qu’il sentit, inquiet pour Irène, puis à la deuxième. Il ôta ses mains pour l’aider à se redresser en s’efforçant de sourire.
« Ça va aller, Madame, vous respirez très bien, continuez comme ça ! »
Il se reconcentra sur son ventre pour essayer de voir le bébé, mais il n’y arrivait pas… Ce n’était pas comme disait Hyriel… Il fit à peine attention à ce qu’il se disait, sauf quand il entendit des cris. Il ouvrit alors de grands yeux en voyant Cassandre emmener Grâce. Il regarda son frère et ne put qu’esquisser un sourire, toujours aussi estomaqué, à son encouragement. Il le regarda descendre et déglutit avant de se reprendre. Il fallait rassurer Irène. Lui, ce serait après. Il se retourna vers elle et lui prit la main à son tour.
« Tout va bien se passer, Madame. Mon frère va s’occuper des filles et de votre fils, ils ne craignent rien avec lui. Il… a l’habitude de materner une ribambelle de frères et sœur. »
Habitude qu’il espérait ne pas s’être perdue avec les frères et sœurs en question, mais Guillaume refusa d’y penser plus avant. Il se mordit la lèvre toutefois. Il fallait qu’il lui transmette ses doutes. Il regarda alors le ventre de la parturiente avec appréhension.
« En revanche… Je peux me tromper mais j’ai l’impression que… que le bébé… ne s’est pas retourné… »
Il déglutit de nouveau en regardant Irène dans les yeux cette fois.
« Il pourra sortir, surtout que vous n’en n’êtes pas à votre premier accouchement, mais je ne vais pas vous mentir en vous disant que ce sera difficile… »
Mais saurait-il le faire ? Hyriel lui avait dit une manœuvre à faire dans ce cas là mais il n’était pas sûr de l’avoir retenu… et il n’aurait pas de seconde chance…
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Quelque chose bougeait.
Quelque chose descendait vers elle.
Quelque l'enveloppait. Mais ce n'était pas la mer. Ce n'était ces vagues d'ombres qui déferlaient si souvent sur elle et qui menaçaient de l'emporter. C'était doux. Elle se sentit peu à peu bercée.
Elle finit par relever la tête et croisa le regard e l'oncle Joseph.
Ses yeux pleuraient toujours.
"Oncle... Oncle Joseph..."
Elle reprenait lentement conscience quand les cris de Grâce lui parvinrent aux oreilles. Le bébé ? Le bébé ! Cassandre hurla et se mit à tirer sur la chemise de son oncle.
"Non ! Non ! Non ! La laisse pas rester ! La laisse pas rester !"
Cassandre paniquait à nouveau, livide.
"S'l te plait ! S'il te plait ! Elle doit pas rester ! Elle doit pas rester ! Si elle reste... si elle reste, si elle reste, elle sera comme moi."
A cet instants, les cris de l'agonie de sa mère retendirent à ses oreilles. Instinctivement, Cassandre se boucha les oreilles.
"Elle est en train de mourir ! Mais Cassandre... Cassandre, elle ne doit pas être là ! Cassandre est trop petite ! Elle ne doit pas être avec sa maman ! Cassandre doit partir !"
La fillette se tourna vers Grace, devant les escaliers, prête à monter, et ordonna d'une voix sèche :
"Ne monte pas, Cassandre !"
Elle marcha alors rapidement vers Béryl et la fixa d'autorité, les mains sur les hanches.
"Sophie, tu es son aînée. Alors, emmène-la. Descends au village et occupe-la. Ah, c'est pas vrai ! Est-ce qu'il faut vraiment que je fasse tout dans cette maison ? Sois un peu responsable pour une fois dans ta vie ! Et tu envisages de te marier, ma pauvre Sophie ? C'est pas demain la veille, dis donc ! Si tu sais pas gérer Cassandre, comment tu feras avec tes propres enfants ?"
Cassandre tourna la tête Grâce, toujours sévère.
"Allez, dépêche-toi de suivre ta sœur, toi."
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Un pincement à son cœur quand sa fille fut emmenée. Irène ne savait si elle voulait qu’elle reste où non. Le mieux était sans doute de la tenir à l’écart. Elle était trop jeune pour assister à cela…
Elle serra les dents, surtout en voyant et entendant Cassandre. Elle aurait voulu se lever pour comprendre ce qu’il arrivait mais sentit la tête lui tourner alors même qu’elle la relevait simplement. Elle porta une main à sa tempe, sentant le sang y battre furieusement. Pourquoi cela allait-il aussi vite ? Elle ne se souvenait pas avoir eu un sentiment si glacial lui traverser la colonne vertébrale. Elle eut soudain l’impression que quelque chose allait mal se passer. Elle se signa. Non, sûrement pas… Tout irait bien, elle était simplement en train de se faire des idées.
Cependant, elle ne parvenait pas à rester totalement tranquille en entendant Cassandre et en voyant sa fille se débattre. Elle regarda Florentin, nullement rassurée par son sourire. Elle l’implorait surtout de les ramener toutes les deux. Irène se tint surtout le ventre en sentant les contractions lui faire mal. Elle ne se souvenait pas d’une telle douleur…
Heureusement Guillaume qui tenait sa main la rassura quelque peu. Elle la serra par réflexe à une nouvelle contraction et sentit bien qu’elle avait fait craquer quelque doigt de sa pauvre sage-femme involontaire.
- Oups, désolée…
Elle se redressa doucement et souffla bien, comme on le lui avait appris. Allez, ce n’était qu’un mauvais moment à passer, ce serait bientôt fini. Si c’était comme pour Ludovic, ce serait d’ailleurs bien plus court…
Elle le regarda quand il parla de ses frères et sœurs et y vit un bon moyen de parler d’autres choses.
- D’accord… donc… Vous avez des frères et sœurs ? Ils sont déjà grands ?
Elle souffla en souriant doucement en imaginant Florentin entourée de plusieurs bambins. Alors qu’elle tentait de redresser la tête vers Guillaume, elle entendit sa supposition. Son cœur s’accéléré encore davantage et sa respiration se fit sifflante.
- Il… Il est…
Elle posa une main catastrophée sur son ventre. Son petit bébé… Coincé à l’intérieur… son souffle s’accéléra.
- Non… non, ce n’est pas possible… Pas lui… Il ne peut pas… Il… Il faut le retourner…
Elle sentit à la voix de Guillaume qu’il n’était pas rassuré… Non… mais… Il… Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Mue par son instinct, elle bascula sur le côté, en tentant de se lever. En marchant… En marchant, il se retournerait peut-être… il le fallait, il fallait qu’il sorte, qu’il voit le jour ce petit trésor…
En bas, c’était tout autant l’anarchie. Joseph ne savait pas bien que faire de ses torrents de larmes et Bélyl peinait à suivre Grâce. Heureusement, elle vit Florentin descendre et soupira. Enfin, de l’aide ! Et il pourrait leur dire un peu mieux ce qu’il se passait.
Joseph pour sa part tentait de caresser les cheveux de Cassandre et de la rassurer. En entendant grâce, il crut mieux comprendre. Il se pinça les lèvres. Ah, il avait bien choisi son moment, le petit neveu ! Enfin bon, on ne choisissait pas ces choses-là… Et pour naître maintenant, il serait certainement béni du Seigneur. Cependant, Cassandre ne semblait pas du même avis car elle se mit à hurler en l’agrippant. Joseph écarquillant les yeux, ne comprenant pas bien. Il tenta de la secouer un peu.
- Allons, allons… Cassandre, qu’est-ce qui te prend ? Qu’est-ce qui se passe ? Tout ira bien, il ne lui arrivera rien.
Il dut la lâcher quand elle se boucha les oreilles et resta interloqué face à sa réaction. Mais bon sang, qu’est-ce qui lui prenait ! Elle avait l’air d’avoir perdu la tête ou d’être possédée !
- Cassandre ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?
Grâce qui avait été attrapée par Florentin fronça le nez.
- Mais laissez-moi, d’abord ! Maman a besoin de moi, vous comprenez rien !
Elle dut cependant se calmer quand il lui parla doucement avec autorité. Elle se renfrogna. Elle n’avait pas le droit de désobéir. Elle s’attrista sur la fin.
- Mais pourquoi ? Je veux juste aider moi…
Soudain, Cassandre se tourna vers eux et se remit à hurler. Bélyl écarquilla les yeux, ne reconnaissant pas sa cousine.
- Sophie ? Mais…
Joseph secoua la tête, lui signifiant par un geste que ce n’était pas la peine. Grâce pour sa part se recroquevilla dans les bras de Florentin, toute tremblante. Elle ne comprenait pas ce qui arrivait à sa grande sœur et ça la terrifiait. Pourquoi elle hurlait ? Pourquoi elle l’appelait par son prénom ? Ça n’avait pas de sens… Elle secoua la tête.
- Non, je ne veux pas…
Elle se blottit contre Florentin en espérant qu’elle le protège. Joseph pour sa part imbriquait les pièces du puzzle. Des images de soldats terrorisés en revenant du front lui revinrent en tête. Il revit ses gars qui semblaient revivre des souvenirs et les jouaient comme au théâtre. Sauf que ça n’avait rien d’un jeu. Tout à coup, sans prévenir, il la saisit par les épaules, la mit face à lui et lui asséna une spectaculaire gifle.
Le temps se figea dans la pièce. Plus personne n’osait piper mot avant que Joseph, tout en gardant Cassandre entre ses grandes mains, ne lève les yeux vers les autres près de l’escalier.
- Bélyl, monte voir ta tante et la rassurer. Je reste là pour m’occuper de ce bordel.
Bélyl acquiesça, blanche comme un linge avant de monter à pas de loups pendant que Grâce restait trop sonnée pour bouger ou parler.
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Florentin, 28 ans
Le beau-père du frangin gérait Cassandre, c’était ça de moins. Il s’occupa donc de récupérer Grâce. Elle résista, comme prévu, mais comprit ses explications. Il lui sourit avec douceur pour la rassurer.
« Moi aussi, j’aimerais bien, et c’est tout à ton honneur d’être aussi dévouée pour ta maman. Malheureusement, pour aider, il faut avoir des connaissances particulières que nous, nous n’avons pas. »
Autant ne pas mentionner directement le frangin médecin devant son beau-père…
Mais alors Cassandre se redressa et repartit dans son délire. Pauvre enfant. Florentin aurait aimé la réconforter aussi mais la priorité était Grâce, le général se chargeait déjà de sa nièce. Florentin resserra en douceur son étreinte contre sa jeune amie pour lui caresser le dos et la rassurer. Quant à Bélyl, il se mordit la lèvre mais avait confiance, elle comprendrait. Et il n’avait pas le droit de lui donner d’ordre, surtout en présence de son père, alors il le laissait gérer. Il espérait toutefois qu’elle ne le prendrait pas pour elle…
La petite voix inquiète de Grâce fit que Florentin remonta sa main pour tourner sa tête vers lui et pour l’entourer de son grand bras. Comme ça, elle n’avait rien à craindre. Il ferma les yeux et sursauta à la gifle. La respiration forte, surprise, il ne put rien faire pendant quelques secondes. Quand le général prit la parole, Florentin ne put s’empêcher de souffler d’amusement. Il encouragea Bélyl d’un sourire avant de se reconcentrer sur la pauvre petite Grâce, dont il caressa la joue du pouce.
« Tu veux qu’on aille à la cuisine, tous les deux ? »
Eugène, 23 ans
Dans le grenier, Eugène avait cherché tous les vieux linges aptes à servir de torchons et, surtout, pas trop sales. Hyriel leur disait que c’était important, alors c’était important. Les gestes du jeune homme étaient précis, rapides, et son regard à l’affût. Il n’avait pas le temps pour se distraire. Tel qu’il connaissait Guillaume, il allait angoisser et ce serait parfaitement compréhensible. Heureusement, il avait Florentin avec lui, et peut-être Grâce et Cassandre, qui lui remettraient les idées en place en lui faisant accepter l’idée qu’il n’était pas plus mauvais qu’un autre, au contraire, même. Après, il se demandait tout de même ce qu’il se passait en bas parce que ça criait pas mal. Il espérait que ce n’était rien de grave et que ce n’était que son esprit qui analysait mal le volume sonore.
Quand il eut amassé les ressources demandées, il redescendit du grenier et sauta le dernier échelon pour arriver à la chambre. Mais il vit la bonne amie du petit monter. Ce n’était pas normal. Et puis la voix de Cassandre venait d’encore en bas. Il inclina la tête, intrigué. Mais que se passait-il encore ?
Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Quand Grâce disparut, Guillaume vit l’inquiétude d’Irène mais songea en lui-même que c’était finalement la meilleure chose. Il s’efforça de rassurer Irène comme il le pouvait, tout en surveillant si tout allait bien pour elle et le bébé. Il déglutit en la voyant se signer et sourit pour la rassurer, même si, en même temps, il était lui-même effrayé. Il la voyait souffrir mais il ne savait pas si c’était normal ou si elle souffrait trop…
Il prit la main d’Irène pour la rassurer et se mordit la lèvre quand elle lui broya les doigts. Pourtant, à ses excuses, il s’efforça de sourire.
« Ce n’est rien, rassurez-vous. Je n’ai même pas eu mal ! »
Il ne voulait pas qu’elle s’inquiète pour lui. Il l’aida à se redresser et reprit son examen. Il se mordit la lèvre à sa question. Il aurait dû se dire qu’elle allait s’y intéresser… Mais il ne pouvait rien dire. Il était Monbrinien, ses frères et sœurs étaient encore en vie, tout allait bien, il n’avait pas de raison d’être triste. Au prix d’un grand effort sur lui-même, il hocha la tête, sans cesser de sourire.
« Oui, en effet. Je suis le dernier et Flo est le premier. »
Et l’un des deux derniers, donc… Au moins, tout cela la détendait. Toutefois, il dut être honnête avec elle et s’effraya en l’entendant paniquer. Il resta un instant stupéfait, la mâchoire articulant dans le vide, et déglutit.
« Il… »
Il revint maître de lui quand il la vit bouger et se leva pour lui prendre les épaules.
« Non ! »
Il avala difficilement sa salive en s’efforçant de s’adoucir.
« Non, ne vous inquiétez pas, on peut… on peut le retourner mais il faut que vous restiez calme et… oui, détendue. Si vous êtes crispée, ce sera peut-être plus difficile… Il faut vous détendre et je pourrai le retourner… »
Il était devenu presque implorant, autant pour elle que pour lui, parce qu’il savait qu’il n’y arriverait pas sinon.
« S’il vous plaît… »
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
"Tu vas faire quelque chose, crétin !"
C'était la grosse voix de papa. En colère. Pourquoi ? Il ne s'énervait pas normalement. C'était maman qui criait. Et jamais très fort.
"Papa ! Papa ! Laisse-le ! Il fait ce qu'il peut !"
La voix d'Agathe reprenait, terrifiée. Pourquoi ils agissaient tous comme ça ? Et pourquoi ils ne faisaient rien pour maman ? Elle criait. Elle criait. Elle avait mal. Qu'ils arrêtent de parler et qu'ils s'occupent de maman ! Cassandre resta l'oreille contre le mur, cherchant désespérément à comprendre ce qui arrivait dans cette maison normalement tranquille.
Les souvenirs abondaient dans son esprit et troublaient le jugement de Cassandre. La moindre intervention de Grâce la replongeait dans ce passé. Dans cet état où elle était une toute petite fille, innocente et impuissante, Elle devait la protéger. Elle devait. C'était le rôle des aînés que prendre soin des petits.
Soudain, une gifle magistrale claqua sur sa joue et la coupa de ses pensées. Elle observa, hagarde, l'oncle Joseph qui la tenait dans ses bras. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi il l'avait frappé ? Elle n'avait rien dit de mal. Pas même un gros mot. Elle n'arrivait pas à se souvenir. La confusion flottait dans son esprit. Que faisait oncle Joseph ici ? il devait venir ? Oui, il devait venir. Avec sa cousine. Pour la messe de minuit. La messe de minuit... Elles se préparaient pour y aller. Puis, Irène avait eu ces douleurs. Et ce visage. Le bébé allait arriver. Guillaume était à l'étage à aider Irène. Et puis.. Et puis, il y avait Grâce qui n'en faisait qu'à sa tête. Qui ne voulait pas obéir. Qui voulait rester avec sa mère. Elle se souvenait moins ensuite. Qu'avait-elle fait ? Avait-elle pu dire des paroles étranges, comme l'autre fois en forêt avec Sylvère ? Peut-être. Elle détestait ça ne pas savoir ce qu'elle avait fait.
"Pardon, oncle Joseph."
Elle murmura l'excuse en baissant la tête.
"Irène... Irène va avoir le bébé. Et ma mère... ma mère est morte en mettant mon petit frère au monde. Qui est mort lui aussi."
Elle releva la tête et fixa son oncle, les yeux suppliants, remplis de larmes.
"J'avais l'âge de Grâce. J'ai tout entendu. Depuis la chambre. A l'écart. Alors, s'll te plait, oncle Joseph, ne laisse pas Grâce rester. S'il te plait. Envoie-la moi. Elle ne doit pas entendre tout ça. Elle ne doit pas entendre tout ça."
Sa voix tremblait en murmurant sa supplique.
"Pitié, oncle Joseph. Pitié. La laisse pas.. La laisse pas devenir comme moi."
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Guillaume ne semblait pas lui en vouloir pour la maltraitance de sa main. Elle lui sourit en hochant la tête. Elle aurait voulu poser d’autres questions mais préféra se concentrer, d’autant que les contractions lui prenaient presque toute son attention.
Cependant, la nouvelle lui fit perdre presque tout son sang-froid en moins d’une minute. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle tenait son ventre. Ça ne pouvait pas… Pas son petit bébé… pas le dernier souvenir qu’il lui restait d’Antoine… Sa respiration se fit sanglotante.
Elle secoua la tête en entendant Guillaume.
- D’accord mais j’ai… j’ai besoin de marcher. S’il te plait… je dois d’abord marcher… Ca allait pour les accouchements de Grâce et Ludovic alors... ça ira aussi là, non ?
Grâce garda une petite moue, par principe. Elle croisa ses petits bras en gardant le silence, même si elle savait bien que monsieur Florentin avait raison. Pendant le délire de Cassandre, elle oublia tout et se blottit contre lui. Elle tremblait encore un peu à cause de la gifle et hocha la tête à la proposition de Florentin.
- Mais je ne pourrais plus revoir maman, cette nuit ?
De son côté, Joseph soupira de soulagement en sentant que ça avait marché. Bélyl fit de même avant d’obéir et de disparaitre dans l’escalier. Joseph secoua la tête vers Cassandre.
- Non, c’est moi qui m’excuse. Je n’aurais pas dû te gifler mais je ne connais pas d’autres moyens. Quand mes gars font ça, c’est ce qui marche le mieux.
Il fronça les sourcils en l’écoutant et secoua la tête.
- Il ne va rien lui arriver. Je me doute que… que ça a été difficile pour toi mais Irène ira très bien et le bébé aussi. Alors ne panique pas, d’accord ?
Il lui frotta les épaules.
- Bon, pour Grâce, nous allons faire ce qu’on peut mais tu comprends qu’elle a aussi envie de voir sa mère, non ? Et pardonne-moi de te dire ça mais tu n’es pas en état d’aller nulle part. Alors on va aller dans la cuisine, reste là et attendre, d’accord ? Personne ne finira mal ce soir.
De son côté, Bélyl avait monté et trouva Guillaume avec sa tante. Elle sourit avant de comprendre que ça n’allait pas trop.
- Bonjour… Vous avez besoin d’aide ?
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Florentin, 28 ans
Florentin eut vraiment du mal à ne pas sourire en voyant la moue de Grâce. Choupinette… Et son petit mouvement de bras était absolument adorable. Cela ne dura toutefois pas et Florentin la prit contre lui avec douceur pour la rassurer. Cassandre, quant à elle, eut l’air de revenir à elle avec la baffe, ce qui était l’effet escompté. C’était une bonne chose de faite, donc. Florentin laissa le général s’occuper d’elle et se concentra sur la pauvre petite Grâce. Il se mordit la lèvre.
« Je ne pense pas, malheureusement, je suis désolé. Nous pourrons toutefois la revoir quand ton petit frère ou ta petite sœur sera né. »
Il se dirigea vers la cuisine et entendit de loin ce que la grande petite disait. Il se pinça les lèvres. Logique qu’elle ait peur avec ça… Pauvre gamine… Mais le général gérait alors il s’assit dans la cuisine, Grâce toujours dans ses bras.
« Tu veux que je te raconte une histoire ou que je te chante une comptine ? »
Eugène, 23 ans
Bélyl entra dans la chambre et Eugène passa à sa suite. Il sentit la situation tendue alors il déposa les draps en s’assurant que Guillaume le voit et il s’éclipsa, signant brièvement qu’il restait derrière la porte, au cas où. Et il sortit.
Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Il n’y eut pas d’autres question sur la défunte fratrie Malhièr et, intérieurement, Guillaume s’en réjouit. Il leur accorda une pensée avant de se reconcentrer sur Irène. Les larmes venaient et il n’y pouvait rien, mais il voulait la rassurer… Mais lui-même n’en menait pas large… Il se mordit la lèvre à sa demande et hocha la tête.
« Bien sûr mais… promettez-moi de ne pas aller trop vite parce que vous vous inquiétez et de revenir vous asseoir dès que vous le sentirez venir, s’il vous plaît… Et rassurez-vous, votre bébé naîtra, je vous le promets. »
Il mit tout ce qu’il avait d’assurance dans son regard en serrant la main d’Irène. Il ferait tout pour tenir sa promesse. Il se prépara à l’aider à se relever et vit Eugène. Il le remercia d’un signe de tête et lui confirma de même qu’il avait bien compris avant de se tourner vers Bélyl, hésitant, le cœur battant à cause de l’angoisse autant que parce qu’il était heureux de la voir. Il lui rendit son salut par un sourire. Il n’en menait sans doute pas large pour le reste mais il n’eut pas le temps de s’en préoccuper. Et elle avait apparemment compris qu’il y avait un problème. Lui-même aurait bien eu envie de la serrer dans ses bras pour la rassurer et pour se rassurer lui mais il lutta pour ne pas le faire. L’important, c’était Dame Irène, pas lui. Il se tourna donc vers la maîtresse de maison, la laissant décider.
« Voulez-vous que nous vous aidions à marcher tous les deux ? »
Hyriel Radgery- Sorcier, herboriste, écrivain public ~ Pharmakós de service
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Mais oncle Joseph, lui, il parlait gentiment. Il essayait d'y croire. Il ne méritait pas d'entendre ses idées noires. Il aurait assez de temps pour pleurer quand Irène mourrait.
"Non, ça va. c'était une bonne méthode."
Elle n'allait quand même pas se plaindre pour une petite baffe. Au lupanar, les premiers mois, la patronne la battait pour ses révoltes. Et bien plus durement. Et elle n'avait jamais ni versé une larme ni poussé un cri.
Elle tenta de sourire quand oncle Joseph dit qu'Irène et le bébé raient bien. Elle savait que non. Mais ça se serait méchant de blesser oncle Joseph.
"Si Hyriel était là, il arrangerait tout."
Le nom du guérisseur avait jailli spontanément de sa bouche. Il agissait en elle comme un baume bienfaiteur. Si Hyriel était là, oui, et-tout irait bien.
"Il m'a sauvé l'an dernier. J'étais malade, affaibli par les privations de sommeil et de nourrir. Je devais mourir. Mais Hyriel m'a donné une potion qui a soigné la maladie de mes poumons. Et j'ai été guérie."
Sa mine s'assombrit en se rappelant de l'affreuse cellule où moisissait son ami. Elle soupira.
"Mais il ne peut pas venir. Tout ça, parce qu'un idiot pense que soigner les gens, c'est diabolique !"
Des larmes perlèrent à ses yeux à la pensée du sort injuste que le guérisseur encourait. Pourquoi ne pouvaient-ils rien faire ? t pourquoi ces gens d'église, qui prétendaient défendre l'amour du prochain, brûlaient des gens qui s'évertuaient à sauver la vie de nombreuses personnes ? Non, c'était pas juste. Pas juste du tout. Cassandre écouta docilement la suite des paroles de l'oncle Joseph et hocha timidement la tête.
"D'accord. Mais je veux juste... Si Irène commence à crier, qu'on entend qu'elle a mal, je veux que Grâce parte. s'il te plait. C'est trop pénible d'entendre sa mère avoir mal."
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
La jeune mère observa Guillaume et soupira.
- D’accord, j’irai doucement, c’est promis.
Elle hocha la tête en crispant un peu sa main sur son ventre. Oui, elle lui fera voir le jour… Elle respira un grand coup et lui serra la main en retour. À ce moment, elle vit Bélyl, puis Eugène avec les draps ce qui acheva de la rassurer un temps. La jeune fille hésita un moment à s’approcher, tant parce qu’elle voyait Guillaume paniqué que parce qu’elle ne savait pas quoi faire. Cependant, elle grimpa les dernières marches et sourit.
- Bonjour, ma tante.
- Je suis contente de te voir… ils ne sont pas trop secoués en bas ?
- Ça va… Père est avec Cassandre et Grâce et Florentin aussi, je crois… Elles sont entre de bonnes mains.
Irène soupira de soulagement. Bon, c’était déjà une bonne chose… Elle leur sourit à tous les deux, se sentant déjà moins seule. Elle allait hocher la tête vers Guillaume quand un petit cri se fit entendre. Elle se tourna en se mordant la lèvre.
- Oh non, Ludovic…
Bélyl avisa le nourrisson dans son berceau et secoua la tête.
- Ça va aller, je m’en occupe !
Elle laissa Irène aux bons soins de Guillaume pour aller prendre le petit bébé et le bercer.
- Chut… Là, tout va bien, petit cousin…
Irène l’observait tout de même, angoissé que l’ambiance ne l’effraie. Il était encore si petit… Elle agrippa la main de Guillaume.
- Tu penses que ça ira seul ?
Pendant ce temps, Grâce ne pouvait que soupirer. Elle voulait voir sa maman elle… Et si elle la réclamait ? Si elle avait peur ? si Alexandre revenait et qu’elle devait la protéger de lui ? Il n’avait pas intérêt à venir les embêter d’ailleurs, ça non ! Sinon, elle le chasserait avec le balai, d’abord !
Elle releva cependant la tête vers Florentin puis le laissa les guider à la cuisine. Elle boudait encore un peu mais moins. Elle soupira de nouveau avant de réfléchir.
- On peut réciter des chants à Marie ? Si elle les entend, elle viendra aider maman !
Joseph fut absolument ravi qu’elle ne lui en veuille pas. Eh bien, heureusement ! Cependant, il plissa les yeux en voyant que son sourire n’avait rien de très franc. Bah, elle s’inquiétait sans doute… Il pencha la tête à son étrange réplique.
- Hyriel ? C’est qui ça Hyriel ?
Bizarre, il était certain d’avoir entendu le nom de ce zouave quelque part… Il écouta attentivement la suite et fut de plus en plus perplexe.
- Une potion ? Mais c’est quoi, un genre de docteur ?
Ses neurones commençaient à se remuer un peu. Les sages-femmes de la ville étaient toutes à la messe à cette heure… Et bonjour pour en déloger une ! Et si jamais il y avait des complications ? Elle partirait sûrement en courant… Il plissa les lèvres.
- Bon, d’abord… Qui est avec ma sœur là-haut ? Il y a quelqu’un qui s’occupe d’elle ?
Si non, il était d’avis d’aller dénicher ce gars. Après tout, sa nouvelle nièce pouvait raconter des histoires mais certainement pas maintenant et dans un moment aussi grave. La suite le fit davantage froncer les sourcils.
- Mais voyons comment ça, diabolique ? Cassandre, j’espère que tu n’as pas été trainé avec n’importe qui.
Il resta tant fixé sur cette idée qu’il ne pensa même pas au fameux gus que son frère avait été pêché un peu plus tôt dans la semaine. Il garda ses mains sur ses épaules ensuite avant de hocher la tête.
- Soit, nous l’enverrons à l’église, après tout, c’est là qu’elle était censée aller.
Il se redressa et ôta son manteau avant de retrousser ses manches.
- Bien. Maintenant, nous allons essayer de mettre un peu d’ordre ici. Veux-tu bien aller prendre des nouvelles là-haut, s’il te plait ?
Ce n’était pas attendre dans le froid et la nuit qui le dérangeait. C’était le fait que sa famille soit en retard. Certes, Joseph ne brillait pas par sa ponctualité mais ce n’était pas le cas de sa sœur qui avait tendance à prendre de l’avance. Très logiquement, tout cela devait s’équilibrer… Matthieu soupira alors qu’il continuait à faire les cent pas devant une des sorties de la place, celle face à l’église.
Il n’y avait pas que son corps qui tournait, son esprit aussi. Pourquoi les attendre ? Il les verrait bien là-bas, non ? Alors pourquoi persistait-il à rester planté comme une souche en risquant de gelant également Cecilia au passage ? Il plissa les lèvres, sans pouvoir arrêter son manège au risque de lui-même se donner le tournis.
Était-ce alors à cause de ce mauvais pressentiment qui lui mordait les entrailles depuis le début de la soirée ? Non, non. Superstition ridicule… Ce genre d’intuition, c’était bon pour les paysans qui prétendaient savoir quand il allait pleuvoir… Alors pourquoi cela lui tournait dans la tête ? Il commença à marmonner entre ses dents.
- Qu’est-ce qui peut les mettre à ce point en retard ?
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Les gens de la ville étaient stupides. C'était la seule conclusion logique à ce phénomène. Ou ils ne prêtaient attention à rien. Elle se rappelait de fabliaux entendus ici et là, que les gens se racontaient pour se distraire, et ces récits se moquaient constamment des gens de la campagnes. Qui les faisaient passer pour des idiots. Comme cette histoire sans le moindre sens où un paysan venait à la ville pour vendre ses produits au marché, accompagné de sa femme, mais il y avait tellement de monde qu'il finissait par la perdre t retrait finalement dans son village avec une autre femme. Cassandre était bien d'accord pour reconnaître que découvrir la ville et son affluence pouvait rendre confus et se perdre mais jamais une personne ne rentrerait avec une autre que celle qu'elle l'était venue. Les gens de la campagnes étaient peut-être illettrés mais pas stupides. Et ils retenaient, eux, les détails importants. Dans son village, elle ne comptait plus le nombre de gens capables de ressortir ce qui s'était passé dans telle famille à telle période. C'était comme quand ces idiots de gens de ville se moquaient des paysans qui affirmaient prédire que la pluie approchaient. Ils les accusaient d'être superstitieux. Pourtant, c'était pas des croyances, mais de l'observation. Comme elle-même l'avait fait une fois, pu avant que e survienne l'averse de grêle qui avait détruit leurs précieuses vignes. Si Agathe l'avait laissé sortir, elle aurait pu les sauver en plaçant de la paille pour protéger les ceps. Comme tout bon paysan l'aurait fait. Mais tout ça, ces gens de la ville ne voulaient pas le comprendre. Ils pensaient tout savoir car ils savaient lire.
Comment elle pouvait expliquer à oncle Joseph pour qu'il comprenne enfin ? Sylvère ferait de belles et longues phrases mais Cassandre craignait que ça lui embrouille l'esprit. Elle se rappela alors d'Alduis qui lui demandait de reprendre si elle disait trop de mots, surtout quand ils étaient compliqués. Or, lui et oncle Joseph avaient un point commun : ils étaient militaires. Le cerveau des soldats étaient trop petits pour assimiler trop d'informations en une fois ? Peut-être. En même, pour accepter d'envahir des pays qui ne demandaient rien, tuer des gens et en déporter d'autres en esclavages, il ne fallait pas être bien intelligent. Ou sinon ils n'auraient pas obéi.
Ses idées s'ordonnaient peu à peu alors qu'elle retournait la tête vers oncle Joseph. Elle reprit d'un ton calme, s'efforcer de ne pas montrer son agacement.
"Hyriel. Le guérisseur arrêté par oncle Matthieu."
Ses mots la blessaient. Douloureusement. Comme si à chacun d'entre eux, elle se prenait un coup de poing dans les côtes. En comparaison, celui d'Alduis, qui lui avait brisé le nez, lui avait bien moins mal.
"Il soigne des gens. Des tas de gens. De maladies. De fièvres. Des femmes qui accouchent. Et il fait ça gratuitement. Sans rien demander en échange. Il est juste content de sauver une vie."
Ce n'était pas entièrement vrai. Hyriel faisait payer ceux qui avaient de l'argent, surtout les nobles. Mais elle n'allait pas embrouiller plus l'esprit de son oncle. Elle devait rester simple et efficace. Comme avec Alduis.
Est-ce que oncle comprenait? Cassandre observait le moindre regard, tendue, quand elle le vit s'interroger sur l'état d'Irène. Son esprit réfléchit à toute allure et une idée lui venait à l'esprit. Elle avait une opportunité pour permettre l'évasion. Si elle réussissait à persuader l'esprit simple de l'oncle Joseph, le plus dur serait fait. La fillette reprit d'une petite voix.
"Il y a Guillaume. C'est l'apprenti de Hyriel. Mais il est jeune. Il a le même âge que Béryl. Il sait soigner les maladies et les rhumes. Mais les accouchements, ça il ne connaît que la théorie. Hyriel voulait attendre encore un peu pour l'amener à la pratique."
Elle marqua une pause puis ajouta d'une petite voix :
"Si Hyriel était là, tout irait bien."
Elle roula alors des yeux quand son oncle se montra stupide à répéter bêtement les idioties de l'oncle Mathieu.
"Il n'est pas diabolique, Hyriel. Il ne fait que soigner les gens. Les soulager Mais on l'accuse de mauvaise choses parce qu'il est infirme. Mais il ne fait rien de mal. Jamais."
Cassandre avait plaidé au mieux la cause. Il ne restait plus qu'à déterminer si l'esprit de son oncle avait su comprendre la portée de ses mots. Elle en était déjà à envisager la suite de son plan. Si sa tentative portait ses fruits et que le guérisseur arrivait dans cette maison, elle, elle sortirait. Elle prétexterait aller prier une petite heure à l'église mais en profiterait pour avertir rapidement Louise et Phaïde. Ses deux amies avaient déjà concocté une organisation pour une évasion. Il ne leur manquait plus que l'opportunité et ça la fillette leur apporterait. Aujourd'hui, la nuit de Noël serait la nuit du défi.
L'oncle Joseph ôta finalement son manteau et lui demanda de remonter à l'étage prendre des nouvelles d'Irène. Le visage de Cassandre blêmit aussitôt alors que a fillette eut un mouvement de recul instinctif. Non, elle ne retournerait jamais dans cette phrase où elle se confronterait à nouveau aux visions que sa mère lui avait laissé en mourant. Son corps entier tremblait et se révoltait à cette idée.
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Florentin, 28 ans
La pauvre petite Grâce n’appréciait pas la situation et Florentin la comprenait. Il profita qu’elle fut contre lui pour lui caresser la joue du pouce.
« Tu sais, si ça peut te rassurer, la plupart des mamans préfèrent que leurs enfants ne soient pas là… Elles préfèrent qu’on les protège en restant dehors. En tout cas, pour ma maman à moi, c’était comme ça. »
Pendant ce temps, le général demandait qui était Hyriel. Florentin ne put manquer à un instant d’étonnement. Il était général, il vivait dans cette ville, il était le frère du cardinal et il n’avait pas entendu parler de l’arrestation, du procès et de tout ce qu’on racontait ? Vivait-il dans une grotte ? Mais bon, comment lui expliquer que c’était le type que son frère disait sorcier et qui était le maître du copain de sa fille ? Heureusement, Cassandre se chargea des réponses et Florentin put donc aller s’installer avec Grâce dans la cuisine. La petite regagnait un peu de sourire. C’était déjà ça… Il la laissa réfléchir à sa proposition et en fut un instant étonné avant de hocher la tête. Il n’en connaissait pas beaucoup et il n’était pas entièrement sûr que ça fasse effet mais soit. Si ça pouvait rassurer son amie, d’accord, et si jamais ça fonctionnait, pourquoi pas, après tout ?
« D’accord ! Tu commences ? Et je m’adapte à celui que tu choisis ! »
Eugène, 23 ans
En sortant de la chambre, Eugène arriva dans un champ de bataille, ou presque. Les forces en présence semblaient en être aux négociations post-massacre. C’était donc cela, les cris… Il arriva juste quand ça parlait d’Hyriel et entendit le général demander un rapport. En voyant Cassandre effrayée, il comprit que ce serait fichu de ce côté et, de toute manière, mieux valait que plus personne ne les dérange. Il descendit donc quelques marches et inclina la tête, l’expression neutre.
« Eugène, un ami. Si je puis me permettre, M. le Général, de suppléer à cette jeune fille pour cette question, je pense pouvoir vous fournir une réponse assez précise dans la mesure où je reviens tout juste de la pièce en question. Ainsi donc, Mlle Cassandre vous l’a déjà dit : en haut est le jeune Guillaume. Il a déjà aidé le dénommé Hyriel, dont on vous a parlé, à accoucher une jeune mère et il connaît bien la théorie. Quant à Mme votre sœur, elle connaît également ce domaine et à eux deux, ils semblent pouvoir mener à bien la naissance de votre neveu. Toutefois, s’il faut être tout à fait honnête avec vous, d’après ce que j’ai pu en voir, le jeune Guillaume est fort peu rassuré, pour des raisons évidentes, de même que votre sœur, comme il est normal à une femme dans sa situation. Je ne vous cache pas que, hors toute considération d’ordre affectif, le jeune Guillaume préférerait avoir Hyriel à ses côtés mais je peux comprendre que ce soit difficile à mettre en œuvre, étant donné la situation légale de cet homme. »
Les bouts de chacun de ses doigts en contact avec ceux de l’autre main, il demeura droit, debout sur sa marche d’escalier, attendant la réponse et les éventuelles. Aurait-il dû détailler davantage son rapport ?
Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Irène entendit les conseils de Guillaume. Celui-ci en fut soulagé.
« Je vous en remercie de tout cœur. »
Il la sentit se détendre quand Bélyl et Eugène arrivèrent. C’était déjà ça aussi… Il vit toutefois l’hésitation de Bélyl et essaya d’étirer son sourire pour la rassurer. Il écouta avec inquiétude son rapport et fut rassuré en apprenant que Cassandre et Grâce ne risquaient rien. Il faisait confiance à son frère et de ce qu’il avait vu du père de son amie, c’était pareil. Et ça rassurait Irène. En revanche, le cri de bébé l’effraya. Il l’avait oublié ! Mais il ne pouvait pas se réveiller maintenant… Heureusement, Bélyl s’en occupa et il s’efforça de respirer pour se détendre, un sourire aux lèvres en voyant le visage apaisé de sa bonne amie. Il baissa toutefois la tête vers Irène en sentant sa main et déglutit, ramené à ses angoisses. Il baissa les yeux. Il devait être sincère.
« Je pense. Je ne vous cache pas que je préférerais grandement… assister Hyriel, plutôt que gérer moi-même mais… mais ça va aller, j’ai déjà assisté lors d’un accouchement, je… je pense que ça va aller. Je sais comment faire. »
Mais si seulement Hyriel était là… Lui saurait s’occuper d’un accouchement aussi compliqué…
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
C’était si étrange d’aller à la Messe de Minuit dans une cathédrale ! Cecilia y avait toujours assisté aux Santi Quattro Coronati. Elle n’était allée qu’une seule fois à la toute nouvelle basilique San Pietro, pour Pâques, avec ses sœurs du couvent. La messe de Noël, de devait être splendide ! Et elle y allait avec la famille du cardinal et du général, c’était un grand honneur !
Mais pour l’instant, ils les attendaient, le cardinal et elle. Ils prenaient du temps… Et vu les mouvements et le visage du cardinal, ce n’était pas normal… Elle espérait qu’il n’y avait rien de grâce…
Tandis que le cardinal faisait les cent pas, Cecilia resserrait sa cape autour d’elle pour ne pas attraper froid. Recroquevillée sur elle-même, elle suivait du regard le cardinal en le sentant inquiet, mais elle n’osait pas demander ce qui le travaillait à ce point, de peur d’interrompre sa pensée. Alors elle attendait.
Quand il marmonna, elle déglutit et fit un pas. Elle le regretta aussitôt, à cause du mouvement de sa cape qui fit passer de l’air frais, mais ne se résolut à parler.
« Peut-être devrions-nous aller voir ? » (plus timide) « Cela apaisera sans doute les craintes que vous semblez avoir… »
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Irène hocha la tête vers Guillaume en lui souriant. Tout irait bien… Elle serra la main de Guillaume qui paniquait complètement au réveil de Ludovic. Le pauvre ne semblait pas avoir l’habitude et c’était normal s’il était le petit dernier…
Bélyl pour sa part tenta de sourire aux deux mais Ludovic ne semblait pas ravi. Il criait et pleurait. Elle déglutit. Elle avait un peu prit le coup de main avec maxime mais ne savait pas non plus quoi faire. Irène grimaça.
- Il a peut-être faim…
- Mais tu ne vas pas l’allaiter maintenant, si ?
- Je crois qu’il va bien falloir, sinon il va continuer à pleurer…
Elle s’assit et Bélyl lui apporta le bébé qu’elle essaya d’apaiser tout d’abord en le berçant. Elle observa Guillaume, compatissante.
- Je me doute mais… Il va bien falloir faire ça à deux je pense…
Grâce gardait ses petits bras croisés, moyennement convaincue. Pourquoi elle voudrait être toute seule d’abord ? Elle aimait bien quand elle lui faisait des câlins… Et elle était sûre que des câlins ça lui ferait plaisir : Elle songea un instant à le distraire ou à l’endormir avant de rougir. Non, ce n’était pas bien… Mais Cassandre le faisait bien, elle… Oui mais elle était grande et elle, elle était petite, elle devait encore obéir aux adultes. Elle baissa la tête. Ce n’était pas très gentil de penser ça en plus… Elle soupira en demandant silencieusement pardon à Jésus, comme lui avait appris le père Jacques. Elle espérait qu’il ne soit pas trop fâché…
Elle réfléchit à un chant qu’elle allait pouvoir chanter avec Guillaume. Elle s’illumina en trouvant. C’était un facile en plus !
- Et si on chantait Dame de Lumière ? Tu le connais, il est très joli !
Encore une fois, Joseph avait la vague impression d’avoir dit une sottise. Il fronça les sourcils devant les airs éberlués des autres. Quoi encore ? Diable, pourquoi fallait-t-il qu’il soit toujours à côté du panier ! Il haussa un sourcil vers Cassandre, espérant cette fois avoir une réponse, pas comme devant les deux autres zouaves à la caserne l’autre jour ! Ah c’était fort ça tout de même !
Quand elle lui expliqua, il fronça un peu plus les sourcils avant de comprendre.
- Ahhh mais ce gus-là ! Dame, je n’avais pas son nom, moi ! Je savais juste qu’il en avait choppé un mais ils sont pas non plus intimes au point de s’appeler par leur prénom, qu’est-ce que j’en savais, moi !
Il croisa les bras. Bon. En attendant, ça devenait problématique cette histoire… Ce drôle était en prison, accusé de sorcellerie, avec des aveux s’il se souvenait bien. Il fronça les sourcils.
- Dis donc, ce type-là, c’est vraiment un sorcier ou c’est encore une histoire à la con… euh, je veux dire une histoire à dormir debout… J’ai jamais vraiment cru à ces fables de sorcellerie mais bon… on ne sait jamais.
Il doutait un peu. Il avait peut-être un esprit aussi cartésien que sa sœur mais bon, comment savoir si y avait pas vraiment des sabbats la nuit ? Bon, le fait que son frère y croit dur comme faire n’était sans doute pas un argument. Surtout que Cassandre développait dans le bon sens. Il soupira.
- Bon. Admettons que ce soit un chic type ton gars. C’est peut-être pas le plus indiqué, je te rappelle qu’il en prison pour crime de sorcellerie. Tu comptes le faire sortir en claquant des doigts ?
Il écouta la suite en se pinçant la lèvre. Ah oui, Guillaume. Bon, cette fois, il n’était pas marron, il le reconnaissait ! C’était le gars que sa fille avait ramené du marché avec les grenades. Il fronça les sourcils. Un jeunot, il avait l’âge de ses cadets ! C’était pas tout à fait le mieux, surtout s’il avait pas vu beaucoup d’accouchement. Et les sages-femmes n’allaient pas être légion une nuit pareil.
Alors que Cassandre insistait, il leva les mains.
- D’accord, d’accord, j’ai compris ; il est merveilleux, fantastique, formidable ! Mais il est en prison et je n’ai que ta parole pour savoir qu’il est fiable. Tu comprendras que ce n’est pas vraiment suffisant. Est-ce qu’Irène le connait seulement ?
Alors qu’il lui demandait autre chose, elle se mit à trembler et à reculer. Il se remit à genoux pour lui prendre les épaules.
- Eh, tout va bien, je ne te forcerai pas, promis.
Il vit alors arriver un gars maigrichon et pas trop grand. Sûrement un rat de bibliothèque ce drôle-là ! Et effectivement, à peine avait-il commencé que Joseph se trouva complètement perdu. Oh là… Faudrait songer à réduire le nombre de mot ! Bon, les informations importantes… Guillaume, la sœur… ouais, jusque là rien de nouveau… Il haussa un sourcil. Eh, ils composaient pas un acte de vente non plus ! Zut, il aurait bien voulu avoir Pauline sur ce coup-là ! Il dodelina de la tête en soupirant.
- Ouais, ouais, et loué soit son nom, j’ai compris. Bon, il a l’air très bien votre gars, hein, c’est pas le problème mais vous comprenez bien que je vais pas aller réveiller mes collègues et leur « Bonjour, je vous emprunte le sorcier pour accoucher ma sœur et je vous le rends dans deux heures, joyeux Noël ! ». Premièrement, comment le bébé se présente. S’il est par la tête, y a pas de raison de s’en faire, Irène n’en est pas à son premier et il trouvera bien son chemin le petiot, non ?
Matthieu soupira en s’arrêtant enfin à la remarque de Cecilia. Il leva les yeux au ciel.
- Je ne suis pas certain d’être le bienvenu… Bien sûr que ce serait mieux mais je pense que ma sœur risque de me jeter dehors à coup de balais… Et puis pourquoi s’inquiéter, hein ? Après tout, il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter…
Bien sûr, c’est pour ça que tu tournes en rond depuis une demi-heure en te rongeant les sangs, idiot…
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Florentin, 28 ans
Grâce boudait. Mais c’était adorable. Elle semblait réfléchir à diverses options ou autres arguments à opposer mais sans grand succès. Florentin se contenta de plisser les yeux, amusé, avant de s’étonner en la voyant rougir puis baisser la tête.
« Ça va ? »
Il la laissa réfléchir à un chant et s’éclaira au nom.
« Oui, et je suis d’accord, il est très joli ! »
Il prit une grande inspiration, scanda « un, deux, trois ! » avant de chanter, d’une voix calme, douce et grave.
Porte nos prières
En tous temps et en tous lieux
Auprès de Dieu
Eugène, 23 ans
Le général semblait perplexe. Eugène le laissa répondre à Cassandre sans intervenir, intérieurement amusé, même si son visage demeurait de marbre. Cet homme avait un parler proche de celui de Florentin, ce qui était étonnant pour quelqu’un de si bien placé mais signifiait sans doute qu’il était proche de ses soldats. C’était une bonne chose. Il lui exposa donc la situation et, cette fois, ne put retenir ses lèvres qui esquissèrent un très léger sourire amusé face à la réponse du général. Cet homme ne manquait pas d’humour ! Et au moins, il avait compris ce qu’il disait. Heureusement, car son air perdu durant son explication n’augurait rien de bon. La peste soit des idées de son père, qui ne lui avait appris que le monbrinien des actes. Il était difficile de quitter certaines habitudes. Mais il n’eut pas le temps de s’appesantir là-dessus car le général posa une question… décisive. Eugène se mordit la lèvre, ne sachant vraiment comment dire, par manque de vocabulaire technique ou autre. Une grimace lui tordit la lèvre.
« Justement, puisque vous mentionnez ce point… Il se peut qu'il y ait quelque chose de différent cette fois et, de ce que j’ai entendu, Guillaume lui-même pense que la présence du dénommé Hyriel, que votre sœur connaît, donc, ne serait pas de trop. »
Il ne savait toutefois pas quoi dire de plus pour ne pas effrayer la jeune Cassandre qui semblait déjà au bord de la syncope, alors autant ne pas détailler ce qu’il pensait avoir entendu.
Guillaume, 16 ans, apprenti guérisseur
Le mouvement d’Irène força Guillaume à se remettre les idées en place. C’était normal pour un bébé, il allait se calmer, tout allait bien se passer. Il s’efforça de sourire à Irène pour lui montrer qu’il était rassuré, avant de se mordre la lèvre en espérant que Bélyl arriverait. Ça semblait plus compliqué que prévu… Il laissa Irène prendre les choses en main cette fois. Après tout, c’était son bébé, elle savait mieux qu’eux. Il hocha la tête pour signifier qu’il n’y avait pas de contre-indication. Et puis intérieurement, il se disait que ça l’aiderait sans doute à s’apaiser… À propos de l’accouchement, il prit une grande inspiration et hocha de nouveau la tête.
« Je m’en doute, oui. Et j’en serai capable, ne vous inquiétez pas. Mais pour l’instant, je pense que je vais… vous laisser nourrir votre fils. »
Il se détourna pudiquement pour observer le mur. Certes, il était théoriquement médecin mais bon… quand même.
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Au mouvement du Cardinal, Cecilia se mordit la lèvre craignant d’avoir dit une bêtise, mais s’inquiéta plutôt de la réponse. Sa sœur ne voulait pas de lui ? Mais… pourquoi ? Toutefois, la fin lui fit froncer les sourcils. Elle n’était pas dupe ! Elle baissa toutefois timidement la tête, ne souhaitant pas être impolie.
« Sauf votre respect, Éminence, vous semblez le plus inquiet de nous deux et je pense qu’il n’y a pas que le froid qui vous fait tourner en rond… » (elle déglutit, espérant ne pas dire des choses trop déplacées) « Par ailleurs, si vous le souhaitez, je peux aller voir, moi, ce qu’il se passe, pour savoir s’il faut ou non s’inquiéter… »
Cela pourrait les rassurer tous les deux…
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Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Oncle Matthieu avait gagné.
Par ce simple principe de précaution, les gens ne faisaient pas l'effort de comprendre.
A ça se rajouta les paroles d'oncle Joseph pour rappeler qu'il ne saurait pas sortir Hyriel de la prévôté. Irène avait dit qu'il avait du pouvoir une fois. Elle se trompait. Le seul qui avait du pouvoir, c'était l'oncle Matthieu. Et l'oncle Matthieu était méchant.
Elle essaya une dernière fois en invoquant Guillaume et son manque d'expérience, puis se décida à confirmer qu'Irène le connaissait.
"Elle le connaît, oui. Il est venu à mon anniversaire la semaine dernière. Et elle l'aime beaucoup."
Eugène descendit à cet instant pour prendre le relais mais tout ce baratin compliqué fit rouler des yeux à Cassandre. Il allait perdre l'oncle Joseph. Elle se recula de quelques pas de plus, la mine basse, et s'arrêta au comptoir. Son plan était une bêtise. Elle ne sauverait pas Hyriel.
Cassandre tressaillit. Ses ténèbres revenaient et voulaient une fois l'emporter. Elles prenaient cette voix la voix désagréable d'Alduis.
"Pourquoi ?"
"Sylvère dit de se concentrer sur des choses positives. Comme quand il essayait de m'apprendre à lire."
"Mais Hyriel va périr sur le bûcher."
Cassandre se serra les dents et les poings, luttant contre les images qui venaient à son esprit. Elle ne devait pas y penser. Elle devait suivre les conseils de Sylvère. Se souvenir de Hyriel dans les bons moments.
"Hyriel me donnait une tape derrière la tête, en riant, pour me gronder gentiment de préparer le petit-déjeuner."
"Mais Hyriel va périr sur le bûcher."
"Hyriel... Hyriel me donnait des gâteaux quand il nous visitait au lupanar."
"Mais Hyriel va périr sur le bûcher."
La méthode de Sylvère ne fonctionnait pas. La voix continuait de la hanter. les ténèbres allaient la prendre. Encore une fois. Elle devait réfléchir. Trouver un moyen de contrer la voix. la voix, c'était Alduis. Qu'est qui bloquerait Alduis ? Alduis qui ne répétait que de périr sur le bûcher. Le lien commençait à se faire dans son esprit.
"Alexandre est mort sur le bûcher ? Non. Il s'e est sorti et tu l'as retrouvé. Alors Hyriel ne mourra pas. Hyriel va vivre."
Elle devait garder cette conclusion en tête. Hyriel allait vivre. So esprit s'apaisait. Les ténèbres s'éloignaient. Elle sentit alors l'oncle Joseph se mettre à genoux et elle lui adressa un sourire. Elle répondit d'une petite voix, tremblante.
"Merci..."
Elle tourna la tête vers Eugène et pâlit un peu plus quand il rapporta qu'Irène ne se sentait pas rassurée parla naissance qui s'annonçait. La voix désagréable d'Alduis sentit ses doutes et s'éveilla à nouveau.
"Irène va vivre !"
Elle ne devait pas le laisser gagner. Elle ne devait pas perdre conte ses ténèbres. Cassandre retrouva sa combattivité et s'avança.
"Ma mère... ma mère avait eu six enfants, oncle Joseph, avant..."
Elle devait entretenir le doute et susciter en lui la peur. Comme avec les ouvriers du chantier.
"Et une femme, ça sait sentir ce qui se passe dans son corps. Et Irène, Irène, elle essaie toujours d'être forte, de faire croire que tout va bien. Alors si elle a dit à Guillaume et Eugène que ça n'allait pas, c'est que c'est grave."
Ses poings se serrèrent dans son dos. Elle devait repousser ces images qui essayaient de s'imposer. Elle se répèta mentalement ces deux phrases, comme une comptine protectrice.
"Hyriel va vivre."
"Irène va vivre."
"Hyriel va vivre."
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
Ludovic ne voulait pas se calmer, des larmes commençaient même à rouler sur ses joue. Bélyl hocha la tête et se rapprocha. Irène se rassit et prit une grande inspiration. Elle sourit à Guillaume puis le laissa se détourner. Elle caressa la joue de Ludovic qui commençait déjà à s’apaiser. Quand elle découvrit son sein, il soupira avant de commencer à manger. Irène grimaçait en sentant en même temps les contractions. Ce n’était pas très agréable mais c’était pour la bonne cause…
Pendant ce temps, Bélyl en profita pour venir poser ses mains sur les épaules de Guillaume.
- Ça va ?
Grâce rougit quand Florentin lui posa une question. Est-ce qu’il pouvait lire dans ses pensées ? Parfois les grandes personnes avaient l’air d’avoir ce genre de pouvoir… Elle n’espérait pas ! Elle secoua la tête.
- Oui, oui, oui !
Elle sourit ensuite et battit des mains en voyant qu’il connaissait. En plus, il avait une jolie voix. Elle continua alors la chanson, avec bonne humeur.
Joseph soupira face à la déception de Cassandre. Bah oui mais que pouvait-il faire exactement lui ? Il secoua la tête avant de la pencher. Bon… Si Irène l’avait laisser entre et surtout rester ce qu’il n’était pas un phénomène de foire.
Alors qu’il tâchait de se concentre sur ce qui débitait l’autre énergumène, il ne vit pas le manège de Cassandre mais sentit que quelque chose n’allait plus. Sa main eut l’air d’avoir de l’effet et il en fut réjoui. Pas besoin de remettre une claque, ce qui le réjouissait beaucoup… Seulement, quand Eugène commença à évoquer des difficultés, il fronça les sourcils. Bon, il se doutait qu’il ne voulait pas affoler Cassandre mais ça ne le rassurait pas cette histoire…
Différent… Mais différent comment ? Qu’est-ce qui pouvait être différent pendant un accouchement, nom d’une pipe en bois ? Bon, il pouvait déjà écarter une hypothèse vu ce qu’il avait entendu… Alors quoi ? Il blêmit un peu en pensant à quelque chose. Un siège ? Ah non, là ça n’allait pas si c’était ça… Une des amies de Pauline avait tenté de mettre un enfant au monde de cette façon, ça c’était très mal passé…
Il secoua la tête. Mais il n’en savait rien en fait ! Et ce serait peut-être différent avec Irène…
Et si ça ne l’était pas ?
L’image de sa petite sœur, allongée sur son lit, sans vie lui passa fugacement dans la tête et lui fit l’effet d’un coup de massue. Et les gosses ? C’est qu’ils étaient quand même trois, bientôt quatre ! Il se mordit la langue alors que Cassandre commençait à lui parler. Il secoua la tête mais devenait de moins en moins assuré.
- Non… Mais non, ça va aller !
Pas très convainquant… Mais c’était quoi alors la solution ? Le drôle d’oiseau dans sa cage ? Les autres solutions s’amenuisaient à mesure qu’il tentait de les compter. Il serra les dents. Quoiqu’il en soit, il fallait qu’il se décide et vite…
Alors qu’il se laissait peu à peu persuadé, la porte s’ouvrit. Il ouvrit grand les yeux.
Ah bah v’là autre chose !
Matthieu fronçait de plus en plus le nez, signe qu’il commençait à sérieusement réfléchir à cette solution. Au fond, même s’il ne voulait pas se l’avouer, c’était ce qu’il voulait. Il se prit même à sourire face à ce sursaut d’autorité. Il leva les mains, faisant mine de capituler.
- Eh bien soit…
Il réfléchit ensuite avant de soupirer.
- Non… Je ne vais pas me terrer éternellement dans un trou, il va bien falloir y retourner à un moment ou à un autre… Et puis c’est Noël après tout.
Se revigorant lui-même avec ces paroles, il hocha la tête et lissa son manteau pour se redonner une contenance. Il fit malgré tout un clin d’œil à Cecilia.
- Si jamais je me fais chasser à coups de balais au derrière, j’espère au moins que vous m’aiderez à enlever la neige de mon manteau. Bien, alors allons-y !
Il traversa la place d’un pas rapides puis prit les petites rues avant d’arriver à la boutique. Il pencha la tête. Curieux, les lumières étaient allumées et il avait manifestement du monde… Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien fabriquer alors ? Il se râcla un peu la gorge et fit mine de se retrousser les manches. Bien… En avant…
Il toqua mais n’entendit rien alors qu’il aurait juré entendre des voix. C’est qu’ils étaient devenus sourds en plus ? Il soupira avant de se décider à enclencher la poignée. Il cligna des yeux en se retrouvant face à ce qui ressemblait à une débâcle militaire.
- Bonté divine, que se passe-t-il ici ?
Re: [24 décembre 1597, au soir] Jouez hauboits, résonnez musettes
La voix désagréable revenait la hanter, désespérée de l'attirer dans les ténèbres.
"Hyriel va périr sur le bûcher. Oncle Matthieu ne le laissera pas partir."
"Oncle Matthieu a un gros point faible."
"Lequel ?"
"La stupidité et la peur. Comme avec les ouvriers du chantier."
La voix ne répondit pas. Elle avait réussi une nouvelle fois à l'emporter sur les ténèbres. La fillette réfléchissait au prochain argument quand la portes s'ouvrit. Quelle heureuse surprise ! L'oncle Matthieu se tenait sur le seuil de la porte, perplexe. Elle se rappela qu'ils devaient se retrouver pour la fameuse de messe de minuit. devant leur retard, il avait du s'inquiéter et venait aux nouvelles. Cassandre dissimula un sourire. Ce changement de situation modifiait son plan mais le rendait bien meilleur. Pourquoi parler à un Saint, qui risquait de ne pas comprendre, alors qu'on pouvait s'adresser directement au Dieu cruel ? Ce n'était pas difficile de détruire un homme. Il suffisait de le blesser fort, avec de simples mots. Comme elle avait fait avec Alduis. Sauf qu'avec Alduis, c'était méchant. Elle voulait lui faire mal pour le plaisir de lui faire mal. Ce soir, c'était différent. Ce soir, elle blesserait l'oncle Matthieu. Mais c'était pour sauver les vies de Hyriel et peut-être même celle d'Irène.
Elle devait le faire.
"Tu n'as aucun sens de l'honneur."
"L'honneur, c'est joli, Alduis, mais quand ton corps pourrit au fond d'une tombe, ça sert à rien."
Le visage sévère, ses idées bien tête, Cassandre s'avança vers l'oncle Matthieu et le salua d'une voix plus glaciale que le froid de la nuit.
"Bonsoir oncle Matthieu."
Elle le fixa, sévère.
"J'ose espérer que tu es satisfait du résultat de tes œuvres."
Elle calcula avec soin un petit temps, histoire de le faire mijoter. Le bouillon devenait bien meilleure quand on le laissait reposer, mais sans le perdre de vue, avec la cuillère pongée dedans, prête à le remuer.
"La semaine dernière, c'était mon anniversaire. Hyriel, le guérisseur que tu as injustement arrêté, était là. Devant Irène, il n'a rien voulu dire. Pour ne pas l'inquiéter. Mais le lendemain, en allant le voir, il m'a dit de la surveiller. Qu'il avait remarqué une anomalie dans les courbes du ventre. Ou je sais plus trop quoi. J'ai pas tout compris. t il m'a dit de courir le chercher si quelque chose se produisait."
De nouveau, elle lui laissa le temps d'ingérer le message.
"Et ce soir, ce soir... Irène a fait un malaise. Elle va mal. Très mal. Le bébé est en train d'arriver et c'est compliqué. Elle ne s'en sortira pas seule. Et eh cette nuit, on n'aura aucune accoucheuse."
Il était temps à présent de passer à toutes ces croyances idiotes. Cassandre fixa son oncle et récita une psaume de la Bible de sa voix glaciale :
"Et t punis l'iniquité des pères dans le sein de leurs enfants après eux. Livre de Jérémie, verset 32.10."
Cassandre enchaina directement, sans laisser le temps à oncle Matthieu de répliquer.
"Tu n'as pas d'enfant puisque tu es prêtre. alors, pour te châtier, pour te montrer ton erreur, Dieu s'en prend à Irène. Elle va mourir. Elle va mourir et ça sera ta faute."
Sa main remonta ensuite la manche de sa robe, appuyant sur la marque infâmante de son épaule. De sa voix s'échappait une colère que la fillette ne put réprimer.
"Tu te souviens de à ça ? Tu sais comment on me l'a fait ? Après le jugement, on m'a conduit dans la boutique du marchand d'esclaves. Je voulais éviter le fer. Je me débattais. Et ils m'ont forcé à me coucher au sol ! Comme un cochon ! Et ils ont fait cette marque. Est-ce que tu connais la douleur du fer sur la peau ? Elle te brûle. Comme si les os étaient en train de fondre. Et tu cries, et tu pleures tu ne peux faire que ça, mais ça ne passe pas. Tu sens que la douleur. La douleur te consume. Tu veux mourir. Tu supplies de mourir. Mais tu meurs pas. Tu es ensuite exposée sur une estrade, à la vue de tous, des gens se moquent de toi, puis tu es achetée. Puis, tu dois leur obéir. Et quand les patrons ne sont pas contents, ils te battent."
La fillette respirait fort, hantée par les plaies à vif de ce passé qui se rouvraient. ses poings se serraient. elle ne devait pas pleurer. Elle ne devait pas. Elle devait continuer. Pour Hyriel. Elle renifla dans sa manche.
"Et toi, oncle Matthieu, alors tu es du côté de ces méchants ? Pourquoi tu leur fais rien à eux ? Pourquoi tu arrêtes Hyriel Hyriel, il ne fait que soigner des gens malades ! Il aide son prochain ! Comme le Christ le demande ! Alors pourquoi ?"
Les larmes lui brouillaient la vue. Elle se mit à hoqueter en ajoutant :
"Je te croyais gentil, oncle Matthieu. Mais t'es qu'un méchant ! Un méchant, comme le prêtre qui m'a condamné à l'esclavage ! Un méchant, comme l'homme qui m'a vendu ! Un méchant comme les patrons du lupanar !"
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