Event 3 ¤ Procès d'Alexandre et Tristan - 10 septembre [Terminé]

Malgré la peur qui commençait à s'instiller, Alexandre la repoussa. Il ne devait pas craquer. Pas devant son père. Il ne fallait pas l’inquiéter, que ce dernier conserve une image forte de lui, qu'il imprime que son fils ne laisserait pas aller. Il souhaitait également paraitre brave devant le Seigneur de Frenn, lui enseigner que face à l'adversité et l'épreuve, il ne baissera pas la tête, qu'il semblait dépourvu de toute preuve. Ainsi le jeune homme gardait la tête relevée, le regard fier.

Une fois dans la charrette, il retrouva Tristan avec un sourire complice et prit sa main dans la sienne.

"Je veillerai sur toi moi aussi. Au moins autant que possible... jusqu'au moment où on nous séparera quand nous serons vendus."

La voix du jeune homme état légèrement dure pour masquer son appréhension et sa peur. A cet instant, il vit surgir la silhouette de Lénius qui promettait de leur porter des messages pour donner des nouvelles l'un à l'autre. Un mot mot lui vint presque aussitôt.

"Vraiment, messire ? Quelle curiosité ! J'ignorais que Héphaïstos pouvait se métamorphoser en Hermès ! Quelle plaisante singularité !"

A cette plaisanterie, il laissa tinter un rire fort qui contribuait à recouvrir encore sa nervosité.

Hilde soutenait le regard de Tristan à l'annonce de la sentence. Elle n'avait rien fait. Rien. Et il la remerciait. Un nœud à sa gorge l'empêchait de respirer. Pays de colère. Pays de peur. Elle voulut fuir, là, maintenant. Elle était venue par curiosité au procès, pour se rassurer que la justice était possible. Hilde s'en mordait les joues. Ce pays l'abbatra comme tant d'autres, un jour. Elle se cachait dans sa forêt. Elle portait des œillères si épaisses à lui donner mal à la tête. Ce procès lui rappelait l'impératif de fuir.

Plus fortement que la fugue de sa maison. Plus vite que la fuite de son père qui la forçait à se marier. Refaire sa vie lui avait tout coûter et voilà que tout recommençait. Elle n'avait plus ce courage, que de la terreur. Démunie. Encore. Seule, Encore.

Hilde croisa le regard de Lénius. Il savait qui elle était réellement. Un seul, mais de trop. Elle éclata en sanglots.

Irène poussa un énorme soupir de soulagement. En cet instant, elle eut une révélation. Son enfant, si c'était une fille... Elle serait dédiée à cet instant. Elle posa une mais sur son ventre alors que Tristan la regardait. Elle hocha la tête. La partie n'était pas terminée. Elle compta les maigres économies qu'il devait lui rester. Environ 9 000 rilchs. Serait-ce suffisant ? Peut être qu'on lui viendrait en aide... Elle ne voyait déjà plus Blanche. Peut-être allait elle préparer quelque chose.
À ce moment, elle vit Thierry s'écrouler en s'excusant. Avec beaucoup de délicatesse, elle l'entoura de ses bras, comme elle le faisait avec Grâce.

- Ce n'est pas votre faute... Vous avez fait tout ce qu'il fallait. Il faut aller les chercher à présent. J'irai au marché, je dois juste récupérer ce qu'il faut à la maison. Venez vous avec moi ?

Au passage, elle vit l'infirme croisé le soir précédent. Elle lui accorda un signe de tête. Peut-être se joindrait-il aussi à eux au marché.

L'intervention du prêtre contre la catin étonne un peu Dyonis. Ce n'est pas tant sur sa place et son métier qu'il la critiquait, que sur la valeur de ses arguments. Quoi qu'il en soit, il n'est pas mécontent de la voir décamper. C'est alors que les juges reviennent et prononcent la sentence.

Le tribunal a minoré sa demande de peine capitale pour préférer le travail forcé. Au fond de lui, Dyonis est content qu'ils n'aient pas retenu la mort. Qu'est-ce qui lui a pris d'ailleurs de dire ça ? La crainte de voir Tristan et Alexandre sortir libres et menacer ses manigances, sans doute. Lui aussi a des gigantesques œillères et suit la fin de la séance presque comme s'il est absent. Il ne réalise pas encore sa monumentale bêtise et veut croire en son ascension, sa promotion, sans voir encore qu'il a une bonne partie de ces gens à dos désormais, en voulant faire taire deux potentiels témoins gênants.
Là dessus au moins c'est réussi : même si ce n'est pas lui qui dispose de ces deux esclaves, ils ne sont plus à craindre. Tristan et Alexandre sont civilement morts : l'on n'écoute les dires éventuels d'esclaves que sous la torture, d'après la loi romaine sur laquelle Monbrina se fonde.

On fait signer la sentence aux condamnés. De nouveau leur courage et leur dignité déconcertent le noble. Il évite les regards d'Alexandre et prend ses dispositions pour quitter le tribunal. Il voit au passage Irène réconforter Thierry, un gros infirme et une religieuse en pleurs... Dyonis vient-il de faire la première et plus grosse bêtise de sa vie par ambition ? L'avenir le dira.

Il va rentrer dans son domaine et envoyer son intendant surveiller ce qui se passe au marché aux esclaves (et peut-être même qu'il fera l’acquisition des deux condamnés en son nom).

L'étreinte douce et réconfortante d'Irène apaisa peu à peu Thierry qui se laissa bercer, tel un enfant, par ses bras rassurant. Il finit par relever et la contempler d'un regard perdu, rempli encore de larmes.

"Irène..."

Il sursauta alors quand celle-ci évoquait d'aller au marché, lui proposer de l'accompagner. Il ne comprit pas. instinctivement, sa main se serra autour de bras, là où la marque recommençait à la brûler. il se mit à haleter, comme souffrant un authentique martyr.

"Le marché.. Non ! Non.. Je ne... Je ne peux pas.. Je.. J'ai.. mon père.. Vous savez, vous savez que j'ai été moi-même vendu. je ne peux pas. Je ne peux pas traverser cet endroit. Je ne sais pas. quand je m'approche, quand mon chemin doit passer, je fais un détour. je ne peux pas. Je ne peux pas."

Sa terreur se lisait dans son regard. Peu à peu, il réussit toutefois à entendre la suite du message de la mère de famille et surtout à comprendre ses intentions. A cet instant, son cœur s'emballait. Elle vouait racheter les garçons. Racheter Alex. L'espoir commença à renaître en lui. Tout n'était pas perdu ! Il existait bien encore une solution. Il la contempla désormais avec un mélange d'admiration et d'affection.

"Irène.. Irène, vous êtes un ange envoyé par le Seigneur pour nous sauver mon fils et moi."

Il réfléchit aux possibilités de cette vente. L'argent.. Irène pourrait-elle réunir assez d'argent ? Peut-être. Ou peut-être pas. Et s'il unissait ? Il compta ses propres économies puis essaya d'évaluer celle que sa sœur pourrait avoir. Cela pourrait le faire.

"Retrouvons chez vous, oui, Irène. Je vais retourner à l'église chercher mes propres économies pour vous les donner pour la vente. Je ramènerai aussi vos enfants et je m'en occuperai pendant... Pendant que vous faites.. Enfin, vous savez."

Sa main serrait toujours le médaillon de son fils. Malgré son désir de le garder , il se résolut à le tendre à Irène.

"Tenez. Ma soeur.. je suis certain que ma sœur sera là-bas. Elle... C'était la prostituée qui a témoigné de al bonne moralité d'Alex avant d'avoir cet incident regrettable avec l'autre raclure. Montrez-lui ce médaillon et dites venir en mon nom pour vous unir. Ainsi, je suis certain que vous serez capable d'arriver au bout... de la quête."

sa main se porta à sa croix, priant pour la réussite de ce plan. il se leva ensuite puis sortit d'une démarche maladroite, rappelant alors celle de son fils infirme.

Irène rassura immédiatement le prêtre en hochant la tête. Elle irait seule. Cette pensée la fit soupirer mais elle se reprit rapidement.

- Ne vous en faites pas, je comprends...

Elle toussota en rougissant quand il parla d'ange.

- Je vous en prie... Je ne veux pas qu'ils tombent entre de mauvaises mains. J'espère que ce seigneur ne tentera pas aussi de les acheter, je crains de ne pas avoir assez pour lui résister...

Lorsqu'il proposa d'aller chercher les enfants et de l' argent, elle hocha une nouvelle fois la tête.

- Bien sûr, c'est une bonne idée et il faut aller vite.

Le médaillon lui fut alors tendu. Irène fut tenté de refuser au vu de sa valeur mais finit par le prendre.

- C'est d'accord... Nous allons nous unir. Et par l'aide du Ciel tout ira bien...

Au vu du piètre état de Thierry, elle voulut un instant le suivre mais renonça. Il saurait se débrouiller et elle devait rassembler tout ce qu'il fallait. Elle se dirigea donc d'un pas décidé à sa boutique.