[RP alternatif] De l'autre côté du miroir

Mais de quoi se mêlait ce béquilleux ?! Que ce soit dans une vie ou dans l'autre il fallait toujours qu'il vienne mettre son grain de sable là où il n'avait rien à faire. Une vraie mouche du coche celui-ci.

- Certainement pas ! tonna la voix d'Eldred.

- le baron repartira avec moi ! Vous n'avez pas assez de vos béquilles pour vous encombrer d'un manchot?!

Eldred était venu ici pour Dyonis Howksley et il ne repartirait pas sans. Il avait d'autres projets pour lui, bien plus intéressant pour cet homme que de finir esclave d'un infirme.
Et quoi ?! Il comptait ouvrir un cirque peut-être !?

Le noble l’insultait ouvertement. Alexandre fronça les sourcils et répliqua sec :

"Non il viendra avec moi ! Il est mon ami et je ne laisse pas mes amis, surtout démuni, dans les ennuis les plus terribles, surtout quand je sais quelles sinistres conséquences les attendent !"

Le jeune homme fiait avec insolence son adversaire, prêt à en découdre et à verser une grosse somme s'il fallait. il lui ferait ravaler ses paroles !

Thierry restait étendu au sol, à fixer le plafond sinistre, comme s'il y cherchait une réponse du Ciel à ce dessein inique. Les voix résonnaient autour de lui dans un brouillard confus. Ulysse gémissait, désespéré de son sort et implorait le Seigneur. Dyonis l'invectivait avec mépris. Le noble venu le visiter semblait désirer profiter de son retournement de situation pour se venger du baron.

Le bruit des grilles résonnaient. On venait les chercher ? Déjà ? Thierry restait inerte, incapable de se bouger. Ni même de penser.

Soudain, le coup de grâce vint de la bouche du fils :

"J'achète cet homme. Votre prix sera le mien."

Thierry se redressa et vit son propre garçon vouloir se battre ouvertement pour un esclave. mais pas lui. pas pour le père qui l'avait toujours protégé. Il agissait en faveur de... Dyonis.

A ce constat, le prêtre bondit et fulmina :

Tu vas acheter ce fumier qui t'a fait esclave ? Et pas moi, ton père, qui t'a toujours soutenu ?"

Le boiteux lui répondit sèchement et sa réponse lui fit hausser les sourcils.

- Je ne sais pas vous, mais je n’achète pas mes amis personnellement. lui lança-t-il glacialement.

Comment pouvait-on oser appelait quelqu’un son “ami” et en faire son esclave? L’idée même lui inspirait un profond dégoût qui n’était rien en comparaison du mépris qu’il ressentait pour ce fils de troll.

En parlant de troll, Eldred découvrit qui en était le géniteur : c’était l’homme prostré qui psalmodiait un peu plus tôt. Il achetait Dyonis et non la liberté de son propre père?! A la vue de ce dernier, il doutait fortement qu’il n’ait fait quoi que ce soit d’aussi impardonnable.

- Ca achète ses amis et ça laisse crever son père. Må Hel tage dig! *Que Hel t’emporte !*

Eldred écarta les gardes. Il devait bien avouer que ce statut n’était pas sans quelques avantages. Il entra dans la cellule et fit un geste de la main en direction de Dyonis.

- Si vous le voulez bien, Monsieur Howklsey. Du travail nous attend et l’oiseveté ne vous sied guère

Spoiler:

Au sol, Ulysse demeurait livide et implorait toujours la grâce du Seigneur. il pleurait. Sincèrement. De peur. De terreur. il entendait à peine la réplique de Dyonis.
Des gardes entraient pour venir les vendre. Son visage livide transpirait plus encore si c'était possible. il se leva et chercha à fuir, à passer au travers de la porte entrouverte.

Pousse-toi ! Pousse-toi !

Il bouscula un garde, essayant de le renverser dans l’espoir de prendre la fuite.

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Le membre 'Ulysse de Rottenberg' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé à 6 faces' :

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Dyonis ne peut qu'être étonné par tout ce qui arrive coup sur coup. Alexandre devenu noble (rien que cela, il a encore du mal à en prendre conscience et en cherche la logique) et qui veut le racheter. Certainement pour bien le traiter, ça ne fait aucun doute. Mais... il y a son père juste à côté ! Pour le coup, Eldred et Thierry ont un pont : comment Alexandre peut-il ignorer son propre père et s'occuper ainsi de lui, lui qui l'a fait condamner dans une précédente vie ?! Et par dessus le marché, en l'appelant "son ami" : mais d'où sort-il cela ? Le comportement de ce garçon dépasse totalement Dyonis. Là, ce n'est plus de la charité chrétienne, c'est autre chose. Autre chose de vraiment pas sain. Pour ne pas dire pathologique.
Dyonis ne répond donc même pas à l'attaque de Thierry : après tout il n'a pas tort. Il est un "fumier" qui a injustement fait asservir deux malheureux garçons, on peut le dire ainsi. Il choisit de s'adresser à Alexandre, doucement quoique toujours avec la fermeté qui le caractérise :

"Ils ont raison. Je vous remercie Alexandre mais occupez-vous de votre père."

Pour lui-même, c'est d'ailleurs l'évidence ! S'il était à la place d'Alexandre, avec un parent dans ce cachot en face de lui, il aurait accouru à son secours ! Quelque chose ne tourne vraiment pas rond chez ce garçon et Dyonis regrette d'en être le centre. Qu'importe ce qui va lui arriver s'il repart avec Eldred ou encore quelqu'un d'autre : il faut qu'Alexandre honore sa famille et les liens du sang (aussi bringuebalante que soit cette famille, entre leur titre perdu et ce prêtre qui a rompu ses vœux).
Eldred quant à lui lâche un "le baron" dans le fil de ses interventions, puis il rentre dans le cachot et l'appelle "Monsieur", ce qui surprend agréablement Dyonis. Comme s'il avait du respect pour lui malgré ce qu'il avait enduré dans une précédente vie. Après tout, derrière leurs castes respectives, Dyonis lui aussi avait senti chez cet homme des valeurs qu'il respectait. Peut-être... qu'il y aurait des choses intéressantes à entrevoir sous cette nouvelle donne. Il se demande quel genre de travail il envisage "ensemble" mais n'a guère le temps de s'interroger plus longtemps et, alors qu'il s'apprête à remuer, c'est Ulysse qui attire l'attention en tentant pitoyablement de fuir.

Il ne faut pas plus de quelques secondes pour qu'une troupe de gardes armés l'arrêtent et la boxent au sol. Plusieurs soldats lui décochent des coups dans le ventre, après lesquels l'esclave ne sera plus en état de tenter autre chose de déraisonné. L'un d'eux décide de lui passer des fers aux pieds et ses collègues ne manquent pas d'insulter Ulysse dans des termes fleuris auxquels Dyonis fait à peine attention.
Car pour ce qui le concerne, il y a déjà deux autres soldats et le trafiquant qui viennent d'approcher. Ce dernier a flairé l'aubaine, lui qui s'apprêtait à faire liquider le manchot. Mais puisque deux nobles ont l'air de s'intéresser à son cas, le trafiquant lance avec un regard rapide sur le déchu :

"Eh bien ce sera 5 000 rilchs mes Seigneurs. Je m'en vais faire quérir un acte de propriété et réclamer qu'on le marque."

Tout le monde était choqué de son intervention et par sa décision de préférer acheter l'ancien baron et non son père. Pourtant, en son for intérieur, Alexandre ressentait la logique de cette décision. Pas seulement lié aux élans du cœur et de l'amitié. Sauver son père de cette situation ? il fixa avec sévérité le prêtre qui le toisait avec agressivité. Celui-là ferait mieux de se montrer plus humble et de se remémorer de ses conduites passées.

Il répliqua d'une voix sèche :

"Ce fumier, comme tu dis si bien, mon cher père, m'a fait asservir pour des raisons politiques. Ce n'est pas moral. Mais je comprends cela. Par contre..."

Ses yeux brûlaient de colère en continuant de fixer le père Thierry :

"Je ne peux comprendre pourquoi un homme qui a a aimé une femme l'a brusquement laissé tomber du jour au lendemain, simplement après que celle-ci eut le malheur de confesser être enceinte. Je ne peux comprendre que cet homme ait laissé souffrir cette femme vingt ans durant la violence d'un mari cruel qui la fait payer chaque jour son infidélité parce que son fils, qu'il a reconnu par défaut, n'est pas vraiment sien. Je ne peu comprendre non plus pourquoi cet homme a laissé vingt ans durant son fils entendre de celui qu'il croyait être son père légitime n'être qu'un petit infirme et que seule sa charité lui permettait de vivre dans une bonne famille. Non vraiment, je ne peux comprendre un tel homme qui a laissé se produire tant de choses."

Son regard restait dur, tournant un instant celui-ci vers Eldred qui jugeait sa conduite :

"Les liens du sang doivent influencés nos décisions, est-ce cela que vous pensez ? Pas moi ! Que ce démon subisse pour une fois les conséquences de ses actes et expient enfin ses péchés !"

Il reporta son attention vers Thierry.

"De toute manière ce vieux démon, rien ne saurait le tuer au fond. il finira par s'en sortir. Comme toujours. Alors que messire..."

Son regard devint plus doux et miséricordieux.

"Si je ne fais rien, messire mourra. Je ne peux ignorer quelqu'un dont la vie est en péril."

Pendant son allocution, un des prisonniers essaya de s'évader mais fut rapidement maîtrisé. Un autre garde annonça une somme pour Dyonis. Alexandre décida aussitôt de monter pour couper l'herbe sous le pied de Eldred.

"11 000 pour cet homme sans main !"

Même Dyonis approuvait sa colère. Thierry gardait le port fier et observait son fils au travers des barreaux qui allait bientôt se rendre à la raison et se soucier enfin de lui. Après tout ce qu'il avait accompli pour lui ! Il avait révélé sa rupture de vœux en public et subi un long enfermement à cause de cela ! Cela ne mériterait pas le respect ? Les bras, il attendait que cet enfant n'accepte la situation et le choisisse enfin.

Ce qui vint fracassa sa conception de la réalité.

Alexandre ne souhaitait réellement pas le sauver. Au contraire, il lui en voulait pour avoir abandonné sa mère enceinte et le laisser chez son père adoptif. Ses yeux s'écarquillèrent. Il allait régler ses comptes ? Réellement ? Son petit Alex ? Thierry devint suppliant :

"Alex... Mon petit Alex... Allons, je n'ai pas eu le choix.. La situation était... Allons, oublions ça, mon garçon ! Tournons le dos au passé ! Allez, Alex, mon petit Alex !"

Thierry observait avec terreur à présent Alexandre. Ce dernier pouvait être si têtu. S'il souhaitait véritablement lui faire payer les souffrances de son enfance, il s'y tiendra.

"Alex... Mon petit Alex ! Tu ne veux vraiment pas fire plaisir à ton papa ? "

Alors que des gardes tentaient de le maitriser, Ulysse donna des coups et se débattit. Il essayait de frapper avec sa canne, par réflexe, mais celle-ci avait d'ors et déjà disparu. Ils l'entouraient. Ils étaient trop nombreux. il ne pouvait rien faire. Dans un sursaut ultime de désespoir,  Ulysse fonça vers l'un d'eux, tête baissée, tel un bélier, mais fut maitrisé par deux autres soldats. On le contraignit à s'allonger au sol, les mains dans le dos.

Mortifié, Ulysse s'époumona, ulcéré de ce sort qui l'attendait :

Je suis un esclave ! Je ne mérite pas ce sort ! Je suis esclave ! J'ai souffert moi aussi ! Laissez-moi ! Laissez-moi !

Dépourvu de toute dignité il hurlait tel un porc que l'on écorchait.

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Tout se passa très vite, ce cafard de prisonnier profita d'un instant instant d'inattention des gardes pour tenter de sauver sa peau. Mais il n'eut pas fait quelques pas qu'il fut maîtriser violemment. Il ne savait rien de cet homme mais quelque chose en lui le répugnait.

Le négociant arriva alors et profita de la rivalité entre les deux nouveaux nobles pour se débarrasser de sa marchandises. 5000 rilchs? Une somme considérable pour un manchot inutile aux corvées. Mais Eldred avait besoin de sa tête plus que de ses bras. Il avait besoin de cet homme qui connaissait les rouages du pouvoir...

Il allait donc accepter l'offre du marchand lorsque ce fils de troll en offra le double non sans avoir fait étalage de son histoire somme tout fort banal. Eldred serra les poings, furieux.

- Comment peut-on être aussi stupide! Ne vois-tu pas que tu ne vas faire qu'enrichir ce chien?!

Il détourna la tête d'une grimace. Ce garçon avait être vendu lui aussi, comment pouvait-il ne serait-ce que tolérer ce marchandage ? Mais Eldred n'avait pas le choix...

- 18000 avec le vieux prêtre lança-t-il avant de revenir sur le jeune homme.
- Estime-toi heureux. Tu as vécu avec un toit sur ta tête et tu es toujours en vie. Tout le monde fait des erreurs dans sa vie.Toi, moi, lui, lui et même ce rat! Le baron a raison. La famille c'est sacré. Je croyais que le pardon faisait parti de votre culture? Et toi quoi? Tu abandonnerais ton père à son sort

Décidément ce jeune homme ne lui inspirait aucune sympathie. Il n'était pas méchant, il n'était pas violent, il était juste à mille lieux de la réalité. Eldred espérait qu'il pourrait repartir avec Dyonis au château de Frenn rapidement. Ils avaient du travail...

Dyonis écoute gravement Alexandre qui laisse remonter ses rancœurs. Une histoire terrible. Un père adoptif maltraitant qui mériterait châtiment. Et son vrai père, Thierry, qui a fait preuve de lâcheté. Mais de là à le laisser pourrir dans une prison puis à tomber entre les mains d'un éventuel maître abject... Pourquoi lui pardonne-t-il, à lui, sa manipulation politique ? Dyonis se surprend à se demander ce qui est le plus "pardonnable" : celui qui a ignoré son fils pendant des années et abandonné son amante, ou celui qui a fait du fils en question un esclave pour jusqu'à la fin de ses jours ?
Le déchu secoue la tête : peut-être que le plus raisonnable est de faire l'un et l'autre. Après tout, les classes sont inversées. Les cartes sont redistribuées. Et ironiquement, ce sont les paroles d'Eldred qui en cet instant sont chrétiennes... Cela en tire un demi sourire ironique à Dyonis, quand il l'entend rappeler les erreurs des uns et des autres demander à sa façon au garçon de venir au secours de son père.

Alexandre passe aux enchères. Pour un garçon qui a lui-même été vendu... Le manchot écarquille les yeux, troublé. Il faut croire que le jeune infirme trouve l'esclavage légitime. Après tout, Dyonis aussi l'a cautionné : cela fait partie des mœurs de la guerre, l'Antiquité l'a pratiqué et certains des Apôtres ne le remettent pas en cause. Mais aujourd'hui... Entre ce renversement des classes, le meurtre d'un esclave sur ses maîtres, et l’attitude d'Alexandre, des questions germent.
Eldred est obligé de le suivre dans ce jeu des enchères et propose même de prendre Thierry. 18 000 ?! Dyonis le trouve très noble de vouloir faire en plus l'acquisition du père d'Anjou. Il le sent maintenant : son ancien esclave n'a pas l'intention de se venger ni de les maltraiter. Sans doute qu'il a en tête des projets plus intelligents.

Pendant ce temps, Ulysse est retenu menotté au fond de la prison. Il a beau hurler comme un goret, on l'ignore. Les trafiquants sont trop contents de ce qui se joue autour du manchot et du curé. Déjà 18 000. Le chef des marchands ignore la remarque d'Eldred qui les critique : après tout lui-même est en train de jouer le jeu, il peut bien les traiter de chiens ! Et s'il est un des rares nobles à penser cela des trafiquants d'esclaves, voire le seul, la pratique ne s'arrêtera pas de sitôt. Le négociant clame, indifférent, tourné vers Eldred :

"18 000 rilchs pour ce Messire !"

Il est prêt à adjuger. Il doute qu'Alexandre puisse monter encore. Dyonis en profite pour regarder Alexandre avec un calme qu'il espère persuasif, et il s'apprête à prendre la parole pour l'implorer encore d'être raisonnable. Mais des gardes s'emparent de lui et de Thierry et les entraînent hors de la cellule.
Passant devant les deux nobles qui sont en train de s'affronter (et leur adressant au passage les regards déférents dus à leur statut), sous les yeux et la surveillance d'autres commis les hommes d'armes poussent le prêtre et le baron déchu vers un coin du couloir juste à côté d'Eldred et Alexandre. Là, un individu est en train de tisonner, dans le feu, la tige incandescente avec le terrible M. On immobilise très fermement les deux esclaves. Un soldat abaisse un pan de la tunique de Dyonis, qui a à peine le temps de se préparer que déjà on lui applique la marque. Sous le coup de la douleur, le déchu pâlit et ses jambes tremblotent un peu, mais il arrive vaillamment à serrer les mâchoires pour retenir un cri, ne laissant échapper qu'un grognement. Il halète, les yeux levés au ciel, sonné quelques instants par l'affreuse brûlure qui lui mord le bras. La tige arrive alors vers Thierry...

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Thierry observait son fils d'un sourire presque narquois tout en jetant un instant un regard à Dyonis qui se rangeait à l'opinion générale. Un enfant devait soutenir son parent. C'était ainsi que les choses se déroulaient. C'étaient dans la normalité. Le noble Eldred l'affirmait lui aussi et rappelait l'importance du pardon chrétien. Alexandre ne pourrait ignorer cela. Sa foi était grande et profonde. Il respecterait ces principes sacrés.

En bon manipulateur qu'il est, Thierry intervint en reprenant son intonation religieuse :

"Oui, mon garçon, toute erreur doit être pardonnée. Nous sommes tous pêcheurs. Songe au fils prodigue que son père a accueilli les bras ouverts après des années d'absence. Voudrais-tu être le frère jaloux ? Non, non, mon petit Alex, tu n'es pas comme cela. Tu es gentil enfant. Bon, dévoué et serviable. Tu es incapable d'abandonner les gens, surtout ton père qui a toujours tout fait pour toi."

Thierry fixa son fils d'un œil avide, certain de son emprise, lorsque Eldred se proposait à prendre le baron et le prêtre pour un lot de 18 000 rilchs. Il paniqua. Ils allaient être esclave ensemble ? Non ! Non ! Dieu ne pouvait être si cruel ! Pas lui et son ennemi ! Les trafiquants semblaient cependant apprécier l'offre. Ils les trainaient vers le couloir. Les fers rouges apparaissaient, menaçaient. Thierry essayait de se débattre en criant comme un diable. Ses ongles arrachaient la peau de ses bourreaux. Ses pies tentaient de résister, de s'accrocher au sol... En vain ! Le baron fut le premier à recevoir la terrible marque. Alors que lui poussa un simple grognement, étouffant sa douleur, comme par fierté, Thierry hurla à sa place, terrifié, sachant que ce serait à lui de subir la même chose. lorsque le fer se présenta vers lui, son corps se raidit, cessant de se débattre. Il continua de crier, terrorisé, lorsque son organisme, par un réflexe protecteur, le força à perdre connaissance.

Le ton suppliant de Thierry dégoûta Alexandre. Il jouait sur sa pitié. Sa corde sensible. Une grimace équivoque se peignit sur son visage.

"Faire plaisir à mon papa... quand je vois une telle face d’hypocrite, je n'ai guère envie de te faire plaisir, non. Je songe à maman. Je me demande comment elle a pu tomber amoureuse de... ça. "

Les cris d'Eldred qui s'insurgeaient du marchandage intriguèrent Alexandre. Il osa les épaules.

"Quel mal y a t-il à enrichir un honnête marchand ? Il fait du commerce. Tu considères que comme nous étions esclaves, toi et moi, autrefois, il faudrait se révolter contre ce système ? Tu as tort. L'esclavage est, en plus d'un système économique, viable, une solution parfaite pour rééduquer les individus et leur enseigner à s’intégrer à une société. C'est un procédé plus qu'humain. Sur les champs de batailles, les malheureux vaincus peuvent ainsi espérer échapper à la mort. N'est-ce pas là une forme de générosité ?"

Eldred montait les enchères et ajoutait à son lot son père. Grand bien lui fasse ! Il allait devoir supporter son sale caractère ! Il lui faisait encore la leçon sur la famille. Le jeune homme se renfrogna. Qu'avaient-ils tous à souhaiter décider de son existence ? Il était noble à présent ! Il choisissait ! Seul !

"La famille n'est pas sacrée. Oh non ! Seule la mère l'est. Celle qui nous met a monde, qui nous nourrit, nous protège. Quant au père, à moins que celui-ci montre une bonne conduite, je ne souhaite aucun attachement avec lui. Regarde-le mon cher père. il essaie de me manipule, de jouer avec mes sentiments... J'en ai assez de cela. J'ai déjà souffert de ses mauvaises décisions dans une vie précédente. Il n'aura pas de prises sur moi dans celle-ci !"

Son regard se détournait de Thierry qui le fixait avec insistance pour observer le baron qui tentait de le persuader en silence de ne pas le choisir. Alexandre lui adressa un sourire discret.

"Moi, je ne veux que le baron. Je laisse le prêtre à mon... collègue. 18 000 pour le baron !"

En son for intérieur, il espéra que Eldred ne monterait pas plus. Cela serait trop. Les commis saisirent à cet instant les deux esclaves pour les amener au marquage. Alexandre suivit de loin l'opération, la main portée instinctivement à son épaule. Son esprit se rappelait de la douleur terrible. Le baron endura l'épreuve avec un courage déconcertant. Au contraire, le prêtre gueulait comme un cochon qu'on allait abattre. Il leva les yeux.

Avec cynisme, Alexandre dit avec emphase :

"Quel bel exemple de bravoure que voilà ! Quelle fierté de partager dans mes veines le sang de cet homme !"

Spoiler:

Ulysse était immobilisé au sol, toujours soumis aux deux commis qui le tenaient en surveillance. Qu'allait-il lui arriver ? ses mains griffaient les dalles tel un forcené, comme s'il aurait pu creuser là une échappatoire. Son sort était pire que la dernière fois. Dans un sursaut d'orgueil, pour blesser Dyonis, il avait révélé ses crimes. Le pire l’attendait. Le pire.. Ulysse voyait déjà l’échafaud s'approcher.

Un honnête marchand? Un système économique viable? Échapper à la mort des champs de bataille ?! Mais quel honneur y avait-il à finir esclave quand on pouvait périr glaive au poing et se rendre au Valhalla ? Quel Dieu pouvait prétendre accepter tant de lâcheté et la rétribuer ?

Eldred n'osait plus rien ajouter tant cela lui passer par dessus la tête. Une telle aberration ! Mais ce n'était rien fasse au prix qu'il annonça.

Il avait une furieuse envie de lui éclater la tête contre le mur de pierres glaciales. Et ses poings se serrèrent d'eux-mêmes sans qu'il ne se rende compte.

Couilles de troll,  c'est pas l'envie qui me manque de te faire goûter aux lèvres de Hel

- 25 000 pour Les deux.

Tant pis. Il dilapiderait la fortune des Frenn s'il fallait mais Dyonis rentrerait avec lui. Il ne pouvait pas en être autrement. Il avait vu son regard... Lui aussi espérait rentrer "chez lui".

Et les gardes emmenèrent manu militari les prisonniers se faire marquer. Eldred serra les dents. Il ne se souvenait que trop bien de ce moment si humiliant, de l'odeur de chair brûlé, du crépitement de la peau en train de fondre et de cette douleur qui irradiait dans tout son corps. Il aurait voulu faire tour ce qu'il aurait pu pour que personne n'ait plus à subir cet.m affront. Le baron avait peut-être cru durant un instant qu'il se vengerait mais de quoi? Il n'était pas la cause de sa servitude et lui avait offert une place correct. Il avait même demander à faire soigner son ami. Eldred n'avait pas besoin de se venger de Dyonis. Il souhaitait se venger du système. Système qui venait de faire payer son ancien "maître". Désormais ils partageaient plus en commun que jamais

Spoiler:

Il n’y avait rien de plus bizarre que d’ouvrir les yeux, d’un coup, sans prévenir, et de se sentir dans des vêtements différents. Chauds. Un peu oppressants. Que ce soient ses mains ou ses pieds, elle ne reconnaissait plus rien. De jolis gants, des chaussures à petits talons très élégants, et… sentait-elle le parfum ? On s’adressait à elle avec respect dans la rue, comme si elle était maintenant… quelqu’un. C’était un rêve ? Probablement. Ça y ressemblait en tout cas, même si ses rêves à elle ne ressemblaient jamais à ça. Elle portait un petit sac, qu’elle fouilla rapidement. Par tous les dieux qu’elle n’avait jamais priés, c’était de l’argent ! Elle avait de l’argent sur elle ! Et beaucoup, elle sentait les pièces entre ses doigts, et elles semblaient lourdes. Ôtant sa main comme si cela lui brûlait la peau, elle regarda un peu plus autour d’elle. Il y avait du monde, c’était le marché.

Pas n’importe quel marché. Cette voix du négociant résonnait dans sa tête comme un écho familier, et elle se rendit alors compte.

C’était son maître. Là, devant, sur l’estrade, enchainé. Le sieur Dyonis de Frenn, qu’elle connaissait avec beaucoup de majesté, il était là en tant… qu’esclave ?

« Maître !! » appela-t-elle en s’approchant à travers la foule, sans tenir d’abord compte de ce qui l’entourait.

Elle était catastrophée, perdue, confuse, choquée. Encore plus quand elle remarqua son ancien propriétaire dans la prison, ce qui la fit blêmir. Et puis la voix d’Eldred qui semblait hausser les enchères. Eldred ? Eldred donnait un prix ?

« C’est… toi ? Mon frère, c’est toi ? » Il y ressemblait, mais tout comme elle, il semblait… bien portant, dans de beaux vêtements. Loin des tenues d’esclave dans lesquelles il le connaissait. « Dis-moi que je délire, je t’en prie… J’ai vu notre maître sur l’estrade. »

Spoiler:

Il faut quelques instants à Dyonis pour se remettre du marquage. Tout son corps le brûle. Une nausée lui passe dans la gorge et les narines quand il sent rôtir sa propre chair. Il est blanc comme un linge mais essaie de rester concentré, en prière.
Très étourdi malgré tout, il ne saisit que vaguement le fait que Thierry a perdu connaissance juste à côté de lui. Il a aussi beaucoup de mal à suivre les paroles échangées entre Alexandre et Eldred, qui ne lui parviennent qu'en écho. Quand il reprend tous ses esprits, c'est seulement pour entendre Alexandre mettre 18 000 sur lui, puis son ancien esclave monter à 25 000 pour lui mais aussi pour le prêtre. Dyonis en reste fixe, le regard ne se détachant pas du Zakrotien. Il dispose maintenant de la fortune du domaine de Frenn et est prêt à dépenser cette somme pour rentrer avec lui et Thierry ?

Le déchu se sent reconnaissant. Décidément non, ce n'est pas par esprit de revanche qu'Eldred a l'air tant décidé à acquérir les deux hommes. La question de savoir ce qu'il a derrière la tête se pose alors, et celle de ce que Thierry et lui allaient bien avoir à faire pour ce nouveau seigneur. La suite des événements allait être à la fois très intéressante... et troublante. Comment allait tourner la politique de Monbrina si les anciens esclaves étaient désormais les nobles ? Quel genre de projet mystérieux est là à l'oeuvre ? Et le roi dans tout cela... Gérald Der Ragascoen, est-il encore avec sa couronne ? Il est dit dans la Bible que tôt ou tard les puissants seraient renversés de leurs trônes... Si Monbrina avait oublié cela et que ce moment était arrivé ? Alors l’ancien baron s'y plierait. De toute façons les prochaines heures et les jours à venir auraient de quoi le renseigner petit à petit sur ce mystère. En attendant de comprendre, il devait observer et obéir.

Soudain, la foule s'écarte respectueusement autour d'une très jeune Dame que Dyonis, depuis l'estrade, ne reconnaît pas du tout, encore. La plèbe s'incline sur son passage mais la demoiselle n'a pas l'air du tout de s'en préoccuper. Elle avance à un rythme étonnement pressé pour une personne de sa noble condition, sans se préoccuper de ses superbes atours ni de la lente majesté qu'affichent d'ordinaire les aristocrates en sortie. Dyonis fronce les sourcils, essaie de la scruter. Tout ce qu'il voit encore, c'est une lumineuse chevelure, très fournie, et le raffinement de sa robe.
Soudain elle lance un "Maître !" qui sidère le déchu. Est-ce bien à lui qu'elle a dit cela ? Il la reconnaît alors, tandis qu'elle s'est avancée un peu plus vers l'estrade. Aud ! Elle aussi ! C'est donc cela ! Elle non plus ne comprend pas grand chose à la situation et la voici qui s'approche d'Eldred. Elle lui adresse des paroles beaucoup plus basses, que cette fois-ci Dyonis n'entend pas. Il ne sent que le regard de la jeune fille sur lui, sur sa vieille tenue et les chaînes à ses chevilles... Aud a l'air tellement perdue. Et Dyonis est si honteux dans cette posture. Pourtant il choisit de ne pas baisser le regard et de conserver son expression de neutralisé devant l'adolescente qui l'observe. Une neutralité presque rassurante pour celle qui est maintenant du côté noble : malgré l'improbable situation que tous sont en train de vivre, l'ancien maître n'a pas envie de voir Aud complètement paniquée... Surtout elle, qui n'a jamais rien fait de mal et a toujours été docile. Même plus : attachante par moments.
Du bout de son moignon il bataille un peu à faire remonter sa tunique sur son épaule à présent marquée, mais y parvient finalement.

Pendant ce temps, les soldats s'occupent à ranimer Thierry. On lui fait respirer un alcool fort. On lui met de l'eau très froide sur le visage. Enfin, quand il retrouvera ses esprits, on le redressera pour le pousser près de Dyonis. Deux gardes maintiennent le prêtre debout s'il est encore faible.
Le trafiquant de son côté enregistre les enchères et clame, après l'offre du Zakrotien :

"25 000 pour le vieil homme et le manchot ?! Une fois ! Deux fois..."

Le reste de la troupe armée est encore postée près d'Ulysse. Ce maraud là va-t-il trouver acquéreur ? Avec ce qu'il vient de révéler de son passé et que Dyonis a rappelé... Tout le monde n'a l'air d'avoir que méfiance et répugnance pour lui.

Alexandre baissa la tête, vaincu. Il n'aurait ni les fonds pour poursuivre l'enchère en toute sécurité ni la fierté de laisser transparaitre sa déception. Il s'obligea à ne regarder personne, surtout pas Dyonis, et se retourna, désireux de se retirer avec le peu de panache qui pouvait lui rester.

Brusquement, une voix désespérée jaillit à ses oreilles.

Intrigué, Alexandre fit volte-face et contempla une noble dame, bien jeune, s'iquièter à son tour pour Dyonis. Elle le nommait même maître puis appela Eldred frère. Sa détresse blessa le jeune homme qui s'avança et lui prit la main.

"Il semble que le Ciel ait inversé nos places. Esclave hier, je suis moi-même devenu noble. Je ne comprends pas bien mais les décisions célestes sont irrévocables. Il nous faut les accepter avec philosophie."

Ses yeux évitèrent de croiser le regard de Dyonis, s'accrochant à Aud.

L'odeur familière de l'alcool réveilla immédiatement Thierry, qui saisit à deux mains le goulot de la bouteille et but de longues gorgées. le vin voulait glisser en lui jusqu'à son estomac et l'emplissait d'une douce sensation illusion. Sa solitude et sa tristesse s'éloignaient. Il but encore et vida la bouteille. L'alcool le désinhibait et lui faisait les raisons de sa présence et la bonne conduite. Son regard croisa alors Dyonis et il cracha :

"Vous... Vous êtes le salaud qui avez pris mon fils ! Connard !"

Il titubait sur l'estrade en pestant, ayant déjà du mal à conserver son équilibre.

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Le prêtre tourna de l'oeil alors même qu'Eldred annonçait son prix. Il était trop perdu dans ses propres ruminations pour entendre Aud approcher. La pauvre enfant semblait aussi élégante que perdue dans cette magnifique toilette qu'elle portait à merveille. Contrairement à lui-même, on aurait dit qu'elle avait toujours porté de si belles robes. Seuls ses gestes désordonnés et rapides trahissaient sa réelle conditions mais les badauds ne semblaient y voir que du feu. Eux aussi avaient-ils échangé de place ?
Elle lui asséna une série de question, et par réflexe l'enlaça fortement afin de l'aider à se calmer. Il déposa un petit baiser fraternel sur sa chevelure couleur de blé tandis qu'Alexandre lui expliquait la situation.

- Il a raison. Mais ne t'en fais pas Messire Howksley va rentrer avec nous à Frenn.

Au même moment le négociant acheva sa sempiternelle allocution :

- une fois.. deux fois... Trois fois... Adjugé vendu au baron de Frenn! Il disparut ensuite afin de réaliser la paperasse nécessaire.
Cela répugnait profondément le zakrotien mais il n'y avait malheureusement pas d'alternatives dans l'immédiat. Un jour peut-être... S'il réussissait...

Il se détacha d'Aud alors que le prêtre avalait goulûment la piquette qu'on avait placé sous son nez dans l'espoir de le ranimer. Il trouvait désormais sur l'estrade en proférant des paroles peu élogieuse envers l'ancien seigneur de Frenn. Eldred se rapprocha du feu et y récupéra un seau d'eau qu'il jeta sur l'ivrogne.

- Tu auras tout le temps de t'expliquer avec ton fils.

Le négociant arriva alors, les bras chargés de deux parchemins.

- J'offre cet homme à son fils ! Faites les papiers au nom d'Alexandre ! Un père et son fils méritent d'être réunis n'est-ce pas ?!

Un murmure d'acquiescement s'éleva parmi les spectateurs de cette vente décidément peu banale.

Face à toute cette agitation, Ulysse restait misérable, les entrailles nouées. Les gens le jugeaient sévèrement. Quel allait être son sort ? Aucun n'oserait l'acheter ! Et si on le conduisait pour le faire pendre ? Il se recroquevilla, terrorisé par l'éventualité d'une mort prochaine.