[5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Page 1 sur 2 • Partagez
Page 1 sur 2 • 1, 2
[5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
C’était un matin froid et humide de décembre parfaitement ordinaire. Sous une cape en laine grossière, il s’était rendu dans la cité afin de s’acquitter des tâches qui lui avaient été confiées. Eldred ne supportait pas l’agitation et la cohue de la capitale, pas plus que les bousculades qui en découlaient. Il avait donc pressé le pas afin d’arriver à l’heure où la ville commençait tout juste à s’éveiller. Excepté quelques ivrognes et mendiants, il n’y avait pas foule sous cette brume hivernale. Ceux qui le pouvaient, préféraient sans doute rester bien au chaud auprès de leur feu tant qu’ils le pouvaient. Quant au zakrotien, le froid ne le dérangeait pas - bien au contraire - et il n’avait de tout façon pas réellement le choix.
Il ne lui restait désormais plus qu’à prendre le chemin du retour (ou presque). Il respira à plein poumon l’air frais et revigorant, qui pour une fois masquait l’effroyable puanteur des ruelles pleines de fanges et d’odeurs corporelles peu ragoutantes. Il ne pouvait s’empêcher de trouver cette phobie du bain terriblement ridicule. A Zakros on se baignait, été comme hiver dans les rivières et les lacs, quitte à creuser la glace, et personne n’en était jamais mort. Enfin… Bien rarement !
Sur le retour, il avait prévu de faire un crochet par l’église qu’il avait ironiquement baptisé « Saint Blasphème » depuis sa discussion avec Cassandre au pied de Sainte-Quelque-chose-Vierge. Une église où il venait souvent prier, dévotement… Ses dieux nordiques de lui accorder sagesse, courage et force. Dans le silence de la nef, personne ne pouvait soupçonner ses pensées les plus hérétiques et tous n’y voyaient qu’un barbare de moins.
En cette heure matinale, l’édifice était désert. Il n’y aurait sans doute qu’un peu plus tard dans la matinée, qu’elle se remplirait de quelques fidèles venus prier l’Imposteur. Eldred s’assit sur un banc et médita un court instant. Dans l’allée, des talons claquaient sur le sol sans aucune discrétion. Instinctivement, il se retourna pour apercevoir le nouvel arrivant. Un draugr. Vêtu de blanc, pâle comme un cadavre et à la chevelure quasi de neige. Ce draugr en question, il le connaissait. Il l’avait vu se faire trainer par cette vermine d’Alexandre quelques jours plus tôt. C’était Alduis de Fromart. Le fameux Alduis. Celui qui avait menacé de mort sa petite valkyrie.
D’un geste lent, il se leva, et se plaça dans l’allée immobile, sans détacher son regard du fantôme qui avançait toujours.
Hormis eux, il n’y avait pas un rat pour couiner. Et cela tombait bien. Il y avait une dette qui devait être payée.
Il ne lui restait désormais plus qu’à prendre le chemin du retour (ou presque). Il respira à plein poumon l’air frais et revigorant, qui pour une fois masquait l’effroyable puanteur des ruelles pleines de fanges et d’odeurs corporelles peu ragoutantes. Il ne pouvait s’empêcher de trouver cette phobie du bain terriblement ridicule. A Zakros on se baignait, été comme hiver dans les rivières et les lacs, quitte à creuser la glace, et personne n’en était jamais mort. Enfin… Bien rarement !
Sur le retour, il avait prévu de faire un crochet par l’église qu’il avait ironiquement baptisé « Saint Blasphème » depuis sa discussion avec Cassandre au pied de Sainte-Quelque-chose-Vierge. Une église où il venait souvent prier, dévotement… Ses dieux nordiques de lui accorder sagesse, courage et force. Dans le silence de la nef, personne ne pouvait soupçonner ses pensées les plus hérétiques et tous n’y voyaient qu’un barbare de moins.
En cette heure matinale, l’édifice était désert. Il n’y aurait sans doute qu’un peu plus tard dans la matinée, qu’elle se remplirait de quelques fidèles venus prier l’Imposteur. Eldred s’assit sur un banc et médita un court instant. Dans l’allée, des talons claquaient sur le sol sans aucune discrétion. Instinctivement, il se retourna pour apercevoir le nouvel arrivant. Un draugr. Vêtu de blanc, pâle comme un cadavre et à la chevelure quasi de neige. Ce draugr en question, il le connaissait. Il l’avait vu se faire trainer par cette vermine d’Alexandre quelques jours plus tôt. C’était Alduis de Fromart. Le fameux Alduis. Celui qui avait menacé de mort sa petite valkyrie.
D’un geste lent, il se leva, et se plaça dans l’allée immobile, sans détacher son regard du fantôme qui avançait toujours.
Hormis eux, il n’y avait pas un rat pour couiner. Et cela tombait bien. Il y avait une dette qui devait être payée.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Un matin gris de décembre comme un autre. La fraîcheur se faisait chaque jour un peu plus présente, tout comme l'humilité, mais Alduis ne s'habillait pas autrement pour autant. Toujours en blanc, toujours peu couvert — si ce n'était la veste pour faire plaisir à Alexandre.
Il avait bien dormi. Étonnamment. Et il se sentait de bonne humeur. Il avait quitté le domaine de Fromart de bon matin, pour progresser dans les ruelles sans but. Un fantôme, mais un fantôme qui souriait. Et ce n'en était que plus effrayant, tout compte fait.
Ses pas l'avaient mené instinctivement — mais sans la moindre once de hasard — devant l'église. Comme il n'avait rien à faire, il s'était arrêté devant le perron et avait contemplé l'entrée. En levant les yeux, il distinguait le haut du clocher, pointé très haut vers le ciel.
Il n'avait pas résisté à l'idée d'entrer. Non pas qu'il commençait à ressentir la moindre foi — cette possibilité était moins réaliste à chaque nouveau jour qui passait — mais il y avait désormais une autre signification à cette immense nef, et à ces immenses voûtes. Et cette signification-là, s'appelait ni plus, ni moins, Alexandre. C'était entre ces murs-là qu'il le voyait, qu'il pouvait le toucher et l'embrasser. En toute tranquillité.
Qu'est-ce qu'Alexandre ressentait en entrant ici, au juste ? Il ne comprenait pas. C'était des pierres comme les autres, en quoi cela aurait-il représenté quelque chose de plus ? D'accord, c'était plus impressionnant. Mais il y avait quelque chose, une épaisseur symbolique, qu'il ne saisissait pas. Décidément pas. Et dont, au fond, il se fichait pas mal. Mais Alexandre, lui, y croyait et dès lors, cela prenait — un peu — d'importance tout de même.
Il s'avança dans la nef, sans chercher le moins du monde à être discret. Ses pas résonnaient sur les dalles et se répercutaient contre le haut plafond avec une force décuplée.
Il n'y avait qu'une personne, un homme assis sur un banc. C'était la première fois qu'il entrait et qu'il y avait quelqu'un d'autre qu'Alexandre. Que cet homme pense ce qu'il souhaite, il ne venait pas pour ses beaux yeux.
D'ailleurs, il ne se fit pas plus discret. Il claqua presque des pieds encore plus fort, animé de cet élan de provocation habituel. Il ne s'attendait pas à le voir bouger. Rien ne semblait pouvoir déranger les fidèles dans leurs prières. Et pourtant… pourtant, l'homme se leva lentement dans l'allée. Il se plaça en plein milieu, pile sur son passage. Un instant, Alduis suspendit une brève seconde son geste et une tension familière naquit entre ses épaules. Parce que de toute évidence, cet homme l'attendait… et qu'il connaissait ce visage.
Il ne ralentit pas son pas. Il garda la même foulée, la même cadence militaire qu'il avait la plupart du temps en marchant, ce rythme naturel dans ses enjambées.
Juillet 1588.
Zakros.
Les moustiques, l'humidité, les bottes qui s'enfonçaient à chaque pas dans le sol spongieux. Les bruits de succion quand ils relevaient les pieds. Le bourdonnement des insectes.
La route vers ce fameux point stratégique plus au nord, qui n'avait jamais été atteint.
500 monbriniens, 350 zakrotiens.
Une attaque surprise et sanglante.
Et le tas de cadavres qui en avait résulté.
Dans la mêlée, dans le chaos qui avait pris les monbriniens, il avait croisé ce regard. Il avait vu ce visage.
Un visage peinturluré, plus jeune, et marqué par la colère qui tordait tous les visages, mais c'était incontestablement le même.
Un zakrotien hargneux, fougueux, qui taillait les membres et creusait un chemin dans l'armée ennemie, comme on fauche du blé.
Un Zakrotien. Dans une église. Qui l'attendait.
Alduis eut un fin sourire, alors que les mots d'Alexandre lui revenait en mémoire. Aussitôt suivis de ceux de Cassandre, et de la petite estafilade que son couteau avait laissé. Il arriva enfin au niveau du barbare. Se planta devant lui sans trembler, en sachant pertinemment ce qui suivrait — mais lui aussi, avait à lui exprimer quelques rancoeurs, ça tombait bien !
- Eldred donc ? Depuis le temps que j'entends ce nom, je ne pensais pas voir un visage connu, déclara-t-il nonchalamment, en ne doutant pas une seconde que son raisonnement était juste. Mais avant de passer aux banalités de présentations, je suppose que nous avons des choses plus concrètes à nous dire.
Et il eut un sourire ravi, en attendant sans bouger de recevoir le coup que préparait son poing droit. Et qu'il n'avait aucune intention de parer.
Il avait bien dormi. Étonnamment. Et il se sentait de bonne humeur. Il avait quitté le domaine de Fromart de bon matin, pour progresser dans les ruelles sans but. Un fantôme, mais un fantôme qui souriait. Et ce n'en était que plus effrayant, tout compte fait.
Ses pas l'avaient mené instinctivement — mais sans la moindre once de hasard — devant l'église. Comme il n'avait rien à faire, il s'était arrêté devant le perron et avait contemplé l'entrée. En levant les yeux, il distinguait le haut du clocher, pointé très haut vers le ciel.
Il n'avait pas résisté à l'idée d'entrer. Non pas qu'il commençait à ressentir la moindre foi — cette possibilité était moins réaliste à chaque nouveau jour qui passait — mais il y avait désormais une autre signification à cette immense nef, et à ces immenses voûtes. Et cette signification-là, s'appelait ni plus, ni moins, Alexandre. C'était entre ces murs-là qu'il le voyait, qu'il pouvait le toucher et l'embrasser. En toute tranquillité.
Qu'est-ce qu'Alexandre ressentait en entrant ici, au juste ? Il ne comprenait pas. C'était des pierres comme les autres, en quoi cela aurait-il représenté quelque chose de plus ? D'accord, c'était plus impressionnant. Mais il y avait quelque chose, une épaisseur symbolique, qu'il ne saisissait pas. Décidément pas. Et dont, au fond, il se fichait pas mal. Mais Alexandre, lui, y croyait et dès lors, cela prenait — un peu — d'importance tout de même.
Il s'avança dans la nef, sans chercher le moins du monde à être discret. Ses pas résonnaient sur les dalles et se répercutaient contre le haut plafond avec une force décuplée.
Il n'y avait qu'une personne, un homme assis sur un banc. C'était la première fois qu'il entrait et qu'il y avait quelqu'un d'autre qu'Alexandre. Que cet homme pense ce qu'il souhaite, il ne venait pas pour ses beaux yeux.
D'ailleurs, il ne se fit pas plus discret. Il claqua presque des pieds encore plus fort, animé de cet élan de provocation habituel. Il ne s'attendait pas à le voir bouger. Rien ne semblait pouvoir déranger les fidèles dans leurs prières. Et pourtant… pourtant, l'homme se leva lentement dans l'allée. Il se plaça en plein milieu, pile sur son passage. Un instant, Alduis suspendit une brève seconde son geste et une tension familière naquit entre ses épaules. Parce que de toute évidence, cet homme l'attendait… et qu'il connaissait ce visage.
Il ne ralentit pas son pas. Il garda la même foulée, la même cadence militaire qu'il avait la plupart du temps en marchant, ce rythme naturel dans ses enjambées.
Juillet 1588.
Zakros.
Les moustiques, l'humidité, les bottes qui s'enfonçaient à chaque pas dans le sol spongieux. Les bruits de succion quand ils relevaient les pieds. Le bourdonnement des insectes.
La route vers ce fameux point stratégique plus au nord, qui n'avait jamais été atteint.
500 monbriniens, 350 zakrotiens.
Une attaque surprise et sanglante.
Et le tas de cadavres qui en avait résulté.
Dans la mêlée, dans le chaos qui avait pris les monbriniens, il avait croisé ce regard. Il avait vu ce visage.
Un visage peinturluré, plus jeune, et marqué par la colère qui tordait tous les visages, mais c'était incontestablement le même.
Un zakrotien hargneux, fougueux, qui taillait les membres et creusait un chemin dans l'armée ennemie, comme on fauche du blé.
Un Zakrotien. Dans une église. Qui l'attendait.
Alduis eut un fin sourire, alors que les mots d'Alexandre lui revenait en mémoire. Aussitôt suivis de ceux de Cassandre, et de la petite estafilade que son couteau avait laissé. Il arriva enfin au niveau du barbare. Se planta devant lui sans trembler, en sachant pertinemment ce qui suivrait — mais lui aussi, avait à lui exprimer quelques rancoeurs, ça tombait bien !
- Eldred donc ? Depuis le temps que j'entends ce nom, je ne pensais pas voir un visage connu, déclara-t-il nonchalamment, en ne doutant pas une seconde que son raisonnement était juste. Mais avant de passer aux banalités de présentations, je suppose que nous avons des choses plus concrètes à nous dire.
Et il eut un sourire ravi, en attendant sans bouger de recevoir le coup que préparait son poing droit. Et qu'il n'avait aucune intention de parer.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Lorsqu’il avait entendu les pas dans l’allée, Eldred s’était retourné.
Instinctivement.
Avec une certaine curiosité pour l’homme qui entrait.
Homme, car il n’y avait que les bottes d’hommes pour faire ce claquement caractéristique. Et il n’y avait que deux types de personnes qui portaient ce genre de souliers couteux : les hommes aisés et les officiers de l’armée. A en juger par le rythme cadencé de ses pas, le zakrotien avait immédiatement penché pour un militaire averti. Ses pas n’avaient rien de discrets. Ils n’essayaient pas de se faire oublier dans l’édifice religieux comme ceux de la plupart des dévots. Non, ces pas là sonnaient comme une provocation. Ces pas là voulaient qu’on les remarque.
Chacun de ces petits détails sonores avaient attisé son envie d’en savoir plus sur ce soldat au point qu’il n’avait pu faire autrement que de se retourner. Sa vue confirma les indices qu’il avait déjà relevés et il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour mettre un nom sur l’insolent fantôme.
Alduis de Fromart.
Eldred se leva et se plaça au centre de l’allée. L’homme marchait vers lui, déterminé, son regard fixe croisant le sien. A quoi pensait-il ? Le zakrotien attendait patiemment qu’il se rapproche suffisamment, pour qu’il puisse payer sa dette. Les pieds solidement ancrés dans les dalles de pierre, il laissait les secondes s’écouler au gré du claquement des semelles.
Il décela un fin sourire sur le visage de celui qui était tout autant son allié que son ennemi du moment. Pourquoi ? Qu’avait-il donc compris ? Peut-être savait-il qui il était ? Ce fumier de troll aurait bien pu lui donner son nom et sa description après tout… Il s’arrêta finalement face à lui. Déraisonnablement proche lorsque l’on était un guerrier. Il n’avait pas peur, pas plus que le zakrotien ne craignait le draugr.
Eldred donc ? Depuis le temps que j’entends ce nom, je ne pensais pas voir un visage connu
Qu’il connaisse son nom passait encore quand on savait avait quel genre de moulin à paroles il appréciait passer son temps -et plus encore-. Mais visage connu ? La fin de sa phrase eu de quoi déstabiliser le guerrier barbare. L’avait-il donc déjà vu ? Il chercha à quelle occasion cela aurait pu être le cas, car assurément, il s’en serait souvenu… Lui-même l’avait aperçu pour la première fois, sortant de chez Dame Irène telle une charogne dépecée sur le dos d’Alexandre. Et il en était certain : personne ne les avait remarqués. Et certainement pas cet homme qui était dans un autre monde à ce moment précis. Alors où ? Il n’aurait su dire pourquoi mais il savait qu’il ne bluffait pas. Alduis l’avait déjà vu…
En attendant, il y avait une note qui attendait d’être réglée. Et lui-même le savait. Eldred avait vu son regard se diriger vers ses mains. Mais il souriait.
- On ne menace pas de mort les enfants.
Le coup parti.
Un beau crochet du droit qui s’écrasa contre la joue du noble soldat. Un coup parfaitement maitrisé. Suffisamment pour le faire saigner, pas assez pour réellement le blesser.
Les dettes devaient toujours être remboursées à égales valeurs. Ni trop. Ni trop peu.
Alduis avait laissé une estafilade sur le coup de Cassandre, il lui infligerait donc une blessure équivalente. Et ils seraient quittes.
Bien sûr Eldred savait que ce n’était pas sans risque de s’en prendre à un noble et à un soldat aguerri. Il risquait gros : la potence pour le long terme et une riposte à court terme. Mais qu’importe. La mort viendrait le cueillir quand elle le souhaiterait. Lui, tenait à ce que les dettes soient payées. Quant aux représailles… Il se prépara à esquiver un coup de poing ou de poignard mais rien ne vint.
- Tu sembles prétendre m’avoir déjà vu et je sais que tu dis vrai. Alors où ? demanda-t-il sans ambages
La dette était payée, il pouvait reprendre une conversation des plus banales. C’était sans le moindre ressentiment qu’il s’adressait désormais à lui. Il savait ce qu’on disait sur son compte, mais il n’avait pas une once de peur ou d’appréhension. Il n’était qu’un homme comme tant d’autres. Et ce n’était pas sa particule, pas plus que sa toilette immaculée qui le ferait changer d’avis. Quant à sa réputation de fou sanguinaire, lui n’y voyait qu’un animal blessé ; et il pouvait les sentir, les ténèbres qui l’enveloppaient.
Instinctivement.
Avec une certaine curiosité pour l’homme qui entrait.
Homme, car il n’y avait que les bottes d’hommes pour faire ce claquement caractéristique. Et il n’y avait que deux types de personnes qui portaient ce genre de souliers couteux : les hommes aisés et les officiers de l’armée. A en juger par le rythme cadencé de ses pas, le zakrotien avait immédiatement penché pour un militaire averti. Ses pas n’avaient rien de discrets. Ils n’essayaient pas de se faire oublier dans l’édifice religieux comme ceux de la plupart des dévots. Non, ces pas là sonnaient comme une provocation. Ces pas là voulaient qu’on les remarque.
Chacun de ces petits détails sonores avaient attisé son envie d’en savoir plus sur ce soldat au point qu’il n’avait pu faire autrement que de se retourner. Sa vue confirma les indices qu’il avait déjà relevés et il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour mettre un nom sur l’insolent fantôme.
Alduis de Fromart.
Eldred se leva et se plaça au centre de l’allée. L’homme marchait vers lui, déterminé, son regard fixe croisant le sien. A quoi pensait-il ? Le zakrotien attendait patiemment qu’il se rapproche suffisamment, pour qu’il puisse payer sa dette. Les pieds solidement ancrés dans les dalles de pierre, il laissait les secondes s’écouler au gré du claquement des semelles.
Il décela un fin sourire sur le visage de celui qui était tout autant son allié que son ennemi du moment. Pourquoi ? Qu’avait-il donc compris ? Peut-être savait-il qui il était ? Ce fumier de troll aurait bien pu lui donner son nom et sa description après tout… Il s’arrêta finalement face à lui. Déraisonnablement proche lorsque l’on était un guerrier. Il n’avait pas peur, pas plus que le zakrotien ne craignait le draugr.
Eldred donc ? Depuis le temps que j’entends ce nom, je ne pensais pas voir un visage connu
Qu’il connaisse son nom passait encore quand on savait avait quel genre de moulin à paroles il appréciait passer son temps -et plus encore-. Mais visage connu ? La fin de sa phrase eu de quoi déstabiliser le guerrier barbare. L’avait-il donc déjà vu ? Il chercha à quelle occasion cela aurait pu être le cas, car assurément, il s’en serait souvenu… Lui-même l’avait aperçu pour la première fois, sortant de chez Dame Irène telle une charogne dépecée sur le dos d’Alexandre. Et il en était certain : personne ne les avait remarqués. Et certainement pas cet homme qui était dans un autre monde à ce moment précis. Alors où ? Il n’aurait su dire pourquoi mais il savait qu’il ne bluffait pas. Alduis l’avait déjà vu…
En attendant, il y avait une note qui attendait d’être réglée. Et lui-même le savait. Eldred avait vu son regard se diriger vers ses mains. Mais il souriait.
- On ne menace pas de mort les enfants.
Le coup parti.
Sans préavis.
Sans émotion.
Sans émotion.
Un beau crochet du droit qui s’écrasa contre la joue du noble soldat. Un coup parfaitement maitrisé. Suffisamment pour le faire saigner, pas assez pour réellement le blesser.
Les dettes devaient toujours être remboursées à égales valeurs. Ni trop. Ni trop peu.
Alduis avait laissé une estafilade sur le coup de Cassandre, il lui infligerait donc une blessure équivalente. Et ils seraient quittes.
Quitte jusqu’à la prochaine fois.
Bien sûr Eldred savait que ce n’était pas sans risque de s’en prendre à un noble et à un soldat aguerri. Il risquait gros : la potence pour le long terme et une riposte à court terme. Mais qu’importe. La mort viendrait le cueillir quand elle le souhaiterait. Lui, tenait à ce que les dettes soient payées. Quant aux représailles… Il se prépara à esquiver un coup de poing ou de poignard mais rien ne vint.
- Tu sembles prétendre m’avoir déjà vu et je sais que tu dis vrai. Alors où ? demanda-t-il sans ambages
La dette était payée, il pouvait reprendre une conversation des plus banales. C’était sans le moindre ressentiment qu’il s’adressait désormais à lui. Il savait ce qu’on disait sur son compte, mais il n’avait pas une once de peur ou d’appréhension. Il n’était qu’un homme comme tant d’autres. Et ce n’était pas sa particule, pas plus que sa toilette immaculée qui le ferait changer d’avis. Quant à sa réputation de fou sanguinaire, lui n’y voyait qu’un animal blessé ; et il pouvait les sentir, les ténèbres qui l’enveloppaient.
Aussi blanc que fut son habit, Alduis lui apparaissait plus sombre que la nuit.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Alduis s'était arrêté à moins d'un mètre de Eldred. Il se tenait là, insolemment proche du zakrotien, à une distance qui était tout sauf raisonnable quand on avait affaire à un ennemi. Mais la raison n'avait rien à voir là-dedans, au contraire. Ce n'était que question de provocation, une manière de lui faire comprendre qu'il n'avait pas peur. Et il savait à la manière dont le barbare l'avait regardé arrivé, le dos raide, qu'il n'avait pas peur non plus de lui.
Alduis ne pouvait s'empêcher de sourire, et à chaque pas son sourire n'avait fait que grandir. Si bien qu'en s'arrêtant enfin à son niveau, ses yeux céruléens plantés dans les siens, il était immense. Il avait bien vu la lueur de surprise s'allumer dans les yeux de Eldred. Oh non, bien sûr, il ne se rappelait pas. Pas aussi bien que lui, en tout cas. Et qu'y avait-il de surprenant à cela ? Cette pensée le fit sourire encore davantage.
Mais avant, il fallait régler ces fameux comptes. Et cela ne tarda pas. Parfait. Au moins, les choses seraient rapides ! On ne menace pas de mort les enfants. Ce fut l'unique préambule avant que le coup parte. Un coup parfaitement calculé, qui n'était ni trop fort, ni trop faible. Alduis aurait certainement pu l'éviter, le contrer... ou même le retourner à son propriétaire dans la foulée. Il aurait pu aussi lui rappeler qu'il n'était qu'un misérable esclave face à lui, un noble – mais les classes sociales n'avaient rien à faire là-dedans, c'était un réglement de compte parfaitement loyal d'homme à homme. Mais il ne fit rien de tout cela, il n'essaya même pas.
Il prit le crocher de plein fouet, qui arriva sur sa droite comme il l'avait pressenti, et les vaisseaux de son nez éclatèrent dès l'impact. Sa tête fut un bref instant projetée sur le côté et un flot de sang inonda immédiatement ses lèvres et répandit sur ses papilles ce goût métallique qu'il connaissait bien. Eldred se préparait déjà à encaisser une riposte. Alduis leva les mains, après s'être essuyé le nez du dos de la main rapidement mais sans ralentir le flux carmin, pour prouver qu'il n'avait pas l'intention de faire quelque chose de tel.
Pourquoi se serait-il défendu ? Après tout, il avait effectivement attaqué cette petite garce de Cassandre. Le proverbe ne disait-il pas qui sème le vent récolte la tempête ? Eh bien voilà. Alduis détestait être accusé de choses qu'il n'avait pas faite, mais celle-ci, il en était bel et bien la cause et il ne cherchait pas à le cacher. Il avait agressé la gamine. C'était aussi simple que cela, et aucune justification à avoir. Mais Alduis n'avait jamais essayé de se rendre meilleur qu'il ne l'était.
Comme il n'y avait personne dans l'église, il la traversa de nouveau, en ignorant momentanément Eldred qui avait repris un sujet plus banal – abordant cette première rencontre. Il se planta devant le bénitier et se leva le visage avec, retirant le sang qui venait la teinter de rouge, en pensant avec un certain amusement qui en aurait découlé si quelques personnes avaient été présentes. Pour une fois que cette eau avait une vraie utilité ! Quand ce fut bon, tout en nettoyant les traces de sang qui demeurait sur ses mains, il déclara de but en blanc :
- Zakros, 20 juillet 1588.
Une date. Lancée sans préambule, sans un regard, comme au hasard – sauf que rien n'était plus précis, justement. Comme si cela était tout à fait naturel. Il laissa Eldred infuser, le temps de terminer ce qu'il faisait, avant de revenir enfin vers lui avec un sourire sans équivoque. Il s'appuya contre l'une des colonnes nonchalamment, posant son pied contre la pierre taillée sans le moindre respect, et leva brièvement les yeux vers les hautes voûtes. Il croisa les bras sur son torse, et revint plonger ses yeux au fond de ceux du barbare, parfaitement conscient que ce n'était sûrement pour lui qu'une date parmi d'autres. Il reprit pourtant, d'un ton narquois, parce qu'il se doutait déjà de la réponse :
- Ça te dit quelque chose ?
Alduis ne pouvait s'empêcher de sourire, et à chaque pas son sourire n'avait fait que grandir. Si bien qu'en s'arrêtant enfin à son niveau, ses yeux céruléens plantés dans les siens, il était immense. Il avait bien vu la lueur de surprise s'allumer dans les yeux de Eldred. Oh non, bien sûr, il ne se rappelait pas. Pas aussi bien que lui, en tout cas. Et qu'y avait-il de surprenant à cela ? Cette pensée le fit sourire encore davantage.
Mais avant, il fallait régler ces fameux comptes. Et cela ne tarda pas. Parfait. Au moins, les choses seraient rapides ! On ne menace pas de mort les enfants. Ce fut l'unique préambule avant que le coup parte. Un coup parfaitement calculé, qui n'était ni trop fort, ni trop faible. Alduis aurait certainement pu l'éviter, le contrer... ou même le retourner à son propriétaire dans la foulée. Il aurait pu aussi lui rappeler qu'il n'était qu'un misérable esclave face à lui, un noble – mais les classes sociales n'avaient rien à faire là-dedans, c'était un réglement de compte parfaitement loyal d'homme à homme. Mais il ne fit rien de tout cela, il n'essaya même pas.
Il prit le crocher de plein fouet, qui arriva sur sa droite comme il l'avait pressenti, et les vaisseaux de son nez éclatèrent dès l'impact. Sa tête fut un bref instant projetée sur le côté et un flot de sang inonda immédiatement ses lèvres et répandit sur ses papilles ce goût métallique qu'il connaissait bien. Eldred se préparait déjà à encaisser une riposte. Alduis leva les mains, après s'être essuyé le nez du dos de la main rapidement mais sans ralentir le flux carmin, pour prouver qu'il n'avait pas l'intention de faire quelque chose de tel.
Pourquoi se serait-il défendu ? Après tout, il avait effectivement attaqué cette petite garce de Cassandre. Le proverbe ne disait-il pas qui sème le vent récolte la tempête ? Eh bien voilà. Alduis détestait être accusé de choses qu'il n'avait pas faite, mais celle-ci, il en était bel et bien la cause et il ne cherchait pas à le cacher. Il avait agressé la gamine. C'était aussi simple que cela, et aucune justification à avoir. Mais Alduis n'avait jamais essayé de se rendre meilleur qu'il ne l'était.
Comme il n'y avait personne dans l'église, il la traversa de nouveau, en ignorant momentanément Eldred qui avait repris un sujet plus banal – abordant cette première rencontre. Il se planta devant le bénitier et se leva le visage avec, retirant le sang qui venait la teinter de rouge, en pensant avec un certain amusement qui en aurait découlé si quelques personnes avaient été présentes. Pour une fois que cette eau avait une vraie utilité ! Quand ce fut bon, tout en nettoyant les traces de sang qui demeurait sur ses mains, il déclara de but en blanc :
- Zakros, 20 juillet 1588.
Une date. Lancée sans préambule, sans un regard, comme au hasard – sauf que rien n'était plus précis, justement. Comme si cela était tout à fait naturel. Il laissa Eldred infuser, le temps de terminer ce qu'il faisait, avant de revenir enfin vers lui avec un sourire sans équivoque. Il s'appuya contre l'une des colonnes nonchalamment, posant son pied contre la pierre taillée sans le moindre respect, et leva brièvement les yeux vers les hautes voûtes. Il croisa les bras sur son torse, et revint plonger ses yeux au fond de ceux du barbare, parfaitement conscient que ce n'était sûrement pour lui qu'une date parmi d'autres. Il reprit pourtant, d'un ton narquois, parce qu'il se doutait déjà de la réponse :
- Ça te dit quelque chose ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Il avait encaissé le coup sans tenter de l’éviter. Comme ça. De plein fouet. Eldred savait pertinemment qu'il aurait pu l’esquiver ou même contre-attaquer. Mais Alduis l'avait accepté. Il avait accepté de payer sa dette sans discuter et pour cela, il éprouva une certaine de forme de respect pour le draugr.
Son nez saigna et l'affaire fut clause. Il inclina légèrement la tête lorsqu’il leva les bras en signe de paix, signe que lui aussi était passé à autre chose. Il suivit ensuite du regard Alduis se diriger vers le bénitier pour s'y rincer le nez. Loin de s'offusquer, il s’amusa de cette bassine d'eau qui en voyait littéralement de toutes les couleurs. Il y a peu, il s'en était servi pour dessiner des runes sur le bras de Cassandre et le soldat semblait aussi pieux que le barbare lui-même… S'il se réjouissait de ce point commun, ce n’était pas là ce qui l’intéressait sur le moment.
Non, l'esclave voulait savoir où ils avaient pu se rencontrer. Il avait fouillé toute sa mémoire et depuis son arrivée à Monbrina, il était sûr de ne jamais l'avoir croisé excepté le 27 novembre. Alors où ?
Aussi direct qu’il l’était lui-même, Alduis lui offrit la réponse, tout en se lavant les mains des traces de sang.
Ses yeux s’agrandirent. Cette date. Jamais il ne pourrait l'oublier. Elle resterait gravée dans son cœur comme tant d'autres qui avait jalonné sa vie.
Efjaborg, Átta heyannir áttatíu àttadi prononça-t-il dans un souffle.
Efjaborg, cette place forte que le contingent n'avait jamais atteint. C’était le 8ème jour du mois des fenaisons de l’année 88.
D'un coup, tous ses souvenirs refirent surface. Le bourdonnement incessant des moustiques, l'odeur d'humus et d'humidité, les broussailles sur son visage, l’arrivée de l’armée monbrinienne et l'assaut.
Dans sa mémoire, il cherchait, cherchait, cherchait un visage qui aurait pu correspondre, mais il n'y avait rien d'autre qu'un grand chaos.
Combien de monbriniens avait-il tués ce jour-là ? Il était bien incapable de le dire.
Il dévisagea soudainement le visage balafré qui ne se départait pas de son sourire. Pouvait-il être la cause de cette cicatrice ? Non, ça, il s'en serait souvenu, de ces yeux si bleus…
- Au moins tu as gardé tous tes membres. constata-t-il non sans amusement en se souvenant de la boucherie qui avait eu lieu.
Il se rapprocha du soldat en linceul et s'appuya nonchalamment sur l'un des bancs qui lui faisait face.
- C'est à peu près tout ce dont je me souviens. avoua-t-il en souriant.
Il se souvenait parfaitement de ce jour. De ces circonstances et de sa funeste fin. Mais les visages qu’il avait croisés ? Pour lui ce n’était qu'une suite de cibles à abattre. Moins ils se relèveraient, moins ils pourraient s'en prendre aux siens. C’était aussi simple que cela. Ce jour-là, Eldred avait exterminé les monbriniens comme la vermine qu’ils représentaient. Ce n’était plus des hommes. Seulement des ennemis. Est-ce qu’il en était fier ? Pas vraiment. Mais cela, il ne l’avait compris que bien plus tard. La victoire pouvait parfois revêtir une saveur fort âcre.
Son nez saigna et l'affaire fut clause. Il inclina légèrement la tête lorsqu’il leva les bras en signe de paix, signe que lui aussi était passé à autre chose. Il suivit ensuite du regard Alduis se diriger vers le bénitier pour s'y rincer le nez. Loin de s'offusquer, il s’amusa de cette bassine d'eau qui en voyait littéralement de toutes les couleurs. Il y a peu, il s'en était servi pour dessiner des runes sur le bras de Cassandre et le soldat semblait aussi pieux que le barbare lui-même… S'il se réjouissait de ce point commun, ce n’était pas là ce qui l’intéressait sur le moment.
Non, l'esclave voulait savoir où ils avaient pu se rencontrer. Il avait fouillé toute sa mémoire et depuis son arrivée à Monbrina, il était sûr de ne jamais l'avoir croisé excepté le 27 novembre. Alors où ?
Aussi direct qu’il l’était lui-même, Alduis lui offrit la réponse, tout en se lavant les mains des traces de sang.
20 juillet 1588
Ses yeux s’agrandirent. Cette date. Jamais il ne pourrait l'oublier. Elle resterait gravée dans son cœur comme tant d'autres qui avait jalonné sa vie.
Efjaborg, Átta heyannir áttatíu àttadi prononça-t-il dans un souffle.
Efjaborg, cette place forte que le contingent n'avait jamais atteint. C’était le 8ème jour du mois des fenaisons de l’année 88.
D'un coup, tous ses souvenirs refirent surface. Le bourdonnement incessant des moustiques, l'odeur d'humus et d'humidité, les broussailles sur son visage, l’arrivée de l’armée monbrinienne et l'assaut.
Dans sa mémoire, il cherchait, cherchait, cherchait un visage qui aurait pu correspondre, mais il n'y avait rien d'autre qu'un grand chaos.
Des gerbes de sang,
de boyaux,
des membres découpés,
des tendons sectionnés,
des cris de douleurs,
des cris d'agonies,
la fureur qui l'habitait,
le désir de vengeance et de destruction.
de boyaux,
des membres découpés,
des tendons sectionnés,
des cris de douleurs,
des cris d'agonies,
la fureur qui l'habitait,
le désir de vengeance et de destruction.
Combien de monbriniens avait-il tués ce jour-là ? Il était bien incapable de le dire.
Il dévisagea soudainement le visage balafré qui ne se départait pas de son sourire. Pouvait-il être la cause de cette cicatrice ? Non, ça, il s'en serait souvenu, de ces yeux si bleus…
- Au moins tu as gardé tous tes membres. constata-t-il non sans amusement en se souvenant de la boucherie qui avait eu lieu.
Il se rapprocha du soldat en linceul et s'appuya nonchalamment sur l'un des bancs qui lui faisait face.
- C'est à peu près tout ce dont je me souviens. avoua-t-il en souriant.
Il se souvenait parfaitement de ce jour. De ces circonstances et de sa funeste fin. Mais les visages qu’il avait croisés ? Pour lui ce n’était qu'une suite de cibles à abattre. Moins ils se relèveraient, moins ils pourraient s'en prendre aux siens. C’était aussi simple que cela. Ce jour-là, Eldred avait exterminé les monbriniens comme la vermine qu’ils représentaient. Ce n’était plus des hommes. Seulement des ennemis. Est-ce qu’il en était fier ? Pas vraiment. Mais cela, il ne l’avait compris que bien plus tard. La victoire pouvait parfois revêtir une saveur fort âcre.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Alduis souriait. Le 20 juillet 1588. Une date qui gardait une résonance puissante, rien qu'à voir les yeux de Eldred qui s'agrandir. Lui aussi, s'en souvenait. Son esprit avait enregistré chaque petite seconde qui avait rythmé cette bataille.
Efjaborg, c'était bien le nom de ce point qu'ils rejoignaient. Qu'ils n'avaient jamais atteint, plus exactement, arrêtés par les centaines de Zakrotiens qui les avaient pris par surprise. Saloperie de guerre déloyale. C'était précisément ce qu'il était en train de penser quand l'air s'était alourdi autour de lui, de quelques 350 respirations. Il n'avait pas changé d'avis depuis.
Alduis ne fit aucun commentaire sur le murmure, incompréhensible à ses oreilles, de Eldred. Il s'en fichait, et d'ailleurs, il était davantage occupé sur l'eau rougie du bénitier et les légers remous provoqués quand il avait secoué ses mains au-dessus. Ces vaguelettes rougeâtres, ces contre-courants ondulant dans l'eau claire. Le contre-courant de la vie dans la mort.
Le sang.
Preuve que l'on était vivant.
Preuve que tout le monde pouvait mourir, que personne n'était invincible.
Le sang.
Ce flot écarlate.
Qui s'écoulait des corps, remplacé par le vide, par le silence.
Il se fit soudain violence pour relever la tête, pour lâcher la danse hypnotique des filets carmins qui dansaient, et releva les yeux vers Eldred. Ils pensaient à la même chose, bien sûr.
Au carnage, aux corps tombant à terre, mutilés, agonisants, aux cris, aux visages figés, au chaos qui avait submergé les divisions monbriniennes en l'espace de dix secondes, à la panique des chevaux, aux longs henissements qu'ils poussaient, aux ruades, aux thorax qui avaient été écrasés sous leurs sabots.
Le sang avait abreuvé la terre ce jour-là, les corps avaient jonché le sol, et le soir venu, le ciel avait rougi de toutes ces morts.
Il avait tué dix-neuf zakrotiens. Et il se souvenait précisément de chacun de leurs visages. Autant que celui d'Eldred s'était inscrit dans sa mémoire.
La tornade sauvage qui éventrait quiconque se trouvait dans son passage. Le zakrotien possédé par on ne savait quelle force démoniaque… sauf qu'Alduis savait bien qu'aucun homme n'était immortel. Une lame ajustée et précise pouvait tuer n'importe lequel d'entre eux, même le plus intouchable, même le plus fort. Il suffisait de trouver la faille. Et de frapper.
Mais celui qui était en face de lui, n'était pas le même homme. Il y avait une présence sereine qui se dégageait de lui. Quelque chose de posé, de franc, dans le coup qu'il lui avait donné, dans ses mots. Une maîtrise de soi-même qui réveillait le capharnüm perpétuel qui s'agitait en Alduis. Il eut un nouveau sourire glacial.
- Au moins, tu as gardé tous tes membres.
Il était certain qu'Eldred avait coupé plusieurs bras, ce jour-là. Et il lui répondit, sans se départir de son sourire :
- Tu ne serai pas en train de me parler, si j'avais perdu un membre.
Eldred vint nonchalamment s'appuyer contre l'un des bancs en face de lui. Il ne se souvenait de rien d'autre ? Alduis affronta son regard. Hum, très bien, il allait lui rafraîchir la mémoire. Il le détailla de la tête aux pieds, s'arrêtant sur la cicatrice sur sa joue gauche. Il savait exactement d'où elle venait. Avec toujours la même expression provocatrice, il la désignant d'un signe de tête :
- C'est moi qui t'ait fait ça. — une pause, un sourire sans équivoque — Ça te revient maintenant ?
Il le laissa se remémorer ce que sa mémoire avait pu engranger, avant de repousser la colonne avec son pied, décroissant les bras au passage. Sans prévenir, il claqua ses talons l'un contre l'autre et s'inclina raidement. Militairement.
- Ce fut un honneur de t'affronter, toi et ton peuple.
Eldred avait été un adversaire redoutable, lui aussi avait encore les cicatrices que cet affrontement lui avait laissé. Affronter un ennemi à la guerre était toujours un honneur, et encore un plus grand quand sa lame avait tailladé votre peau.
Et rien que pour cela, l'esclave méritait son respect. Il se redressa finalement, et eut un hochement de tête décidé.
Efjaborg, c'était bien le nom de ce point qu'ils rejoignaient. Qu'ils n'avaient jamais atteint, plus exactement, arrêtés par les centaines de Zakrotiens qui les avaient pris par surprise. Saloperie de guerre déloyale. C'était précisément ce qu'il était en train de penser quand l'air s'était alourdi autour de lui, de quelques 350 respirations. Il n'avait pas changé d'avis depuis.
Alduis ne fit aucun commentaire sur le murmure, incompréhensible à ses oreilles, de Eldred. Il s'en fichait, et d'ailleurs, il était davantage occupé sur l'eau rougie du bénitier et les légers remous provoqués quand il avait secoué ses mains au-dessus. Ces vaguelettes rougeâtres, ces contre-courants ondulant dans l'eau claire. Le contre-courant de la vie dans la mort.
Le sang.
Preuve que l'on était vivant.
Preuve que tout le monde pouvait mourir, que personne n'était invincible.
Le sang.
Ce flot écarlate.
Qui s'écoulait des corps, remplacé par le vide, par le silence.
Il se fit soudain violence pour relever la tête, pour lâcher la danse hypnotique des filets carmins qui dansaient, et releva les yeux vers Eldred. Ils pensaient à la même chose, bien sûr.
Au carnage, aux corps tombant à terre, mutilés, agonisants, aux cris, aux visages figés, au chaos qui avait submergé les divisions monbriniennes en l'espace de dix secondes, à la panique des chevaux, aux longs henissements qu'ils poussaient, aux ruades, aux thorax qui avaient été écrasés sous leurs sabots.
Le sang avait abreuvé la terre ce jour-là, les corps avaient jonché le sol, et le soir venu, le ciel avait rougi de toutes ces morts.
Il avait tué dix-neuf zakrotiens. Et il se souvenait précisément de chacun de leurs visages. Autant que celui d'Eldred s'était inscrit dans sa mémoire.
La tornade sauvage qui éventrait quiconque se trouvait dans son passage. Le zakrotien possédé par on ne savait quelle force démoniaque… sauf qu'Alduis savait bien qu'aucun homme n'était immortel. Une lame ajustée et précise pouvait tuer n'importe lequel d'entre eux, même le plus intouchable, même le plus fort. Il suffisait de trouver la faille. Et de frapper.
Mais celui qui était en face de lui, n'était pas le même homme. Il y avait une présence sereine qui se dégageait de lui. Quelque chose de posé, de franc, dans le coup qu'il lui avait donné, dans ses mots. Une maîtrise de soi-même qui réveillait le capharnüm perpétuel qui s'agitait en Alduis. Il eut un nouveau sourire glacial.
- Au moins, tu as gardé tous tes membres.
Il était certain qu'Eldred avait coupé plusieurs bras, ce jour-là. Et il lui répondit, sans se départir de son sourire :
- Tu ne serai pas en train de me parler, si j'avais perdu un membre.
Eldred vint nonchalamment s'appuyer contre l'un des bancs en face de lui. Il ne se souvenait de rien d'autre ? Alduis affronta son regard. Hum, très bien, il allait lui rafraîchir la mémoire. Il le détailla de la tête aux pieds, s'arrêtant sur la cicatrice sur sa joue gauche. Il savait exactement d'où elle venait. Avec toujours la même expression provocatrice, il la désignant d'un signe de tête :
- C'est moi qui t'ait fait ça. — une pause, un sourire sans équivoque — Ça te revient maintenant ?
Il le laissa se remémorer ce que sa mémoire avait pu engranger, avant de repousser la colonne avec son pied, décroissant les bras au passage. Sans prévenir, il claqua ses talons l'un contre l'autre et s'inclina raidement. Militairement.
- Ce fut un honneur de t'affronter, toi et ton peuple.
Eldred avait été un adversaire redoutable, lui aussi avait encore les cicatrices que cet affrontement lui avait laissé. Affronter un ennemi à la guerre était toujours un honneur, et encore un plus grand quand sa lame avait tailladé votre peau.
Et rien que pour cela, l'esclave méritait son respect. Il se redressa finalement, et eut un hochement de tête décidé.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred laissait péniblement les souvenirs affluer dans son esprit. Il cherchait Alduis. Il cherchait ces cheveux quasi blancs, ses yeux de glaces et son sourire provocateur ; mais il ne voyait que des membres sanguignolant, des tripes pendant de plaies béantes, des têtes séparées de leurs corps, du sang, du sang, du sang, encore du sang et de la boue.
Que regardait-il dans le bénitier ? Les augures ? Volute d’eau ? Son propre sang ?
Toujours est-il qu’il se détacha pour venir s’appuyer contre une colonne tandis que le guerrier fouillait toujours chaque recoin de sa mémoire sans parvenir à déterminer un visage. Etrangement, tous les traits de ses adversaires semblaient s’être flouter avec le temps, les laissant à jamais sans visage.
Comme il ne trouvait pas, il se permit une petite provocation sur le sujet tout en avouant son amnésie. Son regard polaire se posa dans le sien avant de le détaillait des pieds à la tête. Que cherchait-il donc ? Il désigna sa joue
- C'est moi qui t'ait fait ça. — une pause, un sourire sans équivoque — Ça te revient maintenant ?
Eldred caressa sa joue gauche distraitement. Cette cicatrice. Oui. Il se souvenait maintenant. L’abatteur. Ce soldat qui pourfendait méthodiquement et froidement chacun de ses assaillants, sans la moindre émotion. Il croisa le regard d’Alduis. Etait-ce vraiment le même homme ? Là, au cœur de la bataille, sur une terre pavée de cadavre, il l’avait affronté, excédé par ce comportement qu’il avait trouvé si inhumain, si distant. Comment cet homme impitoyable et détaché pouvait être celui-ci ténébreux et qui semblait être rongé de l’intérieur ? Et pourtant… Ce regard. Il n’en avait maintenant plus aucun doute, il se souvenait parfaitement d’avoir croisé le fer avec lui.
- Tu dois conserver quelques souvenirs de notre rencontre, si je ne m’abuse répondit-il en souriant.
Car il fallait le dire : ce jour-là dans la tourmente de la bataille, il n’y avait pas été de main morte. Il avait souvenir que Fjörsbítr avait mordu sa chair plus d’une fois… Son épée. Sa précieuse lame... Il l'avait perdue le jour de sa déportation. On disait que les guerriers mettaient leur âme dans leurs armes... C'était d'autant plus vrai lorsque celui qui la maniait l'avait fabriquée. Une brève lueur de tristesse voila son regard tandis que son cœur s'étreignait à cette réflexion: cela faisait des mois qu'il n'y avait plus songé.
Soudainement, Alduis se redressa et le salua militairement sous son regard étonné. Il s’était attendu à tout… Sauf à ça. Eldred inclina poliment la tête et lui retourna ses respects.
- J’espère avoir l’honneur de te croiser au Valhöll et de combattre à tes côtés lors du Ragnarök
Il savait reconnaitre le talent de ses adversaires et il n’y avait pas de beaux affrontements sans adversaire de taille. Ils avaient tous deux combattus dans un style très différent mais il se souvenait désormais avec une lucidité troublante de leur échange. Qui aurait cru qu’il le retrouverait ici, neuf ans plus tard ? Et si… Différent ?
Eldred croisa les bras et indiqua de la tête sa tenue quasi immaculée.
- Pourquoi tu portes un linceul ? Tu as l’air d’un draugr. D’un revenant. D’un mort qui marche. Où est passé le guerrier ?
Sa voix était à peine voilée de provocation. Mais c’était plus la curiosité et l’incompréhension qui régnait. Cela faisait presque une décennie et l’eau avait coulé sous les ponts mais son ennemi d’un jour n’était plus que l’ombre de lui-même. Il l’avait qualifié de chat blessé devant Cassandre et c’était ce qu’il était. Il y avait là des cicatrices qu’il n’avait jamais refermées. Des cicatrices qui se gangrénaient dans tout son être et le dévoraient de l’intérieur. C’était ça les ténèbres qu’il ressentait en le voyant.
Que regardait-il dans le bénitier ? Les augures ? Volute d’eau ? Son propre sang ?
Toujours est-il qu’il se détacha pour venir s’appuyer contre une colonne tandis que le guerrier fouillait toujours chaque recoin de sa mémoire sans parvenir à déterminer un visage. Etrangement, tous les traits de ses adversaires semblaient s’être flouter avec le temps, les laissant à jamais sans visage.
Comme il ne trouvait pas, il se permit une petite provocation sur le sujet tout en avouant son amnésie. Son regard polaire se posa dans le sien avant de le détaillait des pieds à la tête. Que cherchait-il donc ? Il désigna sa joue
- C'est moi qui t'ait fait ça. — une pause, un sourire sans équivoque — Ça te revient maintenant ?
Eldred caressa sa joue gauche distraitement. Cette cicatrice. Oui. Il se souvenait maintenant. L’abatteur. Ce soldat qui pourfendait méthodiquement et froidement chacun de ses assaillants, sans la moindre émotion. Il croisa le regard d’Alduis. Etait-ce vraiment le même homme ? Là, au cœur de la bataille, sur une terre pavée de cadavre, il l’avait affronté, excédé par ce comportement qu’il avait trouvé si inhumain, si distant. Comment cet homme impitoyable et détaché pouvait être celui-ci ténébreux et qui semblait être rongé de l’intérieur ? Et pourtant… Ce regard. Il n’en avait maintenant plus aucun doute, il se souvenait parfaitement d’avoir croisé le fer avec lui.
- Tu dois conserver quelques souvenirs de notre rencontre, si je ne m’abuse répondit-il en souriant.
Car il fallait le dire : ce jour-là dans la tourmente de la bataille, il n’y avait pas été de main morte. Il avait souvenir que Fjörsbítr avait mordu sa chair plus d’une fois… Son épée. Sa précieuse lame... Il l'avait perdue le jour de sa déportation. On disait que les guerriers mettaient leur âme dans leurs armes... C'était d'autant plus vrai lorsque celui qui la maniait l'avait fabriquée. Une brève lueur de tristesse voila son regard tandis que son cœur s'étreignait à cette réflexion: cela faisait des mois qu'il n'y avait plus songé.
Soudainement, Alduis se redressa et le salua militairement sous son regard étonné. Il s’était attendu à tout… Sauf à ça. Eldred inclina poliment la tête et lui retourna ses respects.
- J’espère avoir l’honneur de te croiser au Valhöll et de combattre à tes côtés lors du Ragnarök
Il savait reconnaitre le talent de ses adversaires et il n’y avait pas de beaux affrontements sans adversaire de taille. Ils avaient tous deux combattus dans un style très différent mais il se souvenait désormais avec une lucidité troublante de leur échange. Qui aurait cru qu’il le retrouverait ici, neuf ans plus tard ? Et si… Différent ?
Eldred croisa les bras et indiqua de la tête sa tenue quasi immaculée.
- Pourquoi tu portes un linceul ? Tu as l’air d’un draugr. D’un revenant. D’un mort qui marche. Où est passé le guerrier ?
Sa voix était à peine voilée de provocation. Mais c’était plus la curiosité et l’incompréhension qui régnait. Cela faisait presque une décennie et l’eau avait coulé sous les ponts mais son ennemi d’un jour n’était plus que l’ombre de lui-même. Il l’avait qualifié de chat blessé devant Cassandre et c’était ce qu’il était. Il y avait là des cicatrices qu’il n’avait jamais refermées. Des cicatrices qui se gangrénaient dans tout son être et le dévoraient de l’intérieur. C’était ça les ténèbres qu’il ressentait en le voyant.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Là.
La lumière s'était faite dans l'esprit d'Eldred.
Alduis eut un sourire en coin. La bataille restait d'une clarté remarquable dans son esprit, malgré les années qui s'étaient écoulées depuis et malgré le chaos. Il percevait encore l'odeur âcre du sang qui prenait à la gorge, revoyait les guerriers zakrotiens qui virvoltaient et soldats monbriniens qui trébuchaient pour ne plus jamais se relever. À vrai dire, il s'en souvenait aussi précisément que si elle venait juste de terminer.
- Quelques souvenirs, en effet, répondit-il simplement, avec le même air amusé qu'Eldred.
Avant de le saluer. Parce qu'on saluait ses ennemis, ses adversaires, qu'on les respectait. D'autant quand ils vous avaient laissé quelques souvenirs, justement. Cet affrontement restait sans contestation envisageable l'un des plus beaux qu'il avait mené. Et que ce même adversaire ne soit autre que ce fameux Eldred avait quelque chose d'amusant. Il fallait croire que leurs chemins étaient voués à se croiser.
- Je te ré-affronterai avec plaisir, conclut-il enfin, en se redressant, après avoir répondu aux honneurs rendus d'un hochement de tête entendu.
Depuis quand avait-il été asservi ? C’était une question qu’il ne posa pas. Il aurait déjà dû, pour le faire, en avoir le temps. Mais d’un geste de tête, Eldred venait de désigner ses habits blancs, et sa voix s’éleva :
- Pourquoi tu portes un linceul ?
Alduis ne bougea pas d’un pouce. Il garda ses yeux plantés au fond de ceux de Eldred. Il savait bien de quoi il avait l’air : un fantôme. Mais les gens ne s’approchaient pas des fantômes, et cela l’arrangeait bien. Mais Eldred semblait avoir des questions.
- Où est passé le guerrier ?
Les mots résonnèrent dans sa tête, un écho qui rebondit et prit de l’ampleur au lieu de se dissiper. Les images de guerre saturèrent aussitôt sa mémoire, l’emplissant de corps en décomposition, de soldats agonisants et suppliants d’être achevés.
Et de corps enfoncés dans des draps nauséabonds.
Il serra les phalanges sans s’en rendre compte, autour des gardes de ses couteaux, si fort qu’elles en devinrent blanches. Il lui semblait que la force avait déserté ses doigts.
Il lui semblait presque la sentir encore. Juste là, au fond de son ventre, tapie dans l’ombre. Elle ne l’avait pas emporté la première fois, et elle attendait sa prochaine chance. Mais il n’y aurait pas de deuxième fois, cette fois, il y veillerait.
Sa mémoire s’agitait. Elle cherchait. Elle cherchait encore, encore et encore des détails, des détails qu’elle ne trouvait pas, qui formait comme un trou noir au milieu d’une immense lumière blanche. Et ne pas se souvenir, ne pas savoir ce qui s’était passé, ce qu’il avait dit… Cela la déstabilisait. Tout ce qui lui restait, ce n’étaient que les échos brumeux de la fièvre, d’un homme délirant.
Son corps l’avait trahi.
Sa mémoire le trahissait chaque jour de chaque mois depuis.
Le guerrier était mort. Le typhus l’avait emporté dans son sillage. Il eut un sourire terriblement sombre, et répondit d’une voix glaciale, sans qu’aucune émotion ne dépasse les murailles érigées autour de lui :
- Il est mort. Navré.
La lumière s'était faite dans l'esprit d'Eldred.
Alduis eut un sourire en coin. La bataille restait d'une clarté remarquable dans son esprit, malgré les années qui s'étaient écoulées depuis et malgré le chaos. Il percevait encore l'odeur âcre du sang qui prenait à la gorge, revoyait les guerriers zakrotiens qui virvoltaient et soldats monbriniens qui trébuchaient pour ne plus jamais se relever. À vrai dire, il s'en souvenait aussi précisément que si elle venait juste de terminer.
- Quelques souvenirs, en effet, répondit-il simplement, avec le même air amusé qu'Eldred.
Avant de le saluer. Parce qu'on saluait ses ennemis, ses adversaires, qu'on les respectait. D'autant quand ils vous avaient laissé quelques souvenirs, justement. Cet affrontement restait sans contestation envisageable l'un des plus beaux qu'il avait mené. Et que ce même adversaire ne soit autre que ce fameux Eldred avait quelque chose d'amusant. Il fallait croire que leurs chemins étaient voués à se croiser.
- Je te ré-affronterai avec plaisir, conclut-il enfin, en se redressant, après avoir répondu aux honneurs rendus d'un hochement de tête entendu.
Depuis quand avait-il été asservi ? C’était une question qu’il ne posa pas. Il aurait déjà dû, pour le faire, en avoir le temps. Mais d’un geste de tête, Eldred venait de désigner ses habits blancs, et sa voix s’éleva :
- Pourquoi tu portes un linceul ?
Alduis ne bougea pas d’un pouce. Il garda ses yeux plantés au fond de ceux de Eldred. Il savait bien de quoi il avait l’air : un fantôme. Mais les gens ne s’approchaient pas des fantômes, et cela l’arrangeait bien. Mais Eldred semblait avoir des questions.
- Où est passé le guerrier ?
Les mots résonnèrent dans sa tête, un écho qui rebondit et prit de l’ampleur au lieu de se dissiper. Les images de guerre saturèrent aussitôt sa mémoire, l’emplissant de corps en décomposition, de soldats agonisants et suppliants d’être achevés.
Et de corps enfoncés dans des draps nauséabonds.
Il serra les phalanges sans s’en rendre compte, autour des gardes de ses couteaux, si fort qu’elles en devinrent blanches. Il lui semblait que la force avait déserté ses doigts.
Il lui semblait presque la sentir encore. Juste là, au fond de son ventre, tapie dans l’ombre. Elle ne l’avait pas emporté la première fois, et elle attendait sa prochaine chance. Mais il n’y aurait pas de deuxième fois, cette fois, il y veillerait.
Sa mémoire s’agitait. Elle cherchait. Elle cherchait encore, encore et encore des détails, des détails qu’elle ne trouvait pas, qui formait comme un trou noir au milieu d’une immense lumière blanche. Et ne pas se souvenir, ne pas savoir ce qui s’était passé, ce qu’il avait dit… Cela la déstabilisait. Tout ce qui lui restait, ce n’étaient que les échos brumeux de la fièvre, d’un homme délirant.
Son corps l’avait trahi.
Sa mémoire le trahissait chaque jour de chaque mois depuis.
Le guerrier était mort. Le typhus l’avait emporté dans son sillage. Il eut un sourire terriblement sombre, et répondit d’une voix glaciale, sans qu’aucune émotion ne dépasse les murailles érigées autour de lui :
- Il est mort. Navré.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Je te ré-affronterai avec plaisir,
Eldred hocha la tête pour lui signifier qu’il partageait son avis. Rien ne lui ferait plus plaisir que de croiser le fer à nouveau contre lui. Il avait été un adversaire de taille et ce combat avait été mémorable. L'un des meilleurs de sa vie, indubitablement. Le retrouver ici était inespéré. A croire que leurs destins étaient liés d'une façon ou d'une autre. Son serment au baron rendait inévitable un affrontement. Ce n’était qu'une question de temps, il le savait. Mais il se garda bien de lui dire pour le moment.
Chaque chose en son temps. Et l'heure était venue de s’enquérir des démons qu'il tentait d'encapsuler sous son habit de lumière. Alduis était différent. Il le sentait. Ils ne s’étaient rencontrés qu'un court instant, neuf ans plus tôt mais il était alors un autre homme, froid et implacable.
Désormais, il était toujours froid mais froid comme la mort.
Alors il lui demanda. Simplement et sans ambages : pourquoi.
Il affronta son regard bleu sérac sans battre en retraite.
Au contraire, il attaqua de nouveau : où.
Son regard était plongé dans le sien mais le draugr ne le voyait plus. Les images défilaient devant ses yeux. Lesquelles ? Eldred l'ignorait. Il resta silencieux.
Silencieux et attentif.
Il ne manqua pas de voir ses mains serrer les soies de ses couteaux. Qui était l'ennemi ? Le guerrier resta sur ses gardes. S'il n’était pas la cible, il n’était pas à l'abri d'un coup perdu. Ses muscles se raidirent prêt à effectuer une esquive si la situation l'exigeait. Alduis se crispait de plus en plus. Les jointures de ses doigts devenaient de plus en plus blanches. Il suivait ses pupilles qui s'agitaient de gauche à droite, seules parties mobiles de son corps. Que cherchait-il ?
Et la sentence tomba. Aussi froide que l’acier d'une lame.
- Il est mort. Navré
C’était donc ça. Il s’était perdu.
Eldred secoua la tête lentement avant d’affronter à nouveau son regard.
- Non. Les guerriers ne meurent que sur le champ de bataille. Tu es toujours là
Il se redressa et posa ses mains sur le banc situé entre eux. Son buste penché vers lui, il déclara posément:
- Tu l'as perdu.
Sa voix résonna sous la nef. Il laissa un court silence avant de porter un nouveau coup.
- Où ?
- Comment ?
Que s’était-il passé ? Pourquoi voulait-il à ce point l'aider ? Il ne savait pas exactement si ce n’était qu'il ne pouvait accepter de voir ce fier guerrier ainsi. Il ne voulait pas affronter un mort. Ce n’était que l'ombre du soldat qu’il avait combattu. Malgré leurs différents, il ne pouvait l'abandonner à son sort.
-Helheim… murmura-t-il
Dans son esprit, les idées s'associaient… le puzzle, toujours incomplet, semblait prendre forme. Il n’était pas toujours nécessaire de parler pour apprendre…
Eldred hocha la tête pour lui signifier qu’il partageait son avis. Rien ne lui ferait plus plaisir que de croiser le fer à nouveau contre lui. Il avait été un adversaire de taille et ce combat avait été mémorable. L'un des meilleurs de sa vie, indubitablement. Le retrouver ici était inespéré. A croire que leurs destins étaient liés d'une façon ou d'une autre. Son serment au baron rendait inévitable un affrontement. Ce n’était qu'une question de temps, il le savait. Mais il se garda bien de lui dire pour le moment.
Chaque chose en son temps. Et l'heure était venue de s’enquérir des démons qu'il tentait d'encapsuler sous son habit de lumière. Alduis était différent. Il le sentait. Ils ne s’étaient rencontrés qu'un court instant, neuf ans plus tôt mais il était alors un autre homme, froid et implacable.
Désormais, il était toujours froid mais froid comme la mort.
Froid comme le Helheim.
Un habit de glace et de mort.
Un habit de glace et de mort.
Alors il lui demanda. Simplement et sans ambages : pourquoi.
Il affronta son regard bleu sérac sans battre en retraite.
Au contraire, il attaqua de nouveau : où.
Son regard était plongé dans le sien mais le draugr ne le voyait plus. Les images défilaient devant ses yeux. Lesquelles ? Eldred l'ignorait. Il resta silencieux.
Silencieux et attentif.
Il ne manqua pas de voir ses mains serrer les soies de ses couteaux. Qui était l'ennemi ? Le guerrier resta sur ses gardes. S'il n’était pas la cible, il n’était pas à l'abri d'un coup perdu. Ses muscles se raidirent prêt à effectuer une esquive si la situation l'exigeait. Alduis se crispait de plus en plus. Les jointures de ses doigts devenaient de plus en plus blanches. Il suivait ses pupilles qui s'agitaient de gauche à droite, seules parties mobiles de son corps. Que cherchait-il ?
Et la sentence tomba. Aussi froide que l’acier d'une lame.
- Il est mort. Navré
C’était donc ça. Il s’était perdu.
Eldred secoua la tête lentement avant d’affronter à nouveau son regard.
- Non. Les guerriers ne meurent que sur le champ de bataille. Tu es toujours là
Il se redressa et posa ses mains sur le banc situé entre eux. Son buste penché vers lui, il déclara posément:
- Tu l'as perdu.
Sa voix résonna sous la nef. Il laissa un court silence avant de porter un nouveau coup.
- Où ?
- Comment ?
Que s’était-il passé ? Pourquoi voulait-il à ce point l'aider ? Il ne savait pas exactement si ce n’était qu'il ne pouvait accepter de voir ce fier guerrier ainsi. Il ne voulait pas affronter un mort. Ce n’était que l'ombre du soldat qu’il avait combattu. Malgré leurs différents, il ne pouvait l'abandonner à son sort.
Là, dans son habit de lumière, Baldr cheminait sur la route glacée du Helheim, entouré de ténèbres. Mais cette fois-ci, il n'y resterait pas. Hermod le volerait à Hel et le ramènerait au monde des vivants.
-Helheim… murmura-t-il
Dans son esprit, les idées s'associaient… le puzzle, toujours incomplet, semblait prendre forme. Il n’était pas toujours nécessaire de parler pour apprendre…
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
C’était un monde brumeux, un monde brûlant. C’était une main qui l’empêchait de se redresser, c’était un couteau qu’il ne trouvait plus, et une voix qui disait “non”. Qui refusait de l’achever.
C’était tout ce qui lui restait. Des images floues, des sensations floues, une boule de colère et de désespoir. Et cette impression d’être devenu une loque humaine, qui n'était même plus capable de pisser seul… D’être devenu faible.
On l’avait forcé à vivre.
On l’avait condamné à exister avec cette honte en lui. Cette faiblesse qui resterait à tout jamais dans son sang, comme un souvenir perpétuel que la confiance n’existait pas.
On l’avait traité comme un animal. Et même pire que cela : on achevait les animaux souffrants. Pourquoi ne lui avait-on pas accordé ce repos ?
Personne n’avait eu la bienséance de le tuer. De lui épargner cette humiliation.
Dieu n’existait pas.
Et la vie était une traînée. Une sale traînée de garce déloyale.
Alors, oui, une part de lui était morte, et elle continuait de décomposer en lui. Elle le faisait sombrer un peu plus à chaque morceau de chair qui se putréfiait. S'il s'était regardé dans un miroir, il n'aurait rien au fond de ses yeux. Sinon le vide, le froid. Et quelque chose de plus noir encore. Mais pour cela, encore aurait-il dû se regarder dans un miroir parfois.
Du guerrier que Eldred avait croisé, il ne restait plus grand chose. Juste une grande carcasse blanche, une épave insomniaque, des débris fissurés que rien ne pourrait rassembler. C'était comme espérer réparer un vase dont il manquait la moitié des morceaux. Ridicule. Et puérile.
- Non. Les guerriers meurent sur les champs de bataille. Tu es toujours là.
Alduis ricana. De ce ricanement creux, aigre, rauque. Il était toujours là. Et c'était bien le problème. Un guerrier préférait mourir que d'être humilié.
Eldred se redressa. Il se pencha vers lui. Trop près. Alduis était toujours collé le dos à la colonne et le contact froid contre sa nuque, tout comme les manches des couteaux dans ses paumes, étaient les seules choses qui le gardaient amarrés.
- Tu l'as perdu.
Alduis sursauta. Ses doigts serrèrent plus fort. Tout à coup, il se sentait mal.
Où ?
Comment ?
Les images brumeuses revirent. Et malgré lui, il se concentra dessus, cherchant à les rendre nettes. Mais avait-il vraiment envie de se souvenir ? Comment son propre corps avait-il pu le trahir de la sorte ? Abattu par une vulgaire maladie.
Alduis se crispa encore. Où ? Comment ? Un long frisson remonta sa colonne vertébrale. Il prit une inspiration, comme si remplir ses poumons d'air pourrait remplacer cette poix noire qui recouvrait ses bronches. Mais c'était comme s'il venait d'inspirer une poignée de sel : et c'était bien connu, le sel brûlait les blessures.
Il bloqua l'air en lui, en même temps que la tension se cristallisait dans ses muscles. Il eut le plus grand mal à expirer. Il entendit Eldred murmurait, mais il ne comprit pas ce qu'il disait. Il s'en moquait. Il essayait de contenir la poix qui s'étendait en lui.
De ses poumons, elle gagnait sa gorge et son estomac. S'étendait au foie. Coagulait son sang dans ses veines. Et allait bientôt atteindre le coeur. Elle l'aphyxiait, lentement. Il n'arrivait plus à bouger.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Sa voix était rauque. Pleine d'incompréhension. Pourquoi ? Pourquoi cherchait-il à comprendre ? Ils ne se connaissaient pas. Alors pour qui se prenait-il, ce barbare ? Pour un ami ? Alduis était un Fromart. Les Fromart n'avaient pas d'amis, juste des ennemis.
Et les ennemis exploitaient les failles. Cherchaient les secrets les plus sombres pour faire pression. Un secret finissait toujours par être découvert. Il ne pouvait faire confiance à personne. Pas même à lui-même. Parce que lui, Alduis de Fromart, était le pire de tous ceux qu'il détestait.
Il se redressa, se décolla de la colonne avec un sourire effrayant. Enterra ses émotions au fond de son ventre.
La poix avait atteint le coeur.
C’était tout ce qui lui restait. Des images floues, des sensations floues, une boule de colère et de désespoir. Et cette impression d’être devenu une loque humaine, qui n'était même plus capable de pisser seul… D’être devenu faible.
On l’avait forcé à vivre.
On l’avait condamné à exister avec cette honte en lui. Cette faiblesse qui resterait à tout jamais dans son sang, comme un souvenir perpétuel que la confiance n’existait pas.
On l’avait traité comme un animal. Et même pire que cela : on achevait les animaux souffrants. Pourquoi ne lui avait-on pas accordé ce repos ?
Personne n’avait eu la bienséance de le tuer. De lui épargner cette humiliation.
Dieu n’existait pas.
Et la vie était une traînée. Une sale traînée de garce déloyale.
Alors, oui, une part de lui était morte, et elle continuait de décomposer en lui. Elle le faisait sombrer un peu plus à chaque morceau de chair qui se putréfiait. S'il s'était regardé dans un miroir, il n'aurait rien au fond de ses yeux. Sinon le vide, le froid. Et quelque chose de plus noir encore. Mais pour cela, encore aurait-il dû se regarder dans un miroir parfois.
Du guerrier que Eldred avait croisé, il ne restait plus grand chose. Juste une grande carcasse blanche, une épave insomniaque, des débris fissurés que rien ne pourrait rassembler. C'était comme espérer réparer un vase dont il manquait la moitié des morceaux. Ridicule. Et puérile.
- Non. Les guerriers meurent sur les champs de bataille. Tu es toujours là.
Alduis ricana. De ce ricanement creux, aigre, rauque. Il était toujours là. Et c'était bien le problème. Un guerrier préférait mourir que d'être humilié.
Eldred se redressa. Il se pencha vers lui. Trop près. Alduis était toujours collé le dos à la colonne et le contact froid contre sa nuque, tout comme les manches des couteaux dans ses paumes, étaient les seules choses qui le gardaient amarrés.
- Tu l'as perdu.
Alduis sursauta. Ses doigts serrèrent plus fort. Tout à coup, il se sentait mal.
Où ?
Comment ?
Les images brumeuses revirent. Et malgré lui, il se concentra dessus, cherchant à les rendre nettes. Mais avait-il vraiment envie de se souvenir ? Comment son propre corps avait-il pu le trahir de la sorte ? Abattu par une vulgaire maladie.
Alduis se crispa encore. Où ? Comment ? Un long frisson remonta sa colonne vertébrale. Il prit une inspiration, comme si remplir ses poumons d'air pourrait remplacer cette poix noire qui recouvrait ses bronches. Mais c'était comme s'il venait d'inspirer une poignée de sel : et c'était bien connu, le sel brûlait les blessures.
Il bloqua l'air en lui, en même temps que la tension se cristallisait dans ses muscles. Il eut le plus grand mal à expirer. Il entendit Eldred murmurait, mais il ne comprit pas ce qu'il disait. Il s'en moquait. Il essayait de contenir la poix qui s'étendait en lui.
De ses poumons, elle gagnait sa gorge et son estomac. S'étendait au foie. Coagulait son sang dans ses veines. Et allait bientôt atteindre le coeur. Elle l'aphyxiait, lentement. Il n'arrivait plus à bouger.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Sa voix était rauque. Pleine d'incompréhension. Pourquoi ? Pourquoi cherchait-il à comprendre ? Ils ne se connaissaient pas. Alors pour qui se prenait-il, ce barbare ? Pour un ami ? Alduis était un Fromart. Les Fromart n'avaient pas d'amis, juste des ennemis.
Et les ennemis exploitaient les failles. Cherchaient les secrets les plus sombres pour faire pression. Un secret finissait toujours par être découvert. Il ne pouvait faire confiance à personne. Pas même à lui-même. Parce que lui, Alduis de Fromart, était le pire de tous ceux qu'il détestait.
Il se redressa, se décolla de la colonne avec un sourire effrayant. Enterra ses émotions au fond de son ventre.
La poix avait atteint le coeur.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
A sa remarque, Eldred ne reçut qu’un rire amer et glacial. Et il en eut la certitude.
Là où vont les morts de maladie et de vieillesse.
Le déshonneur le plus complet pour un guerrier.
Alduis n’était pas de son peuple. Il ne croyait pas aux dieux du Nord. Connaissait-il seulement ses croyances ? Sans doute pas. Et pourtant, ils étaient liés, l’un et l’autre, par ces valeurs qu’ils partageaient. Tous deux ne souhaitaient qu’une chose : mourir par l’acier.
A chacune de ses paroles, le draugr se raidissait. Il savait qu’il visait juste. Son absence de réponse était une réponse à elle seule. Il venait de déterrer la source des ténèbres qui se répandait en lui. Depuis combien de temps était-il ainsi ? Sans doute beaucoup trop à en juger par son attitude. Il le vit happer l’air comme une carpe au bord de l’asphyxie dans sa mare boueuse.
- Qu’est-ce que tu veux ?
Pourquoi faisait-il cela ? Lui-même n’était pas sûr de le savoir. La nostalgie de ce combat ? Les valeurs qu’ils partageaient et qu’il n’avait retrouvé chez aucun autre étranger ? Devait-il seulement y avoir une raison à la main qu’il lui tendait ? Il écoutait son instinct. Son instinct qui lui avait si souvent sauvé la vie en lui faisant esquiver de justesse une lame qui s’abattait sur son crane ou piquait vers son cœur.
S’ils s’étaient retrouvés c’était pour une raison. Les Nornes seules avaient connaissance du motif de la tapisserie du destin.
- Il n’y a pas d’honneur à affronter un draugr.
Il laissa l’écho de sa voix se taire avant de se redresser et de quitter son regard de glace. Tout en contournant le banc pour se rapprocher de lui, il énonça calmement :
- Tu as failli mourir de maladie.
Le zakrotien venait d’enfoncer ses bras dans la plaie béante et purulente qui menaçait de l’emporter. Il eut un sourire de satisfaction et fit un pas de plus en poursuivant :
-Ton corps est revenu. Mais ton âme attend toujours sur le Helveg, la route glacée et ténébreuse des morts.
Il avait conscience qu’il ne comprendrait sans doute pas tout ce qu’il disait mais il n’avait pas d’autres mots pour expliquer les choses. Sa vie était intrinsèquement liée aux croyances du nord et tous les bains du monde n’y changeraient rien. En quoi croyait Alduis ? Cela n’avait pas d’importance mais il était plus proche que n’importe quel monbrinien de ses croyances.
Eldred se trouvait désormais face à lui. Plus rien ne les séparait. Pas même un vulgaire banc en bois sombre.
-Ils ne te comprennent pas, n’est-ce pas ? demanda-t-il en plongeant de nouveau ses yeux sombres mais lumineux dans les siens.
Il eut un sourire avant d’ajouter :
- Il n’y a pas pire mort pour un zakrotien que de mourir de maladie. C’est… Déshonorant.
Il retournait, tirait, triturait chaque portion de chair putréfiée qu’il trouvait au fond de son cœur. Il n’y aurait que nettoyé qu’il ramènerait son âme dans son corps de guerrier. Elle ne voulait pas revenir dans cette enveloppe qu’elle ne reconnaissait plus. Etait-ce d’être dans une église ? Eldred se sentait comme jamais connecté à ses racines. Zakros ne lui avait semblait si proche.
- Profite, Alduis.
Quoi qu’il en pense, il avait en face de lui, l’une des rares personnes à pouvoir le comprendre. Personne d’autres ne le pourrait aussi bien que lui. Pas même son petit boiteux à la langue trop pendue. Il fallait partager cette même vision de la vie et de la mort pour comprendre. Il fallait pouvoir regarder la mort en face, pour savoir…
Il eut un sourire et pour signe de sa bonne foi, il rompit la distance qui les séparait en une fraction de seconde pour poser sa main sur le pommeau de ses couteaux que ses doigts serraient toujours fermement.
- Tu as ma parole de guerrier.
Une promesse les yeux dans les yeux. Le serment de garder le silence et de ne pas utiliser la faille qu'il avait découverte.
Il aurait pu l'utiliser.
Mais quel gloire y avait-il à vaincre sans honneur? Aucune.
Il avait trop de respect pour l'homme face à lui pour cela.
Eldred battit en retraite aussi rapidement qu'il s'était approché: il n’était pas inconscient au point de rester dans son espace vital plus que de raison.
Soigner un animal blessé comportait toujours des risques.
Encore plus lorsqu’il s’appelait Alduis de Fromart.
- Tu m’excuseras. Je n’ai plus mon épée.
Un vague sourire triste accompagna ses dernières paroles avant qu’il n’aille s’appuyer nonchalamment sur la colonne d’en face.
L’église, elle, était toujours déserte. Eldred posa ses prunelles charbonneuses sur le crucifix : lui aussi c’était un draugr.
Rien de plus.
Certainement pas un dieu.
Helheim
Là où vont les morts de maladie et de vieillesse.
Le déshonneur le plus complet pour un guerrier.
Alduis n’était pas de son peuple. Il ne croyait pas aux dieux du Nord. Connaissait-il seulement ses croyances ? Sans doute pas. Et pourtant, ils étaient liés, l’un et l’autre, par ces valeurs qu’ils partageaient. Tous deux ne souhaitaient qu’une chose : mourir par l’acier.
A chacune de ses paroles, le draugr se raidissait. Il savait qu’il visait juste. Son absence de réponse était une réponse à elle seule. Il venait de déterrer la source des ténèbres qui se répandait en lui. Depuis combien de temps était-il ainsi ? Sans doute beaucoup trop à en juger par son attitude. Il le vit happer l’air comme une carpe au bord de l’asphyxie dans sa mare boueuse.
- Qu’est-ce que tu veux ?
Pourquoi faisait-il cela ? Lui-même n’était pas sûr de le savoir. La nostalgie de ce combat ? Les valeurs qu’ils partageaient et qu’il n’avait retrouvé chez aucun autre étranger ? Devait-il seulement y avoir une raison à la main qu’il lui tendait ? Il écoutait son instinct. Son instinct qui lui avait si souvent sauvé la vie en lui faisant esquiver de justesse une lame qui s’abattait sur son crane ou piquait vers son cœur.
S’ils s’étaient retrouvés c’était pour une raison. Les Nornes seules avaient connaissance du motif de la tapisserie du destin.
- Il n’y a pas d’honneur à affronter un draugr.
Il laissa l’écho de sa voix se taire avant de se redresser et de quitter son regard de glace. Tout en contournant le banc pour se rapprocher de lui, il énonça calmement :
- Tu as failli mourir de maladie.
Le zakrotien venait d’enfoncer ses bras dans la plaie béante et purulente qui menaçait de l’emporter. Il eut un sourire de satisfaction et fit un pas de plus en poursuivant :
-Ton corps est revenu. Mais ton âme attend toujours sur le Helveg, la route glacée et ténébreuse des morts.
Il avait conscience qu’il ne comprendrait sans doute pas tout ce qu’il disait mais il n’avait pas d’autres mots pour expliquer les choses. Sa vie était intrinsèquement liée aux croyances du nord et tous les bains du monde n’y changeraient rien. En quoi croyait Alduis ? Cela n’avait pas d’importance mais il était plus proche que n’importe quel monbrinien de ses croyances.
Hermod ramènera Baldr
Eldred se trouvait désormais face à lui. Plus rien ne les séparait. Pas même un vulgaire banc en bois sombre.
-Ils ne te comprennent pas, n’est-ce pas ? demanda-t-il en plongeant de nouveau ses yeux sombres mais lumineux dans les siens.
Il eut un sourire avant d’ajouter :
- Il n’y a pas pire mort pour un zakrotien que de mourir de maladie. C’est… Déshonorant.
Il retournait, tirait, triturait chaque portion de chair putréfiée qu’il trouvait au fond de son cœur. Il n’y aurait que nettoyé qu’il ramènerait son âme dans son corps de guerrier. Elle ne voulait pas revenir dans cette enveloppe qu’elle ne reconnaissait plus. Etait-ce d’être dans une église ? Eldred se sentait comme jamais connecté à ses racines. Zakros ne lui avait semblait si proche.
- Profite, Alduis.
Quoi qu’il en pense, il avait en face de lui, l’une des rares personnes à pouvoir le comprendre. Personne d’autres ne le pourrait aussi bien que lui. Pas même son petit boiteux à la langue trop pendue. Il fallait partager cette même vision de la vie et de la mort pour comprendre. Il fallait pouvoir regarder la mort en face, pour savoir…
Il eut un sourire et pour signe de sa bonne foi, il rompit la distance qui les séparait en une fraction de seconde pour poser sa main sur le pommeau de ses couteaux que ses doigts serraient toujours fermement.
- Tu as ma parole de guerrier.
Une promesse les yeux dans les yeux. Le serment de garder le silence et de ne pas utiliser la faille qu'il avait découverte.
Il aurait pu l'utiliser.
Mais quel gloire y avait-il à vaincre sans honneur? Aucune.
Il avait trop de respect pour l'homme face à lui pour cela.
Eldred battit en retraite aussi rapidement qu'il s'était approché: il n’était pas inconscient au point de rester dans son espace vital plus que de raison.
Soigner un animal blessé comportait toujours des risques.
Encore plus lorsqu’il s’appelait Alduis de Fromart.
- Tu m’excuseras. Je n’ai plus mon épée.
Un vague sourire triste accompagna ses dernières paroles avant qu’il n’aille s’appuyer nonchalamment sur la colonne d’en face.
L’église, elle, était toujours déserte. Eldred posa ses prunelles charbonneuses sur le crucifix : lui aussi c’était un draugr.
Rien de plus.
Certainement pas un dieu.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Que cherchait-il à faire ? Pourquoi posait-il ces questions ? Alduis était bien placé pour le savoir, la solidarité était un leurre. Les êtres humains étaient ainsi : ils aidaient seulement quand ils avaient un avantage à en tirer. Eldred ne devait, ne pouvait pas, être différent des autres. Alors pourquoi faisait-il cela ?
L'aider, comme ça, sans intérêt ? Il refusait d’y croire, c’était impossible. Aucune personne sensée n'aurait fait une chose pareille sans une idée derrière la tête. Il devait forcément avoir des projets. Alduis ne pouvait pas imaginer un seul instant qu’il en soit autrement. Même les plus désespérés conservaient des objectifs. Même eux, avaient des intérêts. Et Eldred ne faisait pas partie de cette catégorie-là.
Il ne pouvait rien pour lui. Rien ne pouvait plus le sauver. Parce que, pour être aidé, il fallait tout d’abord accepter les mains tendues. Et Alduis ne voulait d'aucune d'elles. Ni la sienne, ni celle des autres. Il ne voulait de la pitié et de la compassion de personne.
- Il n'y a pas d'honneur à affronter un draugr, fut la réponse qu’il obtint.
Et aussi vague que cela était, il s’en trouva un peu rassuré. Parce que ce n'était pas gratuit, pas totalement. Il y avait un intérêt, et pas des moindres : l’honneur. Une brève seconde, la poix qui s’épaississait en lui, recula. Il ricana encore, système de défense inconscient, en répondant :
- Tu perds ton temps.
En toute réponse, Eldred contourna le banc, se rapprochant encore. Tant que le dossier les séparait, Alduis bénéficiait encore d’une certaine maîtrise de lui-même. La distance que cela imposait automatiquement était une sécurité. Une sécurité qui venait d'être bafouée, sans un regard, sans une considération. Eldred venait d’entrer dans son espace vital, celui dans lequel un homme se sent attaqué. L'air autour d’Alduis s'électrifia et la pression monta en flèche.
Sous les voûtes de l’église vide, la voix résonna distinctement. Elle se répercuta en écho contre les murs. Des mots qui lui firent l’effet de fers chauffés à blanc que l’on venait d’appliquer sur sa peau.
Mourir de maladie.
Personne, lui-même compris, n’avait déjà énoncé cela aussi clairement. Il avait failli mourir. Et cela à cause d’un vulgaire typhus. Il avait déliré, comme le dernier des vieillards, comme le dernier des faiblards, pris dans les bras d’une fièvre trop forte. Il aurait dû mourir.
Eldred eut un sourire satisfait. Un sourire qu’Alduis ressentit comme un danger imminent. Comme un signe qu’Eldred avait trouvé ce qu’il cherchait, et qu’il ne lui restait plus qu’à s’en servir contre lui. Le zakrotien savait. Il savait quelle honte Alduis cachait au fond de lui sous ses airs provocateurs et son sourire de carnassier.
Personne ne devait savoir. Personne ne devait détenir une telle information sur lui. Eldred devait mourir pour cela. Il ne fallait pas avoir de secrets… ou tuer ceux qui les découvraient.
Alduis banda ses muscles. Eldred fit encore un pas. Alduis grogna sourdement, une lourde menace, semblables à celles d'un chien qui défend son territoire. Et qui prévient de ne pas s'approcher plus près. Il était toujours là, dos à la colonne, les mains plus que jamais crispées, les muscles tendus à l'extrême, proches de la rupture. Et il fixait droit dans les yeux Eldred. C'était un avertissement. Le premier, et le dernier. Reste là où tu es.
Il était si près. En tendant la main, il aurait pu le toucher. Il n’avait qu’un geste à faire pour le tuer, s’il le voulait. Mais étrangement, cela ne le rassurait pas. Pas cette fois, au moins. Eldred reprit :
- Ils ne te comprennent pas, n’est-ce pas ?
De nouveau, les mots résonnèrent entre les hauts murs, y rebondirent pour revenir le frapper avec une intensité doublée. Personne ne le comprenait. Aucun d’eux ne savait rien de ce qu’il ressentait. Mais étrangement, ces simples mots lui passèrent l’envie de le tuer. Il s’arrêta brièvement de bouger, pour le regarder, pour essayer de deviner à quoi il pensait à l’heure actuelle. Imperturbable, Eldred poursuivit. Et Alduis finit par répondre, sans nier, parce que nier était inutile désormais :
- Ils ont refusé de m’achever.
Joseph Cassin avait dit non.
Il l’avait laissé vivre. Quand il demandait à mourir. Quand il demandait de mettre fin à un calvaire.
Alduis était reparti dans un passé inaccessible, bloquant à l’infini sur ce même mot : non. Il n’écoutait plus Eldred, il ne l’entendait même plus vraiment. De quoi parlait-il, en lui disant de profiter ?
Il fut subitement coupé par le guerrier qui… combla la distance entre eux. Le corps d'Alduis fut plus rapide que lui. Il attrapa Eldred sans réfléchir, avant qu'il n'ait eu le temps de reculer, et donna un grand coup de genou dans son ventre. En plein dans son estomac, pour lui couper la respiration. Il fit aussitôt après trois pas en arrière pour rétablir la distance, en veillant à remettre un banc entre eux.
- Ne t'approche pas, articula-t-il entre ses dents serrées, dans un souffle furieux. Ne. t’approche. plus. jamais.
La distance établie l’apaisa quelque peu, et il se re-détendit imperceptiblement. Ses doigts relachèrent leur pression autour de la manche de sa dague. Il plongea ses yeux dans les siens. Eldred ne dirait rien ? Et il aurait dû lui faire confiance… lui qui savait on ne peut mieux que personne que la confiance n’existait pas - comme tout le reste ?
- Tu serais bête de ne pas t’en servir contre moi, remarqua-t-il simplement finalement, avant de baisser les yeux. Pourquoi tu ne le ferais pas ?
L'aider, comme ça, sans intérêt ? Il refusait d’y croire, c’était impossible. Aucune personne sensée n'aurait fait une chose pareille sans une idée derrière la tête. Il devait forcément avoir des projets. Alduis ne pouvait pas imaginer un seul instant qu’il en soit autrement. Même les plus désespérés conservaient des objectifs. Même eux, avaient des intérêts. Et Eldred ne faisait pas partie de cette catégorie-là.
Il ne pouvait rien pour lui. Rien ne pouvait plus le sauver. Parce que, pour être aidé, il fallait tout d’abord accepter les mains tendues. Et Alduis ne voulait d'aucune d'elles. Ni la sienne, ni celle des autres. Il ne voulait de la pitié et de la compassion de personne.
- Il n'y a pas d'honneur à affronter un draugr, fut la réponse qu’il obtint.
Et aussi vague que cela était, il s’en trouva un peu rassuré. Parce que ce n'était pas gratuit, pas totalement. Il y avait un intérêt, et pas des moindres : l’honneur. Une brève seconde, la poix qui s’épaississait en lui, recula. Il ricana encore, système de défense inconscient, en répondant :
- Tu perds ton temps.
En toute réponse, Eldred contourna le banc, se rapprochant encore. Tant que le dossier les séparait, Alduis bénéficiait encore d’une certaine maîtrise de lui-même. La distance que cela imposait automatiquement était une sécurité. Une sécurité qui venait d'être bafouée, sans un regard, sans une considération. Eldred venait d’entrer dans son espace vital, celui dans lequel un homme se sent attaqué. L'air autour d’Alduis s'électrifia et la pression monta en flèche.
Sous les voûtes de l’église vide, la voix résonna distinctement. Elle se répercuta en écho contre les murs. Des mots qui lui firent l’effet de fers chauffés à blanc que l’on venait d’appliquer sur sa peau.
Mourir de maladie.
Personne, lui-même compris, n’avait déjà énoncé cela aussi clairement. Il avait failli mourir. Et cela à cause d’un vulgaire typhus. Il avait déliré, comme le dernier des vieillards, comme le dernier des faiblards, pris dans les bras d’une fièvre trop forte. Il aurait dû mourir.
Eldred eut un sourire satisfait. Un sourire qu’Alduis ressentit comme un danger imminent. Comme un signe qu’Eldred avait trouvé ce qu’il cherchait, et qu’il ne lui restait plus qu’à s’en servir contre lui. Le zakrotien savait. Il savait quelle honte Alduis cachait au fond de lui sous ses airs provocateurs et son sourire de carnassier.
Personne ne devait savoir. Personne ne devait détenir une telle information sur lui. Eldred devait mourir pour cela. Il ne fallait pas avoir de secrets… ou tuer ceux qui les découvraient.
Alduis banda ses muscles. Eldred fit encore un pas. Alduis grogna sourdement, une lourde menace, semblables à celles d'un chien qui défend son territoire. Et qui prévient de ne pas s'approcher plus près. Il était toujours là, dos à la colonne, les mains plus que jamais crispées, les muscles tendus à l'extrême, proches de la rupture. Et il fixait droit dans les yeux Eldred. C'était un avertissement. Le premier, et le dernier. Reste là où tu es.
Il était si près. En tendant la main, il aurait pu le toucher. Il n’avait qu’un geste à faire pour le tuer, s’il le voulait. Mais étrangement, cela ne le rassurait pas. Pas cette fois, au moins. Eldred reprit :
- Ils ne te comprennent pas, n’est-ce pas ?
De nouveau, les mots résonnèrent entre les hauts murs, y rebondirent pour revenir le frapper avec une intensité doublée. Personne ne le comprenait. Aucun d’eux ne savait rien de ce qu’il ressentait. Mais étrangement, ces simples mots lui passèrent l’envie de le tuer. Il s’arrêta brièvement de bouger, pour le regarder, pour essayer de deviner à quoi il pensait à l’heure actuelle. Imperturbable, Eldred poursuivit. Et Alduis finit par répondre, sans nier, parce que nier était inutile désormais :
- Ils ont refusé de m’achever.
Joseph Cassin avait dit non.
Il l’avait laissé vivre. Quand il demandait à mourir. Quand il demandait de mettre fin à un calvaire.
Alduis était reparti dans un passé inaccessible, bloquant à l’infini sur ce même mot : non. Il n’écoutait plus Eldred, il ne l’entendait même plus vraiment. De quoi parlait-il, en lui disant de profiter ?
Il fut subitement coupé par le guerrier qui… combla la distance entre eux. Le corps d'Alduis fut plus rapide que lui. Il attrapa Eldred sans réfléchir, avant qu'il n'ait eu le temps de reculer, et donna un grand coup de genou dans son ventre. En plein dans son estomac, pour lui couper la respiration. Il fit aussitôt après trois pas en arrière pour rétablir la distance, en veillant à remettre un banc entre eux.
- Ne t'approche pas, articula-t-il entre ses dents serrées, dans un souffle furieux. Ne. t’approche. plus. jamais.
La distance établie l’apaisa quelque peu, et il se re-détendit imperceptiblement. Ses doigts relachèrent leur pression autour de la manche de sa dague. Il plongea ses yeux dans les siens. Eldred ne dirait rien ? Et il aurait dû lui faire confiance… lui qui savait on ne peut mieux que personne que la confiance n’existait pas - comme tout le reste ?
- Tu serais bête de ne pas t’en servir contre moi, remarqua-t-il simplement finalement, avant de baisser les yeux. Pourquoi tu ne le ferais pas ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Le temps… L'avantage indéniable d’être un esclave c'est que plus rien ne vous appartenait. Pas même votre vie. Alors le temps… Eldred avait tout son temps pour ramener son âme. Il ne doutait pas que cela se ferait en plusieurs fois mais qu’importe. Il était du genre têtu lorsqu’il décidait de se lancer dans une entreprise.
Il haussa donc les épaules avant de lui faire part de ses déductions qui firent mouches. Il contourna le banc pour se rapprocher. Il devait faire sauter ses défenses. Il devait entrer dans cet espace intime qui était le sien. Alduis grogna. Comme un chien qui s’apprête à mordre. Il se sentait prisonnier. Il voulait mordre la main qui souhaitait lui porter secours. Et bien qu'il la morde. Ce n’était pas ça qui l’empêcherait d'essayer.
Personne ne le comprenait.
Car personne ne partageait leurs visions de la guerre.
Car personne n'avait failli laisser sa vie bêtement terrassée par un ennemi qu'aucune épée ne pouvait pourfendre.
Évidemment qu’on ne l'avait pas achevé. Ces foutus chrétiens n'achevaient pas les hommes mais accordaient leur clémence aux bêtes. L’aurait-on achevé chez lui ? Sans doute pas, à moins qu’il n'y ait eu aucun doute possible sur l'issue de la bataille. Mais si Alduis était face à lui c'est qu'il avait vaincue. Il hocha cependant la tête, compréhensif.
Alduis devait vomir ses ténèbres s’il voulait s'en débarrasser et le guerrier était à peu près certain qu’il n'en avait jamais parlé à personne. Il avait trop honte. Ils vénéraient un dieu revenu des morts mais lui avait honte de ne pas y être resté.
Eldred lui offrait ses oreilles. Et la certitude de rester muet comme une tombe. Il n'y avait qu'en jurant sur une arme qu'un guerrier pouvait prêter un serment digne de ce nom. Alors il s'approcha brièvement, très brièvement pour jurer sur les armes d'Alduis car ce c’étaient-elles qui l'éviscereraient s'il venait à manquer à sa parole.
Il n’eut pas le temps de réagir. Le coup partit en plein dans son abdomen, le pliant en deux. Il avait beau être en parfaite condition, sa respiration se coupa net durant quelques secondes. Il toussa avant de se redresser.
Ne. T’approche. Plus. Jamais.
C’était pire que ce qu’il pensait. Cassandre avait eu de la chance, beaucoup de chance d'en ressortir avec une si bénigne blessure. Il lui fallut quelques secondes pour se remettre d'aplomb. Le chat crachait encore, juchait sur ses griffes sorties, les poils hérissés en crête sur son dos. Il était blessé et il comptait bien refuser toutes les mains qui lui serait tendues. Le zakrotien alla se réfugier sur la colonne qui lui faisait face. Il ne lui en voulait pas. Et il ne comptait pas non plus en rester là.
Alduis doutait. Il doutait de ses intentions et de sa parole. Mais il n'y avait pas de loup.
Pourquoi tu ne le ferais pas ?
Un petit sourire moqueur se dessina sur ses lèvres tandis qu’il croisait les bras.
- Si tu écoutais au lieu de me frapper, tu saurais que je viens de prêter serment.
Son ton taquin s’évapora pour laisser place à un profond sérieux.
- Qu'est ce qu’il te faut de plus comme assurance ? Mon sang ? il tendit sa main Que je jure sur l'autre draugr là-bas ? Sur l’âme de Byrnja ?
Ses yeux solidement ancrés dans les siens si bleus… Les mêmes que ceux de Byrnja…
Une nouvelle faille temporelle s’ouvrit, faisant ressurgir les souvenirs soigneusement enfouis.
Les corps inanimés sous la pluie qui s’amenuisait.
Et là…
Ses cheveux d’orge soigneusement tressés trempant dans cette hideuse fange.
Son visage de porcelaine maculé de gouttelettes rouges.
Ses yeux d’azur, grands ouverts sur Asgard.
Son expression figée dans un sourire triomphant.
Sa main qui tenait toujours fermement son poignard.
Son frêle mais solide corps de guerrière écrasé sous le poids de cet officier qu’elle avait empalé sur sa lame.
Le silence.
Cet assourdissant silence.
Ce monbrinien qu’il n’avait plus la force de déplacer seul pour libérer son corps.
Elle était morte comme tout zakrotien en rêvait : honorablement et mieux encore, héroïquement.
Elle irait festoyer au Fólkvangr.
Il n’y avait pas de plus belle mort.
Alors pourquoi aucune de ces pensées ne parvenaient à atténuer la peine et le vide qui s’installaient ?
Il le savait. Il savait qu’elle souhaitait mourir et il n’avait pas pu la retenir.
Il réintégra subitement le moment présent. Ses paupières se fermèrent brièvement tandis qu’il rangeait ces images avec les autres.
Tout esprit retrouvé, il se reconcentra sur ce qu’il considérait comme sa tâche et demanda de sa voix calme et assuré habituel :
- Qu'est ce que tu crois ? Que tu es le seul de ce monde à tomber malade et à en réchapper ?
Il marqua une pause et se détacha lentement de la colonne pour se redresser.
- Une maladie c’est comme un combat. Les faibles périssent. Les forts survivent. Alors si tu es là, en face de moi, c’est que tu es fort, Alduis.
Il marqua une pause avant de conclure
- Comme moi.
Il haussa donc les épaules avant de lui faire part de ses déductions qui firent mouches. Il contourna le banc pour se rapprocher. Il devait faire sauter ses défenses. Il devait entrer dans cet espace intime qui était le sien. Alduis grogna. Comme un chien qui s’apprête à mordre. Il se sentait prisonnier. Il voulait mordre la main qui souhaitait lui porter secours. Et bien qu'il la morde. Ce n’était pas ça qui l’empêcherait d'essayer.
Personne ne le comprenait.
Car personne ne partageait leurs visions de la guerre.
Car personne n'avait failli laisser sa vie bêtement terrassée par un ennemi qu'aucune épée ne pouvait pourfendre.
Évidemment qu’on ne l'avait pas achevé. Ces foutus chrétiens n'achevaient pas les hommes mais accordaient leur clémence aux bêtes. L’aurait-on achevé chez lui ? Sans doute pas, à moins qu’il n'y ait eu aucun doute possible sur l'issue de la bataille. Mais si Alduis était face à lui c'est qu'il avait vaincue. Il hocha cependant la tête, compréhensif.
Alduis devait vomir ses ténèbres s’il voulait s'en débarrasser et le guerrier était à peu près certain qu’il n'en avait jamais parlé à personne. Il avait trop honte. Ils vénéraient un dieu revenu des morts mais lui avait honte de ne pas y être resté.
Eldred lui offrait ses oreilles. Et la certitude de rester muet comme une tombe. Il n'y avait qu'en jurant sur une arme qu'un guerrier pouvait prêter un serment digne de ce nom. Alors il s'approcha brièvement, très brièvement pour jurer sur les armes d'Alduis car ce c’étaient-elles qui l'éviscereraient s'il venait à manquer à sa parole.
Il n’eut pas le temps de réagir. Le coup partit en plein dans son abdomen, le pliant en deux. Il avait beau être en parfaite condition, sa respiration se coupa net durant quelques secondes. Il toussa avant de se redresser.
Ne. T’approche. Plus. Jamais.
C’était pire que ce qu’il pensait. Cassandre avait eu de la chance, beaucoup de chance d'en ressortir avec une si bénigne blessure. Il lui fallut quelques secondes pour se remettre d'aplomb. Le chat crachait encore, juchait sur ses griffes sorties, les poils hérissés en crête sur son dos. Il était blessé et il comptait bien refuser toutes les mains qui lui serait tendues. Le zakrotien alla se réfugier sur la colonne qui lui faisait face. Il ne lui en voulait pas. Et il ne comptait pas non plus en rester là.
Alduis doutait. Il doutait de ses intentions et de sa parole. Mais il n'y avait pas de loup.
Pourquoi tu ne le ferais pas ?
Un petit sourire moqueur se dessina sur ses lèvres tandis qu’il croisait les bras.
- Si tu écoutais au lieu de me frapper, tu saurais que je viens de prêter serment.
Son ton taquin s’évapora pour laisser place à un profond sérieux.
- Qu'est ce qu’il te faut de plus comme assurance ? Mon sang ? il tendit sa main Que je jure sur l'autre draugr là-bas ? Sur l’âme de Byrnja ?
Byrnja.
Ses yeux solidement ancrés dans les siens si bleus… Les mêmes que ceux de Byrnja…
Alduis,
Byrnja,
Efjaborg.
Byrnja,
Efjaborg.
Une nouvelle faille temporelle s’ouvrit, faisant ressurgir les souvenirs soigneusement enfouis.
Les corps inanimés sous la pluie qui s’amenuisait.
Et là…
Ses cheveux d’orge soigneusement tressés trempant dans cette hideuse fange.
Son visage de porcelaine maculé de gouttelettes rouges.
Ses yeux d’azur, grands ouverts sur Asgard.
Son expression figée dans un sourire triomphant.
Sa main qui tenait toujours fermement son poignard.
Son frêle mais solide corps de guerrière écrasé sous le poids de cet officier qu’elle avait empalé sur sa lame.
Le silence.
Cet assourdissant silence.
Ce monbrinien qu’il n’avait plus la force de déplacer seul pour libérer son corps.
Elle était morte comme tout zakrotien en rêvait : honorablement et mieux encore, héroïquement.
Elle irait festoyer au Fólkvangr.
Il n’y avait pas de plus belle mort.
Alors pourquoi aucune de ces pensées ne parvenaient à atténuer la peine et le vide qui s’installaient ?
Il le savait. Il savait qu’elle souhaitait mourir et il n’avait pas pu la retenir.
Il réintégra subitement le moment présent. Ses paupières se fermèrent brièvement tandis qu’il rangeait ces images avec les autres.
Les guerriers meurent sur le champ de bataille.
Ainsi va la vie.
Ainsi va la mort.
Ainsi va la vie.
Ainsi va la mort.
Tout esprit retrouvé, il se reconcentra sur ce qu’il considérait comme sa tâche et demanda de sa voix calme et assuré habituel :
- Qu'est ce que tu crois ? Que tu es le seul de ce monde à tomber malade et à en réchapper ?
Il marqua une pause et se détacha lentement de la colonne pour se redresser.
- Une maladie c’est comme un combat. Les faibles périssent. Les forts survivent. Alors si tu es là, en face de moi, c’est que tu es fort, Alduis.
Il marqua une pause avant de conclure
- Comme moi.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Comment Eldred pouvait-il rester si calme, nom d'un chien ? Comment pouvait-il se contenter de regagner une colonne comme si de rien n'était ? Où trouvait-il cette sérénité ? Alduis en aurait été jaloux. Jaloux d'être incapable de faire la même chose, quand Eldred parvenait à rester maître de lui-même. Jaloux d'avoir sans cesse l'impression d'imploser, quand le guerrier respirait la quiétude. Il lui aurait fait avaler sa petite expression moqueuse rien que pour cela ! … et il dut serrer les poings pour ne pas le faire sur le champ.
Les serments.
Combien d'hommes pouvaient se vanter de ne jamais avoir trahi la moindre promesse ? Lui-même ne le pouvait pas. Personne ne le pouvait. Alors comment s'y fier ?
- Qu'est-ce qu'il te faut de plus, comme assurance ? Mon sang ?
Alduis eut un sombre rictus. Un de ceux qui fit apparaître ses dents blanches, comme il retroussait les lèvres. Un de ceux qui n'avait plus grand chose du sourire.
- On ne t'a jamais dit que je ne faisais confiance à personne ? répliqua-t-il. Tu ne veux rien de moi. Alors comment puis-je croire en un homme qui ne veut rien ?
La réponse était simple : il ne le faisait pas.
Sur l'âme de Byrnja. Un nouveau rictus étira ses lèvres, quand il déclara d'une voix mi-ironique, mi-sérieuse :
- Je paris que tu n'as pas baisé depuis qu'elle est morte. Comment tu fais alors ? Tu es comme les autres, non ?
Comment faisait-il pour tenir ?
N'avait-il jamais éprouvé le moindre désir pour quiconque depuis ? Il refusait d'y croire. Pas alors que lui se consumait à chaque fois qu'il posait les yeux sur Alexandre, alors qu'il avait essayé de résister. Mais il en avait fait les frais : il était impossible de faire autrement. On ne pouvait pas résister.
Il se rappelait bien.
Eldred, au milieu des cadavres, devant cette femme blonde. L'officier monbrinien qui la recouvrait, qu'il avait fallu pousser pour la dégager. Alduis n'avait pas lâché ses yeux. Eldred était parti ailleurs, et ses paupières s'étaient fermées imperceptiblement.
Le silence s'était déposé dans l'église. Seules de vagues rumeurs de métal contre métal résonnaient dans les profondeurs de son esprit. Alduis se dégagea des bancs, sans lâcher Eldred des yeux, avec un léger sourire provocateur sur les lèvres, en faisant un pas, puis un autre – mais toujours en restant aussi loin du zakrotien.
- Qu'est-ce que tu crois ?
Non, il ne le croyait pas.
Mais il s'en fichait pas mal.
Pourtant, les mots se répercutèrent en lui. Tu es fort, Alduis. Il ne se rappelait plus la dernière fois où il avait entendu cela. Il devait être fort, mais l'était-il réellement ? Pendant une seconde, l'entendre de la bouche de Eldred le détastabilisa et il suspendit son pas. Il lui jeta un regard en coin. Comme moi. Il n'avait pas besoin de plus pour comprendre. Un grand frisson remonta sa colonne vertébrale.
Ce fut justement parce que cela le toucha plus qu'il ne l'aurait jamais reconnu, il ne répondit pas. Il avait une autre question à poser. Il se planta les deux pieds dans le sol et pencha la tête sur le côté, avec un faux air innocent :
- Mais dis-moi, Eldred... As-tu vraiment accepter qu'elle soit morte ?
Les serments.
Combien d'hommes pouvaient se vanter de ne jamais avoir trahi la moindre promesse ? Lui-même ne le pouvait pas. Personne ne le pouvait. Alors comment s'y fier ?
- Qu'est-ce qu'il te faut de plus, comme assurance ? Mon sang ?
Alduis eut un sombre rictus. Un de ceux qui fit apparaître ses dents blanches, comme il retroussait les lèvres. Un de ceux qui n'avait plus grand chose du sourire.
- On ne t'a jamais dit que je ne faisais confiance à personne ? répliqua-t-il. Tu ne veux rien de moi. Alors comment puis-je croire en un homme qui ne veut rien ?
La réponse était simple : il ne le faisait pas.
Sur l'âme de Byrnja. Un nouveau rictus étira ses lèvres, quand il déclara d'une voix mi-ironique, mi-sérieuse :
- Je paris que tu n'as pas baisé depuis qu'elle est morte. Comment tu fais alors ? Tu es comme les autres, non ?
Comment faisait-il pour tenir ?
N'avait-il jamais éprouvé le moindre désir pour quiconque depuis ? Il refusait d'y croire. Pas alors que lui se consumait à chaque fois qu'il posait les yeux sur Alexandre, alors qu'il avait essayé de résister. Mais il en avait fait les frais : il était impossible de faire autrement. On ne pouvait pas résister.
Il se rappelait bien.
Eldred, au milieu des cadavres, devant cette femme blonde. L'officier monbrinien qui la recouvrait, qu'il avait fallu pousser pour la dégager. Alduis n'avait pas lâché ses yeux. Eldred était parti ailleurs, et ses paupières s'étaient fermées imperceptiblement.
Le silence s'était déposé dans l'église. Seules de vagues rumeurs de métal contre métal résonnaient dans les profondeurs de son esprit. Alduis se dégagea des bancs, sans lâcher Eldred des yeux, avec un léger sourire provocateur sur les lèvres, en faisant un pas, puis un autre – mais toujours en restant aussi loin du zakrotien.
- Qu'est-ce que tu crois ?
Non, il ne le croyait pas.
Mais il s'en fichait pas mal.
Pourtant, les mots se répercutèrent en lui. Tu es fort, Alduis. Il ne se rappelait plus la dernière fois où il avait entendu cela. Il devait être fort, mais l'était-il réellement ? Pendant une seconde, l'entendre de la bouche de Eldred le détastabilisa et il suspendit son pas. Il lui jeta un regard en coin. Comme moi. Il n'avait pas besoin de plus pour comprendre. Un grand frisson remonta sa colonne vertébrale.
Ce fut justement parce que cela le toucha plus qu'il ne l'aurait jamais reconnu, il ne répondit pas. Il avait une autre question à poser. Il se planta les deux pieds dans le sol et pencha la tête sur le côté, avec un faux air innocent :
- Mais dis-moi, Eldred... As-tu vraiment accepter qu'elle soit morte ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Alduis doutait.
Alduis doutait de sa bonne foi et de son honneur.
Il doutait parce qu’il ne comprenait pas son absence de motivation.
Parce qu’il ne comprenait pas qu’il n'utilise pas cette faille pour le détruire.
Les bras toujours croisés, il ne pouvait se résoudre à lâcher les amarres de son regard. C’était d’un petit sourire énigmatique qu'il s'adressa à lui.
- Il y a un proverbe à Zakros qui dit que l'homme sombre est son propre ennemi. Pourquoi voudrais-tu que je me fatigue à utiliser ta faiblesse quand il me suffit de patienter ?
Il marqua une petite pause avant de le designer d'un signe de la tête.
- Tu sais quoi ? Ce n'est pas en moi que tu ne crois pas mais en toi. Tu ne peux pas me faire confiance parce que tu ne te fais pas confiance toi-même. Toi aussi tu fais partie de ces hommes qui ne veulent rien ?
Une question parfaitement innocente à laquelle il n'attendait aucune réponse. Aucune verbale du moins, car il épiait le moindre ses gestes afin de savoir si Alduis allait de nouveau le frapper. Il en mourrait d'envie, il le voyait bien.
La seule réponse disponible quand aucune ne pouvait être formulé.
La seule réponse quand les émotions prenaient le pas sur la raison.
Si son sang ne lui suffisait pas, il était même prêt à jurer sur l’âme de sa belle Byrnja. Parce qu’il aurait juré sur n'importe quoi, y compris sur ce qu’il avait du précieux. Byrnja et Sigrun. Il savait pertinemment qu’il comprendrait. Il l'avait vu ce jour là, penché sur son corps sans vie.
Un moment de faiblesse.
Un moment d'incompréhension.
Une tempête émotionnelle.
Mais même les grands guerriers restaient doués de sensibilité.
Sa répartie le piqua au vif. C’était juste… C’était juste qu’il détestait qu’on lui rappelle qu'elle était partie.
Oui, il n'avait jamais pu se résigner à refaire sa vie.
Oui, il avait essayé.
Oui, il avait noyé son chagrin dans sa forge. Et qui voulait d'un homme qui passait plus de temps à marteler l'acier qu’à caresser sa femme ?
Ses sourcils se froncèrent et son regard se fit plus dur.
- Ne confond pas baiser et aimer. Tu as passé l’âge.
Sa voix s’était faite plus tranchante sans pour autant laisser poindre la moindre colère. Tout ça c’était du passé et il n’avait pas envie de s’engager. Du moins, il ne le cherchait pas. Ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier les femmes. Enfin… Une en particulier. Mais avec elle, il ne songeait qu'au moment présent pas à l'avenir, ni au passé. Parce qu’il voulait lui montrer l'exemple pour voir son regard s'illuminer et pétiller comme une belle obsidienne.
Comme elle, Alduis vivait dans le passé. Comme elle, il était enfermé dans une boucle. Il se rapprochait, doucement, lentement de lui. Le zakrotien ne bougeait pas d'un orteil. Il écoutait chaque pas résonner sous les ogives.
Il était tombé malade et il n'avait jamais accepté cet instant de faiblesse. Croyait-il être le seul ? La maladie ce n’était rien d'autre qu'un combat de plus. Et il fallait être fort pour survivre.
Il réprima un sourire de satisfaction. Comme les chevaux à qui l'on mettait des œillères, il ne voyait pas les rues perpendiculaires. Il n'envisageait les choses que sous un seul angle. Mais c’était pourtant la réalité : survivre à une maladie était une preuve indéniable de force. Eldred lui-même était passé si prêt de la mort...
Il l'avait senti… Le froid glacial du Helvegen.
Il s’était même dit pendant un instant que ce serait si agréable de pouvoir revoir Sigrun et de la faire voler dans les airs. Il avait eu tellement envie d'arpenter la route gelée…
Mais Byrnja le lui avait interdit.
- Mais dis-moi, Eldred… As-tu vraiment accepter qu’elle soit morte ?
Un frisson remonta le long de son échine.
Il était si proche. Si proche qu’il percevait chaque nuance de bleues dans ses iris. Comme une rivière d'hiver.
Son visage se ferma et laissa place à l'implacable sérieux du guerrier.
- Elle est morte comme elle devait. Que ce soit une femme n'y change rien. Pas plus que ce soit ma femme.
Que savait-il de son histoire et de son passé ? Rien.
C’était le lot des guerriers de mourir ainsi.
Quand on épousait une guerrière on était prêt à serrer son corps blême maculé de sang.
On était prêt à embrasser ses lèvres froides au goût ferreux une dernière fois.
On était prêt à se couvrir de ses tripes en la serrant dans une ultime étreinte.
Et si on était pas prêt, alors il fallait épouser une paysanne.
Une lueur de défi brillait au fond de ses prunelles brunes.
- Et toi acceptes-tu d’être en vie ?
Alduis doutait de sa bonne foi et de son honneur.
Il doutait parce qu’il ne comprenait pas son absence de motivation.
Parce qu’il ne comprenait pas qu’il n'utilise pas cette faille pour le détruire.
Les bras toujours croisés, il ne pouvait se résoudre à lâcher les amarres de son regard. C’était d’un petit sourire énigmatique qu'il s'adressa à lui.
- Il y a un proverbe à Zakros qui dit que l'homme sombre est son propre ennemi. Pourquoi voudrais-tu que je me fatigue à utiliser ta faiblesse quand il me suffit de patienter ?
Il marqua une petite pause avant de le designer d'un signe de la tête.
- Tu sais quoi ? Ce n'est pas en moi que tu ne crois pas mais en toi. Tu ne peux pas me faire confiance parce que tu ne te fais pas confiance toi-même. Toi aussi tu fais partie de ces hommes qui ne veulent rien ?
Une question parfaitement innocente à laquelle il n'attendait aucune réponse. Aucune verbale du moins, car il épiait le moindre ses gestes afin de savoir si Alduis allait de nouveau le frapper. Il en mourrait d'envie, il le voyait bien.
La seule réponse disponible quand aucune ne pouvait être formulé.
La seule réponse quand les émotions prenaient le pas sur la raison.
Si son sang ne lui suffisait pas, il était même prêt à jurer sur l’âme de sa belle Byrnja. Parce qu’il aurait juré sur n'importe quoi, y compris sur ce qu’il avait du précieux. Byrnja et Sigrun. Il savait pertinemment qu’il comprendrait. Il l'avait vu ce jour là, penché sur son corps sans vie.
Un moment de faiblesse.
Un moment d'incompréhension.
Une tempête émotionnelle.
Mais même les grands guerriers restaient doués de sensibilité.
Sa répartie le piqua au vif. C’était juste… C’était juste qu’il détestait qu’on lui rappelle qu'elle était partie.
Oui, il n'avait jamais pu se résigner à refaire sa vie.
Oui, il avait essayé.
Oui, il avait noyé son chagrin dans sa forge. Et qui voulait d'un homme qui passait plus de temps à marteler l'acier qu’à caresser sa femme ?
Ses sourcils se froncèrent et son regard se fit plus dur.
- Ne confond pas baiser et aimer. Tu as passé l’âge.
Sa voix s’était faite plus tranchante sans pour autant laisser poindre la moindre colère. Tout ça c’était du passé et il n’avait pas envie de s’engager. Du moins, il ne le cherchait pas. Ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier les femmes. Enfin… Une en particulier. Mais avec elle, il ne songeait qu'au moment présent pas à l'avenir, ni au passé. Parce qu’il voulait lui montrer l'exemple pour voir son regard s'illuminer et pétiller comme une belle obsidienne.
Comme elle, Alduis vivait dans le passé. Comme elle, il était enfermé dans une boucle. Il se rapprochait, doucement, lentement de lui. Le zakrotien ne bougeait pas d'un orteil. Il écoutait chaque pas résonner sous les ogives.
Il était tombé malade et il n'avait jamais accepté cet instant de faiblesse. Croyait-il être le seul ? La maladie ce n’était rien d'autre qu'un combat de plus. Et il fallait être fort pour survivre.
Coup d'estoc.
Il s'immobilisa
Il s'immobilisa
Il réprima un sourire de satisfaction. Comme les chevaux à qui l'on mettait des œillères, il ne voyait pas les rues perpendiculaires. Il n'envisageait les choses que sous un seul angle. Mais c’était pourtant la réalité : survivre à une maladie était une preuve indéniable de force. Eldred lui-même était passé si prêt de la mort...
Il l'avait senti… Le froid glacial du Helvegen.
Il s’était même dit pendant un instant que ce serait si agréable de pouvoir revoir Sigrun et de la faire voler dans les airs. Il avait eu tellement envie d'arpenter la route gelée…
Mais Byrnja le lui avait interdit.
- Mais dis-moi, Eldred… As-tu vraiment accepter qu’elle soit morte ?
Un frisson remonta le long de son échine.
Il était si proche. Si proche qu’il percevait chaque nuance de bleues dans ses iris. Comme une rivière d'hiver.
Son visage se ferma et laissa place à l'implacable sérieux du guerrier.
- Elle est morte comme elle devait. Que ce soit une femme n'y change rien. Pas plus que ce soit ma femme.
Que savait-il de son histoire et de son passé ? Rien.
C’était le lot des guerriers de mourir ainsi.
Quand on épousait une guerrière on était prêt à serrer son corps blême maculé de sang.
On était prêt à embrasser ses lèvres froides au goût ferreux une dernière fois.
On était prêt à se couvrir de ses tripes en la serrant dans une ultime étreinte.
Et si on était pas prêt, alors il fallait épouser une paysanne.
Une lueur de défi brillait au fond de ses prunelles brunes.
- Et toi acceptes-tu d’être en vie ?
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Le petit sourire de Eldred lui tapait sur les nerfs. Cette expression énigmatique réveillait des choses en lui. Des choses qui s'agitaient dans son ventre, qui s'enroulaient sur elles-mêmes, comme de longs serpents sinueux. Les voix sifflaient dans sa tête.
La tête d'Alduis était un immense capharnaüm. Un brouhaha inintelligible. Tout allait dans tous les sens, ses pensées s’enchaînaient sans rapport les unes avec les autres, comme si elles cherchaient à le noyer. La pression était telle que ses oreilles semblaient s'être bouchées. Il entendait tout comme s'il avait la tête sous l'eau.
Et pourtant, la voix perça la bulle qui l’entourait.
- Et toi acceptes-tu d’être en vie ?
Sa respiration se figea aussitôt dans sa cage thoracique. Il écarquilla les yeux, comme si on venait de lui porter un coup fatal. Tout s'arrêta. Son coeur manqua un battement, ses pensées se turent. Une courte acalmie glacée.
- Je…
Alduis n’osait plus bouger. C’était comme si ses muscles avaient cessé de lui répondre. Que son corps ne lui appartenait plus. Et la voix continuait de se moquer dans sa tête :
La haine gonfla dans sa poitrine. Une bête noire qui s’étira d’abord paresseusement, en se demandant pourquoi on la réveillait. Et qui, tout à coup, se contracta. Un monstre sanguinolent qui revenait régulièrement gratter dans ses terriers pour les agrandir.
Et ses habits pouvaient être aussi blancs qu'ils le voulaient, cela n'y changeait rien. Le fauve prenait son cœur entre ses crocs, il serrait, le perçait de mille aiguilles incandescentes.
Alduis prit une inspiration, comme s’il manquait d’air. Comme s’il n’y en avait plus suffisamment pour lui.
L’interjection jaillit de nulle part. Elle le fit sursauter. Elle semblait si réaliste qu’il ne résista pas à la tentation de se retourner pour voir qui parlait. Mais dans son dos, il n’y avait que le vide.
Alexandre se trompait à son sujet. Il n’avait rien d’un homme bon. Il serra les doigts. Prit une seconde inspiration. Garda l’air dans ses poumons.
Une autre voix renchérit à la première.
Sa vue se brouilla.
Les murs de l’église disparurent.
Eldred aussi.
Il ne resta que les voix.
Ces dernières résonnaient en lui. De plus en plus fort. Elles se superposaient, se mêlaient entre elles, débattaient comme s’il n’était pas là. À tel point qu’il ne pouvait plus les différencier les unes des autres.
Lui se voyait là, au milieu de la nef, comme si ce n’était plus son corps. C’était un combat contre lui-même. Il perdrait. Parce qu’on ne pouvait pas gagner, quand on se battait contre soi-même. Il appuya ses paumes contre ses yeux. Ferma les poings, les serra de toutes ses forces. Sa respiration s’était considérablement accélérée.
Il voulait qu’elles se taisent.
Qu’elles arrêtent de parler.
Il avait envie de se taper la tête contre les murs.
Ses doigts se crispèrent sur ses cheveux.
Et les voix s’esclaffèrent dans sa tête.
La tête d'Alduis était un immense capharnaüm. Un brouhaha inintelligible. Tout allait dans tous les sens, ses pensées s’enchaînaient sans rapport les unes avec les autres, comme si elles cherchaient à le noyer. La pression était telle que ses oreilles semblaient s'être bouchées. Il entendait tout comme s'il avait la tête sous l'eau.
Et pourtant, la voix perça la bulle qui l’entourait.
- Et toi acceptes-tu d’être en vie ?
Sa respiration se figea aussitôt dans sa cage thoracique. Il écarquilla les yeux, comme si on venait de lui porter un coup fatal. Tout s'arrêta. Son coeur manqua un battement, ses pensées se turent. Une courte acalmie glacée.
- Je…
Quoi, Alduis ?
Alduis n’osait plus bouger. C’était comme si ses muscles avaient cessé de lui répondre. Que son corps ne lui appartenait plus. Et la voix continuait de se moquer dans sa tête :
Qu’est-ce que tu vas dire ?
Qu’est-ce que tu comptes faire ?
Qu’est-ce que tu comptes faire ?
La haine gonfla dans sa poitrine. Une bête noire qui s’étira d’abord paresseusement, en se demandant pourquoi on la réveillait. Et qui, tout à coup, se contracta. Un monstre sanguinolent qui revenait régulièrement gratter dans ses terriers pour les agrandir.
Et ses habits pouvaient être aussi blancs qu'ils le voulaient, cela n'y changeait rien. Le fauve prenait son cœur entre ses crocs, il serrait, le perçait de mille aiguilles incandescentes.
Alduis prit une inspiration, comme s’il manquait d’air. Comme s’il n’y en avait plus suffisamment pour lui.
Tue-le.
L’interjection jaillit de nulle part. Elle le fit sursauter. Elle semblait si réaliste qu’il ne résista pas à la tentation de se retourner pour voir qui parlait. Mais dans son dos, il n’y avait que le vide.
Tue-le.
Tue-le maintenant.
Il en sait trop.
Tue-le maintenant.
Il en sait trop.
Alexandre se trompait à son sujet. Il n’avait rien d’un homme bon. Il serra les doigts. Prit une seconde inspiration. Garda l’air dans ses poumons.
Une autre voix renchérit à la première.
Tu ne le feras pas.
Tu n’oseras pas.
Parce que tu es faible.
Ton corps est faible, il n’est rien.
Et toi, tu n’es rien sans lui.
Tu n’oseras pas.
Parce que tu es faible.
Ton corps est faible, il n’est rien.
Et toi, tu n’es rien sans lui.
Sa vue se brouilla.
Les murs de l’église disparurent.
Eldred aussi.
Il ne resta que les voix.
Ces dernières résonnaient en lui. De plus en plus fort. Elles se superposaient, se mêlaient entre elles, débattaient comme s’il n’était pas là. À tel point qu’il ne pouvait plus les différencier les unes des autres.
Tue-le.
Sois fort pour une fois.
Brutus.
Dis, Alduis, est-ce que Maman va mourir ?
Tu sais ce que l’on fait aux chiens de ton genre ?
Sois fort pour une fois.
Brutus.
Dis, Alduis, est-ce que Maman va mourir ?
Tu sais ce que l’on fait aux chiens de ton genre ?
Lui se voyait là, au milieu de la nef, comme si ce n’était plus son corps. C’était un combat contre lui-même. Il perdrait. Parce qu’on ne pouvait pas gagner, quand on se battait contre soi-même. Il appuya ses paumes contre ses yeux. Ferma les poings, les serra de toutes ses forces. Sa respiration s’était considérablement accélérée.
Qu’est-ce que tu veux, Alduis ?
Il voulait qu’elles se taisent.
Qu’elles arrêtent de parler.
Il avait envie de se taper la tête contre les murs.
Ses doigts se crispèrent sur ses cheveux.
Brutus.
Brutus.
Ton plus grand défaut est d’aboyer trop fort quand tu devrais te taire.
Tu ne mérites pas ton nom.
Brutus.
Brutus.
Ton plus grand défaut est d’aboyer trop fort quand tu devrais te taire.
Tu ne mérites pas ton nom.
Brutus.
Et les voix s’esclaffèrent dans sa tête.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
La présence d'Alduis était en dent de scie. Une chaîne de montagnes aussi escarpée que le massif zakrotien. Il était tantôt prêt à en découdre, tantôt absent, tantôt incisif.
Quand Eldred s'attendait à une riposte physique, rien ne venait. Il n'arrivait pas à prédire ses réactions. Il était si… Instable.
Tout pouvait se briser et voler en éclat d’un instant à l’autre. Alduis… Où était-il? Dessus ou dessous ?
Il aurait dû remarquer cette troublant absence de réponse à certaine de ses remarques. Il le savait pourtant : il avait visé juste.
A sa dernière question ses yeux s’écarquillèrent. Que voyait-il ? A quoi pensait-il ? Eldred le laissa prendre son temps.
Une syllabe.
Figé.
Les yeux dans le vague. Il le regardait mais ne le voyait plus.
Ce regard. Le regard de la mort.
Il ne put s’empêcher de frémir en revoyant ces prunelles bleues sérac.
Alduis ouvrit la bouche sans prendre d'air sous le regard impuissant du zakrotien.
Soudainement il se retourna. Que cherchait-il ? Qui cherchait-il ?
Et il comprit.
- Við dauði Þórs !
Son esprit était parti. Parti loin de son corps. Où ? Il l'ignorait mais il avait perdu son ancrage avec la réalité.
Sans une once d’hésitation, il envoya un violent coup de poing dans son abdomen, juste sous ses côtes flottantes, en prenant bien soin de ne pas toucher le sternum.
-Alduis ! rugit-il
Sa voix se répercuta avec fracas sous la nef déserte. Si forte qu'elle en aurait réveillé les statues de marbre.
- Alduis !
Il lui asséna une nouvelle gifle et le prit par les épaules.
- Survivre c’est vaincre. Tu t’es senti comme une vieille larve hein ? Tu voulais mourir parce que mourir c’est doux et facile.
Il songea à Sigrun qu'il avait voulu revoir. Il aurait pu. La fièvre. Les douleurs. Le son de sa voix.
Il avait senti ses petits bras s’enrouler autour de son cou.
Il avait entendu sa voix le supplier de venir. Elle était seule… Si seule.
Elle avait froid… Si froid dans ce pays de glace…
- Mais tu as choisi de te battre et de revenir parmi les vivants. Il faut de la volonté Alduis pour ça. Il faut être fort et tu l’as fait! Tu en veux à ton corps d'avoir été faible? Mais tu ne fais qu'un avec lui. Et c'est grâce à lui que tu es là.
Il était si facile de se laisser aller. Vivre...Vivre c’était accepter un chemin semé d'embûches… Debout sur le Helvegen, il avait fait demi-tour. Pour Byrnja. Même si elle l'avait trahi.
- Tu sais quoi ? Quand on est au fond, on ne peut que remonter. Alors frappe-moi et remonte à la surface ! Vas-y frappe-moi !
Quand Eldred s'attendait à une riposte physique, rien ne venait. Il n'arrivait pas à prédire ses réactions. Il était si… Instable.
Fragile glace de printemps qui crissait à chacun de ses pas avant la débâcle.
Tout pouvait se briser et voler en éclat d’un instant à l’autre. Alduis… Où était-il? Dessus ou dessous ?
Il aurait dû remarquer cette troublant absence de réponse à certaine de ses remarques. Il le savait pourtant : il avait visé juste.
Trop juste.
A sa dernière question ses yeux s’écarquillèrent. Que voyait-il ? A quoi pensait-il ? Eldred le laissa prendre son temps.
Une syllabe.
Figé.
Les yeux dans le vague. Il le regardait mais ne le voyait plus.
Ce regard. Le regard de la mort.
Il ne put s’empêcher de frémir en revoyant ces prunelles bleues sérac.
Il n’aurait pas dû. Il aurait pu l'aider. Il savait. Il savait et il avait laissé faire
Alduis ouvrit la bouche sans prendre d'air sous le regard impuissant du zakrotien.
Soudainement il se retourna. Que cherchait-il ? Qui cherchait-il ?
Et il comprit.
- Við dauði Þórs !
Son esprit était parti. Parti loin de son corps. Où ? Il l'ignorait mais il avait perdu son ancrage avec la réalité.
Il n'y aurait pas de deuxième fois
Sans une once d’hésitation, il envoya un violent coup de poing dans son abdomen, juste sous ses côtes flottantes, en prenant bien soin de ne pas toucher le sternum.
-Alduis ! rugit-il
Sa voix se répercuta avec fracas sous la nef déserte. Si forte qu'elle en aurait réveillé les statues de marbre.
- Alduis !
Il lui asséna une nouvelle gifle et le prit par les épaules.
- Survivre c’est vaincre. Tu t’es senti comme une vieille larve hein ? Tu voulais mourir parce que mourir c’est doux et facile.
Il songea à Sigrun qu'il avait voulu revoir. Il aurait pu. La fièvre. Les douleurs. Le son de sa voix.
Il avait senti ses petits bras s’enrouler autour de son cou.
Il avait entendu sa voix le supplier de venir. Elle était seule… Si seule.
Elle avait froid… Si froid dans ce pays de glace…
- Mais tu as choisi de te battre et de revenir parmi les vivants. Il faut de la volonté Alduis pour ça. Il faut être fort et tu l’as fait! Tu en veux à ton corps d'avoir été faible? Mais tu ne fais qu'un avec lui. Et c'est grâce à lui que tu es là.
Il était si facile de se laisser aller. Vivre...Vivre c’était accepter un chemin semé d'embûches… Debout sur le Helvegen, il avait fait demi-tour. Pour Byrnja. Même si elle l'avait trahi.
- Tu sais quoi ? Quand on est au fond, on ne peut que remonter. Alors frappe-moi et remonte à la surface ! Vas-y frappe-moi !
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
L'église avait disparu. Alduis n'aurait su dire où il était, dans un entre-deux, debout devant un bureau, sur un champ de bataille, auprès d'un grand lit où reposait un corps inerte, au bord du vide à chercher un corps désarticulé, jeté au bas… Tout se mélangeait, les voix s'affrontaient dans sa tête, les lieux et les images se superposaient pour ne former qu'un immense noeud qui engluait son cerveau dans une pâte épaisse.
Il était nulle part et partout à la fois. Le passé, le présent et le futur devenaient indissociables les uns des autres.
Une partie de lui savait encore où il était. Debout au milieu d'une nef, le zakrotien en face de lui. Mais cette partie-là était noyée au milieu des autres, noyée au milieu du torrent de souvenirs, si précis que rien n'auraient pu les différencier de ce qu'il avait réellement sous les yeux. Comment savoir, ce qui était vrai et ce qui était faux ? Ce qui était fini et ce qui ne faisait que commencer ?
Tout se ressemblait.
Et à trop s'engager dans les dédales de son cerveau, ces recoins obscurs où personne ne s'aventurait jamais, on perdait son chemin.
Alduis ne savait plus par où il était arrivé, ni par où il devait repartir. Toutes les voies semblaient le ramener au même point. Comment savoir ? Comment savoir laquelle le ramènerait à la surface ? Il avait la sensation que quoi qu'il fasse, ce ne serait pas la bonne.
Les voix continuaient de rire dans sa tête. Elles l'empêchaient de se concentrer, comme si elles cherchaient à le perdre définitivement. L'envie de se taper la tête contre le mur pour les faire taire prenait de plus en plus de place. Mais son corps ne lui appartenait plus vraiment. Il n'en avait même plus vraiment conscience. Comme s'il s'était divisé : il y avait lui, et il y avait l'autre.
Un brusque choc lui coupa la respiration. Une brève seconde, les voix s'affolèrent. Son corps se crispa, prêt à renvoyer le heurt, par réflexe, par instinct de survie. Mais il ne se passa rien. Les choses s'arrêtèrent là.
- Alduis ! rugit une voix sortie d'il ne savait où, d'un sombre repli de son esprit, d'un autre temps, d'un autre lieu.
La voix insista. Elle rugit de nouveau. Alduis ! répétait-elle. Elle faisait vibrer l'air autour de lui. Comme si elle existait vraiment. Mais aucune d'elle n'était réelle. Aucune d'elle ne le pouvait.
Alduis secoua la tête. Rien n'était réel. Il lui suffisait de trouver la fin du labyrinthe et elles le laisseraient en paix. Mais les culs de sacs se succédaient.
Un bureau.
Un lit.
Les charnières d'une porte absente.
Un crucifixe.
Des corps décharnés.
Comment trouver quelque chose, quand on ne savait même pas ce que l'on cherchait ?
Alduis se boucha les oreilles, comme si cela allait servir à quelque chose.
Il était nulle part et partout à la fois. Le passé, le présent et le futur devenaient indissociables les uns des autres.
Une partie de lui savait encore où il était. Debout au milieu d'une nef, le zakrotien en face de lui. Mais cette partie-là était noyée au milieu des autres, noyée au milieu du torrent de souvenirs, si précis que rien n'auraient pu les différencier de ce qu'il avait réellement sous les yeux. Comment savoir, ce qui était vrai et ce qui était faux ? Ce qui était fini et ce qui ne faisait que commencer ?
Tout se ressemblait.
Et à trop s'engager dans les dédales de son cerveau, ces recoins obscurs où personne ne s'aventurait jamais, on perdait son chemin.
Alduis ne savait plus par où il était arrivé, ni par où il devait repartir. Toutes les voies semblaient le ramener au même point. Comment savoir ? Comment savoir laquelle le ramènerait à la surface ? Il avait la sensation que quoi qu'il fasse, ce ne serait pas la bonne.
Les voix continuaient de rire dans sa tête. Elles l'empêchaient de se concentrer, comme si elles cherchaient à le perdre définitivement. L'envie de se taper la tête contre le mur pour les faire taire prenait de plus en plus de place. Mais son corps ne lui appartenait plus vraiment. Il n'en avait même plus vraiment conscience. Comme s'il s'était divisé : il y avait lui, et il y avait l'autre.
Un brusque choc lui coupa la respiration. Une brève seconde, les voix s'affolèrent. Son corps se crispa, prêt à renvoyer le heurt, par réflexe, par instinct de survie. Mais il ne se passa rien. Les choses s'arrêtèrent là.
- Alduis ! rugit une voix sortie d'il ne savait où, d'un sombre repli de son esprit, d'un autre temps, d'un autre lieu.
Brutus.
La voix insista. Elle rugit de nouveau. Alduis ! répétait-elle. Elle faisait vibrer l'air autour de lui. Comme si elle existait vraiment. Mais aucune d'elle n'était réelle. Aucune d'elle ne le pouvait.
Mais bien sûr que nous existons ! Ou sinon, tu ne nous entendrais pas.
Alduis secoua la tête. Rien n'était réel. Il lui suffisait de trouver la fin du labyrinthe et elles le laisseraient en paix. Mais les culs de sacs se succédaient.
Un bureau.
Un lit.
Les charnières d'une porte absente.
Un crucifixe.
Des corps décharnés.
Comment trouver quelque chose, quand on ne savait même pas ce que l'on cherchait ?
Tu entends, Alduis ? Mourir, c'est doux et facile. Pourquoi tu insistes, puisque tu n'attends que ça ?
La voix continuait, vaguement, qu'il entendait à peine. Il savait, quelque part au fond de lui, qu'il fallait l'écouter. Qu'il devait la suivre. Que les yeux qui se plantaient au fond des siens étaient réels. Mais elle n'arrivait toujours pas à se faire entendre. Et il restait immobile.
Tu n'as pas choisi, Alduis. On l'a fait pour toi. Tu vas te laisser faire ?
La voix continuait, vaguement, qu'il entendait à peine. Il savait, quelque part au fond de lui, qu'il fallait l'écouter. Qu'il devait la suivre. Que les yeux qui se plantaient au fond des siens étaient réels. Mais elle n'arrivait toujours pas à se faire entendre. Et il restait immobile.
Tu n'as pas choisi, Alduis. On l'a fait pour toi. Tu vas te laisser faire ?
Alduis se boucha les oreilles, comme si cela allait servir à quelque chose.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
C’était pire. C’était bien pire que ce qu’il avait pensé.
Il n'avait eu aucune réaction. Ni quand il l’avait frappé, ni quand il lui avait parlé.
L'avait-il seulement entendu ?
Il avait hurlé, insisté mais rien n'y avait fait.
Il lui avait même intimé de le frapper mais pas un membre n’avait bougé.
Il était resté là, hagard.
Puis enfin, il avait eu une réponse.
Les mains du draugr étaient venues couvrir ses oreilles, pour ne plus rien entendre. De quoi voulait-il se couper ? De sa voix qui le parasitait ou d'autres plus insidieuses encore ? Comment pouvait-il le savoir ? Comment pouvait-il l'aider s'il ne savait pas ce qu'il se passait ?
Eldred saisit ses poignets avec fermeté mais sans une once de brutalité et lui ramena ses bras le long du corps. Il déposa alors ses deux larges mains de forgeron sur ses épaules à la blancheur immaculée tout en exerçant une légère pression.
Il devait le ramener au monde réel. Le sortir du néant où il semblait s’être égaré, perdu entre les racines tortueuses et les branches noueuses d'Yggdrasil.
- Tu sens mes mains, Alduis ? C'est Eldred. Tu es debout dans la nef de l’église. Tu te souviens ? Je suis en face de toi. Ton corps est ici. C’est là que tu dois revenir.
En même temps, Eldred cherchait une autre idée. Tout problème avait sa solution.
Quand il était malade, quand il était perdu, prêt à marcher sur le Helvegen, c’était Byrnja qui l’avait ramené.
Il l'avait écoutée par amour.
Il l'aimait tellement qu’il avait même réussi à retourner parmi les vivants alors qu'elle n'y était plus.
Il s'en souvenait encore parfaitement. Limpidement.
De son cœur qui s’était étreint à l’idée de faire demi-tour.
Des larmes qui avaient ruisselé le long de ses joues.
Du désespoir et de la force qui lui avaient fallût.
De là une idée germa comme une petite graine au printemps. Une petite pousse verte, pleine d'espoir.
- Tu dois revenir ici. Alexandre t'attend. C'est à ce monde que tu appartiens et à aucun autre. finit-il par dire posément.
Il savait que cela le ferait réagir. Il allait retrouver le chemin vers leur monde. Il allait se reconnecter avec le présent mais il savait que ce ne serait pas suffisant. Il devait lui faire vomir ses démons, ceux-là même qui semblaient venir le tourmenter.
- Tu te rappelles quand il est venu à Frenn ? Les coups de badine sur son dos, c'est moi. Tu aurais dû l’entendre hurler !
A peine sa phrase achevée, il relâcha ses épaules et effectua un rapide pas arrière pour se mettre à une distance respectable.
Il en était sûr.
Ça le ramènerait.
Il voudrait lui faire payer.
Et il allait ainsi retrouver l’entièreté de ses capacités.
Il n'avait eu aucune réaction. Ni quand il l’avait frappé, ni quand il lui avait parlé.
L'avait-il seulement entendu ?
Il avait hurlé, insisté mais rien n'y avait fait.
Il lui avait même intimé de le frapper mais pas un membre n’avait bougé.
Il était resté là, hagard.
Puis enfin, il avait eu une réponse.
Les mains du draugr étaient venues couvrir ses oreilles, pour ne plus rien entendre. De quoi voulait-il se couper ? De sa voix qui le parasitait ou d'autres plus insidieuses encore ? Comment pouvait-il le savoir ? Comment pouvait-il l'aider s'il ne savait pas ce qu'il se passait ?
Eldred saisit ses poignets avec fermeté mais sans une once de brutalité et lui ramena ses bras le long du corps. Il déposa alors ses deux larges mains de forgeron sur ses épaules à la blancheur immaculée tout en exerçant une légère pression.
Il devait le ramener au monde réel. Le sortir du néant où il semblait s’être égaré, perdu entre les racines tortueuses et les branches noueuses d'Yggdrasil.
- Tu sens mes mains, Alduis ? C'est Eldred. Tu es debout dans la nef de l’église. Tu te souviens ? Je suis en face de toi. Ton corps est ici. C’est là que tu dois revenir.
En même temps, Eldred cherchait une autre idée. Tout problème avait sa solution.
Quand il était malade, quand il était perdu, prêt à marcher sur le Helvegen, c’était Byrnja qui l’avait ramené.
Il l'avait écoutée par amour.
Il l'aimait tellement qu’il avait même réussi à retourner parmi les vivants alors qu'elle n'y était plus.
Il s'en souvenait encore parfaitement. Limpidement.
De son cœur qui s’était étreint à l’idée de faire demi-tour.
Des larmes qui avaient ruisselé le long de ses joues.
Du désespoir et de la force qui lui avaient fallût.
De là une idée germa comme une petite graine au printemps. Une petite pousse verte, pleine d'espoir.
- Tu dois revenir ici. Alexandre t'attend. C'est à ce monde que tu appartiens et à aucun autre. finit-il par dire posément.
Il savait que cela le ferait réagir. Il allait retrouver le chemin vers leur monde. Il allait se reconnecter avec le présent mais il savait que ce ne serait pas suffisant. Il devait lui faire vomir ses démons, ceux-là même qui semblaient venir le tourmenter.
- Tu te rappelles quand il est venu à Frenn ? Les coups de badine sur son dos, c'est moi. Tu aurais dû l’entendre hurler !
A peine sa phrase achevée, il relâcha ses épaules et effectua un rapide pas arrière pour se mettre à une distance respectable.
Il en était sûr.
Ça le ramènerait.
Il voudrait lui faire payer.
Et il allait ainsi retrouver l’entièreté de ses capacités.
Comment avait-il pu vivre ainsi dans cet état de délabrement spirituel ?
Il n’était rien d'autre qu'une ruine rongée par un lierre qui s'immiscait dans chaque fissure.
Bientôt, il ne resterait plus qu'un tas de gravas.
Son âme ne pouvait pas revenir.
Elle n'avait plus de refuge.
Il n’était rien d'autre qu'une ruine rongée par un lierre qui s'immiscait dans chaque fissure.
Bientôt, il ne resterait plus qu'un tas de gravas.
Son âme ne pouvait pas revenir.
Elle n'avait plus de refuge.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Quand les voix venaient de l’intérieur de votre tête, il n’y avait aucun moyen de les faire taire. Alduis avait eu l’occasion d’en faire l’expérience les dernières années. Ce qui ne l’empêchait pas, malgré tout, de se boucher les oreilles. Un réflexe plus qu’une véritable action réfléchie. Il voulait qu’elles se taisent, qu’elles cessent de gangréner son esprit, qu’elles le laissent. Mais elles n’en faisaient qu’à leur tête, méprisantes, persiflantes.
Quelque chose s’enroula autour de ses poignets. Toujours sans que son cerveau ne puisse commander quoi que ce soit, ses poings se refermèrent, si fort que ses jointures en devinrent blanches. Mais rien d’autre ne se passa. Un poids pesait sur ses épaules, quelque chose qui l’alourdissait. Comme si son corps venait d’être pris dans un étau puissant, qui restreignait ses mouvements.
- Tu sens mes mains, Alduis ?
La voix se fraya un passage parmi les autres. Elle ne se moquait pas. Elle était différente, comme si elle avait été plus proche. Il avait presque l’impression que celle-ci était tangible, qu’elle était là, qu’en tendant les mains devant lui, il pourrait la sentir. Elle avait pris un autre chemin. Il arrêta de respirer. Il avait la sensation que le moindre mouvement suffirait à la chasser.
- C’est Eldred.
Eldred ? Des souvenirs affluèrent aussitôt, à croire qu’un prénom à lui seul ouvrait des dizaines de vannes. Pourtant, ils ne suffirent pas tout à fait à l’inonder. Une certitude commençait lentement à s’imposer, encore trop vague pour qu’il puisse mettre des mots dessus. Mais elle le poussait à écouter cette voix qui poursuivait, en étouffant les autres par son étrange force.
- Tu es debout dans la nef de l’église. Tu te souviens ?
Alduis n’avait toujours pas recommencé à respirer. Il avait trop peur qu’en reprenant une inspiration, la voix s’évanouisse, éclatée telle une bulle de savon, en même temps que ce poids sur ses épaules. Qu’il se rende compte qu’elle aussi, n’était qu’issue de son imagination. Elle était trop proche pour qu’il puisse le croire. Et à chaque fois qu’elle s’élevait, elle traçait un chemin plus net au milieu de son capharnaüm mental. Il n’aurait su dire pourquoi, mais il lui semblait qu’elle l’appelait. Son instinct lui disait de la suivre.
Des images vaporeuses d’une nef lui revenaient vaguement, comme si c’étaient celles d’un rêve. Les immenses colonnes, les bancs, les dalles de pierre. Des images qui furent aussitôt englouties. Mais la voix resta, elle.
- Je suis en face de toi. Ton corps est ici.
La voix se changea en mots. Et les mots prirent un sens. Il était là-bas. Il était avec la voix, et il devait y retourner.
Alduis se concentra sur le poids sur ses épaules. Il était là, son lien avec le présent. Sur la voix qui le guidait. C’était comme si quelqu’un lui avait donné la main et le ramenait pas à pas, là où il aurait dû être. Et quand son attention était déviée par autre chose, par une image rapide, elle était là pour le ramener sur le bon sentier. Le poids se transforma en poignes puissantes.
- Alexandre t’attend.
La nef se dessina sous ses yeux d’un coup.
Eldred cessa de se résumer à une simple voix.
Les voix s’étaient tues.
- C’est à ce monde que tu appartiens et à aucun autre.
Son premier réflexe fut d’attraper une des lames glissées à sa ceinture. Et de serrer, jusqu’à sentir l’acier lui fendre les phalanges. Jusqu’à sentir les gouttes de sang glisser le long de ses doigts et rebondir sur les dalles. Sentir son corps, sentir la douleur. La preuve qu’il était bien revenu. Alors, enfin, il relâcha sa respiration. L’air emplit ses poumons douloureux d’avoir été privés d'oxygène pendant si longtemps.
Eldred était proche. A quelques dizaines de centimètres. Et il continuait de parler.
Peut-être un peu trop bien, parce que les mots suivants refirent jaillir la haine. Elle se replia sur elle-même, jusqu’à devenir une minuscule boule d’aigreur, quelque chose qui venait brûler son estomac. Au souvenir des traces de coup dans le dos d’Alexandre et simultanément à la haine qui continuait de se condenser, Alduis se contracta.
Le zakrotien se recula, juste après avoir conclu. La pression sur ses épaules disparut. A croire que cela avait été la seule chose qui avait contenu l’explosion jusqu’à maintenant, la bête noire se détendit, toutes griffes et crocs sortis pour le lacérer.
Et lui bondit en avant.
Quelque chose s’enroula autour de ses poignets. Toujours sans que son cerveau ne puisse commander quoi que ce soit, ses poings se refermèrent, si fort que ses jointures en devinrent blanches. Mais rien d’autre ne se passa. Un poids pesait sur ses épaules, quelque chose qui l’alourdissait. Comme si son corps venait d’être pris dans un étau puissant, qui restreignait ses mouvements.
- Tu sens mes mains, Alduis ?
La voix se fraya un passage parmi les autres. Elle ne se moquait pas. Elle était différente, comme si elle avait été plus proche. Il avait presque l’impression que celle-ci était tangible, qu’elle était là, qu’en tendant les mains devant lui, il pourrait la sentir. Elle avait pris un autre chemin. Il arrêta de respirer. Il avait la sensation que le moindre mouvement suffirait à la chasser.
- C’est Eldred.
Eldred ? Des souvenirs affluèrent aussitôt, à croire qu’un prénom à lui seul ouvrait des dizaines de vannes. Pourtant, ils ne suffirent pas tout à fait à l’inonder. Une certitude commençait lentement à s’imposer, encore trop vague pour qu’il puisse mettre des mots dessus. Mais elle le poussait à écouter cette voix qui poursuivait, en étouffant les autres par son étrange force.
- Tu es debout dans la nef de l’église. Tu te souviens ?
Alduis n’avait toujours pas recommencé à respirer. Il avait trop peur qu’en reprenant une inspiration, la voix s’évanouisse, éclatée telle une bulle de savon, en même temps que ce poids sur ses épaules. Qu’il se rende compte qu’elle aussi, n’était qu’issue de son imagination. Elle était trop proche pour qu’il puisse le croire. Et à chaque fois qu’elle s’élevait, elle traçait un chemin plus net au milieu de son capharnaüm mental. Il n’aurait su dire pourquoi, mais il lui semblait qu’elle l’appelait. Son instinct lui disait de la suivre.
Des images vaporeuses d’une nef lui revenaient vaguement, comme si c’étaient celles d’un rêve. Les immenses colonnes, les bancs, les dalles de pierre. Des images qui furent aussitôt englouties. Mais la voix resta, elle.
- Je suis en face de toi. Ton corps est ici.
La voix se changea en mots. Et les mots prirent un sens. Il était là-bas. Il était avec la voix, et il devait y retourner.
Alduis se concentra sur le poids sur ses épaules. Il était là, son lien avec le présent. Sur la voix qui le guidait. C’était comme si quelqu’un lui avait donné la main et le ramenait pas à pas, là où il aurait dû être. Et quand son attention était déviée par autre chose, par une image rapide, elle était là pour le ramener sur le bon sentier. Le poids se transforma en poignes puissantes.
- Alexandre t’attend.
La nef se dessina sous ses yeux d’un coup.
Eldred cessa de se résumer à une simple voix.
Les voix s’étaient tues.
- C’est à ce monde que tu appartiens et à aucun autre.
Son premier réflexe fut d’attraper une des lames glissées à sa ceinture. Et de serrer, jusqu’à sentir l’acier lui fendre les phalanges. Jusqu’à sentir les gouttes de sang glisser le long de ses doigts et rebondir sur les dalles. Sentir son corps, sentir la douleur. La preuve qu’il était bien revenu. Alors, enfin, il relâcha sa respiration. L’air emplit ses poumons douloureux d’avoir été privés d'oxygène pendant si longtemps.
Eldred était proche. A quelques dizaines de centimètres. Et il continuait de parler.
Alduis l’entendait.
Il le voyait.
Il le comprenait.
Il le voyait.
Il le comprenait.
Peut-être un peu trop bien, parce que les mots suivants refirent jaillir la haine. Elle se replia sur elle-même, jusqu’à devenir une minuscule boule d’aigreur, quelque chose qui venait brûler son estomac. Au souvenir des traces de coup dans le dos d’Alexandre et simultanément à la haine qui continuait de se condenser, Alduis se contracta.
Eldred.
Qui avait manié la badine sur le dos d’Alexandre.
Qui avait manié la badine sur le dos d’Alexandre.
Le zakrotien se recula, juste après avoir conclu. La pression sur ses épaules disparut. A croire que cela avait été la seule chose qui avait contenu l’explosion jusqu’à maintenant, la bête noire se détendit, toutes griffes et crocs sortis pour le lacérer.
Et lui bondit en avant.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Petit à petit, il avait réussi à se frayer un chemin dans l'esprit du Draugr pour le ramener à son corps. Il n’était pas bon que l'esprit et le corps restent dissociés trop longtemps ainsi.
Les oracles zakrotiens était maîtres dans l'art de rejoindre le monde spirituel mais certains, parfois, n'en revenait plus jamais. Il ne subsistait plus alors qu'une enveloppe charnelle, une coquille vide.
Eldred ne pouvait pas le laisser ainsi. Pourquoi ? Lui-même n'arrivait pas à mettre le doigt sur une raison valable. C’était juste… Là… Tapis au fond des ses entrailles… Il ne pouvait réprimer ce que son instinct lui commander. C’était presque… Un devoir. Un irrépressible devoir.
Il pouvait sentir que chacun de ses mots venait l'ancrer à nouveau dans la réalité. Autant de cordes qu’il attachait autour de son esprit et qu’il arrimait solidement autour de son corps pour qu’il ne puisse pas s’échapper.
Pourtant ce n’était pas suffisant. Les ténèbres étaient toujours là, prêt à prendre le contrôle, prêt à dévorer son esprit.
Il les sentait.
Comme une infecte poix noirâtre qui s’infiltrait dans chaque orifice pour l'engloutir, le noyer et le faire disparaitre dans le néant.
C’était toute cette colère qui le rongeait, ses ressentiments et ses mauvaises pensées qui se matérialisaient.
Il devait les évacuer.
Il savait très exactement quoi dire pour déclencher sa fureur. Et par là même lui faire quitter sa léthargie pour l'action.
Le résultat de ne se fit guère attendre.
Alduis bondit.
Toutes griffes dehors, poils herissés comme un lynx qui saurait hors de sa branche. Eldred effectua un léger pas de côté afin d’éviter le plus gros du coup. Alduis enchaîna encore et encore sans qu’il ne pare ou ne riposte réellement.
Il se laissait atteindre mais se plaçait toujours de manière à atténuer la frappe.
Il voulait qu’il puisse laisser libre court à sa rage. Depuis combien de temps la gardait-il ainsi enfermée? Il secoua la tête. Ce n'était pas bon. Pas bon du tout.
Lorsqu’il ne s'y attendait plus, il para et riposta d'un coup sec dans ses côtes.
- Par tous les Dieux, Alduis, tu t’es empâté en neuf ans !
Il sauta agilement sur l'autel, et invita Alduis à le rejoindre.
Les oracles zakrotiens était maîtres dans l'art de rejoindre le monde spirituel mais certains, parfois, n'en revenait plus jamais. Il ne subsistait plus alors qu'une enveloppe charnelle, une coquille vide.
Eldred ne pouvait pas le laisser ainsi. Pourquoi ? Lui-même n'arrivait pas à mettre le doigt sur une raison valable. C’était juste… Là… Tapis au fond des ses entrailles… Il ne pouvait réprimer ce que son instinct lui commander. C’était presque… Un devoir. Un irrépressible devoir.
Il pouvait sentir que chacun de ses mots venait l'ancrer à nouveau dans la réalité. Autant de cordes qu’il attachait autour de son esprit et qu’il arrimait solidement autour de son corps pour qu’il ne puisse pas s’échapper.
Pourtant ce n’était pas suffisant. Les ténèbres étaient toujours là, prêt à prendre le contrôle, prêt à dévorer son esprit.
Il les sentait.
Comme une infecte poix noirâtre qui s’infiltrait dans chaque orifice pour l'engloutir, le noyer et le faire disparaitre dans le néant.
C’était toute cette colère qui le rongeait, ses ressentiments et ses mauvaises pensées qui se matérialisaient.
Il devait les évacuer.
Maintenant.
Il savait très exactement quoi dire pour déclencher sa fureur. Et par là même lui faire quitter sa léthargie pour l'action.
Le résultat de ne se fit guère attendre.
Alduis bondit.
Toutes griffes dehors, poils herissés comme un lynx qui saurait hors de sa branche. Eldred effectua un léger pas de côté afin d’éviter le plus gros du coup. Alduis enchaîna encore et encore sans qu’il ne pare ou ne riposte réellement.
Il se laissait atteindre mais se plaçait toujours de manière à atténuer la frappe.
Il voulait qu’il puisse laisser libre court à sa rage. Depuis combien de temps la gardait-il ainsi enfermée? Il secoua la tête. Ce n'était pas bon. Pas bon du tout.
Lorsqu’il ne s'y attendait plus, il para et riposta d'un coup sec dans ses côtes.
- Par tous les Dieux, Alduis, tu t’es empâté en neuf ans !
Il sauta agilement sur l'autel, et invita Alduis à le rejoindre.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Quand il avait passé les mains dans le dos d'Alexandre, quand sous ses doigts, il avait senti les contusions, son sang s'était enflammé dans ses veines. Et cette fureur-là était encore intacte, blottie là au creux de son ventre, toutes griffes solidement plantées dans ses poumons. Elle était même encore plus vive.
Il avait promis à Alexandre de le protéger, et une promesse donnée devait être tenue. C'était ainsi. Il n'avait pas vraiment réfléchi, en bondissant. Mais Eldred avait levé la main sur Alexandre. Au même titre que le guerrier lui avait envoyé son poing dans le nez à son entrée dans l'église, il n'aurait pu rester immobile.
Son poing atteignit Eldred, pas tout à fait là où il l'avait prévu mais il le toucha. Alduis n'attendit pas pour réitérer la frappe, précisément à l'opposé de la première. Et de nouveau, bien que toujours légèrement décalée par rapport à son objectif, ce fut une réussite.
Eldred ne réagissait pas vraiment non plus. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'il ne cherchait pas à riposter. Il se contentait d'esquiver — et seulement en partie ! — les coups que portait Alduis.
Lequel en donna un autre, encore un, et un troisième, puis un quatrième. Inlassablement, sans varier dans sa manière d'attaquer : il visait toujours les mêmes endroits, avec toujours la même force et cadence. Mais au fond, il ne cherchait pas à surprendre Eldred. Il se contentait de cogner comme parfois il cognait les murs, sans réfléchir, sans essayer de comprendre. Juste frapper. La tête totalement vide.
Et bientôt, ce ne fut plus à cause des coups de badine administrés qu'il poursuivait d'envoyer ses poings vers l'avant. C'était simplement parce qu'Eldred se trouvait là, devant lui, et que les tensions accumulées durant la conversation devaient bien finir par sortir. Que ce soit le zakrotien ou un mur en face de lui, cela n'y changeait pas grand chose.
Sauf que dans l'un des cas, la cible était mouvante et que cela apaisa les tensions plus vite. Tandis que dans un mur, il aurait continué jusqu'à ne plus sentir ses bras, jusqu'à ce que ses phalanges deviennent un amas de chairs sanglantes, il n'eut rien besoin de tout cela. La vitesse des coups ralentit, puis s'arrêta. Alduis reprit sa respiration, il avait une conscience accrue de ses muscles et de l'air qui gonflait ses poumons, et c'était agréable.
La pause fut courte. Ce fut cet instant qu'Eldred choisit pour riposter : il lui retourna un coup direct dans les côtes.
- Par tous les Dieux, Alduis, tu t'es empâté en neuf ans ! lança-t-il, d'un ton provocateur, comme une invitation à poursuivre.
Sans lui laisser le temps de réagir, Eldred bondit sur l'autel et lui fit signe de le suivre. Alduis n'attendit pas. Une seconde plus tard, il était debout et en garde en face de lui. Sa respiration était redevenue régulière, ses prunelles s'étaient stabilisées.
Son cerveau s'était remis en marche. Mais ce n'était plus fouilli. Tout s'était ordonné naturellement, comme s'il s'agissait de la tête de quelqu'un d'autre. Plus de tsunamis d'images, de souvenirs ou d'émotions entremêlées les unes aux autres. Simplement un regard analytique, qui décortiquait les mouvements, qui sondait la posture, froidement, mécaniquement. Pour savoir d'où viendrait le coup, où il porterait.
Il plongea ses yeux au fond de ceux d'Eldred et répondit, d'une voix qui laissait percevoir le défi :
- Je t'attends.
Il avait promis à Alexandre de le protéger, et une promesse donnée devait être tenue. C'était ainsi. Il n'avait pas vraiment réfléchi, en bondissant. Mais Eldred avait levé la main sur Alexandre. Au même titre que le guerrier lui avait envoyé son poing dans le nez à son entrée dans l'église, il n'aurait pu rester immobile.
Son poing atteignit Eldred, pas tout à fait là où il l'avait prévu mais il le toucha. Alduis n'attendit pas pour réitérer la frappe, précisément à l'opposé de la première. Et de nouveau, bien que toujours légèrement décalée par rapport à son objectif, ce fut une réussite.
Eldred ne réagissait pas vraiment non plus. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'il ne cherchait pas à riposter. Il se contentait d'esquiver — et seulement en partie ! — les coups que portait Alduis.
Lequel en donna un autre, encore un, et un troisième, puis un quatrième. Inlassablement, sans varier dans sa manière d'attaquer : il visait toujours les mêmes endroits, avec toujours la même force et cadence. Mais au fond, il ne cherchait pas à surprendre Eldred. Il se contentait de cogner comme parfois il cognait les murs, sans réfléchir, sans essayer de comprendre. Juste frapper. La tête totalement vide.
Et bientôt, ce ne fut plus à cause des coups de badine administrés qu'il poursuivait d'envoyer ses poings vers l'avant. C'était simplement parce qu'Eldred se trouvait là, devant lui, et que les tensions accumulées durant la conversation devaient bien finir par sortir. Que ce soit le zakrotien ou un mur en face de lui, cela n'y changeait pas grand chose.
Sauf que dans l'un des cas, la cible était mouvante et que cela apaisa les tensions plus vite. Tandis que dans un mur, il aurait continué jusqu'à ne plus sentir ses bras, jusqu'à ce que ses phalanges deviennent un amas de chairs sanglantes, il n'eut rien besoin de tout cela. La vitesse des coups ralentit, puis s'arrêta. Alduis reprit sa respiration, il avait une conscience accrue de ses muscles et de l'air qui gonflait ses poumons, et c'était agréable.
La pause fut courte. Ce fut cet instant qu'Eldred choisit pour riposter : il lui retourna un coup direct dans les côtes.
- Par tous les Dieux, Alduis, tu t'es empâté en neuf ans ! lança-t-il, d'un ton provocateur, comme une invitation à poursuivre.
Sans lui laisser le temps de réagir, Eldred bondit sur l'autel et lui fit signe de le suivre. Alduis n'attendit pas. Une seconde plus tard, il était debout et en garde en face de lui. Sa respiration était redevenue régulière, ses prunelles s'étaient stabilisées.
Son cerveau s'était remis en marche. Mais ce n'était plus fouilli. Tout s'était ordonné naturellement, comme s'il s'agissait de la tête de quelqu'un d'autre. Plus de tsunamis d'images, de souvenirs ou d'émotions entremêlées les unes aux autres. Simplement un regard analytique, qui décortiquait les mouvements, qui sondait la posture, froidement, mécaniquement. Pour savoir d'où viendrait le coup, où il porterait.
Il plongea ses yeux au fond de ceux d'Eldred et répondit, d'une voix qui laissait percevoir le défi :
- Je t'attends.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Les coups pleuvaient et s’enchaînaient. L'un après l'autre. C’était comme une danse dont les pas étaient toujours les mêmes. Il n’y avait aucune surprise. Aussi surement que sa hache tombait toujours au même endroit lorsqu’il fendait les buches, les coups d’Alduis étaient toujours strictement identiques.
Il n’y avait aucune surprise.
Il ne cherchait pas à le blesser. Simplement à extérioriser.
Eldred n’avait aucun mal à les éviter pour en atténuer l’impact. Il aurait même pu les esquiver entièrement s’il avait réellement voulu. Ce n’était pas le but. Alduis devait pouvoir le frapper pour parvenir à se calmer. Il n’y avait pas d’autres solutions. Il n’y aurait qu’ainsi qu’il reviendrait entièrement de son voyage.
Encore et encore les coups s’enchainèrent, jusqu’à ce que le draugr reprenne sa respiration. Ce fut à cet instant qu’il riposta réellement d’un bon coup dans les côtes non sans une belle provocation. D’un geste agile, il bondit sur l’autel, couvert d’une nappe et de divers colifichets invitant Alduis à le rejoindre.
Leurs regards s’attrapèrent. Le sien n’était plus ni éteint, ni chaotiquement embrasé. Il brillait désormais de cette lueur d’intelligence et de détachement qu’il lui connaissait. Un sourire s’étira sur son visage alors que tout deux se mettaient en garde. Durant quelques instants, ils se cherchèrent, se jaugèrent…
L’affrontement, le vrai, commençait maintenant.
Eldred ouvrit la danse, portant un coup haut que son adversaire lui rendit sans attendre. Il pivota sur sa jambe extérieure, envoyant dans le même temps s’écraser au sol une coupe en métal qui trainait là. Il esquiva une large partie du choc et envoya son poing s’écraser dans ses flancs.
- Tu es finalement revenu ! énonça-t-il jovialement comme si rien de tout cela ne se déroulait.
Il se remit en garde et recula de quelques pas, laissant Alduis prendre l’initiative de ce nouvel échange. Cette fois-ci, il se baissa juste à temps et ne sentit guère plus que l’air siffler autour de lui. Sans attendre, il riposta pour atteindre son menton.
- Tu m’avais habitué à mieux.
Il se remit en garde et poussa du pied un vase qui se trouvait derrière lui et le gênait dans ses mouvements. Il se renversa, lui et son contenu, formant l'espace de quelques secondes, une cascade qui gouta le long de la nappe blanche.
- Ca t’arrive souvent ces égarements ?
Il n’y avait aucune surprise.
Il ne cherchait pas à le blesser. Simplement à extérioriser.
Eldred n’avait aucun mal à les éviter pour en atténuer l’impact. Il aurait même pu les esquiver entièrement s’il avait réellement voulu. Ce n’était pas le but. Alduis devait pouvoir le frapper pour parvenir à se calmer. Il n’y avait pas d’autres solutions. Il n’y aurait qu’ainsi qu’il reviendrait entièrement de son voyage.
Encore et encore les coups s’enchainèrent, jusqu’à ce que le draugr reprenne sa respiration. Ce fut à cet instant qu’il riposta réellement d’un bon coup dans les côtes non sans une belle provocation. D’un geste agile, il bondit sur l’autel, couvert d’une nappe et de divers colifichets invitant Alduis à le rejoindre.
Leurs regards s’attrapèrent. Le sien n’était plus ni éteint, ni chaotiquement embrasé. Il brillait désormais de cette lueur d’intelligence et de détachement qu’il lui connaissait. Un sourire s’étira sur son visage alors que tout deux se mettaient en garde. Durant quelques instants, ils se cherchèrent, se jaugèrent…
L’affrontement, le vrai, commençait maintenant.
Eldred ouvrit la danse, portant un coup haut que son adversaire lui rendit sans attendre. Il pivota sur sa jambe extérieure, envoyant dans le même temps s’écraser au sol une coupe en métal qui trainait là. Il esquiva une large partie du choc et envoya son poing s’écraser dans ses flancs.
- Tu es finalement revenu ! énonça-t-il jovialement comme si rien de tout cela ne se déroulait.
Il se remit en garde et recula de quelques pas, laissant Alduis prendre l’initiative de ce nouvel échange. Cette fois-ci, il se baissa juste à temps et ne sentit guère plus que l’air siffler autour de lui. Sans attendre, il riposta pour atteindre son menton.
- Tu m’avais habitué à mieux.
Il se remit en garde et poussa du pied un vase qui se trouvait derrière lui et le gênait dans ses mouvements. Il se renversa, lui et son contenu, formant l'espace de quelques secondes, une cascade qui gouta le long de la nappe blanche.
- Ca t’arrive souvent ces égarements ?
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Leurs regards étaient plongés l’un dans l’autre. Un sourire vint éclairer les lèvres d’Eldred. Alduis resta parfaitement impassible et ne se déconcentra pas une seule seconde.
Ils se jaugeaient, analysaient leurs défenses respectives, à la recherche des failles et des ouvertures. Alduis le laissa engager. Il lui rendit son premier coup à l’identique. Eldred pivota, faisant tomber une coupe métallique au sol, laquelle rebondit dans un vacarme assourdissant. L’écho se répercuta sous les voûtes.
Eldred ne perdit pas de temps, il le frappa au flanc. Alduis reçut le coup de plein fouet.
- Tu es finalement revenu !
Alduis ne répondit pas et aucune lueur ne traversa son regard céruléen. Il resta tellement froid qu’il aurait aussi bien pu ne pas avoir entendu, les choses n’auraient pas été différentes. Eldred lui laissa l’initiative du coup suivant. Coup que le guerrier évita en se baissant, puis en plaisantant. L’expression d’Alduis se décrispa durant deux secondes.
Le coup suivant d’Eldred le fit faire deux pas en arrière et renverser un cierge éteint au passage qui alla rejoindre les autres objets tombés.
La question tomba comme un cheveu sur la soupe. Elle n’avait rien à faire au milieu de cet affrontement et pourtant, cela paraissait parfaitement normal. Il ne laissa pas ses pensées repasser par dessus et garda la tête froide.
- Tous les jours, répondit sans détour, avec autant de franchise qu’il était possible d’en avoir.
Il fit une brève pause, le temps d’un étrange sourire. A l’image d’Eldred qui se replaçait pour reprendre le petit duel improvisé, Alduis en fit de même.
- C’est ce qui arrive quand on se souvient de chaque jour de sa vie depuis qu’on a sept ans.
Il n’attendit pas qu’Eldred reprenne. Il fit un pas rapide, lança son poing vers son nez et aussitôt après, recula pour reprendre sa place précédente. Le tout en déclarant naturellement :
- Dis-moi une date. Je te dirai ce que j’ai fait ce jour-là.
Ils se jaugeaient, analysaient leurs défenses respectives, à la recherche des failles et des ouvertures. Alduis le laissa engager. Il lui rendit son premier coup à l’identique. Eldred pivota, faisant tomber une coupe métallique au sol, laquelle rebondit dans un vacarme assourdissant. L’écho se répercuta sous les voûtes.
Eldred ne perdit pas de temps, il le frappa au flanc. Alduis reçut le coup de plein fouet.
- Tu es finalement revenu !
Alduis ne répondit pas et aucune lueur ne traversa son regard céruléen. Il resta tellement froid qu’il aurait aussi bien pu ne pas avoir entendu, les choses n’auraient pas été différentes. Eldred lui laissa l’initiative du coup suivant. Coup que le guerrier évita en se baissant, puis en plaisantant. L’expression d’Alduis se décrispa durant deux secondes.
Le coup suivant d’Eldred le fit faire deux pas en arrière et renverser un cierge éteint au passage qui alla rejoindre les autres objets tombés.
La question tomba comme un cheveu sur la soupe. Elle n’avait rien à faire au milieu de cet affrontement et pourtant, cela paraissait parfaitement normal. Il ne laissa pas ses pensées repasser par dessus et garda la tête froide.
- Tous les jours, répondit sans détour, avec autant de franchise qu’il était possible d’en avoir.
Il fit une brève pause, le temps d’un étrange sourire. A l’image d’Eldred qui se replaçait pour reprendre le petit duel improvisé, Alduis en fit de même.
- C’est ce qui arrive quand on se souvient de chaque jour de sa vie depuis qu’on a sept ans.
Il n’attendit pas qu’Eldred reprenne. Il fit un pas rapide, lança son poing vers son nez et aussitôt après, recula pour reprendre sa place précédente. Le tout en déclarant naturellement :
- Dis-moi une date. Je te dirai ce que j’ai fait ce jour-là.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Cet instant pouvait paraître étrange : deux hommes se battant sur l'autel d'une église qui entre coupaient leurs frappes de quelques paroles.
Et pourtant rien ne semblait si banal à Eldred que cette discussion. Certes, on savait les zakrotiens portés sur la bagarre et c’était peut-être ce qui leur valait cette dénomination de barbare tant il était naturel chez eux de finir une bonne bière par une bonne bataille ; mais cet affrontement là était différent.
Sous cet autel qui n'avait plus rien de présentable, se tissaient entre les deux ennemis d'un jour des choses qui les dépassaient.
L'un ne savait pas pourquoi il aidait l’autre.
L’autre ne comprenait pas pourquoi on l'aidait sans motif.
Sa réponse tomba comme l'un de ses coups : brute et sans détour.
Ce n’était plus le même homme qu’au début de leur rencontre.
Il n'évitait plus les questions.
Il les affrontait.
Alduis avait une mémoire hors norme. Et c’était là l'origine de ses problèmes. Un coup parti vers son nez, Eldred remonta sa garde et para le coup avant de contre attaquer aussitôt d'un crochet.
- Tu dois apprendre à t'ancrer dans le présent dit-il tout en reculant de quelques pas partir ainsi est dangereux. Un jour, tu ne retrouveras plus le chemin vers ton monde.
Il culbuta un énorme cierge -heureusement éteint- en se penchant pour esquiver avec brio la nouvelle attaque.
- 25 mai 1583 lança-t-il en se redressant.
C’était la première date qui lui était venue à l'esprit. Le jour de son mariage avec Byrnja.
Il avait seize ans.
Dehors il faisait doux. Des nuages cotonneux jouaient à cache-cache avec le soleil.
Dans la clairière, les pépiements des oiseaux accompagnaient le clapotis régulier de la rivière.
Il l'attendait, au pied d'un grand épicéa. Posée sur ses cheveux d’or, une belle couronne de fleurs champêtres. Sa robe en lainage fin était bleue sombre avec des broderies plus claires sur le col et l'ourlet bas.
Sur sa poitrine était accrochée par deux broches rondes en argent, une multitude de colliers en perles multicolores et quelques pendentifs en argent.
Elle était belle comme un rayon de soleil dans le sombre hiver.
Elle était divinement belle.
Aussi douce que téméraire.
Aussi espiègle que farouche.
Il la connaissait depuis toujours et ce jour là, elle était enfin devenue sa femme. La légère brise faisait voler ses cheveux qui n’étaient pas tressés alors qu'elle s’avançait vers lui. Le temps semblait s’être arrêté en même temps que son cœur.
Il en était fou.
Sous le regard bienveillant des Dieux, elle était devenue sa femme.
Il ne put réprimer un sourire à ce souvenir si doux. Penser à elle, à son sourire et ses yeux pétillants lui réchauffait le cœur. Il avait parfois l’impression qu’elle était là, tout près de lui.
Ragaillardi par cette pensée, il attaqua à nouveau avant de descendre de l'autel d'un bond arrière.
Les dates. Les souvenirs. Sa maladie. Le puzzle se complétait.
Eldred se souvenait parfaitement de ses propres délires lorsque la peste l’avait frappée lors d'une épidémie. Ou pour être parfaitement exact, il se souvenait surtout de cette poix qui engourdissait ses sens.
Il avait eu l'impression d’être partout et nulle part à la fois.
Il avait eu froid. Si froid.
Il avait vu tellement de choses.
Mais il ne se souvenait pas des personnes à son chevet.
Tout était brumeux comme un matin de septembre.
Il se remit en garde tout en se déplaçant lentement. Alduis l'avait suivi, il ne quittait pas ses prunelles bleues sérac.
- Les seules dates auxquelles tu n'as pas la réponse ce sont celles de ta maladie, pas vrai ?
Et pourtant rien ne semblait si banal à Eldred que cette discussion. Certes, on savait les zakrotiens portés sur la bagarre et c’était peut-être ce qui leur valait cette dénomination de barbare tant il était naturel chez eux de finir une bonne bière par une bonne bataille ; mais cet affrontement là était différent.
Sous cet autel qui n'avait plus rien de présentable, se tissaient entre les deux ennemis d'un jour des choses qui les dépassaient.
L'un ne savait pas pourquoi il aidait l’autre.
L’autre ne comprenait pas pourquoi on l'aidait sans motif.
Sa réponse tomba comme l'un de ses coups : brute et sans détour.
Tous les jours
Ce n’était plus le même homme qu’au début de leur rencontre.
Il n'évitait plus les questions.
Il les affrontait.
Alduis avait une mémoire hors norme. Et c’était là l'origine de ses problèmes. Un coup parti vers son nez, Eldred remonta sa garde et para le coup avant de contre attaquer aussitôt d'un crochet.
- Tu dois apprendre à t'ancrer dans le présent dit-il tout en reculant de quelques pas partir ainsi est dangereux. Un jour, tu ne retrouveras plus le chemin vers ton monde.
Il culbuta un énorme cierge -heureusement éteint- en se penchant pour esquiver avec brio la nouvelle attaque.
- 25 mai 1583 lança-t-il en se redressant.
C’était la première date qui lui était venue à l'esprit. Le jour de son mariage avec Byrnja.
Il avait seize ans.
Dehors il faisait doux. Des nuages cotonneux jouaient à cache-cache avec le soleil.
Dans la clairière, les pépiements des oiseaux accompagnaient le clapotis régulier de la rivière.
Il l'attendait, au pied d'un grand épicéa. Posée sur ses cheveux d’or, une belle couronne de fleurs champêtres. Sa robe en lainage fin était bleue sombre avec des broderies plus claires sur le col et l'ourlet bas.
Sur sa poitrine était accrochée par deux broches rondes en argent, une multitude de colliers en perles multicolores et quelques pendentifs en argent.
Elle était belle comme un rayon de soleil dans le sombre hiver.
Elle était divinement belle.
Aussi douce que téméraire.
Aussi espiègle que farouche.
Il la connaissait depuis toujours et ce jour là, elle était enfin devenue sa femme. La légère brise faisait voler ses cheveux qui n’étaient pas tressés alors qu'elle s’avançait vers lui. Le temps semblait s’être arrêté en même temps que son cœur.
Il en était fou.
Sous le regard bienveillant des Dieux, elle était devenue sa femme.
Il ne put réprimer un sourire à ce souvenir si doux. Penser à elle, à son sourire et ses yeux pétillants lui réchauffait le cœur. Il avait parfois l’impression qu’elle était là, tout près de lui.
Ragaillardi par cette pensée, il attaqua à nouveau avant de descendre de l'autel d'un bond arrière.
Les dates. Les souvenirs. Sa maladie. Le puzzle se complétait.
Eldred se souvenait parfaitement de ses propres délires lorsque la peste l’avait frappée lors d'une épidémie. Ou pour être parfaitement exact, il se souvenait surtout de cette poix qui engourdissait ses sens.
Il avait eu l'impression d’être partout et nulle part à la fois.
Il avait eu froid. Si froid.
Il avait vu tellement de choses.
Mais il ne se souvenait pas des personnes à son chevet.
Tout était brumeux comme un matin de septembre.
Il se remit en garde tout en se déplaçant lentement. Alduis l'avait suivi, il ne quittait pas ses prunelles bleues sérac.
- Les seules dates auxquelles tu n'as pas la réponse ce sont celles de ta maladie, pas vrai ?
Page 1 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» [7 Décembre 1597] Les retrouvailles de vieux amis
» [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]
» [le 2 décembre 1597] ~ Sur le fil de ta lame [Terminé]
» [le 11 décembre 1597] -- En sécurité [terminé]
» [31 décembre 1597] - Des expérimentations aux traditions [Terminé]
» [22 décembre 1597]En mal de mer [terminé]
» [le 2 décembre 1597] ~ Sur le fil de ta lame [Terminé]
» [le 11 décembre 1597] -- En sécurité [terminé]
» [31 décembre 1597] - Des expérimentations aux traditions [Terminé]
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum