[5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred para le coup. Il renvoya aussitôt un crochet en réponse. Crochet qui effleura tout juste Alduis. Il se redressa avec un sourire. Cette fois, ce fut son pied qu’il envoya dans son ventre, en comblant les quelques pas que le zakrotien avait fait :
- S’ancrer dans le présent.
Une brève pause.
- C’est plus facile à dire qu’à faire.
Et il savait pertinemment que cette fois-là, il n’aurait pas su se débrouiller tout seul. Eldred l’avait emmené trop profondément. Et si ses mains sur ses épaules n’avaient pas été là, il n’aurait pas été sûr de pouvoir retrouver son chemin. Mais le guerrier le savait aussi bien que lui. Il était inutile de le dire.
A la place, la date tomba.
Le 25 mai 1583.
Aussitôt, des images s’imposèrent à lui.
La veille de ses 16 ans.
Alduis alla droit au but, tout en enchaînant une série de coups rapides, pour ne pas risquer de se laisser engloutir. Il annonça les choses tout naturellement, comme si les choses s’étaient passées juste hier :
- Il a plu toute la journée.
Un coup.
- J’ai embrassé une fille. Elle a passé la nuit avec moi.
Un autre coup. Il évita le coup suivant de Eldred, qui une fois de plus, l’effleura tout juste. Pour conclure :
- Entre nous, j’ai pas trouvé ça extraordinaire du tout.
Et avec le recul, il ne voyait toujours pas l’intérêt. Il se baissa pour attraper la nappe qui avait en partie glissé. Eldred se tenait toujours dessus. Il la tira d’un coup sec pour le faire tomber, une seconde trop tard, le guerrier était déjà descendu de l’autel.
Alors, Alduis la lui jeta dessus. Pour sauter à son tour. Un adversaire qui se trouvait plus haut que vous, était un homme à faire tomber. Une règle simple des duels. Ils furent de nouveau l’un face à l’autre, à se jauger. Alduis fit quelques pas de côté, en restant toujours face à Eldred.
- Les seules dates auxquelles tu n’as pas la réponse, ce sont celles de ta maladie, pas vrai ?
- Exact, répondit-il. Du 1er au 8 juin 1595. Je me souviens de rien.
Il ne s’en souvenait pas.
Il n’y avait pas moyen.
Ce qu’il avait dit, ce qu’il avait fait. Tout restait flou. Un grand monde flou. Et quand son esprit s’activait pour essayer de se souvenir, déstabilisé par cette absence de souvenirs, il ne trouvait jamais rien. Il avait oublié. Et cette pensée le hantait.
Il se pencha en avant, pour appuyer ses mains sur ses cuisses et demanda à son tour :
- Et toi alors ? Pourquoi tu n’as pas refait ta vie ?
Il fit une pause, et ajouta, sans que cela soit réellement une question. C’était davantage une affirmation :
- Tu es toujours en deuil, hein ?
- S’ancrer dans le présent.
Une brève pause.
- C’est plus facile à dire qu’à faire.
Et il savait pertinemment que cette fois-là, il n’aurait pas su se débrouiller tout seul. Eldred l’avait emmené trop profondément. Et si ses mains sur ses épaules n’avaient pas été là, il n’aurait pas été sûr de pouvoir retrouver son chemin. Mais le guerrier le savait aussi bien que lui. Il était inutile de le dire.
A la place, la date tomba.
Le 25 mai 1583.
Aussitôt, des images s’imposèrent à lui.
La veille de ses 16 ans.
Alduis alla droit au but, tout en enchaînant une série de coups rapides, pour ne pas risquer de se laisser engloutir. Il annonça les choses tout naturellement, comme si les choses s’étaient passées juste hier :
- Il a plu toute la journée.
Un coup.
- J’ai embrassé une fille. Elle a passé la nuit avec moi.
Un autre coup. Il évita le coup suivant de Eldred, qui une fois de plus, l’effleura tout juste. Pour conclure :
- Entre nous, j’ai pas trouvé ça extraordinaire du tout.
Et avec le recul, il ne voyait toujours pas l’intérêt. Il se baissa pour attraper la nappe qui avait en partie glissé. Eldred se tenait toujours dessus. Il la tira d’un coup sec pour le faire tomber, une seconde trop tard, le guerrier était déjà descendu de l’autel.
Alors, Alduis la lui jeta dessus. Pour sauter à son tour. Un adversaire qui se trouvait plus haut que vous, était un homme à faire tomber. Une règle simple des duels. Ils furent de nouveau l’un face à l’autre, à se jauger. Alduis fit quelques pas de côté, en restant toujours face à Eldred.
- Les seules dates auxquelles tu n’as pas la réponse, ce sont celles de ta maladie, pas vrai ?
- Exact, répondit-il. Du 1er au 8 juin 1595. Je me souviens de rien.
Il ne s’en souvenait pas.
Il n’y avait pas moyen.
Ce qu’il avait dit, ce qu’il avait fait. Tout restait flou. Un grand monde flou. Et quand son esprit s’activait pour essayer de se souvenir, déstabilisé par cette absence de souvenirs, il ne trouvait jamais rien. Il avait oublié. Et cette pensée le hantait.
Il se pencha en avant, pour appuyer ses mains sur ses cuisses et demanda à son tour :
- Et toi alors ? Pourquoi tu n’as pas refait ta vie ?
Il fit une pause, et ajouta, sans que cela soit réellement une question. C’était davantage une affirmation :
- Tu es toujours en deuil, hein ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
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Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Se concentrer sur l'instant présent, oui c’était compliqué. Cela demander de l’entraînement. Eldred se pencha en arrière pour esquiver le pied qui venait de partir avant de contre-attaquer de la même manière.
- Le difficulté ne doit pas t'entraver. Tu sais le faire. Tu le fais quand tu combats.
Cette fois-ci, il avait été un là pour le tirer des limbes où il s’était égaré. Qu'adviendrait-il de lui s'il venait à se perdre dans fil d’Ariane pour le sauver ? Il préférait éviter d'y penser et lui proposa une date.
Au hasard.
Le jour de son mariage.
Alduis lui raconta sa journée. Et il ne put réprimer un rire tout en manquant son attaque.
- Moi aussi j’ai embrassé une fille ce jour-là
Face à l’épicéa, Eldred lui avait offert l’épée de ses ancêtres, symbole de continuité quand elle, en avait fait de même. Sur le pommeau des épées échangés, deux petits anneaux avaient été disposés. Ils les passèrent à leur doigt et c’est sur leurs épées qu'ils échangèrent, yeux dans les yeux, leurs vœux. Ils coururent aussitôt main dans la main en direction de leur nouvelle maison. Eldred passa en premier. Trébucher portait malheur. Il lui tendit la main et l’aida à franchir cet entre deux mondes. Une fois chez eux, il n'avait pu résister à l'attirer à lui pour l’embrasser comme jamais.
- Et j’ai passé ma première nuit avec ma femme. C’était merveilleux.
Rien que de repenser au bonheur qu'il avait éprouvé à l’idée d’être avec elle, ses yeux se mirent à pétiller comme jamais.
Eldred recula. Alduis tira sur la nappe mais il avait sauté juste à temps pour l’éviter. Il lui envoya la nappe… Qu’il attrapa et relança en direction d'une statue voisine. La dame de marbre la réceptionna entre ses paumes tournées vers le ciel. Il eut un petit sourire amusé face à la ruse d’Alduis et lui fit part de sa réflexion.
- Et ça te dérange ? Tu as peur d'avoir oublié quelque chose d'important ?
Il attrapa une croix posée sur un petit rebord et lui jeta dessus.
- Tu es toujours en deuil, hein ?
Malgré lui, il frissonna. Personne ne lui avait parlé ainsi d’elle. L'entendre à haute voix le déroutait.
Il avait tourné la page.
Son cœur se serra à cette idée.
Pourquoi se serrait-il alors ?
Pourquoi voyait-il toujours ses yeux et son sourire ?
Pourqoi la sentait-il si proche ?
Il baissa subitement les bras et s'immobilisa.
- Je l'aime toujours. Elle est toujours là. Quelque part.
Il planta ses yeux dans les siens à la recherche de quoi ? De compréhension ? De soutien ? C’était ridicule. Elle était morte depuis neuf ans. Elle était morte comme elle le devait. Comme il en rêvait lui…
-Je n'y arrive pas. Je n’arrive pas à la laisser partir.
Il avait peur.
Peur de l'oublier.
Peur que ses souvenirs fuitent entre ses doigts comme un filet d'eau qu’il ne pourrait retenir.
Peur de la trahir, comme lui-même s’était senti abandonner lorsqu'elle avait préféré la mort à sa vie en sa compagnie.
Seul.
Il était resté seul.
Il avait noyé son chagrin et sa colère dans l’activité.
Ses entrailles se serraient. Ses mains se mirent à trembler. Il inspira profondément pour se calmer et se concentra sur la suite.
- Le difficulté ne doit pas t'entraver. Tu sais le faire. Tu le fais quand tu combats.
Cette fois-ci, il avait été un là pour le tirer des limbes où il s’était égaré. Qu'adviendrait-il de lui s'il venait à se perdre dans fil d’Ariane pour le sauver ? Il préférait éviter d'y penser et lui proposa une date.
Au hasard.
Le jour de son mariage.
Alduis lui raconta sa journée. Et il ne put réprimer un rire tout en manquant son attaque.
- Moi aussi j’ai embrassé une fille ce jour-là
Face à l’épicéa, Eldred lui avait offert l’épée de ses ancêtres, symbole de continuité quand elle, en avait fait de même. Sur le pommeau des épées échangés, deux petits anneaux avaient été disposés. Ils les passèrent à leur doigt et c’est sur leurs épées qu'ils échangèrent, yeux dans les yeux, leurs vœux. Ils coururent aussitôt main dans la main en direction de leur nouvelle maison. Eldred passa en premier. Trébucher portait malheur. Il lui tendit la main et l’aida à franchir cet entre deux mondes. Une fois chez eux, il n'avait pu résister à l'attirer à lui pour l’embrasser comme jamais.
- Et j’ai passé ma première nuit avec ma femme. C’était merveilleux.
Rien que de repenser au bonheur qu'il avait éprouvé à l’idée d’être avec elle, ses yeux se mirent à pétiller comme jamais.
Eldred recula. Alduis tira sur la nappe mais il avait sauté juste à temps pour l’éviter. Il lui envoya la nappe… Qu’il attrapa et relança en direction d'une statue voisine. La dame de marbre la réceptionna entre ses paumes tournées vers le ciel. Il eut un petit sourire amusé face à la ruse d’Alduis et lui fit part de sa réflexion.
- Et ça te dérange ? Tu as peur d'avoir oublié quelque chose d'important ?
Il attrapa une croix posée sur un petit rebord et lui jeta dessus.
- Tu es toujours en deuil, hein ?
Malgré lui, il frissonna. Personne ne lui avait parlé ainsi d’elle. L'entendre à haute voix le déroutait.
Il avait tourné la page.
Son cœur se serra à cette idée.
Pourquoi se serrait-il alors ?
Pourquoi voyait-il toujours ses yeux et son sourire ?
Pourqoi la sentait-il si proche ?
Il baissa subitement les bras et s'immobilisa.
- Je l'aime toujours. Elle est toujours là. Quelque part.
Il planta ses yeux dans les siens à la recherche de quoi ? De compréhension ? De soutien ? C’était ridicule. Elle était morte depuis neuf ans. Elle était morte comme elle le devait. Comme il en rêvait lui…
-Je n'y arrive pas. Je n’arrive pas à la laisser partir.
Il avait peur.
Peur de l'oublier.
Peur que ses souvenirs fuitent entre ses doigts comme un filet d'eau qu’il ne pourrait retenir.
Peur de la trahir, comme lui-même s’était senti abandonner lorsqu'elle avait préféré la mort à sa vie en sa compagnie.
Seul.
Il était resté seul.
Il avait noyé son chagrin et sa colère dans l’activité.
Oh Byrnja… Tu me manques tellement… Si tu savais
Ses entrailles se serraient. Ses mains se mirent à trembler. Il inspira profondément pour se calmer et se concentra sur la suite.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
S'ancrer dans le présent, il savait le faire. À la guerre et entre les bras d'Alexandre. Mais le reste du temps, ses pensées le submergeaient avec beaucoup trop de force pour qu'il puisse les repousser. Il en oubliait de manger et le sommeil le fuyait les trois quarts du temps. Il en arrivait à avoir peur de fermer les yeux, à l'idée des rêves qui pourraient venir s'il s'endormait.
Il ne répondit pas à Eldred et se concentra sur le combat. Ce dernier relatait à son tour sa journée. Il ne manqua pas les yeux d'Eldred qui se mirent à pétiller. Alduis eut un sourire à son tour quand le guerrier rattrapa la nappe et la relança aussitôt vers une statue.
Il déclara, tout en descendant de l'autel :
- Faudra que quelqu'un m'explique ce qu'il y a de si merveilleux là-dedans. Parce que je ne comprends définitivement pas.
Il évita la petite croix que lui lançait Eldred un peu trop tard et la reçut dans l'épaule.
Du 1er au 8 juin 1595.
Les dates traîtresses.
Celles qui demeuraient floues dans son esprit, malgré tous ses efforts pour s'en souvenir.
Malgré lui, il s'arrêta quelques secondes pour demander, les yeux dans les siens :
- Qu'est-ce que ça te ferait toi, si tu te souvenais de tout… sauf de ça ? Tu n'aurais pas … peur ?
Il avait peur, oui.
Peur de ce qu'il avait pu baver, sous le coup de la fièvre. Il entendait encore vaguement la voix de Bérénice qui lui disait de venir jouer.
Peur de se rendre compte que sa mémoire était faillible.
Peur que ce trou noir dans son existence attire petit à petit les autres morceaux et engloutissent ses souvenirs.
Parfois, il en avait envie. De tout oublier jusqu'à son prénom, de se perdre quelque part dans un autre monde et de ne pas retrouver son chemin. Mais cela l'effrayait en même temps.
Il se reprit et attaqua aussitôt, se redressant et envoyant son poing vers son sternum.
Non. Eldred n'avait pas accepté la mort de sa femme. Il suffisait de voir la manière dont il venait de se figer devant lui et dont ce frisson lui remonta la colonne vertébrale. Eldred ne renvoya aucun coup : il s'arrêta complètement.
- Je l'aime toujours. Elle est toujours là. Quelque part.
Alduis ne bougea pas. Il se contenta de lui rendre son regard sans ciller. Eldred continua :
- Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à la laisser partir.
Alduis fit un bond. Il visa ses côtes, une fois, deux fois. Il déclara simplement en faisant deux pas en arrière :
- Il faut que tu le fasses pourtant.
Il eut un sourire — sincère, pour une fois — et enchaîna sans lui laisser le temps de répondre :
- Crois-moi, le jour où je serai enfin mort, je voudrai qu'on me foute la paix. Tout le monde. Je sais de quoi je parle. La Mort, il n'y a que les vivants que ça affecte. Alors demande-toi pourquoi elle est encore là. Parce qu'elle le veut, ou parce que toi, tu le veux ?
Il ne répondit pas à Eldred et se concentra sur le combat. Ce dernier relatait à son tour sa journée. Il ne manqua pas les yeux d'Eldred qui se mirent à pétiller. Alduis eut un sourire à son tour quand le guerrier rattrapa la nappe et la relança aussitôt vers une statue.
Il déclara, tout en descendant de l'autel :
- Faudra que quelqu'un m'explique ce qu'il y a de si merveilleux là-dedans. Parce que je ne comprends définitivement pas.
Il évita la petite croix que lui lançait Eldred un peu trop tard et la reçut dans l'épaule.
Du 1er au 8 juin 1595.
Les dates traîtresses.
Celles qui demeuraient floues dans son esprit, malgré tous ses efforts pour s'en souvenir.
Malgré lui, il s'arrêta quelques secondes pour demander, les yeux dans les siens :
- Qu'est-ce que ça te ferait toi, si tu te souvenais de tout… sauf de ça ? Tu n'aurais pas … peur ?
Il avait peur, oui.
Peur de ce qu'il avait pu baver, sous le coup de la fièvre. Il entendait encore vaguement la voix de Bérénice qui lui disait de venir jouer.
Peur de se rendre compte que sa mémoire était faillible.
Peur que ce trou noir dans son existence attire petit à petit les autres morceaux et engloutissent ses souvenirs.
Parfois, il en avait envie. De tout oublier jusqu'à son prénom, de se perdre quelque part dans un autre monde et de ne pas retrouver son chemin. Mais cela l'effrayait en même temps.
Il se reprit et attaqua aussitôt, se redressant et envoyant son poing vers son sternum.
Non. Eldred n'avait pas accepté la mort de sa femme. Il suffisait de voir la manière dont il venait de se figer devant lui et dont ce frisson lui remonta la colonne vertébrale. Eldred ne renvoya aucun coup : il s'arrêta complètement.
- Je l'aime toujours. Elle est toujours là. Quelque part.
Alduis ne bougea pas. Il se contenta de lui rendre son regard sans ciller. Eldred continua :
- Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à la laisser partir.
Alduis fit un bond. Il visa ses côtes, une fois, deux fois. Il déclara simplement en faisant deux pas en arrière :
- Il faut que tu le fasses pourtant.
Il eut un sourire — sincère, pour une fois — et enchaîna sans lui laisser le temps de répondre :
- Crois-moi, le jour où je serai enfin mort, je voudrai qu'on me foute la paix. Tout le monde. Je sais de quoi je parle. La Mort, il n'y a que les vivants que ça affecte. Alors demande-toi pourquoi elle est encore là. Parce qu'elle le veut, ou parce que toi, tu le veux ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Cette journée avait été tout bonnement merveilleuse. L’une des meilleures de sa vie, indubitablement. Jamais il ne pourrait oublier ce jour. Alduis ne comprenait pas.
– Mais je vais t’expliquer mon cher.
Il lui jeta une croix en guise de réparti qui heurta son épaule. Eldred eut un sourire amusé.
– Qu’est-ce que tu ne comprends dans le fait qu’il n’y a rien de plus beau que de ne faire qu’un avec la personne que tu aimes ?
Il recula quelque peu de façon à mettre une distance qui lui permettrait de poursuivre son discours avant le prochain coup.
– Ose me dire vous passez votre temps à vous regarder en chiens de faïence et que tu n’apprécies pas ces moments avec Alexandre, je ne te croirais pas.
Il caressa le banc de sa main tout en reculant.
– C’est juste que tu aimes les hommes comme moi j’aime les femmes. Mais cela ne fait aucune différence.
Et pour cause… Si les préférences d'Alduis ne lui posaient aucun problème, l’idée de coucher avec un homme le faisait frémir autant que cela le dégoûtait. Il n’avait donc guère de difficulté à imaginer qu’il puisse en être de même pour lui. La seule différence résidait dans le fait que le Zakrotien n’était pas obligé de coucher avec un homme, lui.
- Et si tu le penses, tu ne vaux pas mieux que ceux qui ne te comprennent pas.
Il ponctua sa phrase d'un coup de pied haut.
Les dates. Eldred arqua un sourcil en essayant de se mettre à sa place. Lui aussi avait tout oublié, mais il ne se souvenait pas de chaque jour… C’était comme le lendemain d’une nuit bien arrosé. Sauf que la nuit avait duré plusieurs jours. Ce qui était angoissant c’était surtout de ne pas savoir ce que l’on avait bien pu faire à ce moment-là… Il acquiesça à sa remarque : oui, cela faisait peur. Mais les peurs étaient faites pour être dépassées.
- Tu as peur de ce que tu aurais pu dire ou faire, pas vrai ? Il n’y a que deux solutions, Alduis : lâcher-prise ou affronter.
Un coup vola dans son sternum, il recula, mais la frappe l’effleura tout de même. Le vrai coup venait de ses mots qui le heurtèrent de plein fouet avant de résonner avec fracas sous son crâne.
Il s’égara dans ses pensées, oubliant même leur petit duel improvisé. Byrnja… Depuis combien de temps n’avait-il pas parlé d’elle à haute voix ? Cela se comptait en années. Mais il ne pouvait que répondre avec honnêteté aux paroles de son adversaire.
Il était si absorbé par ses souvenirs qu’il ne vit qu’au dernier moment, les deux coups simultanés qui heurtèrent ses côtes. Il tenta d’esquiver mais c’était déjà trop tard. La douleur irradia dans sa cage thoracique et le sortit de sa torpeur. Face à lui Alduis souriait. D’un vrai sourire, quand lui avait le visage fermé.
- Je ne veux pas. C’était juste un suicide, Alduis. Elle avait prévu d’en emporter autant que possible avec elle. Je m’en doutais et je n’ai rien fait pour l’arrêter.
Il envoya un coup de pied. Un coup de pied de colère et de rage. De tous ces ressentiments qu’il avait gardé pour lui durant ces longues années. Il aurait rêvé de pouvoir tirer sur un fil de la tapisserie du destin et la tisser à nouveau comme il le souhaitait. Mais le pire dans tout cela, c’est qu’il l’avait laissé faire car c’est ainsi que devait mourir un guerrier.
Son poing s’écrasa dans la balustrade en bois du banc qui ne répondit par un choc sourd. La vibration remonta jusque dans son coude.
- Imagine… Imagine, si c’était Alexandre et qu’il mourrait par ta faute, parce que tu n’as pas osé l’arrêter.
Imagine que tu te retrouves seul.
Seul avec ta culpabilité.
– Mais je vais t’expliquer mon cher.
Il lui jeta une croix en guise de réparti qui heurta son épaule. Eldred eut un sourire amusé.
– Qu’est-ce que tu ne comprends dans le fait qu’il n’y a rien de plus beau que de ne faire qu’un avec la personne que tu aimes ?
Il recula quelque peu de façon à mettre une distance qui lui permettrait de poursuivre son discours avant le prochain coup.
– Ose me dire vous passez votre temps à vous regarder en chiens de faïence et que tu n’apprécies pas ces moments avec Alexandre, je ne te croirais pas.
Il caressa le banc de sa main tout en reculant.
– C’est juste que tu aimes les hommes comme moi j’aime les femmes. Mais cela ne fait aucune différence.
Et pour cause… Si les préférences d'Alduis ne lui posaient aucun problème, l’idée de coucher avec un homme le faisait frémir autant que cela le dégoûtait. Il n’avait donc guère de difficulté à imaginer qu’il puisse en être de même pour lui. La seule différence résidait dans le fait que le Zakrotien n’était pas obligé de coucher avec un homme, lui.
- Et si tu le penses, tu ne vaux pas mieux que ceux qui ne te comprennent pas.
Il ponctua sa phrase d'un coup de pied haut.
Les dates. Eldred arqua un sourcil en essayant de se mettre à sa place. Lui aussi avait tout oublié, mais il ne se souvenait pas de chaque jour… C’était comme le lendemain d’une nuit bien arrosé. Sauf que la nuit avait duré plusieurs jours. Ce qui était angoissant c’était surtout de ne pas savoir ce que l’on avait bien pu faire à ce moment-là… Il acquiesça à sa remarque : oui, cela faisait peur. Mais les peurs étaient faites pour être dépassées.
- Tu as peur de ce que tu aurais pu dire ou faire, pas vrai ? Il n’y a que deux solutions, Alduis : lâcher-prise ou affronter.
Un coup vola dans son sternum, il recula, mais la frappe l’effleura tout de même. Le vrai coup venait de ses mots qui le heurtèrent de plein fouet avant de résonner avec fracas sous son crâne.
Tu es toujours en deuil
Il s’égara dans ses pensées, oubliant même leur petit duel improvisé. Byrnja… Depuis combien de temps n’avait-il pas parlé d’elle à haute voix ? Cela se comptait en années. Mais il ne pouvait que répondre avec honnêteté aux paroles de son adversaire.
Il était si absorbé par ses souvenirs qu’il ne vit qu’au dernier moment, les deux coups simultanés qui heurtèrent ses côtes. Il tenta d’esquiver mais c’était déjà trop tard. La douleur irradia dans sa cage thoracique et le sortit de sa torpeur. Face à lui Alduis souriait. D’un vrai sourire, quand lui avait le visage fermé.
- Je ne veux pas. C’était juste un suicide, Alduis. Elle avait prévu d’en emporter autant que possible avec elle. Je m’en doutais et je n’ai rien fait pour l’arrêter.
Il envoya un coup de pied. Un coup de pied de colère et de rage. De tous ces ressentiments qu’il avait gardé pour lui durant ces longues années. Il aurait rêvé de pouvoir tirer sur un fil de la tapisserie du destin et la tisser à nouveau comme il le souhaitait. Mais le pire dans tout cela, c’est qu’il l’avait laissé faire car c’est ainsi que devait mourir un guerrier.
Son poing s’écrasa dans la balustrade en bois du banc qui ne répondit par un choc sourd. La vibration remonta jusque dans son coude.
- Imagine… Imagine, si c’était Alexandre et qu’il mourrait par ta faute, parce que tu n’as pas osé l’arrêter.
Imagine que tu te retrouves seul.
Seul avec ta culpabilité.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Alduis restait droit face à Eldred. Et il attendait la réponse à sa question. Si son ton avait été moqueur, il n’en demeurait pas moins que cela était une vraie question. Il avait beau approcher dangereusement de la troisième décennie, il y avait des choses qui dépassaient son entendement. Des choses pour lesquelles son esprit, pourtant capable de décrire en détails n’importe quel jour durant les vingt dernières années, ne parvenait pas à trouver de réponses satisfaisantes.
Ne faire qu’un avec la personne que tu aimes. Eldred avait reculé pour avoir le temps de finir son explication avant l’enchaînement de leur duel improvisé, ce qui arrangeait bien Alduis. Il baissa sa garde quelques instants pour réfléchir.
Alduis eut un sourire, et demanda de but en blanc :
- Et qu’est-ce que ça veut dire, dans ce cas, d’aimer quelqu’un ?
Eldred continuait de son côté. Il n’y avait aucune différence entre eux… et pourtant, Alduis en voyait une majeure. Il serait toujours obligé de se cacher. Toujours obligé d’attendre comme une condamnation le moment où son père comprendrait avec qui il passait son temps. Il étouffa la peur sourde qui s’alluma aussitôt dans son ventre.
- Tu as de la chance, tu sais. De n’être pas obligé de suivre ton père dans les bordels du coin.
Il ne valait pas mieux que ceux qui ne le comprenaient pas ? Peut-être. Après tout. Il ne se comprenait pas lui-même. Alduis ne s’attendait plus à une réponse, il ne pensait plus vraiment au combat non plus et le coup de pied d’Eldred, qu’il prit de plein fouet, eut le bénéfice de lui remettre les idées en place et de chasser instantanément les voix qui revenaient le parasiter. Il secoua la tête comme un chien qui s’ébroue.
Il se remit en garde.
Il ne se laisserait plus déconcentrer.
Et pourtant … son esprit s'absenta quelques secondes à peine un instant plus tard. Parce que les voix n'en faisaient qu'à leur tête. Il pouvait essayer de les contrôler, en toute réponse, elles se moquaient de lui.
- Tu ne peux savoir à quel point je suis terrifié.
Il ne l'aurait reconnu pour rien au monde. Mais c'était précisément ce qu'il venait de faire. Pourquoi ? Pourquoi livrait-il les clefs pour le détruire ?
Lâcher-prise.
Affronter.
Les deux solutions lui faisaient peur. Entre accepter d'oublier et accepter de se souvenir … y avait-il une réponse mieux qu'une autre ?
Les voix s'approchèrent comme des serpents. Au creux de son oreille, elles déversèrent leur venin :
Pour les faire taire, il envoya un coup. Qu'Eldred évita. Et pourtant, il s'arrêta, comme s'il venait de le prendre en plein visage. Alduis réattaqua. Une manière de lui rendre la pareille pour avoir fait taire les voix.
Pourquoi ne la laissait-il pas partir ? Elle était morte. Eldred aurait beau regretté, elle ne reviendrait pas pour autant.
Instinctivement, Alduis la comprenait. De ce genre de compréhension rare et complète, qu’Eldred ne pourrait certainement jamais mesurer totalement. Ce moment où la Mort apparaissait plus douce que la Vie. En fait, Alduis l’enviait presque. Elle avait eu la chance que personne ne lui avait accordée. Mourir comme elle le voulait, quand elle le voulait.
Cette fois-ci, Alduis était prêt à accueillir le coup. S’il ne l’évita pas totalement, il ne porta que légèrement, malgré la rage d’Eldred. Et il riposta aussitôt. Il le regarda frapper le banc et remarqua :
- Ce banc ne t’a rien fait.
Mais qu’Eldred ne s’y trompe pas : Alduis imaginait très bien ce que c’était. Peut-être mieux que lui-même.
- Peut-être que tu n’as rien fait. Mais tu ne l’as pas poussée dans le vide, toi.
Il avait poussé Mathurin dans le vide.
Et il se souvenait très bien de son corps désarticulé en contrebas.
Il donna un second coup, en visant le genou de Eldred. Le tout en continuant à parler, presque sans reprendre son souffle :
- Ce n’est pas moi qui vais la blâmer pour avoir voulu mourir, déclara-t-il. Dis-moi, Eldred, ce que tu aurais fait pour l’aider ? Ne crois pas que tu ne l’aurais pas dissuadée. Tu lui aurais dit que tu l’aimais ? Elle le savait déjà. Elle avait pris sa décision.
Il fit mine de donner un coup sur la droite, feinta au dernier moment vers la gauche. Il reprit :
- Tu veux me sauver parce que tu n’as pas réussi à le faire pour elle, je me trompe ?
Il savait qu’il avait touché juste. Il en avait la conviction. D’ailleurs, il n’attendit pas la réponse pour poursuivre aussitôt.
- Mais si je n’ai pas envie de l’être ? ajouta-t-il ensuite en penchant la tête sur le côté. Le fais-tu vraiment pour moi ? … ou alors pour ta bonne conscience ?
Ne faire qu’un avec la personne que tu aimes. Eldred avait reculé pour avoir le temps de finir son explication avant l’enchaînement de leur duel improvisé, ce qui arrangeait bien Alduis. Il baissa sa garde quelques instants pour réfléchir.
Alduis eut un sourire, et demanda de but en blanc :
- Et qu’est-ce que ça veut dire, dans ce cas, d’aimer quelqu’un ?
Eldred continuait de son côté. Il n’y avait aucune différence entre eux… et pourtant, Alduis en voyait une majeure. Il serait toujours obligé de se cacher. Toujours obligé d’attendre comme une condamnation le moment où son père comprendrait avec qui il passait son temps. Il étouffa la peur sourde qui s’alluma aussitôt dans son ventre.
- Tu as de la chance, tu sais. De n’être pas obligé de suivre ton père dans les bordels du coin.
Il ne valait pas mieux que ceux qui ne le comprenaient pas ? Peut-être. Après tout. Il ne se comprenait pas lui-même. Alduis ne s’attendait plus à une réponse, il ne pensait plus vraiment au combat non plus et le coup de pied d’Eldred, qu’il prit de plein fouet, eut le bénéfice de lui remettre les idées en place et de chasser instantanément les voix qui revenaient le parasiter. Il secoua la tête comme un chien qui s’ébroue.
Il se remit en garde.
Il ne se laisserait plus déconcentrer.
Et pourtant … son esprit s'absenta quelques secondes à peine un instant plus tard. Parce que les voix n'en faisaient qu'à leur tête. Il pouvait essayer de les contrôler, en toute réponse, elles se moquaient de lui.
- Tu ne peux savoir à quel point je suis terrifié.
Il ne l'aurait reconnu pour rien au monde. Mais c'était précisément ce qu'il venait de faire. Pourquoi ? Pourquoi livrait-il les clefs pour le détruire ?
Lâcher-prise.
Affronter.
Les deux solutions lui faisaient peur. Entre accepter d'oublier et accepter de se souvenir … y avait-il une réponse mieux qu'une autre ?
Les voix s'approchèrent comme des serpents. Au creux de son oreille, elles déversèrent leur venin :
Mourir, Alduis.
Tu peux mourir si tu veux.
Il n'y a que toi qui puisse le décider.
Tu peux mourir si tu veux.
Il n'y a que toi qui puisse le décider.
Pour les faire taire, il envoya un coup. Qu'Eldred évita. Et pourtant, il s'arrêta, comme s'il venait de le prendre en plein visage. Alduis réattaqua. Une manière de lui rendre la pareille pour avoir fait taire les voix.
Pourquoi ne la laissait-il pas partir ? Elle était morte. Eldred aurait beau regretté, elle ne reviendrait pas pour autant.
Instinctivement, Alduis la comprenait. De ce genre de compréhension rare et complète, qu’Eldred ne pourrait certainement jamais mesurer totalement. Ce moment où la Mort apparaissait plus douce que la Vie. En fait, Alduis l’enviait presque. Elle avait eu la chance que personne ne lui avait accordée. Mourir comme elle le voulait, quand elle le voulait.
Cette fois-ci, Alduis était prêt à accueillir le coup. S’il ne l’évita pas totalement, il ne porta que légèrement, malgré la rage d’Eldred. Et il riposta aussitôt. Il le regarda frapper le banc et remarqua :
- Ce banc ne t’a rien fait.
Mais qu’Eldred ne s’y trompe pas : Alduis imaginait très bien ce que c’était. Peut-être mieux que lui-même.
- Peut-être que tu n’as rien fait. Mais tu ne l’as pas poussée dans le vide, toi.
Il avait poussé Mathurin dans le vide.
Et il se souvenait très bien de son corps désarticulé en contrebas.
Il donna un second coup, en visant le genou de Eldred. Le tout en continuant à parler, presque sans reprendre son souffle :
- Ce n’est pas moi qui vais la blâmer pour avoir voulu mourir, déclara-t-il. Dis-moi, Eldred, ce que tu aurais fait pour l’aider ? Ne crois pas que tu ne l’aurais pas dissuadée. Tu lui aurais dit que tu l’aimais ? Elle le savait déjà. Elle avait pris sa décision.
Il fit mine de donner un coup sur la droite, feinta au dernier moment vers la gauche. Il reprit :
- Tu veux me sauver parce que tu n’as pas réussi à le faire pour elle, je me trompe ?
Il savait qu’il avait touché juste. Il en avait la conviction. D’ailleurs, il n’attendit pas la réponse pour poursuivre aussitôt.
- Mais si je n’ai pas envie de l’être ? ajouta-t-il ensuite en penchant la tête sur le côté. Le fais-tu vraiment pour moi ? … ou alors pour ta bonne conscience ?
Alduis de Fromart- Aristocratie
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
La discussion prenait une étrange direction. Alduis avait baissé sa garde, tandis qu’Eldred tentait de lui expliquer à quel point faire l’amour pouvait être merveilleux. Et il parlait bien de faire l’amour. Pas de baiser. Ce qui n’avait strictement rien à voir. Non, il parlait de ce moment d’intimité, où la dualité disparaissait pour laissait place à l’unité. Il recula pour finir son explication et son adversaire lui asséna une question pour le moins déroutante.
- Et qu’est-ce que ça veut dire, dans ce cas, d’aimer quelqu’un ?
Les bras lui en tombèrent. Et il était sérieux. Il attendait réellement une réponse. Il lui fallut quelques secondes pour trouver une définition correcte et déclara un temps mort durant leur duel.
L’amour… L’amour c’est comme un brasier qui rugit dans ton âme. C’est quand tu ne peux plus te passer de voir la personne que tu aimes. Que tu rêves de la caresser même dans ton sommeil alors qu’elle est à tes côtés. C’est quand tu es si proche d’elle que tu as l’impression que vos esprits ne font plus qu’un. Quand tu aimes quelqu’un, tu te sens fort. Si fort que tu as l’impression que rien ne pourrait t’arrêter. Tu pourrais déplacer des montagnes et tuer la terre entière pour rester avec la personne que tu aimes. L’amour c’est quand tu te rends compte que ta vie n’a plus aucun sens sans elle. Qu’il ne reste plus qu’un insipide vide qui absorbe chaque parcelle de bonheur en toi. Et qu’il n’y a plus que la nuit éternelle. Quand tu aimes vraiment quelqu’un tu dois accepter de souffrir. Et en plus tu l’acceptes avec joie parce que ce n’est rien comparé au bonheur que tu ressens et qui coule dans chacune de tes veines et te procure une douce chaleur. Pire que ça : tu en redemandes.
Il s’appuya contre le piédestal d’une statue pour reprendre ses esprits. Alduis commentait et ajouta qu’il n’avait pas à suivre son père.
Mon père a pris une hache en pleine tête. se contenta-t-il de répondre
Tout en imaginant sans peine l’expérience détestable que cela pouvait représenter pour lui. D’ailleurs, il semblait se perdre dans sa propre introspection. Eldred lui envoya donc un coup de pied pour le réveiller. Il en oublia même de l’éviter, s’ébroua sous le sourire du zakrotien et le laissa se remettre en garde.
- Tu ne peux savoir à quel point je suis terrifié.
Sa franchise le surprit. Il n’aurait jamais pensé l’entendre se confier ainsi. Il prenait cela comme un honneur de recevoir ses confidences les plus intimes. Eldred ne savait trop bien qu’il était en train de lui dévoiler ses blessures les plus profondes. Une à une. Sans qu’il ne demande rien en retour.
C’est parfaitement compréhensible. il s’arrêta un instant sur son regard bleu avant de reprendre Quand on est terrifié, il faut avancer. L’inactivité tue. La vie c’est comme un champ de bataille si tu restes planter au milieu, c’est toi qui finira empalé. Choisi une direction et avance. il marqua une pause avant de reprendre Tout le monde oublie des choses, tu sais. C’est normal. Oublier c’est même salvateur. Et toi, tu ne peux pas. Ca t’angoisse. Mais réfléchis : que peut-il t’arriver en découvrant ce qu’il s’est passé ? Rien. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’on ne prête pas plus d’attention aux délires d’un malade qu’au babillage d’un ivrogne.
Ce fut à son tour d’évoquer ses pires blessures. Byrnja et son suicide martial. Il en resta pantois avant que la colère enfouie ne refasse surface subitement. Il attaqua Alduis qui para le coup avant de déverser sa rage sur le banc, non sans un commentaire ironique de son adversaire. Cela lui arracha même un sourire malgré les circonstances.
- Ce n’est pas toi qui frappe les murs et t’entailles les mains ? répondit-il avec amusement.
Sa réponse fut déroutante. Et en même temps, Eldred compatissait.
- Et tu regrettes ? Tu aurais aimé faire un autre choix ?
On avait toujours le choix. Ne pas faire un choix, c’était en faire un. Il était esclave. Il aurait pu fuir et rentrer chez lui. Mais il avait choisi d’essayer de faire changer les choses au péril de sa vie. Pourrait-il rentrer à Zakros et abandonner ceux qui étaient désormais ses amis ? Il commençait à en douter. A Zakros, plus personne ne l’attendait…
Ce fut la douleur irradiant dans son genou qui le réveilla autant qu’elle le déstabilisa. Le bougre n’y était pas allé de main morte ! Il releva la tête après avoir repris son équilibre pour écouter la suite de sa remarque.
- Je lui aurais dit de laisser le temps au temps. Que les blessures cicatrisaient et que la peine s’atténuait. Je lui aurais dit que mourir ne ferait pas revenir notre fille.
Alduis feinta d’un coup sur sa gauche avant de frapper à droite. Eldred para encaissant faiblement le coup. Il reprit comme si rien de tout cela n’avait eu lieu.
- Je lui aurais dit que l’on aurait eu d’autres enfants. Qu’on l’aurait vengé ensemble. Je lui aurais dit que la mort ne ramenait pas à la vie.
Il frappa Alduis en plein plexus de rage. Il avait raison. Il avait raison et il le savait. Elle avait pris sa décision et elle était si têtue qu’elle ne serait jamais revenue dessus. Simplement par fierté personnelle.
- Je me sens trahi. Et tu sais quoi ? Le pire c’est que je ne peux même plus lui demander d’explication.
Il détourna le regard et Alduis porta un nouveau coup verbal. Il soupira. Peut-être bien. Peut-être bien que c’était là, la raison qu’il ne trouvait pas.
- Je ne suis pas sot, Alduis.
Il attrapa un gros cierge qu’il lui jeta à la face.
- Je sais pertinemment que t’aider ne la fera pas revenir, pas plus que cela n’effacera le passé. Si tu ne veux pas de mon aide, c’est ton choix. Je ne ferai rien contre.
Il recula d’un pas et déclara d’un grand sourire.
- Mais tu es déjà en train d’arpenter un chemin différent même si tu ne le vois pas.
- Et qu’est-ce que ça veut dire, dans ce cas, d’aimer quelqu’un ?
Les bras lui en tombèrent. Et il était sérieux. Il attendait réellement une réponse. Il lui fallut quelques secondes pour trouver une définition correcte et déclara un temps mort durant leur duel.
L’amour… L’amour c’est comme un brasier qui rugit dans ton âme. C’est quand tu ne peux plus te passer de voir la personne que tu aimes. Que tu rêves de la caresser même dans ton sommeil alors qu’elle est à tes côtés. C’est quand tu es si proche d’elle que tu as l’impression que vos esprits ne font plus qu’un. Quand tu aimes quelqu’un, tu te sens fort. Si fort que tu as l’impression que rien ne pourrait t’arrêter. Tu pourrais déplacer des montagnes et tuer la terre entière pour rester avec la personne que tu aimes. L’amour c’est quand tu te rends compte que ta vie n’a plus aucun sens sans elle. Qu’il ne reste plus qu’un insipide vide qui absorbe chaque parcelle de bonheur en toi. Et qu’il n’y a plus que la nuit éternelle. Quand tu aimes vraiment quelqu’un tu dois accepter de souffrir. Et en plus tu l’acceptes avec joie parce que ce n’est rien comparé au bonheur que tu ressens et qui coule dans chacune de tes veines et te procure une douce chaleur. Pire que ça : tu en redemandes.
L’amour c’est quand tu acceptes de lui rendre sa liberté à ta propre perte.
Il s’appuya contre le piédestal d’une statue pour reprendre ses esprits. Alduis commentait et ajouta qu’il n’avait pas à suivre son père.
Mon père a pris une hache en pleine tête. se contenta-t-il de répondre
Tout en imaginant sans peine l’expérience détestable que cela pouvait représenter pour lui. D’ailleurs, il semblait se perdre dans sa propre introspection. Eldred lui envoya donc un coup de pied pour le réveiller. Il en oublia même de l’éviter, s’ébroua sous le sourire du zakrotien et le laissa se remettre en garde.
- Tu ne peux savoir à quel point je suis terrifié.
Sa franchise le surprit. Il n’aurait jamais pensé l’entendre se confier ainsi. Il prenait cela comme un honneur de recevoir ses confidences les plus intimes. Eldred ne savait trop bien qu’il était en train de lui dévoiler ses blessures les plus profondes. Une à une. Sans qu’il ne demande rien en retour.
C’est parfaitement compréhensible. il s’arrêta un instant sur son regard bleu avant de reprendre Quand on est terrifié, il faut avancer. L’inactivité tue. La vie c’est comme un champ de bataille si tu restes planter au milieu, c’est toi qui finira empalé. Choisi une direction et avance. il marqua une pause avant de reprendre Tout le monde oublie des choses, tu sais. C’est normal. Oublier c’est même salvateur. Et toi, tu ne peux pas. Ca t’angoisse. Mais réfléchis : que peut-il t’arriver en découvrant ce qu’il s’est passé ? Rien. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’on ne prête pas plus d’attention aux délires d’un malade qu’au babillage d’un ivrogne.
Ce fut à son tour d’évoquer ses pires blessures. Byrnja et son suicide martial. Il en resta pantois avant que la colère enfouie ne refasse surface subitement. Il attaqua Alduis qui para le coup avant de déverser sa rage sur le banc, non sans un commentaire ironique de son adversaire. Cela lui arracha même un sourire malgré les circonstances.
- Ce n’est pas toi qui frappe les murs et t’entailles les mains ? répondit-il avec amusement.
Sa réponse fut déroutante. Et en même temps, Eldred compatissait.
- Et tu regrettes ? Tu aurais aimé faire un autre choix ?
On avait toujours le choix. Ne pas faire un choix, c’était en faire un. Il était esclave. Il aurait pu fuir et rentrer chez lui. Mais il avait choisi d’essayer de faire changer les choses au péril de sa vie. Pourrait-il rentrer à Zakros et abandonner ceux qui étaient désormais ses amis ? Il commençait à en douter. A Zakros, plus personne ne l’attendait…
Ce fut la douleur irradiant dans son genou qui le réveilla autant qu’elle le déstabilisa. Le bougre n’y était pas allé de main morte ! Il releva la tête après avoir repris son équilibre pour écouter la suite de sa remarque.
- Je lui aurais dit de laisser le temps au temps. Que les blessures cicatrisaient et que la peine s’atténuait. Je lui aurais dit que mourir ne ferait pas revenir notre fille.
Alduis feinta d’un coup sur sa gauche avant de frapper à droite. Eldred para encaissant faiblement le coup. Il reprit comme si rien de tout cela n’avait eu lieu.
- Je lui aurais dit que l’on aurait eu d’autres enfants. Qu’on l’aurait vengé ensemble. Je lui aurais dit que la mort ne ramenait pas à la vie.
Il frappa Alduis en plein plexus de rage. Il avait raison. Il avait raison et il le savait. Elle avait pris sa décision et elle était si têtue qu’elle ne serait jamais revenue dessus. Simplement par fierté personnelle.
- Je me sens trahi. Et tu sais quoi ? Le pire c’est que je ne peux même plus lui demander d’explication.
Il détourna le regard et Alduis porta un nouveau coup verbal. Il soupira. Peut-être bien. Peut-être bien que c’était là, la raison qu’il ne trouvait pas.
- Je ne suis pas sot, Alduis.
Il attrapa un gros cierge qu’il lui jeta à la face.
- Je sais pertinemment que t’aider ne la fera pas revenir, pas plus que cela n’effacera le passé. Si tu ne veux pas de mon aide, c’est ton choix. Je ne ferai rien contre.
Il recula d’un pas et déclara d’un grand sourire.
- Mais tu es déjà en train d’arpenter un chemin différent même si tu ne le vois pas.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred avait eu l'air surpris. Il avait même réclamé une trêve le temps de répondre. Alduis le lui avait accordée, et tandis que le zakrotien avait débuté son explication, Alduis s'était assis sur un des bancs, penché en avant, coudes appuyés sur les genoux. Ses yeux s'étaient posés sur ses mains machinalement et depuis, il regardait ses paumes ouvertes devant lui sans rien dire. Les entailles sur ses paumes et ses phalanges, toutes ces lignes écarlates qui les traversaient de part et d'autre, certaines plus récentes que d'autres…
Et il se disait que, précisément, sa vie ne tenait à rien. Il était une barque sans amarre, qui partait à la dérive, qui peu à peu, s'écartait du port. Quand il écoutait Eldred, il avait l'impression que l'amour avait quelque chose de magique. Et davantage encore. Ça rendait fort.
Pourquoi son père lui avait dit et répété que l'amour rendait faible dans ce cas ? Pourquoi était-il persuadé du contraire et qu'il pouvait le prouver sans l'ombre d'un doute ?
- L'amour rend faible, certainement pas fort. Tu as raison, je pourrai tuer la terre entière pour Alexandre. Tu as raison, je rêve de le revoir dès que je viens de le quitter. Je ferai tout pour le protéger, je ne laisserai pas quelqu'un lui faire le moindre mal. Je n'ai plus rien à perdre depuis longtemps, Eldred. Il est précisément ma seule faiblesse, justement parce que je peux tout faire pour lui.
Il releva la tête de ses mains, refermant les doigts, et plongea ses yeux au fond de ceux de son interlocuteur :
- Tenir le cœur d'un homme, c'est comme tenir les ficelles d'une marionnette. Comment ça pourrait être une force ?
Aimer quelqu'un, c'était offrir l'occasion idéale à ses ennemis de porter le coup fatal.
Aimer quelqu'un, c'était donner soi-même la hache au bourreau, c'était se condamner à mort avant que la sentence ne soit prononcée. C'était allumer volontairement le bûcher en pensant que les flammes nous épargnerait.
C'était non seulement ridicule mais profondément, immensément, fou. Et c'était bien cela d'ailleurs : il était fou d'amour.
- J'aimerai que le mien crève dans sa pisse, répliqua-t-il aigrement, quand vint le tour d'Eldred de lui conter la fin de son géniteur.
Alduis se redressa, estimant que la trêve était terminée. Il devenait urgent de revenir dans l'action, puisque les voix se rappelaient à lui.
Elles lui faisaient peur. Comme beaucoup d'autres choses. Oui, la vie était un champ de bataille, où les autres se dessinaient comme nos alliés et nos ennemis. Mais comment se concentrer sur ce dernier quand vous même, étiez le refuge silencieux de la plus féroce des guerres ? Un pays en guerre civile ne pouvait lutter contre ses voisins.
- Quoi que je fasse, il y a toujours une partie de moi pour protester.
Il y avait deux courants contraires dans sa tête et il devait sans cesse concilier les deux. Et il en était exactement de même pour ces jours d'ombre : oublier ou se souvenir. Mais il n'était pas d'accord avec lui-même. Sa mémoire cherchait à se rappeler, et son corps effaçait un peu plus chaque jour les traces du typhus.
Alduis avait toujours gardé pour lui toutes ces choses. Il n'en avait jamais parlé à personne, conservant le souvenir cuisant de cette honte enterré très loin sous la surface. Sauf que même les os les mieux cachés finissaient par être mis au jour un temps ou l'autre. Ce temps-là était arrivévé.
Chacun avait les siens, et quitte à déterrer les siens, autant qu’il en soit de même de ceux d’Eldred. Il fallait être aveugle pour ne pas voir que quoi qu’il en dise, il était loin d’avoir fait le dueil de sa femme. Il eut un sourire entendu quand Eldred lui retourna ses propres mots. Non, les murs ne lui avaient rien fait non plus. Quoique. Ils étaient là, tout simplement, c’était suffisant.
- Et tu regrettes ? Tu aurais aimé faire un autre choix ?
- La question ne se pose pas, rétorqua-t-il en se refermant un bref instant. Même si je faisais un autre choix aujourd’hui, qu’est-ce que ça changerait ? Puisqu’il est mort.
Il était mort parce qu’il l’avait poussé dans le vide.
Le reste n’avait aucune espèce d’importance. Ce qu’il aurait pu faire, ce qu’il n’avait pas fait… Il ne referait pas le monde avec des regrets. Quand bien même il en avait… sans doute…
- Certaines blessures ne cicatrisent pas : elles s’infectent et se mettent à supurer. Mourir ne fait pas revenir les morts… mais vivre non plus.
Il la comprenait. Et il savait qu’il aurait fait le même choix. Le coup de Eldred le fit à peine ciller. Il n’avait pas vraiment cherché à l’éviter non plus.
- Moi je peux te la donner l’explication. Elle est morte parce que la vie l’avait déçue. Parce que tout ce que tu pouvais représenter ne suffisait plus à compenser toute la colère qu’elle avait en elle. Parce qu’elle était rongée de l’intérieur, que les plaies pourrissaient et ne guérissaient pas. Parce qu’importe les enfants que vous auriez pu avoir ensemble, il y aurait toujours eu un vide en elle. Elle est morte pour tout cela.
Il n'évita pas tout à fait le cierge. Être aidé. Quelqu’un pouvait-il vraiment faire une chose pareille ? Et voulait-il vraiment de cette aide ? Il n’en était pas sûr. Et une fois de plus, il n’était pas d’accord avec lui-même. Une partie de lui réclamait ce soutien et même l’espérait depuis toujours. L’autre le rejetait avec véhémence. On l’avait toujours laissé se noyer. Pourquoi cela changerait-il maintenant ? Il était trop tard, il n’avait plus besoin d’eux.
Il n’avait besoin de personne.
Pourtant, ses pensées allant dans un sens, sa langue en prit un autre. Lui-même fut étonné des mots qui franchirent ses lèvres :
- Je ne sais pas ce que je veux.
Eldred n’avait qu’à choisir pour lui.
Il en avait même oublié leur duel, qui était parti loin de ses préoccupations. Il restait planté devant son banc.
Et il se disait que, précisément, sa vie ne tenait à rien. Il était une barque sans amarre, qui partait à la dérive, qui peu à peu, s'écartait du port. Quand il écoutait Eldred, il avait l'impression que l'amour avait quelque chose de magique. Et davantage encore. Ça rendait fort.
Pourquoi son père lui avait dit et répété que l'amour rendait faible dans ce cas ? Pourquoi était-il persuadé du contraire et qu'il pouvait le prouver sans l'ombre d'un doute ?
- L'amour rend faible, certainement pas fort. Tu as raison, je pourrai tuer la terre entière pour Alexandre. Tu as raison, je rêve de le revoir dès que je viens de le quitter. Je ferai tout pour le protéger, je ne laisserai pas quelqu'un lui faire le moindre mal. Je n'ai plus rien à perdre depuis longtemps, Eldred. Il est précisément ma seule faiblesse, justement parce que je peux tout faire pour lui.
Il releva la tête de ses mains, refermant les doigts, et plongea ses yeux au fond de ceux de son interlocuteur :
- Tenir le cœur d'un homme, c'est comme tenir les ficelles d'une marionnette. Comment ça pourrait être une force ?
Aimer quelqu'un, c'était offrir l'occasion idéale à ses ennemis de porter le coup fatal.
Aimer quelqu'un, c'était donner soi-même la hache au bourreau, c'était se condamner à mort avant que la sentence ne soit prononcée. C'était allumer volontairement le bûcher en pensant que les flammes nous épargnerait.
C'était non seulement ridicule mais profondément, immensément, fou. Et c'était bien cela d'ailleurs : il était fou d'amour.
- J'aimerai que le mien crève dans sa pisse, répliqua-t-il aigrement, quand vint le tour d'Eldred de lui conter la fin de son géniteur.
Alduis se redressa, estimant que la trêve était terminée. Il devenait urgent de revenir dans l'action, puisque les voix se rappelaient à lui.
Elles lui faisaient peur. Comme beaucoup d'autres choses. Oui, la vie était un champ de bataille, où les autres se dessinaient comme nos alliés et nos ennemis. Mais comment se concentrer sur ce dernier quand vous même, étiez le refuge silencieux de la plus féroce des guerres ? Un pays en guerre civile ne pouvait lutter contre ses voisins.
- Quoi que je fasse, il y a toujours une partie de moi pour protester.
Il y avait deux courants contraires dans sa tête et il devait sans cesse concilier les deux. Et il en était exactement de même pour ces jours d'ombre : oublier ou se souvenir. Mais il n'était pas d'accord avec lui-même. Sa mémoire cherchait à se rappeler, et son corps effaçait un peu plus chaque jour les traces du typhus.
Alduis avait toujours gardé pour lui toutes ces choses. Il n'en avait jamais parlé à personne, conservant le souvenir cuisant de cette honte enterré très loin sous la surface. Sauf que même les os les mieux cachés finissaient par être mis au jour un temps ou l'autre. Ce temps-là était arrivévé.
Chacun avait les siens, et quitte à déterrer les siens, autant qu’il en soit de même de ceux d’Eldred. Il fallait être aveugle pour ne pas voir que quoi qu’il en dise, il était loin d’avoir fait le dueil de sa femme. Il eut un sourire entendu quand Eldred lui retourna ses propres mots. Non, les murs ne lui avaient rien fait non plus. Quoique. Ils étaient là, tout simplement, c’était suffisant.
- Et tu regrettes ? Tu aurais aimé faire un autre choix ?
- La question ne se pose pas, rétorqua-t-il en se refermant un bref instant. Même si je faisais un autre choix aujourd’hui, qu’est-ce que ça changerait ? Puisqu’il est mort.
Il était mort parce qu’il l’avait poussé dans le vide.
Le reste n’avait aucune espèce d’importance. Ce qu’il aurait pu faire, ce qu’il n’avait pas fait… Il ne referait pas le monde avec des regrets. Quand bien même il en avait… sans doute…
- Certaines blessures ne cicatrisent pas : elles s’infectent et se mettent à supurer. Mourir ne fait pas revenir les morts… mais vivre non plus.
Il la comprenait. Et il savait qu’il aurait fait le même choix. Le coup de Eldred le fit à peine ciller. Il n’avait pas vraiment cherché à l’éviter non plus.
- Moi je peux te la donner l’explication. Elle est morte parce que la vie l’avait déçue. Parce que tout ce que tu pouvais représenter ne suffisait plus à compenser toute la colère qu’elle avait en elle. Parce qu’elle était rongée de l’intérieur, que les plaies pourrissaient et ne guérissaient pas. Parce qu’importe les enfants que vous auriez pu avoir ensemble, il y aurait toujours eu un vide en elle. Elle est morte pour tout cela.
Il n'évita pas tout à fait le cierge. Être aidé. Quelqu’un pouvait-il vraiment faire une chose pareille ? Et voulait-il vraiment de cette aide ? Il n’en était pas sûr. Et une fois de plus, il n’était pas d’accord avec lui-même. Une partie de lui réclamait ce soutien et même l’espérait depuis toujours. L’autre le rejetait avec véhémence. On l’avait toujours laissé se noyer. Pourquoi cela changerait-il maintenant ? Il était trop tard, il n’avait plus besoin d’eux.
Il n’avait besoin de personne.
Pourtant, ses pensées allant dans un sens, sa langue en prit un autre. Lui-même fut étonné des mots qui franchirent ses lèvres :
- Je ne sais pas ce que je veux.
Eldred n’avait qu’à choisir pour lui.
Il en avait même oublié leur duel, qui était parti loin de ses préoccupations. Il restait planté devant son banc.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
C’était une question étrange. Il avait du demander une trêve afin de lui répondre. Il ne pouvait pas se permettre de lui donner une explication de quelques mots seulement. Pas sur un sujet si vaste et si complexe. Il était même allé s’adosser au piédestal d’une statue non loin. Tandis qu’il essayait de définir l’amour, il ne manqua pas le regard d’Alduis vers les paumes de ses mains entaillées de toutes parts. Combien de fois y avait-il recours ? Bientôt, il ne sentirait plus rien. Comment pouvait-on se mutiler ainsi ?
- Tu confonds tout Alduis. L’amour est une faiblesse mais ça ne rend pas faible. Tout le monde a des faiblesses, lorsque l’on se donne la peine de les chercher. C’est humain. Toi par exemple, tu es aussi instable qu’un feu follet et tu es incapable de contrôler le torrent de tes émotions. Être faible ou fort c’est un état d’esprit. Cela ne dépend pas d’une situation ou d’un état. Tu comprends ? Une faiblesse, c’est une faille. Tu l’ouvres ou tu la combles. On peut toujours retourner une faiblesse à son avantage. Sinon les guerres seraient gagnées ou perdues avant même d’être jouées.
Eldred s’approcha pour venir s’asseoir à ses côtés. Il s’appuya pensivement sur la balustrade, les yeux perdues vers l’abside.
- Il y a tant de façon de contrôler un homme. A ton avis combien, y a-t-il d’hommes amoureux au pouvoir ? Tu crois vraiment qu’il n’y en a aucun ? Si l’amour était si néfaste que tu le dis, cela ferait bien longtemps que l’amour aurait disparu de la surface de ce monde, tu ne crois pas ?
C’était pourtant une chose si naturelle que de tomber amoureux. C’était comme respirer ou manger. Qui aurait eu l’idée de décréter que manger ou respirer pouvait rendre faible sous prétexte qu’on pouvait le confisquer et donner ainsi la mort ? Personne. C’était ridicule. Cela n’avait strictement aucun sens. Oui, aimer était une faiblesse que l’on s’accordait mais c’était également un puit inépuisable de force et d’énergie qui pouvait faire déplacer des montagnes.
Il ne put réprimer un sourire à l’idée du meurtre de son père. Le regard toujours fixer vers le chœur, il demanda sans arrière-pensée et en toute innocence.
- Il est vraiment si horrible que ça ton père ? Je ne l’ai jamais vu encore.
Il ne savait pas grand-chose à son sujet à part qu’il était Ministre des Affaires Etrangères et qu’il lui devait sans doute bon nombre d’idées déplorables à Zakros. Etait-il à l’origine de l’idée des pillages et des incendies ? Il ne le saurait sans doute jamais. Et au final, cela n’avait plus d’importance.
Son adversaire sonna la fin de la trêve et ils retournèrent s’affronter dans l’allée. Il devait apprendre à faire face à ses peurs. Il devait cesser de les accueillir, prostrer comme un petit garçon en espérant qu’elles passent à côté sans le voir.
- Et tu crois qu’il en va autrement pour moi ou pour les autres ? Il y a toujours une partie de toi qui te fera douter, qui te dira « Tu es sûr que tu veux une pomme, Alduis ? Prend plutôt une poire ». Tu dois les écouter et les prendre en considération, comme des conseillères. Mais tu restes ton propre Maitre. Au fond de toi, si tu oses voir au-delà de tout ce brouhaha, que tu laisses l’eau se calmer au lieu de l’agiter, tu verras que l’un des chemins te paraitra plus acceptable que l’autre.
Il avait conscience que ce n’était pas forcément très clair. Mais comment aurait-il plus mieux l’expliquer ?
Les eaux boueuses deviennent limpides lorsqu’on s’en détache. Je n’ai pas dit que c’était simple. C’est simplement possible.
C’était comme tout. Il fallait de la volonté et de l’entrainement. Ca ne venait pas du jour au lendemain. Pour apprendre à marcher, il fallait tomber et se relever. Encore et encore.
Puisqu’ils en étaient à évoquer leurs propres failles, il ne chercha pas à éviter les siennes. Même si la colère ressurgissait, pouvoir mettre des mots dessus et laisser sortir ce qu’il avait gardé en lui jusque là avait quelque chose de bénéfique et même appréciable. Alduis, lui, l’avait poussé dans le vide. Qui ? Cela n’avait pas tant d’importance au fond. Il le sentit se tendre un court instant.
- Au contraire, cela fait toute la différence. Les regrets ça te grignote petit à petit. C’est comme un carcan qui comprime ton âme, un peu plus chaque jour. Les « si » ne changeront pas le présent. Tu peux le rejeter ou l’accepter tel qu’il est. Avec ses réussites et ses erreurs.
S’il avait commencé en s’adressant à son adversaire, il se parlait presque désormais à lui-même. Alduis avait raison. Il n’avait jamais son deuil et sa culpabilité ne la ferait pas revenir. Il devait accepter son choix. Parce qu’il l’aimait, il devait lui rendre sa liberté. Dans son esprit, elle était toujours là, comme un petit oiseau blessé qu’il gardait aux creux de ses mains. Il devait les ouvrir. Le laisser s’envoler. Il n’y arrivait pas. Elles étaient comme figées. Il y avait toujours cette petite part de lui qui l’empêchait de lui dire adieu, qui la retenait, encore un peu juste un peu, et qui trouvait toutes les excuses pour parvenir à ses fins.
- Toutes les blessures guérissent pour peu qu’on se donne la peine de les soigner. il marqua une pause avant de reprendre avec plus de légèreté Au pire, je peux toujours t’amputer, tu sais.
Ce qui embêtait le plus le zakrotien, c’était de ne pas savoir. De ne pas avoir pu lui dire au revoir. De ne pas l’avoir entendu lui dire ce qu’elle comptait faire parce qu’elle savait qu’il aurait tout fait pour la retenir et qu’elle avait eu peur de voir sa volonté vaciller. Alduis avait une autre explication. Chaque mot était un coup en soi. Il avait l’impression qu’on l’éventrait et que des mains fouillaient ses entrailles. Il lui fallut toute sa volonté pour se ressaisir -et envoyer un cierge à Alduis-.
- Qu’est-ce que tu crois ?! Que je n’ai pas un grand vide ? Que je n’ai pas été rongé par la colère ? Ils m’ont arrachée mes deux raisons de vivres en moins de six mois, Alduis. J’aurais pu en faire de même. C’était si facile. Mais ma mort n’aurait rien changé. En vie, je peux donner une raison à leur mort. Tu sais quoi ? Tu ne parles pas d’elle. Tu parles de toi . Tu as plus de blessures dans ton âme que tu n’en auras jamais sur tes mains. Tu les regardes te gangréner parce que tu ne sais pas faire différemment. Mais il y a toujours une solution.
Quant à son aide. Il semblait perplexe. Perdu. Perdu comme on reste planté devant un embranchement, sans savoir s’il faut prendre à gauche ou à droite. Eldred s’assit par terre en tailleur.
-Et bien tu vas devoir faire un choix, pour une fois dans ta vie. Je peux te tendre la main mais je n’attraperai pas ton poignet pour te hisser.
Il se laissa tomber en arrière et observa les arches se rejoindre sous la clé de voute.
-Au fond de toi, tu as déjà choisi. Tu as juste peur de l’échec. il marqua une pause avant de conclure mais tu n’as rien perdre. Au pire, rien ne changera.
- Tu confonds tout Alduis. L’amour est une faiblesse mais ça ne rend pas faible. Tout le monde a des faiblesses, lorsque l’on se donne la peine de les chercher. C’est humain. Toi par exemple, tu es aussi instable qu’un feu follet et tu es incapable de contrôler le torrent de tes émotions. Être faible ou fort c’est un état d’esprit. Cela ne dépend pas d’une situation ou d’un état. Tu comprends ? Une faiblesse, c’est une faille. Tu l’ouvres ou tu la combles. On peut toujours retourner une faiblesse à son avantage. Sinon les guerres seraient gagnées ou perdues avant même d’être jouées.
Eldred s’approcha pour venir s’asseoir à ses côtés. Il s’appuya pensivement sur la balustrade, les yeux perdues vers l’abside.
- Il y a tant de façon de contrôler un homme. A ton avis combien, y a-t-il d’hommes amoureux au pouvoir ? Tu crois vraiment qu’il n’y en a aucun ? Si l’amour était si néfaste que tu le dis, cela ferait bien longtemps que l’amour aurait disparu de la surface de ce monde, tu ne crois pas ?
C’était pourtant une chose si naturelle que de tomber amoureux. C’était comme respirer ou manger. Qui aurait eu l’idée de décréter que manger ou respirer pouvait rendre faible sous prétexte qu’on pouvait le confisquer et donner ainsi la mort ? Personne. C’était ridicule. Cela n’avait strictement aucun sens. Oui, aimer était une faiblesse que l’on s’accordait mais c’était également un puit inépuisable de force et d’énergie qui pouvait faire déplacer des montagnes.
Il ne put réprimer un sourire à l’idée du meurtre de son père. Le regard toujours fixer vers le chœur, il demanda sans arrière-pensée et en toute innocence.
- Il est vraiment si horrible que ça ton père ? Je ne l’ai jamais vu encore.
Il ne savait pas grand-chose à son sujet à part qu’il était Ministre des Affaires Etrangères et qu’il lui devait sans doute bon nombre d’idées déplorables à Zakros. Etait-il à l’origine de l’idée des pillages et des incendies ? Il ne le saurait sans doute jamais. Et au final, cela n’avait plus d’importance.
Son adversaire sonna la fin de la trêve et ils retournèrent s’affronter dans l’allée. Il devait apprendre à faire face à ses peurs. Il devait cesser de les accueillir, prostrer comme un petit garçon en espérant qu’elles passent à côté sans le voir.
- Et tu crois qu’il en va autrement pour moi ou pour les autres ? Il y a toujours une partie de toi qui te fera douter, qui te dira « Tu es sûr que tu veux une pomme, Alduis ? Prend plutôt une poire ». Tu dois les écouter et les prendre en considération, comme des conseillères. Mais tu restes ton propre Maitre. Au fond de toi, si tu oses voir au-delà de tout ce brouhaha, que tu laisses l’eau se calmer au lieu de l’agiter, tu verras que l’un des chemins te paraitra plus acceptable que l’autre.
Il avait conscience que ce n’était pas forcément très clair. Mais comment aurait-il plus mieux l’expliquer ?
Les eaux boueuses deviennent limpides lorsqu’on s’en détache. Je n’ai pas dit que c’était simple. C’est simplement possible.
C’était comme tout. Il fallait de la volonté et de l’entrainement. Ca ne venait pas du jour au lendemain. Pour apprendre à marcher, il fallait tomber et se relever. Encore et encore.
Puisqu’ils en étaient à évoquer leurs propres failles, il ne chercha pas à éviter les siennes. Même si la colère ressurgissait, pouvoir mettre des mots dessus et laisser sortir ce qu’il avait gardé en lui jusque là avait quelque chose de bénéfique et même appréciable. Alduis, lui, l’avait poussé dans le vide. Qui ? Cela n’avait pas tant d’importance au fond. Il le sentit se tendre un court instant.
- Au contraire, cela fait toute la différence. Les regrets ça te grignote petit à petit. C’est comme un carcan qui comprime ton âme, un peu plus chaque jour. Les « si » ne changeront pas le présent. Tu peux le rejeter ou l’accepter tel qu’il est. Avec ses réussites et ses erreurs.
S’il avait commencé en s’adressant à son adversaire, il se parlait presque désormais à lui-même. Alduis avait raison. Il n’avait jamais son deuil et sa culpabilité ne la ferait pas revenir. Il devait accepter son choix. Parce qu’il l’aimait, il devait lui rendre sa liberté. Dans son esprit, elle était toujours là, comme un petit oiseau blessé qu’il gardait aux creux de ses mains. Il devait les ouvrir. Le laisser s’envoler. Il n’y arrivait pas. Elles étaient comme figées. Il y avait toujours cette petite part de lui qui l’empêchait de lui dire adieu, qui la retenait, encore un peu juste un peu, et qui trouvait toutes les excuses pour parvenir à ses fins.
- Toutes les blessures guérissent pour peu qu’on se donne la peine de les soigner. il marqua une pause avant de reprendre avec plus de légèreté Au pire, je peux toujours t’amputer, tu sais.
Ce qui embêtait le plus le zakrotien, c’était de ne pas savoir. De ne pas avoir pu lui dire au revoir. De ne pas l’avoir entendu lui dire ce qu’elle comptait faire parce qu’elle savait qu’il aurait tout fait pour la retenir et qu’elle avait eu peur de voir sa volonté vaciller. Alduis avait une autre explication. Chaque mot était un coup en soi. Il avait l’impression qu’on l’éventrait et que des mains fouillaient ses entrailles. Il lui fallut toute sa volonté pour se ressaisir -et envoyer un cierge à Alduis-.
- Qu’est-ce que tu crois ?! Que je n’ai pas un grand vide ? Que je n’ai pas été rongé par la colère ? Ils m’ont arrachée mes deux raisons de vivres en moins de six mois, Alduis. J’aurais pu en faire de même. C’était si facile. Mais ma mort n’aurait rien changé. En vie, je peux donner une raison à leur mort. Tu sais quoi ? Tu ne parles pas d’elle. Tu parles de toi . Tu as plus de blessures dans ton âme que tu n’en auras jamais sur tes mains. Tu les regardes te gangréner parce que tu ne sais pas faire différemment. Mais il y a toujours une solution.
Quant à son aide. Il semblait perplexe. Perdu. Perdu comme on reste planté devant un embranchement, sans savoir s’il faut prendre à gauche ou à droite. Eldred s’assit par terre en tailleur.
-Et bien tu vas devoir faire un choix, pour une fois dans ta vie. Je peux te tendre la main mais je n’attraperai pas ton poignet pour te hisser.
Il se laissa tomber en arrière et observa les arches se rejoindre sous la clé de voute.
-Au fond de toi, tu as déjà choisi. Tu as juste peur de l’échec. il marqua une pause avant de conclure mais tu n’as rien perdre. Au pire, rien ne changera.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Il était instable.
Il était incapable de contrôler le torrent d’émotions qui le submergeait sans cesse.
Il était faible.
Comment une faiblesse pouvait-elle devenir une force ? Sur un champ de bataille, admettons. Il pouvait le mesurer. Mais l’amour… l’amour, c’était différent. Pourquoi cela ne l’aurait pas été ? Alors qu’on aurait pu lui faire faire n’importe quoi… à condition de tenir Alexandre. Il se serait prosterné aux pieds de n’importe qui, si une seule menace avait pesé sur la tête du jeune homme. Parce qu’il avait allumé une infime lueur à l’horizon et qu’il ne pourrait pas vivre sans désormais.
Eldred vint s’asseoir à ses côtés. Alduis se retint de s’écarter. Il se redressa imperceptiblement et se contracta. Sans vraiment en avoir conscience. Combien d’hommes amoureux y avait-il au pouvoir ? Il y en avait, bien évidemment. Le nombre exact, qu’importe. Il pouvait bien être des milliers… Le nombre ne prouvait pas que ce n’était une faiblesse. Et ce n’était certainement pas le cas de son père.
- Si j’en avais connaissance, crois-moi que je serai le premier à m’en servir, répliqua-t-il d’une voix aigre.
Pourquoi les autres n’auraient pas suivi le même raisonnement ? Un homme à qui l’on pouvait faire ce que l’on voulait… qui s’en priverait ? C’était un bien meilleur esclavage que les chaînes. Un moyen bien plus fort de faire pression que toutes les menaces du monde.
- Ce n’est pas parce qu’une chose est agréable qu’elle n’est pas néfaste, conclut-il d’une voix sans appel en se blindant.
Il y croyait dur comme fer.
Et il avait eu le temps de le vérifier.
Oh, si son père avait été amoureux, oui… Ils auraient joué sur un terrain plus égalitaire. Il se serait moins senti comme un petit lapin acculé sous le regard d’un prédateur. La question d’Eldred le tira de ses pensées. Il y avait dans son ton une véritable curiosité et presque… une certaine innocence. Comme il avait demandé ce qu’était l’amour, il s’agissait d’une vraie question.
Sans pouvoir retenir un regard surpris en direction du guerrier, il ne put pas davantage retenir les mots qui s’écoulèrent avec la même honnêteté que la question avait été posée. La tension réapparaissait dans sa voix à chaque syllabe prononcée.
- Il est impitoyable. Il n’aime que son pouvoir. Il a une multitude de bâtards pour me remplacer.
Il faisait les phrases les plus courtes possibles. Pour empêcher ses émotions de remonter. Mais cela ne fonctionnait pas exactement : déjà, les voix revenaient siffler dans sa tête.
Il revit ses prunelles bleues, si semblables aux siennes, glaciales, fichées au fond de ses yeux comme deux flèches. Sa voix froide, qui ne montait jamais d’un iota.
Quand avait-il était fier de lui, pour la dernière fois ?
L’avait-il seulement déjà été ?
Le serait-il un jour ?
Où Alduis était-il condamné à essuyer ses reproches tout le reste de sa vie ? Il bloqua sa respiration. Serra les doigts, sans répondre davantage en ce qui concernait les choix. Entre, prendre une pomme ou prendre une poire, il suffisait de ne prendre ni l’une, ni l’autre. Il ne connaissait pas de meilleure technique pour régler une question.
Mais ses pensées s’étaient tournées ailleurs. Vers de nouvelles images, vers ce visage qui s’imposait malgré lui à son esprit.
- Je l’aimais. Je l’aimais vraiment, Eldred. Et je l’ai poussé dans le vide, lâcha-t-il, les dents serrées, en pressant ses paumes l’une contre l’autre.
Comment ferait-il, lui, à sa place ?
- Au pire, je peux toujours t’amputer, tu sais.
Alduis ricana. Il sentait toute sa colère revenir lentement en lui. Comme un poison. Jamais il ne vivrait amputé de quoi que ce soit. Il préférait pourrir, se décomposer et finir par mourir… plutôt que de perdre une partie de lui-même. Le cierge que lui jeta Eldred, d’un mouvement rageur, le toucha. Alduis le prit entre ses doigts et le fit tourner. Ridicule objet. Il répondit sans relever les yeux :
- Peut-être bien, que je parle de moi. Va savoir. Mais la différence entre nous deux, c'est que toi, tu peux les venger. Tu peux ouvrir le bide à tous ceux qui sont responsables si ça te chante. Toi, tu as un but. Mais moi, qu’est-ce que je peux faire dans ce cas ? M’ouvrir le ventre à moi-même ?
Et il y pensait. Sérieusement.
Eldred s’installa en tailleur. Se laissa tomber en arrière pour observer les voûtes de la nef. Si quelqu’un entrait maintenant, il se serait bien interrogé sur ce qui avait pu se passer. Tous ces cierges par terre, l’autel sens dessus dessous… L’église était un véritable capharnaüm.
Et désormais, l’un était allongé sur les dalles, l’autre ne bougeait plus, un cierge entre les doigts.
La même phrase repassait en boucle dans sa tête, en occultant tout le reste.
Comme si ces simples mots portaient un pouvoir destructeur, Alduis n’osait plus respirer. Un choix. Il ne savait même pas quelles étaient les options de ce choix.
Accepter cette aide ou ne pas le faire.
Envoyer un coup de poing à Eldred ou reculer.
Partir en courant ou rester.
Il avait très envie de partir en courant. Mais à la place, il releva soudainement les yeux vers Eldred et demanda, presque comme un appel à l’aide :
- Fais les taire, s’il te plaît.
Il était incapable de contrôler le torrent d’émotions qui le submergeait sans cesse.
Il était faible.
Comment une faiblesse pouvait-elle devenir une force ? Sur un champ de bataille, admettons. Il pouvait le mesurer. Mais l’amour… l’amour, c’était différent. Pourquoi cela ne l’aurait pas été ? Alors qu’on aurait pu lui faire faire n’importe quoi… à condition de tenir Alexandre. Il se serait prosterné aux pieds de n’importe qui, si une seule menace avait pesé sur la tête du jeune homme. Parce qu’il avait allumé une infime lueur à l’horizon et qu’il ne pourrait pas vivre sans désormais.
Eldred vint s’asseoir à ses côtés. Alduis se retint de s’écarter. Il se redressa imperceptiblement et se contracta. Sans vraiment en avoir conscience. Combien d’hommes amoureux y avait-il au pouvoir ? Il y en avait, bien évidemment. Le nombre exact, qu’importe. Il pouvait bien être des milliers… Le nombre ne prouvait pas que ce n’était une faiblesse. Et ce n’était certainement pas le cas de son père.
- Si j’en avais connaissance, crois-moi que je serai le premier à m’en servir, répliqua-t-il d’une voix aigre.
Pourquoi les autres n’auraient pas suivi le même raisonnement ? Un homme à qui l’on pouvait faire ce que l’on voulait… qui s’en priverait ? C’était un bien meilleur esclavage que les chaînes. Un moyen bien plus fort de faire pression que toutes les menaces du monde.
- Ce n’est pas parce qu’une chose est agréable qu’elle n’est pas néfaste, conclut-il d’une voix sans appel en se blindant.
Il y croyait dur comme fer.
Et il avait eu le temps de le vérifier.
Oh, si son père avait été amoureux, oui… Ils auraient joué sur un terrain plus égalitaire. Il se serait moins senti comme un petit lapin acculé sous le regard d’un prédateur. La question d’Eldred le tira de ses pensées. Il y avait dans son ton une véritable curiosité et presque… une certaine innocence. Comme il avait demandé ce qu’était l’amour, il s’agissait d’une vraie question.
Sans pouvoir retenir un regard surpris en direction du guerrier, il ne put pas davantage retenir les mots qui s’écoulèrent avec la même honnêteté que la question avait été posée. La tension réapparaissait dans sa voix à chaque syllabe prononcée.
- Il est impitoyable. Il n’aime que son pouvoir. Il a une multitude de bâtards pour me remplacer.
Il faisait les phrases les plus courtes possibles. Pour empêcher ses émotions de remonter. Mais cela ne fonctionnait pas exactement : déjà, les voix revenaient siffler dans sa tête.
Et tu sais ce que l’on fait aux chiens dans ton genre ?
Tu ne mérites pas ton nom.
Brutus.
Tu ne mérites pas ton nom.
Brutus.
Il revit ses prunelles bleues, si semblables aux siennes, glaciales, fichées au fond de ses yeux comme deux flèches. Sa voix froide, qui ne montait jamais d’un iota.
Tu n’es que démérite et déshonneur.
Tu n’es rien. A peine mon fils. Tout juste mon héritier.
Tu n’es rien. A peine mon fils. Tout juste mon héritier.
Quand avait-il était fier de lui, pour la dernière fois ?
L’avait-il seulement déjà été ?
Le serait-il un jour ?
Où Alduis était-il condamné à essuyer ses reproches tout le reste de sa vie ? Il bloqua sa respiration. Serra les doigts, sans répondre davantage en ce qui concernait les choix. Entre, prendre une pomme ou prendre une poire, il suffisait de ne prendre ni l’une, ni l’autre. Il ne connaissait pas de meilleure technique pour régler une question.
Mais ses pensées s’étaient tournées ailleurs. Vers de nouvelles images, vers ce visage qui s’imposait malgré lui à son esprit.
Puisque tu sembles tant tenir à ton cher petit Mathurin, d’après toi, à combien de vies estimes-tu la sienne ?
- Je l’aimais. Je l’aimais vraiment, Eldred. Et je l’ai poussé dans le vide, lâcha-t-il, les dents serrées, en pressant ses paumes l’une contre l’autre.
Comment ferait-il, lui, à sa place ?
- Au pire, je peux toujours t’amputer, tu sais.
Alduis ricana. Il sentait toute sa colère revenir lentement en lui. Comme un poison. Jamais il ne vivrait amputé de quoi que ce soit. Il préférait pourrir, se décomposer et finir par mourir… plutôt que de perdre une partie de lui-même. Le cierge que lui jeta Eldred, d’un mouvement rageur, le toucha. Alduis le prit entre ses doigts et le fit tourner. Ridicule objet. Il répondit sans relever les yeux :
- Peut-être bien, que je parle de moi. Va savoir. Mais la différence entre nous deux, c'est que toi, tu peux les venger. Tu peux ouvrir le bide à tous ceux qui sont responsables si ça te chante. Toi, tu as un but. Mais moi, qu’est-ce que je peux faire dans ce cas ? M’ouvrir le ventre à moi-même ?
Et il y pensait. Sérieusement.
Eldred s’installa en tailleur. Se laissa tomber en arrière pour observer les voûtes de la nef. Si quelqu’un entrait maintenant, il se serait bien interrogé sur ce qui avait pu se passer. Tous ces cierges par terre, l’autel sens dessus dessous… L’église était un véritable capharnaüm.
Et désormais, l’un était allongé sur les dalles, l’autre ne bougeait plus, un cierge entre les doigts.
Tu vas devoir faire un choix.
Tu vas devoir faire un choix.
Tu vas… devoir… faire un choix.
Tu vas devoir faire un choix.
Tu vas… devoir… faire un choix.
La même phrase repassait en boucle dans sa tête, en occultant tout le reste.
Faire un choix, faire un choix, faire un choix.
Tu vas devoir faire un choix.
Tu vas devoir faire un choix.
Comme si ces simples mots portaient un pouvoir destructeur, Alduis n’osait plus respirer. Un choix. Il ne savait même pas quelles étaient les options de ce choix.
Accepter cette aide ou ne pas le faire.
Envoyer un coup de poing à Eldred ou reculer.
Partir en courant ou rester.
Tu n’as besoin de personne.
Encore moins de lui.
Réfléchis un peu.
Personne ne t’a jamais aidé.
Pourquoi serait-il différent des autres ?
Qu’il aille se faire foutre.
Il ne sait pas qui tu es.
Il ne te comprend pas.
Qu’est-ce que tu crois ?
Que tu vaux seulement la peine d’être sauvé ?
Tu n’es qu’un chien, tu te rappelles ?
Tu ne peux pas lui faire confiance.
Tu n’es plus un enfant.
Tu n’as plus besoin d’être protégé.
Et puis,
pour qui se prend-t-il ?
Il va se servir de toi.
Et tu vas le laisser faire.
Imbécile.
Encore moins de lui.
Réfléchis un peu.
Personne ne t’a jamais aidé.
Pourquoi serait-il différent des autres ?
Qu’il aille se faire foutre.
Il ne sait pas qui tu es.
Il ne te comprend pas.
Qu’est-ce que tu crois ?
Que tu vaux seulement la peine d’être sauvé ?
Tu n’es qu’un chien, tu te rappelles ?
Tu ne peux pas lui faire confiance.
Tu n’es plus un enfant.
Tu n’as plus besoin d’être protégé.
Et puis,
pour qui se prend-t-il ?
Il va se servir de toi.
Et tu vas le laisser faire.
Imbécile.
Il avait très envie de partir en courant. Mais à la place, il releva soudainement les yeux vers Eldred et demanda, presque comme un appel à l’aide :
- Fais les taire, s’il te plaît.
Je ne veux plus les entendre.
S’il te plaît.
S’il te plaît.
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Alduis semblait se perdre à nouveau dans ses pensées. Il s’y attendait. Parler de ses faiblesses étaient un point sensible pour celui qui était obsédé par le fait de donner l’air d’être invincible. De loin, il avait l’air inébranlable. De près, il était tout fissuré, et un seul coup bien placé aurait suffit à le réduire à l’état de poussière. Ce n’était pas le fait d’être amoureux qui le rendait faible. C’étaient les démons avec lesquelles il cohabitait et qui menaçait de l’exproprier d’un instant à l’autre.
Il l’avait senti se raidir, lorsqu’il avait choisi de venir s’installer à ses côtés sans même lui prêter la moindre attention. Eldred ne put s’empêcher lui lancer une petite taquinerie pour le détendre autant que pour l’asticoter un peu.
- Détend toi, je ne vais pas te manger et je croyais que tu préférais les hommes.
Son sourire malicieux s’effaça bientôt pour laisser place à son sérieux retrouvé.
- Et bien pas moi. Tu peux penser que je suis le dernier des abrutis mais jamais je n’utiliserai la famille de mes ennemis pour leur nuire. C’est déloyal. Ils ne devraient pas être mêlés à quelque conflit que ce soit. Et jamais un homme d’honneur n’en userait.
Oh oui bien sûr ce n’était pas ce qui arrêtait ceux qui le voulait. Mais étrangement, il avait eu le temps de vérifier au cours de ses nombreuses expériences en la matière, que c’était bien souvent le dernier point sur lequel un adversaire appuyait, lorsqu’il ne trouvait plus d’autres porte d’entrée. Sans doute par crainte des représailles justement.
- C’est une façon de voir les choses. Comme il y en a d’autres. répondit-il sans attendre de réponse.
Comme leurs géniteurs venaient de faire leur entrée dans leur discussion. Eldred ne put s’empêcher d’en demander un peu plus sur le fameux Coldris de Fromart, dont il ignorait à peu près tout excepté qu’il était Ministre des Affaires Etrangères, qu’il emmenait son fils contre son gré dans les bordels et que leur relation était houleuse. Il posa sa tête sur ses avant-bras, pensivement.
- Qu’importe le nombre de bâtards qu’il a, tu resteras toujours son fils, celui qu’il a élevé.
Du coin de l’œil, il avait surveillé la réaction de son voisin. Même sans le voir, il pouvait sentir toute la tension et la colère dans sa voix. Il en avait dit peu, mais il pouvait sentir rien qu’à son attitude qu’il y avait bien plus. Ce n’était pas une simple querelle entre un père et son fils, les racines étaient bien plus profondes. Son regard se perdit à nouveau. Le zakrotien guettait. Il était à l’affut de cet instant où il le sentirait partir trop loin, trop longtemps. Il voyait bien qu’il venait de bloquer sa respiration… Alors, il fit dévier légèrement la conversation pour le ramener sur autre chose. Encore et encore, jusqu’à parler de Byrnja, de son deuil et du meurtre qu’Alduis avait proféré. Entre temps, ils s’étaient remis en action, car seul le mouvement pouvait le préserver.
- Je l’aimais. Je l’aimais vraiment, Eldred. Et je l’ai poussé dans le vide,
Il acquiesça silencieusement de la tête.
-Tu voulais le protéger
Parce que c’était la seule explication valable à quelqu’un qui tuait la personne qu’il aimait.
- Tu sais… A Zakros, certains tuent leur femme pour éviter qu’elle ne se fasse violer et réduire en esclavage par l’ennemi. J’aimais la mienne plus que tout et je n’aurais pas hésité une seule seconde à lui enfoncer ma lame dans le cœur pour l’épargner.
La vérité, c’est qu’elle était trop sauvage pour se laisser ainsi commander. Et trop fière également. Elle aurait sans doute argué des heures durant que ce serait elle qui leur planterait sa lame dans le cœur, peu importe le nombre qui viendrait… Mais il préféra garder ce point-ci pour lui.
- Toi non plus tu n’as pas fait ton deuil. répondit-il avec un sourire quasi complice.
- Tu as raison j’ai un but mais ce n’est pas celui-ci. Je ne veux pas me venger, Alduis. J’ai essayé durant un temps. Mais j’avais beau entassé les cadavres si bien que j’aurais pu en faire une muraille, cela ne comblait jamais le vide pas plus que ça ne retirait ma colère. J’ai fini par faire la paix et même presque leur pardonner. Crois-le ou non, je me sens bien mieux ainsi.
Puisque leur duel était terminé, il s’installa en tailleur sur le sol glacial de l’église.
- T’ouvrir le ventre… Ca changera quoi? Mourir n’effacera pas ton passé et tu le sais. Tu rendras juste Alexandre terriblement malheureux et ce n’est pas ce que tu veux.
Il se laissa tomber en arrière et observa les voutes de la nef qui se rejoignaient dans un motif parfaitement symétrique. Il y avait quelque chose d’hypnotisant à cela.
- Alduis? Merci. prononça-t-il sans quitter des yeux le plafond.
Il ne se donna même pas la peine de préciser pourquoi. Il comprendrait ou pas. Cela n’avait pas d’importance. Il voulait juste le remercier de lui avoir permis de mettre le doigt sur la seule blessure qu’il s’obstinait à nier. Pourquoi était-ce à lui qu’il avait ouvert son cœur quand même à ses plus proches amis, ils n’avaient fait que le dissimuler ? Pourquoi était-ce à lui que neuf ans plus tôt, il avait rêvé de déchiqueter qu’il pouvait parler aussi librement ? Pourquoi voulait-il à ce point l’aider ? Même lui n’avait pas l’entière réponse. Il avait justement le sentiment qu’il ne devait pas le laisser se faire dévorer par sa colère. Combien d’autres deuils n’avaient-ils pas fait ?
Malgré toute sa volonté, il ne pourrait pas l’aider contre son gré et ce choix lui appartenait. Personne ne pouvait le prendre à sa place. Eldred ferma les yeux, attendant une réponse.
- Fais les taire, s’il te plaît.
Il n’avait pas besoin d’en dire plus, pour qu’il prenne cela pour un « oui ». C’était même le mieux qu’il pouvait espérer. Sans attendre, il bondit sur ses deux pieds et combla le vide qui les séparait pour lui assener un large coup dans l’abdomen.
– Tu vois que tu peux faire des choix quand tu veux. conclut-il un brin railleur
Il l’avait senti se raidir, lorsqu’il avait choisi de venir s’installer à ses côtés sans même lui prêter la moindre attention. Eldred ne put s’empêcher lui lancer une petite taquinerie pour le détendre autant que pour l’asticoter un peu.
- Détend toi, je ne vais pas te manger et je croyais que tu préférais les hommes.
Son sourire malicieux s’effaça bientôt pour laisser place à son sérieux retrouvé.
- Et bien pas moi. Tu peux penser que je suis le dernier des abrutis mais jamais je n’utiliserai la famille de mes ennemis pour leur nuire. C’est déloyal. Ils ne devraient pas être mêlés à quelque conflit que ce soit. Et jamais un homme d’honneur n’en userait.
Oh oui bien sûr ce n’était pas ce qui arrêtait ceux qui le voulait. Mais étrangement, il avait eu le temps de vérifier au cours de ses nombreuses expériences en la matière, que c’était bien souvent le dernier point sur lequel un adversaire appuyait, lorsqu’il ne trouvait plus d’autres porte d’entrée. Sans doute par crainte des représailles justement.
- C’est une façon de voir les choses. Comme il y en a d’autres. répondit-il sans attendre de réponse.
Comme leurs géniteurs venaient de faire leur entrée dans leur discussion. Eldred ne put s’empêcher d’en demander un peu plus sur le fameux Coldris de Fromart, dont il ignorait à peu près tout excepté qu’il était Ministre des Affaires Etrangères, qu’il emmenait son fils contre son gré dans les bordels et que leur relation était houleuse. Il posa sa tête sur ses avant-bras, pensivement.
- Qu’importe le nombre de bâtards qu’il a, tu resteras toujours son fils, celui qu’il a élevé.
Du coin de l’œil, il avait surveillé la réaction de son voisin. Même sans le voir, il pouvait sentir toute la tension et la colère dans sa voix. Il en avait dit peu, mais il pouvait sentir rien qu’à son attitude qu’il y avait bien plus. Ce n’était pas une simple querelle entre un père et son fils, les racines étaient bien plus profondes. Son regard se perdit à nouveau. Le zakrotien guettait. Il était à l’affut de cet instant où il le sentirait partir trop loin, trop longtemps. Il voyait bien qu’il venait de bloquer sa respiration… Alors, il fit dévier légèrement la conversation pour le ramener sur autre chose. Encore et encore, jusqu’à parler de Byrnja, de son deuil et du meurtre qu’Alduis avait proféré. Entre temps, ils s’étaient remis en action, car seul le mouvement pouvait le préserver.
- Je l’aimais. Je l’aimais vraiment, Eldred. Et je l’ai poussé dans le vide,
Il acquiesça silencieusement de la tête.
-Tu voulais le protéger
Parce que c’était la seule explication valable à quelqu’un qui tuait la personne qu’il aimait.
- Tu sais… A Zakros, certains tuent leur femme pour éviter qu’elle ne se fasse violer et réduire en esclavage par l’ennemi. J’aimais la mienne plus que tout et je n’aurais pas hésité une seule seconde à lui enfoncer ma lame dans le cœur pour l’épargner.
La vérité, c’est qu’elle était trop sauvage pour se laisser ainsi commander. Et trop fière également. Elle aurait sans doute argué des heures durant que ce serait elle qui leur planterait sa lame dans le cœur, peu importe le nombre qui viendrait… Mais il préféra garder ce point-ci pour lui.
- Toi non plus tu n’as pas fait ton deuil. répondit-il avec un sourire quasi complice.
- Tu as raison j’ai un but mais ce n’est pas celui-ci. Je ne veux pas me venger, Alduis. J’ai essayé durant un temps. Mais j’avais beau entassé les cadavres si bien que j’aurais pu en faire une muraille, cela ne comblait jamais le vide pas plus que ça ne retirait ma colère. J’ai fini par faire la paix et même presque leur pardonner. Crois-le ou non, je me sens bien mieux ainsi.
Puisque leur duel était terminé, il s’installa en tailleur sur le sol glacial de l’église.
- T’ouvrir le ventre… Ca changera quoi? Mourir n’effacera pas ton passé et tu le sais. Tu rendras juste Alexandre terriblement malheureux et ce n’est pas ce que tu veux.
Il se laissa tomber en arrière et observa les voutes de la nef qui se rejoignaient dans un motif parfaitement symétrique. Il y avait quelque chose d’hypnotisant à cela.
- Alduis? Merci. prononça-t-il sans quitter des yeux le plafond.
Il ne se donna même pas la peine de préciser pourquoi. Il comprendrait ou pas. Cela n’avait pas d’importance. Il voulait juste le remercier de lui avoir permis de mettre le doigt sur la seule blessure qu’il s’obstinait à nier. Pourquoi était-ce à lui qu’il avait ouvert son cœur quand même à ses plus proches amis, ils n’avaient fait que le dissimuler ? Pourquoi était-ce à lui que neuf ans plus tôt, il avait rêvé de déchiqueter qu’il pouvait parler aussi librement ? Pourquoi voulait-il à ce point l’aider ? Même lui n’avait pas l’entière réponse. Il avait justement le sentiment qu’il ne devait pas le laisser se faire dévorer par sa colère. Combien d’autres deuils n’avaient-ils pas fait ?
Malgré toute sa volonté, il ne pourrait pas l’aider contre son gré et ce choix lui appartenait. Personne ne pouvait le prendre à sa place. Eldred ferma les yeux, attendant une réponse.
- Fais les taire, s’il te plaît.
Il n’avait pas besoin d’en dire plus, pour qu’il prenne cela pour un « oui ». C’était même le mieux qu’il pouvait espérer. Sans attendre, il bondit sur ses deux pieds et combla le vide qui les séparait pour lui assener un large coup dans l’abdomen.
– Tu vois que tu peux faire des choix quand tu veux. conclut-il un brin railleur
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred était là, assis à tout juste un mètre de lui, et Alduis s'était crispé sans y réfléchir. Parce qu'il était rarement aussi proche de quelqu'un sans le décider et que les voix dans sa tête se sentaient sans cesse menacées. Comme si on les dénigrait. Pourtant, sa remarque le détendit et lui tira un large sourire provocateur :
- C'est le cas. Tu es sûr que c'est parce que tu es trop près … et non pas, assez près ? Après tout, toi, tu es plutôt bel homme non ?
Il poncta ses mots d'un coup d'oeil entendu, comme si c'était la plus simple des évidences, sourire charmeur en coin. Il afficha un air mi-surpris, mi-innocent pour ajouter :
- C'est surprenant que tu le saches pas, on a bien dû déjà te le dire…
Il se rejeta sur le banc et appuya ses pieds sur le dossier précédent avec toute la nonchalance du monde. Il laissa son regard se perde vers le chœur, alors qu'ils en revenaient à l'amour. Il n'avait rien à ajouter. L'honneur n'était pas le même pour tous. Certains n'en avaient aucun. Si Eldred ne s'en servirait pas contre lui, ce pour quoi il conservait quelques doutes malgré tout, ce n'était pas le cas de son père. Coldris se fichait bien de la morale, et de toutes sortes d'honneur. Mais Eldred l'avait lui-même dit, non ? Il ne savait pas qui était son père.
- Tu dis que tu ne le connais pas, estimes-toi en heureux. Et maintenant, tâches de ne jamais le rencontrer. Quoique… vu ce que j'ai compris de tes petites activités, non, tu le croiseras forcément. Alors commence à prier tes dieux. Être son fils, qu’est-ce que ça fait de moi, au juste ? Un chien de pure race ? On les vend plus cher, et après ? Ça se remplace comme n’importe quel autre chien.
On avait juste un peu plus de mal à s’en détacher. Guère plus. Qu’importe le sang qui coulait dans ses veines, quand les gènes étaient défectueuses, que quelque chose clochait, on le jetait à la poubelle comme un objet usager.
Ils s’étaient relevés à ce moment précisément, pour se remettre dans le mouvement. Mais les mots suivants stoppèrent à nouveau les choses. Quand il avait poussé Mathurin dans le vide, il avait voulu le protéger ? Vraiment ? Et si ce n’était pas le cas ? Il y avait cette pensée qui s’était implantée en lui et dont les racines venaient éclairer les plus sombres recoins de son esprit. Avait-il poussé Mathurin pour le protéger… ou pour se protéger, lui ? Il avait eu peur, il en était sûr, et il avait peur aujourd’hui encore... Peur de se rendre compte qu’il était un monstre - et rien d’autre.
Il ne répondit pas. Et les yeux bruns, les cheveux châtains, s’imposèrent encore à son esprit. Ses mains se mirent à trembler, malgré lui, malgré le fait qu’il aurait voulu le cacher. Et pour toute réponse, il y eut cela :
Un vide s’ouvrit en lui.
Un immense gouffre.
Le peu de lumière qui était revenu en lui s’éclipsa aussitôt, avalé par les longs doigts noirs qui revenaient enserrer son coeur.
Des draps blancs, un corps pâle et des cheveux blonds auréolant un visage aux traits anguleux.
Un pantin désarticulé tout en bas, tel un ange déchu tombé d’on ne sait où, entouré d’une flaque de sang écarlate.
La dépouille poignardée de Bérénice, le trou dans son thorax à l’endroit de son cœur, les yeux écarquillés et vides.
Ils étaient tous morts.
Il chassa les cadavres qui remplissaient son esprit.
- Je n’ai aucun but, avoua-t-il enfin. Peut-être que m’ouvrir le ventre ne changera rien… mais je n’aurais plus à me supporter.
Qu’importe le reste.
Il n’y aurait plus les voix, il n’y aurait plus son père ou ces histoires de Dieu imaginaire. On le laisserait tranquille. Enfin.
Et soudain, il y eut cette affirmation, ce merci qui tomba dans le silence de l’église comme un cheveu sur la soupe. Alduis ne s’y était pas attendu, et pourtant, il ne fut pas réellement surpris. Cela eut même le don de faire revenir son sourire sur ses lèvres. Parce qu’il était bien incapable de prendre cela sérieusement - il ne se rappelait plus la dernière fois qu’on l’avait remercié ainsi - il afficha un immense sourire qui avait retrouvé sa lueur provocatrice précédente :
- Mais de rien, bichon. C’est un grand plaisir.
Mais choisir… Choisir. Quand les voix hurlaient. Qu’elles refusaient de le laisser se concentrer. Comment aurait-il pu le faire ? Il voulait qu’elles se taisent. Ce fut le poing de Eldred, qui lui fut assené dans l’abdomen qui le ramena au présent. Il fit plusieurs pas en arrière sous le coup de l’impact et haleta en essayant de reprendre sa respiration. Il était toujours à suffoquer à demi quand Eldred remarqua :
- Tu vois que tu peux faire des choix quand tu veux.
Ce fut le souffle encore un peu court, sans aucune raison, sans aucune logique avec son air perdu précédent, qu’il éclata soudain de rire sans prévenir. Et qu’il se surprit lui-même.
Il ne savait même pas pourquoi il riait.
Mais soudain, il venait de se voir, là, au milieu de cette nef, avec Eldred en face de lui et il avait trouvé cela tellement absurde qu’il n’avait eu d’autres choix que de rire.
Pour la première fois depuis des années.
- C'est le cas. Tu es sûr que c'est parce que tu es trop près … et non pas, assez près ? Après tout, toi, tu es plutôt bel homme non ?
Il poncta ses mots d'un coup d'oeil entendu, comme si c'était la plus simple des évidences, sourire charmeur en coin. Il afficha un air mi-surpris, mi-innocent pour ajouter :
- C'est surprenant que tu le saches pas, on a bien dû déjà te le dire…
Il se rejeta sur le banc et appuya ses pieds sur le dossier précédent avec toute la nonchalance du monde. Il laissa son regard se perde vers le chœur, alors qu'ils en revenaient à l'amour. Il n'avait rien à ajouter. L'honneur n'était pas le même pour tous. Certains n'en avaient aucun. Si Eldred ne s'en servirait pas contre lui, ce pour quoi il conservait quelques doutes malgré tout, ce n'était pas le cas de son père. Coldris se fichait bien de la morale, et de toutes sortes d'honneur. Mais Eldred l'avait lui-même dit, non ? Il ne savait pas qui était son père.
- Tu dis que tu ne le connais pas, estimes-toi en heureux. Et maintenant, tâches de ne jamais le rencontrer. Quoique… vu ce que j'ai compris de tes petites activités, non, tu le croiseras forcément. Alors commence à prier tes dieux. Être son fils, qu’est-ce que ça fait de moi, au juste ? Un chien de pure race ? On les vend plus cher, et après ? Ça se remplace comme n’importe quel autre chien.
On avait juste un peu plus de mal à s’en détacher. Guère plus. Qu’importe le sang qui coulait dans ses veines, quand les gènes étaient défectueuses, que quelque chose clochait, on le jetait à la poubelle comme un objet usager.
Ils s’étaient relevés à ce moment précisément, pour se remettre dans le mouvement. Mais les mots suivants stoppèrent à nouveau les choses. Quand il avait poussé Mathurin dans le vide, il avait voulu le protéger ? Vraiment ? Et si ce n’était pas le cas ? Il y avait cette pensée qui s’était implantée en lui et dont les racines venaient éclairer les plus sombres recoins de son esprit. Avait-il poussé Mathurin pour le protéger… ou pour se protéger, lui ? Il avait eu peur, il en était sûr, et il avait peur aujourd’hui encore... Peur de se rendre compte qu’il était un monstre - et rien d’autre.
Il ne répondit pas. Et les yeux bruns, les cheveux châtains, s’imposèrent encore à son esprit. Ses mains se mirent à trembler, malgré lui, malgré le fait qu’il aurait voulu le cacher. Et pour toute réponse, il y eut cela :
- Toi non plus, tu n’as pas fait ton deuil.
Un vide s’ouvrit en lui.
Un immense gouffre.
Le peu de lumière qui était revenu en lui s’éclipsa aussitôt, avalé par les longs doigts noirs qui revenaient enserrer son coeur.
Des draps blancs, un corps pâle et des cheveux blonds auréolant un visage aux traits anguleux.
Un pantin désarticulé tout en bas, tel un ange déchu tombé d’on ne sait où, entouré d’une flaque de sang écarlate.
La dépouille poignardée de Bérénice, le trou dans son thorax à l’endroit de son cœur, les yeux écarquillés et vides.
Ils étaient tous morts.
Il chassa les cadavres qui remplissaient son esprit.
- Je n’ai aucun but, avoua-t-il enfin. Peut-être que m’ouvrir le ventre ne changera rien… mais je n’aurais plus à me supporter.
Qu’importe le reste.
Il n’y aurait plus les voix, il n’y aurait plus son père ou ces histoires de Dieu imaginaire. On le laisserait tranquille. Enfin.
Et soudain, il y eut cette affirmation, ce merci qui tomba dans le silence de l’église comme un cheveu sur la soupe. Alduis ne s’y était pas attendu, et pourtant, il ne fut pas réellement surpris. Cela eut même le don de faire revenir son sourire sur ses lèvres. Parce qu’il était bien incapable de prendre cela sérieusement - il ne se rappelait plus la dernière fois qu’on l’avait remercié ainsi - il afficha un immense sourire qui avait retrouvé sa lueur provocatrice précédente :
- Mais de rien, bichon. C’est un grand plaisir.
Mais choisir… Choisir. Quand les voix hurlaient. Qu’elles refusaient de le laisser se concentrer. Comment aurait-il pu le faire ? Il voulait qu’elles se taisent. Ce fut le poing de Eldred, qui lui fut assené dans l’abdomen qui le ramena au présent. Il fit plusieurs pas en arrière sous le coup de l’impact et haleta en essayant de reprendre sa respiration. Il était toujours à suffoquer à demi quand Eldred remarqua :
- Tu vois que tu peux faire des choix quand tu veux.
Ce fut le souffle encore un peu court, sans aucune raison, sans aucune logique avec son air perdu précédent, qu’il éclata soudain de rire sans prévenir. Et qu’il se surprit lui-même.
Il ne savait même pas pourquoi il riait.
Mais soudain, il venait de se voir, là, au milieu de cette nef, avec Eldred en face de lui et il avait trouvé cela tellement absurde qu’il n’avait eu d’autres choix que de rire.
Pour la première fois depuis des années.
Alduis de Fromart- Aristocratie
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Il était vrai qu’il n’avait pas résisté à le taquiner quelque peu pour détendre l’atmosphère. Alduis était si crispé ! Alors qu’il se trouvait à facilement un mètre de lui ! Depuis son entrée dans l’église de l’eau (et des coups) avait coulé sous les ponts… Il fut cependant ravi de l’effet qu’eut sa remarque, arrachant à son adversaire du jour un sourire mi- provocateur, mi-enjôleur. Eldred se laissa glisser sur le banc pour combler le respectable vide qui les séparait.
- Oh si ! Mais tu es le premier homme à m’en faire la remarque.
Eldred se laissa glisser sur le banc pour combler le respectable vide qui les séparait encore, un air amusé accroché au visage.
- Dis-moi, tu séduis toujours tes amants d’un coup de genou entre les côtes ? C’est plutôt rude comme technique !
Il étouffa un petit rire avant de se laisser lui aussi tomber en arrière. Alduis semblait douter de ses propos concernant l’amour mais c’était pourtant la plus simple des évidences. Quant à son père c’est vrai qu’il ne le connaissait pas et son fils ne le portait clairement pas dans son cœur aux vues des paroles qui s’échappaient de ses lèvres.
- Je te rassure, je n’ai pas particulièrement envie de le rencontrer. Mais tu as raison mes activités pourraient m’y forcer et ce n’est pas celle que tu crois.
Il avait juré de protéger Dyonis, alors il se pourrait bien qu’il se retrouve à venir à Fromart ou Palais royal en sa compagnie. Et même, peut-être devrait-il affronter Alduis. Il lui jeta un regard en coin avant de reprendre.
- C’est comme ça que tu te considères ? Comme un chien ? Moi je vais te dire, un père aimera toujours plus son fils que son bâtard. Parce qu’il l’avait vu grandir et élever. C’est comme ça et pas autrement. Peu importe que ton père soit le dernier des salauds, au fond de lui, il tient à toi. Sinon il se serait déjà débarrassé de toi, tu crois pas ?
Le zakrotien en était intimement persuadé pourra l’avoir vécu : l’amour filiale ça ne se contrôlait pas et ça s’ancrer avec le temps. Il n’avait pas eu le loisir de le vérifier durant près de trente ans mais il était sûr que son père ne pourrait jamais revenir aussi facilement en arrière que le prétendait Alduis. Ils s’étaient remis dans l’action pour évoquer des sujets nettement plus douloureux.
Sous cette nef, ils étaient deux à ne pas réussir à tourner certaines pages.
Et ils étaient deux convaincus de l’avoir fait.
Il le sentit partir, loin dans ses pensées, mais le laissa faire sans intervenir cette fois. A quoi pensait-il ? Revoyait-il la scène comme il l’avait revu avec Byrnja ? Sans doute. Il s’approcha lentement de lui, et posa une main sur son épaule.
- Tu n’as jamais pris la peine d’en trouver ou même d’en accepter, un. Tu regardes toujours le passé quand tu devrais te tourner vers le futur. Personne ne peut marcher en arrière toute sa vie, Alduis.
Il ajouta avec un grand sourire où l’amusement pas plus que le raillerie n’étaient voilés
- Je serai très vexé si tu ne me laissais pas l’honneur t’ouvrir le ventre. Depuis le temps que j’attends ça ! Et puis je viens à peine de te retrouver, je compte bien m’amuser un peu avec toi, mon lapin, avant de te laisser partir pour le Valhalla
Eldred éclata d’un rire sonore qui se répercuta sous la nef avant de venir s’asseoir et même de s’allonger. Spontanément, il le remercia pour lui avoir permis de mettre des mots sur ce fardeau qu’il transportait depuis tant d’années sans même s’en apercevoir.
- Mais de rien, bichon. C’est un grand plaisir.
Il renversa sa tête en arrière pour attraper au vol son expression provocatrice et ne put retenir que de justesse un nouveau rire. Pourtant, il était l’heure de faire un choix. Eldred patienta, le temps qu’Alduis se perde à nouveau dans les méandres de son esprit et l’appelle à l’aide. Il lui asséna un puissant coup qui le fit vaciller sur quelques pas. Il en avait toujours le souffle court quand il lui fit remarquer qu’il avait enfin réussi à faire un choix. Il ne s’attendit pas à ce que sa remarque provoque chez lui une hilarité qu’il n’avait pas pensé possible. Passer l’étonnement, il ne put s’empêcher d’ajouter, entre les soubresauts qui commençaient déjà à l’assaillir :
- Tu devrais rire plus souvent, ça te va mieux
Il ne put retenir plus longtemps le fou rire contagieux, et se mit tout aussi soudainement à rire de concert. Jamais les voutes n’avaient dû entendre tant de rires depuis leur construction.
- Oh si ! Mais tu es le premier homme à m’en faire la remarque.
Eldred se laissa glisser sur le banc pour combler le respectable vide qui les séparait encore, un air amusé accroché au visage.
- Dis-moi, tu séduis toujours tes amants d’un coup de genou entre les côtes ? C’est plutôt rude comme technique !
Il étouffa un petit rire avant de se laisser lui aussi tomber en arrière. Alduis semblait douter de ses propos concernant l’amour mais c’était pourtant la plus simple des évidences. Quant à son père c’est vrai qu’il ne le connaissait pas et son fils ne le portait clairement pas dans son cœur aux vues des paroles qui s’échappaient de ses lèvres.
- Je te rassure, je n’ai pas particulièrement envie de le rencontrer. Mais tu as raison mes activités pourraient m’y forcer et ce n’est pas celle que tu crois.
Il avait juré de protéger Dyonis, alors il se pourrait bien qu’il se retrouve à venir à Fromart ou Palais royal en sa compagnie. Et même, peut-être devrait-il affronter Alduis. Il lui jeta un regard en coin avant de reprendre.
- C’est comme ça que tu te considères ? Comme un chien ? Moi je vais te dire, un père aimera toujours plus son fils que son bâtard. Parce qu’il l’avait vu grandir et élever. C’est comme ça et pas autrement. Peu importe que ton père soit le dernier des salauds, au fond de lui, il tient à toi. Sinon il se serait déjà débarrassé de toi, tu crois pas ?
Le zakrotien en était intimement persuadé pourra l’avoir vécu : l’amour filiale ça ne se contrôlait pas et ça s’ancrer avec le temps. Il n’avait pas eu le loisir de le vérifier durant près de trente ans mais il était sûr que son père ne pourrait jamais revenir aussi facilement en arrière que le prétendait Alduis. Ils s’étaient remis dans l’action pour évoquer des sujets nettement plus douloureux.
Sous cette nef, ils étaient deux à ne pas réussir à tourner certaines pages.
Et ils étaient deux convaincus de l’avoir fait.
Il le sentit partir, loin dans ses pensées, mais le laissa faire sans intervenir cette fois. A quoi pensait-il ? Revoyait-il la scène comme il l’avait revu avec Byrnja ? Sans doute. Il s’approcha lentement de lui, et posa une main sur son épaule.
- Tu n’as jamais pris la peine d’en trouver ou même d’en accepter, un. Tu regardes toujours le passé quand tu devrais te tourner vers le futur. Personne ne peut marcher en arrière toute sa vie, Alduis.
Il ajouta avec un grand sourire où l’amusement pas plus que le raillerie n’étaient voilés
- Je serai très vexé si tu ne me laissais pas l’honneur t’ouvrir le ventre. Depuis le temps que j’attends ça ! Et puis je viens à peine de te retrouver, je compte bien m’amuser un peu avec toi, mon lapin, avant de te laisser partir pour le Valhalla
Eldred éclata d’un rire sonore qui se répercuta sous la nef avant de venir s’asseoir et même de s’allonger. Spontanément, il le remercia pour lui avoir permis de mettre des mots sur ce fardeau qu’il transportait depuis tant d’années sans même s’en apercevoir.
- Mais de rien, bichon. C’est un grand plaisir.
Il renversa sa tête en arrière pour attraper au vol son expression provocatrice et ne put retenir que de justesse un nouveau rire. Pourtant, il était l’heure de faire un choix. Eldred patienta, le temps qu’Alduis se perde à nouveau dans les méandres de son esprit et l’appelle à l’aide. Il lui asséna un puissant coup qui le fit vaciller sur quelques pas. Il en avait toujours le souffle court quand il lui fit remarquer qu’il avait enfin réussi à faire un choix. Il ne s’attendit pas à ce que sa remarque provoque chez lui une hilarité qu’il n’avait pas pensé possible. Passer l’étonnement, il ne put s’empêcher d’ajouter, entre les soubresauts qui commençaient déjà à l’assaillir :
- Tu devrais rire plus souvent, ça te va mieux
Il ne put retenir plus longtemps le fou rire contagieux, et se mit tout aussi soudainement à rire de concert. Jamais les voutes n’avaient dû entendre tant de rires depuis leur construction.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Si la proximité d'Eldred l'avait crispé dans un premier temps, désormais, elle l'amusait plus qu'autre chose. Le mètre avait été avalé drastiquement entre eux. Il n'en subsistait presque rien, et il continuait de diminuer à mesure qu'ils progressaient dans le jeu. Alduis ne se défaisait pas de son sourire enjôleur, du genre de celui qui lui donnait un air d'ange déchu. Il était le premier homme à lui dire qu'il était beau ? Voyez-vous ça.
- Il faut un début à tout, n'est-ce pas ? répondit-il, sans une certaine malice dans la voix, avant d'ajouter : ... et ce n'est certainement pas à toi que je vais apprendre que séduire deux personnes de la manière est une erreur de débutant.
Il haussa un sourcil sans équivoque en se tournant dans sa direction. Sans cesser de sourire, avec son air effronté, il combla soudainement les misérables centimètres restants. Il appuya ses mains sur le dossier du banc pour se retenir. Et l'embrassa. Pour le provoquer.
Il l'embrassa pour le jeu. Pour voir s'il allait se défiler ou s'il aurait le cran de rester.
Quand il recula enfin, il garda son visage très proche du sien, si bien que son front touchait presque le sien. Ses yeux demeuraient plantés au fond des siens et il ne cillait pas. Il y avait cette lueur de défi qui brillait au fond de ses prunelles et qui faisait écho au sourire piquant sur ses lèvres, en faisant mine de réfléchir :
- Hum… moui. Je m'attendais à mieux de ta part, Eldredounet.
Il s'écarta, se levant du banc au passage et ajouta :
- J'espère que tu as profité, parce que ça ne se reproduira pas de sitôt. Je crains fort que tu ne parviennes pas à égaler Alexandre. Ou alors, tu as encore de l'entraînement à faire !
Il répondit d'un sourire presque condescendant au rire de Eldred. Mais telle une ombre, son père planait au-dessus de sa tête. Même ici. Même dans cette église, il arrivait à s'imposer.
Se considérait-il comme un chien ? Après tout, l'éducation d'un enfant à un chiot ne variait pas tant que cela. Et puis, son père ne le disait-elle pas sans cesse ?
Mais les mots de Eldred étaient justes et ce n'était pas la première fois que Alduis se posait la question. Pourquoi son père ne l'avait pas encore remplacé par un chien qui aboyait moins fort ? Pourquoi était-il toujours là ? Il se l'était déjà demandé et n'avait toujours pas trouvé de réponse convenable. Son père n'avait jamais été fier de lui.
- Alors aimer son fils, c'est ne jamais lui accorder la plus petite félicitation ? C'est le priver de son prénom ? Je ne vaux pas son attention, c'est ça ? Je ne fais rien qui soit assez bien pour lui !
Il baissa les yeux et demanda, sans que sa question ne s'adresse à quelqu'un en particulier :
- Qu'est-ce que je dois faire pour qu'il soit fier de moi ?
La main d'Eldred vint se poser sur son épaule. Et cette fois, bien qu'elle le surprit, il ne bougea pas et ne chercha pas à le frapper. Il ne se sentait plus autant menacé. Ça aurait été un peu tard, de toute façon.
Il n'avait aucun but. Il le savait. Mais il ne voyait aucun qui vaille la peine. Personne ne pouvait poursuivre sa vie à l'envers éternellement… et c'était pour ça qu'il voulait arrêter maintenant.
- Mon lapin, releva-t-il, sans rien répondre, et en retrouvant son sourire. Tu réserves ce surnom à beaucoup de monde ou est-ce spécialement pour moi ?
Et puis, il y eut ce rire qui le saisit soudainement. Sans avertissement. Parce qu'il prenait soudainement conscience de l'absurdité de ce qui déroulait dans cette église.
- Tu devrais rire plus souvent, ça te va mieux, annonça alors Eldred, avant de rire à son tour.
Alduis ne savait pas exactement ce qui était si drôle. Pas grand chose, en soi, mais il n'y pouvait rien. Il riait. Eldred aussi. Et leurs rires s'entraînaient l'un et l'autre. Quand il réussit enfin à se calmer, il en avait mal aux côtes. Il reprit sa respiration et se laissa tomber sur le sol. Il réfléchit quelques secondes et déclara de but en blanc — il se sentait comme différent, presque… euphorique :
- La dernière fois que j'ai ri comme ça, c'était le 11 juin 1586.
Il se coucha sur le dos et se perdit dans la contemplation des chapiteaux en haut des colonnes. C'était un moment de complicité retrouvée, l'espace de quelques secondes, au beau milieu d'un après-midi de juin, et le tout dernier qu'il avait partagé avec Bérénice. Ils ne s'entendaient plus depuis plusieurs années et pourtant… pourtant, ils avaient ri. Il avait suffi d'un regard pour déclencher l'hilarité.
- Elle avait retrouvé une de ses anciennes poupées.
Il était tellement plongé dans son univers mental qu'il n'avait pas pensé une seconde à préciser de qui il parlait. Il se souvenait, de ce brusque mouvement d'affection qu'elle avait eu pour le prendre dans ses bras. Et de ses mots.
Ces quelques phrases eurent exactement la même réaction que onze ans plus tôt. Il se redressa, comme ce jour-là, il avait subitement arrêté de rire. Il n'était toujours pas persuadé de savoir ce qu'elle avait voulu lui dire.
Il croisa le regard d'Eldred un bref instant. C'était un guerrier hors pair, qui se retrouvait esclave, dépourvu de la moindre arme. Cette idée fit le chemin dans son esprit à la vitesse de l'éclair. Il attrapa l'un des couteaux à sa ceinture, celui sur lequel le zakrotien avait juré et le lui tendit sans une hésitation.
- Tiens. Pour m'ouvrir le ventre à l'occasion, puisque tu as l'air de tenir à être celui qui le fera. Et puis, tu as juré dessus. Jurer sur l'arme d'un autre n'a pas de valeur.
- Il faut un début à tout, n'est-ce pas ? répondit-il, sans une certaine malice dans la voix, avant d'ajouter : ... et ce n'est certainement pas à toi que je vais apprendre que séduire deux personnes de la manière est une erreur de débutant.
Il haussa un sourcil sans équivoque en se tournant dans sa direction. Sans cesser de sourire, avec son air effronté, il combla soudainement les misérables centimètres restants. Il appuya ses mains sur le dossier du banc pour se retenir. Et l'embrassa. Pour le provoquer.
Il l'embrassa pour le jeu. Pour voir s'il allait se défiler ou s'il aurait le cran de rester.
Quand il recula enfin, il garda son visage très proche du sien, si bien que son front touchait presque le sien. Ses yeux demeuraient plantés au fond des siens et il ne cillait pas. Il y avait cette lueur de défi qui brillait au fond de ses prunelles et qui faisait écho au sourire piquant sur ses lèvres, en faisant mine de réfléchir :
- Hum… moui. Je m'attendais à mieux de ta part, Eldredounet.
Il s'écarta, se levant du banc au passage et ajouta :
- J'espère que tu as profité, parce que ça ne se reproduira pas de sitôt. Je crains fort que tu ne parviennes pas à égaler Alexandre. Ou alors, tu as encore de l'entraînement à faire !
Il répondit d'un sourire presque condescendant au rire de Eldred. Mais telle une ombre, son père planait au-dessus de sa tête. Même ici. Même dans cette église, il arrivait à s'imposer.
Se considérait-il comme un chien ? Après tout, l'éducation d'un enfant à un chiot ne variait pas tant que cela. Et puis, son père ne le disait-elle pas sans cesse ?
Sais-tu ce que l'on fait aux chiens dans ton genre ?
Tu n'es rien de plus qu'un chiot qui regarde sa pisse la queue entre les jambes.
Tu n'es rien de plus qu'un chiot qui regarde sa pisse la queue entre les jambes.
Mais les mots de Eldred étaient justes et ce n'était pas la première fois que Alduis se posait la question. Pourquoi son père ne l'avait pas encore remplacé par un chien qui aboyait moins fort ? Pourquoi était-il toujours là ? Il se l'était déjà demandé et n'avait toujours pas trouvé de réponse convenable. Son père n'avait jamais été fier de lui.
- Alors aimer son fils, c'est ne jamais lui accorder la plus petite félicitation ? C'est le priver de son prénom ? Je ne vaux pas son attention, c'est ça ? Je ne fais rien qui soit assez bien pour lui !
Il baissa les yeux et demanda, sans que sa question ne s'adresse à quelqu'un en particulier :
- Qu'est-ce que je dois faire pour qu'il soit fier de moi ?
La main d'Eldred vint se poser sur son épaule. Et cette fois, bien qu'elle le surprit, il ne bougea pas et ne chercha pas à le frapper. Il ne se sentait plus autant menacé. Ça aurait été un peu tard, de toute façon.
Il n'avait aucun but. Il le savait. Mais il ne voyait aucun qui vaille la peine. Personne ne pouvait poursuivre sa vie à l'envers éternellement… et c'était pour ça qu'il voulait arrêter maintenant.
- Mon lapin, releva-t-il, sans rien répondre, et en retrouvant son sourire. Tu réserves ce surnom à beaucoup de monde ou est-ce spécialement pour moi ?
Et puis, il y eut ce rire qui le saisit soudainement. Sans avertissement. Parce qu'il prenait soudainement conscience de l'absurdité de ce qui déroulait dans cette église.
- Tu devrais rire plus souvent, ça te va mieux, annonça alors Eldred, avant de rire à son tour.
Alduis ne savait pas exactement ce qui était si drôle. Pas grand chose, en soi, mais il n'y pouvait rien. Il riait. Eldred aussi. Et leurs rires s'entraînaient l'un et l'autre. Quand il réussit enfin à se calmer, il en avait mal aux côtes. Il reprit sa respiration et se laissa tomber sur le sol. Il réfléchit quelques secondes et déclara de but en blanc — il se sentait comme différent, presque… euphorique :
- La dernière fois que j'ai ri comme ça, c'était le 11 juin 1586.
Il se coucha sur le dos et se perdit dans la contemplation des chapiteaux en haut des colonnes. C'était un moment de complicité retrouvée, l'espace de quelques secondes, au beau milieu d'un après-midi de juin, et le tout dernier qu'il avait partagé avec Bérénice. Ils ne s'entendaient plus depuis plusieurs années et pourtant… pourtant, ils avaient ri. Il avait suffi d'un regard pour déclencher l'hilarité.
- Elle avait retrouvé une de ses anciennes poupées.
Il était tellement plongé dans son univers mental qu'il n'avait pas pensé une seconde à préciser de qui il parlait. Il se souvenait, de ce brusque mouvement d'affection qu'elle avait eu pour le prendre dans ses bras. Et de ses mots.
Tu me manques, Alduis. Mon grand frère me manque. Quand est-ce qu'il reviendra enfin ?
Ces quelques phrases eurent exactement la même réaction que onze ans plus tôt. Il se redressa, comme ce jour-là, il avait subitement arrêté de rire. Il n'était toujours pas persuadé de savoir ce qu'elle avait voulu lui dire.
Il croisa le regard d'Eldred un bref instant. C'était un guerrier hors pair, qui se retrouvait esclave, dépourvu de la moindre arme. Cette idée fit le chemin dans son esprit à la vitesse de l'éclair. Il attrapa l'un des couteaux à sa ceinture, celui sur lequel le zakrotien avait juré et le lui tendit sans une hésitation.
- Tiens. Pour m'ouvrir le ventre à l'occasion, puisque tu as l'air de tenir à être celui qui le fera. Et puis, tu as juré dessus. Jurer sur l'arme d'un autre n'a pas de valeur.
Alduis de Fromart- Aristocratie
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred avait comblé le vide entre eux à son invitation. Enfin… Invitation déguisée sous une couche de provocation. Alduis ne se dépâtissait plus de son sourire enjôleur et de ses yeux de biche. Se faire draguer ouvertement par un homme, oui c’était une première. Il fallait dire qu’il les préférait avec plus de formes, des cheveux plus longs et rien entre les jambes. Question de goût.
- Voyez-vous donc ! Nous avons un expert en la matière ! le taquina-t-il à nouveau.
Alduis se tourna vers lui, une main sur le dossier et s’approcha subitement jusqu’à poser ses lèvres sur les siennes et l’embrasser. Autant par surprise que par réflexe, il ne put retenir le raidissement qui le parcourut. Il était vraiment en train de l’embrasser ce maudit draugr ?! Passées les quelques secondes de sidération, il lui rendit son baiser : parce qu’un guerrier ne battait jamais en retraite. Pas même quand un autre homme l’embrassait.
Pour être tout à fait exact, ce n’était pas vraiment le premier qu’il embrassait. C’était le premier qu’il embrassait avec ses pleines capacités cérébrales. Les autres… On les lui avait racontées ou il n’avait conservé qu’un souvenir brumeux de ces soirées arrosées dans la Lânghus…
Il paraissait qu’ici, on aurait pu le mener sur le bucher pour ce simple baiser qui n’était rien d’autre qu’un défi spontané. Il se félicita qu’il n’y ait personne pour les surprendre ainsi à s’embrasser sur un banc… L’idée de finir rôti comme une pintade ne lui plaisait pas le moins du monde.
Evidemment, la conclusion ne se fit pas attendre et Eldred répondit à son sourire par la même malice.
- Méfie-toi, ta tête risque de ne plus passer la porte… Et puis… Désolé tu as beau être une jolie blonde, je les préfère définitivement avec des cheveux plus longs et plus de formes !
Il ne put retenir un petit rire face à la situation. Il venait d’embrasser Alduis de Fromart. Il lui souhaitait de ne pas recroiser Alexandre avant qu’il ne soit mis au courant car il ne manquerait pas de l’asticoter sur ce sujet !
Ce fut dans l’allée qu’ils reprirent leur conversation sur le célèbre paternel de son lapin. La relation qu’ils entretenaient étaient des plus compliqués et le zakrotien sentit bien la frustration du fils. Sa vie n’avait sans doute pas été des plus simples, mais elle aurait certainement pû être bien pire.
- Je ne sais pas ici, mais chez moi les pères montrent rarement leur affection. C’est comme ça. Les parents sont durs car ils espèrent que leurs enfants puissent s’élever au-dessus d’eux. Tu as son attention, Alduis, il ne t’ignore pas. Elle n’est simplement pas comme tu le voudrais.
Il offrit à Alduis un regard plein de douceur alors que lui ne fixait plus que les dalles de pierres.
- Soit toi-même. Tout simplement. Tu ne pourras jamais être quelqu’un d’autre.
Il déposa sa main sur son épaule, fraternellement. Comme un soutien qu’il aurait voulu lui offrir mais qu’il ne pouvait guère transmettre autrement. Il devait trouver un but pour vivre enfin. Pour regarder vers l’avenir et non vers ce passé qui le hantait. Heureusement sa remarque l’amusa et son sourire revint aussitôt sur le bord de ses lèvres.
- Allons Alduis, les surnoms c’est comme les techniques de séduction ou les noms d’armes : ils doivent être uniques. Tu devrais le savoir tout de même !
Sans trop savoir où cela avait commencé, le draugr se mit à rire et le fou rire en fut communicatif. Chaque fois que l’un d’entre eux essayait de s’arrêter l’autre riait de plus belle et tout était à recommencer. Eldred en avait mal aux côtes et ses yeux pleurait à force de rire. Il s’allongea aux côtés d’Alduis et tout deux regardèrent le plafond dans un état quasi euphorique.
- 1586? Sérieusement?! ne put-il s’empêcher de s’exclamer.
Mais comment pouvait-on ne pas rire pendant si longtemps ?! Il le laissa vaquer à ses souvenirs, sans même remarquer qu’il connaissait la date précise de ce jour. Elle ? De qui parlait-il ? De sa sœur ? Il n’avait jamais entendu parler d’une fille à Fromart. Malgré la curiosité qui le brûlait, il n’osa pas rompre la magie de cet instant, où il semblait enfin et brièvement heureux. Lorsqu’enfin ils se relevèrent, il croisa dans son regard une lueur subite. De celle qui indique une idée en train d’éclore. Dans le même temps, il détachait l’un de ses couteaux qu’il lui tendit sous son regard étonné. Il ne savait que trop bien à quel point une arme était précieuse pour un guerrier. Lui offrir l’un de ces poignards étaient un geste qui le touchait profondément. Il l’interrogea du regard mais la détermination brillait dans ses prunelles.
Il l’attrapa lentement, l’observa avec l’œil expert du forgeron et du guerrier qu’il était avant de déclarer.
- C’est un honneur Alduis, de recevoir l’une de tes armes. Mais je n’accepterai qu’à une seule condition.
Il leva à nouveau son regard vers lui et l’accrocha avec un profond respect:
- Tu dois me jurer que tu ne mourras que par main et par aucune autre.
Il n’avait pas de but ? Il allait lui en trouver suffisamment pour regarder vers l’avenir.
- Voyez-vous donc ! Nous avons un expert en la matière ! le taquina-t-il à nouveau.
Alduis se tourna vers lui, une main sur le dossier et s’approcha subitement jusqu’à poser ses lèvres sur les siennes et l’embrasser. Autant par surprise que par réflexe, il ne put retenir le raidissement qui le parcourut. Il était vraiment en train de l’embrasser ce maudit draugr ?! Passées les quelques secondes de sidération, il lui rendit son baiser : parce qu’un guerrier ne battait jamais en retraite. Pas même quand un autre homme l’embrassait.
Pour être tout à fait exact, ce n’était pas vraiment le premier qu’il embrassait. C’était le premier qu’il embrassait avec ses pleines capacités cérébrales. Les autres… On les lui avait racontées ou il n’avait conservé qu’un souvenir brumeux de ces soirées arrosées dans la Lânghus…
Il paraissait qu’ici, on aurait pu le mener sur le bucher pour ce simple baiser qui n’était rien d’autre qu’un défi spontané. Il se félicita qu’il n’y ait personne pour les surprendre ainsi à s’embrasser sur un banc… L’idée de finir rôti comme une pintade ne lui plaisait pas le moins du monde.
Evidemment, la conclusion ne se fit pas attendre et Eldred répondit à son sourire par la même malice.
- Méfie-toi, ta tête risque de ne plus passer la porte… Et puis… Désolé tu as beau être une jolie blonde, je les préfère définitivement avec des cheveux plus longs et plus de formes !
Il ne put retenir un petit rire face à la situation. Il venait d’embrasser Alduis de Fromart. Il lui souhaitait de ne pas recroiser Alexandre avant qu’il ne soit mis au courant car il ne manquerait pas de l’asticoter sur ce sujet !
Ce fut dans l’allée qu’ils reprirent leur conversation sur le célèbre paternel de son lapin. La relation qu’ils entretenaient étaient des plus compliqués et le zakrotien sentit bien la frustration du fils. Sa vie n’avait sans doute pas été des plus simples, mais elle aurait certainement pû être bien pire.
- Je ne sais pas ici, mais chez moi les pères montrent rarement leur affection. C’est comme ça. Les parents sont durs car ils espèrent que leurs enfants puissent s’élever au-dessus d’eux. Tu as son attention, Alduis, il ne t’ignore pas. Elle n’est simplement pas comme tu le voudrais.
Il offrit à Alduis un regard plein de douceur alors que lui ne fixait plus que les dalles de pierres.
- Soit toi-même. Tout simplement. Tu ne pourras jamais être quelqu’un d’autre.
Il déposa sa main sur son épaule, fraternellement. Comme un soutien qu’il aurait voulu lui offrir mais qu’il ne pouvait guère transmettre autrement. Il devait trouver un but pour vivre enfin. Pour regarder vers l’avenir et non vers ce passé qui le hantait. Heureusement sa remarque l’amusa et son sourire revint aussitôt sur le bord de ses lèvres.
- Allons Alduis, les surnoms c’est comme les techniques de séduction ou les noms d’armes : ils doivent être uniques. Tu devrais le savoir tout de même !
Sans trop savoir où cela avait commencé, le draugr se mit à rire et le fou rire en fut communicatif. Chaque fois que l’un d’entre eux essayait de s’arrêter l’autre riait de plus belle et tout était à recommencer. Eldred en avait mal aux côtes et ses yeux pleurait à force de rire. Il s’allongea aux côtés d’Alduis et tout deux regardèrent le plafond dans un état quasi euphorique.
- 1586? Sérieusement?! ne put-il s’empêcher de s’exclamer.
Mais comment pouvait-on ne pas rire pendant si longtemps ?! Il le laissa vaquer à ses souvenirs, sans même remarquer qu’il connaissait la date précise de ce jour. Elle ? De qui parlait-il ? De sa sœur ? Il n’avait jamais entendu parler d’une fille à Fromart. Malgré la curiosité qui le brûlait, il n’osa pas rompre la magie de cet instant, où il semblait enfin et brièvement heureux. Lorsqu’enfin ils se relevèrent, il croisa dans son regard une lueur subite. De celle qui indique une idée en train d’éclore. Dans le même temps, il détachait l’un de ses couteaux qu’il lui tendit sous son regard étonné. Il ne savait que trop bien à quel point une arme était précieuse pour un guerrier. Lui offrir l’un de ces poignards étaient un geste qui le touchait profondément. Il l’interrogea du regard mais la détermination brillait dans ses prunelles.
Il l’attrapa lentement, l’observa avec l’œil expert du forgeron et du guerrier qu’il était avant de déclarer.
- C’est un honneur Alduis, de recevoir l’une de tes armes. Mais je n’accepterai qu’à une seule condition.
Il leva à nouveau son regard vers lui et l’accrocha avec un profond respect:
- Tu dois me jurer que tu ne mourras que par main et par aucune autre.
Il n’avait pas de but ? Il allait lui en trouver suffisamment pour regarder vers l’avenir.
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Alduis s’était adossé au banc, les coudes sur le dossier, et eut un énième sourire quand Eldred lui lança une nouvelle pique. Il claqua sa langue contre son palais, d’un air désapprobateur.
- Tu te défends pas trop mal non plus, petit bichon. Il n’y a que les experts pour juger les experts.
Durant les premières secondes que dura le baiser, il le sentit se raidir. Ce qui fut bien loin de décourager Alduis. Au contraire. Il se prit d’un malin plaisir de l’accentuer, rien que pour voir jusqu’où il allait supporter. Et Eldred ne fut pas long à se reprendre pour le lui rendre.
Le baiser toucha à sa fin, et vint le temps de réactions. Alduis recula de quelques centimètres, pour se rasseoir sur le banc. Ils n’en restaient pas moins très proches, quand il répondit :
- C’est mignon de te faire du souci pour moi, Eldredounet, mais ma tête se porte très bien sur mes épaules, tu vois !
Un nouveau sourire. Toujours plus provocateur. Tandis que Eldred ajoutait :
- Tu as beau être une jolie blonde, je les préfères définitivement avec des cheveux plus longs et plus de formes.
Alduis fit mine de réfléchir, comme si cela lui demandait toute sa concentration. Il attrapa l’une des mèches de cheveux de Eldred et l’enroula autour de ses doigts avec amusement, non sans une certaine lascivité de circonstance. Avant de relever finalement les yeux vers lui, pour rétorquer d’un air minaudier :
- Les cheveux plus longs. Mmh. Je vois. Tu es bien réducteur, je trouve, Eldredounet.
Il fit mine de secouer la tête. Et passa la mèche de cheveux derrière l’oreille du guerrier sans hésiter une seule seconde. Avant de bondir sur ses pieds. Et s’il avait réussi à se détendre complètement, évoquer son père suffit à faire renaître la tension entre ses épaules. Il aurait juste aimé, parfois, un geste, un signe, un encouragement. Même infime. Il s’en serait contenté. Mais les choses ne venaient pas. Il n’aperçut pas le regard empli de sympathie de Eldred.
- Être moi-même, répéta-t-il, presque découragé tout à coup. Mais qui est-ce que je suis, au juste ?
La main posée sur son épaule eut quelque chose de rassurant. On ne lui avait jamais témoigné de soutien. C’était une étrange sensation. Qui fut cependant abrégée par sa remarque sur les surnoms.
- Tu vois, qu’est-ce que je disais ! renchérit-il. Il n’y a pas que moi qui soit expert en la matière, semblerait-il.
Ce fut son propre rire qui répondit. Ce genre de rire, spontané et inattendu, qui naît au creux du ventre et remonte dans la gorge, qu’il n’avait pas eu depuis plus de onze ans. L’exclamation de Eldred le surprit et il se tourna vers lui, qui venait de s’allonger à côté de lui, avec un air sincèrement interrogateur :
- Eh bien quoi ? Qu’est-ce qui y’a ?
Il finit par se relever, en même temps que Eldred, quand il fut définitivement calmé. Il avait oublié à quel point rire était une occupation fatigante. Sa main vint se porter naturellement à sa ceinture. Il dégagea son couteau et le retourna vers Eldred.
Un guerrier sans arme, n’était plus vraiment un guerrier. Or, Eldred en était incontestablement un. Et puisqu’il avait juré sur son couteau, la question ne se posait plus vraiment. Devant l’interrogation dans son regard, Alduis ne flancha pas. Il tendit simplement sa main avec plus d’insistance. Eldred finit par le prendre lentement et l’observa d’un oeil qui trahissait l’habitude.
- C’est un honneur de savoir que ce sera désormais la tienne, répondit-il sincèrement, avec un hochement de tête assuré.
Leurs regards se croisèrent. Alduis attendit sans broncher la condition.
- Tu dois me jurer que tu ne mourras que par ma main et par aucune autre.
Alduis hésita à peine.
Il frappa sa poitrine de son poing et s’inclina raidement.
Une promesse demandée, était une promesse donnée.
Et une promesse donnée, devait être respectée… dans la mesure où elle ne trahissait aucun autre serment.
- Tant que cette parole-ci n’en trahira aucune autre, je te jure solennellement, Eldred, que je te laisse l’exclusivité de m’ouvrir le ventre.
Il fit une pause, et ce fut très sérieusement qu’il ajouta, sans le quitter des yeux :
- Le jour où je ne serai plus là, veille sur Alexandre pour moi.
- Tu te défends pas trop mal non plus, petit bichon. Il n’y a que les experts pour juger les experts.
Durant les premières secondes que dura le baiser, il le sentit se raidir. Ce qui fut bien loin de décourager Alduis. Au contraire. Il se prit d’un malin plaisir de l’accentuer, rien que pour voir jusqu’où il allait supporter. Et Eldred ne fut pas long à se reprendre pour le lui rendre.
Le baiser toucha à sa fin, et vint le temps de réactions. Alduis recula de quelques centimètres, pour se rasseoir sur le banc. Ils n’en restaient pas moins très proches, quand il répondit :
- C’est mignon de te faire du souci pour moi, Eldredounet, mais ma tête se porte très bien sur mes épaules, tu vois !
Un nouveau sourire. Toujours plus provocateur. Tandis que Eldred ajoutait :
- Tu as beau être une jolie blonde, je les préfères définitivement avec des cheveux plus longs et plus de formes.
Alduis fit mine de réfléchir, comme si cela lui demandait toute sa concentration. Il attrapa l’une des mèches de cheveux de Eldred et l’enroula autour de ses doigts avec amusement, non sans une certaine lascivité de circonstance. Avant de relever finalement les yeux vers lui, pour rétorquer d’un air minaudier :
- Les cheveux plus longs. Mmh. Je vois. Tu es bien réducteur, je trouve, Eldredounet.
Il fit mine de secouer la tête. Et passa la mèche de cheveux derrière l’oreille du guerrier sans hésiter une seule seconde. Avant de bondir sur ses pieds. Et s’il avait réussi à se détendre complètement, évoquer son père suffit à faire renaître la tension entre ses épaules. Il aurait juste aimé, parfois, un geste, un signe, un encouragement. Même infime. Il s’en serait contenté. Mais les choses ne venaient pas. Il n’aperçut pas le regard empli de sympathie de Eldred.
- Être moi-même, répéta-t-il, presque découragé tout à coup. Mais qui est-ce que je suis, au juste ?
La main posée sur son épaule eut quelque chose de rassurant. On ne lui avait jamais témoigné de soutien. C’était une étrange sensation. Qui fut cependant abrégée par sa remarque sur les surnoms.
- Tu vois, qu’est-ce que je disais ! renchérit-il. Il n’y a pas que moi qui soit expert en la matière, semblerait-il.
Ce fut son propre rire qui répondit. Ce genre de rire, spontané et inattendu, qui naît au creux du ventre et remonte dans la gorge, qu’il n’avait pas eu depuis plus de onze ans. L’exclamation de Eldred le surprit et il se tourna vers lui, qui venait de s’allonger à côté de lui, avec un air sincèrement interrogateur :
- Eh bien quoi ? Qu’est-ce qui y’a ?
Il finit par se relever, en même temps que Eldred, quand il fut définitivement calmé. Il avait oublié à quel point rire était une occupation fatigante. Sa main vint se porter naturellement à sa ceinture. Il dégagea son couteau et le retourna vers Eldred.
Un guerrier sans arme, n’était plus vraiment un guerrier. Or, Eldred en était incontestablement un. Et puisqu’il avait juré sur son couteau, la question ne se posait plus vraiment. Devant l’interrogation dans son regard, Alduis ne flancha pas. Il tendit simplement sa main avec plus d’insistance. Eldred finit par le prendre lentement et l’observa d’un oeil qui trahissait l’habitude.
- C’est un honneur de savoir que ce sera désormais la tienne, répondit-il sincèrement, avec un hochement de tête assuré.
Leurs regards se croisèrent. Alduis attendit sans broncher la condition.
- Tu dois me jurer que tu ne mourras que par ma main et par aucune autre.
Alduis hésita à peine.
Il frappa sa poitrine de son poing et s’inclina raidement.
Une promesse demandée, était une promesse donnée.
Et une promesse donnée, devait être respectée… dans la mesure où elle ne trahissait aucun autre serment.
- Tant que cette parole-ci n’en trahira aucune autre, je te jure solennellement, Eldred, que je te laisse l’exclusivité de m’ouvrir le ventre.
Il fit une pause, et ce fut très sérieusement qu’il ajouta, sans le quitter des yeux :
- Le jour où je ne serai plus là, veille sur Alexandre pour moi.
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Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred roula des yeux. Voyez-vous un expert en la matière. Quelque chose lui disait que ce n’était là que fanfaronnade de sa part et il se contenta de sourire sans rien répondre.
Jusqu’à ce baiser.
Qu’il lui avait rendu.
Parce qu’on ne s'avoue jamais vaincu quand on est un guerrier.
Peu importe le champ de bataille.
Eldred pencha la tête, sceptique qu’il était à sa capacité à garder sa tête sur ses épaules. Mais ce n’était rien par rapport à celle qui consistait à avoir les pieds sur terre. Alduis semblait habité d'une humeur polissonne qu’il se faisait une joie d'alimenter, même lorsqu’il attrapa une longue mèche de cheveux bruns pour jouer avec.
- A presque trente ans je sais ce que je veux. répondi-il d’un large sourire espiègle
Tu peux toujours essayer de te faire pousser les cheveux pour me séduire. Je suis sûre que tu seras très belle. Ceci dit… Il te manquera toujours quelque chose.
Il indiqua l’absence de rondeur de sa poitrine d'un geste entendu. Et puis surtout… Il avait beau avoir les yeux aussi bleus que Byrnja et des cheveux encore plus blonds, leur ressemblance s’arrêtait là, Dieux merci.
Sur ces charmantes paroles, ils se remirent en action. Il y avait un sujet us épineux qui attendait sur le feu : sa relation avec son père.
- Tu ne sais pas qui tu es ? Laisse-moi t’aider.
Il s'appuya sur un banc, mains derrière le dos et commença à faire le tour de tout ce qu’il savait sur lui. Le vrai lui. Pas celui qu’il essayait d’être, ou celui qu’il combattait dans son esprit.
- Tu es un excellent guerrier. Loyal. Honorable. Presque trop. Mais je suis bien incapable de te jeter la pierre sans la prendre à mon tour. Tu es un incorrigible provocateur mais tu sais aussi avoir un certain sens de l’humour. Tu es intelligent et tu as une mémoire phénoménal. Tu es parfois tempétueux et souvent sur la défensive. Mais j'ai certitude qu’on peut compter sur toi.
Évidemment il aurait pu lui dire qu’il était également instable, qu’il maîtrisait ses émotions aussi bien qu'un enfant de deux ans, qu’il s'égarait bien trop souvent dans les méandres de son esprit et qu’il pensait à la mort d'une façon déraisonnable. Mais ce n’était pas ce qu’il avait envie de lui transmettre, pas plus que ce n’était ce qu’il souhaitait retenir de lui.
Sans préambule, ils se laissèrent gagner par un fou rire communicatif. Quand Alduis lui avoua la date de son dernier il ne put retenir une exclamation.
- Ce qu’il y a ? Mais Alduis… Ça fait une éternité ! Tu te rends pas compte ?!
Comment avait-il fait pour tenir si longtemps sans rire ? Il avait ri si souvent. Même depuis la mort de Byrnja. Il n'avait jamais dû rester sans rire plus de trois mois… Et lui, cela faisait quoi… onze ans ?! Il était temps d’y remédier.
Il se relevèrent et Alduis détacha son couteau pour le lui tendre. Il lui offrait. Il se sentit touché de ce geste. Il n’y avait sans doute qu'eux pour savoir à quel point une arme était importante pour un guerrier. Et celle-ci, il en prendrait tout particulièrement soin. Elle revêtait une valeur si spécial à ses yeux. Mais si c’était l’arme qui devrait lui ouvrir le ventre alors il refusait qu’il puisse le faire lui-même. C’est pour cela qu’il lui fit promettre. Sa réponse ne fut que partiellement satisfaisante et il l’accueilli avec une petite pour avant de hocher la tête en signe d'acceptation. Combien de serment sur sa mort avait-il fait ?
Le jour où je ne serai plus là, veille sur Alexandre pour moi.
Le zakrotien faillit s’étouffer. Alexandre. Fais chier. Il croisa le sérieux de son regard. Il ne pouvait pas refuser quand bien même l'infirme l'horripilait. Il le lui demander parce qu’il était la seule personne en qui il avait suffisamment confiance.
Sans plus d’hésitation, il dégaina sa nouvelle lame et s'entailla la main d'un coup sec avant de la lui tendre.
- Je te jure de veiller sur lui s'il t'arrives malheur. il marque une pause avant d’ajouter Crois bien que je vais te garder en vie aussi longtemps que possible… Et tu as intérêt à me donner ton secret pour le supporter. Parce que tes beaux yeux ne suffiront pas à apaiser mon supplice.
S’occuper d'Alexandre jusqu’à la fin de ses jours… Fait chier… Il avait intérêt à mourir avant lui… Il regarda subitement la lame et déclara :
- Il faut la baptiser !
Il resta songeur un court instant avant de tracer en lettres de sang sur l'acier : ᛖᛁᚫᚠᛄᛚᚷᚦᚫ
- Eiðafylgða. Le serment qui guide. Qu'est-ce que tu en dis ?
Les cloches sonnèrent au dessus de leur tête. Il était plus que l'heure de rentrer. Il avait bien trop trainer en chemin. Il rangea la dague sous les plis de sa tunique, à l’abri des yeux indiscrets puis s'approcha d'Alduis. Il plongea ses yeux dans les siens avant de lui offrir une accolade.
- Merci, Alduis.
Il se recula et sans le quitter des yeux lui avoua :
- J’ai promis de protéger Dyonis.
Il le savait. Un jour sans doute, leurs chemins se recroiseraient et ce jour-là les circonstances feraient qu’ils ne seraient plus de nouveau que deux ennemis sur le champ de bataille. Tout le respect et l'amitié qu’il avait pour lui ne suffirait jamais à trahir sa parole. Lorsque ce jour arriverait, ils s'affronteraient comme à Efjaborg.
Il salua de la main et fit volte-face, retraversant la nef dans un pas lent avant de s’arrêter pour déclarer d'un ton plein d’ironie :
- Tu me manques déjà, mon lapin !
Jusqu’à ce baiser.
Qu’il lui avait rendu.
Parce qu’on ne s'avoue jamais vaincu quand on est un guerrier.
Peu importe le champ de bataille.
Eldred pencha la tête, sceptique qu’il était à sa capacité à garder sa tête sur ses épaules. Mais ce n’était rien par rapport à celle qui consistait à avoir les pieds sur terre. Alduis semblait habité d'une humeur polissonne qu’il se faisait une joie d'alimenter, même lorsqu’il attrapa une longue mèche de cheveux bruns pour jouer avec.
- A presque trente ans je sais ce que je veux. répondi-il d’un large sourire espiègle
Tu peux toujours essayer de te faire pousser les cheveux pour me séduire. Je suis sûre que tu seras très belle. Ceci dit… Il te manquera toujours quelque chose.
Il indiqua l’absence de rondeur de sa poitrine d'un geste entendu. Et puis surtout… Il avait beau avoir les yeux aussi bleus que Byrnja et des cheveux encore plus blonds, leur ressemblance s’arrêtait là, Dieux merci.
Sur ces charmantes paroles, ils se remirent en action. Il y avait un sujet us épineux qui attendait sur le feu : sa relation avec son père.
- Tu ne sais pas qui tu es ? Laisse-moi t’aider.
Il s'appuya sur un banc, mains derrière le dos et commença à faire le tour de tout ce qu’il savait sur lui. Le vrai lui. Pas celui qu’il essayait d’être, ou celui qu’il combattait dans son esprit.
- Tu es un excellent guerrier. Loyal. Honorable. Presque trop. Mais je suis bien incapable de te jeter la pierre sans la prendre à mon tour. Tu es un incorrigible provocateur mais tu sais aussi avoir un certain sens de l’humour. Tu es intelligent et tu as une mémoire phénoménal. Tu es parfois tempétueux et souvent sur la défensive. Mais j'ai certitude qu’on peut compter sur toi.
Évidemment il aurait pu lui dire qu’il était également instable, qu’il maîtrisait ses émotions aussi bien qu'un enfant de deux ans, qu’il s'égarait bien trop souvent dans les méandres de son esprit et qu’il pensait à la mort d'une façon déraisonnable. Mais ce n’était pas ce qu’il avait envie de lui transmettre, pas plus que ce n’était ce qu’il souhaitait retenir de lui.
Sans préambule, ils se laissèrent gagner par un fou rire communicatif. Quand Alduis lui avoua la date de son dernier il ne put retenir une exclamation.
- Ce qu’il y a ? Mais Alduis… Ça fait une éternité ! Tu te rends pas compte ?!
Comment avait-il fait pour tenir si longtemps sans rire ? Il avait ri si souvent. Même depuis la mort de Byrnja. Il n'avait jamais dû rester sans rire plus de trois mois… Et lui, cela faisait quoi… onze ans ?! Il était temps d’y remédier.
Il se relevèrent et Alduis détacha son couteau pour le lui tendre. Il lui offrait. Il se sentit touché de ce geste. Il n’y avait sans doute qu'eux pour savoir à quel point une arme était importante pour un guerrier. Et celle-ci, il en prendrait tout particulièrement soin. Elle revêtait une valeur si spécial à ses yeux. Mais si c’était l’arme qui devrait lui ouvrir le ventre alors il refusait qu’il puisse le faire lui-même. C’est pour cela qu’il lui fit promettre. Sa réponse ne fut que partiellement satisfaisante et il l’accueilli avec une petite pour avant de hocher la tête en signe d'acceptation. Combien de serment sur sa mort avait-il fait ?
Le jour où je ne serai plus là, veille sur Alexandre pour moi.
Le zakrotien faillit s’étouffer. Alexandre. Fais chier. Il croisa le sérieux de son regard. Il ne pouvait pas refuser quand bien même l'infirme l'horripilait. Il le lui demander parce qu’il était la seule personne en qui il avait suffisamment confiance.
Sans plus d’hésitation, il dégaina sa nouvelle lame et s'entailla la main d'un coup sec avant de la lui tendre.
- Je te jure de veiller sur lui s'il t'arrives malheur. il marque une pause avant d’ajouter Crois bien que je vais te garder en vie aussi longtemps que possible… Et tu as intérêt à me donner ton secret pour le supporter. Parce que tes beaux yeux ne suffiront pas à apaiser mon supplice.
S’occuper d'Alexandre jusqu’à la fin de ses jours… Fait chier… Il avait intérêt à mourir avant lui… Il regarda subitement la lame et déclara :
- Il faut la baptiser !
Il resta songeur un court instant avant de tracer en lettres de sang sur l'acier : ᛖᛁᚫᚠᛄᛚᚷᚦᚫ
- Eiðafylgða. Le serment qui guide. Qu'est-ce que tu en dis ?
Les cloches sonnèrent au dessus de leur tête. Il était plus que l'heure de rentrer. Il avait bien trop trainer en chemin. Il rangea la dague sous les plis de sa tunique, à l’abri des yeux indiscrets puis s'approcha d'Alduis. Il plongea ses yeux dans les siens avant de lui offrir une accolade.
- Merci, Alduis.
Il se recula et sans le quitter des yeux lui avoua :
- J’ai promis de protéger Dyonis.
Il le savait. Un jour sans doute, leurs chemins se recroiseraient et ce jour-là les circonstances feraient qu’ils ne seraient plus de nouveau que deux ennemis sur le champ de bataille. Tout le respect et l'amitié qu’il avait pour lui ne suffirait jamais à trahir sa parole. Lorsque ce jour arriverait, ils s'affronteraient comme à Efjaborg.
Il salua de la main et fit volte-face, retraversant la nef dans un pas lent avant de s’arrêter pour déclarer d'un ton plein d’ironie :
- Tu me manques déjà, mon lapin !
Re: [5 décembre 1597] - Les bons comptes font les bons amis [terminé]
Eldred savait ce qu’il voulait. Il arrivait des instants où Alduis, lui, ne savait plus. Mais pour une fois, les choses s’étaient clarifiées dans sa tête. Et cette absence momentanée de voix pour troubler sa réflexion était la bienvenue. Elles reviendraient, il ne se faisait pas vraiment d’illusion, mais il savait profiter des moments où elles le laissaient en paix.
- Mais enfin, Eldredounet… Si j’avais de la poitrine, ce serait beaucoup moins amusant de te draguer ! Ça marcherait ! Où serait le défi alors ?
Et puis, il n’avait aucune envie d’être une femme. Largement aucune. Sur ce plan-là, au moins, il savait qui il était. Ce qui changeait du reste… où il était bien incapable de se décrire lui-même. Eldred s’appuya au banc. La description qui franchit alors ses lèvres lui sembla si flatteuse qu’il lui jeta un regard pour être sûr qu’il ne plaisantait pas. Mais non. Le zakrotien était parfaitement sérieux.
Alors il était un guerrier honorable ? Vraiment ? C’était bien la première fois que quelqu’un le lui disait de cette manière. Et cela le toucha. Il y avait cette marque de respect qui transparaissait chez Eldred, et qui faisait écho à celle qu’il y avait en lui. Le respect de deux guerriers qui se s’étaient affrontés et qui, somme toute, s’appréciaient surprenamment. Car oui, étrangement, Alduis appréciait le zakrotien. Il n’aurait pas cru dire cela un jour, mais c’était bel et bien le cas.
Bien sûr, Alduis n’était pas tout à fait dupe. Il avait parfaitement conscience que ce n’était pas là les uniques choses que l’on pouvait dire sur lui. Les voix en était une, non négligeable, mais Eldred ne les nomma cependant pas et Alduis l’en remercia silencieusement. Il aurait été bête de risquer de les faire revenir.
C’était bien plus agréable de rire. Cela faisait si longtemps qu’il en avait oublié ce que c’était. Si on lui avait dit qu’en entrant dans cette église, quelques temps plus tôt, il finirait couché par terre au milieu des bibelots religieux à côté d’un zakrotien, il n’y aurait jamais cru. Et pourtant si. Aussi absurde que cela paraissait. Il aurait essayé de comprendre qu’il n’y serait pas parvenu. Mais pour une fois, il avait conscience que cela ne servirait à rien. Et que vivre l’instant présent suffisait.
- Mais Alduis… Ça fait une éternité ! Tu te rends pas compte ?!
Alduis haussa les épaules. Onze ans, quand on se souvenait de chaque jour, c’était à la fois terriblement court et terriblement long. Le temps était une chose si précise pour Alduis que sa vision en était irrémédiablement tronquée. Onze ans. Qu’est-ce que c’était, sur l’enfilement ininterrompu des jours ? Au final, cela importait peut.
En lui offrant son couteau, il vit bien que sa promesse ne lui plaisait que moyennement. Mais que dire de plus ? Il ne donnait que des serments qu’il pouvait tenir. A quoi bon promettre, quand on savait dores et déjà que les choses se dérouleraient autrement ? Chaque parole devait cohabiter avec celle déjà données. C’étaient les faits. Alors oui, il avait déjà prévu sa mort de bien des manières… et il ne pouvait revenir dessus. Sinon, c’était briser la seule chose en laquelle il croyait sincèrement : l’honneur.
Mais il savait que Eldred et lui se comprenaient sur ce point-là. C’était peut-être bien l’une des seules personnes qui partageaient son point de vue. C’était une chose certaine, tandis que le guerrier s’écorchait la main et la lui tendait. Alduis la serra avec la gauche, celle avec laquelle il s’était coupé quelques temps plus tôt. Les serments dans le sang étaient les plus inviolables de tous.
Il avait conscience que les babillages incessants de Alexandre pesaient sur les nerfs de quelques uns. Mais lui, il aimait bien. Après tout, c'était ce qui se passait continuellement dans sa tête, autant écouter quelque chose qui était tangible.
- Je te donnerai mon secret une prochaine fois, fit-il en faisant mine de papillonner des yeux, tout à fait ironiquement. Comme ça, tu seras bien obligé de revenir me voir, petit bichon.
Baissant les yeux sur la lame, Eldred lui donna aussitôt un nom. Chose qu'Alduis n'avait jamais fait. Pourtant, il savait ô combien un prénom avait un puissant pouvoir. Mais il considérait plus ses armes comme des extensions directes de son âme que comme des objets à part.
Il acquiesça à la proposition de Eldred. Il n'avait en soi, rien à en dire. C'était désormais le couteau du guerrier, plus le sien. Mais ce nom sonna juste. Il aimait.
Comme la cloche sonnait, Eldred s'agita. Signe de la séparation. Il s'approcha alors, plongea ses yeux dans les siens et lui donna alors une brève accolade. Une seconde, Alduis resta interloqué mais ses remerciements le remirent en action. Il lui rendit son étreinte, tout aussi rapidement, sans un mot, manière de signifier qu'il avait passé un bon moment.
Un excellent moment, même.
Et même si Dyonis se dresserait inévitablement entre eux deux, cela n'enlèverait rien à la valeur de ce moment. Il hocha la tête vigoureusement.
- Je n'oublierai pas cette journée, conclut-il, et c'était peu de le dire venant de lui.
Déjà, Eldred se dirigeait vers la porte de l'église pour la quitter. Au dernier moment, il se retourna pour lui adresser une ultime pique. Ce à quoi Alduis répondit par un salut comique :
- Tâches de ne pas trop te morfondre quand même, Eldredounet !
- Mais enfin, Eldredounet… Si j’avais de la poitrine, ce serait beaucoup moins amusant de te draguer ! Ça marcherait ! Où serait le défi alors ?
Et puis, il n’avait aucune envie d’être une femme. Largement aucune. Sur ce plan-là, au moins, il savait qui il était. Ce qui changeait du reste… où il était bien incapable de se décrire lui-même. Eldred s’appuya au banc. La description qui franchit alors ses lèvres lui sembla si flatteuse qu’il lui jeta un regard pour être sûr qu’il ne plaisantait pas. Mais non. Le zakrotien était parfaitement sérieux.
Alors il était un guerrier honorable ? Vraiment ? C’était bien la première fois que quelqu’un le lui disait de cette manière. Et cela le toucha. Il y avait cette marque de respect qui transparaissait chez Eldred, et qui faisait écho à celle qu’il y avait en lui. Le respect de deux guerriers qui se s’étaient affrontés et qui, somme toute, s’appréciaient surprenamment. Car oui, étrangement, Alduis appréciait le zakrotien. Il n’aurait pas cru dire cela un jour, mais c’était bel et bien le cas.
Bien sûr, Alduis n’était pas tout à fait dupe. Il avait parfaitement conscience que ce n’était pas là les uniques choses que l’on pouvait dire sur lui. Les voix en était une, non négligeable, mais Eldred ne les nomma cependant pas et Alduis l’en remercia silencieusement. Il aurait été bête de risquer de les faire revenir.
C’était bien plus agréable de rire. Cela faisait si longtemps qu’il en avait oublié ce que c’était. Si on lui avait dit qu’en entrant dans cette église, quelques temps plus tôt, il finirait couché par terre au milieu des bibelots religieux à côté d’un zakrotien, il n’y aurait jamais cru. Et pourtant si. Aussi absurde que cela paraissait. Il aurait essayé de comprendre qu’il n’y serait pas parvenu. Mais pour une fois, il avait conscience que cela ne servirait à rien. Et que vivre l’instant présent suffisait.
- Mais Alduis… Ça fait une éternité ! Tu te rends pas compte ?!
Alduis haussa les épaules. Onze ans, quand on se souvenait de chaque jour, c’était à la fois terriblement court et terriblement long. Le temps était une chose si précise pour Alduis que sa vision en était irrémédiablement tronquée. Onze ans. Qu’est-ce que c’était, sur l’enfilement ininterrompu des jours ? Au final, cela importait peut.
En lui offrant son couteau, il vit bien que sa promesse ne lui plaisait que moyennement. Mais que dire de plus ? Il ne donnait que des serments qu’il pouvait tenir. A quoi bon promettre, quand on savait dores et déjà que les choses se dérouleraient autrement ? Chaque parole devait cohabiter avec celle déjà données. C’étaient les faits. Alors oui, il avait déjà prévu sa mort de bien des manières… et il ne pouvait revenir dessus. Sinon, c’était briser la seule chose en laquelle il croyait sincèrement : l’honneur.
Mais il savait que Eldred et lui se comprenaient sur ce point-là. C’était peut-être bien l’une des seules personnes qui partageaient son point de vue. C’était une chose certaine, tandis que le guerrier s’écorchait la main et la lui tendait. Alduis la serra avec la gauche, celle avec laquelle il s’était coupé quelques temps plus tôt. Les serments dans le sang étaient les plus inviolables de tous.
Il avait conscience que les babillages incessants de Alexandre pesaient sur les nerfs de quelques uns. Mais lui, il aimait bien. Après tout, c'était ce qui se passait continuellement dans sa tête, autant écouter quelque chose qui était tangible.
- Je te donnerai mon secret une prochaine fois, fit-il en faisant mine de papillonner des yeux, tout à fait ironiquement. Comme ça, tu seras bien obligé de revenir me voir, petit bichon.
Baissant les yeux sur la lame, Eldred lui donna aussitôt un nom. Chose qu'Alduis n'avait jamais fait. Pourtant, il savait ô combien un prénom avait un puissant pouvoir. Mais il considérait plus ses armes comme des extensions directes de son âme que comme des objets à part.
Il acquiesça à la proposition de Eldred. Il n'avait en soi, rien à en dire. C'était désormais le couteau du guerrier, plus le sien. Mais ce nom sonna juste. Il aimait.
Comme la cloche sonnait, Eldred s'agita. Signe de la séparation. Il s'approcha alors, plongea ses yeux dans les siens et lui donna alors une brève accolade. Une seconde, Alduis resta interloqué mais ses remerciements le remirent en action. Il lui rendit son étreinte, tout aussi rapidement, sans un mot, manière de signifier qu'il avait passé un bon moment.
Un excellent moment, même.
Et même si Dyonis se dresserait inévitablement entre eux deux, cela n'enlèverait rien à la valeur de ce moment. Il hocha la tête vigoureusement.
- Je n'oublierai pas cette journée, conclut-il, et c'était peu de le dire venant de lui.
Déjà, Eldred se dirigeait vers la porte de l'église pour la quitter. Au dernier moment, il se retourna pour lui adresser une ultime pique. Ce à quoi Alduis répondit par un salut comique :
- Tâches de ne pas trop te morfondre quand même, Eldredounet !
Alduis de Fromart- Aristocratie
- Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
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