[30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
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[30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Soit : manifestement - et cela n’avait rien d’une surprise - se ressaisir n’était pas dans le vocabulaire de ce cher Thierry. Elle n’en savait guère plus, mais même si elle ne l’avait côtoyé que quinze jours - avait-ce vraiment été si court ? - elle se doutait bien que sa remise en liberté n’avait rien amené de bien glorieux. Il suffisait de voir dans quel état - et avec dix minutes de retard, par dessus le marché, il se moquait vraiment du monde ! - il s’était présenté à ses fameuses excuses.
Lucinde fut surprise, tout de même, du lieu où on la déposa. Surprise qu’il ait passé la dernière semaine dans un endroit pareil. Toutefois, elle ne mit pas longtemps à deviner l’identité de son mystérieux bienfaiteur. Soit. Sans qu’elle ne puisse déterminer pourquoi, le chemins qu’avait pris la voiture lui rappelait quelque chose. Quelque chose de stupide, mais qui ne lui revenait pas.
Confiante, elle s’avança vers l’entrée, bien curieuse de rencontrer le gamin - d’âge, celui-là - qu’on l’envoyait chercher. La bonne nouvelle, songea-t-elle, c’était qu’il n’aurait pas pu être plus exaspérant que son géniteur.
— Bonjour, salua-t-elle quand on vint à sa rencontre. Lucinde Tiéran, je..
Un instant, elle fut troublée. Elle venait de comprendre quels détails avaient chatouillés sa mémoire. Et quelle inquiétude cela ressassait. Des détails qui la perturbèrent un instant, si bien qu’elle en oublia presque ce qu’elle faisait ici.
— Est-ce bien ici que réside monsieur d’Anjou ? se reprit-elle, en sachant pertinnement que ce n’était pas ce qu’elle avait prévu de dire. Cela valait bien la peine de se faire remettre les pendules à l’heure par Marie-Laurence si c’était pour déjà se laisser distraire par ses fantômes.
Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Matthias, 32 ans
Était-il possible de rendre Thierry d’Anjou encore plus pénible qu’il ne l’était ? Oui. Mille fois oui. Et ce n’était pas la journée de paix obtenue par son inconscience qui changeait quoi que ce soit. Il confessait même avoir prié le Très-Haut de le gratifier d’une extinction de voix afin de préserver les occupants du manoir de tout accès de folie. À la fin de la journée, il avait dû se résigner à faire évacuer les chevaux rendus nerveux par ses plaintes incessantes. Les quelques équidés présents servant majoritairement au trait avaient donc rejoint les vaches dans l’étable tandis que les porcs en avaient été évacués pour prendre place aux écuries. Ses nouveaux colocataires s’offusquaient moins de leur bruyant voisin et tout le monde – excepté les domestiques – était bien plus heureux.
Parmi ses lamentations incessantes allant de « j’ai maaaaaaaaaaal » à « j’ai faiiiiiiiim » en passant par « cette bouillie est infââââme », il y avait également eu « je veux voir un docteur » ou sa variante plus extrémiste « je vais mourir, il me faut un prêtre » et tant d’autres qu’il serait bien trop fastidieux d’en dresser une liste exhaustive et non redondante. Alors qu’il suffisait d’un simple coup d’œil pour voir qu’il n’avait rien de bien méchant : un nez enflé et cabossé agrémenté sans doute d’une ou deux côtes cassées. Oh, il n’allait pas dire que cela ne lui était jamais arrivé tout de même, si ? Ah… C’est vrai que nous avions oublié avoir à faire à l’être le plus lâche du Saint Empire Monbrinien. Celui qui laissait en plan son petit pour fuir d’une taverne.
Quand bien même le supporter était réellement devenu un combat de chaque instant, Matthias gardait le sourire en songeant au jour où il lui ferait se adieux depuis le perron. La seule chose qui l’embêtait réellement dans l’histoire, c’était ce pauvre Sébastien qui n’avait rien demandé à personne et certainement pas d’avoir un tel benêt pour père. Il comprenait parfaitement la position du vicomte et ne pouvait que l’approuver : il était hors de question d’aider ce parasite y compris indirectement. C’était son fils, c’était à lui de l’assumer. Ce dont… il se fichait éperdument. Heureusement, Alexandre avait demandé au Seigneur de Frenn s’il pouvait l’accepter à son domaine, chose qu’il avait étonnamment facilement acceptée. S’il ne connaissait pas l’homme, il aurait juré l’avoir fait sciemment pour agacer le ministre. C’était aujourd’hui qu’un membre du personnel du domaine devait venir récupérer le garçon. Un comble que de le voir partir avant sa lavette de père ! Si ce n’était pas pour le sieur de Fromart, Matthias l’aurait volontiers accueilli chez lui. Il était incomparablement plus agréable que cette fontaine de lamentations qui inondait autant les écuries que le manoir lui-même.
Quelque temps plus tard, une jeune femme à la chevelure flamboyante se présenta, le regard un peu perdu, au manoir. Son visage ne lui disait rien, pas plus que son nom lorsqu’elle se présenta. Était-elle venue consoler l’ancien curé ? Une ex-paroissienne peut-être ? Il fallait dire que ces derniers jours, aucune servante n’avait osé s’en approcher et que les repas étaient déposés dans un silence religieux (ce qui devait lui rappeler de bons souvenirs, sans parler du fait qu’il meublait suffisamment l’air à lui tout seul). Ou peut-être venait-elle lui présenter l’un de ses bâtards vivants ? Après tout, les nouvelles allaient bien vite parfois… Par habitude, ses yeux scrutèrent brièvement ses doigts à la recherche d’un indice sur son état matrimonial.
À sa question, il esquissa un sourire très légèrement amusé :
— Mes excuses, Mademoiselle, nous n’avons personne de ce nom ici. En revanche, nous avons un porc fort bruyant. Vous le trouverez dans les écuries fraichement reconverties en porcherie.
Il s’inclina poliment puis lui indiqua la localisation du bâtiment à travers la fenêtre lorsqu’un râle qui ressemblait vaguement à « tuez-moi » (avec grand plaisir.) traversa le carreau légèrement étouffé et déformé par la maigre barrière minérale. Il roula des yeux en haussant les épaules.
— Si cela concerne l’un de ses enfants, sachez que c’est inutile : ils sont tous morts voyez-vous.
Coldris de Fromart- Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar
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Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
En réalité, elle était plus que décidée à ne pas se confronter gratuitement à ce déchet de l’humanité - c’était tout de même bien dommage de ne pouvoir exaucer le souhait qu’il beuglait.
— Je comprends, soupira-t-elle.
On lui fit alors une annoncer vraiment troublante. Son visage se décomposa brièvement. Ses lèvres se pincèrent. Il devait y avoir une explication rationnelle à cette déclaration, mais elle ne mit pas le doigt dessus.
— C’est… hmmm… fâcheux... Son ton se raffermit pour la suite : Il se trouve que c’était là précisément le motif de ma venue. - brève pause - Je suis envoyée par le baron de Frenn pour récupérer l’un d'eux qui, selon mes informations, se trouverait également ici.
Elle tourna une fois de plus le regard dans la direction des cris d’agonie avant de se permettre une petite indiscrétion. Toute petite. Surtout pour tester la perspicacité de son interlocuteur, à vrai dire :
— Pardonnez-moi… Avec combien de souris l’avez-vous enfermé pour générer des telles nuisances sonores ?
Quoi qu'à bien y penser, il n'y avait même pas besoin de l'aider pour ça.
Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Matthias, 32 ans
Il avait accueilli cette femme inconnue au manoir qui demandait après le porc à l’article de la mort couinant à s’en rendre sourd. Quelques jours plus tôt, il aurait sans doute envisager qu’elle soit une catin envoyée par Alexandre en guise de cadeau relationnel, mais compte tenu des derniers évènements, cela aurait été suicidaire de sa part et puis il ne devait plus disposer de fonds désormais… Il opta donc pour une ancienne maitresse. Vu comme le phallus ambulant pouvait être bruyant, on avait peut-être bien appris en ville que le curé débauché récupérait finalement ceux qu’il avait semés – à bon entendeur –…
D’ailleurs sa déclaration au sujet des bâtards semblait tant et si bien la troubler qu’il songea immédiatement que son hypothèse fut juste. Enfin… Jusqu’à ce qu’elle n’évoque le baron de Frenn et qu’il ne fronce sérieusement les sourcils en comprenant que c’était elle qui venait récupérer Sébastien. Il souffla un petit rire gêné en s’inclinant.
— Mes excuses, Mademoiselle. J’ai terriblement honte de ma méprise, mais sur l’instant, étant donné que vous aviez mentionné l’ancien curé j’ai songé que vous n’aviez quelque affaire de descendance à régler avec lui. Or, ce sont là ses propres mots que j’ai prononcés... Celui que vous cherchez se trouve bien ici, soyez rassurée.
Elle se tourna vers la fenêtre et un nouveau « j’ai maaaaaaaal, sauvez-moiiiiii » rompit la sérénité des lieux de cette horripilante voix.
— Pardonnez-moi… Avec combien de souris l’avez-vous enfermé pour générer des telles nuisances sonores ?
Matthias arqua les sourcils en viaduc à la mention des souris. Souris ? Ils s’abaissèrent aussitôt sur ses yeux bruns : il ne devait pas y avoir cinquante personnes au courant de cette particularité, alors c’était elle, la nourrice ? Un large sourire s’étira.
— Un certain nombre très indubitablement. Comme vous le savez, les rongeurs apprécient la paille et Monsieur se trouve en ce moment dans une stalle des écuries… Il souffla un petit rire, cependant c’est au vicomte que vous devez ces vociférations : ils ont eu une explication des plus musclées il y a quelques jours. Venez je vais vous conduire au petit, ajouta-t-il en l’invitant à le suivre.
Tout en marchant, il se décida à lui raconter l’une de ses plus savoureuses victoires, après tout il avait tous deux survécu à sa garde…
— A vrai dire je n’ai pas eu à sortir de souris, simplement à les mentionner, (une pause) mais j’ai trouvé une technique tout aussi efficace selon le contexte. Figurez-vous qu’un soir, il est rentré si épuisé qu’il s’est endormi comme une étron dans le hall. Alors, je l’ai fait déplacé dans un endroit « plus approprié ». (sourire malicieux) lorsqu’il s’est réveillé le lendemain matin, il était persuadé de s’être endormi dans les latrines et en est ressorti des plus honteux. J’ai ainsi obtenu une journée entière de paix au manoir.
Matthias, ouvrit une porte d’une main puis la laissa entrer avant de refermer derrière eux.
— Je vous présente Sébastien, Mademoiselle. Il vous causera assurément moins de soucis que votre précédent bambin braillard.
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Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Depuis plusieurs jours, le manoir résonnait des cris de son père qui affirmerait être l'article de la mort. C'était vraiment pénible. Sébastien essaya de se focaliser sur ses exercices d'écriture mais les cris qui parvenaient depuis l'écurie brisaient sa concentration. Il avait même renversé de l'encre, horrifié, sur sa feuille. Lors de la seconde journée, le garçon demanda la permission à Matthias de pouvoir passer le temps à l'église. L'intendant le lui accorda bien volontiers et Lucie le mena à un lieu de culte agréable. Les fidèles ne le jugeaient même pas d'apercevoir un petit infirme en fauteuil. L'enfant apprécia d'écouter la messe et de contempler avec apaisement le prêtre célébrer les divers rites. il pria aussi beaucoup. Surtout pour son frère. Pour que celui-ci ne subisse pas les foudres du vicomte pour les bêtises de leur père. Mais ça serait méchant d'agir comme ça. Le vicomte était un chevalier brave et honnête. Il ne châtierait pas Alexandre pour les fautes de leur père.
Lors de l'après-midi de la seconde journée passée à l'église, Lucie ramena l'enfant au manoir vers les vêpres et les cris semblaient d'être calmés. Avec le temps, les douleurs de Thierry se calmaient un peu. Sébastien se demandait même s'il ne pourrait pas faire durer sa convalescence. L'un de ses frères, pour ne pas retourner trop tôt au travail, chez un employeur qui le maltraitait, avait une fois simulé que sa jambe cassée ne guérissait. Jusqu'au moment où leur mère avait décidé de juger de sa blessure en le privant de nourriture. Durant la nuit, elle l'avait alors découvert à se servir discrètement dans les placards. Le garçon se disait qu'il pourrait peut-être en parler à Matthias. Quoique... Non, c'était pas chrétien de dénoncer une personne. Même un paresseux et un malhonnête.
Alors qu'il travaillait à son écriture, Sébastien reçut la visite d'Alexandre et s'étonna que celui-ci garde son manteau. Son frère expliqua ne pas pouvoir rester car son maitre lui avait donné beaucoup de travail. Il s'excusa de ne pas lui avoir révéla son statut et expliqua vouloir attendre que le petit garçon digère tous les changements pour lui apprendre de nouvelles informations. Il lui annonça ensuite qu'il ne le laisserait pas retourner dans son ancienne famille mais avait réussi à persuader l'une de ses relations, un noble digne de ses fonctions, généreux, qui l'accueillerait et saurait s'occuper correctement de son sort. Sébastien hocha timidement de la tête, anxieux de ces nouveaux bouleversements. Alexandre ne put trop s'absenter, rappelé à l'ordre par un garde qui l'escortait, au bout de vingt minutes, en lui rapportant qu'ils devaient retourner à Fromart.
Depuis, l'enfant se posait toutes sortes de questions. Comment il allait être ce noble qui allait l'accueillir ? Alexandre avait affirmé que c'était une bonne personne. En tous les cas, elle lui offrirait de bonnes conditions de vie. Son frère ne le laisserait jamais aller là où il serait encore maltraité. Tout allait bien. Tout irait bien.
Lorsque la porte de la bibliothèque s'ouvrit finalement, Sébastien découvrit Matthias, accompagné d'une belle femme rousse. Il sourit timidement. L'intendant le présentait et le comparait à un bambim braillard que la dame aurait gardé. Alors, ça alalit être sa nouvelle nourrice ? Le garçon fit rouler doucement son fauteuil malgré les douleurs à ses bras et s'inclina poliment. Il murmura d'une petite voix :
"Bonjour mademoiselle. Je me nomme Sébastien Monnier. Enchanté de faire votre connaissance."
Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
L’incapacité du prêtre révoqué à se montrer discrète donna à Lucinde l’occasion de vérifier quelles informations possédait son interlocuteur. A son sourire, elle comprit que la perche tendue avait été comprises. Ils revenaient des mêmes déboires. Quoi que, sans vouloir se plaindre d’une situation qui avait été certainement meilleure que de dormir dans la rue, elle avait tendance à penser qu’elle avait dû supporter plus conséquent.
La comptable acquiesça d’évidence à la première réponse de son vis-à-vis. Vu ainsi, la question avait été peut-être un peu bête, mais elle conservait le mérite d’avoir rempli son objectif. La seconde lui fit secouer la tête de dépit. Le même vicomte dont il avait clamé l’impuissance pas deux jours avant d’aller implorer son aide. La rouquine ignorait ce qui avait bien pu se passer, mais si les motifs du ministre n’avaient pas été valables, ils eurent été largement compensés par tout ce que cet idiot avait bien pu faire et ce n’était pas elle qui irait se plaindre.
— Il a manifestement oublié d’en apprendre à se taire, fit-elle remarquer avant de d’enboîter le pas à l’intendant qui affirmait la conduire à l’enfant qu’elle venait chercher.
Enfin, en même temps, elle doutait que le Thierry qu’elle avait côtoyer fut capable de la fermer. Même quand il se faisait cogner, d’ailleurs, de ce qu’elle avait pu en voir lorsqu’Eldred était venu à Saint-Eustache. Enfin, sa retenue naturelle comme professionnelle l’empêcha de poser la moindre question supplémentaire sur les évènements. Elle ne s’en sentit pas particulièrement frustrée.
Alors que l’homme reprenait la parole, Lucinde fut presque surprise qu’il n’ait pas eu besoin de souris. Qu’il devait être pratique de dépendre directement d’un de ceux qui savaient faire ramper cet imbécile de Thierry - “un de ceux”, car elle ne doutait pas que ce fasse de même avec n’importe qui ayant soit du pouvoir soit des poings à diriger contre lui. Enfin, il fallait dire que de souris, Thierry avait eu sa dose.
L’anecdote lui arracha un sourire amusé malgré elle. Quelque part, elle aurait bien aimé savoir ce que donnait Thierry faisant profil bas - était-ce seulement possible ? - mais voilà, ne plus le voir du tout était encore plus agréable.
— Je n’y aurais pas pensé, salua-t-elle de bon coeur.
Cela lui aurait peut-être épargné l’étalage de ses talents artistiques dans le clocher ou ses vocalises nocturnes. Elle avait la rigueur, mais peut-être pas l’imagination pour rivaliser avec ses enfantillages.
Enfin, comme on arrivait dans la pièce où se trouvait son paquet, elle laissa la conversation pour y entrer. Sébastien, donc, comme le précisèrent à la fois l’adulte - auquel elle s’abstint de rappeler que l’on pouvait difficilement faire pire que l’ancien prêtre - et l’enfant. L’air sérieux qu’elle avait essayé de se composer fondit aussitôt en une mine attendrie. Bien qu'elle ait noté l'information, elle ne fit pas mine de remarquer le fauteuil dans lequel il était consigné.
— Bonjour, Sébastien. Enchantée également, je suis Lucinde Tiéran, c’est moi que l’on a chargée de te ramener à Frenn, lui expliqua-t-elle d’une voix posée. Es-tu prêt ?, s’enquit-elle. Te l’avait-on expliqué ?
Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Sébastien contemplait la dame qui s'avançait vers lui d'un air timide. Elle avait l'air gentille. Un peu comme l'était Lucie. Lucie... Il ne la reverrait plus quand il aurait quitté le manoir ? Au matin, en s'occupant de ses soins, elle avait assuré qu'elle aurait d'autres tâches. Qu'elle ne s'ennuierait pas. C'était surtout lui qui risquait de s'ennuyer d'elle. Et si on ne s'occupait pas aussi bien de lui ? Et si on l'enfermait encore dans une pièce, sans plus jamais voir la lumière du jour ? Mais il ne pouvait pas décider autrement. Il n'était qu'un enfant piégé dans un corps qui refusait d'obéir. Malgré tout, le garçon continua de sourire.
"Alors... Vous êtes ma nouvelle nourrice, c'est ça ?"
Est-ce qu'il était prêt ? Bien sûr. A part l'abécédaire que son frère lui avait réalisé, avec de si beaux dessins et de si belles lettes, il ne possédait rien. L'enfant avait glissé la feuille sous ses jambes pour être certain de ne pas l'oublier. Il opina de la tête.
"Oui, oui, je suis prêt. Et Alexandre m'a tout expliqué. Le seigneur de Frenn a eu la gentillesse de me recueillir. C'est un ami de mon frère alors ? Alexandre a autant d'ami parmi la noblesse ?"
En réalité, Sébastien aurait préféré poser des questions sur le sort que l'on lui réservait. Comment on allait s'occuper de lui. Mais ça ne serait sûrement poli. Son père lui avait dit qu'il ne devait pas hésiter à poser des questions. Sauf que son père.. Non, il ne pouvait faire confiance à aucune parole qui sortait de sa bouche. Alors il préférait parler de son grand frère. C'était un meilleur sujet.
"Alexandre ne m'a pas dit où il vivait. C'est en ville ?"
Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Matthias, 32 ans
Matthias lui avait fait un succinct résumé de ses techniques de dressage du dénommé Thierry d’Anjou. Au moins ne lui en tint-elle pas rigueur de sa méprise au sujet de son identité. C’était déjà ça. D’ailleurs elle sembla même s’amuser de l’anecdote et l’intendant lui rendit bien volontiers son sourire amusé. Dommage qu’il n’ait guère plus le temps d’échanger sur le sujet, ils en auraient sans doute ri de bon cœur en repensant à toutes leurs mésaventures respectives.
— Eh bien à l’occasion, je pourrais vous conter d’autres pépites de ces derniers jours si cela vous intéresse. Comme les bains froids ou la mule.
Ils arrivèrent devant Sébastien et les présentations furent faites. Il pouvait sentir l’inquiétude du garçon, pourtant il n’avait pas à s’en faire, c’était une personne de confiance, droite, pieuse et honnête. Il corrigea cependant le garçon d’un raclement de gorge.
— Une relation plus exactement. Il ne s’agit pas d’un ami. D’ailleurs, tu l’ignores peut-être, mais il s’agit du Premier Conseiller de notre Empire. Tu n’as pas à tracasser, Sébastien, c’est un homme bon et Mademoiselle Tiéran également je n’en ai aucun doute.
Pour le reste, il préféra la laisser et répondre, s’effaçant légèrement pour les laisser faire connaissance avant leur départ. Dire qu’il allait encore devoir supporter le père quelques jours ! Il était prêt à parier qu’il devrait le jeter dehors à coup de balai dans le postérieur. En attendant, il allait devoir ruser pour obtenir le silence…
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Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
— Pas tout à fait, le reprit-elle. Mais si tu as besoin de moi, je pourrai toujours venir te voir quand je n’aurai pas trop de travail.
Prétendre simplement qu’elle avait mieux à faire eut été inutilement blessant et le petit ne méritait pas cela. Ses lèvres se pincèrent à la seconde question, et elle ne put que confirmer les rectification de l’intendant d’un discret hochement de tête. L’ambition c’était bien joli - et pour qui cela intéressait, elle ne pouvait qu’approuver qu’on y mette les moyens - mais il ne fallait pas trop se surestimer non plus.
— Non, pas en ville, mais ce n’est pas bien loin. Nous allons faire le voyage ensemble. Tu y seras certainement très bien, ne t’en fais pas. Oh, mais nous n’allons peut-être pas abuser démesurément du temps de Monsieur… qui ne s’était pas présenté, remarqua-t-elle seulement. Tu auras tout le temps de poser tes questions dans la voiture, qu’en dis-tu ? As-tu besoin de saluer quelqu’un avant de partir ?
Re: [30 janvier 1598] - Sur les traces d'une rédemption avortée
Sébastien observait avec inquiétude cette jeune femme qui venait le chercher pour l'amener dans un nouvel endroit inconnu. Ce n'était pas sa nourrice. C'était seulement une domestique à qui on avait demandé de passer en ville récupérer le colis encombrant au manoir du vicomte de Fromart. Il releva alors la tête à la correction qu'apportait Matthias sur la personne qui avait accepté de le recueillir. Le Premier Conseiller de l'empire ? Rien que ça ? Son grand frère avait décidément des relatons très puissantes pour un simple esclave. Il l'interrogerait peut-être, quand il aurait le temps, surtout il avait pu connaître un homme celui-là. Assurément, ça ne devait pas être u marché en achetant une botte de poireaux. Le garçon remercia poliment l'intendant pour sa précision.
"Merci beaucoup du renseignement, Matthias, et de m'avoir gentiment hébergé ici. Et pour m'avoir laissé aller plusieurs fois à l'église. par contre, vous êtes bien un menteur. Vous ne m'avez pas mangé !"
L'enfant lui adressa un sourire espiègle en rappelant d'un regard complice leur première rencontre. La dame ne comprendrait pas. Tant pis. Si elle posait la question, il lui expliquerait. Elle en rigolerait sûrement. Il se tourna vers elle.
"Non, j'ai dit au revoir à Lucie au matin. Et j'ai pas d'affaires à prendre. On peut y aller si vous voulez."
Sébastien tourna la tête vers l'intendant et salua poliment.
"Bonne continuation à vous, Matthias, et bon courage pour vos oreilles, à vous et à toutes les personnes présentes au manoir."
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