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[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn

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Message par Coldris de Fromart Mar 27 Oct - 8:11

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 Sn7y
Coldris, 21 ans

C’était une journée parfaitement ordinaire. Comme d’ordinaire, il était vêtu de jais.
Comme d'ordinaire, il venait d'achever sa charge de secrétaire d’État.
Comme d’ordinaire, il rentrait chez lui avant de décider ce dont il adviendrait de sa soirée et dans quel salon bien en vue il irait se montrer.

- Mademoiselle de Farnende vous attend dans le salon, Messire

La voix de Léonilde le figea sur place bouleversant son quotidien millimétré.

Aurélia.

Aurélia était là. Pourquoi son cœur se mit-il soudainement à bondir comme un petit cabri ?
Aurélia était là. Elle avait résolu l'énigme.
Aurélia était là. Elle était passé outre sa plaisanterie de mauvais goût. Ou bien peut-être venait-elle chercher vengeance ce soir ? Mais qu’importe…
Aurélia était là, bousculant inopinément cette vie qu’il contrôlait parfaitement. Elle était ce petit grain de folie qui venait dérégler l’horlogerie de sa vie.

Lui, qui d’ordinaire était si calme et si maître de lui-même ne put s'empêcher de traverser le corridor à grandes enjambées. L’inattendue le rendait fou à lui en faire perdre ses moyens.

Où donc était passé cet esprit calculateur et rationnel qui était le sien ?

Il passa le seuil du salon.

Pas d'Aurélia.
 
Il pénétra plus profondément dans la salle de réception. Où était-elle ? Ses doigts caressèrent les reliures de ses bien-aimés livres. Il huma l'air aux accents de lilas. Il ferma les yeux. Il pouvait sentir sa présence , son souffle, la chaleur de sa peau, le goût fruité de ses lèvres.

Que portez-vous aujourd’hui ma Jolie Fleur ?

Son regard fut attiré par quelque chose qui n’avait pas lieu d’être dans ce salon si bien ordonné : Un mouchoir blanc. Il se baissa pour le ramasser. Blanc à liseré rouge. Il sourit. Robe rouge donc. Excellent choix. Il porta le mouchoir à ses narines et s'enivra du lilas.

Cependant tout cela ne lui disait pas où Désirable Aphrodite était partie se cacher.

Comme pour lui répondre un bruit sourd heurta le plancher à l’étage. Un frisson traversa son échine. Cette pièce, au-dessus du salon… il s’agissait de son bureau.

Toute légèreté s'envola soudainement  et c'est d’un pas grave qu'il suivit la piste olfactive du lilas, escaladant avec discrétion les marches pour ne point les faire grincer.

Elle était dans son bureau. La poignée d'un tiroir cliquetait. Le bois criait.

Il fit un pas dans l’embrasure de la porte.

-Bonsoir Aurélia.


De feu et de glace.


Ses prunelles embrasées brûlaient du désir ardent déclencher par sa simple vue. Le feu se répandait dans la moindre de ses veines. Elle avait le don de le rendre fou. Et cela n'avait rien à voir avec tous ses mufles aveuglés par ses cheveux d’or. Elle était bien plus que cela : Attirante, agaçante, intelligente, provocante…

De glace. Sa voix était de glace. Rongée par cette sourde colère qui s'appliquait à éteindre chaque parcelle de flammes. Elle était derrière  son bureau, assise sur son fauteuil.

Il avança d'un pas lent. Aurélia se leva.

Un étrange mélange qui s'affrontait, tourbillonnait sans jamais paraître trouve l’homéostasie requise.


Le chaos.
Ce n’était qu'un profond chaos.


- Invenit qui quaerit. Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? demanda-t-il d'une voix sans appel, poursuivant sa route.

Il contourna le bureau et s’approcha bien trop près. Ses yeux sérac se repaissaient de ses saphirs. Sans préavis, il attrapa ses deux poignets et la renversa contre le bureau. Il entrelaça fermement ses doigts entre les siens et l’embrassa fougueusement. Il la tenait immobilisée, plaquée contre le plateau d'acajou.

Ce fut à cet instant qu’il réalisa. Jamais aucune femme n’était entrée ici. Jamais aucune femme n'avait étendu son dos sur ce bureau. Et pour cause : Coldris n’était pas homme à mélanger loisir et travail. L'un et l'autre ne se côtoyait jamais.

Mais Aurélia… Aurélia était la femme de toutes les transgressions y comprit celles qu'il se fixait lui-même.
Lorsqu'enfin il détacha ses lèvres des siennes, ce fut toujours dans cet étrange mélange émotionnel qu’il l’interrogea.

- Ne vous a-t-on jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ?

Ses mains la retenait toujours fermement et alors qu’il la fixait, il n’avait désormais plus qu'une envie : enfouir sa tête dans son cou dénudé et s'y laisser glisser jusqu’à sa gorge…

Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
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Message par Sarkeris Mar 27 Oct - 11:13

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Mademoiselle de Farnende. 16 ans.

Les tiroirs refusaient catégoriquement de s'ouvrir et elle soupira de frustration. C'était bien la peine de laisser un bureau ouvert si on ne pouvait pas en découvrir les moindres secrets. Elle se retourna de nouveau vers la bibliothèque. Dans la partie inférieure, il y avait des placards. Elle les essaya un par un, en vain.

Finalement, trop curieuse et aventureuse, il fallait bien l'avouer, elle tira une épingle de sa coiffure, détachant une mèche, et glissa le petit morceau de métal dans une serrure d'un tiroir du bureau où elle était retournée. Le mécanisme cliqueta, mais le tiroir ne s'ouvrait pas. Aurélia se rendit alors compte que son épingle était coincée. Elle tira dessus, l'agita, rien n'y fit, jusqu'à ce que l'objet minuscule ne cède brusquement.

La force qu'avait mise Aurélia à dégager l'épingle de l'orifice l'entraîna en arrière et elle heurta un globe terrestre sur son piédestal, juste derrière elle. Le lourd objet tomba brutalement sur le sol, et la jeune fille se maudit de son indiscrétion. Elle remit l'objet en place le plus rapidement possible. Puis elle entreprit de chercher son épingle, tombée dans le feu de l'action. Elle se pencha sur le sol à la recherche de l'objet et le trouva finalement, mais pas en entier. L'épingle s'était brisée dans la serrure. Aurélia n'avait plus qu'une chose à faire : essayer de retirer l'autre bout, sans quoi Coldris se rendrait compte que quelque chose clochait. Elle s'y employa du mieux qu'elle put, mais ne réussit qu'à se blesser le doigt sur l'extrémité de l'épingle devenue coupante.

L'index dans la bouche pour soulager la coupure, elle essaya de l'autre main, plus précautionneusement. C'est ce moment que choisit Coldris pour entrer. Elle releva la tête vers lui, prise sur le main, et ôta aussitôt son doigt de sa bouche. Le "bonsoir" qu'il lui lançait depuis la porte n'avait rien de chaleureux. Il était sec, cinglant, froid. Elle frissonna sans rien dire, cherchant déjà une excuse alors qu'il s'approchait avec une lenteur exaspérante. Elle avait l'impression que les battements de son cœur étaient soumis au rythme de cette marche trop mesurée.

Elle se leva du siège pour lui faire face, debout.

Ipso facto, Aurelia invenit excusationem quam quaesivit.

Mais elle n'eut pas le temps de lui répliquer quoi que ce soit. Il était trop près, elle eut un mouvement de recul, un peu effrayée malgré elle. En un instant, sans vraiment comprendre, elle se retrouva allongée sur le bureau le souffle coupé, ses mains prisonnières des siennes. Elle entrouvrit les lèvres pour inspirer, au lieu de quoi, elle sentit les lèvres brûalntes de Coldris se sceller aux siennes.

Cela n'avait rien à voir avec les baisers échangés dans les jardins. C'était bien plus intense, c'était nouveau, c'était passionné. Mais c'était la contraindre et elle avait, en plus besoin d'air. Dès qu'il s'interrompit, elle s'empressa d'inspirer un bol d'air, un bol d'air que son odeur saturait. Elle lui jeta un regard furieux. N'aurait-il pas pu lui dire simplement qu'elle n'avait rien à faire là ?

La position était loin d'être confortable, et trop suggestive à son goût.

- Alors c'est ici que vous utilisez vos écritoires de porcelaine ? grand bien vous en fasse, mais je ne suis pas de ceux-ci. Lâchez-moi immédiatement !

Elle tenta de soustraire ses mains aux siennes avec vigueur, mais ne parvint qu'à s'enfoncer les pierres de son bracelet dans la peau et elle grimaça.

- Lâchez-moi, coldris, répéta-t-elle.
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Message par Coldris de Fromart Mar 27 Oct - 12:36

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Coldris, 21 ans

Il avait beau être fou de rage de cette intrusion, le désir qu’il ressentait en croisant son regard supplantait tout le reste. C’était cet étrange mélange qui avait conduit à ce baiser aussi passionné que rude. Ca et ce lieu qui n’avait jamais encore jamais été violé.
Coldris cloisonnait tout dans sa vie. Son travail. Ses manigances. Ses loisirs. Ses débauches. Sa vie était à l’image de son bureau : une succession de placards et de tiroirs fermés à clés qui n’entraient jamais en contact.
Le Secrétaire était différent de l’amant qui était encore différent de celui qu’il était au fond de son âme.
Chaque chose avait une place bien définie.
La place de ses amantes étaient -pour les plus chanceuses- dans son salon ou dans son lit.
Certainement pas dans son bureau.
Malgré tout, ce baiser était une fois de plus le meilleur de tous. Et pourtant Dieu -si tant est qu’il existait- pouvait témoigner du nombre de lèvres qu’il avait embrassé en trois semaines.

Aucune n’avait su autant le faire frémir.
Aucune n’embrasait son corps comme celles-ci pouvaient le faire.
Aucune n’aurait pu parvenir à éteindre sa colère si facilement.

Comme un seau d’eau jeté sur un feu de cheminée.
Il n’en restait plus que de la fumée.

A son tour elle était furieuse. Mais qu’elle ne s’y méprenne pas elle était à l’origine de la situation. Elle aurait pu rester assise sagement dans le salon à attendre qu’il rentre. Il s’approcha de son oreille pour y glisser quelques mots.

- Quia ventum semiuabunt, et turbinem metent.

Elle-même n'était rien d'autre que sa propre tempête qu'il avait semé au port.
Toutes ses bourrasques qui agitaient son esprit.
Elle était insaisissable comme le vent et c'était ce qui le poussait à tenter de la capturer.
C'était cette insolente sauvagerie que l'on ne trouvait dans aucun salon qu'il voulait posséder.

Un petit sourire en coin, il s’éloigna non sans garder ses doigts entrelacés dans les siens.

- Vous êtes dans mon bureau ma charmante petite fouine. Aucune femme n’y est admise. Quant aux écritoires... Ma chambre se trouve à côté.

Il avait retrouvé ce petit sourire malicieux qui le caractérisait d’ordinaire.

- Je suis bien ravie que vous ne soyez pas de ceux-ci. J’aurais été déçu du contraire et ce n’est pas l’objet de mon invitation.

Complètement absorbé par son regard courroucé, ses lèvres bouillonnantes, son doux visage, son cou si pâle… Il en avait oublié qu’il tenait toujours ses petits doigts entre les siens. Il n’avait guère envie de les lâcher à vrai dire. Ils étaient si bien au creux de sa main. Elle s’agita sans parvenir à se soustraire, protestant à nouveau.
Lentement il desserra son étreinte, non sans laisser ses mains courir outrageusement le long de ses avant-bras, pour le simple plaisir de faire durer un peu plus le contact. Il lui tendit alors la main, comme si de rien n’était et  l’aida à se relever.

-  Venez donc diner en ma compagnie. Ce sera moins risqué que d’explorer mon bureau.

Il fit quelques pas jusqu’à l’embrasure de la porte avant de se retourner subitement un air moqueur gravé sur le visage :

-  Vous avez donc apprécié mon courrier ?!

Et ses yeux s’empressèrent d’ajouter de concert :
Vous voyez bien que même avec une autre, il n’y a que vous.
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Message par Sarkeris Mar 27 Oct - 17:22

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Mademoiselle de Farnendes. 16 ans.

Elle ne voyait que lui. Il était si proche. Et elle était furieuse.

Les mots latins glissés à son oreille l'apaisèrent à peine. Oui, elle était en tort, et elle se sentait - un peu - coupable. Mais au fond, elle n'avait fait qu'entrer dans une pièce ouverte de toute façon, et dont les secrets étaient bien protégés. Il devait bien se douter qu'elle n'avait rien découvert : tout était dans le même état que lorsqu'elle était entrée, même le globe terrestre. Bon il y avait bien cette serrure coincée à présent, et ce devait être ce qui était à l'origine de sa culpabilité, mais elle attendrait un peu avant de lui dire. En espérant qu'il ne lui en voudrait pas trop.

Et tout cela ne l'empêchait pas de subir cette obsédante odeur qui la ramenait immanquablement sur le port et dans le jardin. A croire qu'il emportait avec lui le parfum de leurs rencontres.
La prochaine fois, si jamais il y avait une prochaine fois, elle se souviendrait du bureau.

Elle aimait son odeur chaude quand il était tout près d'elle, et le sillage végétal qu'il laissait derrière lui.
Est-ce les autres femmes l'avaient senti aussi ce parfum d'interdit ?

Ses joues se colorèrent à l'évocation de sa chambre. Il avait emmené Ophéline à côté et il osait lui en parler comme d'une joyeuse plaisanterie ! Quel malappris. Et la prochaine fois qu'elle verrait cette pouffe elle ne se priverait pas de lui dire le fond de sa pensée !

Le tragique de sa situation lui apparut clairement : elle le voulait pour elle seule, mais il irait toujours voir ailleurs, malgré les "jolie fleur", les "Aurélia" et autres surnoms qui se teintaient de passion lorsqu'il les prononçait. Au moins la considérait-il différemment de ses "écritoires". Cela ne la réconfortait pas beaucoup.

Dès qu'il le lui permit elle dégagea ses mains, alors que les doigts vulcaniens glissaient encore sa peau. Pourquoi n'avait-il pas commencé par cela ? c'était bien plus agréable que d'être coincée sans pouvoir rien faire. Elle frotta son poignet, vérifia qu'il n'avait rien de plus, puis accepta la main tendue. Geste de paix ? elle le prit pour tel. Et elle accepta aussi le dîner. Prétexter une migraine si tôt dans la journée avait le désagréable inconvénient de lui faire rater le souper chez sa tante.

- Cette proposition tombe à pic, j'ai une faim de loup.

Elle lissa sa robe du plat de la main pour rajuster l'étoffe un peu froissée. Maintenant qu'elle se sentait plus libre, elle était prête à oublier. Ou plutôt non, elle n'oublierai pas, c'était sûr. Mais rien ne lui déplairait davantage que de se fâcher avec lui, surtout maintenant qu'il lui faisait envisager une agréable soirée. Elle le suivit jusqu'à la porte, et là, il faillit bien la rendre furieuse à nouveau. Mais le regard lancé aussitôt après la question devança toute nouvelle colère. Et au contraire, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Je l'ai brûlée votre lettre ! J'étais furieuse. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter pareille mesquinerie de votre part ?

Elle le dépassa pour arriver sur le palier. Elle pensait bien ne pas se tromper en imaginant qu'il voudrait manger dans ... la salle-à-manger, qui devait être au rez-de-chaussée. Mais il était le maître de la maison. Cette fois, elle n'avait pas cet avantage de connaître les lieux mieux que lui.
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Message par Coldris de Fromart Mar 27 Oct - 20:38

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Coldris, 21 ans

Elle avait accepté sa main et il en était ravi. Il aurait voulu la garder dans la sienne jusqu'à la Salle à Manger. Mais Aurélia était un petit papillon qui voletait joyeusement autour de lui. Il lui rendit sa liberté aussitôt à contre cœur.

- C'est parfait ! Vous n’étiez pas prévue mais il y a toujours bien trop à manger pour moi-même. J’espère que vous aimez les surprises car j'ignore ce qui sera servi.

Aurélia lissait sa robe avec une certaine coquetterie. Ce malencontreux incident semblait oublié et c’était tant mieux. Pour une fois qu’il ne dînerait pas seul ! Il la devança et arrivé devant le seuil, il ne put s’empêcher de la questionner sur cette fameuse lettre. Son rire lui étira un sourire. Il s'appuya contre le montant de la porte en attendant qu'elle le rejoigne.

- C'est une sage décision et vous devriez en faire de même pour toutes vos correspondances. Si votre mère apprenait que vous folâtrez avec un homme comme moi, vous allez finir au couvent avant d'avoir pu goûter aux plaisirs de la vie.

Il lui adressa un coup d’œil entendu. C'est vrai qu’il était passé maître dans l'art de profiter de la vie. Mais ne disait-on pas qu'elle était trop courte ? Et lorsque l'on avait manqué de tout, on ne pouvait guère s’empêcher de se gaver de tout. Avait-elle conscience des risques qu'elle prenait en gardant ces lettres ? En recevait-elle d’autres de ses prétendants comme ce charmant Quentin ? Elle aurait toutes dû les brûler ou s'assurer qu'elles étaient en sécurité.

Aurélia le dépassa pour se diriger vers la Salle à Manger. Avait-elle donc explorer tout son hôtel ?! Il la rattrapa en quelques enjambées et se saisit de sa main. Ce n’était qu’une excuse comme une autre pour avoir le plaisir de la toucher. Car déjà, il avait de nouveau envie l'embrasser mais il se gardait bien de le lui avouer pour ne pas l'effrayer.

Léonilde était tout bonnement formidable. Il devinait tout sans qu’il n'y ait besoin de discuter. La table était mise. Sobre et élégante. Délicate faïence peinte de motifs floraux, verrerie de Murano, argenterie et bien sûr corbeille de fruits pour bien commencer le repas. Non loin une carafe de vin rouge attendait patiemment le service. Il tira la chaise de Jolie Déesse et la laissa s'installa avant de la pousser lentement.
Coldris fit le tour de la table et s'installa à son tour, face à elle. Il prit une petite grappe de raisin et avoua son méfait

- Je vous ai écris cette lettre parce que vous m'aviez lâchement abandonné dans ce bosquet. Et je dois bien l'avouer : car j’avais terriblement envie de vous écrire et de voir votre réaction. D’ailleurs en parlant de billet, je n'ai pas eu le loisir de vous féliciter pour avoir trouver mon repaire.

Il lui adressa un sourire et croqua un raisin puis un autre et reprit

- Que cherchiez-vous là haut dans mon bureau, ma belle Aphrodite? La liste de mes conquêtes peut-être ?

C’était une question parfaitement innocente. Il ne lui en voulait plus réellement, l’affaire était close. Il avait juste envie de comprendre car personne ne s’était jamais introduit ici, et c'est bien pour cela que la porte restait ouverte.
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Message par Sarkeris Mar 27 Oct - 23:02

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Mademoiselle de Farnendes. 16 ans.

Elle apprécia son sourire. C'était la première fois qu'elle voyait ainsi : un sourire vrai, un peu amusé, pas moqueur ou ironique. Riait-il quelque fois ? de bon cœur ?

- Oh ça n'était pas une "sage" décision... dit-elle en repensant à sa lecture. Mais vous avez peut-être raison. Même si je pense que ma mère n'est pas soupçonneuse. Et elle n'irait certainement pas jusqu'à me mettre au couvent...

Elle pensa à la lettre de Quentin qu'elle gardait dans son corsage. Le jeune homme lui avait fait parvenir au moment où elle quittait le manoir. Cette fois-ci, sa mère aurait pu se douter de quelque chose. Mais connaissant Quentin, il n'aurait probablement rien écrit de bien méchant. Du moins elle l'espérait pas. Elle s'imagina vivre parmi des religieuses, toute sa vie. De l'austérité. Point de pétulance. Pas d'homme. Pas d'enfant. Non, décidément, ce n'était pas fait pour elle. Pas de plaisirs. Quels qu'ils soient. Elle rendit à Coldris sont regard. Elle pouvait comprendre maintenant, ça ne faisait pas d'elle une experte en la matière.

Allant vers la salle-à-manger, elle accueillit avec joie la main chaude de son hôte. Elle enlaça ses doigts aux siens : ça c'était un plaisir simple et tellement agréable. Elle sourit.

- J'aime les surprises, avoua-t-elle en prenant place à table.

Tout était déjà prêt pour eux deux alors qu'elle était arrivée à l'improviste. Léonilde, ou bien Léonildé ? elle n'était plus très sûre du nom du majordome - était d'une efficacité redoutable. Elle avisa les fruits dans la corbeille. Ils étaient délicieusement tentants. D'ailleurs, comme Coldris ne se privait pas de prendre une grappe de raisins, elle fit de même en l'écoutant lui donner une explication. Ainsi cette lettre trouvait sa cause dans son départ brusque du bosquet. Elle détacha un grain de raisin et referma ses lèvres dessus.

Elle ne saurait dire si le quitter à ce moment avait été lâche ou courageux. Lâche parce qu'elle avait clairement fuit devant le danger de céder à une tentation plus forte qu'un baiser. Courageux d'avoir résisté à cette même tentation, en partant. C'était confus. Mais elle ne regrettait pas d'avoir résisté à son désir à ce moment-là.

Quand à son envie de lui écrire, c'était flatteur, bien que vexant d'un autre côté, puisqu'il était avec une autre à ce moment-là. Il devait bien savoir qu'elle n'avait pas s'empêcher de l'imaginer écrire sur l'épiderme blanc et chaleureux d'Ophéline. Elle était sûre que c'était elle.

- J'espère qu'Ophéline a profité de... d'être avec vous, parce que la prochaine fois que je la verrai, je ne manquerai pas de lui mentionner le peu d'intérêt que vous avez pour elle.

Oui, elle était jalouse. Et alors ? ce n'était pas comme s'ils ignoraient l'un et l'autre qu'ils se plaisaient non ? il courait à droite à gauche, très bien. Elle avait le droit d'envoyer des sarcasmes à ses maîtresses dans ce cas. Elle engloutit un autre raisin, plus rageusement que le premier.

- J'ai déchiffré votre message le soir-même. Et j'ai passé les deux semaines suivantes à me décider à venir, à imaginer des solutions pour tromper ma mère. L'arrivée de votre lettre m'a considérablement refroidie. Je suis venue ce soir pour...

Pour quoi exactement ? elle ne s'en souvenait plus. Qu'est-ce qui l'avait décidée pour ce soir et pas un autre. Elle aurait pu venir le lendemain après tout. Troisième raisin. Ils étaient délicieux. Chercher la raison de sa venue fit écho à sa dernière question. Ce qu'elle cherchait dans son bureau. Son oeil pétilla d'une lueur malicieuse et elle se pencha un peu en avant :

- La raison pour laquelle je suis venue, et aussi pour laquelle je suis montée dans votre bureau, mon bel Eros, c'est parce que je suis... une espionne Djerdanne, lâcha-t-elle comme une confidence complice. Et je cherchai bien une liste : de vos projets de conquête.

Elle retrouva sa position initiale, un sourire creusant une petite fossette à gauche de ses lèvres, et elle croqua un énième grain de raisin.
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Message par Coldris de Fromart Mer 28 Oct - 8:02

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Coldris, 21 ans

Coldris souriait en écoutant la réaction d’Aurélia à sa lettre. Il n’avait pas pu s’empêcher de la prévenir concernant son courrier. Elle avait beau être pleine d'esprit, elle était encore pleine de cette naïveté de la jeunesse qui faisait tout son charme. A ses paroles sur sa mère, il arqua silencieusement un sourcil. De ce qu’il avait vu de la femme -et c’était un domaine qu’il maîtrisait-, Madame de Fernande était loin d’être aussi innocente qu'elle paraissait l’être.  Il préféra de loin enlacer ses doigts entre les siens que de soulever le rocher sous lequel se terrait la murène.

Coldris avait bien du mal avec les surprises. C’était typiquement le genre de choses qu’il ne pouvait pas maîtriser et qui l'angoissait. Accepter la part de Fortune était une chose. Se jeter à corps perdu dedans en était une autre. Mais il devait bien reconnaître que certaines surprises avaient leur charme : comme celle qui venait de bousculer subitement le programme de sa soirée. Quant au repas et bien… Il avait l'habitude de manger seul et faisait rarement attention à ce qui entrer dans son gosier dans ces moments là.

Décidant que sa belle Aphrodite méritait quelques explications sur son courrier, il s'empressa de les lui offrir. Une fois fait, il retourna à sa dégustation de raisin. Ophéline ? Le grain stoppa sa course avant d'atteindre ses lèvres. Que venait donc faire Ophéline là-dedans ? Il chercha quand il avait pu la voir pour la dernière fois mais tout cela remontait … A sa visite au manoir. Il fallait dire qu'elle évitait soigneusement de se trouver sur son chemin lorsqu'elle le pouvait. Alors quoi ? Il fit soudainement le lien avec sa lettre et ne put s’empêcher de rire aux éclats.

- Ce n'est pas elle qui a servi de charmant pupitre à votre lettre. N'allait pas croire que je ramène chacune d'entre elles ici. Mon lit, je ne le réserve qu’à certaines. Et Ophéline n'en fera jamais parti. Pourrais-je faire la petite sourire lorsque vous lui direz à quel point je vous préfère ?

Il prit un air parfaitement angélique face à cette jalousie qui lui allait si bien. Ophéline n’était qu'un amusement. Elle ne l’intéressait pas le moins du monde. Enfin si elle y tenait tant que cela, il lui réglerait son cas. D'ailleurs d'une façon générale, il les préférait mariées ainsi une éventuelle grossesse était somme toute plus acceptable et surtout bien plus facilement camouflable.

Ce qui n’était définitivement pas le cas de Jolie Fleur qui avait trouvé la solution à son message codé en une soirée. Coldris ne put s’empêcher d’applaudir sans la moindre ironie. Certes il aurait pu faire bien plus complexe mais ses yeux pétillaient déjà, attirés par l’esprit de la si belle lodméienne. S'en voulait-il pour la lettre ? Absolument pas. Elle était là ce soir et c’était bien tout ce qui comptait. Et puis si elle tenait tant que cela à le séduire, elle allait bien devoir s'habituer à supporter ses facéties en même temps que ses maîtresses.

Coldris grignotalt du raisin depuis quelques temps déjà -surtourt pour occuper ses mains- et il avait désormais l’appétit bien ouvert ! Heureusement, on débarrassait les corbeilles de fruits et il en profita pour  s’enquérir de cette curiosité qui l’avait tant démangée. Son regard lapis-lazuli scintillait de cette malice qui n'annoncait rien qui vaille et pour cause il ne put se retenir de rire face à cette répartie acérée. Plus il la connaissait, plus il la désirait et plus il voulait la découvrir.

Dans le même temps on versa le vin dans les verres finement ciselés. Coldris jeta un coup d’œil à l'impassible Leonilde. Il se félicitait chaque jour d'avoir à son service un homme aussi loyal et discret. Le recruter n’avait pas été une mince affaire et il continuait régulièrement de s'assurer que ses secrets étaient bien gardés. Car cet hôtel en avait vu passer des invités étranges : des maitresses de la haute aristocratie aux espions en passant par quelques présents imposants…  Mais c’était grâce au silence de cet homme qu’il pouvait rire ce soir avec légèreté.

- Quel dommage ! Moi qui n'ai guère d'yeux que pour Lodmé en ce moment. Mais je vois que vous m'avez rebaptisé ma désirable déesse ? N'avez-vous point peur de dîner avec Éros en personne ? Je pourrais bien ravir ma belle Psyché si l'envie m'en prenait.

Sourire malicieux accroché au coin des lèvres et regard séducteur, il se demandait jusqu’où elle serait prête à aller. Après tout, ne venait-elle pas de se jeter dans la gueule du loup ? Pourtant aussi étrange que cela puisse paraître lorsque l'on connaissait sa sulfureuse réputation, il n’avait rien envisagé d’autre qu'un dîner des plus classiques.
Sur ces entrefaites, il leva son verra pour trinquer à leur rencontre et Leonilde annonça le premier plat : œufs pochés à l'eau de rose, pointe de safran.

- C'est à croire qu'il savait que vous viendriez. Peut-être devrais-je être jaloux de l'intimité que vous avez pu nouer ensemble durant mon absence ?

Sa commissure s’étirait doucement d’un  côté, amusé par la situation à laquelle il ne croyait pas un seul instant.

- Je serai bien curieux de savoir comment il a pu vous faire semer un nouveau mouchoir dans mon salon. Cela deviendrait presque une habitude !

Il posa ses couverts, s'essuya le coin des lèvres et extirpa le mouchoir à liseré rouge de sa poche. Il laissa son nez s'y perdre quelques instants avant qu'il ne décide de se lever pour la rejoindre. Il plia le carré de tissu impeccablement et le glissa dans son corset.

- A ce rythme je vais finir par tous les posséder avant la fin de l’année.
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Message par Sarkeris Mer 28 Oct - 15:09

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Ce n'était pas Ophéline ? mais qui était-ce alors ? Aurélia était ravie d'apprendre que seules quelques unes de ses maîtresses avaient l'insigne honneur de passer leurs nuits ici. "Quelques-unes" cela faisait un pluriel, tout de même. Ses pensées s'égarèrent. Est-ce qu'il pensait qu'elle accepterait de partager son lit à l'étage, maintenant qu'elle savait cela ? est-ce qu'elle-même accepterait ? Elle chassa ces idées hasardeuses de son esprit sans y répondre, et préféra

- Je vous vois très mal en petite souris, au contraire, je suis sûre que vous seriez ravi d'être aux premières loges pour me voir me ridiculiser en faisant une telle chose. Peu importe à quel point vous me préférez, vous ririez de mon erreur, et Ophéline aussi, certainement.

Elle imaginait parfaitement la scène et ne comptait plus la provoquer. En revanche, ce qu'elle ne s'imaginait pas, c'était que Coldris serait assez satisfait de sa "prouesse" intellectuelle pour applaudir. Elle songea au mot qu'elle avait préparé pour lui en décidant de venir. Ce jeu-là lui plaisait, elle se faisait fort de le poursuivre. Et contrairement à sa lettre, elle gardait précieusement dans sa table de nuit les mots latins et codés que son hôte lui avait glissé entre les doigts, au creux d'un mouchoir de broderie jaune. Cette fois-ci, il aurait droit à une célèbre maxime romaine, quelque peu remaniée. Elle se demanda à quoi il penserait en la lisant.

Alors qu'il riait de son prétendu espionnage, on servit le vin. Elle trempa ses lèvres dans le rouge de la boisson avec précaution. Sa mère ne lui laissait pas souvent l'occasion de boire du vin. C'était "pour les hommes". En revanche, elle avait parfois surpris sa tante à verser une liqueur couleur ambre, dont le nom commençant par un "w" lui échappait à l'instant, dans son café du matin. Elle trouva le vin rouge un peu piquant, quoique l'odeur en soit agréable, et elle reposa le verre près de son assiette.

Elle était contente qu'il ait saisit sa référence à Eros. Il était temps de laisser un peu le jeu du mois dernier pour s'accorder des rôles plus adaptés. Eros et Psyché, il lisait donc Ovide. De mieux en mieux. Son ton taquin la fit sourire.

- J'en suis déjà ravie de cette invitation à dîner, devrais-je donc me méfier de l'Eros enjôleur qui est mon hôte ?

Peut-être devrait-elle s'en méfier effectivement. Elle n'oubliait pas qu'avant toute chose il avait voulu être Zeus. Ce n'était pas la modestie qui le retenait. Cette assurance à tout prix était sans doute à l'origine de l'attirance qu'elle éprouvait pour lui. Pour rien au monde elle n'aurait voulu qu'il soit autrement, de caractère. Il y avait toujours cette histoire de maîtresses, mais pour l'heure, il n'y avait aucune autre femme qu'elle dans cette maison.

Elle jeta un œil à Léonilde. Oui, il avait été rapide pour préparer un tel repas en si peu de temps. Mais elle attendait la suite du propos de Coldris, car il ne pouvait pas croire un seul instant que son majordome et elle avaient eu le temps de faire connaissance. Où voulait-il en venir ? Elle fronça les sourcils. Un mouchoir ? Aurélia vérifia ses poches. Effectivement, elle avait perdu le bout de tissu qui apparut entre les mains de Coldris de l'autre côté de la table.

- Je n'avais pas remarqué...

Elle l'observa humer le mouchoir, et passa une main dans son cou, un peu gênée. Puis curieusement, il se leva pour venir vers elle. Lui rendre le mouchoir ? elle tendit la main pour le prendre, prête à remercier, mais il ne s'arrêta pas à sa paume tendue et osa venir jusqu'à sa gorge pour y glisser l'objet du délit. Elle écarquilla les yeux de surprise devant ce geste tout à fait impudique. Ceci dit, elle devait reconnaître que c'était aussi tout à fait émoustillant, ce qu'elle se garda bien de lui dire. Au contraire, fronçant les sourcils, elle repoussa sa main d'une tape un peu sèche et ressortit le mouchoir d'où il l'avait mis pour l'enfouir dans une poche.

- Eh bien, il vous reste trois mois pour compléter votre collection, et je vous assure qu'elle n'est pas des moindres. Mais je vous déconseille de remettre les mains par ici...

Un peu plus et la lettre de Quentin était découverte. La jeune fille décida que c'était le bon moment pour lui dire :

- Au fait, je ne vous ai pas dit tout à l'heure, mais je crois bien que j'ai bloqué une de vos serrures. Mon épingle s'est brisée dedans. D'ailleurs, je dois toujours avoir un cheveux de travers. J'espère que ça ne vous ennuie pas trop...

Dieu, comme ce plat était délicieux, songea-t-elle en avalant une bouchée de l'entrée.
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Message par Coldris de Fromart Mer 28 Oct - 16:30

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Coldris ne perdait pas une miette de sa réaction lorsqu’il évoqua son lit et les rares maitresses qui avaient la chance de gouter au plaisir de son lit. Ce qu’il ne lui avait pas dit, c’est qu’elles étaient également fort peu nombreuses à avoir simplement franchis la porte de son hôtel particulier. Qu’elle y soit donc invité était donc en soi une preuve de la place spéciale qu’elle occupait déjà pour lui. Elle n’était pas une parmi toutes. Elle était « Aurélia ». Quant à sa répartie, il pencha la tête de côté, souriant avant de gober un raisin. Elle n’y était pas du tout. Il mourrait d’envie voir Ophéline découvrir qu’elle n’était qu’une simple distraction. Mais de tout évidence, il devait faire une croix sur ce point. Ce serait sans doute pour une prochaine fois.

Eros était désormais son nouveau surnom. Et bien pourquoi pas ! Il le préférait largement à Vulcain -même s’il adorait disposer du pouvoir de l’embraser d’un regard ou d’un geste ou d’un simple mot.

Eros. Eros, le secret mari de Psyché qui l’honorait dans l’ombre de la nuit jusqu’à ce que la curiosité ne pousse sa belle à vouloir découvrir celui qui l’était. Devrait-elle se méfier de lui ? Tout dépendait de ce qu’elle attendait

- Tout dépend. Avez-vous prévu de passer la nuit ici ? Juste une chose : si vous comptez m’admirer pendant mon sommeil, posez simplement le chandelier sur la table de chevet. Mon épaule vous en sera éternellement reconnaissante.

Il ponctua sa phrase d’un petit sourire en coin. Il était à peu près persuadé qu’elle lui fausserait compagnie à la fin du repas. Mais si telle n’était pas le cas, et bien son hôtel disposait de plusieurs chambres parfaitement confortables où il n’aurait pas l’indécence de venir la déranger.

Ce qui n’était pas exactement l’idée qu’il avait à cet instant précis où il attrapait le malheureux mouchoir égaré sur le tapis de son salon. Coldris était Coldris. Il avait beau se tenir -relativement- tranquille en sa compagnie, il ne pouvait pas s’empêcher de se montrer entreprenant. Dans les limites du raisonnable bien entendu. Il n’avait fait qu’effleurer sa gorge du dos de ses doigts et ne s’y était pas attardé plus que de raison. Elle repoussa sa main sèchement et Eros adopta la moue boudeuse de l'enfant réprimandé.

- C’est ainsi que vous me remerciez pour avoir anticiper vos demandes ? Quel manque de reconnaissance ! Ce n’est quand même pas de ma faute si vous semez vous effets personnels chaque fois vous me voyez.

Il se pencha pour atteindre son oreille et murmurer
- Et en plus je sais que vous avez apprécié.

Il se redressa, éclat mutin dans le regard

- Voilà qui est parfait ! Cela veut dire que je vais avoir le plaisir de vous revoir régulièrement ces trois prochains mois !

Il était en train de faire demi-tour observant Léonilde faire débarrasser les plats quand la voix d’Aurélia le stoppa net. Non seulement elle était entrée dans son bureau mais non contente d’y avoir trouver placards et tiroirs clos, elle avait tenté de les forcer. Coldris fit volte-face et combla l’espace en trois longues enjambées avant de prendre son visage entre ses mains pour l’embrasser franchement comme il l’avait fait sur le bureau un peu plus tôt dans la soirée.

- Ca c’est pour avoir joué les malandrins dans mon bureau. Mais rappelez-vous comment Eros ne manqua pas de fuir lorsque rongée par la curiosité Psyché tenta de découvrir qui était son mari.

Sur ce parallèle littéraire quelque peu menaçant, il retourna s’asseoir alors que le second plat faisait son entrée. Modestement intitulé Carpe en sauce. Ce fut sur le ton de la nonchalance qu'il poursuivit

- Maintenant il va falloir régler le problème de cette serrure que vous avez ruiné.

Il prit sa fourchette, son couteau et entama la carpe. Un nom décidément bien trop succinct pour toutes les saveurs dont recelait cet humble poisson : citron confit, muscade, cannelle, coriandre et même marjolaine et menthe fraiche. C’était à croire que toute l’épicerie avait achevé sa course dans cette assiette. Loin d’être un capharnaüm gustatif, la sauce au beurre était au contraire très fraiche et justement relevée.

- Mon pauvre Léonilde va passer sa journée et plus à réparer vos sottises. Vous imaginez bien tout le travail qu'il a déjà pour s'occuper de cette propriété. Il adressa un regard compatissant à l’homme droit et immobile Vous allez devoir me dédommager pour tout ce dérangement, ma Jolie Fleur. Et bien sûr je ne parle pas d’argent. Comme vous pouvez le constater, je n’en manque pas. Alors, Aurélia, comment allez-vous donc payer votre dette ?

Satisfait de l’utilisation qu’il avait fait de ce malencontrueux incident, il piocha dans son assiette une bouchée de carpe qu’il sauça avec du pain et attendit docilement sa réponse. Si elle manquait d'imagination, la sienne était en revanche terriblement fertile.
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Message par Sarkeris Mer 28 Oct - 17:55

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Elle n'était pas contre l'idée de passer la nuit à l'observer, mais elle aurait craint que sa mère ne découvre son absence. Il n'était donc pas question qu'elle risque de brûler une épaule d'Eros cette nuit. Un Eros qui devint boudeur, quand elle le repoussa. A quoi s'attendait-il donc ? qu'elle ouvre son corset elle-même pour qu'il y glisse les mains sans encombre ? il n'était pas assez bête pour le penser tout de même !

Mais il avait raison, sentir sa main encore une fois effleurer sa peau n'avait pas été désagréable. Ce n'était jamais désagréable. Et son murmure à son oreille hérissa délicieusement les poils de sa nuque. A l'éclat mutin, elle répondit par un éclair moqueur et par son allusion au tiroir bloqué, l'arrêtant net dans son élan pour retourner à sa place. Elle observa sa réaction ; il s'était figé, avait fait demi-tour pour fondre sur elle comme un rapace sur sa proie.

Elle eut droit à un nouveau baiser entre fureur, passion et fougue. L'ayant compris un instant avant que leurs lèvres ne s'unissent, elle savoura davantage celui-ci que le premier. Mais il fut bien trop court, elle aurait aimé y répondre, ce fut impossible. Coldris ne l'avait pas fait pour elle, il l'avait fait parce qu'il y voyait un moyen de prendre sa revanche. Sa menace était vide : Eros fuyait peut-être mais à la fin, épris de Psychée, il l'épousait malgré tout devant Zeus. Aurélia savait bien que Coldris n'était pas un dieu et que fouiller dans ses secrets n'était pas la chose la plus intelligente à faire, mais qu'y pouvait-elle ? il avait ses maîtresses, elle avait sa curiosité.

Et puis, s'il suffisait de le mettre un peu en colère pour avoir de tels baisers, elle comptait bien réitérer l'expérience aussi souvent que possible. Elle le regarda retourner à sa place avec une espèce de regret tout à fait déplacé. Elle se consola avec le poisson, même si c'était seulement un poisson d'eau douce. Elle y goûta avec curiosité. Elle faisait beaucoup de découvertes en ce moment... Elle dégusta le poisson, attentive aux sensations de ses papilles tout comme aux mots prononcés par Coldris. S'il voulait qu'elle paye sa bêtise, il n'y avait pas de soucis. Elle se procurerait sans mal de l'argent.

Les saveurs se mélangeaient dans sa bouche pour former un ensemble exquis. Oui, vraiment ce n'était pas juste pour Léonilde, la prochaine fois, elle essaierait de trouver la clef plutôt que de stupidement tenter de forcer les serrures. Le majordome n'aurait rien à réparer.

"Et bien sûr, je ne parle pas d'argent."

Elle avala de travers le délicieux poisson. Quoi ? Prise d'une quinte de toux, elle s'empara du verre de vin auquel elle n'avait plus touché, et tant pis pour le goût un peu amer, si c'était la seule chose qui pouvait faire passer cette carpe ! Elle en avala tout le contenu. Enfin, une main sur le corsage, elle reprit son souffle. Oui. Comment allait-elle payer sa dette si ce n'était pas avec des espèces sonnantes et trébuchantes ?

Elle lui jeta un regard noir par-dessous ses longs cils. Il se félicitait certainement de son mauvais tour.

- Vous allez devoir attendre le dessert, cruel Eros, pour connaître cette réponse, répondit-elle, en plantant sa fourchette dans un autre morceau de poisson.

Elle avait le règlement de cette dette sous la main, littéralement. Le carré de parchemin destiné à Coldris serait-il suffisant pour le satisfaire, elle n'en était pas certaine. Mais elle ne comptait pas céder à ce chantage facile.

- Et si vraiment votre majordome est trop débordé, je peux facilement envoyer quelqu'un l'aider.

Mais elle se doutait bien qu'il refuserait. On ne mettait pas des documents sous clef pour ensuite les exposer à la vue d'un serrurier quelconque. Si Coldris chargeait son majordome de cette tâche, c'était parce que ce dernier avait toute sa confiance. La jeune fille chercha une carafe d'eau sur la table et en avisa une sur le dressoir. La langue un peu sèche, elle se leva donc, verre en main, pour se servir elle-même, tournant malgré elle le dos à son hôte. Par prudence, elle préféra changer de sujet.

- Vous aimez la chasse ?

Elle but le premier verre d'un trait, et s'en resservit un second, pour faire disparaître le goût du vin.
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Message par Coldris de Fromart Mer 28 Oct - 19:40

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Coldris, 21 ans

Hmm elle n'avait pas refusé en bloc son invitation à peine déguisé de rester. Mais elle n’avait pas non plus accepté. Il interpréta donc son silence comme un « oui avec plaisir mais la prochaine fois peut-être. » Ou « sans doute » ? En tout cas le doute était permis et il comptait bien provoquer sa chance en la réinvitant prochainement.

D’ailleurs c’était comme cette remarque susurrée dans le creux de son oreille. Point de commentaires outrés, alors il comptait bien braver l'interdit et le danger une nouvelle fois. Peut-être bien ce soir encore ?

Loin de le faire enrager, cette histoire de tiroir verrouillé lui offrait la possibilité de profiter un peu de sa charmante invité et d'outrepasser les limites fixées. D'abord un baiser des plus passionné. Qu’il interrompit rapidement avant de céder définitivement au désir qu’il contenait tant bien que mal. Si cela n’avait tenu qu’à lui ses mains auraient bien vite pris leur indépendance, partant explorer monts et recoins secrets…

Il s’était promis d’être sage.
Pour elle.

Le voyait-elle dans le fond de ses yeux céruléens combien il prenait sur lui pour ne pas la dévorer de baisers sur le champ ? Son cœur battait si vite qu’il avait l'impression qu'elle ne pouvait que l’entendre comme lui n’entendait que ses battements tambouriner dans ses tympans.

Il coupa ce contact visuel qui commençait à le consumer de l’intérieur en retournant sa place sans tarder. Il avait déjà sa petite idée. Lui faire croire qu’il était terriblement gêné pour obtenir quelque faveur.

La pauvre petite fleur faillit bien s’étouffer en comprenant qu'il ne parlait pas d'argent. C’était pourtant évident non ? Comment aurait-il pu se contenter d'un dédommagement purement vénal ? Il répondit d'un sourire victorieux à son charmant regard noir. Un sourire qui disait « vous voyez ? Je finis toujours par obtenir ce que je veux. C'est ainsi lorsque l'on joue avec moi, mon petit papillon.»

Elle tenta -de bonne guerre- d’ajourner l'échéance de sa dette. Bien essayé. Il n’avait mangé que quelques bouchées mais se tourna immédiatement vers Léonilde dans un regard complice. Il sembla lire dans ses pensées mais Coldris ajouta tout de même à l'intention de son invité d'un ton enjoué :

- Et bien qu’on apporte le dessert alors !

Ce qui ne voulait pas dire que le poisson serait débarrassé ou encore le repas terminé. Les deux cohabiteraient ensemble sur la table. Il fallait toujours être prudent quant au sens des mots employés.

- Mon espiègle petite Aurélia. Vous savez aussi bien que moi que mes secrets sont trop précieux pour y laisser un inconnu posé ses yeux dessus.

Mais qui ne tente rien n'a rien disait-on ?  Et en plus son exquis papillon venait de se lever pour se servir. Dévoilant son dos aux yeux d'Eros qui se leva de concert pour se faufiler derrière elle silencieusement. Il glissa ses bras autour de sa taille jusqu'à ce que ses mains se rejoignent et posa son menton sur son épaule.

- A votre avis ? murmura-t-il

Il adorait la chasse. Toutes les chasses. Ce n’était pas la fin qui l’intéressait. Ce qu’il aimait c’était la poursuite, la stratégie, la réflexion, l'anticipation… La chasse, la séduction… Deux arts similaires sur bien des points. Derrière eux, le majordome disposait le dessert : poires pochées au vin et à la cannelle annonça-t-il

- Cessez donc de me faire languir Aurélia et dites-moi donc : comment comptez-vous me payer ce soir ? il marqua une pause et reprit taquin vous serez forcée de rester avec moi sinon…
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Message par Sarkeris Mer 28 Oct - 22:56

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 DtnMT1HWwAALyvG

"novitas per assiduam consuetudinem
delectationem ei commendarat"
"...la nouveauté, à force d'habitude, lui donnait du plaisir..."
Ovide


Il avait aisément contourné l'obstacle qu'elle lui opposait : le dessert serait servi bien plus tôt que prévu. Qu'importe après tout, "maintenant" ou "plus tard". Elle lui aurait donné, ce petit bout de papier. Jeu continué malgré sa raison qui criait d'arrêter. Aurélia ne maîtrisait pas Coldris comme ses autres prétendants. Ils étaient tous arrivés à ses pieds, certains que le modèle du chevalier servant lui siérait. Mais elle était exigeante, trop, outrageusement. Elle exigeait tout. Elle les poussait à bout. Et le plus souvent, ils ne résistaient pas, parce qu'en échange, elle ne donnait rien. Elle ne voulait rien qui soit acquis sans effort. Et si on cédait à tous ses caprices, alors on céderait aussi quand il ne faudrait pas.

Le regard sur le port, de Coldris, l'avait fait trébucher sur son chemin bien tracé, sur la certitude qu'elle aurait toujours le dernier mot à tout. Si elle n'avait pas croisé ce regard, elle serait toujours une âme errante sur le sol des mortels, cherchant un but sans en connaître les contours. Si elle n'avait pas croisé le regard de Coldris, elle ne se sentirait pas aussi vivante à présent. Il y en avait donc un, qui n'était pas comme les autres. Elle était obligée de donner pour obtenir, avec lui. Cela ne signifiait pas qu'elle cédait à tout. Elle n'aimait pas cette attitude chez ses prétendants, pourquoi l'aurait-elle imitée ?

L'eau coula dans sa gorge, fraîche et bienfaisante. Il avait refusé, bien sûr l'aide proposée. C'était d'une logique implacable. Et oui, à son avis, il aimait la chasse. Tout comme elle aimait le sentir tout contre elle. Elle posa son verre sur le dressoir, puis ses mains rejoignirent les siennes autour de sa taille. Elle respira profondément, ferma les yeux, et laissa passer une seconde ou deux en silence, goûtant simplement ce moment dans ses bras, avant de lui répondre.

Elle se retourna entre ses bras, ne cherchant même pas à s'éloigner de lui. Elle ne cédait pas. Si elle cédait maintenant, il l'oublierait aussi vite que toutes les autres, elle serait une de plus, malgré l'attention particulière qu'il disait déjà lui témoigner.

- Vous ne me forcerez pas à rester ici, Coldris, dit-elle d'une voix un peu basse.

Elle avait posé ses deux mains sur son torse et approché son visage très près du sien. Quasiment lèvres contre lèvres. Elle laissa passer une respiration, un regard, puis elle se décida à l'embrasser. Non pas comme dans le jardin, non pas comme il l'avait fait les deux dernières fois. Il ne s'agissait ni d'un baiser chaste et rapide, ni d'un baiser fougueux et passionné. C'était lent et réfléchi, c'était sincère.

Elle passa une main derrière sa nuque pour l'attirer plus vers elle, et fouiller ses cheveux bruns. Et en même temps, elle l'entraîna vers la table. Lorsqu'ils ne purent reculer davantage, elle mit fin à leur baiser, mais laissa traîner un doigt sur ses lèvres ombrées d'un duvet noir, en chuchotant :

- Vous voulez me rendre folle de vous, Coldris. Mais je me battrai toujours pour garder les idées claires en votre présence. Si je m'abandonne, c'est parce que je l'aurai consenti, pas parce que vous l'aurez exigé.

Ses doigts quittèrent ses lèvres pour tirer le papier du corsage et le lui tendre.

- Vous trouverez là-dedans comment j'honorerai ma dette.

Dépliez donc ce papier mystérieux, Coldris...:
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Message par Coldris de Fromart Jeu 29 Oct - 7:27


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Coldris, 21 ans

Non satis est uenisse tibi me uate puellam:
Arte mea capta est, arte tenenda mea est.

S’il est glorieux de faire des conquêtes, il ne l’est pas moins de les garder:
l’un est souvent l’ouvrage du hasard, l’autre est un effet de l’art.


L'art d’aimer II-10, Ovide





Il la tenait entre ses bras. Sagement. Aussi sagement qu’il le pouvait. D’ailleurs il s’était bien assuré de tenir ses mains l’une dans l’autre afin qu’elles n’aient pas l’idée saugrenue d’aller se promener comme elles en avaient d’ordinaire l’habitude. Il avait posé son menton sur son épaule dénudée. Il pouvait sentir la chaleur émaner de sa peau d’où il se trouvait: celle de son épaule bien sûr mais également de son cou et des ses petites mains qui avaient recouvertes les siennes. L’espace d’un instant le temps fut suspendu. Même lui, pourtant habitué à cet proximité, profita simplement de l’instant, fermant ses paupières pour se laisser transporter par cette envoûtante odeur de lilas.

Elle se retourna pour lui faire face, posant ses mains sur son torse. Il ne pouvait plus détacher son regard du sien. Elle était si proche de lui. Il avait envie de poser ses mains sur sa taille et de resserrer son étreinte. Plus encore lorsqu’elle se montrait si indomptable, si entreprenante, si audacieuse. Il ne pouvait que sourire en réponse. Parce qu’il n'en avait jamais douté. Et il n’aurait rien attendu d’autre de sa part. Il souriait aussi, car il savait qu’un jour, elle resterait de son plein de gré et même lui demanderai de rester ici.
Il n’y avait plus un bruit. Juste leurs deux souffles qui disparurent dans un baiser profond et sincère dont il apprécia chaque seconde. Ses mains trouvèrent enfin leur place autour de sa taille quand les siennes farfouillaient ses courts cheveux bruns. Un délicieux frisson remonta le long de son échine. Elle le poussa à reculer, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils heurtent la table. Les verres en cristal vacillèrent sous l'impact mais c’était le cadet de ses préoccupations. Il allait la faire pivoter lorsqu'elle mit fin à leur étreinte. Il expira de frustration mais son autoritaire index qui traçait un chemin de feu le somma de garder le silence. Il embrassa tout de même ce téméraire doigt qui s’aventurait bien loin de sa terre natale.

Ces quelques paroles qui étaient venues rompre le silence le firent frémir comme jamais. Lui qui aimait tout contrôler. Tout diriger. Il n’osait même plus parler trop fort à l’intérieur de sa propre salle à manger et c’est dans un murmure qu’il lui répondit.

- Jamais je n'exigerai cela de vous. Ni ce soir, ni aucun autre soir. Mais... il se pencha à son oreille Je me battrai pour vous rendre un plus folle de moi chaque jour qui passera.

Il embrassa le lobe de son oreille. Une lueur de défi brillait dans le fond de ses prunelles cristallines. Que valait une victoire sans bataille ? Rien. Rien ne lui plaisait plus que d'user de toutes ses capacités pour parvenir à ses fins. Car il le savait : il vaincrait. Et c’était pour cette raison qu'elle avait le privilège de dîner en sa compagnie ce soir. Elle bousculait son quotidien, ses habitudes, ses petites manies. Elle osait s'opposer et contre toute attente, il adorait ça. Parce que c’était elle. Parce que même lorsqu'elle tentait de violer son intimité, il suffisait d’un simple regard pour que toute volonté de véhémence fonde comme neige au soleil. Elle avait ce pouvoir sur lui et cet attraction qui le poussait toujours à rechercher un peu plus le contact.

Il suivit du regard ses doigts quitter ses lèvres pour s'engouffrer dans son corset d’où elle extirpa un petit vélin semblable à celui qu’il lui avait donné. Ses yeux se mirent à flamboyer à la simple idée de lire sa délicate écriture. Il s'empressa de le déplier et lu la maxime altérée affublé d'un sourire amusé. Il leva malicieusement les yeux vers elle.

- Cela reste à voir. Et pour votre gouverne je suis très mauvais perdant alors j’espère que vous êtes prête à me consoler.

Et retourna aussitôt le billet. Il le savait, il y avait autre chose. Comme celui qu’il lui avait glissé dans son mouchoir. Et cela ne manqua pas. Il reconnut aussitôt le schéma du code qu'il avait utilisé. Après une œillade à Aurélia, il ordonna à Léonilde de lui fournir de quoi écrire et s'attela sans attendre à le déchiffrer. C’était désormais la seule chose qui comptait. Ça et les six lettres de différences. Il ne lui fallut que deux petites minutes pour obtenir le message en clair et son visage s'illumina. Demain à 6h et à cheval. Il trépignait déjà d'impatience à l'idée de cette promenade matinale. Elle n’était pas encore partie qu’il comptait déjà les minutes.
Mais la défaite n’était jamais une option. Sauf éventuellement si elle était choisi. Perdre pouvait parfois s’avérer être une victoire bien plus intéressante. Toujours était-il que son esprit de compétition ne pouvait refuser cette provocation sous-jacente.

- Je serai là et je ne compte pas l’avouer vaincu. Oh et n'oubliez pas mon mouchoir. Pour ma collection.

Après un regard doucement moqueur, il déposa le vélin sur la table et ses mains autour de ses épaules.

- Il y a quand même un problème, mon épineuse rose. et son ton mutin reprit le dessus Ce billet… Vous aviez prévu de me le donner ce soir alors il ne peut pas payer votre dette. Or comme vous refusez de rester en ma compagnie, il va falloir trouver autre chose.

Espérait-elle vraiment s'en tirer à si bon compte ? Coldris était dur en affaire, on pouvait le dire. Mais c’était certainement une des raisons qui lui avait permis de se faire une place si rapidement à la capitale. Ça et son absence de moral.
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Message par Sarkeris Jeu 29 Oct - 13:50

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Nec vos excipite arcana verba notata manu.

"Ne cherchez pas non plus à intercepter
les secrets d'une correspondance amoureuse."

Ovide, L'Art d'aimer, (II)
____________________

Il aurait été si doux de prolonger ce moment ! Juste eux deux, dans la solitude d'un dîner presque oublié. Léonilde devait avoir pris la poudre d'escampette, les laissant à leur intimité après qu'il a apporté le fameux dessert. Mais Aurélia se doutait qu'il ne fallait pas tenter Eros trop longtemps, encore moins quand le premier prénom de ce dieu était Coldris. Alors qu'il vint lui chatouiller l'oreille de ses mots et de ses lèvres, elle sourit. Qu'il se batte donc. Aucun des deux ne serait véritablement perdant dans la bataille.

Les bonnes choses ayant une fin, elle décida d'en entamer une autre avant que celle-ci ne s'achève : confier une énigme à Coldris apaiserait peut-être un instant son désir envers elle. Quand il s'en empara, elle eut l'impression de voir un enfant à qui on avait donné un jouet attendu depuis longtemps. Léonilde réapparut comme par magie, porteur d'une plume, d'un encrier, ... et d'un écritoire. Qui n'était pas chair celui-ci.

- Perdre n'est pas toujours une défaite, lui glissa-t-elle. Vaincre n'est pas toujours une victoire non plus.

Elle n'avait plus envie, soudain, qu'il se détache d'elle. Elle aurait voulu qu'ils restent là, indéfiniment, à se regarder dans le bleu de leurs yeux, à dessiner de leurs doigts les contours du visage l'un de l'autre, à se chuchoter des mots piquants, doux ou érudits. Mais elle le laissa partir à son énigme. En viendrait-elle à jalouser un simple bout de papier ? qu'elle avait elle-même écrit de surcroît. C'était ridicule.

Son estomac la rappela à la réalité en gargouillant. Elle reprit son verre sur le dressoir et retourna à sa place, pour finir son poisson. En s'asseyant, un bruit de papier froissé ainsi qu'un frottement léger sur sa peau lui fit baisser les yeux sur son décolleté. Un coin de la lettre de Quentin montrait inopinément le bout de son nez. Comme elle tournait le dos à Coldris en train de déchiffrer son mot, elle extirpa l'enveloppe qu'elle n'avait pas même encore ouverte, de son corsage et la glissa dans la poche de sa robe, rejoignant son mouchoir. Du moins le crut-elle, car en réalité, l'enveloppe tomba sans bruit sur le tapis, aux pieds de sa chaise.

Sans autre inquiétude, elle termina le poisson sans s'étouffer cette fois. Sous ses yeux se trouvait aussi le dessert dont un alléchant parfum de cannelle s'élevait. Elle adorait la cannelle. Il s'y mêlait la légère odeur alcoolisée du vin dans lequel étaient trempés les fruits. Aurélia espéra qu'il n'y avait tout de même pas trop de vin dedans : elle n'avait vraiment pas l'habitude d'en boire et l'effet du premier verre commençait tout juste à colorer ses joues d'une légère teinte rose et chaleureuse.

La voix de son hôte s'éleva alors dans son dos pour annoncer qu'il viendrait. Dès demain ? non, elle ne lui demanderait pas. Elle aurait la surprise, de le découvrir ou non sur le lieu du rendez-vous.

- Vous aurez votre mouchoir, sourit-elle en lui jetant un coup d'œil par-dessus son épaule.

Il revenait vers elle, et posait le papier sur la table avant que ses mains ne reviennent la toucher, se poser sur ses épaules. Elle se félicita d'avoir enlevé la lettre de Quentin : avec la vue plongeante qu'il devait avoir à ce moment-là, il l'aurait sans doute vue, si le capricieux parchemin avait décidé de pointer le bout de son nez hors de sa cachette. Que lui voulait-il à présent ? Ah... la dette. Un autre rendez-vous ne lui suffisait pas.

Elle leva le menton pour le regarder.

- Autre chose. Vous avez manifestement une idée derrière la tête, mais je ne la devine pas. Si c'est un piège pour m'attirer dans vos filets, Vulcain, prenez garde de ne pas vous y laisser prendre aussi... A quoi pensez-vous ?

Près de la chaise, sur un papier délaissé, quelques mots indiquent :
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Message par Coldris de Fromart Jeu 29 Oct - 16:23


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Coldris, 21 ans

Praecipue Cytherea iubet sua sacra taceri:
Admoneo, ueniat nequis ad illa loquax.

Cythérée surtout défend de dévoiler ses mystères. Je vous en avertis, aucun bavard ne doit approcher de ses autels.

L'art d’aimer II-600, Ovide





A part les femmes, rien ne lui plaisait plus que de mettre son esprit à l’épreuve. Alors si en plus c’était une femme qui lui offrait ce présent… Il s’était attelé à sa tâche oubliant presque cette étreinte qui avait menacé de l’emporter au large de tout raison.

- Cede repugnanti: cedendo uictor abibis: Fac modo, quas partes illa iubebit, agas. répondit-il du tac au tac sans relever la tête de son ouvrage.

Il ne manquait qu’une seule chose pour parfaire sa félicité en cet instant : qu’elle vienne enlacer ses épaules tandis qu’il griffonait le papier des caractères déchiffrés. Mais sa seule préoccupation semblait désormais être son appétit. Il ne lui en tint guère rigueur car après tout c’était pour cela qu’elle était invité chez lui.
Il se leva et lui offrit ce que lui-même n’avait pas reçu quelques minutes plus tôt, en profitant pour lui indiquer que le règlement demeurait incomplet. Lui tendre un piège ? Non absolument pas. Mais elle avait raison sur un point : ses yeux malicieux indiquait bien qu’il avait une idée très précise de ce qu’il souhaitait.

- C’est pourtant simple Aphrodite! Vous avez voulu me voler mes secrets alors… J’en exige un en retour vous concernant. Un vrai secret que personne d’autre que moi ne connaitra.

Ce fut à cet instant qu’il remarqua une tâche plus claire sur le tapis sombre. Un petit pli qui était tombée là par hasard. Il se baissa pour embrasser ses mains et le ramassa sans être vu.

Il retourna à sa place et la laissa mariner un peu. A l’abri derrière le large chandelier, il retourna le billet pour en découvrir l’expéditeur. Ce maudit crapaud baveux de Quentin… Il décacheta la lettre sans vraiment se poser de question.

– Ma tendre Sophie. Oubliez-tout cela ! J'ai une délicieuse nouvelle! Votre dette est réglée !

Sophie. On ne pouvait pas dire qu’elle était l’incarnation de la sagesse. Et grand bien lui en fasse, car les gens raisonnables étaient bien trop ennuyeux à son goût. Sans attendre, il se hissa sur la table, au milieu des chandeliers et autres corbeilles décoratives. Les verres tremblèrent mais tous résistèrent.
Il ne fallait rien de moins qu’un piédéstal pour déclamer haut et fort le contenu de ce courrier.

– Laissez-moi, le privilège de vous faire la lecture. Je sais être bon orateur. Vous n’aurez qu’à imaginer que je suis Quentin !

Plein d’engouement pour l’exercice, il ouvrit la lettre. Il débuta :

Lundi 12 septembre, après notre promenade. Chère Sophie, il commença à déambuler sur la table au milieu des obstacles ornementaux Sur mes lèvres, ton prénom a le goût de toute la douceur du monde

Et moi le goût de l’envie et de l’impertinence.

Je le savoure souvent en imaginant t’embrasser, passionnément.

Si vous saviez mon cher Quentin, comme j’aime et apprécie chacun de ses baisers. Des plus farouches au plus sauvages.  

Il s’arrêta un instant dans sa course pour l’observer. Elle et le ciel orageux de ses yeux bleus qui faisait battre son cœur plus vite que jamais.

Tous ces matins partagés à tes côtés, sont des délices inavouées. Et je rêve


« Que je touche, ne serait-ce qu’une seule fois, ton tétin d’or,
Ta poitrine de neige et ta belle
Gorge »




Vraiment ?! Il aurait pu vous les mettre en latin… Ne pouvait-il donc pas vous offrir des vers de son cru ? Vous ne pouvez pas nier que j’ai plus d’audace ma belle Aphrodite : mes rêves je les vis. Je ne les rêve pas.


Il s’arrêta pour lui sourire. Il n’y avait que les pleutres pour s’asseoir et rêver quand on pouvait prendre son destin en main et vivre la vie de son choix. C’était bien ce que disait la devise qu’il avait fait sculpter sur le fronton de sa porte. Il parcourut le reste de lettre et demanda en toute sincérité :


- Vous voulez vraiment la suite c’est… Enfin vous verrez

Il reprit sa déambulation sur la table enjambant nonchalamment au passage une carafe.

- Je t’imagine bien rougir de ces mots audacieux. Je les emprunte à un italien, tu me pardonneras.


Et si, sur tes tendres petites lèvres,
J’imprime un baiser,

Ne proteste pas trop vite, car c’est la moindre des tendresses que j’espère inscrire sur ta peau d’ivoire qui appelle à t’aimer.


Il s'interrompit subitement pour lui faire face et se noya instantanément dans l'océan:

Du brasier qui en moi flamboie
Sur votre peau j’y tracerai,
Mon insaisissable Psyché,
D’ardentes lettres de mes doigts.

-Et ceux-ci étaient de moi.


Il avait juste envie de lâcher cette fichue lettre qui n’apportait rien. Que Quentin était fou d’elle, il le savait déjà. Il s’imaginait sans mal qu’il se réveillait la nuit à cette simple pensée… Tout ce qu’il voulait c’était l’embrasser alors même que sans doute, elle le repousserai.

- Je lis Ovide, en t’écrivant. L’Art d’aimer m’instruit sur l’art de te plaire et je lis : « Après un baiser pris, si tu ne prends pas le reste, tu mérites de perdre les faveurs même qui te furent accordées ».

Votre ami est décidément fâché avec le latin. L’avez-vous embrassé ? Qu’il n’ait crainte, je ne laisse jamais mon dû à l’abandon.

T’a-t-on jamais embrassée sans rien prendre d’autre, déesse ? Est bien fou celui qui a résisté à tes charmes et les a perdus à jamais.
Pour une fois nous sommes d’accord.

Il fit volte-face et reparti dans l’autre sens, sautillant au dessus d'un chandelier allumé qu'il manqua de renverser.

- Pense à moi cette nuit, Circé envoutante, Domina es, servum tuum sum, Quentin de la Malvarelle

Il roula des yeux et lui tendit sa lettre

Vous m’en voyez navré mais je ne serai jamais votre dévoué serviteur.

Il sauta hors de la table. Il n'était pas de ceux qui jouait les Princes. Et Jolie Fleur l'avait certainement compris depuis bien longtemps. Jamais il ne ramperait à ses pieds dans l'espoir d'y obtenir un baiser. Non. Lui se servirait. Tout simplement.

Vous voulez un conseil? Brulez-là c’était décidément très médiocre pour espérer vous attirer dans son lit. Il s’immobilisa un instant pensif, - Quoi que non. Brûlez les miennes et gardez les siennes.

C'était une bonne couverture tout compte fait.
Il se faufila dans son dos et laissa ses mains effleurer ses bras.


- Il y avait deux secrets dans cette lettre. Je suis donc désormais votre débiteur, Sage Aurélia.

Un marché était un marché. Et il se devait d'être équitable. Ou tout du moins d'arranger les deux parties. Or il doutait que cette lecture ne fut de l'avis de son invité qui espérait sans doute la lire dans son intimité.

Lettre de Quentin:
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Message par Sarkeris Jeu 29 Oct - 22:37

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Elle comprit parfaitement sa petite pointe Ovidienne. Mais elle n'était pas sa maîtresse. Et puis s'il fallait céder pour gagner, alors elle lui concédait cette petite victoire de l'esprit. Il fallait reconnaître que c'était bien plus agréable de converser avec quelqu'un d'aussi instruit qu'elle sinon plus. C'était intéressant, et stimulant pour l'esprit. Le seul souci dans cette histoire, c'était qu'elle avait eu une éducation "pour fille" et que son père se fichait pas mal des lettres gréco-latines. Elle avait dévoré le peu d'ouvrages présents dans la forteresse de Lodmé : les épopées d'Homère et de Virgile, la Théogonie d'Hésiode, tous les grands : Platon, Eschyle, Sophocle, Aristote, Euripide, Plutarque, et tous les autres. Mais ce qu'elle aimait par dessus tout c'était la poésie italienne, et les pièces de théâtre antiques ou modernes. Or il n'y en avait que fort peu à Lodmé, et le temps de les faire venir du continent excédait souvent sa patience.

Elle s'était un peu rattrapée dans la bibliothèque de sa tante, mais sa mère lui avait formellement interdit d'y passer tout son temps. C'était sans doute par crainte qu'elle ne découvre les étagères "interdites" mais surtout fermées à clé. Clé qu'elle n'avait pas encore trouvée... En pensées, elle s'éloigna du lieu présent pour se demander ce que sa tante pouvait bien cacher dans sa bibliothèque. Des livres précieux ? ou hérétiques ? ou sulfureux ?

Coldris la ramena à la réalité par ses mains sur ses épaules. Il voulait un secret d'elle, alors qu'elle avait seulement tenté d'en découvrir sur lui sans en obtenir. Elle voulut protester, mais il la surprit alors en embrassant galamment ses mains. Il n'avait jamais fait ça auparavant. C'était presque... trop classique en comparaison de ce qu'il tentait habituellement.

- Un secret ? mais je n'ai pas vraiment de secret...

Elle disait cela en réfléchissant, alors qu'il retournait à sa table. Mais il l'interrompit avant qu'elle n'ait trouvé quoi que ce soit. Son coeur se serra de surprise à l'entendre prononcer son nom. Il savait donc ! mais comment ? Le mystère fut levé bien vite. Elle émit un cri de surprise en le voyant monter sur la table, puis se leva d'un bond quand elle vit ce qu'il tenait dans les mains : la lettre de Quentin ! Oui, c'était bien ça, elle n'était plus dans sa pocher.

- Qu'est-ce que vous faites ? où l'avez-vous trouvée ? demanda-t-elle d'une voix inquiète.

Mais il ne l'entendait pas tout absorbé dans sa représentation théâtrale. Imaginer qu'il était Quentin ? lui ! Il allait tout renverser en plus ! les verres tremblaient comme des feuilles sur son passage, les chandeliers étaient dangereusement près de ses chausses. Aurélia posa les mains sur sa bouche en reculant encore un peu de la table, catastrophée. Et puis aux premiers mots lus, elle pâlit, à la surprise se mêla la crainte de ce qu'avait écrit Quentin et de ce que lirait nécessairement Coldris, car il ne s'arrêterait pas avant la fin, sans doute.

Elle resta muette, les mains à présent posées sur le dossier de sa chaise, crispées, blanchies aux phalanges, tandis qu'elle passait par toutes une palette d'émotions complémentaires et contradictoires. Son cœur battait trop fort, ses joues rosissaient ou palissaient aux mots écrits, mais les commentaires de Coldris avaient le don d'amener un vrai rouge vif à ses pomettes et de rendre erratique sa respiration et le tambour qu'elle avait à présent dans la poitrine.

Gênée au possible aux premiers vers, elle gémit de honte et se cacha le visage dans les mains. Certes Coldris ne manquait pas d'audace, il incarnait parfaitement cela à l'instant même. Mais n'était-ce pas suffisant ?

- Non, je ne veux pas la suite ! s'exclama-t-elle en bondissant de nouveau, profitant qu'il se soit arrêté pour tenter d'attraper la feuille.

Mais il repartait déjà, sans se préoccuper de son avis. Ne sachant plus où se mettre, elle resta debout, au bord de la table. Oui, Quentin avait raison, elle rougissait, mais c'était de honte. Comment avait-il pu lui écrire des choses pareilles ! Coldris ridiculisait le tout par sa façon de déclamer le texte. Aurélia aurait préféré qu'il se taise, plutôt que de poursuivre sur les rêves de Quentin. Elle leva les yeux en entendant les derniers vers :

Du brasier qui en moi flamboie
Sur votre peau j’y tracerai,
Mon insaisissable Psyché,
D’ardentes lettres de mes doigts.

Ces mots-là n'appartenaient pas à un italien, ou bien elle n'y connaissait rien. Coldris la regardait droit dans les yeux et elle fondit sous ce regard là. Vulcain ou Eros en cet instant, devaient s'être unis pour qu'il ait cet effet sur elle. S'il s'était arrêté là, elle aurait oublié Quentin et ses mots gênants, sa lettre et son embarras grandissant. Mais il poursuivit, et impuissante, elle retomba dans son siège, attendant que le supplice s'achève.

A la fin, quand il lui redonna la lettre, évitant de le regarder dans les yeux, elle se contenta simplement de dire d'une voix tremblante :

- Le "servus" latin était bien plus qu'un serviteur, Coldris, c'était un esclave. Je ne veux pas d'un esclave. Il ne m'écrira plus. A quoi, d'ailleurs, cela servirait-il de garder ses lettres ? pour que vous me les lisiez toutes comme vous venez de le faire ?

Elle était vexée, sans trop savoir pourquoi puisque c'était de Quentin qu'il s'était moqué avant tout, mais Quentin parlait d'elle d'une façon qu'elle aurait préféré ne pas connaître, encore moins de la bouche de Coldris que d'un autre. Elle était embarrassée comme elle l'avait rarement été, aussi. Elle tournait et retournait la lettre dans ses mains sans savoir qu'en faire et surtout elle n'osait plus le regarder dans les yeux. Elle retira ses bras dès qu'il les toucha. Elle lui en voulait.

- C'était gênant, Coldris, ne recommencez pas, s'il vous plaît.

Toutes les émotions de la soirée lui firent monter les larmes aux yeux. Elle se mordit les lèvres pour se retenir, et s'empressa de s'assurer que la lettre était dans sa poche cette fois, avant de se rasseoir à table.

- Alors, on le mange ce dessert ? ça me donnera peut-être des idées pour que vous me rendiez le secret de trop que vous avez découvert.

Une larme réfractaire coula malgré elle sur sa joue et elle l'écrasa sans ménagement.
Sarkeris
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Message par Coldris de Fromart Ven 30 Oct - 9:00


[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 Sn7y
Coldris, 21 ans

Si flebit, flere.
Si elle pleure, pleure.

L'art d’aimer II-200, Ovide





Au petit couinement de souris qui s’échappa de ses lèvres lorsqu’il prononça son nom, il ne put retenir un petit sourire de satisfaction. Il se sentait d’humeur joueuse et sauta sur la table pour en faire sa scène. Ce dîner, nécessitait bien un petit intermède théâtrale avant de prendre le dessert non ? Qu'importe si la scène était encombrée d'une farandole d'accessoires, tels que verrerie, vaisselle, corbeilles ou encore chandeliers. Cela n'en rendait la représentation que plus excitante encore.

Elle avait bondi sur ses petits pieds et pâli à vue d'œil, elle qui avait déjà une peau de neige. Il entama sa lecture et la voir rougir à chacun de ses commentaires faisait bondir un peu plus son cœur dans sa poitrine, sans vraiment savoir pourquoi il y accordait autant d'importance. Comme toujours ces derniers temps, tout son être n’était tournée que vers elle. Les mots de Quentin devenaient anecdotiques. Cela ne devenait plus qu’un vague mobile pour lui déclamer les siens. S'il s’amusait de la voir se cacher le visage entre ses mains comme une enfant qui espérerait disparaître, il n’aurait, au fond de lui, rien voulu d'autre que de la serrer  suffisamment fort pour qu'elle comprenne combien c’était sans importance. Pensait-elle qu’il prenait plaisir à se moquer d'elle ?

Une farouche petite main tenta d'attraper le feuillet qu’il souleva prestement avant de reprendre sa lecture, omettant qu'elle ne voulait pas lire la suite…

- Il faut toujours terminer ce que l'on entreprend d’accomplir, c'est important.

C'était une chose à laquelle il tenait particulièrement. Ce n’était pas pour moyen après tout que les armoiries Fromart étaient un taureau grattant le sol. Certains disait Coldris obstiné ou opiniâtre quand d'autres le qualifiait de têtu. Toujours était-il qu'il ne revenait jamais en arrière dès lors qu’il avait pris une décision -bien souvent mûrement réfléchi-. Qu'importe le nombre de murs et d’obstacles qui se dressaient sur son chemin, il finissait toujours par atteindre le but qu’il s’était fixé.

Et il aurait eu tort de s’arrêter là quand il constata l'effet que ses vers improvisés eurent sur sa belle Aurélia. Il aurait sans doute dû s's'écoute et immédiatement brûler cette foutue lettre sans intérêt avant de sauter hors de la table pour l’embrasser comme il en rêvait. Mais au lieu de cela, il ne put s’empêcher d'en achever la lecture -signature comprise-

Il redescendit aussi agilement qu’il était monté sans qu’il n'y eut de casse à déplorer. Tout juste un verre -vide- renversé.
Il avait conscience d’avoir quelque peu adouci sa traduction mais pouvoir se considérer comme esclave de ses sentiments ou d'autres choses lui passer littéralement au dessus de sa tête. Il était libre et il comptait bien le reste. Il n'y avait aucune gloire dans la soumission.

- Laissez-le vous écrire mais rangez-les sans les lire, si cela vous importune.  Je vous les lirai quand je viendrai -commentaire inclus- sur le bord de votre lit - si vous le souhaitez - mais ce n’était pas l’idée que j'en avais. Conservez-les simplement pour que nous puissions nous voir aussi souvent qu’il vous siéra. Les mères n’aiment pas trop me voir roder autour des jupons de leur fille

Il ponctua sa phrase d'un sourire entendu. Comment aurait-il pu leur en vouloir lorsque l'on connaissait sa réputation dans les salons ?

Était-elle si embarrassée pour que ses petits saphirs en deviennent tout humide ? Elle repoussa ses bras mais ce n’était pas ce qui pouvait l’empêcher de l’attirer contre lui, pas plus que de caresser ses cheveux blonds comme les blés ou d'embrasser sa tête.

- N'ayez pas honte belle Sophie et prenez ses mots avec humour s’ils vous tourmentent tant. J'ai lu bien pire comme lettre et puis vous savez… Les secrets de Cervigny reste à Cervigny. Rien ne saurait sortir d'ici sans mon autorisation.

Coldris prolongea l’étreinte en la serrant un peu plus contre lui jusqu’à sentir la chaleur de sa peau transpercer les multiples couches de vêtements. Il releva son menton et embrassa avec une toute nouvelle tendresse ses douces lèvres rosées au goût si sucrée. On était loin du baiser passionné qu’il avait rêvé de lui donner sur la table. Ou des images de ses bras repoussant verres et couverts dans un tintement de cristal et de métal.

- Tout ce qui compte c’est que vous ayez apprécié les miens. Le reste n'a aucune importance .

Il venait de caresser ses oreilles du souffle de ses mots.
Sa main se chargea de sa joue et il retourna à sa place.

Aurélia était belle quand elle était forte.
Quand elle était audacieuse.
Quand elle était surprenante.
Quand elle était jalouse.
Quand elle était furieuse.
Quand elle était provocante.
Quand elle était espiègle.
Quand elle était pleine d'esprit.
Mais aussi quand elle était sensible et émotive, fragile petit bouton d'or.

Il n’avait plus d’appétit mais entama tout de même sa poire.

- S'il vous vient une idée n’hésitez pas. De quoi parlions-nous avant tout ceci ?

Il peinait à remonter plus loin que le baiser inattendu qu’elle lui avait offert et qui avait bien failli mal finir.

- Ah oui la chasse ! Vous aimez la chasse ? Vous pourriez m'accompagner un jour si vous le désirez. Mais peut-être préférez-vous l’opéra ou le théâtre ?

Ce n’était qu'une invitation à peine voilée. Et pour cause, il saisissait simplement l'opportunité au vol. Après tout il avait une collection de mouchoirs à compléter non ?
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Message par Sarkeris Ven 30 Oct - 13:18

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 DtnMT1HWwAALyvG
Sophie de Farnendes, 16 ans

Tot licet obseruent (adsit modo certa uoluntas),
Quot fuerant Argo lumina, uerba dabis.

Eussiez-vous autant de surveillants qu'Argus avait d'yeux, vous les duperez tous, si vous en avez la ferme volonté.

L'art d’aimer III-6,10, Ovide





Laisser Quentin lui écrire ? mais ça signifiait l'encourager. S'il continuait, assurément, elle ne lirait pas ses lettres ! Et elle ne voulait pas non plus que Coldris les lise. Au bord du lit ou non, s'il venait - et elle aima cette idée - elle ne souhaitait pas que Quentin soit comme un fantôme entre eux d'eux. Mais pourquoi donc fallait-il prétendre en favoriser un autre pour que le seul qu'elle apprécie vraiment puisse la voir ?

- Mais si je laisse Quentin faire, il ne se contentera pas juste de lettres, protesta-t-elle alors qu'il l'attirait contre lui.

Malvarelle était de ceux auxquels elle n'accordait rien. Il ne l'avait jamais embrassée, n'avait jamais osée la toucher davantage que ne l'autorisait la bienséance. Même pas un baisemain trop appuyé ou un doigt caressant sur le poignet. De loin, il était le plus sage de ceux qu'elle avait repoussés. Sauf dans cette lettre, la première. Elle devait bientôt revoir Quentin, puisque c'était un ami d'Allan, son cousin. Comment était-elle supposée répondre à pareille lettre ? Comment pouvait-elle tout simplement supporter Quentin, quand Coldris était infiniment plus intéressant. Et séduisant. Et moqueur. Et taquin, intelligent, imprévisible, audacieux et déterminé.

Elle ne résista pas davantage à son étreinte, à ses caresses rassurantes. Elle aussi se serra contre lui, passant ses mains dans son dos, la tête appuyée contre son épaule, elle l'écouta la rassurer. Il l'appelait Sophie. Elle préférait de loin son Aurélia.

- Sophie restera pour les autres, murmura-t-elle presque sur ses lèvres, juste avant qu'il ne l'embrasse.

Il n'y avait que lui qui l'appelait Aurélia. Il n'y aurait que lui qui l'appellerait ainsi. Elle avait aimé ses mots, elle aimait son baiser, ses lèvres pleines de surprise, de fougue, ou de tendresse. Elle aimait ses mots, ses yeux, le son de sa voix, ses mains caressantes. Coldris n'aurait jamais écrit pareille lettre, mais si sa main avait tracé ces mots-là, elle l'aurait lue. Il pouvait bien écrire ce qu'il voulait, s'il fallait vraiment qu'elle brûle ses lettres, alors elle les apprendrait par cœur avant.

De nouveau assise face à lui, larmes chassées, Aurélia commença sa poire avec délice. La cannelle relevait le goût du fruit plongé dans l'alcool. Un tel dessert achevait de la réconforter, alors qu'elle entendait encore les derniers mots de Coldris à son oreille, et qu'elle sentait encore sa main sur sa joue. Elle était complètement sous son charme à cet instant, mais au fond, elle savait que c'était à cause de ses émotions, et comme elle le lui avait dit plus tôt, elle se battrait toujours pour garder la raison à proximité avec lui. Il était temps de reprendre ses esprits, et elle profita que la conversation revienne au point où ils l'avaient laissée, pour ce faire.

Elle échangea un regard avec lui. Trouver un moyen pour qu'il lui rende le secret qu'il lui devait n'était pas compliqué :

- Eh bien, dites moi simplement quelque chose sur vous. Je n'ai rien découvert dans votre bureau. Mis à part que vous étiez friand de secrets et de mystères bien gardés, que vous aimiez la littérature, mais ça je m'en doutais un peu.

En fait, si, elle avait découvert des choses sur lui. Elle poursuivit donc sa liste, ponctuant chaque chose d'une bouchée de poire :

- ...que vous aviez une préférence pour Machiavel - c'est le livre le plus abimé de votre bibliothèque secrète... - que je ne connais pas du tout ; que vous ne laissiez rien traîner sur votre bureau, ce qui vous a permis de m'y poser délicatement sans rien déranger ; que vous ne laissiez pas les clefs de vos tiroirs traîner, puisque je ne les ai pas trouvées.

A la fin, sa poire était terminée. Elle essuya les coins de ses lèvres. Où étaient donc ces clefs, d'ailleurs ? Il y avait tant de tiroirs et de placards, qu'il ne pouvait pas les porter sur lui sans les faire tinter à chaque mouvement. Elle l'aurait entendu, ce petit bruit si caractéristique s'il avait un trousseau. A moins que ce ne soit Léonilde qui les garde bien cachées quelque part.

- Je suis certaine qu'il y a encore beaucoup de choses à découvrir sur vous Coldris, et je suis curieuse, comme vous avez pu le constater. En revanche, je crois avoir peu de secrets, de mon côté.

Ils avaient parlé de chasse aussi. Allan voulait en organiser une pour les premières neiges de l'année, il en avait parlé la veille chez sa tante. Il y aurait un peu de temps avant que cette chasse n'arrive, mais elle espérait que Coldris accepterait de venir. D'ailleurs, sa tante avait fait une réflexion à ce sujet : "Dis-moi, Sophie, le grand brun venu le mois dernier, là, le secrétaire du premier conseiller, ce serait bien de l'inviter aussi, ça fait toujours bon genre d'avoir quelqu'un du gouvernement dans le coin."

- La chasse. En fait, j'aime beaucoup monter à cheval, et la chasse est un exercice que j'aime pour cela. Je serais ravie de vous accompagner, si vous me rendez la pareille. Et je ne suis pas la seule à le réclamer. Il semblerait que ma tante vous ai apprécié.

Comme quoi, il n'avait pas à s'en faire s'il voulait la voir, sa tante n'y verrait aucun inconvénient, et comme le manoir lui appartenait, elle pouvait inviter qui elle voulait. Mais Aurélia n'avait pas fini, parce que le reste de la proposition l'intéressait aussi.

- Quant à l'opéra et au théâtre, ce sont deux choses dont je suis friande. Je suis déjà allée voir plusieurs pièces en ville, et la troupe rend bien le texte. Ce sera quand vous voudrez.

Elle jeta un regard à la pendule. Les aiguilles indiquaient les dix heures du soir. Si elle ne rentrait pas avant onze heures, les grilles du manoir seraient fermées et elle devrait passer la nuit dehors, ce qui ne l'enchantait guère. Elle demanderait à Coldris si un domestique pouvait l'accompagner dans les rues de Braktenn pour rentrer.
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Message par Coldris de Fromart Ven 30 Oct - 15:32


[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 Sn7y
Coldris, 21 ans

oscula si dederis, fiam manifestus amator
et dicam 'mea sunt!' iniciamque manum

Garde-toi surtout de lui donner aucun baiser ; si tu lui en donnes un, je me déclarerais aussitôt ton amant,
"Ces baisers m'appartiennent !" m'écrierais-je, et je viendrais les lui disputer.


Les Amours I-4, Ovide





Coldris adorait ce savant mélange de candeur et d’esprit dont elle pouvait faire preuve. Il aurait souhaité qu’elle ne perde jamais cette innocence qu’il n’avait jamais eu. Mais il n’était que bien trop conscient que sa jolie fleur finirait par se noircir un jour ou l’autre. Il préféra enfouir son nez dans ses cheveux. Un jour, il lui expliquerait pourquoi il fallait s’assurer de garder un Quentin sous son bras. Mais pour l’heure, il ne voulait pas l’ennuyer avec de sombres histoires. Surtout quand elle se serrait contre lui ainsi et qu’elle lui demandait de l’appeler Aurélia. Dans d’autres circonstances, son esprit de contradiction lui aurait certainement fait choisir un autre nom. Mais là, pris au piège de sa propre étreinte son esprit semblait comme engourdi, si bien qu'il en oublia toute provocation.

- A bene placito! se contenta-t-il de répondre non sans ironie avant de l’embrasser.

Il devait bien admettre qu’il aimait lui aussi Aurélia car c’est ce qu’elle était : auréolé. Et pas seulement car sa chevelure était d’or. Aurélia était lumineuse, brillante, comme astre. Il ne pouvait s’empêcher d’être attiré par elle, même lorsqu’elle était simplement à l’autre bout de la table. Stella aurait tout aussi bien pu lui aller. Mais il préférait Aurélia  ou Aphrodite ou encore Psyché.
Il mangea son dessert sans grand appétit. Son regard était focalisé sur son invité -qui elle semblait apprécier pour son plus grand plaisir- et ses pensées, vers l’heure qui tournait inexorablement annonçant la fin de cette soirée. Il rompit le silence en lui proposant le secret qu’il lui devait.
Il écouta une à une l’énumération de ce qu’elle avait découvert en si peu de temps. Son sourire ne faisait que s’agrandir à chaque nouvelle supposition qu’il validait d’un signe de la tête.

- Et bien heureusement que je garde le reste sous clés, mon espiègle petite souris ! Je vous prêterai avec plaisir mon livre -tout ceux qu’ils vous plairont d’emprunter- bien que je doute que celui-ci soit à votre goût.

Quant aux clés, elles étaient soigneusement cachées dans un lieu connu de lui seul. Des secrets à découvrir, il y en avait plein en effet. Et surtout des déplaisants. C’était bien pour cela qu’on les gardait à distance de toute représentation publique non ? Certains se trouvaient à l’étage. D’autres enfouis dans son esprit, là où personne n’irait fouiner. C’était notamment le cas de ses petits arrangements politique.

- Mon anniversaire est le 9 décembre et je fêterai mes vingt-deux ans.

Techniquement cela faisait deux secrets. Mais il lui accordait le second de bonne grâce. Et puis, il avait bien une idée derrière la tête : maintenant, elle ne pourrait plus ne pas lui souhaiter. Il eut le fin mot de l’histoire concernant la chasse et il acquiesça.

- Si votre tante le demande ce serait fort déplacé de refuser n’est-ce pas ?

Ce qui signifiait dans les faits qu’il accepterait avec joie de passer ce moment en sa compagnie, à chercher et piéger le gibier. Il espérait une chasse à lance, de celle où l'on transperce le cœur du sanglier juste avant de se faire déchiqueter par ses défenses.

- Voilà qui est acté, attendez-vous à devoir supporter ma compagnie durant nouvelle soirée dans ce cas.

Aurélia scrutait les aiguilles du pendule. Sans doute devait-elle rentrer prochainement. Il se leva, signant la fin du repas.

- Puisque vous refusez de rester ici, nous allons devoir vous raccompagner.

Ce n’était pas comme s’il avait quoi que ce soit de mieux à faire ce soir. D’autant plus que les nuits pouvaient être longue lorsque son esprit refuser de se retirer dans les bras de Morphée. Et c’était un moyen comme un autre de prolonger la soirée et de lui voler un dernier baiser.
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Message par Sarkeris Ven 30 Oct - 18:39


Déjà le ciel aux Indes rougissait,

Et l’Aube encor de ses tresses tant blondes,

De ses trésors les prés enrichissait,

Faisant grêler mille perlettes rondes


_________________________

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 Unknown
Quentin de Malvarelle, 23 ans
cherchant Lodméia

Courant octobre 1566,
Par un frais matin d'automne

Persévérance. Patience. Attente. Lassitude. Colère.

Voilà ce qu'il avait fallu à Quentin Malvarelle, et ce qu'il avait ressenti, pendant des jours. Levé à l'aube pour une faveur promise, il se retrouvait à l'aurore, seul, gelé jusqu'aux os, avec un cheval piaffant d'impatience, sous le porche de la porte des Champs. Et Sophie ne venait plus. Il avait beau attendre une demi-heure, une heure, deux heures, elle ne venait pas.

Les deux premiers jours, il s'était résigné, en se persuadant qu'elle n'avait pas pu venir, qu'elle était souffrante, qu'elle avait oublié de se réveiller. Le troisième jour, toujours au rendez-vous, il se demandait pourquoi elle ne l'avait pas prévenu. Le lendemain, il se fustigea de n'avoir pas le courage d'aller au manoir pour tout simplement demander de ses nouvelles. Le sixième jour, après une heure d'attente, il poussa jusqu'au manoir, mais n'osa pas aller jusqu'au bout et frapper à la porte. Le septième jour, il fut en retard au rendez-vous et se dit qu'elle ne l'avait pas attendu. Le huitième jour, il osa aller demander après elle au manoir. On lui répondit qu'elle était partie faire sa promenade habituelle. Le neuvième jour, il se morfondait chez lui en se convaincant que sa lettre n'avait pas été favorablement accueillie et qu'elle le punissait ainsi. Le dixième jour, il était résolu à tenter sa chance.

Il se leva avant l'aube et partit pour le manoir du moulin avec la ferme intention d'intercepter Sophie dès qu'elle sortirait de la demeure. Il attendit à cheval, dans un coin d'ombre pour la suivre d'abord et la surprendre ensuite dans sa promenade. Mais quand elle franchit le portail au petit trot, élégamment montée en amazone, un rose du matin aux joues, ses cheveux blonds bien serrés sous son chapeau, il eut tellement de joie de la voir qu'il oublia de se mettre aussitôt en marche. Il ne se rappela de son objectif que lorsqu'elle disparut de sa vue au bout de la rue. Vision éphémère d'un cheval gris au petit galop, soulevant au rythme de ses sabots les longs pans de la robe bleue.

Il piqua des deux son propre cheval, un animal un peu nerveux, qui réagit très vite. Mais la fille des îles, lui filaient entre les doigts comme le vent, si bien qu'il faillit la perdre plusieurs fois.

- Allez Pantouffle, haranguait-il sa monture. Il faut la rattraper.

Au coin d'une rue, elle ralentit. Elle sortait de la ville, et de loin derrière, il se dit qu'il la tenait enfin ! Jusqu'à ce qu'il distingue, à un tournant du chemin des Aiguilles, un autre cavalier qu'il l'attendait manifestement. Il la vit ralentir pour se mettre à sa hauteur. De son côté, Quentin s'était arrêté, de façon à ce qu'ils ne le voient pas.

Il fulminait. Ainsi, elle le délaissait pour un autre. Qui était donc ce rival plus intéressant que lui ? Il allait lui tordre le cou, le réduire en bouillie, en faire de la pâtée pour chiens, le brûler et l'envoyer aux Enfers. Pas nécessairement dans cet ordre. Mais avant toute chose, il fallait savoir qui c'était.

Il s'approcha discrètement, mais l'inconnu était de dos, et puis soudain, ils partirent au galop. Encore une fois, avec un train de retard, Quentin décida de les suivre, mais à distance, avec prudence. Il avait bien l'intention de confondre la belle, puisqu'elle le faisait languir.

***

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 DtnMT1HWwAALyvG
Aurélia de Farnendes, 16 ans

Coldris l'attendait à leur lieu de rendez-vous habituel, et le sourire qu'elle avait dès le réveil à la perspective de le voir s'agrandit. Avec lui, aucune règle, pendant la promenade. Il pouvait bien parler, elle savait qu'elle ne s'ennuierait pas.

- Prêt pour une galopade ce matin ? l'interpella-t-elle, joyeuse.

Elle arrêta son hongre gris pommelé juste à sa hauteur. Les deux montures commençaient à bien se connaître. Elle flatta l'encolure de la sienne, et lâcha une volute de buée dans l'air frais, en regardant les alentours qui s'offraient à eux. D'un côté une plaine vallonée, de l'autre une forêt. Pour le galop, la plaine était bien plus pratique : les chevaux pouvaient allonger leur foulée, et eux, ils pourraient faire la course sans crainte des obstacles.

- J'ai fini Le Prince, annonça-t-elle. Mais je n'ai pas envie d'en parler maintenant. Peut-être tout à l'heure.

Sillage piaffa sous elle. Le petit galop dans les rues de la capitale ne lui avait pas suffit. Il en voulait plus. Tout comme Aurélia souhaitait profiter encore une fois de chaque précieuse seconde avec son Eros. Chaque matin depuis l'autre soir, elle était heureuse de le retrouver, fidèle au rendez-vous fixé. Parfois en retard, parce que c'était Coldris... Mais à chaque fois qu'il lui avait fait ce coup là, elle était partie sans lui, et il avait dû la rattraper. Tant pis pour lui.

Il était venu, il l'avait vue, mais il n'y avait encore rien eu à vaincre. Enfin, si. Ils avaient déjà testé plusieurs fois la rapidité de leurs chevaux dans des courses endiablées, qui détachaient les cheveux d'Aurélia dans tous les cas, malgré les épingles qu'elle y mettait pour les retenir. Il se débrouillait aussi toujours pour lui voler un baiser par-ci, par là. Mais elle ne savait jamais quand cette lubie allait lui prendre.

Elle se faisait un jeu de repérer son manège avant, sans toujours y parvenir.

- On y va ?

Et sans attendre sa réponse, elle claqua de la langue et dévala le chemin des aiguilles jusque dans la plaine. Sillage était lancé à présent et presque couchée sur l'encolure, le visage fouetté par la crinière du cheval et par le vent, elle plissait les yeux pour les protéger du soleil levant. Coldris n'était pas loin derrière.
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Message par Coldris de Fromart Ven 30 Oct - 22:59



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Coldris, 21 ans

Ces cheveux d'or sont les liens, Madame,
Dont fut premier ma liberté surprise
Amour la flamme autour du coeur éprise,
Ces yeux le trait qui me transperce l'âme.


L’Olive, X, Du Bellay







Chaque matin c’était le même cérémonial. Même heure, même lieu, même tenu, même cheval. Pourtant Coldris mettait un point d’honneur à tuer la routine.

Chaque jour était différent.

Parfois il arrivait en avance, parfois en retard.
Parfois, il attendait sagement son arrivée, parfois il la devançait.
Parfois il était au lieu du rendez-vous, parfois il lui tendait un guet-apens.

Leurs activités étaient tout aussi variées : ils pouvaient parler de tout et de rien, galoper sur les sentiers ou simplement profiter du calme matinal. Lui qui était si mauvais perdant, avait appris à aimer perdre pour mieux se faire consoler ou lui voler un baiser. Toutes les excuses étaient bonnes pour parvenir à ses fins. Il se faisait d’ailleurs une gageure de toujours trouver le moment où elle s’y attendait le moins pour capturer ses douces lèvres entre les siennes.

Il y avait néanmoins une chose qui demeurait invariablement chaque jour : l’impatience avec laquelle il se levait pour y aller. Cela n’avait de fait pas arrangé ses insomnies tant il priait pour que le jour se lève enfin…

Ce jour-là, il avait simplement décidé de l’attendre à leur point de rendez-vous. L’automne s’est bien installé sur Braktenn et tant l’humidité que le froid l’avait poussé à emporter une cape noire. Alkaios, son étalon de jais, piaffé d’impatience sur les pavés. C’était un cheval espagnol qui partageait pour beaucoup le tempérament de son cavalier : fougueux, impatient, caractériel. Coldris adorait ce splendide cheval qui lui avait couté une petite fortune. La fraicheur du matin saisissait ses doigts enroulés autour des rênes, pourtant, il restait parfaitement fier et immobile. Un calme qui ne laissait rien paraitre du bouillonnement qui l'habitait. Son esprit d’ordinaire peu placide était en proie à une véritable tempête de questions indomptable: que porterait-elle aujourd’hui ? Avait-elle fini son livre ? Qu’en avait-elle pensé ? Est-ce qu’elle voudrait bien revenir diner chez lui ? Est-ce qu’il pourrait la serrer dans ses bras ? Quand ? Que mangeait-elle le matin ? Où iraient-ils ? Dans les collines ou en forêt ?  Et cela continuait ainsi inlassablement jusqu’à ce qu’enfin elle apparaisse dans son champ de vision et que tant les mots que les idées s’évaporent aussi certainement que la brume d’automne.

Il tourna immédiatement la tête au martèlement caractéristique des sabots. Enfin, elle était là ! Sur sa monture gris pommelé. Une robe bleue comme ses yeux. La couleur qu’il préférait la voir porter. Son petit chapeau surmontant son élégante coiffure qu’il ne rêvait que de défaire pour voir ses jolies boucles blondes cascader dans son dos. Elle aurait pu faire pâlir de jalousie l’aurore elle-même.

- Est-ce vraiment utile de demander ma douce Aurélia ? répondit-il sur un ton taquin.

Une course donc. Parfait. Il savait qu’Alkaios n’attendait que cela de bondir. Il n’y avait qu’à le voir agiter l’encolure et piaffer comme s’il marchait sur des charbons ardents pour s’en convaincre.
Coldris passa de la joie à la frustration lorsqu’elle lui annonça avoir fini Le Prince. Elle ne voulait pas en parler maintenant. Depuis quand obéissait-il aux ordres qui lui était donné ? Il voulut protester mais elle le connaissait désormais suffisamment pour savoir esquiver avec grâce ses déplaisantes petites manies.
Sans l’attendre, elle lança son hongre gris au grand galop. Il n’eut qu’à détendre les rênes pour que l’étalon s’élance à sa poursuite avec la ferme intention de le dépasser. Ils dévalèrent le chemin des aiguilles manquant de bousculer un passant qui déambulait et se retrouvèrent sur une piste entre les champs. Coldris connaissait parfaitement cette route, c’était celle qui se dirigeait sur les crêtes. De là-haut, Braktenn et ses toits rougeoyants sous les lueurs de l’aurore s’étendraient sous leurs pieds. L’air était vif et fouettait son visage comme autant de petites aiguilles. Il sentait le vent s’engouffrer dans ses courts cheveux bruns tandis que l’andalou allongeait un peu plus ses foulées pour se porter à hauteur du cheval concurrent.

- Vous semblez encore endormie ma belle Psyché. Ce n’est plus la peine de rêver puisque je suis là !

Son large sourire moqueur s’étirait de part en part. Il talonna l’étalon afin de la dépasser. Il le savait capable d’une grande célérité lorsqu’il était motivé.

- Réfléchissez à ce que vous allez m’offrir quand j’aurais gagné ! lança-t-il en s’éloignant.

Il bifurqua sur la droite, entre des allées de chênes qui étendaient leurs ramures cuivrés jusqu’à se toucher. Quelques feuilles orangées volaient de ci, de là sous la brise tandis que Coldris foulait le tapis coloré.






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Message par Sarkeris Sam 31 Oct - 11:05

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 Davor_10
Quentin de Malvarelle, 23 ans

Il enrageait. Coldris de Fromart ! encore lui, toujours lui ! Ce Fromart était une épine à son pied.

Monsieur est riche !
Monsieur a pignon sur la place royale !
Monsieur est Secrétaire du Premier Conseiller !
Monsieur est plus qu'apprécié de ces dames !
Monsieur est un véritable fléaux pour la vertu féminine, oui !

Et Sophie se jetait dans la gueule du prédateur. Il n'en ferait qu'une bouchée, et ensuite, il la laisserait; l'abandonnerait pour retourner dans les bras de ses maîtresses trop nombreuses. De quel droit lui donnait-il de l'espoir, ce fourbe Fromart, déjà engagé ailleurs ?! Et comment elle, une fille de comte, pouvait-elle s'enticher un seigneur de bas étage, alors que lui, Quentin de Malravelle, portait avec fierté le nom d'un marquisat ! Fromart ne la méritait pas.

Quentin galopait à leur suite, peinant à les rattraper. Il vit Coldris prendre les devants et filer vers la crête. C'est là-bas qu'ils allaient ? Très bien. Il connaissait un raccourci qui lui permettrait d'arriver bien avant cet infâme rival. Après tout, Coldris connaissait peut-être les lieux, mais lui était né à Braktenn.

Il hésita cependant : Sophie était derrière, il pourrait peut-être la rejoindre. Mais quand il la vit accélérer la cadence, il comprit que ce serait inutile, et prit son raccourci, avec la ferme intention de provoquer Coldris en duel à la première occasion.

***

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 2 DtnMT1HWwAALyvG
Aurélia de Farnendes, 16 ans

Leurs chevaux martelaient puissamment le sol de leurs sabots, soulevant des mottes de terre et embrumant l'air de leur souffle. Aurélia entendait Coldris la rattraper avec son étalon d'Espagne. La jeune fille exerça une légère pression sur les rênes de son hongre qui ralentit imperceptiblement, pour laisser seigneur monbrinien se mettre à sa hauteur. Il verrait ensuite comment elle lâcherait Sillage. Ce n'était pas pour rien qu'elle l'avait appelé comme ça.

- Je ne rêve pas. J'agis, lui lança-t-elle en freinant davantage Sillage.

Elle reprenait ses propres mots, prononcés quelques soirs plus tôt. Il prenait visiblement plaisir à la course lui aussi. Elle adorait voir son visage concentré pour gagner, les quelques mèches brunes, un peu plus longues, sur son front, se soulever dans le vent. Ses yeux bleus comme une flamme naissante brillaient de défi. C'était un pur bonheur de le voir comme ça. Et si elle ne s'appelait pas Sophie de Farnendes, elle l'aurait laissé gagner pour le plus grand bonheur de le voir triomphant. Mais elle portait d'autres noms avec lui, son Eros vulcanien, et par ce fait même, elle ne pouvait pas lui laisser une victoire facile.

Souriant dans le vent, elle lui répliqua, alors qu'il prenait de l'avance :

- Vous n'aurez pas de baiser quand vous perdrez !

Elle allait retenir Sillage, juste assez pour talonner Coldris, et au dernier moment, elle le dépasserait. Juste devant elle, il bifurqua dans une allée bordée de chênes. Elle dut effectuer la même manœuvre avec un instant de retard, et perdit quelques précieuses foulées sur lui. Alors elle laissa Sillage prendre le mors au dents et elle galopa derrière lui sous la canopée automnale.

En tendant la main, elle aurait pu toucher la croupe d'Alkaios, mais c'était bien plus plaisant de regarder son brun compagnon croire à la victoire. Le silence du matin semblait les envelopper dans le bruit d'un galop effréné. Ils étaient seuls dans ce nouveau matin du monde. Elle se vida l'esprit, et déterminée, voyant le bout de l'allée se dessiner. Elle lâcha définitivement la bride de Sillage.

Le hongre fit un bond en avant, se hissa à la hauteur de l'étalon en longues foulées déliées, puis le dépassa finalement, au moment même où les derniers chênes disparaissaient au bord de la vision d'Aurélia. Avec un cri de victoire, la jeune fille fit ralentir son cheval sur la crête et l'arrêta, écumant pour accueillir Coldris.

- Je suis ravi de te voir si heureuse, Sophie, mais j'attends quelques explications.

Quentin apparut à son côté, faisant faire un brusque écart à Sillage encore tout nerveux de sa course.
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Message par Coldris de Fromart Sam 31 Oct - 14:19


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Coldris, 21 ans

tenuis sub artus
flamma demanat, sonitu suopte
Tintinant aures gemina, teguntur
Lumina nocte.

un feu subtil circule dans mes reins, un tintement confus bourdonne à mes oreilles, la nuit couvre mes deux yeux !

Poème LI: A Lesbie, Catulle





Les premiers rayons dorés du jour réchauffaient les étendues blanchies par les gelés nocturnes. De part et d'autre du chemin, la nature s’éveillait lentement encore engourdie par le froid de la nuit.
Coldris ne prêtait aucune attention à ce spectacle, tout concentré qu’il était sur sa course effrénée. Elle ne le laisserait pas gagné, pas plus que lui-même ne s’avouerait vaincu et c’était bien pour cela qu’il aimait tant galoper à ses côtés. Aurélia était un défi permanent. Avec elle, chaque victoire s’appréciait à sa juste valeur.

Les deux chevaux galopèrent un bref instant côte à côte. Il pouvait presque la toucher, mais il était bien trop concentré sur sa compétition pour se laisser distraire.
Cette remarque, lancée au vent, faisait écho à ses propres mots. Ceux qu’il avait prononcé entre quelques sottises de ce maudit Quentin. Il ne pouvait s’empêcher de sourire, le visage fouetté par le vent. Une journée ne pouvait pas mieux  commencer que par la vision d’Aurélia aux pommettes rosées par le frais et dont le visage transparaissait de bonheur de ces yeux rieurs jusqu’à ses lèvres délicatement retroussées. Il aurait pu rester indéfiniment à la détailler pour en graver chaque détail dans son esprit mais Coldris détestait perdre. Encore plus lorsqu’elle lui annonçait qu’il n’aurait pas de baiser pour se consoler ! Et elle disait cela avec le sourire en plus ! Qu’importe il savait qu’il trouverait le moyen de lui en voler un.

Au dernier moment, il changea de direction pour une allée bordée de chênes. Les sabots d’Alkaios remuaient terre et feuilles dans un bruissement cadencé. Aurélia était tout juste derrière lui, il pouvait entendre Sillage expirer bruyamment sous l’effort demandé. Coldris serra un peu plus les flancs de l’andalou pour le pousser à avancer toujours plus vite. Il tourna la tête brièvement et aperçut le hongre gris s’étira de toute ses forces pour finalement le doubler quasiment sur la ligne d’arrivée.
Aurélia exultait. Lui poussa un long cri rageur dirigé contre lui-même. Il s’en était fallu de si peu pour qu’il ne remporte la victoire ! L’étalon repassa au petit trot. Sa main glissa sous l’épaisse crinière ondulée et il flatta son encolure : il l’avait tout de même bien mérité. Alkaios semblait pourtant ruminer autant sa défaite que son mors.
Il était déjà en train de réfléchir à ce qu’il allait lui offrir comme prix de sa victoire lorsque Sillage fit une embardé soudaine dans un hennissement. Sans réfléchir, il serra les flancs de sa monture pour revenir au plus vite à ses côtés.

Quentin. Ce gourdiflot de Quentin venait de sortir de nulle part. Il soupira violemment. Comment une si belle journée pouvait-elle ainsi se ternir ? Non content d’avoir perdu, il devait aussi subir l’assommante compagnie du Marquis de la Malvarelle ! Une double défaite. Les chaleureux rayons du soleil dans son dos lui parurent subitement terriblement insolents.
Il l’ignora complètement et se porta aux côtés de sa belle Aphrodite, lâchant complètement les rênes sur l’encolure afin que l’étalon puisse brouter librement et se remettre de ses émotions.

- Félicitations Jolie Fleur, il semblerait que vous appreniez vite. Bientôt c’est moi qui me régalerais de vos conseils savamment prodigués.

Comment rester bougon face à ce bonheur communicatif ? Surtout lorsqu’il avait quelques idées de rétributions qui l’arrangerait parfaitement. Cependant, sa félicité fut rapidement emportée par une maussade bourrasque.

- Oh. Bonjour mon cher Quentin. répondit-il glacialement en se retournant

C’était tout juste s’il donnait l’impression de l’avoir remarqué jusqu’à présent. Et au fond, ce n’était pas si loin de la vérité. Il n’était qu’un vulgaire asticot, une limace, une punaise de lit qu’on mourrait d’envie d’écraser et d’anéantir.

- Manquez-vous à ce point d’esprit pour lui faire l’affront de lui demander des explications ?

Coldris récupéra les brides d’Alkaios. Sous la colère grondante de son cavalier, le cheval commençait à piétiner nerveusement le sol de terre encore à moitié gelé. Il expira et caressa l’encolure calmement afin de l’apaiser.
Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
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Message par Sarkeris Sam 31 Oct - 19:12


Quisquis amore tenetur, eat tutusque sacerque
Qualibet: insidias non timuisse decet.


Celui que l'amour tient sous ses lois
peut aller partout sans crainte,
sa personne est sacrée,
il ne doit pas redouter les embûches.


Tibulle, Elégies, 2
__________________________

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Aurélia de Farnendes, 16 ans

Il avait gagné plus souvent qu'à son tour d'autres courses, d'autres jours. Aurélia souriait de le voir enrager. Elle pourrait lui demander ce qu'elle voulait. Cette fois c'était elle la gagnante. Elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille en riant.

Que voulait-elle de lui ? beaucoup de choses. Tout. Elle voulait toujours tout. Mais là, elle profiterait de l'occasion pour lui demander une faveur. Peut-être serait-il un peu réticent, mais elle en avait tellement envie qu'elle était prête à tenter sa chance. Juste pour cette fois, si vraiment ça ne lui plaisait pas. Sinon, elle réclamerait d'autres fois.

La brusque apparition de Quentin l'obligea à rassembler les rênes de Sillage, et de calmer le hongre d'une voix rassurante. Alors que Coldris arrivait à ses côtés, la félicitant pour sa victoire. Elle lui adressa un léger sourire, puis fut bien obligée de revenir à l'empêcheur de tourner en rond.

- Quentin ! Tu m'as fait peur...

Aurélia était surprise de le voir là. Puis elle se souvint qu'elle avait complètement oublié de décommander ses promenades avec lui... Monumentale erreur. Il la harcelait presque depuis qu'elle était arrivée, pourquoi l'aurait-il lâchée pour les escapades du matin ?

La jeune fille allait s'excuser lorsque Coldris intervint pour remettre Quentin à sa place. Mais ce dernier ne l'entendait pas de cette oreille. Il fit avancer sa monture afin d'être face à son rival.

- Je ne crois pas vous avoir adressé la parole, messire, retournez donc jouer ailleurs. C'est à Sophie que je parle.

Aurélia écarquilla les yeux de surprise et s'apprêtait à répondre lorsque le marquis lui coupa la parole.

- J'ose espérer que tu ne sortiras plus avec cet indésirable, Sophie. Ta mère a bien dû t'avertir : c'est un coureur de jupons.

Le jeune homme manifestait un mépris ostensible pour Coldris. S'ils n'avaient pas été tous les trois à cheval, il aurait tout simplement pris d'autorité le bras de Sophie pour l'entraîner avec lui. La chose était impossible, mais il se débrouilla pour que son cheval face un demi-tour, qui obligerait l'andalou de Coldris à se ranger, le séparant de la demoiselle.

- Quentin, je sors avec qui je veux, et je n'ai aucun compte à te rendre. S'il-te-plaît, laisse-nous.

- Certainement pas, belle princesse. Je ne vais pas te laisser seule avec ce suborneur.


Enervée, la jeune fille contourna le cheval de Quentin pour revenir à côté de Coldris. Pour qui se prenait-il à la fin ? ce n'était pas parce qu'il lui avait envoyé un poème douteux qu'il avait tous les droits !

- Laisse-nous Quentin.

... ou c'est nous qui partirons. Elle était prête à reprendre un galop et faisait confiance à Coldris pour leur trouver un endroit tranquille où il ne les retrouverait pas, mais elle aurait aimé que le marquis parte de lui-même plutôt que de se fâcher. La manière dont il s'était adressé à Coldris lui avait fortement déplu, de même que la façon dont il le regardait. Quentin était tellement... prudent d'habitude. Qu'est-ce qui pouvait bien le pousser à se montrer si odieux et entreprenant ?
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Message par Coldris de Fromart Sam 31 Oct - 22:52


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Coldris, 21 ans

At lasciuus Amor rixae mala uerba ministrat,
Inter et iratum lentus utrumque sedet.

Cependant l'Amour lascif attise la querelle par de méchants mots et reste assis impassible entre les deux combattants irrités.

Elégies X, Tibulle





Quentin était comme l’un de ces agaçants moustiques durant les chaudes soirées d’été : on avait beau le chasser, il revenait jusqu’à ce qu’agacé, on finisse par l’écraser. Coldris faisait tout garder son calme. Un semblant de calme. S’il pouvait se montrer patient, voire très patient dans ses projets. Il était d’une nature bien plus tempétueuse et colérique avec ses semblables. Il n’y avait qu’Alkaios pour exprimer physiquement l’exaspération qu’il tentait tant bien que mal de contrôler. Et cela, il ne le faisait que pour Aurélia. Seul avec Quentin, ils auraient achevé de régler ce différent entre hommes, quand bien même Coldris détestait l’escrime.

Il assistait en silence à l’échange entre Quentin et sa belle Psyché. Ses doigts se serraient autour des lanières de cuir, tout comme ses mâchoires et chacun de ses muscles. L’étalon grattait le sol frénétiquement et agitait l’encolure dans un mouvement saccadé. Quentin se rapprocha et s’intercala entre lui et sa farouche petite souris, forçant l’espagnol à reculer pour éviter le contact.

Si le mépris ostensible que lui manifestait le marquis ne lui faisait ni chaud, ni froid, ses paroles déplacées à l’encontre de sa belle déesse le faisait bouillir. A bout de patience, expira violemment et prit la parole tandis qu’elle se replaçait à ses côtés.

- Votre comportement est indigne de votre rang, Quentin. Pour qui vous prenez-vous ? Pour son père peut-être ? N’allez donc pas projeter votre propre ânerie sur son esprit largement supérieur au votre.

Et c’était le mieux qu’il pouvait faire pour rester diplomatique. Il décala ses mains et Alkaios commença à encercler le jeune homme tandis qu’il poursuivait d’une voix glaciale.

- Vous voulez que je vous dise ? Vous pensez peut-être l’aimer ? Vous voulez juste la posséder comme un enfant possède ses jouets.

L’étalon s’arrêta à sa hauteur. Il était si proche qu’il aurait pu sortir son épée et le transpercer, là ici, tout de suite. L’idée était tentante. Démangeant même. Mais il ne pouvait se résigner à infliger cela à Aurélia. Il ne savait que trop bien pour l’avoir vécu, que faire couler le sang devant un regard innocent n’avait rien d’anodin. Coldris le fixa de ses yeux sérac où le blizzard semblait faire rage.

- Elle sera et restera seul maitre de son destin. Il jeta un rapide coup d’œil à Aurélia pour avoir si elle était prête.   Alors… Allez jouer ailleurs !

Il déchaussa l’étrier droit et envoya un violent coup de pied dans le flanc arrière du destrier qui se cabra instantanément. Sans attendre, il fit volte-face et partit au grand galop sur le chemin de terre. Aurélia la suivait de près. Il n’était plus question de course, simplement de semer l’inopportun. Le chemin suivait la route des crêtes. Sous leurs pieds s’étendait la Grande Braktenn avec ses murailles et ses faubourgs. Il n’était malheureusement pas d’humeur à admirer les toitures chatoyantes sous le soleil naissant. Il bifurqua sur la gauche vers un bosquet aux couleurs automnales. Il repassa au petit trot et se tourna vers sa belle Psyché :

- Je suis désolé, c’était le seul moyen. La situation n’aurait fait que s’envenimer. Pour autant elle n'est pas classée.

Il en avait parfaitement conscience : Quentin ne s’arrêterait pas là. Certainement pas après l’affront qu’il venait de lui faire. L’issue qu’il entrevoyait ne le réjouissait pas vraiment et il trouva sa lettre soudainement nettement moins amusante. Arrivé à un ruisseau, il mit pied à terre et expira profondément pour chasser toute cette agitation. Cette matinée ne serait pas gâchée par son intervention. Et quand Coldris décidait quelque chose, il l’obtenait toujours. Il s’appuya dos contre un arbre et demanda comme si rien de tout cela ne s’était passé :

- Alors dites-moi tout, mon impétueuse Aurélia : quel est donc le prix que vous réclamer pour votre victoire ? Vais-je devoir m’endetter pour le payer ?

Son sourire taquin était revenu en même temps que Quentin avait disparu de son esprit.
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