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[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn

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Message par Sarkeris Sam 19 Déc - 20:26

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Solange d'Ovant (née de la Contrie)
41 ans



x'yelvso zkc aeo to d'kswo
lslvsydrèaeo, b3, d.wybo
lyxxo mrkcco ke dbécyb wyx kwyeb



Elle ne doutait pas de son ambition et de sa capacité à parvenir à ses fins politiques. Un jour, il ferait partie de ceux qui compteraient dans les décisions du souverains de Monbrina. Dommage qu’il ne veuille pas épouser Aurélia, franchement. Par pur « pragmatisme » personnel, elle en aurait certainement profité pour retourner à la cour.

Elle lui fit les gros yeux lorsqu’il glissa vers ses attentions toutes charnelles pour Aurélia. Qu’il fasse attention à ne pas franchir les limites, avec elle. Il s’agissait de sa nièce, tout de même !

Alors qu’elle lui faisait d’ailleurs part de son point de vue à ce propos, elle ne manqua pas de l’observer ingurgiter verre d’alcool sur verre de laudanum. Il finit par s’allonger et poser sa tête sur ses genoux. Elle se cala dans le fauteuil, songeant à Alan, plus petit, qui faisait exactement la même chose. Bien sûr, elle ne le mentionna pas à Coldris. A coup sûr, il n’aurait pas apprécié le rapprochement. Mais elle avait l’impression de retrouver un fils perdu, et elle laissa sa main s’égarer dans les cheveux du jeune homme en caresses affectueuses, malgré les mots désagréables qu’elle prononçait.

Elle remarqua ses yeux brillants et y reconnut l’effet du laudanum, en espérant qu’il était encore assez lucide pour entendre raison à ce qu’elle lui disait. Mais elle ne tarda pas à savoir qu’il était bel et bien lucide.

Certes, pour une nuit passée en compagnie d’un autre, refuser Aurélia serait bête, stupide, immensément idiot. Mais la société était ainsi faite. Et Quentin, comme la plupart, avait été élevé dans cet esprit qu’il n’y avait pas de rémission possible pour une femme qui avait connu un autre homme. Certains étaient conciliants toutefois, mais souvent c’était parce qu’ils n’avaient rien à perdre. Ils vivaient dans un monde où les apparences importaient davantage que la vérité. Et que Coldris ne se fasse pas d’illusion à ce sujet : Quentin vérifierait si jamais il avait l’immense honneur de se voir accorder la main d’Aurélia.

Amo, amas, amat, amamus, amatis, amant. Récita-t-elle dans sa tête par habitude ou réflexe. Coldris avait le don de la ramener à des souvenirs de sa jeunesse volage. Pour elle, à présent, la conjugaison aurait plus été : amabam, amabas, amabat, amabimus, amabitis, amabunt. Un temps qui ne se finissait plus par « amant ». Coldris était un homme dans une société d’hommes. Bien sûr, il pouvait considérer le mariage comme une cage. Les femmes aussi. Mais quand elles aimaient, justement, dans cette société, c’était une garantie. Et ça, il ne pouvait pas le comprendre.

- L’amour rend les hommes faibles Coldris, face aux femmes qui leur font ressentir ce sentiment, alors que ce sont elles qui sont autrement considérées comme faibles. C’est une revanche qu’elles prennent. Alors non, l’amour ne rend pas faible. C’est trop peu dire. Et si vous considérez l’amour comme une faiblesse pour vous-même alors vous ne connaîtrez jamais une once de bonheur. Quand on est deux, on est plus fort, parce qu’on accepte de partager des faiblesses, et si l’un complète bien l’autre, alors ces faiblesses s’annulent. Je vous souhaite de connaître cet amour-là, Coldris. Si ce n’est pas le cas avec Aurélia, alors n’ayez aucun regret de la quitter.

Elle caressait encore ses cheveux, mais ses yeux indiquaient qu’il était parti dans ses pensées. Bien loin. Sans doute dans des brumes d’alcool. Il la surprit soudain en se redressant et en reprenant sur Isabelle.

- Comment ça, elle vous veut ? je vois mal Isabelle...

Elle s’interrompit et fronça les sourcils en réfléchissant. Mais il embrayait déjà sur sa détermination à la reconquérir. Elle lui sourit sans illusion.

- Ce serait du gâchis de vous jeter de là-bas. Vous manqueriez votre carrière, et Aurélia vous le pardonnerai encore moins que de lui avoir brisé le cœur. Ne vous brûlez pas les ailes, Coldris.

Démétrius se mit à pleurer. Solange se pencha au-dessus du berceau.

- Regardez-moi ce petit bout de chou qui pique sa crise ! Tu as faim mon beau guerrier ? On va appeler ta nourrice. Ah, ces hommes... commenta-t-elle d'une voix faussement lasse. Déjà bébé, ils ne peuvent plus se passer d'une poitrine féminine !

Elle prit l'enfant dans ses bras et s'excusa auprès de Coldris en s'éloignant.
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Message par Coldris de Fromart Dim 20 Déc - 16:47



[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 5 Sn7y  
Coldris, 21 ans


A force de progresser à tâtons sur cette étrange voie dénommée Solange, Coldris parvenait peu à peu à discerner les limites qu’il ne devait pas franchir au risque de mettre en péril leur relation. Les relations hors mariage – ou plus exactement prémariage – en faisaient clairement partie. C’était un tabou de la société qu’il n’avait jamais réellement comprise excepter pour se prémunir d’avoir à assumer un enfant qui n’était pas le sien. Mais soit, il resterait raisonnable dans ses allusions à ce sujet. Juste assez pour la provoquer. Pas assez pour la courroucer. C’était tout l’art qu’il s’évertuait à maitriser, avec elle comme avec d’autres.

Après s’être suffisamment alcoolisé à son goût, il se laissa tomber sur ses genoux pour profiter de l’attention toute maternelle qu’elle avait à son égard. Bien entendu, nombreuses étaient les femmes qui avaient enfoui leurs mains entre ses cheveux bruns, mais cela n’avait rien à avoir. Si cela n’avait rien de désagréable, cela n’avait pas non plus ce contact apaisant qu’il ressentait en ce moment. Il se laissait bercer par le son de sa voix -peu importe les paroles-, hypnotiser par les flammes dansantes dans l’âtre et consoler par ses caresses. Pour un peu, il aurait pu fermer les yeux et s’y endormir, ronronnant comme un chat, mais la discussion était bien trop sérieuse pour que son esprit ne puisse lâcher-prise totalement. Alan avait-il seulement conscience du privilège qu’il avait eu dans son enfance ? Coldris l’enviait, lui, qui n’avait jamais connu cela. Pour un peu, il aurait souhaité être son fils. Sauf que cela l’aurait empêché d’aimer Aurélia. Était-ce pour cela qu’il était si protecteur avec elle ?

Coldris avait découvert récemment qu’il ne pouvait rien faire contre cet amour qui était venu ravager tous ses principes en même temps qu’il avait rouvert toutes ses blessures. C’était avec l’intention du petit garçon qu’il était toujours au fond de lui qu’il écoutait la leçon prodiguait par sa mère d’adoption du moment.

- Et si vous considérez l’amour comme une faiblesse pour vous-même alors vous ne connaîtrez jamais une once de bonheur.

C’était une faiblesse. L’amour faisait faire des choses idiotes, irresponsables et impulsives. Alors lorsqu’on cumulait déjà tous ces défauts de bases comment était-on censé s’en sortir indemne ? Mais il savait une chose : il n’était heureux que lorsqu’elle était là. Lorsqu’il la voyait sourire, qu’il la prenait dans ses bras, qu’il l’embrassait ou tout simplement lui parlait. Même lorsqu’elle était en colère, il ne pouvait pas s’empêcher d’être heureux.

Quand on est deux, on est plus fort, parce qu’on accepte de partager des faiblesses, et si l’un complète bien l’autre, alors ces faiblesses s’annulent.

Il grave cette phrase dans son esprit, au marteau et au burin, pour ne plus jamais l’oublier. Car c’était peut-être celle qui permettrait à l’autre plus pernicieuse de se taire. Mais cela réveillait d’anciens démons, d’anciennes cicatrices, d’anciennes images sanglantes.

- Lorsque l’on s’appuie trop sur les autres, Solange, et qu’ils disparaissent, il ne reste plus qu’un grand vide qui vous engloutit petit à petit.

Comment pouvait-il lui expliquer cela, si elle ne l’avait jamais vécu elle-même ?

- Je lui confierai tout sans hésiter, mais je ne suis pas sûr d’y survivre une nouvelle fois s’il lui arrive quelque chose.

Ses pensées voguèrent et s’assemblèrent. Tout lui paraissait clair désormais. Les intentions de la mère d’Aurélia, tout comme ses projets pour l'avenir qu’il ne partagea qu’en partie avec son hôte. Il n’avait pas besoin de tester cette limite pour se douter qu’elle n’approuverait pas ses desseins macabres. Il avait même retrouvé son engouement naturel et surtout sa confiance en soi qui le caractérisait. Elle n’avait de toute évidence pas tout saisi alors il se permit quelques précisions.

- Allons Solange ! dit-il d’un ton réprobateur Je sais parfaitement dire quand une femme me veut dans son lit, vous pouvez me croire sur parole. Et cette œillade au Manoir du Moulin, ne trompe personne. Il se détourna d’un coup agacé Je suis un idiot ! Comment ai-je pu passer à côté ?

Tout en sachant pertinemment pourquoi : il n’avait eu d’yeux que pour sa belle déesse et c’était toujours le cas. Aphrodite éclipsait toutes les autres femmes, sans la moindre exception.

- Si Aurélia m’en veut, c’est qu’elle m’aimait toujours. Et je ne sauterai que lorsqu’il n’y plus la moindre once d’espoir. Quant à ma carrière : la nature à horreur du vide, on m’aura bien vite remplacé et oublié. Enfin n’ayez crainte ! Ce n’est pas pour demain !

Démétrius se mit à pleurer et Solange se pencha aussitôt sur le berceau, cessant leur conversation sur le champ. Coldris posa un regard attendri sur le nourrisson aux cheveux blond vénitien comme sa mère. Aurait-il un jour le plaisir de serrer dans ses bras leur enfant, tout en commentant « tu as vu, il a tes yeux et ton sourire espiègle ». Rien ne lui semblait plus lointain que cette simple image. Un sourire amusé à sa remarque, il la regarda quitter la pièce, les mains dans les poches.

Enfin surtout une qu’il rêvait de sortir, celle qui serrait le mouchoir de la plus belle d’entre toutes. À peine la silhouette de sa mère spirituelle disparue, il extirpa le carré de tissu qu’il renifla béatement en se laissant tomber sur le canapé. Il soupira longuement, les yeux fermés, mais grand ouverts sur son visage rayonnant. Il lui fallut toute sa volonté pour contrer la langueur qui s’emparait peu à peu de lui et se concentrer sur la lecture du billet, codé, bien entendu.

L’alcool et l’opium commençaient à noyer doucement, mais surement son esprit dans une épaisse masse cotonneuse. Il avait encore suffisamment de raison pour parvenir à déchiffrer le mot.
Thomas More, dans la bibliothèque.

Un homme trop respectable et trop honorable. Quitte à choisir un Thomas, Coldris lui préférait Cromwell et son ambition démesurée. Il se reconnaissait bien plus dans l’homme parti de rien et arrivé si haut. Il espérait toutefois achever sa vie dans de meilleures conditions que lui.

L’impatience le gagnait. Il trépignait. Il était à deux doigts de planter la Solange pour satisfaire sa dévorante curiosité, mais déjà elle revenait. Trop tard. Toujours submerger par la félicité qui venait de le gagner il déclara d’un ton enjoué :

- Assez parlé de moi, ma chère tante ! Dites-moi tout… Avez-vous été amoureuse pour connaitre si  bien mes tourments

Regard mutin en coin, il espérait qu’elle n’essayerait pas cette fois-ci de noyer le poisson avec l’eau de son aquarium.
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Message par Sarkeris Dim 20 Déc - 23:36

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Solange d'Ovant (née de la Contrie)
41 ans




Il n'avait pas tort pour le vide qu'un être aimé laissait. Mais elle ne fit rien d'autre que de laisser s'échapper un petit soupir nostalgique à cette considération. Le vide. L'affreux vide. Le désespoir immense. Elle laissa son esprit et ses regards vagabonder dans le passé. Un bref instant. Puis elle renonça. Pas maintenant. Pas devant un autre. Elle se ressaisit. Ne venait-il pas de dire "une nouvelle fois" ? Aurait-il donc aimé, vraiment, avant Aurélia ?

Elle plissa les paupières quant à sa certitude sur les projets d'Isabelle. Isabelle la prude, la bienséante, la sage, la civile. Se serait-elle donc fourvoyée sur la personnalité de sa sœur ? elle la connaissait retorse, ambitieuse, désespérée, exigeante et terriblement ennuyeuse. Isabelle aurait-elle tant changé sur son île ? à coup sûr son époux avait dû la trouver passablement inintéressante et lui avait tourné le dos une fois les devoirs conjugaux accomplis. Quelle idée aussi d'aller se cacher loin de tout ! Elle fronça les sourcils. Isabelle avec Coldris. Voilà qui était fort improbable et qui expliquait son manque de lucidité sur l'affaire. Du reste, Isabelle était un membre de sa famille et elle n'exerçait pas son discernement sur ses proches. Solange décida ainsi qu'elle ne s'était pas trompée. Elle n'avait simplement pas exercé son talent.

Elle laissa le futur empereur de Braktenn quelques minutes seul, le temps de confier Démétrius à des mains plus compétentes que les siennes pour satisfaire l'appétit vorace du petit ogre. Mais ces brefs instants lui suffirent largement pour changer le sujet de la discussion. Elle haussa vaguement le coin des lèvres en entendant l'indiscret poser sa question. Elle prit le temps de s'asseoir de nouveau sur le fauteuil, et de s'emparer de sa tasse.

- Si vous preniez le temps d'y réfléchir un instant, vous auriez votre réponse dans votre question, monsieur. Et vous n'obtiendrez pas d'aveu de ma part, ni pour un oui, ni pour un non.

Mais elle venait sciemment de lui donner un autre indice. Il saurait certainement l'attraper au vol. Elle trempa ses lèvres dans le café - cette fois sans complément de quelque sorte que ce soit - en le regardant avec un petit sourire satisfait. Pouvait-on connaître les affres de l'amour sans les avoir vécues ?

- En fait, je pourrais même vous retourner la question. Je sais bien que vous aimez Aurélia, mais... avant ? (elle laissa passer un silence) Mais je ne vous ferai pas l'affront de vous demander, puisque je sais. Je sais aussi que vous craignez ce sentiment vertigineux et ... de marcher dans un désert...

Sa voix changea un peu. Elle ne parlait plus d'une considération générale. Ni même de ce qu'avait pu ressentir ou ressentirait Coldris.

-Seule... perdue... sans but. Libre enfin de questions qui n'ont plus lieu d'exister puisqu'il n'y a plus personne pour y répondre, ni pour les poser. Mais brisée, anéantie, rongée par des chagrins qui ne sont ni tout à fait des remords, ni tout à fait des apaisements.

Solange se rendit alors compte de ce qu'elle disait, ayant l'air de s'adresser à elle-même plutôt qu'à lui, qui devait bien se réjouir à présent d'avoir surpris des états d'âme.

- Pardonnez-moi, je me suis égarée. Je crains d'avoir plus l'habitude de faire de grands discours sur autrui. Je parle rarement de moi-même, j'ai trop abusé de cet orgueil, il fut un temps. Mais de ce que j'ai dit, je crois que vous devriez retenir que ce n'est qu'une hypothèse. Certains amours sont heureux. Malgré les obstacles. Il vaut mieux tenter de parvenir à quelque chose plutôt que de renoncer par crainte d'un échec et d'une douleur à l'âme.

Elle termina sa tasse sur ses mots. Elle doutait que Coldris connaisse un jour ce qu'elle avait vécu. Pour la simple et bonne raison que sa place dans le cœur d'Aurélia était faite et que s'il décidait lui, de quitter cette place, nul n'y viendrait plus s'asseoir. Elle serait vide, à jamais, à moins qu'il ne décide d'y revenir, puis d'en repartir. Usant ainsi un fauteuil, dont le velours délicat pouvait bien se déchirer à l'attendre, sans qu'il y prenne garde. Mais encore une fois, elle appliquait à Coldris et Aurélia, un passé qui lui était propre et qui ne se reproduirait pas.

Elle chassa ses pensées moroses par un geste impatient de la main.

-Je serai ravie d'observer à l'avenir vos tentatives pour la reconquérir. Et amants, mariés, adultères ou correspondants platoniques, sachez que je serai de votre côté.





Oserais-je dire que j'ai hésité avec Machiavel ? absolument pas. Ce serait faux. Je n'ai pas hésité. Tu sais en quelle considération je tiens ton italien. More a des pensées qui me correspondent davantage, ne t'en déplaise. Et après tout, son Utopie n'est-elle pas un doux rêve ? comme celui dans lequel je me plonge chaque fois que tu es là ?
Mais je vais cesser maintenant ce babillage amoureux qui ne te conduira à rien si je ne te donne pas l'indice suivant !

Oh oui, je t'imagine bien fronçant les sourcils, et souriant tout à la fois en t'interrogeant déjà : "Mais oui, après tout, qu'est-ce que je fais dans cette bibliothèque ? Je ne vais certainement pas lire tout ce Thomas More !". Vois-tu la statue de Diane au bout de cette rangée de livres, près du rideau vers ? Tu trouveras derrière, dans un creux de la statue, une clé.

Qui ouvrira la porte dérobée. Laquelle ? mais sois donc un peu patient. C'est à ce seul prix que tu pourras la faire tourner sur ses gonds de bois et de vieilles pierres usées. Dans l'angle de la pièce, regarde ces deux tapisseries de chasse (parfaitement dans le thème, n'est-ce pas ?), suis la direction de la flèche, et tu trouveras le levier. Je suis sûre qu'il te plaira... Après tout, vers quoi la flèche d'un Amour peut-elle être pointée ? Lorsque tu auras dévoilé la porte, il te suffira de glisser la clé dans la serrure et... Mais je ne t'apprends pas comment fonctionnent les serrures !

Tu n'auras qu'à suivre le passage. Avec un peu de lumière, ce devrait être facile. Oh, et prends un manteau bien chaud. Je me maudirais de t'avoir fait prendre froid.

J'embrasse cette lettre avec l'espoir d'y croiser tes lèvres


:copyright: sobade.
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Message par Coldris de Fromart Lun 21 Déc - 15:03



[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 5 Sn7y
Coldris, 21 ans

ut
nullum uoluptatis genus - ex quo nihil sequatur incommodi - censeant
interdictum.
Ils ont pour principe que la volupté qui n'engendre aucun mal est parfaitement légitime.

Utopie II-5, Thomas More





Bien sûr que Coldris savait que c’était un oui ! Et elle venait de le confirmer ! C’était la question implicite, derrière celle-ci qui l’intéressait : qui était-il ? Quand ? Comment ? Où ça ? Pourquoi ? Il lui retourna donc son sourire -manière de l’encourager à développer-. Comme toujours, la question se retournait contre lui, ne s’était-il donc pas assez confié ? Jambes croisées, il suivait des yeux la tasse jusqu’à ses lèvres, sur lesquelles il resta suspendu.

Elle aussi s’était retrouvée seule, mais contrairement à lui, elle doutait de quelque chose. Quoi ? L’amour de son amant ? Des fautes commises ? Ce n’était pas aujourd’hui qu’il obtiendrait la moindre réponse, car ses égarements furent de courte durée. Il opina lentement de la tête. Elle avait sans doute raison, certains amours pouvaient être heureux. Pour lui qui n’en avait jamais été témoin, cela relevait du mythe.

Il se leva et s’accroupit face à elle, saisissant de ses deux mains entre les siennes.

- Vous savez Solange, je garderai vos secrets aussi bien que les miens commença-t-il en caressant le dos de sa main de ses pouces Et je suis certainement la dernière personne de tout Braktenn qui pourrait vous juger de quoi que ce soit.

Cela étant dit, il se releva et embrassa son front avant de retourner à sa place. Elle savait désormais qu’elle pourrait se confer dès qu’elle le voudrait et pour quoi que ce soit.

Il lui adressa un large sourire à sa remarque :

- Mes tentatives ? Parce que vous pensez que je vais devoir m’y reprendre plusieurs fois ?

Il se laissa tomber en arrière, regard malicieux perdu vers les plafonds sculptés.

- Allez dites-moi tout, ma chère tante, quels sont vos pronostiques pour notre relation ? Si vous voyez juste, je vous rétribuerai en conséquence, soyez-en certaine !

Sur ce Coldris se mit à rire joyeusement et la discussion se poursuivit avec bien plus de légèreté jusqu’à ce qu’il ne se lève pour prendre congé de son hôte.

- Ce fut un plaisir de passer ce délicieux moment en votre compagnie, mais il semblerait que l’on ait décidé de me faire lire More à la place de Machiavel, or la lecture n’attend pas, vous en conviendrait. annonça-t-il plein de malice.

Il s’inclina poliment, sachant qu’elle aurait certainement compris où il venait en venir et s’éclipsa d’un pas pressé en direction de la fameuse bibliothèque indiqué sur le billet. Rongé par l’impatience, il ne mit guère longtemps à trouver la fameuse Utopie de l’humaniste anglais. Il l’extirpa du rayonnage et le feuilleta rapidement jusqu’à découvrir la lettre cachée en son sein.

Oserais-je dire que j'ai hésité avec Machiavel ? absolument pas. Ce serait faux. Je n'ai pas hésité. Tu sais en quelle considération je tiens ton italien. More a des pensées qui me correspondent davantage, ne t'en déplaise.
En effet ma douce Aurélia. Mais le plaisir est partagé. Je trouve ce livre particulièrement insipide. Enfin puisque c’est toi, je veux bien faire un effort.
Et après tout, son Utopie n'est-elle pas un doux rêve ? comme celui dans lequel je me plonge chaque fois que tu es là ?
Lorsque tu es là, il n’y a pas d’utopie. C’est tout l’inverse. La plus belle de toutes les réalités.

Mais je vais cesser maintenant ce babillage amoureux qui ne te conduira à rien si je ne te donne pas l'indice suivant !

Oh oui, je t'imagine bien fronçant les sourcils, et souriant tout à la fois en t'interrogeant déjà : "Mais oui, après tout, qu'est-ce que je fais dans cette bibliothèque ? Je ne vais certainement pas lire tout ce Thomas More !".

Il eut un sourire amusé.
Tu me connais tout à fait ! Qui plus est je l’ai déjà lu et je ne compte pas réitérer l’expérience. Alors quelle facétie as-tu donc préparée aujourd’hui ?

Vois-tu la statue de Diane au bout de cette rangée de livres, près du rideau vers ? Tu trouveras derrière, dans un creux de la statue, une clé.
Il quitta son étagère et chercha du regard la fameuse statue mythologique. Là-bas. Saisissant une flèche dans son carquois, biche à ses côtés. Il s’approcha et glissa sa main derrière la toge de la divine chasseresse vierge jusqu’à sentir le contact froid du métal.

Qui ouvrira la porte dérobée. Laquelle ? mais sois donc un peu patient. C'est à ce seul prix que tu pourras la faire tourner sur ses gonds de bois et de vieilles pierres usées.
,Mais je ne suis jamais patient dès qu’il s’agit de jouer avec toi. Tu le sais pourtant. Alors où est-elle cette mystérieuse porte ?

Dans l'angle de la pièce, regarde ces deux tapisseries de chasse (parfaitement dans le thème, n'est-ce pas ?), suis la direction de la flèche, et tu trouveras le levier.

Il se déplaça vers le lieu où il avait repéré les fameuses tapisseries. Une nouvelle scène mythologique : Atalante bandant son arc face au monstrueux sanglier de Calydon, écumant. La flèche pointait évidemment vers l’animal, mais ce n’était pas ce que voulait dire Aurélia alors alors son regard suivi la trajectoire imaginaire jusqu’à cette statue dénudée d'une nymphe -sans doute une dryade au vu des feuilles de chêne cerclant sa tête et de la pomme dans sa main-.

Je suis sûre qu'il te plaira... Après tout, vers quoi la flèche d'un Amour peut-elle être pointée ?

Il secoua la tête lentement en riant.
Oh Aurélia, tu me connais si bien que c’en est presque dérangeant parfois.
Il caressa le marbre froid de ses seins et pressa l’un des tétons qui s’enclencha dans un discret grondement, révélant une porte.

Lorsque tu auras dévoilé la porte, il te suffira de glisser la clé dans la serrure et... Mais je ne t'apprends pas comment fonctionnent les serrures !
,Mais tu devrais au contraire ! Tu sais pourtant que je suis plus familier des fenêtres que des serrures ! Ta tante Solange ne t’a rien dit de mes escapades nocturnes ? Ne soit pas jalouse. Il n’y a rien entre nous. Rien qu’un lien maternel et spirituel, je te rassure.

Tu n'auras qu'à suivre le passage. Avec un peu de lumière, ce devrait être facile. Oh, et prends un manteau bien chaud. Je me maudirais de t'avoir fait prendre froid.

Il s’immobilisa avant de descendre dans le souterrain. Retourner dans sa chambre, chercher son manteau ?! Mais c’était si loin ! Et puis maintenant qu’il avait commencé la chasse, il ne voulait plus rebrousser chemin. Il était déjà en train de bouillir d’impatience à l’idée de ce qu’il allait pouvoir trouver de l’autre côté. Comme il ne voulait pas la fâcher non plus, il avisa une couverture posée sur un fauteuil, pour qui souhaiter lire. Il s’en drapa à la romaine et jugea cela largement suffisant. De lumière, il emprunta le premier chandelier trouvé -et transportable- sans prendre garde à l’état des bougies ou quoi que ce soit d’autre.

J'embrasse cette lettre avec l'espoir d'y croiser tes lèvres

Il l’embrassa à son tour et la fourra dans sa poche avant de s’engouffrer dans le passage. Il cheminait tranquillement, descendant une à une les marches, éclairé par la lueur vacillante de la flamme, lorsque tout à coup un polisson courant d’air glacial souffla la mèche et le plongea dans l’obscurité la plus totale. Il grommela et déposa le bougeoir devenu inutile au sol. Il ne voyait rien. Rien du tout. Non seulement il n’y avait pas de lumière, mais en plus l’opium avait contracté ses pupilles, rendant ses yeux parfaitement aveugles. Ici, il n’y avait plus de marche. Le sol était plat, c’était déjà ça. Les mains le long des parois il avançait à tâtons, sans savoir où. Des murs de pierres, il passa au mur de roche suitant d’humidité. Du sol lisse des dalles, il passa à un terrain irrégulier. Plusieurs fois, il trébucha. Plus il avançait, plus l’air froid qui lui caressait le visage s’intensifiait. Allait-il déboucher à l’extérieur ? Sans aucun doute. Mais où ? C’était la question. Rongé par sa curiosité, il pressa le pas et perdit l’équilibre en heurtant un petit rocher qui trainait par là. Il manqua un certain nombre de fois de réitérer l’exploit, se cognant allègrement dans la caverne au gré de ses pas incertains. Mais bientôt, il aperçut la lumière du jour déchirer les ténèbres. Il accéléra son allure, se hissa hors de la caverne et surgit en plein milieu de la forêt. Le temps était clément. Heureusement, car le froid ambiant lui faisait presque regretter son impulsivité. Son regard balaya les environs à la recherche d’un point de repère. La rivière à moitié gelée. Celle-là même où il s’était fait blesser. Instinctivement, il prit la direction des sources, lieu où ils devaient initialement se rendre ce jour-là. Serait-elle là ? C’était peu probable, mais il ne pouvait s’empêcher d’espérer alors que son cœur s’accélérait à chaque nouveau crissement dans l’épaisse couche de neige.
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Message par Sarkeris Mar 22 Déc - 11:55

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Solange d'Ovant (née de la Contrie)
41 ans




Elle ne doutait pas une seule seconde qu'il serait capable de conserver un secret si elle lui en confiait un. Mais si elle lui disait, alors peut-être voudrait-il s'en mêler et elle ne voulait pas de cela. Certaines choses ne devaient pas redevenir comme avant. Même si ça faisait mal. C'était parfois pour un bien meilleur qu'il fallait se résigner. Et Solange avait fermé une porte derrière elle, un matin, en sachant qu'elle ne remettrait jamais les pieds dans la pièce qu'elle avait quitté. Un jour, peut-être qu'elle lui raconterait.

Elle oublia ses propres problèmes quand il plaisanta sur ses tentatives de reconquête. "Plusieurs fois".

- Peut-être. Les femmes de ma famille sont coriaces quand il s'agit de peines de cœur. Elle va vous en faire baver. Après.

Quant à ses pronostics sur leur relation.

- Je jouerai cela aux dés, fit-elle. Et je vous ferai part de la décision du hasard.

Elle lui fit un clin d'œil avant d'embrayer sur des choses plus légères. Puis il s'en alla, et elle le laissa partir en se rendant compte qu'elle avait passé un excellent moment, même s'ils avaient parlé du problème qu'ils auraient bientôt à affronter. Il devrait y faire face lui-même, face à Aurélia. Et puis après, il y aurait des moments difficiles. Aurélia viendrait probablement déverser sa colère et son amertume auprès d'elle ; et Isabelle, d'une manière ou d'une autre en profiterait, de telle sorte qu'elle, Solange, ne pourrait rien faire. Et Coldris... Coldris reviendrait la voir. Elle en était persuadée. Il faudrait qu'elle sache comment les aider à ce moment-là.

Ensuite, elle pensa qu'il lui faudrait lui donner une petite astuce pour rendre son Léonilde très efficace au-delà de ses compétences de majordome. La politique passait parfois par des choses simplissimes.

***

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Aurélia, 17 ans

Des nuages s'amoncelaient sur l'horizon et la température de l'air était plus froide que la veille. Le lendemain, il y aurait de la neige, du vent, du gel. Un temps à ne pas mettre un chien dehors. Il faudrait rester au chaud, à l'intérieur, près des cheminées, à jouer aux cartes.

Aurélia ne savait pas si elle devait s'en réjouir - elle pourrait profiter de son Zeus - ou s'en inquiéter - Alan, Quentin et Coldris seraient dans la même pièce. Ou bien, ils pourraient s’amuser à explorer tous les passages secrets du château. Sa tante ne lui avait-elle pas dit qu’il y en avait de nombreux, un peu partout ? Mais les autres s’interrogeraient sur leur absence. Il faudrait se montrer discrets, pour ne pas être pris.

Elle sourit toute seule sur son cheval. Quentin ne manqua pas de le remarquer et il ne trouva pas de meilleure explication à ce sourire que sa présence à ses côtés. Cette pensée l’enhardit et il s’approcha d’elle de façon à se retrouver bottes à bottes. Elle sembla surprise lorsqu’elle sentit le léger contact, et leva les yeux vers lui comme si elle le découvrait.

- Ah, Quentin...

Evidemment, il venait tout gâcher.

- Je me disais qu’on pourrait peut-être s’éclipser de cette chasse monotone. Qu’en penses-tu ?

Elle soupira.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Comment lui faire comprendre, à la fin, qu’il ne l’intéressait pas !? ce qu’il pouvait être coriace ! Coldris aussi l’était, mais étrangement, ses façons de faire ne lui semblaient pas lourdes et pathétiques comme celles de Quentin. Qu’est-ce qui pouvait bien faire que si Coldris lui avait proposé exactement la même chose, à ce moment, elle aurait foncé tête baissée sans se poser de question ? C’était un mystère. Pourquoi l’un et pas l’autre ?

- Allez, Sophie, insista-t-il. Ce renard est coincé dans sa tanière, ils sont en train de l’enfumer et nous n’auront pas le sport que nous cherchions.

Elle fronça les sourcils, puis une idée germa dans son esprit. Elle espéra très fort que Coldris ait emporté un manteau avec lui.

- D’accord, accepta-t-elle soudainement. Fuyons cette compagnie inerte et ennuyeuse.

D’un tour de main, Sillage fit demi-tour, et elle le lança au trot dans les bois. Le temps que Quentin réagisse, elle avait déjà pris un peu d’avance. Et comme il avait peine à croire qu’elle venait d’accepter, il mit encore plus de temps à lancer sa monture après elle. Aurélia ne chercha pas le moins du monde à l’attendre au contraire. Elle avait un but bien particulier en tête et cela n’incluait absolument pas Quentin. Elle fit donc accélérer Sillage, creusant l’écart avec son compagnon, qui crut à une course et lança son cheval aussi, sans chercher à connaître la destination.

Aurélia lui fit faire des tours et des détours, s’arrangeant pour prendre des raccourcis quand il ne la voyait pas, et prenant soin qu’il l’ait toujours de temps en temps dans son champ de vision, afin qu’il ne se doute de rien. Elle remonta ainsi le cours de la rivière jusqu’à la source. L’eau y tombait en cascade, formant un fin rideau froid. Jetant un œil derrière elle pour s’assurer que Quentin ne pouvait la voir, elle encouragea Sillage et d’un bond en avant, le cheval franchit le rideau glacé.

Derrière l’écran liquide qui les masquait désormais, Aurélia douchée par l’eau de la cascade descendit de cheval, dans la grotte où ils se tenaient à présent, était bien contente du tour qu’elle venait de jouer. Frissonnante, elle entendit bientôt Quentin l’appeler, et chercher un moment autour de la cascade avant de partir dans une autre direction. A présent, elle n’avait plus qu’à guetter Coldris, en espérant qu’il ne serait pas trop long à comprendre où la trouver grâce aux indices qu’elle avait laissé dans la forêt quelques jours plus tôt : des rubans accrochés aux branches qui le conduiraient à une autre entrée de la grotte. En attendant, elle rassembla des brindilles éparses dans la cavité, dans l’intention de faire un feu.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 24 Déc - 10:56



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Coldris, 21 ans

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers…
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Le poison, Charles Baudelaire





Coldris était au milieu du bosquet à se demander ce qu’il devait faire ou chercher. Assurément, elle ne l’avait pas mené ici pour le simple plaisir de lui faire respirer l’air vivifiant de cette journée de décembre. Alors quoi ? Il fit quelques pas dans la neige lorsqu’une bourrasque agita un petit ruban azur accroché à une branche. Il eut un sourire. Bien évidemment ! Il s’en approcha et le détacha, avant de taillader discrètement le dessous d’une branche : il n’était pas question de laisser le moindre indice évident, si ce n’était ses traces de pas qu’il ne pouvait aisément effacer. Foutue neige. Foutu hiver.

Il chemina sur la piste des faveurs songeant à nouveau aux dernières paroles de Solange. Elles étaient coriaces en peine de cœur. Il n’y mettrait plus que d’ardeur à la tâche. Autant d’années qu’il le faudrait pour la reconquérir. Toute une vie s’il le fallait. Il n’y aurait guère que la mort pour le forcer à abandonner. Il allait en baver, mais le défi n’en était que plus plaisant. Qui aurait voulu arriver au sommet d’une montagne sans s’être auparavant, entaillé les phalanges sur les rochers tranchants ? Certainement pas Coldris.

Quant à sa proposition de jouer aux dés, il avait trouvé cela audacieux. De une à six fois donc. Elle n’irait sans doute pas lancer de deux dés. Ce serait trop risqué. A cette chère tante ! Devenue si précieuse à ses yeux en si peu de temps…

Le balisage se poursuivit jusqu’à une nouvelle cavité. Il y faisait humide. On entendait le son d’une chute d’eau. Sans doute les fameuses sources qu’ils auraient dû visiter quelques jours plus tôt. Que devait-il chercher désormais ? Il eut bien vite la réponse : elle était là aux côtés de Sillage, toujours aussi resplendissante et… trempée. Elle eut un regard consterné en découvrant son accoutrement.

- Et bien quoi ?! Ne fais pas cette tête ! C’est un manteau ! C’est un pallium romain! Il manque juste la fibule, mais je n’en ai pas trouvé dans la bibliothèque pour achever mon costume.

Il combla l’espace entre eux, retirant par la même occasion sa couverture en laine avant de la draper dedans, tête comprise.

- Et laisse-moi te faire remarquer que tu es mal placée pour me faire des reproches. Tu es trempée ! Tu vas attraper la mort !

Il sécha doucement ses cheveux et frotta son dos plus vigoureusement. Il n’avait plus de manteau, mais c’était inutile puisqu’elle était là. Il n’avait jamais froid en sa compagnie et si c’était le cas, il n’aurait qu'à la prier de le serrer entre ses bras. Après tout, c’était de sa faute si elle n’avait plus de manteau !
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Message par Sarkeris Jeu 24 Déc - 17:12

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Aurélia, 17 ans

Le feu prit sans trop de peine et elle se réchauffa un peu. Sillage tournait autour, grapillait les rares brins d'herbe qui subsistaient dans la grotte. Il vint finalement près d'elle et elle profita de sa chaleur en attendant Coldris. Lorsqu'elle le vit surgir, simplement accoutré d'une couverture de laine, elle ouvrit grand les yeux, mais il anticipa son reproche, et elle finit même par rire de la chose.

- La prochaine fois, je mettrai des indices qui conduiront jusqu'à ta chambre pour que tu y prennes de quoi tenir un siège.

Elle accepta son inquiétude et se laissa frictionner en laissant échapper quelques grognements quand il y allait un peu fort. Mais dans l'ensemble, elle se réchauffa, d'autant que le feu s'élevait à présent devant eux. A la fin, elle pria Coldris de s'asseoir et prit ses mains dans les siennes. Elles étaient glacées.

- Mains froides coeur chaud, paraît-il, remarqua-t-elle. Mais n'empêche "tu vas attraper la mort toi aussi". Tu ne t'es pas dit que si je te demandais de prendre un manteau c'est qu'il y ait une raison ?

Elle lui ébouriffa les cheveux, comme à un gamin qu'on réprimande, puis elle ouvrit la couverture.

- Viens donc par là...

En l'attendant, elle était aussi allée fouiller dans un coin de la grotte. Avant l'arrivée de tous, elle y avait caché un coffret, en prévision de ce jour, où elle l'offrirait à Coldris. Normalement, ça aurait dû être un peu plus tard, pour être au plus proche de son jour d'anniversaire. Mais avec ce qui s'était passé, elle s'était dit que ça lui changerait les idées et de ça lui ferait plaisir. Elle prit donc le coffret qui était à présent posé près d'elle et le tendit à Coldris.

- Tiens. Voilà pourquoi tu as dû braver le froid et les énigmes du sphinx de la tapisserie. D'ailleurs, je ne t'ai pas demandé. Comme as-tu trouvé le levier ?...

La boîte qu'elle lui tendait était en bois et rectangulaire. Au-dessus, la devise des Fromart était inscrite en lettres dorées, illustrée d'un demi soleil dans la partie supérieure, et des cornes d'un taureau dans la partie inférieure. Les fermoirs de cuivres avaient aussi été dorés à la feuille d'or. Il y en avait deux, sur le devant, et Aurélia lui tendit la clé qui les ouvrait. A l'intérieur, elle avait mis un de ses mouchoirs dans un compartiment qui en avait exactement la taille. Mais pour le reste, il s'agissait en fait d'un écritoire en... porcelaine.
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Message par Coldris de Fromart Ven 25 Déc - 19:43



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Coldris, 21 ans

 Improbe Amor, quid non mortalia pectora cogis ?
Amour cruel, à quoi ne réduis-tu pas les cœurs des humains !

Eneide, Livre IV, Virgile




Il le reconnaissait volontiers, son histoire de manteau, c’était un peu jouer sur les mots. Mais somme toute, il n’avait pas parfaitement tort non plus. Cela aurait pu être pire : il aurait pu sortir en pourpoint après tout. Fort heureusement, passé le regard réprobateur, il eut droit à son délicieux rire qui adoucit chacune de ses remontrances.

- Et n’oublie pas d’être précise dans tes indications. Il n’y a rien de pire que le flou juridique, ma belle Aurélia. Virgil te le confirmera et j’adore m’engouffrer dedans.

Il la frictionna pour la sécher et s’installa à sa demande auprès du feu. Il ne pouvait pas nier que c’était fort agréable, mais incomparable avec la chaleur qui se répandait dans son corps lorsqu’elle était à ses côtés ou lorsqu’il l’apercevait sourire ou encore lorsque ses yeux se mettaient à scintiller. Un brasier qu’il avait envie d’éteindre en l’étreignant aussi fort que possible, mais qui s’embrasait dès qu’elle le touchait. La chaleur de ses mains enveloppait les siennes. Elle avait raison et il ne s’en rendit compte que maintenant... Ce qui ne l’empêcha pas d’essayer d’avoir le dernier mot :

- Mes mains ne sont pas froides, elles sont glaciales. Je te laisse imaginer à quel point mon cœur est de lave. Comment veux-tu que j’attrape la mort ainsi ?

Il afficha un large sourire provocateur tout en venant se blottir contre elle sous la couverture. Il n’eut pas vraiment le temps de profiter de sa proximité que déjà, elle se levait pour s’éloigner.

Insaisissable

C’était ce qu’elle était pour lui. Au sens propre comme figuré. Il avait toujours l’impression de tendre la main pour l'attraper, sans jamais pouvoir la saisir.

Que ce soit lors durant leurs brefs moments d’intimité sans cesse avortés ou l'issue inévitable de cette chasse…

Il poussa un long soupir. Son regard quitta momentanément les flammes dans lesquelles il s’égarait pour sa silhouette accroupie. Que faisait-elle là-bas, dans un coin de la grotte à déplacer des rochers ?

Le mystère fut rapidement levé lorsqu’elle lui tendit un petit coffret de bois et de marqueterie. Il le prit entre ses mains en même temps qu’il commentait avec humour le fameux levier:

- Rond et ferme. Mais un peu froid ! Je les préfère plus chaud.

Un regard enjôleur ponctua sa déclaration avant qu’il ne le repose bien rapidement sur ce qui était de toute évidence un cadeau. Il était captivé par la boîte. Il traça du bout de son index chacune des lettres de sa devise.


Duce fatum tuum


Conduis ton destin toi-même. Il était seul à décider de sa vie. Chose qu’il avait toujours faite jusqu’à présent. Il avait décidé d’arriver au sommet. Décidé de fuir à Braktenn. Décidé de tant d’autres choses…

En dessous le taureau, fort et obstiné, marchant dans le soleil levant : ses armoiries. Ses doigts caressaient le décor comme il les aurait laissés courir sur le corps d’une femme.

- C’est magnifique... Tu t’en es souvenu ?

L’émotion perçait dans sa voix tandis qu’il ouvrait enfin le coffret avec la clé fournie. Un charmant mouchoir -encore un !- trônait sagement dans son emplacement dédié, un sourire amusé s’étira. Pourtant ce qui attira indubitablement son regard c’était… l’écritoire en porcelaine. Son sourire se transformera en large rire au souvenir de cette lettre sulfureuse.

C’était pour toutes ces raisons qu’il l’aimait tant. Elle était divine, elle était parfaite…

- Il est plus stable que le précédent, mais plus anguleux répondit-il en faisant mine de le tester, le rire encore présent dans sa voix.

- Merci infiniment.

Il le déposa momentanément sur ses genoux pour glisser sa main dans sa nuque et la remercier d’un baiser plein de tendresse. Comment aurait-il pu la mériter ?  Lorsque leurs lèvres se quittèrent, autant ses doigts que ses yeux revinrent à ses trois mots, chargés de sens. Pourquoi ? Pourquoi ne les appliquait-il pas ? Quand s’en était-il à ce point éloigné. Il était fiancé, certes, mais ce n’était pas ce qui l’aurait arrêté en temps normal. Il y avait toujours une solution. On pouvait toujours choisir une autre voix pour peu que l’on s’en donne la peine.

Sa devise.
Ses armoiries.
Ce présent splendide et plein d’humour…

C’est malheureux que vous ne vous soyiez pas croisés plus tôt. J’aurais pu arranger les choses en votre faveur à tous les deux, mais il semble qu’un mariage avec la Valmartin vous soit plus profitable qu’avec Aurélia. Il faudra donc en passer par deux cœurs brisés

Si ce n’était pas ce qu’il voulait, pourquoi s’acharnait-il à s’y tenir ? Il pouvait changer le cours des choses. Ces mots qui guidaient ses choix depuis des années en étaient la preuve. Il croisa son regard, bleu profond, et son cœur s’emballa. Peut-être n'était-ce que l’alcool et l’opium qui le poussait dans cette direction parfaitement irraisonnable, mais terriblement attirante… Comment savoir ?
Cela ne changeait pas qu'il  pouvait et devait prendre son destin en main. C’est ce qui était inscrit. Il pouvait les prendre à revers. Arrêter de dériver au gré des courants de ce tumultueux torrent… La destination lui appartenait. Quoi qu’ils en disent tous. Cette fois-ci, ce fut ses mains qui entourèrent les siennes. Mais pour cela, elle devait savoir.

- Aurélia… Tu te souviens… Avant mon accident ? Je devais te parler…

Son cœur battait à rompre. Par où commencer ? Il essaya d’ordonner l’afflux de pensées qui se bousculaient, s’entremêlaient et se brouillaient. Ne pas la blesser. Pas avant qu’elle ne sache. Commencer par la fin, pas par le début.

- Je t’aime. Je t’aime plus que tout. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée dans toute ma vie. Je t’aime tellement que je voudrais que tu sois libre. Libre de m’aimer ou de me quitter. Je t’aime tellement que j’aimerai ne jamais te savoir acquise. Je voudrais me lever chaque matin en me disant « que vais-je donc bien pouvoir inventer ce jour-ci pour avoir le plaisir de laisser mes doigts caresser cette peau qui me fait tant envie ? » Je veux me lever chaque matin et me consumer à l’idée de croiser ton regard ne serait-ce qu’une brève seconde. De voler cet instant au destin. Je voudrais me lever chaque matin et constater avec effroi, que celle-ci non plus ne t'arrives pas à la cheville tant tu es formidable. Et pour toutes ces raisons… J'aimerais ne pas t’épouser.

Il reprit son inspiration.

- Je déteste les mariages, Aurélia. Ce ne sont que des bouts de papier qui enchaînent et tuent la passion. Je déteste cette convention imposée par la société… Je…

Il avait toujours ses yeux perdus dans les siens. Il ne savait pas comment poursuivre. Il n’arrivait pas à déchiffrer ce qu’elle pensait parce que tout devenait soudainement terriblement confus dans son esprit. Parce qu’il commençait à réaliser qu’elle allait peut-être vraiment le fuir pour de bon… Alors que… Alors qu’il était prêt à tout…
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Message par Sarkeris Sam 26 Déc - 16:37

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Aurélia, 17 ans

Elle serait précise dans ses indications, oui. Elle lui dirait quelle porte pousser, quelle armoire ouvrir, quel manteau prendre, quels lacets accrocher. Il lui faudrait passer du temps à observer chaque détail minutieusement, pour les graver dans son esprit avant de les mettre sur le papier. Il faudrait qu'elle explore sa chambre. Dans sa tête, elle s'imagina parfaitement le faire. A Cervigny. Pour le prochain jeu de piste qu'elle lui préparerait. Elle n'était entrée que dans son bureau là-bas, mais elle se souvenait parfaitement de l'endroit, et ce n'était pas parce que les lieux étaient particulièrement marquants... une bouffée d'émotion la prit à ce souvenir vivace.

Il pouvait être tellement imprévisible. Joueur et audacieux un instant, froid et distant juste après, avant de devenir presque fascinant et délicat. Son cœur pouvait bien être de lave, le sien n'en était pas moins comme un fer chauffé à blanc. Elle lui laissa le dernier mot là-dessus, toute au plaisir de l'avoir à côté d'elle.

Il prit le coffret à mouchoirs en commentant le levier de la bibliothèque. Elle sourit en retour, et dire qu'il allait découvrir de la porcelaine froide à l'intérieur ! Aurélia se retint de rire et préféra se taire pour l'observer découvrir son cadeau. La devise qu'il suivit du doigt le laissa songeur. Silencieuse, elle posa la tête sur son épaule, sentant, sous sa joue, les muscles se mouvoir subtilement au gré de ses mouvements. A quoi songeait-elle plus tôt ? ah oui. Délicat. Il l'était en ce moment même. Délicat et pensif.

- Ne m'as tu pas dit, le jour de mon arrivée, que je devais jouir de plaisirs simples ? chuchota-t-elle en réponse. Quelle amoureuse serais-je si je ne jouissais pas du plaisir des plus simples souvenirs que j'ai avec toi ? cette devise et ces symboles en font partie, Coldris.

Bien sûr, les plaisirs simples qu'il avait évoqués ce jour-là avaient eu une tout autre signification. Elle le savait bien. Mais après tout, il y avait de vrais plaisirs simples. Comme le voir ouvrir cette boîte et en détailler le contenu. Aurélia s'écarta un peu, sourire aux lèvres elle aussi. Plus stable, plus anguleux. Il n'aurait plus d'excuse à présent. Mais elle savait qu'il y en aurait toujours d'autres, des écritoires. Elle se laissa embrasser.

A quand remontait leur dernier baiser ? la veille ? le matin quand il l'avait aidé à grimper à cheval ? Elle avait l'impression de flotter dans un autre monde, avec ses sentiments pour seul décor et les siens pour seule mesure. Il s'écarta pour observer de nouveau la devise, et Aurélia suivit son regard. Il resta là, à redessiner encore et encore les mots gravés. A quoi pouvait-il bien penser ? Pourquoi son visage prenait-il de plus en plus cet air grave ?

Elle voulut tendre la main pour attirer son attention, mais avant qu'elle puisse faire un geste, c'est lui qui prit ses mains et la regarda. Et ses mots la figèrent. Elle réussi à sourire sans joie à l'évocation du sujet qu'il devait aborder. L'inquiétude sourde qu'elle avait éprouvé à ce moment se noua dans sa gorge. Elle avait failli oublier Isis. Et à présent qu'ils étaient bien tous les deux, ce nom revenait planer au-dessus comme une menace.

Aurélia ne bougea pas, elle se contenta simplement d'acquiescer. Oui, elle se souvenait. "Allez, Coldris, dis-moi enfin de quoi il retourne..."

Pourquoi chaque fois qu'il lui dit "je t'aime", sentait-elle un "mais" arriver bientôt, comme une fausse note ? pourquoi avait-il cet air si grave alors que tout lui semblait si simple à elle ? et pourquoi voudrait-elle le quitter. Elle l'aimait elle aussi. Voudrait-il lui, qui affirmait l'aimer, la quitter ? il n'y avait que cette explication, à tout cela. Elle retenait sa respiration à chaque nouvelle déclaration. Où voulait-il en venir exactement ?

J'aimerais ne pas t’épouser.

Une pointe de glace toucha son cœur. Il pouvait bien lui expliquer ce qu'il voulait. En quoi ce qu'il ressentait était-il incompatible avec le mariage ? Elle ne comprenait pas. Son visage se ferma, et elle lui retira ses mains, avant de refermer autour d'elle la couverture, comme pour mieux se protéger du froid. Mais c'était un froid qui lui venait du cœur pas de l'extérieur, qui l'atteignait maintenant.

- Tu es en train de me dire que tu ne m'épouseras pas, Coldris ? parce que tu veux continuer de t'amuser ?

Elle fut étonnée du ton de sa voix. Jamais elle ne s'était entendue parler aussi froidement. Elle baissa les yeux.

- Moi aussi je t'aime Coldris. Je t'aime parce qu'auprès de toi, je me sens bien et à ma place. Parce que tu me fais rire, parce que tu te moques sans vergogne, parce que j'ai avec toi une liberté que les autres ne m'offrent pas. Tu as une franchise que les autres ne m'accordent pas, parce que je suis une fille et qu'on leur a toujours dit qu'on était des créatures fragiles et délicates. Mais parce que je t'aime, je serais prête à te suivre partout, toujours, parce que j'ai confiance en toi. Alors...

Sa voix se brisa. Que voulait-elle dire ? A quoi voulait-elle répondre ? Ah oui, il ne voulait pas l'épouser, le salaud ! Cette fois ce n'était plus de la glace, mais de la colère et de l'incompréhension.

- Pourquoi faudrait-il que le mariage tue ce qu'il y a entre nous ? pourquoi deviendrions-nous soudain différents une fois l'anneau au doigt ? je serai toujours la même, et toi aussi. Et... et... bon sang ! Coldris ! il n'y a qu'un seul moyen pour qu'on soit ensemble à Monbrina et c'est le mariage ! Je croyais qu'on arriverait à ça, toi et moi, et tu es en train de me dire que non ?

Elle se leva. Non ça n'avait aucun sens. Le mariage était une promesse, au-delà d'une convention sociale, c'était un engagement pris devant témoins et devant Dieu.

- Mais évidemment, j'aurais dû m'en douter... tu ne crois pas en Dieu, tu as des maîtresses à tout va, tu jouis d'une bonne place dans la société, et quoique tu fasses, tu ne seras pas inquiété... Pourquoi irais-tu t'encombrer d'une femme, dis-moi ? non tu préfères... tu préfères l'avoir à ta disposition, dans ton lit, quand tu as envie et basta ! Tu peux ranger tes belles paroles Coldris !

***

Quentin tournait en rond. Où était donc passée cette satanée Sophie ! Elle était quand même exaspérante à la fin ! Il n'en pouvait plus de la voir s'amuser avec ce Coldris, à ses dépends. A croire que le petit stratagème qu'il avait monté et pour lequel Alan avait été son complice n'avait servi à rien.

Son cheval glissa sur une plaque de glace, et le cavalier dut faire appel à toute sa maîtrise pour que la bête se maintienne en équilibre. Il souffla d'exaspération. Une fois qu'il l'aurait retrouvée, il lui ferait comprendre le fond de sa pensée. Comment donc avait-elle été élevée à Lôdmé pour être si... si... horripilante !?

Il réfléchit. Il avait perdu sa trace aux sources. C'était donc là-bas qu'il fallait retourner. Il claqua de la langue pour se remettre en marche. Ce n'était pas loin.
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Message par Coldris de Fromart Dim 27 Déc - 16:26



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Coldris, 21 ans

 
Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?
Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,
Cet honnête désir de l’immortalité,
Et cette honnête flamme au peuple non commune ?


Les Regrets, du Bellay




Oh oui ! Il se souvenait parfaitement de ce moment sur les quais où il avait sorti cette phrase tout à fait licencieuse dans le seule but de la voir rougir et de déterminer jusqu’où il pouvait aller dans ses provocations. Et voilà que maintenant, elle lui servait cela, sur un plateau de bois et de porcelaine ! Jouir des plaisirs simples de la vie. Il lui répondit d’un sourire tandis que ses doigts caressaient toujours le léger relief du couvercle. Sa présence était l’un de ces plaisirs simples. Il n’y avait qu’avec elle qu’il pouvait se contenter de parler et de se prélasser sans rien faire d’autre que d’apprécier sa proximité.

Solange lui avait recommandé d’attendre la fin du séjour pour lui annoncer la nouvelle, mais comme il n’en faisait qu’à sa tête et que sa devise venait de prendre le contrôle de ses choix, il s’était lancé dans d’interminables aveux. A commencer par sa déplorable vision du mariage. Il se doutait bien que cela n’allait pas lui plaire et il en eût rapidement la confirmation. Il put lire dans son regard d’azur la succession de ses différents états d’esprit. D’abord la crainte. Puis l’incompréhension. Puis la colère. Puis le dégoût. Pour finir par une glaciale rage. Ses mains s’échappèrent des siennes et une muraille invisible venait subitement de se dresser entre eux. Coldris détourna le regard vers les flammes, abattu par sa propre déclaration.

Est-ce qu’il voulait continuer de s’amuser ? Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait voulu dire. Du moins pas dans son sens le plus triviale. Le jeu pour lui c’était une ébullition de son esprit et  il était au contraire très sérieux et…

- Non ce n’est pas ce que je voulais dire… Je…

Mais les mots lui manquait pour argumenter et déjà elle reprenait. Il leva à nouveau les yeux vers elle, ému par ses paroles, par cette déclaration qui remettait tout en doute jusqu’à ses principes, si solidement ancrés. Il entrouvrit la bouche pour lui répondre mais Aurélia le devança. Les colères d’Aphrodite étaient terribles mais le pire était incontestablement de la savoir déçue, blessée et même brisée. Ce n’était pas ce qu’il voulait… Tout le monde lui rabâchait les oreilles avec cela… Mais pourquoi n’aurait-il pas pu tracer un autre chemin ?

Elle se leva et se fut une pluie de flèches qui se déversa sur lui, bien plus violente que celles reçues dans son épaule. Il baissa la tête et l’enfonça entre ses épaules. Il était un idiot. Encore et toujours et pour toujours.

non tu préfères… tu préfères l’avoir à ta disposition, dans ton lit, quand tu as envie et basta

Tu n’es qu’un bon à rien Coldris !

Tu peux ranger tes belles paroles Coldris !

Alors quoi Coldris ? Tu as mangé ta langue ?

Il n’y avait qu’un grand vide en lui. Un grand vide qui ne faisait que s’agrandir et espérait l’engloutir tout entier. Ça ne pouvait pas finir comme ça… Ce n’était pas ce qui était prévu… Regard au sol, il capta l’éclat d’une étincelle dans la nacre du taureau…

Ainsi en est-il de la fortune, laquelle démontre sa puissance aux endroits où il n’y a point de force dressée pour lui résister, et tourne ses assauts au lieu où elle sait bien qu’il n’y a point de remparts ni levées pour lui tenir tête.
le Prince, XXV, Machiavel

Était-il en train de se faire ravager par un courant qui l’emportait car il n’avait pas eu l’intelligence de construire canaux et digues pour en dériver le flux ? Non. Non. Non il ne pouvait pas. La rivière resterait dans son lit ou alors… elle serait déviée, là où il l’avait choisie.  Il secoua la tête et se leva, bien décider à ne rien laisser au hasard. Si après tout cela, elle ne voulait plus de lui, il n’aurait plus qu’à rassembler son armée pour reconquérir la forteresse de son cœur.

Coldris s’approcha d’elle avec la témérité des soldats qui n’ont plus rien à perdre. Il l’enlaça fermement entre ses bras pour qu’elle ne puisse pas se dégager avant d’avoir entendu la fin.

- Écoute-moi jusqu’au bout s’il te plaît commença-t-il d’une voix étrangement calme et assuré, bien loin des remous qui l’agitaient.

- Je dis ça parce que… Lorsque l’on se marie, on est lié pour la vie. Il n’y a plus rien à gagner et encore moins à perdre. C’est inévitable… Qui ferait des efforts pour quelque chose qu’il ne pourrait pas perdre ? Les humains sont ainsi. C’est inévitable. Le mariage finit par tuer l’amour. Comment crois-tu que je puisse avoir une liste si longue ? Sais-tu seulement combien il y a d’épouses délaissées à Braktenn, bien contentes de trouver du réconfort et de lire le désir dans les yeux d’un autre homme ? Heureuse d’être enfin au centre de l’attention ? C’est dur, mais c’est la plus pure des vérités. On se marie par intérêt, pas par amour.

Il la contint entre ses bras pour l’empêcher de s’échapper avant de reprendre.

- Laisse-moi finir avant de t’enfuir. Ce n’est pas ce que je veux pour toi. Je veux que tu sois toujours aimée. Je voulais que tu sois ma maîtresse, celle que j’aurais vraiment aimée et pour qui je me serai battu. Je sais que ce n’est pas ton avis mais… Est-ce que tu comprends, un peu ?

Il embrassa sa joue pour la rassurer et l'apaiser tout à la fois. Pour se donner du courage aussi, car la suite n’était pas la partie la moins délicate. Sa gorge en était sèche. Elle semblait déjà vouloir retenir les mots de s’en échapper.

- L’autre raison pour laquelle je voulais que tu sois ma maîtresse… C’est parce que je suis fiancé, Aurélia. Je dois me marier en mars. Je n’ai pas voulu me jouer de toi… Je suis le dernier à imaginer que j'aurais pu tomber amoureux. Et…

Aurélia se débattait mais il la maintenait toujours entre ses bras, fermement. La rivière s’écoulait furieuse. Il devait aller jusqu’au bout. Il n’avait pas terminé. Pas tout à fait. Il pouvait changer le cours des choses.

- Épouse-moi s’il te plaît. Je ne veux pas te perdre, je ne veux pas vivre sans toi, je ne veux plus jamais te blesser et si je dois m’asseoir sur mes principes pour toi, je le ferai sans hésiter parce que sans toi, je vivrais dans le noir. Sans toi je serai éternellement gelé et plus rien n’aura d’importance. Parce que… Parce que tu combles toutes mes faiblesses et que je peux toujours compter sur toi-même lorsque je me perds. Pour toutes ces raisons, je veux bien prendre le risque de t’épouser et de découvrir que j’ai tort.

S’il l’épousait, il blesserait sa fiancée dont au final il se fichait pas mal. Il entacherait son honneur mais de toute façon sa réputation était faite. C’était un bien maigre tribu en regard de leurs deux cœurs sacrifiés sur l’autel des intérêts. Deux cœurs contre un seul. Le choix était si évident qu’il se demandait désormais comment il avait pu mettre autant de temps pour y penser.
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Message par Sarkeris Mar 29 Déc - 13:02

L'eau de la cascade tombait en un rideau fin et blanc sur un lit de galets. Le bruit de la chute d'eau équivalait à celui d'un feu ronronnant dans une cheminée. Deux voix pouvaient en franchir le mur et parvenir aux oreilles d'un indiscret. En l'occurrence, Quentin, qui croyait d'abord avoir rêvé en entendant des voix indistinctes, avait mis pied à terre et identifié la source du son. Il s'était approché de la cascade, n'avait pas mis longtemps à comprendre que le rideau aquatique cachait une cavité rocheuse dans laquelle Sophie s'était réfugiée. Et à présent elle parlait avec quelqu'un qui ne pouvait être que Coldris, Dieu savait comment il était arrivé là.

Le jeune homme, mécontent, songea d'abord à entrer lui aussi dans la grotte, pour mettre fin une bonne fois pour toute aux prétention de ce jeune coq sorti de nulle part. Mais ensuite, il saisit les bribes de la conversation et un lent sourire s'étira sur ses lèvres. C'était donc le moment de la grande révélation. Très bien. Il n'aurait qu'à attendre. Sophie lui tomberait dans les bras après ça.

Et il se ferait une joie d'empêcher Coldris d'en faire sa maîtresse.

***

Aurélia était complètement perdue. Elle recula en voyant Coldris la rejoindre. Elle ne voulait plus qu'il la touche. Mais elle ne put lui échapper et se retrouva coincée entre ses bras, obligée de l'écouter, de sentir son cœur battre autant que le sien.

- Coldris lâche-moi...

Elle ne le croyait pas quand il disait que le mariage tuait l'amour. Sa tante Solange avait été heureusement mariée, elle lui avait dit, et elle avait aussi dit qu'elle avait été heureuse. Fallait-il toujours qu'il y ait quelque chose à gagner pour être heureux ? est-ce que Coldris ne continuait pas l'aimer même s'il savait qu'elle l'aimait en retour ? qu'avait-il encore à gagner d'elle sinon son corps ? n'y avait-il donc que cela pour lui ? c'était ça, sa liste. Des corps qui se succédaient dans son lit pour un plaisir éphèmère sans cesse recherché et renouvelé.

Aurélia se mit à pleurer en silence. Sa tante avait essayé de l'avertir et elle n'avait rien écouté. Peu importe le nombre d'épouses délaissées à Braktenn. Ce n'était pas parce que leur amour s'était éteint après le mariage, c'était parce qu'il n'y avait jamais eu d'amour, parce que la majeure partie des mariages étaient arrangés. Et c'était bien le seul point sur lequel il avait raison : on se mariait par intérêt. Et c'est pour cette raison que sa logique ne pouvait pas tenir.

D'autant que ces mêmes épouses délaissées par leurs maris, l'étaient tout autant par leurs amants pour finir. Ce n'était pas le mariage qui tuait l'amour. C'était les hommes comme Coldris qui se contentait d'instants volés et de séductions passagères pour le plaisir des sens, avant d'abandonner, parce qu'il n'y avait plus rien à gagner.

Elle se secoua pour lui échapper, mais il la tenait bien. Elle agrippa ses bras pour s'en défaire, sans y parvenir.

Je voulais que tu sois ma maîtresse.

Elle arrêta ses gestes désespérés, et lui lança un regard embué de larmes et d'incompréhension totale. Sa maîtresse ? est-ce qu'il se rendait compte de ce qu'il disait ? sa maîtresse ! en quoi le fait d'être sa maîtresse ou son épouse aurait changé quoi que ce soit à leur amour ? pourquoi avoir une espèce de statut officiel de maîtresse était-il différent du statut d'épouse, à part être plus dégradant et humiliant. La prenait-il donc pour une actrice qu'on entretenait en secret ?

Non, elle ne comprenait pas. Et ce n'était pas un baiser qu'il l'apaiserait. Elle se sentait trompée, trahie, perdue, et ne voyait plus d'avenir heureux comme quelques heures auparavant. Et alors qu'elle pensait en avoir fini des mots cruels qui s'écoulaient de sa bouche comme si tout cela était évident, il avoua qu'il était déjà fiancé. Peu importe ce qu'il disait ensuite.

- Quoi ? souffla-t-elle.

C'était plus qu'elle n'en pouvait supporter. Elle avait l'impression que son cœur était devenu de glace après toutes ses paroles et que maintenant il le jetait contre une paroi de la grotte pour l'y briser complètement. Il était fiancé, il allait se marier en mars...

Elle se débattit avec plus de force pour lui échapper. Mais il n'avait pas encore fini. Que pouvait-il encore dire pour l'achever ? N'en avait-il pas fait assez déjà ? Au milieu de ses larmes, elle ne put s'empêcher de laisser s'échapper un rire sans joie lorsqu'il lui demanda de l'épouser. Un rire qui se transforma en sanglot.

- Tu crois que je vais t'épouser après ce que tu viens de me dire sur le mariage ? tu prendras ensuite ta fiancée pour maîtresse, c'est ça, et moi, je ne serai que l'épouse délaissée, qui n'a plus rien d'intéressant à offrir, puisque tu auras déjà tout obtenu.

Était-elle en train d'adopter son point de vue pour lui renvoyer sa demande en pleine figure ? oui. Elle voulait le blesser autant qu'il venait de le faire avec elle. Elle le repoussa violemment.

- Je t'aimais comme jamais je n'ai aimé personne ! tous ces prétendants paraissaient fades à côté de toi ! tu... tu es le seul à m'avoir fait ressentir ça ! et je pensais que c'était assez puissant... pour... pour toute une vie et encore plus. Tu viens de tout détruire. Comment pourrais-je t'épouser ? tu m'as fait mal.

Et d'un autre côté, elle n'en aimerait jamais aucun autre. Elle le savait aussi sûrement qu'elle respirait.
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Message par Coldris de Fromart Mar 29 Déc - 22:29



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Coldris, 21 ans

 
Un peu d’eau fait mourir une flamme commune.
Les larmes font mourir les amours et les feux
Des amants espérants, les autres amoureux
Triomphent sur les pleurs, commandent la fortune
Car l’eau est sous le feu comme il est sous les Cieux.


Stance XXI, Agrippa d’Aubigné






Il sentait les larmes d’Aurélia goutter par intermittence sur le dos de sa main et cela n’en rendait que plus difficile chaque nouvel aveu qu’il formulait plus maladroitement que le précédent. Il avait l’impression de se noyer dans ses larmes. Il avait beau sentir la chaleur de son corps contre le sien, un froid pernicieux se répandait depuis ses entrailles dans tout son être. Croiser son regard avait d’ordinaire pour effet de l’embraser et même plus encore de la calciner sur place. Là, cet océan pluvieux le glaçait plus surement que n’importe quelle bise chargée de grésil. Mais ce n’était rien à côté de ses sanglots ou de ces paroles si froides qui parvenaient à le bruler plus surement que n’importe quelle flamme. Il voulait la serrer dans ses bras, mais il ne pouvait pas. Elle le repoussa violemment et il baissa penaud la tête vers le sol terreux. Que restait-il de sa fierté et de son arrogance ? Rien. Il aurait voulu disparaitre. Il ne parvenait même plus à répliquer quoi que ce soit. Qu’aurait-il pu dire de plus ?

L’amour rendait faible, car il ouvrait une large brèche. C’était laissé entrer un cheval de Troie pour vous décimer.

Je t'aimais comme jamais je n'ai aimé personne !

Troie brulait. Troie tombait.

tous ces prétendants paraissaient fades à côté de toi ! tu... tu es le seul à m'avoir fait ressentir ça !

Les murailles fissurées se désagrégeaient. Ses yeux le brulaient.

et je pensais que c'était assez puissant... pour... pour toute une vie et encore plus.

Il n’aurait jamais dû lui laisser la possibilité de traverser ses défenses alors qu’il savait qu’il ne pourrait jamais la satisfaire.

Tu viens de tout détruire. Comment pourrais-je t'épouser ? tu m'as fait mal.

A quel moment avait-il perdu le contrôle de la situation ? Dans le bosquet ? A Cervigny ? Il ne se souvenait plus, tout était flou comme son regard qui se voilait sans qu’il ne parvienne à s’en apercevoir. Parce qu’il était trop tard pour faire demi-tour. Il ne pourrait plus revenir en arrière. Ni l’oublier. Et encore moins ne plus l’aimer. Que pouvait-il répondre ? Qu’il avait mal lui aussi ? Elle ne le croirait pas. Qu’il n’avait jamais ressenti ça non plus ? Elle ne le croirait pas plus.
Où qu’il tourne la tête, il n’y avait que de voies sans issue bordées de murs menaçants et infranchissables.
Qu’était-il censé faire ?
Pourquoi tout était si compliqué ?
Il pouvait écrire des décrets royaux de quinze pages et ne parvenait même pas à lui faire comprendre que sa vie n’avait plus de sens sans elle.
Qu’était-il censé faire ?
Rentrer à Cervigny et se terrer jusqu’à ce qu’on le traine à l’autel ?
Ce n’était pas ce qu’il voulait.
Quelques gouttes s’écrasèrent sur le sol en rebondissant comme au ralenti. Il passa ses mains sur son visage jusque dans ses cheveux bruns et soupira en secouant la tête.

Il ne savait plus quoi faire. Il n’osait même plus s’approcher d’elle de peur de se faire rejeter. Mais rester immobile c’était signer son arrêt de mort.

- Je…

Aucune des phrases qui se formaient dans son esprit ne parvenait à le satisfaire. Il savait qu’il n’aurait pas d’autres possibilités de lui expliquer tout ce qu’il ressentait avant longtemps après cela.

- Je… Ce que je voulais dire c’est que c’est justement parce que je t’aime et que je sais combien c’est important pour toi que je veux t’épouser. Parce que personne ne pourra jamais te remplacer dans mon cœur. Et que je suis un idiot qui n’arrive pas s’exprimer correctement quand il est face à toi.

Il passa ses mains dans son cou et détacha une chainette avec une croix en argent. Curieux collier lorsque l’on connaissait sa piété connue et reconnue dans tout Braktenn. Il outrepassa son appréhension et s’approcha d’elle pour lui attacher.

- C’est la clé de mon bureau, Aurélia. Le tiroir que tu as forcé, tu te souviens ? murmura-t-il Je t’ouvrirai toutes les autres portes. Je t’aime et c’est pour ça que je veux que tu deviennes ma femme. il embrassa son cou Tu me manques déjà.

Il s’éloigna pour ramasser son coffret, les larmes encore accrochées à ses cils. Il cligna des paupières et les deux perles tombèrent. Malgré lui, sa tête pivota en arrière et toute résolution s’effondra. Il fit aussitôt demi-tour pour la serrer contre lui. Tant pis si elle rejetait, l’insultait ou même le giflait. Il préférait encore ça à son absence.
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Message par Sarkeris Jeu 31 Déc - 16:53

[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 5 108f091e12dd103b91cc99fe91383cab

Aurélia, 17 ans

Aurélia regretta ce qu'elle venait de dire dans l'instant. Elle l'aimait encore, non ? Elle avait l'impression de tomber toujours et encore dans un gouffre sans fin. De se retrouver seule face à... un vide immense et douloureux. Mais il venait de lui proposer de l'épouser aussi. C'était ce qu'elle espérait. Le visage mouillé, la gorge nouée, les bras fermés autour d'elle, elle laissa le silence s'installer entre eux.

Il avait l'air désespéré lui aussi, et ça lui brisait le cœur davantage encore si c'était possible. Elle prit une longue inspiration. Elle l'aimait encore et elle voulait l'épouser.

- Pardon Coldris. Je suis désolée.

Elle avait l'impression qu'il ne l'avait même pas entendue. Elle renifla, se passa une main sur le visage pour en chasser les larmes qui avaient cessé de couler.
Mais s'il envisageait le mariage comme il l'avait présenté qu'est-ce que ça signifierait pour lui ? et sa fiancée ... ? qui était-elle ? la fameuse, Isis ?

- Je… Ce que je voulais dire c’est que c’est justement parce que je t’aime...

Elle releva la tête pour l'écouter. C'était étonnant de voir Coldris si peu sûr de lui. Elle se souvenait de la balade au cours de laquelle Quentin les avait surpris. Ensuite, elle lui avait avoué ce qu'elle ressentait pour lui. Ce moment était à la fois lointain et tout proche. Aurélia songea que ses sentiments pour lui n'avaient fait que se confirmer. Ils n'avaient pas faiblis. Elle renifla encore en le voyant s'approcher de nouveau d'elle, en détachant un collier.

Au bout se trouvait une croix en argent. Elle s'étonna. Mais l'explication lui vint bientôt. Non, Coldris n'était pas plus pieux qu'on le pensait. Elle le laissa lui mettre le collier en prenant le pendentif entre ses doigts. La clé était encastrée dans la croix et il devait suffire de faire pression dessus pour qu'elle se détache. C'était une preuve de confiance.

- Je me souviens.

Il réitéra sa demande, mais émue, elle le vit s'éloigner d'elle après un baiser.

- Attends, Coldris.

Elle ouvrit ses bras pour l'enlacer quand il fit demi-tour et enfouit sa tête dans son épaule, avant de se rendre compte qu'elle lui avait certainement fait mal. Elle cessa aussitôt de le serrer fortement mais attrapa son bras pour qu'il ne s'éloigne pas, et une fois qu'elle en fut certaine, elle posa une main sur sa joue, essuyant du pouce une larme qui dévalait.

- Coldris, je t'aime, et je veux que tu deviennes mon mari.
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Message par Coldris de Fromart Ven 1 Jan - 9:42



[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 5 Sn7y
Coldris, 21 ans

 
Mais ceux qui sont épris des plus célestes flammes
Ne sont haussés du trop et abaissés du peu,
Leur amour n’est enfant de peu de choses esmeu,
Rien ne le fait mourir : En ces heureuses âmes,
Sans espoir et sans bois vit l’amour et le feu.



Stance XXI, Agrippa d’Aubigné





Une large faille s’était subitement ouverte en lui. Sous ses pieds le sol semblait s’effriter petit à petit pour disparaitre dans le néant. Autour de lui ne régnait qu’un profond et pesant silence. Face à lui, un regard embué de larmes plus mortifiant que n’importe quelle lame. Ses bras serrés autour d’elle étaient comme une muraille qui se dressait désormais entre eux. Ses bras qui la veille encore s’enroulaient autour de son buste…

- Pardon Coldris. Je suis désolée.

Sa voix lui parvenait lointainement, il n’y avait pourtant guère qu’un mètre entre eux. Etait-elle vraiment en train de s’excuser ? Mais pourquoi ? Elle avait toutes les raisons du monde d’être furieuse et de lui en vouloir. Elle n’avait pas à se faire pardonner quoi que ce soit. C’était plutôt à lui de s’expliquer, de se justifier et de plaider son cas. C’était dans ce genre de moment où il regrettait l’absence de Virgil. Il aurait su trouver les mots, lui. Il n’aurait jamais prononcé cette espèce de charabia maladroit. Pourquoi ne pouvait-elle pas juste lire dans son âme ou dans son cœur le fond de sa pensée ? Les mots… Il avait parfois l’impression qu’il n’en existait aucun reflétant parfaitement ce qu’il essayait de dire et il s’embrouillait seul dans sa logique froide et implacable. Il valait mieux agir que parler et s’enfoncer inexorablement. Lui offrir la clé de son bureau, valait toutes les déclarations pour lui signifier à quel point elle comptait pour lui.  Il ne s’attendait même pas à ce qu’elle accepte ou réponde quoi que ce soit dans l’immédiat.

C’est son exhortation qui le figea sur place à peine quelques pas plus loin. Il se retourna. Ses bras n’étaient plus enroulés autour de ses épaules, ils étaient grands ouverts et c’était suffisant pour faire cesser de battre son cœur durant un court instant. Une vague de douleur aigue se propagea de son épaule à ses doigts, mais en cet instant rien ne lui semblait plus doux et agréable. Il la serra avec la force de celui qui avait cru la perdre. Si fort, qu’il en eut peur de l’étouffer et la relâcha aussitôt. Il croisa cette main qui se posait sur son bras et releva lentement ses grands yeux séracs encore humides vers les siens. Elle remonta jusqu’à son visage. Sa peau était si froide mais son regard si brulant.

- Coldris, je t'aime, et je veux que tu deviennes mon mari.

Il n’en fallait pas plus pour lui étirer un large sourire malgré ses larmes qui avaient toujours envie de s’échapper. Mais cette fois-ci c’était pour une autre raison : un profond soulagement mêlé de joie. Il posa son front contre le sien. Pouvait-on vraiment être si heureux à l’idée de se marier ? Une de ses mains farfouilla dans la poche de son veston. Non, il n’avait pas de bague de fiançailles à lui offrir, il n’avait pas vraiment prévu que sa journée se déroulerait ainsi. En revanche, il en extirpa malicieusement un petit carré de tissu immaculé qui tranchait avec la noirceur de son habit.

- C’est un honneur de devenir votre époux, Mademoiselle de Farnendes déclara-t-il solennellement en lui essuyant les joues avant de lui tendre l’objet de collection

- Il semblerait que vous n’ayez guère encore de mouchoir m’appartenant. Il fallait bien remédier à ce problème ! Mais pour tout vous avouer, je vous préfère affublée de votre lumineux et irrésistible sourire.

Son sourire à lui s’étira démesurément jusqu’à ses yeux qui se plissèrent même légèrement avant qu’il n’embrasse, pour de bon, ses lèvres au goût encore salé de ses larmes qui avait failli le perdre. Un baiser doux comme du velours qu’il aurait prolongé éternellement alors que ses mains étaient venues se poser autour de sa taille. Il ne les quitta que pour mieux y retourner l’instant d’après, cherchant cette fois-ci ses doigts pour s’y entrelacer.

Il fallait se rendre à l’évidence, tout avait une fin. Et ce n’était pas encore aujourd’hui qu’il aurait le plaisir d’avoir plus que cela. Mais ce n’était désormais qu’une question de temps. Il caressa sa joue, son regard perdu dans le sien.

- Ce ne sera pas le mariage dont tu rêvais, je pense. Personne ne doit être au courant, tu comprends ? Personne à part Solange et Virgil.

Il ferma les yeux brièvement.

- Si on l’apprend... il chassa cette possibilité Je m’occuperai des formalités, je vous donnerai le lieu et la date au dernier moment...

Il embrassa son front.

Je t’aime ma future Aurélia de Fromart, mais il faut que je rentre. On va finir par me chercher et toi de même. Prend soin de toi, je te verrais à ton retour, d’accord ?

Oui c’était bien lui, qui venait de lui demander d’être prudente… Il passa une dernière fois sa main le long de son visage, ramassa son présent et partit plus léger que jamais vers Ultimamor…

***

Il n’avait cessé de sourire jusqu’à ce qu’il referme derrière lui la porte du passage secret de la bibliothèque. Il caressa la jolie nymphe dénudée, regard pétillant en songeant que ce serait bientôt sa jolie déesse, à la peau délicieusement tiède qui glisserait sous doigts.

Pour l’heure, il devait pourtant de nouveau être imperturbable, comme si rien de tout cela ne s’était passé, ce qui était bien difficile quand on était habité d’une inexorable envie de sourire. Il se força à secouer la tête et enferma ses émotions dans l’une des malles appropriée.

En bas dans le salon, Solange lisait au coin du feu. Il avait déposé son cadeau dans sa chambre en passant.

- Je déteste More. C’est terriblement ennuyeux.

Il servit deux beaux verres de ce whisky hors de prix qu’il lui fit porter pour trinquer.

- J’espère vous voir à mon mariage, Solange déclara-t-il sourire en coin.

Et il ne précisa pas de quel mariage il parlait. D’une part pour les oreilles indiscrètes et d’autre part car il n’y en avait qu’un seul qui l’intéressait réellement. Sur ce, il se laissa tomber dans l'un des fauteuils, verre toujours en main.

- Je ne crois pas vous avoir raconté l’histoire de l’écritoire de porcelaine… Vous allez adorer !

Coldris entama son récit sans omettre les détails les plus sulfureux de sa relation avec la belle italienne sur laquelle il avait écrit cette fameuse lettre partie aux flammes.
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Message par Sarkeris Mer 13 Jan - 16:33

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Aurélia, 17 ans

Sous sa main posée sur sa joue, elle sentit son visage bouger. Ses lèvres s'étiraient un vrai sourire. Et elle-même avait peine à croire qu'elle pouvait ainsi passer du chagrin à la joie la plus pure. C'était un tel bonheur de pouvoir prononcer ces quelques mots, qui ouvraient un avenir commun. Elle ferma brièvement les yeux quand leurs fronts se touchèrent. C'était un contact plein de douceur, dans lequel elle puisa un grand réconfort après toutes ces larmes. Et puis front contre front, c'était aussi les pensées qui se mêlaient pour être plus proches.

Finalement, elle rouvrit les yeux et suivit sa main du regard, curieuse, puis elle laissa échapper un rire en voyant ce qu'il sortait de sa poche. Un mouchoir ! Mieux que le reste, ce geste sécha ses larmes, alors que la solennité de sa voix venait mettre une touche de réalisme à tout ce rêve éveillé.

- Je sourirai alors, vous pouvez en être sûr, jusqu'à la fin de mes jours si cela doit vous plaire, monsieur de Fromart, chuchota-t-elle avant de répondre à son baiser.

Elle sentit ses bras autour de sa taille, et aurait voulu agripper ses épaules, mais c'était impossible sans lui faire mal. Elle ne voulait rien gâcher. Elle attrapa les revers de sa veste, jusqu'à ce qu'il vienne chercher ses doigts. Elle voulait plus, tellement plus que des baisers échangés furtivement en secret. Elle en avait assez de voir les regards réprobateurs des autres. Elle voulait être libre de l'aimer, d'être avec lui, de le voir heureux, si c'était possible.

- Tant que c'est avec toi que je me marie, peu importe comment.

Elle était bien là, dans ses bras, mais elle sentait qu'il allait partir. Elle ne voulait pas. Pour une fois que c'était lui qui la rappelait à la cruelle réalité de leur amour clandestin. Oui, on la cherchait certainement. Quentin devait se demander où elle était passée. Qu'il cherche donc, ce grand nigaud ! après son mariage, il ne pourrait plus prétendre à rien.

- Moi aussi je t'aime, Coldris.

Elle profita des derniers gestes et paroles fugaces de Coldris avant qu'il ne quitte la grotte. Puis elle songea à un moyen de quitter elle-même les lieux sans se tremper davantage.

Dehors, sans qu'elle s'en doute, Quentin avait surpris leur conversation et remontait silencieusement à cheval pour se donner l'air de tout juste arriver quand elle se déciderait à réapparaître. Il savait déjà comment faire pour déjouer tous les plans de Coldris, et se donnerait les moyens d'y parvenir. Il se jura que ce serait lui, et non ce petit provincial parvenu qui passerait l'anneau au doigt de Sophie.

***

Le retour des chasseurs triomphants avait été tardif et avait laissé le temps à Solange, non seulement de digérer la nouvelle, mais aussi de se composer un visage impassible. Pour ne pas trahir sa satisfaction joyeuse. Elle voulait absolument parler à sa nièce. Il fallait qu'elle sache comment elle se sentait. Et puis, qui disait mariage, disait robe, et même la plus secrète cérémonie ne pouvait se faire sans un minimum de préparation. Solange comptait bien ne pas déroger à trouver une toilette tout à fait seyante à Aurélia. Quelque chose de... bleu. Avec des rubans... pas trop compliqué, il n'y avait pas assez de temps, mais pas non plus, rien du tout... et le tissu...

- Solange ?

Isabelle leva un sourcil à côté d'elle. Un domestique attendait qu'elle se serve dans le plateau qu'il présentait, et elle retardait le service. Elle se composa un sourire moqueur devant l'air suspicieux de sa soeur.

- Eh bien, Isabelle, je ne savais pas que tu aimais à ce point les poireaux que tu me presses de me servir plus rapidement !

Pendant le reste du repas, elle fit bien attention à se montrer attentive à toute la tablée, et surtout à ses voisins. Elle remarqua, bien sûr, les regards que se lançaient ses deux petits tourtereaux, mais ils restèrent assez discrets. Ce ne fut qu'après qu'elle sauta presque sur Sophie, prétextant une migraine et l'implorant de l'accompagner à sa chambre, pour lui parler et lui soutirer tout ce que Coldris ne lui avait pas dit.

Aurélia passa ainsi toute sa soirée dans les appartements de sa tante, à lui raconter les choses, et quand elle en sortit, ce fut pour se rendre compte que les domestiques éteignaient les dernières bougies au rez-de-chaussée. Elle n'avait même pas pu dire bonsoir à Coldris. Déçue, elle s'en alla elle-même vers sa chambre, bien vite rattrapée cependant, par sa joie inébranlable.

Elle était sûre de faire de beaux rêves.
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Message par Coldris de Fromart Jeu 14 Jan - 14:00



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Coldris, 21 ans

 
Ma douce Psyché, t'ai-je déjà avoué
Combien parmi ces nuits emplies de rêveries
Tu habitais chaque recoin de mon esprit,
Chaque pensée, chaque désir inavoué ?

A qui d'autre pourrais-je vraiment me vouer
Quand le moindre soupçon de mon corps est épris
De chaque brin du tien ? Tout devient tromperie
Dès lors qu'il n'est pas tien, car j'y suis dévoué

Ma belle Psyché, moi et tous ces doux baisers
Que sur ta peau je rêverais de déposer
Encore et encore, jusqu'à tout oublier ;

Moi, et chacun de mes dix doigts, qui toujours rêve
De courir ta chaude porcelaine, sans trêve,
Jusqu'à ce que mon amour y soit apposé.




A Psyché, Coldris






Un énième dîner à supporter les œillades et les gestes de Quentin à sa belle fiancée. Un énième dîner à faire comme si rien de tout cela n'existait. Un énième dîner passé songeur à ressasser passé et futur entre deux beaux mots d’esprit.

Il allait l’épouser. Elle allait devenir sa femme, sa belle Psyché, son Aphrodite. Il avait perdu et elle avait gagné. Sans savoir comment, elle avait mis le fier taureau sous le joug de la charrue, sans même qu’il ne s’en aperçoive. Pire que tout, il était presque fier de perdre cette partie. Coldris de Fromart allait se marier par amour. Il y avait trois éléments qui n’auraient jamais dû s’assembler entre eux dans cette phrase. Et pourtant c’était vrai. La vraie Madame de Fromart se trouvait en face de lui, rayonnante.

***

Il n’arrivait pas à fermer l’œil. Cette nuit moins que les autres nuits encore. Il arpentait sa chambre comme un fauve en cage alors que les évènements intervenus au cours de la journée tournaient comme une boucle sans fin dans son esprit. Il revit Aurélia quitter la cour sur Sillage. Sa discussion avec Solange. Ses paroles dures puis plus légères. Cet instant de flottement lorsqu’il s’était allongé sur ses genoux. La découverte du mot. La résolution de l'énigme. Ce moment d’intimité. Son cadeau absolument merveilleux et parfait. Il s’arrêta subitement. Où avait-elle bien pu avoir une telle idée et depuis quand avait-elle préparé cela ? Est-ce qu’il lui avait dit au moins qu’elle était absolument formidable ? Il commençait à en douter. Il reprit brièvement sa course jusqu’à ce souvenir de son visage en larmes. Mais quel idiot… Et dire qu’il s’était apprêté à subir cela de point fouet à la fin de son séjour… Il n’osait imaginer ce qu’il aurait pu ressentir en constatant qu’il avait réduit ses espoirs à l’état de poussière. Et… et tout ça tenait à trois mots ! Trois mots sur une boîte ! Est-ce qu’il lui avait dit qu’il n’était plus rien sans elle ? Il devait absolument lui dire. Il devait absolument le faire. Ses jambes se remirent en mouvement. Dans un sens puis dans l’autre. Chaotiquement, comme sa respiration qui trahissait son agitation mentale. Il entendait les griffes crisser le long des parois de bois dans lesquelles elles étaient enfermées. Il y avait ce sifflement plaintif et séduisant qui l’appelait. Qui l’invitait à venir ouvrir le cadenas. Le chant des sirènes. Il marmonnait sans même s’en rendre compte.

Il allait se marier.
Il allait l’épouser.
Coldris de Fromart allait épouser Sophie de Farnendes.
Par amour.
Pour toujours.
Et personne n’y pourrait rien.

Ah oui tu es sûr ?
Tu ne t’es jamais dit que c’était trop beau pour être vrai ?

Il s’immobilisa. Comment s’était-elle enfuie ?

Tout le monde a le droit d’être heureux un jour
C’est beau d’espérer, Coldris. C’est beau.
Vous verrez bien quand ça arrivera. Vous verrez que c’est possible
Oui. Tu es un bon à rien. Tu le sais ?
Peut-être mais je ne suis pas rien.
J’avais dit que j’irais au palais royal et j’y suis entré.
Et bientôt ce sera à son bras que j’y retournerai.

C’est ce qu’on verra…
Taisez-vous! C’est moi qui commande ici!

Son rire macabre se transforma en stridulation avant de s’évanouir dans les airs. Le calme était revenu. Il poussa un profond soupir cherchant à se souvenir où il en était avant cette sordide interruption. Il avait quitté la grotte. Il avait fait part de son invitation Solange. Oh ses petits yeux qui s’étaient allumés comme deux flambeaux ! Il ne les oublierait jamais ceux-là! D’ailleurs, il avait doucement souri en la voyant prétexter une migraine pour aller commérer avec sa fiancée. Il se laissa tomber sur son lit. De quoi avaient-elles bien pu parler ? Oh à coup sûr sa douce Aurélia s’était fait une joie de lui faire part des moindres détails et Solange avait de le traiter mentalement de petit idiot une bonne dizaine de fois au moins. Il étouffa un petit rire à l’image des deux femmes babillant sur son sujet, assises au coin d’un feu, verre de porto ou de whisky pour la tante.

Deux mots avaient scellé son bonheur. Deux petits mots.

 Epouse-moi.


Il n’avait jamais douté de l’importance des mots, et pour cause, il avait bâti son ascension dessus, mais il n’aurait jamais cru pouvoir sourire stupidement à la simple idée de l’appeler ma femme tout en faisant un pied de nez à son destin déjà tracé. Il se redressa sur ses coudes. Il fallait qu’il trouve un homme en robe à payer grassement. Pardon. Prêt à recevoir un don fort généreux à sa paroisse pour lui obtenir une dispense de ban. Les hommes d’Église avides ce n’était pas ce qui manquait à Braktenn à croire que le vœu de pauvreté c’était comme le vœu de chasteté, c’est-à-dire à peu près aussi tangible que Dieu lui-même. Peut-être était-il préférable de partir sur le champ pour s’occuper de ces affaires.

Il quitta le moelleux de son lit pour les allées et venues répétées le long de sa chambre. S’il quittait Ultimamor maintenant on trouverait cela louche. Oui, mais il était blessé. Physiquement et dans son ego, cela n’aurait rien d’étonnant à ce qu’il veuille rentrer. Isabelle, Alan et Quentin penseraient sans doute s’être enfin débarrassés de lui. Aurélia pour jouer les cœurs brisés. Elle y arriverait. Il fit volte-face et repartit dans le sens inverse. Le problème c’est qu’il n’avait pas envie de la quitter et de la laisser aux mains de ce gourdiflot qui en profiterait. Elle serait obligée de subir ses assauts incessants… À moins que Solange ne la garde auprès d’elle ? Il secoua la tête. Plus il pensait, plus ça piaillait fort, plus il s’agitait… Chaque pensée ne faisait que remettre du grain à moudre. Il fallait qu’il se calme où il ne trouverait jamais le sommeil. Il lorgna la fiole de laudanum qui lui faisait les yeux doux sur son bureau. Ce serait si simple… Un sommeil sans rêves. Il baissa les yeux. Il n’en avait pas besoin. Il n’avait qu’à écrire, comme il faisait avant après tout.  Il tira la rustique chaise et s’installa à son secrétaire. Une feuille. De l’encre. Il commença à écrire les vers qui lui venaient. Compter les pieds et se concentrer sur les rimes lui faisait oublier les soucis qui poussaient comme du chiendent dans les prairies. Son regard cherchait l’inspiration, perdu dans le vague de sa chambre. Quelque chose attira son attention: dans un coin, une feuille. Il fronça légèrement les sourcils et vérifia les siennes : tout était en ordre. Curieux, il se leva pour la ramasser. C’était l’écriture d’Aurélia avec ses élégants pleins et déliés finement tracés. Avec un petit sourire, il débuta sa lecture. Elle avait dû écrire cela lorsqu’il était endormi.




[Je ne suis pas vaillante quand tu t’absente
Je crains pour ma vie si tu ne m’écris
J’ai peur pour mon cœur car tu es comme un voleur
Qui
]

----
L’Amour est un voleur charmant ;
Les pensées, désirs, et soupirs
Sont happés par ce galant sire,
Pour monter jusqu’au fimament.

Bien en vain, résiste le cœur
Qui, flatté, se laisse emporter
Si loin, si haut, par son bonheur.
Sans comprendre qu’il est trompé.

Par le nom d’une autre avertie,
Ecorchée, abattue, trahie,
Je me noie dans mes brûlants pleurs.

Encore ardente d’un baiser
Que je ne saurai oublier,
Je vois s’éloigner mon bonheur.




Au fur et à mesure que se déroulaient ses mots, ses sourcils se fronçaient d’incompréhension. Une autre avertie ? Mais de qui parlait-elle ? Certainement pas de sa fiancée, elle en avait été clairement surprise. Alors qui ? Qu’avait bien pu lui raconter ce foutu Quentin ? Avait-il ressorti le dossier « Ophéline » ? Inventé une conquête de toute pièce pour lui briser le cœur. Il soupira et décida qu’il fallait en avoir le cœur net. Il ouvrit la porte et réalisa qu’il était non seulement tout habillé, mais qu’il avait également encore ses chaussures. Solange ne lui pardonnerait pas… Il les retira bien vite pour s’enfoncer dans les obscurs couloirs, feuillet à la main. Il poussa silencieusement la porte de sa chambre avant de la refermer derrière lui. Sa belle Psyché dormait. Il s’assit sur le bord de son lit. Il avait plus que jamais l’impression d’être Eros. Sauf qu’elle n’était pas dans son lit. Devait-il vraiment la réveiller ? C’était cruel. Il caressa le pourtour de son visage, embrassa chacune de ses paupières puis ses lèvres. Elle remua lentement. Il pava un chemin de petits baisers jusqu’à ce qu’elle ouvre les yeux, surprise. Il étouffa le cri qui s’apprêtait à en sortir d’une main sur sa bouche.

- Ce n’est que moi, ma douce Aurélia

Il retira sa main et agita la feuille sous ses yeux endormis.

- De qui parles-tu ? et comme pour se justifier, il compléta Je n’arrivais pas à dormir, alors j’ai voulu écrire et… je l’ai découvert par terre.
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Message par Sarkeris Mer 20 Jan - 12:14

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Aurélia, 17 ans


Dans son rêve, un vague courant d'air froid flotta dans l'air chaud d'un été onirique et marin. Elle se pelotonna sous ses draps. Et ensuite, ce fut le pont du bateau qui s'inclina imperceptiblement. Toujours dans son rêve, elle trébucha en arrière et son visage vint donner dans une voile douce et chauffée de soleil. Ce n'était pas désagréable, mais il y avait quelque chose qui ne collait pas.

Rien dans son rêve ne pouvait expliquer la sensation d'un baiser. Elle retrouva lentement la conscience d'être dans sa chambre en laissant glisser sa main sous les draps. Elle papillonna en prenant conscience que le déséquilibre du pont persistait jusque dans le matelas. Les lueurs mourantes du feu de cheminée éclairèrent alors une silhouette penchée sur elle, qui la couvrait de baisers.

Elle ouvrit la bouche pour exprimer sa surprise, cette fois tout à fait réveillée, mais tout son fut étouffé sous la main connue de Coldris. Rassurée, elle se redressa un peu, en se frottant les paupières. Que faisait-il donc ici ? Elle étouffa un bâillement.

- Coldris ?

Ses yeux tombèrent sur le feuillet raturé. Elle mit quelques secondes avant de faire le lien entre ce qu'il lui demandait et le souvenir d'avoir écrit ces mots. Isis. Elle avait complètement oublié ce poème. Elle passa une main gênée dans ses cheveux en désordre.

- C'était quand tu dormais, le jour de l'accident, que je l'ai écrit. Pendant ton opération, tu parlé d'une Isis et j'ai cru que tu avais rencontré une autre fille. Que c'était ce que tu voulais me dire avant... la flèche.

Elle remarqua que ses doigts s'était crispés sur les draps. Elle détendit ses phalanges pour respirer. Il l'avait demandée en mariage non ? qu'est-ce qui pouvait les séparer désormais ? un nom émit au milieu de la fièvre ?

- C'est ta fiancée ? demanda-t-elle d'une toute petite voix.
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Message par Coldris de Fromart Ven 22 Jan - 15:27




[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 5 Sn7y
Coldris, 21 ans

 
Sleep, wayward thoughts,
and rest you with my love :
Let not my Love
be with my love diseas'd.
Touch not proud hands,
lest you her anger move,
But pine you with my longings long displeas'd
Thus while she sleeps I sorrow for her sake;
So sleeps my Love,
and yet my love doth wake.

Dormez, pensées capricieuses,
et reposez tout comme mon Amour ;
Que ma bien-aimée
ne soit pas importuné par mon amour
Ne la touchez pas, mains hardies,
de peur de susciter sa colère,
Languissez ainsi que mon désir refoulé.
Tandis qu'elle sommeille, je m'inquiète pour elle;
Mon Amour dort,
mais mon amour veille.


Sleep, wayward thoughts – J.Dowland




musique:

Avec ses boucles blondes qui cascadaient tout autour de ses épaules, légèrement ébouriffées, elle était encore plus belle et désirable que jamais. Il préférait de loin ce naturel désordre aux complexes chignons dans lesquels il ne pouvait glisser nulle main. Le regard encore ensommeillé, il avait envie de l’embrasser. Ce feuillet qu’il lui tendait n’avait finalement plus tant d’importance que cela. Après tout, ils allaient se marier alors, qu’importe non ? Au fond, peut-être qu’il n’avait saisi cette opportunité que dans l’unique optique d’effectuer un bain de minuit dans cette mer d’huile qui lui faisait face ?

- C'était quand tu dormais, le jour de l'accident, que je l'ai écrit.

Il quitta subitement ses désirs pour s’inquiéter de sa réponse. Le jour de l’accident. Il se souvenait nébuleusement de ce qu’il s’était passé, mais une chose était certaine, son esprit s’était égaré et avait erré quelque part entre plusieurs mondes. Il n’en gardait qu’une sensation de capharnaüm visuel et auditif, un bouillon de souvenirs et d’imagination… Il inspira profondément et bloqua sa respiration. Qu’avait-il bien pu dire alors qu’il nageait en plein délire ?

… Tu parlé d'une Isis et j'ai cru que tu avais rencontré une autre fille.

Il expira tout l’air désormais vicié dans un profond soulagement. Si ce n’était que ça. Enfin « que » ça, c’était déjà beaucoup compte tenu de l’importance du « ça », mais rien qui ne puisse l’inquiéter elle. Il articula un petit sourire avant de prendre délicatement ses mains. Ces pauvres draps n’avaient pas à souffrir autant de ses froissements. Il déposa ses bras autour de son cou avant de passer les siens autour de sa taille.

- Ma fiancée est en face moi.

Ses prunelles cristallines se fondirent dans les siennes, il espérait ainsi la rassurer sur ses craintes infondées.

- Je pourrais bien rencontrer un millier de femmes que je n’en aimerai toujours qu’une seule.

Il inclina la tête pour lui sourire. Hier, aujourd’hui ou demain, peu importait combien elles seraient à laisser leur peau courir sous ses doigts, son cœur ne battrait jamais que pour elle, ses pensées ne seraient jamais qu’à elle. D’un signe de la tête, il lui indiqua qu’elle faisait erreur.

- Elle s’appelle Asoana, si tu veux tout savoir.

Et c’était sans doute l’un des derniers noms de femmes qu’il aurait pu sortir en plein accès de démence. Il soupira légèrement sachant que cette réponse ne suffirait pas à étancher sa curiosité. Ses doigts effleurèrent son cou où ils rencontrèrent la fine chaine en argent offerte un peu plus tôt. Elle pourrait bientôt tout savoir, tout voir et… peut-être bien qu’elle le fuirait alors, lui et sa folie.

- Ce n’est que ma sœur. C’était… se corrigea-t-il laissant son regard s’échapper par la fenêtre.

Ses paupières se fermèrent brièvement puis sa main s’engouffra dans son pourpoint. Il en ressortit un petit médaillon en or qu’il tendit à Aurélia pour qu’elle puisse à son tour contempler le portrait de la toute jeune fille aux cheveux auburn.

- Elle s’appelait Sybil comme la sœur de Virgil, mais je l’appelais Isis parce qu’elle passait son temps à me réparer…

Un fugace sourire triste s’invita sur ses lèvres. Il avait envie de tout lui raconter, de se débarrasser de ce poids mort qui l’étouffait depuis tant d’années. Même son meilleur ami ignorait cette facette de lui. Il tira légèrement sur la petite chaine pour en extirper le pendentif, cette clé en forme de croix.
- Ceci… C’est l’accès à ma boite de Pandore. Personne n’a jamais eu accès à cette partie de moi-même. Tu n’as pas idée de ce que tu vas trouver et tu comprendras pourquoi j’étais en colère ce jour-là. Peut-être même que tu ne voudras plus me revoir. Mais je préfère prendre ce risque que de te dissimuler de nouveau quoi que ce soit.

Le pire était incontestablement ses carnets griffonnés pendant ses errances nocturnes. Des croquis macabres, des textes, des bribes de souvenirs éparpillées et noircies, des pages entières du même refrain qui le hantait, rien d’autre que la transposition d’un esprit tumultueux qui ne trouvait pas de repos.

Il prit une profonde inspiration. Elle méritait quelques explications sur son comportement après cette fameuse blessure. Les mots refusaient pourtant de franchir ses lèvres. Cela faisait si longtemps qu’il les gardait enterrés en lui qu’il peinait désormais à la verbaliser. Le silence s’installait. Il devait lui dire. Il le voulait. Vraiment. Finalement une première syllabe s’articula puis les autres s’enchainèrent :

- Un… Un jour… J’ai voulu fuguer avec elle. Mon père voulait la marier de force à un vieux baron. Elle n’avait pas treize ans et moi… C’était le jour de mes dix ans. On est parti la nuit dans la neige. On s’enfonçait. On était fatigué… Au petit matin, j’ai entendu les cris des chiens... Il avait fait lâcher les chiens, Aurélia… Il nous aurait ramené mort ou vif. On a essayé de les semer, en vain. On s’est réfugié dans un arbre. Ils nous ont rattrapés... Je me suis rendu pour qu’elle soit épargnée…

Sa voix s’était faite plus vacillante au fur et à mesure de son récit. Il était comme un funambule sur son mince filin suspendu au-dessus de ses cauchemars. Un seul faux pas et il se faisait dévorer. A chaque nouveau mot, il s’ancrait un peu plus dans le bleu de ses yeux pour ne pas perdre pied. Il entendait les voix persifler, emprisonnées dans leur malle rouillée qui se délitaient à chaque nouveau détail apporté, pourtant, il n’appartenait qu’à lui de les garder museler, il le savait.
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Message par Sarkeris Ven 12 Fév - 19:34

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Aurélia, 17 ans

Lorsqu'elle lui demanda si Isis était sa fiancée, elle sut aussitôt ce qu'il allait répondre. Il prit son temps toutefois, pour se rapprocher encore plus d'elle, pour enfin confirmer son intuition par sa réponse. Oui, c'était bien elle, Aurélia, sa véritable fiancée. Dans les ombres de la chambre, la lueur vacillante de la bougie, elle le voyait dans un jeu d'ombres et de lumières qui redessinait chaque trait de son visage. Les bras passés autour de son cou, elle fit glisser son pouce sur sa nuque, à la naissance de ses cheveux si noirs dans la nuit. Tout son regard lui disais "je t'aime" et elle savait que c'était vrai. Les autres... n'étaient que les autres.

- Je te fais confiance, mon cher secrétaire...

Si seulement ils pouvaient déjà être mariés. Si seulement ils pouvaient partir loin, et seuls, rien que tous les deux. Au fond, elle savait que ça ne conviendrait pas à Coldris. Il avait besoin d'autre chose pour vivre : la politique était aussi chère à son cœur qu'une maîtresse. Davantage même, car il façonnait sa propre politique. C'était cette maîtresse qu'Aurélia craindrait le plus quand elle deviendrait sa femme.

Il lui dit son nom, celui de son autre fiancée. Celle qu'il allait tromper finalement. Que ressentirait cette femme quand elle saurait ? aimait-elle Coldris comme elle l'aimait elle ? se sentirait-elle rejetée ? trahie ? en voudrait-elle à Aurélia ? Elle oublia toutes ses questions en suivant des yeux la main de Coldris jusqu'au pendentif. Il ne parlait plus de cette Asoana. Il en était revenu à Isis. Sa soeur.

Aurélia resta silencieuse, observa le portrait à la lueur de la bougie et écouta l'histoire. Ce qu'elle entendait allait au-delà des mots. Il y avait les paroles, bien sûr, qui racontaient, mais il y avait aussi la voix, qui changeait, qui n'était pas la même que d'habitude. Elle avait pris ses deux mains et les serraient dans les siennes. Quand il se tut, elle comprit ce qui c'était passé, mais elle prit le temps de réfléchir avant de prononcer le moindre mot. S'il voulait aller jusqu'au bout de son histoire, il pouvait, mais ce ne serait pas pour elle, ce serait pour lui.

- Toute ta vie, jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à cette nuit, a fait de toi celui que tu es, Coldris. Et ta sœur fait partie de toi. Je suis désolée que cela se soit terminé ainsi. Mais quoi que reflètent tes différentes facettes, c'est parce que tu es leur ensemble que tu m'as séduite, et je ne renoncerai pas à toi parce que j'aurais vu d'un peu plus près les sombres abysses que je soupçonne déjà.

Non, Coldris n'était pas le gentil gendre que tout père rêverait de voir épouser sa fille. Non, il n'était pas non plus le sage garçon qui accomplit scrupuleusement son devoir. Il était bien plus que ça et il lui avait fallu un dîner en tête-à-tête pour saisir cet aspect des choses. Elle l'avait accepté, elle l'aimait.

Aurélia prit le visage de Coldris dans ses mains, en se redressant dans son lit.

- Coldris, aucun secret, aussi obscur qu'il fût,
Ne peut rivaliser avec une nuit froide,
Où l'angoisse est déclinée en dangers diffus,
Où les cauchemars sont tapis, en embuscade.


Elle voyait la flamme dansante briller dans ces pupilles tourmentées, dans la cheminée, le feu s'éteignait, comme pour mieux les laisser seuls avec eux-mêmes. L'air fraîchissait. Elle ne craignait pas Isis, ni Asoana. L'une était une soeur qui aurait pu être une amie, morte trop tôt et dans des circonstances terribles, elle hantait Coldris. C'était un fantôme dangereux mais d'une grande lumière. L'autre était une femme bien vivante, qui ne serait bientôt plus qu'un souvenir inoffensif, un nom prononcé distraitement, pour assouvir une curiosité. Aurélia se rapprocha imperceptiblement, si c'était possible.

- Je sais, moi, que tes mots sauront tout éclaircir,
Regarde-moi, tu me parle, je suis tranquille.
Même si tu crains de les laisser t'envahir,
Tes souvenirs peuvent devenir des Sybile.


Elle ne savait pas vraiment tout ce qu'il avait vécu, mais tout lui appartenait, et il s'en était servi pour devenir ce qu'il était : le Coldris qu'elle avait croisé sur les quais. Le premier regard qu'elle avait croisé en arrivant, un regard qu'elle n'espérait pas croiser dans des circonstances contraires. Et elle voulait faire partie de sa vie à présent, être une pierre à l'édification de Coldris, être une partie de sa définition, comme ses souvenirs, ses expériences, aussi traumatisantes soient-elles, qui l'avaient façonné, et dont, pourtant, il s'était relevé, pour avancer.

- Tire d'eux la sagesse dont tu as besoin,
Souviens-toi, accepte, déchiffre leurs mystères ;
Et ne crains pas; ils ne m'entraîneront pas loin :
L'abris où je me cache, c'est toi, Jupiter.


Pas de baiser pour ponctuer son propos. Simplement, un profond regard, et le contact de ses mains sur son visage. Cela ne serait pas suffisant longtemps, elle le savait, mais parfois, il fallait savoir garder la bonne distance pour apprécier les gestes les plus intimes.
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Message par Coldris de Fromart Mer 17 Fév - 13:59



[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn - Page 5 Sn7y
Coldris, 21 ans

 All the night,
my sleeps are full of dreams,
My eyes are full of streams,
my heart takes no delight.
To see, the fruits, and joys, that some, do find,
and mark the storms are me assigned.

Toute la nuit,
Mon sommeil est peuplé de rêves
Mes yeux sont baignés par le flot de mes larmes
Mon cœur ne se réjouit plus
De contempler les fruits et les plaisirs dont certains se délectent
Et porte les stigmates des tempêtes qui l’agitent


Come again, John Dowland




Des femmes qui graviteraient autour de lui, il y en aurait toujours. Tout simplement car il ne pouvait pas s’en empêcher. Elles brilleraient toutes avec plus ou moins de prestance, mais aucune ne pourrait jamais égaler celle qui allait devenir sa femme. Qu’importe les autres, elle les éclipsait toutes. Il lui suffisait de passer un instant en sa compagnie pour réaliser combien l’or qui semblait recouvrir chacune de ses amantes était en réalité terni et bien loin du miroitement parfait qu’elle lui offrait. Il n’y aurait jamais que dans le fond de ces yeux aux allures d’insondable océan qu’il pourrait se noyer pour mieux se retrouver, car elle était la seule à disposer du chemin vers son âme.

Il n’aurait pu confier à personne d’autre ce douloureux passé qui continuait de le hanter nuit après nuit. C’était la première fois qu’il en parlait à haute voix et les mots sortaient éraillés d’être restés si longtemps coincés. Il avait peur de se perdre, de se faire engloutir par cette visqueuse poix ténébreuse qui l’appelait de toute sa hargne, alors tandis que les mots s’égrainaient avec difficulté, il se focalisait sur la chaleur de ses mains qui recouvraient les siennes : puisqu’elle le retenait, il ne pouvait pas partir. Son histoire n’était pas finie. Ce n’était pour ainsi dire que la plaque tournante. Le pire était à venir. Il entrouvrit ses lèvres autant pour happer l’air que le courage de poursuivre, mais ni l’un ni l’autre ne pénétrèrent ses poumons, alors il se résigna à écouter les paroles qui pansèrent ses maux autant qu’il était possible de le faire.

Devant quels autres pieds aurait-il pu déposer sa carapace d’arrogance et de provocation sans craindre quoi que ce soit ? Ce n’était pas à elle qui userait de sa faiblesse certes, mais elle aurait pu le rejeter ou s’en effrayer. Bien loin de tout cela, elle acceptait chaque parcelle d’ombre qui enveloppait son esprit. Ses mains se frayèrent un chemin autour de son visage et il replongea instantanément dans ce regard qu’il n’avait que brièvement quitté. Il la recouvrit de la sienne.

- Et que fais-tu, dès lors que tes noirs souvenirs
Guide ta main et ta plume jusqu'à noircir,
Chaque recoin de chacun de tes blancs vélins ?
Quand les nuits blanches jouent à te faire souffrir ?


Elle ne pouvait pas imaginer un seul instant que lorsqu’il ne se réveillait pas tremblant de sueur dans son lit au beau milieu de la nuit c’était pour mieux redouter de se laisser aller dans les bras de Morphée. Lorsqu’on ne dormait que dès lors que la fatigue vous assommez, le temps s’écoulait subitement bien plus lentement. Il fallait l’occuper, il fallait faire taire ce brouhaha qui s’installait. Il inspira calmement cette fois-ci, porté par la douce mélopée de ses vers qui l’apaisait, hypnotisé par ce regard d’un calme absolu. Des Sybiles, il n’y en avait qu’une dans son esprit et elle resterait seule et unique et s’il craignait de se laisser envahir c’était dans le souvenir des mots de sa Psychée qu’il irait se rattacher. Il pencha imperceptiblement son visage dans sa main, pour mieux la sentir, présence rassurante. Ses paupières se fermèrent même durant un court instant. Elle avait dit tout ce qu’il y avait à dire : ce n’était pas ce qui l’effrayait.

- Un abri que tu trouveras ô combien sombre
Et bruyant, peuplé de ces écho et voix d'ombres.
Cache-toi et arme-toi ma belle Psyché
De leurs mots, elles tenteront de t'embrocher.



Coldris se perdit dans la contemplation de son regard, tant et si bien que sa tête bascula contre la sienne, jusqu’à demeurer, front contre front, durant un instant.


- Je t’aime Aurélia. chuchota-t-il quelques secondes plus tard sans bouger de peur de rompre l’instant Oublie ce que j’ai dit l’autre jour. Ne me laisse pas. Ne me laisse jamais. après un temps il reprit Est-on sûr que tu n’es pas Circé pour que je me laisse envouter chaque fois que je suis auprès de toi ?

Finalement, un discret sourire amusé refit surface, charrié par sa présence apaisante qui emporta le reste de ses craintes au large.
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Message par Sarkeris Jeu 25 Fév - 15:52

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Aurélia, 17 ans

Poème pour poème, vers pour vers. Qu'avait-elle tenté avec sa poésie ? de le rassurer ? de se rassurer elle-même ? Elle était effarée de ce qu'il avait vécu. Comment pouvait-on faire subir une telle chose à ses propres enfants ? Mais elle, tout ce qu'elle avait dit était vrai. Elle ne lui tournerait pas le dos parce que son passé était difficile. C'était le passé. S'il le tourmentait encore, eh bien... elle pourrait toujours lui proposer de l'affronter avec lui, dans la mesure du possible. Même si elle ne connaissait pas cette mesure. Elle voulait s'y frotter. C'était Coldris.

Ses vers faisaient échos aux siens ; mais elle sentait bien à travers ce qu'il disait qu'il n'avait pas l'air tout à fait convaincu par sa capacité de résistance. Néanmoins, elle aurait tout le temps de lui prouver qu'elle ferait son possible pour être à la hauteur. Elle n'abandonnerait pas. Et s'il fallait lui tendre la plume pour qu'il noircisse les pages, eh bien, qu'à cela ne tienne. Elle lui préparerait le vélin et l'encrier. Fournirait l'écritoire. C'était déjà fait non ? Et pour ce qui était de contrer les ombres, un peu de lumière...

Ses voix devraient affronter la sienne. Elle les ferait taire ces harpies qui ne le laissaient pas en paix ! Etait-elle trop présomptueuse d'y croire ? Elle le voulait, elle l'espérait. C'était la première fois qu'elle voyait Coldris si... vulnérable. Bien sûr elle l'avait vu inconscient sur sa selle, mais même sous l'action du docteur, il n'avait rien lâché d'autre qu'un "Isis" incompréhensible pour autrui. Un inquisiteur y aurait peut-être décelé le signe d'une hérésie, ou bien le voyageur aurait évoqué des souvenir d'Egypte. Mais qui eût cru qu'il parlait de sa sœur ? Même délirante, sa parole restait cryptée.

A présent, front contre front et seul, il dépouillait les mots de leur mystère, les montrait nus et se révélait bien fragile. Le Secrétaire si infaillible, le charmeur si intrépide, au fond n'était qu'un homme. Pas un Dieu. Elle pouvait l'appeler Vulcain, Jupiter, il pouvait la surnommer Aphrodite ou Circé. Ils étaient mortels aussi bien l'un que l'autres, faillibles chacun à leur manière, et surtout passionnés comme seuls peuvent l'être ceux pour qui le temps est compté.

- Je ne suis pas Circé. Je perds la tête moi aussi avec toi, malgré la promesse que j'ai faite un soir.

Elle caressa sa tempe. Derrière ce front fier se battaient des idées de toutes sortes. Des idées, des souvenirs, des hantises, des choses à faire, des buts, des entreprises. Et elle, Aurélia, qu'y avait-il derrière son front ? la fatigue, aussi trivial que cela puisse paraître : on était au milieu de la nuit ; l'amour, pour Coldris, mêlé de tout un tas d'émotions qui lui faisaient battre le cœur, et lui inspiraient des pensées toutes plus extravagantes et agréables les unes que les autres. Avait-elle des buts, des objectifs, des soucis autres que ceux de l'instant ? elle chercha, n'en trouva pas.

- Reste dormir, dit-elle tout près de ses lèvres. Tant pis pour les autres. Reste. Je t'aime.
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Message par Coldris de Fromart Lun 1 Mar - 18:13



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Coldris, 21 ans

quo properas, ingrata uiris, ingrata puellis?
roscida purpurea supprime lora manu!  


Où cours-tu, contre le voeu des amants, contre le voeu des belles ?
Retiens de ta main vermeille tes rênes humides de rosée.


Les Amours I-13, Ovide






Il pouvait bien revêtir une chemise d’arrogance, un pourpoint de provocation et même se draper dans son épais manteau d’assurance, là-dessous ne se trouvait qu’un homme comme les autres. Peut-être pire que les autres, mais un homme tout de même. Le corps criblé de son passé, lacéré de ses tourments, il n’y avait qu’une seule personne devant qui il pouvait se mettre à nu, et elle se tenait devant lui, son front contre le sien. Entre ses mains, il avait déposé son cœur retrouvé et difficilement reconstruit. Un cœur imparfait, mais c’était tout ce qu’il possédait.

Elle avait l’air si confiante, quand lui était si incertain. Il ne doutait pas qu’elle ait la force de combler toutes ses faiblesses, comme lui ferait de son mieux pour atténuer les siennes. Lui qui aimait tout maitriser, lui que rendait fou l’inconnu, il aurait mis sa main dans la sienne et se serait laissé mener, yeux bandés où elle l'aurait décidé sans rechigner. Elle aurait pu le précipiter dans un abime qu’il n’aurait jamais su lui en vouloir. L’amour rendait faible, terriblement faible, mais il n’y avait rien de plus doux que d’entendre au fond de son âme, l’écho d’une autre. De toutes les voix qu’il entendait, il n’y aurait jamais que celle-ci qui pourrait le bercer et l’apaiser.

Elle n’était peut-être pas Circé, mais elle l'avait tout de même envouté, lui, le débauché, qui avait déposé ses armes à ses pieds et ployé l’échine. Il se souvenait parfaitement de ce soir-là, à Cervigny. C’était elle qui l’avait surpris en l’embrassant si fougueusement.

Si je m’abandonne c’est parce que je l’aurais consenti cita-t-il dans un murmure ce sont tes mots. Et ce n’était pas une promesse, tu vois.


Son regard perdu dans le sien, il caressa lentement sa joue, lorsque son regard s’illumina de cette terrible étincelle d’espièglerie qui n’annonçait rien de bon


— Il n’y a ni honte, ni regret à perdre face à un adversaire tel que moi. compléta-t-il empli de cet orgueil bordé d’amusement. Sache que cela ne m’empêchera pas de me battre pour te rendre encore un peu plus folle de moi chaque jour qui passera.

Son habituel sourire revenu, il essayait de décrypter dans son regard ses pensées sans y parvenir. Ses lèvres, si proches des siennes qu’il en sentait son souffle le chatouiller se murent, arquant ses sourcils d’étonnement. Rester dormir ? Avec elle ? Il en mourrait d’envie. Pouvoir sentir son odeur si proche. Sentir sa présence contre son corps.

— Tu perds définitivement la tête, ma Psyché ! déclara-t-il gravement ou alors peut-être que tu souhaites ma mort ? Sache que je l’embrasserai bien volontiers pour toi.

Ses doigts se saisirent tendrement de son menton et comblèrent cette infime distance qui demeurait entre eux, d’un bref baiser. Qui aurait peur de mourir après avoir passé la plus douce nuit de toute sa vie ? Il était déjà persuadé que ses cauchemars ne viendraient pas le harceler, c’était comme une certitude, comme la promesse d’une nuit tranquille.

Il se leva calmement du rebord du lit où il s’était assis un peu plus tôt pour la réveiller et se dirigea vers la chaise. D’un geste sûr, il se débarrassa de tous le superflu ne gardant que sa chemise immaculée. Il n’était pas question de dormir entièrement vêtu cette fois-ci, et de toute façon, cela ne l’avait pas empêché d’être accusé de tous les vices alors… il se coula dans son dos, passa ses bras autour de sa taille et déposa sa tête sur son épaule.

- Si Alan vient nous réveiller aux aurores, je te préviens, je me cacherai dans ton dos !

Il déposa un baiser dans son cou et s'infiltra sous l’édredon, son petit corps pressé contre le sien. Il aurait pu s’y glisser entièrement nu, car à elle, il n’avait plus rien à cacher. Ne demeurait que la promesse tacite d’attendre la nuit de leur mariage. Et pour ne pas rompre celle-ci, il était hors de question de sentir quoi que ce soit qui lui appartienne directement sur sa peau nue. La tentation n’aurait été que trop forte...


- N’oublie pas ma belle Psyché : la cire goutte.

Un dernier baiser sur sa chevelure et il se laissa enivrer des effluves printanière de lilas. Ça et la chaleur de son corps contre le sien. Bien rapidement, il ferma ses paupières et s’endormit plus paisiblement que jamais.


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Message par Sarkeris Sam 13 Mar - 19:19

[quote="Sarkeris"]
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Aurélia, 17 ans

La caresse de Coldris sur sa joue était d'une douceur incomparable et elle osait à peine respirer, toute perdue dans ses grands yeux mutins. Il jouait sur les mots. Il y a d'autres façon de promettre que de dire "je promets", et il en profitait. Mais ça ne changeait rien pour elle. Perdre la tête, devenir folle de lui. Tout ça... c'était déjà arrivé.

- Tu ne voudrais pas que je devienne trop folle... je risquerais de m'en prendre à tes écritoires. Et ça ne te plairait pas...

Après un baiser, elle le regarda s'éloigner en tentant d'interpréter ses paroles. S'en allait-il finalement ? Elle fut bientôt rassurée de le voir se dévêtir. Rassurée et curieuse. C'était un spectacle auquel elle n'avait encore jamais assisté, et le voir se défaire un à un de ses vêtements avait un goût d'interdit encore plus prononcé que tout le reste. Elle imaginait parfaitement les récriminations de sa mère si elle venait à apprendre ce qui se passait maintenant ; ou encore l'œil amusé de sa tante, le nez presque plongé dans une tasse de rhum. Mais à mesure que les vêtements atterrissaient sur la chaise, Aurélia se demandait où il s'arrêterait. Elle aurait piqué un fard s'il n'avait pas gardé sa chemise en tout dernier lieu. Et elle prit conscience qu'elle-même, en vêtement de nuit, était assez peu vêtue finalement. L'absence de corsage ne ferait pas barrage à des mains baladeuses.

Avant qu'il ne voie qu'elle l'observait, elle se retourna sous les couvertures, face aux flammes mourantes du foyer, en resserrant le col de sa chemise. Oui, elle devait être folle après tout. Complètement folle. Mais après le froid courant d'air des couvertures écartées, la chaleur de Coldris la rassura, et ses mains rejoignirent les siennes autour de sa taille. Elle entrelaça ses doigts aux siens. C'était bien mieux que l'autre fois. Elle était consciente de ce qui se passait, et jamais elle ne s'était sentie si à sa place qu'entre les bras de son Eros.

- Si Alan vient nous réveiller aux aurores, je lui envoie mon pot de chambre à la figure, répliqua-t-elle dans un murmure.

Son parfum de romarin se répandait tout autour d'elle comme un cocon sylvestre. La cire goutte peut-être, mais la lumière brille tant que la flamme est ardente. Bercée par sa respiration tranquille, elle fut vite rattrapée par les limbes du sommeil qui l'emportèrent jusqu'au matin.

C'est un rayon de jour jouant avec un interstice des rideaux qui la réveilla. Elle mit un peu de temps à comprendre à qui appartenait la main sur le drap près de sa tête, avant de se souvenir de la visite nocturne de Coldris. Elle s'était retournée face à lui dans son sommeil, et à présent, elle pouvait contempler son visage endormi comme Psychée avait contemplé Eros. Seulement à présent, il n'y avait nul besoin de bougie, aucun risque qu'une goutte brûlante ne vienne le réveiller pour l'emmener loin d'elle.

Il respirait encore profondément, une mèche brune retombait sur son front comme une virgule, et il était tout ébouriffé. D'ailleurs il ne devait pas être le seul... Son torse à peine dévoilé par l'ouverture de sa chemise se soulevait régulièrement. Aurélia aurait voulu se rendormir, bien au chaud, avec lui. Ne pas affronter cette journée froide. Avec toutes les précautions du monde, de peur de le réveiller, elle se rapprocha au plus près, avec l'intention de lui voler un baiser.

Elle posa doucement ses lèvres sur les siennes, et les Dieux anciens décidèrent alors que c'était la goutte d'huile qui ferait sortir Eros de son sommeil. Malgré toutes ses précautions, ce baiser fut surpris, et elle le vit ouvrir les paupières alors qu'elle battait en retraite avec l'espoir d'une fausse alerte. C'était raté, elle ne pourrait pas lui dire qu'il n'avait rien remarqué...

- Bonjour Coldris, le salua-t-elle doucement.
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Message par Coldris de Fromart Mar 16 Mar - 12:43



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Coldris, 21 ans

optaui quotiens, ne nox tibi cedere uellet,
ne fugerent uultus sidera mota tuos!
optaui quotiens, aut uentus frangeret axem,
aut caderet spissa nube retentus equus!


Combien de fois j'ai désiré que la nuit refusât de te céder la place, et que les étoiles fugitives ne se voilassent point devant toi !
Que de fois j'ai désiré que le vent fracassât ton char, ou que l'un de tes coursiers tombât embarrassé dans quelque nuage épais !


Les Amours I-13, Ovide






C’est vrai qu’il jouait un peu sur les mots, mais c’était tant devenu une habitude chez lui qu’il n’y prêtait plus vraiment d’attention. Son regard hameçonné dans le sien, elle tentait d’obtenir gain de cause, mais ne reçut qu’un sourire taquin en retour.

— Mais bien au contraire, je rêverai de te voir leur rappeler à quel point aucun d’entre eux ne t’arrive à la cheville. Et j’en retrouverai autant que tu en auras détruits.

Il étouffa un petit rire et déposa un baiser sur lèvres avant de se lever pour se dévêtir. Un à un, il se sépara de chacun de ces vêtements, ne gardant que la chemise. L’avait-elle observé avec curiosité, envie, ou avait-elle au contraire détourné pudiquement le regard ? Il hésita plus d’une fois à se retourner pour la surprendre et se ravisa finalement au dernier moment.

Glissé sous les couvertures, son petit corps à peine plus vêtu que le sien entre ses bras, il ne s’était jamais senti aussi bien, et ce, même en prenant en compte le risque encouru.

— C’est cruel. J’aurais presque envie de tenter le diable maintenant. renchérit-il dans un chuchotis.

Coldris caressa ses cheveux puis lui souhaita la bonne nuit. Il inspira profondément la délicieuse odeur de lilas qui habitait ses rêves, se laissa bercer par le paisible soulèvement de sa poitrine sous ses mains et… s’endormit.

D’un sommeil sans rêves, plus serein que jamais.

Pourtant, même sa présence ne l’empêcha pas de se réveiller au beau milieu de la nuit, sans bien savoir pourquoi. Aurélia avait roulé un peu plus loin sur le côté. Face à lui, il ne put s’empêcher d’admirer chacun de ses traits au point de les graver dans son esprit. Il avait désormais terriblement envie d’en tracer les contours, mais n’osa pas de peur de la réveiller. Elle était si sereine… Combien de temps resta-t-il ainsi à la détailler ? Il n’en avait pas la moindre idée, toujours est-il qu’il sombra à nouveau dans un sommeil à mi-chemin entre rêves et réalité. Et dire qu’elle serait bientôt toujours auprès de lui. Il aurait été un bel idiot de ne pas signer ce papier…


À ses côtés, il sentit comme un léger remous. Il y avait aussi cette sensation diffuse de lumière. Ne pouvait-on pas voler encore quelques minutes ? Hélios n’avait qu’à faire demi-tour avec son char et prendre un jour de congé bien mérité, lui resterait contre sa belle Psyché pour une nuit renouvelée. Des lèvres dont il connaissait l’appartenance effleurèrent les siennes, découvrant ses yeux par pur réflexe tandis qu’elle battait en retraite. D’un geste tendre, il enroula ses doigts autour de son poignet et l’attira contre lui.



— Bonjour Aurélia. Tu ne pensais pas t’en tirer à si bon compte j’espère murmura-t-il dans le creux de son oreille.


Sa main se faufila dans la sauvage savane de boucles blondes, jusqu’à retrouver sa nuque. Avec ses yeux encore à demi ensommeillés et ses traits détendus, elle était plus belle que jamais. Il lui adressa un sourire et ne résista pas à lui voler un vrai baiser, qui n’avait rien d’un petit papillon posé au bord d’une fleur. Ses lèvres dérivèrent dans son cou, au bord de sa gorge pâle légèrement découverte par sa tunique alors que ses doigts glissaient le long des courbes de sa charmante fiancée, aussi loin que son bras le lui permettait.


— Ta tante ne t’a jamais dit que l’on pouvait faire plein de délicieuses choses avant de consommer le mariage ? s’enquit-il ensorcelant

Elle allait encore l’accuser de jouer sur les mots, pourtant il n’avait pas tort dans le fond. Rien ne les empêchait de profiter différemment, en attendant d’avoir signé ce foutu papier. Il embrassa son ventre au travers de sa tunique, le feu dévorant déjà ses entrailles…

Puis l’on frappa.

Il se figea.

Qui était-ce ? Alan ? Isabelle ? Solange ? Sybil ?

Son cœur galopant s’arrêta brusquement. Il croisa les prunelles alarmées d’Aurélia qui réclama un court instant. Coldris calcula la fenêtre. Suicidaire avec son épaule. Il lui vola tout de même un dernier baiser avant de se jeter hors du lit pour attraper toutes ses affaires -qu’il n’aurait jamais le temps de revêtir-. Dans une ultime tentative, il parcourut la pièce sous le regard pressant de son Aphrodite puis opta pour l’unique alternative possible : le lit. Après avoir été dessus, il passa… dessous.

C’était plein de poussière. Pourquoi les domestiques ne faisaient-ils donc jamais leur travail consciencieusement ? On n’avait pas idée de laisser trainer des troupeaux entiers de moutons. Il ne manquerait pas d’en faire la remarque à Solange. Et ses velours qui allaient s'en retrouver blanchis! Il grogna muettement lorsque la porte grinça. Une servante. Pourquoi fallait-il toujours que l’on vienne les déranger au moment le plus opportun ? Il allait finir par croire Dame Fortuna prenait un malin plaisir à jouer avec eux et ne comptait pas les laisser s’unir librement. Il en était hors de question. Ce n’était pas elle qui déciderait de sa vie. Certainement pas. Il ravala sa frustration et toutes ses tensions, pourvu qu’elle ne s’éternise pas… Il allait finir par éternuer à force. Et puis pourquoi ne la renvoyait-elle pas afin qu’ils puissent poursuivre leur étreinte en paix ? Les serviteurs devaient servir non?
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Message par Sarkeris Mer 17 Mar - 19:50

Il était clair que Coldris devait avoir le sommeil léger, et le réveil facile. Pour réagir si promptement à son recul et enchaîner sur un baiser enchanteur. Aurélia ne protesta pas, bien que d'abord surprise. Elle était prête à se laisser entraîner dans des embrassades coldrisiennes. C'était loin du petit baiser sage qu'elle avait tout juste posé au coin de ses lèvres. C'était brûlant comme une flamme d'incendie, et ça se propageait partout. Ses mains glissèrent sur le torse de Coldris presque naturellement,  à la recherche d'une caresse à prodiguer.

Et puis au milieu de ce ravissement, elle réalisa qu'il avait quitté ses lèvres, qu'il était parti en exploration sur les oasis de peau nue que sa chemise découvrait, et que ses mains ne s'embarrassaient pas de permission.

- Coldris, qu'est-ce que tu... fais ?

La chaleur lui monta aux joues en un instant alors qu'elle ne savait comment réagir, figée par un reste de pudeur, tiraillée par l'envie de céder, désireuse de comprendre ce qu'il venait de lui répondre, effrayée par l'intensité des sensations qui la faisaient vibrer. Le voir embrasser son ventre lui fit pousser un soupir et elle glissa une main dans ses cheveux. Elle se décidait à le laisser poursuivre (aurait-elle pu l'arrêter ?) lorsqu'un "toc, toc, toc" intrusif les figea mieux que Méduse.

Aurélia mit un instant à comprendre de quoi il s'agissait, et elle s'exclama, paniquée, en direction de la porte : "Une minute !" Après quoi elle secoua Coldris, et le poussa hors du lit alors qu'il lui prenait encore un baiser.

- Pas maintenant bougre d'idiot. Tes affaires ! Sous le lit ! Vite !

Pas question qu'on le trouve ici. Ce serait catastrophique.

- Mademoiselle, j'entre !

Quand on a affaire à de vieux domestiques plus fiers que leurs maîtres, il est parfois impossible de leur faire entendre raison, et comme la porte n'était pas fermée, Eugénie entra, paquet de linge sous le bras. Aurélia eut tout juste le temps de se redresser, droite comme un "i", dans son lit, toute rouge et échevelée, le coeur battant encore la chamade d'amour ou d'alarme. Réveil pour le moins intense.

La domestique s'arrêta un instant sur le pas de la porte et la dévisagea.

- Vous avez l'air fiévreuse, mademoiselle. Vous avez bien dormi ?

- Oui ! Répondit brusquement la jeune fille, ce qui tira un regard surpris à la domestique.

Aurélia avait les idées confuses, avec l'angoisse de trahir la présence de Coldris. Sous le regard suspicieux et étonné d'Eugénie, elle bafouilla :

- Je veux dire... j'ai bien dormi... j'ai simplement eu... chaud.

Pour la fièvre, la domestique n'avait pas tort, mais ce n'était pas ce qu'elle croyait. Pour donner le change, alors qu'Eugénie entrait pour de bon et allait déposer le linge près de l'armoire, elle sauta du lit en s'étirant.

- Vous avez dû vous agiter dans votre sommeil, le lit est sans dessus dessous, ça ne vous ressemble pas. La jaune ou la verte ?

- Oui, vous avez sans doute raison... Pardon ? ah ! quelle robe... euh... cela ne peut pas attendre un peu, je suis encore un peu fatiguée...

- On vous attend pour le petit déjeuner, mademoiselle. Vous savez bien que votre mère déteste le retard. Donc, la jaune ?

Aurélia s'était approchée de la servante et s'était emparée de la robe jaune. L'inconvénient aussi avec les domestiques qui vous accompagnaient partout était qu'ils finissaient par vous connaître assez bien pour se permettre des recommandations.
La jeune fille savait pertinemment qu'elle allait devoir céder aux instances supérieures de la Raison, incarnée en Eugénie. Autrement dit, elle allait devoir s'habiller ou plutôt se faire habiller, alors que sous le lit, Coldris restait cloîtré.
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