[RPs flashback 1566-1569] Les amants de Braktenn

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Message par Coldris de Fromart Mer 17 Mar - 23:04



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Coldris, 21 ans







Irrésistible peau d’ivoire tiède, plus douce encore que de la soie qui se déroulait sous ses lèvres gourmandes tout juste éveillées.
Charmante houle de cire qui glissait suavement sous la pulpe de ses doigts.  
Délicieux embrasement de ses pudiques pommettes pleines d’innocence et de désir à la fois.
Envoutant parfum de lilas qu’il ne parvenait pas ignorer.
Amusantes prunelles qui disaient « mais », et affriolante main qui avouait « encore » dans un désirable soupir.

Aurait-il pu s’arrêter ? Un simple « non » et il aurait éteint le brasier affamé de baisers qui le poussait toujours plus loin dans son exploration.

Un simple "non"… ou trois petits coups qui firent l’effet d’un seau d’eau glacé sur sa nuque.

Pas maintenant… fut sa première pensée.
Pas encore la seconde.


Paniquée, Aurélia réclama une minute avant de le jeter hors du lit. Elle pouvait bien le réprimander pour son baiser, ça ne l’aurait jamais empêché de le voler ! Qu’était-ce qu’une demi-seconde après tout ?

- Mademoiselle, j'entre !

Il se faufila sous le lit poussiéreux. Diable ! Ne savait-elle pas ce qu’était une minute ?! Quel était donc cette hâte pleine de zèle à vouloir rentrer? Il grogna silencieusement. D’expérience, car oui, c’était précisément la neuvième fois qu’il se retrouvait dans une situation similaire - dont cinq où il avait opté pour la fenêtre, une pour l’armoire (c’était le plus risqué, mais le plus confortable) et une dernière pour la malle (définitivement un piètre choix)-, il savait qu’il fallait toujours annoncer deux minutes ou exiger la sacro-sainte excuse du lait d’ânesse à aller traire sur le champ -remplacez par la quête idiote de votre choix-. Si cela s’était toujours bien terminé ? La plupart du temps oui. Quelques rares fois non. Et une fois franchement mal avec un duel à la clé (Virgil avait renâclé, mais il était quand même venu.).


Mais pire que tout cela, il y avait cette affreuse poussière qui menaçait de ruiner son beau velours de jais.

- Vous avez l'air fiévreuse, mademoiselle. Vous avez bien dormi ?

- Oui !


Les doigts arrimés aux larges lattes de bois, il étouffa un petit rire.

Moins d’empressement ma belle Psyché. Répond par exemple « J’ai fait un épouvantable cauchemar cette nuit ! J’ai rêvé que Quentin se faisait courser et encorner par un majestueux cerf qui le déchiquetait. C’était… (la pause est importante)… si effrayant ! » Non, oublie ce cauchemar, ce serait plutôt cocasse en fait. Mais tu saisis l’idée ?

Il chassa d’un revers sec, l’araignée qui tentait d’explorer ce nouveau terrain de jeu subitement apparut sur son territoire cotonneux. Son nez le chatouillait. Il le remua pour étouffer dans l’œuf la bourrasque nasale qui tentait de se former.


- Vous avez dû vous agiter dans votre sommeil, le lit est sans dessus dessous, ça ne vous ressemble pas. La jaune ou la verte ?

- Oui, vous avez sans doute raison... Pardon ? ah ! quelle robe... euh... cela ne peut pas attendre un peu, je suis encore un peu fatiguée...



Il secoua silencieusement la tête, sourire aux lèvres, balayant le parquet de ses cheveux bruns.


Elle va finir par croire que tu as été visité par un fantôme. Quoi que, est-ce si loin de la vérité ? Tu sais, tu peux lui dire de se mêler de ses affaires. Tu es bien trop douce, ma petite fleur. Sois sûr de toi, fait comme moi. Elle n’a pas sans doute raison, elle a tort. Et d’ailleurs, si tu veux mon avis, elle ferait mieux de s’occuper de te faire porter une bassine d’eau tiède ou de refaire ce lit qui semble tant la préoccuper. « Je viens de vous le dire. J’ai fait un cauchemar. » D’où l’importance d’une bonne introduction. Toujours soigner ses entrées.  

Quant au choix de la robe, Coldris bascula la tête sur le côté pour voir de quoi il retournait. Il n’avait jamais vu ses pieds d’aussi près. Dommage qu’il soit trop loin pour les embrasser… ou les chatouiller. Pour ce qui était de la couleur…


Non, la verte ! Je n’aime pas le jaune, Aurélia. Le vert met bien plus en valeur ta chevelure d’or et tes jolis saphirs. Deux petits lacs perdus dans une forêt sous un soleil étincelant de printemps. Prend donc la verte, et cesse de te faire commander. Tu vas devenir ma femme après tout !  


Il étouffa un petit rire réjoui, sans pouvoir quitter des yeux ces petits pieds et leurs gracieuses chevilles. Coldris était tellement absorbé par sa contemplation, qu’il ne se rendit pas compte qu’il avait détendu son étreinte autour de son pourpoint et qu’un petit bout de manche avait décidé de respirer un air un peu plus pur…
Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
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Message par Sarkeris Mer 5 Mai - 19:39

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Fallit enim multos forma sine arte decens.

Une beauté négligée et sans art séduit bien des amants.


Eugénie s'activait comme une abeille ouvrière. Après avoir ouvert l'armoire en grand et sortit les deux robes, à présent, elle s'approchait de la fenêtre. D'un geste vif et marqué par l'habitude, elle tira les rideaux. Le jour entra à flots dans la pièce et Aurélia cligna des yeux, éblouie un instant par la clarté froide de l'hiver. Un pan de la robe jaune dans la main, elle cherchait en vain une excuse valable pour qu'Eugénie déguerpisse fissa. Quand elle aurait trouvé, elle refermerait le rideau, il y avait trop de lumière, et sans parler de la transparence de sa chemise, elle ne tenait pas tant à ce que Coldris la voie si négligée de si bon matin.

Sous ses doigts elle sentait le dessin des broderies qui ornaient la robe. Eugénie s'affairait près du feu à présent, remettait une bûche dans l'âtre en remuant les braises.

- Eh bien, vous décidez-vous ? Jaune ou verte ? Madame ne va pas attendre pour le petit déjeuner.

L'encre ! Mais oui. Les yeux tournée vers son secrétaire (non, pas celui caché sous le lit), Aurélia venait d'avoir une idée. Lâchant le pan de robe, elle s'écarta de l'armoire à pas lents, feintant une déambulation pensive toute matinale.

- Je ne sais pas, pourquoi pas la violette ? il y a longtemps que je l'ai portée...

Eugénie avait toujours le dos tourné, Aurélia s'empara de l'encrier, et revint près de l'armoire.

- Qu'est-ce que vous racontez ? La violette est une tenue de bal, pas de chasse !

- Oui, tu as raison. La jaune alors.

Un petit geste discret, une exclamation. Eugénie accourt.

- Qu'y a-t-il ? Oh mon Dieu ! Mais comment cela a-t-il pu se produire ?!

Une large tâche d'encre, bien noire s'étalait au creux d'une pliure, imbibant affreusement les broderies qui dessinaient à présent de noires jonquilles sinistres. L'arme du crime habilement dissimulée dans son dos, Aurélia entreprit de faire écho aux désolations de sa femme de chambre.

- Je ne comprends pas... je ne me rappelle pas avoir écrit avec ces robes... peut-être pendant le voyage, dans la malle... Mais que vais-je bien pouvoir porter aujourd'hui ? La verte n'est pas très appropriée aux balades à cheval.

- Certes non ! Ecoutez, j'emmène la jaune, et je remonte dès que je peux avec une solution, mademoiselle.

- Vous êtes un ange, Eugénie, je ne vois pas ce que je pourrais faire sans vous, renchérit Aurélia avec un sourire en accompagnant la domestique jusqu'à la porte.

Elle referma soigneusement le battant derrière, sans oublier de pousser le loquet pour éviter les surprises, puis oubliant sa première résolution de fermer les rideaux, elle se précipita pour soulever le drap de lit qui cachait Coldris aux yeux indiscrets.

- C'est bon elle est partie !
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Message par Coldris de Fromart Mer 12 Mai - 11:39



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Coldris, 21 ans


De longs cheveux brillant à rendre l’or jaloux,
Le regard le plus pur, le plus charmant visage
Qui jamais aient fait mettre un mortel à genoux,
Un sourire ineffable, un gracieux langage,

Une main, de beaux bras noblement arrondis
A faire implorer grâce au cœur le plus rebelle,
Un pied fait par l’amour, une femme si belle,
En un mot, qu’il n’est rien de tel au paradis,




Sonnet LXXVII - Pétrarque




Sous le lit, Coldris étouffait. Premièrement, car les endroits sombres et exigus le rendaient toujours nerveux et alimentaient ses démons. Deuxièmement, car toute cette poussière commençait sérieusement à lui monter au nez. Il se consolait comme il pouvait en observant ses petits pieds nus sur le parquet et la légère courbe de ses mollets dissimulée sous la fine épaisseur de soie translucide. Pourquoi Diable ne pouvait-il pas sortir sa tête et faire escalader son regard le long de cette paroi d’albâtre ? Il soupira et la poussière s’envola dans un nuage qui vint furieusement chatouiller ses narines.

Il allait éternuer.
Il allait éternuer.

Il frotta son nez comme il put soufflant légèrement et apaisa in extremis la menace. Il s’en était fallu de peu. Dans la chambre, Aurélia hésitait toujours entre la jaune et la verte, tandis que cette maudite Eugénie s’agaçait. Ce n’était pourtant pas compliqué de prendre la verte, non ? Ou la violette. Le parme c’était très bien aussi. Tout sauf la jaune. Sa préférence allait quand même à la bleue, mais de toute évidence elle ne faisait pas partie des élues de ce matin.

Coldris prenait son mal en patience. Les femmes et leur toilette ! Toute une histoire ! Pour un peu le déjeuner serait arrivé que le dilemme n’aurait pas été résolu. C’était sans compter l’incident dramatique qui se produisit, faisant accourir une Eugénie aux aboies. Poussé par sa curiosité, il ne résista pas à glisser la tête légèrement hors du lit -ah de l’air !-. Elle ne risquait pas de l’apercevoir puisqu’elle n’avait d’yeux que pour le damas jonquille. Quant à lui, lui, ses prunelles coulèrent le long des plis blancs de sa chemise, de ses chevilles jusqu’à… sa main, sa délicate petite main dont les doigts qu’il avait baisés un à un étaient refermés autour de l’encrier. Un sourire se dessina sur son visage alors qu’il retournait discrètement dans sa tanière, le temps que la femme de chambre disparaisse. Les taches d’encre, c’était fâcheux, surtout sur un tel tissu.

– C’est bon elle est partie !

Il s’extirpa de sa prison, récupéra son pourpoint et le reste -grisonnant de cette maudite et stupide poussière- qu’il déposa sur le lit avant de poser son regard sur sa rayonnante Aphrodite, baignée par les premiers rayons du blafard soleil d’hiver. Qu’elle était magnifique ainsi ! Encore plus belle que vêtue de ses élégantes robes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Là, dans sa chemise de nuit immaculée qui laissait entrevoir toutes les courbes qu’il ne pouvait d’ordinaire qu’imaginer, avec ses boucles blondes indisciplinées qui jouaient les rebelles à son image. Ses lèvres le démanger  - et pas que -, alors il la contourna pour récupérer l’arme du crime qu’il soupesa dans sa main avec un sourire amusé.

— Et dire que certains doutent que je puisse t’aimer réellement ! C’est pourtant évident, non ? il posa l’encrier et se tourna vers elle qui d’autre que toi aurait pu me faire chavirer  de la sorte?

Et elle allait devenir sa femme. Il était si fier que cette femme si exceptionnelle devienne son épouse, elle qui ne cessait jamais de l’étonner chaque nouveau jour qui naissait. Quelques pas le ramenèrent à elle et ses mains encerclèrent ses épaules alors qu’il se penchait à son oreille.

— Je t’aime mieux sans robe encore, mais si tu veux mon avis, je préfère la verte.

Et qu’importe si elle ne convenait pas à la chasse. Ou plutôt tant mieux ! Elle n’aurait d’autre choix que de rester avec lui. Et si elle n’avait guère plus que la robe de bal à sa disposition, alors il la ferait danser dans le Grand Salon pendant que l’on courserait le gibier dehors. Il déposa un baiser dans son cou avant de se retirer.

— Quand même, ils pourraient faire la poussière sous le lit ! s’offusqua-t-il en attrapant son pourpoint plein de poussière qu’il tenta vainement de taper pour lui faire retrouver sa couleur d’encre originelle.
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Message par Sarkeris Lun 7 Juin - 17:54

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Aurélia, 17ans

Coldris sortit de sa cachette plus vieux qu'il n'y était entré. Par la force des choses, il avait effectivement quelques minutes de plus au total de sa vie, mais surtout, des moutons gris parsemaient joyeusement les pâturages noirs de sa chevelure. Aurélia s'en amusa, alors qu'il récupérait toutes ses affaires sous le lit. Elle était bien contente de son coup, qui leur permettrait de rester seuls au monde quelques instants supplémentaires. Un instant suspendu dans le temps, ils s'observèrent mutuellement. Ses yeux bleus pleins d'ombres et de lumières l'appelaient dans leur abîme. Sa chemise flottait autour de lui, seulement resserrée autour de ses poignets. Le lacet du col, défait, laissait les pans s'ouvrir sur ce torse contre lequel elle avait dormi. Elle éprouvait tellement d'amour pour lui que c'était presque douloureux ce petit espace qui les séparait d'une nouvelle étreinte.

Il rompit l'instant pour venir s'emparer de l'encrier. Elle l'avait oublié, alors qu'un baiser peu honnête se rappelait à son souvenir. Elle papillonna pour reprendre ses esprits et lui faire face. Des dizaines de noms de femmes vinrent flotter sur ses lèvres pour lui répondre. Une centaine aurait pu lui faire tourner la tête, de mille manières. Et pourtant il lui affirmait qu'elle était la seule. Elle le cru, puisque lui, était le seul, après tous les prétendants de Lôdmé. Par certains côtés, ce n'était pas comparable. Mais c'était ainsi, elle l'aimait, il l'aimait. Ils s'aimaient.

- Qu'importe les autres, ils ne savent pas. Moi, je t'aime et je sais que tu m'aimes aussi.

Il vint enfin la prendre dans ses bras et sa voix pleine de douce malice lui chatouilla les oreilles. Un sourire naquit sur les lèvres d'Aurélia. Le rose lui monta aux joues, mais elle était amusée. Le baiser dans le cou lui fit descendre des papillons le long de la colonne vertébrale, et elle ne put s'empêcher de dire, alors qu'il battait son pourpoint :

— La jaune est quand même jolie, mais c'est vrai qu'on n'a plus à se préoccuper de la couleur d'une robe, quand on n'en porte plus. J'imagine qu'il en va de même avec pourpoint et chausses...

Elle interrompit son geste pour lui ébouriffer les cheveux, chassant la poussière.

- Voilà qui est mieux. Et...

Elle attrapa son menton pour l'embrasser.

- ... voilà qui est meilleur encore.

Après quoi, elle lui prêta main forte pour débarrasser les plumeaux improvisés de leur surplus d'épaisseur. Il n'avait pas tort. Le ménage devrait être mieux fait. Finalement, elle ouvrit la porte doucement, et regarda dans le couloir si la voix était libre. Personne en vue.

- Tu peux y aller, sois prudent.
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Message par Coldris de Fromart Lun 7 Juin - 22:56



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Coldris, 21 ans

Son animali al mondo de sí altera
vista che 'ncontra 'l sol pur si difende;
altri, però che 'l gran lume gli offende,
non escon fuor se non verso la sera;

et altri, col desio folle che spera
gioir forse nel foco, perché splende,
provan l'altra vertú, quella che 'encende:
lasso, e 'l mio loco è 'n questa ultima schera.

Ch'i' non son forte ad aspectar la luce
di questa donna, et non so fare schermi
di luoghi tenebrosi, o d' ore tarde:

però con gli occhi lagrimosi e 'nfermi
mio destino a vederla mi conduce;
et so ben ch'i' vo dietro a quel che m'arde.


Il y a des animaux au monde dont la vue est si forte, qu’elle résiste même au soleil ; d’autres, parce que la grande lumière les offusque, ne sortent que vers le soir.

Et d’autres, au fol désir, qui espèrent peut-être jouir dans le feu parce qu’il brille, éprouvent son autre vertu, celle qui brûle. Las ! ma place est dans cette dernière catégorie.

Car je ne suis pas assez fort pour supporter la lumière de cette Dame, et je ne sais pas me servir des lieux ténébreux et des heures tardives.

Mais mon destin me pousse à la voir avec les yeux pleins de larmes et malades, et je sais bien que je cours après ce qui me brûle.


Sonnet XV - Pétrarque




Il l’aimait. Il en était fou. Aucune femme ne lui arriverait jamais à la cheville. Elle ne pouvait pas en douter. Il aimait tout chez elle : sa douceur, sa passion, sa ruse, son espièglerie, sa sagesse, ses principes, son grain de folie, son audace et même ses colères. Les autres pouvaient être belles, elles n’étaient que belles. Elles ne seraient jamais elle. Il n’y avait qu’une seule bouche qui le faisait frémir de la sorte, qu’un seul corps qu’il désirait plus que tout. Surtout lorsqu’il ne portait qu’une fine petite chemise qui embrasait son imagination.

Pour cette raison, il préférait infiniment qu’elle ne porte pas de robe du tout. Et avec ce rose aux joues, il avait encore en plus envie de la croquer. Il reporta donc son attention sur son pourpoint poussiéreux avant qu’il ne finisse par déraper. Sa remarque lui fit souffler un petit rire amusé.

— En effet ma belle Aurélia. Sinon il suffit de ne porter qu’une seule et unique couleur comme moi et la question ne se pose plus non plus.

Il releva ses yeux rieurs vers les siens et ses lèvres commencèrent à le démanger tandis que sa main frottait vigoureusement sa tignasse brune d’où s’éleva un nuage blanchâtre qui manqua de le faire éternuer avant qu’elle ne l’embrasse. Il passa ses bras autour de sa taille, lâchant son pourpoint, afin de pouvoir sentir la chaleur de son corps sous ses doigts. Un long baiser toujours trop court. Il savait qu’il ne pouvait décemment pas rester ici. C’était dangereux. Pour elle et pour lui. Mais il se fichait éperdument de lui. Il avait traversé bien pire. Il caressa son visage une dernière fois avant de daigner s’habiller tandis qu’elle s’assurait que le gris repasse au noir.

Il ne voulait pas partir. Son cœur lui hurlait de demeurer. Il le mit en sourdine. Elle ouvrit la porte. Personne. Il devait tous être en bas. Il tira sur l’un de ses boutons et l’arracha d’un air satisfait : un alibi parfait. Un dernier petit baiser, fugace comme un papillon se déposa sur ses lèvres.

— Je t’aime. À tout à l’heure. Et merci, merci pour tout.

Pour cette nuit, la plus douce qu’il eut passé depuis longtemps, pour ses oreilles attentives, pour ses paroles réconfortantes, pour l’apaiser comme elle faisait et remplir son cœur de bonheur comme jamais. De son front, il traça un chemin jusqu’à sa bouche du bout de son index et disparut dans le couloir désert, sans croiser âme qui vive.

Il se changea, et déposa ses vêtements poussiéreux ainsi que le bouton en évidence sur son lit puis descendit. Excepté bien évidemment sa future femme, tous étaient déjà attablés et le regard de Virgil annonçait clairement la couleur : « qu’est-ce que tu trafiquais encore ! ». Ou quelque chose de similaire. Il haussa narquoisement les sourcils en réponse, l’air de dire « J’étais occupé. » puis s’installa à table attrapant nonchalamment un grain de raisin qu’il jeta dans sa bouche. D’un air étonné, il constata la place vacante face à lui :



— Sophie n’est pas encore arrivée ? Est-elle souffrante ?

Ce qui était formidable avec un ami si proche, c’est que même lorsqu’il était de marbre, on pouvait pénétrer ses pensées où un simple sourire innocent se transformait en plaidoyer silencieux.


— Vous m’excuserez de mon propre retard, mais j’ai eu une mésaventure vestimentaire ce matin ! Figurez-vous que j’ai perdu un de mes boutons. Le bougre a roulé sous le lit. J’ai fini par ramper dessous pour le récupérer. Pardonnez-moi Madame d’Ovant, mais je me dois de vous signaler que vos domestiques sont de sacrés sagouins indolents ! Ne font-ils donc jamais la poussière sous les lits ou la poussent-ils dessous dans l’espoir de la faire disparaitre ? Quoi qu’il en soit, mon pourpoint est ressorti gris de cette expédition ! Je n’ai pas eu d’autres choix que de me changer et Dieu sait que ce fut un calvaire avec cette épaule endolorie.


Virgil était sans doute déjà en train de noter sur une échelle allant de un à dix la qualité et l’originalité de son excuse. C’est qu’il en avait déjà entendu tout un tas venant de sa part. Mais celle-ci était aussi inédite que son amour.
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Message par Sarkeris Lun 25 Oct - 13:43




Aurélia, 17ans


Plus ne suis ce que j’ai été,
Et plus ne saurais jamais l’être :
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.

Amour, tu as été mon maître,
Je t’ai servi sur tous les Dieux :
Ah ! si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux !

Clément Marot








Après le départ de Coldris, Aurélia poussa un petit soupir et chassa résolument de ses pensées tout ce qui ne concernait pas son habillage. Son retard au petit-déjeuner ne passerait pas inaperçu. Elle serait la dernière, la cause en étant que Coldris étant un homme, il mettrait moins de temps à se vêtir qu'elle. À plus forte raison qu'elle était contrainte d'attendre Eugénie pour parfaire son alibi.


Solange accorda un suspicieux regard à Coldris dès qu'il eut daigné poser son séant à table. L'irrévérence dont il faisait preuve, même si elle seyait parfaitement au personnage, n'était pourtant pas dans les habitudes du jeune homme qui l'avait habituée à un peu plus de retenue durant son séjour.

- Certes non, Sophie n'est pas souffrante, intervint Quentin coupant la parole à Solange.

Celle-ci ne fit cependant aucune remarque, curieuse de savoir ce qu'avait à dire le rival de son protégé. L'explication ne se fit pas attendre.

- Elle est simplement montée se changer après notre balade matinale.

Tout fier de ce mensonge ostensiblement destiné à rendre Coldris jaloux, Quentin tenta de l'imiter en attrapant un grain de raisin. Malheureusement pour lui et sa morgue, le fruit lancé en l'air rata sa destination finale et vint rouler sur son pourpoint avant de rejoindre le sol. Cet échec détourna de lui l'attention de Solange qui préféra répondre du manque de zèle de ses serviteurs au premier impertinent de la table.

- Monsieur de Fromart, me voilà bien confuse que vous vous soyez frotté aux moutons des chambres. Mais sachez que mes domestiques connaissent parfaitement leur emploi... Si toutefois, cela vous importune vraiment, je me ferai un plaisir de vous faire monter un plumeau. Je suis certaine que vous saurez en jouer avec dextérité.

Et elle ne lui ferait pas le plaisir de lui expliquer la raison pour laquelle elle ordonnait qu'on laissât la poussière sous les lits. Avec un sourire mystérieux, elle attaqua à la fourchette ce qui restait de son petit-déjeuner, non sans avoir fait servir le nouvel arrivant.

La place qui se trouvait face à lui ne tarda pas à être occupée. Aurélia ne prit pas la peine de justifier son retard. Et Quentin ne tendit pas la perche avec laquelle il aurait pu être battu pour son mensonge. Le programme de cette dernière journée à la campagne fut établi à la convenance de tout le monde.




Cher Coldris,

Sur le calendrier, cela fait si peu de temps que nous nous sommes dit au revoir ! J'ai pourtant l'impression qu'une éternité est passée. J'ai hâte que nous soyons enfin mariés. Maman ne pourra plus rien dire, et Quentin disparaîtra. Tu n'as pas changé d'avis j'espère. Penses-tu que je puisse demander à un prêtre de tout préparer ? Tante Solange me dit qu'elle en connaît un.

S'il te plaît, ne me fais pas attendre ta réponse comme tu le faisais avant, je crois que je serai bien capable de venir te déranger à ton manoir, au vu et au su de tous !
Je t'aime !

Aurélia
Le 2 décembre
Au Manoir du Moulin


:copyright: sobade.
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Message par Coldris de Fromart Mer 27 Oct - 14:08



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Coldris, 22 ans


Les âmes vulgaires prennent les difficultés pour des impossibilités, et se croient dégagées de leurs devoirs, parce que la persécution et les contrariétés les rendent pénibles.
Mais l'adversité est la saison brillante de Sophie, et de combien peu de femmes et d'hommes aussi peut-on en dire autant?

Lettre de Mirabeau à Sophie Ruffei, marquise de Monnier




Ah par la Sainte Grâce de Dieu tout puissant Sophie n’était pas souffrante ! Le soulagement se peignit instantanément sur son visage, ravi de cette excellente nouvelle qui le libérait de tout soupçon et le faisait frétiller de la suite qui allait être donnée, il prit un raisin en guise d’amuse-bouche. Puis un second…


- Elle est simplement montée se changer après notre balade matinale.


… qui éclata entre ses doigts. Ce que cela pouvait être fragile ces petites choses lorsque l’on était agacé ! C’est qu’il aurait voulu le savoir plutôt qu’elle avait le don d’ubiquité ! Cela leur aurait drôlement facilité la tâche.

— Oh je vois, fit-il amer tout en s’essuyant les doigts. N’allez donc pas lui faire attraper la mort avec vos idées saugrenues tout de même, Monsieur de Malvarelle.

Son excuse sur une échelle de un à dix ? Il aurait bien dit zéro, mais admettons : un pour le plaisir de jouer les amants dépités.

Virgil qui observait la scène distraitement, mais avec une attention toute professionnelle songea qu’on ne referait décidément jamais son ami. Il avait bien du mal à garder son visage impassible tandis qu’il lisait clair dans le jeu de Coldris et Quentin l’acheva avec son échec cuisant. Que faire d’autre que d’attraper sa serviette pour y étouffer son rire ? Ils auraient tout le loisir d’en plaisanter ultérieurement, surtout que son père dardait sur lui un œil sévère. Quant à l’excuse poussiéreuse, il lui décernait un vague six (parce qu’il était son ami et que son jeu était toujours aussi délicieux) : il n’avait pas besoin de se rouler sous ce lit pour un vulgaire bouton voyons !

Je t’ai connu plus ingénieux, décréta-t-il d’un regard outré à son commentaire à l’attention de leur hôte.

Ah ! Il en déduisait donc qu’elle laissait sciemment cette maudite poussière sous les lits ! Coldris fronça les sourcils pour la forme avant de laisser échapper un éclat de rire malicieux à la mention du plumeau.

— Je vous remercie, Madame d’Ovant ! Je saurai en faire bon usage pour la paix du ménage !

Ce qui ne manqua pas de faire rire de concert quelques hommes ici présent. Quant à lui, il entrevoyait déjà un usage des plus sulfureux à cet outil de corvée.

— Je te le prêterai Virgil, ne soit pas jaloux murmura-t-il de façon tout à fait audible pour l’assemblée.
— Va au diable…


* * *





Hôtel de Cervigny,
le 2 décembre 1565,

Chère déesse de mon cœur,

J’ai bien failli te faire attendre pour avoir le plaisir de te découvrir fureter dans mon hôtel, mais il parait que ce serait là une idée bien trop dangereuse pour les desseins que nous avons en commun et que la patience est mère de sûreté. Peut-être me trouvas-tu finalement à l’église à la prier de m’accorder des journées plus courtes.

Dois-je vraiment laisser ce détail capital entre les mains de ta tante ? Avec toute la confiance que j’ai pour elle, ne pas être maitre de mes décisions m’angoisse. J’aurais préféré me charger moi-même de cet aspect et lui déléguer le choix de ta robe. Je ne crains rien de plus que l’affaire ne s’ébruite. Je t’en prie, fais-toi rebaptiser Prudence pour les jours à venir.

J’ai écrit un nouveau poème… Je te le tracerai sur le dos avec le plumeau offert par tante pour notre nuit de noces.


Coldris







Hôtel de Cervigny,
le 3 décembre 1565,

Mon précieux ami,

Que ferais-je sans toi ? Tu dois déjà être en train de te demander dans quelle sordide affaire je vais t’embarquer, mais que nenni, il n’en est rien. Peux-tu veiller sur ma future épouse pendant que je me sépare de ma fiancée ? Et t’assurer de me transmettre les messages en provenance du manoir. Qu’elles n’écrivent rien et ne fassent confiance qu’à ton oreille. Il n’y a qu’à toi que je puis confier cette tâche cruciale.

Dans quelle folie me suis-je donc embarqué, Virgil ? Je ne sais dire si je devrais me réjouir de m’être trouvé sur le port lors de son arrivée à la capitale. C’est à la fois la plus belle chose de ma vie et la pire. Vais-je vraiment l’épouser ? Tu trouves que je me pose trop de questions n’est-ce pas ? Tu as sans doute raison. C’est nettement plus simple de suivre son devoir que son cœur. Mais que ferais-tu de ton devoir s’il devenait celui de rendre heureuse la femme que tu aimes ? N’en est-ce pas également un ? Et tout à la fois je ne puis imaginer être heureux dans une cage. A-t-on jamais vu une bête se complaire dans une ménagerie ? Et si je venais à en détester sa simple présence pour ne plus avoir le plaisir d’enfreindre l’interdit ? J’ai parfois envie de fuir lâchement très loin, mais ma conscience ne cesserait de me harceler jusqu’à ce que je ne me jette du haut de la roche Tarpéienne. Et ne viens pas me parler de la soulager grâce à un curé, il ne pourra jamais rien pour mes maux qu’il ne saurait ni entendre ni comprendre.

Au diable les lamentations et les tourments !

Promis je n’ai pas repris de laudanum depuis notre retour et mon épaule va mieux sans doute grâce à tes prières. Je passerai te voir demain.

Salue ta femme et embrasse ton fils pour moi,

Ton pénible ami,





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Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
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