Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

[14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé]

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Aller en bas

[14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé]

Message par Alduis de Fromart Dim 29 Nov - 20:43

Il était formidable. C’était la deuxième fois qu’elle le lui disait. Et cela en quelques minutes seulement. Il secoua la tête sans la regarder.

- Non. Je ne suis pas formidable. Pas du tout.

Elle se trompait. Elle se faisait de fausses idées sur lui. Quoi qu’elle voyait en lui. C’était parce qu’elle ne le connaissait pas. Il n’y avait rien d’exceptionnel en lui. Même si Eldred affirmait qu’il était pas mal dans son genre et qu’il était un génie. Il n’était rien d’autre qu’un homme qui se souvenait de la météo de chaque jour. Juste un homme qui entendait des voix et qui, parfois, leur répondait comme si elles existaient vraiment.

Ce n’était pas formidable. Elle s’en rendrait compte très vite et serait déçue. Il en avait la certitude. Et peut-être plus tôt que ce qu’il pensait lui-même. Parce que quelques secondes, il y avait ces mots bafouillants qui jaillissaient dans son dos.

- Pardonnez-moi, il faut que je rentre.

Alduis se retourna doucement, en retenant sa respiration. Il plongea ses yeux bleus dans les siens, un regard plein de détresse. Il aurait aimé lui demander ce qu’il avait dit pour la faire fuir ainsi. Il n’avait pas voulu la chasser, ni la blesser. Il aurait voulu lui présenter ses excuses. Mais il ne trouva pas les mots pour le faire. Alors il hocha simplement la tête en silence et croisa les mains pour les empêcher de trembler.

Il comprenait. Lui aussi n’arrivait pas tout à fait à digérer la situation. Combien y avait-il de personnes dans l’empire monbrinien ? et parmi ces personnes, combien y avait-il de chance pour qu’il tombe sur la cousine adorée de Ariste ? Il n’en savait rien. Mais quand il la regardait, il ne pouvait nier que cela faisait jaillir toutes sortes de souvenirs en lui. Il n’avait peut-être jamais été amoureux de Ariste… mais il n’en restait pas moins qu’il avait caressé sa peau, dormi contre lui, et que cela rapprochait plus qu’il n’y paraissait.

Il comprenait, oui, et il aurait aimé le lui faire savoir. Mais les mots refusaient tout bonnement de lui venir. Et le regard suppliant qu’elle dardait sur lui, plein d’attentes pour on ne savait quoi, ne l’aidait pas à les retrouver. De nouveau, il se contenta d’un petit mouvement de tête, à mi-chemin entre le hochement et le geste négatif. Éléonore se reprit la première.

- Soit, je suis épuisée et j’ai encore une invitation à décliner.

Alduis fit aussitôt le lien. Entre son père qui l’avait accueillie auparavant, les mots qui lui avaient adressés avant de sortir… Il n’avait pas réalisé plus tôt, bougon qu’il était de devoir parler, mais c’était désormais évident. Son père l’avait invitée à manger. Un bref instant, il ouvrit de grands yeux, la détailla des pieds à la tête. Son père n’invitait pas à dîner sans idée plus précise et puis… il n’invitait pas non plus sans être persuadé que l’invitation soit acceptée. Quoi qu’elle en dise.

De but en blanc, elle le remercia. Merci. Merci pour quoi ? Il n’avait strictement rien fait ! Il se sentait terriblement bête et sa proposition suivante le laissa encore plus perplexe. Plaisantait-elle ? Elle n’en avait pas l’air. C’était tout à fait sérieusement qu’elle lui demandait de le revoir. Alors qu’il avait failli la frapper à l’église, alors qu’il s’était fait un malin plaisir de la mettre mal à l’aise, qu’il avait manqué de ne pas la recevoir par pure flemme… C’était idiot. Pourquoi le trouvait-elle formidable ? S’il l’avait sauvée, d’une quelconque manière, encore, il aurait pu comprendre mais là ?

Et pourtant, l’idée de la revoir ne lui semblait plus si insoutenable que cela. Après tout, elle parlait beaucoup, certes, mais elle ne semblait pas offusquée par ses réponses courtes et directes. Si ça se trouve, elle se serait bien entendu avec Alexandre. Ils auraient parlé tous les deux, Alduis les aurait écouté vaguement et il aurait fini par partir, faute d’être à sa place.

- Je… D’accord.

Ce fut tout ce qu’il réussit à dire. S’il continuait, il allait se mettre à bafouiller et il n’en avait aucune envie. Il voulait encore garder le peu de dignité qui lui restait. Elle était déjà bien maigre, pour un lieutenant. Il se redressa pour se reprendre mais elle fut plus rapide que lui. Elle le serra dans ses bras. Alduis se crispa surpris. Il écarquilla les yeux, en restant pantois entre les bras qui venaient d’entourer ses épaules. Il en oublia de respirer. Jusqu’à ce que finalement, elle recule et rejoigne la sortie.

Alduis n’avait toujours pas bougé. Il n’en revenait pas. Qu’elle venait vraiment de le serrer dans ses bras. Et qu’elle repartait déjà. Il allait la laisser partir ainsi, sans rien lui dire d’autre que ce misérable d’accord ?

Alors que la main se posait sur la poignée de la porte, il trouva enfin le courage de l’interpeller.

- Éléonore ?

C’était la première fois qu’il l’appelait Éléonore. Simplement Éléonore. Il se râcla la gorge, mal à l’aise, et ajouta aussitôt après :

- Merci… à vous aussi.

Et il la laissa sortir sans intervenir davantage.
Alduis de Fromart
Alduis de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche.
Liens et RPs : Chronologie.
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Sylvère d'Aiguemorte / Victor Millard
Messages : 777
Date d'inscription : 05/05/2020

Revenir en haut Aller en bas

[14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé]

Message par Éléonore de Fromart Lun 30 Nov - 1:19

Il n'était pas formidable.

Si elle n'avait pas été accaparée par ses doutes, Éléonore l'aurait repris. Mais ses mots précédents la perturbaient, et lui nouèrent le cœur jusqu'à ce que son enchaînement de gaffes ne l'occulte.

Gaffes que son interlocuteur ne sembla même pas relever. Il sembla juste absorber sa détresse, ce qui la fit culpabiliser. Son empressement le blessait-il ? Il communiquait par signes imperceptibles. Quelle idiote ! Elle le mettait mal à l'aise en bafouillant ainsi. Un vrai boulet !

Il la toisa étrangement lorsqu'elle évoqua l'invitation. Elle ne parvenait pas à déterminer ce que cela signifiait ? Allait-il trouver offensant qu'elle songe à éconduire un membre de sa famille ? Trouvait-il ridicule qu'elle ait pris cette offre au sérieux ? La voyait-il déjà comme un jouet entre les mains du ministre ? Se demandait-il comment son père pouvait avoir accordé de l'attention à un boulet comme elle ? En tout cas, il semblait dubitatif quant à ses intentions à elle.

Et cette attitude ne fit que forcir quand elle proposa de le revoir. Elle était pitoyable de mendier ainsi son attention. Il devait la trouver ridicule. Qui était assez désespéré pour s'accrocher ainsi au premier venu ? D'autant plus quand celui-ci aurait pu la tuer, quand son premier geste envers elle avait été un coup évité de justesse. Cela semblait pitoyable… Mais pourtant, un bourgeon d'affection avait éclos en elle. Autant elle avait mis du temps à tolérer Gabriel à l'époque, autant cette fois, l'envie de revoir Alduis s'était imposée d'elle-même. Et pas seulement parce qu'il avait connu Ariste, non. Quelque chose en lui la touchait, sans qu'elle ne puisse déterminer de quoi il s'agissait.

Elle ne respira pas jusqu'à ce qu'il réponde. Étonnamment, il ne la rejeta pas. Il ne semblait pas particulièrement enthousiaste, certes, mais elle n'eut pas l'impression qu'il acceptait par pure politesse – peut-être parce que cela aurait dénoté avec ce qu'elle avait déjà vu de lui. Par pitié, alors ? Non, ce n'était toujours pas ça. Même si à n'importe qui de sensé, elle n'aurait pu inspirer qu'une méprisante pitié. Non... Elle le sentait plutôt déstabilisé.

Dans un élan tout à fait incontrôlé, elle franchit la distance – négligeable – qui les séparait, et l'étreignit avec la force de sa sincérité. Ses lèvres muettes répétèrent "formidable" alors qu'elle appuyait sa tête contre l'épaule d'Alduis.

Elle prit soudain conscience de son geste, presque surprise qu'il ne l'ait pas spontanément repoussée. Elle le lâcha, recula d'un pas avec un regard d'excuse.

Pour une fois, l'émotion la fit taire au lieu de se répandre en babillages. Sentant arriver une nouvelle salve de larmes, elle hocha la tête et partit vers la porte. Elle tendit la main vers la poignée quand il l'interpella sur un ton qu'elle ne comprenait pas.

Elle se tourna vivement vers lui, interrogative. Allait-il revenir sur ses mots ? Finalement, il ne devait avoir aucune envie de subir une autre rencontre. L'idée eut le temps de la déchirer dans le bref silence. Il n'y avait qu'Ariste qui avait vraiment réussi à l'aimer. Parce qu'Arite était parfait. Parce que sa seule faiblesse était de s'être attaché à un tel fardeau. Plus jamais personne ne l'accepterait, maintenant qu'il l'avait abandonnée. Pas même son oncle, qui n'avait d'affection que pour l'image qu'il se faisait d'elle. Pas même Gabriel, qui ne s'efforçait de demeurer à ses côtés que par égard pour Ariste. Pas même Eltinne, sa gouvernante, qui n'était restée sur par devoir. Personne ! Jamais. Tous ceux qui restaient ne le faisaient que par pitié. Parce qu'elle ne valait pas mieux que ça. Parce qu'elle n'était rien.

Un raclement de gorge la rappela à la réalité.

— Merci... À vous aussi.

Ces mots n'avaient pas de sens. Merci ? Merci de venir l'importuner ? Merci de venir remuer des souvenirs désagréable juste parce qu'elle était trop faible pour faire son deuil ? D'empiéter sur son espace vital parce qu'elle était trop gourde pour maîtriser ses émotions ?

Merci... Et pourtant, cela sonnait tellement sincère. Cela paraissait vrai.

Elle eut envie de le serrer encore une fois dans ses bras. Elle voulait pleurer. Elle voulait en parler à Ariste. Lui demander ce qu'elle devait faire. Elle voulait avoir sa place dans ce monde. Une place que le sort lui avait arrachée en la privant de son ancre, de sa seule vérité.

Alduis lui avait rappelé cette vérité, un court instant. Il semblait sincère... Mais comment oublier le presque mépris avec lequel il l'avait accueillie ? Comme son père l'avait accueillie juste pour la déstabiliser. Elle ne servait à rien.

Elle n'allait pas le déranger plus longtemps. Il ne manquerait plus que lui aussi, il s'attache à elle. Que lui aussi, il attrape la même faiblesse qu'Ariste – et Gabriel, peut-être, dans une moindre mesure.

Non, elle sentait bien qu'il portait déjà assez de souffrances en lui. Elle ne pouvait pas lui ajouter un fardeau. C'eût été trop égoïste. Elle lui devait déjà la vie, elle n'avait pas le droit d'en demander plus.

Elle ne résista pas au besoin de capter le regard de son interlocuteur une dernière fois, pour y puiser du courage. Une seconde pour lui transmettre toute la reconnaissance qu'elle éprouvait, une autre pour avouer son affection sincère bien que sortie de nulle part... Puis elle décrocha et quitta précipitamment la pièce. Elle ne devait pas lui donner l'occasion de la prendre en pitié. Elle ne voulait pas qu'il se sente obligé de traîner un boulet.

Elle se laissa raccompagner dehors, enfila les corridors en y semant ses larmes indisciplinées. Nul ne commenta. Elle retrouva le froid. Une bourrasque intrépide la gifla.

Elle n'avait pas le droit de s'abandonner à la morosité. Non, elle ne le pouvait pas.

Elle retrouva son cocher, qui l'attendait toujours. Elle le foudroya du regard avant même qu'il n'ose s'interroger lui-même, afin de s'assurer qu'en aucun cas, il ne la questionnerait.

Elle monta dans son véhicule, et repéra malgré elle le nécessaire d'écriture qu'elle avait emportée "pour ne pas que le voyage lui fasse oublier".

Elle ordonna de ne pas démarrer. Elle avait cru que ceci lui permettrait de noter tout ce qu'elle pourrait dire à Gabriel – même s'il ne la supportait que par pitié, il était le seul avec qui elle pouvait encore s'exprimer librement. Mais elle avait une autre priorité : refuser cette satanée invitation.

Quelque espièglerie manipula sa plume à la place de sa raison. Le refus se mua en défi, en énigme, en porte ouverte. Elle n'accepta pas tout à fait, elle se donnait juste l'occasion d'en rêver. Après tout, si elle était de toute façon incapable de faire quelque chose de bien, autant qu'elle fasse quelque chose de stupide, de déraisonnable, d'inconvenant... Pourvu que cela lui permette de se changer les idées ou même de s'amuser un peu.

Elle plia ensuite le message, et demanda au cocher de le transmettre.




Un message trop limpide n’est pas toujours ce qu’il semble être. À la lueur de certaines précisions, il peut receler un tout autre sens. Souvenez-vous-en.



Éléonore de Fromart
Éléonore de Fromart
Aristocratie

Fiche perso : Fiche & PNJ
Liens et RPs : Journal
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Lucinde Tiéran / Boréalion / Démétrius d'Aussevielle
Messages : 762
Date d'inscription : 18/10/2020

Revenir en haut Aller en bas

[14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé]

Message par Coldris de Fromart Lun 30 Nov - 10:31

Cela faisait un bon moment que Coldris était retourné dans son bureau s'attelait à la poursuite de sa tâche originelle. Entre deux signatures et de lectures, son esprit continuait de tourner inlassablement, cherchant une réponse à cette question qui n'en trouvait pas. Quel était le lien entre cette femme et son fils? Elle avait eu l'air presque embarrassée à son arrivée et lui pas franchement ravi de la recevoir -mais c'était d'Alduis dont on parlait après tout-.

Léonilde entra dans le bureau avec sa discrétion habituelle.

- Un billet pour vous, Messire.

Il arqua un sourcil et lui fit signe de la main de venir lui apporter. Il déplia le petit carré de vélin et en parcourut rapidement le contenu. Il n'était pas signé mais ce n'était pas nécessaire. Sous les pleins et déliés, on pouvait y déceler les fines petites empreintes d'un agneau. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Elle avait accepté son invitation. La partie venait de débuté et elle s'annonçait pleine de surprises. Ceci dit... C'était bien mal le connaitre que de s'imaginer qu'il en serait resté là si son diner avait été décliné. Car Coldris n'abandonnait jamais.
Coldris de Fromart
Coldris de Fromart
Ministre des Affaires étrangères - Ami du grand prêtre du Lupanar

Fiche perso : ✶Fiche
✶PNJ
Liens et RPs : ✶ Rapport ministériel
✶ Généalogie & Relations
Bonus Dé : 5
Multi-comptes ? : Eldred Kjaersen / Kalisha de Monthoux / Bérénice d'Aussevielle
Messages : 1362
Date d'inscription : 21/07/2020

Revenir en haut Aller en bas

[14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé] - Page 2 Empty Re: [14 décembre 1597] - La naïveté n'apprend pas de ses erreurs [Terminé]

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum